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THéâTRE LE PRINCE NICOLAS MACHIAVEL / LAURENT GUTMANN DURéE : 1H30 à PARTIR DE 15 ANS CATéGORIE B Contact secteur éducatif : Maud Cavalca / 03 84 58 67 56 / [email protected] Réservations : 03 84 58 67 67 / [email protected] MARDI 14 OCTOBRE à 20H MERCREDI 15 OCTOBRE à 20H JEUDI 16 OCTOBRE à 20H AU GRANIT

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ThéâTre

le princenicoLaS MachiaveL / LaurenT guTMann

durée : 1h30

à parTir de 15 anS

caTégorie B

contact secteur éducatif : Maud cavalca / 03 84 58 67 56 / [email protected]éservations : 03 84 58 67 67 / [email protected]

mardi 14 octobre à 20hmercredi 15 octobre à 20hJeudi 16 octobre à 20hau granit

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Sommaire Distribution .............................................................................................................................................. 3

Présentation ............................................................................................................................................ 4

Note d’intention .................................................................................................................................. 4

La Vengeance de Machiavel .................................................................................................................... 5

Repères biographiques ............................................................................................................................ 8

Laurent Gutmann ................................................................................................................................ 8

Activités préparatoires ............................................................................................................................ 9

Un spectacle inspiré d’un ouvrage ...................................................................................................... 9

Des propos machiavéliques ................................................................................................................. 9

Portée actuelle ? .................................................................................................................................. 9

La mise au plateau ............................................................................................................................... 9

Après la représentation ......................................................................................................................... 10

Remémorations et impressions......................................................................................................... 10

Une mise en scène décalée ............................................................................................................... 10

Un écho aujourd’hui ? ....................................................................................................................... 10

La presse en parle .................................................................................................................................. 11

Conseils bibliographiques ...................................................................................................................... 16

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Distribution

D’après Nicolas Machiavel

Adaptation, mise en scène et scénographie Laurent Gutmann

Avec Thomas Blanchard, Luc-Antoine Diquéro, Maud

Le Grévellec, Shady Nafar et Pitt Simon.

Costumes Axel Aust

Lumières Gilles Gentner

Maquillages & perruques Catherine Saint‐Sever

Répétiteur chants Vanasay Khamphommala

Régie générale André Neri

Régie son, lumières Lucas Lelièvre

Construction des décors Ateliers des Théâtres de la Ville : Marc Bechen,

Marcel Henkes, Constant Krieps, Marc Miltgen,

Michel Mombach, Guy Wolff

Production La Dissipation des brumes matinales

Direction de production, administration, diffusion Emmanuel Magis/ANAHI

Coproduction Les Théâtres de la ville de Luxembourg

Avec le soutien de la DGCA-ministère de la Culture et de la Communication et La participation

artistique du Jeune Théâtre National. Remerciements au Théâtre des 5 Diamants.

Carte blanche à Laurent Gutmann

Samedi 21 mars à la Salle des Fêtes

Entrée Libre, sur réservation

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Présentation

« Pour bien connaître la nature de son peuple, il faut être prince, et, pour bien connaître celle des

princes, il faut être du peuple ». Nicolas Machiavel

Note d’intention

Le Prince est un texte vieux d'exactement 500 ans que tout le monde pense plus ou moins connaître

mais qui est finalement assez peu lu.

En le lisant aujourd'hui, on est frappé par sa force scandaleuse, force qui tient sans doute moins à ce

qu'il dit qu'au fait même qu'il nous le dit.

C'est un texte fondamentalement ambivalent : en même temps qu'il a pour objet l'éducation

politique des princes, il porte à la connaissance du peuple l'art du gouvernement, et par là même fait

prendre conscience à ce même peuple les opérations de domination dont il est l'objet.

Au cœur du texte de Machiavel, il y a donc la notion d'éducation politique. La situation que

développe notre spectacle est celle d'un stage de formation pour futurs princes.

Face à deux formateurs, dont l'un est dépositaire de la parole de Machiavel, trois stagiaires sont

confrontés à un certain nombre de mises en situation censées leur enseigner comment prendre le

pouvoir et comment le garder.

Ce qui ressort de ces jeux, c'est que le pouvoir est par nature instable, qu'on est toujours assuré de le

perdre un jour.

Machiavel est habituellement considéré comme un cynique, théoricien d'un pouvoir qui n'aurait

d'autre finalité que lui‐même.

J'espère que le spectacle donnera à entendre que sa parole est d'abord celle d'un homme qui a foi

dans la force du politique, et que c'est au nom de la nécessité de l'action politique qu'il refuse

catégoriquement toute forme d'idéalisme : « Mon intention étant d’écrire des choses utiles à qui les

écoutent, il m’a semblé plus pertinent de suivre la vérité effective des choses que l’idée que l’on s’en

fait. »

Laurent Gutmann

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La Vengeance de Machiavel

Peu d'écrivains, au cours des siècles, ont réussi à transformer leur nom en adjectif indiquant l'enfer,

l'effroi, la monstruosité ou l'angoisse.

Dante, Machiavel, Sade, Kafka ont droit à cette distinction.

Vous ouvrez n'importe quel dictionnaire, et vous avez le choix entre «machiavélisme» et

«machiavélique».

«Machiavélique» veut dire, parait-il, «digne de Machiavel, c'est-à-dire rusé, perfide, tortueux».

«Machiavélisme» va plus loin et désigne « une politique faisant abstraction de la morale, une

conduite tortueuse et sans scrupules ».

Cette réprobation unanime, pour un cas d'une grande clarté, commence très tôt, dès la circulation

des copies manuscrites du Prince, en 1513, même si le livre n'est publié qu'en 1532, après la mort de

l'auteur. Quel succès dans la détestation !

En 1559, le livre est mis à l'Index par l'Inquisition.

En 1576, un avocat et théologien huguenot se fend d'un Anti-Machiavel dégoulinant de morale.

Il s'appelle, ça ne s'invente pas, Innocent Gentillet. Ce Gentillet, parfait hypocrite, est bientôt rejoint

par Frédéric de Prusse, en 1740, avec un autre Anti-Machiavel, supervisé (avec ironie) par Voltaire.

Bref, tous les pouvoirs se donnent la main contre ce chef-d’œuvre, au point que «florentin »

deviendra un mot courant signifiant l'art de l'intrigue (on l'a même vu appliqué à un président de la

République française issu des Charentes, région qui n'a guère de rapport avec la splendeur italienne

de la Renaissance).

Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour qu'un génie philosophique fasse l'éloge d’« une pensée

soutenue, difficile, dure, dangereuse ». C'est, bien entendu Nietzsche, dans Par- delà bien et mal : «Il

nous fait respirer l'air sec et subtil de Florence, et ne peut se retenir d'exposer les questions les plus

graves au rythme d'un indomptable allegrissimo, non sans prendre peut-être un malin plaisir d'artiste

en un rythme galopant, d'une bonne humeur endiablée.»

Qui est ce Machiavel ?

Un secrétaire convaincu et actif de la République de Florence, très cultivé et au courant de tous les

secrets, un diplomate entre les différents pouvoirs italiens, mais aussi en voyage en France et en

Allemagne.

À l'avènement des Médicis, il est arrêté et torturé : «Sans l'avoir mérité, je supporte une grande et

continuelle malignité de fortune.»

La «Fortune», voilà la grande déesse capricieuse du temps.

«Heureux celui dont la façon de procéder rencontre la qualité des temps.»

Cette rencontre est rare, et elle peut se renverser. Machiavel connaît à fond l'histoire de son temps

et celle de l'Antiquité, d'où son autorité et sa verve.

Non, le pouvoir n'a rien d'idéal, c'est une ténébreuse affaire dont on peut déchirer le rideau. Non, les

hommes ne sont pas bons, mais méchants, changeants, ingrats, simulateurs et dissimulateurs,

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fuyards devant les périls, avides de gain. D'ailleurs, «ils oublient plus vite la mort de leur père que la

perte de leur patrimoine.»

Y a-t-il un prince capable de les gouverner? Ce n'est pas sûr, beaucoup d'effondrements ont eu lieu,

et une multitude d'assassinats et de pertes.

Le prince vertueux est‐il à l'abri ? Même pas, il lui faut sans cesse penser la guerre, et «il est

beaucoup plus sûr d'être craint que d'être aimé».

Attention : il faut être craint sans être méprisé ou haï. Un prince changeant, léger, efféminé,

pusillanime, irrésolu, sera méprisé.

Il se doit d'être grand, courageux, grave, fort.

Il doit «apprendre à ne pas être bon» et «savoir entrer dans le mal si c'est nécessaire».

Cependant, le spectacle a ses lois et il lui faut en même temps afficher bonté, pitié, religiosité,

fidélité, intégrité, humanité.

Les hommes jugent avec leurs yeux, une vraie politique est donc une politique de masse : «Le petit

nombre n’a pas de place quand le grand nombre a de quoi s'appuyer.»

Le prince a-t-il des conseillers ? Son principal conseiller est lui‐même.

A-t-il des amis ?

«S'il a de bonnes armes, il aura de bons amis.» Comble de l'art : «il faut nourrir habilement une

inimitié pour l'écraser avec plus de grandeur.»

Excellent commentaire de Patrick Boucheron : «Le prince ne fait pas le bien ou le mal, il fait, bien ou

mal ce qu'il a à faire.»

Là-dessus, tout le monde est mécontent, les théologiens, les philosophes, les dévots, les croyants, les

charlatans en tout genre, les bavards de la politique, c'est‐à‐dire les marchands d'illusions.

Mais «il faut aller tout droit à la vérité effective de la chose plutôt qu’à l'imagination qu'on s'en fait ».

Vérité «effective», voilà le cœur de «la chose». Dans un tourbillon d'ambitions, d'envies, de peurs, de

rapports de force, d'alliances provisoires, de coups heureux ou d'erreurs, la nécessité s'impose.

Grand problème : comment traiter les offenses et les vengeances?

Voici : «Les hommes doivent être caressés ou détruits, car ils se vengent des offenses légères, mais

des graves ils ne le peuvent pas. L'offense qu'on fait à un homme doit être faite de telle sorte qu'on

n'ait pas à craindre sa vengeance.» En exil dans sa campagne près de Florence (curieux qu'il n'ait pas

été assassiné), Machiavel écrit.

Il tente de rentrer en grâce auprès des Médicis en leur dédiant son Prince, trop réel pour être

possible. C'est sa vengeance à lui. Dans une lettre très émouvante, adressée à son ami Francesco

Vettori, alors ambassadeur auprès du Saint-Siège (il faut ménager toutes les entrées) il raconte sa

pauvre vie dans sa «pouillerie».

Avant le jour, il confectionne des pièges pour les grives. Au lever du soleil, il va dans les bois parler

avec les bûcherons.

Il lit ensuite les poètes en prenant des notes, Dante, Pétrarque, Tibulle, Ovide. «Je lis leurs passions

amoureuses, je me souviens des miennes, et je me réjouis un moment dans cette pensée.»

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Après quoi il va «s'encanailler» à l'auberge, en buvant et jouant au trictrac.

Mais l’essentiel se passe le soir : seul, il revêt alors des habits de cour royale et pontificale, et,

pendant quatre heures, soutient une conversation imaginaire avec Les Anciens.

«La mort ne m'effraie pas», dit‐il. Il sait que tous les pouvoirs mourront, mais que son livre, lui, vivra

dans le temps qu'il se donne. Voyez le contraste fabuleux entre les sensationnelles peintures et

sculptures de son époque (Michel‐Ange, Raphaël, Vinci, Titien), et cette main solitaire et nocturne. Et

pensez à vous recueillir, à Florence, devant sa belle tombe dans l'église de Santa Croce. L'épitaphe de

1787, en latin, dit tout : « Tanto nomini nullum par elogium » : «Aucun éloge n'est digne d'un si grand

nom.»

Philippe Sollers - Le Nouvel Observateur du 20 décembre 2012.

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Repères biographiques

Laurent Gutmann, metteur en scène

Formé à l’École de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, il obtient un DEA de philosophie en 1992.

En 1994, il crée sa compagnie Théâtre Suranné.

En 2002, il est lauréat du concours Villa Médicis hors les murs.

De 2004 à 2009, il dirige le Centre Dramatique national de Thionville-Lorraine.

Depuis 2009, il dirige sa compagnie La Dissipation des brumes matinales.

Principales mises en scène

2012 : La Putain de l’Ohio de Hanokh Levin.

2012 : Le Petit Poucet d’après Charles Perrault.

2010 : Pornographie de Simon Stephens.

2009 : Le Cerceau de Victor Slavkine.

2008 : Je suis tombé d’après Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry.

2007 : Chants d’Adieu d’Oriza Hirata.

2006 : Lorenzaccio d’Alfred de Musset.

2005 : La Nuit va tomber, tu es bien assez belle de Laurent Gutmann.

2004 : Splendid’s de Jean Genet.

2003 : Nouvelles du Plateau Oriza Hirata.

2002 : India Song de Marguerite Duras. Spectacle en japonais.

2001 : Légendes de la Forêt Viennoise d’Ödön von Horvath.

1999-2000 : Le Retour au Désert de Bernard-Marie Koltes. Spectacle en espagnol.

1999 : Œdipe Roi de Sophocle.

1999 : En Fuite, textes de Georges Perec, Nathalie Sarraute, Jean Genet.

1997 : La Vie est un Songe de Calderon de la Barca.

1996 : Le Balcon de Jean Genet.

1994 : Le Nouveau Menoza de Jakob Lenz.

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Activités préparatoires

Un spectacle inspiré d’un ouvrage

Sans être une adaptation du livre de Nicolas Machiavel, le spectacle écrit et mis en scène par Laurent

Gutmann s’en inspire largement et propose d’en illustrer les propos pour une mise en situation.

Il convient donc, avant toute chose, de prendre connaissance de l’œuvre Le Prince écrite en 1513 (et

publié après la mort de Machiavel en 1532). Demander aux élèves de faire des recherches sur

l’auteur, Nicolas Machiavel et son ouvrage Le Prince.

À quelle période cet ouvrage a-t-il été réalisé ? Dans quel contexte historique s’inscrit-il ? Quel est le

but de cet ouvrage ?

Des propos machiavéliques

Pour l’auteur, l’homme est par nature méchant, il cherche à faire primer ses intérêts. L’homme n’a

pas d’ami, encore moins un Prince et c’est ce que Machiavel enseigne à travers son manuel.

L'auteur propose régulièrement au Prince une alternative, bonne ou mauvaise. Le malheur veut que

la bonne solution sur le plan moral soit souvent la mauvaise sur le plan politique et inversement.

Amener les élèves à réfléchir sur la citation suivante :

« Un homme qui veut être parfaitement honnête au milieu de gens malhonnêtes ne peut manquer

de périr tôt ou tard. »

Créer un débat avec une moitié de classe d’accord avec cette citation et l’autre moitié en désaccord

(des élèves se retrouveront sûrement à défendre un point de vue qu’ils ne partagent pas mais ce

n’est pas grave, cela permettra de développer l’argumentation).

Portée actuelle ?

Machiavel était engagé dans la vie politique de son époque, son ouvrage Le Prince contient les

réflexions qu’il a menées, les observations qu’il a pu faire.

Mais peut-on voir dans ce texte de 1513 les fondements de la politique actuelle ?

La mise au plateau

À partir de quelques indications données par le metteur en scène, imaginer la scénographie, les

costumes du spectacle.

« La situation que développe notre spectacle est celle d'un stage de formation pour futurs princes.

Face à deux formateurs, dont l'un est dépositaire de la parole de Machiavel, trois stagiaires sont

confrontés à un certain nombre de mises en situations censées leur enseigner comment prendre le

pouvoir et comment le garder. » Laurent Gutmann

Demander aux élèves d’en faire un petit paragraphe.

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Après la représentation

Remémorations et impressions

Recueillir les premières impressions des élèves sur le spectacle en leur demandant de recenser les

moments qui leur ont semblé les plus réussis. Cet exercice a pour objectif de faire réfléchir les élèves

sur la mémoire collective du spectacle. Quels sont les moments de l’action qui ont le plus marqué les

mémoires ? Pourquoi certaines scènes leur ont-elles semblé particulièrement réussies ?

Une mise en scène décalée Amener les élèves à réfléchir sur le décalage entre la forme ludique de la pièce et le sérieux du

propos de Nicolas Machiavel.

Pourquoi le metteur en scène a-t-il choisi ce parti pris ?

Est-ce que cela dessert le propos ou permet-il de mieux l’entendre ?

Un écho aujourd’hui ?

Essayer d’interroger les élèves sur la nécessité de monter un spectacle aujourd’hui s’inspirant du

manuel de Nicolas Machiavel ? Est-ce que cela peut avoir un écho aujourd’hui ?

On pourra faire le parallèle entre le spectacle et l’œuvre de Machiavel. Quelles sont les grandes idées

que l’on retrouve dans les deux œuvres ?

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La presse en parle

Entretien avec Laurent Gutmann

Après une adaptation du Petit Poucet en 2012, Laurent Gutmann porte aujourd’hui à la scène Le

Prince de Nicolas Machiavel. Pour faire entendre ce texte vieux de 500 ans, il invente un stage de

formation visant à enseigner la façon de prendre le pouvoir et de le garder.

Pourquoi avoir décidé de faire entendre au théâtre, aujourd’hui, cet essai politique du début du

XVIème siècle ?

Laurent Gutmann : Le Prince est un texte que tout le monde pense plus ou moins connaître, mais qui

est finalement assez peu lu. En le redécouvrant aujourd’hui, on est frappé par sa force scandaleuse,

force qui tient sans doute moins à ce qu’il dit qu’au fait même qu’il nous le dit. C’est un texte

fondamentalement ambivalent : en même temps qu’il a pour objet l’éducation politique des princes,

il porte à la connaissance du peuple l’art du gouvernement et, par là même, fait prendre conscience

au peuple des opérations de domination dont il est l’objet. Au cœur du texte de Machiavel, il y a

donc la notion d’éducation politique.

Qui sont les cinq personnages que met en jeu votre spectacle ?

L. G. : La situation que développe notre spectacle est celle d’un stage de formation pour futurs

princes. Face à deux formateurs, dont l’un est dépositaire de la parole de Machiavel, trois stagiaires

sont confrontés à un certain nombre de mises en situation censées leur enseigner comment prendre

le pouvoir et comment le garder. Ces mises en situation remplacent les nombreux exemples que

Machiavel puise dans l’antiquité romaine pour étayer ses propos – exemples qui ne sont, pour nous,

plus guère éclairants. La parole de Machiavel guide les stagiaires et, le plus souvent, sanctionne leurs

erreurs. Car ce qui ressort de ces jeux, c’est que le pouvoir est par nature instable : on est assuré de

le perdre un jour.

Quelles sont les idées de ce texte que vous souhaitez particulièrement mettre en lumière ?

L. G. : Machiavel est habituellement considéré comme un cynique, un théoricien d’un pouvoir qui

n’aurait d’autre finalité que lui-même. Mais sa parole est d’abord celle d’un homme qui a foi dans la

force du politique. C’est au nom de la nécessité de l’action politique qu’il refuse

catégoriquement toute forme d’idéalisme. Ses mots parlent d’eux-mêmes : « Mon intention étant

d’écrire des choses utiles à qui les écoutent, il m’a semblé plus pertinent de suivre la vérité effective

des choses que l’idée que l’on s’en fait. Il y a si loin entre la manière dont on vit et la manière dont on

devrait vivre, que celui qui laisse ce que l’on fait pour ce que l’on devrait faire, apprend plutôt à se

perdre qu’à se préserver ».

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat, La Terrasse, publié le 11 janvier 2014

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Machiavel, ton univers impitoyable

“Le Prince” à l’heure de la téléréalité. Avec beaucoup d’humour, Laurent Gutmann met en scène un

stage de formation aux préceptes du célèbre Florentin. Drôle et percutant.

Prendre le pouvoir ; savoir le garder. Voilà, en gros, de quoi il retourne dans Le Prince. Laurent

Gutmann n’adapte pas le texte de Machiavel, il le met en pratique sous forme d’exercices. L’eau

glougloute doucement dans la machine à café. Une formatrice coupe des parts de galette des rois.

Qui aura la fève ?

Trois candidats, deux hommes et une femme, répondent à l’appel. Ils ne savent apparemment rien

de Machiavel, mais se prêtent volontiers au protocole mis en place. Un arrière de voiture coupée en

deux figure le carrosse princier. Habillé en costume Renaissance, un meneur de jeu

intervient opportunément à coups de sifflets et de citations du Prince. Histoire de mettre les

participants dans le bain, on leur a d’abord fait répéter quelques extraits du livre. “Les hommes sont

prêts à mettre en œuvre leur méchanceté dans toutes les occasions.” Traduction : tous les coups

sont permis pour obtenir la couronne. Sauf qu’une fois devenu prince, le candidat se trouve bien

embarrassé. Que faire ? Au moindre faux pas, aussitôt sanctionné d’un coup de sifflet, il perd son

titre.

Enseignement immoral

Par le biais de ce jeu amusant, Laurent Gutmann dévoile l’aspect pratique de l’enseignement de

Machiavel. Lequel enseignement s’avère parfaitement immoral. Toute l’ambiguïté est là. La fin

justifie les moyens, assène le machiavélien de base. La réalité est, bien sûr, autrement complexe.

Comme le démontre ce spectacle finement troussé où le jeu impitoyable du pouvoir finit par

déborder le cadre initialement prévu. On pourrait même imaginer une suite où des intervenants plus

aguerris discuteraient des préceptes, au fond révolutionnaires, du Prince plutôt que de s’efforcer

aveuglément de les mettre en pratique.

Pierre Grosbois, Les Inrockuptibles

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“Le Prince” en entreprise: formation machiavélienne continue

Comment prendre le pouvoir et le conserver ? Laurent Gutmann s'empare de la question posée par

Machiavel dans Le Prince, qu'il adapte avec humour pour la scène et dans le monde contemporain de

l'entreprise.

Des Placo™ et des néons en guise de dorures et de stucs ; une salle de réunion plutôt qu’un palais ;

des employés en formation en lieu et place du prince. Tout juste cinq siècles ont passé depuis que

Nicolas Machiavel a écrit Le Prince, son manuel de pratique politique, en 1513, à Florence. Mais la

réalité de cette espèce humaine « à demi apprivoisée » qui « obéit à ses maîtres, appelés “princes” »

(selon Paul Veyne dans une préface) pourrait n’avoir pas tant changé. C’est le pari de Laurent

Gutmann, qui porte sur scène ce texte fondateur de la pensée politique : plutôt qu’une adaptation,

une mise en pratique amusée pour le monde contemporain de la vingtaine de chapitres que

comporte l’essai.

Comment doit-on gouverner, comment conserver le pouvoir, dans quels cas mentir ou user de la

force, mieux vaut-il être aimé ou craint ? Autant de questions qui intéressent non seulement le

prince mais aussi son peuple. Laurent Gutmann précise : « en même temps qu’il a pour objet

l’éducation politique des princes, [Le Prince] porte à la connaissance du peuple l’art du gouvernement

et, par là même, fait prendre conscience au peuple des opérations de domination dont il est l’objet. »

Pour expérimenter l’une et l’autre des conditions, être à la fois peuple et prince et comprendre la

logique du pouvoir, dans la société et dans l’entreprise, le metteur en scène crée un jeu de rôle, avec

travaux pratiques à l’appui, fidèle en ceci à Machiavel qui, contre l’idéalisme, exhorte à l’action.

Discours, combats et jeux de ruse, coups bas, astuces... rien ne sera épargné aux candidats pour

gagner et conserver la couronne. Comme au poker et comme en politique, il faudra prévoir les revers

de fortune. Le tout sous les yeux d’un public averti, un « peuple » de circonstance, très bienveillant.

Sur ces trois candidats au trône (et à un demi-cabriolet en guise de carrosse) veillent une formatrice

et un maître du jeu, qui veille au respect des consignes et distille ses conseils : c'est Nicolas lui-même,

qu’interprète avec beaucoup d’humour et d'à-propos Luc-Antoine Diquéro, en costume-cravate

recouvert d’un pourpoint de velours.

« Il y a une manière de désavouer Machiavel qui est machiavélique, c’est la pieuse ruse de ceux qui

dirigent leurs yeux et les nôtres vers le ciel des principes pour les détourner de ce qu’ils font, écrit

Maurice Merleau-Ponty dans ses « Notes sur Machiavel » (Signes, Gallimard). Et il y a une manière de

louer Machiavel qui est tout le contraire du machiavélisme puisqu’elle honore dans son œuvre une

contribution à la clarté politique. »

Laurent Gutmann en atteste avec ce spectacle inspiré, drôle et trépident, rappelant la contribution

de Machiavel à la clarté politique en portant sur scène, selon les préceptes du « très pénétrant

Florentin », « des choses utiles à qui les écoutent ».

Cédric Enjalbert, Philosophie magazine

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Le rire du Prince régnant

Actualisant le fameux texte de Machiavel, Laurent Gutmann ouvre de comiques perspectives au(x)

Prince(s) du XXIe siècle.

« Pour bien connaître la nature de son peuple, il faut être prince, et pour bien connaître celles des

princes, il faut être du peuple. » Nicolas Machiavel.

Quand un texte de cinq cents ans vient s'infiltrer dans les esprits des jeunes. Quand Machiavel et son

Prince prennent tout le sens, aujourd'hui. C'est l'histoire d'un metteur en scène, tout d'abord, celle

de Laurent Gutmann, qui a étudié la philosophie, dirigé un théâtre (le Centre dramatique de

Thionville-Lorraine), fait des mises en scènes intelligentes avec sa compagnie (La dissipation des

brumes matinales, pièce créée en 2009) et qui sait à quel point le théâtre peut être synonyme

d'ennui. Mais aussi de coup de fouet. Dans le choix de ce texte fort, on reconnait la lucidité de

Gutmann sur ce que représente le théâtre, sur sa mission et sur le legs littéraire qu'il est censé

transmettre à un public encore candide, vierge de toutes les spéculations existentielles. Le Prince de

Nicolas Machiavel (écrit en 1513) révèle toute la machinerie à l’œuvre dans l'acquisition du pouvoir –

politique, oui, bien sûr, mais pas seulement, puisque chacun d'entre nous aime tenir les rênes, au

moins celles de son propre devenir.

Pour la première, le 7 janvier dernier, beaucoup de lycéens accompagnés de leurs enseignants

investissent avec nonchalance la salle du Théâtre des Capucins, au centre-ville de Luxembourg et

attendent déjà le moment où ils pourront rallumer leur portable et mettre à jour leur statut

Facebook, l’agrémentant d'une nouvelle émoticône profondément blasée, voire ennuyée. Que

nenni ! Une femme menue sur le plateau les accueille, et dans un décor de bureau préfabriqué, elle

interpelle le public, le salue et annonce une séance de formation. Ils vont rire. Rire de Machiavel ou

rire avec lui, cinq cents ans plus tard.

Un bout de Peugeot 607, juste l'arrière, coupé, est découvert avec le début de la formation. Trois

candidats apprendront ce que sont les différents rôles d'un prince. Myriam (Maud le Grevellec), Max

(Pitt Simon) et Rémy (Thomas Blanchard). Ils seront encadrés par Karine (Shady Nafar) et Nicolas

(Luc-Antoine Diquero), qui est le dépositaire légal de la parole de Machiavel –garant de l’authenticité

du texte.

Mais pour casser l'illusion théâtrale, et rapprocher le tout de notre époque, on s'adresse à nous, le

public, le peuple. Le peuple est présenté, et sans lui, il n'y a pas de prince car « le Prince est toujours

contraint de vivre avec le même peuple ». On nous fait participer aux nouvelles nominations, aux

intrigues, aux mises à mort (à l'aide d'armes à laser), aux révoltes, mais surtout à la réflexion autour

du texte d'origine ; le peuple est éclairé (aussi bien au sens propre qu'au sens figuré). Les différents

princes en formation s'essayent au pouvoir, à bord de leur véhicule, à force d’empathie, de fermeté,

de bonbons, de hausses d'impôts, de guerres factices, de confusion ou de bonté.

Machiavel avait bien établi des règles précises. Scandaleuses règles, mais ce qui fut plus fort encore,

c'est qu'il nomma cette scandaleuse réalité universelle. Il avait cerné le monde du pouvoir, ses

enjeux bien sûr, mais surtout la nature intime de ses agents : « les hommes sont méchants (...) ils ne

font le bien que par nécessité… » Un bien triste constat. Douloureux même, mais nécessaire. Aussi

nécessaire que peut l’être l’instinct de survie pour un animal.

Dans une convention de comédie, les gags s'enchaînent, peut-être un peu trop ; on a tendance à s'y

installer et à ne percevoir que l’excès de brutalité de la transmission, ce qui fait perdre le fil de la

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gravité. Mais les cinq comédiens remplissent le spectacle à part entière, et à parts égales. Ils sont

bons, très bons dans leur gaucherie de princes en formation, mais aussi dans leur compréhension de

l'action politique –qui se révèle ici indubitablement nécessaire– et dans la promotion de l’idée

qu'aucun idéalisme ne reste permis dans l'esprit machiavélien. Seule l'action prime, même si elle est

vile. Les candidats sur scène, démontrent à tour de rôle ou en groupe, par l’entremise de jeux et de

mises en situations cocasses, ce que peuvent être les passations de pouvoir successives, les temps de

crises, le choix des bons hommes, ministres et conseillers. Tout l'attirail d'un bon prince est dévoilé.

Dans la salle, les rires se répondent. Et on s'amuse ensemble de toute cette cruauté que renferme le

pouvoir ; mais, peu à peu, on parvient à saisir la nécessité de l'exercice politique. On ne peut

s’empêcher de songer aux péripéties de nos hommes et femmes politiques, de leur émergence sur la

scène publique jusqu'à leur chute, toujours potentielle, contenue en puissance dans l’exercice même

de leur fonction. Jean-Claude Juncker par exemple, qui il y a à peine un an ne semblait pas pouvoir

être déstabilisé... ou un Giulio Andreotti, ailleurs, avant. L’évidence se fait jour : le pouvoir survit

toujours malgré la valse des puissants ; il subsiste bien au-delà de tous ceux et celles qu'il a

préalablement désignés. Ce ne sont pas les hommes qui le choisissent, ni le conservent ; c'est bien

plutôt lui qui fixe les règles de son propre renouvellement.

Dans cette perspicace mise en scène, nourrie d'un texte effrayant d'actualité, on découvre la volonté

dissimulée de chaque individu, ce que John Stuart Mill, philosophe britannique du XIXe siècle, aurait

nommé : la volonté de corriger ses propres fautes ou la non-nuisance d'autrui dans une entière

souveraineté individuelle – en somme, le fait d'agir par soi-même.

On croit d’ailleurs apercevoir une convergence entre ces deux pensées dans la proposition de

Laurent Gutmann. La recherche de la vérité effective chez Machiavel rejoint ainsi la souveraineté

absolue de Mill. Lorsque Nicolas fait répéter une chanson aux participants, elle est d'abord

dissonante, irrégulière, incompréhensible et peu à peu plus harmonieuse et, pour ainsi dire, plus

vraie.

La fin de la pièce, attendue avec impatience, instille un basculement dans la force universelle, et

révèle par là même toute la puissance machiavélique du propos.

Karolina Markiewicz, Mouvement.net

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Conseils bibliographiques

Le Prince / Nicolas Machiavel ; trad. par Jacques Gohory,.. introd. de Yves Lévy. - Ed. de Cluny, 1938. -

(Bibliothèque de Cluny ; 18)

Les Grandes œuvres politiques de Machiavel à nos jours Jean-Jacques Chevallier. - Paris : A. Colin,

1970. - 23 cm, 304 p. 22 F. - (U. Idées politiques)

Machiavel et la politique de l'apparence Lars Vissing. - Paris : Presses universitaires de France, 1986.

- 283 p. : couv. ill. en coul. ; 21 cm. - (La Politique éclatée, 0154-3687) Bibliogr. p. 239-276 . Index. -

ISBN 2-13-039201-6 (Br.) : 150 F : 22,87

Le grand livre des philosophes [Texte imprimé] : clés d'accès aux œuvres classiques / Robert Zimmer

; traduit de l'allemand par Olivier Mannoni. - Paris : Fayard, 2012. - 1 vol. (525 p.) ; 22 x 14 cm. -

(Essais) ISBN 978-2-213-66269-5 (br.)