« le plaisir le plus délicat est de faire celui d ’autrui » - boileau -

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N°10 - Novembre D écembre 2004 - Gr atuit « Le plaisir le plus délicat est de faire celui d ’autrui » - Boileau - Pour contacter la rédaction : [email protected] Et toutes vos rubriques habituelles ...

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Le Corbeau. « Le plaisir le plus délicat est de faire celui d ’autrui » - Boileau -. Pour contacter la rédaction : [email protected]. Florence la ville musée. Jack l'Eventreur démasqué. Le film : Les Enchaînés. Et toutes vos rubriques habituelles. L ’éditorialpage 3 - PowerPoint PPT Presentation

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N°10 - Novembre Décembre 2004 - Gratuit

« Le plaisir le plus délicat est de faire celui d ’autrui »

- Boileau -

Pour contacter la rédaction : [email protected] contacter la rédaction : [email protected]

Et toutes vos rubriques habituelles ...

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L ’éditorial page 3

Pin-up du mois page 4

Lu dans la presse page 5

La nouvelle : Les rois du ring page 6

Underground : la ligne n° 9 page 9

Carnet de voyages: Florence page 10

Le film : Les Enchainés page 16

Le livre : Jack l ’Eventreur page 17

Musique : The Beatles page 18

Tribune libre : Eloge du pet page 19

Quand on y pense ! page 20

Le courrier des lecteurs page 21

Le Chat page 22

Le s

om

mair

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Est-ce la proximité de la Toussaint et de ses chrysanthèmes ? Ou bien Halloween et ses références macabres ?

Toujours est-il qu ’en ce début novembre, Le Corbeau a les idées noires comme son plumage et son ramage s ’en ressent.

Russ Meyer a claqué la porte et rejoint les jardins du paradis d ’Allah où il pourra forniquer jusqu ’à la fin des temps avec des vierges aux yeux de braise et toutes dévouées aux phantasmes du cinéaste qui illumina les années 70 avec sa trilogie underground des Vixens, des films où de pulpeuses Margo Wonchester ou Francesca Nattividad aux seins comme des obus se démenaient comme des diablesses au milieu de scénarios débiles mais pleins d ’entrain. Un nouveau pan de ma jeunesse qui s ’écroule.

Helmut Simon nous a quittés. Qui est cet Helmut me demanderez-vous ? C ’est celui qui avait découvert la momie Ötzi le 18 septembre 1991 dans les neiges du Tyrol. Cet embaumé, livre depuis treize ans des quantités phénoménales d ’informations sur la vie quotidienne à l ’aube de l ’âge de bronze. Vendredi 15 octobre Simon est parti en randonnée pour 4 heures de marche, il n ’est jamais revenu et les sauveteurs pendant trois jours ont fouillé la montagne prise sous une tempête de neige. Son corps sera peut-être découvert après la fonte des neiges. Otzi et Helmut Simon ont partagé le même destin, mourir seul en montagne.

Ce fait divers émouvant ne peut toucher que les poètes ou les férus d ’histoire et d ’archéologie, par contre il est un décès qui nous frappe tous, Superman est mort ! On croit rêver, mais dans quel monde vivons nous ? Certains disent même que Dieu serait mort, mais tant qu ’on n ’a pas retrouvé le corps, le doute subsiste.

Même les super-héros nous lâchent ! Après Zidane qui quitte les Bleus de l ’équipe de France de football, c ’est l ’homme en caleçon bleu marqué d ’un « S » comme « Sorry » qui nous abandonne. Désolé, je le suis aussi.

J ’arrête là cet éditorial car il ressemble de plus en plus à une rubrique nécrologique et comme il n ’y a aucune raison pour que mes morts intéressent les vivants, rangeons les mouchoirs et quittons nous bons amis.

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« … une de ces femmes qui donnent toujours le petit coup de langue en passant »

MOLIERE L ’impromptu de Versailles

« … les bras courts, plantés trop en arrière, à cause d ’un développement des pectoraux exagéré par une gymnastique mal raisonnée »

ARAGON Les Beaux Quartiers

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Je ne me lasse jamais de lire la presse car le monde ne cesse de m’ étonner et je constate que les aventures les plus extraordinaires voire tragiques peuvent nous tomber dessus au coin de la rue.

Le 6 octobre j ’ai lu dans Le Monde « Un déséquilibré tue un homme et tente de boire son sang ». L ’affaire c ’est passée à Nanterre, un homme a été tué à coups de couteau et son agresseur a léché le sang de sa victime. On n ’est pas très loin de ce que relate le Philippine Daily Enquirer de Manille « Alors qu ’il assistait à un mariage, un homme a été tué par quatre membres de sa famille après avoir trébuché et touché accidentellement le postérieur de la mariée. Ses assassins l ’ont fait rôtir au kérosène dans des feuilles de bananier avant de le servir à l ’assistance ». Nanterre-Manille même combat, c ’est certainement ce qu ’on appelle la mondialisation.

Moins dramatique mais néanmoins étonnant, la BBC de Londres nous apprend que le National Museum of Science de Londres va utiliser les excréments de ses visiteurs pour réduire sa facture d ’électricité. Les déjections des 3 millions de personnes qui visitent le musée chaque année pourraient alimenter les chaudières d ’une mini-centrale électrique. « Rien ne se perd, rien ne se crée » disait Lavoisier, c ’est ce qu ’a du penser Jon Tucker le directeur du musée.

La vie politique est dangereuse tout le monde le sait mais il existe de petits risques peu connus tels que ceux qu ’on a pu lire dans The Australian de Melbourne. « A force de serrer des mains, la députée provinciale Margaret May a la main en compote et doit porter un plâtre en attendant de se faire opérer après les élections pour recouvrer l ’usage de son pouce et de son poignet, quant au ministre du Trésor il a été attaqué par un karatéka en herbe, un bambin déguisé en tortue Ninja »

Puisqu ’on est dans le domaine politique, citons cette déclaration de Aleksander Kwasniewski (président de la Pologne) en visite chez Poutine (je ne précise pas de qui il s ’agit) et rapportée par TVP de Varsovie : « Je préfère qu ’on produise des serviettes périodiques plutôt que des ogives nucléaires. »

Enfin, pour terminer sur une information qui ouvre en grand les portes du rêve, deux articles parus dans Le Monde du 5 et 6 octobre « Richard Branson veut lancer la première compagnie de transport dans l ’espace. Virgin Galactic doit être opérationnelle en 2007 » et « L ’avion-fusée américain SpaceShipOne ouvre l ’ère du tourisme spatial. Le prototype privé a volé à deux reprises en moins d ’une semaine à plus de 100km d ’altitude ». La construction de l ’avion est sponsorisée par Paul Allen cofondateur de Microsoft quant au billet, dont le prix est évalué à 170 000 euros, il intéresserait 15000 volontaires américains par an.

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Les rois du ring

- Arrête de déconner, merde ! J ' le dis à mon père !- J 'm'en f ous d' ton pater.- Ouais, mais si j e l'appelle, y va te f outre une volée, il est catcheur mon père !- Oh ! L'autre, hé !- D'ailleurs, le voilà !Les gamins qui se battaient, se relèvent et s'éparpillent dans le square. Alain, dix ans,s'époussette et court embrasser son père. Bon sang, encore à te chicorer avec tescopains, tu avais promis d'être sage. Tu sais bien que cette année pour les vacances, tun' iras pas chez ta grand-mère, je t'ai promis de t'emmener avec moi, en tournée à traversla France. Regarde, ton jeans est déchiré, ta mère va crier, on part demain matin.Au petit j our, la caravane démarre, direction Dreux, première étape. Là, on retrouve lereste du convoi. Les f rères Chong, Michel le copain de son père et un gros type qu'Alain adéjà vu chez ses parents. Ce soir le combat a lieu dans un gymnase. On s'y rend doncdirectement pour repérer les installations.Pour une f ois, l'affi chage dans la ville a été bien f ait. Sur les portes des caf és on peut lireen gros caractères : Catch à quatre, les Diables Rouges contre les Chong, 21h. au Gymnase.Dans la salle on prépare le ring et tout à l'heure, on disposera les bancs et on dressera labuvette.C'est la première f ois que les Diables Rouges tournent avec les Chong. Les deux f rèresavaient un air réellement inquiétant. De type eurasien, chauves avec une longue moustachefi ne qui retombait de chaque côté de la bouche, à la Fu Manchu, ils avaient presque l'air dejumeaux. Plus de cent kilos en muscles et surtout en graisse. I ls fi chaient une trouillebleue à Alain. I ls lui rappelaient les personnages d'une bande dessinée qu' il lisait dansMickey, tous les jeudis.

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Dans un coin du gymnase, sur le parquet, on a disposé quelques tapis de sol. Les quatrecatcheurs sont là, qui s'échauff ent. Le gros homme qu'Alain connaissait de vue est là aussi.I l s'entraîne avec les lutteurs. Projections au sol, manchettes, tout y passe. Ce qui étonnele plus l'enf ant c'est que les deux chinois, répètent avec son père. Comment les Diablespourront-ils gagner ce soir, si les deux chauves les regardent mettre au point leurs prisesf avorites ?Vers vingt heures, les premiers spectateurs prennent leurs billets et s' installent.L'ambiance est bon enf ant, on est venu pour s'amuser en f amille ou entre copains. I l estvingt et une heures, les lumières s'éteignent, seuls les projecteurs braqués sur le ringsubsistent.Tout surpris, Alain voit le gros homme monter sur l'estrade. Pantalon noir, chemiseblanche, nœud papillon, pas de doute, c'est lui l'arbitre. La f oule applaudit, les catcheursf ont leur entrée, les vocif érations redoublent. L'arbitre f ait les présentations, coup degong, le combat débute.Alain écarquille les yeux, les hommes s'empoignent à bras le corps, double Nelson, clé aubras, pirouettes acrobatiques se succèdent. Les Diables Rouges gagnent la premièremanche assez f acilement. Le second round est plus acharné, dès que l'arbitre tourne ledos, les Chong multiplient les irrégularités. A deux ils f rappent son père après l'avoiremprisonné dans les cordes du ring. Comme l'homme en noir se retourne et veut intervenir,l'un des jaunes, par un saut chassé envoie valdinguer le juge au pied de l'estrade. Alainapeuré regarde sa mère qui elle, semble bien s'amuser. Mais voyant son fi ls bouleversé,elle lui conseille de ne pas s'en f aire, que son père en a vu d'autres. De toute f açon, ilsdoivent perdre cette manche, c'est prévu.Là, Alain est sidéré. Comment ça, que c'est prévu ? I ls ne se battent pas pour du bon ? Lematch est truqué ? Sa mère doit lui expliquer, mais non gros bêta, ça n'est pas de latriche. Tout le monde sait que c'est un spectacle. Les bons (ton père) gagnent la premièremanche, les Chong vont gagner la seconde et ton père fi nit en beauté en remportant labelle. C'est écrit.L'arbitre f ait lui aussi partie du spectacle. C'est pour rire. Tu croyais qu' ils se tapaientdessus pour du bon, nigaud va ! Tu serais fi er si ton papa revenait le visage en sang, tucrois que j 'aimerais cela ?

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Ainsi, c'était une sorte de jeu. Ces malabars f aisaient semblant. les grimaces de douleurétaient simulées, les coups, les claques qui volaient, tout cela comptait pour du beurre.Après tout, pourquoi pas, au moins comme cela, il n'aurait plus à craindre pour son père.Le match était terminé. Les deux chinois et l'arbitre étaient étendus sur le ring,immobiles, les Diables Rouges se congratulaient, ils avaient vaincu, comme toujours.

" De toute f açon, mon papa c'est le plus f ort si y voudrait..." pensait Alain en rentrant versla caravane.

Fin …….

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Nous prenons le métro tous les jours, mais qu ’en savons nous ?

Quelques noms de stations méritent une explication sur leur origine

Ligne n°9: Mairie de Montreuil-Pont de Sèvres

• Maraîchers : Les collines de Belleville et de Montreuil étaient cultivées par des maraîchers jusqu ’au XIX ème siècle.

• Buzenval : Le château de Buzenval situé sur le hameau du même nom fut le théâtre de violents combats pendant la guerre de 1870 contre les Prussiens.

• Miromesnil : Le magistrat Armand de Miromesnil (1723-1796) fut Garde des Sceaux (1774-1787) et fit abolir les tortures infligées aux inculpés.

• Rue de la Pompe : Chemin transformé en rue au XVIII ème siècle il prit le nom de la pompe qui alimentait le château de la Muette.

• Jasmin : Jacques Boé, poète français, dit Jasmin (1798-1864) surnommé le Péruquier poète. Précurseur du mouvement littéraire provençal.

• Marcel Sembat : Le journaliste Marcel Sembat (1862-1922) fut directeur de la revue socialiste La Petite République, devint ministre des Travaux Publics de 1914 à 1916 et se montra hostile aux expéditions coloniales.

• Billancourt : Petit hameau des bords de Seine qui tient son nom du patronyme germanique Billa et du latin cortem voulant dire domaine. C ’est dans ce quartier que le jeune Louis Renault aidé de son frère Marcel, fabriqua sa première automobile en 1898.

• Pont de Sèvres : Sèvres doit son nom à Savara, nom de rivière en pré-celte, vers le VI ème siècle.La commune doit sa notoriété au transfert de la Manufacture Royale de porcelaine de Vincennes sur son territoire, près du pont, en 1756.

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FLORENCE

Juin 1996

LUNDI 17 J UI N :D'accord, je me suis levé à 4h du matin mais ça n'explique pas tout.Dans le Roissy-bus qui m'amène à l'aéroport survient le premier incident. Assoupi, j e ratele Terminal où je devais descendre, je suis obligé de le rejoindre, à pied, par les sous-sols.Heureusement, c'est bien f ait et le fléchage est clair. Pour une f ois il n'y a pas à critiquerla géographie d'un aéroport Parisien. Au guichet d'embarquement, deuxième incident. Macarte d' identité est périmée depuis deux mois et il parait que les I taliens sont trèstatillons sur les dates... Tant pis, j e tente ma chance.J e pars en vacances pour une semaine, mais je laisse mon amour encore récent à Paris,aussi mon entrain est-il assez entamé...Voyage agréable dans un petit avion, un Fokker 70 d'Alitalia. En 1h50 après un survol desAlpes, blanches de neige et nuages sculptés, nous atteignons Florence et son aéroportmodeste qui me rappelle celui de Bastia, avec ses collines écrasées de soleil, le ceinturant.Comme prévu, la police de l'air tique à la vue de mes papiers d' identité. L' I talie n'a passigné les accords de Schengein ! On en est encore là en 1996... Après vingt minutes decontrôle et de coups de téléphone, ils me laissent passer.Mon hôtel est situé au dernier étage d'un vieil immeuble. Chaque étage appartenant à unhôtel diff érent. Escalier très large et vieil ascenseur-cage.Ma première sortie, au hasard des rues, me mène à la place du Dôme. Une cathédraleénorme et blanche, toute tarabiscotée de niches et sculptures de marbre, le toutsurmonté d'un dôme grandiose. L' intérieur, par contre, est assez simple. A noter unef resque de Paolo Uccello. Sur la place, un campanile de 82 mètres de haut, superbe pièced'architecture, ainsi que le baptistère, avec sa porte de bronze travaillée à l'excès.

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Plus loin, la Piazza della Signoria, avec le Palazzo Vecchio et la Loggia della Signoria, sortede musée en plein air, de sculptures comme le Persée de Cellini. Sur la place, deux énormesmarbres blancs, l'un représentant Neptune et l'autre David.J e continue vers le Ponte Vecchio qui enjambe l'Arno. Le pont, bordé de boutiques dejoailliers les uns à côté des autres, comme au temps de sa construction.Visite de l'église San Lorenzo sur la piazza du même nom, décorée par Donatello qui y estenterré. Cloître attenant, calme, verdure et ombre. Sur la place et autour de l'église,marché de vêtements et de cuir.J 'ai déjà englouti un sandwich chaud au jambon et f romage. J 'ai aussi tâté de leurs glaces.Elles sont excellentes, bien sûr, aux kiwis et à la banane, au chocolat avec des morceaux decacahuètes, etc... Elles sont plus délicates que les glaces américaines.Entre temps, j 'ai f ait un saut à mon hôtel pour souffl er et prendre une douche. Sur la TV,vingt chaînes dont la 2ème f rançaise. C'est le même programme sur toutes les chaînes dumonde entier, de la merde!En déambulant dans Florence, je passe devant la maison natale de Dante, qui f ait l'angle dedeux ruelles. Ainsi que la f ontaine du Porcelet à la Loggia del Mercato Nuevo. Sanglier debronze à l'entrée d'un petit marché de cuir artisanal.I l est 20h30, je me couche.

MARDI 18 J UI N :Ma première visite est pour le parc Cascine, au bord de l'Arno, à deux kilomètres du PonteVecchio. Vaste zone boisée avec une très large allée pour le marché du mardi. Lescharcutiers dans leurs camions aménagés, exhibent des porcs entiers cuits à la broche. Lespoissonniers vendent des anchois et du poisson séché comme la morue.Plus tard, visite du Palais Pitti. J 'en sortirai abruti par tant de beauté. Murs, plaf onds,portes, mêmes les volets intérieurs, sont décorés à outrance. Et sur les murs ce ne sontque des tableaux de Raphaël, Le Titien, Véronèse, Rubens ... Visite des appartements et dela chapelle, tout en ors et draperies. Dehors, promenade dans les jardins Boboli, attenantsau palais. Du haut des jardins, vue sur Florence et la campagne vallonnée de Toscane.Déambulation dans l'Oltrarmo, le quartier plus populaire, de l'autre côté du fleuve. Ruellessympathiques, nombreuses échoppes de petits commerçants et artisans. Merceries,ébénistes, antiquaires, artisans travaillant le cuir, coiff eurs à l'ancienne... Moins detouristes par ici.J e traverse l'Arno, fleuve empreint de majesté et je me retrouve bien vite place SantaCroce, endroit superbe de simplicité. Visite de la basilique où sont enterrés Michel Ange,Rossini, Galilée et Machiavel ! Excusez du peu !Retour à l'hôtel, non sans avoir acheté une glace chocolat-citron particulièrementsavoureuse.Douche et repos en attendant le match de f ootball France-Bulgarie. Finalement la Francel'emporte 3-1 et se qualifi e pour les quarts de fi nale du championnat d'Europe. J e peuxressortir dîner, l'esprit tranquille.

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MERCREDI 19 J UI N :Tiens! I l f ait gris ce matin. J e décide donc de me f aire un musée, la Galerie des Offi ces.Hélas ! Une queue de plusieurs centaines de mètres me décourage. Ce matin la ville sembleenvahie de hordes de touristes.J e m'éloigne de la Piazza della Signoria pour rejoindre la Piazza San Marco et visiterl'église. I ci, le corps momifi é de l'archevêque f ondateur de la ville est exposé au f onds del'église. Dans une guitoune en bois délabrée, éclairée a giorno, un prêtre lit son missel et lebedeau bossu comme il se doit, vaque à ses tâches coutumières. Dans le cloître, principalesoeuvres de Fra Angelico, le moine peintre. Luminosité, couleurs, absence de dramaturgie.Un adepte de la "ligne claire", précurseur de la BD Belge ! A l'étage, les cellules des moinessont décorées de f resques du maître. Cellule de Savonarole, le moine qui fi t chasser lesMédicis avant d'être exécuté en place publique, par le peuple f atigué de sonintransigeance morale.Retour au centre, vers le Mercato Centrale, grand marché couvert. Au rez-de-chaussée,viandes et charcuteries et au premier, f ruits et légumes. A l'extérieur, autour et versl'église San Lorenzo, marché du cuir. J 'achète pour trois sous, un gilet de peau trèssouple.Déambulation vers Santa Croce où je lis le journal une petite heure. Retour à l'hôtel,douche et cartes postales, en attendant le match I talie-Allemagne.Vers 17h30 il commence à pleuvoir, une averse bien nette et qui s'arrête. J 'étudie monguide pour envisager la suite de mon séjour. I l f audra f aire une nouvelle tentative de visitede la Galerie des Offi ces, les collections de peintures y sont superbes. J e prévois aussiune longue promenade à pied, de l'autre côté de l'Arno, vers les collines qui ceinturent laville. La vue y serait magnifi que. Demain après-midi, en fi n de journée, un défi lé decostumes d'époque est prévu à travers la ville. Et le dernier jour de mon séjour, placeSanta Croce, match de f ootball à l'ancienne.J 'ai f ait j eûne aujourd'hui, alors ce soir restaurant. Spaghettis sauce épicée en entrée,escalope de veau à la Florentine, champignons hachés et aubergines, tomates, poivrons enpetits morceaux, cuits à l'huile. C'est très bon. En dessert, le tiramisu évidemment.

J EUDI 20 J UI N :I l ne pleut plus et si le soleil est discret, on le sent sur le point de poindre ! C'est le tempsidéal pour une longue promenade de plusieurs kilomètres au sud de la ville.Du pont San Niccolo je prends la viale Micchelangelo. La route monte le long de la colline,ombragée, jusqu'a un belvédère. Vue magnifi que sur Florence et l'Arno.Plus loin, la basilique S. Miniato Al Monte. J e continue ma route le long de splendides villasqui ont vue sur la cité. Larges trottoirs de gros pavés à l'antique. Maintenant le soleilcommence à taper. J e me retrouve porte Roma, à côté du Palais Pitti, j 'erre dans lesruelles puis je passe le Ponte Vecchio.

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A deux pas, l'entrée de la Galerie des Offi ces, il est 13h, peu de monde, 30 minutesd'attente pas plus. Un long et large couloir dallé, le plaf ond est lourd de décorations. Desstatues de part et d'autre du couloir, dont un côté vitré off re une vue du 3ème étage surla ville, le pont et l'Arno.Les salles regorgent de peintures des grands maîtres, Botticelli, Léonard de Vinci,Raphaël, Michel Ange, pour ne citer qu'eux. Superbe encore. Hélas! Certaines salles sontf ermées et je ne peux voir les Rubens et Rembrandt...En sortant je sens la chaleur me tomber dessus. Place de la Signoria j 'achète une glace etje glande jusqu'à la place de la République où la terrasse d'un restaurant f ermé, m'off rel'ombre et le siège pour le repos dont j 'ai tant besoin...Nombres de rues sont piétonnes, aussi voit-on beaucoup de deux-roues, des vespas biensûr mais presque autant de vélos.Vers 17h la procession en costumes d'époque croise mon chemin. Retour à ma chambre,douche longue et tiède puis "sieste" jusqu'à 19h.J e sors pour dîner, ribollita (soupe de légumes, haricots blancs, blettes etc... et pain) plusprès de la bouillie que de la soupe. C'est bon mais sans relief . Et toujours le pain italien,blanc et sans sel.

VENDREDI 21 J UI N :Visite de l'église S. Maria Novella près de la gare. Puis plus à l'est, la Piazza SS.Anunziata. Deux grands bâtiments à arcades et marches se f ont f ace. Un côté est occupépar l'église. Sur la place, une statue équestre et deux f ontaines. L' intérieur de l'église estassez baroque, très chargé, pas de vitraux, nombreux ex-votos.J 'ai pour ainsi dire, tout vu de Florence, alors je flâne sans but précis, les places servantde point de repères.Depuis hier la chaleur est lourde et je bois du Gatorade. Quand j 'ai f aim, un sandwichf romage et charcuterie dans leur f ameux pain blanc, f ait l'aff aire. Peu de gâteauxappétissants. J 'ai goûté une spécialité locale aux noix, amandes et miel. C'est un peu secmais ça se mange... I ci, en f ait de dessert, il n'y a que les glaces qui cassent la baraque.J e passe l'après-midi sur un banc, à l'ombre, dans la cour de la Galerie des Offi ces. J ebouquine et je sommeille.Vers 18h une ondée me ramène à l'hôtel pour une nouvelle douche et j 'écoute les inf os surles TV européennes.Plus tard je ressortirai pour dîner. J ambon de pays, pâtes sauce maison et poulet f rit. J 'aiune grosse f aim. Le jambon est copieusement servi, les pâtes sont accompagnées d'unesauce à la crème, de petits pois et bouts de jambon. Le poulet f rit, c'est une assiettepleine de beignets de poulet et de légumes. Pas de dessert, mais je prends une glace sur lechemin du retour...

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SAMEDI 22 J UI N :I l a plut une bonne partie de la nuit et ce matin le temps n'est pas f olichon, d'ailleurs lamétéo n'a pas l'air optimiste pour le week-end...Visite du musée anthropologique. Vieux musée demandant à être mis aux goûts du jour.Pièces exposées sans explications ou, quand il y en a, en italien seulement. Dommage. Lasalle sur le Pérou est intéressante, momies et crânes déf ormés volontairement lors derites post-nataux. J e pense à "Tintin et les sept boules de cristal".I l pleut un peu, aussi je choisis de visiter l'église Santa Maria Maddalena. J e suis seul dansle temple un peu secret. De l'extérieur, l'entrée est discrète et on peut passer devantsans voir qu' il s'agit d'une église. Une f ois poussée l'énorme porte en bois, on avance dansun petit cloître très sobre, puis une nouvelle porte donne accès à l'église elle-même.Le bedeau me tombe dessus et en f rançais, m'explique l'histoire de l'église. Les douzeniches de part et d'autre de la nef appartenaient aux riches f amilles de la ville qui lesf aisaient décorer de f resques par de grands artistes de l'époque. Puis le bedeau medemande si j e veux voir la f resque de Perugine, qui est un chef d'oeuvre. J 'accepte, et parune porte dérobée il m' indique le chemin. En f ait il s'agit d'un souterrain qui passe sousl'église puis sous la rue et aboutit dans un autre bâtiment. La modernisation a f ait qu'on atracé une rue à travers l'ensemble du domaine religieux. Le bedeau n'est pas très content!J e suis seul dans le souterrain qui sent l'humidité, enfi n j 'arrive à la salle où se trouve laf resque. Un Christ en croix, avec Marie, Madeleine, St-Benoit ... Non restaurée elle estdans un état splendide. On croirait qu'elle est récente. L' inondation la plus importante deFlorence s'était arrêtée à quatre doigts du pied de la f resque.Quand je ressors la pluie a cessé et le soleil luit. Promenade dans les ruelles, qui meramènent en cercles concentriques, au Mercato Central où j 'entre dans une trattoria.Antipasti de charcuteries diverses, saucissons, jambon cru et larges toasts de pâté.Copieux. Spaghettis du pêcheur, sauce tomate et coques. Excellent. Petit restaurant dequartier mêlant les habitués et les touristes. La proximité du marché assure la bonnequalité des produits.Dehors, averses et soleil se disputent la vedette.

DI MANCHE 23 J UI N :I l f ait très beau aujourd'hui et un petit vent rend la température agréable. Le dimancheest un jour particulièrement plaisant, presque tous les commerces sont f ermés, peu decirculation, moins de monde. Dans certains quartiers, c'est le silence et dans certainesrues je suis seul. C'est très reposant. C'est encore plus évident dans l'Oltrarno la partiede la ville située de l'autre côté de l'Arno. Là, c'est comme un dimanche dans une petiteville de province. Tiédeur de la température, silence, promenade au ralenti.Part de pizza achetée au poids, sandwich tiède au salami et f romage, plus tard une glacedégustée sous les arcades de la Galerie des Offi ces.Fin d'après-midi et soirée, f ootball à la TV, comme hier.

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LUNDI 24 J UI N :Place Santa Croce, douceur de la matinée qui commence. La ville n'est pas complètementsortie du week-end, commerces encore f ermés. Dans les petits bars de quartier on boitson caf é en lisant le journal. Les premiers touristes, en hordes pas sauvages, déf erlent surla place à l'assaut de l'église. Appareils photo et camescopes s'activent. Les groupes secroisent, se mêlent et s'emmêlent en un ballet mal chorégraphié.Long séjour sous les arcades des Offi ces pour lire mon journal.Vers 17h retour vers Santa Croce pour assister au tournoi de Calcio. Le quartier estbouclé et il n'y a plus de places en vente. J e peste et leur souhaite la pluie!Place de la Signoria, défi lé en costumes avec chevaux et tambours, des protagonistes ducalcio. Le défi lé disparaît dans une ruelle sur un lancer de drapeaux. Un quart d'heure plustard... il pleut!C'est mon dernier jour et j 'ai hâte de rentrer à Paris. La ville est superbe mais jem'ennuie, c'était prévisible. Cette année, où que j 'aille, je me serais ennuyé. Mon amourme manque, je ne pense qu'à elle. Dans ces conditions, quoi que je f asse, si c'est sans elle,ce ne sera pas réussi.

MARDI 25 J UI N :Lever 8h comme d'habitude, petit-déjeuner copieux et caf é "néro" (comme dit lasoubrette) à volonté, puis retour à la chambre où je regarde la TV.Mon avion est à 20h45 !! I l va f alloir meubler.J e laisse mon sac à la réception de l'hôtel et je f ais un dernier tour en ville. Le Dôme, laPiazza della Signoria, le Ponte Vecchio.Vers midi l'orage éclate, il pleuvra toute l'après-midi. J e traîne sous les porches, pourm'abriter, puis vers 14h, je prends le bus pour l'aéroport. J e squatte un banc, pour un bonmoment...Dans la minuscule salle d'attente, Simone Weill avec deux de ses collaboratrices attendson avion … comme moi !

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Les Enchaînés Un film d ’Alfred Hitchcock de 1946 en NB

Après la guerre, un nazi installé aux Etats-Unis est condamné pour haute trahison. Sa fille Alicia (Ingrid Bergman) qui mène une vie licencieuse est contactée par un agent du gouvernement Devlin (Cary Grant) : la sachant opposée à son père il lui demande de l ’accompagner au Brésil pour une mission. Elle finit par accepter et ils tombent amoureux l ’un de l ’autre. Mais la mission les éloigne car elle est chargée de séduire un nazi (Claude Rains) puis de l ’épouser afin de surprendre ses desseins secrets. Alicia et Devlin découvrent dans la cave du nazi du minerai d ’uranium caché dans des bouteilles de vin. Le nazi comprend qu ’il a été piégé par Alicia et l ’empoisonne lentement avec l ’aide de sa mère. Alicia sera sauvée par Devlin et le nazi abandonné à une mort certaine.

Un scénario sans surprises mais au suspense certain grâce à la tension dramatique qui voit le spectateur averti des dangers avant les protagonistes du film : le vol de la clé de la cave, le champagne qui viendrait à manquer pendant la réception, la tasse de café empoisonnée… Nous savons ce qui risque de se passer si ... Et tout le suspense réside dans ce « si ».

La mise en scène est bien entendue particulièrement léchée comme dans tous les films d ’Alfred. Des gros plans pour faire monter la tension ( la serrure, la caisse de champagne, la tasse de café) et le fantastique mouvement de caméra au début de la réception qui d ’un panoramique se termine en gros plan sur le poing fermé d ’Alicia qui y cache la clé de la cave. Etourdissant.

Un film à voir et à revoir parce que c ’est Hitchcock, parce que Cary Grant y promène son habituelle élégance et son flegme décontracté, parce que Ingrid Bergman le lui rend bien et que le noir et blanc habille parfaitement l ’élégance et le suspense.

Ingrid Bergman Ingrid Bergman

et Cary Grant

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Durant l ’année 1888, sept femmes au moins ont été atrocement assassinées dans le quartier de Whitechapel à Londres. Ces crimes horribles (membres arrachés, corps éventrés et éviscérés …) provoquèrent la panique et donnèrent naissance au surnom devenu célèbre de Jack l ’Eventreur.

Depuis plus d ’un siècle ces meurtres, du premier serial killer connu, sont une des plus grandes énigmes criminelles jamais résolue et ont fourni le sujet de nombreux romans et films qui alimentèrent les rumeurs les plus folles. Jack l ’ ’Eventreur serait un membre de la famille royale ou tout au moins une personne connue.

C ’est en mai 2001 que Patricia Cornwell s ’intéresse à l ’affaire et secondée par une équipe d ’enquêteurs elle va éplucher archives et rapports, accéder à des documents d ’époque permettant des études graphologiques et des analyses d ’ADN. Toutes les techniques modernes d ’investigation, son expérience de six ans passés dans un service de médecine légale et ses relations dans le monde policier grâce à sa renommée d ’écrivain à succès vont lui permettre de se lancer dans une enquête passionnante et définitive. Car ce livre révèle le nom du criminel, Jack l ’Eventreur s ’appelait en fait Walter Sickert et était un peintre impressionniste célèbre de la fin du XIX ème siècle qui côtoyait ou correspondit avec Edgar Degas et Oscar Wilde.

Le bouquin de Patricia Cornwell « Jack l ’ ’Eventreur : affaire classée » (Livre de Poche) se lit comme un véritable roman policier à suspense avec en toile de fond, la vie en Grande-Bretagne pendant l ’époque Victorienne. A lire absolument pour mettre un point final à ce mystère qui semblait éternel.

Lazarus Œuvres de Sickert Summer Afternoon

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Ce que vous allez lire n ’est pas une chronique, mais une ordonnance, car ici à la rédaction nous considérons que la musique dépasse le simple aspect artistique et qu ’elle doit être prise comme une thérapie. Jetez à la poubelle vos antidépresseurs et anxiolytiques, branchez la platine CD et glissez-y une rondelle bien choisie, comme vous choisiriez un vin dans votre cave pour accompagner un bon repas, la joie de vivre vous reviendra illico et vous péterez le feu immédiatement.

Mais alors docteur, qu ’allez-vous extraire de votre pharmacopée ce mois-ci ? Vous nous avez déjà conseillé Bob Marley, avez-vous encore mieux ? Patient impatient ce que je vais te révéler ressemble à un remède de bonne femme, une médecine traditionnelle bien connue des anciens mais son efficacité n ’a plus à être prouvée, cette potion magique se

nomme The BEATLES.

Rappelez-vous, tout petits déjà vous en avez ingurgité, parfois sans même le vouloir, en branchant la radio, en passant devant une fenêtre ouverte etc… mais à chaque fois, je dis bien à chaque fois, vous vous êtes sentis plus légers, comme guillerets et emplis d ’une joie de vivre comme un communiant qui va à l ’autel. La musique des Beatles transcende tous les genres musicaux et toutes les époques, sa simplicité apparente, ses textes facilement compréhensibles même pour les non-anglophiles ses rythmes entraînants et les mélodies qu ’on peut chanter sous la douche, tous ces facteurs mis bout à bout (si je peux m ’exprimer ainsi !) font des chansons de ce groupe un élixir conte la sinistrose.

Aussi je vous propose de vous procurer le plus vite possible, dans votre pharmacie habituelle le « Double rouge » une compilation couvrant la période 1962-1966. Le remède a bon goût, jugez-en : « Love me do » harmonica et batterie en avant, « Cant buy me love » les vocaux qui pulsent, les breaks et le solo aigrelet de guitare, « A hard day ’s night » et « Ticket to ride » , « Yesterday » connue du monde entier, « Help! » avec ses harmonies vocales et ses montées dans les aigus qu ’on hurle avec eux, « Drive my car » avec le piano et les chœurs délicieusement idiots, « Michelle » avec des phrases en français, « Girl » sur un rythme sage et de longs soupirs… « Paperback writer » où la guitare basse pousse tout le monde… Il y a 26 morceaux du même calibre, autant dire que vous arrivez moribond mais vous repartez en sautant comme un cabri avec un sourire niais qui vous illumine le visage : vous êtes guéri ! Aucune restriction sur la consommation de cette potion, l ’effet d ’accoutumance est même recommandé.

Ici c ’est pas la carte qui est vitale c ’est la musique !

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ELOGE du PET

Amis du pet bonjour ! Nous prêterons ici une oreille complaisante à cette musique sacrilège dont nous sommes tous des musiciens volontaires ou non, virtuoses ou pas.

Dès l ’abord il faut distinguer le vent volontaire que l ’artiste en pleine maturité sait moduler en un phrasé plus ou moins long grâce à la maîtrise totale de son instrument, du pet furtif qui s ’échappe par inadvertance d ’un embout mal contrôlé. Le pet furtif que je préfère nommer « pet surprise », car « furtif » pourrait laisser entendre qu ’il est court ou discret ce qui n ’est pas obligatoirement le cas. Le furtif arrivant par surprise peut se laisser aller à des débordements désastreux pour l ’oreille, le nez ou la culotte dans les cas extrêmes ! On comprendra aisément dans ces conditions qu ’il faille acquérir très jeune une bonne technique si on ne veut pas être douloureusement étonné par un lâcher de ballons qui ruinera votre réputation aussi vite que votre pantalon. Eventuellement, dans un dortoir de militaires ou une chambrée de pèlerins arrivant du Puy-en-Velay et qui se laisseraient aller à psalmodier une ode aux lentilles régionales, ce manque de technique peut vous valoir une renommée qui vous collera aux fesses pendant un certain temps…

Venons en au pet volontaire qui lui, touche à l ’art. Bruit sec et unique, en rafales allant crescendo ou long chuintement dans les aigus, résonance moite arrivant de très loin, déflagration tonitruante présage d ’éboulement imminent… La gamme est longue et permet au musicologue averti d ’y mettre toutes ses tripes.

Lâcher un long pet dont on aura maîtrisé la puissance de l ’ouverture à la coda, sans à-coup, dans un lieu silencieux à l‘ acoustique remarquable, jouer la note parfaite et reprendre ses activités comme si de rien n ’était, quel bonheur pour un clairon chevronné.

Nous n ’ignorerons pas le pet facétieux, distribué avec parcimonie dans des lieux incongrus au milieu des autres qui vous garantissent l‘ anonymat : vesser dans la file chez le boulanger, lâcher une caisse grasse au cinéma ou encore une perle dans la salle d ’attente du dentiste voilà de petits plaisirs qui rendent agréable la vie du pétomane.

Par contre soyez égoïste et ne tolérez pas chez les autres ce que vous vous autorisez. Si vous êtes victime de ce maniaque infâme, ou si vous avez vent d ’un rustaud qui sévirait dans votre entourage, n ’hésitez pas à le vilipender sans mâcher vos mots et ne pardonnez rien à ce gros dégueulasse qui vous pourrit l ’air !

- Cette tribune n ’est pas sponsorisée par Gaz de France -

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Quelques perles tirées de devoirs scolaires :

Les Egyptiens transformaient les morts en momies pour les garder vivants.

Les empereurs organisaient des combats de radiateurs.

César poursuivit les Gaulois jusqu ’à Alésia car Vercingétorix avait toujours la Gaule.

Clovis mourut à la fin de sa vie.

La mortalité infantile était très élevée, sauf chez les vieillards.

Les enfants naissaient souvent en bas âge.

Un kilo de mercure pèse pratiquement une tonne.

Les peintres les plus célèbres sont Mickey l ’Ange et le Homard de Vinci.

Le chien en remuant la queue, exprime ses sentiments comme l ’homme.

Grâce à la structure de son œil, un aigle peut lire le journal à 400 mètres.

Après un accident de voiture on peut être handicapé du moteur.

En analysant les squelettes, on peut savoir si les hommes sont vraiment morts.

Pour mieux conserver la glace il faut la geler.

Les nuages les plus chargés de pluies sont les gros cunnilingus.

L ’armistice est une guerre qui se finit tous les ans le 11 novembre.

L ’artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière.

La femelle du corbeau s ’appelle la corbeille.

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Vous êtes nombreux à écrire à la rédaction et il n ’était pas question de laisser vos courriels sans réponse, pas pour un journal aussi sérieux que celui-ci.

Quand pourra-t-on lire un bon article sur les 4X4 qui s ’embourbent dans les chemins creux et boueux ? Pascal (Dammartin en Goele 77230)

Ce serait avec plaisir, mais ici à la rédaction bien que nous cherchions à nous mettre en quatre pour vous faire plaisir nous ne saurions faire mieux que de vous offrir une part de quatre-quart pour votre dessert.

Pourquoi avoir choisi comme titre « L e Corbeau » qui laisse un goût amer ? Monique (Gumery 10400)

Nous hésitions entre Le Monde et La Tribune de Lausanne mais à trop hésiter, le premier fut pris et pour le second, ici personne ne connaît la Suisse.

Dans la rubrique Pin-Up on voit des hommes musclés, moi-même je me livre à ce vice, puis-je espérer voir ma photo publiée ? Rémy (Herblay 95220)

Envoie ta photo toto, nous en déciderons tonton.

Je vends une paire de palmes, prix à débattre. Jean-Marie (La Celle Saint-Cloud 78170)

Jean-Marie, ici nous avons tous les mains palmées comme tu as déjà du le constater, alors tes palmes tu mérites de te les mettre sur le revers ça fera plus académique.

Je vous écris pour vous dire que je ne vous écrirai jamais. Jean-Claude (Savigny le Temple 77176)

Bravo ! Mettre ses actions en accord avec ses idées, voilà qui est méritoire.

Pourquoi n ’y a-t-il pas une rubrique « sports » ? Bernard (Nanterre 92000)

Parce que Le Corbeau n ’a pas assez d ’humour pour goûter les derniers résultats de l ’équipe de France de football

Puis-je vous adresser des articles sur la SAPe ? Didier (Chatou 78400)

La mode et les fringues feraient de très bons sujets, n’ ’hésite pas !

J ’aimerais correspondre, en tout bien tout honneur, avec les Pin-Up de la page4. Olivier (Vaires sur Marne 77360)

Je comprends très bien que nos modèles inspirent ta plume, mais ces demoiselles sont très prises comme tu t ’ en doutes...

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Prochain numéro le 1er Janvier 2005