le patrimoine sacrÉ - le corbusier · dans le christianisme, le monument sacré est essentiel pour...

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1 église Saint-Pierre de Firminy-Vert - © J.J. Gelbart - FLC / ADAGP. LE PATRIMOINE SACRÉ www.sitelecorbusier.com RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

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Page 1: LE PATRIMOINE SACRÉ - Le corbusier · Dans le Christianisme, le monument sacré est essentiel pour rassembler les croyants. La principale différence avec le Judaïsme et les religions

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LE PATRIMOINE SACRÉ

www.sitelecorbusier.com

RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

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Mosquée Sheikh Zayed d’Abou d’Abi (Émirats Arabes Unis).

1. Qu’est-ce que le patrimoine sacré ?

Qu’est-ce qu’un patrimoine ? La notion de « sacré »Histoire du patrimoine sacré

2. Histoire des architectures religieuses

Le BouddhismeLe JudaïsmeLe ChristianismeL’Islam

3. Le patrimoine sacré en France à partir du XXe siècle

Modernité, innovation et diversitéLe Bouddhisme Le JudaïsmeLe Christianisme Le Catholicisme L’Orthodoxie Le Protestantisme L’Islam

4. Biblio/webographie

SOMMAIRE

Cathédrale Notre-Dame de Paris (France).

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QU’EST-CE QUE LE PATRIMOINE SACRÉ ?

Qu’est-ce qu’un patrimoine ?

Dans le champ culturel, le terme « patrimoine » s’entend comme un ensemble constitué des biens de l’humanité, autant matériels qu’immatériels. Dans ce sens, le patrimoine est l’expression d’un temps donné, une forme spécifique de chaque moment de l’histoire de l’être humain, ayant pour vocation d’être conservé, protégé, partagé et transmis.Aujourd’hui très vaste, la notion de patrimoine englobe l’histoire, les sciences, les langues, les mythes, les institutions humaines et les religions.

La notion de « sacré »

Le terme « sacré » étant relatif au divin, au surnaturel et à la spiritualité, il est souvent associé à la religion. Le patrimoine sacré est constitué du patrimoine matériel, avec des monuments et des objets liturgiques, et du patrimoine immatériel comme les pratiques, les croyances et les traditions.

Dans ce dossier, le patrimoine sacré sera principalement traité à travers l’architecture des édifices de culte des différentes religions monothéistes. Ce patrimoine matériel présente l’intérêt, mais aussi la complexité, d’être en même temps un patrimoine et un lieu d’usage cultuel.

INTRODUCTION

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HISTOIRE DU PATRIMOINE SACRÉ

Très liées à la nature, les premières civilisations considèrent comme lieu sacré des espaces naturels, comme le rocher d’Uluru en Australie, ou des installations simples comme les mégalithes érigés dès le IVe millénaire avant notre ère. Le « temple », tel qu’on l’appréhende aujourd’hui, c’est-à-dire une construction architecturale complexe, apparaît au IIe millénaire av. JC dans le bassin méditerranéen. Ces édifices ne sont alors pas des lieux de cérémonies, car celles-ci se déroulent en extérieur. Les principes architecturaux et esthétiques sont donc pensés principalement pour protéger et honorer la statue de la divinité.

Avec l’apparition des grandes religions monothéistes, le lieu de culte sacralisé devient essentiel pour accueillir les fidèles qui viennent assister à la cérémonie, qui désormais se passe dans l’enceinte de l’édifice. Le temple devient à la fois lieu de culte et lieu de rassemblement.

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Pagode de Seyganto-ji à Nachikatsuura, Japon, XVIe siècle.

Le Bouddhisme naît au Ve siècle avant notre ère. Il connaît ses premières expansions en Asie, tout d’abord en Inde, puis au Japon, en Chine et en Thaïlande. La volonté de vénérer Bouddha a conduit les fidèles à ériger des édifices nommés « stūpa ».

Ces premiers édifices, dont les plus anciens remontent au IIe siècle avant notre ère, sont des monuments funéraires renfermant des reliques de Bouddha ou de moines et novices éminents. Ils prennent généralement la forme d’un dôme ou d’un bulbe surmonté d’une flèche symbolisant l’élan vers le ciel.

L’expansion de la religion bouddhiste entraîne la construction de temples à travers le monde. Ne renfermant pas nécessairement de reliques ou d’objet sacré, ils sont plus généralement des lieux de prières et d’enseignement philosophique. Selon leurs usages ou le pays où ils se trouvent, ces édifices peuvent être nommés « chörten », « pagode » ou encore « wat ».

La pagode est la forme la plus répandue en Inde et en Chine, mais également dans les pays occidentaux. C’est un édifice de plan simple, sur plusieurs étages, qui comporte une entrée principale et des ouvertures orientées selon les points cardinaux. Les différents niveaux de toits symbolisent l’ascension que doit parcourir un moine ou un fidèle pour mettre fin à la souffrance et atteindre l’Éveil parfait.

DES STŪPAS AUX TEMPLES BOUDDHISTES

LE BOUDDHISME

Le grand Stupa de Sanchi (Inde).

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L’histoire des édifices judaïques commence avec le Temple de Jérusalem, temple unique dédié à un dieu unique. Il est construit au Ve siècle avant notre ère et a été détruit à plusieurs reprises. Une première fois par les armées de Babylone, lors de la première diaspora. Puis, les Perses envahissent Babylone et autorisent les Juifs à retourner sur leur terre. Un second temple est alors construit. Il est agrandi cinq siècles plus tard par le roi Hérode le Grand, allié des Romains. Le Temple est de nouveau détruit par les Romains en l’an 70 de notre ère. Une partie des vestiges de cette dernière construction est encore présente : c’est le Mur des Lamentations, ainsi appelé car les pèlerins juifs viennent y pleurer la destruction du Temple.

Eloignées de Jérusalem, de nombreuses communautés juives érigent des lieux d’assemblée et de culte nommés « synagogues ». Celles-ci ne remplacent pas le Temple, elles sont plutôt considérées comme des lieux de mémoire et de prière.

La synagogue n’est pas un espace consacré comme le Temple, elle ne nécessite aucun aménagement intérieur particulier ; c’est avant tout un espace fonctionnel. Le rassemblement des hommes importe plus que le lieu physique qui n’est donc pas consacré. Inaugurer une synagogue consiste simplement à installer dans l’Arche Sainte un rouleau de la Torah.

LE TEMPLE ET LES SYNAGOGUES

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La Grande Synagogue de Belz, Jérusalem, 2000.

LES PRINCIPESLE JUDAÏSME

Arche Sainte de la Grande Synagogue de Budapest, Hongrie, 1854.

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Pour les Orthodoxes, l’église est très importante : elle est l’image du Royaume de Dieu. Son architecture se distingue fortement des autres confessions chrétiennes. En effet, la grande singularité des églises orthodoxes réside dans l’importance donnée à la représentation symbolique ; ce fut d’ailleurs l’un des objets de scission avec l’Eglise catholique.

Outre les fresques et les mosaïques qui recouvrent la totalité de l’édifice, l’église est également organisée autour de l’iconostase, une cloison ornée d’icônes qui sépare la nef du sanctuaire. Les icônes sont des portraits hiératiques, généralement peints sur bois et recouverts de feuilles d’or. Elles sont représentées selon un programme très précis, comprenant plusieurs étages, appelés registres, et représentant le Christ, la Vierge et les saints vénérés par la paroisse.

L’ÉGLISE ORTHODOXE

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Pour les Protestants, à l’inverse, il faut que le bâtiment soit le moins cher possible et qu’il se fasse discret. Ce qui compte dans les temples

protestants, c’est qu’une assemblée puisse y être réunie et que celle-ci puisse facilement écouter la Parole. Ce sont des lieux

utilitaires et matériels qui n’expriment pas la foi.

Il n’y a pas d’unité architecturale pour les temples protestants, mais un ensemble de caractéristiques qui

perdurent d’un siècle à l’autre : suppression du culte des images, organisation de l’espace intérieur autour de la chaire et

de la table de communion et non de l’autel, ouverture sur l’extérieur par de nombreuses fenêtres. La sobriété de l’architecture caractérise

l’esthétique du temple.

LE TEMPLE PROTESTANT

Temple des Carmes, Montauban.

Le Christianisme est la religion qui regroupe le plus de fidèles. Provenant du terme grec « ecclesia », qui signifie « assemblée », le terme « Église » renvoie d’abord à la communauté des chrétiens. C’est au IVe siècle, avec l’officialisation du Christianisme par l’Empereur Constantin et la croissance du nombre de fidèles, que des édifices du même nom vont se construire.

Dans le Christianisme, le monument sacré est essentiel pour rassembler les croyants. La principale différence avec le Judaïsme et les religions antérieures est la présence d’un autel au sein même de l’édifice. Celui-ci sert à célébrer l’Eucharistie, sacrement rappelant le dernier repas de Jésus et son sacrifice sur la Croix.

Le Christianisme connaît plusieurs dissensions au sein de sa communauté. Tout d’abord lors du Schisme de 1054, les églises d’Orient et d’Occident se scindent suite à des conflits politiques, dogmatiques et théologiques, et les termes « orthodoxes » et « catholiques » apparaissent. Le Protestantisme, lui, naît en 1517, suite à la Réforme initiée par le théologien allemand Martin Luther dénonçant les travers de l’Église Catholique Romaine.

Bien que liées par le Nouveau Testament, les confessions différent par leurs rites, leur spiritualité et leur façon de concevoir les lieux de prière.

DES ÉGLISES ET DES CONFESSIONS

LES PRINCIPESChez les Catholiques, l’église est généralement composée d’une longue nef

traversée par un transept, formant un plan en croix latine et représentant la crucifixion du Christ. C’est l’une des seules religions dans laquelle l’art

figuratif revêt une si grande importance et s’attache à représenter le sacré.

La peinture, la sculpture et l’ornementation sous toutes ses formes sont au cœur des églises. Tout comme l’architecture,

le style des ornementations évolue tout au long de l’histoire : de l’art byzantin au gothique flamboyant, du baroque à

l’architecture contemporaine.

Outre l’évolution des styles artistiques, l’architecture catholique va également connaître des modifications liturgiques apportées pour répondre

aux directives des différents Conciles.

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LE CHRISTIANISME

Fresques de la Chapelle Sixtine, Vatican.

©PierreSelim

L’ÉGLISE CATHOLIQUE

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1312Minaret de la Mosquée de Khiva, Ouzbekistan, 1852.

L’Islam est apparu en Arabie au VIIe siècle, avec la naissance du prophète Mahomet. Comme pour le judaïsme, il existe une dualité entre la Mecque, lieu unique de pèlerinage, et les lieux d’assemblée de la communauté appelés « mosquées ». La Mecque est le sanctuaire le plus sacré : ce lieu vide est destiné à être empli de la gloire de Dieu.

Les premières mosquées apparaissent dès le VIIe siècle. Dans l’Islam, l’art et l’architecture n’entrent pas dans la conception liturgique de la foi : l’objectif est de ne pas détourner le croyant de son adoration pour Dieu.

Traditionnellement, une mosquée est constituée d’une salle hypostyle : un plan carré, une cour de prière et une nef entourée de colonnes. Elle est généralement surmontée de dômes placés au-dessus de la salle de prière et de coupoles. L’intérieur de la mosquée se caractérise par la forêt de piliers et la profusion des arcades donnant un effet de profondeur infini. Elles sont toutes orientées vers la Mecque. La Qibla (la direction sainte) est signalée par une niche vide, appelée le mihrab, face à laquelle les fidèles prient.

Enfin, une tour appelée « minaret » abrite le Muezzin chargé d’appeler les fidèles à la prière. Une mosquée peut compter plusieurs minarets, mais jamais plus de six, car seule la mosquée de la Mecque en possède sept.

LA MECQUE ET LES MOSQUÉES

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Mosquée de Shali, Tchétchénie, 2019.

L’ISLAM

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MODERNITÉ, INNOVATION ET DIVERSITÉ

Il existe des spécificités et des besoins liturgiques et esthétiques auxquels doit répondre un édifice cultuel. Le programme et l’architecture de chaque édifice varient selon les religions et selon les époques. L’emploi de la couleur et de la lumière sont ainsi traités différemment afin de transmettre la spiritualité du lieu. Et si le plan traditionnel reste le plus présent, il arrive que certains architectes innovent et que les formes se diversifient.

À cela viennent s’ajouter les nouveaux matériaux et les nouvelles techniques de construction. Ainsi, s’il existe de nombreux édifices en bois, en métal, en verre, en brique, le béton s’impose largement dans l’architecture religieuse du XXe siècle.

L’architecture religieuse a également évolué en fonction des mutations politiques et des changements sociétaux. Plusieurs événements ont en effet modifié notre manière de percevoir la religion (loi de séparation de l’Église et de l’État, développement des philosophies zen) et la manière dont la religion veut être perçue (Concile Vatican II dans les années 1960).

En France, on peut distinguer trois périodes concernant l’architecture sacrée des XXe et XXIe siècles : • De 1900 à 1940 : affrontement entre modernité et tradition• De 1940 à 1980 : reconstructions et réinventions • Depuis 1980 : pluralisme et nouvelle visibilité

PATRIMOINE SACRÉEN FRANCE AU XXe S.

Chapelle N-D du Haut à Ronchamp, Le Corbusier, 1955. Église St-Jean-de-Montmartre à Paris, Anatole de Baudot, 1904.

© FLC / ADAGP

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LE TEMPLE DHAGPO KUNDREUL LING

PATRIMOINE SACRÉ EN FRANCE AU XXE S.

LE BOUDDHISME

Le Bouddhisme arrive en France à partir des années 1960 et connaît un développement très important dans les années 1970 et 1980. L’Union Bouddhiste de France est ainsi créée en 1986. En un demi-siècle, 350 lieux de cultes ont été construits sur le territoire français (temples, monastères, pagodes, etc.). Aujourd’hui, le Bouddhisme est la quatrième religion de France.

Les édifices bouddhistes sont généralement très fidèles à la tradition des temples anciens et très peu de modifications stylistiques sont apportées. Certains temples sont même des copies de temples d’Asie.

« Une majorité [des centres bouddhistes] relaie l’activité du Dalaï-Lama et défend, directement ou non, la cause tibétaine. Conserver les formes architecturales traditionnelles et les éléments culturels tibétains participe alors du maintien de l’héritage historique, culturel et religieux menacé au Tibet même. »

Le bouddhisme tibétain en France, Cécile CampergueDans Histoire, monde et cultures religieuses 2013/1 (n° 25), p. 137 à 168.

UNE ARCHITECTURE FIDÈLE AUX TRADITIONS C’est à Biollet, dans le Puy de Dôme, que se trouve le plus grand centre bouddhiste d’Europe, construit dans les années 1990.

Dhagpo Kundreul Ling se compose de deux lieux : le lieu-dit Le Bost où se situent le monastère des moines, le grand temple et l’ermitage Pendé Ling (lieu dédié aux retraites à court terme) et, à trois kilomètres de distance, Laussedat où se trouve le monastère des moniales.

Bien que sa forme traditionnelle corresponde à l’architecture tibétaine, la construction du grand temple a mobilisé des techniques et des matériaux modernes tels que le béton, afin de pouvoir construire un édifice imposant.

Ce temple situé sur la commune de La Boulaye, en Saône-et-Loire, est un exemple parfait d’une architecture traditionnelle et moderne.

Il a été construit par Jean-Luc Massot en 1987 et a été officiellement reconnu comme congrégation religieuse en 1995.

Le temple a été construit sur le modèle d’un des plus anciens temples du Tibet au VIIIe siècle, le temple de Samyé.

Le béton vient remplacer la pierre et la peinture blanche la chaux. Tous les autres éléments, couleurs, architecture et vocabulaire font de cet édifice une copie fidèle des hauts lieux sacrés tibétains.

LE TEMPLE DES MILLE BOUDDHAS

Pagode Khánh Anh d’Évry, plus grande pagode d’Europe, 2008.

© Paldenshangpa

© Sylvie Leblanc

© GaiaGoGuide.com

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1918

Au cours du temps, si la fonction de la synagogue demeure à peu près inchangée, sa forme a connu des évolutions notables. Ces bâtiments n’ont en effet pas de plan défini par la Loi ce qui va permettre une grande diversité.

Au XXe siècle, avec l’arrivée d’immigrés d’Europe de l’Est, les édifices se multiplient. Les architectes proposent alors des options artistiques et architecturales souvent inspirées d’autres cultes et surajoutent fréquemment une dimension de sacralité par le recours à des formes symboliques.

Les architectures diffèrent d’autant plus que les synagogues sont le plus souvent des espaces polyvalents pouvant également accueillir des salles d’études et d’activités sociales. Les architectes doivent donc prendre en compte les différentes activités proposées au sein de chaque édifice.

UNE GRANDE DIVERSITÉ DE STYLES

LA SYNAGOGUE DE LA RUE PAVÉE À PARIS.

Cette synagogue a été réalisée en 1913 par l’architecte Hector Guimard, chef de fil de l’Art Nouveau en France. C’est le seul édifice religieux réalisé par l’architecte.

Cet édifice de 12 mètres de haut se compose d’une armature en béton armé recouverte de pierres blanches agglomérées. Les fenêtres de la façade, étroites et longues, ainsi que les pilastres accentuent la verticalité du bâtiment.

A l’intérieur, la hauteur sous plafond impressionne. Deux étages en tribune surplombent la grande salle. Les décors, également réalisés par Hector Guimard, sont relativement sobres. Les lignes courbes et végétales caractéristiques de l’Art Nouveau sont cependant reconnaissables.

L’espace réservé au culte est placé à l’arrière de l’édifice. Sur la rue se trouvent des salles d’enseignement et des bureaux.

PATRIMOINE SACRÉ EN FRANCE AU XXE S.

LE JUDAÏSME

Synagogue de la rue Pavée à Paris, Hector Guimard, 1913.

© Pascal Lemaître

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Au XXe siècle, l’Église fait face à de nouvelles difficultés et à de nouveaux besoins : destructions d’édifices pendant la Seconde Guerre Mondiale, nouveau rapport à la hiérarchie ecclésiastique, etc. De nouveaux édifices vont alors apparaître. C’est une période extrêmement prolifique avec une profusion d’édifices et une grande pluralité des architecture. Elle est communément appelée « Renouveau de l’Art sacré ».

Porté par le Père Couturier, ce mouvement marque une évolution artistique intense. L’Église fait alors appel à des artistes de renom pour moderniser son image : Matisse, Chagall, Léger, Lurçat et bien d’autres participent à la modernisation de l’image de l’Église catholique.

Parmi les architectes, on peut citer : Le Corbusier et la Chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp, Auguste Perret et l’église Saint-Joseph du Havre, Guillaume Gillet et l’église Notre-Dame à Royan ou encore Novarina et l’église Notre-Dame-de-Toutes-Grâces du Plateau d’Assy.

L’ÉGLISE CATHOLIQUE FACE À LA MODERNITÉ

La Cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien d’Évry a été réalisée par Mario Botta entre 1992 et 1995. Cet architecte de renommée internationale a réalisé de nombreuses œuvres en Europe, au Japon et aux États-Unis.

Mario Botta a été inspiré par les constructions byzantines et romanes d’Italie du Nord pour la sobriété des formes et l’utilisation de matériaux bruts. Le bâtiment est de plan circulaire, il est constitué d’un double cylindre, l’un en béton et l’autre en briques artisanales.

LA CATHÉDRALE DE LA RESURRECTION À ÉVRY

Contrairement aux églises traditionnelles, il n’y a aucune façade principale. En son sommet, une simple croix surplombe une couronne de tilleuls argentés, formant un jardin suspendu. L’architecte a accordé la plus grande attention à la lumière, dont la qualité symbolise la dimension spirituelle de l’édifice. La cathédrale est ainsi éclairée par une lumière zénithale.

© Pascal Lemaître

PATRIMOINE SACRÉ EN FRANCE AU XXE S.

LE CHRISTIANISME

Cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien à Évry, Mario Botta, 1995.

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Lieu de villégiature de la famille impériale russe au XIXe siècle, Nice accueille une importante communauté de chrétiens orthodoxes. Au début du XXe siècle, le Tsar Nicolas II fait don de sa propriété niçoise pour la construction de l’une des plus importantes églises orthodoxes de France: la Cathédrale Saint-Nicolas.

Par la suite, en raison des bouleversements géopolitiques du XXe siècle, on assiste à plusieurs mouvements migratoires venus des pays de l’Est : tout d’abord avec la Révolution Russe en 1917, puis avec la Seconde Guerre Mondiale et la chute de l’Union Soviétique dans la seconde moitié du siècle.

Les lieux de cultes orthodoxes sont d’abord confinés dans des espaces privés ou reconvertis. Mais le nombre de fidèles est en constante évolution. Ainsi, selon l’Annuaire de l’Église orthodoxe publié en 2017, il existe actuellement 278 lieux de cultes orthodoxes en France, alors qu’on ne comptait que 160 paroisses au début des années 2000.

Pour répondre à cette croissance, de grands chantiers de construction voient le jour, comme la Cathédrale Sainte-Trinité à Paris (2016) et l’église de Tous-Les-Saints à Strasbourg (2018).

L’ORTHODOXIE, UNE ÉGLISE EN PLEIN ESSOR

La Cathédrale Saint-Nicolas est inaugurée en 1912. Sa conception est assurée par l’architecte russe Mikhaïl T. Préobrajenski.

Elle est bâtie sur un plan en croix grecque avec cinq coupoles en béton armé entourant un volume central. Le mélange des matériaux (brique, béton, céramique, tuile…) et des couleurs répond à la richesse des décors et renforce l’impression de hauteur.

L’iconostase a été fabriquée en Russie dans les ateliers Khlebnikoff. Elle est en bois recouvert de bronze et de cuivre ciselé, doré à la feuille. Comme le veut la tradition, elle représente, dans la voûte du sanctuaire, la figure centrale de la Vierge du Signe.

Comme la majorité des églises orthodoxes, elle est surmontée de clochers à bulbes d’influence byzantine. La coupole centrale est flanquée de quatre coupoles plus petites, en tuiles vertes vernissées élevant de hautes croix dorées.

LA CATHÉDRALE SAINT-NICOLAS DE NICE

© Pascal Lemaître

PATRIMOINE SACRÉ EN FRANCE AU XXE S.

LE CHRISTIANISME

Cathédrale de la Sainte-Trinité de Paris, Jean-Michel Wilmotte, 2016.

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Les premiers protestants investirent des lieux publics, des abbayes, des couvents ou des églises catholiques auxquels ils imposèrent des transformations conformes à leurs conceptions spirituelles.

Les temples protestants construits aux XXe et XXIe siècles répondent, eux aussi, aux exigences de la Réforme. Ainsi, il n’existe pas d’esthétique inhérente à l’architecture protestante, mais deux composantes sont à prendre en compte lors de la conception de l’architecture.

La première est le principe d’économie de moyens. L’utilisation d’un bâtiment existant est souvent privilégié. Mais si une construction est nécessaire, celle-ci devra être peu coûteuse et sans ornementation superflue.

La seconde composante importante est la prise en compte de l’acoustique. En effet, le culte protestant est tourné uniquement vers la prédication. L’écoute de la Parole de Dieu est donc l’enjeu principal de l’architecture.

LE PROTESTANTISME ET LA TRADITION DE LA SOBRIÉTÉ

Dans le temple réformé Cap Espérance d’Ermont-Taverny (Île- de-France) construit en 2008, l’architecte Marc Rolinet utilise un langage symbolique. La façade donnant sur le parvis est en forme d’oreille rappelant au fidèle qu’il est ici pour écouter la Parole de Dieu.

Le temple est composé de deux modules encastrés : une partie pour le culte ouverte sur l’avant du bâtiment, l’autre pour le logement du pasteur donnant sur l’arrière. Les matériaux employés (béton, bois, métal et verre) servent la forme et la modernité de l’édifice. Le verre de la façade donne une impression d’ouverture au temple. La toiture en bois forme une coquille protectrice.

LE TEMPLE CAP ESPÉRANCE

© Pascal Lemaître

C’est un édifice à la fois très contemporain et fidèle aux principes protestants : aucune décoration, aucune référence historique. L’ensemble fait preuve d’une grande sobriété et simplicité.

PATRIMOINE SACRÉ EN FRANCE AU XXE S.

LE CHRISTIANISME

Temple protestant de Nantes, Victoire Durand-Gasselin, 1958.

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Les deux plus anciennes mosquées de France se trouvent dans les Territoires d’outre-mer, à Saint-Denis de La Réunion (1905) et à Saint-Pierre de la Réunion (1920). En 1926, la première mosquée de France métropolitaine voit le jour : la Grande Mosquée de Paris. De style hispano-mauresque, elle a été construite pour rendre hommage aux musulmans morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Son minaret culmine à 33 mètres de haut. Une deuxième mosquée est construite en 1930 à Fréjus.

Il n’y aura ensuite aucune construction de mosquée en France jusqu’en 1981, date à laquelle est réalisée la mosquée de Mantes-la-Jolie. L’année 2000 inaugure une série de constructions moins imposantes, les mosquées cathédrales vont laisser la place à des édifices plus petits et plus discrets mais en plus grand nombre.

Si de nombreux édifices français restent proches des mosquées traditionnelles, les réalisations les plus récentes s’affranchissent petit à petit de l’architecture orientale. On peut notamment citer les mosquées de Drancy, Créteil, Libourne ou Strasbourg. D’autres projets plus audacieux, mais non retenus (Zaha Hadid à Strasbourg, Nabil Afkiri à Marseille) préfigurent sans doute le renouveau de l’architecture islamique à venir.

ENTRE TRADITION ET MODERNISATION

L’une des dernières mosquées construites est la Grande Mosquée de Strasbourg entre 2004 et 2013 par l’architecte italien Paolo Portoghesi. C’est la deuxième plus grande mosquée de France après celle d’Evry.

Contrairement à la tradition, cette mosquée n’a pas de minaret. Elle est surmontée d’une coupole en cuivre de 24 mètres de hauteur. La charpente métallique est portée par huit piliers en forme de pétale qui entourent l’édifice et lui apportent une esthétique très contemporaine.

LA GRANDE MOSQUÉE DE STRASBOURG

© David Rodrigues

À l’intérieur, un large et simple volume fait office de salle de prière. Il ne comporte pas de colonnes et très peu d’ornementation. Dans cet espace très contemporain, l’architecte a porté une grande attention à la lumière naturelle, qu’il fait entrer par un bandeau de fenêtres situé sous la toiture et qui parcourt tout le bâtiment.

PATRIMOINE SACRÉ EN FRANCE AU XXE S.

L’ISLAM

Grande Mosquée de Paris, Maurice Tranchant de Lunel , 1926.

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LE PATRIMOINE SACRÉ

Architecture et arts sacrés de 1945 à nos jours, Christine Blanchet et Pierre Vérot, Archibooks + Sautereau Éditeur, 2015.

L’art et le sacré, ouvrage coordonné par Henri De Rohan-Csermak et Isabelle Saint-Martin, Réseau Canopé, 2017.

Patrimoine sacré, architecture religieuse au XXe siècle, photographies de Pascal le maître et textes de Franck Delorme, collection Culture 74, 2018.

XXe - XXIe siècle, Patrimoine sacré, Les lieux de cultes en France depuis 1945, textes de Paul-Louis Rinuy et photographies de Pascal Lemaître, édition du patrimoine, 2014.

Architecture religieuse au XXe siècle en France. Quel patrimoine ?, Céline Frémaux, Presses universitaires de Rennes / INHA, 2007.

Architecture et patrimoine du XXe siècle en France, Bernard Toulier, Éditions du Patrimoine, 1999. Vingt siècles d’architecture religieuse en France, Jean-Michel Leniaud, Édition scérén CNDP, 2007.

Fonctions et formes de la synagogue : refus et tentation de la sacralisation, Dominique Jarrassé, Revue de l’histoire des religions, 4 | 2005, 393-409.(disponible en ligne: https://journals.openedition.org/rhr/4216)

L’architecture des mosquées en France : construire ou édifier ?, Anne-Laure Zwilling, Revue des sciences religieuses, 86/3 | 2012, 343-356(disponible en ligne: https://journals.openedition.org/rsr/1511)

BIBLIOGRAPHIE WEBOGRAPHIE

LE PATRIMOINE RELIGIEUX

Patrimoine, patrimoine religieux et conversions, 21/12/2012.

BOUDDHISME

Le Bouddhisme tibétain en France, Cécile Campergue, Dans Histoire, monde et cultures religieuses 2013/1 (n° 25)

PROTESTANTISME

Musée Protestant, L’architecture religieuse protestante.

Bernard Reymond, « Les temples protestants réformés aux xixe et xxe siècles », Chrétiens et sociétés, Numéro spécial I | -1, 201-221.

ORTHODOXIE

la Cathédrale Saint Nicolas de Nice

L’Église orthodoxe en France aujourd’hui

L’orthodoxie en France : histoire et situation présente

ISLAM

Site officiel de la Grande Mosquée de Strasbourg

VIDÉOS EN LIGNE Les Trésors de l’art sacré | Documentaire, L’ombre d’un doute :https://www.youtube.com/watch?v=3jLC_ClC06c

Conférence de Jean-Michel Leniaud sur les églises du XXe en France : https://www.citedelarchitecture.fr/fr/video/construire-pour-dieu-eglise-architecture-et-societe-au-xxe-siecle

Mosquées - Monuments Sacrés - Art & Espace / Documentaire :https://www.youtube.com/watch?v=vGqu9ZKwkGg

C’est pas sorcier -Religion 1 « Un Dieu, 3 religions»https://www.youtube.com/watch?v=597FFBeCs8U

C’est pas sorcier -Religion 2 : Judaismehttps://www.youtube.com/watch?v=iVM57fZIHs0 C’est pas sorcier -Religion 3: Christianisme https://www.youtube.com/watch?v=k38ufYj2Fr4&t=1s

C’est pas sorcier -Religion 4: Islam https://www.youtube.com/watch?v=DtjEiXTLYGU