le milieu divin extracto teilhard de chardin

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  • 8/8/2019 Le Milieu Divin Extracto Teilhard de Chardin

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    TEILHARD de CHARDIN

    LE MILIEU DIVINCOMPENDIUM

    Les extraits qui suivent se rfrent l'dition du Seuil, Collection Essais. Sagesses 1957Ils refltent le choix du lecteur (J.S. Abbatucci) et la valeur de cette selection est toutesubjective. Des choix diffrents auraient pu tre faits. Ces extraits sont essentiellementune invitation lire le texte original dans son intgralit.

    SOMMAIRELa Divinisation des ActivitsLa Communion par l'Action

    La Perfection Chrtienne de l'EffortLa Sanctification de l'Effort

    La Divinisation des PassivitsLes Passivits de Diminution

    La lutte avec Dieu contre le MalNotre dfaite apparente et sa transfiguration

    La vraie RsignationLes Attributs du Milieu DivinLa Nature du Milieu Divin

    L'apparition du Milieu Divin. Le got de l'tre et la Diaphanie de DieuLes progrs individuels du Milieu Divin. La puret, la foi et la fidlit qui oprent

    Les progrs collectifs du Milieu Divin. La Communion des Saints et la CharitLe tnbres extrieures et les mes perdues

    L'Attente de la Parousie

    INTRODUCTION

    p.15

    ln eo vivimus

    L'enrichissement et le trouble de la pense religieuse, en notre temps, tiennent sansdoute la rvlation qui se fait, autour de nous et en nous, de la grandeur et de l'unit duMonde. &endash; Autour de nous, les Sciences du Rel tendent dmesurment lesabmes du temps et de l'espace; et elles dclent sans cesse des liaisons nouvelles entrelments de l'Univers. &endash;

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    Cet veil collectif, semblable celui qui fait prendre, un beau jour, chaque individu, laconscience des vraies dimensions de sa vie, a ncessairement sur la masse humaine un

    profond contrecoup religieux, - pour abattre ou pour exalter.

    Pour les uns, le Monde se dcouvre trop grand. Dans un pareil ensemble, l'Homme est

    perdu,- il ne compte pas : nous n'avons ds lors qu' ignorer et disparaitre. - Pour lesautres, au contraire, le Monde est trop beau : c'est lui, et lui seul, qu'il faut adorer.

    Il y a des Chrtiens (comme des hommes) qui chappent encore cette angoisse ou cette fascination. Les pages qui suivent ne les intresseront pas. Mais il y en a d'autresqui sont effrays de l'moi ou de l'attraction que produit invinciblement sur eux lenouvel Astre qui monte. - Le Christ vanglique, imagin et aim aux dimensions d'unMonde mditerranen, est-il capable de recouvrir et de centrer encore notre Univers

    prodigieusement agrandi ? Le Monde n'est-il pas en voie de se montrer plus vaste, plusintime, plus blouissant que Jhovah ? Ne va-t-il pas faire clater notre religion ?Eclipser notre Dieu ?

    Sans oser peut-tre, encore, s'avouer cette inquitude, beaucoup (je le sais, parce que jeles ai rencontrs, souvent, et partout ) la sentent nanmoins tout veille au fondd'eux-mmes. C'est pour ceux-l que j'cris.

    Je ne chercherai pas faire de la Mtaphysique ni de l'Apologtique. Mais je reviendrai,avec ceux qui voudront me suivre, sur l'Agora. Et l, tous ensemble, nous couteronssaint Paul dire aux gens de l'Aropage : Dieu, qui a fait l'Homme pour que celui-ci letrouve, - Dieu que nous cherchons saisir par le ttonnement de nos vies, - ce Dieu estaussi rpandu et tangible qu'une atmosphre o nous serions baigns. Il nous enveloppede partout, comme le Monde lui-mme. Que vous manque-t-il donc pour que vous

    puissiez l'treindre? Une seule chose : le voir .

    Ce petit livre, o l'on ne trouvera que l'ternelle leon de l'glise, rpte seulement parun homme qui croit sentir passionnment avec son temps, voudrait apprendre voirDieu partout : le voir au plus secret, au plus consistant, au plus dfinitif du monde. Ceque renferment et proposent ces pages, c'est donc uniquement une attitude pratique, -ou, plus exactement peut-tre, une ducation des yeux : - Ne discutons pas, voulez-vous ? Mais placez-vous, comme moi, ici, et regardez...

    Le Monde au cours de toute ma vie, par toute ma vie, s'est peu peu allum, enflamm

    mes yeux, jusqu' devenir, autour de moi, entirement lumineux par le dedans...Telle que je l'ai exprimente au contact de la Terre : - la Diaphanie du Divin au curd'un Univers devenu ardent... Le Christ. Son Cur. Un Feu : capable de tout pntrer&endash; et qui peu peu se rpandait partout. .

    sommaire

    1- LA DIVINISATION DES ACTIVITES

    Par notre collaboration qu'il suscite, le Christ se consomme, atteint sa plnitude, partir

    de toute crature. C'est saint Paul qui nous le dit. Nous nous imaginons peut-tre que laCration est depuis longtemps finie. Erreur, elle se poursuit de plus belle, et dans les

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    zones les plus leves du Monde. Omnis creatura adhuc ingemiscit et parturit. Etc'est l'achever que nous servons, mme par le travail le plus humble de nos mains.Tels sont, en dfinitive, le sens et le prix de nos actes. En vertu de l'interliaison Matire-Ame-Christ, quoi que nous fassions, nous ramenons Dieu une parcelle de l'tre qu'ildsire. Par chacune de nos uvres, nous travaillons, atomiquement, rellement,

    construire le Plrme, c'est--dire apporter au Christ un peu d'achvement.

    p.42

    LA COMMUNION PAR L'ACTION

    Chacune de nos uvres, par la rpercussion plus ou moins lointaine et directe qu'elle asur le Monde spirituel, concourt parfaire le Christ dans sa totalit mystique. Voil,aussi complte que possible, la rponse notre question : Comment pouvons-nous,suivant l'invitation de saint Paul, voir Dieu dans toute la moiti active de notre vie ? -Vraiment, par l'opration, toujours en cours, de l'Incarnation, le Divin pntre si bien

    nos nergies de cratures que nous ne saurions, pour le rencontrer et l'embrasser, trouverun milieu plus appropri que notre action mme.

    Dans l'action, d'abord, j'adhre la puissance cratrice de Dieu; je concide avec elle;j'en deviens, non seulement l'instrument, mais le prolongement vivant. Et comme il n'y arien de plus intime dans un tre que sa volont, je me confonds, en quelque manire, parmon cur, avec le cur mme de Dieu. Ce contact est perptuel, puisque j'agistoujours; et, en mme temps, puisque je ne saurais trouver de limite la perfection dema fidlit, ni la ferveur de mon intention, il me permet de m'assimiler Dieu toujours

    plus troitement, indfiniment. Dans cette communion, l'me ne s'arrte pas pour jouir,ni ne perd de vue le terme matriel de son action. N'est-ce pas un effort crateur qu'ellepouse ? La volont de russir, une certaine dilection passionne de l'uvre enfanter,font partie intgrante de notre fidlit de crature. Ds lors, la sincrit mme aveclaquelle nous dsirons et poursuivons pour Dieu le succs se dcouvre comme unnouveau facteur, - sans limite non plus, celui-l - de notre conjonction plus parfaite avecle Tout-Puissant qui nous anime. Associs d'abord Dieu dans le simple exercicecommun des volonts, nous nous unissons maintenant avec lui dans l'amour commun duterme enfanter; et la merveille des merveilles est que, dans ce terme possd, nousavons le ravissement de le trouver encore prsent.

    Ceci rsulte immdiatement de ce que nous disions, il y a un instant, sur l'interliaison

    des actions naturelle et surnaturelle dans le Monde. Tout accroissement que je medonne, ou que je donne aux choses se chiffre par quelque augmentation de mon pouvoird'aimer, et quelque progrs dans la bienheureuse mainmise du Christ sur l'Univers.

    Notre travail nous apparat surtout comme un moyen de gagner le pain du jour. Mais savertu dfinitive est bien plus haute : par lui, nous achevons en nous le sujet de l'uniondivine; et, par lui encore, nous agrandissons en quelque sorte, par rapport nous, leterme divin de cette union, Notre-Seigneur Jsus-Christ. Ainsi, artistes, ouvriers,savants, quelle que soit notre fonction humaine, nous pouvons, si nous sommeschrtiens nous prcipiter vers l'objet de notre labeur comme vers une issue ouverte lasuprme compltion de nos tres. Vraiment, sans exaltation ni exagration de pense oude mots, - mais, par simple confrontation des vrits les plus fondamentales de notre foi

    et de l'exprience, nous nous trouvons conduits cette constatation : Dieu est attingible,inpuisablement, dans la totalit de notre action. Et ce prodige de divinisation n'a de

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    comparable que la douceur avec laquelle la mtamorphose s'accomplit, sans troubler enquoi que ce soit ( non minuit, sed sarravit ... ) la perfection et l'unit de l'efforthumain.

    sommaire

    p.44

    LA PERFECTION CHRETIENNE DE L'EFFORT HUMAIN

    On pouvait craindre, nous l'avons dit, que l'conomie de l'action humaine ne ftgravement perturbe en droit par l'introduction des perspectives chrtiennes. Larecherche et l'attente du Ciel ne tendent-elles pas dtourner de ses occupationsnaturelles l'activit humaine, ou du moins en clipser compltement l'intrt ? Nousvoyons maintenant comment il peut, comment il doit, n'en pas tre ainsi. La conjonctionde Dieu et du Monde vient de s'accomplir sous nos yeux dans le domaine de l'action.

    Non, Dieu ne distrait pas prmaturment notre regard du travail qu'il nous a lui-mmeimpos, puisqu'il se prsente nous comme attingible par ce travail mme. Non, il nefait pas s'vanouir, dans son intense lumire., le dtail de nos buts terrestres, puisquel'intimit de notre union avec lui est justement fonction de l'achvement prcis que nousdonnerons la moindre de nos uvres. Exerons-nous satit sur cette vritfondamentale, jusqu' ce qu'elle nous devienne aussi familire que la perception durelief ou la lecture des mots. Dieu, dans ce qu'il a de plus vivant et de plus incarn, n'est

    pas loin de nous, hors de la sphre tangible; mais il nous attend chaque instant dansl'action, dans l'uvre du moment. Il est, en quelque manire, au bout de ma plume, demon pic, de mon pinceau, de mon aiguille, - de mon cur, de ma pense. C'est en

    poussant jusqu' son dernier fini naturel le trait, le coup, le point, auquel je suis occup,que je saisirai le But dernier auquel tend mon vouloir profond. Pareille ces redoutablesnergies physiques que l'Homme arrive discipliner jusqu' leur faire accomplir des

    prodiges de dlicatesse, l'norme puissance de l'attrait divin s'applique sur nos frlesdsirs, nos microscopiques objets, sans en briser la pointe. Elle suranime : donc elleintroduit, dans notre vie spirituelle, un principe suprieur d'unit, dont l'effet spcifiqueest, suivant le point de vue qu'on adopte, de sanctifier l'effort humain, ou d'humaniser lavie chrtienne.

    sommaire

    p.46LA SANCTIFICATION DE L'EFFORT HUMAIN

    Je ne pense pas exagrer en affirmant que, pour les neuf diximes des chrtienspratiquants, le travail humain reste l'tat d' encombrement spirituel . Malgr lapratique de l'intention droite et de la journe quotidiennement offerte Dieu, la massedes fidles garde obscurment l'ide que le temps pass au bureau, au studio, auxchamps ou l'usine, est quelque chose de distrait l'adoration. Impossible de ne pastravailler, c'est entendu. Mais impossible, aussi, de prtendre la vie religieuse

    profonde rserve ceux qui ont le loisir de prier ou de prcher toute la journe. Dans la

    vie, quelques minutes peuvent tre rcupres pour Dieu. Mais les meilleures heuressont absorbes ou du moins dprcies par les soins matriels. - Sous l'empire de ce

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    sentiment, une foule de catholiques mnent une existence pratiquement double ou gne: il leur faut quitter leur vtement d'homme pour se croire chrtiens, et chrtiensinfrieurs seulement.

    Rptons-le : en vertu de la Cration, et, plus encore, de l'Incarnation, rien n'est profane,

    ici-bas, qui sait voir. Tout est sacr, au contraire, pour qui distingue, en chaquecrature, la parcelle d'tre lu soumise l'attraction du Christ en voie de consommation.Reconnaissez, Dieu aidant, la connexion, mme physique et naturelle, qui relie votrelabeur l'dification du Royaume Cleste, voyez le Ciel lui-mme vous sourire et vousattirer travers vos uvres; et vous ni-aurez plus, en quittant l'glise pour la cit

    bruyante, que le sentiment de continuer vous immerger en Dieu.

    sommaire

    p.59

    1- LA DIVINISATION DES PASSIVITES

    En mme temps que l'Homme, par le dveloppement mme de ses puissances, estamen dcouvrir des buts de plus en plus vastes et levs son action, il tend tredomin par l'objet de ses conqutes; et, comme Jacob dans son corps corps avecl'Ange, il finit par adorer ce contre quoi il luttait. La grandeur qu'il a dvoile etdchane le subjugue. Et alors, de par sa nature d'lment, il est amen reconnatreque, dans l'acte dfinitif qui doit le runir au Tout, les deux termes de l'Union sontdmesurment ingaux. Lui, le plus petit, il a recevoir plus qu' donner. Il se trouvesaisi par ce dont il croyait s'emparer.

    p.65

    Donc, pour la premire fois peut-tre de ma vie (moi qui suis suppos mditer tous lesjours !) j'ai pris la lampe, et quittant la zone, claire en apparence, de mes occupations etde mes relations journalires, je suis descendu au plus intime de moi-mme, dansl'abme profond d'o je sens confusment qu'mane mon pouvoir d'action. Or, mesureque je m'loignais des vidences conventionnelles dont est superficiellement illuminela vie sociale, je me suis rendu compte que je m'chappais moi-mme. A chaquemarche descendue, un autre personnage se dcouvrait en moi, dont je ne pouvais plusdire le nom exact, et qui ne m'obissait plus. Et quand j'ai d arrter mon exploration,

    parce que le chemin manquait sous mes pas, il y avait mes pieds un abme sans fondd'o sortait, venant je ne sais d'o, le flot que j'ose bien appeler ma vie.

    Quelle science pourra-t-elle jamais rvler l'Homme, l'origine, la nature, le rgime, dela puissance consciente de vouloir et d'aimer dont est faite sa vie ? Ce n'est pas notreeffort, bien sr, ni l'effort de personne autour de nous, qui a lanc ce courant. Ce n'est

    pas davantage notre sollicitude, ni celle d'aucun ami, qui en prvient la baisse, ou enmnage les bouillonnements.

    Nous pouvons bien, de proche en proche, tracer le long des gnrations les antcdencespartielles du torrent qui nous soulve. Nous pouvons encore, par certaines disciplines ou

    certains excitants, physiques ou moraux, rgulariser ou agrandir l'orifice par o ils'chappe en nous. Mais pas plus par cette gographie que par ces artifices, nous

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    n'arrivons ni en pense, ni en pratique, capter. les sources de la Vie. je me reois bienplus que je ne me fais. L'Homme, dit l'Ecriture, ne peut ajouter un pouce sa taille.Encore moins peut-il augmenter d'une unit son potentiel d'aimer, ni acclrer d'uneautre unit le rythme fondamental qui rgle la maturation de son esprit et de son cur.En dernier ressort, la vie profonde, la vie fontale, la vie naissante, nous chappent

    absolument.

    p.66

    Alors, tout saisi de ma dcouverte, j'ai voulu remonter au jour, oublier l'inquitantenigme dans le confortable entourage des choses familires, - recommencer vivre ensurface, sans sonder imprudemment les abmes. Mais voici que, sous le spectacle mmedes agitations humaines, j'ai vu reparatre, mes yeux avertis, l'Inconnu auquel jevoulais chapper. Cette fois, il ne se drobait pas au fond d'un abme : il se dissimulaitmaintenant sous la multitude des hasards entrecroiss dont est tisse l'toffe de l'Universet de ma petite individualit. Mais c'tait bien le mme mystre : je l'ai reconnu. Notre

    esprit se trouble quand nous cherchons mesurer la profondeur du Monde au-dessousde nous. Mais il vacille encore quand nous cherchons dnombrer les chancesfavorables dont la confluence fait, chaque instant, la conservation et la russite dumoindre des vivants. Aprs la conscience d'tre un autre, et un plus grand que moi, - uneseconde chose m'a donn le vertige : c'est la suprme improbabilit, la formidableinvraisemblance de me trouver, existant, au sein d'un Monde russi.

    A ce moment, comme quiconque voudra faire la mme exprience intrieure, j'ai sentiplaner sur moi la dtresse essentielle de l'atome perdu dans l'Univers, - la dtresse quifait journellement sombrer des volonts humaines sous le nombre accablant des vivantset des astres. Et si quelque chose m'a sauv, c'est d'entendre la voix vanglique,garantie par des succs divins, qui me disait, du plus profond de la nuit : Ego sum ,noli timere. (C'est moi, ne craignez point.)

    Oui, mon Dieu, je le crois : et je le croirai d'autant plus volontiers qu'il n'y va passeulement de mon apaisement, mais de mon achvement : C'est Vous qui tes l'originede l'lan, et au terme de l'attraction dont je ne fais pas autre chose, ma vie durant, que desuivre ou favoriser l'impulsion premire et les dveloppements. Et c'est Vous, aussi quivivifiez pour moi, de votre omniprsence (mieux encore que mon esprit ne le fait pourla Matire qu'il anime) les myriades d'influences dont, je suis chaque instant l'objet. -Dans la Vie qui sourd en moi, et dans cette Matire qui me supporte, je trouve mieux

    encore que vos dons : c'est Vous-mme que je rencontre, Vous qui me faites participer votre tre, et qui me ptrissez. Vraiment, dans la rgulation et la modulation initiale dema force vitale, - dans le jeu favorablement continu des causes secondes, je touche,d'aussi prs que possible, les deux faces de votre action cratrice; je rencontre et je baisevos deux merveilleuses mains : celle qui saisit si profondment qu'elle se confond, ennous, avec les sources de la Vie, et celle qui embrasse si largement que, sous la moindrede ses pressions, tous les ressorts de l'Univers se plient harmonieusement la fois. Parleur nature mme, ces bienheureuses passivits que sont pour moi la volont d'tre, legot d'tre tel ou tel, et l'opportunit de me raliser mon got, sont charges de votreinfluence, - une influence qui m'apparatra plus distinctement, bientt, comme

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    l'nergie organisatrice du Corps mystique. Pour communier avec vous en elles, d'unecommunion fontale (la Communion aux sources de la Vie), je n'ai qu vous reconnatreen elles, et vous demander d'y tre de plus en plus.

    p.69

    Vous dont l'appel prcde le premier de nos mouvements, accordez-moi, mon Dieu, ledsir de dsirer l'tre, - afin que, par cette divine soif elle-mme, que vous m'aurezdonne, s'ouvre largement en moi l'accs des grandes eaux. Le got sacr de l'tre, cettenergie primordiale, ce premier de nos points d'appui, ne me l'enlevez pas : Spiritu

    principali confirma me. Et Vous encore, Vous dont la sagesse aimante me forme partir de toutes les forces et de tous les hasards de la Terre, donnez-moi d'baucher ungeste dont la pleine efficacit m'apparatra en face des puissances de diminution et demort, - faites que, aprs avoir dsir, je croie, je croie ardemment, je croie sur touteschoses, votre active Prsence.

    Grce vous, cette attente et cette foi sont dj pleines de vertu oprante. Maiscomment m'y prendrai-je pour vous tmoigner, et me prouver moi-mme, par

    un effort extrieur, que je ne suis pas de ceux qui disent simplement des lvres : Seigneur, Seigneur ! je collaborerai votre action prvenante, et je le feraidoublement. A votre inspiration profonde, d'abord, qui me commande d'tre, jerpondrai par le soin ne jamais touffer, ni dvier, ni gaspiller ma puissance d'aimer etde faire. Et votre Providence enveloppante, ensuite, qui m'indique chaque instant,parles vnements du jour, le pas suivant faire, l'chelon gravir, je m'attacherai par lesouci de ne manquer aucune occasion de monter vers l'esprit .

    Chacune de nos vies est comme tresse de ces deux fils : le fil du dveloppementintrieur, suivant lequel se forment graduellement nos ides, affections, attitudeshumaines et mystiques; et le fil de la russite extrieure, suivant lequel nous noustrouvons, chaque moment, au point prcis o convergera, pour produire sur nousl'effet attendu de Dieu, l'ensemble des forces de l'Univers.

    Mon Dieu, pour que, toute minute, vous me trouviez tel que vous me dsirez, l ovous m'attendez, c'est--dire pour que vous me saisissiez pleinement, - par le dedans etle dehors de moi-mme, - faites que je ne rompe jamais ce double fil de ma vie.

    sommaire

    p.70

    LES PASSIVITES DE DIMINUTION

    Adhrer Dieu cach sous les puissances internes et externes qui animent notre tre etle supportent dans son dveloppement, c'est finalement s'ouvrir et se

    fier tous les souffles de la vie. Nous rpondons et nous communions aux passivitsde croissance par notre fidlit agir. Ainsi nous trouvons-nous ramens, par le dsir de

    subir Dieu, l'aimable devoir de grandir

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    note p.70

    Si, nous occupant ici du Mal, nous ne parlons pas plus explicitement du Pch, c'estque, l'objet de ces pages tant uniquement de montrer comment toutes choses peuventaider le fidle sunir Dieu, nous n'avions pas nous occuper directement de ce qui est

    acte mauvais, c'est--dire geste positif de dsunion. Le Pch ne nous intresse ici quepar les affaiblissements, les dviations que laissent en nous nos futes personnelles(mme pleures), ou bien encore par les peines et les scandales que nous infligent lesfautes d'autrui. Or, de ce point de vue, il nous fit souffrir, et il peut tre transform, dela mme manire la que les autres douleurs. Voil pourquoi Mal physique et Mal moralsont placs ici, presque sans distinction, dans le mme chapitre des passivits dediminution. (N. D. A.)

    p.71

    Le moment est venu de sonder le ct dcidment ngatif de nos existences, celui o

    notre regard, aussi loin qu'il cherche, ne discerne plus aucun rsultat heureux, aucuneterminaison solide ce qui nous arrive. Que Dieu soit saisissable dans et par toute vie :ceci nous parait facile comprendre. Mais Dieu peut-il se trouver aussi dans et par toutemort ? Voil qui nous dconcerte. Et voil pourtant ce qu'il faut arriver reconnatre,d'une vue habituelle et pratique, sous peine de rester aveugle, ce qu'il y a de plusspcifiquement chrtien dans les perspectives chrtiennes, - et sous peine aussid'chapper au contact divin par une des faces les plus tendues et les plus rceptives denotre vie.

    Les puissances de diminution sont nos vritables passivits. Leur nombre est immense,leurs formes infiniment varies, leur influence continuelle. Pour fixer nos ides, etdiriger notre mditation, nous en ferons ici deux parts, qui correspondent aux deuxformes sous lesquelles nous sont dj apparues les forces de croissance : les diminutionsd'origine interne, et les diminutions d'origine externe.

    p.72

    Les Passivits de diminution externes, ce sont toutes nos mauvaises chances. Suivons enpense le cours de notre vie : nous les verrons de partout surgir. Voici la barrire quiarrte, ou la muraille qui borne. Voici le caillou qui fait dvier ou l'obstacle qui brise.Voici le microbe ou le mot imperceptible par qui le corps est tu ou l'esprit infect.

    Incidents, accidents, de toutes gravits et de toutes espces, que d'interfrencesdouloureuses (gnes, chocs, amputations, morts ...) entre le Monde des autres choses, et le Monde qui rayonne partir de nous. Et cependant, lorsque la grle, le feu,les bandits, eurent enlev Job toutes ses richesses et toute sa famille, Satan put dire Dieu: Vie pour vie, l'homme se rsigne tout perdre pourvu qu'il garde sa peau.Touchez seulement au corps de votre serviteur, et vous verrez s'il vous bnira. C'est

    peu, en un sens, que les choses nous chappent car nous pouvons nous figurer toujoursqu'elles nous reviendront. Le terrible, pour nous, est d'chapper aux choses par unintrieur et irrversible amoindrissement.

    Humainement parlant, les passivits de diminution internes forment le rsidu le plus

    noir, et le plus dsesprment inutilisable de nos annes. Les unes nous ont guetts etsaisis notre premier veil : dfauts naturels, infriorits physiques, intellectuelles ou

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    morales, par qui s'est trouv impitoyablement limit, ds la naissance et pour toute lavie, le champ de notre activit, de nos jouissances, de notre vision. Les autres nous ontattendus plus tard, brutales comme un accident, sournoises comme une maladie. Tous,un jour ou l'autre, nous avons pris, ou nous prendrons conscience que l'un quelconquede ces processus de dsorganisation s'est install au cur mme de notre vie. Tantt ce

    sont les cellules du corps qui se rvoltent ou se corrompent. Tantt ce sont les lmentsmmes de notre personnalit qui paraissent se dsaccorder, ou s'manciper. Et alorsnous assistons, impuissants, des affaissements, des rbellions, des tyranniesintrieures, l o aucune influence amie ne peut venir nous secourir. - Que si nousvitons plus ou moins compltement, par chance, les formes critiques de ces invasions,qui viennent, au fond de nous-mmes, tuer irrsistiblement la force, la lumire oul'amour dont nous vivons, il est une altration, lente et essentielle, laquelle nous nesaurions chapper : l'ge, la vieillesse, qui, d'instant en instant, nous enlvent nous-mmes pour nous pousser vers la fin. Dure qui retarde la possession, dure qui arrache la jouissance, dure qui fait de nous tous des condamns mort, - formidable passivitque l'coulement de la dure...

    p.74

    Dans la mort., comme dans un ocan, viennent confluer nos brusques ou graduelsamoindrissements. La mort est le rsum et la consommation de toutes nosdiminutions : elle est le mai - mal simplement physique, dans la mesure o elle rsulteorganiquement de la pluralit matrielle o nous sommes immergs, - mais mal moralaussi, pour autant que cette pluralit dsordonne, source de tout heurt et de toutecorruption, est engendre, dans la socit ou en nous-mmes, par le mauvais usage denotre libert.

    Surmontons la Mort, en y dcouvrant Dieu. Et le Divin se trouvera, du mme coup,install au cur de nous-mmes, dans le dernier recoin qui semblait pouvoir luichapper.

    Ici, comme dans le cas de la divinisation de nos activits humaines, nous trouveronsla foi chrtienne absolument formelle dans ses affirmations et dans sa pratique. LeChrist a vaincu la Mort, non seulement en rprimant ses mfaits, mais en retournant sonaiguillon. Par la vertu de la Rsurrection, plus rien ne tue ncessairement, mais tout estcapable de devenir, sur nos vies, le bni contact des mains divines, la bnie influence dela Volont de Dieu. A tout instant, quelque compromise par nos fautes, ou quelque

    dsespre par les circonstances que soit notre situation, nous pouvons, en un completredressement, rajuster le Monde autour de nous, et reprendre favorablement notre vie. Diligentibus Deum onnia convertuntur in bonum. Tel est le fait qui domine touteexplication et toute discussion.

    Mais ici encore, comme lorsqu'il s'est agi de sauver la valeur de l'effort humain, notreesprit veut se justifier lui-mme ses esprances, afin de mieux s'y abandonner.

    p.75

    Quomodo flet istud ? Cette recherche est d'autant plus ncessaire que l'attitude

    chrtienne en face du Mal prte davantage de redoutables mprises. Une fausseinterprtation de la rsignation chrtienne est, avec une fausse ide du dtachement

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    chrtien, la principale source des antipathies qui font si loyalement hair l'vangile parun grand nombre de Gentils.

    Demandons-nous comment, et quelles conditions, nos morts apparentes, c'est--direles dchets de notre existence, peuvent tre intgres dans l'tablissement, autour de

    nous, du Rgne et du Milieu divins. II nous servira, pour cela, de distinguer par lapense deux phases, deux temps, dans le processus qui aboutit la transfiguration denos amoindrissements. Le premier de ces temps est celui de la lutte contre le mal. Ledeuxime, celui de la dfaite et de sa transfiguration.

    sommaire

    a.La lutte avec Dieu contre le Mal

    Lorsque le chrtien souffre, il dit : Dieu ma touch. Cette parole est excellemmentvraie. Mais elle rsume, en sa simplicit, une srie complexe d'oprations au terme

    desquelles seulement elle a le droit d'tre prononce. Si nous cherchons sparer, dansl'histoire de nos rencontres avec le Mal, ce que les scolastiques appellent des instantsde nature , il nous faut dire, tout au contraire, pour commencer : Dieu dsire melibrer de cet amoindrissement, -Dieu veut que je l'aide loigner de moi ce calice. Lutter contre le Mal, rduire au minimum le Mal (mme simplement physique) qui nousmenace, - tel est indubitablement le premier, geste de notre Pre qui est aux cieux ; sousune autre forme, il nous serait impossible de le concevoir, et encore moins de l'aimer.

    p.76

    Oui, c'est une vue exacte - et une vue strictement vanglique - des choses, que de sereprsenter la Providence comme attentive, au cours des ges, pargner les blessuresdu Monde, et panser ses plaies. C'est Dieu vraiment qui suscite, le long des sicles,conformment au rythme gnral du progrs, les grands bienfaiteurs et les grandsmdecins. C'est lui qui anime, mme chez les plus incroyants, la recherche de tout cequi soulage et de tout ce qui gurit. Les hommes ne reconnaissent-ils pasinstinctivement cette divine Prsence, eux dont les haines s'apaisent et les objections sednouent aux pieds de chaque librateur de leur corps ou de leur esprit ? N'en doutons

    pas. A la premire approche des diminutions, nous ne saurions trouver Dieu autrementqu'en dtestant ce qui fond sur nous, et en faisant notre possible pour l'esquiver. Plusnous. repousserons la souffrance, ce moment, de tout notre cur et de tous nos bras,

    plus nous adhrerons, alors, au cur et l'action de Dieu.Note p.76

    Sans rvolte et sans amertume, bien sr, mais avec une tendance anticipe l'accueil et la rsignation finale. Il est videmment difficile de sparer les deux instants denature sans les dformer un peu dans la description. Observons-le : la ncessit de cestade initial de rsistance au Mal est vidente, et tout le monde l'admet. L'checconscutif la paresse, la maladie contracte par imprudence injustifie, etc. nesauraient passer, pour personne, comme tant, immdiatement, la Volont de Dieu.

    sommaire

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    p.77

    b. Notre dfaite apparente et sa transfiguration

    Avec Dieu comme alli, nous sommes assurs de toujours sauver notre me. Mais rien

    ne nous garantit, nous le savons trop bien, que nous viterons toujours la douleur, nimme certains checs intrieurs par lesquels nous pouvons nous imaginer avoir manqunotre vie. Tous, en tout cas, nous vieillissons et tous nous mourrons. Ceci veut dire qu'un moment ou l'autre, quelque belle que soit notre rsistance, nous sentons l'treinte desforces diminuantes, contre laquelle nous luttions, dominer peu peu nos puissances devie, et nous coucher terre, physiquement vaincus. - Comment, si Dieu combat avecnous, pouvons-nous tre battus ? ou que signifie cette dfaite ?

    Le problme du Mal, c'est--dire la conciliation de nos dchances, mme simplementphysiques, avec la bont et la puissance cratrices, restera toujours, pour nos esprits etnos curs, un des mystres les plus troublants de l'Univers. Pour tre comprises, les

    douleurs de la crature (tout comme la peine du damn) supposeraient chez nous uneapprciation de la nature et de la valeur de l' tre particip que nous ne pouvonsavoir, faute de point de comparaison. Nous entrevoyons pourtant ceci : d'un ct,l'uvre, entreprise par Dieu, de s'unir intimement des tres crs) suppose chez ceux-ciune lente prparation, au cours de laquelle (dj existants, mais point encore achevs)ils ne peuvent chapper, par nature, aux risques (aggravs par une faute originelle)qu'entrane l'imparfaite organisation du Multiple en eux et autour d'eux; - d'un autrect, parce que la victoire dfinitive du Bien sur le Mal ne peut s'achever que dansl'organisation totale du Monde, nos vies individuelles, infiniment courtes, ne sauraient

    bnficier, ici-bas, de l'accs la Terre Promise. Nous ressemblons ces soldats quitombent, au cours de l'assaut dont sortira la Paix. Dieu n'est donc pas vaincu, une

    premire fois, dans notre dfaite, parce que, si nous paraissons succomberindividuellement, le Monde, en qui nous revivrons, triomphe travers nos morts.

    p.79

    Mais ce premier aspect de sa victoire, suffisant pour assurer la toute-puissance de sonbras, se complte par une autre manifestation, plus directe peut-tre, et en tout cas plusimmdiatement palpable pour chacun de nous, de son universelle domination. Dieu ne

    peut pas, en vertu mme de ses perfections, faire que les lments d'un Monde en voiede croissance, - ou tout au moins d'un Monde tomb en voie de remonte, chappent

    aux heurts et aux diminutions, mme Morales : necesse est enim ut veniant scandala .Eh bien, il se rattrapera, - il se vengera, si l'on peut dire, - en faisant servir un biensuprieur de ses fidles le mal mme que l'tat actuel de la Cration ne lui permet pas desupprimer immdiatement. Semblable un artiste qui saurait profiter d'un dfaut oud'une impuret pour tirer de la pierre qu'il sculpte, ou du bronze qu'il fond, des lignes

    plus exquises ou un son plus beau, Dieu, pourvu que nous nous fiions amoureusement lui, - sans carter de nous les morts partielles, ni la mort finale, qui font essentiellement

    partie de notre vie, les transfigure en les intgrant dans un plan meilleur. Et cettetransformation non seulement nos maux invitables sont admis, mais nos fautes, mmeles plus volontaires, si seulement nous les pleurons. Pour les chercheurs de Dieu, tout

    n'est pas immdiatement bon, mais tout est susceptible de le devenir : Omniaconvertuntur in bonum

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    p.82

    S'unir, c'est, dans tous les cas, migrer et mourir partiellement en ce qu'on aime. Maissi,comme nous en sommes persuads, cette annihilation en l'Autre doit tre d'autant pluscomplte que l'on s'attache un plus grand que soi, quel ne doit pas tre l'attachement

    requis pour notre passage en Dieu ? - Sans doute, la destruction progressive de notregosme par l'largissement automatique des perspectives humaines, jointe laspiritualisation graduelle de nos gots et de nos ambitions sous l'action de certainsdboires, sont des formes trs relles de l'extase qui doit nous enlever nous-mmes

    pour nous subordonner Dieu. Cependant, l'effet de ce premier dtachement n'estencore que de porter aux dernires limites de nous-mmes le centre de notre

    personnalit. Arrivs en ce point extrme, nous pouvons avoir l'impression de nouspossder au suprme degr, - plus libres et plus actifs que jamais. Nous n'avons pasencore franchi le point critique de notre excentration, de notre retournement en Dieu. Ilfaut faire un pas de plus : celui qui nous fera perdre pied tout nous-mmes &endash; illum oportet crescere, me autem minui . Nous ne sommes pas encore perdus.

    &endash; Quel va tre l'agent de cette dfinitive transformation ? La Mort, prcisment.

    p.83

    En soi, la Mort est une incurable faiblesse des tres corporels, complique, dans notreMonde par l'influence d'une chute originelle. Elle est le type et le rsum de cesdiminutions contre lesquelles il nous faut lutter sans pouvoir attendre du combat unevictoire personnelle directe et immdiate. Eh bien, le grand triomphe du Crateur et duRdempteur, dans nos perspectives chrtiennes, c'est d'avoir transform en facteuressentiel de vivification ce qui, en soi, est une puissance universelle d'amoindrissementet de disparition. Dieu doit, en quelque manire, afin de pntrer dfinitivement ennous, nous creuser, nous vider, se faire une place. Il lui faut, pour nous assimiler en lui,nous remanier, nous refondre, briser les molcules de notre tre. La Mort est charge de

    pratiquer, jusqu'au fond de nous-mmes, l'ouverture dsire. Elle nous fera subir ladissociation attendue. Elle nous mettra dans l'tat organiquement requis pour que fondesur nous le Feu divin. Et ainsi son nfaste pouvoir de dcomposer et de dissoudre setrouvera capt pour la plus sublime des oprations de la Vie. Ce qui, par nature, taitvide, lacune, retour la pluralit, peut devenir, dans chaque existence humaine,

    plnitude et unit en Dieu.

    p.84

    Mon Dieu, il m'tait doux, au milieu de l'effort, de sentir qu'en me dveloppant moi-mme, j'augmentais la prise que vous avez sur moi; il m'tait doux, encore, sous la

    pousse intrieure de la vie, ou parmi le jeu favorable des vnements, de m'abandonner votre Providence. Faites qu'aprs avoir dcouvert la joie d'utiliser toute croissance

    pour vous faire, ou pour vous laisser grandir en moi, j'accde sans trouble cettedernire phase de la communion au cours de laquelle je vous possderai en diminuanten vous.

    Aprs vous avoir aperu comme Celui qui est un plus que moi-mme , faites, monheure tant venue, que je vous reconnaisse sous les espces de chaque puissance,

    trangre ou ennemie, qui semblera vouloir me dtruire ou me supplanter. Lorsque surmon corps (et bien plus sur mon esprit) commencera marquer l'usure de l'ge; quand

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    fondra sur moi du dehors, ou natra en moi, du dedans, le mal qui amoindrit ou emporte; la minute douloureuse o je prendrai tout coup conscience que je suis malade ou que

    je deviens vieux; ce moment dernier, surtout, o je sentirai que je m'chappe moi-mme, absolument passif aux mains des grandes forces inconnues qui m'ont form; toutes ces heures sombres, donnez-moi, mon Dieu, de con;prendre que c'est Vous

    (pourvu que ma foi soit assez grande) qui cartez douloureusement les fibres de montre pour pntrer jusqu'aux moelles de ma substance, pour m'emporter en Vous.

    Oui, plus, au fond de ma chair, le mal est incrust et incurable, plus ce peut tre Vousque j'abrite, comme un principe aimant, actif, d'puration et de dtachement. Plusl'avenir s'ouvre devant moi comme une crevasse vertigineuse ou un passage obscur,

    plus, si je m'y aventure sur votre parole, je puis avoir confiance de me perdre ou dem'abmer en Vous, - d'tre assimil par votre Corps, Jsus.

    0 nergie de mon Seigneur, Force irrsistible et vivante, parce que, de nous deux, Voustes le plus fort infiniment, c'est Vous que revient le rle de me brler dans l'union qui

    doit nous fondre ensemble. Donnez-moi donc quelque chose de plus prcieux encoreque la grce pour laquelle vous prient tous vos fidles. Ce n'est pas assez que je meureen communiant. Apprenez-moi communier en mourant.

    sommaire

    d. La vraie Rsignation

    L'analyse qui prcde (analyse o nous avons cherch distinguer suivant quellesphases peuvent se diviniser nos diminutions) nous a permis de justifier devant nous-mmes l'expression si chre tous les chrtiens qui souffrent: Dieu m'a touch. Dieume l'a pris. Que sa volont soit faite.

    p.87

    .le croyant est l'alli convaincu de tous ceux qui pensent que l'Humanit ne russiraqu' condition d'aller laborieusement jusqu'au bout d'elle-mme. Comme nous le disionsen parlant du dveloppement humain, il se trouve mme plus li que personne lagrandeur de cette tche, puisque, ses yeux, la victoire humaine sur les diminutions,mme physiques et naturelles, du Monde, conditionne en partie l'achvement et laconsommation de la Ralit tout fait prcise qu'il adore. - Tant que la rsistance

    demeure possible, il se raidira donc, lui, le fils du Ciel, autant que les plus terrestres desenfants du monde, contre ce qui mrite d'tre cart ou dtruit.

    Vienne alors, pour lui, la dfaite, - la dfaite personnelle que nul humain ne peut esprerviter dans son bref corps corps individuel avec des puissances dont l'ordre degrandeur et d'volution est universel. Pas plus que le hros paen vaincu, il ne relcheraencore sa rsistance intrieure. touff, comprim, son effort demeurera tendu. Mais ce moment, au lieu de n'avoir, pour compenser et dominer la mort qui vient, que lasombre et problmatique consolation du stocisme (tout au fond duquel, si on l'analysait

    bien profond, on trouverait sans doute, comme ultime principe de beaut et deconsistance, une foi dsespre en la valeur du sacrifice) il verra s'ouvrir devant lui un

    nouveau domaine de possibilits. Cette force ennemie, qui l'abat et le dsagrge, s'ill'accepte avec foi, sans cesser de lutter contre elle, elle peut devenir pour lui un principe

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    aimant de rnovation. Tout est perdu sur le plan exprimental. Mais, dans le domaine ditsurnaturel, une dimension de plus existe, qui permet Dieu d'oprer, insensiblement, unmystrieux retournement du Mal en Bien. Quittant la zone des russites et des perteshumaines, le chrtien accde, par un effort de confiance au Plus Grand que lui, largion des transformations et des accroissements suprasensibles. Sa rsignation n'est

    qu'un lan pour transposer plus haut le champ de son activit.

    Comme nous voil loin, n'est-il pas vrai, chrtiennement loin, de cette trop justementcritique soumission la volont de Dieu qui risquerait d'amollir, de dtremper, le

    bel acier de la volont humaine brandie contre toutes les puissances de tnbres etd'affaiblissement. Comprenons-le bien, et faisons-le comprendre : ce n'est pas unerencontre immdiate, ni une attitude passive, que de trouver et de faire (mme endiminuant et en mourant) la Volont de Dieu. D'un mal qui m'atteindrait par mangligence ou par ma faute, je n'aurais pas le droit de penser que c'est Dieu qui metouche. La Volont de Dieu (sous sa forme subie) je ne la joindrai, chaque instant,qu'au bout de mes forces, l o mon activit tendue vers le mieux-tre (un mieux-tre

    entendu suivant les ides humaines normales) se trouve continuellement quilibre parles forces contraires qui tendent m'arrter ou me renverser. - Si je ne fais pas ce que

    je puis, pour avancer on rsister, je ne me trouve pas au point voulu, - je ne subis pasDieu autant que je le pourrais et qu'il le dsire. Si au contraire mon effort est courageux,

    persvrant, je rejoins Dieu travers le Mal, plus profond que le Mal; je me serre contrelui; et ce moment l'optimum de ma communion de rsignation se trouve conciderncessairement (par construction) avec le maximum de ma fidlit au devoir humain.

    TROISIME PARTIE

    p. 121 "Personne ne vit ni ne meurt pour soi seul. Mais, soit par notre vie, soit par notremort, nous appartenons au Christ" (St Paul)

    "A la faveur de toutes les cratures sans exception, le Divin nous assige, nous pntre,nous ptrit. Nous le pensions lointain, inaccessible : nous vivons plongs dans sesnappes ardentes. "In eo vivimus..." En vrit, comme disait Jacob, au sortir de son rve,le Monde, ce Monde palpable, o nous portions l'ennui et l'irrespect rservs auxendroits profanes, est un lieu sacr, et nous ne le savions pas ? "Venite, adoramus."

    sommaire

    1- LES ATTRIBUTS DU MILIEU DIVINp. 124-126 "Le Milieu Divin, si immense soit-il, est en ralit un Centre . Il a donc lesproprits d'un centre, c'est--dire, avant tout, le pouvoir absolu et dernier de runir (etpar suite d'achever) les tres au sein de lui-mme.....Les lments de l'Univers...yperdent en se rencontrant, l'extriorit mutuelle et les incohrences qui sont la peinefondamentale des relations humaines....

    ....Les tres que nous dsesprions d'atteindre et d'influencer, ils sont l (en Dieu ) tousrunis.....(dans ce Milieu divin o) nous prouverons que s'ordonne sans effort, au fondde nous-mmes, la plnitude de nos forces d'action et d'adoration.... en ce lieu privilgi

    o tous les ressorts extrieurs du Monde (sont) groups et harmoniss."

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    p. 126 "A premire vue, les profondeurs divines que nous montre saint Paul peuventressembler aux milieux fascinants que droulent nos yeux les philosophies oureligions monistes. Mais il n'est pas panthiste l'hte du Milieu divin"

    p. 127 "... au fond (le panthisme) ne nous donnerait...que fusion et inconscience. Notre

    Dieu, tout au contraire, pousse l'extrme la diffrenciation des cratures qu'ilconcentre en lui. Au paroxysme de leur adhsion, les lus trouvent en lui laconsommation de leur achvement individuel....s'unir (c'est dire devenir l'autre) touten restant soi ."

    "Pas davantage (le chrtien) doit-il craindre en s'abandonnant ces eaux profondes, deperdre pied avec la Rvlation et la Vie, c'est--dire de devenir, ou bien irrel dansl'objet de son culte ou bien chimrique dans la matire de ses occupations"

    p. 128 "L'immense enchantement du Milieu Divin doit en dfinitive toute sa valeurconcrte au contact humano-divin qui s'est rvl dans l'Epiphanie de Jsus. Supprime

    la ralit historique du Christ, l'omniprsence divine qui nous enivre devient semblable tous les autres rves de la Mtaphysique : incertaine, vague, conventionnelle, - sanscontrle exprimental dcisif pour s'imposer nos esprits, - sans directrices morales

    pour s'assimiler nos vies."

    p. 130 "Le sein de Dieu est immense...Et cependant, dans cette immensit, il n'y a pourchacun de nous, chaque instant qu'une seule place possible, celle o nous tablit lafidlit continue aux devoirs naturels et surnaturels de la vie. En ce point, auquel nousne nous trouverons au moment voulu que si nous dployons, sur tous les terrains, notre

    plus industrieuse activit, Dieu se communiquera nous dans sa plnitude. En dehors dece point, et malgr qu'il continue nous envelopper, le Milieu Divin n'existequ'incompltement, ou plus du tout pour nous ..... Le monde ne s'illumine de Dieu qu'enragissant notre lan ."

    p. 131 "Le Paen pense que l'Homme se divinise en se fermant sur soi... Le Chrtien nevoit sa divinisation que dans l'assimilation, par un Autre, de son achvement : le comblede la vie, ses yeux, est la mort dans l'Union.

    Pour le Paen, la ralit universelle n'existe que par sa projection sur le plan dutangible : elle est immdiate et multiple. Le Chrtien prend exactement les mmeslments : mais il les prolonge suivant leur axe commun qui les relie Dieu; et du

    mme coup, l'Univers s'unifie pour lui..."p. 132 "De mme que, au sein du Milieu Divin, tous les bruissements crs se fondent,sans se confondre, dans une Note unique qui les domine et les soutient (la notesraphique, sans doute, qui ensorcelait saint Franois), de mme, pour rpondre cetappel, toutes les puissances de l'me se mettent rsonner; et leurs tons multiples, leurtour, se composent en une vibration ineffablement simple....comme les innombrables

    possibilits d'une attitude intrieure, inexprimable et unique."

    p. 133 "Etre accd au Milieu Divin, c'est en effet avoir trouv l'Unique Ncessaire,c'est--dire Celui qui brle , en enflammant ce que nous aimerions insuffisamment ou

    mal; Celui qui calme , en clipsant de ses feux ce que nous aimerions trop; Celui quiconsole , en recueillant ce qui a t arrach notre amour, ou ne lui a jamais t donn.

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    Etre parvenu jusqu' ces nappes prcieuses, c'est prouver, avec une gale vrit, qu'ona besoin de tout, et qu'on n'a besoin de rien.....

    ...Tout m'est Tout, et tout ne m'est rien; tout m'est Dieu et tout m'est poussire..."

    sommaire

    2- LA NATURE DU MILIEU DIVIN

    LE CHRIST UNIVERSEL ET LA GRANDE COMMUNION

    p. 134 "Sous quelle forme, propre notre Cration, adapte notre Univers, l'Immensitdivine se manifeste-t-elle, s'applique-t-elle l'Humanit ?"

    p. 135 "Nous la sentons charge de cette grce sanctifiante....toute semblable, par sesproprits, cette Charit dont l'Ecriture nous dit qu'elle demeurera seule, un jour,comme l'unique principe stable des natures et des forces, - toute pareille, dans le fond, cette merveilleuse et substantielle Volont divine...partout prsente,...vritablenourriture de nos vies.....

    ....Quel est finalement le lien concret qui rattache entre elles toutes ces entitsuniverselles...? ..."Le Verbe incarn, Notre-Seigneur Jsus-Christ".

    ....Sous quelle forme, dans quel but, le Crateur nous a-t-il fait, et nous garde-t-il, le donde l'tre particip ? Sous la forme d'une aspiration essentielle vers lui, - en vue del'adhsion inespre qui doit nous faire une mme chose complexe avec Lui.....

    ...Cette Ralit suprme et complexe pour laquelle l'opration divine nous ptrit, quelleest-elle ? Saint Paul, avec saint Jean, nous l'a rvl....; c'est le mystrieux Plrme, ol'Un substantiel et le Multiple cr se rejoignent sans confusion dans une Totalit qui,sans rien ajouter d'essentiel Dieu, sera nanmoins une sorte de triomphe et degnralisation de l'tre."

    p. 136 "L'omniprsence divine, devons-nous reconnatre en un clair de joie, se traduit,dans notre Univers, par le rseau des forces organisatrices du Christ total ..... ramenantl'Univers Dieu travers son Humanit...C'est finalement tout imprgnes de sesnergies organiques que nous parviennent les nappes de l'action divine."

    p. 137 "Le Milieu Divin, ds lors, ...nous y reconnaissons une omniprsence qui agit surnous en nous assimilant soi, in unitate Corporis Christi . L'immensit divine, par suitede l'Incarnation, s'est transforme pour nous en omniprsence de christification . Tout ceque je puis faire de bon... est recueilli physiquement....dans la ralit du Christconsomm."

    p. 138- 140 "...perspectives sotriques ?... regardons d'un peu plus prs......Au fond,depuis les origines de la prparation messianique jusqu' la Parousie, en passant par lamanifestation historique de Jsus et les phases de croissance de son glise, un seulvnement se dveloppe dans le Monde : l'Incarnation, ralise en chaque individu par

    l'Eucharistie.

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    Toutes les communions d'une vie forment une seule communion... Toutes lescommunions de tous les hommes actuellement vivants forment une seule communion...Toutes les communions de tous les hommes passs, prsents et futurs forment une seulecommunion.

    Avons-nous jamais assez regard l'immensit physique de l'Homme, et sesextraordinaires connexions avec l'Univers pour raliser dans nos esprits ce que contientde formidable cette vrit lmentaire ? ...

    ...Oui, la couche humaine de la Terre est, entirement et perptuellement, sous l'influxorganisateur du Christ incarn...

    ...Or le Monde humain lui-mme..... apparat comme une zone de transformationspirituelle continue, o toutes les ralits et les forces infrieures sans exceptionviennent se sublimer en sensations, sentiments, ides, puissances de connatre etd'aimer....il est aussi impossible de tracer au dessous d'elle (..la couche spirituelle..) une

    limite, qu'entre une plante et le milieu qui la porte..."

    p. 141 "...nous voici replongs exactement dans notre Milieu Divin. En chaque ralit,autour de nous, le Christ, - pour qui et en qui nous sommes forms, avec notreindividualit et notre vocation particulire, - se dcouvre et brille comme une ultimedtermination , comme un Centre, on pourrait presque dire comme un lmentuniversel....

    ....la Transsubstantiation...de proche en proche, envahit irrsistiblement l'Univers...

    ...Mon Dieu, quand je m'approcherai de l'autel pour communier, faites que je discernedsormais les infinies perspectives caches sous la petitesse et la proximit de l'hostieo vous vous dissimulez..."

    p. 141-142 "Je commence le comprendre : sous les espces sacramentelles, c'estpremirement travers les "accidents" de la Matire, mais c'est aussi, par contrecoup, la faveur de l'Univers entier que vous me touchez...."

    "...vivant et mourant, je ne cesserai jamais d'avancer en vous."

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    3 - LES ACCROISSEMENTS DU MILIEU DIVIN

    p. 145 "Le Royaume de Dieu est au dedans de nous-mmes. Quand le Christ apparatrasur les nues, il ne fera que manifester une mtamorphose lentement accomplie, sousson influence, au cur de la masse humaine."

    A- L'apparition du Milieu Divin. Le got de l'tre et la Diaphanie de Dieu

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    p. 146 "Une brise passe dans la nuit. Quand s'est-elle leve? D'o vient-elle? O va-t-elle? Nul ne le sait. Personne ne peut forcer se poser sur soi l'esprit, le regard, lalumire de Dieu.

    Un jour, l'Homme prend conscience qu'il est devenu sensible une certaine perception

    du Divin rpandu partout...

    ....Tout ce qu'il sait, c'est qu'un esprit nouveau a travers sa vie.

    ....Cela a dbut par une rsonance particulire...

    ....Et alors,(comme cet homme) je me suis mis sentir, contre toute convention et toutevraisemblance, ce qu'il y avait d'ineffablement commun entre toutes les choses.

    ...J'avais vraiment acquis un sens nouveau, - le sens d'une qualit ou dimensionnouvelle.....la perception mme de l'tre .

    p. 147 "Voil ce que pourrait raconter, plus ou moins explicitement, tout homme qui estall un peu loin dans sa puissance de sentir et de s'analyser. Et cet homme sera peut-treextrieurement un paen. Et s'il se trouve tre chrtien, il avouera que ce retournementintrieur lui semble s'tre opr dans les parties profanes, "naturelles" de son me."

    "La Ralit que les hommes ont pressenties derrire les choses, il leur arrive, comme des enfants.....de la situer incorrectement. Leurs ttonnements ne rencontrent souventqu'un fantme mtaphysique...

    ....Les dviations panthistes (en) tmoignent...

    ...il reste que...le got, dit "naturel" de l'tre est, dans chaque vie, la premire aurore del'illumination divine."

    p. 148 "le milieu divin se dcouvre nous comme une modification de l'tre profonddes choses..."

    p. 149 "S'il est permis de modifier lgrement un mot sacr, nous dirons que le grandmystre du Christianisme, ce n'est pas exactement l'Apparition, mais la Transparence deDieu dans l'Univers. Oh ! oui, Seigneur, pas seulement le rayon qui effleure, mais le

    rayon qui pntre. Pas votre piphanie, Jsus, mais votre Diaphanie .

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    B - Les progrs individuels du Milieu Divin. La puret, la foi et la fidlit quioprent

    "Trois vertus pourrait-on dire, concourent avec une efficacit particulire cetteindfinie concentration du Divin dans nos existences : la puret, la foi et la fidlit, -trois vertus "immobiles" en apparence, mais en ralit trois vertus actives entre toutes,et entre toutes illimites.

    1- La Puret

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    p. 152 "La puret, au grand sens du mot, ce n'est pas seulement l'absence de fautes (quin'est de la puret qu'une face ngative), ni mme la chastet (qui n'en reprsente qu'unremarquable cas particulier). C'est la rectitude et l'lan que met dans nos vies l'amour deDieu cherch en tout par-dessus tout..."

    ...."Ainsi comprise, la puret des tres se mesure au degr d'attraction qui les porte versle Centre divin, - ou, ce qui revient au mme, la proximit o ils se trouvent de ceCentre..."

    p. 154-155 "Voulons-nous que s'accroisse autour de nous le Milieu Divin? Accueillonset nourrissons jalousement toutes les forces d'union, de dsir, d'oraison, que la grcenous prsente....Voila, exprime dans sa force et sa ralit, la puissance de la puret faire natre le Divin parmi nous..."

    2 - La Foi

    p. 155 "La foi, telle que nous l'entendons ici.....c'est la conviction ....que l'Univers, entreles mains du Crateur, continue tre l'argile dont il ptrit son gr les possibilitsmultiples. C'est la foi vanglique ....une puissance qui opre."

    p. 156-157 "Qu'est-ce dire? .....Sous l'action transformatrice de "la foi qui opre",toutes les liaisons naturelles du Monde demeurent intactes : mais il s'y superpose un

    principe, une finalit interne, on pourrait presque dire une me de plus. Sous l'influencede notre foi, l'Univers est susceptible, sans changer extrieurement de traits, des'assouplir, de s'animer, - de se suranimer....

    ...elle se manifeste par l'intgration des vnements indiffrents ou dfavorables dans unplan, dans une Providence suprieure.

    Oui, entre nos mains, tous, le Monde, la Vie,(notre Monde, notre Vie ) sont placscomme une hostie, tout prts se charger de l'influence divine, c'est--dire d'une relle

    prsence du Verbe Incarn."

    p. 159 "Non, ce ne sont pas les rigides dterminismes de la Matire et des grandsnombres, - ce sont les souples combinaisons de l'esprit qui donnent l'Univers saconsistance. L'immense hasard et l'immense ccit du Monde ne sont qu'une illusion

    pour celui qui croit."

    3- La Fidlit

    p.160 "Par la fidlit, nous nous plaons, et nous nous maintenons si exactement dans lamain divine que nous ne faisons plus qu'un avec elle dans l'exercice de son action"

    p. 162 "Par un chemin ou par un autre, suivant les vocations, cet astre (l'toile desMages) conduit les hommes diversement. Mais toutes les pistes qu'il indique ont ceci decommun qu'elles font monter toujours plus haut."

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    C - Les progrs collectifs du Milieu Divin. La Communion des Saints et la Charit

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    1 - Remarques prliminaires sur la valeur "individuelle" du Milieu Divin

    p.165 "Nous nous sauvons, ou nous nous perdons nous-mmes .

    Ce dogme chrtien du salut individuel tait d'autant plus mettre en relief que les

    perspectives ici dveloppes sont plus unitaires et plus universalistes. Il ne faut jamaisle perdre de vue..."

    p. 167 "....pour une part infinitsimale et incommunicable, nous avons chacun le Mondeentier diviniser...."

    2- L'intensification du Milieu Divin par la Charit

    p. 167 "A travers l'normit du temps et la multiplication dconcertante desindividus....une seule opration se poursuit : l'annexion au Christ de ses lus : - uneseule chose se fait : le Corps mystique du Christ, partir de toutes le puissances

    spirituelles parses ou bauches dans le Monde..."

    p. 168 "...notre effort mystique individuel attend un complment essentiel de sa runionavec celui de tous les autres hommes. Un, dfinitivement, dans le Plrme, le MilieuDivin doit commencer devenir un ds la phase terrestre de notre existence"

    p. 169 " A quelle puissance est-il rserv de faire clater les enveloppes o tendent s'isoler jalousement et vgter nos microcosmes individuels ? A quelle force est-ildonn de fondre et d'exalter nos rayonnements partiels...?

    A la Charit, principe et effet de toute liaison spirituelle. La charit chrtienne, sisolennellement prche par l'Evangile, n'est pas autre chose que la cohsion plus oumoins consciente des mes, engendre par leur convergence commune in Christo Jesu.Impossible d'aimer le Christ sans aimer les autres ( dans la mesure o ces autres vontvers le Christ); et impossible d'aimer les autres (dans un esprit de large communionhumaine) sans se rapprocher du Christ par le mme mouvement.... Cette conjonctioninvitable s'est toujours traduite, dans la vie intrieure des Saints, par un dbordementd'amour pour tout ce qui, dans les cratures, porte en soi le germe de vie ternelle."

    p. 170 "Le seul sujet dfinitivement capable de la Transfiguration mystique est legroupe entier des hommes ne formant plus qu'un corps et qu'une me dans la charit."

    p. 171- 172 "Mon Dieu, faites pour moi, dans la vie de l'Autre, briller votre visage....

    ....Bien suprieure une sympathie personnelle, vous voulez que m'attirent versl'"Autre" les affinits combines d'un monde pour lui-mme et de ce monde pourDieu ."

    p. 172 "L'Humanit dormait, - elle dort encore, - assoupie dans les joies troites de sespetits amours ferms. Une immense puissance spirituelle sommeille au fond de notremultitude, qui n'apparatra que lorsque nous sauront forcer les cloisons de nos gosmes,et nous lever par une refonte fondamentale de nos perspectives, la vue habituelle et

    pratique des ralits universelles."

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    3 - LES TNBRES EXTRIEURES ET LES MES PERDUES

    p. 173 "L'Histoire du Royaume de Dieu est, directement, celle d'une runion. Le Milieu

    Divin total se constitue par incorporation de tout esprit lu Jsus-Christ. Mais, qui ditlu, dit choix, slection. Ce ne serait donc pas assez chrtiennement comprendre l'actionuniverselle de Jsus que de le regarder uniquement comme centre d'attraction et de

    batification....

    ...il y a, aux antipodes des flammes qui unissent dans l'amour, le feu qui corrompt dansl'isolement."

    p. 174 "Au cours des pages qui prcdent, alors que, (uniquement proccups de monterplus droit vers le Foyer divin....) nous tenions systmatiquement nos yeux tourns versla lumire, nous n'avons jamais cess de sentir derrire nous l'ombre et le vide, - lararfaction ou l'absence de Dieu sur laquelle notre course demeurait suspendue...Maisces tnbres infrieures.... c'taient surtout un sens rtrograde, une face retourne deschoses...."

    "Votre Rvlation, Seigneur, m'oblige croire davantage. Les puissances du Mal, dansl'Univers, ne sont pas seulement une attraction, une dviation, un signe "moins", unretour annihilant la pluralit. Au cours de l'volution spirituelle du Monde, deslments conscients, des Monades, se sont librement dtachs de la masse qui sollicitevotre attrait. Le Mal s'est comme incarn en eux, "substantialis" en eux. Et maintenant,il y a...mls votre lumineuse Prsence, des prsences obscures, des tres mauvais, des

    choses malignes. Et cet ensemble spar reprsente un dchet dfinitif et immortel de lagense du Monde.....Voil ce que nous dit l'Evangile."

    p. 175 "Et plus nous devenons hommes, c'est--dire conscients des trsors cachs dansle moindre des tres....plus nous nous sentons perdus l'ide de l'enfer. Une retombedans quelque inexistence, nous la comprendrions encore....Mais une ternelleinutilisation, et une ternelle souffrance...."

    "....Mais vous m'avez interdit de penser, avec absolue certitude, d'un seul homme qu'iltait damn....Mais en acceptant, sur votre parole, l'enfer, comme lment structurel del'Univers , je prierai, je mditerai, jusqu' ce que , dans cette chose redoutable.....dans

    les tnbres extrieures, ....dans le mystre mme de la deuxime mort ....(j'aperoive)un surcrot de tension et un approfondissement de votre grandeur...."

    p. 177 "Est-ce-que la ralit de ce ple ngatif du Monde ne vient pas doubler l'urgenceet l'immensit du pouvoir avec lequel vous fondez sur moi ?.....

    ....Les feux de l'enfer et les feux du ciel ne sont pas deux forces diffrentes, mais lesmanifestations contraires de la mme nergie."

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    EPILOGUE

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    L'ATTENTE DE LA PAROUSIE

    p. 179- 180 "Nous nous imaginons parfois que les choses se rptent, indfinies etmonotones, dans l'histoire de la cration. C'est que la saison est trop longue, eu gard la brve dure de nos vies individuelles, - c'est que la transformation est trop vaste et

    trop interne, relativement nos vue superficielles et bornes, - pour que nous percevionsles progrs de ce qui se fait, inlassablement, la faveur et au travers de toute Matire etde tout Esprit....Sous l'enveloppe banale des choses, de tous nos efforts purs et sauvs,s'engendre graduellement le Terre nouvelle."

    "Un jour, nous annonce l'Evangile, la tension lentement accumule entre l'Humanit etDieu atteindra les limites fixes par les possibilits du Monde.

    Alors ce sera la fin. Comme un clair jaillissant d'un ple l'autre , la Prsencesilencieusement accrue du Christ dans les choses se rvlera brusquement."

    p. 180 "...sous l'action enfin libre des vraies affinits de l'tre, entrans par une forceo se manifesteront les puissances de cohsion propres l'Univers lui-mme, les atomesspirituels du Monde viendront occuper, dans le Christ ou hors du Christ....la place, de

    bonheur ou de peine, que la structure vivante du Plrme leur dsigne..."

    "Telle sera la consommation du Milieu Divin."

    p. 181 "Chrtiens, chargs aprs Isral de garder toujours vivante sur Terre la flammedu dsir, vingt sicles seulement aprs l'Ascension, qu'avons-nous fait de l'attente ?"

    p. 182 "Sans doute, encore, nous prions et nous agissons consciencieusement "pour quele Rgne de Dieu arrive ". Mais, en vrit, combien en est-il parmi nous qui tressaillentrellement, au fond de leur coeur, l'espoir fou d'une refonte de notre Terre ?

    p. 185 "Lve la tte, Jrusalem. Regarde la foule immense de ceux qui construisent et deceux qui cherchent. Dans les laboratoires, dans les studios, dans les dserts, dans lesusines, dans l'norme creuset social, les vois-tu, tous ces hommes qui peinent ? Eh

    bien ! tout ce qui fermente par eux, d'art de science, de pense, tout cela c'est pour toi."

    p. 186 "La Terre peut bien, cette fois, me saisir de ses bras gants. Elle peut me gonflerde sa vie ou me reprendre dans sa poussire. Elle peut se parer mes yeux de tous les

    charmes, de toutes les horreurs, de tous les mystres. Elle peut me griser de son parfumde tangibilit et d'unit. Elle peut me jeter genoux dans l'attente de ce qui mrit dansson sein.

    Ses ensorcellements ne sauraient plus me nuire, depuis qu'elle est devenue pour moi, pardel elle-mme , le Corps de Celui qui est et de Celui qui vient! Le Milieu Divin."

    Tientsin, novembre 1926 - mars 1927

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