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LE JOURNAL DE MAI, enlève ce qui te plaît Dimanche 01 mai : tout seuls à Laï En effet, Jérémie et Bertrand partent à Bongor pour l’inauguration du bar de Joseph, la « ronde des amis ». Comme il faut absolument que nous voyions chacun l’évêque avant son départ pour Le Caire, et qu’il ne rentre de Béré que cet après midi, nous souhaitons bon vent aux garçons et rentrons garder la maison… C’est vraiment sympa que Blouze et sa famille habite la concession, il ne s’agit pas vraiment de partager le quotidien, mais le rapport avec les enfants est sympa. En revanche, même s’il n’y a pas de mots, la cohabitation doit être parfois pesante. Une famille avec enfants n’a pas les mêmes horaires que 3 volontaires DCC… C’est sûr que nous avons réveillé tout le monde en rentrant hier soir, mais ce matin, entre le bébé qui pleure à 5h30 et Blouze qui vient prendre l’eau dans un sceau à 6h30… le concept de grasse matinée est ici aussi inconnu ! Parfois je me dis que ce serait plus chaleureux si la famille de JB habitait avec nous plutôt qu’au quartier Dombao, mais je crois que c’est mieux comme ça. En plus, Jean Baptiste épargne tous les mois pour construire un nouveau bâtiment. Et c’est grâce à cette épargne qu’il a acheté son terrain. Au bout du compte, c’est mieux pour lui. Nous sommes invités à déjeuner chez les sœurs (2 québécoises et 2 japonaises) du foyer Nazareth. Hier, elle nous ont mis l’eau à la bouche en nous montrant leurs réalisations maison : pain, rillettes, moutarde, jus de mangue… Leur accueil est très sympa. Comme il est assez tôt, elles nous font visiter le foyer : les salles de classe pour les petites, celle des grandes, les chambres (6 de 4 lits), la cuisine. Les parents payent à l’année une petite cotisation plus deux sacs de mil ou un sac de riz décortiqué. Une femme va faire les courses au marché, mais ce sont les filles qui se préparent le repas elles mêmes. Plus haut sur le terrain, ce sont les plus grandes encore, et le jardin d’enfants, avec sûrement une exclusivité au Tchad, des jeux extérieurs (balançoires, manège) ! Les filles viennent de toute la Tandjilé, beaucoup de Bologo ou Baktchoro. Le foyer est destiné aux filles venant de la brousse pour leur donner une chance d’étudier. Leur terrain est bien placé, en bordure du Logone. En fermant les yeux, on se croirait au bord de la mer : l’air, l’eau, le bruit du vent dans les palmiers… Le déjeuner est très bon et très agréable. Cela fait longtemps qu’elles sont installées là, et elles nous racontent les débuts, la

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LE JOURNAL DE MAI, enlève ce qui te plaît

Dimanche 01 mai : tout seuls à Laï

En effet, Jérémie et Bertrand partent à Bongor pour l’inauguration du bar de Joseph, la « ronde des amis ». Comme il faut absolument que nous voyions chacun l’évêque avant son départ pour Le Caire, et qu’il ne rentre de Béré que cet après midi, nous souhaitons bon vent aux garçons et rentrons garder la maison…

C’est vraiment sympa que Blouze et sa famille habite la concession, il ne s’agit pas vraiment de partager le quotidien, mais le rapport avec les enfants est sympa. En revanche, même s’il n’y a pas de mots, la cohabitation doit être parfois pesante. Une famille avec enfants n’a pas les mêmes horaires que 3 volontaires DCC… C’est sûr que nous avons réveillé tout le monde en rentrant hier soir, mais ce matin, entre le bébé qui pleure à 5h30 et Blouze qui vient prendre l’eau dans un sceau à 6h30… le concept de grasse matinée est ici aussi inconnu !Parfois je me dis que ce serait plus chaleureux si la famille de JB habitait avec nous plutôt qu’au quartier Dombao, mais je crois que c’est mieux comme ça. En plus, Jean Baptiste épargne tous les mois pour construire un nouveau bâtiment. Et c’est grâce à cette épargne qu’il a acheté son terrain. Au bout du compte, c’est mieux pour lui.

Nous sommes invités à déjeuner chez les sœurs (2 québécoises et 2 japonaises) du foyer Nazareth. Hier, elle nous ont mis l’eau à la bouche en nous montrant leurs réalisations maison : pain, rillettes, moutarde, jus de mangue…Leur accueil est très sympa. Comme il est assez tôt, elles nous font visiter le foyer : les salles de classe pour les petites, celle des grandes, les chambres (6 de 4 lits), la cuisine. Les parents payent à l’année une petite cotisation plus deux sacs de mil ou un sac de riz décortiqué. Une femme va faire les courses au marché, mais ce sont les filles qui se préparent le repas elles mêmes. Plus haut sur le terrain, ce sont les plus grandes encore, et le jardin d’enfants, avec sûrement une exclusivité au Tchad, des jeux extérieurs (balançoires, manège) !Les filles viennent de toute la Tandjilé, beaucoup de Bologo ou Baktchoro. Le foyer est destiné aux filles venant de la brousse pour leur donner une chance d’étudier.Leur terrain est bien placé, en bordure du Logone. En fermant les yeux, on se croirait au bord de la mer : l’air, l’eau, le bruit du vent dans les palmiers…Le déjeuner est très bon et très agréable. Cela fait longtemps qu’elles sont installées là, et elles nous racontent les débuts, la période de la guerre où il y avait des militaires partout et où les tirs et coups de feu étaient monnaie courante. Il paraît qu’il y en a encore aujourd’hui le soir à Ndjamena.Nous les quittons pour essayer de choper l’évêque de retour de Goré via Béré. A 16 heures nous décidons de partir et prenons le chemin du fleuve, nos sacs sur la tête.Vérification par a+b de la loi de l’emmerdement maximum : après une journée d’attente pour le voir, nous voyons sa voiture sur le bac, pendant que nous sommes dans la pirogue, traversant le fleuve dans l’autre sens…Nous retrouvons la 504, son gardien, et tous les gamins qui nous annoncent qu’il n’y a plus d’air. Effectivement, avec tous les clous qui sortent des ponts, nous avons crevé à l’aller. Heureusement la roue se secours tient la route, mais nous serons spécialement attentifs au retour à ne pas crever celle-là.

Saut à Béré, où nous passons un message de Colette. La personne qui l’attendait aussi se prépare donc à rentrer. C’est fou le temps qu’on perd à cause de l’absence de communication. On attend, au cas où, et sinon on rentre…Il faut être prudent sur la route, c’est l’heure où il y a du monde autour des cabarets.Arrivée à Kélo, en passant par la case Boite Postale, avec tout pleins de bonne nouvelles pour nous. Nous sommes contents d’être de retour à la maison !Les pères et les sœurs ont vite compris, qu’ils n’avaient pas besoin de nous demander d’aller chercher le courrier pour que nous y allions… plus des ¾ sont pour nous à chaque fois !Puis coup de téléphone familial, les visites commencent à se prévoir !

Lundi 02 mai : férié et peu travaillé

Comme le 1er mai est tombé un dimanche, et vu que toutes les classes ont de l’avance sur le programme… le jour férié est reporté à aujourd’hui.Hier soir, nous avions mal joué les Mr et Mme météo… Confiants dans le climat, nous avions commencé la nuit dehors, pour se rentrer précipitamment devant la fréquence et l’intensité des éclairs et coups de tonnerre. Et il a plu toute la nuit…Le problème c’est qu’à l’intérieur, nous sommes au sec, mais au chaud. Nous sommes obligés de fermer les volets pour que la pluie ne rentre pas, et en plus la moustiquaire est un sacré coupe-vent !Bref, la journée a été plus reposante que prévue, puisque Samuel a pris en charge la bibliothèque malgré la jour férié. C’est donc un bon moment pour la comptabilité et la préparation des salaires.Mayeul pensait être tranquille, mais les ouvriers de Dogou sont venus le trouver. Hop, voiture de ramassage pour le chantier.Sauf pour Courto qui se pointe 30 minutes après…En fin de matinée, après s’être battu avec le frigo pour qu’il marche, nous sortons au quartier Pagré, derrière chez nous. En route vers le dispensaire, où Kévain, le « lycéen relieur » nous a invité. Sa mère est infirmière et responsable du dispensaire, la famille loge donc dans un logement de fonction dans la même concession. La plus jeune sœur et la tante du village décortiquent les arachides, et nous, nous discutons avec Kévain et ses frères, puis avec la maman qui s’arrache un moment de son travail pour nous saluer. Une chouette famille, j’espère que nous poursuivrons les contacts !Au retour, nous croisons des têtes connues qui habitent le quartier, Léontine (la sœur de Monique), Cécile de la SENAFET, Mika du basket, etc.Comme Jean Baptiste ne travaille pas, nous enchaînons sur un tour au marché, saluant au passage la libraire et prenant des nouvelles de son pari vente organisé au pili pili samedi.Alimentation centrale pour les œufs (Tit’poule s’abstient toujours de pondre, Kévain nous a proposé de la prendre un peu chez lui avec son coq) et l’incontournable Foster Clarks des grandes soifs, du pain, des mangues, ça fera l’affaire. Nous repassons par chez Babou où les pantalons sont enfin prêts. Mais sur l’un d’entre eux, il y a de grosses tâches : l’huile de la machine à coudre…Et déception à l’essayage pour les miens : il les a fait plus grands que le modèle, qui depuis la cure minceur du Tchad était déjà limite…Sans JB, c’est la course ! nous déjeunons à 14h30 et pas de sieste possible, puisque le défilé commence.C’est d’abord le coach qui me propose un marché : il voudrait que je l’introduise dans un club de basket professionnel en France. J’ai beaucoup de mal à trouver les mots pour expliquer que je ne vois absolument pas comment je pourrais

l’aider, que je ne suis pas du milieu, et qu’une lettre de ma part n’aurait aucun effet.Il a rencontré un militaire français il y a deux ans qui lui aurait fait partir du milieu du basket et avait proposé de l’aider. Mais pas de nouvelles… et pas facile de le retrouver, il a perdu son adresse et le connaît sous le nom de … Mickael Jackson !!Je lui propose de l’aider à monter un petit dossier CV/performances sportives, mais j’ai bien peur que cela ne conduise pas à grand chose et qu’il place trop d’espoirs en moi. Mais on peut toujours tenter !Puis c’est au tour de Missisipi, en colère contre Samuel qui lui a piqué hier le matériel sono pour la JEC, laissant le match de basket sans animation sonore. Il nous demande deux services : préparer des billets d’invitation pour la cérémonie d’enterrement des restes de son cousin défunt au village, puis de transporter ses invités au village, à 18km. Missisipi rend tellement de services que nous allons essayer de l’aider si c’est possible. D’ailleurs, « nous faisons partie de ses invités » !Puis Diallo qui vient nous inviter au CLAC mercredi avec la conférence n°2 sur « Que dit l’Islam de Jésus Christ », et avec qui nous discutons …religion, et avenir, que lui entrevoit aux Etats Unis. A 21 ans, en seconde. La réalité s’annoncera peut être moins idyllique.Puis le coach qui revient avec un panier de basket entier et d’origine. Un gars de Kélo vend ça, et c’est vrai que serait intéressant pour remplacer notre anneau en fer à béton que nous devons ressoudé tous les 2 jours. Le gars demandait 50000, puis le prix est tombé à 20000F. Je ne sais pas qui paiera, mais comme c’est une opportunité, la maison avance !Puis Bédoum qui vient pour son cours d’autocad du lundi. Mais comme Mayeul a la tête comme une citrouille (le soleil est revenu après la pluie, et l’atmosphère moite est assez peu agréable), le cours se transforme en une invitation à manger un bout chez Ouadi choc !Pendant la pluie, c’est agréable, mais après, outre l’humidité, ce qui est vraiment horripilant, ce sont toutes ces bestioles qui débarquent et vous poussent à bout de nerfs !Nous dînons donc d’un nashif spécial sous les étoiles avec Bédoum et Papa Martin, le chef de chantier. Nous sommes presque des habitués, ce soir, nous avons le droit à une assiette de tomates-mayo en cadeau, c’est fête !Et le meilleur, c’est quand même leur jus de goyave…

Mardi 03 mai : révolution chez OM, tout pour le sport

Mayeul passe sa journée en aller-retour pour Dogou. La piste en latérite reste encore à peu près correcte, mais qu’est ce que ça va être en saison des pluies.Il est content de son chantier. Malgré les rumeurs sur le compte de Courto, il fait du bon travail, et de qualité. Comme il s’agit pour la plupart d’ouvriers de Kélo déplacés à Dogou, ils travaillent beaucoup et auront fini en avance.Moi je me fais une petite matinée studieuse, planchant sur des annabacs de maths pour le cours de l’après-midi. Ca surprend, amuse ou en tous cas fait parler beaucoup de jeunes… Il y en a un qui m’a même dit que j’étais la seule personne à proposer ce genre de soutien, et que c’était une très bonne chose. Bien sûr ça m’a fait plaisir, mais je ne dis pas ça pour me vanter. J’ai juste pris conscience encore un peu plus qu’avec des profs qui te font sortir quand tu poses une question (ça retarde le cours), et parfois des parents et familles qui ne

parlent pas le français, ça ne doit pas être simple. Il y a bien sûr les cours du soir, dispensés par ces mêmes enseignants, mais ils sont payants. Je ne leur jette pas la pierre, quand on est payé tous les 6 mois, on se débrouille comme on peut.Seule ombre de la matinée, le gars handicapé avec qui Mayeul s’est fâché parce qu’il réclamait encore plus après que celui-ci lui eut donné de l’argent pour changer ses roues de fauteuil. Surtout qu’il est agressif et qu’en bref c’est un emmerdeur antipathique.Il est donc revenu car au départ l’argent était donné contre le balayage de la cour. Après leur algarade, Mayeul lui a dit de partir avec ses 1500F sans revenir. Bon, comme nous étions en train de dormir, il a commencé a descendre de son fauteuil et à terre à balayer avec sa manche… Nous l’avons trouvé comme ça une heure plus tard. Ca nous a beaucoup déplu. D’une part ce n’est pas acceptable de travailler dans ces conditions, et d’autre part, nous ne voulions plus le revoir. Il a sorti des larmoyants « tu m’as mal compris grand frère », mais ce gars va nous attirer des ennuis. Plusieurs personnes nous l’ont confirmé. Nous sommes allés vaquer à nos occupations et avons lâchement abandonné Jean Baptiste (qui s’en est beaucoup mieux sorti que nous car libéré d’un sentiment complexe de culpabilité-pitié…).

Bref, l’après midi commence donc par le groupe de maths de terminale D (ils sont restés à notre système d’avant 1995), et finit de manière plus sportive.Mayeul commence l’installation du nouvel anneau de basket avec le coach et Mississipi. Quant à moi, je « donne de ma personne » pour faire la publicité du volley.J’ai enrôlé l’abbé Innocent qui a un sacré smatch, et l’entraîneur de volley.Une fois le filet monté, il y a toujours du monde pour jouer. Ca fait une bonne ambiance, je suis plus à l’aise que la dernière fois car je connais plus de monde !Mais ils ne sont pas tendres, ni entre eux, ni envers moi ! Qu’est ce qu’ils peuvent être moqueurs… Toute balle ratée entraîne un commentaire hilare : « tu n’as pas mangé aujourd’hui ? » (pour un service au filet), « allez, faites nous jouer » (quand l’équipe adverse met plusieurs points de suite), et moi j’ai le droit à des « faut sauter » (sont gentils, mais le filet là, il est à la hauteur réglementaire des hommes alors je fais ce que je peux !).Et ce qui me fait plaisir, c’est que le fait que je joue à l’air de faire très plaisir aux deux coachs de basket. C’est vrai que pour l’instant, côté sport, j’étais plutôt du côté organisation que sur le terrain… J’aimerai assez essayer de me réserver cette plage du mardi après midi pour les entraînements, peut être qu’on pourrait s’entraîner entre filles.

La nuit tombe vite, et voilà déjà Bédoum qui arrive pour son cours d’autocad, Mayeul est fier de son élève qui progresse vite !

PS : c’était la journée de la presse. Programme prévu par les journalistes du journal Avenir : match de foot rédaction / lycée, puis soirée. En lisant le résumé de la journée, vous comprendrez qu’ils se sont bien bougés…

Mercredi 04 mai : suite

J’ai un peu le sentiment d’exploiter Mayeul : entre Dogou et l’histoire du panneau de basket, il n’arrête pas !Heureusement qu’il est là pour assumer le côté « bricolo » de ma mission, comme cette installation du panneau par le trio de choc, Mississipi et le coach en plus.

Parce que j’ai beau essayer de me mettre au jardinage, puiser parfois de l’eau, et penser de temps en temps à aller jeter des graines de mil à la basse cour, bon… je ne me suis pas vraiment transformée en manuelle !Exemple avec notre fabrication de fromage blanc : premier essai réussi avec le lait du marché mis en plein soleil, deuxième essai raté avec la lait de Bayaka, mis au frigo et opération réussie dans le frigo !Troisième essai aujourd’hui avec le lait de Bayaka livré par Etienne ce matin. Je ne sais pas s’il a manqué de soleil, mais ça n’a pas marché. J’ai mis le lait près du charbon incandescent et j’avoue l’avoir un peu oublié. Résultat des courses : on a du fromage ! un genre de raclette fondant…

Occupation de plus pour le bricolo : faire réparer notre roue de secours, puis le chassis de la voiture dont il s’est aperçu aujourd’hui qu’il était carrément fendu !Avec le visite quotidienne à Dogou et le transport des ouvriers, ça occupe… il faudra que j’attende le ventre criant famine son retour vers 13h30.

Mon groupe de maths de terminale C ne venant pas, je délaisse mes fonctions exponentielles et en profite pour rendre une petite visite à Monique.J’ai eu le passage ce matin de Pierre, le grand frère de Cali et Issibey, qui me demandait de prendre en charge les frais de dossier de Cali pour l’inscription au nouveau collège technique.Comme nous nous sommes faites avoir une fois à l’aider toutes les deux pour la même chose, je voulais voir Monique avant d’aider Pierre…Le quartier Pagré est vraiment agréable, plus « village », plus aéré, du vent, et que des enfants partout. Je croise Parfait, un gars de 3è qui fait du théâtre, en train de préparer un lopin de terre pour y semer du maïs. Avec toutes ces pluies (il a plu toute la nuit), les gens préparent vite les semences en redoutant un dernier coup de chaleur qui pourrait tout faire crever.Le seul endroit un peu casse pieds, c’est le passage devant le bar « l’écho d’Afrique » et ses cabarets. Je me fais bien sûr interpeller, et je me compose un rôle de jeune fille effarouchée « je ne rentre pas dans le cabarets »… Ce rôle n’est pas tout à fait naturel, mais partant du principe que si je rentre j’aurais à discuter avec une assemblée aux 4,9/5 bourrée, je préfère !!Toute la petite famille de Monique est là. Bonheur le petit dernier s’amuse depuis le matin avec un bébé pigeon mort qu’il me tend gentiment à mon arrivée…Nous discutons un peu. Monique voudrait monter l’équivalent de la crèche Avenir dans sa région de Doba où elle retournera à sa retraite dans … 15 ans. Elle est refroidie par l’accueil ici et compte bien retourner chez elle. Mais on se met d’accord pour qu’elle ne reparte pas tant que je serais là ! Monique est en train de devenir une amie, une des rares avec laquelle je peux me confier et où nous pouvons échanger plus en profondeur. Alors si elle partait à Doba !!Ce soir : Bienvenue en anglais, Bédoum et autocad pour Mayeul, Danga et Pinah pour moi.Je ne sais pas bien non plus ce que je peux faire pour eux. Pinah est venu me voir ce matin pour m’expliquer sa passion pour l’écriture, et sa recherche de maison d’éditions. Il a malgré tout conscience que la sélection est rude ! Je lui propose juste de l’aider à réécrire ses textes en bon français, sans changer son style.C’est complexe, je ne veux pas les décourager car je suis plutôt admirative de leur passion et de leurs efforts, mais d’un autre côté, comment leur faire comprendre que ce n’est pas parce qu’on écrit un texte qu’on a du talent et qu’on sera publié.

Jeudi 05 mai : plus tournés vers la mort que vers la vie (x3)

C’est vraiment un poème ces jours fériés. Comme c’est l’Ascension, aujourd’hui devait être férié. Finalement, ça ne l’a pas été. Enfin, si, pour les lycéens. Un des leurs a été écrasé par un camion hier soir et le lycée est en deuil, il n’y a pas cours de la journée.Dogou puis CEGT, Mayeul n’est plus jamais à la maison.Moi, après la permanence bibli, je file au marché chez Babou, puis chez la libraire. Un dame arrive en moto, leur fait une annonce en langue puis repart. Mme Odile se met à crier fort en ngambaye, puis à pleurer et se lamenter suivie des autres femmes présentes. Les pleureuses… un deuil est annoncé. Je les laisse et reviendrait chercher mes craies plus tard.Je n’aime pas trop ces manifestations excessives, ça a un côté superficiel et irritant. C’est peut être surtout que nous n’en avons pas l’habitude !Sur le chemin du retour, je suis interpellée par Monique et Menna du centre social. Elles ont un nourrisson dans le bras, née à minuit. L’accouchement a eu lieu au village, et s’est très mal passé. C’était une onzième grossesse et la maman est morte en couches. Toute la famille et l’entourage a organisé la place funéraire, tout le monde s’est préoccupé du deuil, et personne du bébé ! C’est tellement incroyable. C’est un oncle de Kélo qui s’est renseigné au bout d’un certain temps pour savoir si le bébé était en vie. Il s’est proposé de l’emmener au centre social, aucune femme n’a voulu l’accompagner… Ils n’ont que 800F en poche, les assistantes sociales l’ont envoyé acheté un biberon. Le bébé n’a rien mangé depuis sa naissance !!! Ils n’ont plus d’argent pour le lait. Monique et moi y allons de notre poche pour le lait Guigoz. Je fais aussi un saut à la maison piocher dans le carton de vêtements d’Ernest et trouver quelques vêtements de nourrisson. Pour l’instant la petite est nue dans un pagne.Monique, Jaqueline et Menna font une démonstration sur la préparation, la stérilisation… et font moult recommandations. Nous espérons toutes que l’enfant ne sera pas abandonnée ! Je propose à Monique d’aller faire un tour au village dans quelques temps pour vérifier.L’enfant sans nom est baptisée Menna… et elles me proposent sérieusement de l’adopter. Euh… c’est marrant mais un ¼ de seconde, ça m’a paru une solution simple ne posant aucun problème !

Nous déjeunons donc tard, une fois le bébé reparti. Ce qui fait que Mayeul enchaîne direct sur le chantier du collège… puis sur Dogou à nouveau, pour boucler et remporter le matériel restant.

C’est plus calme au centre culturel où je me replonge dans les voltmètres et ampèremètres et dans le calcul vectoriel dans le cadre de l’aide aux devoirs. Julie de Ndjamena m’a appelé, et bonne nouvelle, elle me propose une vieille TV mais qui marche. Ce serait le bonheur si je pouvais refaire des projections… On essaye de passer par Mathieu qui connaît la tante de la sous préfète qui voyage de Ndjamena à Kélo et qui pourrait me rapporter l’engin…En prévision de cela et de la soirée dansante du 15/05, je fais appel à Veibra l’électricien afin de remettre en état l’installation de la grande salle. Tous les néons grillés, tout à changer. Un trou de plus dans mon mini-budget. Mais cela pourra changer si je peux projeter des films !

Vendredi 06 mai : il court, il court, le furet blanc

Grr… à cause de Tobry absent une fois de plus, je rate mon rendez-vous hebdomadaire avec mes bébés !Mayeul, débarassé de Dogou, se remet à la conception de projets. Le chantier du CEGT avance à nouveau, ils sont en train de coffrer la dalle de l’étage.

Mathieu, lauréat d’un trophée d’entreprise, prépare sa visite en France. Il est invité deux jours à Paris au Lafayette Concorde avec dîner de gala et tout le tralala, mais la « participation » aux frais demandée est quand même de 3200 euros pour 2 personnes ! plus le billet d’avion, ça fait une sacrée somme.Mais il y a une dimension pub et marketing non négligeable et Mathieu tient à y aller. Il vient ce soir pour qu’on étudie la question d’une prolongation de son séjour, hébergés dans nos familles.

Jean Baptiste nous requinque à midi à coup de tarte aux mangues nappée de sa sauce pâtissière… On en profite la saison des mangues s’achève.Il nous informe du décès de sa cousine au village. Ca faisait un an qu’elle était malade, gonflée de partout. Le diagnostic populaire fait état d’un empoisonnement…

Il y a des après midi comme ça, on je retrouve le frénétique rythme parisien. JE cours dans tous les sens, essayant d’être présente dans quatre endroits à la fois (la bibliothèque pour m’assurer de la venue d’Edouard, enfin présent mais qui avait oublié ce matin que nous étions vendredi…, une réunion du comité d’organisation de la semaine de clôture des activités des mouvements de jeunes, le comité de rédaction du journal Avenir, et le matche de basket)…Je dois avouer que je dois être la seule dans Kélo à marcher à cette allure. J’aurais peut être un seul concurrent en la personne de Mayeul !Je sais que ça surprend, encore plus quand je suis en pagne, car cet instrument là entrave la marche.Ces blancs là, ils courent tout le temps !!N’empêche que je n’ai toujours pas trouvé comment faire autrement pour répondre à toutes mes obligations…Si au moins les réunions étaient efficaces. Mais avec le journal, on passe trois plombes à savoir qui a pris combien d’exemplaires, combien il en a rapporté, et moult détails aussi intéressants. Au comité, on décide gravement s’il faut des sucreries pour les invités en plus du sirop prévu à la soirée dansante. Mais bon, je prends le pli et en général, ça me fait plutôt rire maintenant !

Mayeul fait son cours nocturne d’anglais, et moi je fais également mes travaux du soir, profitant de l’électricité pour taper les articles du prochain journal Avenir, imprimer les billets d’invitation pour la soirée ou pour le table ronde, et des lettres de demande de subventions pour Marie Thérèse, dans le cadre de la lutte contre le Sida. Ouf, quelle journée !Il faut encore rédiger un communiqué pour la radio, afin qu’ils donnent des nouvelles des résultats du championnat dans l’émission Sport + (tout le sport, et même plus !) de demain.Heureusement qu’il fait frais, le vent se lève, on va bien dormir !

Samedi 07 mai 2005 : invités à une cérémonie

Nous laissons la bibliothèque en pleine effervescence : en plus de l’équipe habituelle, trois petits gars sont montés sur le toit pour en faire tomber les feuilles mortes accumulées depuis plus d’un an. C’est une sorte de « TIG » car ils ont perdu une revue de foot de la bibli…

En effet, nous partons à Daodou, un village à 18km sur la route de Laï et emmenons Mississipi et ses amis. Le cousin, propriétaire de la concession chez qui il vit à Kélo est mort en 2003, et sa famille vient d’ériger la tombe. Nous sommes donc invités à la cérémonie.

Mississipi nous promet sur le chemin des prières et des danses traditionnelles. Nous le faisons parler sur les rites d’initiation. Lui même est initié. Chez les ngambayes, pas de scarification, ni d’excision. Garçons et filles sont mélangés, regroupés en brousse. Des vieux leur enseignent l’art d’utiliser les plantes, celui de gérer un foyer, de faire face aux difficultés, etc. Mais il se passe aussi des choses magiques que les initiés ne comprennent pas.

Sur la piste en latérite, maintenant bordée des deux côtés par des pousses d’herbe tendre, des troupeaux de vaches et des campements. Ce sont les peuls qui se son installés. Leurs femmes sont reconnaissables, physiquement bien différentes des femmes « sédentaires ».

Arrivés au village, déception, les rites ont eu lieu hier… Seule « cérémonie » : une prise de photo des membres de la famille entourant la tombe. C’est une coutume de ne construire un mausolée qu’un an après la mort.Du coup, nous sommes un peu désemparés, les invités de Mississipi sont installés sur des fauteuils en bois sous le manguier, et attendent… le repas. Ca fait un peu pique assiette, personne en fait ne connaît le défunt !Les cousines nous apportent d’abord de l’eau, puis l’eau blanche ou le « délo de papa », une boisson couleur et texture café au lait, faite de riz fermenté, mais sans alcool. C’est sensé être revigorant, mais c’est pas bon…Nous enchaînons ensuite sur le thé, puis les mangues.Les fourmis commencent à nous gagner, je vais à l’intérieur de la concession où sont toutes les femmes et le enfants. Il n’y a pas grand monde qui parle le français. Elles me montrent la cuisine, un endroit séparé par 4 murs, sans toit. Au sol, deux foyers et des marmites où cuisent les morceaux du cabri que nous avons vu passé tiré par deux enfants. Sa peau blanche à taches brunes sèche sur un mur. Elles me disent que le riz n’est pas préparé et me demandent si je veux le faire. OK !Ca les fait bien rire, mais j’ai besoin de conseils car ce n’est pas exactement comme chez nous. Il faut laver le riz deux fois et jeter l’eau blanche. Faire bouillir l’eau avec de l’huile, puis jeter le riz.En attendant, les femmes discutent ou se font tresser. La maîtresse de maison me fait demander pourquoi je ne parle pas… je veux bien, mais en quelle langue. On essaie quelques gestes et beaucoup de sourires. Une d’entre elles s’est fabriqué un bracelet qui ressemble à une montrer avec un feuille. Quand elle me demande l’heure et que regardant sa feuille je lui réponds 13h30, hilarité générale dans l’assemblée…Voi-là !A table : on nous sert les meilleurs morceaux (du point de vue tchadien), à savoir les intestins et autres boyaux, à prendre avec des morceaux de pain.Cérémonie du lavage de main au dessus de la cuvette tenue par Mississipi.Nous pensons qu’il est temps de rentrer. Après une pause, je me lève pour en avertir Mississipi, mais lui même me dit que sa tante me réclame. Comme j’ai préparé le repas, c’est à moi de faire le partage, c’est à dire de préparer les plateaux pour les invités et la famille.Ce qui signifie que nous allons maintenant manger la viande et le riz… puis un thé… lavage de mains…Un des invités s’affole parce qu’il se rend compte qu’il ne sera pas à l’heure pour son devoir au lycée, qui commence dans 5 minutes.Bref, nous décollons, 15 fois plus chargés qu’à l’aller, car il y a toutes les casseroles, les nattes, et la moitié de la famille en plus.Nous redéposons tout ce petit monde chez Mississipi.

Il nous reste juste le temps d’une mini-pause, avant que je ne reparte lancer le volley. Avec le tee shirt DCC de Mayeul, j’ai la dégaine d’une basketteuse, et ça fait marrer les jeunes. C’est vrai que je ne sors presque plus qu’en pagne, et que me voir en pantacourt me surprend moi même ! Même Célestin, le cuisinier du presbytère, arrivant dans mon dos et le soir me saluera d’un « bonjour Mayeul » ! (et se rattrapera en me disant qu’il peut me dire Mme Mayeul…).Entraînement, match. Les gars ne sont pas beaux joueurs et ne passent pas la balle aux filles. Je vais chercher mon bloc-notes et essayer de racoler des joueuses pour la prochaine fois !

A la maison, Mayeul écume, et c’est rare. Le gars handicapé qu’il avait aidé l’autre jour est revenu. Mayeul lui avait donné 1500F pour qu’il change les roues de son fauteuil, il avait demandé plus. Mayeul s’était fâché lui disant que ce n’était plus la peine qu’il vienne faire le jardin en échange.Mardi il était venu le faire malgré nos protestations.Et aujourd’hui il se repointe, bourré comme un coin, affalé dans son fauteuil, entrant chez nous sans frapper, pour dire que le jardinage a été bien fait et qu’il veut 1500f. Aargh, il a déjà été payé, et on ne voulait pas de son travail, c’est à devenir fou.Il est saoul et ne comprend rien à rien, commence à emmerder Mayeul sur sa voiture, ses chaussures. Bref, il est foutu à la porte. JB qui n’a jamais entendu Mayeul s’énerver vient lui porter renfort. C’est vrai que pour l’énerver, il faut y aller…

Il y a ensuite les 3 petits gars qui viennent également enlever les feuilles mortes de notre toit, puis, qui, une fois le travail fini, battent l’hôte de ces lieux à plate couture aux dames. Il faut dire qu’ils s’entraînent tous les jours au centre culturel…Il faudrait que j’organise un championnat !

Dimanche 08 mai : ouverture de la semaine de clôture des activités

Que c’est difficile de sortir de son lit de bonne heure un dimanche matin alors qu’il y a eu du vent toute la nuit et que la température est un vrai bonheur…Après une messe étonnamment courte (juste deux heures !), nous partons faire le tour de la ville afin de donner un rendez-vous à ceux qui partent à Moundou avec nous demain.En fait de tour de ville, nos pieds nous mènent chez Tab et y restent un bout de temps. La concession de son grand père est assez importante, comprenant au moins 5 cases d’une ou deux pièces, dont certaines sont louées. Un accueil royal avec mangues, thé et arachides, servis par la cousine de Tab. Sa nièce Anastasie a fait beaucoup de progrès depuis Fabien, maintenant, elle n’a plus peur des blancs et vient jouer avec nous sans crainte !Nous sommes rejoints d’abord par Djim, le fils de Martin le chef de chantier, et qui y travaille également comme manœuvre, puis par Bédoum, ce qui nous évite d’aller chez lui pour lui donner RDV.Nous essayons de planifier un peu la journée, mais c’est compliqué, nous avons du mal à comprendre certaines choses. Nous nous étions dit que nous déposerions Tab chez sa femme pour qu’il voit ses deux fils le plus longtemps

possible, mais l’intéressé dit que non, nous ferons ce que nous avons à faire, puis nous irons ensemble les visiter avant de repartir.Nous finissons par comprendre qu’il n’est pas possible « par tradition » de rester longtemps chez sa belle mère.Mayeul continue vers le marché avec les garçons, et moi je prends le chemin du quartier Pagré chez Monique.Son oreille va mieux, elle ne nous accompagnera donc pas demain pour une visite à l’hôpital. Elle me laisse pouponner son petit fils et me raconte que Pierre est venu la voir pour lui demander de l’aide pour le dossier d’inscription au CEGT de Cali. Heureusement que je l’avais tenue au courant de ma démarche ! Elle lui a fait comprendre que nous nous concertions toutes les deux et qu’il ne fallait pas essayer de nous doubler… J’espère que le message est passé.

Il est déjà tard, et on rempile sur les activités de l’après midi : à la fois match de basket reporté (match nul) et ouverture de la semaine de clôture des activités des mouvements de jeunes. Chaque mouvement est responsable de l’animation d’une journée, et aujourd’hui ce sont les scouts qui s’y collent !Mayeul et moi ferons l’aller-retour entre les deux, passant d’une chanson (escouts toujours !…prêts !à l’aise…) ou d’un scketch à des paniers et engueulades des joueurs stressés par le résultat… Il y a une basketteuse qui joue les supportrices et fait surtout la mouche du coche auprès de l’équipe perdante. Pas très fair-play, ça !

Mayeul a laissé tout ça pour filer en voiture chez Emile que nous emmenons également demain avec nous. Il fallait passer chez lui pour emporter deux fauteuils qui doivent aller à Moundou. C’est vraiment un chic type, bien handicapé et avec très peu de moyens matériels, mais honnête et réglo. Souvent il nous offre un poulet ou des œufs pour nous remercier de l’aide. Sa concession est proprette, joliment entourée de petites haies (en souvenir du temps où il était jardinier chez les sœurs canadiennes ?). Une petite case rectangulaire pour dormir, un petite case ronde pour la cuisine, où ce soir sa fille finissait de préparer le dîner, toute fière de son passage en CM1 (après CP1 et CP2).Emile a montré à Mayeul qu’il s’était bien acheté de la paille avec ce que nous lui avions donné pour remplacer les toitures envolées avec les tempêtes. Nous lui faisons vraiment confiance à lui, ce n’est pas comme avec l’autre agressif !

Lundi 09 mai : taxi collectif pour Moundou

Comme nous nous réveillons plus tard que la majorité des tchadiens (avec la fraîcheur revenue, nous n’émergeons que vers 7h10), les réveils sont souvent brutaux. Il ne s’écoule que quelques minutes en station debout pour qu’il y ait déjà des gens devant la porte.Ce matin, c’est la foule : Jean Baptiste arrive un peu gêné, nous disant qu’il a une nièce qui était en visite et qui a la palu, qu’il faudrait la ramener chez sa mère à Moundou. Tous les autres sont des « accompagnants », qui accompagne les voyageuses, mais qui restent à Kélo. Puis arrivent Bédoum et Tab. Enfin Emile, avec ½ heure de retard. Mais comparé aux occasions du marché, nous partons à l’heure !Je reconnais mon humeur de chien… quand on ne me laisse pas un peu tranquille le matin…Bref, tout le monde s’installe au milieu des énormes marmites et casseroles que JB rapporte à Moundou et des deux fauteuils qu’Emile rapporte à Moundou.La route a bien changé depuis la dernière fois. Le paysage est bien plus vert.

100km et une heure et demie plus tard (avec tout ce chargement, la 504 peine) c’est Moundou.Nous déposons Emile au centre handicapé pour qu’il puisse voir où en sont ses chaussures orthopédique. Nous croisons Simon le kiné, et avons la surprise de tomber sur Anne Sophie, venue de Pala, avec ses nouveaux voisins, le couple de français expatrié (la soixantaine, médecin et infirmière).Re-petite séance d’énervement quand il faut trois plombes à Emile pour trouver quelqu’un qui indique l’endroit où déposer les fauteuils, blablabla, où donc est passée l’efficacité ?!Nous reprenons la route avec un nouveau venu dans la voiture, que nous avons déjà croisé à Kélo, mais sans le connaître plus que ça et qui monte comme ça.« - Qu’est ce que tu fais là ?

- je viens me distraire avec vous.- Tu pourrais demander avant de monter dans la voiture !!!!!- … »

Je vous jure ces tchadiens !

D’abord un petit tour à la procure où nous croisons un DCC encore inconnu, Patrick le constructeur de Doba, qui rempile pour une troisième année.Pas de chance pour nous, le magasin n’a plus de fromage de Dounia.Je vous refais la scène :« -Bonjour, est ce qu’il vous reste du fromage ?

- ah non, il n’y en a plus.- Ah, dommage.- Hé, mais vous êtes ceux de Kélo, ceux qui m’avaient passé un contact à

Bordeaux ?- Oui…- Attendez, je vais vous chercher un fromage… »

Bon, malgré ça, il n’y en avait vraiment plus !

Nous sommes venus à Moundou pour les affaire de tous (sauf les nôtres), donc nous enchaînons sur l’Eden, le café de l’oncle de Bédoum. Un coin verdoyant et frais, avec une pépinière. L’oncle s’y connaît en botanique et nous montre ses supports de greffes et ses résultats de croisement de limes et d’oranges, ou de pamplemousses. La sécheresse a asséché son puit et l’arrosage lui coûte en temps (3h) et en argent.Nous buvons un petit coup et Bédoum commande 4 soupes de poulet. L’oncle est parti se reposer et c’est le cousin qui gère a sa place. D’après Bédoum, un bon à rien fainéant, qui nous fait servir 2 soupes à la place des 4 payées. Nous ne saurons tout cela qu’après. Mais nous, nous n’arrivons pas à comprendre qu’il ne soit pas possible de râler et de revendiquer dans ces cas là. Les histoires de famille où on ne peut pas tout se dire…

Saut à la CNPS (charges patronales et allocs familiales) pour JB ? Merci la CNPS, ça nous donne l’occasion de voir le meilleur du reste de l’administration française.Après un accueil empressé (vous venez pour des versements ? sous entendu de charges patronales / non, plutôt pour un retrait), JB arrive à avoir ce qu’il veut, c’est à dire ses allocations des 2è, 3è et 4ème trimestres 2004. Pour 2005, ça n’est pas arrivé.Mais là Mayeul jette un œil et tombe sur le plus beau du décompte : un enfant décompté au 2è trimestre, idem au 3ème, et pouf les 7 au 4ème… Sachant que JB a le reçu du 1er trimestre où il n’y avait encore que 6 enfants.

Bon, ça a pris un quart d’heure pour que les employés reconnaissent qu’il y a eu erreur. Seule chose à faire : aller à Ndjamena. Yeepee !Il faut être riche pour avoir la chance de percevoir ses allocations ici…

Passage au centre social où Monique m’a demandé de passer voir la responsable pour essayer de rapporter son salaire du mois d’avril. Elle est malade, la sentinelle monte dans la voiture et nous conduit chez elle.La pauvre, elle se coltine un palu depuis une semaine, elle est affalée sur une natte dans la cour, et elle rajuste bien vite sa tenue en nous voyant débarquer.Comme on ne tape dans les main pour avertir de notre arrivée qu’une fois dans la cour…Elle nous reçoit gentiment et nous verse l’argent qu’elle a récupéré hier. Ce qui nous permet de faire les curieux et de nous rendre compte que Monique, comme assistante sociale, touche le même salaire que nous (si on prend pour nous indemnité+forfait nourriture), soit 150 000Fcfa.

Nous déposons JB sur le chemin, pour qu’il aille saluer son beau frère au marché, et nous continuons le périple. Prochaine halte : la concession de la belle mère de Tab.Nous y sommes et découvrons ses deux petits gars, Bonheur et Laguerre. Le premier est le sosie de son papa. 4 ans, et costaud comme un petit lion. Avec la même tête et le même mauvais caractère. J’ai rarement vu un petit aussi peu sourire et être aussi sérieux. Nous faisons connaissance avec sa femme, Amazone. Heureusement qu’il nous dit que c’est elle, car comme elle est venue saluer en nous serrant tous la main, on aurait eu du mal à deviner.Cette indifférence (au moins feinte) nous laisse un peu mal à l’aise. Nous imaginions des grandes retrouvailles comme chez nous avec des effusions, mais c’est vrai que ce n’est pas le genre !Nous irons prendre une sucrerie dans un boui-boui avec sa femme et Bonheur, puis reviendrons dans la concession. Une femme est en train de faire de la poterie et de préparer des canaris avec de la glaise. Sans tour ni moule, la forme est miraculeusement pure.Bonheur ne décoince toujours pas un sourire, mais se rapproche un peu de son papa. Seul moment d’ « intimité », Amazone et Tab vont dans la rue 5 minutes pour discuter un peu. Elle rêve de venir à Kélo, mais Tab ne peut pas la loger chez son grand père, il économise pour un terrain.Le petit Bonheur montrera ses sentiments au moment du départ, il restera tout seul au milieu de la route en pleurant… Pauvre petit gars !Tab raconte un peu sa vie, et nous explique que lui s’est marié « au commissariat »… Le père d’Amazone était muté dans le nord et sa fille ne voulait pas le suivre. Comme elle devait fréquenter Tab, les parents n’ont pas dû leur laisser trop le choix.

Direction le marché, où nous récupérons JB. J’ai l’impression de sortir avec mes gardes du corps, car ils tiennent à m’encadrer. Comme nous allons voir le coin des pagnes, j’ai d’autant plus cette impression, et nous n’y resterons pas longtemps. Idem pour les fruits et légumes. Nous pensions faire de bonnes affaires à la grande ville, mais comme tout arrive du Cameroun via Bongor, Kélo est plus près que Moundou et les prix sont plus bas chez nous.

Passage au centre handicapés pour récupérer Emile. Finalement, les chaussures ne sont pas prêtes et il faut qu’il reste pour les essais demain. Il a un peu d’argent pour la nourriture, mais il faut lui donner pour son voyage retour en occasion.

Retour vers Kélo après toutes ces courses, avec juste un arrête sur le chemin pour acheter les sacs de charbon au bord de la route. Ils n’ont pas les taxes de Kélo et sont donc moitié moins chers. On va finir par connaître tous les trucs !C’est moi qui ai pris le volant, Mayeul a fait chauffeur toute la journée. Il paraît que je vais trop vite, Tab est malade, et JB rigole disant que je conduis pour aller vite vite travailler parce que je n’ai pas encore travaillé de la journée. C’est juste que 1/ ils n’ont pas l’habitude de la voiture et 2/ nous sommes moins chargés qu’à l’aller. Na !

Ca y est, toute la troupe a été redéposée chez elle, sauf JB qui reprend directement son « tablier ». Mayeul continue également jusqu’à chez Emile, car sa fille est seule et il faut la confier aux voisins et leur expliquer.Moi je fais un saut à l’animation de la journée (JEC et guides), puis c’est l’heure du groupe de maths. Suites et intégrales, jusqu’à la nuit. Et ils en redemandent, vivement le bac que je sois tranquille !

Le vent se lève, les éclairs illuminent tout, mais pas de pluie. Je trouve Mayeul devant la porte apparemment tout seul.En fait, il parlemente avec Séraphine, la fille d’Emile, qui pleure silencieusement…Comme les voisins n’étaient pas là, la petite est revenue à la maison. Mayeul a fait le parfait baby-sitter : elle a bu de la grenadine, ils ont joué au mikado puis au puzzle. Jean Baptiste a bien expliqué la situation en ngambaye et tout allait bien. Puis avec la nuit, elle a du avoir peur de cette situation nouvelle : chez des inconnus, dans une maison en dur, une assiette qui l’attendait. Elle s’est plongée dans un mutisme profond, dont personne n’a pu l’en sortir, et elle ne bougeait pas.JB parti, la situation ne se débloquant pas, une fois que je suis rentrée, nous l’avons mise dans la voiture et nous sommes repartis chez elle, derrière la Cotontchad. Ouf, les voisins étaient là, et leur fille parlait suffisamment français pour comprendre l’histoire !Une petite fille de 9 ans, dégourdie au point de faire tourner une maison, pas trouillarde d’être seule dans une case sans adulte, mais perdant la tête dans une maison en dure avec des blancs. Les enfants d’ici sont décidément différents de nôtres, et pour cause !Infiniment plus débrouillards pour le quotidien, mais avec une éducation qui n’incite pas à la réflexion, mais qui fait la part belle à l’obéissance quasi aveugle.Bref, une journée bien remplie, avec ses imprévus !!

Mardi 10 mai : mensonges et vérités

Pendant que je m’occupe gentiment avec Anne Marie et Yannick de la mise au point de la tombola (confection des billets, organisation, lots), Mayeul lui démêle des histoires autrement plus pénibles.Les ouvriers de Courto Enock (nouveau surnom : Courtox l’intox) étaient devant la porte au réveil. Ils n’ont toujours pas été payé du chantier de Dogou. Ils ont retrouvé Courto qui leur a demandé d’être patients… Eux sont des gens modérés et ne souhaitent pas aller en justice. Mayeul part avec eux à la rencontre de l’individu qu’il trouve sur un de ses chantiers.La discussion est houleuse, Courto recommence ses histoires abracadabrantes, ne comprend pas toute cette histoire faite par des fournisseurs à qui il doit un malheureux 200 000F…Après une mise au point musclée, il arrête son cirque. Il a des dettes partout et est convoqué demain à la brigade, sur dépôt de plainte des fournisseurs en

matériel, qui, malheureusement pour lui, sont beaucoup plus hargneux que ses ouvriers. Affaire à suivre.C’est incroyable qu’il ait encore des chantiers, car il commence à être connu. Il a fait le même coup sur le chantier d’Ali, l’ancien directeur de Mathieu.

En fin de matinée, j’accompagne Atik, un des journalistes, au collège lycée Moammar Ghadafi pour prendre en photo l’intendant qu’ils ont interviewé pour le prochain numéro du journal.Le collège est modeste, deux cases et des hangars, mais accueille 300 personnes. L’intendant est absent, mais le « fondateur » est là, et il a des choses à dire !Sur les bâtons mis dans les roues, sur l’absence totale d’aide de l’Etat, sur les dossiers pour le bac qui coûtent 25000 alors que le prix est à 5000 pour le lycée public, sur le mépris pour l’initiative privée si tu n’as pas ta carte du MPS (Mouvement pour le Salut). Lui aurait la technique pour fabriquer de l’engrais avec les déchets ou même du whisky à partir de tomates ( !!), mais abandonne faute d’aides.

L’après midi, c’est la table ronde, dans le cadre de la semaine de clôture des activités. « Jeunes dans la société et dans l’Eglise », avec comme intervenants, des jeunes, des parents, des éducateurs, des profs, des prêtres.Le tableau dressé est franchement sombre : Sida, baisse du niveau scolaire, perte de repères, abandon des parents, avenir bouché, église trop exigeante, sous-information, etc.Effectivement, le cri lancé par les jeunes en réponse aux évêques d’Afrique Centrale réunis en janvier à Ndjamena sur le même thème est accablant.Les jeunes rejettent tous leurs problèmes sur leurs parents, leurs profs ou sur les prêtres, mais c’est un fait que tous ont des problèmes et que ceux-ci sont réels.

Quelques interventions sont édifiantes : un médecin qui prend la parole pour expliquer que très peu de jeunes choisissent leur métier, qu’ils font carrière là où ils ont eu l’opportunité. De ce fait, 90% des profs ne le sont pas par vocation.Une jeune fille qui explique que dans les écoles communautaires en brousse, le chef d’établissement peut perdre son poste si les résultats sont médiocres. Ce sont parfois les profs qui passent les examens.L’abbé Christian fustige le mélange entre éducation et politique. Il est vrai que beaucoup d’enseignants sont affiliés MPS et mélangent un peu tout. A Laï, pour la venue du président Déby, les cours au lycée ont été suspendus. C’est vrai qu’avec l’avance qu’ils ont sur le programme…Concernant la sexualité et la perte des repères devant l’invasion de films et journaux occidentaux, tous reconnaissent la disparition des valeurs traditionnelles. Certains regrettent que le mariage chrétien (version tchadienne) soit si exigeant (il faut être impliqué dans la vie communautaire, prouver que l’on prie ensemble chaque jour ( ?)), d’autres témoignent de la nécessité d’une éducation sexuelle à faire par des éducateurs pour qui le sexe a toujours été tabou. Un jeune précise aussi qu’il est parfois difficile de parler à ses parents alors que quand « le papa revient à la maison, plus personne n’a le droit de tousser, alors parler… ».Tout n’est pas rose pour un jeune tchadien, c’est le moins qu’on puisse dire !

Deux évènements confirment une partie de ce qui s’est dit.Le président devait venir à Laï samedi pour la pose de la première pierre du pont qui doit enjamber le Logone et désenclaver la ville. Tous les membres MPS de la région se devaient donc d’aller l’accueillir (et donc Mathieu).

Finalement, sa visite a été reportée à lundi. La ville a été bouclée, le bon peuple devait rester et attendre.En réalité, ce n’est pas Déby qui est venu, mais le premier ministre…

Ce même premier ministre qui a été annoncé à Kélo ce matin, et qui n’a prononcé son discours qu’à 16 heures place de l’indépendance.Nous avons ainsi été obligé de décaler l’heure de notre table ronde, car il y avait justement des intervenants qui devaient aller se montrer là-bas !Monique était surprise que le discours n’ait pas eu lieu ce matin. Normalement, dés l’arrivée de la personnalité, il y a des danses et des youyous. Elle analyse cela comme étant une conséquence de la fatigue des gens vis à vis de ce gouvernement menteur, incompétent et… éternel !

C’est rare d’aborder autant de fois le sujet politique en une journée, les tchadiens sont plutôt discrets sur la question.Nous avions juste eu une fois une conversation avec Bédoum (à propos son nom signifie : le peuple plus fort que le roi), qui nous expliquait qu’il n’y avait pas beaucoup d’opposants, que Déby les achetait à coups de privilèges et de postes ministériels…

Mercredi 11 mai :climat de ouf

Nous qui nous croyions débarrassé des grosses chaleurs, ça a recommencé cette nuit, et nous entamons la journée les yeux rougis par l’absence de sommeil.Mayeul rassemble son énergie pour aller sur le chantier du CEGT où le coffrage de la dalle se fait doucement mais sûrement. Ils ont fini par recevoir leur bois, mais ils perdent du temps à le raboter car il est de mauvaise qualité.Le neveu de Mathieu qui revenait de Ndjamena avec du matériel s’est fait voler son sac dans l’occasion du marché à Bongor.La sentinelle profite des pluies pour semer sur le terrain non bâti du site du chantier (après avoir demandé la permission)… il y aura du maïs et des arachides. Si ça pousse bien, il a promis un sac à l’architecte.

Après être passée du coq à l’âne via le cheval (c’est à dire faire bibliothécaire tout en préparant un problème de suites convergentes en étant interrompue pour régler les histoires d’anneau de basket ou d’achat de chaux pour marquer les limites du volley), je me préparais à recevoir les petits de CM2 de l’école Notre Dame pour leur faire visiter le centre et leur lire une histoire, histoire justement de leur donner le goût de la lecture.Ne jamais croire que quelque chose est sûr…Comme les enseignants devaient se réunir pour préparer la journée nationale de l’enseignement catholique, ils ont renvoyé les enfants chez eux.

Aujourd’hui, c’est la match de volley, équipe locale contre équipe du quartier. Mississipi et le coach sont partis acheter la chaux et faire réparer le ballon chez le cordonnier.Un autre anneau de basket a fait son apparition… C’est curieux !Nous en avons acheté un la semaine dernière, et voilà qu’on nous en propose un autre. Je me demande où est ce qu’ils dégotent des trucs pareils ?En tous cas, ça devient chaud chaud au niveau financement, et c’est Mayeul et moi qui payons ces anneaux, on verra après.Heureusement que les DCC de Ndjamena viennent de me proposer une TV. Si on pouvait recommencer les projections payantes, ça m’aiderait (ça m’avantagerait beaucoup comme disent les tchadiens) !

Parfois ce sens du commerce m’épate. Des anneaux de basket font leur apparition chez toi, à domicile. Des petits (enfants de la rue) viennent à chaque match où il y a du monde pour revendre des chewing-gum. Un gars vient pendant l’échauffement avec un sac à dos rempli de paires de tennis… A côté de ça, que ce soit à l’alimentation centrale ou au marché, que tu achètes un exemplaire ou 50 000, ce sera le même prix unitaire !

Après le déjeuner et une sieste dégoulinante (nous avions presque oublié ça), je laisse Mayeul et JB travailler à la maison, et je pars avec Anne Marie au marché pour acheter des cadeaux pour les jeunes qui seront récompensés pour leur dynamisme et leur dévouement samedi.C’est fou ça, nous sommes deux nazaras ! D’accord elle n’est pas tchadienne, mais camerounais, c’est quand même un peu noir, non ?Nous nous en sortons pas si mal que ça, arrivant à des marchandages corrects pour les tee-shirts, lampes torches, foulard de tête et autres bonbons. Nous nous accrochons juste un peu avec les gars de l’alimentation centrale qui après une demi heure de parlotte nous offre un Foster Clarks (le tang qui nous servira de boisson pour la soirée dansante de samedi) pour 30 achetés !

De retour sur le terrain de volley, tout se prépare, la sono, les bancs et les tables sont mis en place.C’était sans compter sur les gros nuages noirs, et sur l’orage qui est arrivé à ce moment là !Finie la chaleur, il a plu tout l’après midi, annulant le match. Nous nous sommes tous retrouvés entassés à l’intérieur ou sous l’auvent du centre culturel. Il y avait du monde. Certains ont pris les jeux de dames, moi je suis allée chercher le master-mind pour apprendre ça à Mississipi et Roland, bientôt entourés par d’autres spectateurs participants. Une bonne ambiance. J’apprécie ces moments où je sui tranquille, au milieu des jeunes.Finalement, ça s’est calmé vers 18 heures, et quelques irréductibles ont un peu joué, mais le match est reporté à mardi.

A la maison, Mayeul et Bédoum sur Autocad…Le petit Alladoum, qui était venu enlever les feuilles sur notre toit, a pris goût aux parties de dames avec Mayeul et est venu prendre RDV pour la prochaine manche !Il fait partie de la bande des petits séminaristes renvoyés car ils ont échoué à l’examen de baptême…

Jean Baptiste est rentré tôt ce soir, il s’active beaucoup pour son chantier. Il a eu de la chance, il a construit son four suffisamment tôt pour que la pluie ne gêne pas sa fabrication de briques. C’est du boulot, mais c’est assez rentable d’ailleurs cette affaire, si on fabrique les briques seul, sans payer de main d’œuvre. Ca coûte 5000F de maçon pour le four, et après, la brique est revendue à 25F plus 10F de transport. JB espère un bénéfice de 30 000F (près d’un mois de salaire).Comme il n’a pas d’argent pour acheter un terrain pour son deuxième fils Séraphin, il construit une case de deux pièces qui sépare l’espace en deux. Comme cela, il pourra laisser un bout de son terrain à Séraphin. Il a fait les fondations, et Mayeul est allé faire un saut ce matin pour lui donner quelques conseils. Apparemment, ça va, c’est bien fait.On se répartit les services : Mayeul le technique, et moi l’administratif. Nous avons rédigé ensemble ce matin une lettre pour la CNPS de Ndjamena, expliquant l’erreur de calcul sur les allocations (base du premier trimestre : 6 enfants, base du 2ème, 1 enfant, base du 3è, 1 enfant, base du 7ème, 7 enfants)…

C’est bien, nous avons l’impression de nous rendre des services mutuellement !

Nous avons eu la visite d’Emile aussi, revenu de Moundou avec ses nouvelles chaussures dont il est très fier.L’épisode de sa fille Séraphine la timide l’a bien fait rire… « Vous vous l’aimiez, mais elle, elle ne voulait pas vous aimer »…Sacré Emile, avec sa manière de parle bien à lui !!

Jeudi 12 mai : pauvre Mayeul…

Le pauvre Mayeul qui ne peut même plus travailler… Toute la matinée, il a été réquisitionné par Mississipi et le coach pour l’installation du nouvel anneau de basket : soudure, trou à la perceuse, etc, etc… Il a à peine eu le temps de faire un saut sur le chantier aux aurores !Moi, après la bibli, c’est plus détendu : grande conversation comme je les aime avec JB sur nos nouvelles expériences gastronomiques. On va tenter la confiture de patates douces.Etienne est venu de Bayaka nous livrer du lait, mais ils l’ont fait bouillir… je ne sais pas ce qu’on arrivera à faire avec ça !J’ai profité de l’ordinateur disponible pour taper les pièces de théâtre et autres sketchs d’Aristide. C’est assez mauvais et parfois prétentieux (« ô Aristide, artiste, star »…).

Et l’après midi, ça ne s’est pas arrangé pour Mayeul. C’est ça l’inconvénient de travailler à la maison, il est sans cesse déranger par les visites. Samuel pour le cours d’anglais, Elie parce qu’il est accusé par les sœurs de n’avoir pas apporté les grillages moustiquaires pour lesquelles elles lui avaient donné de l’argent au moment du chantier, un ouvrier de Courto parce que Mayeul lui a proposé de le présenter au chantier mais qu’il n’a pas d’argent pour faire son dossier, etc…Et en plus de tout ça, la nouvelle vague de chaleur lui a fait apparaître une crise plus qu’aigüe de bourbouille, ces plaques rouges sur le corps des pauvres petits blancs peu habitués à autant de transpiration et de chaleur.Autant dire que les colis arrivés aujourd’hui de Ndjamena via l’armée ont été les bienvenues, vu qu’ils contenaient justement une lotion aux plantes sensée calmer cette bourbouille ! Merci maman et les conseils avisés de la famille !!Je reçois par la même occasion les derniers livres en provenance de la librairie La Source, qui clôturent ma subvention de la coopération française.

Cet après midi, je me partage entre l’animation du jour de la semaine de clôture et l’aide aux devoirs du jeudi. Une après-midi pour les petits, puisque ce sont les Kemkogui sur le podium, un groupement africain d’enfants qui chantent et dansent, « bonne arrivé aux papas, bonne arrivée au mamans »…, et qu’ensuite j’ai rendez-vous avec Sophie pour de l’analyse grammaticale niveau 4ème (quel casse tête !!) et avec trois petits gars de 5ème pour les maths. Ils sont mignons à cet âge là…

Autre bonne nouvelle du jour, une nouvelle installation mayeulienne à base de fil de fer sur le toit qui fait office d’antenne. Du coup, RFI est presque à notre portée…

Vendredi 13 mai : tiens ? ça nous pousserait à être superstitieux…

Il y a des fois comme ça, et finalement, c’est assez courant, où rien ne se passe comme prévu.

Vendredi matin, ma petite pause « enfants »… Déjà la semaine dernière, Edouard me l’avait sucrée car il ne pouvait pas assumer la permanence à la bibliothèque. Rebelote ce coup-ci, mais j’avais pris la précaution de demander à Samuel de le remplacer.C’était sans compter l’arrivée de Samuel à la maison ce matin à 7h15 pour m’annoncer qu’il avait une nouvelle mission avec l’hôpital de « monitorage » et qu’il ne pourrait donc travailler à la place d’Edouard.Zut et re-zut, je fais la rebelle, j’irais moins longtemps à la crèche, mais j’irais quand même. Malgré tout, c’est moi qui me tape les jeunes pas contents qui attendent devant la porte.Je vais donc une petite heure chez les petits, où j’essaierai avec Claudine de leur faire comprendre les règles du « 1-2-3 soleil » ! En fait, ils sont un peu petits pour jouer à ça… mais ça les a fait rire.Bon, fini la pause, c’est la bibli.Il sera dit que ce sera court, car à 10h15 Yannick débarque en annonçant que Mississipi vient de se faire renverser par un clando (les motos taxis). Je vide tout le monde, je vais chercher Mayeul et la voiture, et nous filons à l’hôpital.

Après renseignements, nous localisons notre ami, dans le services des urgences. C’est le titre, mais il s’agit d’une pièce où trois patients attendent l’infirmier. Je ne suis même pas sûre qu’il y ait eu un médecin. Je ne leur lance pas la pierre, ils sont deux pour tout l’hôpital !Bref, ils sont en train de soigner le clandoman qui s’est blessé à la lèvre. Mississipi est sur le dos, et il a l’air de souffrir. Les gens rentrent et sortent de la pièce comme dans un moulin, pour voir le spectacle.Ne pas s’énerver…Il n’est pas soigné parce qu’il lui faut d’abord un carnet de soin. Aller à la guérite d’entrée où ils les vendent. La dame est partie… Yannick suggère d’aller acheter à la librairie d’en face un cahier qui fera l’affaire…Revenir dans la salle de soin… OK pour la cahier mais il faut retourner à la guérite acheter le ticket de consultation… arrgh !Ca y est, ils ont tout, la consultation peut commencer !Diagnostic (déchiffré d’une écriture illisible de médecin sur le carnet) : polytraumatisme et multiples contusion. Ordonnance : pommades et antibiotiques.Une ordonnance pour la pharmacie de l’hôpital, une autre pour la pharmacie de dehors pour les produits qu’ils n’ont pas ici. A l’extérieur c’est cher, 6100 F pour deux produits.Nous revenons avec tout ça dans la salle. Les infirmiers lui font une injection antitétanique, puis un massage. Ca le fait hurler de douleur, et moi ce qui me fait grincer, c’est tous les curieux qui viennent voir !On peut mesurer sa cote de popularité au nombre de gens qui viennent à l’hôpital : de nombreux lycéens sont arrivés.Finalement, il peut rentrer chez lui. Heureusement que nous avons la voiture car il est incapable de marcher.Le gendarme de la brigade qui a fait le constat est là, ainsi que le propriétaire de la moto. Mississipi nous demande la liste de nos dépenses. En théorie, nous devrions être remboursés par le fautif… Ils roulent à toute allure ces clandos. Leur raison : faire le maximum de courses avec le minimum d’essence…On dépose Mississipi et la troupe qui est montée à l’arrière de la voiture chez sa tante où il est installé sur une natte à l’ombre.Bon, il est temps de s’éclipser et de le laisser se reposer.

Quand on a un pépin de santé ici, c’est vraiment à la dure… A l’hôpital, et une fois rentré, allongé sur le sol dans la chaleur !On croise égoïstement les doigts…

Nous rentrons à temps pour voir arriver Djolba, en direct de Ndjamena et en route pour Doba. Il nous apporte la TV des DCC de la capitale qui ont proposé de nous la donner pour le centre culturel en remplacement de celle tombée en panne, il y a un an et ½ ….Et JB nous fait des frites, ce qui finit de nous regonfler… s’il n’y avait cette chaleur !Mayeul recommence un crise de bourbouille. Nous appliquons avec application la lotion de Foucault. A suivre.Heureusement, une pluie arrive sous un ciel bleu qui se grise au fur et à mesure.Et c’est sous une pluie battante que je prendrais la 504 pour retourner faire une petite visite à Mississipi, qui va mieux.

Puis cours de maths, et théâtre sur le grand podium. Bon, la troupe Etoile ne se renouvelle pas beaucoup. En 4 mois, on a eu le droit à au moins 4 fois leur sketch Karina !Et le pauvre Mayeul qui a son cours d’anglais. L’évêque passe bientôt et il voudrait lui présenter les projets de Bayaka (salle d’alphabétisation), du vicariat (bibliothèque) et de la phase 2 du collège (logements des professeurs). Mais avec toutes ces interruptions…

C’est pour ça qu’hier ça m’a énervée quand un gars m’a dit « quand même, il faut rendre service ! ». Il disait ça parce que je ne voulais pas l’aider à lui payer quelque chose. Je sais qu’il ne faut pas que je m’arrête sur une formulation qui nous choque (idem pour les absences de merci ou les donne moi ça), mais franchement, c’est mal tombé, à une période où on a l’impression de se dépenser beaucoup… pour nous aussi d’accord, mais pas que !

Rareté ce soir : coup de téléphone du Burkina ! L’ami Fidèle que nous avons connu par le biais de Nadège et Antoine. Il a eu la visite dans son service d’un tchadien de Moundou, et Fidèle lui a confié une lettre pour nous qu’il risque de venir nous déposer dimanche.

Samedi 14 mai : que de fêtes !

La salubrité du samedi matin est interrompue pour aller honorer l’invitation faite par Kévain, le directeur de l’école Notre Dame. C’est la journée de l’enseignement catholique, et ils ont préparé tout un petit programme.Ca commence par un défilé de tous ces petiots dans la ville.Nous les rejoignons dans la cour de l’école pour la déclamation de textes, chansons ou poèmes. Les filles les plus timides viennent se poser devant la table des invités et déclamer à vois haute.Il y a des textes à but pédagogique (en direction des enfants, en ce qui concerne l’hygiène, mais aussi beaucoup en direction des parents pour qu’ils envoient leurs enfants à l’école, et ce sont ceux-là les plus applaudis), d’autres sur le Tchad, et quelques autres plus connus de nous (Le laboureur et ses trois fils, La Fontaine, Fables… ou Cerf, cerf, ouvre moi, ou le chasseur me tuera).Les petits ont leur succès et l’ambiance est bonne. Tous les enseignants sont habillés du même boubou, eux aussi ont fière allure.

Après le spectacle, les invités sont installés dans une des classes, celle des plus petits, les pré-CP. Au tableau, des dessins commentant les différentes types de mil (mil blanc, mil rouge et mil pénicillaire).Chacun s’efforce de rentrer ses jambes sous les petits pupitres… C’est l’heure du cocktail : Sucrerie et arachides, puis à notre surprise, cabri ou poulet en sauce.A notre table, une maman d’élève et la femme de Kévain avec son petit dernier.En face de nous, Juliette, attablée avec 3 copines, qui descendent des bouteilles de bière !Il paraît que je fais une gaffe diplomatique : je sors juste au moment où les plats sont servis pour aller vérifier le ménage du centre culturel. Les deux femmes ne voulaient pas commencer sans moi… Comme jusque là elles se parlaient entre elles en ngambaye, c’est vrai que je n’avais pas fait très attention à elles.

Après cette pause déjeuner plus tôt que prévue, je retourne au centre où les comédiens de la troupe Etoile devaient venir nettoyer la grande salle en prévision de ce soir. Il y a juste Bienvenue… OK, on fera tout le boulot à deux, dérangeant la poussière et les chauve souris pendant 3 heures, jouant les gros bras à déplacer tables et bancs.Voilà, c’est fin prêt. La pauvre Bienvenue a juste le temps de courir chez elle pour se changer avant les répétitions de la JEC.

C’est reparti illico pour une après-midi chargée. Il faut finir de préparer les paquets, faire la liste des acheteurs de billets de tombola qui ont l’entrée gratuite.Il est 16 heures, c’est le moment que choisissent enfin Samuel et Anne Marie pour se montrer. Et là j’avoue que je commence à m’énerver. Nous avons tout préparé à deux ce matin, dans la salle. Ils veulent maintenant organiser ça dehors. Je pense qu’il aurait mieux valu régler ça ce matin !!Ce ne sont pas eux qui sont en première ligne, les remarques et les commentaires désobligeants, c’est moi qui les prend.Bref, tout est chamboulé en catastrophe, il y a une panne du micro baladeur, et nous ouvrons les portes avec plus d’une heure de retard. Les scouts aident à maintenir l’ordre à l’entrée et heureusement !En 5 minutes, c’est presque l’émeute, les gens se poussent et se marchent dessus. Il faut vérifier que le nom est sur la liste, qu’il n’a pas dejà été barré, vendre des entrées à ceux qui arrivent, en vendre à ceux qui sont là pour des amis, gérer ceux qui veulent sortir… tout en expliquant le pourqoi du comment avec le sourire à tous les râleurs.Une fois les 50 places en plus vendues, c’est là où ça se corse, les gens ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas rentrer alors qu’ils ont l’argent. Et c’est le début des resquilleurs. Mayeul en chope un, mais devant une montagne de mauvaise foi, c’est difficile. Samuel s’en mêle, mais uniquement pour provoquer une bagarre, merci du coup de main !Je m’efforce de rester calme, mais ça devient dur… et quand je vais voir ce qui se passe à la technique pour comprendre pourquoi la tombola n’a toujours pas commencé, je crois devenir folle en constatant qu’Anne Marie est prise par la préparation de sirops (pas vraiment le moment !) et qu’ils sont toujours en train de se demander s’ils vont sortir la sono dehors ou pas.Je hurle ! Il faut AGIR !! Anne Marie essaye de me calmer. OK, on échange de place, elle va à la porte se faire insulter et engueuler, et moi je vais faire ce qui aurait du etre déjà fait, les sirops, tranquillement dans la salle. Et après, j’irais voir si elle est calme…

Bref, tout ça finit par se décanter, la tombola commence. L’ambiance est un peu chaude au début (avec des cris lancés type « le petit triche, il voit les tickets » / « comment est ce que je peux être sûr que mon ticket est dans le sac ? »/ « on n’a pas vu, on recommence les 5 premiers »…). Puis ça se calme…Ca remontera un peu à la fin quand ceux qui n’ont pas gagné seront en colère, ou ceux qui ne sont pas contents de leur lot (- Madame, l’école est bientôt finie et j’ai eu une règle / -elle te servira l’année prochaine, non ? / -mais l’année prochaine, je la trouverai au marché / - ???).C’est un truc qui me gonfle ça. C’est un tombola organisée par le comité des jeunes, pas par le centre culturel. Alors pourquoi suis-je le bureau des plaintes agressives en permanence ??Ils sont pénibles car je n’entends que des remarques négatives, rien en positif. Si, un peu énervée, je fais le bilan, j’en conclu que ce n’est pas à refaire. Or, cette tombola est la deuxième et les billets se sont vendus encore plus vite que pour la première. Alors ?? pourquoi cracher dans la soupe ?

Vient ensuite l’animation prévue par les membres de la JEC, un journal retraçant la semaine de clôture. Beaucoup partent, c’est trop long et ils voulaient danser.Du coup, on zappe l’animation du journal Avenir, on annonce la danse et les sirops.Bien sûr, personne ne s’est occupé de la musique et nous n’avons même pas de cassettes de coupé décalé, le rythme à la mode.L’ambiance montera quand même un peu, et ça durera jusqu’à 20h30 (négociation de 30’ d’électricité en plus !!).Le centre se vide en 30 secondes, il faut en rattraper deux par le collet pour le rangement.Samuel est déjà parti, et au final, je sui seul à fermer le centre.Je reviens lessivée à la maison. Cette soirée organisée théoriquement par le comité des jeunes m’a demandé autant de travail que si elle l’avait été par le centre culturel. Et au moins, j’aurais eu l’œil sur tout…Mercredi il y a l’évaluation, j’ai assez envie de vider mon sac !

En attendant c’est Mayeul sur qui je déverse toutes mes histoires…Pendant la soirée, nous avons discuté avec Nguetto, le président de la ligue de basket. Dans le « civil », il est inspecteur des douanes. Il nous raconte qu’il a beaucoup bossé car ils viennent de recevoir pendant 3 jours une mission de contrôle intergouvernementale.Bilan, le maire est suspendu (les maires sont désignés par l’Etat) pour cause de déficit de 8 millions, ainsi que le secrétaire général du Préfet, pour abandon de poste (il n’est jamais venu)… Tout était correct dans le service de Nguetto.Quel pays !

Dimanche 15 mai : clôture de la clôture

Comme c’est la pentecôte, les trois communautés linguistiques sont réunies à l’aire de prière, et c’est l’évêque, de retour du Caire, qui célèbre, à l’invitation des jeunes.Cela signifie tous les textes en ngambaye, lélé, français. Trois heures sous le soleil. Il faut aller chercher ses réserves de patience à la fin, au moment des annonces, du discours de Samuel, de la remise d’un cadeau à l’évêque.Parce que bien sûr, nous avons pris deux belles places en plein soleil !On salue tout le monde à la sortie, photo du comité avec l’évêque.

Puis celui-ci vient boire un verre à la maison, ce qui nous permet d’aborder tranquillement avec lui les nombreux points que nous voulions voir ensemble.Il est partant pour mon projet d’amélioration du centre et de modification de son fonctionnement. Yapluka !Et il me demande d’organiser un réseau des centres culturels du diocèse, avec des rencontres entre tous les organisateurs.Heureusement que ce sera plus calme pendant la saison des pluies !

Pour Mayeul, les futurs chantiers sont un peu hypothéqués par l’obtention puis l’arrivée des subventions. Les caisses sont désespérément vides… Mais Jérémi part bientôt et son gros chantier de l’hôpital de Donou Manga ne sera pas fini. Ca risque fort de retomber sur Mayeul car il n’y a pas assez d’argent et donc de chantiers pour renouveler le poste de Jérémie. A priori, ils vont prendre un autre DCC mais sur un poste plus informatique. Bon, il va falloir qu’on voit l’organisation, car Donou Manga est à 3 heures de mauvaise route de Laï… ce qui signifie deux jours absents de Kélo chaque semaine…

En tous cas, l’évêque arrive de Ndjamena avec un colis arrivée par le biais de l’armée. C’est Noël tous les jours en ce moment, avec pleins de surprises de Bruxelles, beaucoup pour le centre culturel ou pour les cours d’anglais de Mayeul, mais aussi des sauces ou des pots de Nutella, qui vont nous changer agréablement du « Tartina » camerounais, composé de deux phases, du chocolat solide en bas, et de l’huile en haut…

Mayeul part après la sieste en quête du Dr Claver, pour avoir une réponse sur la possibilité ou non d’un stage cet été à l’hôpital pour sa cousine. Il trouve un médecin déprimé… Il vient de se faire cambrioler par quelqu’un qui connaissait a priori bien la maison et qui lui a subtilisé sa RV et son magnétoscope, ses belles chemises… Il n’est toujours pas payé et a demandé à changer de poste pour le HCR à Goré ou à Abéché. Le médecin chef de l’hôpital étant en déplacement, il n’a pas pu le voir pour Anne Laure.Mayeul aborde la question de Mississipi, qui a toujours des vertiges quand il se lève. Le Doc reconnaît que les suites des chocs sont souvent minimisés ici quand il n’y a pas de fractures. Il faut dire qu’il n’y a aucun matériel.Il ne veut pas aller chez lui (on le comprend, sinon, ce serait la porte ouvert à des visites 24/24h), mais RDV est pris demain matin à 7h30 à l’hôpital.Mayeul continue sa route et passe justement prendre le blessé pour le conduire au podium où se déroule le concert de la chorale.Ce coup-ci les choristes sont en robe rose, style gospel.Les chants religieux mettent toujours l’ambiance, et les dédicaces vont bon train. J’ai même eu le droit à « Mr… dédicace ce morceau pour faire bouger la colonne vertébrale de Mme Odile »… Les chants sont entrecoupés par la remise des 5 gros lots de la tombola d’hier, puis Anne Marie et moi remettons les cadeaux pour les trois jeunes primés pour leurs services, leur disponibilité et leur créativité durant toute l’année. Yannick à la technique, Aimée de la chorale et Mississipi ! Les deux premiers exultent, le dernier n’a pas la patate. D’après Mayeul qui le reconduira chez lui, il ne montrera sa joie qu’une fois allongé tranquillement à la maison. Il a gardé son paquet fermé pour que sa tante ait le plaisir de l’ouvrir, et il était ravi du contenu « Si je n’étais pas handicapé, ke danserai ! ». Ca me fait réaliser la pauvreté de tous.Tous me regardaient avec des grands yeux quand je me promenais avec un gros sac plastique rempli de cadeaux…

Par exemple, Yannick et Mississipi ont reçu chacun un sac à dos, un tee shirt, et des babioles (lampe, agenda, stylos, bonbons). Après, j’ai fait le compte : à ma connaissance, Mississipi a une chemise pour l’école, une autre, et un tee-shirt. Trois en tout et pour tout ! Alors recevoir un tee shirt, c’est le bonheur !

Un fait qui me regonfle : un jeune qui vient me demander quand est la prochaine soirée, parce que celle d’hier était très bonne. Je le remercie et lui fais remarquer qu’il est le seul à exprimer son contentement. Il me dit de continuer, de ne pas me décourager, que les jeux aussi de tombola sont bons, que c’est « culturel »… Là, je sui obligée de calmer ses ardeurs et de lui dire qu’il y avait quand même plus culturel qu’une tombola ! Mais ça fait plaisir, parce que dans le lot des critiques négatives, ça change.C’est presque le deuxième sport local, et ça décourage même des gens très bien comme Nguetto. Guy et Théophile, les deux jeunes qui ont vendu les billets de tombola, disait ce soir avec un sourire qu’ils s’attendaient à voir au lycée demain tous les perdants de la tombola…

Je quitte le podium après la remise des prix et laisse Mayeul jouer au photographe et ramener Mississipi chez lui, puis encore recevoir Mathieu venu faire un devis pour l’amélioration du terrain de basket.

Justement réunion d’organisation de la phase retour du championnat de basket. Ca commence bien, capitaines et coachs des quatre équipes sont satisfaits de la phase aller et des modifications proposées pour améliorer la phase retour. Ca commence à râler quand on annonce que maintenant, il va falloir sérieusement penser à payer les cotisations et les affiliations. Quoi, pour vendredi dans 5 jours, que 5 jours ? Hé !! ça fait 2 mois plus 5 jours…Réexpliquer le coût d’entretien d’un terrain, faire comprendre que 250F par joueur pour des entraînements avec coach et le matériel, ce n’est pas grand chose…Après ce WE fatigant, je n’ai plus beaucoup de patience quand il faut organiser le match amical de samedi avec Laï qui vient nous voir. Ils veulent faire les choses en grand, faire des quêtes auprès des autorités, loger les joueurs, les nourrir… Au secours, essayer de se retirer un peu de tout ça… Je tape la lettre ce soir, et après, ils se débrouillent !Ces réunions dominicales nocturnes me dont rater les coups de fil de France. Heureusement que Mayeul venait de rentrer pour répondre à ses grands parents.Mathieu va nous préparer un beau devis pour le terrain !

Aujourd’hui était particulièrement « travaillé » pour un dimanche (en solidarité avec les bosseurs du lundi de pentecôte en France ??). Mais c’est vrai que nous avons l’impression de faire du non stop depuis notre arrivée, le rythme est plus ou moins dense, mais il n’y a jamais de vrai coupure. Difficile de se faire un théâtre ou une expo…

Lundi 16 mai : deux journées bien denses, chacun de son côté

Et la journée commence tôt (enfin, moins tôt que les basketteurs qui vont jouer contre Laï samedi et qui se sont donnés RDV à 5h au terrain…).Si on commence par la journée de Mayeul, c’est la journée du service.Le Dr Claver rencontré hier a accepté de prendre Mississipi en consultation ce matin. Mayeul passe prendre le Doc, le pose à l’hôpital puis va chercher le blessé. Son diagnostic est plus alarmant que celui fait le jour de l’accident. Il pense que les reins sont touchés et qu’il faut examiner cela d’urgence sous peine

de complications graves voire mortelles. Le problème est qu’à Kélo ils n’ont aucun équipement matériel. Ils viennent de recevoir un appareil pour faire des radios, mais visiblement il n’est pas encore bien réglé. Les deux garçons passeront la matinée à l’hôpital pour les clichés, mais quand Mayeul viendra les montrer au Doc à 14h, ils seront inexploitables. Il faut donc partir à Moundou demain pour une échographie.Chez Mississipi, toute la famille peste contre le clandoman, qu’il ne vient pas nourrir le malade, qu’il ne le visite pas. Ce qui nous surprend c’est que s’il n’y avait pas eu Mayeul, personne n’aurait pensé à retourner voir un médecin. Manque de réflexe car peu de médecin ? trop cher ??Mississipi dit carrément que sans nous il serait sur son lit de mort.Bien sûr le fait que nous nous occupions de lui a fait partir une belle rumeur. C’était inévitable !Il se dit au quartier que nous voulons l’emprisonnement du clandoman. Qu’est ce qu’on en a à faire de lui ?? Mais ce n’est pas des rumeurs ignorantes qui vont nous arrêter. C’est fou ces médisances. Mississipi racontait qu’au lycée tout le monde croit qu’il est payé pour tout ce qu’il fait pour le centre culturel, et qu’il ne veut pas partager l’argent. L’autre jour il avait un tee-shirt avec marqué « tout pour le sport ». Tous sont persuadés que c’était moi qui lui avait offert. Il ne faut pas se décourager… Et c’est pour ça que Nguetto ne doit pas abandonner son poste de président de la ligue malgré les critiques. Sportif, ayant un emploi, il est un modèle pour beaucoup, alors il ne faut pas qu’il baisse les bras !

Après un déjeuner solitaire, c’est à nouveau l’hôpital pour les radios, puis au retour Tap est devant la maison, attendant son cours de conduite. Il a tellement insisté…Du coup, ils vont à la sortie de la ville vers Ndjamena sur ce qui devait être une piste d’aérodrome. Mayeul avait un peur que ce soit plus ou moins militaire et gardé, mais visiblement ça ne l’est pas. Il y avait même 3 ou 4 voitures zigzagantes qui devaient également avoir des chauffeurs débutants au volant.Tap est un peu brusque sur le levier de vitesse, mais ça va. Seul problème, ses pieds sont tellement larges qu’il appuie sur deux pédales à la fois…Et voilà, la journée est déjà finie, et Bédoum arrive pour son cours d’autocad…

Côté Odile, ça commence mal.Samuel a accepté une mission de monitorage et est en brousse. Le fait que ni Tobry ni moi ne puissions le remplacer ne l’a pas dérangé outre mesure.Manque de chance, les profs vont à nouveau grève. Cela signifie que les jeunes sont presque en congés, ils n’ont plus qu’un devoir ou deux à faire dans telle ou telle matière. Ce qui fait que quand je vais chercher du matériel pour Bologo à 8h, je tombe sur une bande de pas contents qui râlent sur la fermeture de la bibliothèque.Il y a même Carmel qui me dit que cette bibliothèque est toujours fermée… Sachant que je mets mon point d’honneur pour l’inverse, ça fait toujours plaisir d’entendre ce mensonge ! Ne pas se décourager… !Je maudis Samuel.Et je maudis Bologo qui devait passer me prendre à 8h et qui arrive en la personne d’Anthony à 9h.Bref, nous sommes à Bologo un quart d’heure plus tard, prêts à travailler pour l’installation de la bibliothèque. Il faut aller chercher les cartons de livres, les sortir et les dépoussiérer, les inscrire dans les catalogue, les étiqueter, les tamponner, organiser les étagère suivant la classification et y poser les livres.C’est un petit travail de Titan, mais ce qui prend le plus de temps, c’est de déléguer et de bien expliquer les consignes.

Je me rends compte qu’il y a des choses qui me paraissent évidentes et qui ici ne le sont pas, mais je réalise souvent un peu tard… Exemple : les jeunes qui m’aident ne savent pas se servir d’un rouleau de scotch avec dévideur. Ou encore, les étiquettes sont mises la tête en bas, ou celles que j’avais commandé pou inscrire les n°510 sont inscrites en 170.Deux soucis : à la question « as tu compris ? », j’ai toujours droit à un « oui », en général pas très vrai. Autre problème, l’éducation. Je réalise toujours un peu plus ce que signifie pour cette génération des cours tronqués à 3 mois, ce niveau extrêmement bas, et ces cours qui ressemblent à des cours d’amphi où aucun élève ne peut poser de question.Cela aboutit pour cette génération à des cerveaux non formés à la réflexion. Aucun logique, aucun raisonnement, que des exécutions de tâches préparées et expliquées longuement. Le gouvernement responsable de ce massacre est criminel. C’est réellement une tranche d’âge que l’on sacrifie !

Après le déjeuner partagé avec Jean Baptiste et Anthony au presbytère, je lisais la revue Ndjamena Hebdo. Dans ce numéro, ils partaient en guerre contre le coût du passeport, devenu sécurisé, mais au prix de 85 000F, ce qui le rend inaccessible à presque tous ! C’est évidemment un moyen de maintenir les gens au pays… Et le journaliste analysait que ce genre de mesure aurait fait descendre bon nombre de gens dans la rue dans beaucoup de pays. Mais que les tchadiens étaient trop « mousousous », et qu’il n’y aurait aucune protestation massive.Et je me disais qu’avec ces jeunes de 13-18 ans non formés, cela n’allait pas s’arranger dans les prochaines années si Déby est réélu (et il n’y a pas vraiment de doute là dessus !).Autre sujet, les états généraux de l’armée, avec un discours incroyable du président, qui, devant les protestations de non paiement des soldes, a répondu, « nous ne pouvons donner que ce que l’on a. Et tout le monde connaît les ressources du pays »… Hallucinant pour un chef d’Etat !!

Bref, retour à la bibliothèque pour finir l’installation, organiser le fonctionnement. La sœur Rita et le père Anthony se disputent devant les jeunes pour se refiler la balle de la responsabilité de la bibliothèque. Tout ça devant les jeunes, ça fait un bel exemple. Cinq minutes avant, ils dissertaient sur le manque d’engagement des jeunes…

Retour à la maison, pour prendre les nouvelles juste avant l’arrivée de Bédoum.A la cuisine, Gilbert, le fils de JB, profite de son lundi après midi chômé pour venir prendre des curs avec son papa. Au programme du jour, les petits gâteaux frits !Moi je n’ai rien contre ces cours où nous servons de jury…

Mardi 17 mai : Mayeul ambulancier

Chacun son tour, aujourd’hui c’est moi qui reste seule à la maison. Mayeul a rendez-vous à 7 heures pour prendre Mississipi, puis Juliette, la femme de JB avec Christian. Ils profitent du voyage pour aller voir un médecin traditionnel qui paraît-il arrive à améliorer la santé du petit Christian qui est épileptique.Finalement, ils ne décollent que réellement à 8 heures, Mississipi devant passer prévenir son oncle paternel prof au lycée.

A Kélo pendant ce temps, et bien je travaille, c’est ça qu’on fait quand on est abandonné, non ?

A la fermeture de la bibli à 11 heures, je vais à l’école Notre Dame chez les CM2. Je les interromps pendant leur cours de calcul. Pauvre maître. Hurler les leçons devant 60 personnes… Je pars à 7h, j’arrive à 12h30. Ca fait combien de minutes ??Je prends 1/3 de la classe et nous partons à la découverte du centre culturel. Il n’y a que des filles, les 4 garçons de la classe ne sont pas dans ce groupe. On se présente, on fait connaissance, je leur explique le fonctionnement d’un bibliothèque et leur montre les collections. Ensuite, nous nous asseyons dans la cour pour que je leur lise Kirikou. Elles sont plus attentives quand je leur montre les images que quand je parle… mais cela a donné envie à certaines de venir relire l’histoire !Seule « déception » qui n’en est pas une… Je trouve les petits écoliers vraiment mignons et j’aime bien passer de temps avec eux. Mais là, j’avais les plus grandes, qui font un peu poussées en graine dans leurs robes de fillettes. Car en CM2 il y en a qui doivent déjà avoir 13 ou 14 ans.

Je ne croise donc JB que 5 minutes, et déjeune en essayant difficilement de capter RFI. Toujours aussi intéressant la météo marine…Je profite de la non concurrence sur l’ordinateur pour finir de mettre en page le n°9 du journal Avenir, puis il est déjà temps de retourner au centre culturel. Le groupe de maths des TD me fait faux bond, ce qui me laisse tout le temps de préparer et d’assister au match de volley de la semaine de clôture reporté pour cause de pluie.Yannick est là, fidèle à son poste de technicien, et arborant son sac rouge reçu dimanche avec fierté.Equipe Notre Dame contre celle du quartier Djengreng. Les deux équipes se valent et font un beau match. Mais Notre Dame perd.Entre temps, je vois revenir la vaillante 504 et part aux nouvelles.

Ca s’est bien passé à l’hôpital de Moundou, radios et échographies. L’hôpital paraît bien équipé en matériel et en hommes. On est loin des deux médecins de Kélo !Les résultats sont à compléter par une analyse d’urine, mais a priori, pas de problème grave. Des polypes dans la vessie dont il faut s’occuper.Mayeul ne quitte pas Mississipi et est la personne de référence pour le corps médical qui s’adresse à lui…Il s’éclipse tout de même un peu ayant laissé Mississipi chez sa mère pour passer à la procure (beaucoup d’imprévus + fin de mois = impossible d’attendre le passage à Laï pour retirer des sous…), puis chez Chachati faire du « shopping » (dentifrice et savon…).Ce qui prendra le plus de temps ensuite, ce sera toutes les visites à la famille de Mississipi. Chez sa mère, puis sur le chemin du retour, chez son oncle, le chef de canton de Deli. Il paraît que nous sommes attendus là bas à bras ouverts, qu’il y a une case de passage, et que maintenant nous sommes chez nous chez eux. Sympa !Mayeul ne revient pas des histoires de famille à la Santa Barbara !!Ils sont en train de palabrer sur l’histoire d’un cousin qui a hébergé pendant 7 ans un ami. Au bout de ce temps l’ami est parti, avec la femme de son hôte. Ils veulent maintenant le condamner à payer les sept ans de loyer et de nourriture.Bref, la mise en route est longue d’autant que Mississipi veut nous témoigner sa reconnaissance en nous achetant des cadeaux.Heureusement qu’il précise ses idées à Mayeul parce qu’on aurait fait une drôle de tête s’il avait acheté comme il l’avait imaginé les sacs que l’on vend à la sortie de Moundou comprenant 10 baguettes de pain… Sa prochaine idée : un singe !!!

Finalement, ça s’est transformé en un couple de lapins à venir. Ouf… Mais la maison va se transformer en ménagerie !Et puis il y a un sac de charbon et un autre de mangues. Sa gentillesse est touchante.Ils passent par le chantier au retour, mais trop tard pour voir Djolba du bureau d’études. Celui-ci est déjà reparti à Ndjamena.

Quelle journée ! en plus il a fait bien chaud, bien moite. Nous nous réinstallons dehors pour cette nuit. Nous utilisons tous les lits de la maison… le grand reste à l’intérieur, et les deux petits sont ceux que nous sortons quand il fait trop chaud. On s’étale et on profite de la place !

Mercredi 18 mai : encore un peu dans les histoires

Ca commence fort !Deux inconnus arrivent de bon matin. En fait, il s’agit du clandoman qui a renversé Mississipi et d’un de ses amis.Ils viennent prendre des nouvelles de la virée d’hier à Moundou. Lui même a encore des douleurs à la poitrine et j’ai cru qu’il venait nous demander d’aller aussi à Moundou…Finalement, et heureusement que nous étions un peu informés des rumeurs, nous comprenons qu’ils viennent parce que le propriétaire de la moto leur a dit que nous voulions les convoquer à la brigade. Ils ont voulu venir nous voir pour expliquer l’affaire et plaider leur cause.Je leur explique bien que le différend qui les oppose ne nous concerne absolument pas, que notre seul problème à nous est la santé de Mississipi. Les affaires de justice et de brigade ne sont pas les nôtres !Mayeul a raison… Je m’emballe et je parle trop vite… Les deux gars n’ont sûrement pas tout compris. Mais j’ai répété les choses tellement de fois que j’espère que le message est passé.

Jean Baptiste arrive tard. Il sort de chez le chef de race (un ‘grade’ que nous ne connaissions pas encore !) pour régler une nouvelle histoire de famille à la Dallas. C’est son neveu. Il a « engrossé » une fille et s’est enfui avant la naissance, sa belle mère a élevé l’enfant. Plusieurs années après, il revient et la femme tombe à nouveau enceinte. L’accouchement a eu lieu il y a 15 jours, sans le père qui avait à nouveau disparu. Mais ce coup-ci la belle mère est fâchée et réclame de l’argent… Décidément la famille !

Mayeul retrouve ses plans et ses chantiers après quelques jours de pause contrainte. Moi j’assure la permanence du matin, tout en aidant un groupe de trois secondes à faire leurs exos de maths. Pas de CM2 après, ils ont encore été renvoyés chez eux pour cause de réunion des instituteurs. Je croise donc Prudence et Jeannette, les filles de JB, qui reviennent de la maison où elles viennent chercher de l’eau après les cours. C’est un rite quotidien qui permet de rendre la petite Jeannette un peu moins timide…

JB nous régale avec un plat agrémenté de la sauce chinoise au curry reçus de Bruxelles. Nous nous rendons compte que malgré la science de JB, tout a à peu près toujours la même saveur, et le curry nous change bien !

Pendant la sieste, j’abandonne Mayeul pour partir avec le petit Alladoum visiter Marcel, qui a passé quelques jours à l’hôpital pour cause de chute depuis le manguier…

Nous allons à pied dans le quartier Bonambaye par des chemins que je n’ai jamais pris encore. Ce coin me fait penser à ce que disait Mayeul est qui assez vrai ici. On a parfois l’impression d’être dans un village gaulois avec les huttes et les toits de chaume. Le quartier a mauvaise réputation mais est encore tranquille à cette heure. Quelques personnes marchent sur les petits chemins, ou se regroupent auteur des cabarets ou du puit.Marcel habite derrière un mur en dur. Dans la concession, des têtes connues : une lycéenne, sa grande sœur, qui laisse son bébé Sandra à la crèche Avenir. Marcel a le pied bandé, mais ça va mieux. Il a l’œil un peu tuméfie encore.Ils m’apprennent que les congés sont fixés au 28 mai. Alladoum et lui resteront à Kélo pendant les congés, et sont prêts à en découdre avec Mayeul au jeu de dames !

Ce soir c’est le dernier comité des jeunes de l’année avec l’évaluation. J’arrive en retard car Edouard me téléphone (depuis la bibliothèque ! et en plus ça passe mal…) car il a un de ces fameux « cas de décès » et doit aller prier sur le lieu séance tenante. Je lui offre une heure de remplacement pour la prière…Pendant l’évaluation, les jeunes ne disent pas grand chose, mais nous faisons un peu le point avec Samuel et Anne Marie sur la semaine de clôture et en particulier sur la soirée dansante. Je ne suis pas tendre, mais bon. On fera mieux l’année prochaine, et on finit la réunion par un « cocktail » ! Sucrerie et biscuits vraiment pas bons. Photo souvenir, et à l’année prochaine !Je ramène Mississipi à la maison, bien content d’avoir pu assister à la réunion et avec un moral qui remonte en flèche depuis les bons résultats des examens.Chez nous, c’est JB qui est harcelé par son neveu. Celui-ci l’attende dehors pour qu’ils partent ensemble chez la belle-mère…

Jeudi 19 mai : chaleur et mauvaise humeur

C’est reparti, on ne dort plus la nuit, et on commence la journée sans avoir rechargé ses batteries.Les paysans commencent à s’inquiéter, même le curé me demande si je suis faiseuse de pluie.Cela n’encourage pas à la patience, et c’est un de ces jours à barrer d’une croix où j’explose quand on vient me voir encore et toujours pour régler des problèmes. Aujourd’hui c’est le journal Avenir qui prendra. Nous leur avons réservé les dernières gouttes d’encre de l’imprimante, et voilà qu’ils reviennent avec l’exemplaire tiré annoté et corrigé ! D’accord certaines erreurs viennent de moi (beaucoup de mauvaise foi ces jours là…) ! Le ton monte et quand je demande à ce qu’on me parle gentiment, Théophile me demande s’il faut se mettre à genoux devant moi… Voilà, ça arrive… et ça me met de mauvaise humeur pour une bonne partie de la journée !J’admets avoir du mal à la critique quand j’ai l’impression d’en avoir fait beaucoup, et que l’exigence semble toujours du même côté.

La visite de Marco vient me sortir de me pensées, mais la fatigue reprendra le dessus quand Bernard, l’ancien bibliothécaire que je n’ai pas connu, entrera dans la cour et viendra directement frapper à la porte en pleine sieste… Se recomposer un sourire, le pauvre…Il a quitté la bibli pour faire des études techniques mais l’école a fermé, il est donc de nouveau disponible. Pourquoi pas l’année prochaine ? un remaniement pourrait être efficace.

Aide aux devoirs, physique 5ème (ouh que c’est loin) avec deux petits. Leur prof, également abonné, est venu passer voir ce que je racontais, j’espère que je ne me suis pas emmêlée… Maths terminale A, ce n’est pas leur tasse de thé. Français 3ème, vive les noms compliqués de l’analyse grammaticale.Passage d’Ambroise qui se rend à une réunion de toutes les radios à Bongor. Ca fait un mois qu’il est rentré de France et le boulot l’a repris à la gorge : préavis de grèves des journalistes le jour de son retour…C’est vrai que parfois on a l’impression que nos boulots consistent en la résolution de problèmes multiples !!

Vendredi 19 mai : après la pluie le beau temps

Hier était un jour moins, avec mauvaise humeur et coup de stress pour tous les différents problèmes à régler.Aujourd’hui, c’est la grève générale, tous les écoliers traînent désœuvrés. Même les petits de la crèche Avenir ne sont pas là. Cela me laisse donc toute la matinée pour régler des choses dont je n’ai pas le temps de m’occuper.C’est d’abord aller au lycée voir le censeur pour qu’il m’aide à rechercher un élève de terminale D inconnu de tous et qui a volé un livre. Je fais la connaissance d’un nigerian prof d’anglais qui est perturbé par ma nationalité française et qui me cherche à tout prix des origines sud-américaines…Je lui réponds que c’est à cause de ma peau pas très claire, mais en le disant je me rends compte de l’absurdité de cette phrase dans le contexte tchadien !Bref le censeur fouille dans ses listes, mais pas de Paluma Diet, qui aurait menti au moment de l’inscription au centre culturel. Je n’ai plus beaucoup d’espoir pour mon bouquin que je n’avais qu’en un exemplaire.Traîner dans les parages du lycée est assez fatigant, il faut dire bonjour à un nombre incalculable de personnes, dont l’imam Oumar, également prof d’arabe ici.Comme il me reste du temps, je passe chez mon « concurrent » le CLAC. Je n’ai jusque là pas pris vraiment le temps de discuter avec eux. Le directeur est là, nous bavardons un peu puis il me fait visiter les lieux. Nous sommes bien complémentaire sur le livres : beaucoup de manuels scolaires et de livres au programme chez nous, plus d’abonnement et de loisir chez eux. Lecture sur place chez nous, sortie de livres chez eux. Ils ton au moins 200 livres perdus par an…Je lui propose de travailler ensemble cet été et de proposer des activités communes où nous pourrions mettre chacun nos matériaux : concours de scrabble, tournoi de pétanque, etc.

Après avoir salué les puéricultrices désœuvrées, je passe en ville acheter les derniers journaux. Pas grand chose ce mois ci ! La libraire n’avait commandé Afrique Magazine qu’en un seul exemplaire et il m’est passé sous le nez. Amina et son roman photo va encore s’arracher !

Au terrain de basket, après l’entraînement des filles, c’est le grand nettoyage en vue de la rencontre amicale contre Laï demain. La quête a rapporté 14000F. Après l’achat de maillots, il reste 11000F qui vont servir au repas avant match pour ceux de Kélo et de Laï. Moi je ne veux pas trop m’en mêler. Ces «  choses dues » en nature m’exaspèrent… Les basketteurs de Laï viennent presque sans nous prévenir et il faut qu’on les nourrissent et les hébergent de samedi à lundi (car ils attendent pour rentrer les match des footballeurs dimanche) !

Ambroise repasse nous voir, déposé par Sam la patience et sa moto. Ce dernier vient rechercher le ciment que lui vend Mayeul, pris sur les surplus du chantier de Dogou.Il a même droit à la livraison pour le prix. Prix imbattable car acheté en saison sèche avant la forte augmentation récente des prix (les cours montent car quand les pluies arrivent, tout le monde achète du ciment pour construire en dur ou rafistoler les fuites).Quand je vous disais que Mayeul était trop gentil…Cette balade le distrait du dessin du logement des enseignant sur le site du collège, qui sera la troisième phase du chantier.

Décidément pour moi c’est pépère et je profite de l’aubaine pour enfin rendre visite à Florence, la mère de Yannick et présidente de l’association Rassena filles-mères.Elle habite derrière l’auberge l’ombre du plaisir, une concession entourée d’un mur, avec un bâtiment en dur. Son mari Augustin est là, mais il nous laisse « causer entre femmes »… Une famille bien sympa !Florence supporte ses 8 mois de grossesse avec courage, bien aidée par sa bande de garçons. Si elle attend son 7ème enfant, c’est bien dans l’espoir d’avoir une fille !Pourtant ses derniers accouchements ont été difficiles. J’espère que celui-ci se passera bien. Apparemment elle se fait suivre puisqu’elle a même passé une échographie.Nous prenons un thé rouge ensemble, papotant tranquillement. C’est une des rares personnes avec Monique avec qui je peux vraiment parler et avoir une vraie conversation. Ces femmes sont extraordinaires et j’aime bien aller les voir. Florence me fait rire avec ses fossettes et son sourire coquin…Deux des filles du groupement viennent la voir pour lui remettre un rapport, puis retournent au moulin où elles décortiquent le mil.Avec cet argent, elles ont en projet d’acheter une machine à coudre et d’apprendre la couture. Elles ont aussi un champ qu’elles doivent semer quand il pleuvra.Je reste un bout de temps avec elles, puis retourne à la maison.

Nous déjeunons avec Ambroise qui nous raconte son séjour en France et les merveilles de la médecine. C’est à mille lieues de ce que nous avons découvert ici « grâce » à Mississipi…

Mayeul part à Baktchoro cet après-midi. Les sœurs ont besoin de lui pour les aider à réparer le désastre. Comme à Dogou (construit par la même entreprise), les bâtiments presque neufs de l’école ont déjà pleins de problèmes, et il faut réinjecter des millions pour rattraper ça.A priori, cet entrepreneur s’est fait bien voir pendant la construction de l’évêché de Laï. C’était pour l’évêque et il y avait un contrôle quotidien du constricteur de l’époque (un autre Jérémie). Après, Sébastien l’a repris pour 3 autres chantiers : Dogou, Baktchoro et le chantier en cours de l’hôpital de Donou Manga. Et là, visiblement moins surveillé, il s’est lâché ! Mêmes problèmes de malfaçons qu’à Dogou, sauf que la garantie est signée…Tout ça n’emballe pas Mayeul, c’est vrai que faire du rafistolage n’est pas le plus passionnant du métier d’architecte !!Ca lui permet malgré tout de faire plus ample connaissance avec la sœur Carmen, un personnage bien sympathique qui a passé presque toute sa vie dans la forêt amazonienne (et qui lui donne des mangues maison…).

Moi c’est plus plan-plan. J’attends les jeunes en retard, puis on ingurgite des maths à haute dose en vue du bac. Comme les cours sont finis, ils en redemandent, même le matin. Vivement le 09 juin !Le soir, visite de Nguetto. Nous réglons d’abord le problème du basket. Lui aussi est fatigué de l’irrespect et des insultes de jeunes qui ne savent pas jouer, ne connaissent pas les règles, mais ne se privent pas de s’échauffer et d’insulter les arbitres ou les organisateurs… Enfin, il accepte une réunion de grand déballage et de reprendre son poste de président.Il a raison sur toute la ligne… et c’est vrai que parfois il faut que nous nous montrions fermes si on ne veut pas passer pour des rigolos.Genre : aujourd’hui, date butoir pour les joueurs pour payer leurs licences (350F par personne). Dans la caisse à 19h : 0F…

Je lui parle ensuite de mon projet d’amélioration du centre culturel, qui a l’aval de l’évêque et du curé. Je lui explique la nécessité de repenser la gestion et le fonctionnement, l’obligation de créer une association.Il est d’accord, youpi !!L’argument qui l’a touché au bon endroit : le fait que je lui dise, sans flatterie aucune, qu’il est pour beaucoup de jeunes sans repère ni beaucoup d’avenir un modèle. Il a un boulot, il est sportif, il est engagé et souriant, bien dans ses baskets. Il n’y en a pas beaucoup des comme lui !On va faire du bon boulot l’année prochaine !!Reste à trouver le secrétaire et les adjoints. Les conseillers sont tout trouvés en la personne du curé, du coordinateur des jeunes (Samuel s’en va, c’est décidé, il va tenter sa chance à Ndjamena, puis peut être au Nigéria), et d’un des frères qui gérera le futur chantier de Mayeul.

Samedi 21 mai : la fête du sport

La matinée est consacrée pour Mayeul et pour moi aux conséquences du départ de Mathieu pour la France. Il va recevoir à Paris un trophée d’entreprise, je crois grâce aux chantiers qu’il a effectué pour les « Eperviers », les militaires français basés à Ndjamena.Comme il sera logé chez mes parents, cela signifie que je prépare pleins de choses à lui remettre… Une liste de courses, un CD de photos à développer, des paquets, lettres, etc.Mayeul quant à lui bosse comme un fou pour que l’absence de Mathieu de gêne pas le chantier. Ce dernier est encore à Ndjamena et Mayeul lui force la main pour un retour à Kélo d’urgence.Ils ne communiquent pas toujours bien avec Bédoum et Mathieu n’était pas informé de l’arrêt du chantier, toujours à cause d’un manque de bois. La dalle n’est donc toujours pas coulée… et ils prennent du retard sur d’autres postes, comme l’installation d’un atelier de soudure. Bref, il faut remettre les pendules à l’heure avant le départ.Je passe de temps en temps au centre culturel faire le boulot d’Edouard qui n’est pas là pour encadrer le ménage. Je me fais harponner une fois de plus par un photographe qui vient me vendre des photos qu’il a fait de moi lors de la journée internationale de la femme. Mais j’en ai déjà plein !

L’après-midi, le rythme s’intensifie. Mayeul essaie de boucler pleins de choses, et moi je cours en tous sens pour l’organisation de la rencontre de basket entre Laï et Kélo.

Basketteurs et footballeurs de Laï sont arrivés ce matin. Je ne préfère pas trop me mêler de l’organisation de leur accueil, car je m’arracherais les cheveux !Au final, ça fonctionne assez bien, mais tout au dernier moment, par je ne sais quel miracle… Ca devait être à la mairie, finalement, ils sont au CLAC, prennent l’eau du lycée, dans mon sceau, mangent de la nourriture payée avec l’argent de la quête de la ligue de basket (et les footeux ??). Bref, je me borne à m’occuper de la logistique. J’emmène toute l’équipe de Kélo à travers la ville qu’ils aillent prendre leurs affaires qui sont restées chez un de leurs sponsors, le ciné-village.Ya de l’ambiance !Ils sont tous entassés à l’arrière du pick-up, chantant et criant. Je leur accorde un tour de rond-point supplémentaire…On les dépose, on part chez le coach à l’autre bout de la ville chercher la feuille de match, on va la photocopier, le marchand ne veut pas allumer le groupe pour 2 copies, on repart chez Ciné village, on prend Mississipi au passage, on dépose le coach, on va chercher les appareils de sono, je vais chercher un tableau, je reviens au terrain, je repars chercher, je reviens…Ouf…. Crevant ce nouveau métier de transporteur-livreur…En tous cas, ça vaut le coup, on a passé une belle après-midi.Les filles ont courageusement ouvert la séance par un match d’exhibition de 10 minutes. Courageusement, car le public n’était pas venu pour ça et le faisait galamment savoir…Installation des invités, discours du délégué départemental du sport, Mr Moussa.Ca commence ! Les supporters de Laï sont tous fous, Kélo se fait écraser. Côté Kélo, ça grogne, « c’est la honte pour Kélo ». Le coach secoue ses joueurs.Mais au bout d’un quart d’heure, le coach sort ses meilleurs joueurs, et là, la donne va changer radicalement, la formation de Kélo menant royalement, pour les battre par un score du simple au double. C’est l’euphorie dans le public. Il y a des gamins dans tous les arbres, une branche tombe, un de mes bancs est piétiné. La rançon du succès !Seul pépin, les enfants assis sur les baffles débranchent les fils, qui sont rebranchés à l’envers, ce qui grille une pièce.Sinon, une très belle soirée !Je tente un nouvel exercice, assez marrant : l’interview en fin de match par Socrate, le journaliste de la radio Effata, pour l’émission Sport +.Je cours vite au centre gérer le retour du matériel et surveiller l’installation et les débuts de la production théâtrale. La troupe du collège m’a demandé les lieux pour ce soir. Ils étaient autour du terrain tout à l’heure, grimés et en costume, pour animer et faire les bouffons.Leur spectacle ressemble comme deux gouttes d’eau à tous les autres de toutes les autres troupes connues… Même jeu scénique, même genre d’histoire.Seul un sketch mettant en scène des militaires est nouveau pour moi.Je rentre à la maison lessivée, retrouvant un Mayeul bosseur, qui s’est quand même accordé une pause basket dans l’après-midi…Du coup, on sort, grande aventure !!On décide d’aller boire un coup au Touristic bar, tout un programme. Et ça tombe bien, parce que ce soir se produit le groupe de danses traditionnelles de Moundou.4 filles, 3 garçons, tout en déhanchement et en rythme frénétique. Les filles ont un foulard autour de la poitrine et un pagne jusqu’aux genoux, avec des colliers de perle ; les garçons sont torse nu portant aussi des parures en perle, un jupe en raphia, ainsi qu’autour des chevilles. Sur les chevilles et les poignets des genre de maracas qui font du bruit quand ils bougent.Ils exécutent plusieurs danses issues de régions différentes. La plupart sont assez érotiques ou tout au moins très suggestives.

Nous rentrons à la maison par le chemin des écoliers car la porte de la mission a été fermée entre temps…

Dimanche 22 mai : course avant le départNous partons à Laï cet après-midi, ce sont les derniers préparatifs. Bonne occasion pour Mayeul de sécher la messe, il faut qu’il termine le gravage du CD de photos et sons pour notre site internet.Le sermon du curé était bien vu et original, il est « entré en campagne » lui aussi. Il a parlé de son devoir d’informer les paroissiens qui sont aussi citoyens du referendum du 06 juin. Il a expliqué que le changement de la constitution qu’il est demandé d’approuver ou non sonnerait la fin de la limite de 2 mandats présidentiels, et que ce serait la porte ouverte pour des présidents à vie, à qui succéderaient leurs fils. Le Togo les a pas mal secoué malgré tout. Espérons que le non gagne au Tchad, contrairement à l’Europe !Fin de la séquence politique.La suite de la matinée est marquée par une guerre froide entre Anne Marie et moi… je proposais que le centre culturel et le comité des jeunes prennent en charge chacun la moitié de la réparation de la sono. Il a fallu attendre sous le soleil à la grille que Mlle se change et daigne accepter après nous avoir renvoyé sur Samuel.Yannick « ces sœurs là, elles sont compliquées »…Fin de la séquence je vide mon sac.

Mathieu arrivé de Ndjamena et Mayeul sont en réunion de mise au point pour le chantier. Je suis ravie de son arrivée car il apporte avec lui la cartouche d’encre que nous lui avions commandé. Cela me permet de tirer enfin le journal Avenir, et de le donner à Atik.Voilà, une bonne chose de faite.Mississipi est ramené chez lui, Sam la Patience vient offrir une cargaison d’œufs en remerciement du ciment pas cher…Bertrand et Jean (technicien de la radio de Laï) arrivent pour soutenir l’équipe de foot. Nous partons manger au Pili Pili avec eux.

Voilà pour l’instant… Comme Mathieu partira en France pendant que nous serons à Laï, nous lui confions toutes ces précieuses données à destination du site internet. A bientôt !