le grand bisse de lens - crans-montana · 2018-08-09 · le président, david bagnoud le...

Gérard Rey

Le Grand Bisse

de Lens

Bourgeoisies de Lens et d’Icogne

Association des Communes de Crans-Montana (ACCM)

Editions à la Carte

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Cet ouvrage a été édité à l’occasion de l’inauguration de la remise en eau du Grand Bisse, le 21 mai 2011

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Illustration couverture Denis Rey

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Editions à la Carte www.edcarte.ch

Imprimerie Calligraphy.ch N° 1369 – mai 2011

ISBN 978-2-940457-53-3

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Préface

En parlant du Grand Bisse, nous laissons les souvenirs, l’histoire et l’imagination nous imprégner des sentiments de respect et de reconnaissance.

C’est tout un peuple de paysans qui, au 15e siècle, doit trouver l’eau nécessaire à sa survie. Les terres de la rive droite du Valais central sont asséchées. Les pluies sont rares. Pour les gens, le bétail et la campagne, l’eau est de première nécessité. Décision est prise d’aller la chercher dans la montagne.

Après deux ans de travail (1448-1450), la communauté du Grand Lens, placée sous la responsabilité de son Rd Prieur Jean, réalise l’exploit d’amener l’eau à bon port. C’est ici que l’imagination fait son œuvre pour entrevoir la fête et les actions de grâce qui présidèrent à l’arrivée du bran sur les terres du Grand Lens. Les gens reprirent espoir. De nouvelles dimensions leur furent permises : bien-être des gens et des bêtes, activités agricoles accrues, scieries et moulins en plein essor. On dressa un procès-verbal du travail effectué, on élabora des règlements quant à l’utilisation et à la gestion du bisse, un comité de gestion fut nommé, des gardiens désignés. Le bisse fut journellement placé sous contrôle durant toute la période de la mise en eau.

Au 21ème siècle, lorsqu’on se penche sur le travail effectué par nos prédécesseurs, lorsque, sac au dos, on effectue le trajet du Grand Bisse, on ne peut qu’admirer et respecter le chef-d’œuvre.

En ce jour de mai 2011, la nécessité du Grand Bisse d’origine n’est plus aussi primordiale qu’elle ne le fût. De plus, à la vocation première de serviteur indispensable, notre Grand Bisse se doit d’être coquet pour accueillir les promeneurs. Il convient tout d’abord d’améliorer et de sécuriser son chemin. Dieu que la balade du Grand Bisse est magnifique ! A chaque tournant, un paysage somptueux s’ouvre aux yeux des randonneurs.

Mais il faut aussi rénover et remettre en eau le tronçon délaissé lors de la construction du tunnel de la Vereillaz. Tels sont les derniers travaux entrepris entre 2008 et 2011. L’initiative des autorités de Lens et

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d’Icogne doit être qualifiée de visionnaire. La participation de jeunes gens de la Suisse allemande, placés sous la conduite des maîtres d’œuvre que sont les Bourgeoisies de Lens et d’Icogne, assure l’essentiel des travaux de correction et d’aménagement. Le courage de la démarche se répercute aujourd’hui dans la qualité de l’ouvrage présenté.

La réussite de cette réalisation est également due à la parfaite collaboration entre la Fondation suisse pour la protection et l’aména-gement du Paysage (FP) et l’Association des Communes de Crans-Montana (ACCM) par CME (Crans-Montana Exploitation). Qu’il nous soit permis de remercier les généreux donateurs sans lesquels ces travaux de réhabilitation du bisse n’auraient pu être financés. Merci aussi aux entreprises qui ont collaboré activement à cette réussite.

Le Valais est bien connu pour ses bisses et de nombreux ouvrages leur sont consacrés. Une association travaille dans le sens d’une reconnaissance des bisses valaisans au gotha du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le Grand Bisse de Lens, riche de plus de cinq siècles d’existence, riche aussi d’une population courageuse et exemplaire pour sa survie est en droit de revendiquer sa place dans l’histoire.

BOURGEOISIE DE LENS BOURGEOISIE D’ICOGNE Le président, David Bagnoud Le président, Eric Kamerzin

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Le Grand Bisse de Lens

Remarque préliminaire

Dans l’histoire du Grand Bisse de Lens, le nom de Lens englobe les quatre quartiers ou sections d’Icogne, Lens, Chermignon et Montana, communément appelés Ancien Lens ou Grand Lens. Lors de la séparation en 1905, ces quatre quartiers sont devenus les communes d’Icogne, de Lens, de Chermignon et de Montana.

* * *

Durant une grande partie de l’année, le Valais central est inondé de soleil ; les pluies sont rares ; la sécheresse est une particularité du climat de cette région. Pour qu’ils puissent retirer des ressources de leurs terres, les habitants de Lens ont été dans l’obligation d’amener de l’eau, de la capter très loin, de la canaliser, souvent dans des rochers vertigineux et de la disperser dans leurs prés et dans leurs vignes. Si trois bisses, bisse du Rho, Grand Bisse et Sillonin, ont répandu ou répandent encore leurs bienfaits, des vestiges rappellent la présence d’anciens bisses, tels celui d’Aziet ou celui des Fées. Le bisse des Fées qui, dans l’esprit des Lensards, n’était que le fruit de l’imagination et de la légende, est devenu une réalité, grâce aux recherches patientes et assidues des frères Joseph et Paul Bruchez. Un botzet, extrait de la roche en 1985, a été examiné par le géologue Marcel Burri de l’Université de Lausanne. Les analyses déterminent que le bois du botzet, du chêne, aurait fait sa croissance entre les années 600 à 644 ou plus tard, entre 1214 et 1259.

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Une estimation penche pour l’utilisation de ce bisse vers l’an 1300. Ainsi, le bisse des Fées aurait fonctionné de cette date jusqu’au début du 15ème siècle. On ne connait pas les raisons pour lesquelles ce bisse a été abandonné. S’agit-il des difficultés de son entretien, de sa situation peu favorable, de l’insuffisance de son débit ? Avec la disparition du bisse des Fées, la construction d’une nouvelle amenée d’eau devenait indispensable.

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Convention du 21 juillet 1448

Après des discussions et des projets, le 21 juillet 1448, dans le verger du prieuré de Lens, à côté du cimetière, une convention a été passée entre le prieur de Lens, Jean Crossar, et les délégués des quatre quartiers pour la construction du Grand Bisse ou Bisse de la Rioutaz. Un exemplaire de cette convention se trouve dans les archives du clocher de Lens. Ce précieux document a été analysé à plusieurs reprises par d’éminents spécialistes de l’histoire des bisses du Valais. Ainsi, Peter Kaiser, historien à l’EPFZ, a publié, dans les Annales Valaisannes 1995, une étude inédite et intéressante de cette convention.

« Prieur de Lens de 1423 à 1451, le chanoine du Mont-Joux Jean Crossar augmenta et améliora les possessions de sa maison, comme ses prédécesseurs, par l’achat et l’échange de biens fonciers. En 1443, il rédigea un nouveau registre des biens du prieuré. En 1439, il avait échangé un pré situé dans les environs de Sion contre une parcelle dans la commune de Lens et une moitié d’un droit d’eau dans cette commune. La politique agraire – achat de terres, développement de l’irrigation – du prieuré de Lens apparut clairement lorsque le prieur Jean accepta de construire un nouveau bisse. Dans l’acte du 21 juillet 1448, le notaire Jean Cordonier confirme que le prieur de Lens a promis aux représentants d’Icogne, Lens, Chermigon et Montana de réaliser le projet d’un nouveau bisse. Mais Jean Crossard a fait insérer dans la convention qu’il pourrait construire le canal lui-même ou le faire construire par quelqu’un d’autre, ce qui veut dire qu’il pourrait éventuellement s’instituer entrepreneur général ou

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architecte de l’ouvrage, tandis qu’un artisan s’occuperait des travaux techniques sur le chantier. La première stipulation d’ordre technique dit que les contrac-tants se sont mis d’accord sur les dimensions du canal (deux pieds et une paume de main sur la largeur et à une hauteur de berge d’un bon pied). La description géographique et topographique du futur canal est très courte dans le document. Il était suffisant pour les parties de citer quelques noms de lieux pour s’entendre parfaitement sur la ligne convenable de l’aqueduc. Celui-ci devait commencer au lieu-dit Plan Luselli dans la rivière appelée Rière (Lienne), pour traverser ensuite le terrain rocheux, difficile jusqu’au village d’Icogne, d’où il passerait par la Veregelaz (Vereillaz) et enfin par les prés de Chermignon. Peu d’indications pour un tracé de plus de 13 kilomètres. Pas un mot sur les méthodes de nivellement. Peut-être les contractants avaient-ils précisé dans le terrain, en le parcourant (?), la situation souhaitée du bisse ; mais les travaux d’arpentage, par des méthodes empiriques, incom-beraient certainement au constructeur. Le prieur (ou son chef de chantier) pouvait choisir librement, selon la convention, les moyens de construction convenables à chaque tronçon du bisse. Il est intéressant de voir que le document fait mention de murs, de charpentes et de galeries coupées dans le rocher. Les propriétaires de terrains sur lesquels l’architecte entend creuser son canal étaient obligés, par le contrat, de lui céder, contre dédommagement, la place nécessaire pour l’ouvrage public, signe très net de l’importance de l’irrigation en Valais. Là où le chantier du bisse touche une maison, le propriétaire de celle-ci devait construire lui-même le tronçon de canal dans la surface occupée par son bâtiment (par exemple, sous

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le grenier, etc). Cette clause signale en outre que le détail du nivellement du futur bisse n’était pas fait au moment où la convention fut signée.

Le chef de chantier pouvait prendre partout dans la commune les matériaux nécessaires à la construction du bisse : pierres, mottes de terre et, notamment, bois divers dont il est étonnant de lire dans la convention des mentions précises : frêne, orme, poirier, pommier, sans pourtant préciser à quelle partie de la construction ils pourraient servir. Enfin, les communes promettaient de fournir de la main-d’œuvre. La convention parle de 400 hommes – ce qui pourrait signifier des journées d’hommes. Chaque quartier était obligé d’envoyer 100 hommes. Ces ouvriers, proba-blement pas préparés pour les travaux difficiles, pourraient, par exemple, creuser le canal dans la terre ou transporter des matériaux de construction. Ils devaient apporter eux-mêmes les outils nécessaires ; la minute notariale mentionne des cordes, des pelles et des pics, « ainsi que tout autre instru-ment pour de tels travaux. » Le prieur de Lens accepta d’achever son bisse en trois ans, au plus tard le 24 juin 1451. Là aussi était prévu un temps de « garantie » : la commune n’accepterait pas le canal, si l’eau ne coulait pas régulièrement pendant une période de dix jours et dix nuits ; mais il était encore permis au prieur de réparer d’éventuels défauts de construction pendant ce temps. »

Pour son travail, les représentants de la commune promettent au Prieur :

560 livres mauriçoises, monnaie du Valais,

100 setiers de vin rouge et blanc,

40 muids de seigle et

20 quintaux de fromage.

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Les payements seront effectués à des dates fixes, échelonnées de l’Assomption 1448 à la fin des travaux.

Le Prieur Jean a tenu ses engagements. Commencée en 1448, la construction du Grand Bisse s’est achevée en 1450. Ainsi, le Grand Bisse, d’une longueur de 13'744 mètres, prend sa source à la Lienne, au lieu-dit Louchelet, sous le roc des Barmes, à une altitude de 1100 mètres environ, et se termine à Diogne, à 970 mètres.

Arrêts du bisse de la Rioutaz,

18 octobre 1457

La réalisation du bisse effectuée, fut élaboré un règlement intitulé

Arrêts du bisse de la Rioutaz, 18 octobre 1457.

L’archiviste Denis Reynard, dans son ouvrage Histoires d’eau, livre son analyse :

« … Les onze premiers articles divisent le tracé complet du bisse en douze portions, puis répartissent celles-ci entre les quartiers responsables de leur maintenance. On confie à chaque quartier trois secteurs à entretenir, sauf à Icogne, qui n’est responsable que de deux portions. Cette exception tient peut-être au fait que le quartier d’Icogne est le plus proche de la prise d’eau ; de ce fait, il n’utilise pas le bisse sur toute sa longueur. La zone où le canal traverse la paroi du rocher de Plan Loverez n’est pas comprise dans cette répartition. Elle fait l’objet d’un traitement spécial. Son entretien pose, en effet, des problèmes particuliers et les travaux y sont dangereux. Ce tronçon est divisé en quatre parties très précisément délimitées, à l’aide de plusieurs sortes de repères (croix gravées dans le rocher, bornes, ponts, grosses pierres, chemins). Chacune de ces parties est confiée à l’un des quartiers.

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A Icogne incombe l’entretien de 22 ½ toises, à Chermignon-Dessous, Diogne et Montana 21 toises, à Chermignon-Dessus 15 toises et à Lens 27 toises. »

Les quatorze autres articles des Arrêts traitent de l’entretien de l’ouvrage. On peut en citer quelques-uns :

1. Chaque quartier doit entretenir sa partie du bisse de telle manière que l’eau puisse être « levée » le jour de la Saint-Georges (23 avril).

2. Tout consort peut prendre du bois des forêts communes sans punition et selon la nécessité, pour l’entretien du bisse.

3. Il est interdit à un consort, sous peine d’amende, de faire des coupures (des destornyours) dans le bisse, pour prendre l’eau.

Par contre, 51 destornyours, entre Icogne et Diogne, permettent d’utiliser l’eau du bisse.

4. Il est prévu que ces destornyours soient de qualité, de bois ou de pierre, qu’ils puissent se fermer facilement et que l’eau ne se perde pas.

5. Le tour est la durée durant laquelle les consorts d’un bisse ont la possibilité d’utiliser l’eau. Le tour se répète tout au long de la saison d’irrigation. Pour le Bisse de la Rioutaz, selon les arrêts de 1457, la durée d’un tour est de seize jours. Chaque quartier, Icogne, Lens, Chermignon et Montana, a droit à quatre jours et quatre nuits. Le dimanche, aucun privé n’est autorisé à irriguer ; par contre, l’autorisation d’arroser du samedi au lundi matin est accordée au prieuré de Lens.

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Anonyme, © Médiathèque Valais – Martigny

Anonyme, © Médiathèque Valais – Martigny

Entretien du Grand Bisse de Lens en 1932

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© Denis Rey

Prise d’eau du Grand Bisse à la Lienne au lieu-dit « Leviour »

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© Denis Rey

La Lienne au Leviour

© Denis Rey

Chéneau en acier

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Grand Bisse

ou bisse de la Rioutaz

La légende

Déjà en 1457, le Grand Bisse est désigné par Bisse de la Rioutaz. Pourquoi ce nom ? La légende apporte une explication.

Durant de longues années, des conflits ont surgi entre les gens de Lens et ceux d’Ayent au sujet de l’entretien des chemins, de l’exploitation des forêts, des possessions de territoire dans les alpages. L’autorité suprême, l’évêque de Sion, a eu beaucoup de difficultés à faire accepter les décisions de son arbitrage.

Vers le milieu du 15ème siècle, les communes d’Ayent et de Lens éprouvaient une nécessité vitale d’amener de l’eau sur leurs terres desséchées et projetèrent la construction d’un bisse prenant sa source à la Rière (La Lienne). Après des examens détaillés des endroits où la construction pourrait se faire, il s’avéra que la prise d’eau des deux bisses projetés se trouvait au même lieu, sous le Roc des Barmes. Cette situation provoqua de nouvelles tensions, chaque commune s’estimant dans son droit et refusant toute autre prise d’eau. A force de palabres, d’insultes, de refus d’arbitrage et face à la nécessité d’amener de l’eau, Ayent proposa une ultime solution : un combat entre un Lensard et un Ayentôt. Le vainqueur de cette lutte permettrait à sa commune de prendre l’eau à l’endroit désiré. Lens accepta la proposition et la date de la rencontre fut fixée. Très tôt, les Lensards apprirent que dans la commune d’Ayent vivait un géant d’une force herculéenne et qu’il avait été désigné pour combattre au nom d’Ayent. Paniqués par cette nouvelle, les hommes forts de Lens déclinèrent l’offre d’affronter le colosse d’Ayent. Les autorités de Lens, désespérées, n’osaient imaginer l’issue de la rencontre, lorsque, à

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quelques jours du combat, un homme, gringalet, insignifiant, solitaire, se proposa de défendre les couleurs lensardes. Avec un tel champion, le désespoir des Lensards s’accentua, mais, faute de mieux, il fut accepté.

Au jour fixé, tous les hommes valides des deux communes, autorités en tête, accompagnés du curé d’Ayent et du prieur de Lens, se rendirent à la prise du bisse.

Les Ayentôts, assemblés sur la rive droite de la Rière, n’avaient pas manqué d’apporter force barilles de muscat et morceaux de viande séchée, alors que sur la rive opposée, les visages des Lensards trahissaient leur anxiété.

L’hercule d’Ayent prit place rapidement au milieu du « ring » tandis que l’apparition du gringalet lensard provoqua l’hilarité des Ayentôts.

Le lutteur ayentôt se pavanait, bombait le torse, exhibait ses biceps, insultait son adversaire, se gaussait de son physique. Notre Lensard, lui, avançait à tout petits pas, indifférent, tête baissée, triturant et assouplissant dans ses mains une longue tige de viorne lentane.

Enthousiasme d’un côté de la rivière, désespoir de l’autre…

Les deux combattants se rapprochaient… Un mètre… Cinquante centimètres… Soudain, un éclair…, la liane de lentane se détendit, s’enroula autour du corps de l’Ayentôt, l’immobilisa et le petit Lensard, d’un habile jeu de jambes, le projeta à terre, sans défense.

Victoire !... Victoire !... Victoire !... Ces chants de guerre s’exha-lèrent de la poitrine des Lensards qui purent ainsi choisir la prise d’eau du bisse.

En patois de Lens, la viorne lentane qu’a utilisée le lutteur s’appelle une « riouta ». Quoi de plus normal pour les Lensards, dans leur enthousiasme, que de baptiser leur bisse « Rioutaz ».

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© Denis Rey 2x

Clef de Saint-Martin Clef du Perry

© Denis Rey

La vague

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© Denis Rey

Tachonire

© J. Lamon 2x

Au détour du chemin…

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Grand Aqueduc de la Rioutaz

Au cours des années, des erreurs et des abus ont été commis, un malaise général est ressenti au sein des consorts du Grand Bisse. Pour amener la justice et la sérénité, un nouveau règlement est adopté. Il s’agit des

Arrêts du Grand Aqueduc de la Rioutaz, l’an du Seigneur 1698, le 8 juin.

Les quinze articles que contiennent ces nouveaux Arrêts sont spécialement consacrés aux tâches que doit remplir le garde du bisse. Tout d’abord, on mentionne sa nomination.

« Chaque année, un garde habile et capable est élu par le suffrage commun des consorts, lequel, au moyen d’un salaire convenable à payer par égale part par les quatre quartiers, ne doit laisser écouler aucun jour sans qu’il ne parcoure et ne visite avec soin partout une fois l’aqueduc. »

D’autres points précisent l’importance des responsables de quartier, l’entretien des clefs, l’usage de certaines poses, etc. Enfin, il est rappelé que les indications contenues dans les Arrêts de 1457 soient inviolablement observées.

Parchemin de 1698

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Grand Bisse sur Icogne

© J. Lamon 2x

Passage en sous-bois

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La Bergerie

Un article des Arrêts de 1457 indique qu’il est interdit, sous peine d’amende, de créer de nouveaux destornyours dans le bisse. Vers les années 1890, la section de Lens, par une concession, obtient le droit de prendre l’eau au Grand Bisse pour abreuver les moutons de la bergerie, durant le temps qu’ils parcourent la Vereillaz. Toutefois, quelques dispositions doivent être respectées :

« En dehors de la période de pacage, l’ouverture du bisse (note : l’écluse) devra être hermétiquement fermée.

La section de Lens ne pourra pas exiger la fourniture d’eau lorsque l’aqueduc n’est pas chargé pour sa destination ordinaire.

Aucune indemnité n’est demandée pour cette concession ; cependant l’administration de la section de Lens s’engage, eu égard à cette gratitude, de se montrer la moins exigeante possible au cas où des dommages se réalisent sur la forêt de la Vereillaz, par suite de rupture de bisse.

La prise étant faite sur le quartier de Chermignon, ce dernier décline toute responsabilité si des dommages se produisent. »

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Vers l’abandon du Grand Bisse ?

Au début du 20ème siècle, des quantités assez importantes d’eau se perdent dans la forêt de la Vereillaz. Aussi, envisage-t-on de percer un tunnel sous le Châtelard et de remplacer ainsi le tronçon qui contourne la colline. Le Conseil de la Grande Bourgeoisie de Lens, composé des présidents des quatre nouvelles communes et du vice-président de Lens, mandate, en 1910, les ingénieurs Rauchenstein et Müller de Sion pour établir une étude préliminaire. Les procès-verbaux établis à cette occasion résument les diverses réflexions, opinions, décisions qui ont alimenté les conversations. a) « Le 20 mai 1910, les membres de l’administration Grand

Bourgeoisiale, accompagnés des ingénieurs, parcourent le bisse de la Ryoutaz dès le torrent des Pierres Drites jusqu’au chemin allant à Sarmonaz, à l’effet de se rendre compte de l’opportunité du percement de la Vereillaz et examiner la roche existante aux environs de la masse à percer. Dans le cours de cette étude toute préliminaire, une idée nouvelle surgit au sein de la commission, laquelle consisterait à abandonner complètement le Grand Bisse et le bisse du Rho, par un grand bisse tout nouveau, créé à l’altitude du bisse d’en haut actuel, destiné à amener vers les Plans Mayens une quantité d’eau suffisante pour irriguer toutes les propriétés sises sur les quatre nouvelles communes. A l’appréciation de Messieurs les ingénieurs, cette nouvelle idée mériterait certainement d’être utilisée pour deux motifs principaux :

En allant chercher l’eau à la Lienne, on n’aurait plus à craindre ce que l’on voit menacer d’année en année, c’est-à-dire le dessèchement très probable et complet de la Derzence (Ertintze).

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On éviterait la dépense assez considérable qu’occasionne le percement de la Vereillaz et cela sans augmentation certaine du quantum d’eau. »

b) Une nouvelle séance, le 27 mai 1910, mentionne :

« La commission Grand Bourgeoisiale et Messieurs les ingé-nieurs ont procédé à la connaissance et à l’examen des terrains destinés, le cas échéant, à être traversés par le tout nouveau Grand Bisse. Ils se sont rendus jusqu’à la Lienne, à côté du Planjean, avec retour par le côté d’Ayent. Les conditions relevées paraissent assez favorables. »

c) Le 4 juin 1910, la commission prend connaissance des condi-tions relevées par les ingénieurs pour la construction du nouveau bisse, partant de la Lienne, vers les Loquès pour déboucher aux Plans Mayens.

d) Une assemblée des ayants droit décide, le 5 juin 1910, par 89 voix contre 0, de faire procéder, dans le courant de l’année, à l’étude d’un projet d’aqueduc destiné à remplacer les deux bisses de la Rioutaz et du Rho.

e) Le quartier de Lens convoque, le 28 août 1910, les ayants droit des deux bisses à une assemblée. Il constate que la réunion du 5 juin a décidé par 89 voix contre 0 d’entreprendre une étude de faisabilité. Ce petit nombre de participants n’est pas représentatif des consorts, car l’ensemble des deux consortages compte plus de cinq cents membres. Cette assemblée, pour les ayants droit du quartier de Lens, n’est pas légale, donc

« Lens s’oppose à toute réalisation du travail d’étude jusqu’à la décision des ayants droit convoqués légalement. »

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Lens n’est pas d’accord

Après une longue discussion, le quartier de Lens publie les considérations suivantes :

- « Considérant que cette entreprise, tout idéale qu’elle puisse paraître est certainement au-dessus de nos ressources et que son rendement ne correspondrait pas à la dépense,

- Considérant que les aqueducs actuels fournissent l’eau régulièrement à un prix de revient inférieur à celui que coûterait l’entreprise projetée,

- Considérant qu’il y a tout lieu de craindre que la Lienne ne fournirait pas à la prise projetée une même quantité d’eau que celle qui peut se recueillir au leviour actuel du Grand Bisse, ceci au moins pour certaine époque de l’année,

- Considérant qu’il y aurait lieu de craindre que le perforage du tunnel à travers le contrefort de la Zaa alpage pourrait produire, selon la disposition de la roche, le tarissement de quelques sources de cet alpage,

- Considérant que cette amenée d’eau au-dessus des Plans Mayens nécessiterait, pour notre commune en particulier, des frais considérables en vue de nouvelles conduites et répartition indispensable de la nouvelle issue, jusqu’au Grand Bisse actuel, L’assemblée, à l’unanimité, vote l’opposition par tous les moyens possibles à la réalisation de l’entreprise. Les ayants droit présents, au nombre de 202, ratifièrent les oppositions formulées par le Conseil. »

Cette prise de position de la commune de Lens mit fin à toute tentative d’abandonner le Grand Bisse.

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Sortie du tunnel à Cambouchic

© J. Lamon 2x

Calme et harmonie

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Icogne et la vallée de la Lienne

© J. Lamon 3x

Au rythme de la vie

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Arrêts du Grand Bisse

de la Rioutaz de 1914

Avec le temps, des modifications ont été apportées à la bonne marche du bisse. La commune de Lens s’est partagée, en 1905, en quatre communes distinctes, Icogne, Lens, Chermignon et Montana. Le besoin s’est donc fait sentir d’établir un nouveau règlement au Grand Bisse, respectueux des anciens statuts. C’est ainsi que sont entrés en vigueur, en 1914, de nouveaux

Arrêts du Grand Bisse de la Rioutaz,

signés par les membres du conseil de la Grande Bourgeoisie de Lens. Examinons quelques articles. 1) Tassoz

La longueur du bisse est partagée en divers tronçons appelés Tassoz et dont l’entretien incombe à chaque quartier. La distance des tassoz est déterminée par les difficultés rencon-trées sur le terrain.

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Tassoz Quartiers Informations Distance mètres

Tassoz Defoura

Lens Fin du bisse à Diogne au pont de la Rouala, chemin qui traverse le bisse, environ 100 mètres avant le contour du Grand Bisse, sur la route Granges-Lens

3434

Vereillaz Chermignon Pont de la Rouala au pont de Plan Noverè, sur le sentier qui monte au Christ-Roi

2043

Les Tasses 4 communes

Du pont de Plan Noverè sur une courte distance, chaque quartier entretient quelques mètres (de 17 à 55 m)

153

Plan Noverè Montana 1111

Sarmonaz Trichière

Icogne 3259

Tachonire Chermignon 1064

Zour (forêt des Champs)

Montana 562

Torrent de Zerman

Lens 823

Rouinaz Montana 139

Daille Chermignon 449

Tassoz du Leviour

Icogne 559

Leviour 4 communes 148

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Ainsi, les distances d’entretien pour chaque commune sont de 4'274 mètres pour Lens 3'873 mètres pour Icogne 3'596 mètres pour Chermignon 1'853 mètres pour Montana 148 mètres pour les quatre communes 13'744 mètres : distance totale.

Plan extrait du web « Les Bisses du Valais » [email protected]

1. Tassoz Defoura 2. Vereillaz 3. Les Tasses 4. Plan Noverè 5. Sarmonaz-Trichière 6. Tachonire

7. Zour di Tsan 8. Zerman 9. Rouinaz 10. Daille 11. Tassoz du Leviour 12. Leviour

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2) Les écluses

Les 51 ouvertures d’eau dans le bisse permettant d’utiliser l’eau s’appelaient à l’origine des destornyours. L’usage a transformé ce nom en clefs.

Les principales clefs du Grand Bisse se nomment :

Pour Icogne Clia de Villa La Clef du Tyrlo

Pour Lens La Clef du Perry (au-dessus de Chelin) La Clef de St-Martin (à quelques dizaines de mètres du chemin Chelin-Lens) La Clef de Bigoron

Pour Chermignon La Clef de l’Essertze La Clef du Nang

3) Les poses

Chaque quartier dispose de 13 poses d’une durée totale de quatre jours et un tiers, donc 3 poses par jour. La pose du matin commence au lever du soleil et se termine à midi. Celle de l’après-midi s’étale de midi au coucher du soleil. Enfin, la pose de la nuit dure du coucher du soleil jusqu’à son lever.

Pour chaque quartier, les poses sont ainsi nommées :

Remoye, 1ère, 2ème, 3ème, …10ème, 11ème et 12ème.

On a donc, par exemple, la remoye de Lens, la 1ère de Lens, la 5ème de Lens, … la 12ème de Lens.

Il en va ainsi pour chaque quartier.

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Il est à noter que, dans la détermination des poses, le quartier de la Communauté de Chermignon d’en Bas, de Diogne et de Montana est appelé Lè Quartèros.

La première pose s’appelle toujours la remoye ou romouye (remuer, changer).

Une liste établie en 1980 mentionne 674 ayants droit du Grand Bisse qui détiennent 1'353 droits d’eau. A chaque propriété est attaché un droit d’eau. Ce droit qui va de 1/8ème à 9/1 unités est déterminé par la superficie du pré à irriguer.

Il est difficile aujourd’hui d’imaginer la somme de travail et de fatigue qu’engendrait l’arrosage des prés. Dès que l’eau quittait le Grand Bisse aux différentes clefs, elle s’élançait dans un canal creusé au fil des siècles, puis se répar-tissait en divers embranchements, et guidée par l’homme, arrivait plus ou moins abondamment sur les propriétés. De jour ou de nuit, alors faiblement éclairé par un falot à la lumière tremblotante, l’homme ou la femme, armé de sa delabre pour agrandir les tornyours, et avec l’aide de plaques de fer ou de grandes pierres, conduisait l’eau sur son pré où pas un seul centimètre carré ne devait être privé du précieux liquide. Assez régulièrement, le bran diminuait fortement. Là-haut, dans la forêt, un voisin peu scrupuleux ou conscient que le partage n’était pas correct, se permettait de déplacer une ou deux pierres, diminuant ainsi le volume d’eau de l’arroseur. Ce dernier, pour que l’irrigation puisse se terminer dans le temps dévolu, devait donc remonter difficilement la pente jusqu’au répartiteur et, à son tour, corriger la répartition en enlevant une ou deux pierres. Ces faits donnèrent lieu, quelquefois, à des scènes cocasses. Si les deux ayants droit se rencontraient au répartiteur, le ton montait, les insultes fusaient, les menaces éclataient, les

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delabres se levaient dangereusement au-dessus des têtes, et il arrivait que l’un ou l’autre des antagonistes soit projeté dans le torrent.

Les 10ème, 11ème et 12ème poses de Lens, attribuées à la clef du Perry, étaient particulièrement impressionnantes. A l’ouverture de la clef, les eaux bouillonnantes dévalaient le torrent creusé dans le flanc de la Vereillaz, dans un nuage d’écume blanche et dans un bruit assourdissant, pour se répandre, par un dénivelé de plus de 200 mètres, dans les prés de Chelin.

D’autres poses utilisent les eaux du grand Bisse :

les trois poses de Saint-Jacques Apôtre qui s’étendent du coucher du soleil, la veille jusqu’à la tombée de la nuit, le lendemain, 25 juillet, fête de St-Jacques.

les Meschuires : eaux d’arrosage du dimanche et des jours fériés.

Elles commencent la veille, au coucher du soleil et se terminent le dimanche ou jour férié à 3 heures de l’après-midi.

Le prix de la vente des eaux de ces poses à des particuliers est destiné en partie à l’Eglise en vertu de la visite épiscopale et en partie aux mignours et aux quartiers.

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Extrait de la liste des ayants droit du Grand Bisse de Lens, 01.01.1980

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4) Les responsables du bisse

a) Avoyour

L’avoyour est le chef responsable des eaux ; il coordonne les travaux et préside les débats lors des assemblées. Il veille à ce que les mignours et le garde remplissent correctement leur devoir et il règle les diverses tâches administratives. A titre d’honoraire, il a droit à la seconde des trois poses de St-Jacques. Il est nommé pour quatre ans. Il est choisi alternativement dans chacun des quatre quartiers du Grand Bisse.

b) Mignours (meniou)

Chaque commune nomme le mignour de son quartier. La durée de ses fonctions est de quatre ans. Il est responsable du bon entretien du bisse, particuliè-rement dans la limite de ses Tassoz. Il vend les Meschuires et en recouvre le prix.

c) Garde

C’est l’homme à tout faire. Presque chaque jour, il doit parcourir le bisse, contrôler son bon état, intervenir dès qu’apparaît un danger naturel, fortes pluies, grêle, tempête, aviser les mignours si des réparations urgentes doivent être exécutées, etc.

Le tunnel du Châtelard

Les dangers de rupture du bisse, les frais d’entretien élevés et les pertes d’eau importantes dans le secteur de la Vereillaz incitèrent les consorts à abandonner l’exploitation du Grand Bisse dans ce tronçon et à creuser un tunnel sous la colline du Châtelard.

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Ce projet, concocté par un comité présidé par Martial Barras d’Ollon et par l’ingénieur André Bonvin de Sion, se réalisa par le percement d’une galerie de 845 m de longueur qui amène, depuis 1984, l’eau de Sarmona, à l’altitude de 1040 mètres, à Cambouchic, 1024 mètres, vers la route de Granges-Lens. Cette œuvre a bénéficié de l’aide de la confédération, du canton et des communes.

Aujourd’hui

Depuis quelques années, des modifications importantes ont été apportées à la gérance du bisse. Les prés, en grande partie, ont été transformés en vignes ; les poses ont été abandonnées. L’arrosage par aspersion a remplacé l’irrigation par ruissellement. Les eaux du Grand Bisse se déversent actuellement dans le bassin d’accumulation de Visine, dans le lac de Chermignon d’en Bas et dans le réservoir de Diogne Dessous. De là, un important réseau de canalisations s’étend sur tout le territoire irrigable. Entre la forêt de Revouire et Chermignon d’en Bas, deux ou trois écluses sont encore utilisées pour l’irrigation de quelques prés. D’autre part, une installation de pompage, vers le marteau avertisseur, permet l’arrosage de propriétés situées au-dessus du bisse. La prise d’eau du Leviour a été améliorée par la Société Lienne SA. Pour palier le manque d’eau éventuel du bisse, une station de pompage a été construite sur son parcours et permet ainsi d’amener l’eau nécessaire depuis le Bassin de l’usine de Croix, dans la vallée de la Lienne. L’entretien du bisse par tassoz a également été modifié. Actuel-lement, la Société Lienne SA veille au bon fonctionnement du Grand Bisse dans sa partie initiale, soit sur 2 ½ km. Le reste est sous la responsabilité du Consortage, propriétaire du bisse, avec tous les droits acquis au cours des âges. La surveillance est toujours assurée par le garde.

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Le secteur de la Vereillaz, avec ses améliorations, est entretenu par les communes d’Icogne et de Lens.

La hardiesse, l’intrépidité, l’ingéniosité, la ténacité manifestées par nos ancêtres lors de la construction du Grand Bisse, inspirent des sentiments d’admiration et de reconnaissance. Un tel hommage s’adresse aussi à ces hommes réfléchis et sensés qui, au cours des siècles, ont élaboré des règlements précis et complets, empreints de justice et de solidarité. Ils ont ainsi contribué à l’existence de la vie communautaire lensarde.

« Les petites choses grandissent par la concorde, se ruinent par la discorde ». Cette réflexion, inscrite par Ignace-Sébastien Briguet, châtelain de Lens, en 1768, sur « Les formules de serments pour les gardes des bisses et des vignes », n’est-elle pas significative de cet esprit de collaboration et de paix ?

Les travaux de remise en eau du

Grand Bisse 2008 – 2011

Après le percement du tunnel sous la colline du Châtelard, le Grand Bisse, dans le tronçon de la Vereillaz, s’est rapidement détérioré, faute d’entretien. Des pierres, de la terre, du bois, ont obstrué, peu à peu, le lit du bisse. L’état du sentier exigeait des aménagements. Des voix se sont élevées pour remédier à cette situation ; elles ont demandé une remise en eau du bisse. Conscientes des valeurs historique et touristique du Bisse de la Riouta, les autorités communales de Lens et d’Icogne se sont penchées avec bienveillance sur un projet de réhabilitation de l’aqueduc autour de la Vereillaz.

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© Denis Rey

Mise en eau du bisse, arrivée du bran

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En collaboration avec la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP) et avec Crans Montana Exploitation, un plan d’exécution a été élaboré. Puis, les travaux ont été exécutés sous la direction d’un comité composé de Messieurs Roman Hapka de la FP, président, de Jacquy Duc de CME, de Francis Bagnoud et de Daniel Kamerzin pour les Bourgeoisies de Lens et d’Icogne, du bureau Nivalp, sans oublier le responsable des travaux de ce secteur, Charly Bonvin. Les opérations se sont déroulées en deux étapes :

1. La mise en état du lit du bisse, en 2008 et 2009. 2. L’aménagement du sentier, en 2010 et 2011.

1. La mise en état du bisse Le déroulement de cette réalisation a fait l’objet d’un rapport d’activité 2008-2009, établi par la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage et rédigé par Monsieur Roman Hapka. En voici quelques extraits :

Les travaux

Le Bisse n’étant plus utilisé ni entretenu depuis plusieurs dizaines d’années, il s’était en partie comblé et détérioré avec le temps. Les travaux consistaient donc à dégager le lit du bisse des matériaux qui l’encombraient (végétation, terre, aiguilles de sapin, branches, pierres, etc.), à lui restituer sa forme d’origine (largeur, profondeur), à reconstituer les tronçons détruits par des mouvements de terrain ou des éboulements, ainsi qu’à remettre en état le sentier qui le borde.

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Afin d’éviter les frais trop importants qu’aurait entraînés l’engagement de professionnels, la FP a fait appel à la Fondation Actions en faveur de l’environnement pour organi-ser un certain nombre de semaines de travail avec des classes d’élèves. En octobre 2008, ce sont quelque 30 garçons et filles de 16 à 21 ans, venant du canton de Zürich qui se sont relayés pendant deux semaines pour remettre en état un premier tronçon de bisse. Les élèves étaient encadrés par leurs professeurs et par deux employés communaux compétents, et suivis par un conseiller technique sollicité par la FP. La progression du chantier et le résultat ont été très satis-faisants. Certains tronçons particuliers, trop lourdement endom-magés pour être remis en état par les élèves, ont nécessité l’engagement d’une machine au printemps 2009 et d’une main-d’œuvre plus qualifiée. Ces travaux ont été réalisés par une équipe de chômeurs sous la conduite d’employés communaux. Sept groupes de jeunes volontaires – 145 personnes – ont poursuivi les travaux de nettoyage fins entre mai et octobre 2009. Dans la première moitié de l’année 2009, le groupe technique du projet a défini les données finales des divers ouvrages techniques à réaliser (passerelles et autres). En août et en septembre, il a été nécessaire d’effectuer divers travaux de minage des gros blocs tombés dans le bisse depuis son abandon en 1984. Il a également fallu procéder à des travaux de nettoyage des parois situées au-dessus du bisse afin de sécuriser le sentier et de s’assurer que l’écoulement futur de l’eau dans le bisse ne soit pas remis en question par des éboulements dépassant les capacités de l’entretien annuel. Ces divers travaux spécialisés ont été mandatés à une entreprise de la région.

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L’intervention des communes de Lens et d’Icogne et de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP) a permis d’associer cette réalisation dans un projet plus vaste touchant l’ensemble des bisses et des sentiers de Crans-Montana : le Grand Bisse de Lens, le bisse de Miriouge, le bisse du Rho, le parcours santé allant du lac de Miriouge à Bluche et le chemin de découverte du barrage de Zeuzier. »

2. L’aménagement du sentier

Sans conteste, Charly Bonvin est l’âme de la réfection du Grand Bisse. Homme compétent, aimable, disponible, enthousiaste, généreux, il a su allier exigence et bonne humeur dans sa tâche difficile. Les éloges qu’il a reçus, tant des responsables que des travailleurs, témoignent de son savoir-faire et de son entregent.

Charly Bonvin raconte :

« Après des réunions, des discussions, des périodes d’euphorie mais aussi des moments d’angoisse, le 6 octobre 2008 est un jour mémorable : le premier coup de pioche est donné. Neuf groupes d’étudiants, accompagnés de leurs professeurs, et venus de Schlieren (ZH), d’Au (ZH), de Berne, d’Oberwil (BL), de Wohlen (AG), de Bienne, d’Oberägi (SZ) et d’Aarau, quittent leurs bancs d’école pour prendre brouettes, pelles et pioches, se coiffer d’un casque de mineur et affronter la rude réalité d’ouvriers de chantier. Les groupes se succèdent pour recréer le lit du bisse dans son état primitif. Le travail est pénible, le danger présent. Aussi, par mesure de précaution, l’infirmière Gasparine Emery est sur le lieu de travail avec sa trousse de premiers secours. Notre position est communiquée à Air-Glaciers.

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Des ouvriers, sans activité hors des périodes saisonnières, encadrent, avec beaucoup de compétence, les jeunes étudiants et procèdent à d’autres tâches, telle la construction de murs. En 2009 et 2010, le travail technique est entrepris par des entreprises privées, les communes et CME. Dans les endroits délicats, des barrières et des cordes sont posées sur une distance de 275 mètres ; des passerelles sont installées sur 80 mètres, et 115 mètres des chéneaux facilitent l’écoulement de l’eau. En 2010, pour l’aménagement du sentier, sept nouveaux groupes d’étudiants de Bienne, Berne, Bâle-Ville, Argovie, Winterthur et St-Gall, toujours chaperonnés par leurs profes-seurs, s’activent en fixant des rondins, en aplanissant le chemin, en brouettant et en répandant plus de 45 m3 de poussier. De nombreuses anecdotes ont marqué le passage de ces étudiants. J’en citerai deux.

*** Un jour, une jeune fille, âgée de seize ans, debout sur un passage périlleux, m’adresse cette réflexion : « Si je tombe, je fais quoi ? – Hélico ! – Chouette ! », s’exclame-t-elle.

***

Un autre jour, je surprends un gars qui déplaçait tout seul un rondin de bois de plus de cinquante kg. Je lui fais remarquer qu’une telle charge se porte à deux personnes. Un professeur me glisse à l’oreille : « Il est tellement heureux ! Il vient d’obtenir un certificat à l’école sport-études, et dans le dernier concours cantonal bernois de judo, il s’est hissé à la troisième place. Alors, sa force est décuplée ! »

***

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Au travail : des jeunes venus de la Suisse allemande

© archives SL-FP 3x

« Neuf groupes d’étudiants, accompagnés de leurs professeurs… »

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Enfin, à l’occasion de la remise en eau du bisse, le 4 mai 2010, nous suivons, pas à pas et avec beaucoup d’émotion, le bran qui s’écoule à nouveau, lentement, tout autour du Châtelard.

La quantité d’eau qui entre à Sarmona, dans l’aqueduc rénové, a été mesurée à 45 l/sec., tandis qu’à l’arrivée, à Cambouchic, elle n’est plus qu’à 28 l/sec. Au début de l’année 2011, les travailleurs achèvent les der-niers travaux sur le tronçon Route de Lens-Chermignon d’en Bas : élargissement du sentier, suppression des nombreuses racines d’arbres qui envahissent le parcours, étalement de poussier. A Sarmona, une autre équipe, sous l’experte direc-tion d’un maître-maçon, construit, avec beaucoup de talent, un mur de soutènement en pierres sèches. Ainsi, de Chermignon d’en Bas à Icogne, sur une distance de 8 ½ km, est offerte aux randonneurs, aux amis de la nature, aux familles une promenade agréable qui leur assure plaisir et sécurité. L’aménagement du Grand Bisse a été un événement riche en découvertes. Le professionnalisme, la responsabilité, l’honnêteté des ou-vriers sans activité, méritent un grand respect. La gentillesse, l’assiduité, le travail, souvent pénible, de tous les nombreux étudiants, sont une source de profonde satis-faction. La motivation, l’engagement, les encouragements, le sens des responsabilités des professeurs, ne sont que la suite logique de leurs fonctions pédagogiques.

Du fond du cœur, un immense merci s’adresse à vous tous, artisans de la réfection du Grand Bisse de Lens ! »

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Le Grand Bisse :

un parcours d’agrément

Pendant des siècles, la fréquentation du sentier du Grand Bisse répondait uniquement aux besoins : travaux d’entretien, contrôle de l’état de l’aqueduc, recherche du bois, des pives, de la litière, parcours des chasseurs et des braconniers, sans oublier, certains dimanches, le rendez-vous des amoureux qui voulaient échapper aux regards indiscrets des villageois.

Aujourd’hui, nombreux, très nombreux, les promeneurs, les amis de la nature, les familles apprécient une balade le long du bisse. Ils découvrent la splendeur des paysages, la variété de la végétation. Ils s’imprègnent du calme, de l’atmosphère de paix et de sérénité. Les récents travaux d’amélioration du sentier du bisse facilitent une marche aisée à toute personne. Une promenade ?

Il est loisible de débuter sa promenade à Diogne où le Grand Bisse termine son parcours, prolongé par le Grand Torrent, dans un décor sauvage. Puis, le charmant village de Chermignon d’en Bas, avec son vieux quartier pittoresque, se dévoile dans un écrin de verdure. On ne manque pas d’admirer quelques majestueux et vieux chênes dans la forêt de Revouire (Revouire = rouvraie, chêne rouvre). L’arrivée au pont du bisse que franchit le chemin muletier de Chermignon d’en Bas à Lens donne l’occasion de se remémorer la scène de chasse de C.-F. Ramuz, racontée par le peintre et écrivain Albert Muret :

« … Je lui avais procuré un fusil un peu démodé, ne tirant que des cartouches à poudre noire, ce qui faisait beaucoup de fumée et une détonation magnifique. Un vrai fusil de poète !

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Nous nous trouvions, dès les premières lueurs de l’aube, au contour de Bigoron, à ce tournant de la route où une vieille fontaine fait un joli bruit d’eau. Nous y avions tenu un conseil de guerre, pour établir nos plans et nous avions décidé d’attaquer un lièvre connu de nous, qui gîtait au milieu des vignes et qui, sitôt lancé, montait régulièrement par un certain couloir rocheux, semé de buissons et de pins rabougris, aboutissant à un pont sur le bisse. C’est là que Ramuz, muni de toutes les instructions néces-saires, devait aller se poster, pendant que Joseph Bonvin, vigneron-chasseur de Chelin, irait découpler les chiens dans les vignes et que moi, je garderais, à toute éventualité le contour de la route. Au début, les choses allèrent selon nos prévisions. La voix ardente des chiens, rompant le silence matinal, ne tarda pas à annoncer le lancé. Bientôt, cependant, je compris qu’au lieu de suivre le trajet habituel, la chasse montait par une petit sentier, en lisière de forêt, et qu’elle passait entre Ramuz et moi. Que faire ? Il était trop tard pour tenter de la couper. Nos plans étaient déjoués ! Soudain, une détonation puissante ébranla l’air ! Puis les chiens se turent. Qu’est-ce que cela signifiait ? Un rival indélicat avait-il réussi à escamoter la victime ? A toutes jambes, Bonvin était venu me rejoindre. Il fulminait et nous faisions mille suppositions, en exhalant notre dépit, lorsque nous vîmes un chasseur sortir du bois et descendre à notre rencontre. Il paraissait quelque peu empêtré avec son fusil et un gros lièvre, qu’il portait dans ses bras comme un poupon… C’était Ramuz ! Il le déposa à nos pieds, avec un large geste : hommage de l’auteur ! Les explications confuses qu’il nous donna n’expliquaient rien. Au lieu de se rendre au poste que nous lui avions désigné, en nous basant sur l’expérience, au lieu de garder ce pont que des

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générations de chasseurs, avant lui, avaient occupé, y tirant ou y manquant tour à tour leur lièvre, Ramuz s’était arrêté en chemin, peut-être séduit par le charme de l’endroit, peut-être attiré par le mystère de ce petit sentier inconnu et désert.

Cependant, tout là-bas, à l’autre extrémité de ce même sentier, le drame s’organisait. Réveillé en sursaut par les cris des chiens, notre lièvre non-conformiste, lui aussi, sitôt sorti des vignes, modifiait son trajet habituel et s’engageait sur la voie de son destin. Il grimpait allègrement la côte, il trottait gaiement derrière son ombre, que le soleil projetait entre les pins…

… Jusqu’à la grande révérence finale, au milieu d’un bruit de tonnerre !... »

Quelque mille deux cents mètres plus loin, à Cambouchic, sur le chemin qui monte de Chelin à Lens, quelques secondes d’arrêt s’imposent pour s’imprégner de la description du lieu faite par C.-F. Ramuz :

« … Alors vint le Grand Bisse, et là on sort du bois, et il coule à pleins bords, entre le talus pierreux d’une côté, et, de l’autre, la pente qui reprend aussitôt ; il coule avec une eau très pure, laquelle ne fait aucun bruit, tellement elle glisse doux. Et au fond, au soleil, on voit briller les pierres blanches. Ils passèrent le bisse ; au-dessus, avant le village qu’on n’aperçoit qu’au dernier moment, vient encore une pente de champs, tout étroits et tout en longueur, posés l’un sur l’autre comme les marches d’un escalier ; et ils s’élèvent contre le ciel, si hauts, si escarpés qu’ils cachent tout le reste. »

Ici, une distorsion au trajet (pour une fois) peut être envisagée. En effet, pourquoi ne pas suivre l’écrivain vaudois, depuis le grand Bisse, dans sa montée sur Lens, par le chemin des Virès ?

« … On va, on va avec les yeux contre cette côte ; elle est si élevée que, pour arriver jusqu’en haut, il faut renverser fortement la tête.

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Elle est si élevée et si raide cette côte, qu’il ne faut se tenir trop près d’elle. Tout à coup, le village sort. On est déjà presque dedans quand il sort et se montre, étant caché sur son replat pour ceux qui viennent d’en bas, et là, au milieu des maisons, parmi tous ces toits bas, serrés en rond tout contre lui, comme font les moutons autour de leur berger, c’est le haut clocher de l’église. »

Tout, dans la traversée de la Vereillaz, dénote les effets de la sécheresse dont souffre cette pinède et les grands blocs de rocher qui semblent seulement posés sur la pente suscitent un sentiment d’insécurité à l’idée qu’ils pourraient débouler sur Chelin. Soudain, l’horizon s’élargit ; le paysage grandiose de la vallée du Rhône s’offre au regard. Au Point de vue, le sentier change de direction et se dirige vers le nord, en suivant le vallon de la Lienne. Dans des falaises abruptes, le bisse se fait vertigineux, puis paresse entre les prairies verdoyantes de Sarmona et du Tohé, il s’étale, majestueux, dans la forêt dense, avant de s’écouler dans des conduites souterraines, au sommet du coquet village d’Icogne. Il doit encore affronter des passages difficiles à travers des précipices impressionnants, mais sécurisés par 300 mètres de passerelles et 550 mètres de cordes. Puis la traversée de la Zour di Tzan est une longue promenade reposante à l’ombre des mélèzes et des épicéas. Enfin, le Leviour est là… Dans sa longue balade du bisse, le Lensard (de l’Ancien Lens) apprécie particulièrement le croisement des torrents qui descendent des hauteurs de Crans, de la Zaa, de Chetzeron. Chacun d’eux, au nom évocateur raconte la longue histoire des torrents de la Pallettaz, de Noas, de Nant, de l’Essertze, de Bigoron, du Dutzoud, de St-Martin, de Pirra Drites, de Volues, du Tyrlo, de la Pontic, de Tachonire, de Zerman… Grand Bisse de Lens ou Bisse de la Riouta, une magnifique promenade à 1000 mètres d’altitude !

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Coups d’œil depuis le Grand Bisse

Illhorn Vers Chermignon

St-Romain Arbaz

Flanthey Sion

La Brenta Grône Morestel

le grand bisse de lens - crans-montana · 2018-08-09 · le président, david bagnoud le...

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