le français dans tous ses états

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CAHIER SPÉCIAL C LES SAMEDI 16 ET DIMANCHE 17 MARS 2019 Le français dans tous ses états L’écrivain québécois d’origine haïtienne Dany Laferrière, de l’Académie française, maîtrise à la perfection la langue de Molière, dans toute sa beauté et toutes ses subtilités. Avec la magie et la poésie des mots, il nous transporte dans les univers qui sont les siens. Le Devoir a échangé avec lui par courriel, alors qu’il attendait son avion pour Guangzhou, en pleine tournée de promotion à travers la Chine. Tour à tour, il nous fait part de ses observations sur l’usage du français, nous parle de littérature en Haïti, de son dernier ouvrage, Autoportrait de Paris avec chat. Les univers de Dany Laferrière Les mots comme de la musique aux oreilles CHARLES-ÉDOUARD CARRIER Collaboration spéciale Vous voyagez souvent et aux quatre coins du monde. Qu’observez-vous quant à l’usage de la langue française ? Comment se porte-t-elle aujourd’hui ? L es langues n’ont pas de vie personnelle, elles dé- pendent des aléas sociaux, politiques ou écono- miques, mais elles constituent souvent une des plus fortes passions humaines, d’où la difficulté de les analyser. Cela dépend de leur classification dans les besoins. Il y a des peuples en guerre qui cherchent à survivre, des peuples sous la dictature qui cherchent à se libérer, des peuples affamés qui cherchent à manger et d’autres qui résistent aux dogmes religieux. Quand on a résolu ces pro- blèmes, on peut passer à des difficultés d’ordre identitaire tout aussi essentielles. Je remarque simplement que les pays plus pauvres ne parlent jamais de la mort de la langue, ils se contentent de la parler et s’estiment heureux quand on leur per- met cela. Les pays plus riches en parlent souvent sous un angle nostalgique et évoquent parfois un temps où leur langue dominait la scène. Quant au Québec, son cas est particulier puisque tout en étant riche, il doit défendre sa langue, la plaçant ainsi au cœur de son identité. 300 millions : c’est le nombre de francophones répertoriés à travers le monde. Depuis 10 ans, on en dénombre même 35 millions de plus. Elle est bel et bien vivante, la langue de Molière. Celle-ci est toutefois au cœur de bien des luttes, à l’échelle de la province, du pays et du monde. Au Québec, des voix s’élèvent régulièrement pour la protéger et dénoncer son recul dans l’espace public. À l’occasion de la Semaine nationale de la francophonie, Le Devoir consacre un cahier spécial à la langue française, à ceux qui la font rayonner et aux enjeux qui y sont rattachés. VOIR PAGE C 3 : LAFERRIÈRE

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Page 1: Le français dans tous ses états

C AHIER SPÉCIAL C LES SAMEDI 16 ET DIMANCHE 17 MARS 2019

Le français dans tous ses états

L’écrivain québécois d’origine haïtienne Dany Laferrière, de l’Académie française, maîtrise à la

perfection la langue de Molière, dans toute sa beauté et toutes ses subtilités. Avec la magie et la

poésie des mots, il nous transporte dans les univers qui sont les siens. Le Devoir a échangé avec

lui par courriel, alors qu’il attendait son avion pour Guangzhou, en pleine tournée de promotion à

travers la Chine. Tour à tour, il nous fait part de ses observations sur l’usage du français, nous

parle de littérature en Haïti, de son dernier ouvrage, Autoportrait de Paris avec chat.

Les univers de Dany LaferrièreLes mots comme de la musique aux oreilles

C H A R L E S - É D O U A R D C A R R I E R

Collaboration spéciale

Vous voyagez souvent et aux quatre coins dumonde. Qu’observez-vous quant à l’usage dela langue française ? Comment se porte-t-elleaujourd’hui ?Les langues n’ont pas de vie personnelle, elles dé-pendent des aléas sociaux, politiques ou écono-miques, mais elles constituent souvent une desplus fortes passions humaines, d’où la difficulté deles analyser. Cela dépend de leur classificationdans les besoins. Il y a des peuples en guerre quicherchent à survivre, des peuples sous la dictaturequi cherchent à se libérer, des peuples affamés qui

cherchent à manger et d’autres qui résistent auxdogmes religieux. Quand on a résolu ces pro-blèmes, on peut passer à des difficultés d’ordreidentitaire tout aussi essentielles. Je remarquesimplement que les pays plus pauvres ne parlentjamais de la mort de la langue, ils se contentent dela parler et s’estiment heureux quand on leur per-met cela. Les pays plus riches en parlent souventsous un angle nostalgique et évoquent parfois untemps où leur langue dominait la scène. Quant auQuébec, son cas est particulier puisque tout enétant riche, il doit défendre sa langue, la plaçantainsi au cœur de son identité.

300 millions : c’est le nombre de francophones répertoriés à travers le monde. Depuis 10 ans,

on en dénombre même 35 millions de plus. Elle est bel et bien vivante, la langue de Molière.

Celle-ci est toutefois au cœur de bien des luttes, à l’échelle de la province, du pays et du

monde. Au Québec, des voix s’élèvent régulièrement pour la protéger et dénoncer son

recul dans l’espace public. À l’occasion de la Semaine nationale de la francophonie,

Le Devoir consacre un cahier spécial à la langue française, à ceux qui la font

rayonner et aux enjeux qui y sont rattachés.

VOIR PAGE C 3 : L AFERRIÈRE

Page 2: Le français dans tous ses états

F R ANCOPHON I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9C 2

Vous sentez-vous jugés par votre

accent ou votre manière de vous

exprimer en français ? Peut-être

souffrez-vous d’insécurité linguis-

tique. Zoom sur un complexe qui

afflige surtout les francophones

en contexte minoritaire.

E T I E N N E P L A M O N D O N E M O N D

Collaboration spéciale

L ors d’une recherche qu’ellemenait pour le ministère de

l’Éducation de l’Ontario, PhyllisDalley se rappelle qu’une élèvefranco-ontarienne de quatrièmeannée lui avait montré le Diction-naire des dif ficultés de la languefrançaise. « Elle m’avait dit que cedictionnaire était fait pour eux, car“ils ne parlaient pas bien français”,alors que le français était leurseule langue d’usage », raconte lasociolinguiste et professeure àl’Université d’Ottawa.

À ses yeux, il s’agissait d’une ma-nifestation d’insécurité linguistique.Cette expression dési gne un senti-ment d’infériorité ou d’incompé-tence vécu par plusieurs franco-phones en contexte minoritairelorsqu’ils s’expriment en français,même s’il s’agit de leur langue ma-ternelle. Cette impression prend sasource dans l’idée que sa langue n’apas la même valeur qu’une autre,par exemple l’anglais, ou que l’onne s’exprime pas dans la bonne va-riété de la langue, comme certainsfrancophones du Canada peuvent leressentir à la rencontre de Québé-cois, ou comme certains Québécoispeuvent le ressentir à la rencontrede Français.

S u z a n n e R o b i l l a r d , F r a n c o -Colombienne et doctorante en so-ciolinguistique à l’Université d’Ot-tawa, a vécu ce choc la première foislorsqu’elle a participé à des événe-ments d’envergure nationale. « J’ai

rencontré des francophones encontexte majoritaire, qui pensaientque mon accent était anglophone, sesouvient-elle. Je me faisais dire queje parlais très mal et qu’on ne mecomprenait pas. On voulait me par-ler en anglais, malgré le fait que j’aigrandi en parlant français. »

Ce complexe peut par fois setransformer en une crainte de pren-dre la parole, voire un refus ou unabandon de s’exprimer en français.« On va voir des gens qui préfèrentutiliser l’anglais parce qu’ils sontmal à l’aise avec la qualité de leurlangue, ajoute Phyllis Dalley. Maisce sentiment n’est pas lié à une éva-luation objective de leur compé-tence langagière. »

Anne Vinet-Roy, présidente del’Association canadienne d’éduca-tion de langue française (ACELF),a aussi obser vé ce phénomènechez ses élèves durant la ving-taine d’années où elle a enseignéau secondaire dans le nord del’Ontario. « Quand on leur repro-chait de ne pas utiliser la languefrançaise régulièrement, ils me di-saient qu’ils aimaient mieux parleranglais parce qu’ils se sentaientmoins jugés, moins cri t iqués.Pourtant, ils parlaient très bien lefrançais », observe-t-elle.

À ses yeux, la Semaine nationalede la francophonie, organisée parl’ACELF, vise justement à contrercette insécurité linguistique. Lethème de cette année, « Franco-phones… naturellement ! », est en-tre autres une invitation faite auxfrancophones du pays à développerle réflexe de ne jamais hésiter à de-mander des services ou à s’expri-mer en français.

Une stratégie portée par les jeunesL’insécurité linguistique n’est pasnouvelle. En revanche, l’expressioncircule de plus en plus dans la fran-cophonie canadienne. « Il y a uneprise de conscience depuis peu detemps », signale Phyllis Dalley, quiexplore cette notion depuis les an-nées 2000. Des discussions sur lesujet se sont déroulées dans le ca-dre du congrès de l ’ACELF en2017. Pour lancer sa plateformeWeb ONFR+ il y a quelques se-maines, la chaîne franco-ontarienneTFO a mis en ligne une série decapsules, intitulée « Les accents »,qui aborde la question.

« Ce sont les jeunes qui ont com-mencé à s’approprier le terme d’in-sécurité linguistique », remarquePhyllis Dalley. C’est le cas de SueDuguay, présidente de la Fédérationde la jeunesse canadienne-française(FJCF). La Néo-Brunswikoise ra-conte avoir vécu une forme d’insé-curité linguistique lorsqu’elle entraitsimplement à l’épicerie dans son vil-lage natal, majoritairement anglo-phone. « Je n’avais pas le courage dedire “bonjour” au lieu de dire “hi” ou“hello”», souligne-t-elle.

Une semaine pour combattrel’insécurité linguistique

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« On va voir des gens qui préfèrent utiliserl’anglais parce qu’ils sontmal à l’aise avec la qualitéde leur langue. Mais ce sentiment n’est pas lié à une évaluationobjective de leurcompétence langagière. »

Avec le FJCF, elle travaille actuel-lement à l’élaboration d’une Straté-gie nationale pour la sécurité lin-guistique, question d’aborder cetenjeu avec « une vision plus posi-tive ». Son objectif consiste à conce-voir une stratégie qui pourrait êtreutilisée dans tous les domaines, partoutes les générations et dans toutesles régions du pays pour conscienti-ser les collectivités et trouver dessolutions. Des consultations et unsondage ont été menés au cours desderniers mois sur la question, tandisqu’un symposium sera organisé pro-chainement sur le sujet.

Sans vouloir sauter aux conclu-s i o n s t r o p v i t e , S u e D u g u a yconstate que l’idée d’une communi-cation et d’un dialogue entre lescommunautés linguistiques minori-taires et majoritaires pour compren-dre les dif férentes réalités revientrégulièrement parmi les commen-taires entendus.

Phyllis Dalley a des doutes quantà la possibilité d’ef facer complète-ment l’insécurité linguistique. « Ilfaudrait déconstruire tous les rap-

ports de pouvoir entre les langueset les variétés de langue.» L’école etles médias peuvent néanmoins faci-liter, selon elle, un changement d’at-titude ou de perception. À l’échellede la personne, elle croit qu’il fauttravailler sur les capacités des gensà prendre la parole, même s’ils sesentent mal à l’aise ou ont l’impres-sion que leur manière de parlern’est pas valorisée.

Des ateliersEn Colombie-Britannique, SuzanneRobillard a, quant à elle, mené desateliers sur l’insécurité linguistiquepour des jeunes de 14 à 25 ans en col-laboration le Conseil jeunesse franco-phone de la Colombie-Britannique(CJFCB). « On travaille avec lesjeunes pour les écouter, pour enten-dre leur expérience, et puis on pro-pose des solutions », dit-elle. Unepar t impor tante de l’exercice estconsacrée à démontrer qu’il n’y apas un bon et un mauvais français.Toujours avec le CJFCB, elle déve-loppe actuellement des ateliers pourles professeurs de français et les pa-

rents. « Ils sont peut-être moins sen-sibilisés aux enjeux que leurs en-fants vivent », soulève-t-elle, en évo-quant que plusieurs francophonesd’ailleurs s’installent dans la pro-vince de l’Ouest canadien.

L’une des solutions est, selon elle,de constituer un modèle linguistiqueplutôt que de corriger explicitementceux qui prennent la parole, ce quirisque d’être perçu comme une cri-tique et n’aide en rien les locuteurs às’améliorer. Elle juge que le discoursdénonçant des calques de l’anglaiscomme un signe de la détériorationdu français vise la mauvaise cible.«Le problème, ce n’est pas la struc-ture de la langue, c’est tout le com-plexe social qui entoure l’utilisationdu français, dont un aspect est cetteinsécurité qu’on ressent parfois ens’exprimant dans cette langue, croitla Franco-Colombienne. C’est com-plexe comme problème, mais la pre-mière étape, c’est la sensibilisationet l’ouverture d’esprit [à l’idée] qu’ilexiste d’autres francophonies toutaussi valables et valides que le fran-çais québécois.»

Page 3: Le français dans tous ses états

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9 C 3

EN COLLABORATION AVEC

Cinéma et entretienCinquante ans après la promulgation de la Loi sur les langues officielles, quel bilan en tirer ?Projection du film La part du diable en présence de son réalisateur, Luc Bourdon, suivie d’une discussion-débat. ANIMÉ PAR

Jean-Benoît Nadeau, écrivain, journaliste et chroniqueur au journal Le Devoir

AVEC

Johanne Poirier, titulaire de la chaire Peter MacKell sur le fédéralisme à l’Université McGill

Luc Bourdon, réalisateur

à 18 h

27MARS

À l’Auditorium de la Grande Bibiothèque

Grande Bibliothèque 475, boul. De Maisonneuve Est Montréal Berri-UQAM514 873-1100 ou 1 800 363-9028banq.qc.ca

Dans le cadre du 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles et à l’occasion du Mois de la FrancophonieLE MERCREDI

D’Haïti au Québec à l’Académie

À votre entrée à l’Académie fran-çaise, en mai 2015, vous avez men-tionné qu’il s’agissait d’une électionsignificative pour Haïti. Aujourd’hui,celle-ci a-t-elle porté ses fruits pourHaïti et ses auteurs?J’avais, dès l’annonce de mon entréeà l’Académie, dédié simplementcette élection à Haïti et au Québec.Le premier a structuré ma sensibi-lité littéraire, et c’est au Québec quej’ai d’abord publié tous mes livres. Ily a une ligne directe entre ces deuxpays dans le fait que je sois ce typed’écrivain. Cela dit, lorsqu’Anne Hé-bert a eu le prix Femina, on ne lui apas demandé ce qu’elle allait fairepour les écrivains du Québec. Onpeut, par des conférences et par saprésence sur la scène littéraire, fairec o m p r e n d r e à l ’ É t a t h a ï t i e nqu’écrire est un métier, et à l’Étatquébécois qu’écrire réclame unecertaine fantaisie. Aux jeunes écri-vains, que c’est une histoire quidure toute une vie. Qu’ils doiventêtre attentifs à la vie qui se dérouleautour d’eux et chercher à en témoi-gner par tous les moyens que leuraccordent leur sensibilité, leur sensmusical et leur capacité à capter uneépoque comme une vie particulière.

Vous serez l’invité d’honneur de la25e édition de Livres en folie le20 juin prochain en Haïti. Pour vousqui êtes né à Port-au-Prince, avez

grandi à Petit-Goâve, avez écrit pourle journal Le Petit Samedi soir etavez fait partie de l’équipe de RadioHaïti, que signifient ces rencontresen sol haïtien?Haïti n’a jamais quitté le cœur dumonde. Un peu par tout sur cetteplanète, on s’étonne du fait que leschauf feurs de taxi haïtiens citentRimbaud et donnent une opinionréfléchie sur la situation au Moyen-Orient. Est-ce un temps trop longsous la dictature qui les a obligés às’intéresser au reste du mondepuisque le dictateur sanctionnaittoute opinion sur la situation natio-nale ? Pour moi, ce sera un mo-ment émouvant puisque j’irai dansdes villes que je n’ai pas visitéesdepuis longtemps et j’aurai la pos-sibilité de converser avec une nou-velle génération.

Votre plus récent livre, Autoportraitde Paris avec chat, marie écrituremanuscrite et dessins. Il fait danserles paragraphes et illustrations dansl’ordre et le désordre. De cette fa-çon, n’enlevez-vous pas un peu decette magie laissée au lecteurlorsqu’il met lui-même en scène lerécit dans lequel il est plongé?Vous me dites que les dessins sontpeut-être de trop et engagent un peul’imaginaire dans un étroit tunnel...je crois pour ma part qu’il faut pren-dre un livre avec l’univers qu’il pro-pose. La question est plutôt de sa-voir s’il reste loyal à cet univers.Suggérer que telle ou telle chose nese fait pas fait basculer l’ar t dansl’espace du pouvoir. Le pouvoir dupossible, l’art de l’impossible. L’artet le pouvoir créent ainsi une ten-

sion nécessaire à notre vie. D’abord,ces dessins sont tellement liés autexte qu’ils deviennent essentiels aulivre. C’est cela, le livre. Ce ne sontpas des photos. Le dessin est un arten lui-même. Quand je dessineMiles Davis, ce n’est plus un MilesDavis objectif, mais une vision sub-jective du musicien. Les motscomme les dessins sur une page for-ment un tableau dans ce livre.

Est-ce pour cette raison que certainslecteurs voient ce livre comme uneexpérience, une aventure littéraire?La magie d’un texte, c’est le lecteurqui doit la ressentir et c’est assezunanime dans ce cas. On m’a ditqu’on entre dans ce livre sur lapointe des pieds pour s’y installer as-sez vite. On s’y perd dans des piècesparfois ensoleillées, d’autres fois bai-gnées dans une pénombre, on en-tend de la musique, celle du jazz, durap, de Boris Vian ou de Duke El-lington, on assiste à l’éclosion d’unmythe comme celui de Coco Chanelou au rapprochement étrange entreVillon et Doc Gynéco, et on s’étonnede la force intellectuelle de JamesBaldwin. C’est ce mélange desgenres qui fait l’originalité du livre.Votre premier roman, Comment faire

l’amour avec un Nègre sans se fati-guer, est sorti en 1985. Trente-qua-tre ans plus tard, avez-vous le senti-ment que cette œuvre a bien vieilli?On ne peut pas savoir. En revanche,le livre est toujours en librairie et un

livre que les gens lisent garde safraîcheur. Il arrive que des lecteursvieillissent mal aussi. Au début, ilssont intrépides, lisent des livres ré-putés difficiles, puis, au fil du temps,ils ne lisent plus que des livres quise laissent dévorer.

Si le Dany Laferrière qui publiait l’andernier Autoportrait de Paris avecchat prenait un café avec l’autre DanyLaferrière, celui à la veille du lance-ment de Comment faire l’amour avecun Nègre sans se fatiguer, de quoi dis-cuteraient les deux hommes?Du café. Celui de ma grand-mère,dont je n’ai oublié ni l’odeur ni legoût. Pas plus que le visage de cellequi a structuré ma sensibilité.

Et comment voyez-vous le futur dela littérature française?Je ne lis pas dans le marc de café.

SUITE DE L A PAGE C 1

LAFERRIÈRE

JOEL SAGET

AGENCE FRANCE-PRESSE

« La magie d’un texte, c’est le lecteur qui doit la ressentir »

Des auteurs à découvrirFrantz Duval est journaliste et rédacteur en chef duquotidien Le Nouvelliste, le plus ancien quotidiend’Haïti. Il est aussi membre du comité organisateurde la 25e édition de Livres en folie, un événement lit-téraire auquel Dany Laferrière participera à titred’invité d’honneur. M. Duval nous propose de décou-vrir cinq romans francophones signés par une nou-velle génération d’auteurs haïtiens.

Rapatrié, par Nehemy Pierre DahomeyIl fallait venir un soir, par Billy MidyLes brasseurs de la ville, par Evains WècheNul chemin dans la peau que saignante étreinte, parJean D’AmériqueLa couturière de Martissant, par Ronald Paul

Page 4: Le français dans tous ses états

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9C 4

Journée internationale de la Francophonie 2019

Mobiliser, concer ter, former, innover : le français, outil de développement durable

www.ifdd.francophonie.org

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Collaboration spéciale

L e Programme canadien debourses de la Francophonie

(PCBF) travaille au renforcementinstitutionnel des pays participants.Cette année, il vise à former dehauts gestionnaires des universitésdes pays bénéficiaires à l’instaura-tion d’une bonne pratique de labonne gouvernance universitaire.

Les universités évoluent dans uncontexte concurrentiel, alors que lescontraintes de financement, notam-ment public, se font de plus en plusprégnantes. De nombreuses universi-tés, en particulier dans les pays en dé-veloppement, doivent affronter un ac-croissement massif et continu dunombre d’étudiants tout en assumantune bonne adéquation entre leurs of-fres de formation et de recherche etles besoins de la société. Les outils dela gouvernance universitaire, en parti-culier ceux de la planification et du pi-lotage stratégique, du managementde la qualité et de la gestion du chan-gement, sont un élément importantde la réponse que les universités doi-vent apporter à ces défis. «Il n’y a pasqu’une seule réponse, mais des ré-ponses adaptées au milieu de cha-cune des universités», précise TonyToufic, directeur du programme.

Une première cohorteDès la rentrée 2019, une première co-horte de boursiers provenant d’unedizaine d’universités et d’autant depays participera à un programme derecherche de six mois axé sur labonne gouvernance universitaire missur pied par le BCBF en collaborationavec l’Agence universitaire franco-phone (AUF), qui possède un Institutpour la gouvernance universitairebasé au Cameroun.

Les stagiaires devront faire un diag-nostic et une analyse critique duchamp de compétence qu’ils souhai-tent approfondir. «Ensuite, ils devrontdévelopper un plan d’action pour amé-liorer cette gouvernance particulièreen étant conscients de leurs res-sources et de leurs limites, explique ledirecteur. On vise un apprentissagepar modèle puisque chacun des bour-siers sera jumelé à un coach-supervi-seur.» Ce coach sera responsable del’encadrement pendant et après lestage ainsi que de la sélection de per-sonnes-ressources à l’intérieur ou àl’extérieur de l’université qui seraientsusceptibles de les renseigner ou deles inspirer dans leurs démarches.Après les six mois de stage, les parti-cipants retourneront dans leur uni-versité pour mettre en applicationleur plan d’action.

«En vidéoconférence, on souhaiterassembler les participants pour unejournée de partage où ils échangerontsur leurs succès, les enjeux affrontésou les éléments auxquels ils ont dûs’adapter… Ce sera la rencontre deschampions de la gouvernance univer-sitaire!» conclut Tony Toufic.

Former deschampions dela bonnegouvernance

L’Office québécois de la langue

française (OQLF) est constam-

ment appelé à créer des mots

pour décrire de nouvelles réali-

tés de la vie moderne. Il a d’ail-

leurs lancé pour la première fois

cette année un concours de créa-

tivité lexicale pour les élèves du

secondaire. Xavier Darras, coor-

donnateur de la production ter-

minologique à l’OQLF, et Julie

Létourneau, porte-parole de

l’OQLF, répondent aux questions

du Devoir sur cette mission un

brin mystérieuse que constitue

la création de mots.

M A R T I N E L E T A R T E

Collaboration spéciale

Qui a la responsabilité de créer desmots en français et comment réali-sez-vous ce travail?Xavier Darras : Nous sommes uneéquipe d’environ 15 personnes, desterminologues, qui travaillent sur leGrand Dictionnaire terminologiquepour enrichir la langue française.

Nous réalisons des travaux thé-matiques, comme créer le vocabu-laire d’un domaine particulier. Nousl’avons fait récemment pour les ré-seaux sociaux, l’électrification destransports et les systèmes d’aide àla conduite. Nous avons aussi réa-lisé un vocabulaire pour l’intelli-gence ar tificielle qui connaît ungrand essor à Montréal.

L’Of fice a à cœur que les genspuissent travailler en français, alors

il faut s’assurer que les besoins ter-minologiques sont comblés.

Nous répondons aussi à plusieursquestions du grand public, d’entre-prises, d’associations et de la fonc-tion publique. La plupart du temps,nous leur donnons le bon mot à utili-ser qui existe déjà. Les autres fois,nous sommes devant une tendancerécente qui n’a pas encore été nom-mée, donc il faut créer un mot, unnéologisme. Nous avons un fonc-tionnement assez souple pour lefaire et je crois que c’est notre force.

Collaborez-vous avec la France pourréaliser ce travail?Nous avons une bonne collaborationavec notre équivalent, la Délégationgénérale à la langue française et auxlangues de France, mais noussommes autonomes.

Nous prenons connaissance de ceque nous faisons de part et d’autre.Parfois, la France adopte des motsqui ont été créés au Québec, comme« courriel », dont l’inventeur rested’ailleurs inconnu. Et parfois, c’estnous qui adoptons les mots créés enFrance. Comme «mégadonnées».

Pouvez-vous me donner des exem-ples de mots créés par l’OQLF quise sont imposés dans les dernièresannées?Nous avons créé « baladodiffusion »en 2014. Il a fallu un peu de tempspour que son utilisation soit généra-lisée, mais l’un des premiers àl’avoir utilisé a été le blogueurBruno Guglielminetti. Il y a aussi« pourriel », « clavardage », « hame-çonnage », « infonuagique » et « mot-clic ». Le mot « égoportrait » n’a pasété créé par l’Of fice, mais par le

journaliste du Devoir Fabien De-glise. Nous l’avons adopté et nousavons créé une fiche dans le GrandDictionnaire terminologique qui futla plus consultée pendant trois ans !Ces mots sont ensuite générale-ment intégrés au Petit Larousse ouau Petit Robert, lorsque ce n’est pasaux deux.

Peut-on parler d’un domaine sur le-quel vous travaillez actuellement?Nous sommes entre autres en trainde créer un vocabulaire pour toutce qui touche à la cryptomonnaie[bitcoin]. Nous avons déjà réalisédes fiches terminologiques récem-ment pour « minage », « minageclandestin », « parachutage », etc.Nous poursuivons notre travaildans le domaine.

Pourquoi avez-vous décidé de lan-cer cette année un concours decréativité lexicale?Julie Létourneau : C’est importantde pouvoir travailler en amont avecles jeunes, de proposer des optionsen français pour les mots anglaisqu’ils utilisent. Nous voulons mon-trer avec le concours que le fran-çais est une langue vivante, pas fi-gée ni rigide.

Nous leur donnons ainsi la possi-bilité de faire des propositions pourpermettre d’exprimer en françaisquatre concepts qu’ils utilisent dansleur vie de tous les jours : « athlei-sure », « life hack », « streamer » et«youthquake». Puis, on leur laisse uncinquième concept au choix. Nousvoulons qu’ils s’amusent avec lalangue, qu’ils puissent trouver desmots le fun pour décrire leur réalité.

Le concours, qui se tient dans le

cadre de La Francofête, est réaliséen collaboration avec les profes-seurs de français du secondaire etest directement lié au programmede formation. Les propositions sontacceptées jusqu’au 29 mars et en-suite, nous prendrons le temps deles analyser. Nous prévoyons d’an-noncer les gagnants le 6 mai.

OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE

L’art de créer des mots

« Il n’y a pas qu’une seuleréponse, mais des réponsesadaptées au milieu dechacune des universités »

Les néologismes proviennent de partout. Le mot « égoportrait », par exemple, n’a pas été créé par l’Office, mais par le journaliste du Devoir Fabien Deglise.ISTOCK

Entre 500 et 700C’est le nombre de fiches ajoutées parannée au Grand dictionnaireterminologique de l’OQLF. Plus de 1000y sont aussi mises à jour annuellement.

Chaque fiche peut comprendre un ouplusieurs termes, soit le termeprincipal ainsi que ses synonymes etses variantes. Plus d’une centaine deces mots sont qualifiés de néologismesde forme ou de sens. Ces nouveauxmots ou nouveaux termes complexescomposés de quelques mots sont crééspar l’OQLF, ou sont répertoriés dans ladocumentation.

Page 5: Le français dans tous ses états

 

CONTENU PARTENAIRE

ÉC R I T PA R L’ ÉQ U I P E B I S L E D E VO I R

Les francophones au Canada sont loin de vivre seulement au Québec : on en retrouve dans toutes les provinces, ainsi que dans les territoires.

Plus de 600 000 francophones vivent en Ontario. C’est la plus grande communauté franco-can-adienne hors Québec. On trouve aussi en Ontario plus de 1,5 million d’habitants qui ont une connais-sance du français.

Près de 240 000 habitants du Nouveau-Brunswick sont franco-phones.

Plus de 26 000 personnes con-naissent le français à Terre-Neuve-et-Labrador.

Près de 100 000 francophones vivent en Alberta.

Plus de 70 000 francophones habitent en Colombie-Britannique.

Près de 43 000 francophones vivent au Manitoba.

Source : Fédération des communautés franco-phones et acadienne du Canada https://carte.immigrationfrancophone.ca/

Une francophonie bien vivante d’un bout à l’autre du pays

« Les Franco-Canadiens font des choses extraordinaires et se battent au quotidien pour maintenir leur culture en vie et obtenir des services en français  »

« Plus on augmente nos connaissances sur ce qui se vit ailleurs au Canada, plus on se rapproche. »

 

 

 

 

 

 

 

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CONTENU

 

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Page 6: Le français dans tous ses états

M A R T I N E L E T A R T E

Collaboration spéciale

E n vue de faire découvrir de nou-velles expressions de langue

française et d’enrichir au passagenos interactions quotidiennes, l’Of-fice québécois de la langue fran-çaise (OQLF) est allé chercher lachroniqueuse Catherine Ethier pourproduire Le petit guide du parler for-midable, sous forme de capsules vi-déo. Celles-ci portent sur un sujetchaud — mais abordé avec humour—, à savoir celui de se faire serviren anglais au restaurant, au magasinet au café. Le Devoir a rencontré lachroniqueuse.

Pourquoi avez-vous accepté dedevenir le visage (et le cerveau !)derrière Le petit guide du parlerformidable ?Je trouve que c’est une belle façon dese battre pour le français, quelquechose que j’essaye de faire d’une cer-taine façon dans tous mes mandats.On me dit souvent que je parlecomme un dictionnaire, mais ce n’estpas un personnage, c’est ma façon dem’exprimer. C’est intéressant aussiparce que les capsules sont un peufunny, dans la légèreté, alors que lesgens se fâchent souvent lorsqu’il estquestion de parler français.

Et vous, comment réagissez-vouslorsqu’on vous sert en anglais dansun commerce?Je suis toujours polie, mais je ré-ponds en français. La plupar t dutemps, la personne comprend et jetrouve qu’il n’y a rien de plus char-mant que quelqu’un qui fait un ef-fort pour essayer de parler en fran-çais. Plus jeune en revanche, j’étaisintimidée lorsque les gens me par-laient en anglais et j’avais tendanceà répondre en anglais en m’excu-sant de mon accent. Je trouve qu’ilfaut plutôt être fier de parler fran-çais et qu’on a tendance à plier unpeu trop facilement lorsqu’une per-sonne parle anglais.

Avez-vous rédigé vous-même lescapsules ?Oui ! L’OQLF m’a laissé beaucoupde liberté. Il a accepté mon ton unpeu décalé.

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9C 6

De 1987 à 2018 le Programme a permis d’offrir près de

2,700 bourses à des personnes qualifiées provenant

d’institutions des 37 pays bénéficiaires de la Francophonie.

Le PCBF atteint ses objectifs attendus grâce à l’excellence

de ses candidatures (95% de taux de réussite)

et la réinsertion de ses boursier-ière-s au retour

(85% réinséré-e-s dans les six mois de leur retour).

www.boursesfrancophonie.ca

RENFORCER LES INSTITUTIONS

Catherine Ethier : pour l’amour de sa langue

Le Centre de la francophonie

des Amériques, situé à Québec,

constate la vitalité de la langue

française et même, parfois, un

regain d’intérêt à son égard

dans différentes régions.

M A R T I N E L E T A R T E

Collaboration spéciale

L e documentaire Zachary Richard,toujours batailleur explore la ré-

sistance acadienne à travers l’his-toire sur les lieux où ont vécu ses an-cêtres, de la Nouvelle-Écosse en pas-sant par l’Île-du-Prince-Édouard, leNouveau-Brunswick et la Louisiane.

«Le français aurait pu disparaître enLouisiane et, d’ailleurs, il a déjà été in-terdit de le parler, mais on voit actuel-lement que la communauté franco-louisianaise retrouve sa fierté et le be-soin d’af firmer sa langue et sa cul-ture», indique Johanne Whittom, pré-sidente-directrice générale du Centrede la francophonie des Amériques, quia pour mission de renforcer les rela-tions entre francophones et franco-philes à travers les Amériques.

Plusieurs initiatives politiques ontété réalisées en Louisiane pour assurerles droits des francophones, notam-ment l’obligation des commissionsscolaires de créer un programme d’im-mersion lorsque les parents de 25 en-fants en font la demande. Des mesuresont aussi été prises pour éliminer leslistes d’attente.

En devenant membre du Centrede la francophonie des Amériques,ce qui est gratuit, on a accès à cefilm et à d’autres, de même qu’à unetrentaine de livres numériques d’au-teurs francophones des Amériques.Si on s’abonne aussi à la biblio-thèque, on a accès à 12 000 livres, al-lant du roman au livre de cuisine,sans oublier la bande dessinée et lelivre historique.

« Nous souhaitons rejoindre leplus de francophones et de franco-

philes sur l’ensemble des Amériquespar nos différents programmes et ac-tivités», explique Johanne Whittom.

Par exemple, pendant le Mois dela Francophonie tenu cette année auCentre sur le thème «Ensemble pourune francophonie solidaire dans lesAmériques», plusieurs activités sontorganisées, comme le concours« Slame tes accents » à travers lesAmériques. Quelques rendez-vouslittéraires sont aussi organisés,comme celui avec Kim Thùy et lesétudiants de l’Université nationaleautonome du Mexique le 27 mars,par vidéoconférence.

Des francophones et desfrancophiles dans des endroitsétonnantsDes étudiants qui parlent français auMexique? Tout à fait ! Le français est

très présent aussi dans les Caraïbesen raison du mouvement de colonisa-tion français avec les départementset régions d’outre-mer que sont laMartinique et la Guadeloupe, puisles collectivités d’outre-mer que sontSaint-Martin et Saint-Barthélémy.

Sans oublier Haïti, bien sûr. « Nosmembres viennent d’ailleurs engrande partie du Canada et d’Haïti,même si nous en avons vraiment par-tout dans les Amériques, continents

qui comptent 33 millions de locu-teurs francophones, précise JohanneWhittom. D’ailleurs, c’est méconnu,mais plusieurs pays enseignent lefrançais dans le système d’éducationpublique, comme le Costa Rica et laRépublique dominicaine.»

Les livres numériques en françaisdu Centre de la francophonie desAmériques peuvent d’ailleurs appor-ter une grande aide aux apprenants.

« Grâce à la technologie, nous ar-rivons à soutenir l’enseignement dufrançais, alors que les outils péda-gogiques dans la langue de Molièresont rares dans bien des régionsdes Amériques, note Johanne Whit-tom. Nous avons même des clubsde lecture dans des écoles mem-bres de notre bibliothèque, qui ré-ser vent des livres gratuitementpour leurs élèves. »

D’après le Centre de la francopho-nie des Amériques, parmi les appre-nants français dans les Amériques,54 % proviennent du Canada, 30 %des Caraïbes, 8% des États-Unis, 7%de l’Amérique du Sud et 1 % del’Amérique centrale.

Les francophones sont aussi trèsprésents aux États-Unis, à l’exté-rieur de la Louisiane. Le Centreprécise qu’on en compte plus d’unmillion en Californie, dont près de100 000 dans la Silicon Valley, oùse trouve une forte concentrationd’entreprises en technologiesnumériques.

La Floride est aussi un lieu impor-tant pour la francophonie avec plusde 200 000 immigrants franco-phones en provenance du Canada,plusieurs centaines de milliers d’Haï-tiens et près de 50 000 Français.

CENTRE DE LA FRANCOPHONIE DES AMÉRIQUES

Un français bien vivant, du Canada à l’Amérique latine

33 millionsC’est le nombre de locuteurs

francophones qu’on retrouve dans

l’ensemble des Amériques.

Catherine EthierMARIE-ÈVE LEVESQUE

Le français est très présent aussi dans les Caraïbes en raison du mouvement de colonisation français avec les départements et régions d’outre-mer que sont la Martinique etla Guadeloupe, puis les collectivités d’outre-mer que sont Saint-Martin (notre photo) et Saint-Barthélémy.ISTOCK

Vous êtes dans différents médias,que ce soit à Gravel le matin à ICIPremière le vendredi, ou dans lejournal Métro, où vous maniez leverbe avec brio. Mais cette carrièren’était pas tracée d’avance pourvous. Quel a été votre parcours etcomment êtes-vous tombée amou-reuse de la langue française?J’ai toujours été forte en français àl’école et j’ai toujours aimé écrire etlire, mais je ne baignais pas dans unmilieu très littéraire et je ne pensaisjamais que je pourrais en faire car-rière. J’avais choisi le chemin dessciences, plus précisément de la bio-chimie, dans le but de devenir méde-cin. Une catastrophe! J’ai finalementabandonné le baccalauréat pour étu-dier en publicité. Lors de voyages,j’ai commencé à écrire de longscourriels de groupe sur Hotmail : iln’y avait pas Facebook à l’époque.C’était des récits de voyage où j’exa-gérais, et je me suis rendu compteque je pouvais avoir un public, queles gens aimaient me lire.

« Je sais bienque la vie esttrès occupée,qu’on n’a pasnécessairementle temps de semettre de ladentelle sur lanoix pourdéclamer nosplus bellesphrases, maisparfois c’est lefun de faire unpetit effort »

Page 7: Le français dans tous ses états

Vous aimez beaucoup les expres-sions : quel est votre coup de cœuren ce moment?J’ai toujours aimé porter attentionaux expressions. J’habite sur le Pla-teau, où il y a beaucoup de Français,et j’adore les écouter pour en ap-prendre de nouvelles. J’écris tout ceque j’entends dans un carnet denotes. Jeune, j’adorais par exemplequand mon grand-père me sortaitdes expressions du genre : «ce n’estpas lui qui a inventé les springs aprèsles sauterelles », pour dire que cen’était pas quelqu’un de très brillant.Récemment, j’ai appris cette expres-sion en vieux français que j’aimebeaucoup: «y a fait un petit bout surle poil des yeux. » Ce qui signifiequ’il est tombé face la première. Il ya plusieurs personnes qui ont fait unpetit bout sur le poil des yeux cet hi-ver ! Ça me rend très heureuse depouvoir placer une expression de cegenre dans une chronique!

Y a-t-il une expression que vous détestez ?Ces temps-ci, le franglais est trèsprésent et j’utilise moi-même beau-coup de mots en anglais dans mestextes pour créer des ef fets etfaire rire. Mais on entend plu-s i e u r s e x p r e s s i o n s c h e z l e sjeunes, comme « I guess que… » Jetrouve ça d’une laideur inouïe ! Çarevient toujours, comme une bé-quille, et au final, ça constitue lestrois quarts du vocabulaire d’unepersonne. Je trouve qu’on s’assoitpar fois sur notre français. Je saisbien que la vie est très occupée,qu’on n’a pas nécessairement letemps de se mettre de la dentellesur la noix pour déclamer nos plusbelles phrases, mais par fois c’estle fun de faire un petit effort.

Pour visionner les capsules :https://bit.ly/2HehF4h

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9 C 7

Jeudi 11 avril - 12h à 14hPrésentation du rapport

quadriennal de l’OIF

Avec Clément Duhaime, Richard Marcoux et Alexandre Wolff

Salle Jean-ChapdelaineÉdifice Hector-Fabre à Québec

Jeudi 11 avril - 19h30 à 20hLa langue française dans

le monde 2019

Avec Alexandre Wolff, Richard Marcoux et Johanne Whittom

Salon international du livre de Québec - Centre des congrès

Vendredi 12 avril - 10h à 11h30La langue française dans le monde :

qu’en est-il en 2019?

Avec Jean-Louis Roy, Richard Marcoux et Alexandre Wolff

Auditorium BAnQMontréal

PRÉSENTATIONSDE L’OUVRAGE

Plusieurs facteurssont associés àune plus grandeproportion dutemps de travailen français.DYLAN GILLIS UNSPLASH

Difficile d’imaginer qu’à une cer-

taine époque au Québec, les

conventions collectives se négo-

ciaient en anglais, même si elles

visaient des travailleurs franco-

phones. Et si les choses ont bien

changé depuis, c’est en partie

grâce aux efforts déployés par la

FTQ, qui a joué un rôle clé dans la

francisation des milieux de tra-

vail. Aujourd’hui encore, l’organi-

sation multiplie les efforts pour

que plus de Québécois puissent

travailler en français.

C H A R L E S - É D O U A R D C A R R I E R

Collaboration spéciale

U ne étude de l’Office québécoisde la langue française (OQLF)

réalisée en 2016 indique que l’usagedu français au travail est stable de-puis près de 20 ans. Cependant, onnote une diminution de l’usage géné-ral ou exclusif du français au travailentre 1989 (73,4 %) et 2016 (67,3 %).Daniel Boyer, président de la FTQ,refuse de voir ces chif fres commeétant le reflet d’un échec dans les ef-forts de francisation. Il renvoie plu-tôt la balle aux derniers gouverne-ments au pouvoir : « Il y a beaucoupd’efforts qui ont été faits, mais peut-être moins ces dernières années.Les gouvernements en place ont ac-cordé une moins grande importanceau français au Québec. C’est pour çaqu’on revendique [à la FTQ] annéeaprès année des augmentations desubventions aux organismes qui pré-conise la langue française.»

L’impact du milieu de travailSelon cette même étude de l’OQLF,plusieurs facteurs sont associés àune plus grande propor tion dutemps de travail en français. Parexemple, avoir étudié en français,travailler à l’extérieur de l’île ou de lacouronne de Montréal, avoir plus de55 ans ou ne pas occuper un poste degestion sont des facteurs qui aug-mentent les chances de travailler enfrançais. En fonction de l’employeur,la proportion de gens qui travaillenten français augmente lorsque ceux-ciœuvrent dans une entreprise privéedont le siège social se trouve au Qué-bec mais à l’extérieur de la granderégion de Montréal, ou encorelorsqu’ils travaillent pour une munici-palité, le gouvernement provincial,

un service d’enseignement public ouprivé, un organisme communautaireou un OSBL. Ces constats ne sur-prennent pas Daniel Boyer : « Danstous les cas, comme organisationsyndicale, on a un grand rôle à jouerdans le but de permettre non seule-ment aux gens qui ne maîtrisent pasla langue de l’apprendre, mais ausside permettre à ceux qui la maîtrisentde pouvoir l’utiliser dans le cadre deleur travail.»

Outiller les immigrantsLe président de la FTQ est égalementd’avis que le déclin démographiqueau Québec complique les efforts defrancisation au travail : «Il y a de plusen plus de personnes immigrantesqui viennent travailler ici. On a besoinde cette main-d’œuvre, mais elle n’estpas toujours francophone. Si les im-migrants ne maîtrisent pas la langue,il faut leur permettre de l’apprendre.Une intégration réussie, ça passe parla connaissance de la langue d’usageau Québec, et le milieu de travail estl’endroit le plus propice pour l’ap-prendre.» Pour y arriver, il n’y a pasde solution miracle : il faut donneraux immigrants les outils nécessairespour travailler en français. Par ail-leurs, l’arrivée de François Legault aupouvoir pourrait donner un secondsouffle aux structures déjà en place:«On a déjà eu des ratés parce que lesbudgets et les efforts n’étaient pas aurendez-vous. Cependant, avec le nou-veau gouvernement, on comprendqu’on veut mettre des efforts supplé-mentaires pour offrir des cours defrançais. C’est de la musique à nosoreilles, se réjouit Daniel Boyer. Onsent qu’il y a un vent de changementet qu’on est prêt à mettre des res-sources, tant financières qu’hu-maines, sur les cours de françaispour les personnes immigrantes.»

Depuis plusieurs années, la FTQrevendique des amendements légis-latifs dans le but de permettre à plusde milieux de travail d’avoir des co-mités de francisation, mais de-mande également plus de latitudesur le terrain pour organiser descours de français là où les em-ployeurs sont moins enclins à lefaire. « On va regarder comment lenouveau gouvernement de la CAQse positionnera par rapport au pro-gramme pour la francisation quisera mis en place. Comme organisa-tion syndicale, on pense qu’on peuty jouer un grand rôle », assureM. Boyer. La plateforme LangueDu-Travail.org, une initiative de la FTQ,est un bel exemple de la façon dont

l’organisation et ses par tenairespeuvent contribuer aux efforts desgouvernements et des employeurspour la francisation.

50 ans de lutte pour un travail en françaisForte de ses cinq décennies à fairecampagne pour préserver la place dufrançais en milieu de travail, la FTQprésentera, du 18 au 22 mars, l’expo-sition 50 ans d’actions pour la franci-sation pendant la Semaine du fran-çais au travail. «Fernand Daoust, an-cien secrétaire général et présidentde la FTQ, a été non seulement unardent défenseur de la langue fran-çaise, mais a aussi été un pionnier dela langue française comme langue detravail. C’est à partir de lui qu’on afait l’historique de nos actions depuisl’adoption de notre politique linguis-

tique en 1969, souligne l’actuel prési-dent, Daniel Boyer. Ça nous a permisde constater tout le chemin qui a étéfait en matière de francisation, de re-venir sur toutes les campagnes me-nées par la FTQ, sans parler desnombreuses revendications avec lesgouvernements qui se sont succédéet de notre présence continuelle àl’Office québécois de la langue fran-çaise à titre d’organisation syndicale.Il y a beaucoup de chemin qui a étéparcouru et nous sommes très fiersde présenter cette rétrospective.»

L’exposition se tiendra dans le halld’entrée de l’édifice du Fonds de soli-darité FTQ, situé au 545, CrémazieEst, à Montréal. Pour un survol desgrandes initiatives de la FTQ en ma-tière de francisation, un volet virtuel decette rétrospective a été mis en ligne àwww.ftq.qc.ca/50ansfrancisation.

Le défi de travailler en françaisPour souligner les 50 ans de la politiquelinguistique de la Fédération des travailleurset travailleuses du Québec, son président,Daniel Boyer, fait un état des lieux dufrançais en milieu de travail au Québec

Page 8: Le français dans tous ses états

Vous aimez beaucoup les expres-sions : quel est votre coup de cœuren ce moment?J’ai toujours aimé porter attentionaux expressions. J’habite sur le Pla-teau, où il y a beaucoup de Français,et j’adore les écouter pour en ap-prendre de nouvelles. J’écris tout ceque j’entends dans un carnet denotes. Jeune, j’adorais par exemplequand mon grand-père me sortaitdes expressions du genre : «ce n’estpas lui qui a inventé les springs aprèsles sauterelles », pour dire que cen’était pas quelqu’un de très brillant.Récemment, j’ai appris cette expres-sion en vieux français que j’aimebeaucoup: «y a fait un petit bout surle poil des yeux. » Ce qui signifiequ’il est tombé face la première. Il ya plusieurs personnes qui ont fait unpetit bout sur le poil des yeux cet hi-ver ! Ça me rend très heureuse depouvoir placer une expression de cegenre dans une chronique!

Y a-t-il une expression que vous détestez ?Ces temps-ci, le franglais est trèsprésent et j’utilise moi-même beau-coup de mots en anglais dans mestextes pour créer des ef fets etfaire rire. Mais on entend plu-s i e u r s e x p r e s s i o n s c h e z l e sjeunes, comme « I guess que… » Jetrouve ça d’une laideur inouïe ! Çarevient toujours, comme une bé-quille, et au final, ça constitue lestrois quarts du vocabulaire d’unepersonne. Je trouve qu’on s’assoitpar fois sur notre français. Je saisbien que la vie est très occupée,qu’on n’a pas nécessairement letemps de se mettre de la dentellesur la noix pour déclamer nos plusbelles phrases, mais par fois c’estle fun de faire un petit effort.

Pour visionner les capsules :https://bit.ly/2HehF4h

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9 C 7

Jeudi 11 avril - 12h à 14hPrésentation du rapport

quadriennal de l’OIF

Avec Clément Duhaime, Richard Marcoux et Alexandre Wolff

Salle Jean-ChapdelaineÉdifice Hector-Fabre à Québec

Jeudi 11 avril - 19h30 à 20hLa langue française dans

le monde 2019

Avec Alexandre Wolff, Richard Marcoux et Johanne Whittom

Salon international du livre de Québec - Centre des congrès

Vendredi 12 avril - 10h à 11h30La langue française dans le monde :

qu’en est-il en 2019?

Avec Jean-Louis Roy, Richard Marcoux et Alexandre Wolff

Auditorium BAnQMontréal

PRÉSENTATIONSDE L’OUVRAGE

Plusieurs facteurssont associés àune plus grandeproportion dutemps de travailen français.DYLAN GILLIS UNSPLASH

Difficile d’imaginer qu’à une cer-

taine époque au Québec, les

conventions collectives se négo-

ciaient en anglais, même si elles

visaient des travailleurs franco-

phones. Et si les choses ont bien

changé depuis, c’est en partie

grâce aux efforts déployés par la

FTQ, qui a joué un rôle clé dans la

francisation des milieux de tra-

vail. Aujourd’hui encore, l’organi-

sation multiplie les efforts pour

que plus de Québécois puissent

travailler en français.

C H A R L E S - É D O U A R D C A R R I E R

Collaboration spéciale

U ne étude de l’Office québécoisde la langue française (OQLF)

réalisée en 2016 indique que l’usagedu français au travail est stable de-puis près de 20 ans. Cependant, onnote une diminution de l’usage géné-ral ou exclusif du français au travailentre 1989 (73,4 %) et 2016 (67,3 %).Daniel Boyer, président de la FTQ,refuse de voir ces chif fres commeétant le reflet d’un échec dans les ef-forts de francisation. Il renvoie plu-tôt la balle aux derniers gouverne-ments au pouvoir : « Il y a beaucoupd’efforts qui ont été faits, mais peut-être moins ces dernières années.Les gouvernements en place ont ac-cordé une moins grande importanceau français au Québec. C’est pour çaqu’on revendique [à la FTQ] annéeaprès année des augmentations desubventions aux organismes qui pré-conise la langue française.»

L’impact du milieu de travailSelon cette même étude de l’OQLF,plusieurs facteurs sont associés àune plus grande propor tion dutemps de travail en français. Parexemple, avoir étudié en français,travailler à l’extérieur de l’île ou de lacouronne de Montréal, avoir plus de55 ans ou ne pas occuper un poste degestion sont des facteurs qui aug-mentent les chances de travailler enfrançais. En fonction de l’employeur,la proportion de gens qui travaillenten français augmente lorsque ceux-ciœuvrent dans une entreprise privéedont le siège social se trouve au Qué-bec mais à l’extérieur de la granderégion de Montréal, ou encorelorsqu’ils travaillent pour une munici-palité, le gouvernement provincial,

un service d’enseignement public ouprivé, un organisme communautaireou un OSBL. Ces constats ne sur-prennent pas Daniel Boyer : « Danstous les cas, comme organisationsyndicale, on a un grand rôle à jouerdans le but de permettre non seule-ment aux gens qui ne maîtrisent pasla langue de l’apprendre, mais ausside permettre à ceux qui la maîtrisentde pouvoir l’utiliser dans le cadre deleur travail.»

Outiller les immigrantsLe président de la FTQ est égalementd’avis que le déclin démographiqueau Québec complique les efforts defrancisation au travail : «Il y a de plusen plus de personnes immigrantesqui viennent travailler ici. On a besoinde cette main-d’œuvre, mais elle n’estpas toujours francophone. Si les im-migrants ne maîtrisent pas la langue,il faut leur permettre de l’apprendre.Une intégration réussie, ça passe parla connaissance de la langue d’usageau Québec, et le milieu de travail estl’endroit le plus propice pour l’ap-prendre.» Pour y arriver, il n’y a pasde solution miracle : il faut donneraux immigrants les outils nécessairespour travailler en français. Par ail-leurs, l’arrivée de François Legault aupouvoir pourrait donner un secondsouffle aux structures déjà en place:«On a déjà eu des ratés parce que lesbudgets et les efforts n’étaient pas aurendez-vous. Cependant, avec le nou-veau gouvernement, on comprendqu’on veut mettre des efforts supplé-mentaires pour offrir des cours defrançais. C’est de la musique à nosoreilles, se réjouit Daniel Boyer. Onsent qu’il y a un vent de changementet qu’on est prêt à mettre des res-sources, tant financières qu’hu-maines, sur les cours de françaispour les personnes immigrantes.»

Depuis plusieurs années, la FTQrevendique des amendements légis-latifs dans le but de permettre à plusde milieux de travail d’avoir des co-mités de francisation, mais de-mande également plus de latitudesur le terrain pour organiser descours de français là où les em-ployeurs sont moins enclins à lefaire. « On va regarder comment lenouveau gouvernement de la CAQse positionnera par rapport au pro-gramme pour la francisation quisera mis en place. Comme organisa-tion syndicale, on pense qu’on peuty jouer un grand rôle », assureM. Boyer. La plateforme LangueDu-Travail.org, une initiative de la FTQ,est un bel exemple de la façon dont

l’organisation et ses par tenairespeuvent contribuer aux efforts desgouvernements et des employeurspour la francisation.

50 ans de lutte pour un travail en françaisForte de ses cinq décennies à fairecampagne pour préserver la place dufrançais en milieu de travail, la FTQprésentera, du 18 au 22 mars, l’expo-sition 50 ans d’actions pour la franci-sation pendant la Semaine du fran-çais au travail. «Fernand Daoust, an-cien secrétaire général et présidentde la FTQ, a été non seulement unardent défenseur de la langue fran-çaise, mais a aussi été un pionnier dela langue française comme langue detravail. C’est à partir de lui qu’on afait l’historique de nos actions depuisl’adoption de notre politique linguis-

tique en 1969, souligne l’actuel prési-dent, Daniel Boyer. Ça nous a permisde constater tout le chemin qui a étéfait en matière de francisation, de re-venir sur toutes les campagnes me-nées par la FTQ, sans parler desnombreuses revendications avec lesgouvernements qui se sont succédéet de notre présence continuelle àl’Office québécois de la langue fran-çaise à titre d’organisation syndicale.Il y a beaucoup de chemin qui a étéparcouru et nous sommes très fiersde présenter cette rétrospective.»

L’exposition se tiendra dans le halld’entrée de l’édifice du Fonds de soli-darité FTQ, situé au 545, CrémazieEst, à Montréal. Pour un survol desgrandes initiatives de la FTQ en ma-tière de francisation, un volet virtuel decette rétrospective a été mis en ligne àwww.ftq.qc.ca/50ansfrancisation.

Le défi de travailler en françaisPour souligner les 50 ans de la politiquelinguistique de la Fédération des travailleurset travailleuses du Québec, son président,Daniel Boyer, fait un état des lieux dufrançais en milieu de travail au Québec

Page 9: Le français dans tous ses états

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9C 8

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Collaboration spéciale

L’ U n i v e r s i t é d e M o n t r é a l(UdeM) est fréquentée par de

plus en plus d’étudiants qui n’ontpas le français comme langued’usage et « il faut être innovant ettrouver de nouvelles façons de lesaccueillir », lance d’emblée MoniqueC. Cormier, professeure titulaire,vice-rectrice associée à la languefrançaise et à la francophonie auvice-rectorat aux affaires internatio-nales et à la francophonie.

Bien sûr, des cours de françaisexistent, mais il faut d’autres façonsde donner accès à la langue fran-çaise, et c’est ainsi que le pro-gramme de jumelage linguistique avu le jour l’an dernier à l’UdeM. «Ceprogramme fait en sorte de jumelerun étudiant qu’on appelle mentor àun étudiant non francophone qui étu-die au cycle supérieur », expliquecelle qui est également la directricedu Bureau de valorisation de lalangue française et de la francopho-nie. Chaque année, l’UdeM accueilledes étudiants qui, en sciences fonda-mentales, vont venir passer quelquessessions dans un laboratoire ou avecun professeur en particulier. Ce sontles mentorés: «Cette année, ces étu-diants proviennent de 13 pays,ajoute-t-elle. Pour eux, le français estune troisième ou même une qua-trième langue. » Ce projet de jume-lage a été conçu afin d’accompagnerles étudiants pour faire en sor tequ’ils puissent fonctionner en fran-çais à l’UdeM au quotidien.

Les mentors sont aussi des étu-diants, mais ils proviennent quant àeux des départements de linguis-tique, de littérature ou de la Facultédes sciences de l’éducation. « Cesont tous des étudiants ayant un in-

térêt pour la question linguistiqueet, de plus, ils sont rémunérés », in-siste la professeure. Si le service esten effet complètement gratuit pourles mentorés, les mentors reçoiventquant à eux un salaire.

À raison de deux heures par se-maine, le mentor rend visite à sonmentoré sur son lieu de recherche.Cette année, l’objectif pour la ses-sion d’automne aura été de faire ensorte que l’étudiant puisse fonction-ner dans son quotidien d’universi-taire, à la bibliothèque, à la cafétériaou au secrétariat, « pour qu’il puisseinteragir en français sur le cam-pus ». Dans le présent trimestre,l’étudiant devra être en mesure deparler minimalement de sa re-cherche. Il pourrait par exemple pré-senter une communication en fran-çais sans toutefois entrer dans la ter-m i n o l o g i e d e s a d i s c i p l i n e .«Nous cherchons à ce que l’étudiantait un minimum de vocabulaire géné-ral lié à la recherche scientifique »,précise Monique Cormier.

Vers un élargissement Tout au long de l’année universi-taire, les mentors sont guidés parune coordonnatrice, dont le rôle estde donner des formations. « Parallè-lement, on a mis en place un projetde création de matériel pédago-gique à l’attention des mentors »,ajoute la directrice. Ce matériel li-bre de droits sera prochainementmis en ligne et pourra être utilisénon seulement par les mentors del’UdeM, mais par toute autre univer-sité qui voudrait s’en inspirer.

« Un mentoré s’exprimera facile-ment devant son mentor et va pren-dre de l’assurance parce qu’une rela-tion s’établit entre eux », affirme ladirectrice, qui mentionne que l’acti-vité suscite un grand intérêt et que leBureau de valorisation de la languefrançaise reçoit de nombreuses de-mandes. Un tri doit alors se faire.

Ainsi, les mentors doivent nonseulement être issus des pro-grammes déterminés, mais aussifaire preuve d’empathie et d’ouver-ture. « Plusieurs de nos mentorssont eux-mêmes passés par le pro-cessus d’immigration ou de francisa-tion », explique la professeure, quiajoute que « c’est une expérienceprofessionnelle, mais c’est égale-ment une expérience humaine ».Quant aux mentorés, ils devront seplier à un court entretien et démon-trer leur motivation. Un contrat mo-ral est signé, dans lequel l’étudiants’engage à terminer le programme.

Parce que celui-ci a très bien fonc-tionné cette année, Monique Cor-mier songe à augmenter le nombrede participants l’an prochain. C’estun programme personnalisé qui faitses preuves et « c’est un moyen defrancisation qui s’ajoute à d’autres,précise Mme Cormier. Ça ne les rem-place pas, mais ça vient bonifier l’of-fre qui est proposée aux étudiants».

Pour une intégration réussieUn programme de jumelage linguistique,créé à l’Université de Montréal il y a un an,suscite l’intérêt

« Nous cherchons à ce que l’étudiant ait unminimum de vocabulairegénéral lié à la recherchescientifique »

J E A N - F R A N Ç O I S V E N N E

Collaboration spéciale

L’ année 2018 n’a pas été de toutrepos pour les communautés

franco-canadiennes et acadienne. Àpeine élu, le gouvernement conser-vateur de Doug Ford reniait sa pro-messe d’appuyer la création de lapremière université entièrementfrancophone en Ontario. Cet établis-sement devait ouvrir ses portes àToronto en 2020. Le Commissariataux services français, mis en placeen 2007 afin d’assurer que des ser-vices soient fournis dans cettelangue dans plusieurs régions onta-riennes, passait ensuite à la trappe,tout comme l’aide financière de2,9 millions de dollars promise parles libéraux au théâtre la NouvelleScène (LNS) Gilles Desjardins.

Au Nouveau-Brunswick, l’électiondu 24 septembre 2018 a finalement dé-bouché, quelques mois plus tard, surla prise du pouvoir par le Parti pro-gressiste-conser vateur de BlaineHiggs, un unilingue anglophone. Pourla première fois depuis trente ans, lepremier ministre de la seule provinceof ficiellement bilingue ne peuts’adresser à ses citoyens franco-phones dans leur langue. M. Higgs adéjà été membre du défunt par tiConfederation of Regions (CoR), quimilitait contre le bilinguisme dans lesser vices publics. Il a même tentésans succès d’en prendre la tête en1989. Minoritaire, le gouvernementde Blaine Higgs doit s’appuyer sur leparti People’s Alliance, dont le pro-gramme électoral en 2018 prônaitl’abolition du Commissariat auxlangues of ficielles de la province,ainsi que celle du réseau de santé

francophone et du système de trans-port scolaire francophone.

Le budget a le dos largeIl y un trait commun entre ces ré-centes attaques contre les droits lin-guistiques des Franco-Ontariens etdes Acadiens. Dans les deux cas,des raisons budgétaires et non iden-titaires sont invoquées pour justifierles compressions. L’annulation del’université francophone en Ontarioa ainsi été expliquée laconiquementpar « un examen plus détaillé de lasituation financière de la province ».Idem pour les autres coupes. AuNouveau-Brunswick, les militantsanti-bilinguisme en dénoncent lescoûts pour les finances publiques dela province.

« Ce sont les nouveaux habits dela francophobie, tout simplement »,explique Serge Miville, titulaire dela Chaire de recherche en histoirede l’Ontario français à l’UniversitéLaurentienne. Au début du XXe siè-cle, rappelle-t-il, des argumentsidentitaires alimentaient les me-sures anti-francophones, comme lavolonté de promouvoir l’anglais etde fonder un pays homogène cultu-rellement et linguistiquement. Lafrancophobie était alors plus expli-cite, notamment dans les propos vi-rulents de l’Ordre d’Orange ou descatholiques irlandais.

I l donne l ’exemple du règle -ment 17, adopté en Ontario en1912. Ce dernier interdisait l’usagedu français comme langue d’ensei-gnement et de communication dansles écoles. À l’époque, cette mesurevisait directement à contrer le déve-loppement d ’une communautéfranco-ontarienne en plein essor.Des raisons semblables ont présidé

La francophoniecanadienne aux aboisLa montée d’un courant politiquefrancophobe au Canada inquiète

Page 10: Le français dans tous ses états

à l’interdiction de l’enseignement enfrançais après la deuxième année duprimaire en Alber ta, en vigueurjusque dans les années 1960.

Faire entendre sa voixUne situation que Jean Johnson, pré-sident de la Fédération des commu-nautés francophones et acadienne duCanada (FCFA), a bien connue. Ori-ginaire de Donnelly, dans le nord del’Alberta, il se souvient de l’époqueoù il se rendait à l’école avec ses pe-tits camarades francophones, pour sefaire enseigner dans une languequ’aucun d’entre eux ne maîtrisait.

Inutile de préciser qu’il observeavec tristesse et colère les nou-velles attaques contre les droitslinguistiques des francophones,qu’il décrit comme une manifesta-tion canadienne de la tentation dupopulisme. Loin de baisser lesbras, il rappelle l’impor tance der é p o n d r e à c e u x q u i f o n t d u« Québec bashing » ou t iennent

des propos anti-francophones ouanti-bilinguisme.

« Il faut relancer ces gens avec descontre-arguments, affirme-t-il. C’estjustement le rôle de la FCFA de met-tre en lumière la richesse et l’impor-tance du fait français au pays et lesavantages liés à un Canada bilingue.»La Fédération porte d’ailleurs la pa-role des francophones jusqu’au som-met de l’État. M. Johnson a récem-ment rencontré le premier ministre

Justin Trudeau, afin de lui confierses inquiétudes et de présenter sa vi-sion de la dualité linguistique aupays. Au passage, il a réitéré la re-vendication de la FCFA d’obtenir unerévision de la Loi sur les langues offi-cielles. M. Trudeau devrait présenterau cours des prochaines semainesun projet de loi type.

La FCFA a dévoilé le 5 mars sa vi-sion des changements à apporter àcette loi, laquelle célèbre cette an-née son cinquantième anniversaire.La Fédération souhaite notammentla création d’une autorité centralecapable de faire respecter cette loidans toutes les institutions fédéraleset celle d’un tribunal administratifdes langues officielles, ainsi que lerenforcement du rôle du commis-saire aux langues of ficielles. Ellepropose aussi que tous les trans-ferts de fonds aux provinces et terri-toires comportent une obligationd’adopter des mesures d’appui auxlangues officielles.

Réapprendre à se parlerLa FCFA travaille également à l’orga-nisation d’un grand sommet des fran-cophones du Québec, des Franco-Ca-nadiens et des Acadiens. Un projetauquel le premier ministre FrançoisLegault et Sonia LeBel, ministre res-ponsable des Relations canadienneset de la Francophonie canadienne, seseraient montrés ouver ts, selonM. Johnson. Ce dernier rêve d’un gi-gantesque rassemblement à l’été2020, combinant fête culturelle etgrande conversation nationale sur ladualité linguistique au pays.

«Il faut ouvrir un dialogue et créerun espace d’échange récurrent, croit-il. Les francophones ont eu tendanceà se concentrer sur leur propre com-munauté depuis plusieurs années,mais la mobilisation nationale du1er décembre dernier a montré laforce de l’unité. » Cette journée-là,des milliers de Franco-Canadiens departout au pays sont descendus dansla rue pour manifester contre les

compressions décrétées dans les ser-vices aux francophones en Ontario.

Bien sûr, ce grand rassemblementne peut que rappeler les états géné-raux de 1966-1969. Or, ces derniersavaient marqué une rupture entre lesQuébécois et les Franco-Canadiens.À l’époque, les délégués avaientadopté une résolution désignant leQuébec comme territoire national duCanada français. Les Franco-Onta-riens et une bonne partie des franco-phones de l’Ouest et des Acadienss’y étaient opposés et avaient eu l’im-pression d’être abandonnés par lesfrancophones du Québec.

«Il est temps d’oublier cet épisode etde recommencer à se parler, affirmeSerge Miville. Il faut multiplier lespoints de rencontre entre le Québec etles francophones du reste du Canada,cibler nos intérêts convergents et nousunir pour créer un meilleur rapport deforce. Le Québec gagne quand la fran-cophonie canadienne va bien, et l’in-verse est aussi vrai.»

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9 C 9

Le français,c’est dans l’ADN de l’UdeM

L’Université de Montréal promeut une exploration universelle et sans complexe de la langue française.Le concours « Délie ta langue ! » et la consultation « Mon idée pour le français à l’UdeM » ont invité des jeunes à se l’approprier et le public à en conforter l’avenir.

francais.umontreal.ca

Manifestation à Ottawa contreles coupes dugouvernementontarien dans les services aux francophonesle 1er décembredernierPATRICK DOYLE

LA PRESSE CANADIENNE

« Ce sont les nouveaux habits de la francophobie,tout simplement »

Page 11: Le français dans tous ses états

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9C 10

S T É P H A N E G A G N É

Collaboration spéciale

M obiliser, concerter, former, in-nover ; le français, outil du dé-

veloppement durable. Tel est lethème du mini-colloque organisé le28 mars à Québec par l’Institut de laFrancophonie pour le développe-ment durable (IFDD). Un thème quirésume bien la mission que s’estdonnée l’IFDD. Une mission quis’est élargie au fil des années.

Créé en 1988, l’IFDD se nommait àl’époque Institut de l’énergie ayanten commun l’usage du français.L’organisme se concentrait surtoutsur les questions énergétiques. En2013, après le sommet Rio+20 et lapréoccupation grandissante pour ledéveloppement durable, l ’orga-nisme a changé de nom pour celuid’Institut de la Francophonie pour ledéveloppement durable. Depuis cetemps, il fait la promotion des multi-ples facettes du développement du-rable, de diverses façons. En créantdes par tenariats, en publiant desguides (destinés aux décideurs, parexemple), des revues spécialisées etdes documents scientifiques et tech-niques, en français. Ou encore en

organisant des événements visant àinformer et à sensibiliser le publicsur le développement durable.

L’IFDD a d’ailleurs été très actif àce chapitre lors de la 24e Confé-rence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur leschangements climatiques (COP24)à Katowice, en Pologne, en décem-bre dernier. « Nous avons organiséplus de 40 activités parallèles pourtraiter des actions prises en déve-

loppement durable notamment parnos partenaires et notre organismeen association avec l’Organisationinternationale de la Francophonie[OIF], af firme Issa Bado, attachéde programme à l’IFDD. Ces activi-tés se sont tenues au Pavillon de laFrancophonie sur le s i te de laCOP24. » On y a traité, par exemple,de l’initiative de la Grande Murailleverte qui vise à stopper la désertifi-cation au Sahel, ou encore de l’im-

pact des changements climatiquessur la santé.

Une autre action importante del’IFDD est d’of frir du soutien auxnégociateurs et des outils pour lesdécideurs. C’est ainsi que l’IFDDproduit depuis des années desguides, en français, destinés aux né-gociateurs des pays de la Franco-phonie des conférences de l’ONUsur les changements climatiques, labiodiversité et la désertification.

Et cela, afin de les aider à mieuxcomprendre les enjeux entourant cesrencontres internationales. «Cette an-née, par exemple, nous avons produitun guide des négociations pour laCOP24 et un résumé destiné aux dé-cideurs pour cette même conférence,dit Issa Bado. Puisque cet événementet plusieurs autres se déroulent en an-glais, cela aide beaucoup les partici-pants de la Francophonie dont lalangue d’usage est le français.»

INSTITUT DE LA FRANCOPHONIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Pour un monde plus durable… en français

Il y a 30 ans, TV5 ouvrait

une grande fenêtre

sur la francophonie.

Des regards d’ici et

d’ailleurs se sont croisés.

Des accents de toutes les

couleurs s’y sont mêlés.

Plus que jamais ouverte

sur le monde, sur sa

diversité et sa beauté,

au plus près de l’aventure

humaine, TV5 continue

de voir les choses

autrement…

La 24e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Katowice, en Pologne, en décembre dernierIFDD

« Nous avons organisé plus de 40 activitésparallèles pour traiter des actions prises endéveloppement durable »

Page 12: Le français dans tous ses états

S T É P H A N E G A G N É

Collaboration spéciale

E n octobre 2018, le Réseau inter-national francophone de forma-

tion policière (FRANCOPOL) tenaitson cinquième congrès à Dakar, auSénégal. À cette occasion, il a étéquestion de gestion des risques etdes nouvelles menaces. L’orga-nisme qui existe depuis septembre2008 est l’initiative de l’École natio-nale de police du Québec (ENPQ),de la Sûreté du Québec et de la Po-lice nationale française. Il a pourmission de favoriser la mise en com-mun des meilleures pratiques, departager des expertises et d’of frirdes formations.

« Avant, il y avait un partage bila-téral d’expertises entre pays franco-phones, mais depuis la création deFRANCOPOL, ce par tage est de-venu multilatéral », explique PierreSt-Antoine, directeur des af fairesinstitutionnelles et des communica-

tions à l’ENPQ et trésorier et admi-nistrateur numérique de FRANCO-POL. L’organisme a ainsi permisdes avancées importantes dans plu-sieurs domaines liés à la sécuritépublique. « Des comités techniquescomposés d’experts de divers paysfrancophones ont ainsi rédigé desguides destinés aux corps policiersde ces pays », affirme M. St-Antoine.À ce jour, quatre ont été publiés(ex. : pratiques inspirantes en ma-tière de lutte contre la radicalisationet le contrôle des foules en respectavec les droits et libertés).

Selon M. St-Antoine, le réseauFRANCOPOL reçoit aussi desmandats de l’Organisation interna-tionale de la Francophonie (OIF)afin d’offrir des formations ou desséminaires à des corps policiers depays africains. « Des formations dece type ont eu lieu notamment surle ter rorisme, sur le droit desfemmes et sur la radicalisation »,précise son trésorier. D’autres sontà venir.

Pour de meilleures électionsDans un souci d’améliorer les pro-cessus électoraux et démocratiques,le Réseau des compétences électo-rales francophones (RECEF), dontle siège se trouve à Québec, a aussiété créé en 2011. L’une des réalisa-tions de ce réseau a été la publica-tion d’un guide pour les obser va-teurs d’élections par le Directeurgénéral des élections du Québec(DGE). « Le réseau travaille au dé-veloppement de bonnes pratiques,accueille des délégations étran-gères et par ticipe à des missionsélectorales », indique MichelConstantin, conseiller aux affairespolitiques et institutionnelles à la di-rection de la Francophonie du mi-nistère des Relations internatio-nales et de la Francophonie du Qué-bec. Il mentionne d’ailleurs que desreprésentants de pays franco-phones se sont rendus à Québec,lors des dernières élections provin-ciales d’octobre dernier, afin d’enapprendre davantage sur le sys-tème électoral en vigueur ici. « Ilsont été impressionnés par la rapi-dité avec laquelle nous diffusons lesrésultats du vote », affirme-t-il.

Pour une amélioration du droitAu fil des années, les membresfrancophones de l’Association inter-

nationale des procureurs et pour-suivants (AIPP) ont réalisé l’impor-tance d’accroître la présence fran-cophone au sein de cette instance,dont les travaux se déroulent en an-glais. En 2009, l’Association inter-nationale des procureurs et pour-suivants francophones a ainsi étécréée. Le Directeur des poursuitescriminelles et pénales du Québec(DPCP) y a grandement contribué.« L’association a ainsi permis la tra-duction d’un manuel sur les droitsde l’Homme qui n’était jusque-làdisponible qu’en anglais », illustreM. Constantin.

Dans le but de permettre une meil-leure entraide et une meilleure coor-dination entre pays francophones surles droits de la personne, l’Associa-tion des ombudsmans et médiateursde la Francophonie (AOMF) a quantà elle été créée en 2009. C’est le Pro-tecteur du citoyen du Québec qui ena été l’instigateur et qui a été chargéde rédiger le projet de statuts. De-puis, l’AOMF s’engage à promouvoiret à défendre la démocratie, l’État dedroit et la démocratie dans les paysfrancophones. La formation et letransfert de connaissances sont aucœur de sa mission. Toujours dans ledomaine des droits de la personne, laCommission des droits de la per-sonne et des droits de la jeunesse

s’est investie dans la création de l’As-sociation francophone des commis-sions nationales des droits del’Homme. Depuis 2002, elle a pourmission notamment de mettre en ré-seau des institutions nationales œu-vrant dans le domaine des droits del’Homme (INDH), de soutenir lesINDH, d’aider à leur développementet de favoriser leur création dans lespays où il n’y en a pas.

F R ANCOPHON I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9 C 11

900 4,40051%

Un programme qui contribue à sa

carboneutralité : près de 4,400 arbres

plantés pour compenser 645 tonnes de CO

2 émis.

Une stratégie d’égalité en genre (AGIR) qui donne des résultats:

51% des bousier-ière-s sélectionné-e-s en 2018

sont des femmes .

Près de 900 boursières diplômées

PRÈS DE 2,700 BOURSES DISTRIBUÉES DANS LES 37 PAYS BÉNÉFICIAIRES

www.boursesfrancophonie.ca

Acteur important au sein de la francophonie, le Québec exerce un rôle

primordial en matière de droits de l’Homme, de démocratie et de sé-

curité publique. Au fil des années, des institutions québécoises ont

donné un coup de pouce dans la création d’organismes et de réseaux

membres. Coup de projecteur sur quelques initiatives.

Le Québec engagé dans la francophonie

« Avant, il y avait unpartage bilatérald’expertises entre paysfrancophones, mais depuisla création de FRANCOPOL,ce partage est devenumultilatéral »

Collaboration deFRANCOPOL auprojet PAX pour la lutte contrel’exploitationsexuelle desenfants au MarocFRANCOPOL

Page 13: Le français dans tous ses états

F R A N C O P H O N I EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 6 E T D I M A N C H E 1 7 M A R S 2 0 1 9C 12

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes. La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la production de ces contenus.

Lettre ouverte de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Nadine Girault, et de la ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel

Aujourd’hui 20 mars, plus de 274 millions de locuteurs francophones établis sur les cinq continents célèbrent le fait français, cette langue commune qui nous unit et dont nous sommes si fiers. Notons d’ailleurs que la langue française se hisse au second rang des langues les plus apprises dans le monde. C’est dans cet esprit que le gouvernement du Québec souhaite notamment affirmer son leadership en Francophonie, que ce soit au sein du Canada, des Amériques et du monde entier.

Le Québec, un chef de file en Francophonie Le Québec est membre de plein droit de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). De par son statut au sein de cette organisation, il joue un rôle d’influence, ayant un accès privilégié auprès des chefs d’État et de gouvernement qui partagent notre langue commune. Cette organisation rend possible la signature des ententes permettant, par exemple, à des étudiants québécois de vivre des expériences d’études ou de travail en Afrique francophone ou en Europe, et à des chercheurs et à des étudiants de ces continents de séjourner au Québec. Ainsi se construisent les réseaux qui, demain, feront de notre monde un endroit plus ouvert.

Le Québec souhaite contribuer aussi à la modernisation de la Francophonie en mettant son expertise à son service, que ce soit le renforcement de l’État de droit, la protection des droits de la personne et l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous sommes fiers de mettre les talents du Québec au service des pays de l’espace francophone pour contribuer au renforcement des capacités en matière d’élections, de formation policière et d’institutions judiciaires.

Quelques jours après l’élection du nouveau gouvernement, le premier ministre François Legault participait au XVIIe Sommet de la Francophonie à Erevan et à l’adoption d’une politique sur la transparence, que le Québec avait pilotée. C’est aussi à Erevan qu’étaient adoptées la Résolution sur l’éducation à la citoyenneté et aux droits de l’Homme et la Stratégie de la Francophonie pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, des droits et de l’autonomisation des femmes et des filles.

Le Québec et la FranceLe Québec est le berceau de l’Amérique française et par ce fait même, notre activité internationale se conjugue avec un fort devoir de mémoire. Une responsabilité historique repose sur le gouvernement du Québec pour jouer un rôle important de promotion de la langue française et des valeurs qui y sont associées au sein de l’espace francophone. À cet égard, notre relation directe, privilégiée, stratégique et structurelle avec la France dénote cette priorité commune entre nos deux nations.

La lutte contre les inégalités et la création de la richesse pour tous sont aussi des chantiers majeurs de l’espace francophone. La France et le Québec sont des alliés indéfectibles sur la scène internationale pour mener de front ces priorités qui nous tiennent à cœur.

Une vision pour l’AfriqueEn 2019, se considérer un joueur sérieux en Francophonie, c’est aussi faire preuve de leadership en portant un regard plus attentif sur le continent africain. En 2100, 40 % de la population mondiale sera située en Afrique et 30 % de celle-ci aura moins de 35 ans. Sur 88 pays membres et observateurs à l’OIF, 34 sont situés sur ce continent. Il faut profiter du fait que plusieurs pays africains sont membres de l’OIF, ce qui a permis au Québec d’entretenir sur une base régulière des liens directs avec eux.

Le gouvernement du Québec sera donc proactif en Francophonie, en s’intéressant davantage à l’Afrique, qui fait face à de nombreux défis sur les plans de la démographie, de l’emploi, du développe-ment économique, du développement durable et de la radicalisation. Les défis de l’Afrique sont désor-mais ceux de toute la Francophonie. C’est pourquoi nous avons investi près de 67 millions de dollars dans des projets de solidarité prioritaires pour notre gouvernement. D’ailleurs, pour l’année 2018-2019, 174 jeunes Québécoises et Québécois participeront à un projet de solidarité internationale dans l’espace francophone, notamment en Afrique.

Le Québec a des liens de longue date avec l’Afrique et nous allons renforcer nos actions et nos colla borations en appui à nos représentations de Dakar, d’Abidjan et de Rabat. C’est dans ce contexte, et avec l’ambition économique de plusieurs nations africaines, que le Québec se munira d’une « vision Afrique », qui accordera une importance particulière à la jeunesse, au développement économique et à la langue française.

Le Québec, leader auprès des francophones canadiensLa contribution du gouvernement du Québec au renforcement de l’espace francophone s’exprime aussi au sein du Canada, et nous voulons renouveler nos efforts en ce sens. Au cours des derniers mois, l’attention portée à la francophonie canadienne s’est accompagnée d’un regain de solidarité des Québécoises et des Québécois envers les francophones de tout le Canada. Nous souhaitons que cet élan de solidarité se poursuive et qu’il s’incarne dans des actions concrètes, porteuses de retombées pour les communautés francophones et acadiennes comme pour le Québec. C’est pourquoi nous croyons qu’il est temps, pour notre gouvernement, d’examiner notre rôle dans la francophonie canadienne.

Ensemble, avec tous les partenaires de la francophonie canadienne, nous soutenons déjà la vitalité, la promo-tion et l’épanouissement de la langue française, des cultures francophones et des communautés francophones et acadiennes qui les font vivre au quotidien. Notre politique québécoise de la francophonie canadienne doit bénéficier encore plus à tous ces acteurs. Nous souhaitons ainsi accroître notre leadership auprès des communautés francophone au sein du Canada.

En terminant, le gouvernement du Québec souhaite que le français soit une langue porteuse de prospérité pour chacun. Nous voulons une Francophonie forte, rassembleuse, prospère, inclusive, fière de ses différents visages et reconnue pour ses avantages.

Sonia LeBelNadine Girault

À l’heure où l’anglais s’imposecomme langue internationale, onpourrait penser que le françaisperd peu à peu du terrain. Or, cedernier serait plutôt en progres-sion, nous apprend l’ouvrage La

langue française dans le monde.

C A T H E R I N E M A R T E L L I N I

Collaboration spéciale

D epuis 10 ans, on dénombre35 millions de francophones de

plus à l’échelle planétaire, soit untotal de 300 millions, fait état l’ou-vrage La langue française dans lemonde, rapport quadriennal de l’Or-ganisation internationale de la Fran-cophonie (OIF), publié par Galli-mard le 3 avril.

L’Obser vatoire démographiqueet statistique de l’espace franco-phone (ODSEF), dont le siège so-cial est à l’Université Laval, a contri-bué une troisième fois à cette édi-tion, sa première collaboration da-tant de sa fondation, en 2009. Sonapport à l’ouvrage est significatif :son réseau de chercheurs prove-nant de 40 pays dans le monde apermis d’ajouter de la rigueur auprocessus de dénombrement desfrancophones en fournissant à l’OIFdes données de qualité.

« Il n’existe pas de recensementinternational du nombre de franco-phones dans le monde », souligneRichard Marcoux, professeur titu-laire au Département de sociologiede l’Université Laval et directeur del’ODSEF.

Grâce au travail de l’ODSEF, lecalcul du nombre de francophonesrepose maintenant à 93 % sur desstatistiques fiables. « Pour un payscomme Monaco qui compte 250 000habitants, que l’on obtienne desdonnées de 92 % ou de 95 %, l’écartne gêne pas trop, mais pour la Ré-publique démocratique du Congo,où les estimations variaient aupara-vant de 15 à 60 millions de franco-phones, la marge d’erreur n’avaitaucun sens. »

L’Afrique, reine du français« Des 300 millions de francophones,235 millions font partie de ce qu’onappelle la galaxie francophone, soitles pays pour lesquels le français estune réalité, c’est-à-dire où on trouvede l’affichage en français et une po-pulation qui le parle », précise Ri-chard Marcoux.

C’est le cas de la France, du Qué-bec, de certains pays du Maghreb,comme le Maroc, la Tunisie, l’Algé-rie, et de l’Afrique subsaharienne.

65 millions d’autres font par tied’un pays où le français n’est pasune langue of ficielle ou n’est pasune réalité quotidienne.

Dans la galaxie francophone, 90 %proviennent de l’Afrique, dont 75 %de l’Afrique subsaharienne et 15 %de l’Afrique du Nord.

« Cette progression s’expliqued’abord par la forte croissance dé-mographique des pays d’Afriquesubsaharienne, mais aussi par desinvestissements majeurs dans l’édu-cation en français dans des payscomme le Sénégal, le Burkina Fasoet le Mali », ajoute-t-il.

Tout n’est toutefois pas rose pourcette région qui doit faire face à des

enjeux de taille liés à la qualité del’enseignement et au climat sociopo-litique. « Au Burkina Faso, lesécoles se vident par crainte des pa-rents d’y envoyer leurs enfants àcause du climat d’insécurité qui yrègne. Même les enseignants neveulent plus se présenter, car ilssont menacés», note le directeur del’ODSEF.

Si le français en Afrique pro-gresse, les pays asiatiques, eux,sont parmi ceux où la langue de Mo-lière connaît peu d’essor. Il en va demême en Europe du Nord, où despays comme la Finlande, la Nor-vège, les Pays-Bas et la Suède, quijouissent d’une langue nationaletrès forte, s’orientent vers l’anglaisplutôt que le français dans l’appren-tissage d’une autre langue.

Être ou ne pas êtrefrancophoneLe plurilinguisme prend égalementle pas sur l’unilinguisme, observe-t-on. C’est pour cette raison que dansles estimations, la langue mater-nelle n’est pas choisie pour définirce qu ’on entend par « f ranco -phones» dans le monde.

« Si on ajoutait cette dimension àla définition, il n’y aurait pratique-m e n t a u c u n f r a n c o p h o n e e nAfrique, soutient Richard Marcoux.Léopold Sédar Senghor et Dany La-ferrière, tous deux membres del’Académie française, ne seraientdonc pas considérés comme desfrancophones !»

Bien que l’ODSEF tente d’harmoni-ser les définitions de «francophones»en les adaptant aux réalités de chacundes pays, des différences demeurent.En Afrique, par exemple, c’est la capa-cité à lire et à écrire en français qui serévèle un bon indicateur de la franco-phonie sur ce continent.

Au Canada, c’est la définition de Sta-tistique Canada qui est utilisée, soitla capacité de parler dans les deuxlangues officielles, ce qui correspon-drait à 10 millions de personnes.Cela inclut les gens de langue mater-nelle anglaise, qui utilisent l’anglaiscomme langue parlée à la maison,mais qui lors du recensement décla-rent être à même de comprendre etde s’exprimer en français dans uneconversation.

De plus, ce n’est pas parce que lefrançais a progressé que cela signi-fie a contrario que l’anglais ré-gresse. « L’anglais est vraiment entrain de se consolider commelangue internationale : elle est parta-gée par des milliards d’individuscomme première langue, mais aussicomme langue seconde et tierce.On est vraiment dans un contexteplurilingue.»

Des présentations de l’ouvrage Lalangue française dans le monde sontprévues à Québec, le 11 avril au Sa-lon international du livre de Qué-bec, et le 12 avril prochain à Mont-réal, à Bibliothèque et Archives na-tionales du Québec.

Le français se porte-t-il bien dans le monde?

« Des 300 millions de francophones,235 millions font partie de ce qu’onappelle la galaxie francophone, soit lespays pour lesquels le français est uneréalité, c’est-à-dire où on trouve del’affichage en français et une populationqui le parle »

Vue aérienne du marché centralde Bamako, au Mali. Le Mali fait partie de ces pays d’Afriquesubsaharienne où le françaiscontinue deprogresser.MICHELE CATTANI

AGENCE FRANCE-PRESSE