le financement de la branche famille, etat des lieux
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COMMUNICATION A LA COMMISSION DES AFFAIRESSOCIALES DE LASSEMBLEE NATIONALE
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MISSION DEVALUATION ET DE CONTROLE DES LOIS DE
FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE
ARTICLE LO. 132-3-1 DU CODE DES JURIDICTIONS FINANCIERES
Le financement de la
branche famille
RAPPORT DETAPE
Etat des lieux
Novembre 2012
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SOMMAIREAvertissement ...................................................................................... 5Rsum ................................................................................................. 7Introduction ...................................................................................... 11
Chapitre I Un financement brouill et fragilis ....................15
A - La part des cotisations sociales dans le financement srode,
tandis que leur rythme de progression souffre de latonie de la
croissance ....................................................................................... 19
B - La contribution sociale gnralise a reprsent un apportsignificatif jusquen 2011 ............................................................... 21
C - La compensation des allgements de charges sest traduite par
une fiscalisation rampante .............................................................. 26
Chapitre II Un dsquilibre financier durable .............................. 35
I - Des charges qui progressent plus vite que les produits ................. 35
A - Lvolution tendancielle des charges est soumise des
paramtres qui jouent dans le sens de la modration ...................... 39
B - La progression des charges trouve principalement son origine
dans des mesures nouvelles ............................................................ 42
C - Les volutions rglementaires : entre coups de pouce et freinagede la dpense ................................................................................... 46
II - Une situation dgrade ................................................................ 48
A - Lapparition de dficits rcurrents............................................ 48
B - Une branche qui pse dsormais sur la dette sociale ................ 49
III - Des perspectives proccupantes ................................................. 51
A - La rduction durable du rythme de croissance des produits ..... 51
B - Un ralentissement insuffisant du rythme de progression des
charges ............................................................................................ 55
Conclusion gnrale .......................................................................... 59
Annexes .............................................................................................. 63
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Avertissement
Sur le fondement de larticle L.O. 132-3-1 du code des juridictionsfinancires, la Cour des comptes a t saisie conjointement par les
prsidents de la commission des affaires sociales et de la mission
dvaluation et de contrle des lois de financement de la scurit socialede lAssemble nationale, par un courrier du 15 dcembre 2011
(cf. annexe 1), dune demande denqute sur le financement de labranche famille avec le souhait de la remise dun rapport dtape en
octobre 2012. Une rponse lui a t apporte par lettre du Premierprsident en date du 11 janvier 2012 (cf. annexe 2). Lenqute doit treainsi mene en deux temps.
Plusieurs volutions sont intervenues depuis la demande de lacommission des affaires sociales et de la mission dvaluation et decontrle des lois de financement de la scurit sociale de lAssemble
nationale. Le mode de financement de la branche famille devait tremodifi compter du 1
eroctobre 2012 par la substitution de ressources
notamment tires de la TVA une partie des cotisations sociales telle que
prvu par la loi de finances rectificative n 2012-354 du 14 mars 2012.Ces dispositions ont t abroges par la loi de finances rectificative
n 2012-958 du 16 aot 2012. Par ailleurs, le Gouvernement a engag
diffrents travaux danalyse relatifs au financement de la protectionsociale au sens large en lien avec les problmatiques de comptitivit desentreprises. Dans ce contexte, la Cour a choisi de prsenter plusparticulirement dans ce rapport dtape un tat des lieux du financement
de la branche famille et des questions que pose son volution au cours des
dernires annes.
Un relev dobservations provisoires a t adress auxadministrations concernes le 6 octobre 2012. Le directeur de la scuritsociale a fait connatre sa rponse le 22 octobre 2012, le directeur gnral
du Trsor, le 19 octobre 2012, le directeur de la caisse nationale des
allocations familiales, le 15 octobre 2012 et le directeur du budget le22 octobre 2012.
Le prsent rapport, qui constitue la premire tape de cette enquteeffectue, a t dlibr, le 24 octobre 2012, par la sixime chambre,
prside par M. Durrleman, prsident de chambre, et compose de Mmes
Bellon, Lvy-Rosenwald, MM. Braunstein, Bonin, Charpy, Jamet et MmeFontaine, conseillers matres, le rapporteur tant Mme Roche, conseillre
rfrendaire, et M. Diricq, conseiller matre, tant contre-rapporteur.
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Il a ensuite t examin et approuv le 30 octobre 2012 par lecomit du rapport public et des programmes de la Cour des comptes,
compos de MM. Migaud, premier prsident, Johanet, procureur gnral,Descheemaeker, Bayle, Bertrand, rapporteur gnral du comit, MmeFroment-Meurice, MM. Durrleman, Lvy, Lefas et Briet, prsidents de
chambre.
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Rsum
La branche famille prsente la spcificit dtre une branche
universelle tant par son unicit (il nexiste quun seul rgime deprotection familiale, les prestations servies et les ressources perues parles autres organismes, tels que la Mutualit sociale agricole ou la SNCF,
le sont pour son compte ; les comptes de la branche famille portent doncla totalit des produits et charges) que par labsence, depuis 1978, de
condition dactivit associe au versement de ses prestations.
La structure de financement de la branche famille a connuune volution se traduisant par une diminution de la part descotisations sociales dans le total des recettes. Cette situation est lersultat de plusieurs vagues de diversification des ressources qui,pour les plus rcentes, ont fragilis le financement de la branche parla multiplication de recettes dappoint.
La branche famille est, pour des raisons historiques, finance titre
principal par des cotisations patronales assises sur les salaires et revenus
dplafonns. La structure de financement de la branche a sensiblementvolu au cours des vingt dernires annes sous linfluence tant des
difficults financires des autres branches de la scurit sociale que despolitiques dabaissement du niveau des charges sociales sur les bassalaires ou dans certains secteurs, conomiques ou gographiques, en
difficult. Cest notamment destination de la branche famille qua tinitialement cre en 1991 la contribution sociale gnralise. Il sagissait
alors de mieux mettre en cohrence sa structure de financement parlattribution dun prlvement base trs large dpassant les seulsrevenus dactivit avec la logique universelle de ses prestations. La
contribution sociale gnralise (CSG) a reprsent jusquen 2011 entre24 et 25 % des ressources de la branche. Elle nen constitue plus
dsormais que de lordre de 18 %, car une partie de la part qui lui avait
t affecte a t attribue alors au remboursement de la dette sociale.
Une seconde phase de diversification de ces ressources est
intervenue peu aprs et la part du financement assur par les cotisations
sociales a encore diminu pour atteindre environ deux-tiers en 1995,niveau qui est peu prs stable depuis. Cette volution nest cependant
pas le reflet de la volont de mettre en adquation la nature des ressourcesavec le caractre universel des prestations. Elle est la consquence des
modalits de compensation des allgements de charges cibls puis
gnraux. Elle sest finalement traduite, compter de 2011 et de ladconnexion des recettes attribues la branche en compensation des
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allgements par rapport au montant des pertes de recettes quils
occasionnent, par une fiscalisation accrue du financement de la branche,encore augmente par lattribution de diverses taxes en substitution de la
perte dune partie de la CSG. La branche famille est dsormais la plus
fiscalise, hauteur de 15 % de ses ressources. Mais cet ensemble estinstable et les impts et axes affects dans la dernire priode sontcaractriss par un faible dynamisme, voire par une rosion de leur
assiette qui a pour consquence leur disparition programme
Ces volutions ont rduit la part des cotisations sociales, de 95 %
en 1990 64 % aujourdhui. Mais le financement de la branche reste assis plus de 80 % sur des revenus tirs de lactivit. Bien que la CSG ait tconue sur la base dune assiette trs large, elle reste titre principal un
impt frappant les revenus dactivit. La part de la CSG issue de cesrevenus est en effet suprieure 70 %. En outre, la taxe sur les salaires
reprsente la moiti des impts et taxes affects la branche dans le cadredes allgements de charges.
Il rsulte aujourdhui de ces volutions une logique de
financement brouille et une fragilisation alors mme que la branche estdsormais confronte la perspective dun dficit durable.
La branche famille est confronte des difficults financiresqui, pour tre significativement aggraves par la dgradation de laconjoncture conomique, nen rvlent pas moins un dsquilibrestructurel.
La branche famille a longtemps t considre comme devant
structurellement revenir lquilibre en raison du diffrentiel favorabledans le rythme de progression des charges la base mensuelle desallocations familiales (BMAF) et les plafonds de ressources pour le calcul
de certains droits prestations sont indexs sur linflation) et des produits
(qui voluent un rythme proche de la masse salariale). Ce mcanisme aainsi permis le financement dimportantes rformes de la politique
familiale au cours des dcennies 1980 et 1990, notamment en faveur desmodes de garde des jeunes enfants.
Cette situation ne prvaut plus et la branche est durablementengage dans une perspective dfavorable. Dune part, le rythme deprogression des charges sest accru en raison de la multiplication de
charges dont le dynamisme de croissance est suprieur celui delinflation (majorations de pensions pour enfant, complment mode de
garde de la prestation daccueil du jeune enfant, prestations daction
sociale en faveur de lhbergement des jeunes enfants). Dautre part, lerythme de croissance des produits a diminu avec labaissement de celuide croissance du PIB de longue priode. En consquence, la progression
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RESUME 9
de la masse salariale na t en moyenne que de 3,5 % sur les deux
derniers cycles conomiques. A cette tendance sur longue priodesajoutent depuis 2008 les effets de la crise conomique que le rebond
dactivit enregistr en 2011 na pas suffi enrayer.
Compte tenu des deux effets de sens contraire que sont une plusforte progression naturelle des charges et un moindre potentiel de
croissance des produits, du fait en particulier de la perte de CSG et de
lapport de taxes au rendement faible ou incertain moyen terme commedes effets sans doute durables de la crise sur lvolution de la masse
salariale, se manifeste un effet de ciseau entre les dpenses et les recettesqui ne permettra plus le retour rapide et automatique lquilibre qualongtemps connu la branche. De fait, les perspectives moyen et long
termes de la branche, telles qutablies par la Cour sous lhypothsedune croissance de la masse salariale de 3,5 %, montrent que son dficit
devrait se stabiliser 2 Md lhorizon 2020, soit une accumulation dedette de lordre de 20 Md entre 2011 et 2020.
Un redressement des comptes de la branche famille nest donc pas
envisageable sans une matrise accrue de la dpense qui devra aller plusloin que le seul pilotage du solde par le jeu des indexations des
prestations.
Cest dans ce contexte de difficult de soutenabilit de lapolitique familiale que doivent sinscrire les rflexions sur lastructure de financement de la branche.
Deux options frquemment voques sinscrivent dans une
prennit du modle de financement par des ressources spcifiquesaffectes en propre et concernent essentiellement les assiettes deprlvements : il peut tre envisag soit dlargir les prlvements au sein
de lentreprise dautres lments de sa valeur ajoute, ou bien de trouver
des assiettes trs diffrentes, quelles reposent sur les revenus desmnages (largissement de lassiette de la CSG par exemple), la
consommation (TVA, taxes sur des lments de consommationspcifiques) ou des taxes frappant de nouveaux secteurs ou ayant pour but
dinciter de nouveaux comportements (taxes environnementales parexemple).
Une autre option consisterait en une volution plus substantielle
des modes de financement de la branche famille, en cohrence avecluniversalit de la politique familiale et sa dimension essentielle de
solidarit nationale. En ce sens, lEtat pourrait directement financer la
branche famille partir de lensemble des ressources qui concourent son budget.
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Au stade de ce premier rapport dtat des lieux et dans lattente
des orientations qui lui seront donnes pour la deuxime tape de cestravaux comme convenu avec elles par la commission des affaires
sociales et par la mission de contrle et dvaluation des lois de
financement de la scurit sociale, la Cour ne se prononce pas sur lapertinence respective de ces diffrentes options quelle na pas de ce faitexamines en dtail.
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Introduction
Lenqute demande la Cour sur le financement de la branche
famille par la commission des affaires sociales et la mission dvaluationet de contrle des lois de financement de la scurit sociale de
lAssemble nationale est, selon la demande qui lui a t adresse, plusspcifiquement centre sur la fiscalisation des ressources de la
branche .
La branche famille a, de fait, un caractre universel qui se traduit,
dune part, par son unicit puisquelle porte dans ses comptes la totalitdes prestations familiales, y compris lorsquelles sont verses par un autrergime ou une entreprise statut particulier, et des produits affects au
financement du risque famille et, dautre part, par luniversalit des droits
prestations, qui ne sont plus conditionns depuis le 1er
janvier 1978 parlexercice dune activit ni le paiement de cotisations mais par la seulersidence rgulire sur le territoire national.
Cette universalit est laboutissement dun long processus qui aprogressivement largi de premires initiatives dorigine patronale
dattribution de sursalaires aux salaris chargs denfants pour compenserleur charges familiales, puis rig la politique familiale en politiquepublique dans un objectif dabord de redistribution horizontale entre
familles avec et sans enfants, puis partir des annes 70 avec lessor deprestations sous conditions de ressources, de solidarit plus large porte
par le souci de contribuer la rduction des carts de revenus entrefamilles avec enfants.
Les grandes tapes de la politique familiale
Les allocations familiales ont deux origines distinctes. Lune est
publique avec la naissance ds la deuxime moiti du XIXme sicle desrgimes spciaux (marins, chemins de fer, poste etc). Lautre est patronale ;
elle prend son essor dans les annes 1920 et 1930, sur la base de la notion de
sursalaire familial et dun engagement volontaire des entreprises dun mme
secteur dactivit et dune mme rgion regroupes au sein de caisses
mutualises de compensation.
Lobligation dadhrer lune de ces caisses, finances par un
prlvement au prorata des salaires verss par les membres, est pose par la
loi du 11 mars 1932 (dite loi Landry). Le code de la famille du 29 juillet 1939
dissocie par la suite la notion dallocations familiales et de sursalaire et
prvoit la gnralisation de ces dernires lensemble des actifs.
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Lordonnance du 4 octobre 1945 intgre les prestations familialesdans lorganisation gnrale de la scurit sociale quelle institue,
conformment au programme du Conseil national de la Rsistance. Depuis
lors, et selon des modalits issues actuellement des ordonnances de 1967, la
gestion des prestations familiales est organise de faon paritaire sur la base
dun rseau de caisses locales pilotes par la caisse nationale des allocations
familiales qui bnficie cet effet de ressources propres. Ce modle
dorganisation est une spcificit franaise puisque dans une grande partie
des pays voisins, et notamment en Allemagne, la politique familiale est
directement porte par lEtat et finance budgtairement.
Le principal tournant dans la politique et la gestion des allocationsfamiliales est opr par la loi du 4 juillet 1975, avec effet au 1er janvier 1978,
qui supprime toute condition dactivit pour le bnfice des prestations
familiales. Cette rforme donne aux prestations familiales un caractre
universel. La dimension duniversalit de la branche famille est confirme
par lintgration en son sein du rgime des exploitants agricoles. Bien que
certaines entreprises (industries lectriques et gazires, SNCF, RATP) et la
mutualit sociale agricole continuent grer les prestations familiales de
leurs bnficiaires, elles le font pour le compte de la branche famille qui
intgre les charges et produits dans ses comptes. Il nexiste plus
financirement quune seule branche
Depuis 30 ans, la politique familiale a t marque par trois volutionsmajeures : le dveloppement dune politique en faveur de la conciliation de la
vie familiale et de la vie professionnelle, linstauration de prestations sousconditions de ressources et, afin de dgager les marges financires
ncessaires, lindexation des prestations familiales (1994) et des plafonds de
ressources (1997) sur les prix et non plus comme auparavant sur le salaire
moyen ou le SMIC selon une logique issue originellement de leur conceptioncomme sursalaires.
En 1948 la branche famille reprsentait elle seule plus de 40 % des
dpenses de la scurit sociale, tous rgimes confondus ; en 2012 le ratio des
charges de la branche famille sur lensemble des charges des rgimes de base
stablit 12,5 %. Rapporte au total des prestations de protection sociale, lapart de la branche famille stablit un peu plus de 9 %. Les charges de la
branche famille reprsentent 2,8 % du PIB en 2011. Elles ne constituent pour
autant quune composante dun effort plus global, qui repose en particuliersur des amnagements de la fiscalit en fonction des charges familiales. En
tenant compte des dpenses fiscales en faveur de la famille et des effets du
quotient familial, la part de la richesse consacre la politique familialeatteint 3,8 % du PIB.
Le mode de financement de la branche famille en revanche, sil a
volu fortement depuis 25 ans avec lapport dune partie de la
contribution sociale gnralise, puis de diffrents impts et taxesaffects, reste cependant marqu par la prpondrance des cotisations
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INTRODUCTION 13
sociales patronales qui, historiquement, tait en cohrence avec lespremiers systmes dindemnisation des charges de famille dont le
patronat a t spontanment alors lorigine.
Dans un contexte marqu par la relative dgradation de laperformance conomique de la France par rapport certains de sesvoisins, tend ainsi se rouvrir un dbat, rcurrent depuis 1978, sur unfinancement trs majoritairement assis sur les revenus dactivit et, plus
gnralement la question du poids des prlvements obligatoires sur le
facteur travail.
Pour clairer plus largement ces dbats, le prsent rapport dtapecherche dresser un tat des lieux du financement de la branche famille,
qui a bnfici en 2011 de 52,9 Md de ressources pour un total decharges de 55,6 Md, soit un dficit de 2,6 Md reprsentant 4,7 % de ces
dernires1.
Ce financement apparat aujourdhui fragilis et brouill (I), et ilconfronte la branche des problmatiques de dsquilibre financier
durable (II). Cest au regard de ces enjeux essentiels pour la politiquefamiliale et non uniquement en fonction des questions de comptitivit,
que doivent sanalyser les options possibles dun nouveau modle definancement.
1 Le primtre considr est celui des prestations retraces dans le Fonds national des
prestations familiales et le Fonds national daction sociale. Il exclut donc les
prestations verses par les caisses dallocations familiales (CAF) pour le compte de
tiers (Etats et dpartements).
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Chapitre I
Un financement brouill et fragilis
Lvolution du financement de la branche famille depuis vingt ans
est lie lapparition de dficits dans les autres branches de la scuritsociale, la volont dallger les charges pesant sur le travail nonqualifi, et la recherche dun mode de financement plus en cohrence
avec les missions de la branche, dbitrice de prestations universelles.
Dans la dernire priode, les choix oprs loccasion de
lopration de reprise des dficits du rgime gnral par la caissedamortissement de la dette sociale (CADES) en 2011 ont conduit affecter la branche diverses taxes au rendement peu assur, dtriorant
ainsi la solidit de ses ressources, dj fragilises par ailleurs par lamauvaise conjoncture conomique.
Ces volutions ont rendu de plus en plus complexe jusqu labrouiller la structure de financement de la branche sans pour autantmodifier fondamentalement sa concentration sur des assiettes composes
de salaires et de revenus dactivit.
Deux phases peuvent tre distingues dans lvolution depuis 20
ans de larchitecture de financement de la branche. Dans un premiertemps, avec la cration de la CSG, elle fait lobjet dune diversification deses ressources destine mieux mettre en cohrence sa structure de
financement avec la logique universaliste de ses prestations par
lattribution dun prlvement base trs large. Cette substitution permetun abaissement du taux de cotisation patronale, mode historique de
financement de la branche alors fix 5,4 % et qui na pas t modifi
depuis lors.
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COUR DES COMPTES16
Evolution du taux de cotisation famille depuis 1946
La cotisation patronale destine financer la branche a constamment
dcru depuis 1946 au fur et mesure de la progression du taux des cotisations
des autres branches et en particulier la branche maladie. Fix 16,75 % des
rmunrations sous plafond, son taux a t progressivement abaiss au
bnfice des branches maladie et vieillesse2 pour se stabiliser 9 % entre1974 et 1989. En janvier 1989 le taux est ramen 8 % dont 4,5 % plafonns
et 3,5 % dplafonns. En janvier 1990, il est abaiss 7 % et entirement
dplafonn pour les cotisations patronales des salaris. Il sagissait alors de
de limiter son poids sur les bas salaires. Elle a finalement t partiellement
remplace par la contribution sociale gnralise (CSG) lors de sa cration en
1991. Elle est depuis fixe 5,4 % des rmunrations dplafonnes. Ce tauxest infrieur pour certaines entreprises (industries lectriques et gazires
(IEG), SNCF, RATP) qui grent elles-mmes le risque famille que leurs
agents : une rfaction de 0,2 point leur est accorde au titre des frais de
gestion. LEtat ne bnficie plus de rfaction sur son taux de cotisation
depuis 2006, date laquelle le transfert de la gestion des prestations
familiales de ses agents aux Caisses dallocations familiales (CAF) a tachev. A compter du 1er janvier 2013, la gestion des prestations familiales
des agents des IEG sera transfre aux CAF. Leur taux de cotisation sera
donc align sur le droit commun.
Dans un second temps, la diversification des ressources de labranche famille se traduit par une fiscalisation accrue sous formedattribution dimpts et de taxes affects (ITAF) qui apparat comme la
consquence des allgements de charges, cibls puis gnraux.
Le tableau ci-dessous retrace les principales recettes de la branchede 1978 2011.
2 Il est noter que la prise en charge par la branche famille de cotisations retraites
pour les parents au foyer (AVPF), constitue, certains gards, une autre modalit
dun tel basculement de financement.
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UN FINANCEMENT BROUILLE ET FRAGILISE 17
Tableau n 1 : Principales recettes de la caisse nationale des
allocations familiales et principaux produits de la branchefamille depuis 1978
(euros constants 2010)3
En Md 2010 1978 1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Produits dont : 29,7 37,1 37,5 43,6 47,9 49,8 52,3 52,1 52,4 51,4 51,8
Cotisations
(horscotisations
prises en
charge par
lEtat))
28,4 35,2 24,9 29,4 31,9 32,5 33 33,4 33,6 33,7 33,8
Compensations
d exonrationspar lEtat
0 0,6 3,3 3,3 3,5 0,6 0,7 0,8 0,7 0,7 0,5
CSG 0 0 8,1 10,2 11,2 11,7 12,2 12,4 12,2 12,2 9,2
Impts et taxes
affects
0 0,9 0,1 0,2 0,4 3,7 4,1 4,3 4,3 4,2 7,6
Source : caisse nationale des allocations familiales
Le graphique ci-dessous montre la dformation qui en rsulte de la
structure de financement de la branche compter du dbut des annes1990.
3 Ce tableau est un extrait du tableau figurant en annexe 3. Il est retrait de faon
neutraliser les prestations verses pour le compte de lEtat mais qui figuraient en
compte de rsultats jusquen 2010 (AAH et, pour une partie des exercices, API).
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COUR DES COMPTES18
Tableau n 2 : Structure de financement de la branche
famille de 1978 2011 (euros constants 2010)
Nb : la variation du poste exonrations de cotisations (FOREC, dotations)
est compense par laugmentation du poste autres ITAF, en consquence de
la fiscalisation des compensations dexonrations de charges intervenues en
2006.
Source : caisse nationale des allocations familiales
Ce tableau fait apparatre que la part des cotisations tend
sroder, que lapport de CSG est depuis 2011 en forte diminution, tandisque progresse fortement depuis 2006 la part du financement par limpt.
Les prvisions pour 2012 et 2013, telles quelles figurent dans leprojet de loi de financement de la scurit sociale montrent que lastructure de financement de la branche sest stabilise par rapport 2011.
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UN FINANCEMENT BROUILLE ET FRAGILISE 19
Tableau n 3 : Structure de financement de la branche
famille 2012-2013
Source : Projet de loi de financement de la scurit sociale pour 2013.
A - La part des cotisations sociales dans le financementsrode, tandis que leur rythme de progression souffre
de latonie de la croissance
1 - La part des cotisations tend diminuer sous leffet de ladiversification des ressources de la branche et des dispositifs
dallgements de charges
Le financement de la branche famille est marqu sur la priode par
une diminution de la part relative des cotisations sociales qui passent deprs de 95 % des produits en 1990 67 % en 2005 puis 64 % entre 2006
et 2010. En euros constants 2010, le produit des cotisations famille estpass de 28,4 Md en 1978 34,5 Md en 2011.
Cette situation est lie aux deux phnomnes indiqus supra
savoir la cration de la CSG dans un premier temps puis la mise en uvredes politiques de rduction des charges sociales sur les bas salaires.
Il existe deux catgories dexonrations : les exonrations
sectorielles et les allgements gnraux de charges. Les premires sontfinances par une prise en charge directe de ces cotisations par lEtat. Les
secondes, qui concernent les salaires compris entre 1 et 1,6 SMIC, ontdonn lieu diverses modalits de compensation.
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COUR DES COMPTES20
Des exonrations de cotisations non compenses
Le principe gnral de compensation intgrale par lEtat des pertes de
recettes gnres par les exonrations de cotisations existe depuis la loi
n 94-637 du 25 juillet 1994. Il rsulte dsormais de la combinaison des
articles L. 131-7 et LO. 111-3 du code de la scurit sociale. Il porte
dsormais sur tous les dispositifs drogatoires induisant une diminution desressources des branches et un allgement de charges pour les bnficiaires.
Pour autant, ce principe ninterdit pas le maintien ou la cration
dexonrations sans compensation mais seule la loi de financement de la
scurit sociale peut les prvoir. De fait, la branche supporte des exonrationsnon compenses hauteur de 554 M en 2011 (pour 4,1 Md dexonrations
compenses). Il sagit principalement dexonrations relatives certainscontrats dinsertion (172 M en 2010) et aux services aux personnes fragiles
(296 M en 2010). Si les dispositifs concerns sont anciens pour la plupart et
si la tendance reste leur suppression, la pratique perdure cependant. Ainsi la
loi n 2011-893 du 28 juillet 2011 pour le dveloppement de lalternance et la
scurisation des parcours professionnels a-t-elle exclu de lassiette des
cotisations et contributions de scurit sociale lallocation spcifique descurisation verse certains salaris en cas de licenciement conomique.
Cette mesure na pas fait lobjet dune compensation.
2 - Latonie de la croissance pse sur la dynamique deprogression des cotisations sociales
Le produit tir des cotisations sociales4 a progress de 27,3 Md en
2002 34,5 Md en 2011, soit + 26,4 % en euros courants. Le tableau ci-dessous retrace son volution.
4 Y compris les cotisations des mdecins conventionns en secteur 1, prises en charge
par lassurance maladie.
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Tableau n 4 : Evolution des cotisations sociales de la
branche famille 2002-2011(indice 100 en 2002)
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
Deux priodes peuvent tre distingues : entre 2002 et 2008, les
cotisations sociales augmentent un rythme soutenu compris entre 2,2 %et 4,1 % alors que leur taux de croissance est compris entre 0,7 % et2,2 % de 2009 2011. En 2010, un point de cotisation patronale famille
rapporte 7,1 Md.
B - La contribution sociale gnralise a reprsent unapport significatif jusquen 2011
1 - La cration de la CSG opre un transfert significatif dufinancement vers une ressource dynamique
Comme le montre le tableau n 2, la cration de la contribution
sociale gnralise en 1991 a modifi sensiblement la structure definancement de la branche puisquelle opre un transfert de 1,6 point decotisations, soit environ 8 Md (soit 23 % du montant des cotisations et
un cinquime des recettes de la branche) vers une nouvelle recette,
considre fiscalement comme une imposition de toute nature, alorsmme que limpt ne reprsentait en 1990 quune part minime des
ressources de la branche (2 %).
100
105
110
115
120
125
130
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Indice de croissance des cotisations
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COUR DES COMPTES22
Le taux de CSG affect la branche famille est rest constant
jusquen 2010 (1,08 % de la CSG assise sur les revenus dactivit salarieet de 1,1 % de la CSG assise sur les revenus du capital), la part du
financement assure par la contribution sociale gnralise a ensuite
progress rapidement, principalement en raison du dynamisme propre decette recette. Elle est ainsi passe de 21,6 % en 1995 24,2 % en 2005(soit, en euros constants 2010, de 8,2 Md 11,2 Md). La part de la
CSG est reste ce niveau jusquen 2010.
Lassiette de la CSG est trs large (revenus bruts des salaris et
fonctionnaires, revenus fiscaux des travailleurs indpendants, revenus dupatrimoine, des placements et des jeux, revenus de remplacementimposables) ce qui en fait un produit dynamique et surtout peu volatile.
Sur la priode 2002 2010, le taux de croissance de la CSG est ainsisuprieur celui des cotisations, respectivement de 28 % et de 23,6 %. En
2010, un point de CSG portant sur les revenus dactivit a rapport7,9 Md et 11,6 Md toutes catgories confondues. Le produit de la CSG
de la branche slevait ainsi 12,2 Md en 2010.
Le tableau ci-dessous montre lvolution de la CSG sur les dixdernires annes marques par un dynamisme trs fort de ce produit
jusquen 2008, date laquelle il subit les effets de la mauvaise
conjoncture conomique, en particulier sur lassiette des produits de
placement.
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UN FINANCEMENT BROUILLE ET FRAGILISE 23
Tableau n 5 : Evolution de la contribution sociale
gnralise de la branche famille 2002-2011(en M courants ; indice 100 en 2002)
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
La comparaison entre les volutions du PIB, des cotisations
sociales et de la CSG (cf graphique ci-dessous) montre que la CSG crotde faon plus rapide que les autres ressources de la branche, ce quisexplique par le caractre diversifi de son assiette. Ainsi en 2008, le
niveau des produits tirs de la CSG avait atteint un indice de 128 (base
100 en 2002) pour un indice de 121 seulement pour les cotisationssociales et de 110 pour le PIB.
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COUR DES COMPTES24
Tableau n 6 : Evolution compare du PIB, de la masse
salariale, des cotisations sociales et de la CSG de la branchefamille - 2003-2010
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
Ce tableau montre cependant limpact de la crise conomique de
2008 sur le rendement de la CSG : son taux de croissance est ngatif en
2009 et ne retrouve pas en 2010 son niveau de 2003. Les rsultats delanne 2011 et les prvisions de 2012 montrent un certain redressement,
au-del des 3 %.
2 - Le remplacement en 2011 dune part de la CSG par une
fiscalit affecte brouille et fragilise le financement de la branche
En 2011, la CSG ne reprsente plus que 17,6 % du total des
produits de la branche soit 9,3 Md. La branche a en effet vu ses produitsamputs de 0,28 point de CSG dont elle tait affectataire au bnfice de la
caisse damortissement de la dette sociale (CADES) dans le cadre delopration de reprise de dficits des trois branches du rgime gnral par
celle-ci.
La loi de financement de la scurit sociale pour 2011 a de faitprvu une reprise des dficits cumuls de la branche famille pour les
exercices 2009 2011, soit 7,2 Md. Cette reprise de dette sestaccompagne dun transfert de ressources de la branche famille la caisse
damortissement de la dette sociale. La caisse nationale des allocations
familiales (CNAF) a bnfici en compensation de ce transfert de troisnouvelles taxes : le prlvement au fil de leau des prlvements sociaux
sur les compartiments euros des contrats dassurance vie multi-support
-0.04%
-0.02%
0.00%
0.02%
0.04%
0.06%
0.08%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
PIB (valeur)
masse salariale
cotisations sociales
CSG
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hauteur de 1,6 Md en 2011, la taxe sur les conventions dassurance sur
les contrats sant dits responsables (0,9 Md en 2011) et la taxe sur lesrserves de capitalisation des assureurs (0,8 Md en 2011).
Cette volution du mode de financement de la branche lui est
favorable en 2011 mais pas plus long terme. En effet, la taxe sur lesrserves de capitalisation des assureurs a un caractre non rcurrent et
limit aux exercices 2011 et 2012 tandis que la ressource lie
lanticipation des prlvements sociaux sur les compartiments euros descontrats dassurance-vie au fil de leau, et non plus en fin de contrat,
devrait progressivement disparatre entre 2011 et 2020, au rythmedenviron 200 M par an. Ds 2012, les recettes que la caisse nationaledes allocations familiales a perues en remplacement de sa perte de CSG
devraient connatre une baisse de 2,1 % alors que le rendement de la CSGdevrait tre de 3,6 % (cf. infra pour les volutions au-del de 2012).
Lopration mene en 2011 conduit la fois brouiller la logiquede financement de la branche et fragiliser ses produits.
Par ailleurs, il convient de relever que quelle que soit ltendue de
son assiette qui frappe la quasi-totalit des revenus, ce qui est une desraisons de son dynamisme, la CSG reste titre principal une ressource
provenant des revenus dactivit. Le tableau ci-dessous retrace larpartition des produits de la CSG selon lassiette taxe. La part de laCSG sur les revenus dactivit varie entre 73 % en 2002 (soit 6,9 Md) et
70 % en 2011 (soit 6,5 Md). La CSG sur les revenus du capitalreprsente entre 10 % (soit 1,2 Md en 2010) et 13 % (soit 1,6 Md en
2008) du total collect avec une trs forte volatilit. La part relative aux
revenus de remplacement passe de 16 % en 2002 (soit 1,5 Md) 19 %en 2011 (soit 2,3 Md).
-
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COUR DES COMPTES26
Tableau n 7 : rpartition de la CSG famille
par type de revenu
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
C - La compensation des allgements de charges sesttraduite par une fiscalisation rampante
La part la plus instable du financement de la branche tient aux
modalits de compensation des allgements de charges sociales, et surtout celle des allgements gnraux de cotisations.
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
2 002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
CGS sur revenus dactivit CSG sur revenus de remplacement CSG sur revenus du patrimoine
CSG sur revenus des placements CSG sur revenus des jeux
-
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UN FINANCEMENT BROUILLE ET FRAGILISE 27
Tableau n 8 : Evolution des compensations de charges et
des ITAF 2002-2011 branche famille (en M courants)
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
1 - Les dispositifs de compensation des allgements de charges :un mode de financement instable
A la suite de multiples volutions, la politique des allgements
gnraux de cotisations patronales sur les bas salaires a pris la forme
dune rduction dgressive sur les bas salaires entame ds 1993 parlexonration des cotisations famille jusqu 1,2 SMIC puis gnralise
par la loi du 4 aot 1995 relative des mesures durgence pour lemploiet la scurit sociale et dite ristourne Jupp . Cet allgement a t
complt par des exonrations institues dans le cadre des textes relatifs
la rduction et lamnagement du temps de travail. Les deux typesdallgements, ainsi que les exonrations de cotisations dallocations
familiales de larticle L. 241-6-4 du code de la scurit sociale pour
certains rgimes spciaux tels que la SNCF et la RATP, ont t fusionnspar la loi du 12 juin 2003 relative aux salaires, au temps de travail et au
dveloppement de lemploi qui cre la rduction gnrale de cotisationssociales patronales dite rduction Fillon (article L. 241-13 du code de
la scurit sociale)5
.
5 Cette rduction de 26 points de cotisations pour lensemble des branches de scurit
sociale au niveau du SMIC dcrot au fil de la progression du salaire et sannule 1,6
SMIC (loi de finances initiale du 30 dcembre 2004). Elle est majore de 2,1 points
dans les entreprises de moins de 20 salaris (loi de finances initiale du 21 dcembre
2007).
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
Cotisations prises en
charge par lEtat
ITAF
FOREC et CNSA
-
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COUR DES COMPTES28
Au-del des allgements gnraux sur les bas salaires, il existe des
allgements de charges dits cibls. Il sagit principalement dexonrationsde charges propres certaines catgories dentreprises, certaines zones
gographiques fiscalit particulire telles que les zones franches, les
zones de revitalisation rurale et les zones de redynamisation urbaine, certains types de contrats de travail aids ou certains secteursconomiques (notamment les transports routiers et lhtellerie
restauration). Ces allgements sont financs directement par des dotationsbudgtaires de lEtat la branche famille (549 M en 2011).
La compensation des allgements gnraux a en revancheemprunt plusieurs voies. Dans un premier temps, ces compensations ontt finances par des dotations soit directement en provenance du budget
de lEtat, soit, entre 2000 et 2003, en provenance dune structure ad hocle fonds de financement de la rforme des exonrations de charges
sociales (FOREC). Ce fonds tait aliment en recettes par diffrentsimpts et taxes affects. A compter de 2006, les allgements gnraux de
charges sociales sont compenss par lattribution dun panier de
recettes fiscales dont la composition a beaucoup volu au cours du tempscomme le montre le tableau n 86.
6 Pour une analyse globale des impts et taxes affects lensemble des branches de
la scurit sociale cf. chapitre V du rapport sur lapplication des lois de financement
de la scurit sociale pour 2012, le financement de la scurit sociale par limpt, pp
137 163.
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Tableau n 9 : Impts et taxes affects la branche famille,
hors CSG2006-2011 (en M)
2006 2007 2008 2009 2010 2011
Impts et taxes affects dont : 3 494 3914 4224 4 143 3 915 7 755
art 402 bis CGI : droits de consommation
sur les produits .intermdiaires (16 22)22 20 16 0 0 0
art 438 CGI : droits de circulation (vins,
cidres, poires, hydromels)
21 21 18 0 0 0
art 520a CGI : droits sur les bires et les
eaux71 69 59 0 0 0
art 403 CGI : droits consommation suralcools (+22)
366 360 299 0 0 0
TVA brute producteurs de boissons
alcoolises0 0 90 79 77 75
Droits sur les tabacs 537 734 777 1127 910 1 563
Droit de licence sur la rmunration des
dbitants de tabacs art 568 CGI0 0 50 51 53 0
art L 137-6 du CSS (conventionsdassurance des VTM)
173 171 170 169 165 2
art. L 137-1 CSS (taxe sur le financement
de la prvoyance) 108 112 123 126 124 -4Taxe sur les vhicules de socits
(art.1010 CGI)0 0 1 -1 0 0
Taxe sur les salaires 1 673 1866 2020 1 992 1976 2 741
Contribution sociale sur les bnfices art
235 ter zc CGI0 0 41 23 29 26
Taxe spciale sur les contrats d'assurance
maladie0 0 0 0 0 890
Taxe exceptionnelle sur la rserve de
capitalisation0 0 0 0 0 836
TVA brute collecte par commerants de
gros en production pharmaceutique.522 561 560 577 581 0
Prlvement prvu par l'art 22 de la loi definancement 2011
0 0 0 0 0 1 626
Nb : le tableau reprend lensemble des ITAF dont la majeure partie
correspond aux compensations dexonrations de charges jusquen 2010.
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
Lobjectif de la rforme de 2006 tait de garantir au rgime gnralla couverture intgrale des pertes de recettes lies aux exonrations, cequi impliquait de faire chapper lvolution de cette dpense aux
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COUR DES COMPTES30
contraintes de la norme de dpenses publiques retenue pour la prparation
des lois financires laquelle les dotations budgtaires taient soumises.
Sagissant de la croissance des produits tirs des compensations
des exonrations de charges, se constate une premire priode de forte
croissance jusquen 2008 puisque le montant des compensations(allgements gnraux et allgements spcifiques) passe de 3,3 Md un
peu moins de 5 Md entre 2002 et 2010. Samorce une phase de dcrue (-
3,2 % en 2009) qui sest interrompue en 2011 lors de lattribution de cesimpts, qui est dsormais dfinitive et dconnecte de lvolution
ultrieure du cot de ces derniers. Lexcdent de recettes fiscales parrapport aux pertes de cotisations sociales na alors en effet pas trcupr par lEtat comme ctait le cas prcdemment.
Les cotisations prises en charge par lEtat au titre des allgementscibls ont connu une volution marque sur la priode. Leur nombre a
dans un premier temps progress au fur et mesure que les nichessociales se sont multiplies. Le montant des cotisations prises en chargepar lEtat est ainsi pass de 419 M en 2002 775 M en 2008, son point
haut. Elles reprsentent 549 M en 2011, en baisse de 29 % par rapport 2008 en raison de la politique de rduction des niches sociales engage
depuis 2009. Cette diminution est pour partie lie aux volutions
intervenues en 2010 et 2011 : la suppression progressive de lexonration
cible accorde au titre des contrats de professionnalisation (qui ouvrentdsormais droit aux allgements gnraux), la suppression compter du1
erjanvier 2011 de lexonration des avantages en nature du secteur des
htels, cafs, restaurants et bars, du changement du mode de calcul delexonration au titre de lapprentissage et des volutions des allgementsaccords aux entreprises innovantes et certains emplois domicile.
Lvolution de ces compensations tant pour partie le reflet de la
suppression des dispositifs drogatoires, elle est sans impact sur levolume total des produits de la branche. En revanche, lorsquil sagit delintgration dun dispositif spcifique dans le mcanisme desallgements gnraux de charges, limpact sur le volume des produits de
la branche dpendra lavenir de la dynamique des impts et taxes
affects fin de compensation.
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UN FINANCEMENT BROUILLE ET FRAGILISE 31
Les exonrations gnrales de cotisations famille sur les bas
salaires, compris entre 1 SMIC et 1,6 SMIC, portent sur un montant bienplus significatif compris entre 10 % et 13 % du montant total des
cotisations sociales soit 2,8 Md en 2002 et 3,9 Md en 2010. La
dcroissance du niveau de compensation en fin de priode sexplique parlannualisation des exonrations en 20117.
Les diverses modalits de financement de ces allgements qui se
sont succd ont eu une incidence sur la rgularit des compensations,do une volution heurte comme le montre le graphique ci-dessous,
avec des phases de rattrapage , comme entre 2005 et 2006.
Tableau n 10 : Evolution de la compensation des
exonrations gnrales de charges sociales branche famille
(M)
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
Ces diffrents mouvements ont eu une nette incidence surlarchitecture du financement de la branche : la part des impts et taxes
affects, qui tait de 0,8 % du total en 2005, est passe 6,6 % en 2006,
puis 7,9 % en 2010.
7 La loi de financement de la scurit sociale pour 2011 a modifi la rduction
gnrale de cotisations patronales sur les bas salaires : son calcul est depuis effectu
sur la base de la rmunration annuelle et non plus de la rmunration mensuelle afin
dassurer un montant de rduction identique quel que soit le rythme de versement de
cette rmunration tout au long de lanne (neutralisation des effets daubaine lis la
concentration dlments de rmunration sous forme de primes de fin danne et,
partant, la sous-valorisation du salaire mensuel rel).
-
1 000
2 000
3 000
4 000
5 000
6 000
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Compensation exonrations
gles de charges
Total des compensations
-
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COUR DES COMPTES32
2 - Les mesures daffectation de nouveaux ITAF en 2011 ontnettement accru la part de limpt dans le financement de la
branche
A compter de 2011, les allgements gnraux de charges sociales
ne sont plus compenss par lEtat qui a attribu, pour solde de tout
compte le produit des diffrentes taxes constitutives du panier auxbranches de la scurit sociale. Il nexiste donc plus de lien entre le
montant des allgements de cotisations et celui des recettes perues, ce
qui correspond une nouvelle tape de fiscalisation des produits de labranche.
Sagissant de la branche famille, le panier de recettes a t alorsremplac par lattribution de 23,4 % de la taxe sur les salaires et de
12,57 % des droits de consommation sur les tabacs en 2011. A compter
de 2013, la branche famille se voit attribuer la totalit de la taxe sur lesvhicules terrestres moteur en compensation du transfert la branche
maladie de lessentiel des droits sur le tabac (cf.chapitre II).
Ce mouvement sinscrit en parallle du transfert de taxes et impts
affects en compensation de la perte de CSG, savoir une part de la taxe
sur les conventions dassurance maladie (0,89 Md), le produit de la taxeexceptionnelle sur la rserve de capitalisation des compagnies
dassurance (0,84 Md) et celui du supplment de recettes tir duprlvement au fil de leau plutt quen fin de contrat de la CSG sur lescontrats dassurance vie multi-support, dit prciput assurance vie
(1,63 Md). Du fait de ces mouvements, la branche famille est depuis2011 celle qui a la part de financement par des attributions dimpts et de
taxes affects (ITAF) la plus importante (15,1 % contre 11,8 % pour
toutes les branches et 14,7 % pour lassurance maladie).
Selon les prvisions du projet de loi de financement de la scurit
sociale pour 2013, le rendement de ces taxes et impts affects devrait
dpasser les 8 Md en 2012 et en 2013.
La part des attributions dimpts et de taxes affects dans le
financement de la branche aurait d trs nettement crotre en 2012. Eneffet, la loi n 2012-354 du 14 mars 2012 portant loi de finances
rectificative pour 2012 avait prvu une diminution du taux de cotisation
pour les salaires compris entre 1,6 et 2,4 SMIC afin denglober dans lecadre des exonrations gnrales de charges les secteurs qui en sont
aujourdhui trs largement exclus (cf point II du prsent rapport). Au-delde ce nouvel allgement des charges patronales portant sur les bas
salaires, la loi du 14 mars 2012 tait porteuse dune modification
substantielle consistant intgrer les allgements de charges directementdans le barme des cotisations. Ainsi, la place dallgements compenss
-
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UN FINANCEMENT BROUILLE ET FRAGILISE 33
par des ressources budgtaires ou fiscales, la rforme visait la cration du
premier barme de cotisations intgrant donc leur caractre progressif, tout le moins pour la branche famille.
En compensation des pertes de recettes occasionnes par
lintroduction dune proportionnalit des cotisations patronales famillejusqu 2,4 SMIC, la branche devait bnficier des recettes tires dune
augmentation du taux normal de TVA de 1,6 point et dune augmentation
de deux points du prlvement social sur le capital. Cette rforme quidevait intervenir en octobre 2012 a t abroge par la loi de finances
rectificative n 2012-958 du 16 aot 2012, seule laugmentation du tauxde CSG sur les revenus financiers a t maintenue.
***
Lensemble de ces volutions a contribu brouiller la logique definancement de la branche.
La substitution aux cotisations patronales dautres types deressources est engage de longue date, avec la cration dune ressource
ddie originellement la seule branche famille, la CSG et la diminution
concomitante de son taux de cotisation. Il sagissait alors de substituer unfinancement universel, en cohrence avec la suppression de toute
condition dactivit professionnelle pour le bnfice des prestations etdans une logique de solidarit largie, au financement par les cotisationssociales. Cette dynamique a cependant t interrompue aprs 1991 et les
hausses de CSG ultrieures ont abond les autres branches de la scuritsociale.
La substitution de ressources fiscales aux cotisations sociales de labranche a accompagn la politique dallgement des cotisations socialesmene dabord sur certains secteurs, puis, grande chelle, sur les bas
salaires. Cette volution sest accompagne de lattribution dimpts et
taxes htroclites et variables sans vue densemble, mme si de fait cettefiscalit affecte constitue dsormais un troisime pilier de financement
pour la branche8. Au surplus, la substitution de plusieurs taxes nouvelles
la part de CSG que la branche famille a d cder la caissedamortissement de la dette sociale dans le cadre de lopration de reprise
des dficits du rgime gnral, accentue encore ce phnomne. Labranche famille est dsormais celle dont le taux de financement par diverstaxes et impts affects, hors CSG, est le plus lev.
8 Cf. Cour des comptes, rapport sur lapplication des lois de financement de la
scurit sociale pour 2012, chapitre V, Le financement de la scurit sociale par
limpt, pp. 133 163.
-
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COUR DES COMPTES34
Lvolution du financement de la branche apparat comme le reflet
dune succession de dcisions ponctuelles dont le rsultat aboutit uneabsence prjudiciable de clart et de logique. La diminution de la part de
la CSG au profit de taxes dont la nature na que peu voir avec lobjet de
la branche, a considrablement accru ce brouillage, tout en napportantque des avantages limits en termes de diversification dassiette et dedynamisme des ressources.
En effet, la part du financement de la branche qui repose surlactivit soit via les cotisations sociales et la taxe sur les salaires soit via
la CSG stablit 83 % entre 2002 et 2005 puis aux alentours de 85 % de2006 2010 avant de redescendre 82,5 % en 2011 en raison de lasubstitution de taxes sur les revenus de placement et sur les rserves de
capitalisation des socits dassurance la quote-part de 0,28 point deCSG transfre la caisse damortissement de la dette sociale.
Surtout, la caisse nationale des allocations familiales sest vuaffecter en 2011 des taxes peu dynamiques qui conduisent unefragilisation accrue pour une branche dsormais confronte un
dsquilibre financier structurel.
-
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Chapitre II
Un dsquilibre financier durable
La branche famille bnficie, lgislation constante, de conditions
dquilibre plus favorables que les autres branches de la scurit socialeen partie pour des raisons dmographiques mais galement parce que lerythme dvolution de ses dpenses dpend de mcanismes dindexation
matrisables qui ont t rendus plus rigoureux au fil de temps.
La branche a pu ainsi constituer des marges de manuvre
budgtaires qui ont servi financer de grandes rformes de la politiquefamiliale notamment en 1994 et en 2003 comme le montre le graphiquefigurant lannexe 3.
Cette situation a cependant volu dans un sens dfavorable aucours de la dernire dcennie, le diffrentiel de croissance des charges et
des produits sinversant.
I - Des charges qui progressent plus vite que lesproduits
La branche famille sert un grand nombre de prestations qui visent
compenser le cot de lenfant et concilier la vie de famille et la vieprofessionnelle, telles que les allocations familiales (AF), le complment
familial (CF), lallocation de soutien familial (ASF), lallocation derentre scolaire (ARS), lallocation dducation de lenfant handicap
(AEEH) la prestation daccueil du jeune enfant (PAJE), lallocationjournalire de prsence parentale (AJPP) et les prestations servies par lefonds national daction sociale qui sont titre principal des subventions
-
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COUR DES COMPTES36
dinvestissement et de fonctionnement destination des tablissements
daccueil des jeunes enfants et des jeunes lves (accueil priscolaire).Elle verse galement sur fonds propres lallocation de logement
caractre familial (ALF).
En euros constants 2010, les principales charges de la branchefamille depuis 1978 sont les suivantes :
Tableau n 11 : Principales dpenses de la caisse nationale
des allocations familiales et charges de la branche familledepuis 1978
(euros constants 2010)
En M 2010 1978 1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Charges
dont :
28,3 36,3 44,9 41,9 49,3 50,7 51,2 52,4 54,2 54,1 54,4
Prestations 24,9 29,2 33,1 35,5 38,6 39,7 40,3 40,5 41,3 34,4 34,2
Transfertsaux OSS
0,4 4 9 4 6,8 7 7,2 7,2 7,7 8,1 8,9
Action sociale(3)
1,4 1,8 2 2,5 3,6 3,5 3,6 3,7 3,8 3,5 3,7
Autres
transferts (4)
0,4 3,1 3,7 3,9 3,8 4 3,8 4 4 4 4,1
Gestion 1,3 1,4 1,6 1,5 2,2 2,2 2,2 2,1 2,3 2,6 2,6
(1) Les prestations rembourses par lEtat (AAH et API) ont t neutralises(2) Lanne 1995 est atypique en raison dimportantes rgularisations dassurance
vieillesse pour les parents au foyer lies au passage en droits constats
compter de lexercice 1996
(3) Hors Fonds dinvestissement de la petite enfance et oprations en capital(4) Contribution de la branche au Fonds national des allocations logement
Source : caisse nationale des allocations familiales.
Il existe galement certaines charges qui ne sont pas proprementparler des prestations mais des transferts au sens du plan comptable unifides organismes de scurit sociale. Ces versements ne sont en effet pas
directement servis aux bnficiaires mais dautres administrations ouorganismes. Ces transferts concernent lEtat et le Fonds national daide
logement, dune part, et les autres branches de la scurit sociale, dautrepart. La branche finance ainsi lassurance vieillesse des parents au foyer
et les majorations de pensions pour enfants, les congs de paternit et
57 % de laide personnalise au logement.
Le tableau ci-aprs montre lvolution des charges et des produits
de la branche et la tendance qui se confirme ds 2004 et saccentue sous
-
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UN DESEQUILIBRE FINANCIER DURABLE 37
leffet de la crise de 2008 une supriorit du niveau des charges sur
celui des produits.
Tableau n 12 : Evolution des produits et des charges de labranche famille 2002-2011 en Md
Source : caisse nationale des allocations familiales.
Les produits de la branche famille ont progress de 28 % en euroscourants entre 2002 et 2011, soit une augmentation de prs de 14 % en
euros constants. Leur progression a t plus rapide entre 2002 et 2007(+ 23,9 %) qu partir de 2008, date laquelle ils connaissent un net
tassement (+ 3,9 % entre 2008 et 2011 en raison de la crise conomiqueintervenue en 2008. Le graphique ci-dessus montre que les produits de la
branche sont en quasi-stagnation de 2007 2010, anne au cours delaquelle ils ont mme rgress de 1,1 %9. Malgr lapport par la loi definancement de la scurit sociale pour 2012 de 0,3 Md de recettes
nouvelles la branche famille, et de 0,7 Md de produits supplmentairesprvue par le projet de loi de financement de la scurit sociale pour 2013
le rythme de croissance des produits dcrot (+3,2 % en 2012, +2,9 % en
2013 selon les prvisions).
Les charges de la branche famille sont particulirement
dynamiques entre 2002 et 2007 (+ 26,6 %) et ralentissent compter de
2008 (+ 8,9 % entre 2007 et 2010). Au total, elles ont progress de 38 %en euros courants entre 2002 et 2011, et de + 23 % en euros constants.
9 Sur les exercices 2009 2011, la direction de la scurit sociale estime 2,5 Md le
dficit de recettes induit par la situation conomique par rapport la tendance
antrieure.
30,00
35,00
40,00
45,00
50,00
55,00
60,00
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Charges
Produits
-
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COUR DES COMPTES38
Cette progression est concentre sur quelques prestations tandis
que dautres connaissent une dcroissance en euros constants.
Tableau n 13 : Evolution des charges de la branche parprestations corrige de lAJPE 2002-2011
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
Le tableau ci-dessus montre que les charges de la branche famille
voluent un rythme trs variable.
Les allocations en faveur de la famille, qui incluent titre principalles allocations familiales, le complment familial et lallocation de
soutien familial, et lallocation de rentre scolaire connaissent uneprogression limite voire nulle ; linverse les allocations pour la garde
des jeunes enfants (prestation daccueil du jeune enfant et les prestations
quelle remplace), les prestations extra-lgales (action sociale de labranche famille, principalement en faveur des tablissements daccueilpriscolaire et des jeunes enfants) et les transferts entre organismes descurit sociale (assurance vieillesse des parentes aux foyers, majorations
des pensions pour enfants, congs de paternit) progressent en revanche
un rythme trs soutenu. Enfin, le rythme de croissance des allocationslogement se situe un niveau mdian (un peu plus de 30 %).
Lvolution des charges de la branche famille dpend de trois
facteurs : les tendances structurelles, ou lgislation constante, qui
-
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
14 000
16 000
18 000
Allocations en faveur de
la famille (hors APJE)
Allocations pour la garde
des jeunes enfants (yc
APJE)
allocations en faveur de
lducation (ARS)
Allocations en faveur du
logement
Prestations extralgales
-
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UN DESEQUILIBRE FINANCIER DURABLE 39
reposent sur la dmographie et les barmes applicables aux diffrentes
prestations, les rformes telles que les crations ou suppressions decertaines prestations et les modifications ponctuelles de la lgislation qui
permettent un pilotage des prestations et, parfois, des rattrapages (dits
coups de pouce).
A - Lvolution tendancielle des charges est soumise des paramtres qui jouent dans le sens de la modration
Le premier facteur dterminant lvolution des charges de labranche famille est dordre dmographique. Les prestations verses parla branche dpendent du dynamisme de la natalit, de la compositionfamiliale (nombre denfants et ge de ces derniers) et de la structure deressources des familles.
La progression de la natalit depuis 1994, qui sest acclredepuis 2000 et a atteint le seuil de renouvellement des gnrations sur les
dernires annes (832 800 naissances en 2010, en progression de 3,1 %par rapport 2000) a un impact direct sur les prestations lies laprsence de jeunes enfants. En revanche, son effet sur le montant des
allocations familiales reste limit en raison de la modification de lastructure des familles et du recul du nombre de familles nombreuses. Le
nombre denfant moyen par famille de deux enfants et plus (nombredenfants partir duquel sont verses les allocations familiales) a ainsi
lgrement recul depuis 2000 (- 1,2 %) et la part des familles de trois
enfants et plus dans le total des familles est pass de 21,4 % en 1990 18,3 % en 2008.
De fait, les allocations familiales connaissent une croissance faible
sur la priode. Lvolution des prestations en faveur de la famille est entrs lgre progression de 11,7 % en euros courants dont + 9,6 % 10 pour
les allocations familiales et + 21 % pour lallocation de soutien familial.Ces prestations sont donc en lgre dcroissance en euros courants.
Malgr la diversification des prestations verses par la branche, les
allocations familiales continuent reprsenter prs de 24 % du total des
charges.
Le deuxime facteur explicatif de lvolution des charges de la
branche est le montant unitaire des prestations qui volue en fonctionde la base mensuelle des allocations familiales (BMAF). A lexceptiondes allocations logement, du complment de mode de garde de laprestation daccueil du jeune enfant et des allocations diffrentielles, le
10 Le taux dinflation cumule utilis est de 18,4 %.
-
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COUR DES COMPTES40
montant des prestations de la branche sexprime en pourcentage de la
base mensuelle des allocations familiales. Sa revalorisation est cale surlvolution des prix la consommation hors tabac. Elle est calcule en
fonction des prvisions dvolution de linflation de lanne N, corrige le
cas chant de lcart constat entre linflation prvue et constate en N-1. De fait, lvolution de la base mensuelle des allocations familiales suitglobalement celle de linflation sur lensemble de la priode 2002-2011,
ainsi que le montre le tableau suivant.
Tableau n 14 : Evolution de la BMAF, de lindicedes prix et du salaire mensuel par tte entre 2002 et
2012
Source : direction de la scurit sociale (DSS) et INSEE.
La part des prestations dont lvolution est lie celle de la base
mensuelle des allocations familiales a cependant considrablementdiminu depuis vingt ans. Alors que les prestations familiales dont le
montant est exprim en pourcentage de la base mensuelle des allocationsfamiliales reprsentaient 98,8 % des prestations lgales hors logement en
1990, elles ne pesaient plus que 89,8 % en 2002 et 81,3 % en 2010. Cette
volution est lie notamment la monte en charge du complment modede garde (CMG) de la prestation daccueil du jeune enfant (PAJE).
Enfin, de nombreuses prestations familiales tant verses sous
conditions de ressources11, le plafond des ressources prises en compte
11 Il sagit des prestations suivantes : prestation daccueil du jeune enfant, complment familial, allocations de
logement, allocation de rentre scolaire et cotisations retraites pour les parents au foyer. On notera que le
complment mode de garde de la prestation daccueil du jeune enfant est une prestation verse sans condition
de ressources mais module en fonction des ressources du mnage.
100
105
110
115
120
125
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Salaire
mensuel
par tte
BMAF
Indicedes prix
-
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UN DESEQUILIBRE FINANCIER DURABLE 41
pour louverture du droit dtermine le nombre de bnficiaires de ces
prestations. La revalorisation des plafonds de ressources est galementfaite ne fonction de lvolution des prix la consommation hors tabac.
Elle se fait le 1er
janvier de lanne N en fonction de linflation constate
en N-1. Lorsque linflation volue moins vite que le revenu desallocataires, un certain nombre de bnficiaires se trouve exclu de fait.
Le taux dexclusion des prestations mesure le pourcentage de
familles ligibles au bnfice dune prestation mais disposant deressources trop leves pour en bnficier effectivement. Dans le rapport
sur lapplication des lois de financement de la scurit sociale pour201212, la Cour a montr que ce taux dexclusion, sil est en moyenne de34%, varie trs sensiblement. Il est ainsi de 52 % pour lallocation de
rentre scolaire, de 24 % pour le complment familial. Selon la directiondes tudes conomiques et statistiques du ministre en charge des affaires
sociales, ces taux ont cr de quatre points entre 2003 et 2010.
Les effets de lindexation des allocations logement sur lindice derfrence des loyers
Sagissant des allocations en faveur du logement, leur revalorisation
est fonction de lindice de rfrence des loyers (IRL) qui a remplac lindice
des prix la construction pour lvolution des loyers. Il se calcule partir de
la moyenne sur douze mois de lindice des prix la consommation hors tabac
et hors loyer. Un rapport de lIGAS de 2012 sur les aides au logement a misen vidence la dconnexion croissante du barme des aides par rapport aux
loyers. Il conclut que lefficacit sociale des aides personnelles sest en
effet dtriore au cours de la dernire dcennie, qui a vu les taux deffort des
bnficiaires augmenter, certains mnages supportant aujourdhui, malgr le
bnfice de laide, des taux defforts prohibitifs, et des restes vivreparticulirement faibles et que la sous-actualisation du barme a
galement eu pour effet de resserrer le champ des aides personnelles sur les
mnages les plus modestes en abaissant les seuils dexclusion en-de
desquels laide est verse. Les mnages allocataires ont ainsi des revenus qui
les placent, pour plus de la moiti dentre eux, sous le seuil de pauvret 13.Sur la priode 2000 2010, lIGAS constate que les loyers plafonds des aidesont progress de 16,3 % et les forfaits de charges de 12 % tandis que les
loyers moyens des bnficiaires, les dpenses dnergie et deau et les autrescharges progressaient de respectivement 32,3 %, 39 % et 29,8 %.
12 Chapitre XVI : la fonction redistributive des prestations familiales conditionnes par les
ressources.13 Evaluation des aides personnelles au logement, rapport conjoint de lIGAS et de la mission
nationale de contrle et daudit des organismes de scurit sociale paru en mai 2012 (pp. 3 et 4).
-
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COUR DES COMPTES42
B - La progression des charges trouve principalementson origine dans des mesures nouvelles
Les postes dont la progression est la plus rapide correspondent
des mesures nouvelles qui :
- soit ont profondment modifi la physionomie desprestations familiales avec la cration de la prestationdaccueil du jeune enfant (PAJE) et le dveloppement
des tablissements daccueil (prestations extra-lgalesdaction sociale) ;
- soit ont mis la charge de la branche famille desprestations auparavant finances par dautresorganismes en particulier le fonds de solidarit vieillesse(FSV).
La plupart de ces charges nouvelles ont un rythme naturel de
croissance suprieur linflation et donc celui des prestationshistoriques de la branche.
Le graphique ci-dessous met en vidence le diffrentiel entre le
rythme de progression des charges et celui tant de linflation que de la
masse salariale.
-
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UN DESEQUILIBRE FINANCIER DURABLE 43
Tableau n 15 : Evolution compare des rythmes de
croissance des allocations en faveur de la garde denfant, delaction sociale et des charges de transfert
Source : tableaux de centralisation des comptes de la branche famille
100
110
120
130
140
150
160
170
180
190
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
IPC
Masse
salariale
Allocations
garde JE
Action
sociale
Transferts
-
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COUR DES COMPTES44
Les allocations pour la garde denfant connaissent uneprogression en euros courants de 59 % entre 2002 et 2011 du fait de lacration puis de la monte en charge de la prestation daccueil du jeune
enfant, cre par la loi de financement de la scurit sociale pour 2004.
Elle se substitue aux diffrentes prestations en faveur de la garde desjeunes enfants qui prexistaient. Ses modalits de calcul et les conditionsdouverture des diverses allocations qui la composent sont trs diffrentes
de celles des prestations quelle remplace, lobjectif tant datteindre untaux de couverture plus important. Les plafonds de ressources de
lallocation de base ont ainsi t relevs de 37 % par rapport ceux de
lallocation quelle remplace.
Le complment de mode de garde, vers sans condition de
ressources mais modul en fonction des ressources, a bnfici galement un nombre plus important de familles, en augmentation de 100 000
bnficiaires en 2010 (date de la fin de la monte en charge) par rapport 2003. 84 % des familles bnficiaires du complment mode de garde
assistante maternelle ont ainsi en moyenne peru 112 de plus que ce
quelles auraient reu sous le rgime antrieur. Sagissant des gardes domicile, 72 % des familles sont gagnantes par rapport la prestation
prexistante (26 % sont en revanche perdantes) pour un gain denviron144 .
Globalement, le montant moyen des aides verses a progress de40 % passant de 293 en 2003 410 en 2009, soit une progressionnettement suprieure celle de linflation, en raison notamment de
possibilits de cumuls largies entre les diffrentes composantes de laprestation daccueil du jeune enfant par rapport aux autres prestations. Lacaisse national des allocations familiale estime quau total la cration de
la prestation daccueil du jeune enfant a entran un surcrot de dpenses
de 2,86 Md constants en 2010 par rapport lancienne lgislation. Ce surcot est trs suprieur ce qui avait t estim lors de la cration
de la prestation (entre 820 M et 1,2 Md) ainsi que la Cour a dj euloccasion de le souligner14.
Entre 2010 et 2011, les prestations verses au titre de la prestation
daccueil du jeune enfant ont progress de 2,7 %, niveau proche durythme de croisire de la prestation, la monte en charge tant
acheve au 1er
janvier 2010. Le nombre de bnficiaires restant stable, lexception des bnficiaires du complment mode de garde, la hausse est
donc due essentiellement au montant de la prestation.
14 Rapport sur lapplication des loi de financement de la scurit sociale pour 2008
chapitre X les aides la garde des jeunes enfants .
-
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UN DESEQUILIBRE FINANCIER DURABLE 45
De la mme faon, les rformes intervenues en matire de
complments lallocation dducation de lenfant handicap (AEEH)ont conduit une trs nette augmentation du nombre des bnficiaires de
pass de 112 900 en 2002 183 400 (+ 62 %) en 2011. Cette prestation
ne reprsente cependant quune charge limite (0,7 Md en 2011).
Les prestations extra-lgales ont connu une croissance trsdynamique en raison essentiellement de la mise en uvre dune politique
volontariste de financement des quipements daccueil du jeune enfant.La convention dobjectifs et de gestion 2009-2012 (COG) a ainsi prvu
une croissance moyenne des crdits du fonds national daction sociale(FNAS) de 7,5 % par an, niveau proche de celui atteinte entre 2002 et2008 (+ 7 % par an). Cependant, le taux de croissance vis par la
convention dobjectifs et de gestion na pas t atteint puisque lacroissance des dpenses du FNAS sest limite 12,5 % entre 2009 et
2011, notamment en raison des difficults rencontres par les collectivitslocales financer leurs quipements.
La branche connat galement une forte progression de ses
transferts vers dautres branches de la scurit sociale principalementla CNAVTS, au titre des cotisations retraite de lassurance vieillesse des
parents au foyer et le FSV pour le financement de la majoration de
pensions pour enfants. La caisse nationale des allocations familiales
prend aussi sa charge le remboursement des congs paternit verss parla branche maladie. Ces transferts ont progress de 83,5 % entre 2002 et2011. Cette progression est lie laugmentation de participation de la
branche au financement des majorations de pensions pour enfants qui aprogressivement t porte de 15 % en 2001, 60 % en 2003 puis 70 %en 2009, 85 % en 2010 et 100 % en 2011. La branche famille contribue
donc hauteur de 4,4 Md au financement des majorations de pensions
pour enfants en 2011 contre 0,9 Md en 2002.
Enfin, la branche famille a subi un effet collatral de la rforme
de lallocation de parent isol (API) puis du revenu de solidarit actif(RSA). A compter de 2007, les bnficiaires de lAPI ont eu lobligationde faire valoir tous leurs droits prestations et, lors de la mise en place du
RSA, le droit lASF a t ouvert automatiquement. Cette raffirmationdu caractre diffrentiel de ce minimum social a conduit une nette
augmentation du nombre de bnficiaires de lASF (+ 21,7 % entre 2002et 2011). Limpact de lvolution de la rglementation sur le nombre des
bnficiaires est estim par la caisse nationale des allocations familiales
+ 4,8 % en 2007 et + 3,7 % en 2009.
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COUR DES COMPTES46
C - Les volutions rglementaires : entre coups de pouceet freinage de la dpense
Lvolution sur longue priode des charges tient galement aux
diverses modifications ponctuelles de la rglementation qui permettent de
freiner les dpenses ou au contraire compensent les effets du rythmenormal de progression des prestations, en particulier celles qui sontverses sous conditions de ressources.
En effet, compte tenu de ce qui a t indiqu plus haut, le rythmenaturel des prestations familiales tend une croissance faible, infrieure
celle du PIB et a fortiori du revenu des mnages. Cette volutiontendancielle est encore plus significative lorsque les prestations sontverses sous conditions de ressources et sont donc soumises non
seulement aux volutions de la base mensuelle des allocations familialesmais galement celle du plafond de ressources ouvrant droit aux
prestations.
LEtat est ainsi intervenu plusieurs reprises pour rendre lesbarmes et conditions douverture plus favorables aux allocataires. Cette
revalorisation des barmes est lorigine de lessentiel de la progressiondes allocations en faveur du logement. Ces dernires, et titre principal
lallocation de logement familial (ALF), et la contribution de la brancheau fonds national daide au logement (FNAL) verse au titre de
lallocation logement virtuelle15 connaissent une progression un rythme
lgrement infrieur celui de lensemble des charges de la branche,mais nettement suprieur celui des seules allocations familiales, savoir
respectivement 30 % et 32,4 %.
De la mme faon, en 2008, la mise en uvre dun barmeprogressif en fonction de lge des enfants a conduit une revalorisation
de 2,85 points de lARS. Une nouvelle revalorisation, trs significative,de 25 %, est intervenue le 29 juin 201216.
Les interventions de lEtat peuvent galement avoir pour objet de
freiner lvolution de la dpense. A titre dexemple, la rforme des
15 Lallocation virtuelle est le montant dallocation de logement familial qui aurait t
vers par la branche en labsence de lallocation personnalise au logement. La
branche famille contribue ainsi au financement de 57 % de la prestation dallocation
personnalisation au logement.16 Dcret n 2012-830 du 27 juin 2012 relatif la revalorisation des taux servant au
calcul de l'allocation de rentre scolaire.
-
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majorations dallocations familiales lies lge17 intervenue en 2008 et
qui a substitu une majoration unique pour les enfants de 14 ans et plusaux deux anciennes majorations pour les enfants de plus de 11 ans et ceux
de plus de 16 ans. Cette rforme sest traduite par une conomie estime
380 M en 2010 et 200 M en 2009 par la commission des comptes de lascurit sociale. A compter de 2011 cependant, les conomies gnrespar le recul de la premire majoration sont compenses par larrive
lge de 14 ans des enfants qui navaient pas bnfici de la majoration celui de 11 ans. La commission des comptes de la scurit sociale estime
quau terme de la monte en charge de la rforme de la majoration pour
ge, lconomie totale gnre devrait tre de 257 M (euros 2007).
Ces interventions pour matriser les dpenses se sont accrues
compter de 2011 dans le cadre des efforts mens pour rduire les dficitspublics. La base mensuelle des allocations familiales na pas t
revalorise en 2010 afin de rattraper des carts dans lestimation delinflation prvisionnelle. En 2012, sa revalorisation a t limite 1 % et
dcale au 1er avril 2012. La revalorisation des barmes des aides
personnelles au logement (allocation de logement familiale et aidepersonnalise au logement) a galement t limite 1 %, soit un niveau
infrieur celle qui serait intervenue en application du dispositiftraditionnel de revalorisation des aides au logement (indexation surlvolution de lindice de rfrence des loyers), savoir 1,9 %. Cette
volution devrait se traduire par une conomie de lordre de 72 M pourla seule branche famille.
En 2011, la rtroactivit des aides au logement sur trois mois agalement t supprime, entranant une conomie de 169 M toutesallocations confondues18.
Les volutions rglementaires tentent donc de conjuguer la
correction des effets dexclusion lis la seule application des barmes,effets dautant plus significatifs que les prestations sont verses sousconditions de ressources, et la matrise de la dpense publique.
17 Dcrets n 2008-409 et n 2008-410 relatifs la majoration unique des allocations
familiales 14 ans et la fixation de son taux.18 Compte tenu de la part de la branche famille dans le total des allocations logement
verses, lconomie pour la branche famille peut tre estime 108 M.
-
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COUR DES COMPTES48
II - Une situation dgrade
A - Lapparition de dficits rcurrents
De la rforme de 1978 qui a supprim toute condition dactivit
pour louverture des droits aux prestations familiales, 1992, la branchefamille na enregistr que deux exercices dficitaires, en 1981 et 1982. Le
graphique ci-dessous montre que ses rsultats sont moins favorables sur
les vingt dernires annes. Les dficits sont devenus la fois plusfrquents et plus importants : le solde de la branche na t positif que
huit fois entre 1992 et 2011.
Tableau n 16 : Solde de la branche de 1992 2011 euros
2011
Source : caisse nationale des allocations familiales
Depuis 1992, le solde cumul net de la branche est de 12,35 Mdcourants soit un dficit cumul de 13,68 Md en euros constants (euros
2011). Les prvisions de la commission des comptes de la scurit socialeles plus rcentes (octobre 2012) font apparatre une progression soutenue
de la masse des prestations familiales en 2012 (+ 2,9 %), sensiblement
plus forte quen 2011 (+ 1,6 %) et qui se prolongerait en 2013. Malgrune progression de ses ressources, le dficit de la branche famille resterapratiquement stable, un niveau lev, de -2,5 Md en 2012 et -2,6 Md
en 2013.
-10 000 -8 000 -6 000 -4 000 -2 000 - 2 000 4 000
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
20052006
2007
2008
2009
2010
2011
-
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UN DESEQUILIBRE FINANCIER DURABLE 49
B - Une branche qui pse dsormais sur la dette sociale
Le tableau suivant montre lvolution des capitaux propres de labranche depuis 1992. Le caractre structurellement excdentaire de labranche en dbut de priode se traduit par une accumulation de rserves
qui ont atteint un point haut en 1994 12,2 Md. Par arrt du 26dcembre 1994, une rgularisation entre caisses est intervenue qui a opr
une ponction dans les rserves de la branche de 9 Md 19. Cependant, la
considrable dgradation du solde des comptes sociaux en 1994 et surtouten 1995 a conduit les pouvoirs publics crer une structure charge de
porter la dette de la scurit sociale, ce qui sest traduit pour la branchepar une reprise de dette par la caisse damortissement de la dette sociale
pour un montant de 7,9 Md. Le 28 dcembre 1998, une nouvelle
opration de reprise de dette sest traduite par laffectation dun montantde 3 Md la caisse nationale des allocations familiales. Au total donc, lacaisse nationale a subi une ponction sur ses rserves de 9 Md au profitdes autres branches du rgime gnral et a bnfici dune reprise de
dette pour un montant total de 10,9 Md.
19 Lopration a consist prlever 9,76 Md au profit de la CNAVTS, 0,8 Md au
profit de la CNAMTS tandis que la branche famille bnficiait dun versement de
1,44 Md (0,88 Md au titre du remboursement par lEtat de la majoration
exceptionnelle de lARS et 0,56 Md au titre de la quote-part affecte au FNPF sur le
reliquat de la dette de lACOSS vis--vis de la caisse des dpts et consignations.
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7/30/2019 Le financement de la branche famille, Etat des Lieux.
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COUR DES COMPTES50
Tableau n 17 : Evolution des capitaux propres et du solde
de la branche 1992-2011 en M
Source : caisse nationale des allocations familiales
Le retour de la branche lexcdent lui a permis entre 1999 et
2003 de reconstituer des rserves, hauteur de 7,9 Md. La rsurgencedes dficits a ensuite conduit une rapide diminution de ces dernires,rendant ncessaire un nouveau recours au transfert de dette ve