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Le Festival au quotidien INFO SERVICES +41 (0)27 775 24 44 BILLETTERIE +41 (0)848 771 882 PUBLICATION OFFICIELLE DU VERBIER FESTIVAL 2015 | WWW.VERBIERFESTIVAL.COM bach en version originale On imagine mal le chambardement provo- qué par la révolution baroque. Le chef Ton Koopman se rappelle de sa première expé- rience avec un orchestre symphonique: «J’étais encore trop baroqueux. J’essayais de les faire jouer comme un orchestre baroque et ils m’ont pris pour un témoin de Jéhovah !». On pourrait établir un bêtisier des réactions outrées de l’époque ; la palme d’or revenant sans doute à Pierre Boulez (un esprit d’ordi- naire éclairé) qui imaginait les «baroqueux» jouer Mozart en perruque et aux chandelles! En réalité, la pratique sur instruments d’époque impliquait un véritable change- ment de perspective historique: pour la première fois, la sonorité symphonique n’était plus le nec plus ultra indépassable, et l’évolution technique des instruments n’était pas envisagée à la manière d’un pro- grès continu. Les esprits se sont aujourd’hui beaucoup calmés. Il ne viendra aujourd’hui à l’idée de personne d’écouter Les Quatre Saisons de Vivaldi dans une grosse version symphonique au vibrato généralisé (pour ceux qui ne connaissent pas encore le tran- chant baroque, essayez Les Quatre Saisons par l’ensemble Il Giardino Armonico, le résultat est décoiffant!), de même les baroqueux se sont beaucoup assagis, assou- plissant leur préceptes radicaux en terme d’articulation et d’ornementation pour privilégier une synthèse expressive en tous points admirable, comme l’a démontré le magnifique concert du Verbier Festival Chamber Orchestra sous la direction de Ton Koopman. En réalité, si l’on regarde rétrospecti- vement, le plus grand bénéficiaire de la révolution baroque fut la partition. On se souvient de la phrase de Pierre Boulez (encore lui !) qui disait de la musique moderne qu’elle paraissait difficile parce qu’elle était mal jouée. On peut dire plus ou moins la même chose de la musique baroque. Cette dernière fut longtemps peu ou mal jouée car on ne sondait pas assez en profondeur les sources premières du manuscrit. Prenez la Passion selon Saint Matthieu de Bach. La légende veut que le manuscrit soit tombé dans l’oubli après la mort de Bach, avant que Mendelssohn ne ressuscite l’œuvre en 1829 lors d’une exécution publique à Berlin. C’est vrai mais seulement en partie, car on omet sou- vent de dire que Mendelssohn pratiqua d’abondantes coupures (dix arias, quatre récitatifs accompagnés et six chorals) et modifia nombre de liaisons pour conférer à l’ensemble un caractère plus romantique. Ce n’est qu’après la redécouverte du manus- crit original par des pionniers comme Nikolaus Harnoncourt dans les années 60 et son interprétation sur les instruments de l’époque de Bach, que l’œuvre a été véri- tablement redécouverte pour devenir l’un des piliers du répertoire, notamment au moment des fêtes de Pâques. Toutes les controverses, quant à l’«authenticité» réelle ou supposée d’une interprétation, sont aujourd’hui désuètes. Les jeunes musiciens, particulièrement, ont énormément appris de leurs aînés et sont capables désormais de jouer aussi bien sur instruments modernes que sur instruments d’époque. Toutes ces raisons confèrent à la Passion selon Saint Matthieu de ce soir une impor- tance particulière. La première Passion de l’histoire du Festival réunira donc des forces a priori disparates: chœur professionnel (RIAS Kammerchor), chan- teurs solistes rompus au texte liturgique, continuo baroque, mais également un orchestre composé de musiciens de 19 nationalités, sous la direction d’un chef qui a chanté l’œuvre plus de 80 fois. En somme, la Passion selon Saint Matthieu de Bach sur instruments modernes mais avec une conscience baroque, c’est là ce qui fait toute la différence. Laurent Vilarem vendredi 24 juillet

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Le Festivalau quotidien info services

+41 (0)27 775 24 44 billetterie

+41 (0)848 771 882

publication officielle du verbier festival 2015 | www.verbierfestival.com

bach en version originale

On imagine mal le chambardement provo-qué par la révolution baroque. Le chef Ton Koopman se rappelle de sa première expé-rience avec un orchestre symphonique: «J’étais encore trop baroqueux. J’essayais de les faire jouer comme un orchestre baroque et ils m’ont pris pour un témoin de Jéhovah !».

On pourrait établir un bêtisier des réactions outrées de l’époque ; la palme d’or revenant sans doute à Pierre Boulez (un esprit d’ordi-naire éclairé) qui imaginait les «baroqueux» jouer Mozart en perruque et aux chandelles!

En réalité, la pratique sur instruments d’époque impliquait un véritable change-ment de perspective historique: pour la première fois, la sonorité symphonique n’était plus le nec plus ultra indépassable, et l’évolution technique des instruments n’était pas envisagée à la manière d’un pro-grès continu.

Les esprits se sont aujourd’hui beaucoup calmés. Il ne viendra aujourd’hui à l’idée de personne d’écouter Les Quatre Saisons de Vivaldi dans une grosse version symphonique au vibrato généralisé (pour ceux qui ne connaissent pas encore le tran-chant baroque, essayez Les Quatre Saisons par l’ensemble Il Giardino Armonico, le résultat est décoiffant!), de même les baroqueux se sont beaucoup assagis, assou-plissant leur préceptes radicaux en terme d’articulation et d’ornementation pour privilégier une synthèse expressive en tous points admirable, comme l’a démontré le magnifique concert du Verbier Festival Chamber Orchestra sous la direction de Ton Koopman.

En réalité, si l’on regarde rétrospecti-vement, le plus grand bénéficiaire de la révolution baroque fut la partition. On se souvient de la phrase de Pierre Boulez (encore lui !) qui disait de la musique

moderne qu’elle paraissait difficile parce qu’elle était mal jouée. On peut dire plus ou moins la même chose de la musique baroque. Cette dernière fut longtemps peu ou mal jouée car on ne sondait pas assez en profondeur les sources premières du manuscrit. Prenez la Passion selon Saint Matthieu de Bach. La légende veut que le manuscrit soit tombé dans l’oubli après la mort de Bach, avant que Mendelssohn ne ressuscite l’œuvre en 1829 lors d’une exécution publique à Berlin. C’est vrai mais seulement en partie, car on omet sou-vent de dire que Mendelssohn pratiqua d’abondantes coupures (dix arias, quatre récitatifs accompagnés et six chorals) et modifia nombre de liaisons pour conférer à l’ensemble un caractère plus romantique.

Ce n’est qu’après la redécouverte du manus-crit original par des pionniers comme Nikolaus Harnoncourt dans les années 60 et son interprétation sur les instruments de l’époque de Bach, que l’œuvre a été véri-tablement redécouverte pour devenir l’un des piliers du répertoire, notamment au moment des fêtes de Pâques. Toutes les

controverses, quant à l’«authenticité» réelle ou supposée d’une interprétation, sont aujourd’hui désuètes. Les jeunes musiciens, particulièrement, ont énormément appris de leurs aînés et sont capables désormais de jouer aussi bien sur instruments modernes que sur instruments d’époque.

Toutes ces raisons confèrent à la Passion selon Saint Matthieu de ce soir une impor-tance particulière. La première Passion de l’histoire du Festival réunira donc des forces a priori disparates: chœur professionnel (RIAS Kammerchor), chan-teurs solistes rompus au texte liturgique, continuo baroque, mais également un orchestre composé de musiciens de 19 nationalités, sous la direction d’un chef qui a chanté l’œuvre plus de 80 fois.

En somme, la Passion selon Saint Matthieu de Bach sur instruments modernes mais avec une conscience baroque, c’est là ce qui fait toute la différence.

Laurent Vilarem

vendredi 24 juillet

vendredi 24 juilletau progr amme aujourd’hui

2 | LE FESTI VA L Au quOTIdIEN

emportés par la foule de la passion selon saint matthieudans la nécrologie qu’il consacre à son père, Carl Philipp Emanuel Bach affirme que Johann Sebastian Bach composa cinq pas-sions dont une à double chœur, mais seul le matériel musical de deux d’entre elles nous est parvenu: celui de la Passion selon Saint Jean BWV 245 et de la Passion selon Saint Matthieu BWV 244. difficile cependant de connaître la date exacte de la création de la seconde œuvre, même si le musicologue américain Joshua Rifkin a brillamment montré que l’œuvre aurait été créée le Vendredi Saint 11 avril 1727 à l’Église Saint-Thomas de Leipzig.

S’il fallait schématiser, on pourrait dire que la Passion selon Saint Matthieu est la «grande» Passion de Bach, avec son double orchestre et double chœur et sa durée nettement supé-rieure (une heure de musique supplémen-taire) à celle de la Saint Jean. Il semblerait que Bach considérait lui-même la «Saint Matthieu» comme son chef d’œuvre, allant jusqu’à recopier de sa minutieuse écriture la partition, encre foncée pour les notes et encre rouge pour les textes bibliques. On sait cependant qu’il dut ferrailler avec les autori-tés municipales de Leipzig qui voyaient d’un mauvais œil une passion trop «opératique», le théâtre lyrique voisin de dresde étant jugé contraire à la morale et contrevenant aux mœurs saxonnes.

Mais, sans sacrifier à l’expressivité, Bach parvint à trouver une parade astucieuse. Il ne dérogea pas à l’essentiel: la narration et les textes bibliques, qui ont pour person-nages principaux Pierre, Judas et Pilate, sont chantés dans un récitatif pratiquement non accompagné. Les paroles du Christ prennent toutefois un poids supplémentaire grâce à de longs accords tenus et la riche parure des instruments à cordes. Par souci d’expres-sivité, il ajouta de nombreux instruments solistes obligés, notamment le célèbre violon douloureux d’Erbarme dich lorsque Pierre renie Jésus. Mais c’est dans la partie chorale que Bach réserve toute la sève théâtrale de son écriture. Car le personnage de la Saint Matthieu, outre l’Evangéliste et Jésus, c’est

le chœur, omniprésent et protéiforme qu’il soit turba (la foule qui s’en prend au Christ) ou assemblée des fidèles (dans les chorals). C’est lui qui ouvre et apporte leur conclusion aux deux passions, qui commente le drame, qui se déroule avec compassion (le sublime air avec ténor Ich will bei meinem Jesum wachen) ou indignation (le duo poignant avec soprano et alto So ist mein Jesus gefangen).

Au final, on pourrait dire que la Passion selon Saint Matthieu est un opéra dont la foule serait le personnage principal. Plusieurs témoignages font état de la perplexité (voire de l’indignation) des auditeurs de l’époque devant la puissance expressive de la parti-tion. Sa complexité musicale joua également en la défaveur de Bach lors de ses dernières années d’existence, le public se tournant résolument vers la simplicité séduisante du style galant, que son fils Carl Philipp Emanuel adopta franchement. Les passions tombèrent rapidement dans l’oubli et il fal-lut Felix Mendelssohn, son enthousiasme et l’exécution légendaire de 1829 pour que la Saint Matthieu ressuscitât, avant le grand dépoussiérage de la révolution baroque des années 1970. On ne peut que se réjouir de voir les Passions de Bach occuper enfin la place qui leur revient de droit.

Aujourd’hui, 18h00 | Salle des Combins

fest’off du swing !

Retrouvez Les Marcheurs à 17h30, Place Centrale, lors d’un apéro musical mêlant tubes de be-bop, chanson française, ainsi que des extraits de comédies musicales, mais aussi de la musique plus actuelle, car rien n’échappe à ces érudits du swing.

A partir de 18h00, dégustez un buffet gour-mand accompagné de la musique d’une jeune chanteuse suédoise, Julia Jonsson, co- fondatrice du groupe King of Little Sweden dont le 1er disque sortira cet automne.

Puis, dès 22h00, découvrez un tout jeune talent en la personne de Connor McLaughlin lors d’un après-dîner musical au restaurant La Cheminée.

demain, rendez-vous à Médran à 9h45 pour une randonnée culturelle avec la Compagnie des sept lieues, née du rêve de transporter les spectateurs dans des univers colorés, tein-tés d’historicité, et de les y garder à travers l’émerveillement des prouesses physiques et le dépaysement d’histoires extraordinaires.

Connor McLaughLin

Johann SebaStian baCh

discovery enfants

Opéra en un jOur !

A partir de jeux musicaux et créatifs, les enfants vont composer et chanter eux-mêmes leur opéra, avec l’aide des musi-ciens du groupe Reaching Out, qu’ils présenteront ensuite dans la Salle de la Fanfare à l’Ecole de la Comba.

Les enfants qui participeront à cet atelier seront invités à assister au concert des chanteurs de l’Academy le 2 août à 14h30 à l’Église.

École de la Comba (Salle de la Fanfare)Dimanche 26 juillet 6-12 ans (30 enfants maximum):10h00 à 12h00 | 14h00 à 16h00 Présentation de l’opéra: 15h45 - 16h00

Inscription obligatoire: [email protected]

jeunes talents en formation

3 | LE FESTI VA L Au quOTIdIEN

academyanastasia rizikov, piano How incredibly bizarre would it be to approach the first possible bystander for directions, only to discover that it was Yuri Bashmet himself ? For Verbier, this kind of situation is hardly uncommon.

When I discovered I was selected to partici-pate in the Verbier Festival Academy, I secretly confess I wasn’t able to sleep for days. Fast forward three months, and I am first greeted here by the stunning scenes of the gargantuan Swiss mountains and every possible shade of green of Switzerland’s expansive native flora. Immediately, Fauré’s Piano Quartet No .1 in C minor - the piece I will play here with my quar-tet - started playing in my head.

I thought I knew what to expect when I was chosen for the Academy, but I admit, I could have never guessed how unbelieva-bly diverse and intense the Festival is, and how incredibly fortunate I am to witness the finest masters create in so extraordinary a setting. The unique concert-going expe-rience, situated amongst the breathtaking scenery, is second to none. The master classes are a remarkable experience of their own - to observe how sensitive these virtu-osi are to the music’s characters, colors, and tones, and how astoundingly profound is their understanding and instinctive knowl-edge of the music - almost as though they

channel the composer’s soul through them-selves - is enthralling.

It is fascinating that such a wonderful group of musicians and enthusiasts gather in this beautiful setting, leaving all of their worries behind for a few weeks, to share their pro-found passion for music. I believe it is here, in Verbier, where it should be considered a crime against one’s self not to fully plunge into the festival and attend everything that is physically possible. If I could give some advice, it would be carpe diem! ‘Seize the day!’

Today, 4:30 pm | Cinema

orchestras roberto gonzález - violon solo au vfco

A moins de trente ans, Roberto González est l’un des piliers du Verbier Festival Chamber Orchestra. Son poste de Konzertmeister lui a donné l’opportunité de se dépasser en tra-vaillant avec les plus grands chefs, et cette année encore, le Festival lui a proposé un défi des plus stimulants en le nommant chef assistant de Thomas quasthoff. En effet, le chanteur qui fera ses débuts ce soir en tant que chef d’orchestre dans la Passion selon Saint Matthieu souhaitait pouvoir se repo-ser sur un premier violon solide: «J’ai eu la chance d’aller rencontrer Thomas Quasthoff

en amont chez lui à Berlin et nous avons passé une journée entière à échanger sur sa vision de l’œuvre. Il m’a expliqué l’essentiel de ce que je devais transmettre à l’orchestre et j’ai ainsi pu l’aider au mieux à préparer l’orchestre avant son arrivée à Verbier. Je l’ai toujours beau-coup admiré et je me sens privilégié d’avoir eu la possibilité, d’une part de le rencontrer - il est très chaleureux - mais ausi de travailler avec lui. J’ai appris énormément grâce à cette expérience.»

une chance pour le jeune homme, mais aussi une pression supplémentaire: «La Passion est une œuvre singulière, car écrite pour deux orchestres et deux chœurs, une masse impressionnante à diriger. Ces trois derniers mois, j’ai dû me plonger dans les moindres détails de cette partition et je la trouve de plus en plus sublime. C’est assez rare, mais les musiciens n’accompagnent pas les chanteurs, ils jouent avec eux.»

Les débuts de Thomas quasthoff comme chef d’orchestre, mais aussi de Roberto en tant que chef assistant auront lieu ce soir à 18h00 à la Salle des Combins.

discovery conversation avec...

Venez au Chalet Orny aujourd’hui à 14h00 pour entendre deux jeunes musiciens talentueux, tous deux anciens musiciens de l’Academy et dont les carrières connaissent aujourd’hui une belle ascension, en conversa-tion avec Charles Sigel.

A seulement 21 ans, le violoncelliste français Edgar Moreau a déjà un beau palmarès der-rière lui, lauréat du Concours Rostropovitch et de deux Victoires de la Musique.

Née en Moldavie, Alexandra Conunova a étudié avec Boris Kuschnir (qui enseigne à Verbier cet été) et elle est maintenant étudiante dans la classe de Renaud Capuçon à Lausanne. Elle a remporté le Premier prix au Concours Joachim il y a deux ans et le mois dernier, elle a remporté le Troisième Prix du Concours Tchaïkovski.

Elle a un don, non seulement pour jouer des concertos, récitals et musique de chambre, mais aussi une affinité avec les jeunes enfants à qui elle fait découvrir le violon (récemment lors d’interventions dans les écoles primaires du Val de Bagnes !). Elle vit à Vevey, où le Verbier Festival a ses bureaux, et parle au moins couramment cinq langues !

aujourd’huiEnsoleillement 50% Risque d’orage moyenPrécipitations 0,5 mm

températuresMinimum 13°Maximum 22°

dimancheTemps variableTempérature 20°

météo

vendredi 24 juilletils vous font rêver

4 | LE FESTI VA L Au quotidien

jan lisiecki - petit prodige devenu grandInterrogé sur les raisons pour lesquelles il a embrassé une carrière de musicien, le jeune homme confiait il y a deux ans aux caméras de Medici.tv «La musique est un moyen de s’échapper sur une autre planète». dans la galaxie des jeunes prodiges, Jan Lisiecki s’est rapidement imposé comme une des étoiles montantes du piano, signant à l’âge précoce de seize ans un contrat d’exclusi-vité avec la maison de disques historique deutsche Grammophon.

La même année, c’est un adolescent blond et frêle, que découvrait le public de Verbier lors d’un premier récital bouleversant, au cours duquel il abordait des pièces de Beethoven, Liszt, Mendelssohn et Chopin bien sûr, son compositeur de prédilection. Laissant d’abord le public abasourdi par sa virtuosité, ce sont finalement son jeu mature et la poésie de ses interprétations qui rendirent cette découverte mémorable.

depuis, Jan Lisiecki poursuit son ascen-sion avec humilité et les engagements se suivent, le menant de Carnegie Hall au

Barbican en passant par la Salle Pleyel ou le Konzerthaus de Vienne.

un agenda chargé qui laisse néanmoins un moment au pianiste pour une escale à Verbier, un rendez-vous devenu incontour-nable tant le coup de foudre entre les fes-tivaliers et le jeune pianiste fut fulgurant.une parenthèse estivale que le virtuose ne manquerait pour rien au monde. Au milieu des montagnes - qui lui rappellent son Canada natal - et des grands interprètes, Jan Lisiecki est chez lui.

Ce soir, c’est dans un programme sous forme de carte de visite que le Canadien pourra faire profiter le public de l’Église de son jeu brillant et souple, puisqu’entre ses premières amours, Bach, Mozart et Chopin (il a d’ail-leurs enregistré les deux derniers), il abor-dera un répertoire moins instinctif, exigeant une grande maturité pianistique: Schubert et Rachmaninoff. L’occasion de prouver que le petit pianiste est devenu grand.

Albina Belabiod

thomas quasthoff ou les couleurs de la voixPendant toutes ses années où il enchantait Verbier non seulement par sa voix de bronze mais aussi par une interprétation des plus expressives, théâtrales même, Thomas quasthoff nous a habitué à une exigence de l’interprétation. Pour ses débuts de chef, il a choisi la Passion selon Saint Matthieu de Bach, une œuvre «d’une grandeur incom-mensurable, non seulement religieuse, mais spirituelle et humaine, et qui n’a rien perdu de sa signification».

Cette œuvre, il la connaît bien pour l’avoir chantée plus de 80 fois, notamment lors de trois tournées avec Seiji Ozawa, Helmut Rilling ou Michael Behringer, ce qui a forgé ses idées personnelles sur la partition. Mais cela n’était pas assez ! Pour mieux trans-mettre ses indications, il a appris tous les rôles de la partition, qu’il chante durant les répétitions: «si vous avez la responsabilité de diriger une œuvre comme celle-ci vous devez la connaître par cœur, sinon vous n’être pas dans le bon chemin pour y arriver».

Rien n’est laissé au hasard, notamment les tempos («ils doivent être mouvants, pas trop conservateurs ou rigides, vraiment mou-vants), la diction («attention ne pas lier Am Abend  !»), le choix des instruments et de

leurs ornements correspondant le mieux à chaque récitatif de l’évangéliste ou du Christ, décidé en parfaite harmonie avec Robert Levin (Orgue) et Martin Zeller (viole de gambe), et enfin la couleur ! une notion essentielle pour Thomas quasthoff,

la couleur doit accompagner chaque mot: «Je ne veux pas que les interprètes chantent sans mettre du sens, ils doivent exprimer ce qu’ils disent et ce que dit la musique. Même si contrairement à la Passion selon Saint Jean, la Passion selon Saint Matthieu est plus médi-tative, les chœurs sont vraiment dramatiques et j’aime que les paroles soient distinctes, en y mettant surtout des couleurs. Par exemple le Gegrüßet (Bénis sois tu, Roi des Juifs) au moment de la flagellation, c’est ironique, sar-castique, cela ne doit pas être beau ! De même avec le Was gehet uns das an ? (que nous importe à nous ?), quand Judas trahit son maître. C’est très important de tirer parti des mots et de les colorer, c’est ce que j’ai toujours fait quand je chantais. Inutile de chercher à faire un beau son à se pâmer [il imite en chan-tant et rit !]. Ce n’est pas du tout ce que raconte cette œuvre. Et je crois que nous sommes sur le bon chemin avec Mark Padmore, c’est la pre-mière fois que je travaille avec lui, il a une telle expressivité, c’est un incroyable Evangéliste ! Manuel Walser (Jésus) et Christiane Karg (Soprano) sont également merveilleux.»

une soirée qui promet d’être intense et riche en émotion!

Michèle Larivière

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en concert demain

découvrez la région

5 | LE FESTI VA L Au quotidien

complicité et beau son demain matin à l’églisedepuis dix ans que Leonidas Kavakos vient au Verbier Festival, le violoniste ne cesse d’émerveiller le public de mélomanes qui apprécie son jeu charismatique en solo et son écoute complice en musique de chambre. Parmi ses mentors, le musicien cite volontiers le pianiste Ferenc Rados, dont il a bénéficié des conseils pour amé-liorer son art de chambriste. Le pianiste octogénaire est d’ailleurs justement connu des habitués du Festival pour y donner régulièrement des master class de piano comme de musique de chambre.

Le maître et son élève se retrouvent donc pour un récital exceptionnel, au cours duquel ils aborderont près de deux siècles de musique, de la Sonate K. 454, une des dernières sonates pour violon et piano de Mozart et la deuxième Sonate de Bartók, une pièce de 1921 inspirée de la musique popu-laire roumaine. Entre les deux, le romantique Schumann signait avec sa deuxième Sonate

pour violon et piano en 1851 une œuvre tour-mentée et d’une intensité troublante.

demain matin, l’Église vibrera de la musica-lité exceptionnelle de ces magiciens du son dans un moment de grâce et de complicité comme le Verbier Festival en a le secret.

Samedi 25 juillet, 11h00 | Église

the grand tour au barrage de mauvoisin

Pour découvrir la nouvelle exposition photographique réalisée en collaboration avec le Fotomuseum Winterthur, le Musée de Bagnes organise des visites guidées. Rendez-vous directement sur le couronne-ment du barrage, le 25 juillet.

Avec des papiers colorés, froissés, assem-blés et photographiés en éclairage naturel, Kasia Klimpel a créé des paysages fictifs. Référencés sur les sites internet de géo-lo-calisation, ils constituent une invitation à un voyage virtuel. une interprétation contemporaine du Grand Tour accompli par les jeunes Anglais fortunés du 17e siècle,

une réflexion sur la place des images dans notre société.

L’exposition est également à voir au Musée de Bagnes tous les jours de 14h00 à 18h00 jusqu’au 6 septembre. T. +41 (0)27 776 15 25www.museedebagnes.ch

Visites guidéesdates: 25 juillet et les 10, 15 et 17 aoûtdépart: 13h30, 14h30 et 15h30 depuis le couronnement du barrageParking: Près de l’Hôtel de Mauvoisin (prévoir 25 min. de marche)

info importante

Salle deS COmbinS – 18h00

Le concert du Verbier Festival Chamber Orchestra, dirigé par Thomas Quasthoff, débute excep-tionnellement à 18h00 au lieu de 19h00.

live

live Sur mediCi.tvConcert de Edgar Moreau et Julien Quentin, Église, 11h00

Concert du Verbier Festival Chamber Orchestra, dirigé par Thomas Quasthoff, Salle des Combins, 18h00

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6 | LE FESTI VA L Au quotidien

les 125 ans de la banque julius baerLucerne Festival: l’Olympe du piano en hiver

Il y a bientôt 20 ans, la direction artistique du Lucerne Festival (à l’époque connu sous le nom de «Festival international de musique de Lucerne») eut l’idée de concevoir un troi-sième festival en novembre, s’ajoutant aux festivals d’été et de Pâques: Am Piano.

Il fut ainsi demandé à la Banque Julius Baer si elle désirait apporter son soutien à ce pro-jet intéressant. Grâce à l’initiative de Julius Baer Lucerne et au soutien spontané du dr. Hans J. Baer, la Banque est désormais le fidèle sponsor principal de ce festival inno-vant depuis 1998.

un véritable «Olympe de la culture des touches» est né consécutivement à cette col-laboration. Pendant dix jours, les meilleurs pianistes sont invités au superbe KKL. Selon le pianiste à l’œuvre, le public peut ainsi

découvrir les différences entre Beethoven, Schubert ou Brahms. Il est ainsi possible d’observer si les femmes jouent différem-ment des hommes ou si la jeune génération s’approprie autrement les classiques par rap-port à leurs aînés.

La stratégie de Julius Baer mise sur le talent et l’encouragement à la relève. La série des trois concerts d’artistes à l’orée d’une grande carrière, tout comme la master class diri-gée par une star du festival, en sont ainsi les meilleurs témoignages.

Pour ceux qui désirent vivre différemment Am Piano, les meilleurs pianistes de jazz sont en représentation tous les soirs dans les bars des grands hôtels.

www.juliusbaer.com

Le Club des Combins, club de la solidaritéChaque année, les Amis du Verbier Festival soutiennent une association dont l’engage-ment et les missions lui tiennent à cœur. Cette année, leur choix s’est porté sur le Club des Combins de Verbier.

Tous les ans, à Verbier, une clientèle de plus en plus nombreuse fait appel aux guides de montagne pour pratiquer le ski hors-pistes ou la randonnée dans les meilleures condi-tions de sécurité possibles. En montagne, peut-être plus qu’ailleurs, le risque zéro n’existe pas, et l’accident peut survenir mal-gré toutes les mesures de sécurité prises par des professionnels.

Ceux-ci sont en 1re ligne, un simple accident peut entraîner pour eux une incapacité par-tielle ou totale d’exercer leur métier.

de nombreux clients souhaitent exprimer leur solidarité avec les familles des guides. En cotisant au Club des Combins, ils permettent aux guides de souscrire une assurance-vie collective couvrant le risque de décès. de leur côté, les guides adhérant au club ont la possibilité de cotiser à une assurance couvrant l’incapacité durable d’exercer le métier suite à une invalidité partielle ou complète.

Pendant le Festival, nous vous invitons à rencontrer les guides du Club des Combins sur leur stand, sur l’esplanade de la Salle des Combins, chaque soir dès 18h00.

www.clubdescombins.com

NOUS AIMONS LES PARTITIONS AUTANT QUE LES CHIFFRES.

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>> Découvrez notre engagement en faveur de la musique sur juliusbaer.com/sponsoring

Julius Baer est le plus important groupe suisse dans le private banking et est présent sur environ 50 sites dans le monde entier. De Dubaï, Francfort, Genève, Guernesey, Hong Kong, Londres, Lugano, Monaco, Montevideo, Moscou, Nassau, Singapour à Zurich (siège principal).

Nous nous réjouissons de vous accueillir dans notre succursale de Verbier, rue de la Poste 25

MaSter CLaSS de piano aveC FerenC radoS, verbier FeStivaL aCadeMy 2015

partenaires locaux

tél. 043 771 66 26 www.hotelfarinet.com [email protected]

tél. 027 771 67 67 www.abati.ch [email protected]

les sponsors et partenaires

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Publication officielle du Verbier Festival 2015

coordination

Marion Grossiord

rédaction

Laurent Vilarem (rédacteur en chef ) Albina BelabiodMichèle Larivière

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Société Gustav Mahler de Genève

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urfer Group SAOfficial Cars

© A

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Pale

y

au progr amme demain

09h00 | SALLe deS CoMBinS * Petit-déjeuner équitable offert par la Commune de Bagnes et Magasin du Monde, au bar public (en extérieur)

09h30 | hAMeAu * ACAdeMy Master class de piano avec Arie Vardi

09h30 | ChALet d’Adrien * ACAdeMy Master class d’alto avec Lars Anders Tomter

09h30 | téLéVerBier * ACAdeMy Master class de violoncelle avec Frans Helmerson

09h45 | dépArt MédrAn * FeSt’oFF Randonnée culturelle avec la Cie des 7 Lieues

11h00 | égLiSeLeonidas KAVAKoS violonFerenc rAdoS pianoWolfgang amadeus mozart (1756-1791)Béla Bartók (1881-1945)robert schumann (1810-1856)Fin du concert à 13h00

12h30 | pLACe BLAnChe* FeSt’oFF Lunch musical avec Lady Bazaar, ( jazz, hiphop et soul)

14h00 | hAMeAu * ACAdeMy Master class d’opéra avec Tim Carroll

14h00 | ChALet orny * diSCoVery Conversation: Robert Levin avec Charles Sigel (en français)

14h30 | SALLe deS CoMBinS *VerBier FeStiVAL MuSiC CAMp orCheStrA dima SLoBodeniouK directionfranz schubert (1797-1828)johannes Brahms (1833-1897) Fin du concert à 15h30 (sans entracte)

15h00 | ChALet orny * diSCoVeryWorkshop with gary Leboff (sports psychologist) in English

15h00 | ChALet d’Adrien * ACAdeMyMaster class de musique de chambre avec Ferenc rados et quatuor Arod

16h00 | pLACe CentrALe * FeSt’oFF Spectacle Far West par la Cie des 7 Lieues

16h30 | CinéMA * ACAdeMy «La Verbier Festival Academy présente...»

17h30 | pLACe CentrALe * FeSt’oFF Apéro musical avec Lady Bazaar

18h00 | CAFé SChuBert * diSCoVery Présentation du programme de la soirée avec Michèle Larivière

18h00 | CAFé Chopin * diSCoVery Pre-concert talk with Stephen Johnson (in English)

19h00 | SALLe deS CoMBinS Sergei BABAyAn, daniil triFonoV pianoserge rachmaninoff (1873-1943)franz liszt (1811-1886)Fin du concert à 21h30

20h00 | égLiSe Angela gheorghiu sopranoMiloš KArAdAgLiĆ guitarejohn dowland (1563-1626)franz schubert (1797-1828)vincenzo Bellini (1801-1835)Enrique granados (1867-1916)manuel de falla (1876-1946)Entracte heitor villa-lobos (1887-1959)ugo calise (1921-1994) ernesto de curtis (1875-1937)enrico cannio (1874-1949)Chansons populaires anonymeseugen seno ionescu (1907-1976)georges Bizet (1838-1875)Fin du concert à 21h45

22h00 | CroCK BAr * FeSt’oFF Jam O’Crock

23h00 | égLiSe * orCheStrA «Fenêtre sur Orchestre»

*entrée libre

points forts

élèveS et mentOrS

Le Verbier Festival adore mélanger les générations.

A 11h00 à l’Église, le génial violoniste Leonidas Kavakos jouera pour la première fois avec l’un de ses men-tors, le pianiste Ferenc Rados. un immense moment de musique entre deux musiciens admirables.

A 14h30 à la Salle des Combins, c’est toute la beauté de l’orchestre que le chef Dima Slobodeniouk transmet-tra aux jeunes participants du Verbier Festival Music Camp Orchestra. Venez nombreux!

A 19h00 à la Salle des Combins, élèves et professeurs joueront littéralement de concert puisque Sergei Babayan est le maître depuis de nombreuses années de Daniil Trifonov, même s’ils sont bien sûr par ailleurs amis et admiratifs du travail de l’autre.

A 20h00 à l’Église, on retrouvera une association originale puisque Angela Gheorghiu a expressément demandé à être accompagnée par le guitariste Miloš Karadagliç. un duo qui rend la première visite de la diva roumaine à Verbier d’autant plus précieuse.

angeLa gheorghiu

daniiL triFonov

8 | LE FESTI VA L Au quotidien

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samedi 25 juillet

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infOrmatiOnSBilletterie• www.verbierfestival.com (24h/24, site sécurisé)• T. +41 (0)848 771 882 (10h00-12h00 et 14h00-19h00)• Billetterie principale du Festival au Chalet Mascotte, Rte de Verbier 88 (9h00-12h00 et 14h00-19h00)

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