le double cursus médecine/sciences en france : état des
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Année universitaire 2012-2013
Lynn Uhrig
Mémoire DIU de Pédagogie médicale
Université Pierre et Marie Curie
Le Double cursus médecine/sciences en France :
état des lieux en 2013
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Table des matières Introduction ................................................................................................................................ 3 Quand débute la formation initiale à la recherche au cours des études médicales en France? .. 4
Formation scientifique en première année des études de santé .............................................. 4 Formation scientifique en deuxième et troisième année des études de médecine ................. 4
Comment réaliser un cursus médecine-sciences (MD/PhD) en France aujourd’hui ? ............... 5 Programme médecine/sciences de l’Ecole normale supérieure (ENS) .................................. 5 Programme médecine/sciences de l’Ecole de l’INSERM Liliane Bettencourt ...................... 7 Programme médecine/sciences des facultés de médecine ...................................................... 9 Programme médecine/sciences en autonomie ...................................................................... 10
But des programmes médecine-sciences intégrés existants ..................................................... 11 Quels aménagements existent aujourd’hui en France pour le cursus médecine-sciences? ...... 12 Conclusion ................................................................................................................................ 13 Bibliographie ............................................................................................................................ 15 Résumé ..................................................................................................................................... 16
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Introduction La formation médico-scientifique connaît une dynamique nouvelle depuis la création de
double cursus officiels et structurés médecine-pharmacie/sciences qui ont pour objectif « de
permettre à terme aux futurs médecins et pharmaciens d'associer une activité de recherche à
leur pratique clinique ». Le sujet intéresse également les tutelles. Ainsi, en 2011, la Ministre
de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Mme Valérie Pecresse, a demandé au Dr
Raphaël Gaillard de former une Mission sur l’évolution du statut hospitalo-universitaire, dont
le rapport a été remis le 3 mai 2011. Nous aurons l’occasion de revenir sur les propositions
faites par ce rapport ministériel.
Ce mémoire a pour objectif de décrire les finalités et le cadre d’un double cursus
médecine/sciences, encore appelé cursus MD-PhD (Medical Doctor-Philosophiæ Doctor),
avec une formation initiale précoce à la recherche intervenant au cours des premières années
des études de médecine, et ce afin de construire les fondements du raisonnement scientifique
chez le futur médecin hospitalo-universitaire. Ce mémoire décrit également les aménagements
existant aujourd’hui en France pour réaliser ce cursus.
Il paraît indispensable pour les futurs hosiptalo-universitaires d’avoir une formation à la
recherche solide, en plus de leur formation médicale, et ce afin de pouvoir construire une
thématique de recherche sans carences dans les connaissances requises. A cette fin, il semble
indispensable de débuter tôt la formation scientifique. Débuter un enseignement de sciences
dès les premières années des études médicales semble bénéfique non seulement pour les
futurs hospitalo-universitaires, mais aussi pour le plus grand nombre de futurs médecins. La
formation à la recherche leur permettra de poser des questions pour remettre en cause leurs
pratiques cliniques quotidiennes et d’apprendre la démarche pour réaliser la mise à jour de
leurs connaissances, imposée par le progrès constant de la médecine. L’ouverture initiale à la
recherche dès le début du cursus médical rend nécessaire des aménagements, notamment au
moment de la préparation d’un Master 2 de recherche et ensuite d’une thèse de sciences dans
les meilleures conditions possibles, que ce soit avant, pendant ou après l’Internat de médecine.
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Quand débute la formation initiale à la recherche au cours des études
médicales en France?
Formation scientifique en première année des études de santé
L’instauration d’une formation scientifique dès la première année des études de santé, avec
une sensibilisation précoce à la recherche biomédicale, permet au plus grand nombre
d’étudiants d’acquérir le plus tôt possible une démarche scientifique. L’arrêté du 28 octobre
20091 prévoit une première année des études de santé, commune aux études médicales,
odontologiques, pharmaceutiques et de maïeutique (PACES) et est sanctionnée par 4 concours
distincts. Cette première année commune aux études de santé augmente les possibilités de
l’étudiant d’intégrer une formation de santé. Le numerus clausus, qui par la suite régule le
nombre d’étudiants en médecine et ainsi celui des futurs médecins, est fixé chaque année par
un arrêté des ministres chargés de la Santé et de l’Enseignement Supérieur.
Le rapport de la mission sur l’évolution du statut hospitalo-universitaire2 pose la question
d’aller plus loin sur les objectifs des premières années des études de santé : simple formation
initiale à la recherche ou formation qualifiante ? Le modèle du ‘college’ nord-américain vient
très vite à l’esprit. Les étudiants y bénéficient d’un enseignement scientifique flexible
(mathématiques, chimie, biologie, sciences humaines, …) durant 3 à 4 ans, sanctionné par une
qualification universitaire à la fin. Ce n’est que par la suite qu’ils ont accès à la formation
médicale. Il n’y a donc pas, dans le modèle du ‘college’, de sélection précoce des étudiants en
médecine, au prix d’un grand nombre d’étudiants sans diplôme devant reprendre à zéro un
nouveau parcours universitaire. Les étudiants ont obtenu une formation scientifique solide et
indispensable pour leur future carrière de recherche.
Formation scientifique en deuxième et troisième année des études de médecine
La formation universitaire au cours de la deuxième et troisième année de médecine a pour
objectifs l’acquisition des connaissances scientifiques de base et l’enseignement de tous les
aspects de la sémiologie. La formation scientifique des étudiants est donc poursuivie avec
notamment des enseignements de biomédecine quantitative (biostatistique), des bases
moléculaires et cellulaires des pathologies, de biopathologie tissulaire, des bases moléculaires,
cellulaires et tissulaires des traitements médicamenteux, de génétique médicale, qui
s’intègrent soit dans le programme de la formation médicale, soit de la formation à la
recherche avec un parcours de master de première année qui dans des conditions fixées par
l’université permet l’intégration d’une deuxième année de master à orientation recherche. Ce
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parcours de master de première année comprend en général deux Unités d’Enseignement de
même qu’un stage de 4 à 8 semaines dans un laboratoire de recherche reconnu.
La deuxième et troisième année peut devenir pour l’étudiant un moment privilégié de la
formation scientifique, vu qu’il se trouve dans une phase d’absence d’enjeu immédiat de
concours. L’objectif est donc d’intéresser les étudiants à la formation scientifique, sans les
sélectionner. Tout de même, il ne faut pas oublier qu’on fait face actuellement à une
augmentation massive du nombre d’étudiants presque sans augmentation du nombre
d’enseignants, ce qui rend cet objectif extrêmement difficile à atteindre. Il faudra quand
même réussir à ce que l’étudiant développe un esprit critique et un sens de l’innovation qui
sont à la base de la démarche scientifique.
Comment réaliser un cursus médecine-sciences (MD/PhD) en France
aujourd’hui ? Le cursus médecine-sciences (MD/PhD), sanctionné par une thèse en médecine et en sciences,
a pour objectif de faire accéder des étudiants en médecine à un enseignement de sciences
fondamentales plus approfondi que celui prodigué à la faculté de médecine. En plus des cours
scientifiques, l’étudiant bénéficie d’un apprentissage précoce de la recherche dans un
laboratoire dont la qualité détermine sa formation scientifique. La création de tels
programmes structurés est relativement récente en France et en Europe, contrairement aux
Etats-Unis où ils forment une filière d'excellence depuis des dizaines d’années.
Quand un étudiant en médecine choisit de faire un cursus de médecine et de sciences, il a le
choix entre deux possibilités :
- obtention d’un master 2 de recherche au début de l’externat, puis une thèse d’université
pendant l’internat de médecine
- réalisation d’une thèse d’université pendant l’externat dans la continuité immédiate du
master 2 de recherche
Aujourd’hui différents programmes intégrés médecine-sciences existent en France.
Programme médecine/sciences de l’Ecole normale supérieure (ENS)
Le concours médecine/pharmacie/sciences de l’Ecoles Normale Supérieure est le premier
cursus médecine/sciences défini en France, réservé à un très petit nombre d’étudiants. Afin
d’intégrer le programme médecine/sciences de l’ENS, il y a un concours que les candidats
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doivent passer. Les candidats peuvent se présenter soit au concours de l’ENS Paris (quatre
postes pour l’année universitaire 2013-2014), soit à celui de l’ENS Lyon, après la deuxième
ou au plus tard après la troisième année des études de médecine. Ce concours est composé
d’une partie écrite (biologie, chimie, physique, mathématiques) et une partie orale (biologie,
chimie, physique, langue vivante étrangère, voire présentation d’un projet personnel). Pour le
second concours de l’ENS Paris, le programme en mathématiques, physique et chimie est
celui des terminales scientifiques. Pour la biologie, le programme est celui de la partie I du
programme de science de la vie 1ère et 2ème année des classes préparatoires aux grandes
écoles3.
Année Candidats
inscrits Candidats présents
Candidats admissibles
Candidats sur la liste principale
Candidats sur la liste
complémentaire
2012 41 34 9 4 1
2011 27 23 9 4 1
2010 43 33 9 4 1
2009 39 29 10 4 3
2008 40 35 10 4 3
2007 22 17 8 2 0
2006 25 23 10 4 0
2005 34 27 8 3 0
Tableau 1: Statistiques des admissions au programme MD/PhD de l’ENS Paris depuis 20053
Concours après P2 ou max D1 Rémunération M2 et PhD
PAES DFGSM2 (P2) DFGSM3 (D1)
M 1
M2 PhD Externat 3 ans
Internat 3 - 5 ans
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Figure 1: Programme MD/PhD de l’ENS, Abréviations: M1, Master 1 ; M2, Master 2 de
recherche ; PhD, thèse de science
Les candidats qui réussissent le second concours de l’ENS acquièrent le statut de
fonctionnaire-stagiaire et deviennent élèves de l’ENS et, s’ils sont citoyens d’un État membre
de l’Union Européenne, bénéficient de quatre années d’études rémunérées.
Programme médecine/sciences de l’Ecole de l’INSERM Liliane Bettencourt
L’Ecole de l’INSERM Liliane Bettencourt, qui existe depuis 2003, propose une formation
précoce à la recherche dès la deuxième année d’études de médecine ou de pharmacie. Elle
propose un double cursus médecine-sciences, mais aussi pharmacie-sciences. L’objectif de ce
double cursus est de permettre aux futurs médecins et pharmaciens d’associer une activité de
recherche à la pratique clinique.
Le cursus est composé d’une formation théorique et pratique, avec deux voies possibles: la
voie (1) permet de faire un Master 2 de recherche en quatrième année d’études de médecine et
la préparation d’une thèse de sciences au cours de l’Internat ; la voie (2) permet de préparer
une thèse de sciences directement après le Master 2 et avant l’Internat, mais aussi au cours de
l’Internat.
Figure 2: Le haut du schéma présente la voie (1) de l’Ecole de l’INSERM Liliane Bettencourt,
Sélection faculté + école INSERM ou
Rémunération M1 (6 mois de stage), M2, PhD
PAES DFGSM2 (P2) DFGSM3 (D1)
M 1 Ecole février (P2) Stage labo (6 mois) (D1)
M2 Externat 3 ans
Internat 3 - 5 ans PhD
PAES DFGSM2 (P2) DFGSM3 (D1)
M2 PhD Externat 3 ans
Internat 3 - 5 ans
M 1 Ecole février (P2) Stage labo (6 mois) (D1)
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et le bas présente la voie (2) de l’Ecole de l’INSERM Liliane Bettencourt. Abréviations: M1,
Master 1 ; M2, Master 2 de recherche ; PhD, thèse de science
En 2013, 194 étudiants poursuivent le cursus de l’école de l’INSERM Liliane Bettencourt.
Ainsi, 148 étudiants ont validé leur Master 2 de recherche avant la quatrième année de
médecine de pharmacie. Actuellement, 46 étudiants sont en deuxième ou troisième année des
études de médecine/pharmacie et 17 étudiants en Master 2. D’autres parts, 105 étudiants sont
en voie (1) avec une préparation de thèse de sciences pendant une interruption de l’Internat.
26 étudiants sont en voie (2) avec une préparation de thèse de sciences directement après le
Master 2.
Au jour d’aujourd’hui, 13 étudiants qui ont suivi la voie (2) sont Docteur ès Sciences. Treize
étudiants sont actuellement en cours de thèse de sciences en voie (2), après le Master 2. Un
étudiant qui a suivi la voie (1) est Docteur ès Sciences et 15 étudiants sont actuellement en
thèse de sciences en voie (1)4.
Le financement actuellement accordé aux étudiants par l’Ecole de l’INSERM Liliane
Bettencourt comprend :
- 436,05 €/mois de stage (montant réévalué en fonction de l’évolution du plafond de la
sécurité sociale) pendant les six mois de stage d’initiation en 2ème année de l’École
- 436,05 €/mois de stage pendant six à dix mois en Master 2 recherche
- Si l’étudiant poursuit en thèse de sciences après le Master 2 de recherche, il bénéficie d’un
contrat doctoral et s’il obtient sa thèse de sciences avant la quatrième année de médecine, il
bénéficie d’une rémunération équivalente à celle de l’allocation doctorale du ministère de
l’Enseignement supérieur et de la recherche, soit 1684,93 € brut mensuel, versée durant le
2ème cycle clinique, entre la fin de la thèse de sciences et l’internat (contrat INSERM)
- Si l’étudiant reprend son 2ème cycle clinique après le Master 2 : afin de garder un lien avec la
recherche, dans la perspective de sa thèse de sciences, un soutien financier lui est accordé
pour participer à des conférences, colloques, écoles d’été, stages en laboratoire en France ou à
l’étranger. Ce financement est accordé après avis du Conseil scientifique et pédagogique de
l’École.
- Si l’étudiant poursuit en thèse de sciences durant son internat, le financement peut
s’envisager par l’année recherche, bourse et contrat de Fondation, contrat d’accueil Inserm ou
un contrat doctoral.
Le cursus médecine-sciences de l’Ecole de l'Inserm Liliane Bettencourt est à ce jour
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l'alternative la plus « accessible » aux étudiants en médecine en France.
Programme médecine/sciences des facultés de médecine
De plus en plus de facultés de médecine, en suivant la logique de l'autonomie des universités,
commencent à proposer des cursus médecine/sciences, comme par exemple l’université Paris
Descartes (Paris V), et l’université Pierre et Marie Curie (Paris VI), dans l’objectif de
proposer en parallèle par la même institution des études de médecine, un enseignement
scientifique dédié et des stages de recherche. Des arrangements horaires, permettent de suivre
les deux enseignements. Il semble désirable que les universités de médecine exercent leur
créativité afin d’élaborer un programme combinant les études de médecine et de sciences.
En prenant l’exemple de l’université Pierre et Marie Curie, le programme des études
médecine/sciences est organisé en 6 semestres. Les quatre premiers semestres (DFGSM2/P2
et DFGSM3/D1) permettent d’obtenir une formation de biologie moléculaire, cellulaire,
génétique, génomique et biostatistiques, avec un stage de laboratoire de 3 mois. Ceci
correspond au Master 1 (M1), avec des examens écrits et des épreuves orales. Le volume
horaire est de 160 heures pour chaque année. Ensuite, l’étudiant s’engage dans un Master 2
(M2) au sein de sa faculté pour lequel il bénéficie d’une année de disponibilité pendant le
cursus médical. L’admission à ce programme se fait sur sélection de dossier et entretien de
motivation5.
Un cursus comparable existe également à l’université Paris Descartes depuis 2006,
comprenant cette fois-ci 6 mois à temps plein dans un laboratoire de recherche en DFGSM3
(D1)6. Pour le stage de 6 mois de la formation à la recherche, l’étudiant bénéficie d’une
gratification d’un montant de 398 € par mois de travail en laboratoire, accordée aux étudiants
par la Fondation pour la Recherche Médicale, grâce à une convention avec l’Université. Le
Master 2 peut être suivi immédiatement d’une thèse de sciences où celle-ci pourra se faire au
cours de l’internat. Pour le stage de Master 2 de recherche une gratification mensuelle est
versée par le laboratoire d’accueil à l’étudiant, conformément au décret n°2008-96 du 31
janvier 20087.
L’objectif de ces programmes est de former précocement les futurs médecins à la recherche,
sans négliger leur formation médicale, afin qu’une fois leur doctorat ès sciences obtenu, ils
puissent entreprendre un projet de recherche personnel et rajouter une expérience précieuse
au service de médecine dans lequel il se trouve.
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Figure 3 : Programme MD/PhD de la faculté de médecine Paris V ou Paris VI, Abréviations:
M1, Master 1 ; M2, Master 2 de recherche ; PhD, thèse de science
Programme médecine/sciences en autonomie
A côté des programmes médecine/sciences bien définis, il existe depuis toujours la possibilité
de faire ce cursus en autonomie, comme c’était largement appliqué par le passé, avant
l’existence notamment du programme de l’Ecole de l’INSERM ou des différentes facultés de
médecine.
Il faut tout de même se poser la question, vu que des programmes bien définis existent
aujourd’hui, si ce cursus en autonomie, avec un accès souvent tardif à la science (Master 2 de
recherche au cours de l’Internat) à toujours sa raison d’être. Cependant, la non généralisation
des cursus MD-PhD au sein des universités françaises, et la grande sélectivité des
programmes actuels, sont autant de raisons pour laisser la liberté aux étudiants de choisir cette
voie.
Figure 4 : Programme MD/PhD en autonomie, Abréviations: M1, Master 1 ; M2, Master 2 de
recherche ; PhD, thèse de science
!!!!! ! ! ! !ou!
!PAES DFGSM2 (P2) DFGSM3 (D1)
M 1
M2 PhD Externat 3 ans
Internat 3 - 5 ans
PAES DFGSM2 (P2) DFGSM3 (D1)
M 1
M2 Externat 3 ans
Internat 3 - 5 ans PhD
M 1
Externat 3 ans
PAES DFGSM2 (P2) DFGSM3 (D1)
Internat M2 Internat PhD
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Institution Financement M1 Financement M2 Financement PhD
ENS Non Oui Oui
Ecole de l’INSERM Liliane Bettencourt
Oui Oui Oui si PhD après Master 2
Sinon : année recherche, bourse et contrat de Fondation, contrat d’accueil Inserm, contrat doctoral, …
Facultés de médecine
Variable
par exemple : Paris Descartes 398 € par mois de travail en laboratoire par la FRM
Par le laboratoire d’accueil
Année recherche, bourse, contrat d’accueil Inserm, contrat doctoral, …
Autonomie Non Par le laboratoire d’accueil
Année recherche, bourse, contrat d’accueil Inserm, contrat doctoral, …
Tableau 2 : Résumé des financements pour le M1, M2, PhD, en fonction des programmes
médecine-sciences, Abréviations: M1, Master 1 ; M2, Master 2 de recherche ; PhD, thèse de
science ; FRM, Fondation pour la Recherche Médicale
But des programmes médecine-sciences intégrés existants Les programmes médecine-sciences intégrés, que soit les programmes de l’ENS, de l’école de
l’INSERM-Bettencourt ou des facultés de médecine, ont pour but de donner la possibilité à
l’étudiant d’acquérir précocement les prérequis nécessaires à l'exercice de la double valence
clinique et recherche et ces cursus devraient donc être encouragés. L’étudiant a la nécessité
d’adopter une démarche scientifique spécifique, tout en établissant le lien avec la discipline
médicale de l’étudiant.
Pour valoriser ces programmes, les Doyens des facultés de médecine doivent informer au plus
tôt leurs étudiants et faciliter leur parcours entre enseignements théoriques, stages cliniques et
stages de recherche.
Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pourrait lister les différents
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programmes médecine-sciences existant et assurer un rôle de coordination dans le futur afin
de mieux informer et guider les étudiants en médecine. Aux Etats-Unis le National Institute of
Health (NIH) intervient dans l’organisation et la coordination de l’ensemble des cursus MD-
PhD à travers le pays.
L’étudiant, quand il choisit d’intégrer un programme médecine-sciences, doit choisir un
laboratoire de qualité, dès le Master. Dans cet objectif, la transparence des évaluations par
l’AERES des laboratoires de recherche, de même que la bibliographie en ligne sont à ce titre
précieuses pour l’étudiant. L’attribution de l’année recherche à l’interne repose sur l’intérêt
scientifique du projet de l’étudiant et tiens donc compte de la qualité du laboratoire d’accueil8.
Quels aménagements existent aujourd’hui en France pour le cursus
médecine-sciences?
Le caractère récent des cursus intégrés médecine-sciences a fait que la majorité des étudiants
qui le souhaitaient ont opté jusqu’à présent pour un cursus médecine-sciences en autonomie.
Que soit au sein d’un cursus MD-PhD intégré ou en autonomie, la thèse d’université est
souvent débutée au cours de l’internat. L’interne interrompt son internat afin de se consacrer à
la recherche, vu que le statut d'Interne des hôpitaux, avec sa charge de travail, est
incompatible avec les exigences d'une activité de recherche de qualité en parallèle. Se pose
évidemment la question de l’aménagement d’emploi du temps entre une thèse sciences de
qualité, sans négliger l’internat de médecine et la formation clinique qui lui est inhérente, afin
que les internes de médecine puissent accomplir une thèse d’université du même niveau que
celle des étudiants issus d'autres cursus (biologie, ingénieurs, ENS etc). La durée habituelle
d'une thèse de sciences est de 3 ans et il est donc légitime de permettre à l’interne une
interruption de 3 ans au cours de son internat. Cette durée peut même être de 4 ans pour les
internes qui ne se trouvent pas dans un programme intégrés de médecine-sciences et font donc
leur Master 2 de recherche pendant l’internat. L’interruption de l’internat est possible9. Il faut
signaler que les internes ont une durée équivalente à deux fois la durée de la maquette de leur
spécialité pour réaliser leur internat10. L’interne peut bénéficier aujourd’hui d’une interruption
de son internat pour études ou recherches présentant un intérêt général pendant un an
renouvelable une fois et d’une interruption pour convenances personnelles de la même durée.
Théoriquement l’interne a donc la possibilité d'interrompre l’internat pour une durée de 3 ou 4
ans, afin de se consacrer à son projet de recherche, en cumulant ces deux interruptions pour
recherche et convenance personnelle. Cette information sur la possibilité légale d'une
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interruption de l'internat pendant 3 à 4 ans devrait être rappelée à l’interne qui veut réaliser
une thèse de sciences au cours de l’internat. Certaines Agences Régionales de Santé (ARS)
continuent à indiquer aux internes que l’interruption de l’internat est limitée à 2 ans et cette
notion est largement diffusée parmi les internes de médecine. Vu que la durée réglementaire
d’une thèse d’université est de 3 ans, il faut se poser la question s’il ne faut pas créer une
autorisation d'interruption spécifique pour la réalisation d’une thèse de sciences d'une durée
totale de 3 ans pour ceux qui le souhaitent. La question qui se pose aussi est celle de créer un
statut légal qui lui autoriserait l’interne de prendre des gardes dans un service de médecine
qu’il a connu pendant son internat afin de maintenir pendant la durée d’interruption un contact
avec la clinique. Encore une fois, le cursus MD/PhD doit garantir une formation scientifique
de qualité, sans compromettre l’objectif d’une formation médicale de qualité.
Conclusion
L’enseignement des sciences débute tôt dans les études médicales, dès la première année des
études médicales. Au cours des dernières années se sont créés de multiples programmes MD-
PhD intégrés, que ce soit par l’école de l’INSERM-Bettencourt, les ENS ou les facultés de
médecine, et ce afin de mieux structurer le cursus médecine-sciences en France. Cette
structuration est très importante car elle règle un ensemble de problèmes régulièrement
rencontrés dans les cursus en autonomie : aménagement du cursus, financement,
reconnaissance du cursus, cohérence avec le parcours médical. Cette structuration connaît un
dynamisme qui ne se dément pas. En atteste la multiplication des programmes. En atteste la
création en 2009, par les étudiants concernés, de l'Association Médecine/Pharmacie Sciences
(AMPS). Cette association est particulièrement dynamique puisqu’elle propose une mise en
réseau, qu’elle organise plusieurs évènements comme par exemple le 2ème congrès européen
MD-PhD (European MD-PhD Conference, 5-7 juillet 2013, Paris).
Aujourd’hui, les étudiants admis dans un cursus intégré médecine-sciences (ENS, Ecole de
l’INSERM-Bettencourt, faculté de médecine, …), choisissent majoritairement l’obtention
d’un master 2 de recherche au début de l’externat, puis la réalisation d’une thèse d’université
pendant l’internat de médecine. Ceci est opposé au cursus MD-PhD aux Etats –Unis où
l’obtention de la thèse d’université se fait avant le ‘residency’, l’équivalent de l’internat en
France et correspond à la seconde option évoquée plus haut. L’option de réaliser la thèse
d’université au cours de l’internat, une fois le choix de la discipline médicale fait, rend
probablement plus facile la congruence entre le projet scientifique et le projet médical. En
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effet, contrairement aux Etats-Unis ou l’obtention d’un PhD peut rentrer en compte
favorablement dans l’accès une spécialité, l’examen classant national (ECN) en France, qui
détermine la spécialité médicale de l’étudiant, ne tient pas compte du cursus scientifique, et il
y a un risque réel que des étudiants titulaires d’une thèse d’université après 3 à 4 années
d’interruption de leur cursus médical, n’aient pas l’énergie pour la préparation de l’ECN ou
ne voient pas son intérêt. L’unique accès à une spécialité médicale passe par l’ECN et ceci
posera donc un problème important pour ces étudiants, sans solution évidente. Tout de même,
vu que les cursus MD-PhD intégrés en France sont très récents, seul l’avenir pourra nous
renseigner si les meilleurs étudiants MD-PhD sont également les mieux classés à l’ECN, ou si
un décalage existe pour certains et quelles seront les raisons de ce décalage.
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Bibliographie 1 Arrêté du 28 octobre 2009 relatif à la première année commune aux études de santé : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021276755
2Rapport : Mission sur l’évolution du statut hospitalo-universitaire, remis le mardi 3 mai 2011 à Madame Valérie Pecresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, par Raphaël Gaillard
3 Site internet de l’ENS : http://www.ens.fr/spip.php?rubrique120
4 Site internet de l’INSERM : http://www.rh.inserm.fr/INSERM/IntraRh/RHPublication.nsf/mDisplayMotsClefsWeb?OpenForm&arg1=10&arg2#
5 Brochure : Cursus Médecine-Sciences de l’université Pierre et Marie Curie (UPMC)
6 Site internet de l’université Paris-Descartes : http://www.biomedicale.parisdescartes.fr/Filiere-medecine-sciences.html
7 Décret n° 2008-96 du 31 janvier 2008 relatif à la gratification et au suivi des stages en entreprise : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000018044877
8Arrêté du 8 juillet 2010 modifiant l’arrêté du 4 octobre 2006 définissant les modalités d’organisation de l’année-recherche durant le troisième cycle des études de médecine, d’odontologie et de pharmacie : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022481465 9 Article R6153-26 du Code de la Santé Publique
10 Décret du 16 janvier 2004 modifié en 2010 relatif à l'organisation du troisième cycle des études médicales : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000005765200
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Résumé La formation médico-scientifique connaît une dynamique nouvelle depuis la création de
double cursus structurés médecine-pharmacie/sciences qui contrastent avec une tradition de
cursus médecine-science en autonomie. Ce mémoire a pour objectif de faire l’état des lieux en
2013 des double cursus médecine/sciences qui comprennent une formation initiale
« précoce » à la recherche scientifique. Ce mémoire décrit également les aménagements
existant aujourd’hui en France pour réaliser ce cursus. Les multiples programmes MD-PhD
intégrés, que ce soit par l’école de l’INSERM-Bettencourt, les ENS ou les facultés de
médecine, créés les dernières années permettent de mieux structurer et harmoniser le cursus
médecine-sciences en France. Cette structuration est très importante car elle règle un
ensemble de problèmes régulièrement rencontrés dans les cursus en autonomie :
aménagement du cursus, financement, reconnaissance du cursus, cohérence avec le parcours
médical. Le défi est de proposer l’excellence à la fois clinique et scientifique aux futurs
médecins hospitalo-universitaires.