le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler...

21
AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits. Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSA pour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte. Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Upload: others

Post on 02-Jun-2020

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits. Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSA pour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte.

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Page 2: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 2

Ça va péter !

Comédie de Maxime Greslé

Durée 1h20

Page 3: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 3

Distribution

Par ordre d’entrée

Présentateur radio (off)

Murielle Renard, maire (off)

Anne, 25 ans, secrétaire de l’association Planète vivante

Maxime, la trentaine, collaborateur de Cédric

Cédric, la trentaine, président de l’association Planète vivante

La baronne Von-Derrière, la quarantaine

L’inspecteur Fourrier, la cinquantaine Cédric et la baronne doivent avoir, dans l'idéal, la même silhouette.

Page 4: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 4

Le décor

L’intérieur du bureau de l’association écologique « Planète vivante ». À jardin, la porte d’entrée. Près de cette porte, un porte-manteau. Au pied, deux bacs à recyclage : un blanc et un vert. En fond de scène, un bureau sur lequel se trouvent une petite radio à dynamo, un ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une derrière. Au pied du bureau, un bac à recyclage jaune. Derrière le bureau, sur le mur, une affiche, kitsch, représentant Cédric, dans les bois, vêtu d'un costume assorti d'une chemise rouge. Il écarte les bras et regarde le ciel, l'air béat, en respirant à pleins poumons. Le slogan « La nature est un don. Protégeons-la, protégeons-nous » accompagne la photo. À cour, la porte du bureau de Cédric. Au niveau de cette porte, une petite table avec, dessus, quelques verres, une cafetière, et une bouteille de jus de pomme bio.

Page 5: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 5

ACTE 1

Scène 1 Au lever de rideau une jeune fille, Anne, plutôt coquette, entre. Elle porte un joli petit tailleur. Elle pose ses affaires (veste et sac à main) sur son bureau. Elle remonte la dynamo de la radio, et l'allume. Tout en écoutant, elle se sert un café et commence à se faire une petite séance de manucure. L’animateur : (Jingle) Il est 9h. Vous écoutez Giga FM, voici les informations de votre région. (Jingle) Et l’information principale est plutôt explosive puisque notre maire, Murielle Renard, a décidé l’implantation d’une centrale nucléaire. Murielle Renard, bonjour. Maxime entre. Il porte des vêtements en coton bio, lui donnant un style genre baba-cool. Sur son t-shirt est accrochée une multitude de badges militants (Stop nucléaire, OGM j’en veux pas…). Il tient un petit sac en toile, qu’il pose près du bureau, et va se servir du jus de pomme, le savourant près de la petite table. Durant le reste de la diffusion radio, au choix du metteur en scène, Maxime pourra réagir en fonction de ce qu’il se dit à la radio, en s’énervant et en fulminant (Impro). Il pourra se créer un jeu avec la secrétaire. Ou bien les deux personnages pourront écouter calmement l’émission. Maxime (couvrant la voix de Murielle) : Bonjour. Anne : Chut ! L’animateur : On imagine que votre choix va susciter bien des débats. Pourquoi avoir pris cette décision ? Murielle : Cette centrale est une opportunité pour notre ville. Nous allons pouvoir créer de l’emploi et dynamiser notre économie. L’animateur : Mais pourquoi ne pas favoriser d’abord les énergies renouvelables ? Murielle (ironiquement) : Parce que ce n’est pas avec 3 éoliennes que je vais faire face à la demande de mes électeurs. Soyons réalistes. Nous avons un besoin croissant en énergie. Le nucléaire est la solution la plus raisonnable. L’animateur : Que répondez-vous à l’inquiétude de certains face aux événements de ces dernières années ? On pense notamment à Tchernobyl et, plus récemment, Fukushima.

Murielle : Je peux vous assurer qu’il n’y a aucune crainte à avoir. Nos centrales sont les plus sûres du monde. L’animateur : Et en ce qui concerne les déchets nucléaires, que proposez-vous concrètement ?

Page 6: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 6

Murielle : Ecoutez, il y a des ingénieurs qui sont là pour régler ce problème, ne… L’animateur (la coupant) : Donc il y a bien un problème avec ses déchets ! Un silence Murielle : Je suis certaine que des solutions satisfaisantes seront trouvées. L’animateur : Murielle Renard, vous n’avez pas peur que ce choix vous nuise aux prochaines élections ? Nous savons tous que le nucléaire n’est pas une fin en soit. Certains pays sont d’ailleurs en train de réfléchir à une sortie progressive du nucléaire et… Murielle : Ecoutez ! Cette centrale verra le jour, quoi qu’il arrive. Personne ne pourra s’opposer à ce projet. Maxime : Non mais c’est dingue d’entendre ça. Et c’est pour des gens comme ça qu’on vote ! L’animateur : C’est dit ! Et les écologistes n’ont qu’à bien se tenir ! Merci beaucoup Murielle Renard. Murielle : Merci. L’animateur : Nous passons à l’horoscope du jour. (Jingle. Anne est plutôt contente à cette annonce. Elle écoute très attentivement). Anne : Ah ! L'animateur : Capricorne : la journée risque de prendre une tournure inattendue. Attention à ne pas vous laisser… (Le son baisse, dû au manque d'énergie. Anne regarde la radio, déçue) Anne (saisissant la radio et remontant la dynamo) : Oh ! Non !

Scène 2

Cédric, visiblement énervé, entre. Il porte un costume en lin et un t-shirt. Il se dirige rapidement vers son bureau. Anne pose la radio et fait semblant de travailler sur l’ordinateur en tapant énergiquement sur le clavier. Cédric : Bonjour.

Anne : Bonjour. Maxime : Bonjour. Il y a ta femme qui est passée à la radio. Cédric : Ex ! Maxime : Dis-donc ! Elle n’a pas l’air de vouloir lâcher le morceau.

Page 7: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 7

Cédric : Moi non plus !!! Maxime : Qu’est-ce que tu vas faire ? Cédric : J’ai une idée. Je dois passer un coup de fil. Il va dans son bureau.

Scène 3 Le téléphone sonne. Anne se met à rigoler. Maxime la regarde, amusé. Il commence à se laisser entraîner par le rire d’Anne. Maxime (rigolant) : Qu’est-ce qui vous fait rire ? Anne (hilare) : Il va téléphoner dans son bureau et c’est ici que ça sonne ! Maxime perd soudain son sourire et regarde Anne consterné. Maxime (à lui même) : D’accord… Anne rigole et, laissant sonner le téléphone, se remet à ses occupations. Maxime l’observe, consterné. Maxime (se contenant) : Vous voulez bien décrocher ?! C’est pénible à la fin ! Anne : Oh ! Bien sûr. Elle décroche. Anne (sur un air de confidence) : Moi aussi ça m’énerve quand ça sonne tout le temps. Elle pose le combiné sur le bureau et se remet à ses occupations. Maxime saute sur le combiné. Maxime (il se tapote la tempe pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas bien dans sa tête) : Vous n’êtes pas toute seule, vous, là-haut ! Anne (comme s'adressant à une personne à l'intérieur d'elle-même) : Y’a quelqu’un ? Maxime répond au téléphone. Pris dans la conversation, se dirige vers l’avant-scène, entraînant le téléphone avec lui. Anne se jette sur le téléphone avant qu’il ne tombe par terre, et suit Maxime, pour se planter à côté de lui, le téléphone dans les mains. Maxime (au téléphone) : « Planète vivante », bonjour. Oui…Oui madame, vous pouvez nous faire un don… Nous acceptons tous les dons, (avec un air malicieux)

Page 8: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 8

sauf les dons en nature, bien sûr. Et pourtant (sur un ton déclamatoire) « La nature est un don. Protégeons-la, protégeons-nous »… Anne (en pleine réflexion) : Ce n’est pas une pub pour des préservatifs ?! Maxime, arrache le téléphone des mains d’Anne en marmonnant. Maxime : Foutez-moi le camp. Anne retourne à son bureau. Elle saisit son sac et commence à faire du rangement dedans. Maxime (continuant) : Et vos dons sont déductibles d’impôts... Bien sûr c’est intéressant… Eh bien, il suffit de remplir votre déclaration d’impôt, il y a une rubrique pour ça, il faut remplir les cases… Comment ça, « ça rentre pas dans les cases » ?… Ça déborde ?! (Réalisant) Je crois que vous vous êtes trompé de numéro madame… (Choqué, il se fait visiblement engueuler). Non mais dites donc, ce n’est pas de ma faute si vous avez les doigts boudinés… Oh ! Sac à merde vous-même. (Il raccroche). C’est dingue ça ! On renseigne les gens, et on se fait insulter. Anne continue de ranger son sac. Elle met tout ce dont elle n’a plus besoin dans le bac à recyclage jaune. Elle sort de son sac des choses plus invraisemblables les unes que les autres. Maxime l’observe, outré. Maxime : Qu’est-ce que vous faites ?!

Anne : Je fais du rangement dans mon sac, il est plus léger. Maxime va saisir les bacs vert et blanc, et s’assoit sur une chaise devant le bureau, se retrouvant ainsi devant Anne. Il saisit le bac jaune et commence à trier tout ce qu’Anne a jeté. Anne continue de faire le vide dans son sac. (Jeu de scène entre les deux : Maxime suit des yeux chaque objet qu’Anne sort de son sac et met dans le bac jaune. Anne s’en rend compte et fait le geste de plus en plus lentement en regardant Maxime) Anne : Ben ! Qu’est-ce que vous faites ? Maxime : Vous mettez n’importe quoi dans le bac à papier. Vous ne savez pas trier !? Anne : Moi ? Je ne trie jamais ! Maxime : Comment ça ?! Vous ne triez pas vos déchets ! Anne : Ben non ! Ce n’est pas marrant. Et puis mon voisin ne le fait pas, alors je ne vois pas pourquoi je le ferais. Maxime : C’est idiot comme raisonnement. Justement, il faut lui montrer que vous avez de bons réflexes.

Page 9: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 9

Anne : Oh ! Et puis c’est compliqué, on ne sait jamais où il faut mettre les trucs. Maxime : Mais non ! C’est très simple ! Il suffit de regarder la couleur des bacs : le vert, c’est pour les ordures ménagères, le jaune les emballages, et le blanc le verre. Il se remet à son tri. Anne : Pardon ? Maxime (absorbé) : Le verre c’est le blanc. Un temps. Anne est en pleine réflexion. Maxime (se rendant compte de la confusion): Le verre, le matériau, c’est dans le bac blanc. Anne : Ah ! (Elle réfléchit) Ça aurait été plus logique de mettre le verre dans le vert. C’est mnémotechnique. Maxime : Mais on ne vous demande pas d’être logique, on vous demande de trier. Anne : Ah ! Alors, par exemple : mes épluchures de pommes, je mange beaucoup de pommes c’est bon pour le transit, je les mets dans le bac vert. Et mon verre que j’ai cassé ce matin, cette fois j’ai eu de la chance je l’ai cassé avant de le laver, lui je le mets dans le blanc. Maxime : Le vert ! Anne : Oui, dans le blanc. Maxime (commençant à perdre patience) : Non ! Vous le mettez dans le vert ! Anne : Oh ! Je ne comprends rien. Maxime : Tout le verre ne se recycle pas. Le bac blanc c’est pour les bouteilles ou les bocaux en verre. C’est tout. Le reste, c’est dans le bac vert. C’est comme le carton : tous les cartons ne se recyclent pas. Il ne faut pas mélanger. Maxime remet en place les bacs. Anne : Oh ! Là ! Là ! C’est compliqué. Maxime : Mais non ! C’est très simple. Et puis de toute façon, il y a des étiquettes sur les bacs qui expliquent tout. Il n’y a qu’à lire. Anne : Ah ? Bon ! (Après un temps de réflexion) Mais les aveugles, ils font comment ? Maxime : Ah non, hein ! Ne venez pas mêler les aveugles là-dedans. C’est déjà assez compliqué comme ça !

Page 10: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 10

Anne : Ah ! Vous voyez que c’est compliqué. Maxime (s’énervant) : Mais c’est vous qui ne comprenez rien. Faites un effort bon sang. Anne : Ne vous énervez pas. Maxime : Avouez que c’est difficile. Anne : Bon ! Alors, si j’ai bien compris, parce que ce n’est pas facile quand même : le bac blanc c’est pour le verre, mais pas tous. Le bac jaune, c’est pour les emballages, mais pas tous. Et le bac vert, c’est pour tout le reste. Bon (Elle réfléchit un moment). Et alors le bleu ? Maxime : Quel bleu ? Anne : Dans mon immeuble, il y a un bac bleu. Maxime : Pourquoi vous avez un bac bleu ? Anne : Je ne sais pas. Maxime : Vous mettez quoi dedans ? Anne : Le verre... Maxime : Eh bien voilà ! Chez vous le bleu, c’est le verre. Anne : Je pense… Maxime : Comment ça vous pensez ? Anne : Je ne suis pas sûr. Je l’ai déduit. J’ai mis du verre dedans et ça a fait « gling-gling ». Alors j’ai dit : « Tient ! C’est pour le verre ». Maxime : Mais, vous ne vous êtes pas renseignée ? Anne : Ben, non. Maxime : Pourquoi ? Anne : Je ne sais pas. (Après réflexion) Mais vous vous rendez compte, si en plus personne n’a les mêmes couleurs ! Pfffff ! Maxime : Ecoutez ! Allez vous renseigner dans votre mairie, à la préfecture, où vous voulez, mais triez ! D’accord ?

Anne : Bon ! Bon ! J’y penserai.

Page 11: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 11

Maxime : Et puis, de toute façon, quand vous avez un doute, vous mettez dans le bac vert. Anne : Eh ben voilà ! Le problème est réglé. Je mets tout dans le vert, c’est bien plus simple. Maxime la regarde, consterné, puis il prend un petit livret, dans son sac, qu’il donne à Anne. Maxime : Tenez. Lisez-ça, je crois que ça va vous être utile. Anne : « Ecologie, les bons réflexes ». Oh ! C’est vous qui l’avez écrit ! Je le garde précieusement. Maxime : Lisez-le surtout. Je vous poserai des petites questions quand vous l’aurez terminé.

Scène 4

Cédric revient. Cédric : J’ai trouvé une solution. Anne (à elle-même) : C’est quand même pas facile. Alors, par exemple, un coton-tige… Bon ! Il y a du coton… et une tige…. Bon ! Je le mets dans le bac vert parce que là, je ne sais vraiment pas. Je suis complètement perdue. Maxime (à Cédric) : Il faut la recycler, elle ! Cédric : Je viens de téléphoner à la baronne Von-Derrière. Elle va arriver d’un instant à l’autre. Maxime : Ah non ! Pas la nympho. Anne : Et ma poubelle cassée, elle se recycle ? Je la mets où ? Maxime et Cédric regardent Anne consternés. Maxime : Non mais, elle a été clonée ! Ce n’est pas naturel d’être comme ça !!! Cédric : Faudrait qu’elle débarrasse le plancher pendant que la baronne sera là. Maxime : Je gère. (A Anne) Eh ! L’OGM ! Venez voir. Anne : Oui. Maxime saisit une enveloppe sur le bureau, qu’il donne à Anne. Maxime : Allez me poster ça. (A Cédric) Tu ne fais pas venir l’autre hystérique ici, elle va encore me courir…

Page 12: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 12

Anne s’apprête à sortir, puis revient. Anne : Vous avez oublié l’adresse. Maxime : Ah ! Heu… Eh bien, envoyez-la à un ami, ça lui fera plaisir. Anne : Mais, il n’y a rien dedans. Maxime : Mettez ce que vous voulez, c’est moi qui offre. Anne : Oh ! Merci, c’est gentil. Elle sort.

Scène 5 Cédric : Elle ne devrait pas tarder… Maxime : Je t’en supplie, ne m’oblige pas à rester. On entend des voix au loin. La baronne (off) : Bonjour mademoiselle. Quel plaisir de vous voir. Anne (off) : Bonjour madame la baronne. Cédric : C’est bon, je m’en occupe. Maxime se précipite dans le bureau. Entre la baronne Von-Derrière, la quarantaine, au physique très repoussant. Elle a un maquillage très outrageux, qui cache difficilement son épais duvet au dessus des lèvres. Elle porte des vêtements chics mais très ringards. Elle tient dans une main, une sorte de boîte à gâteau venant de la boulangerie. Dans l’autre main, elle tient son sac à main. La baronne : Très cher, je vous offre le bonjour. Cédric : Bonjour madame la baronne. Il lui baise la main. Il hume l’air visiblement gêné par une odeur désagréable. La baronne : Comment vous portez-vous ? (Avec un air coquin) Etes-vous seul ? Cédric : Maxime n’est pas là aujourd’hui. Cédric tentera en vain de prendre la parole. La baronne (très déçue) : Il me semblait pourtant l’avoir vu. Je lui avais apporté un petit présent. Qu’à cela ne tienne. (Un bref silence qui laissera tout juste le temps à Cédric d'ouvrir la bouche) Doux Jésus ! Vous savez que mes enfants font n’importe quoi. Croirez-vous ce que j’ai découvert dans leurs rangements ? Des biscuits à

Page 13: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 13

l’huile de palme ! (Après avoir posé son sac à main sur le porte-manteau, elle s’assoit) Vous rendez-vous compte ?! Ce n’est pas faute de leur avoir conseillé de regarder les étiquettes. Quand on songe à toutes ces forêts que l’ont détruit pour produire cette huile. (A Cédric) Vous ne posez pas votre séant ? (Reprenant) Vous y songez à toutes ces forêts ? Cédric : Oui. Dites- moi, je voulais… La baronne (le coupant) : Que je leur demande… Cédric : Ah ! La baronne : Y songez-vous ? En Indonésie, c’est une tragédie ! Le déboisement entraîne la disparition des orangs-outans. Et je ne vous parle pas de tous ces peuples qui sont démunis de leurs ressources. C’est tout bonnement honteux. Alors qu’en France ils peuvent se procurer de la bonne huile d’olive. Ce n’est quand même pas si difficile de se renseigner sur les étiquettes ! D’autant qu’ils en imprègnent tout de cette huile de palme ! Tout ! Et savez-vous pourquoi ? Cédric (las) : Que vous leur demandez ? La baronne : Parce qu’elle n’est pas chère à produire. C’est un monde ! On dévaste la terre nourricière avec tout cela, pour qu’une poignée d’aigrefins se remplissent les poches !!! Elle se tait. Cédric n’ose pas reprendre la parole. Un long silence. La baronne : Vous êtes bien silencieux. Cédric : Disons que… La baronne (regardant, enfin, vraiment Cédric) : Houuuuuuuuuu ! Vous avez une petite mine. Auriez-vous des soucis ? Cédric : Justement ! Je voulais vous voir. Figurez-vous que… La baronne (le coupant) : Ça, c’est la maladie de notre époque : les soucis ! En conséquence de quoi, les gens ingurgitent n’importe quoi, et ça vous provoque des cancers de n’importe quoi. Même de l’anus. Oui, oui, oui ! De l’anus. Que voulez-vous ! Le progrès n’a pas que du bon. À l’époque de mes aïeux, ce n’était pas ainsi. Tout cela, c’est depuis que (avec l’accent Américain) Neil Armstrong a marché sur la lune. Cédric (voulant faire une petite blague qui va tomber à l’eau) : Heureusement qu’il n’a pas marché dans la merde. Cédric rigole. La baronne essaie de comprendre en vain. Cédric, s’arrête, gêné. Un bref silence.

Page 14: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 14

La baronne (reprenant) : Dites-moi, j’ai appris que le maire voulait implanter un centre nucléaire de production d’électricité dans cette ville. Vous allez vous ériger contre cela. Je compte sur vous ! Songez à tous ces déchets dont on ne sait que faire, et que nous envoyons à l’autre bout du monde pour qu’ils ne polluent pas chez nous ! C’est honteux ! Alors, qu’allez-vous faire ? (Cédric essaie en vain de répondre) Dites-moi ce que vous allez faire ? Dites-le-moi ! Qu’allez-vous faire ? Dites-moi vite ce que vous allez faire. Mais pourquoi ne me le dites-vous pas ?! Cédric (s’emportant) : Mais laissez-moi parler, bon sang ! La baronne, surprise, se tait. Cédric : Bon ! J’ai une idée mais il va falloir agir vite, l’autorisation doit être signée après-demain…

Scène 6 Anne entre. Anne : Dites-donc ! Vous avez oublié de me donner un timbre. Elle hume l’air avec une petite grimace de dégout. Cédric (avec hâte) : Demandez à Maxime. (À la baronne) J’ai besoin de votre aide… Anne : Il est où ? Cédric (exaspéré) : Dans le bureau. On entend Maxime hurler. Maxime (off): Noooooooooon. Il sort du bureau. Maxime : Mais non !!! Je ne devais pas être là. La baronne le voit et se précipite sur lui. La baronne (au bord de l’extase): AAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Vous ici ! Vous vous cachiez petit fripon. Maxime (désespéré) : Oh non ! La baronne (lui tendant la main) : Comment vous portez-vous, très cher ? Maxime : On fait aller. Il lui baise la main. Il sent une odeur désagréable et regarde sous sa chaussure.

Page 15: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 15

La baronne (amoureusement): Savez-vous que j’ai énormément pensé à vous. Depuis le temps que nous ne nous sommes pas vu ! Maxime : C’est vrai que ça fait longtemps. Je vous croyais morte. La baronne (éclatant de rire) : Qu’il est facétieux ! Mais non, je ne suis pas morte. Maxime (visiblement déçu) : Eh non ! Cédric tente en vain de reprendre la parole.

Cédric : Est-ce que nous pourrions revenir à… La baronne (tendant son petit paquet à Maxime) : Je vous ai apporté une petite offrande. C’est de mon humus personnel. Maxime, écœuré, prend le paquet du bout des doigts. Anne (à Cédric) : Du quoi ? La baronne : Je sais que vous aimez beaucoup jardiner. Ainsi, vous ne disséminerez pas tous ces produits chimiques qui nous polluent les nappes phréatiques. Maxime (dégoûté) : Oh mon dieu ! Je vais répandre la baronne sur mes tomates ! La baronne (très confidentielle) : J’ai pensé à vous en le faisant. Maxime : C’est très délicat. La baronne : Et c’est le meilleur. Je ne mange que des végétaux. Enfin, je vous passe les détails. Maxime : Oui, s’il vous plait. Anne : Moi, je mange beaucoup de pommes c’est bon pour le transit… Maxime : Ah non ! Hein ! Vous, gardez votre humus ! Durant le discours de la baronne, Maxime va chercher à se débarrasser de l’humus. Il finit par le ranger discrètement dans le sac à main de la baronne. Anne et Cédric, très polis, écoutent la baronne en souriant faussement. La baronne : D’ailleurs, je ne mange plus du tout d’être vivant. Quand on voit dans quelles conditions ces pauvres bêtes sont élevées. Pensez à ces petits poulets qui passent leurs vies enfermés dans des bâtiments, à ne jamais voir la lumière du jour. 22 poulets au mètre carré ! Il y en a des millions en France, chaque année, qui meurent écrasés par leurs congénères. C’est une vie ça ? C’est inhumain. Inhumain ! De plus, ils sont bourrés d’hormones et d’antibiotiques pour les faire grandir plus vite. Non mais, de quel droit faisons-nous cela ? Alors ! Nous n’avons même plus la

Page 16: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 16

convenance de respecter les animaux ?! Ce sont nos cousins, ne l’oublions pas. L’homme descend du singe ! Maxime (à Cédric, désignant la baronne) : Visiblement, il y en a qui ne sont pas encore descendus. La baronne : Voyez-vous, la disparition brutale de mon époux m’a ouvert les yeux. Je me suis ouverte au monde. Je songe beaucoup à l’écologie à présent. Car penser à l’écologie, c’est penser aux autres, c’est être soi-même. « Cogito ergo sum : je pense donc je suis ». Maxime (marmonnant): Vous ne voulez pas aller penser dehors voir si vous y êtes. La baronne : Et tout cela grâce à vous. Je ne sais comment vous en gratifier. (Elle regarde Maxime d’un air coquin). Il me vient une idée… Maxime : Oubliez ça tout de suite ! La baronne : Tout de suite? D’accord. (Langoureusement) Je sais être patiente. (À Cédric) Et très généreuse avec mes amis. Je me porte donc à votre entière disposition si vous avez besoin de quoi que ce soit. J’aimerais tant pouvoir vous aider. (Passionnément à Maxime) Demandez, j’exécute. Je suis votre homme. Maxime (désignant la moustache « naissante » de la baronne) : Ah, oui, il me semblait bien que vous aviez un peu de... Cédric (le coupant) : Eh bien justement, nous avons besoin de vous. Le contrat pour la centrale va être signé après demain, et si nous n’agissons pas vite, tout est perdu. La baronne (d’un air coquin à Maxime) : Qu’attendez-vous de moi ? Maxime : Moi ? Rien ! Anne : Moi, par contre, je veux bien un timbre. Maxime, s’énervant, va prendre un carnet de timbre sur le bureau, et il le tend à Anne. Maxime : Tenez ! Allez vous les coller où je pense vos timbres. Anne : Je pense qu’ils seraient quand même plus utiles sur une enveloppe ! Non ? Maxime la regarde d’un air menaçant. Anne : Je sors. Elle sort.

Page 17: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 17

Scène 7

Cédric : Nous savons que vous connaissez très bien Monsieur Desmoulin. Vous pensez qu’il pourrait organiser une petite conférence de presse ce soir ? La baronne (très émue) : Doux Jésus ! Vous ne pouvez me demander cela. C’est un homme à femmes. Il va profiter de la situation. Maxime (faussement rassurant) : Ne vous inquiétez pas ! Vous ne risquez rien. Cédric : Madame la baronne, vous êtes notre seul espoir... Et croyez bien que nous vous serons extrêmement reconnaissants. La baronne (subitement toute joyeuse. Elle va se tortiller vers Maxime) : Ah bon ??? Laissez-moi réfléchir. Maxime (très gêné) : Réfléchissez vite ! Cédric : Maxime, je suis sûr que tu sauras remercier la baronne comme il se doit ? Maxime : Moi ?!!! La baronne : Eh bien, écoutez, dans ces conditions, je ne vois comment refuser. (À Maxime) Petit polisson, tu as trouvé un bon prétexte pour revoir la grande Baba. Je t’ai pris la main dans le sac. Maxime : Surtout pas dans le vôtre ! La baronne : Je savais que tu ne me résisterais pas longtemps. Maxime : Plus c’est long plus c’est bon. On va même attendre encore un peu, je pense. Elle touche les fesses de Maxime. Maxime : Qu’est-ce que vous faites ? La baronne : Je tâte la marchandise. Maxime se réfugie à côté de Cédric. La baronne récupère toutes ses affaires. La baronne : Je dois vous laisser. Je vais considérer la situation. Adieu. Avant de sortir elle se retourne, observe Maxime, et lance dans un soupir langoureux. La baronne : Mon cœur t’appartient déjà. Maxime : Je suis végétarien !

Page 18: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 18

Elle sort. Maxime : J’espère que tu sais ce que tu fais ! Cédric : Je réserve une petite surprise à Murielle, qui risque de lui couper l’appétit.

Scène 8 Changement d’éclairage, isolant Maxime et Cédric au centre. Ils s’adressent au public. Cédric : Messieurs-dames, bonsoir. Maxime : Bonsoir aussi. Cédric : Nous vous avons convié à cette conférence de presse car nous avons pris une décision importante. Étant opposés au projet de construction de la nouvelle centrale nucléaire, nous avons choisi de nous battre. Mais avant tout, nous devons expliquer ce qui nous a amené ici. Pour commencer il faut savoir ce que signifie le mot écologie. Il vient du latin « Oikos »… Maxime : Grec ! Cédric : Pardon ? Maxime : « Oikos » c’est du Grec ! Cédric : Oui, bon ! Peu importe… Maxime : Ah ! Non, non, non ! « Oikos » c’est du Grec. Grec et Latin ça n’a rien à voir. Il faut être précis, parce que si tu commences à tout mélanger dès le début… Cédric : Bon d’accord ! Donc le mot Grec « Oikos » qui signifie « maison »… Maxime : Ou « habitat ». Cédric (qui commence à être énervé par les interruptions de Maxime) : Et « logos », qui signifie « science ». Maxime : Ou « connaissance ». Cédric : Oui ! L’écologie c’est donc la science de la maison… Maxime : Ou la connaissance de l’habitat ! Cédric (exaspéré) : Ça va durer encore longtemps ? Maxime : Quoi ?

Page 19: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 19

Cédric : Tu vas m’interrompre encore souvent comme ça ? Sinon dis-le-moi tout de suite. Maxime : C’est bon ! Je ne dis plus rien. Vas-y, continues. Cédric : Merci. Donc l’écologie c’est la science de la maison. Maxime (marmonnant) : Ou la connaissance de l’habitat. Cédric : Cette définition est très importante : nous considérons la terre comme notre maison. Maxime (très fier, au public) : Moi, en tant qu’individu, moi Maxime, je considère la terre comme ma maison. Cédric (toisant Maxime) : On comprend mieux pourquoi c’est le bordel ! (Au public) Nous sommes donc face à une évidence : nous détruisons notre propre maison. Et le pire c’est que nous n’en avons pas toujours conscience. Tenez, on va faire une petite expérience. Imaginez-vous dans le sud. (Il prend une sorte d’accent du sud mais très grossier). Imaginez que vous êtes dans la garigue. Maxime : Qu’est-ce que c’est que cet accent ? Cédric (avec l'accent du sud) : C’est l’accent du sud. Maxime : Ah, ouai ? Ça doit être une partie du sud qu’on n’a pas encore découverte ! Cédric (au public avec l’accent du sud) : Bon ! Fermez les yeux et écoutez les cigales. (A Maxime qui tente en vain d’entendre quelque chose) Fais les cigales. Maxime fait le bruit des cigales, et mime en se frottant les coudes le long du corps. Cédric (accent du sud) : Imaginez que vous êtes dans la garrigue, parmi les cigales. Vous y êtes ? Vous sentez cette odeur? C’est la lavande. Maxime : Que c'est beau ! Cédric (accent du sud) : Vous vous dirigez vers la mer. Maxime, se laissant emporter par le discours qui suit, va mimer ce que décrit Cédric. Cédric (accent du sud) : Regardez l’horizon qui se perd dans l’eau bleu turquoise. Vous décidez de marcher sur la plage, dans le sable chaud. Maxime : Aïe ! Cédric (accent du sud): Marchez dans l’eau qui vous rafraîchie les pieds, si vous voulez.

Page 20: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 20

Maxime (soulagé) : Aaaaaaaah ! Cédric (accent du sud) : Au loin, vous apercevez un bateau qui se détache de ce paysage paradisiaque. Maxime (faisant la trompe de bateau) : pooooooooomp Cédric (accent du sud) : Le bateau se dirige vers la côte, fendant l’eau dans sa course folle. (Perdant son accent) Mais bientôt, le bleu turquoise de l’eau s’assombrit. L’eau devient noire. Le bateau s’est échoué… Maxime fait la trompe du bateau, suivi de « plouf ». Cédric : Déversant le pétrole noir dans la mer. Le pétrole se dirige dangereusement vers la côte… Maxime regardant l’air effrayé au loin, pousse un cri de frayeur. Cédric : Semant trouble et désespoir parmi les poissons et les mouettes. Maxime, emporté, traverse la scène en mimant la démarche d’une mouette engluée. Il pousse des cris qui ressemblent plus à un corbeau enroué qu’à une mouette. Cédric : Qu’est-ce que c’est que ça ? Maxime : C’est une mouette désespérée. Maxime se place à côté de Cédric. Toujours emporté, il va mimer un poisson qui s’asphyxie. Cédric : Le pétrole se répand sur les côtes. Des milliers de poissons et d’animaux marins meurent. Il faudra des semaines pour nettoyer la plage qui n’est plus que tristesse et désolation. Maxime est au bord de l’agonie, les yeux révulsés. Cédric l’observe, déconcerté, puis s’adresse au public. Cédric : Ne regardez pas cette horreur ! Maxime reprend ses esprits. Il s’arrête net, gêné. Cédric (poursuivant) : Ouvrons les yeux. Pourquoi faisons-nous tout cela ? Pourquoi nous nous obstinons à détruire une si belle planète? Avec le nucléaire, nous avons des tonnes de déchets radioactifs dont nous ne savons pas quoi faire, et que nous enfouissons dans la terre en espérant qu’ils seront oubliés avec le temps. Mais ces déchets sont très lents à se dégrader. Certains peuvent aller jusqu'à 200 000 ans. Nous hypothéquons l’avenir de 6000 générations, sans être vraiment assuré que tout se passera bien. Car qui peut prévoir ce qui va se passer sur une si longue période ? Maxime : Pas moi ! Je ne sais déjà pas ce que je vais manger ce soir, alors …

Page 21: Le début de la faim · 2020-02-09 · ordinateur, un téléphone filaire, une boite pour recycler les piles et quelques dossiers. Deux chaises à roulettes devant ce bureau et une

Ça va péter ! Page 21

Cédric : Sans compter les accidents. Car le risque est bien là. Alors face à ce constat, nous avons choisi de nous battre. Maxime : Oui ! Cédric : Nous allons nous opposer à ce projet ! Maxime (s’emportant) : Oui ! Cédric : Nous allons mener une bataille acharnée. Maxime : Oui ! Cédric : Nous avons décidé de faire une grève de la faim. Maxime : Oui ! (Réalisant soudain) Non !!!! Cédric : Nous entamerons cette grève dès demain, et ce, jusqu'à l’abandon de ce projet. Merci pour votre attention. Maxime (paniqué): Attends, attends, je crois qu’il faudrait en discuter calmement. Plein feu.

Scène 9 Maxime : Qu’est-ce que c’est que ces histoires-là ? Cédric : J’ai décidé de me battre contre ce projet. Maxime : Tu ne comptes quand même pas faire une grève de la faim. Cédric : Je ne reculerai jamais. Je vais montrer à Murielle de quoi je suis capable. Tu n’es pas obligé de me suivre. Maxime (résigné) : Je ne vais pas te laisser tout seul. Cédric : Merci. C’est gentil. Un silence. Maxime soupir en s’effondrant sur une chaise. Cédric : Qu’est-ce qu’il y a ? Maxime : J’ai faim ! Noir.

Si vous désirez lire la suite de la pièce, merci de me contacter : [email protected]