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NOTICE HISTORIQUE aw LE CII ATEAU DE TREVOUX. Dans les ruines du cliàteau qui couronne d'une manière si gracieuse la colline sur le penchant de laquelle s'étage la petite ville de Trévoux, on distingue encore aujourd'hui deux genres de constructions bien différents. La simple observation, dégagée mnine de toute notion archéologique préliminaire, suffit pour faire reconnaître que ce n'est pas la même main qui a dirigé l'édification du tout et qu'une partie de ces ruines appartient à une époque de beaucoup antérieure à l'autre. La tour octogo- ne a précédé le reste du château. Cette tour que la tradition et quelques historiens l'ont renion- ter aux Romains, quoique revêtue d'un cachet incontestable 'l'an- tiquité, ne remonte pas certainement à une époque aussi reculée, niais qui n'en est pas moins très-incertaine. Les documents con- nus jusqu'à ce jour ne parlent en aucune manière (le sa fondation, et de plus on n'y trouve ni plein-cintre, ni Ogive, ni, vu sa iiiii- tilatioim, aucun de ces détails, soit d'architecture, soit d'orne- imientation qui, généralement caractérisent un siècle et servent à l'archéologue (le premières données pour émettre une date approximative. Des raisons déduites de l'histoire locale et de l'examen me portcii à fixer au Xe ou Xi e, siècle son érection. Le plan de cette Document l t\ \ I\ tt 1 1I 0000005606917

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  • NOTICE HISTORIQUE

    aw

    LE CII ATEAU DE TREVOUX.

    Dans les ruines du cliàteau qui couronne d'une manière sigracieuse la colline sur le penchant de laquelle s'étage la petiteville de Trévoux, on distingue encore aujourd'hui deux genresde constructions bien différents. La simple observation, dégagéemnine de toute notion archéologique préliminaire, suffit pourfaire reconnaître que ce n'est pas la même main qui a dirigél'édification du tout et qu'une partie de ces ruines appartient àune époque de beaucoup antérieure à l'autre. La tour octogo-ne a précédé le reste du château.

    Cette tour que la tradition et quelques historiens l'ont renion-ter aux Romains, quoique revêtue d'un cachet incontestable 'l'an-tiquité, ne remonte pas certainement à une époque aussi reculée,niais qui n'en est pas moins très-incertaine. Les documents con-nus jusqu'à ce jour ne parlent en aucune manière (le sa fondation,et de plus on n'y trouve ni plein-cintre, ni Ogive, ni, vu sa iiiii-tilatioim, aucun de ces détails, soit d'architecture, soit d'orne-imientation qui, généralement caractérisent un siècle et serventà l'archéologue (le premières données pour émettre une dateapproximative.

    Des raisons déduites de l'histoire locale et de l'examen meportcii à fixer au Xe ou Xie, siècle son érection. Le plan de cette

    Document

    l t\ \ I\ tt1 1I0000005606917

  • G NOTICE HISTORIQUE

    notice teijie plutôt en vue ile grouper ilutour de ces ruines tutusles souvenirs (liii s'y iattaeliciit , (hiC (le les étudier sous le rap -portport architectonique, lic tue permet pu de (lisserter louigueinent.et (le prollim ici lOirS les arguments (lui peinent uuuihilcr ciieur (le mon opinion. Je me retranche (huile (tans un seul ordre

    d'idées.Rien iie )1o1I %e tiahotil que cette tour ait fait partie d'un svs-

    tèuic qucicoiuqtie de fortification. ])es meurtrières percées beau-coup plus bas u lu l e les créneaux trutiic espère i1'ii arit-cour qui ciidéfendait l'entrée et se trouvant placées depuis (]ans les appai'te-inents les plus intimes du clii\tcaii, tcnioigncraicnt au contrairedis son isolement. Son heiireuie poaition sur une espèce (le PO)I)Cnaturelle lui découvrait les plus vastes horizons. Sa hauteur étaitmesurée par sept cordons de pierres en saillie, comprenant dia-run Bit notuulue égal d'assises jaunes et Mantilles. Deux dc ces,oilotus existent encore aujourd'hui dont la hauteur totale esttic dix-sept mètres ainsi cet te tour , lorsqu'elle était intacte,(levait s'élever, y conupris le donjon, à soixante ou soixante-deuxmètres environ.

    li est ensuite u remarquer qu'elle ii ii pttis grande analogiequant n sa position, n sa structure , u lu disposition al teinec deses appareils de pierres (le couleurs différentes , avec ces toursromaines isolées décrites par Moulfaucon (I), sur l'utilité PruLiuludesquelles CII n'est tais (l'l(tOr(l, muais qui'Or(linairetndnt Oui COn-si(hre counnuic (les plus ou tours d'observation Oui dirait nièmequ'elle n été eoj) ie e servit cm en t sur Ume d'elles.

    Ciet i Wen p115 douter ilauts un hum t an alu g tic qtm'cl lcav ait étéainsi élevée ; mais quiet pouvait donc être ce but ?

    Je suis 1mité c croire qu'elle avait etc lutic pour lu sûreté dutéagc de Trévoux , l'un (les Plus importants de la Saône et uiui

    se lvaiL déjà au X e ou nui NI siècle. Une charte publiée par Gui-diction () nous appmcnud (-il cire t (Ille les sires (le Villars, dont

    ISuip 1 uléiutcuut t t'lsu(iujrti(irj liquuI. iv. liv. vu , vIi, iv. ti. I.t'i (tvIiuu, p 146.

    ) Jjvi t. de Ernst i/ de Biuje/ . Pruuue. p 2%

  • SUR LE CHÂTEAU DE TRÉVOUX. 7

    la famille s'éteignit en 1187, le tenaient de l'autorité (tes rois deBourgogne.

    En réfléchissant sur la disposition assez singulière des haiesménagées pour distribuer la lumière A l'intérieur de cette tour,cette .opinion devient (le plus en plus plausible. Toutes ces baiessont ouvertes A l'ouest et au nord.

    Dans l'embrasure de chaque fenêtre règne un banc de pierre.Toutes ces fenêtres, percées dans la plus grande épaisseur desmurs , ont vue sur la Saône qu'elles surveillent dans tous sescontours. Le paysage qui se déroule de ce côté est admirablemais, malgré cela , cette disposition n'est peut-être qu'un calculde destination (le la part des ingénieurs de cc monument ; carne pourrait-on pas dire que c'était pour forcer des surveillantsinactifs à concentrer malgré eux toute Icut' attention sur la ri-vière qu'on ne leur a pas découvert le gigantesque et gracieuxpanoraina des plaines ondulées et à l'époque 1)105 fertiles de laDombes et de ta Bresse, qui, comme une nier d'or et de verdure,ridée à peine en collines , cri vallons capricieux, viennent mou-rir au pied (les monts du Bugey dont l'arête boisée noire à l'ho-rizon tranche si vivement sur les pies argentés des Alpes et duMont-Blanc, drapés dans leurs neiges éternelles?

    Les traditions populaires enracinées par une longue habitudese transmettent de génération en génération et se perdent biendifficilement. Bien longtemps après que cette tour avait été en-clavée dans (le nouvelles constructions, aux XIV e et NY C siècles,on trouve, dans (les hues (l'un intérêt privé, le chùteau tout en-Lier désigné, comme il l'est encore quelquefois aujourd'hui, sousle nom de Tour de Trévoux.

    Les historiens s'accordent généralement à dire que vers ilOun (les sires de Villars craignant quelques tentatives d'envahisse-ment de la part de ses puissants voisins, jeta les fondements duelmàteau de Trévoux. li est aujourd'hui impossible d'en donnerune description , la main des hommes l'a trop mutilé. Quatretours, y comprise l'octogone, subsistent encore. Trois sont fortendomma gées , mais la quatrième finira bientôt par disparaitresous la luioclit du propriétaire de la vigne dans laquelle elle est

  • S NOTICE IIUYfORIQuI

    situce , qui tous les jours en extrait les pierres pour son usageparticulier. Oit se rappelle encore trøi3 petites tours dont lesfondations forent arrachées il y u une vingtaine d'années. Ma-demoiselle tic Montpensier se trompe (1011e évideinniciit en disantLdans ses Mémoires que lors de son vo age Trévoux, en 1le chûteau était cntkrctneiit détruit et qu'il n'en restait qu'unevieille tour. C'est de la tour octogone qu'elle veut parler. Sesproportions gigantesques donnaient aux autres un aie de mes-quinelie qui les faisait oublier.

    Le château de Trévoux devint le chef-lieu de l'une des douzeuliél elle nies tic la Dombes. Cette ehte1lenie qui avait le titre defloyulc, comprenait les paroisses de Trévoux, Re ricu. Toussieu,Pouilleu , Parcicu , Massieu et l)ai'ti( de celle (le Saint-Didier.Vimy, aujourd'hui Neuville-sor-Saône, en dépendait aussi avantl'aliénation qui en fut faite aux abbés de liIc-l3arljc. Les sei-gneurs de Trévoux conservèrent jusqu'en 14-28 le droit d'y per-cevoir un denier par chaque Anée de vin que bit transportaiteu leur faisant traverser la Saône, du Royaume en il Empire, soitdans les bateaux, soit sur 'les Charrettes nommées beno.

    Pour marquer que la juridiction du château s'étendait jusqu'aumilieu tic la Satine en lace de Trévoux , on avait coutume d'faire chaque minée une cérémonie tout A la fois religieuse etutilitaire sur un roc appelé Roc dc Soiot-Sywphoriea, auquel latradition rattache un p" souvenir (t). Ce roc, fort connu desmariniers et des baigneurs, u environ un mètre cinquante centi-mètres de longueur sur vingt centimètres de largeur. Aujour-d'hui, lorsque la rivière est au zéro de sou étiage, l'eau s'élèveA un Mètre ait-dessus. Autrefois il était assez élevé et assezétendu pour que les pèeIiiis y pussent déposer leurs filets. Le27 octobre 1479, il fut donné pour cet usage A Jean Bourbonmoyennant le scr is annuel dc 3 sols , et en 1457 , A Jacquesi\ugoes (.

    (1) I!htf. (h' la Ville et tut caulon h' P1' M. Jolibois, p. 49(2) Qnimduw UpI?n etpjie/liilont VU)Wiii .(litr!i Syuiplioi'iani iiuui in fluvia

    $(iijOti(I ti Sublus 1PQI't (((t T,t,.'oleii (Id ((j(()tt(atlIOtt UtJVflitt (Éd piscandwst

    )oes (.1 ic/t tte de l'twpiie. mcm. dans le eau toit E 787)

  • SUR LE CIIATEAU DE TRÉVOUX. t)

    La formation des chatelletiies en Dombes remonte aux pre-miers établissements des sires de Beaujeu dans ce pa ys (I). Pour

    sauvegarder leurs poSSCSSiOflS d'outre-Satne , ils établirent ciiqualité dc gouverneurs, dans les ehMcaux qu'ils acqueraient, desgentilshommes éprouvés , chargés dc les défendre et de réglerles inipositioiis et la police. Les sires de Villars suivirent leurexemple.

    Ces gentilshommes plus soldats que magistrats , se dégoutè-vent de cette fonction et se donnèrent, , à partir du \c siècle(les substiluts instruits des formalités (le la procédure , (lui pri-rent eux-nièmes le nom de châtelains le gouverneur prit celuiile capitaine (lit Ces deux offices se cuittulèrerit aussiquelquefois depuis.

    Les elu\telains primitifs, et plus tard les capitaines châtelains,a\ aient le coIii!flafl(iciflcnt des troupes. Leur juridiction, commereprésentant (lu seigneur suzerain , s'étendait sur tons les liel(le la châtellenie. Ils administraient les possessions domaniales,connaissaient en première instance des différends des particu-liers, excepte des causes dont la connaissance était réservée auxbaillis. Lorsque hi justice fut organisée en Dombes, ils ne purentplus connaître (lue jusqu'à 60 francs d'amende. lis présidaientaussi les asseruiblées générales , apposaient les scellés chez lesroturiers , étaient chargés de la police (les chemins et taxaientles vivres.

    Leurs fonctions comparées aux fonctions de nos jours com-prendraient celles (les commandants (le place , des maires , (lesjuges (le paix et (les commissaires (le police actuels.

    Certains droits leur étaient dévolus. Ceux (le Trévoux avaientle tiers des lods et ventes et la langue de lotis les boeufs tuésil la boucherie. Ce dernier droit., appelé droit de !onquoye, leurlut, confirme par arrêt du parlement (le Dombes du 3 mai I is I

    Un autre arrèt, du I j uuiu 1"i78 , régla à un ras d'avoine et

    à une 1) 0111e pour chaque leu le droit de eliassiproieic qu'ils l)C1cuvaient sur tous les habitants le jour de la Sai itt-Miel te] Ce(Inuit fut réuni au domaine le 18 juillet 1671

    Ihiutiucu d Aii.

  • 10 NOTICE IIISTORIOUE

    Voici les noms des châtelains de Trévoux que j'ai pu recueillirThomas de Cleteins , vivant en 1334; — Hugonin , seigneur

    de Versav, vivant cil ; - Etieiine (le Bussilx , damoiseaufut pourvu de cet office le 18 août 1404 ; - Dalmais tic la Porte,le 30 juin 1407 ; - Pierre Mauvoisin , capitaine du château, vi-vant en 1410 - Gilet de i\olley, damoiseau, vivant en 1428;—Simon tic Roverdi, de Pavie (11, seigneur de Fourquevaux, futImonime capitaine-châtelain le 4 février 1456 , cassé le 23 avril1465 , puis réintégré le 30 avril 4466. Ii mourut en 1478; -Guillaume Chapelle fut pourvu, le 23 avril 1465 , (le l'office decapitaine, et le 17 niai suivant, de celui de châtelain en rempla-cement de Simon (le ltoverdv. 11 fut dépossédé l'année suivanteet rétabli en 1478 ; - Léonard de Cliarniosset, châtelain, vivanteu 1485 ; - Simon llerthoud , châtelain , vivant cii 1487 ; -Jean de la Roche 5r de Chabannes, capitaine, en....- FraiiçoisChandelier , châtelain , vivant, cil ; — Antoine Limandachâtelain , vivait en 1523 ; Pierre d'Arcy , seigneur de laFarge , capitaine , destitué le 17 septembre 1523 , et rein-placé provisoirement par - khan (le Rancé , seigneur deCleteins. Pierre d'Arcy rentra peu après en possession deson office ; - Chaude Belkt , capitaine-châtelain , fut pourvusur la résignation de Pierre d'Arcy le 15 avril 15H)— Aimé Bellet , capitaine-châtelain , mort cil ; - Jean deChaillv, capitaine-châtelain, pourvu le 17 septembre 1590. Il futtué sur la brèche û la prise du Châtelard par le marquis de Tref-lori , cil ; - Jean Le Viste, capitaine-cliâtelain, visant en1606 - Framicois du Pignon , siiglieur de la Breihle, capitaine,le 17 septembre 1614 ; - Humbert Carnier fut l)OtIVU le mijèmejour de l'Ofli(e de châtelain ; - Pierre Slvest.rc. , châtelain , en4631 - Jean-Baptiste Girard, était châtelain cil ; - JeanMichet lui succéda le 28 murs 1719 ;—Antoine T)ivat fut nomméwhàtelaiu le 24 juillet 1730 - François Rollet , le 28 décem-bre 1747 - Jae.ques-.ntoine Farbot , le 17 juillet 1751 Ï -

    (1) Simon de Tloveidi était lombard. Il fut naturalisé frane ais, i hiprière du (lue de Jlouibo ii, pi le roi CILaIles VII, au mois d'avril 1 11 16.

    (Jeh. de /'Empie, Carton J. 168, 110 5).

  • SUit LE CHÂTEAU I)E TIUÉVOUX. Ii

    Guillaume Pélissier, le 29 janvier 17M$ - Antoine Renard deChaver, le 3 mars l7i7.

    Des sires de Villars la seigneurie (le Trévoux passa aux sirestic Thoire-en-Bugev, en 1187, par le mariage d'Agnès, fille uni-une et héritière d'Etienne Il de Villars, avec Etienne, fils d'lIum-bert li de Tlioire. Dès cette époque les successeurs immédiatsd'Etienne de Tlioire prirent le nom de Thoire—Villars ; ses au-Lres descendants celui de Villars seulement.

    Au mois (le IliflI 1243, Etienne II de Thoire-Villars, mu par unsentiment de piété si comrnnfl à cette époque, reconnut tenir enfief (le l'église (le Lyon, tout cc qu'il possédait dans les paroissesde Trévoux, Saint-Didier, près Riotiers, Saint-Bernard, Iteyiieu,Genay, %rjIl. et Couson , è la réserve du péage de Trévoux (1).

    Par cette charte le sire de 'fhoire-Villars créa véritablementlin fief en faveur de cette Eglise è laquelle il cil donna l'investi-ture cru lit d'André , son doyen , en l'absence du clin-marier qui, seul, était peut-être en droit (le recevoir les homma-ges (Iris è l'église. En récompense lui et ses successeurs furentadmis au nombre (les chanoines d'honneur de l'abba ye de l'lle-Bnrb. « Cette faveur était d'autant r1tis considérable, dit LeLabourent' , qu'ils ne l'ont jamais accordée qu'à des personnes(le haute et éminente condition, comme étaient les (lues du Bour-gogne, dc tout temps immémorial, les Dauphins de Viennois, de-puis l'an 1 8, en considération d'un autre hommage i CLIX refl(ltula! le Dauphin , et depuis aux ducs iic Berry, auxquels les roisont succédé (2).

    Suivant Guiehenort (3), Etiemie l ( IC Tlioire-Villars aurait iiejL\reconnu tenirles mêmes terres (le l'Eglisc (le L yon, le 3 mail 2 l.

    Je crois qu'il y n erreur de sa part sur la date de cette charteou tout au moins qu'il en fait double emploi. Le P. Le Labou-reur ne la signale par aucune mention dans ses Masures. Lesautres historiens (lii L onna j s n'en parlent cil tu ne manière.

    (I) A,ch. de la CiLe-d'Or, rej.st iitiittik !Jocu,ae,iOi parle jiueaeatoï.ee 1 is produela, 10 110.

    (2) Mas oses de /'Iie-Barbe. p. 163.

    (3) h 1;,'sse. 1. ii,217.

  • 12 NOTICE HISTORIQUE

    Aubret, qui n consulté avec tant de soin tous les titres originauxpouvant servir \ l'histoire de notre pays, ne la rapporte que surla foi de Cuiclienon. De plus , en ii , Mienne 1cr était bienloin dc songer à faire clos libéralités soit à l'Eglise de Lyon, soitau monastère (le 111e-Barbe, iuquel il contestait la légalité de ladonation faite en I 16 par son beau-père (I) , à tel point, qu'enI17, il contraignit Cirin, son abbé, de se départir d'une partiede ses terres. Plus tard , en 16 , mieux disposé à son égardil confirma le don de son prédeceseur et en fit hommage.

    Dans cette confirmation, il énumère toutes les terres dépen-dantes dc son domaine , qui appartenaient à l'abbaye, sans fairemention en aucune manière de Saint-Didier, Saint-Bernard, Tré-voux, Cenav , Viiny et Couson Ï il est donc plus que probableque, si, en P2fl5 , il eût donné ces paroisses , elles eussent étérappelées , soit comme exceptées (]ans cet accord , soit COuiflieconfirmées indirectement à 1'Eglise de Lyon , toutes ces terresétant enclavées les unes dans les autres.

    Je crois aussi pouvoir expliquer commuent s'est produite I'er-reui de Guichenon. Il est à peu près certain que la charte origi-nale était ainsi datée, comme l'étaient toutes Ica mitres, en chif-fies romains: Act ion. , etc. uaao Domim Al. CC. XL. tertio menseiuoio; il est aussi permis de supposer, eu égard aux raisonsalléguées ci-dessus contre la date qu'il donne, que la partie infé-rieure de l'L était altérée par un accident quelconque , de ma-nière à permettre que Guichenon , ou plutôt la personne offi-cieuse qui lui en donna une copie, prit ce chiffre pour un V etlut ,I(i/ieSin(O ctueentesiino J)Ec1MO QUINTO , et ne pouvant natu-rellenierit relier TETU:1O à l'année, adjoignit cc mot à n'ose maioet en fit le troisième jour (lu mois de mai, au lieu de lire : mil-lesiino (lucentesmmo QC.tDIUGES1310, TERCIO, )IESE MAIO.

    Etietmne Il laissa Humbert 111 pour son successeur dans toutesses seigneuries, à l'exception dc Trévoux qu'il remit en apanage,à charge de l'hommage à son frère aîné (2», à Ileuri V illars, sonscCOfl(l fils qui, plu, tard, devint archevêque de Lyon. Ce dernier

    (I) Le L((bO((,'dlll'. ). 13.

    () (;cw, j. 6.

  • SUR LE CI1ATEAU IŒ TRÉVOUX. 13

    étant mabnl'. i Anagni, ou il était aIle voit le Pape, ordonna parSIi codicille du I :i juillet, ii ses héritiers qui, après sa mort.,devaient entrer en possession de la seigneurie de Trévoux , dereconnaître tenir le cliàtcaii de cette ville (le l'arcIicvtqiie et duchapitre de Lyon et de leur en faire hommage (I).

    ltunibert 1V, fils et successeur d'Jlurnbert III . eut deux filsHumbert V qui titi succéda dans ses seigneuries , et Louis deVillars qui occupa , après la mort (le son grand oncle , le siégearchiépiscopal de Lyon.

    Le codicille d'Henri (le Villars causa de grands différends en-tic ses deux petits-neveux. Humbert V, trop faible pour résister

    l'église , fut contraint de céder. Par le traité du lundi, jour dela fête Saint—Laurent , 1304, il prêta serinent de fidélité à l'ar-chevêque et au chapitre, les mains jointes entre celles (le l'ai-ehevêque, qu'il baisa à la bouche en signe d'hommage , et re-connut tenir de l'Église de Lyon le château, le bourg, la ville etle mandement de Trévoux, et tout cc qu'il y avait., pouvait oudevait avoir, quoeun que causa proprietaiis, jurisriïctionis, seiqnorie, uie;i et ijèixii imperii , i la réserve du péage qui n'était pascompri s dans ce fief.

    En dédommagement (le cette reconnaissance , l'archevêques'engage ii donner au sire de Thoire-Villars mille livres tour-nois et le chapitre quatre cents. ils promirent encore de l'aidertic leurs hommes et (le leurs biens pour la défense de Trévouxenvers et contre tous. Humiibert fi t aussi la même promessel'église.

    Il fut aussi convenu que les habitants d'Anse seraient exemptsslii péage de Trévoux ('2)

    n

    pour les marchandises qu'ils amène-raient dans cette ville. En il est permis à Humbert d'avoirun bateau appelé Cholo, selon les us et coutumes d'Anse.

    H fut en outre stipulé relativement. il que la garde cii

    (I) Bibliothèque de Lyon, manuscrit in-4 0 , sou , le 110 908.(2) L'article 9 des Priviléijee de Tréeou.x stipulait déj la mtLne exemption

    en leur faveur. On sait qu'Anse était une des résidences favorites des arche-vaques de Lyon, et qu'ils y possédaient un fort beau clltca(I.

  • 14 $OlICE II t,'ïOItIQU F

    serait commune. Les alndnd(s , si elles n'excèdent pis lit) sousforts, ap)artiendroIIl à Farclievèquc et ail chapitre. Les irncndque sont tenus tic payer les adultères seront partagées entre1'Eglise et le sire tic Thoire-Villars. Toujours les peines corpo-relles attachées Li cette espèce de crime pourront étre convertiesen pécuniaires. Si l'on ne peut infliger qu'une peine corporelle,le chiteIain tic Trévoux doit la faire exécuter (I).

    Les confins de Trévoux furent réglés depuis le ruisseau deForinans jusqu'à celui de Massieu , du cté de la Saône ; depuisla Saône , en suivant l'ancien I'LIÎSSCaLI de Mnssieu , jusqu'aumoulin Chanu ; depuis ce moulin, en allant, par le chemin publietic Potiillcu, jusqu'au treyvo Garin, et depuis Cr trey vo. ait ruis-seau, jusqu'au Forinans.

    Le lundi après la Circoncision • il lut stipulé que le moulinque tient Hugues tic Besant, et la grange de Corcelles , tenuep(' Mathieu de Meons , situés tous deux entre Trévoux et leForinans, ainsi que leur juridiction, domaine utile et dii cet, ap-partiendraient à l'Eglise de la thème manière que les autresmouvances de Parcievi.

    Ce ifest pas ici le lieu d'examiner si ce traité, suivant les cou-tumes féodales, pouvait tendre les sires (le Thoire-Viilars vas-saux de l'Eglisc de Lyon, et par conséquent détruite I'indéperi-dance de la Domhes. Celte question sans intérèt direct aujour-d'hui, serait (le plus dans celte notice tin hors-d'oeuvre trop in-digeste. Disons cependant que les historiens et les feudistes.qui ont eu occasion il'cn parler, sont tous pour la négative ().

    Après la défection du trop fameux connétable de Jtourboiilorsquon éprouva la nécessité de trouver un prétexte juridiquepour réunir à In France la Dombes confisquée sur lui et qui si'trouvait en dehors des limites du Royaume, ou s'appuya sut' cethommage pour contester la souveraineté immédiate de ses prin-

    (1) Suivant l'article 13 des P,icihqra iLs Tre'oux , les adultères étaient

    tenus , ou tic coutil' nus dans la ville, ou tic tacheter celte course moyen-

    nant 60 Sous forts nouveaux de Lyon(2) Aubret , 0,i,;j,,c il preuves il,' ta soie teraine1 de Dom b", manuscrit,

    p 5.-- Cachet de Gaijierans, p . 51.— Collet, Slahi(a de Bresse, etc.

  • SUR LE CHATEAP DE TRÉVOUX. 15

    L(S. lAi 173 le duc du Maine deilifludi aux Comtes de Lyonl'hommage des terres qu'ils avaient en Dombes ils le refusèrentd'abord eu invoquant le codicille (l'llChlFi (le Villars et le traitédc 1 304, mais bientôt reconnaissant eux-inèmes que leurs pré-tentions étaient mal fondées, ils se soumirent.

    La même année, 1304, Louis de Villars eut aussi des (liffleul-tés avec Guichard VIII, sire de Beaujeu , qui prétendait, je nesais de quel droit, (hIC le château de Trévoux était de son nef.« Pour ces causes il prononça sentence d'excnmmuniement etinterdit à l'encontre dudit Guiehard (I). a

    En 1300 llcuiri le Villars et Humbert IV accordèrent des fran-chises aux habitants de Trévoux et firent entourer la ville demurailles. Ces murailles , qui existent encore , descendent duchâteau à la Tournache, de la Tournaclie à la tour de l'hôpital,appelée jadis Alineolia , et de In tour de l'hôpital remontent auchâteau. Quatre portes facilitaient les coin munications avec licampagne, dont deux au midi, la porte d'Aigniers OU de Villars,ainsi appelée à cause d'un bois (te ce nom situé à peu (le (lis-tance , et la porte de Lyon ou (le l'église une à l'occident , laporte du Port ou (le Saône ; et uiuue ait nord, la Porte Saint-lIer-nard. Les gardiens de ces portes étaient à la nomination deslia bitants.

    Suivant l'article LXX des franchises, les bourgeois de Trévoux.i'étaient pas tenus d'aider le seigneur pour réparer le cliàteaii.Cc )rivilége est un des plus considérables accordés aux botir-genis. Eu effet , dans aucune (halte tic nos pays je n'ai trouvéune disposition aussi dérogeante aux devoirs de la vassalité. Enexemptant, les bourgeois (le contribuer aux réparations titi chA-tenu, les sires de Villars se désistèrent d'un droit tellement im-l)Ortnit, que bien souvent dans les franchises que les seigneursaccordaient aux CounnlurwS , ils avaient soiui pour que l'on nepuisse induire (le l'exemption (les corvées , l'exemption (le sapart contributive aux réparations du chôteau , de se le reteniren le précisant dans une clause toute spéciale ; c'est ainsi gluenous lisons dans la charte (le Givors, art, 14 : « Les hommes OU

    (1) Pamadin. lus!, de Lyoi, liv. ii, ch. i.vii,, p 174.

  • 16 'NOTICE IIISTOItIQUE

    jets de 6i ors et mandement d'iccluii viendron t travailici' auxI A timents cl répara t ion s (les clôtures titi châteaut tontes les finque lesdits seigneurs et les nobles le jugeront nécessaire. »

    L'entretien de l'ciict'inte cl des fortifications de la ville étaitu la diarge des bourgeois de Trévoux, encore les communesvoisines devaient-elles y contribuer. En 1 41, les habitants (lePareicu et Massicu s'en prétendirent exempts , aux ternies decertains privilèges qu'ils disaient avoir ils perdirent leur procèsdevant le bailli dont lit sentence fuit confirmée par celle deCharles (le Bourbon, souverain de L)ounhes, qui voulut de plusqu'ils contribuassent au guet et garde de la ville. Cette Sefltelt('(fut rendue ù Trévoux, le 17 aril t4i0, dans la maison de JeanVeizé, appartenant i Aux (le Fetand.

    En 1606, llenri (le Bourbon oi'doiiiia il'iuttposei' (inc SOIIIUIC (le1,500 livres sur tout.e la souveraineté pour réparer les murs ticTrévoux. Les états s'assemblèrent et litent des représentationsqui curent probablement pour résultats de laisser les frais dereparations i la charge de la ille , car, pour la soulager, M. deMesson, conseiller du due de Bourbon, fit accorder aux babitanisle quart (les lods t1tii écherraient an prince dans cette seigneurie.

    En 161 , M. de Montholon , tuteur (le Marie, unique héritière(le Henri , son père proposa aux habitants de Trévoux l»iinpo-.sitiori (lu droit de Tiesaiu , coiniite cela se faisait .i SI-Tiivier, àThoissey et dans d'autres villes (le la 1)oinhes , et dont le produitétait affecté aux réparations (les murjilles. Ce droit de Tt'esninconsistait i payer ii la ville le prix (lu treizième pot de viii venduen détail par chaque cabaretier» « Le petit peuple de Trévoux et1)dut-ètre quelques autres ne goûtèrent point cette propositionils portèrent tics poignards dans l'assemblée et menaçaient (l'enFrapper Ceux (1Ui étaient d'avis d'imposer ce (hou., et de jeter dansla rivière ceux qui le lèveraient, et rompirent l'assemblée (1). »Malgré les protestations des huolti Lants dont on violait les I t r iVi -léges , ce droit l'ut établi et deviuti la source (lit droit d'aide établidepuis dans la souvciaincté.

    Mademoiselle de Montpensier a\ ant lélifli t SOU (loullaiuic ('C

    (I) Auluet. .Im(,ir('R pour servir ii i'Hst. ile bombes, manuscrit.

  • SUR LE CHATEAU DE TItÉV4)IJx. 17

    droit de Tresain la province Ciitirc fut ()l)ligée dc contriliuiei'aux réparations des murailles par arrêts (lit conseil Souverain dcDombes (les 14 août 1664 et 27 septembre 1666 (I).

    L'article LXX (les franchises exemptait aussi les habitants deTrévoux (l'aller faire le guet au château. Cette disposition se re-trouve dans la charte (le Lagnieu.

    Tous les justiciables des seigneurs étaient obligés d'aller fairele guet. Certaines chartes en stipulaient CCf)Cndallt l'exemptionen faveur de quelques personnes privilégiées. 1 Cuiseaux et àColigny, les habitants de la maison dans laquelle les fours étaientétablis ne le (levaient pas ; à Seyssel , les habitants (les maisonsappartenant à des chevaliers ; ii Montréal , les chapelains, lesclercs et les autres religieux à Jasser)n , Colignv, etc. le pro-priétaire ou locataire d'une maison dans laquelle sa femme ou safille sera an lit, en couche.

    Lorsque les seigneurs étaient riches et qu'ils avaient.dcs gens(l'armes à leur solde pour veiller à leur sûreté personnelle et àcelle de heurs terres, au lieu de corvées et de guets ils stipulaientde leur vassaux des redevances annuelles en blé , en vin ou enargent qui , en quelques lieux, s'élevèrent jusqu'au vingtième (lesrécoltes, cc qui lit donner à cette redevance les noms (le droit (leraintain ou (le SOUVemen(. Louis XI , par une ordonnance dc 1479,fixe à cinq sols cette redevance annuelle et ordonna de plus, qu'àl'avenir, le guet ne se ferait plus que depuis le soleil couchantjusqu'au soleil levant.

    Louis de Villars (l ui avait recu (l'Jlenri , soit oncle , laseigneurie utile de Trévoux , acheln (te Pierre de 1"rans , le9janvier 1304, au prix de 60 livres viennoises , l'' l'usage etles besoins du château , le bois ( le Dellos, situé entre le châteauet le chemin (le St-Didier-de_Foi .inaos à Lyon (2).

    Le bois (te Villars dont j'ai parlé ci-dessus avait la mème des-tination , et lorsqu'en 1467 les officiers (le Jean Il (le Bourbon ledonnèrent ainsi que celui (le Dellos à cens et Servis, (e prince

    (1) .41C!(. de l'Empire, V. 5(il 2.(2) A,'rh. de l'Ernpi,'e, P , 1390, ente 508,

    IP

  • 18 NOTICE HISTORIQUE

    cassa le liai! Conflue étant nuisible Ïi lut et t ses .tijcls , piOCC qtte

    ces bois étaient destinés pour le chauffage et les autres nécessitésde la garnison et des fortifications (le Trévoux.

    lluinbcrt V avait épousé Eléonore de Beaujeu , et lui avaiLdonné pour en jouir comme douaire les châteaux dc l'révoiix , ( 1(1

    Cliatelaid et quelques villages. Le 10 avril 1331 , il éiuuicipahiumbert. VI son fils , et lui donna les villes et châteaux (le Tré-voux , Villars , Poncin , etc. (1). 11 mourut en 1336.

    Ilunibert VI épousa en sCeon(IeS noces Béatrix de Chaton , filletin comte d'Auxerre, dont il rut Humbert VII, qui lui succéda.Ii mourut le 18 aoùt I37.

    Humbert Vil , le dernier des sires (le Thoire-Villars , avait uneprédilection toute particulière pour Trévoux , qu'il habita la pItisgrande partie de sa vie. Il résidait tantôt au eliCteau , tantôt dansune maison sise au bas de la rue dit Port, appelée dans les titres(k I'épo(Iuc J!dfrl OU Maisons liasses de monseigneur de 7i11ars.Cette maison qui existe encore appartient \ la famille Ciavièrc.Un grand noiiihr'e (le titres sont datés (le ces deux résidences.

    Ilumbert Vil possédait toutes les qualités requises p' succéderdignement ii ses prédécesseurs. li prouva sa valeur en combattanten qualité tic lieutenant (lu comte Verd contre Galéas Viscontiet plus tard contre les Valaisans et tes Anglais sa sagesse brillaau conseil de régence tic Savoie 1)efl(laflt la minorité du coiiitcAmé ViII. Mais la mort prématurée dc son fils unique. Nilit en-gourdir tout. thin coup en lui ses brillantes facultés et le jeterdans tit i découragement invincible. Un malheur it'arrive jamaisseul. l)ans le même temps , l'église de Lyon lui suscita des dfti-cuités et le duc tic Bourgogne s'empara de Montrel , d'ArbentBrion et 41e toutes ses terres du Bugcy. Humbert essaya de fairelace t sa mauvaise fortune Isabelle d'llarcourt , soit épousefemme (le tète s'il en fut, le secondait de tout sort pouvoir, maisde jour cii jour sa position de fâcheuse (icVeWtit critique; laguerre en ruinant ses finances l'avait mis i bout tic ressources.

    Louis Il de Bourbon , qui venait d'entrer en possession du

    (I) Giiiclienon. liisi. d' Ik'ssr, I. Ir, p. 227.

  • SUR LE CHÂTEAU DE TIIÊVOUX. 19Beaujolais et quelques seigi1 uries de Dombes en vertu de la do-nation ô lui faite par Edouard de Beaujeti, sut habilement profiter(iv ces circonstances et, tIr l'ascendant tlil'avait Isabelle d1larcourt,sa nièce, sur soit pour agrandir ses possessions des bords(le la Saône de la plus belle partie de l'héritage des Villars. Hum-bert se voyant sans enfant, et peut-être, vu son âge déjà avancé.sans l'espérance d'en jamais avoir, dcouta les propositions qu'illui fit faire. Du reste une vieille amitié les unissait déjà. LorsqueLouis il assiégeait le château de Belleperche en Auvergne quetenaient les Anglais , llunibcrt avait mené cent lances à so it

    (1). il lui vendit donc, le 2 août 140'2, au prix (le trenlunulle livres tournois . les villes, mandements et eltateilenie deTrévoux , d'Àmbérieu et du Chatclard. il s'en réserva l'usiifruiljusqu'ô sa mort, et la faculté de les racheter s'il lui survenait iii)eufan t.

    Le 18 du même mois, le duc de Bourbon lui promit, en consi-dération de cette vente , de lui donner conseil, (le le protéger. delui garder l'honneur de son corps et son état comme il ferait dcson propre fils (9).

    Pour s'assurer la possession (le Trévoux, il ache ta le 30 juin 1407,au prix de 500 livres, l 'office (le cliôtelain pour Dalmais de laPorte qui promit tic lui remettre la ville et le cltôteaii à la mortdiluinbert VII (3).

    En 1419, Pierre Bernalin desservait la chapelle du cltûteau. Sesgages, comme aumônier du sire de Villars , étaient. de 10 florinsdeux i'nées tIc froment, trois (le seigle, six dc vin et quatre livres(le cuir.

    Ilumnhert VII de Tluoire-Villars mourut ô 1'ré oux le 7 mai 1423.Une lettre d'isabelle (illarcourt à Marie de Berri , duchesse deBourbon, prouve que (uichcnon n'a rien avancé de trop en (litJI Iqu' liumbert mourut Cha rgé dons et denu ois,

    Cette lettre est. assez curieuse pour trouver place ici

    (1) De la Roque. Hist. otnéa1o9ique ,le la atai,on de !lirreourt, I. t. p. 510(2) xfreh. de l'Empire, P 1391, cote 529.(3) Are-14. de l'Empire, p. 13q0. eote ril.

  • 20 NOTICE HISTORIQUE

    « A na ires redoublée il-aine iniuhime la duchesse de llirbonnoiet d'Auvergne.

    « Ma tres rctloubtec dame, je me recommande n vous humble-ment , et vous plaise savoir que j'ay receliez vos lettres par les-quelles j'ay seeu voire bon estat , lequel l)ieux veuille conserveret garder connue votre cuci' le dcsirc. Et car je suis certaine quedesirez savoir du mien , plesc vous savoir que a l'cscriptiu'e despiesentesje estoie en bonne prosperite, (lue ce vous veuille Dieuxottroier. Ma tres redoubtee dame, sur ce que me aves escript quevous vouidriés et desirés moult savoir et estre informée avec lesgens de votre conseil du droit et action que pretent avoir 111011neveu le seigneur de Roche es terres de Trevos , du Citastellar etd'Atnherieu, et que je vous vueille faire avoir les lettres ou vidimusensemble sur le fait d'Aiinonay, sur quoy vous puissiés avoir déli-bei'acioii avec votre conseil , plaise vous savoir (lue de toute cesteitiatiere et des dis di-ois et action j'ay tout dit et raconté au vrayce que il en est n votre juge de Beaujaulois , lequel VOUS en doitavoir eserit tout nu long et applaiii. lt sur la (lelivrailce de monredoubté site de Bourbon , dont nie avez escript qu'il sera bienbrief dcliv ré sans faire veridicion , et s'il eonveitoit vendre quevous ne le ferés point sans ma sceue, laquelle delivrance je (lesirede tout mon cuer et prie n Dieu qu'il soit hriefvement ainsi colonieinondit sire et vous le desirés , et pleust a Dieu eusse-je financeet gages dont je vous peusse aidier n la (lite ilelivrance , cOtiltiiCseroit voire voulente, car se je i'avoye et feust en nia puissance jele ferove sans le demander. Mais en vérité je suis si chargiée depledoiries et de l'estat de monsire tenir qui est foihie et ancien, eteliascuns lui tletnanule et il ne treuve amis (lui le veuillent amparertic riens, mais covient a birce (le ce que je puis faire et tineF de saterre et de la mien je despende tout a lui et moy deffendre. Mati'es redoubtec dame s'aucune chose vous plaist n Inoy possible deliiiip , je le ftroy de Ires 1)011 cuer, priaflS notre seigneur qui vous(lonist tres bonne vie et longue. Eseript ii Trevos , le 4e jour dejanvier.

    Votre humble YstImL DE H.RcoUnT, DAME DE Vij.ins t). )t

    On lit aussi dans un mémoire d'lsahel d'llareourt, contre l'abbéet le couvent tic Chassaigne : e Iten i est vra (lue niiitlit sei-gneur de Villars à sa dernière lin lit sou tesLituciit, ja soit ccqu'il n'avoit de quo y tester , quar il avoit vendu que donné tousses biens rnublcs et in mimubles... Monsieur de Villars `voit tant

    (I) Arc/i. de 1Etnpii's, p. 13, cote 2474.

  • SUR LE CHÂTEAU DE TRÉVOU. 21

    despcnsicz, tant ô paier plusieurs grans afîères de guerres qu'ilavait ciespendu et vandu tic ses vavsselles pour ses afferes et né-cessités. » (Ai-eh. de l'Emp. reg. p. 1389, cote 24).

    Aussitôt après la mort dlluiiibert, Marie de Berri , femme deJean 1er, successeur (le Louis li dc Bourbon , prit l)0SSCS011 deTrévoux au nom de son mari, qui était alors prisonnier en An-gleterre, et fit, entrer François Boule et sa compagnie dans lagrosse tour pour garder le chôteau et la ville.

    Pendant les mois d'août, septembre et octobre de cette mmcannée 1423, 1111 corps (l'Anglais vint en Dombes, où il répanditun tel effroi que les titres appellent ce temps le temps de la peur.Pour leur résister, on assembla les trois états du pa ys , et Oiseletde Conflans fut mis en garnison ô Trévoux.

    Les ducs de Savoie qui ne cherchaient qu'une occasion pours'étendre jusqu'aux bords de la Saune, crurent pouvoir profiterde la captivité de Jean 1er de Bourbon pour tenter un coup demain. Sollicité secrètement pal' Aiué VIII, François de La Palimseigneur de Varambon, entra en Dombes ô la tête de 2,000 coin-battants, et dans la nuit du 18 mars 1431 s'empara de Trévoux.Tous ses efforts vinrent se briser contre les murailles (lu châteauet le courage de ses défenseurs. Comprenant qu'il ne pourraitjamais rester maître de la ville s'il ne l'était du chêteau , il se liMadcui lever le siége , craignant d'être surpris par les troupes quimarchaient contre lui. Il emmena prisonniers avec lui la pluparttics habitants auxquels il fit payer (les rançons exorbitantes. HenriGentien, maître de la monnaie, paya pour sa part 1030 écus d'or.

    Vaiambon fut assez cruel pour employer la torture contre ceuxqui ne purent se racheter à temps. Aux chrétiens, il fit arracherune (lent, aux juifs deux et de plus couper une partie de l'oreille.Une douzaine dc ces malheureux moururent dans les fers (1).

    Jean 1er de Bourbon, ou plutôt. Marie de Berri, fit battre monnaiemomentanément au château mernc de Trévoux. Il paraît d'aprèsun mémoire de I 'f38, sur les contestations entre la Dombes et laSavoie, que Charles de Bourbon fit aussi battre an m

    ême lieu (2).

    (1) Louvet. Iii.,!, de Beoijolais cl l)mnbea. manuscrit, t. 11,77(2) Aubrci.

  • NOTICE HIS1'OItIQUF

    La chapelle lu sire de Viii ais était deve n ne li cli a pelle dc lajiionnaic, et fut successivement desservie SOUS CC nom par PierreMerle, Benoît Jordain et Frarirois Bertrand. La permission accordéeà cc dernier, le 29 juin 1483 , (le dire la messe au grand autel (lela paroisse nous apprend que cette chapelle était tombée en ruine.Cette pièce très-courte mérite trètre citée

    Monseigneur (le Beaujeu a ordonné , veu la requeste a luifaicic par IIiCSSU'C Fruicois Bertrand , cliappclain (le la chappelle(le la monnaie assise cii son chasteau de Trevou , qui est leiiio1et tombé , qu'il puisse chauler et eehhrcr la ii)cssc ordin;iiri tititse (lisoit en la dite elmappelle in grroil autel (le leglise (lu ditTIevi ItI , full commission0(11 et jusques o e e y celle sont le fil I etcmise o point 011 UC autrement par iiioii&lit. se i gneur CII Soit or-donné. Car tel est son plaisir. Fait. ail Mootils-les-Tours , le29C jour de jning , l'an unit ecce quatre N ingt et trois.

    NUEILLETTE (t). u

    Le eliàteau iv ait déjà été réparé plusieurs 1>is.En I 4O, Louis 11 (le Bourbon, dans la crainte des Bourguignons

    qui uiiciiaitieiit la Dombes, y lit faire des réparations à ses propresfrais , quoiqu'il rien eût pas encore la jouissance.

    Au mois d'aoùt I 1É . 2 le , Pierre de Briun(laS , juge ordinaire duBeaujolais y fil aussi foire des réparations.

    En 1478 , Jean li dc Bourbon fit réparer ta grosse tour, lainhabitable.salle , les degrés et le four du (iIàleau qui devetia it.

    En 1483 , on lit recouvrir la tour octogone. Les habitantsfurent commandes 1 011r voiturer le bois. o On y mit ituic gri-votielte aux urines de Monseigneur, que le receveur appelle (luisson compte bannière à fleurs (2). o

    En 1493 . huques (le l'Orme et Andié llvpolilu , maître (lesiPilUètes (le Pi nui , Il de. Bourbon , firent faire plusieurs répu-ta lions à la grosse lotir et surtout aux planchers qui étaient près(le ('rolulel.

    Eut 1497, le feu du ciel tomba sur cette tour.Pierre li (le Bourbon ne laissa q tu ' ii n e li li eSu za nne , qui

    (I ..lrr/e dr I'Iiipii'e,. 1360, en,

    (?) Ajiitrel tien,. II(' (I l(S'fl?

  • SUR LE CHÂTEAU DE TR1\OUX. 23

    épousa Charles III de Bourbon, connétable de Fronce. Suzannemourut le 28 août 11, après avoir institué son mari son hé-ritier I1IIiVCFSCI.

    Louise de Savoie, mère de François 1er et cousine germainede Suzanne, pour se venger du connétable qui avait repousséson amour, lui fit intenter devant le Parlement de Paris unprocès qui ne tendait à rien moins qu'à le dépouiller de toutesles terres qu'il avait recueillies dans la succession (le sa femme.Elle en obtint mème le sequestre avant le jugement. Outré detant d'injustice, le connétable trahit le roi et prit le parti ticCharles—Quint. On sait combien tic malheurs sa défection attirasur la France.

    François 1er fit confisquer ses biens et ses terres. Le jeudi 17septembre 1 23 , Pierre de la Guiche, bailli de MCofl uni ATrévoux prendre possession de la Domhes. Antiionie Fontaines,Michel Gaite et Vincent Montent, échevins, lui remirent les clésde la ville Anthoine Lymanda , châtelin , lieutenant de Pierred'Arey , lui remit celles du château qu'il confia è Jehan tic Rancé,seigneur de Gletcins. Claude de Cliavard, crieur publie le Tré-voux, lut â son de trompe et afficha dans tous les carrefours dela ville la proclamation suivante

    « De par le Ro y , seigneur et baron de Beaujolois, l'ün faitassavoir que la baronnie et seigneurie (le Beaujolois est prinse,mise et reduiete soubz la main du roy notre dit seigneur. L'onfait inhibitions et deffenees à messire Charles de Bourbon et àtous euh disans ses officiers et autres, sur peine de confiscationde corps et de biens, que contre et au préjudice desdites prinseet main mise ils n'ayent o attenipter 011 innover directementou indirectement et aucunement empescher l'elTeet d'icelle.Item l'on fait inhibitions et deffcnecs à tous les vassaux (le laditebaronnie qu'ils n'aient o recognoistre ny faire hommage, atihe-rance, ny oheyssance a messire Charles de Bourbon sus semblablespeines, et mesmcment d'encorir félonie et perdre leurs fiefz. En-cores l'on fait inhibitianet delTences â tons redevables a la receptedudit pays de Beaujolois de non pacm leurs deniers o autre queau treorier estably pour le rov cri ladite haronie, cL cc sur peyne

  • 24 NOTICE HISTORIQUE

    (le Perdre ce qu'ilz payeront et tic leur faire repayer encores uneautre foys (1).

    La Dombes ainsi confisquée fut remise à Louise tic Savoie quici ' jouit pendant toute sa vie. Après sa mort elle lit retour à laFiance. François 1er vendit, en 4543, au prix de 4-2,000 livres,la seigneurie tic Trévoux à Charlotte d'Orléans, duchesse deNemours, qui la transmit à Jacques de Savoie. Henri Il la rachetale 29 niai 15U, et la revendit le 3 juillet de la mèrne année auPrix de 52,500 livres, à François et Nicolas llenry, fils et héri-tiers de Cuvot Jlcnrv , seigneur de Crémieu et de Feujs, et àJehan Passy dit Bello, seigneur de Neronde et de Clcppc en F'o-réz (2). Ces ventes furent toutes à grâce de rachat Perpétue].

    Pendant que ces derniers engagistes étaient niaitres (le Tré-voux le chiàteau tombait presque en ruine faute de réparations.Dans une dnquéte du 21 juin 1564- les témoins appelés déposentcc qu'ils avoient laissé tomber un donjon ou tour tic bois et sonaiguille qui étoient au-dessus de la grande tour de Trévoux, quiétoient très-beaux et couverts de tuiles plates. lis disentaussi que,quoique la fflOisøn joignant la tour fit caduque, ils l'avaient laissépérir par leur faute, n'y n ant fait ISire aucune réparation. Ils(lisent aussi que la maison on hôtel de la monnaie, oi'i on l'avaitbattue (lu temps (le Charles (le Bourbon, é toi t près (le la tout,(les Juifs et qu 'on l'avoit laissé ruiner (3). »

    Le 27 novembre 1560, Francois Il réintégra dans les biens desa famille Louis III

  • SUR LE CHÂTEAU DÈ TRÉVOUX. 25

    qui Mt à cinquante lieues aux environ; que le tout alloit tou t -lier en ruine faute de réparations. Ils prièrent les procureursdenos princes d'aller visiter cette tour et de la faire réparer... Lesenfants de Trévoux firent demander qu'il leur fût permis deS'exercerà l'arbalète et à l'arquebuse et aux autres armes; d'avoirdes prix qui seroient distribués au plus habiles, et qu'il leur fûtpermis d'aller aux fêtes et assemblées avec des armes commeils avoient accoutumé (1). »

    Le chûteau et la tour furent visités ; et cc fut sans doute ensuite de cette visite qu'Antoine de Rogemont fut chargé de fairefortifier Trévoux.

    Au mois (le janvier 1563, Soubise qui tenait Lyon, cii fit sor-tir cinq ou six mille huguenots qui vinrent saccager la Bombeset en tirer les provisions dont ils étaient dépourvus.

    Le capitaine Moreau, à la tête dc trois mille hommes de piedet (le quatre cents chevaux s'empara de Trévoux. La garnisondu chàteau refusa de se rendre. Moreau fit miner une tour quisauta avec ses défenseurs. H y prit six mille muids de fromentqu'il envoya dans les greniers publies (le Lyon (2).

    Aubret semble dire que c'est la tour octogone qui fut minée,et il reprend (le Thou de ce qu'il avance qu'elle fut renversée.« Il est vrai , dit-il, que l'on fit sauter une voûte et trois ouquatre planchers qui étoient dans cette tour et qu'ayant mis despétards dans le gros du mur, du côté de la ville, les Huguenotsen firent sauter un pan qui se détacha en pain de sucre renversé.Mais l'effet du pétard ou de la mine ne fit que fendre et un peuélever cette partie du mur qui retomba dans le même endroitd'où on l'avoit voulu séparer, et qui y est encore à présent, cettetour subsistant encore et paraissant aussi belle du côté qui esthors la ville que si elle vcnoit d'ètre hàtie. »

    De Trévoux ces troupes allèrent à Beauregard dont elles pil-lèrent le chàteau, puis rentrèrent à Lvon avec leur butin.

    Avant de sortir de 'J'mévoux elles avaient pillé et ruiné l'église et

    1) Alibi-et. lIi,i. m(4fl148c. SU)' ht(2) De 'l'lioim, 1. n, liv. x'xiv, eh, , p. 330 de l&liiioti de Lotidits, 1733.

  • 26 NOTICE HISTORIQUE

    enlevé les cloches. Le chapitre avait déposé dans le château tousses titres les plus Précieux qui 1)éFiCflt lors de la prise de la tour.

    Depuis cette époque le château de Trévoux ne fut plus habitéquoiqu'il y eût un capitaine châtelain. Les murs d'enceinte de laville seuls furent entretenus et réparés , notamment eu 1622pour obéir à une simple mesure de police et assurer la tranquil-lité des habitants.

    Jusqu'à la Révolution les ruines du château furent conservéesavec on religieux souvenir. Le Trévoltien en étaitétait lier et lesinontraitavec orgueil. Ces murailles lézardées, ces pierres mous-sues avaient vu naître et s'écouler les générations de ses pèreset résumaient l)o(11 lui les traditions vivaces du passé. Un gardespécial, a ant pour rétribution la jouissance des cours et dépen-dances du château , devait veiller à ce qu'aucun (légat n'y fûtcommis par les visiteurs.

    La tour octogone surtout , image parlante dans les armesanciennes de la commune, méritait ce soin. Conservant toutesa hauteur primitive , ruinée intérieurement niais ferme sur sabase , de son ombre elle couvrait la ville , et sa couronne decréneaux surmontée dc quatre lions de pierre se mirait encoredans la Saône.

    En exécution des arrêtés des représentants du peuple dans ledépartement de l'Ain concernant la démolition (les châteauxforts , remparts, etc. , de Javogues (lu 16 frimaire an Il, etd'Albittc du S pluviôse de la même année, les administrateursdu district de Trévoux s'empressèrent (le se mettre à l'oeuvreparfaitement secondés qu'ils étaient par le conseil général de lacommune.

    On commença (l'abord à démolir les remparts, puis on en vintaux portes. Par décision du conseil général, du 6 ventôse ami 11,les citoyens forent invités à venir s'inscrire poiii' concourir à cette(lelf101iti(Ffl, dans l'église convertie en temple de la Baison. Lamunicipalité (le Couzoim, sur la demande qui lui en fut faite, en-voya des mineurs 1)0111' accélérer les travaux. Ils arrivèrent àTrévoux h 27, et se clmai'gient, moyennant cinq francs par jour,de l'aire sauter la grosse Lotir mille ne pouvait entmiler la pioche.

  • SUR LE CHATEAU DE TRÉVOIX. 27

    Le l' germinal, on commença à démolir la porte Mont-Bernard(Saint-Bernard). Les conducteurs (le cette démolition étaient Bou-eharlat père , Vignon, Pierre Boucliarlat iL Ballet. Madame deTavernost l'ut contrainte de commencer en même temps la démo-lition mies appartements qu'elle avait au-dessus de la porte du Port.

    Le même jour , le conseil général « désirant exécuter aectoute la célérité possible l'arrêté du citoyen Albitte, après avoirvérifié par luy-nmèine, et fait vérifier pal' geils connaisseurs toutesles parties étant dans l'intérieur tic la commune sujettes à dé-molissenient, a reconnu que la tour de Trévoux, monument an-cien , était d'une construction si ferme et si solide qu'il étaitimpossible (le parvenir à son démolissenicnt que par la voie dela mine, qui serait jouée dans ses différentes parties pour enaffaiblir la base, niais (1110 la pénurie (les poudres où se trouvaitladite C011ililtIfle l't ait mis jusqu 'à Ce moment hors d'état dedétruire le signe (le la féodalité qui cil encule aux ci-toyens. » En conséquence il arrêta qu'au des siens se transpor-terait à Comnhilae-Affranchie [1011F Cli obtenir (les représentantsdu peuple. Deux quintaux tic poudre fuient ac('oI'ties , et lesmineurs, c'est-à-dire Pierre Chapu is, Chaude Bonhomme, SimonVillefranche et Cl;iude l.aniui'e. se mirent il Pour ras-surer 1(5 citoyens sur l'effet (le la mine, ils s'engagèrent à t'estersur le rempart au niouiieut dc l'explosion ; mais ils se lassèrentbientôt et abandonnèrent leur entreprise. La municipalité teu»ità consommer son (euvi'c, il 1811111. (lOue aviser à d'autres moy cils.

    L'escalier qui déservait tous les étages (le cette tour avait etc(le I i'u il par accident quelque tempsS ail ii'asa nt. (Jil habita ii I deTrévoux désirant voir avec plus d'Cllsenllde un feu d'artificelire à Lyon, monta au sommet et fit 101111)01' d'un des créneaux(Inc pierre assez lourde pour rompre, la dernière inal'('lIe (le cetescalier, qui enti'aitma toutes les autres dans sa chute. Il restaainsi perché 1iciidiiiit trois jours 5(1115 qu'on pût, Irouver la pos-sibilité de lui porter secours. ()il d ecou y rit cii fi n un marinierici.assez fiwt et assez adroit pour lui l'aire parvenir, au mo y en d'uneflèche, (Iii petit pelo[on (le lit iloiil il se servit pour ail ii'ci' suie-m'essii't'iiieii Ii luit une corde aNsvZ SOli(IC 1)01)1' le sluIil)Oi't ('I'. li

  • 29 NOTICE HISTORIQUE

    l'assujctit comme il put, descendit sain et sauf, tuais mourut ticpeur quelques jours après.

    Par délibération du 9 germinal, il fut décidé que pour arriverà l'entière destruction de cette tour on élèverait des éeliaffau-dages qui permettraient d'en atteindre le faite ; en conséquencetous les charpentiers de la ville furent mis en requisision.

    La démolition de la Tournaclic fut donnée par adjudicationau rabais à Claudine Nugé, femme Raton.

    Aucun étranger tla commune ne pouvait faire partie (le l'atelierde démolissement , dirigé par un conducteur, Bertrand Vignon, etdeux piqueurs sous ses ordres, François Boucharlat et JosepliGravillon. Les femmes et les enfants étaient admis i en fairepartie. Voici le tarif des journées de travail fixé par délibérationsdes 4, 5 et. 21 germinal

    conducteur, 5 livres.piqueurs, 3 -hommes travaillant sut' les murs, 50 sols.-portant les pierres,30 -

    femmes et filles majeures,24 -enfants de tout sexe depuis 12 ans jusqu'à 16, 15 sols.

    Depuis le 1er germinal an Il jusqu'au mois de Vendémiaireau 111, on ne cessa (le démolir. Les matériaux entassés pèle mêlefurent vendus aux plus offrants, et servirent i reconstruire plu-sieurs maisons du quartier Mont-sec et la plupart de celles dela rue du Palais.

    Le produit de toutes les ventes s'élèva à 4,996 livres 15 sols.Le clnUeau fournit à lui seul pour 3,522 fi'. 15 sols (le matériaux.

    Un décret du fi. janvier 1813 autorisa la vente des tours duchâteau de Trévoux nu profit dc M. Jantes. Cette vente lui futconsentie par arrêté (lu préfet de l'Ain, en date du 21 octobrede la même aminée au prix de 30() francs. Cette somme n'ayantpas été versée dans le délai fixé, une décision (lu ministre desfinances (lis fi octobre 1814, remit ces ruines in la disposition (lel'administration des domaines.

    En 182l, il fut ilc nouveau question (le les aliéner, et je nie

  • SUR LE CHÂTEAU DE TItE\OUX.

    1)Iak d reconnaître que c'est à la diligence personnelle deM. R;itTin père, alors maire de Trévoux, que nous devons leurconservation. Je transcris ici quelques passages de sa requête.

    Si, comme il est permis de l'espérer d'après les principesconservateurs qui dirigent le gouvernement, ta première condi-tion de cette vente doit être que les objets aliénés seront laisséstels qu'ils existent, sans pouvoir jamais être démolis ni dégradés,lit de Trévoux n'a rien de plus à désirer à cet égard.

    « Mais si l'intention de l'administration était de laisser àl'adjudicataire le droit de détruire ces antiques fortifications à laconservation desquelles les habitants de Trévoux attachent leplus grand prix, il serait de ilion devoir (le prévenir cette me-sure désastreuse, et je pense qu'il suffirait pour cela de faireobserver à l'administration que ces fortifications méritent d'êtreconservées COI11IIIC monument d'architecture du moyen àge au-quel se rattachent plusieurs souvenirs, qu'elles sont aussi an-ciennes (IUC la ville de Trévoux sur les armes (le laquelle ellessont représentées, et que leur destruction exciterait des mécon-tenteinciits qu'il est de la justice et (le la sagesse du gouverne-ment (le prévenir. »

    Pardécision du ministre des finances en date du 11 octobre I 82,cession fut faite de ces trois tours au département de l'Ain, à lacondition de les entretenir. Le 25 février 183, M. le sous-préfetde Trévoux, au nom du département et en exécution de cettedécision ministérielle en prit possession. Les réparations dontelles avaient alors grand besoin furent ajournées, puis oubliées.

    liii mai 1847, plusieurs jeunes gens (le Trévoux obtinrent Fou-torisation de faire des fouilles au cliàtcaii ; mais ils se lassèrentbientôt. Tous leurs travaux n'aboutirent qu'à dégager une es-pèce de citerne qui se trouve au pied (le la tour octogone dansl'intérieur de la cour.

    Je ne terminerai pas cette notice sans émettre le voeu quel'administration départementale prenne en considération l'étatdéplorable de ces, ruines. Je n'ose réclamer aucune restauration,niêinc partielle, elle serait impossible. li est permis du moinsde désirer que des mesures soient prises pour les conserver dans

  • 30 NOTICE HISTORIQUE.

    leur état 8('tII(I en les presCr ont de toutes dégradations ult-ricures. Certaines parties exigent (les réparations urgcnts. Unesomme minime suffirait \ faire durer longtemps encore un mo-nument qui est historique et iiicme à préserver ses visiteursd'un danger imminent

    Yen exprime le vru ; sera-t-il efltefl(lLI?

    Trévoux, 1836.