Charles Le Brun, châtelain de Montmorency Décorateur, peintre et théoricien

Nicolas de Largillère Portrait de Charles Le Brun, 1683-1686 Paris, Musée du Louvre

La mairie de Montmorency souhaite proposer à ses habitants – adultes et jeunes publics –, ainsi qu’aux touristes de passage, une exposition visant à faire connaître l’artiste Charles Le Brun, résidant de la commune à la fin du XVIIe siècle. L’exposition, présentée d’avril à novembre 2014 dans la salle d’exposition temporaire du Musée J.-J. Rousseau, sera l’occasion, pour l’ensemble des visiteurs, de percevoir la grandeur du peintre officiel de Louis XIV et de s’inviter dans son château de Montmorency. L’exposition devra être la plus didactique et pédagogique possible afin que tous les visiteurs puissent découvrir les thématiques développées ou enrichir et approfondir leurs connaissances. Différents niveaux de lecture seront proposés, ainsi tous les publics (jeune public, grand public, public averti ou public éloigné) sauront trouver les informations qui leur seront nécessaires grâce à des médias ludiques, divers et adaptés. Avec des pièces conservées dans les archives de Montmorency, des prêts sollicités auprès d’institutions françaises et des outils de médiations spécifiquement élaborés, les visiteurs pénètreront dans l’univers artistique du XVIIe siècle et, plus précisément, dans celui de Charles Le Brun. Les grands principes du style Louis XIV et de la théorisation de l’art, ainsi que la considération des arts dans leur ensemble (peinture, décoration, architecture, jardin, …) seront expliqués avec des artefacts simples et des illustrations prises dans les œuvres d’art de l’époque. Par cette exposition inédite et interactive, la mairie de Montmorency portera réellement l'objectif de participer à l'enrichissement culturel de tous les citoyens.

MÉTHODOLOGIE Pour que cette exposition soit la plus attrayante possible, tant par son contenu que dans sa forme et ses médias, il sera nécessaire de se consacrer dans un premier temps à une recherche scientifique rigoureuse et au recensement des différents expôts possibles, tant en interne (musée, archives), qu’en externe (autres musées et institutions). Dès cette première étape, la désignation d’un ou de deux référents scientifiques spécialistes du sujet permettra d’assurer la qualité des propos. Ils seront ponctuellement consultés pour valider le scénario et les données de l’exposition. Cependant le choix définitif des thématiques et la rédaction des textes ne leur seront pas confiés. Rapidement, des actions de médiation devront être imaginées et mises en place avec les différentes institutions présentes sur la commune : écoles, collège, associations d’habitants, établissements culturels… afin d’inscrire l’exposition au cœur du dynamisme de la ville et de ses citoyens. Avec l’appui des services administratifs de la municipalité, les demandes de prêt devront être réalisées avant la fin de l’année, puis les appels d’offres concernant le transport des œuvres, le graphisme et la réalisation des médias devront être passés deux mois avant le début de l’exposition. PISTES POUR LE SCÉNARIO D’EXPOSITION Le scénario d’exposition imaginé à ce jour, qui pourra être modifié et/ou complété lors d’un travail plus approfondi, se divise en une introduction générale et un développement en trois parties traitant chacune d’une facette de l’artiste Charles Le Brun – le décorateur, le peintre, le théoricien.

Une chronologie dynamique Une entrée en matière pourra être proposée au visiteur, afin de lui présenter la vie de Charles Le Brun en recontextualisant l’artiste dans la vie politique de la France et la vie culturelle européenne du XVIIe siècle. La forme d’une « chronologique dynamique » permettra de donner des dates, d’informer le visiteur par de courts textes, mais aussi d’illustrer par des photos ou des reproductions et de présenter des objets ou œuvres d’art dans des vitrines.

Images de référence

Le décorateur des châteaux S’appuyant sur les plans et les élévations du Petit Château de Charles Le Brun à Montmorency, présentés par exemple sous forme de tapis au sol, la facette de chef d’orchestre décorateur des grands châteaux du XVIIe siècle de l’artiste sera traitée, avec bien sûr pour exemples centraux : Vaux-le-Vicomte et Versailles.

Dès son retour d’Italie, Ch. Le Brun devient le peintre de la haute société

et par là même entame sa carrière de décorateur. Anne d’Autriche, la

reine mère, le charge de la décoration d’un couvent ; quelques temps

après, il orchestre l’ornementation de l’Hôtel Lambert. C’est au château

du surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, à Vaux-le-Vicomte, que

pour la première fois l’immense talent de Ch. Le Brun s’exprime :

les invités de l’inauguration du château furent si émerveillés et impressionnés, que le roi lui-même fut

piqué au vif de jalousie. Après l’arrestation de Fouquet, le roi prit Ch. Le Brun à son service exclusif. Ce

dernier imagina et dirigea toute la décoration du Château de Versailles. Il réalisa là ses plus grands décors :

l’escalier des Ambassadeurs, la galerie des Glaces (1679-84), les salons de la Paix et de la Guerre. Il dirigea

aussi les décors des grands appartements, confiés aux meilleurs peintres du temps qui travaillaient sur ses

dessins, et imagina également les statues du parc. Si Vaux-le-Vicomte a révélé Ch. Le Brun, c’est à

Versailles qu’il exerça réellement toute la fougue de son génie.

En 1670, Ch. Le Brun acquit dans le voisinage du parc de Desnots quelques terres sur lesquelles il bâtit sa

maison de campagne. Au fil des années, il agrandit ses terres et se fit construire un large domaine, avec

une élégante demeure, entourée d’un terrain fastueux avec jardins, fabriques, fontaines et bosquets.

La maquette, déjà existante, représentant Montmorency au XVIIe siècle sera un des outils de médiation de cette partie. Des médias pourraient également être exportés hors les murs du musée, par exemple en retraçant les limites du château de Ch. Le Brun au sein même de la ville actuelle grâce à des lignes au sol, des aides à l’interprétation devront bien sûr être disposées aux côtés de ces lignes.

Images de référence

Le « Petit Château » Plan du rez-de-chaussée et du premier étage de la maison de Charles Le Brun

appartenant à Pierre Crozat, Archives de la ville de Montmorency

(image issue d’un document de médiation intitulé « Promenade architecturale à

Montmorency)

Salon des Muses, Château de Vaux-le-Vicomte (gauche) Galerie des Glaces, Château de Versailles (droite)

Charles Le Brun, le Premier Peintre du Roi En montrant l’éducation picturale et l’évolution du style de Ch. Le Brun, les caractéristiques de la peinture académique du XVIIIe siècle pourront être expliquées et illustrées par des médias simples permettant une compréhension intuitive : - dessins et schémas explicatifs (signification des symboles, influences des pairs…), - théâtres italiens (perspective, allégories…), - théâtres optiques (jeux avec les couleurs, diversité ou homogénéité des tons…).

En 1638, Ch. Le Brun, alors âgé de 19 ans, accéda au titre de Peintre Ordinaire de sa Majesté le Roi Louis XIII.

Il apprit la peinture aux côtés de maîtres comme Vouet ou Poussin auxquels il emprunta des traits et des

sujets, il copia les plus grands. Si le style de Ch. Le Brun évolua considérablement pendant toute la

première partie de sa carrière, il arriva à maturité par l’élaboration d’une technique tout à fait classique,

constante et systématisée. Au milieu de la Querelle du Coloris entre les pousssinistes (partisans de la primauté

de couleurs) et les rubénistes (partisans de la prépondérance de la forme intellectuelle), Charles Le Brun

concilia les deux démarches cherchant à satisfaire avant tout l’intellect sans rien négliger de l’esthétisme.

Dès 1661, Ch. Le Brun remplit les fonctions de Premier Peintre du Roi Louis XIV, bien qu’il ne reçoive

officiellement le titre qu’en 1664. Sa technique était alors déjà devenue très codée. Le sujet de ses œuvres

était, presque toujours, une histoire, ancienne ou contemporaine, mythologique ou religieuse. Il se

documentait beaucoup sur ses sujets, ses dessins sont ainsi remplis de symboles, de protocoles et de

coutumes, qui donnent une intense profondeur au propos développé. Il organisait de manière très

géométrique ses compositions, avec des masses pyramidales ou obliques et toujours des ouvertures vers

l’extérieur. Enfin, une infime précision était accordée aux détails, aux expressions des personnages (visage,

mains), aux drapés, aux paysages… du premier rang ou de l’arrière-plan.

A l’instar de beaucoup d’artistes au XVIIe siècle, Ch. Le Brun dessina beaucoup, il chercha les bonnes postures, les bons traits. Des séries montrant l’évolution du travail créateur de l’artiste pourront alors illustrer sa démarche.

Images de référence

Descente de croix Dessins préparatoires, musée du Louvre Détail d’une peinture à l’huile, musée des Beaux-Arts de Rennes

La théorisation de l’art par l’Académie Royale de Peinture Si Charles Le Brun fut le peintre du XVIIe siècle français, c’est grâce, bien sûr, à son talent mais c’est aussi parce qu’il investit beaucoup de son temps dans la défense de la communauté artistique et fut à l’origine de la création de l’Académie Royale de Peinture. Avec des œuvres d’art de l’époque et des projections expliquant la pensée du XVIIe siècle, le visiteur pourra comprendre l’influence de Ch. Le Brun dans la métamorphose de l’art et du statut d’artiste à cette période.

Au retour de son voyage à Rome, Ch. Le Brun connut un succès immédiat et une popularité grandissante

qui lui permirent d’accéder à un statut privilégié. Il profita alors de sa notoriété pour s’attaquer aux

problèmes de la communauté artistique. Le premier d’entre eux était la non différenciation des artistes et

des artisans, ainsi les artistes n’avaient pas de réelle liberté, ils devaient se soumettre à la Maîtrise et à des

règles ou des goûts imposés. Ch. Le Brun s’engagea pour la liberté de l’Art et de tout artiste, quel qu’il soit,

et pour appuyer sa démarche s’attacha, avec Philippe de Champaigne et plusieurs autres, à créer

l’Académie Royale de Peinture en 1648. Il en fut le Directeur pendant de nombreuses années, même lors

de sa disgrâce auprès de Louvois, premier ministre après la mort de Colbert.

Rapidement une école académique fut fondée où étaient dispensés, à toute personne qui le désirait, des

cours sur les techniques de la peinture utilisées par les différents peintres. Des conférences étaient données

sur des artistes, des œuvres d’art, des courants artistiques, l’Académie était un lieu de réflexion artistique.

Elle marqua son temps et figea pour les siècles à venir le style du XVIIe siècle.

Les textes de plusieurs conférences dispensées à l’époque sont parvenus jusqu’à nous, il serait intéressant de pouvoir les diffuser au sein de l’exposition. Des silhouettes représentant des hommes et des femmes en habit du XVIIe siècle seront disposées dans l’exposition telles des déclamateurs. Ces silhouettes pourraient également être placées à plusieurs endroits dans la ville (le son serait alors remplacé par du texte), invitant les habitants de Montmorency à voir leur ville sous un nouveau jour et à visiter l’exposition.

Images de référence

Salon de l’Académie Royale de Peinture, Bibliothèque Nationale de France

ACTIONS AUTOUR DE L’EXPOSITION Quelques actions/médiations peuvent être imaginées à ce jour. Cependant, leur conception et leur réalisation devront se faire en étroite collaboration avec les services et institutions visés, ainsi il ne s’agit aujourd’hui que de pistes de réflexion. . Une heure, un thème Au sein de l’exposition, des lectures commentées d’œuvres du XVIIe siècle pourront avoir lieu (Fables de La Fontaine, des extraits de pièces de Molière, de Corneille). . Avec le conservatoire municipal de musique et de danse Conférence de Béatrice Massin, chorégraphe, directrice de la compagnie Fêtes galantes (danse baroque), sur « Louis XIV et les arts ». . Avec les écoles primaires Un dossier pédagogique devra être élaboré en partenariat avec les conseillers pédagogiques de l’inspection de l’Education Nationale, afin que les professeurs des écoles puissent travailler avec leurs élèves sur les thématiques de l’exposition et venir la visiter. . Avec le collège Charles Le Brun Un partenariat avec le collège portant le nom de l’artiste pourrait être très intéressant. Il permettrait aux élèves de découvrir qui est Charles Le Brun et pourquoi leur collège porte son nom. Des rencontres avec les professeurs d’art et d’histoire, ainsi qu’avec le principal, devront avoir lieu pour travailler ensemble à de possibles actions. . Avec l’Office du tourisme Des balades dans la ville peuvent être proposées avec pour thématique « Montmorency au temps de Charles Le Brun ».

« Charles Le Brun, châtelain de Montmorency

– Décorateur, peintre et théoricien » Note d’intention réalisée par Cécile MASSOT,

à destination de la municipalité de Montmorency, septembre 2013.

L’Assomption de la Vierge, musée Thomas Henry, Cherbourg-Octeville

Alexandre et Porus, musée du Louvre