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ALPHONSE MARTIN LE CHÂTEAU-FORT DE GRAVILLE

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Page 1: LE CHÂTEAU-FORT DE GRAVILLE

ALPHONSE MARTIN

LE CHÂTEAU-FORTDE GRAVILLE

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La maison de Graville remonterait à la plus hauteantiquité, même avant l’établissement de la monarchiefrançaise, si l’on en juge par ces quatre rimes :

« Je suis Louis de Graville nommé,» J’ai des Troyens ma prime naissance,

» Jadis Malet, par César surnommé,» Sire clamé premier que Roy de France ».

Sans prétendre à une origine aussi ancienne, on peutétablir que le château, dont nous allons parler, datait duonzième siècle par sa comparaison avec d’autres édifices demême architecture.

Donc, en remontant aux origines de la féodaliténormande, nous retrouvons, sur la rive droite de la Seine,nombre de seigneurs auxquels avait été attribué tout le littoral,à l’exception des villes de Leure et de Harfleur, c’est-à-direceux de Vitanval, Graville, Orcher, Tancarville, Lillebonne,etc. Ces seigneurs ayant concédé, par petites parcelles, cemême territoire, leurs tenanciers ont constitué les paroisses deSaint-Denis Chef de Caux, Sanvic, Ingouville, Graville,Orcher, Rogerville, Tancarville, Lillebonne, etc.

À défaut d’organisation municipale pour la défense deleurs territoires et de leurs biens, les habitants des seigneuriesdevaient, en cas d’attaque et d’invasion, se grouper autour deleur seigneur, dans les forteresses qui formaient l’habitation decelui-ci ; c’est de l’un de ces châteaux-forts que nous allonsnous occuper ici, après avoir jeté un coup d’œil sur cesfortifications, en général.

Tous les châteaux antérieurs au treizième siècle avaientun donjon et, souvent, il constituait le château à lui seul. Ils’élevait au sommet d’une motte, faite de main d’homme,dont la pente escarpée et régulière était gazonnée, non aucentre, mais sur le côté ; dans l’intérieur de la motte,

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s’abritaient quelques bâtiments que l’on n’avait pu établir dansla tour.

Le donjon n’avait pas de porte au rez-de-chaussée, maisau premier étage ; ce rez-de-chaussée obscur renfermait lescachots, ainsi que les provisions.

On se réfugiait dans le donjon lorsque le château étaitpris ou ruiné.

Pour asseoir ces forteresses, on recherchait un terrainprésentant des défenses naturelles, le sommet d’une collineisolée. En terrain plat, on profitait des cours d’eau et desmarécages ou des îles, en creusant un marais par la dérivationd’une rivière.

C’est à ce dernier parti que le seigneur de Graville s’étaitarrêté pour la construction de son château-fort, c’est-à-dire aupied et dans les éboulis du coteau. Si l’on objecte que cechâteau-fort était ainsi dominé par le plateau de Graville, d’oùil était facile de le bombarder, il suffira de remarquer qu’àl’époque de la construction de ce château, l’artillerie étaitinconnue et que l’attaque ne pouvait se produire qu’à la basedes constructions.

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Telles étaient les règles de l’architecture militaire,d’après le savant archéologue M. Enlart, et il s’agit de lesappliquer à notre cas, c’est-à-dire au château-fort de Graville.

À l’inverse de ceux d’Orcher, de Tancarville et deLillebonne établis sur le sommet des plateaux ou dominantdes falaises, on avait donc profité pour construire celui deGraville, au-dessous du prieuré : c’est-à-dire dans une sorte depresqu’île, environnée au sud, a l’est et à l’ouest des maraisalluvionnaires de la Seine. Au centre de cette terre ferme, onavait élevé un vaste monticule de plus de quatre mille mètrescarrés avec les déblais provenant des terres voisines, et c’estainsi que la motte se trouvait entourée de fossés remplis d’eauprovenant des sources de la cote captées ensuite sous lechâteau d’eau de Graville.

Ces fossés étaient fort larges et profonds, car ilspouvaient abriter des bateaux, d’un tonnage restreint il estvrai ; on voyait encore il y a deux siècles des anneaux de ferscellés dans les murailles du donjon ou des courtines, ce qui aamené la confusion, souvent répétée de nos jours, que lesnavires venaient s’amarrer au pied du prieuré de Graville,c’est-à-dire à trente mètres d’altitude.

En outre, la grande étendue de ces fossés résulte de cefait rapporté par Guillaume de Marceilles, notre premier

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chroniqueur havrais, d’après lequel en l’an 1525 (nouveaustyle) le 15 janvier, par l’effet d’une très grande marée outempête, vingt-cinq navires, dragueurs de maquereaux et deharengs, avaient été jetés ou poussés du port de Grâce jusquedans les fossés du château de Graville ; ils ne purent êtreramenés au port d’où ils avaient été chassés.

Le principal édifice construit sur cette motte ovalecomprenait donc un donjon à peu près carré, dans le mêmestyle du onzième siècle que ceux de Beaugency (Loiret) et deFoulques-Neyra, toutefois dans des proportions plusmodestes.

Ce donjon reproduit ici présentait au Nord une façadede onze mètres avec une hauteur de douze mètres et flanquéde trois contreforts, larges et plats, d’un mètre d’épaisseur.Celui du milieu, large de deux mètres, paraissait renfermer unescalier éclairé par de rares fenêtres ou ouvertures étroites etallongées, mais évasées de deux mètres à l’intérieur pourconstituer les archères servant à surveiller les approches dudonjon. Les murailles Est, Ouest et Nord avaient uneépaisseur de 1m75 ; celle du Sud, au contraire, avait unelargeur de trois mètres. À l’intérieur, le vide mesurait six à septmètres en carré, c’est-à-dire la surface très exiguë de 42 mètresenviron.

Les gardiens du donjon avaient une vue directe sur lepied du coteau, c’est-à-dire du côté où la terre ferme pouvaitservir aux assaillants. Mais on se demande la cause pourlaquelle la muraille du Sud, donnant sur les marais et sur laSeine, était beaucoup plus épaisse que les trois autres.

En comparant le donjon avec celui d’Orcher, démoli en1740, on retrouve des dimensions à peu près semblables, saufpour la hauteur.

En effet, le donjon d’Orcher, également de formerectangulaire, mesurait à l’intérieur 12m60 sur 9m60, c’est-à-dire une surface de 121 mètres carrés, mais, à cause de lagrande épaisseur de murailles, l’intérieur ne mesurait que 7 msur 3m33, soit 23 m carrés.

Toutes les murailles du donjon d’Orcher avaient à labase une épaisseur de 3 mètres, à la différence de celui deGraville où un seul côté de mur avait cette épaisseur. Quant àla hauteur, le premier présentait une élévation de 15m54,

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tandis que le second, peut-être tronqué, ne mesurait que 12mètres de hauteur.

Si l’on applique ici la théorie d’après laquelle le donjonformait l’un des angles d’une enceinte fortifiée, il resterechercher quelle était la disposition du surplus desconstructions.

Cette enceinte formait ce que l’on appelle une chemiseen architecture militaire du Moyen Âge ; elle est figurée enpartie sur le plan au nord du château par un mur desoutènement pour les terres de la motte.

Le massif de maçonnerie, figuré au sud du donjon avecun écartement de trois mètres environ, forme sans doute unreste de l’habitation du seigneur qui s’étendait toujours ausud, c’est-à-dire dans l’allongement de la motte, comprenantnotamment la grande salle dont il est fait mention dans uncompte de la seigneurie pour l’année 1480 ; car, d’après cecompte, on avait construit un appentis de 45 pieds de longcontre le pignon de la grande salle.

D’après le même compte, on avait établi un degré ouescalier à vis et à bourdon pour communiquer de la chambrede bas au grenier, deux écritoires, un à cette chambre et l’autreà la chambre de haut, enfin deux fenêtres croisées à ces deuxchambres.

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Il faut supposer que le château de Graville avait étéattaqué et détérioré lors de l’occupation anglaise, car lescomptes de la seigneurie mentionnent la réparation, en 1493,de la clôture du château qui était ouverte par plusieursbrèches.

C’est tout ce que l’on sait des dépendances habitablesdu château-fort de Graville, car il ne faut pas y rattacher lesconstructions existant encore le long de la rue Ernest-Lefèvre,lesquelles n’étaient que des bâtiments ruraux pourl’exploitation agricole qui dépendait de cette seigneurie, c’est-à-dire une partie de son domaine non fieffé, ainsi que celarésulte de son dénombrement constaté dans ces termes aprèsla description des ruines du château à la fin du XVIIe siècle :

« En dehors de la motte, demeure entière la grange du dit lieu.Au pied du château est une moyenne et grande cour plantée d’arbresfruitiers, pommiers et poiriers, où il y a un vaste bâtiment antique àun bout duquel est une maison seulement propre à loger le fermier quitient ce château et les terres en dépendant ».

Les constructions dépendant de ce château sont restéesen ruines depuis le XVe siècle, ou elles avaient été l’objetd’une restauration sommaire, jusqu’à leur démolition à peuprès complète à la fin du XVIIIe siècle. C’est ainsi que nousretrouvons leur état décrit dans le dénombrement de laseigneurie de Graville établi en 1602, d’après le témoignage deVincent le Coulteux, ancien prieur de Graville.

« Le chef-moi (siège de la seigneurie) est assis sur la paroisse deGraville  ; les anciens édifices du chasteau du dit lieu sur lesquels leSieur de Graville avait fait bastir auparavant les derniers troublesquelques bâtiments lesquels au commencement d’icieux furent ruinéset brulés par ceux de la garnison du Havre-de-Grâce.

» Motte environnée d’eau en partie sur laquelle sont lesanciennes ruines du chasteau de Graville, ne restant aucun bâtimententier, sur icelle, sinon en dehors et encore demeure la grange du ditlieu ».

Il est encore fait allusion ici aux bâtiments que l’onretrouve sur la rue Ernest-Lefèvre, ainsi que l’on peut en jugerpar la porte avec arcade séparée par un claveau dans le stylede l’époque.

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La situation ne s’était pas améliorée à la fin de ce mêmeXVIIe siècle, d’après cette autre description du marquisat deGraville établie vers 1686/1688.

« Il y a un viel et ancien chateau en figure de forteresse àl’antiquité, toute démolie et ruinée par vétusté paraissant y avoir euautrefois pont-levis à fond de cuve, dont partie serait rempli d’eaud’une fontaine qui s’y répand servent présentement d’estan où se peutnourrir et élever carpes et autres espèces de poissons ».

Toutes ces descriptions très sommaires seraient bieninsuffisantes pour nous faire connaître les détails du château,mais on retrouve dans le Recueil d’antiquités égyptiennes,étrusques, grecques, romaines et gauloises publié en 1761 par lecomte Caylus, cette description de ce château avec ses plansqui nous a été signalée par M. Cahingt, notre collègue, à laCommission des Antiquités :

« Je publie volontiers dans ce recueil le plan d’un lieu romainappelé, dans l’itinéraire d’Antonin, Caracotinum que M. de Valoisdans sa notice des Gaules avait placé au Crotoy.

» M. l’abbé Belley a prouvé dans ses mémoires de l’Académieque ce lieu était situé près de Harfleur. On l’appelle dans le pays leChâteau de Graville et dans la carte du diocèse de Rouen il estdésigné par son ancien nom Crestin.

» Ce Château est regardé comme un ouvrage de Jules César,suivant le préjugé ordinaire d’attribuer au Conquérant des Gaulestous les anciens édifices qui se trouvent en France.

»  Il était anciennement situé sur les bords de la Seine comme ilest prouvé par les anneaux de fer pour amarrer les bateaux, que l’onvoyait, il y a une vingtaine d’années, attachés à un pan des murs duChâteau, mais la rivière en est éloignée aujourd’hui de 3/4 de lieue.

» Au reste, ce Château destiné à défendre et à garderl’embouchure de la Seine, subsistait encore selon Monstrelet pendantla guerre des Anglais sous les règnes de Charles VI et Charles VII et ilest à présent en ruines.

» Voici les plans, la coupe et l’élévation de la façade a l’est quiconserve seule quelque forme.

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» Le mur marqué A donne l’idée d’une culée du pont et lalettre B.B. désigne un mur de revêtement destiné à soutenir unechaussée qui conduisait du pont au château, mais le pont est si ruinéqu’il n’en reste aucun vestige.

» Je n’ai pas vu ces bâtisses, mais je ne les crois pas Romaines.

» Il suffit, pour en faire mention par rapport aux positions dela Gaule, que le lieu de Caracotinum soit cité dans l’histoire ancienneet qu'on le trouve dans l’itinéraire d’Antonin.

» Je dois ces dessins a la politesse de M. Duchesne, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées de Rouen ».

Il serait difficile de compléter cette désignation duchâteau de Graville au milieu du XVIIIe siècle ;Mademoiselle Lemasson-Legolf, qui vivait à cette époque,rapporte dans ses annales du Havre :

« En juillet 1787, on détruit les ruines du château de Gravilledont les pierres et les cailloux doivent servir au premier regard de la

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fontaine que l’on commence sur cette paroisse pour amener l’eau auHavre ».

Cependant, les vestiges de ce château-fort n’avaient pasencore disparu complètement un siècle après cette démolition,car M. Ernest Dumont et M. Ch. Roessler ont visité cetendroit et ont consigné leurs découvertes.

C’est d’abord M. Ernest Dumont qui nous raconte dansson journal, à la date du 7 décembre 1862, sous le titre de :« Promenades au petit bois de Boulogne », c’est-à-dire une aubergeétablie sur l’emplacement du château des sires de Graville :« Il y a des jardins, des grandes buttes de gazon, des chalets et unétang. Nous vîmes de grands restes de murailles du château deGraville, à l’extrémité desquels est une espèce de niche. Nous gravîmesla motte féodale et, en la redescendant, de l’autre côté en face del’étang, nous découvrîmes une ruine du château, comme une sorte desouterrain où l’on descendait par une échelle appliquée à l’intérieur.J’y descendis, Vannier me suivit, mais nous vîmes que ce n’étaitqu’une excavation de trois à quatre mètres de profondeur ».

M. Charles Roessler est plus explicite dans la visite qu’ila relatée a la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure, le 30 novembre 1876, où il rapporte ainsi sesdécouvertes : « À quelques pas de l’éminence boisée qui découvre lesdébris de l’ancien château de Graville, on a retrouvé, du côté de laSeine, le mur du fossé autrefois alimenté par un lit de la Lézarde. Ducôté de l’abbaye, les fondations ont été mises à nu  ; elles sontparsemées de silex noir et flanquées d’énormes contreforts dont le plusgros, voisin du pont dormant actuel, a la forme d’une tourpolygonale. Une autre tour devait être très haute, si l’on peut en croireun petit croquis à la plume conservé à Montivilliers, à laBibliothèque, à l’intérieur d’un Recueil d’Astrologie ».

Il est intéressant, après avoir esquissé lestransformations de cette maison, de dire quelques mots surceux qui l’ont habitée ou qui y ont séjourné :

Nous avons dit que l’on doit attribuer au XIe siècle laconstruction du donjon du château de Graville, il faut donc enconclure que la famille Malet, qui l’a possédé pendantplusieurs siècles, était d’origine normande. M. Perret, l’auteurd’une biographie de l’amiral Louis de Graville, dernierpossesseur du château avant qu’il n’eût passé aux mainsd’autres familles, confirme que les Malet prétendaient tenir deJules César ; dans tous les cas, ils paraissaient descendre d’un

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chef norvégien établi au Xe siècle en Normandie, à la suite deRollon.

Nous ne suivons pas la généalogie de cette famille quine parait pas avoir joué un grand rôle dans les annales duMoyen Âge, si ce n’est au milieu du XIVe et au XVe siècle.

On sait qu’en 1342, Louis d’Espagne, amiral de France,s’était transporté à Graville, sans doute au château, pourpréparer une campagne navale avec les navires des ports deLeure et de Harfleur ; Graville et Leure sont mentionnés parM. Siméon Luce dans le tableau des forts occupés en Francepar les Compagnies anglo-navarraises de 1356 a 1364.

La Chronique des quatre premiers Valois rapporte, eneffet : « Guillaume le Noir, de Graville, fit venir Navarois et Gasconsqui occupaient une grande partie de la Basse-Normandie, en chastelde Graville. Cette chose fit savoir Madame de Graville à ceuxd’Harfleur et à l’amiral de Baudrain qui y estoit, lesquels moultefforciément vinrent mettre le siège au chastel de Graville et l’assaillirsi vertueusement que Guillaume le Noir se rendit sauve sa vie.

» Et ad ce le prist l’amiral et les nobles hommes, Et la trèsbonne dame de Graville alla à Honfleur et y mena son noble fils l’oir(héritier) de Graville  ».

D’après une communication faite par . deМBeaurepaire, le 12 décembre 1877, à la Commission desAntiquités, la terre de Graville, confisquée au XVe siècle parHenri V sur les Malet, fut donnée à Louis de Robessart,capitaine de Caudebec, et restituée par Charles VII, aprèsl’expulsion des Anglais, à Jean Malet, dont l’amiral Louis deGraville fut le dernier possesseur dans cette famille.

En 1417, ce château tenait pour les Bourguignons, et ilest compris dans l’accord conclu par Braquemont, entre lescapitaines de forteresses de Haute-Normandie, en vue des’opposer à l’invasion des Anglais.

Il parait que le château de Graville possédait, en 1480,une volière et une ménagerie.

D’après M. de Beaurepaire, profitant de ses hautesfonctions d’amiral et de ses relations avec les navigateurs, ils’était formé une sorte de ménagerie de bêtes et d’oiseauxdont le Prieur de Graville eut la garde pendant trente-septsemaines, du 1er janvier au 25 septembre 1480. Il s’agissait deJean de Graville.

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L’amiral Louis de Graville parait être le dernierseigneur de ce nom qui se soit intéressé au château et à sesenvirons.

Il en donne une preuve lorsque le roi Louis XI, son amiet bienfaiteur, était tombé gravement malade et recommandé àsaint Claude. Il avait chargé son receveur de Graville de payertreize sols pour une messe solennellement dite pour le Roydevant Notre-Dame de Sainte-Adresse.

Il est probable que le château de Graville est restéinhabité pendant la plus grande partie du XVIe siècle, et cefait nous est révélé par la procédure d’une enquête faite en1532, relativement aux droits du seigneur de Graville sur leterritoire du Havre-de-Grâce. Raoullin Paon, sergent royal,avait été chargé, le 27 août 1532, de signifier un acted’assignation au propriétaire de ce château, où il s’étaittransporté, et il n’avait trouvé personne, pas même leconcierge. Plus heureux, le 3 septembre suivant, il avait trouvécelui-ci dans le château.

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Sources   :

Recueil des Publications de la Société Havraise d’Études Diverses, 1922

gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France,https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5567132b?rk=42918;4

Illustration première page   :

Plan, coupe et élévation des restesdu château de Graville

Toutes les illustrations de ce documentsont extraits du Recueil des Publications de la Société

Havraise d’Études Diverses, 1922.