2

LECERFSARDE-CORSOCervuselaphuscorsicanusLe cerf Sarde-Corso appartient à la famille des cervidés et au genre Cervus qui comprend denombreuses espèces présentes en Europe, Amérique du Nord, dans une grande partie ducontinentasiatiqueetdanscertaineszonesdel'AfriqueduNord.L'origineducerfSarde-Corsoesttrèsprobablementliéeàl'actionhumaine.Lesthéorieslesplusfiables le décrivent comme une sous-espèce distincte (C. e. corsicanus). Compte tenu del'absence totale de restes fossiles, on considère que sa diffusion sur l'île (et en Corse qui estproche) seraitdueàdespopulations provenant duMoyen-Orient ou de l'AfriqueduNordquil’auraitintroduitàlafindel'âgedubronze(1200-700av.J.-C.).

SardaigneDèslapériodenuragique,lecerfestprésentdanstoutesleszonesboiséesdelaSardaigneoùilestreprésentédansdenombreusespiècesdebronze.Lesrécitshistoriquesmontrentque,entrela finduXVIIIeet le débutduXIXe siècle, l'espèceétaitencoreabondante sur l'île, elle faisaitl'objetdeschasseursetd'unintérêtéconomique.Ilyadestémoignagesliésaucommercetantd’individusvivants quedepeauxet de bois.Progressivement, cependant, la conditiondu cerfcorso-sardeaconsidérablementempiré,enraisondenombreuxfacteursquiontagidemanièresynergique.Aprèsladeuxièmeguerremondiale,endépitde l'interdictionabsoluedelachassede 1939, les zones habitées par l'espèce se sont considérablement réduites: excepté lesmontagnesduSulcis,del'ArbureseetduSarrabus,ilexistaituniquementquelquesgroupementsépars.Lescausesprincipalesquiontconduitàlararéfactionducerfsardeetàl'extinctionlocalede l'espèce dans la plupart de la Sardaigne sont l'exploitation sauvage des forêts, la chasseintensive,lesincendiesetladiffusiondel'élevaged’animauxdomestiques.Toutcelaacréedeuxconditionsparticulièrementdangereusespour laconservationde l'espèce: la fragmentationdesonmilieunaturelainsiquelaréductiondelatailledespopulations

3

Àcausedelatransformationdeleurmilieunaturel,lesdifférentespopulationssontdevenuesdeplusenplus isolées.Celaaentraîné l'interruptiondeséchangesd’individus, laréductionde lavariabilité génétiquedespopulations et,par conséquent, leur capacité d'aborder la variabilitéenvironnementale.Enoutre,leurfaibledensitéaexposéaudangerd’extinctionlespopulationsisolées; un nombre d'individus trop réduit, en effet, rend les groupes moins résistants auxévénementsaléatoirescatastrophiques(incendies,braconnage,étésextrêmementsecs,etc.).

LesdernierscerfsenSardaigneétaienttoussituésdanslaprovince de Cagliari (Sarrabus, Sulcis, Arburese) etoccupaientunesuperficietotaled'environ300kilomètrescarrés. Grâce à des interventions de sensibilisation et deprotection, il y aeu, au cours des dernières années,uneaugmentation à la fois du nombre de cerfs et des zonesoccupées(parréintroductions).Néanmoins,lebraconnagerésiduel et les difficultés de surveillance des zonessensibles ne permettent encore de baisser la garde. En1988,lapopulationtotaledecerfsétaitd'environ850-870exemplaires,actuellementestiméeàenviron7.000têtes.

DisparitionprogressiveducerfenSardaigneetenCorse.

4

PopulationdecerfsinSardaigne20131. Sulcis2075têtes(15,046ha)2. Sarrabus1175têtes(5,471ha)3. Montimannu275têtes(1,490ha)4. Villasalto240têtes(1,245ha)5. Arburese1500têtes(12,977ha)6. Laconi40têtes(1,598ha)7. Usellus60têtes(1,472ha)8. Pabarile60têtes9. Perdasdefogunotavailable10. Montarbu80têtes(2,700ha)11. Urzulei25têtes12. M.Lerno415têtes(3,000ha)13. M.Olia205têtes(4,157ha)

CorseJusqu'aux années Trente du siècle dernier, la chasse aveugle était la cause principale desextinctionslocalesdescerfs.Ensuite,aprèslaSecondeGuerremondiale,desactivitéshumaines,telles que la déforestation et la chasse intensive, ont considérablement réduit la taille desnoyauxsurvivants.Bienquedepuis1948lachassedel'espèceaitétédéfinitivementinterdite,lesactesdebraconnageontcontinuéjusqu'àl'extinctioncomplètedecetteespècesur l'îleen1970. Immédiatement après l'extinction, avec le premier projet bilatéral en 1975, on acommencé à réintroduire des individus. L'objectif du projet visait à créer des populationsnaturelles dans les deux îles pour assurer la conservation du taxon même en présence decatastropheslocalescommeparexemplelesépidémiesoulesincendies.Ceprojetcomprenaitaussiunprogrammede reproductionencaptivité, avec la formationd'enclosdereproductionmêmeenCorse.LeprogrammeacommencéavecunpremierenclosàQuenza,sur leflancdumont Incudine, l'Alcùdina. Ilaétésuiviparlaconstructiond'autresenclosàCasabianda,surlacôteest,et,en1994,àAnia,danslazonemontagneuseduFium'Orbu.LesquatrepremierscerfsontétéstransportésdeSardaignedans l'enclosdeQuenzaen1985,puisquatreànouveauen1987;ensuited'autrescerfsontétéslibérésdanslesenclosdeCasabiandaetd’Ania.Dans lesannées suivantes,en raisondes caractéristiquesenvironnementales, l'augmentationdes groupes a été assez variable. Depuis 1998, on a commencé a réintroduire des cerfs ennaturedans6communesdeCorse.

SICAiresdescerfs

5

Extinction et reintroductions du cerf en Corse. a) date de l'extinction dans diversdomaines; b) emplacement des trois enclos pour le programme d'élevage encaptivité;c)emplacementdestroissitesderéintroduction(Kidjoetal.,2007).

Aujourd’hui, le cerf est présent dans l’île surcinqgrandssecteur(l’AltaRocca,leFium’Orbu,le Venacais, les Deux sorru et la Caccia-Ghjunsani). Grâce au recensement du brame,en 2015, il a été possible d'estimer unepopulation totale de 1.200 cerfs, avec unedensitéallantde2,5à7,1unités/km2

6

StatutjuridiquedeCervuselaphuscorsicanus

ConventiondeBerneLecerfestinsérédansl'annexeIIdelaConventiondeBerne,oùsontidentifiéesles«espècesdefaunestrictementprotégées».

Directivehabitats92/43/CEEOn fait référence à lui dans l'annexe II (Espèces animales d'intérêt communautaire dont laconservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation) et IV (espècesanimalesetvégétalesd'intérêtcommunautairenécessitantuneprotectionstricte).

LoinationaleFrançoise–26luglio2000,n.698-modifiéLecerfelapheestuneespècedechasse,maisenCorselachassedelasous-espèceestinterdit.

Loinationaleitalienne-11février1992,n.157LecerfSarde-Corseestinsérédanslalistedesespècesspécialementprotégées,art.2,paragraphe1.

LoidelaRégionSardaigne-29Juillet1998,n.23Ilestinsérédansl'Annexe1,quilistedesespècesdelafaunesauvagespécialementprotégées,

PROJETLIFE-NAUTURE“ONEDEER,TWOISLANDS”Le programme de conservation du cerf en Sardaigne et en Corse fait partie d'une actionorganiséevisantàlarécupérationcomplètedecetaxon.Celle-ciacommencédepuisuncertaintemps grâce aux activitésmenées par l’Ente Foreste della Sardegna, l'agence forestière de laSardaigne:parlacréationdezonespermettantlareproductionetlesréintroductionsréaliséesdepuis les années 90 du siècledernier en Sardaigne et en Corse. Ce projet implique l'agenceforestière de la Sardaigne (Ente Foreste), la province du Medio Campidano, la province del’Ogliastra,leParcnaturelrégionaldeCorseetl'Institutitalienpourlarechercheetlaprotectiondel'environnement(ISPRA).LesobjectifsduprojetLIFEsont:1.introduiredenouvellespopulationsdecerfenSardaigne;2.augmenterlenombred'individusdanslespopulationsdéjàprésentesdansl'Ogliastra;

7

3.promouvoirl'expansionnaturelledelapopulationdecerfsprésentedansleszonesavoisinantes;

4.favoriserlavariabilitégénétiquedespopulationsprésentesenCorse;5.créerunemétapopulationquipermetteàl'avenirl'interconnexionentretouslesnoyaux

présents,àtraversl'exploitationdecorridorsécologiquesidentifiéspardesmodèlesdequalitédel'habitatdéveloppéspourlecerfsarde;

6.impliquertouteslesinstitutionsdelasociétéintéresséesparlagestiondelafaune(chasseurs,écologistes,agriculteurs,éleveurs)afindecréeruneattitudepositiveetpartagéesurlesactivitésdeconservationenparticulieretsurlafauneengénéral.

Domainesd'interventionLe programmede conservation seramis enœuvre dans 5 sites d'importance communautaire(S.I.C.)delaSardaigneet3deCorse.

MonteArcuentuetRioPiscinas(ITB040031).Lesiterecouvreunesuperficiede11.487haetestcaractérisépardeszonesminièresquinesontplusutiliséesainsi que par une zone côtière d'une grande importanceécologique (avec une zone de dunes parmi les plusimportantsenEurope).Lavégétation rupicoleprésentedenombreusesespècesendémiques.Lazonecôtièresableuseet rocheuse est couverte de maquis méditerranéen etbrousse,avecuneprédominancedeJuniperusoxycedrusetPistacia lentiscus. Les reliefs sont recouverts de forêts dechênes(Quercusilex)etdecorcier(Quercussuber).Dansle

S.I.C. il y a 43 espèces de plantes endémiques, 14 espèces de reptiles (y compris Emysorbicularis, Eupletes europea, Algyroides fitzingeri), amphibiens d'intérêt de conservationcomme Speleomantes genei et Discoglossus sardus et 63 espèces d'oiseaux, dont 16 sonténumérés dans l'Annexe I de la Directive 2009/147/CE. Dans cette zone vit une populationhistoriquedecerfsarde-corsed'environ2.000individusetquiserautiliséecommelaprincipalezoned'originedessujetsfondateurspourlesréintroductions.Enoutre,dansleS.I.C.onprévoitdesinterventionsdegestiondel'environnementpourlacréationdecorridorsécologiquespourlescerfs.

Golfo di Orosei (ITB020014). Il couvre une superficie de28.941 ha et est situé dans la zone à nord-est de laSardaigne; ilestcomposéparenviron40kmdefalaisesdecalcaire, entrecoupées par de nombreuses petites criques"codule".LeS.I.C.estcaractériséeparuneprédominancedebois di chênes (Quercus ilex) et genévrier (Juniperus spp.).La strate arbustive est caractérisée par Pistacia lentiscus,Rhamnus alaternus, Phillyrea latifolia, Erica arborea etArbustus unedo. De nombreuses espèces de vertébrés qui doivent être protégées sontprésentes, comme par exemple le spélerpè de Supramonte (Speleomantes supramontis), lediscoglosseSarde-Corso(Discoglossussardus),lacistude(Emysorbicularis),l'aigleroyal (Aquilachrysaetos), le puffin de Scopoli (Calonectris diomedea), le mouflon (Ovis aries) et diversesespèces de chauves-souris, y compris le Rhinolophus hipposideros et le Rhinolophusferrumequinum.Danscettezone, leprojetLIFE implique lacréationd'unenouvellepopulation decerfSarde-Corsoennature.

8

MontidelGennargentu(ITB021103).Ilrecouvreunesuperficiede44.713 ha et s’étend jusqu'à la zone montagneuse la plusimportantede laSardaigne,avecdespicsdépassant1.800msurleniveaudelamer.Leshabitatsprédominantssontlesmatorralsarborescents de Juniperus spp., les zones méditerranéennes decalicotome épineux et les forêts de chêne. Il ya aussi denombreuses espèces endémiques de flore, comme la Festuca

morisiana,ArmeriaSardoagenargentea,Euphrasiagenargentea.DansleS.I.C.,viventaussidesAmphibiensexclusifsdeSardaigne, commeparexempleuneespècede salamandrede l’ordredesurodèles (Euproctusplatycephalus) et le spélerpès impérial (Speleomantes imperialis). Il aété établie la présence de nombreuses espèces d'oiseaux énumérées dans l'Annexe I de laDirective Oiseaux, Directive 2009/147/CE. Dans cette zone aussi on a prévu de créer unenouvellepopulationdecerfsardo-corseennatureetderenforcerlenoyauréintroduiten2011.

SupramontediOliena,OrgosoloetUrzulei–SuSercone(ITB022212).LeS.I.C.estsituédanslenord-estdelaSardaigne,c'estunhautplateaukarstiqueavecunealtitudecompriseentre110et1463msurleniveaudelamer;lesmilieuxnaturelslesplusreprésentatifssontlesforêtsdechênes et les zones rocheuses calcaires avec des plantes herbacées installés dans de petitesfailles et dans les anfractuosités des parois rocheuses (végétation chasmophytique). Troisespèces de plantes sont d'intérêt communautaire: Ribes sardoum, Brassica insularis,Centranthusamazonum.On repère28espècesanimalesd'intérêt communautaire,parmieux:lespélerpèdeSupramonte, lemouflon, l'autourdespalombessardeAccipitergentilisarrigoniiet l'Aigle royal. Parmi les actions LIFE dans ce S.I.C. il y a aussi l'introduction en nature d'unnoyaudecerfSarde-Corso.

Monte LinasMarganai (ITB041111). Le territoire du SIC (23.628ha) est caractérisée par une morphologie essentiellementmontagneuseavecdeuxgrandsreliefs,celuiduMonteLinas,avecdes reliefs du Paléozoïque de schiste et de granit, et celui deMarganai,avecdesreliefsschisteux-carbonatique.LafloreduSICcomprend 950 taxa. Il y a des endémismes sardes (par ex.Anchusa montelinasana, Armeria Sulcitana, Genista Morisii,Genista sulcitana) et sardes-corses. Les formations boisées

naturelles sont des bois, des maquis, des garrigues appartenant au macrobioclimatméditerranéen (classe Quercetea ilicis). Parmi les amphibiens il y a le spélerpès de Géné(Speleomantesgenei)et lediscoglossusSarde-Corso(Discoglossussardus);parmilesreptileslacistudeetletortueetlephyllodactylus(Eulepteseuropaea).Encequiconcernel'avifaunedansle SIC il ya la présence de nombreuses espèces, y compris l'aigle royal, l'aigle de Bonelli(Hieraaetus fasciatus), l'autour des palombes, le faucon d'Eléonore (Falco eleonorae) et lefauconpèlerin (Falcoperegrinusbrookei); il y aaussiunepopulationde cerf Sarde-Corso. Lesactionsduprojetvisentàlacréationd'uncorridorécologiquequipermettel'échanged'individusaveclapopulationdeCostaverde(Arbus).

Plateau of Coscione andMassif of Incudine (FR9400582). Lesitecouvreunesuperficiede11.228ha,ausuddelaCorseetc'est un ensemble de demi-montagne, caractérisé par uneforte physionomie euro-sibérienne (hêtre, sapin, mélèze,aulneodorant).Leterrainvallonnéetaccidentésecaractérisepardenombreusessources,ruisseaux,pozzine;larégionest

9

riche en espèces endémiques comme leTrisetum conradiae et le Trisetumgracile et la quasitotalité de la population mondiale de l'aconit de Corse (Aconitum corsicum) et de Herniarialitardierei,deuxplantesdel'AnnexeIIetIV.Ilyaaussibeaucoupd'animauxquifontpartiedeladirective Habitats: leDiscoglossus sardus, le capricorne du chêne (Cerambyx cerdo), la tortued'Hermann(Testudohermanni)etlemouflon.Lesiteaccueillelaplusgrandepopulationdecerfsdel'îlequiestestiméeàplusde450individus,etquiaétéréintroduiteen1998puisrenforcéeen 2002. Le projet LIFE prévoit un nouveau renforcement de la population pour faciliter lavariabilitégénétique.

Massif du Rotondu (FR9400578). Le site couvre une superficiede15.295ha,ilestsituédanslasériegéologiquedu“Granitedela Corse centrale à grain moyen” et se caractérise par troisvallées de montagne: Tavignanu, Restonica et la vallée duVerghellu. Il yaunegrandevariétébiologiqueetdepaysages.La végétation est composée principalement de chênes, dehêtres et de maquis dense. LeMassif du Rotondu abrite uneriche floreendémique (parex. l'euphorbedeCorse, située sur

le plateau de Camputile) et trois plantes insérées dans l'annexe II de la directive: l'Herniarialitardierei,l'euphraisenaine(Euphrasiagenargentea)etlechouinsulaire(Brassicainsularis).Ilya aussi beaucoup d'animaux d'intérêt communautaire, tels que le discoglosse Sarde-Corso, lecapricorne du chêne et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Le cerf Sarde-Corso a étéréintroduiten2004etlapopulationactuelleestestiméeà150individus.AucoursduprojetLIFElapopulationdecerfsdusiteseradéveloppéepouraugmenterlescroisementsgénétiques.

LaChênaieverteetjuniperaiedelaTartagine(FR9402004).Ilsecomposedeterrainsposantsurroche-mèregneissiqueetgranitique,peuprofondsetsecs,saufdans les zones en terrasses et dans les talwegs. La principalemenace pour ce territoire est représentée par le risqued'incendie. Sur le territoiredu site il y adivershabitatsparmiceux-ci figurant dans l'annexe I de la directive “Habitats”: lebois de chênes, le genévrier de genièvre rouge et les éboulissiliceux.Ilyaaussibeaucoupd’espècesde lesAnnexesIIetIVdeladirectiveHabitats:lediscoglosseCorso-Sarde,lecapricorneduchêne,latortued'Hermann,le chat sauvage, le gypaète barbu.On retrouve également le Cerf Sarde-Corso dans le siteetdanslarégionenvironnante,avecunepopulationestiméeà90individus,dontl'origineestdueàuneréintroductionen2007.En2014,dans lecadreduprojetLIFE,ona introduitdenouveauxindividusdanslebutd’améliorerlavariabilitégénétique.AptitudedessujetsfondateursDanslesprojetsderéintroduction,lechoixdelaqualitédessujetsfondateursestd'unegrandeimportance afin assurer l'introduction, dans le site choisi, d’animaux de la même formetaxonomiquequelapopulationdéjàprésenteetpouréviterunimpactnégatifsurlapopulationd'origine.Lechoixdelapopulationdanslaquelledoitêtreeffectuéeleprélèvementdoiteneffettenir compte de la taille numérique de la population,afin d'éviter que le prélèvement puisseaffecter des noyaux peu nombreux qui pourraient être à son tour un risque. Un aspectimportantdesopérationsdetranslocationestassociéaurisquesanitaireetenparticulierà

10

Localisationdecerfsélapheéchantillonnées.

l'introduction éventuelle d'animaux souffrant demaladies infectieuses. Afin deminimiser lesrisquespourlasantéenraisondesinterventionsderéintroduction,touslesindividusfondateursseront isoléspendantquelques joursdansdes installationsspécialesenattendant lesrésultatsdesanalysesdes laboratoires.Pouréviter le risquedeconsanguinité sur les individusetde larésultantepertedevariabilitégénétique,uneétudegénétiquespécifiqueaétéréalisée sur lapopulationdecerfsenSardaigneetenCorse.

Na Ne Ho HeSardaigne Mean 3,750 2,427 0,454 0,558 SE 0,348 0,158 0,047 0,032Corse Mean 3,813 2,375 0,478 0,534 SE 0,356 0,204 0,037 0,037

NaNombremoyendeallèles;Ne=nombreeffectifdeallèles;Ho=hétérozygotieobservée;He=hétérozygotieattendue.

Autotal,60individusontétéanalysésàl'aidede16marqueursutilisésprécédemmentsurdescerfsetdesbovidés;tous les locisesontrévéléspolymorphesa100%,aussibien les individussardes (n. 27), que les individus corses (n. 33). Le tableau suivant montre les valeurs de larichessealléliqueetd’hétérozygotiesoitobservéessoitattenduespourlesdeuxîles.LetestdeHardy-Weinberg révèle une différence significative entre hétérozygotie observée et attenduepour les cerfs échantillonnés en Sardaigne, où il y a un excès d'homozygotes, tandis quel'équilibreestrespectéparlescerfscorses.Lecalculducoefficientd'endogamie(inbreeding)descerfséchantillonnésaétéréaliséen identifiant10noyauxdontsixsardeset lesautrescorses;cette division est basée exclusivement sur les sites de capture des individus et a donc uneconnotationgéographique.LaSardaignemontreuneendogamieglobalemoyenne(0,242)plusélevéparrapportàlaCorse(0,215).

11

Pop N.individus Ho F

SARDAIGNE

pop1-Costaverde 7 Moyenne 0,490 0,341 SE 0,063 0,019pop2-Montimannu 5 Moyenne 0,538 0,288 SE 0,065 0,005pop3-Settefratelli 6 Moyenne 0,400 0,128 SE 0,048 0,012pop4–S.Pantaleo 1 Moyenne 0,438 0,059 SE 0,128 0,000pop5–MonteArcosu 6 Moyenne 0,388 0,250 SE 0,069 0,094pop6-Seui 2 Moyenne 0,531 0,221 SE 0,096 0,007

CORSE

cors1(Casabianda) 17 Moyenne 0,474 0,252 SE 0,046 0,027cors2(Quenza) 12 Moyenne 0,493 0,157 SE 0,034 0,046cors3(Ania) 3 Moyenne 0,417 0,186 SE 0,089 0,026PNRC 1 Moyenne 0,563 0,360 SE 0,128 0,000

Coefficientd'endogamiemoyenne(F)andhétérozygotiemoyenneobservée(Ho)insampledareas.Compte tenu de la division en noyaux liée à l'échantillonnage, les populations sardes, àl'exclusiondes 'pop4'quicontientun individuunique,et lesencloscorses(cors1,cors2,cors3)montrentdesvaleursmoyennesd’endogamieallantde0,128à0,341.Lesvaleurslesplusfaiblessetrouventdansl'enclosdeQuenza(cors2)etdanslapopulationdeSettefratelli(pop3).Lesregroupementsdecerfsurunebasegéographiqueontdesvaleursdifférentesd’endogamieet de variabilité, qui ont toujours mis en évidence une faible variabilité des populations deCervus elaphus corsicanus, justifiée par l'histoire naturelle de la sous-espèce, caractérisée pardes réductionsde taille despopulations (goulot d'étranglementgénétique)etprogrammes deréintroduction.Lesrésultatsobtenusontpermisdedéfinirlesinformationssuivantes:

Corse. Les tentatives de réintroductiondevront de préférence être effectuées pardes cerfs de l'enclos de Quenza (Corse) etde Sardaigne, par la capture d’individusissus de la zone de Settefratelli (noyau'pop3').

Sardaigne.Mêmepourlesinterventionsderéintroduction qui seront effectuées enSardaigne,ondevrautiliserdessujets issusde différentes populations (en prévoyantaussi la capture de cerfs de la zone deSettefratelli),afind'augmenter lavariabilitégénétique des noyaux de nouvelleformation.

12

ÉtudepilotederéintroductionenOgliastra2009-2011.En 2009, l'Agence forestière de la Sardaigne et l'ISPRA, en collaboration avec la province del'Ogliastraontréaliséunprojetpilotederéintroductionpourvérifierlesfacteurscritiquesetdelimitation liés à ce type d'activité et pour évaluer les possibilités réelles de succès d'unprogrammeplusvasteetcoordonnéentrelaSardaigneetlaCorse.Aucoursduprojet,30cerfs(12mâles,18femmes),sontlibérés,dont22danslaréservedeprotectiondelafaune"Taccu"deUlassai(enrougedanslafigure)et8danslaréservedeprotectiondelafaune"Montarbu",danslamunicipalitédeSeui(enbleu).Touteslescapturesontétéeffectuéespartéléanesthésie

et l'origine des animaux est répartie comme suit: 20exemplaires de l'enclos faunistique de "Montarbu" et10delazonehistoriquedeCostaVerde(provinceduMedioCampidano); 21 animaux ont été munis de colliersGPS/GSM, programmés avec une fréquence desurveillancequotidiennede6fix/jouretbimensuelde48fix/jour. Au cours de la période d'étude, concernant lapopulation réintroduite, il a été détecté un seul décès,causé par un acte de braconnage. La dispersion la plusgrande du point de relâché, pour toute la population, aété en moyenne de 4892 m (± 1.857). L'individu qui amontré la plus grande dispersion a été un exemplairefémininrelâchéeà"Taccu"quiaparcouruunedistancede10.504m,tandisque lapluspetiteaétécelled’unmâle

quiaété libéréà"Montarbu"(2.655màpartirdusitede lâché).Ledomainevitalannueldesanimauxaétédéterminéparlaméthodedupolygoneconvexeminimum,etestenmoyennedeenviron923ha(±532SD).Lesanimauxlibérésà"Taccu"ontoccupéundomainevitalplusgrandqueceux libérésa"Montarbu".Enoutre, l'analysedesdomainesvitalmensuelsmontrentune

augmentation des dimensions de ceux-ci, encorrespondance avec la saison de la chasse.Comme on le voit dans le tableau ci-dessous, àl'ouverturedelachasse,ilyauneaugmentationnotabledesdomainesvitaux.L'augmentationdela mobilité des animaux pendant cette périodepourraitêtredueaudérangementindirectementcauséparlachasseausanglieravecdeschiens.

0 5 10 15 20

1.000ha

Moisàcompterdeladatedesortie.Lalignerougeestlapériodedechasse.

Domaine

svita

lmen

suels

Domainesvitalannueldescerfs.

13

Identificationdeszonesdelâchées.Pourl'identificationdeszonespropicesàlaprésenceduCervuselaphuscorsicanusenCorseeten Sardaigne il a été créé unmodèle spécifique de qualité de l'habitat avec laméthode de“maximumentropymodeling",uneapprochecourammentutiliséepourmodéliserlarépartitiondesespècesanimales.Onachoisid'utiliserlemodèledel'entropiemaximalepouridentifierleszones propicesà la ré introductiondu cerf Sarde-Corsoen tantque telle.Cetteméthodeestparticulièrement efficace par rapport à la présence de faux négatifs (données d’absence pasvérifiées). Il constitue un aspect particulièrement important pour les espèces occupantseulement une partie de leur zone. En outre, lesmodèles de l'entropiemaximale travaillentbienmêmeavecdepetitséchantillons.Pourcréerlemodèle,onautilisélelogicielMaxent,enfaisant100répliques.Lacartedequalitéde l'habitataétécalculéeenappliquantlesmodèlesMaxentàl'ensembleduterritoiredelaSardaigneetdelaCorse.Pourledéveloppementdumodèledequalitédel'habitatonautiliséslesdonnéessuivantessurlaprésencedecerfs:

• Sardaigne: localisationdesmâlesbramantsdans les zonesdebrames surveilléesparl'agenceforestière;localisationsrecueilliespendantlesrecensementseffectuésaveclacaméra thermique dans les zones de Costaverde et Monte Arcosu; donnéesradiotélémètriquesdesindividusintroduitsenOgliastrapendantl'étudepilote.

• Corse:zonesdebrames identifiéespar lePNRC; localisationdes individuséquipésdecolliersémetteursVHF.

Lesvariablesenvironnementalesutiliséespourlesdeuxîlessont:unmodèlenumériquedusol;type d'habitat (1 zones urbaines, 2. agriculture arborescente, 3. forêts gérées, 4. forêtsnaturelles, 5. prairies d'élevage, 6. fourré-buissons, 7. agriculture extensive, 8. agricultureintensive,9.végétationclairsemée,10.dunes,11.eaux);distancedesrues;pente;distancedesforêts;distancedesrivières;exposition;indicedeShannon;fragmentationforestière(typologie

utilisée: core, isolated, perforated, edge);distance des forêts core. En général, lesrésultats de l'analyse effectuée parMaxentsont fiables (valeur AUC = 0,894 pour laSardaigne et 0,866 pour la Corse) et lesvariableslesplusimportantessontlesforêtscore et l'utilisation des terres. Les deuxmodèles de qualité ont permis d'identifierleszonesprioritairesdanslesquelseffectuerlesintroductions.

SardaigneSICITB021103-ChantierForestier"RioNuxi"-

"Montarbu"SICITB020014-ChantierForestier"Silana"SICITB022212-ChantierForestier"Monte

Genziana"

Corse:SICFR9402004–“Chênaieverteetjuniperaiede

laTartagine”SICFR9400578–“MassifduRotondo”SICFR9400582–“PlateauduCuscioneetMassif

del'Incudine”

Qualitédel'habitatpourlecerfdeSardaigneetlaCorse;valeursaptitudecroissantedubleuaurouge.

14

Simulationdeladynamiquedepopulation.L'évaluation du risque d'extinction ou de persistance d'une population est d'une importancefondamentale dans les premiers stades d'un projet d'introduction, lorsque les tailles limitéesrendentlespopulationsellesmêmesextrêmementvulnérablesàdesfacteursstochastiques.Lessimulations sur ladynamiquedepopulationpermettent, à ce stade,d'évaluer lamarchede lanéo-colonieentermesdenombreetfournissentlesbasespourlaplanificationdesinterventionsde réintroduction et de repeuplement. La probabilité de survie a été évaluée en utilisant leprogrammeVortex,en saisissant lesparamètresdereproductionet les tauxdemortalité citésdanslabibliographie.Danslasimulation,ilaétéprévulalibérationde20individuslapremièreannéeetde20autresindividusl'annéesuivante.Ensuitedeuxévénementscatastrophiquessontinsérés : laprésenced'unbraconnageavecdifférentes fréquencesd'occurrence(pourcentagesde50,25,12,8,2sur100ans)etlaprésenced'unincendie(probabilitédu2%en100ans).Lesrésultatsmontrentquel'impactdubraconnagejoueunrôleclédanslesuccèsdesopérationsderéintroduction. La présence du prélèvement illégal a évidemment un impact négatif sur ladynamique de population, en particulier: la non-réalisation de la capacité portante et ladiminutionconstantedunombredesindividusapartirdela18°annéesuivantlaréintroduction(danslecasd'uneprobabilitédu50%)etl'extinctiondansles100anssuivantslaréintroductiondespopulationsayantdestauxélevésdebraconnage.

Dans lafigure, ilestévidentque laréalisationde lacapacitéportantedelapopulationneserapossiblequedanslecasdefaiblesniveauxdebraconnage.Parconséquent,ilfautfairel'effortleplusgrandpossiblepourcontrôlerlebraconnageàlafoisàtraversdesactionsdesensibilisationpour le projet de réintroduction et à travers une surveillance accrue dans les zones deréintroduction et dans celles les plus utilisées par les individus après leurs stabilisations dansl'espace.LeprogrammederéintroductionpiloteréaliséenOgliastraamontréunfaible impactdubraconnage sur les individus fondateurset donc une bonnechance de surviedunoyau decerfs.

Braconnage

Ans

Fréq.2%Fréq.8%Fréq.12%Fréq.25%Fréq.50%

15

Faisabilité.Pour formuler une opinion sur la faisabilité de la réintroduction duCervus elaphus corsicanusdansleszonesappropriéesde laSardaigneetdelaCorse,onautiliséeuneanalysedesupportdes choix qui a permis une rationalisation du processus décisionnel. La technique utilisée estcellede l'analyseSWOT(Strenghts-Weakness-Opportunities-Threats)quipermetd'identifier lesforces et les faiblesses (facteurs endogènes) d'un projet et en même temps de trouver lesfacteursexogènes,positifsounégatifs(opportunitésetmenaces),capablesdel'influencer.

AnalyseSWOTpourlaformulationd'uneopinionsurlafaisabilitéForces Faiblesses

Sourcesinternes

§ Présence d'un habitat adapté àl'espèce

§ Absence de prédateurs naturelscapables d'influencer la dynamiquedel'espèce

§ Présence de zones protégées dansleszonesd'interventions

§ Bonne collaboration avec lesOrganisationsetlesinstitutionsdelasurveillancesanitaire

§ Superposition de la zoned'intervention avec une expansionpossibledelazoneduMouflon

§ Contexte socio-culturel complexe,avec le risque d'actes de braconnageetdepressionexcessivede lachasse,avec la présence de chiens libresutiliséspourlespratiquesdechasse

Opportunités Menaces

Sourcesexternes

§ Création d'une population de cerfSarde-Corso qui, dans le moyenterme, devrait rentrer en contactavec d'autres individus présents ennature

§ Accroissement des connaissancesécologiques sur les espèces grâce àlasurveillance

§ Amélioration culturelle despopulations locales et dumondedelachasseaveclaréalisationd’actionsde sensibilisation et de cours deformation

§ Augmentation de la surveillancedansleszonesactuellementàrisqueconcernantlesactesdedestructions

§ Présenceéventuelledemaladies§ Perturbation anthropique pendant

l'été§ Perturbationengendréepar lachasse

etleschiens§ Présenced'animauxdomestiques

L’analysedesfacteurscritiquesamontréquelesprincipalesfaiblessesetmenacessontliéesaucontextesocio-culturel,enparticulieràlachasse.Quantaufacteuranthropique,laréalisationduprojet,quiimpliquedirectementlescomposantessocialesetprévoitdesactionsdeformationetde sensibilisation, devrait conduire à une réduction des risques de braconnage et, enmêmetemps, offrir une occasion importante pour l’enrichissement culturel dumonde de le chasse.L'intensificationde la surveillance et du contrôle intensif, qui est explicitement exigée dans laplanification de l'intervention, pourrait aussi avoir des conséquences positives dans le but deréduire lespratiques de chassenuisibleauxautres espèces.Quantauxaspects sanitaires, uneactionpréventiveétantimpossible,nousavonspréparéunplandétaillédesurveillance,quiestl'undespointsfortsdel'ensembleduprojet.Comptetenudeladisponibilitédezonesaptesàlaprésence de l'espèce et des points forts qui semblent prévaloir sur les facteurs pouvantinfluencernégativement,l’étudedefaisabilitéestpositive,àconditionquetouteslesindicationsrelativesaucontrôleaprèslaréintroductionsoientrespectées.

16

InterventionsdelâchersetsurveillanceAu cours du projet il est prévu de réintroduire 120individusdansleszonesd’interventions(enSardaigneeten Corse). Les données relatives à l'estimation despopulations ont montré que soit les trois populationshistoriques (Sulcis, Serrabuset Arburese) soit certainespopulationsnouvellementformées(Montarbu),peuventsoutenir le prélèvement d’individus requises par leprojetaucoursdes4annéesduprojet.Enoutre,serontcapturés les individus présents dans l’enclos d’élevagede Quenza (Corse) et, en fonction de la réussite des

opérations de capture, de ceux de Sardaigne. La capture des individus sera réalisée avec desenclos de capture ou avec la méthode de free-ranging qui implique la recherche active desanimaux pendant la nuit en suivant des cheminsforestiers. Aux animaux capturés il sera effectué unpremier contrôle sanitaire: prise de la températurecorporelle, fréquence respiratoire du rythme cardiaque;échantillonnage biologique. Ainsi, il sera possible devérifier l'étatdesantédes individus,enparticulierencequi concerne les maladies transmissibles aux animauxdomestiques.Lesindividusserontlibérésdanslazonederé introduction seulement si les analyses sanitairesconfirmeront le bon état de santé et l'absence demaladies transmissibles. Afin de vérifier l'efficacité desopérations de repeuplement, les animaux libérés seront équipés demarques individuelles quipermettront facilement leur localisation et leur reconnaissance. Lemarquage par des colliersémetteursdoitêtreconsidérécommeunepriorité, surtoutpour lespremiers individus libérés,

afin d'obtenir des informations en temps réel sur leursurvie, leur dispersion et leur utilisation del’environnement. On utilisera des colliers GPS quipermettront d'enregistrer la localisation des animaux sixfoispar jourpendantunepérioded’aumoins24mois.Leprojet comprend également d'autres méthodes desurveillancedesindividusintroduitsdanslanature,commele recensement de nuit avec la caméra thermique àl'infrarouge (photodegauche), le comptagedesmatièresfécales et l'évaluation de l'impact sur la végétation. Ces

méthodesserontutiliséesdanstoutesleszonesderéintroductions;ellespermettrontdesuivrel'évolutiondespopulationsdecerfset,sinécessaire,deprendredesmesuressupplémentairespourlaconservationetlagestion.

Photos.ArchivePNRC:page16centre;CalabreseA.:pages3,16endessous;Mondoloni S.& Comiti G., PNRC: pages 5, 8 endessous,9enhaut,9endessous;PisapiaM.:page16enhaut;RigaF.,ISPRA:pages2,6,7up,8centre,11;SabaA.,EFS:page7,endessous;Secci,D.,EFS:page8enhaut.

www.onedeertwoislands.eu

GraphicelaborationISPRACoverFrancoIozzoliTranslationfromitalianAttilioCastellucci