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Jeudi 24 décembre 2015 Ouest-France Flers ‡Réunion allaitement et massage bébés, enfants L’atelier invite à partager ses ques- tions sur l’allaitement, échanger avec des mamans expérimentées, trouver ensemble des réponses aux interroga- tions. Détente : massage pour bébé et enfant, prévoir une serviette de bain. Mercredi 6 janvier 2016, 14 h à 16 h, Maison d’activité Saint-Michel, 25, rue du Mont-Saint-Michel. Gratuit. Contact et réservation : 06 77 02 21 13, http:// flersmaternage.over-blog.com ‡Messe Jeudi 24 décembre, 21 h, église Saint-Jean. ‡Messe Vendredi 25 décembre, 11 h, église Saint-Germain. Cinéma à Flers et dans sa région Nouveautés de la semaine Résumés et séances du 24 décembre Le grand partage Film de Alexandra Le- clère avec Valérie Bonneton, Didier Bour- don, Karin Viard. France 2015, 1h42. Un hiver pire que jamais. Le gouvernement publie un décret obligeant les citoyens français les mieux logés à accueillir chez eux pendant la vague de froid leurs concitoyens en situation précaire. A l’heure du Grand Partage, un vent de panique s’installe à tous les étages dans un immeuble très chic de la capitale. Flers. Les 4 Vikings : 14h30. Films toujours à l'affiche Séances du 24 décembre Belle et Sébastien, l’aventure continue Film de Christian Duguay avec Félix Bossuet, Tcheky Karyo, Thierry Neuvic. France 2015, 1h41. Flers. Les 4 Vikings : 14h30. Docteur Frankenstein Film de Paul McGuigan avec Jes- sica Brown Findlay, James McAvoy, Daniel Radcliffe. Etats- Unis 2015, 1h49. Bagnoles-de-l'Orne. Cinéma du Casino : 16h15. Films toujours à l'affiche Séances du 24 décembre Oups ! J’ai raté l’arche… Film de Toby Genkel, Sean Mc- Cormack. Allemagne, Irlande, Luxembourg, Belgique 2014, 1h27. Bagnoles-de-l'Orne. Cinéma du Casino : 14h. Snoopy et les Peanuts Film de Steve Martino. Etats-Unis 2015, 1h32. Flers. Les 4 Vikings : 14h30. Star Wars, le réveil de la force Film de Jeffrey J. Abrams avec John Boyega, Harrison Ford, Oscar Isaac, Daisy Ri- dley. E.U 2015, 2h16. Flers. Les 4 Vikings (3D) : 14h30. The Walk – Rêver Plus Haut Film de Robert Zemeckis avec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Charlotte Le Bon. Etats-Unis 2015, 1h40. La Ferté-Macé. Gérard-Philipe (3D) : 16h. Bagnoles-de-l'Orne. Cinéma du Casino : 6, av. Robert-Cousin. Répondeur 08 92 68 07 51 (0,34 €/min). Flers. Les 4 Vikings : 17, rue Abbé-Lecornu. Tél. 02 33 64 49 48. Séance en 3D : surcoût du prix de la place 2€+ 0,50€d'achat de lunettes. La Ferté-Macé. Gérard-Philipe : 8, rue Saint-Denis. Tél. 02 33 37 52 81. ‡Messe 24 décembre, 18 h 30, chapelle Saint- Michel. ‡Trouvé Une carte de groupe sanguin, une carte nationale d’identité et un trous- seau de trois clés de maison avec un gros anneau. Contact : 02 33 64 66 27. ‡Messe 25 décembre, 9 h 30, église Saint- Jean. ‡Messe 24 décembre, 18 h, église Saint- Germain. ‡CCI Exceptionnellement fermée du 28 au 31 décembre. Infolocale « Le gouffre de Flers est une légende chrétienne » Trois questions à… Françoise Morvan, auteur, spécia- liste du conte populaire Quelle est la particularité de cette légende ? Elle est caractéristique des légendes chrétiennes, très présentes en Nor- mandie mais aussi en bien d’autres lieux de France. Elle se rattache aux légendes de villes englouties, dont le plus célèbre est la légende la ville d’Ys. On retrouve ici les mêmes motifs : le péché, l’avertissement de Dieu, le blasphème, la sanction divine qui passe par l’engloutissement (ici du couvent) et les cloches que l’on peut entendre sonner sous l’eau. La symbolique de l’eau renvoie- t-elle à l’épisode biblique du déluge ? En partie. Dans le cas de Flers, c’est une déclinaison locale de ce thème très ancien. Mais les légendes chré- tiennes visent souvent à effacer les légendes païennes liées à l’eau douce. Pendant très longtemps, les gens dans les campagnes ont cru à l’existence des fées des eaux. L’Église a créé des légendes pour tuer cette survivance païenne, en as- sociant la Vierge Marie ou les saintes à l’image de l’eau douce, mais aus- si en mettant en garde contre l’ap- proche de ces lieux redoutables… Les légendes chrétiennes ont sou- vent pour but de mettre en garde, de manière édifiante, contre la tentation du démon. Qui est Amélie Bosquet, à qui l’on doit la survivance de cette légende du lac maudit de Flers ? Elle est née au en 1815 à Rouen et est morte en 1904. On lui doit la plus grande collecte de légendes et de traditions de Normandie. Elle a transcrit la légende du lac maudit de Flers dans son ouvrage La Nor- mandie romanesque et merveilleuse ; traditions, légendes et superstitions populaires de cette province, paru en 1845. Amélie Bosquet était une pion- nière qui pensait qu’il était impor- tant de transmettre par écrit le légen- daire auquel les gens de son époque commençaient déjà à ne plus croire. La Normandie est une terre un peu ingrate pour le conte, contraire- ment à la basse Bretagne où l’on trouvebeaucoup de contes mer- veilleux. Cela n’en donne que plus de charme aux légendes qu’Amé- lie Bosquet a su retranscrire avec un humour pince-sans-rire et une vraie qualité littéraire dans l’écriture. Propos recueilli par Guilherme RINGUENET. Amélie Bosquet, Légendes de Nor- mandie, Ouest-France, 2004. Fran- çoise Morvan, Contes et légendes des régions de France, éditions Ouest-France, 2015. Réédition en for- mat cartonné, 2015. Françoise Mor- van, La douce vie des fées des eaux, Actes Sud/Babel. Françoise Morvan, auteur, spécialiste du conte populaire. DR Aux origines de la légende La rue du Bois de Flers, là où se trouverait la légende du lac maudit, donne sur la rue de l’Ermitage. Faut-il y voir un signe ? « D’après le char- trier du château du XVII e siècle, en 1637, un ermitage a été construit au Bois de Flers dans le vallon si- tué au-dessus du gouffre, explique Élisabeth Masson, directrice-adjointe de la médiathèque. Il se composait d’une modeste chapelle, d’une ha- bitation et d’un jardin. De tout cela, il ne reste aucune trace. » Des moines vont y vivre pendant plusieurs décennies puis « En 1673, l’évêque de Bayeux ordonne la dis- persion de l’ordre. Les frères sont exclus pour mauvaise conduite ». Pour Élisabeth Masson, cet événe- ment est « si tenu soit-il, la racine historique de la légende ». Le 24 décembre à 0 h, le gouffre de Flers se réveille Légende du Bocage. Au gouffre de Flers, à chaque réveillon, résonnent les cloches du couvent englouti qui fut un lieu de débauche avant que Dieu fasse payer aux impénitents leurs péchés. En les foudroyant. L’histoire Cette légende a été recencée par Amélie Bosquet, au XIX e siècle (voir ci-contre). Retrouvez ci-dessous le texte qui vous fera entendre autre- ment les carillons de Noël. « Près de la ville de Flers se trouve un bois dans lequel est renfermé un étang, ou plutôt un petit lac. Ce lieu est silencieux et isolé, et le mirage des grands arbres estompe la sur- face du lac, de teintes si sombres qu’on se prend à rêver de quelque ef- frayant mystère qui se cache, comme un limon impur, au fond de ces eaux dormantes. Il y a beaucoup, beau- coup d’années, dit la tradition, exis- tait, sur cet emplacement, un cou- vent, fondé par un pêcheur repen- tant, en expiation de ses péchés. Durant les premiers temps de la fondation, les moines menèrent si sainte vie que les habitants de la contrée environnante accouraient en foule, pour être édifiés de leurs pieux exemples et de leurs touchantes prédications. Mais le couvent devint riche et somptueux, et, peu à peu, les moines se départirent de la stricte observance de leur règle. Bientôt, l’église du monastère demeura fer- mée, les chants religieux cessèrent de retentir sous ses voûtes, une clar- té triomphante ne vint plus illuminer ses sombres vitraux, et la cloche de la prière ne fit plus entendre son tin- tement matinal pour réveiller tous les cœurs à l’amour de Dieu. Des moines libertins Mais, en revanche, le réfectoire, ré- joui de mille feux, ne désemplissait ni le jour ni la nuit ; des chœurs ba- chiques, où perçaient des voix de femmes, frappaient tous les échos de leur sacrilège harmonie, et les éclats d’une folle ivresse annonçaient au voyageur et au pèlerin qui passaient devant l’enceinte du monastère que le sanctuaire de la dévotion et de l’austérité s’était transformé en une Babel d’impiétés et de dissolutions. Profane réveillon Or, il arriva que, la veille d’une fête de Noël, les moines, au lieu d’aller cé- lébrer l’office, se réunirent pour un profane réveillon. Cependant, quand vint l’heure de minuit, le frère sonneur étant à table avec les autres, la cloche qui, d’ordinaire, se faisait entendre à cette heure pour appeler les fidèles à la messe, commença a sonner d’elle- même ses plus majestueuses volées. Il y eut alors, dans le réfectoire, un moment de silence et de profonde stupeur. Mais un des moines les plus dissolus, essayant de secouer cette terreur glaçante, entoura d’un bras lascif une femme assise à ses côtés, prit un verre de l’autre main, et s’écria avec insolence : « Entendez-vous la cloche, frères et sœurs ? Christ est né, buvons rasade à sa santé ! » Tous les moines firent raison à son toast, et répétèrent, avec acclamation : « Christ est né, buvons à sa santé ! » « La foudre frappa le couvent » Mais aucun d’eux n’eut le temps de boire : un flamboyant éclair, comme l’épée de l’archange, entrouvrit la nue ; et la foudre, lancée par la main du Très-Haut, frappa le couvent, qui oscilla sous le choc, et tout à coup s’abîma à une grande profon- deur dans la terre. Les paysans, qui s’étaient empressés d’accourir à la messe, ne trouvèrent plus, à la place du monastère, qu’un petit lac, d’où l’on entendit le son des cloches jus- qu’à ce que le coup de la première heure du jour eût retenti. Chaque année, disent les habitants du pays, on entend encore, le jour de Noël, les cloches s’agiter au fond du lac ; et c’est seulement pendant cette heure où les moines sont occupés à faire retentir le pieux carillon que ces malheureux damnés obtiennent quelque rémission aux tourments infernaux qui les consument de leurs plus dévorantes atteintes. » Texte tiré d’Amélie Bosquet, Légendes de Normandie, Ouest- France, 2004. Avec l’aimable autori- sation de Françoise Morvan. La médiathèque de Flers dispose d’un chartrier du château de Flers, daté du XVII e siècle, qui mentionne l’existence d’un ermitage dont l’histoire a peut-être inspiré la légende. Le lac de la légende est situé rue du Bois de Flers, au niveau du gouffre. Si un étang, à une époque était présent, il ne reste désormais qu’un ruisseau.

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Page 1: Le 24 décembreà0h, le gouffrede Flersse réveillefrancoisemorvan.com/wp-content/uploads/2015/12/Lac-maudit.pdf · ment à la basse Bretagne où l’on trouvebeaucoup de contes mer-veilleux

Jeudi 24 décembre 2015Ouest-FranceFlers

‡Réunion allaitement et massagebébés, enfantsL’atelier invite à partager ses ques-tions sur l’allaitement, échanger avecdes mamans expérimentées, trouverensemble des réponses aux interroga-

tions. Détente : massage pour bébé etenfant, prévoir une serviette de bain.Mercredi 6 janvier 2016, 14 h à 16 h,Maison d’activité Saint-Michel, 25, ruedu Mont-Saint-Michel. Gratuit. Contactet réservation : 06 77 02 21 13, http://flersmaternage.over-blog.com

‡MesseJeudi 24 décembre, 21 h, égliseSaint-Jean.

‡MesseVendredi 25 décembre, 11 h, égliseSaint-Germain.

Cinéma à Flers et dans sa régionNouveautés de la semaine Résumés et séances du 24 décembre

Le grand partage Film de Alexandra Le-clère avec Valérie Bonneton, Didier Bour-don, Karin Viard. France 2015, 1h42.

Un hiver pire que jamais. Le gouvernement publie un décret obligeant les citoyens françaisles mieux logés à accueillir chez eux pendant la vague de froid leurs concitoyens en situationprécaire. A l’heure du Grand Partage, un vent de panique s’installe à tous les étages dans unimmeuble très chic de la capitale.Flers. Les 4 Vikings : 14h30.

Films toujours à l'affiche Séances du 24 décembre

Belle et Sébastien, l’aventure continue Film de ChristianDuguay avec Félix Bossuet, Tcheky Karyo, Thierry Neuvic.France 2015, 1h41.

Flers. Les 4 Vikings : 14h30.

Docteur Frankenstein Film de Paul McGuigan avec Jes-sica Brown Findlay, James McAvoy, Daniel Radcliffe. Etats-Unis 2015, 1h49.

Bagnoles-de-l'Orne. Cinéma du Casino : 16h15.

Films toujours à l'affiche Séances du 24 décembre

Oups ! J’ai raté l’arche… Film de Toby Genkel, Sean Mc-Cormack. Allemagne, Irlande, Luxembourg, Belgique 2014,1h27.

Bagnoles-de-l'Orne. Cinéma du Casino : 14h.

Snoopy et les Peanuts Film de Steve Martino. Etats-Unis2015, 1h32.

Flers. Les 4 Vikings : 14h30.

Star Wars, le réveil de la force Film de Jeffrey J. Abramsavec John Boyega, Harrison Ford, Oscar Isaac, Daisy Ri-dley. E.U 2015, 2h16.

Flers. Les 4 Vikings (3D) : 14h30.

The Walk – Rêver Plus Haut Film de Robert Zemeckisavec Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Charlotte LeBon. Etats-Unis 2015, 1h40.

La Ferté-Macé. Gérard-Philipe (3D) : 16h.

Bagnoles-de-l'Orne. Cinéma du Casino : 6, av. Robert-Cousin. Répondeur 08 92 68 07 51 (0,34 €/min).Flers. Les 4 Vikings : 17, rue Abbé-Lecornu. Tél. 02 33 64 49 48. Séance en 3D : surcoût du prix de la place 2€+ 0,50€d'achat de lunettes.La Ferté-Macé. Gérard-Philipe : 8, rue Saint-Denis. Tél. 02 33 37 52 81.

‡Messe24 décembre, 18 h 30, chapelle Saint-Michel.

‡TrouvéUne carte de groupe sanguin, unecarte nationale d’identité et un trous-seau de trois clés de maison avec ungros anneau.Contact : 02 33 64 66 27.

‡Messe25 décembre, 9 h 30, église Saint-Jean.

‡Messe24 décembre, 18 h, église Saint-Germain.

‡CCIExceptionnellement fermée du 28 au31 décembre.

Infolocale

« Le gouffre de Flers est une légende chrétienne »Trois questions à…

Françoise Morvan, auteur, spécia-liste du conte populaire

Quelle est la particularitéde cette légende ?

Elle est caractéristique des légendeschrétiennes, très présentes en Nor-mandie mais aussi en bien d’autreslieux de France. Elle se rattache auxlégendes de villes englouties, dontle plus célèbre est la légende la villed’Ys.

On retrouve ici les mêmes motifs: le péché, l’avertissement de Dieu,le blasphème, la sanction divine quipasse par l’engloutissement (ici ducouvent) et les cloches que l’on peutentendre sonner sous l’eau.

La symbolique de l’eau renvoie-t-elle à l’épisode biblique dudéluge ?

En partie. Dans le cas de Flers, c’estune déclinaison locale de ce thèmetrès ancien. Mais les légendes chré-tiennes visent souvent à effacer

les légendes païennes liées à l’eaudouce. Pendant très longtemps, lesgens dans les campagnes ont cru àl’existence des fées des eaux.

L’Église a créé des légendes pour

tuer cette survivance païenne, en as-sociant la Vierge Marie ou les saintesà l’image de l’eau douce, mais aus-si en mettant en garde contre l’ap-proche de ces lieux redoutables…

Les légendes chrétiennes ont sou-vent pour but de mettre en garde, demanière édifiante, contre la tentationdu démon.

Qui est Amélie Bosquet, à quil’on doit la survivance de cettelégende du lac maudit de Flers ?

Elle est née au en 1815 à Rouenet est morte en 1904. On lui doit laplus grande collecte de légendeset de traditions de Normandie. Ellea transcrit la légende du lac mauditde Flers dans son ouvrage La Nor-mandie romanesque et merveilleuse; traditions, légendes et superstitions

populaires de cette province, paru en1845.

Amélie Bosquet était une pion-nière qui pensait qu’il était impor-tant de transmettre par écrit le légen-daire auquel les gens de son époquecommençaient déjà à ne plus croire.La Normandie est une terre un peuingrate pour le conte, contraire-ment à la basse Bretagne où l’ontrouvebeaucoup de contes mer-veilleux. Cela n’en donne que plusde charme aux légendes qu’Amé-lie Bosquet a su retranscrire avecun humour pince-sans-rire et unevraie qualité littéraire dans l’écriture.

Propos recueillipar Guilherme RINGUENET.

Amélie Bosquet, Légendes de Nor-mandie, Ouest-France, 2004. Fran-çoise Morvan, Contes et légendesdes régions de France, éditionsOuest-France, 2015. Réédition en for-mat cartonné, 2015. Françoise Mor-van, La douce vie des fées des eaux,Actes Sud/Babel.

Françoise Morvan, auteur, spécialiste du conte populaire.

DR

Aux origines de la légende

La rue du Bois de Flers, là où setrouverait la légende du lac maudit,donne sur la rue de l’Ermitage. Faut-ily voir un signe ? « D’après le char-trier du château du XVIIe siècle, en1637, un ermitage a été construitau Bois de Flers dans le vallon si-

tué au-dessus du gouffre, expliqueÉlisabeth Masson, directrice-adjointede la médiathèque. Il se composaitd’une modeste chapelle, d’une ha-bitation et d’un jardin. De tout cela,il ne reste aucune trace. »

Des moines vont y vivre pendant

plusieurs décennies puis « En 1673,l’évêque de Bayeux ordonne la dis-persion de l’ordre. Les frères sontexclus pour mauvaise conduite ».Pour Élisabeth Masson, cet événe-ment est « si tenu soit-il, la racinehistorique de la légende ».

Le 24 décembre à 0 h, le gouffre de Flers se réveilleLégende du Bocage. Au gouffre de Flers, à chaque réveillon, résonnent les cloches du couvent engloutiqui fut un lieu de débauche avant que Dieu fasse payer aux impénitents leurs péchés. En les foudroyant.

L’histoire

Cette légende a été recencée parAmélie Bosquet, au XIXe siècle (voirci-contre). Retrouvez ci-dessous letexte qui vous fera entendre autre-ment les carillons de Noël.

«Près de la ville de Flers se trouveun bois dans lequel est renfermé unétang, ou plutôt un petit lac. Ce lieuest silencieux et isolé, et le miragedes grands arbres estompe la sur-face du lac, de teintes si sombresqu’on se prend à rêver de quelque ef-frayant mystère qui se cache, commeun limon impur, au fond de ces eauxdormantes. Il y a beaucoup, beau-coup d’années, dit la tradition, exis-tait, sur cet emplacement, un cou-vent, fondé par un pêcheur repen-tant, en expiation de ses péchés.

Durant les premiers temps de la

fondation, les moines menèrent sisainte vie que les habitants de lacontrée environnante accouraient enfoule, pour être édifiés de leurs pieuxexemples et de leurs touchantesprédications. Mais le couvent devintriche et somptueux, et, peu à peu,les moines se départirent de la stricteobservance de leur règle. Bientôt,l’église du monastère demeura fer-mée, les chants religieux cessèrentde retentir sous ses voûtes, une clar-té triomphante ne vint plus illuminerses sombres vitraux, et la cloche dela prière ne fit plus entendre son tin-tement matinal pour réveiller tous lescœurs à l’amour de Dieu.

Des moines libertins

Mais, en revanche, le réfectoire, ré-joui de mille feux, ne désemplissaitni le jour ni la nuit ; des chœurs ba-chiques, où perçaient des voix de

femmes, frappaient tous les échos deleur sacrilège harmonie, et les éclatsd’une folle ivresse annonçaient auvoyageur et au pèlerin qui passaientdevant l’enceinte du monastère quele sanctuaire de la dévotion et del’austérité s’était transformé en uneBabel d’impiétés et de dissolutions.

Profane réveillon

Or, il arriva que, la veille d’une fête deNoël, les moines, au lieu d’aller cé-lébrer l’office, se réunirent pour unprofane réveillon. Cependant, quandvint l’heure de minuit, le frère sonneurétant à table avec les autres, la clochequi, d’ordinaire, se faisait entendre àcette heure pour appeler les fidèles àla messe, commença a sonner d’elle-même ses plus majestueuses volées.Il y eut alors, dans le réfectoire, unmoment de silence et de profondestupeur. Mais un des moines les plusdissolus, essayant de secouer cetteterreur glaçante, entoura d’un braslascif une femme assise à ses côtés,prit un verre de l’autre main, et s’écriaavec insolence : « Entendez-vous lacloche, frères et sœurs ? Christ estné, buvons rasade à sa santé ! » Tousles moines firent raison à son toast,et répétèrent, avec acclamation :« Christ est né, buvons à sa santé ! »

« La foudre frappa lecouvent »

Mais aucun d’eux n’eut le temps deboire : un flamboyant éclair, commel’épée de l’archange, entrouvrit lanue ; et la foudre, lancée par la maindu Très-Haut, frappa le couvent,qui oscilla sous le choc, et tout àcoup s’abîma à une grande profon-deur dans la terre. Les paysans, quis’étaient empressés d’accourir à lamesse, ne trouvèrent plus, à la placedu monastère, qu’un petit lac, d’où

l’on entendit le son des cloches jus-qu’à ce que le coup de la premièreheure du jour eût retenti.

Chaque année, disent les habitantsdu pays, on entend encore, le jour deNoël, les cloches s’agiter au fond dulac ; et c’est seulement pendant cette

heure où les moines sont occupésà faire retentir le pieux carillon queces malheureux damnés obtiennentquelque rémission aux tourmentsinfernaux qui les consument deleurs plus dévorantes atteintes. »

Texte tiré d’Amélie Bosquet,Légendes de Normandie, Ouest-France, 2004. Avec l’aimable autori-sation de Françoise Morvan.

La médiathèque de Flers dispose d’un chartrier du château de Flers, daté du XVIIe siècle, qui mentionne l’existence d’unermitage dont l’histoire a peut-être inspiré la légende.

Le lac de la légende est situé rue du Bois de Flers, au niveau du gouffre. Si unétang, à une époque était présent, il ne reste désormais qu’un ruisseau.