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3 Contes d’ici et d’ailleurs Explorer la diversité d’un genre Lectures : textes et images OBJECTIFS CONTES D’AFRIQUE ET DES ANTILLES Lapin ki vlé mandé Bondyé tiboin lèspri . . . . Repérer les marques d’oralité d’un conte . . 64 « Le crapaud et l’abeille », B. Diop . . . . . . . Comprendre un conte moralisateur . . . . . 66 « La légende de l’escargot », M. Bloch TEXTE INTÉGRAL Identifier un conte explicatif . . . . . . . 68 CONTES D’EUROPE Alice au pays des merveilles, L. Carroll . . . . . Comprendre l’entrée au pays des merveilles . 70 La petite Jeannette, conte populaire, G. Doré Étudier un conte initiatique . . . . . . . . 72 Œuvre intégrale « L’Intrépide Soldat de plomb », Contes, H. C. Andersen TEXTE INTÉGRAL . . . . . . Comprendre un conte et ses significations . 75 FICHE-MÉTHODE : Organiser un défi-lecture L’écho du poète Le chameau, P. Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Faire le point Universalité et diversité des contes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Langue et expression Lexique : Le vocabulaire des contes (2) : sens propre et figuré – Préfixes – Famille de mots . . 82 Orthographe et conjugaison : Les homophones de « conte » – Les terminaisons du participe passé – Le passé composé de l’indicatif – Dictée . . . . . . 83 Grammaire : Les valeurs du passé composé de l’indicatif – Le COD – Le COI . . . . . . . . . . 84 Écrit : Raconter à la manière des contes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Oral : Dire et raconter des contes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Lectures personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Évaluations « Mame-Randatou, la fée », L. S. Senghor et A. Sadji . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 62

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Page 1: Contes Hachette

3Contes d’ici et d’ailleurs

Explorer la diversité d’un genre

Lectures : textes et images OBJECTIFS

CONTES D’AFRIQUE ET DES ANTILLES

• Lapin ki vlé mandé Bondyé tiboin lèspri . . . . Repérer les marques d’oralité d’un conte . . 64

• «Le crapaud et l’abeille», B. Diop . . . . . . . Comprendre un conte moralisateur . . . . . 66

• «La légende de l’escargot», M. Bloch TEXTE INTÉGRAL Identifier un conte explicatif . . . . . . . 68

CONTES D’EUROPE

• Alice au pays des merveilles, L. Carroll . . . . . Comprendre l’entrée au pays des merveilles . 70

• La petite Jeannette, conte populaire, G. Doré Étudier un conte initiatique . . . . . . . . 72

Œuvre intégrale• «L’Intrépide Soldat de plomb»,

Contes, H. C. Andersen TEXTE INTÉGRAL . . . . . . Comprendre un conte et ses significations . 75

FICHE-MÉTHODE : Organiser un défi-lecture

L’écho du poète• Le chameau, P. Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

Faire le point • Universalité et diversité des contes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

Langue et expression � Lexique : Le vocabulaire des contes (2) : sens propre et figuré – Préfixes – Famille de mots . . 82

� Orthographe et conjugaison : Les homophones de « conte» – Les terminaisons du participe passé – Le passé composé de l’indicatif – Dictée � . . . . . . 83

� Grammaire : Les valeurs du passé composé de l’indicatif – Le COD – Le COI . . . . . . . . . . 84

• Écrit : Raconter à la manière des contes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

• Oral : Dire et raconter des contes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

Lectures personnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Évaluations• «Mame-Randatou, la fée», L. S. Senghor et A. Sadji . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

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Page 2: Contes Hachette

� Quels personnages de contes identifiez-vous?� Quelles régions du monde sont évoquées?� De quelle manière les contes sont-ils transmis?

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Aux Antilles, les contes étaient racontés principalement le soir à la veillée. Comme cette pratique diminue à notreépoque, des recueils de contes sont publiés pour perpétuercette tradition orale.

«Aaah, les enfants ! Vous êtes là autour de moi commedes coulirous2 dans une boîte. Qu’est-ce que vous voulezque je vous raconte ?– Aaah, eh ben, tout simplement, racontez-nous l’histoirede Compère Lapin !– Ah bon! Eh ben, bon: écoutez bien, faites bien attention.“Un jour, Compère Lapin, qui était déjà très très malin,

se dit qu’il n’était pas assez malin. Alors il prit une grande échelle, et il monta klik klik klik klik... Il alla trouver Dieu et il lui dit :– Mon Dieu, vous m’avez mis sur la terre, mais je suis plus bête quetout ; j’aimerais que vous me donniez un peu d’intelligence.

Dieu lui répondit :– Un petit bonhomme comme toi ! Tellement savant qui trompe toutle monde...– Eh bien, mon Dieu, si vous voulez bien me donner un peu d’intelli-gence quand même !

Alors Dieu dit à Compère Lapin :– Bon : retourne sur la terre, et dans huit jours, tu me rapporteras : unedent de Zamba3, des poils de cochon marron, du lait de vache sauvage,une crotte de tigre, tout ça dans un petit coco d’Espagne4 où tu as déjàfait entrer une couleuvre et ses sept petits... Bon, vas-y et reviens danshuit jours, hein ?– Oui, mon Dieu.

Alors Compère Lapin redescendit tout de suite sur la terre, et quandil arriva, il tomba devant un grand cocotier : un cocotier espagnol etqui était chargé de singes. Il dit :

Lapin ki vlé mandé Bondyé tiboin lèspri 1

1. Le lapin qui voulait demanderà Dieu un peu plus d’intelligence.

2. coulirous : poissons.

3. Zamba : chèvre.

4. coco d’Espagne : fruit du cocotier.

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CONTES D’AFRIQUE ET DES ANTILLES

� Citez des titres de contes.

� Résumez brièvement par oral un conte que vous connaissez.

Pour commencer

Lectures

Avant de lire le texte

1. Où situez-vous les Antilles ?

2. Qu’est-ce que la langue créole?

Gros plan sur un lièvreeuropéen debout dansl’herbe haute (Lepus europeaus), droits gérés. © DEA Picture Library/

Getty Images

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653 u Contes d’ici et d’ailleurs

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– Que vous êtes laids ! Qu’est ce que vous sentez !Alors les singes n’étaient pas contents ! Ils commencèrent à prendre

des cocos dans l’arbre et ils les envoyèrent sur Lapin : bim, bim, bim,bim, bim, bim... Lapin, qui n’attendait que ça, ramassa un coco ; il le prit, lui coupa la tête et il partit.” » […]

Lapin ki vlé mandé Bondyé tiboin lèspri, conte créole (conte de la Guadeloupe raconté par J.H.M.).

Choisissez l’une des épreuves imposées à Compère Lapin et racontez-laoralement. Vous veillerez à souligner les marques d’oralité pour garderl’attention de l’auditoire et rendre le récit vivant.

Expression orale

Gardons une trace écriteÀ quoi repère-t-on que ce conte créole appartientà la tradition orale?

Repérer les marques d’oralité d’un conte

� Les dialogues dans le conte

1. Dans les lignes 1 à 3 : a. qui parle? Quel est son rôle?b. À qui s’adresse-t-il ? Que demande-t-il à son audi-toire?

2. Qui est le héros du conte? Que demande-t-il àDieu? Citez le texte à l’appui de votre réponse.

3. Quelles épreuves Dieu lui impose-t-il ?

� Les marques d’oralité

4. «klik klik klik klik» (l. 9) : a. à quoi ces mots servent-ils? b. On nomme ce type de mots des «onomatopées» :relevez-en un autre exemple dans le texte.

5. a.Relevez des mots qui appartiennent à la langueorale et non à la langue écrite. b. «qui était déjà très très malin» (l. 7) : quel est leniveau de langue de cette tournure? c. Relevez d’autres tournures qui appartiennent aumême niveau de langue.

� Les niveaux de langue – p. 356

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Page 5: Contes Hachette

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1. mets : plat.

2. calebasse : fruit d’unarbre tropical qui, vidé,sert de récipient.

3. marigot : bras de rivièreou lieu bas inondable.

4. récurée : nettoyée.

5. canari : en Afrique, auxAntilles, récipient en terrecuite pour l’eau potable.

Birago Diop

(1906-1989)Cet écrivain sénégalais d’expres-sion française rendit hommageà la tradition orale de son paysen publiant des contes, notam-ment ses Contes d’AmadouKoumba.

Avant de lire le texte

On appelle «griot» un poète et musicien ambulant en Afrique noire. Lisez la biographie de Birago Diop :Les Contes d’Amadou Koumba relèvent-ils de la tradition orale ou écrite?

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M’ Bott-le-Crapaud saluait chacun et conversait avec certains.C’est ainsi qu’un jour, en le quittant, Yambe-l’Abeille lui dit :

«M’ Bott, viens donc un jour jusqu’à la maison partager mon repas. »M’ Bott ne se fit pas répéter deux fois l’invitation, car il avait entendu

dire que Yambe-l’Abeille savait préparer un mets1 qu’aucun être au mondene savait faire. […] Le lendemain donc, M’ Bott-le-Crapaud s’en alla,sautillant, plein de joie et d’appétit, vers la maison de Yambe-l’Abeille.«Yambe, sa Yaram Djam? (Abeille es-tu en paix ?) salua-t-il.– Djama ma rek (En paix seulement) lui fut-il répondu.– Me voici ! se présenta poliment M’ Bott.– Approche », invita Yambe-l’Abeille.

M’ Bott-le-Crapaud s’approcha de la calebasse2 pleine de miel, sur le rebord de laquelle il appuya l’index de la main gauche, comme doit le faire tout enfant bien élevé. Il avança la main droite vers le repas qui paraissait si bon, mais Yambe-l’Abeille l’arrêta :«Oh ! mais mon ami, tu ne peux vraiment pas manger avec une mainaussi sale ! Va donc te la laver ! »

M’ Bott-le-Crapaud s’en fut allègrement vers le marigot3, top-clop !top-clop ! puis revint aussi allègrement, clop-top ! top-clop ! et s’assitprès de la calebasse :«Mais elle est encore plus sale que tout à l’heure, ta main ! »

M’ Bott-le-Crapaud s’en retourna sur le sentier du marigot, un peumoins allègrement, clop-top ! puis revint chez Yambe-l’Abeille, qui luirefit la même réflexion.

Il repartit au marigot d’une allure beaucoup moins vive, clop-top !…top !… clop-top ! Quand il revint de son septième voyage aller etretour, les mains toujours aussi crottées par la boue du sentier et suantau chaud soleil, la calebasse était vide et récurée4. M’ Bott-le-Crapaudcomprit enfin que Yambe-l’Abeille s’était moquée de lui.

Il n’en prit pas moins poliment congé de son hôte :«Passe la journée en paix, Yambe, » fit-il en rejoignant l’ombre de sonvieux canari5.

Des jours passèrent. M’ Bott-le-Crapaud, aux leçons des grands etdes vieux, avait appris beaucoup de choses ; et, sur le sentier du marigot,il saluait toujours chacun et conversait toujours avec certains, dontYambe-l’Abeille, à qui il dit enfin un jour :

Le crapaud et l’abeilleGriot

sénégalais joueur de Kora,harpe à 21 cordes. © Michel

Renaudeau/HOA-QUI/Eyedea

Lectures

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Page 6: Contes Hachette

673 u Contes d’ici et d’ailleurs

« Yambe, viens donc un jour jusqu’à la maison, nous mangeronsensemble. »

Yambe-l’Abeille accepta l’invitation. Le surlendemain, elle s’en allavers la demeure de M’ Bott-le-Crapaud, gentil et vraiment sans rancune, se disait-elle. Sur le seuil elle se posa et salua :«M’ Bott, as-tu la paix ?– La paix seulement ! répondit M’ Bott-le-Crapaud, qui était accroupidevant une calebasse pleine de bonnes choses. Entre donc, mon amie ! »Yambe-l’Abeille entra, remplissant l’air du bourdonnement de ses ailes,vrrou ! vrrou ! ou !…

«Ah ! non ! Ah ! non ! fit M’ Bott-le-Crapaud, Yambe monamie, je ne peux pas manger en musique, laisse, je t’en supplie,

ton tam-tam dehors. »Yambe-l’Abeille sortit, puis rentra, faisant encore plus de bruit,

vrrou !… vrrou !… ou ! vrrrou !…«Mais, je t’ai dit de laisser ce tam-tam dehors ! » s’indigna M’ Bott-le-Crapaud.

Yambe-l’Abeille ressortit et rentra, faisant toujours du bruit, vrrrou !…vrrrou !… Quand elle rentra pour la septième fois, remplissant toujoursle vieux canari du bourdonnement de ses ailes, M’ Bott-le-Crapaudavait fini de manger, il avait même lavé la calebasse.

Yambe-l’Abeille s’en retourna chez elle jouant toujours du tam-tam.Et depuis ce temps-là, elle ne répond plus au salut de M’ Bott-le-

Crapaud.Birago Diop, «Les mauvaises compagnies», Les Contes d’Amadou Koumba, © Présence africaine, 1961.

Gardons une trace écriteEn vous appuyant sur l’étude de ce conte, rédigezla définition la plus complète possible d’un contemoralisateur.

Comprendre un conte moralisateur

� Un conte oral et merveilleux

1. Qui sont les personnages du conte?

2. Quels éléments du conte relèvent du merveilleux?

3. a.Sur quel continent situez-vous ce conte? b. Relevez les mots et expressions qui vous ont permisde repérer la situation géographique.

4. «top-clop! top-clop» : a. à quoi ces mots servent-ils?b. Comment nomme-t-on ce type de mots? c. Relevez-en d’autres exemples dans le conte.

5. «dit» (l. 2), « fit » (l. 4), « s’en alla» (l. 6) : a. à queltemps de l’indicatif ces verbes sont-ils conjugués? b. Relevez au moins trois autres verbes conjugués au même temps. c. Ces verbes se situent-ils dans despassages de récit ou de dialogue?

6. a. Quels signes de ponctuation permettent d’iden-tifier un dialogue dans ce récit ? b. Quelle est la part du dialogue dans ce conte ?

� La ponctuation – p. 262

� Un conte moralisateur

7. a.Quels sont les deux grands épisodes de cette histoire? Donnez-leur un titre.b. Relevez les points communs à ces deux épisodes.

8. Pourquoi, selon vous, Yambe-l’Abeille invite-t-ellele crapaud? Expliquez.

9. Le crapaud tire-t-il la leçon de l’aventure? Justifiez.

10. À qui la sympathie du conteur va-t-elle ? Citezplusieurs passages du texte à l’appui de votreréponse.

11. Quelle est la morale de ce conte ? Exprimez-laavec vos propres mots.

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1. s’il l’eût voulu :s’il l’avait voulu.

Avant de lire le texte

� À vos dictionnaires !Cherchez dans un dictionnairele sens des mots : «baudrier»,« fétiche», «palabre».

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L’Éléphant, chef des animaux, envoie un jour ses messagers donnerpartout l’ordre de se rendre immédiatement près de lui, et cela souspeine de guerre immédiate.

Les animaux, ayant reçu le message, se mettent aussitôt en demeured’obéir. Chacun fait son paquet, prépare ses provisions, prend sac, baudrier, fétiches et fusil, et se met en route.

Bientôt, les voilà tous devant l’Éléphant, les uns arrivant un peuplus tôt, les autres, un peu plus tard.

L’Éléphant appelle chacun par son nom avant de commencer le palabre, et tous répondent : « Je suis ici. » Tous, non, car lorsque l’Éléphant appelle : «Escargot », personne ne répond.

Par trois fois, l’Escargot ne dit rien ; il n’était pas là.Le palabre commence sans lui, et l’Éléphant préside la réunion.

Tout était réglé et sur le point d’être terminé, lorsque, au bout de la cour du village, les animaux qui étaient au fond se mettent à crier :«Le voilà, l’Escargot, le voilà ! »

Le pauvre animal, tout honteux, s’approche en tremblant, car il redoutait fort la colère de l’Éléphant, et même s’il l’eût voulu1, ne se sentait pas de force à lutter avec lui.

La légende de l’escargot Muriel Bloch

Cette conteuse française par-court la France et d’autres pays,pour conter aux petits et auxgrands, seule ou en musique.Elle est l’auteur de plusieursouvrages et livres-cd de contes.

LecturesTEXTE INTÉGRAL

Liz Wright, Fête dans la jungle, 1993

© Collection particulière/

The Bridgeman Art Library/

Getty Images/DR

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«D’où viens-tu ? lui dit l’Éléphant. – De mon village.– Et pourquoi viens-tu si tard ? N’as-tu pas reçu mon messager ? – Je l’ai reçu, père Éléphant, et me suis mis en route aussitôt, mais le chemin est long et tu ne m’as donné qu’un pied pour marcher ; souvent les branches des arbres m’entraient dans les yeux ; n’y voyantplus, cela retardait beaucoup ma marche ; puis encore je redoute beaucoup le froid et la pluie me donne la fièvre. Alors, pour arriver ici,intact et en bonne santé, je me suis décidé à retourner en arrière et à transporter ma case avec moi : voilà ce qui m’a retardé. »

Le père Éléphant rit beaucoup de la défense de l’Escargot ; il en ritbeaucoup et longtemps. Puis après cela :«Tu as bien parlé, Escargot, tu as bien parlé, désormais tu auras lesyeux au bout des cornes et ainsi les branches des arbres ne pourrontplus te frapper, car retirer tes yeux en arrière ou les porter en avant,

ce sera ton affaire ; mais aussi, pour te punir d’avoir manquéle palabre où je t’avais convoqué, à l’avenir tu porteras toujours ta maison sur ton dos. Va, le palabre est fini. »

Et c’est depuis ce temps-là que l’Escargot porte ses yeux au bout de ses cornes mobiles, et que partout aussi il portesa maison avec lui. Après tout, ce n’est pas une grande punition ; de cette façon, il n’a pas à travailler pour se construire une case.

Muriel Bloch, 365 contes des pourquoi et des comment, © Éditions Gallimard Jeunesse, 2002.

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Gardons une trace écriteEn vous appuyant sur l’étude de ce conte, rédigezla définition la plus complète possible d’un conteexplicatif.

Identifier un conte explicatif

� Un récit merveilleux

1. Nommez les personnages du conte.

2. À quel temps le récit est-il rédigé? Citez des verbesà l’appui de votre réponse.

3. Racontez oralement le conte en respectant lesétapes du récit.

4. Quels éléments du conte relèvent du merveilleux?

� La localisation et la datation

5. a.Sur quel continent situez-vous ce conte? b. Relevez des mots et expressions qui vous ont permis de repérer la situation géographique.

6. Le conte comporte-t-il des éléments permettant dedater l’histoire? Justifiez à partir du texte.

� La signification du conte

7. Relisez la première phrase du dernier paragraphe :a. À quel temps les verbes sont-ils conjugués?

b. Quelle est la valeur de ce temps?

8. a.Quelles sont les deux particularités physiques del’escargot évoquées dans le conte? b. Le récit de leur origine appartient-il au monde dumerveilleux ou à celui de la science?

9. Diriez-vous de ce conte (choisissez la meilleureréponse) :–qu’il prouve qu’il y a des chefs autoritaires?–qu’il raconte l’histoire d’un escargot malchanceux?–qu’il explique des caractéristiques anatomiques de

l’escargot?Justifiez votre réponse à l’aide du texte.

� Les valeurs du présent de l’indicatif – p. 322

Escargot. © Kenneth lilly Dorling

Kindersley/Getty images

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1. lasse : fatiguée.

2. talus : petite montée de terre.

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Alice commençait à se sentir très lasse1 de rester à côté de sa sœur,sur le talus2, et de n’avoir rien à faire : une fois ou deux, elle avait jetéun coup d’œil sur le livre que sa sœur lisait : mais il ne contenait ni images ni conversations, « et, se disait Alice, à quoi peut bien servirun livre où il n’y a ni images ni conversations ? »

Elle se demandait (dans la mesure où elle était capable de réfléchir,car elle se sentait tout endormie et toute stupide à cause de la chaleur)si le plaisir de tresser une guirlande de pâquerettes vaudrait la peine de se lever et d’aller cueillir les pâquerettes, lorsque, brusquement, un Lapin Blanc aux yeux roses passa en courant à côté d’elle.

Ceci n’avait rien de particulièrement remarquable ; et Alice ne trouvapas non plus tellement bizarre d’entendre le Lapin dire à mi-voix :«Oh, mon Dieu ! Oh, mon Dieu ! Je vais être en retard ! » (Lorsqu’elley réfléchit par la suite, il lui vint à l’esprit qu’elle aurait dû s’en étonner,mais, sur le moment, cela lui sembla tout naturel.) Cependant, quandle Lapin tira bel et bien une montre de la poche de son gilet, regardal’heure et se mit à courir de plus belle, Alice se dressa d’un bond, car,tout à coup, l’idée lui était venue qu’elle n’avait jamais vu de lapinpourvu d’une poche de gilet, ou d’une montre à tirer de cette poche.Dévorée de curiosité, elle traversa le champ en courant à sa poursuite,et eut la chance d’arriver juste à temps pour le voir s’enfoncer commeune flèche dans un énorme terrier placé sous la haie.

Un instant plus tard elle y pénétrait à son tour, sans se demanderune seule fois comment diable elle pourrait bien en sortir.

Lewis Carroll, Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, traduit par Jacques Papy © Pauvert,département de la Librairie Arthème Fayard 1961, 2000 pour la traduction française.

Rencontre avec le Lapin Blanc

Lewis Carroll

(1832-1898) Sous le pseudonyme de LewisCarroll, le pasteur mathéma-ticien anglais Charles LutwidgeDodgson a publié le conteAlice au pays des merveilles en1865. Trois mois plus tôt, lorsd’une promenade en barquesur la Tamise, il avait racontéà trois fillettes amies, âgées dehuit à treize ans, cette histoirequ’il venait d’inventer.

Avant de lire le texte

«Ce gâteau est absolument merveilleux. La baguette magique est un objet merveilleux.»

a. Quel est le sens de l’adjectif «merveilleux» dans chacune des phrases?

b. Quel est le sens qui convient à un conte de fées?

Lectures

CONTES D’EUROPE

Margaret Winifred Tarrant,illustration Alice au pays des merveilles, 1916.© Blue lantern Studio/Corbis/DR

© Selva/Leemage

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Page 10: Contes Hachette

713 u Contes d’ici et d’ailleurs

Gwynedd M. Hudson,illustration pour Alice au pays des merveilles, Hodder & Stoughton, 1922. The British library,Londres. Reproduction avec la permission d’Hodderand Stoughton, une division d’Hachette children’sbooks © Heritage Images/Leemage

Gardons une trace écrite� Grâce à quoi glisse-t-on dans le merveilleux dansce début de conte?

� D’après ce début de conte, quelle image vous faites-vous du «pays des merveilles» que va décou-vrir Alice ?

Comprendre l’entrée au pays des merveilles

� Un conte merveilleux

1. Le lecteur sait-il précisément où et quand l’actionse situe?

2. a.Qui est l’héroïne de l’histoire? A-t-on des infor-mations précises sur elle?b. Appartient-elle au monde de la réalité ou à celui du merveilleux?

3. a.Dans quel état se trouve-t-elle dans le deuxièmeparagraphe?b. En quoi cet état favorise-t-il l’apparition du mer-veilleux?

4. a.Qui rencontre-t-elle? b. Ce nouveau personnage appartient-il au monde dela réalité ou à celui du merveilleux? Justifiez.

5. Quelle est la première réaction d’Alice lorsqu’ellerencontre le lapin? Justifiez.

� Un conte de sagesse

6. Relevez dans le troisième paragraphe une expres-sion qui dévoile le caractère d’Alice.

7. Alice vous paraît-elle une petite fille raisonnable?Expliquez.

� Lire l’image

8. Expression oraleDécrivez oralement le lapin de l’illustration. Cetteillustration correspond-elle à l’image que vous vousêtes faite du lapin en lisant le texte? Expliquez.

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Page 11: Contes Hachette

1. à l’orée : à la lisière,au bord.

2. s’amenuisait :se rétrécissait.

3. demeura perplexe :hésita.

4. épinettes : plantes à épines.

5. sente : sentier.

6. acérées : coupantes.

7. on eût dit : on aurait dit.

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Autrefois vivait près de Tours une charmante fillette que tout le monde adorait. Orpheline, elle était élevée par sa tante dans unemaisonnette à l’orée1 d’un bois. Or, un jour, elle entendit dire que sa grand-mère était malade et la nouvelle la remplit d’inquiétude.N’écoutant que son bon cœur, elle se mit en chemin dès le lendemainpour aller lui rendre visite, de l’autre côté de la forêt.

Elle marcha longtemps. Le sentier s’amenuisait2 et ne fut bientôtplus qu’une vague trace qui serpentait entre les arbres. Et quand ellearriva au plus profond de la forêt, elle ne vit plus rien du tout etdemeura perplexe3. De quel côté se tourner ? Elle hésitait.

Un loup passait par là, attiré sans doute en ces lieux par l’odeur dechair fraîche. La fillette, qui ne se doutait pas qu’il ne faut jamais s’adresser à un loup, lui demanda sa route. Elle expliqua qu’elle allait voirsa grand-mère malade et que, désorientée, elle avait fini par se perdre.«Suis-moi, dit le loup, je vais t’indiquer la bonne route. »

Il la conduisit, à travers les arbres, à l’embranchement de deux chemins. Celui de droite était couvert d’aiguilles de pin ; à gauche, il était encombré d’épines et de ronces. Jeannette, qui ignorait qu’onne doit pas faire confiance à un loup, lui demanda :«Lequel des deux dois-je prendre ?– Le gauche, celui des épinettes4, lui répondit le loup sans hésiter, c’estle meilleur et le plus court. Tu seras vite arrivée. »

La fillette remercia son guide et s’engagea dans la sente5 hérissée de ronces. Mais plus elle avançait,plus le chemin devenait mauvais : les pierres roulaientsous ses sabots, des branches traîtresses et des épinesacérées6 accrochaient ses jupes au passage. On eûtdit7 que la forêt tout entière voulait l’empêcher d’arriver. […]Pendant ce temps, le loup arrive rapidement chez la grand-mère, la tue, remplit une cruche de son sanget la dévore. Puis il se couche dans le lit de la grand-mèreet reçoit la fillette dans la pièce sombre.Comme la grand-mère avait apaisé le plus gros de son appétit, il décida de garder l’enfant pour son petit déjeuner.

La petite Jeannette

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Lectures

Avant de lire le texte

1. Qu’est-ce qui caractérise le loup dans des contes que vous connaissez ?

2.� À vos dictionnaires ! a. Cherchez le sens du mot «quête» qui convient pour un conte.

b. Que signifie une initiation ?

Karl Offterdinger,Le Petit Chaperon rouge,lithographie 1880. © Collection Kharbine-Tapabor

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733 u Contes d’ici et d’ailleurs

8. en minaudant : en faisantdes manières.

9. huche : meuble où on mettait le pain.

10. fricassée : plat de viandecoupée en morceaux, cuitedans son jus, à la poêle ou à la casserole.

11. s’enquit : demanda.

«Mais je manque à tous mes devoirs, reprit-ilen minaudant8. As-tu faim, ma chérie ?

– Oh oui, grand-mère ! Le chemin était simauvais, j’ai marché si longtemps !– Il y a du sang dans la cruche sur la huche9, je le gardais pour faire duboudin. Tu peux te faire une fricassée10,prends la poêle, cuis-la et régale-toi ! »

La petite obéit.Pendant qu’elle fricassait, Jeannette

entendit, comme sortant de la cheminée,des petites voix plaintives qui disaient :

«Ah ! La vilaine petite fille qui fricasse lesang de sa grand-mère !

– Ma bonne grand-mère, que disent donc ces voixqui pépient dans la cheminée ? s’enquit11 Jeannette.

– Ne les écoute pas, ma fille, ce sont les petits oiseauxqui chantent dans leur langage », la rassura le loup.

Et la petite continua sa cuisine. Mais les voix reprirent bientôt :«Ah ! Ce serait un grand péché que de manger une telle fricassée ! »

Alarmée, Jeannette s’exclama alors :« Je n’ai plus faim, grand-mère, je ne veux pas manger de ce sang-là.– Eh bien ! Viens au lit, ma fille, viens au lit. »

Jeannette se glissa à côté du loup. Mais elle ne fut pas plus tôt sous la couette qu’elle s’écria :«Ah ! ma grand-mère, comme vous avez de grands bras !– C’est pour mieux t’embrasser, ma fille, c’est pour mieux t’embrasser.– Ah ! ma grand-mère, comme vous avez de grandes jambes !– C’est pour mieux courir, ma fille, c’est pour mieux courir.– Ah ! ma grand-mère, comme vous avez de grands yeux !– C’est pour mieux voir, ma fille, c’est pour mieux voir.– Ah ! ma grand-mère, comme vous avez de grandes dents !– C’est pour mieux manger, ma fille, c’est pour mieux manger. »Jugeant tout ceci anormal, Jeannette prit peur et gémit : «Grand-mère, j’ai envie de faire pipi !– Fais au lit, ma fille, fais au lit.– Oh non, ma grand-mère ! Je vais plutôt sortir. Si vous craignez queje m’en aille, attachez-moi un brin de laine à la jambe. Lorsque vousen aurez assez que je sois dehors, vous le tirerez, j’accourrai aussitôt.– Tu as raison, ma fille, tu as raison. »

Et la méchante bête attacha un brin de laine à la jambe deJeannette, dont elle garda le bout dans sa patte. Quand la fillette fut dehors, elle rompit le brin de laine et se sauva à toutes jambes. Un moment après, la fausse grand-mère sauta du lit :«As-tu fini, Jeannette, as-tu fini ? »

Et les mêmes voix fluettes sortirent de la cheminée :«Pas encore, ma grand-mère, pas encore ! »

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Gustave Doré,Le Petit Chaperon rouge,gravure. © Collection

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Le loup, alarmé, tira le brin de laine, mais il n’y avait plus rien au bout.Le redoutable animal se mit dans une belle colère : son petit déjeunerlui échappait ! Il se leva en hâte, renifla la piste et s’élança derrière la fillette. Il pensait bientôt l’attraper lorsqu’il perdit sa trace le longd’une rivière où des laveuses trempaient leur linge. Il les interrogea :«Avez-vous vu la petite Jeannette ?– Oui, répondirent les laveuses, nous avons étendu un drap sur l’eaude la rivière et elle a passé dessus. Elle est maintenant sur l’autre rive.– Ah ! dit le méchant loup, étendez-en un tout de suite pour moi. »

Le drap se déploya en corolle12 blanche sur la surface de l’eau et le loup s’y engagea, mais l’animal n’eut pas plutôt fait trois pas qu’ilcoula et ne reparut jamais plus. Jeannette sortit alors d’une panière13

de linge où elle s’était cachée et remercia les femmes, se promettant de ne plus jamais écouter le loup.

Version traditionnelle du Petit Chaperon rouge avant l’adaptation de Perrault et de Grimm, in Conteset légendes du Loup, coll. «Contes et légendes» de Léo Lamache, © Éditions Nathan (Paris, France), 2004.

12. corolle : en forme de fleur.

13. panière : grand panier à anses.

Gardons une trace écriteRecopiez et complétez ces phrases : «Un conteinitiatique raconte les ... d’un personnage parti àla ... de quelque chose. Grâce à ces épreuves, lehéros devient plus ... . L’histoire vise à donner une... aux lecteurs. »

Étudier un conte initiatique

� Le loup

1. Quels éléments du récit font apparaître le loupcomme un animal : a. dans son comportement; b. dans son physique?

2. En quoi ce loup appartient-il au monde du mer-veilleux?

3. Dans les lignes 15 à 22 : a. quel conseil le loupdonne-t-il à la fillette? b. De quel trait de caractère fait-il preuve?

4. Quelles sont les trois épreuves successives que leloup impose à la fillette dans les lignes 30 à 74?

5. Quel rôle le loup joue-t-il dans ce conte par rapportà Jeannette?

� Un conte initiatique

6. a.Qui est l’héroïne? b. Quel âge a-t-elle?

7. Quelle est sa quête au début de l’histoire? Cettequête sera-t-elle couronnée de succès? Justifiez.

8. De quel trait de caractère l’héroïne fait-elle preuvedans les lignes 5 à 6?

9. Relevez les mots qui expriment les attitudes de la fillette dans les lignes 30 à 75 : quelle évolutionconstatez-vous?

10. a. Quelles ruses la fillette imagine-t-elle pouréchapper au loup?b. Qui lui apporte de l’aide? Ces aides sont-elles de nature merveilleuse ou réelle? Justifiez.

11. Qui l’emporte dans ce conte?

12. Que la fillette a-t-elle appris grâce à ces épreuves?

� Lire l’image

13. Oralement, a. indiquez les passages précis dutexte qui correspondent selon vous à chacune desimages. b. Justifiez votre choix.

Histoire des Arts

14. a.Lisez Le Petit Chaperon rouge de Charles Perrault.Quelles ressemblances et différences repérez-vousavec le conte La Petite Jeannette?b. Rendez-vous sur le site de la BnF (http://expositions.bnf/contes/gros/chaperon/indfeuill.htm), choisissezl’illustration du Petit Chaperon rouge qui correspondle mieux au conte de Perrault. Justifiez votre choix.

15. Écoutez l’histoire de Pierre et le Loup mise en musique par Prokofiev. S’agit-il d’un conte initia-tique? Expliquez.

Lectures

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Œuvreintégrale

TEXTE INTÉGRAL

1. faisaient la même figure :avaient la même attitude.

2. s’y miraient :s’y reflétaient.

3. embrasure : ouverturepratiquée dans l’épaisseurd’un mur pour y placer uneporte.

4. linon : toile de lin très fine.

5. paillette : petite lamelle de matière brillante.

6. tabatière : petite boîte pour le tabac.

Il y avait une fois vingt-cinq soldatsde plomb. Ils étaient tous frères car ils étaient nés d’une vieille cuiller deplomb. Ils avaient le fusil au bras, faisaient la même figure1 et, pour leur uniforme, rouge et bleu, il avaitbon effet. La première chose qu’ilsentendirent en ce monde, quand lecouvercle de la boîte où ils étaient couchés fut enlevé, ce fut : «Des soldatsde plomb ! » : c’était ce que criait un petit garçon en battant des mains.On les lui avait donnés pour son anniversaire et il les aligna sur la table.Chacun était le vivant portrait de l’autre, il n’y en avait qu’un pour être un peu différent : il n’avait qu’une jambe parce que c’était lui quiavait été fondu le dernier et il ne restait plus assez de plomb. Pourtant,il se tenait aussi ferme sur son unique jambe que les autres sur deux etc’est précisément lui qui va mériter notre attention.

Sur la table où on les avait alignés, il y avait beaucoup d’autresjouets, mais ce qui frappait le plus le regard, c’était un joli château de carton. Par les petites fenêtres, on apercevait les salles. Dehors, de petits arbres entouraient un petit miroir qui tenait lieu de lac ; descygnes de cire y nageaient et s’y miraient2. L’ensemble était charmant,mais le plus charmant était encore une petite demoiselle qui se tenaitdans l’embrasure3 de la porte du château. Elle aussi était découpée dans du carton, mais elle portait une jupe de linon4 transparent et un mincepetit ruban bleu sur l’épaule qui faisait comme une écharpe, avec, aubeau milieu, une paillette5 aussi grande que son visage. La petitedemoiselle étendait les deux bras, car c’était une danseuse, et elle levaitl’une de ses jambes si haut que le soldat de plomb ne la découvrit paset crut qu’elle n’avait qu’une jambe, comme lui.« Voilà une femme pour moi, pensa-t-il, mais elle est distinguée, ellehabite au château, moi, je n’ai qu’une boîte et nous sommes vingt-cinqdedans, ce n’est pas un endroit pour elle. Il faut tout de même que je tâchede faire sa connaissance ! » Il s’étendit de tout son long derrière unetabatière6 qui se trouvait sur la table. Là, il put regarder la petite damedélicate qui continuait de se tenir sur une jambe sans perdre l’équilibre.

L’Intrépide Soldatde plomb

Hans Christian Andersen

(1805-1875) Cet écrivain danois, célèbrepour ses contes, est né dansune famille misérable. À quatorze ans, il part tentersa chance à Copenhague, lacapitale du Danemark. Il luifaudra plus de dix ans poursortir de la misère, voyageravec passion et connaître lesuccès avec ses œuvres. Mais ilreste angoissé. Son œuvre estle reflet de sa vie : la peur dela misère, les déceptions amou-reuses, le malaise de se sentirdifférent mais aussi un pro-fond attachement à la religion.

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Avant de lire le texte

«Intrépide», du latin intrepidus, «qui ne tremble pas» : en vous aidant éventuellementd’un dictionnaire, choisissez parmi ces adjectifs ceux qui sont synonymes d’«intrépide»:peureux, courageux, vaillant, lâche.

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7. les gens de maison : lesserviteurs et les servantes dela maison.

8. en être : en faire partie.

9. Dans la mythologiescandinave, un troll est un être malveillant, nain ou géant ; laid, avec un grosnez, il tient de l’homme et de l’animal et habite descavernes dans les montagnesou les forêts.

10. la bonne : la servante.

11. inconvenant : qui neconvient pas, déplacé.

12. dru : fort.

13. une dalle : une plaque.

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Quand la soirée fut avancée, tous les autres soldats de plomb entrèrent dans leur boîte et les gens de la maison7 allèrent au lit. Alors,les jouets se mirent à jouer, à organiser des réceptions, à faire la guerre,à danser. Les soldats de plomb cliquetaient dans leur boîte, ils auraientvoulu en être8 mais ils ne parvenaient pas à enlever le couvercle. Le casse-noisettes faisait des culbutes, le crayon écrivait des plaisanteriessur l’ardoise. C’était un tel vacarme que le canari se réveilla et entamala conversation, et en vers, qui plus est. Les deux seuls qui ne bougeaientpas, c’étaient le soldat de plomb et la petite danseuse : elle, se tenaitbien droite sur la pointe du pied, les deux bras étendus, lui, était toutaussi intrépide sur son unique jambe, pas un instant il ne détachaitd’elle son regard.

Minuit sonna et clac ! le couvercle de la tabatière sauta. Or il n’yavait pas de tabac dedans, non, mais un petit troll9 noir, c’était uneboîte à surprise !

« Soldat de plomb, dit le troll, veux-tu regarder ailleurs ! »Mais le soldat de plomb fit comme s’il n’entendait pas.« Fort bien, attends demain ! » dit le troll.Quand ce fut le matin et que les enfants arrivèrent, on posa le soldat

de plomb à la fenêtre, et, est-ce que ce fut le troll ou un courant d’air,la fenêtre s’ouvrit soudain et le soldat tomba, tête la première, dudeuxième étage. La vitesse fut épouvantable, il avait la jambe en l’air,il se retrouva tout droit sur sa casquette, sa baïonnette enfoncée entredeux pavés.

La bonne10 et le petit garçon descendirent aussitôt le chercher. Mais ils eurent beau manquer lui marcher dessus, ils ne l’aperçurentpas. Si le soldat de plomb avait crié : « Je suis ici ! », ils l’auraient sûrement trouvé, mais il estima inconvenant11 de crier puisqu’il étaiten uniforme.

Et voilà qu’il se mit à pleuvoir, les gouttes tombaient de plus en plusdru12, c’était une sérieuse averse. Lorsqu’elle fut passée, deux gaminsarrivèrent.

« Regarde donc, dit l’un, voilà un soldat de plomb ! On va le fairenaviguer ! »

Avec un journal, ils firent un bateau, y mirent le soldat de plomb et le voilà qui descend le caniveau. Les deux garçons couraient à côtéen battant des mains. Dieu ! les vagues qu’il y avait dans ce caniveau,et quel courant ! Il faut dire aussi qu’il avait plu à verse. Le bateau depapier tanguant, virant parfois de bord, si brusquement que le soldatde plomb en tremblait. Mais il restait intrépide, ne changeait pas d’expression, regardait bien droit et gardait l’arme au bras.

Tout à coup, le bateau passa sous une longue dalle13 recouvrant le caniveau. Il y faisait aussi noir que s’il avait été dans sa boîte.

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« Où est-ce que je vais arriver, pensa-t-il, ouais, c’est de la faute du troll ! Ah ! si seulement la petitedemoiselle était dans ce bateau, il pourrait bien fairedeux fois plus noir encore, ça me serait égal ! »

À cet instant surgit un gros rat d’égout qui logeaitsous la dalle.

« Tu as un passeport ? demanda le rat. Montre-le ! »Le soldat de plomb se tut et serra encore plus son fusil.

Le bateau cingla14, suivi du rat. Hou ! comme il grinçaitdes dents, criant aux bouts de bois, aux brins d’herbe :

« Arrêtez-le ! arrêtez-le ! Il n’a pas payé la douane15 !il n’a pas montré son passeport ! »

Mais le courant devenait de plus en plus fort ! Le soldat de plombapercevait déjà la lumière du jour à l’endroit où finissait la dalle,devant, mais il entendait aussi un grondement bien capable d’effrayerun brave. Pensez donc ! à l’endroit où finissait la dalle, le ruisseau se précipitait dans un grand canal. Pour le soldat, ce serait aussi dangereux que, pour nous, d’être entraînés dans une grande cascade.

Et il en était si près déjà qu’il ne pouvait s’arrêter. Le bateaufut projeté, le pauvre soldat de plomb se tint aussi raidequ’il put, personne ne pourrait lui reprocher d’avoir battu des cils. Le bateau tournoya troisou quatre fois et se remplit d’eau jusqu’aubord, il ne pouvait que couler. Le soldatde plomb avait de l’eau jusqu’au cou, le bateau ne cessait de s’enfoncer, le papier se défaisait de plus en plus.Maintenant, le soldat avait de l’eaupar-dessus la tête… alors, il pensa à la charmante petite danseuse qu’il ne verrait jamais plus ; et unechanson résonna aux oreilles dusoldat de plomb :

Passe, passe, passera,La dernière, la dernière,Passe, passe, passera,La dernière restera16 !

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14. cingla : se dirigea à toutevitesse.

15. payer la douane :autrefois, quand on changeaitde pays ou de région, onpayait un droit de passage à la douane.

16. Le traducteur a choisi unecomptine française que lesenfants chantent en formantun tunnel qui se referme surle dernier danseur car ellecorrespond à une comptinedanoise qui accompagne un jeu de capture.

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Et le papier creva, et le soldat de plomb le transperça… pour être, au même instant,

avalé par un gros poisson.Oh ! comme il faisait noir là-dedans ! C’était

encore pire que sous la dalle du caniveau, et puis onétait tellement à l’étroit. Mais le soldat de plomb était

intrépide, il s’étendit de tout son long, l’arme au bras…Le poisson frétilla, il fit les mouvements les plus épouvantables ;

finalement, il resta tout à fait immobile, il fut traversé comme d’unéclair. Il y eut une lumière très claire et quelqu’un s’écria : «Un soldatde plomb ! » Le poisson avait été pêché, apporté au marché, vendu etétait parvenu à la cuisine où la bonne l’ouvrait avec un grand couteau.Entre deux doigts, elle prit le soldat par la taille et le porta au salon où tout le monde voulait voir un homme aussi remarquable qui avaitvoyagé dans le ventre d’un poisson. Mais le soldat de plomb n’était pasfier du tout. On le posa sur la table et… vraiment, comme il peut se passer de drôles de choses en ce monde ! Le soldat de plomb se retrouvait dans le salon même où il avait déjà été, car il vit les mêmes enfants, et, sur la table, les mêmes jouets ; le joli château avecla charmante petite danseuse : elle se tenait encore sur une seule jambeet levait l’autre très haut, elle aussi était intrépide. Le soldat de plomben fut ému, il fut sur le point de pleurer, mais ce n’était pas convena-ble. Il la regarda et elle le regarda, mais ils ne dirent rien.

À cet instant, l’un des petits garçons prit le soldat et le jeta dans le poêle, sans donner aucune raison : c’était sûrement le troll de la tabatière qui en était cause.

Le soldat de plomb était tout ébloui et ressentit une chaleur épouvantable, mais sans savoir si cela venait réellement du feu ou de l’amour. Il avait perdu ses couleurs : personne n’aurait pu dire si celas’était produit pendant son voyage ou si c’était de chagrin. Il regardaitla petite demoiselle, elle le regardait, il se sentait fondre mais il restait encore intrépide, le fusil au bras. Alors, une portes’ouvrit, le vent s’empara de la danseuse qui volacomme une sylphide17 tout droit dans le poêle auprèsdu soldat de plomb, s’enflamma et disparut ; puisle soldat de plomb fondit, devint un petit blocde plomb et, le lendemain, quand la bonneenleva les cendres, elle le trouva sous formed’un petit cœur de plomb. De la danseuse, en revanche, il ne restait que la paillette calcinée18, noire comme du charbon.

Andersen, Contes, «L’Intrépide Soldat de plomb», traduit par Régis Boyer, © Éditions Gallimard, 1992.

17. sylphide : génie fémininde l’air, femme gracieuse etlégère.

18. calcinée : brûlée.

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793 u Contes d’ici et d’ailleurs

Comprendre un conte et ses significations

Les symboles du feu

15. a. «brûler d’amour,déclarer sa flamme, lesfeux de l’amour, avoirle cœur enflammé» : àquoi l’amour est-il com-paré dans ces expres-sions imagées?b. Dans la scène finale,par quels mots cesexpressions sont-ellesprises au sens propre?

16. a. À cause de quelpersonnage le petit soldat brûle-t-il ?

b. Dans la tradition chrétienne, les méchants, aprèsleur mort, brûlaient dans les enfers : dans le conte,quel objet peut représenter les enfers ?

17. a. Que la servante découvre-t-elle dans le poêle?Répondez en citant le texte.b. Dans la mythologie gréco-latine, le Phénix, animalmythologique, mourait incendié et renaissait réguliè-rement de ses cendres : en quoi le conte s’est-il inspiréde ce mythe?

F I C H E - M É T H O D E

• Préparer le questionnaire, par groupes ou individuellement, selon les indicationsdu professeur, en posant des questions précises sur :– le héros (son identité, son physique, son

caractère, son âge…) ;– l’objet de sa quête ;– les autres personnages (adjuvants et

opposants) ;– le(s) lieu(x) ;– l’époque et la durée de l’histoire ;– les principales péripéties ;– le dénouement.

• Préparer les réponses aux questions posées,sur une feuille séparée.

• Échanger les questionnaires et répondreaux questions posées par d’autres élèves.

• Confronter les réponses prévues et lesréponses fournies (on peut procéder à unediscussion, suivie d’un vote, pour détermi-ner quel est le meilleur questionnaire).

Organiser un défi-lecture

� Première lecture

Les personnages

1. Quels sont les personnages qui appartiennent aumonde des humains? ceux qui appartiennent aumonde du merveilleux?

2. a.Qui est le héros du conte? b. Quelle est sa quête?

3. Qui sont les opposants? Qui est l’adjuvant?

La structure du conte (le schéma narratif)

4. Que raconte la situation initiale (l. 1 à 64) ?

5. «Quand ce fut le matin... pavés» : à quelle étape duschéma narratif ce passage correspond-il ? Justifiez.

6. Donnez un titre aux différentes péripéties du petitsoldat entre sa chute et son retour à la maison.

7. Indiquez les lignes correspondant à l’élément derésolution.

8. Quelle est la situation finale?

� Un conte autobiographique (qui raconte la vie de l’auteur)

9. Relisez la biographie de l’auteur (p. 75).

10. Quels aspects de sa vie Andersen a-t-il mis dansce conte?

� Vérification de la lecture

Pour vérifier la compréhension du conte, la classe va organiser un défi-lecture, c’est-à-dire élaborer etéchanger des questionnaires (voir la fiche-méthode).L’évaluation portera pour moitié sur le questionnaireet les réponses que vous aurez élaborées, pour moitiésur les réponses que vous apporterez au question-naire préparé par d’autres élèves.

� Les allusions bibliques et mythologiques

Histoire des Arts

Le voyage

11. Dans la Bible, Jonas est puni pour avoir désobéià Dieu : pendant un voyage en mer, il est avalé par une baleine qui le rejette ensuite. En quoi le voyagedu petit soldat ressemble-t-il à celui de Jonas?

12. En quoi le voyage du petit soldat ressemble-t-il àl’odyssée pleine de dangers d’Ulysse (voir p. 146)?

Le troll

13. Selon la mythologie scandinave, le troll est unêtre malfaisant : quel est le rôle du troll dans le conte?

La descente aux Enfers

14. Pour les Grecs, on accédait aux Enfers en fran-chissant un fleuve sombre, le Styx ; il fallait payer unpasseur nommé Charon pour traverser : qui joue cerôle dans le conte?

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L’écho du poète

� Un poème en écho

1. De quel conte étudié rapprocheriez-vous ce poème? Pourquoi?

2. Quel autre titre pourriez-vous proposer pour ce poème?

� Un poème à réciter

3. Récitez le poème en insistant sur les répétitions et en ménageantl’effet de surprise final.

Le chameauUn chameau entra dans un sauna.

Il eut chaud,

Très chaud,

Trop chaud.

Il sua, Sua, Sua.

Une bosse s’usa,

S’usa, S’usa.

L’autre bosse ne s’usa pas ;

Que crois-tu qu’il arriva ?

Le chameau dans le désert

Se retrouva dromadaire.

Pierre Coran, La tête en fleurs, © Le Cyclope.

Chameau,© Éric Issele/Fotolia.com

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Page 20: Contes Hachette

Universalité et diversité des contes

813 u Contes d’ici et d’ailleurs

Arts et cultureUn genre universel� Le conte est un genre universel qui se retrouve dans toutes les cultures du monde et à

travers les siècles.

� Le conte est d’abord un récit de tradition orale. Les contes étaient dits par des conteurs(appelés griots en Afrique) ou par des conteuses, le plus souvent à la veillée. Ceciexplique que bien des contes soient anonymes (d’auteurs inconnus) : c’est le cas desContes des Mille et Une Nuits (voir p. 90 à 97).

La diversité des contes � La plupart des contes transmettent agréablement une leçon de sagesse grâce au récit

d’une expérience. Ils s’adressent donc particulièrement aux enfants. Ce sont des contesinitiatiques (ex. «La Petite Jeannette»).

� Certains contes expliquent de manière imaginaire un phénomène naturel (la neige en hiver…) ou une particularité animale ou végétale : ce sont les contes explicatifs(ex. «La légende de l’escargot»).

� Les contes peuvent faire allusion à des mythes anciens ou comporter des symboles(ex. «L’Intrépide Soldat de plomb»).

� Il existe des auteurs de contes célèbres tels que Hans Christian Andersen, Lewis Carroll,Birago Diop, L. S. Senghor ou bien encore Charles Perrault et les frères Grimm (voir p. 38 à 61).

Un genre littéraireUne forme de récit� Dans les contes, la présence du merveilleux (objets magiques, animaux

personnifiés, êtres surnaturels, métamorphoses) dans un monde réelest considérée comme normale.

� Le conte est une forme de récit. Il a une structure particulière nomméeschéma narratif et des personnages aux fonctions caractéristiques(voir p. 53).

� Même si les contes situent l’histoire dans un passé volontairementindéfini, le vocabulaire et les modes de vie décrits dans le contesituent celui-ci dans une époque et une région particulières.

L’écriture des contes � Les contes, le plus souvent, comportent un récit au passé (voir p. 324)

entrecoupé de dialogues rédigés au présent et au passé composéde l’indicatif.

� Ils utilisent de nombreux indicateurs de temps, tels que un jour, alors…,pour souligner la chronologie.

� Les contes de sagesse se terminent souvent par l’expression d’unemorale finale. Les contes explicatifs se terminent par une formuletelle que : «C’est pourquoi…» avec un verbe conjugué au présent de vérité générale.

� Certains contes expriment dans leur écriture le caractère oral de leurtransmission : onomatopées, interjections, langage familier.

Faire le point

Je retiens l’essentielRédigez une brève définition duconte qui contienne les mots suivants : universel, diversité, oral,tradition, merveilleux, sagesse.

© Dorling Kindersley/

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exercices

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Page 21: Contes Hachette

Le nom merveille vient du latin mirari, «ouvrirgrand les yeux» ; la merveille est ce qui faitouvrir grand les yeux.

82

� Sens propre et sens figuré – p. 354

� Quel est le sens du nom «quête» dans chacunedes phrases suivantes?1. Des bénévoles font la quête afin de récolter desfonds pour une association. 2. Ce jeune couple est enquête d’un appartement.

� Auquel des deux sens précédents rattacheriez-vous le nom «quête» dans la phrase suivante? Le héros se lance à la quête du trésor.

� La dérivation : préfixes – suffixes – p. 350

� En employant l’un des préfixes suivants : re-, en-,con-, trouvez le mot de la famille de «quête» quicorrespond à chaque définition :a. soumission par la force ou par les armes ;b. étude d’une question en réunissant des témoigna-ges, des expériences, des documents ;c. action de séduire quelqu’un ;d. demande pressante, écrite ou verbale ;e. recherche de la vérité pour trouver le coupabled’un crime.

Étudier la famille du mot « merveille »

Former des mots avec des préfixes

Distinguer les sens du nom « quête »

� Le radical et les familles de mots – p. 348

� Observez les mots suivants : merveilleux – mer-veilleuse – émerveiller – émerveillement.a. Quel radical commun retrouvez-vous dans chacunde ces mots ?b. Quelle est la classe grammati-cale de chacun de ces mots ?c. Quel(s) suffixe(s) sert(vent) àformer des adjectifs ? un verbe?un nom?

� Quel adverbe en -ment de la famille du mot «merveille» pouvez-vous former?

A B

1. à la queue leu leu1

2. être connucomme le loupblanc

3. un froid de loup4. entre chien et

loup5. une faim de loup6. un vieux loup

de mer7. une gueule-de-

loup8. un jeune loup9. hurler avec

les loups10. crier au loup11. enfermer le loup

dans la bergerie12. se jeter dans

la gueule duloup

1. leu : loup.

Langue & expression Lexique� Le vocabulaire des contes (2)

� Faites correspondre à chaque expression de lacolonne A la définition qui lui correspond dans la colonne B.

Découvrir des expressionsautour du mot « loup »

� Choisissez une de ces expressions que vousemploierez dans un bref paragraphe qui en expli-quera le sens.

a. un énorme appétitb. un marin endurcic. l’un derrière l’autred. se joindre aux autrespour critiquer ou attaquere. s’exposer de sa propreinitiative à un grand dangerf. être repéré par tout le mondeg. un jeune homme ambitieux, soucieux defaire carrièreh. un temps glaciali. à la tombée de la nuit, à l’heure où on ne distingue pas les formesj. une fleur dont les pétales s’ouvrent commeune mâchoirek. avertir d’un dangerl. placer quelqu’un dansun lieu où il peut faire du mal

Patrizia La Porta,illustration pour Le Petit

Chaperon rouge, 1998. © Patrizia La Porta/Leemage

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Page 22: Contes Hachette

833 u Contes d’ici et d’ailleurs

il a fini par arriver à bon port; ce matin, il est parmi nous.a. Pourquoi nomme-t-on le temps des formes verba-les en gras un «passé composé»?b. Quels sont les verbes auxiliaires utilisés dans cetteconjugaison? À quel temps sont-ils ?c. Comment nomme-t-on le deuxième mot qui compose ce temps?

� Transposez ces formes verbales à la personne dupluriel ou du singulier qui correspond.J’ai marché – tu as parlé – nous avons dormi – elle asurpris – ils ont rougi – vous avez porté – il a frémi –elles ont permis – j’ai entendu – elle a éprouvé.

a.Dans le texte suivant, identifiez les verbesconjugués au passé composé. b. Comment les avez-vous reconnus?

Cette nuit là, l’empereur a veillé. Il a attenduque le jour se lève en contemplant la lune. Maisdès le lendemain, il a donné des ordres pourqu’on construise un vaisseau de l’espace. Fou Lia fait un sourire. Des jours durant, il a calculédes trajectoires sur de longs parchemins quitraînaient à terre. Puis il a commencé à bâtiravec un acier spécial un drôle d’engin.

D’après M. Piquemal, L’Empereur et l’Astronome

Formuler la règle Recopiez et complétez la phrase : Pour formerle passé composé, on emploie l’auxiliaire «…»ou «…» , conjugué au … de l’indicatif, ainsi quele participe … du verbe.

� Préparer la dictée

Pendant des mois, Lune a appris à sa belle-filleles secrets des plantes, leur vertu médicinale ettout le bien qu’on pouvait en tirer. Lune lui aoffert une petite pioche très dure pour déterrerles racines et les plantes comestibles. Elle lui aenseigné l’art de planter les graines pour fairepousser de nouvelles graines. Un jour, en s’aven-turant loin du campement, Femme Plumeaperçoit un énorme navet.

D’après C. Gendrin, Tour du monde des contes sur les ailesd’un oiseau, © Rue du Monde, 2005.

� Relevez les verbes conjugués au passé composéen les classant par groupes.

� Quel est le genre du nom «vertu»?

� Justifiez l’accord des adjectifs qualificatifs en ita-lique.

Langue & expression Orthographe et conjugaison

� Les homophones – p. 344

Manipuler �� a.Recopiez la phrase en remplaçant les motsentre parenthèses par un synonyme (attention!tous les mots à trouver appartiennent à la mêmefamille) : Un (griot) africain (narre) des (histoires). b. Soulignez les lettres qui forment le son [ö] (voir p. 367).

� Recopiez et complétez les phrases suivantes : a. Dans des études de comptabilité, on apprend à …,à faire des … . b. La comtesse était l’épouse d’un …qui gouvernait le … .

Formuler la règle� Recopiez les phrases en les complétant : « Il ne faut pas confondre un … qui est une his-toire, un … qui désigne un titre de noblesse avecun … qui veut dire un calcul. »Des homophones sont des mots qui se prononcentde la … manière et qui s’écrivent de manière … .

� Reconnaître un participe passé – p. 314

Observer et manipuler� Observez les participes passés soulignés : de quelverbe à l’infinitif chacun d’eux provient-il ? Une histoire racontée – une mission accomplie – uneleçon apprise – une lettre reçue – une fenêtre ouverte.

� a.Quels sont le genre et le nombre des noms del’exercice 4? b. Quelle est la voyelle finale de tousles participes passés soulignés? Pourquoi?

� Écrivez au masculin singulier les participes passésde la liste ci-dessus et soulignez la lettre finale.

� En passant par le féminin, choisissez dans chaquebinôme, la forme verbale qui est un participe passé.1. Prit, pris. 2. Donner, donné. 3. Finit, fini. 4. Bu, but.5. Offrit, offert. 6. Vit, vu.

Formuler la règle� Recopiez et complétez la phrase : Au masculinsingulier, il existe … terminaisons possibles de par-ticipes passés : …, …., …., …. .

� Le passé composé de l’indicatif – p. 316

Observer� Hier, l’escargot est parti, il a voyagé lentement, il a pris son temps, il n’a pas pu aller plus vite mais

Conjuguer le passé composé de l'indicatif

Connaître les terminaisons du participe passé

Distinguer les homophones de « conte »

dict

ée sonore

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Page 23: Contes Hachette

Langue & expression

8484

Langue & expression Grammaire

� Les valeurs du passé composé de l’indicatif – p. 327

Observer� a.À quoi voyez-vous que ce passage est la trans-cription d’un récit oral ? Proposez deux éléments deréponse. b. Quel est le temps dominant dans ce récitoral ?

«N’as-tu pas reçu mon messager ?– Je l’ai reçu, père Éléphant, […], mais le che-min est long et tu ne m’as donné qu’un piedpour marcher. […] : voilà ce qui m’a retardé. »

M. Bloch, 365 contes des pourquoi et des comment,© Gallimard Jeunesse.

� a.À quel temps de l’indicatif le verbe «prétendre»est-il conjugué? b. Les actions des autres verbes sesituent-elles avant, pendant ou après l’action duverbe «prétendre»? c. À quel temps de l’indicatifces verbes sont-ils conjugués?

«Tu prétends que tu as porté ce gros caïmandans cette natte ? Comment as-tu fait ? – Je l’ai enroulé dedans et j’ai ficelé la natte. »

B. Diop, «Fari l’ânesse », Contes d’Amadou Koumba, Présence africaine, 1961.

Formuler la règle� En vous appuyant sur vos observations, reco-piez et complétez les phrases suivantes : Pour raconter une histoire à l’oral, on n’utilise pasle passé simple mais le … .Le passé composé s’emploie pour exprimer une actionqui se situe … une action racontée au présent.

� Les compléments d’objet du verbe : COD et COI – p. 296 et 298

Observer et manipuler

Le lapin blanc croisa Alice. Elle observa l’étrange animal;elle crut à une vision et ne manqua pas de curiosité.

� Pouvez-vous supprimer les mots et groupesnominaux en gras sans changer le sens des phrases?

� Ces mots complètent-ils des verbes ou des noms?

� Quels sont ceux de ces compléments qui se cons-truisent sans préposition? avec une préposition?

Distinguer les fonctions COD et COI(noms et groupes nominaux)

Connaître les valeurs des temps :le passé composé

� a.Classez en deux colonnes les noms et groupesnominaux en gras selon qu’ils complètent directe-ment ou non le verbe. b. Précisez les verbes qu’ilscomplètent.1. Arrivé au bord de l’eau, l’enfant déposa son fardeau, coupa les liens et délivra le caïman. 2. Lefermier tenait une bride et s’occupait de son cheval.3. L’homme rêvait à ses prochaines plantations et il labourait sa terre. 4. Il ne pensait pas au crocodilequi avançait doucement et fixait sa proie.

Formuler la règle� Recopiez et complétez la phrase suivante : On nomme COD un nom ou un groupe nominalqui complète directement un … ; on nomme COIun nom ou un groupe nominal qui complète unverbe à l’aide des prépositions … ou …. .

� Les compléments d’objet du verbe : COD et COI – p. 296 et 298

Observer et manipuler

Alice vit la porte et la poussa. Elle aperçut un jardin,le contempla et l’admira. Elle croisa un animal et luiparla.

� a.Quelle est la classe grammaticale des mots en gras? b. Où chacun de ces mots est-il placé parrapport au verbe?

� a.Remplacez chacun d’eux par le groupe nominalqui convient. b. Quels sont ceux de ces mots en grasqui sont COD? celui qui est COI?

a.Remplacez les noms et groupes nominaux en gras par le pronom personnel qui convient. b. Précisez la fonction de chacun d’eux.

1. La petite fille regarda la méchante fée. 2. Les parentsobéissaient à cette sorcière. 3. Heureusement, ils rencontrèrent un magicien et parlèrent à cetenchanteur. 4. Cet homme aux pouvoirs magiquesélevait un oiseau féerique. 5. Celui-ci protégea leurfille. 6. À l’âge de quinze ans la jeune fille rencontracet oiseau aux plumes d’or et elle parla à l’étrangeanimal.

Formuler la règle Recopiez et complétez la phrase suivante : Un pronom personnel COD ou COI est générale-ment placé … le verbe. À la troisième personne du singulier, le pronom personnel … est : le, la, l’ ;le pronom personnel COI est … .

Distinguer les fonctions COD et COI(pronoms personnels de la 3e personne du singulier)

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Page 24: Contes Hachette

853 u Contes d’ici et d’ailleurs

Langue & expression Écrit� Raconter à la manière des contes

SUJET : Un roi promet sa fille et la moitié du royaume à celui quiaccomplira l’action la plus incroyable. Le premier des prétendants1

s’avance et commence ainsi son récit : «Sire, je vous ai obéi…».Imaginez et racontez l’action incroyable du prétendant.

Préparation au brouillon1. Imaginez votre héros. Listez ses principalescaractéristiques.

2. En quel lieu et en quel temps situez-vousvotre histoire ?

3. Quelle chose incroyable votre héros va-t-ilfaire : réaliser un objet extraordinaire ? unexploit ? …

4. Le héros va-t-il recevoir l’aide d’un adjuvant?

Consignes d’écriture•Racontez en respectant les éléments de votre

préparation.

•Racontez au passé composé de l’indicatif.

•Veillez à utiliser des phrases simples.

•Utilisez un niveau de langue courant.

•Relisez-vous en faisant attention aux formesconjuguées.

1 Raconter une épreuve dans un conte

SUJET : Inventez une histoire d’une quinzaine delignes dans laquelle vous expliquerez d’unemanière amusante ou poétique l’origine d’unphénomène naturel.

2 Écrire un bref conte explicatif

Préparation au brouillon•Voici une série de titres possibles :– Pourquoi les tigres ont-ils un pelage rayé?– Pourquoi la neige tombe-t-elle en hiver?– Pourquoi le hibou est-il un oiseau nocturne?Choisissez un de ces titres ou inventez un titrequi vous plaît.

•Faites le plan de votre conte en trois étapes :– une phrase pour la situation initiale, écrite àl’imparfait de l’indicatif et commençant parune indication de temps (Autrefois…) ;– une ou deux phrase(s) pour l’étape de trans-formation, écrite au passé simple de l’indicatif ;– une phrase pour la situation finale, écrite auprésent de l’indicatif et commençant par uneformule (Et c’est depuis ce temps-là que…).

Consignes d’écriture•Rédigez votre conte en respectant les éléments

de votre préparation.

•Veillez à utiliser des phrases simples.

•Utilisez un niveau de langue courant.

•Relisez-vous en faisant attention aux formesconjuguées et aux accords.

Écriture du brouillonRédigez votre conte au brouillon en dévelop-pant vos trois étapes. Écrivez un paragraphepour chaque étape : le paragraphe le plusdéveloppé est celui qui correspond à l’étape detransformation.

Lisa Berkshire, Jungle la nuit, XXe siècle. © Lisa

Berkshire/Illustration

Works/Getty images

1. Ceux qui désirentépouser la princesse.

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Page 25: Contes Hachette

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Langue & expression Oral� Dire et raconter des contes

SUJET : Par groupes de trois élèves, entraînez-vous à lire ce conteen vous distribuant les rôles : le conteur, le lapin, le petit bouc.

Conseils de méthode•Repérez les passages qui

correspondent à votre rôle.

•Écoutez bien les deux autres lecteurs.

•Lisez de manière expressiveen variant l’intonation etle débit.

Pourquoi le lapin a-t-il de longues oreilles ?

Un jour, en sortant de son terrier, un lapin a vu un petit boucdonner des coups de corne dans un arbre. «Comme c’est une drôlede manière d’agir», se dit le lapin. Alors il a demandé au petit bouc:– Pourquoi donnes-tu ainsi des coups de boutoir à cet arbre ?– Il fait froid et je dois fendre du bois pour avoir de quoi chaufferdans la cuisine, répondit le petit bouc.Le lapin avait bon cœur et il avait pitié de ce petit bouc. Il aréfléchi un instant puis il lui a dit :– Attends, je vais t’aider. J’ai bien dormi et je me sens en pleine forme.Là-dessus, il prend son élan, fonce sur l’arbre et le heurte de latête. Pauvre lapin ! Voilà sa tête enfoncée profondément entre les branches, si coincée qu’il ne pouvait plus l’en retirer. De douleur, le lapin s’est mis à pousser des cris et à prier le petitbouc de l’aider à sortir de là. Le petit bouc a saisi le lapin par les oreilles et il a tiré, tiré tant qu’il pouvait… Au point qu’il sedisait qu’il allait lui arracher la tête, mais la tête a tenu. Seules,les oreilles se sont allongées, allongées.Et c’est depuis cette fois-là que le lapin a de longues oreilles.

Jiri Tomek, Contes arabes, traduit par Yvette Joye, © Éditions Gründ.

1 Mettre un conte en voix

SUJET : Par groupes de quatre élèves, racontez comme si vous étiez des conteurs (conteuses)le soir à la veillée, l’histoire de la petite Jeannette ou celle d’un autre conte de la séquence.

Préparation•Relisez le conte que vous avez choisi.

•Répartissez-vous la tâche en respectant lesétapes du conte :

– la rencontre de Jeannette avec le loup (l. 11à 22) ;

– la progression de Jeannette dans la forêt (l. 23 à 29) ;

– Jeannette et le loup chez la grand-mère (l. 30à 74) ;

– la fuite de Jeannette (l. 74 à la fin).

Conseils de méthode•Faites votre récit au passé composé de l’indi-

catif.

•Racontez l’histoire avec vos propres mots.

•Variez le ton quand vous faites parlerJeannette ou le loup.

•Pensez à vous adresser à votre auditoire et à le regarder.

•Veillez à l’enchaînement des quatre étapes.

2 Raconter oralement un conte

Patrizia la Porta, Horoscope chinois : le signe du lapin, XXe siècle. © Patrizia La Porta/Leemage

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Page 26: Contes Hachette

Léopold Sédar Senghor

La belle histoire de Leuk-le-Lièvre, © EDICEF Pour suivre les aventures deLeuk-le-Lièvre, personnage célèbre des contes africains qui triomphe grâce à son intelligence.

Hans ChristianAndersen

La Petite Sirène et autres contes, © Bibliocollège, Hachette.Pour découvrir six contesd’Andersen, pleins d’émotions.

Rudyard Kipling

Histoires comme ça, © Folio Junior.

Pour entrer dans la poésie de contes explicatifs qui se situent en différentes

régions du monde.

Marcel Aymé

Les contes bleus du chat perché, © Folio Junior.

Pour suivre les aventures dedeux fillettes, Delphine et

Marinette, qui vivent à la fermeavec leurs parents et qui sont

complices avec les animauxcontre les adultes.

873 u Contes d’ici et d’ailleurs

Lecturespersonnelles

Amadou Hampâté Bâ

Petit Bodiel et autres contes de la savane, © Stock, 1994 Pour rire avec le petit lièvre

rusé des contes traditionnelspeuls, qui trompe les grands

personnages de la brousse.

Birago Diop

Les Nouveaux Contesd’Amadou Koumba, © Présence africaine. Pour pénétrer dans l’universtribal africain où les bêtesdonnent des leçons auxhommes.

Je poursuis mon carnet de lectures personnelles (voir p. 33).

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Page 27: Contes Hachette

Leuk-le-Lièvre, prisonnier des hommes, a réussi à s’échapper au prix degrandes souffrances physiques.

Leuk a souvent entendu parler de Mame-Randatou, la fée. Tout le monde, au royaume des animaux comme au pays des hommes,connaît la renommée1 de Mame-Randatou. On dit qu’avec sa baguettemagique elle transforme les chats en princes galants, les citrouilles enéquipages2 et les souris en pages3. On dit que, d’une simple caresse de

la main, elle peut changer la forme de n’importequel organe, guérir les maladies les plus graves. Ondit… Mais qui pourrait dire tout ce qu’on racontesur le grand pouvoir de Mame-Randatou, la fée ?

Après avoir soigné ses plaies et les douleurs de sesmembres rompus4, Leuk va trouver Mame-Randatou,la fée.

« Je sais le but de ta visite, dit celle-ci, aussitôt queLeuk franchit le seuil de sa porte. C’est l’Hommequi t’a causé les maux que je vois sur ton corps :oreilles allongées, queue coupée, pattes de derrièredéformées.– C’est exact, répond tristement Leuk, en baissantla tête.– Je peux refaire ces membres comme tu les avaisauparavant, poursuit Mame-Randatou. Mais je peuxaussi les laisser comme ils sont, en les arrangeant debelle façon.

Mame-Randatou, la fée

1. renommée : célébrité.

2. équipages : carrosses.

3. pages : jeunes nobles au service des princes.

4. rompus : brisés.

Relisez «Faire le point» p. 81.

� Lexique Proposez deux sens du mot «quête». Qu’appelle-t-on des suffixes?Voir p. 82.

� Orthographe Avec quoi le participe passé s’accorde-t-il ? Voir p. 83.Donnez deux homophones de « conte».Comment forme-t-on le passé composé d’un verbe?

� Grammaire Quand emploie-t-on le passé composé de l’indicatif ? Voir p. 84.

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Apprendre à réviser

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Évaluations

et conjugaison

Léopold Sédar Senghor

(1906-2001)Cet écrivain sénégalais de lan-gue française est un poète etun homme politique. Il a étéle premier président du Sénégal(1960-1980) et le premierAfricain à siéger à l’Académiefrançaise.

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Page 28: Contes Hachette

893 u Contes d’ici et d’ailleurs

5. traiter : soigner.

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– Que faut-il préférer ? interroge Leuk.– Si tu gardes tes longues oreilles, tu entendras mieux ; si tu gardes teslongues pattes, tu courras mieux ; et ta queue écourtée te permettra de mieux sauter.– Je préfère donc conserver ces membres tels qu’ils sont maintenant.– Je te préviens, dit Mame-Randatou, que mon travail coûtera cher. Il me faut un peu de lait d’éléphant, un peu de lait de baleine, une dentde lion et une griffe de panthère. Mais la dent et la griffe que je veux ne devront pas être prises sur des cadavres.– Marché conclu !» dit Leuk, qui se fait traiter5 et qui s’en va en répétantsa promesse.

Léopold Sedar Senghor et Abdoulaye Sadji, La belle histoire de Leuk-le-Lièvre, coll. «Afrique en poche cadet », © NEA/EDICEF, 1990.

Compréhension du texte1. Peut-on dire sur quel continent l’histoire se passe?Justifiez.

2. a.Qui est le héros du conte? b. Ce personnage a-t-il des caractéristiques humainesou animales? Justifiez.

3. Le second personnage du conte appartient-il à laréalité ou au merveilleux? Justifiez.

4. Quelle est la quête du héros au début du texte?

5. a.Que lui propose son interlocutrice? b. Le héros fait-il preuve de sagesse? Expliquez.

6. Quelle est la quête du héros à la fin du texte?

7. Ce texte peut-il être lu comme un conte explicatif ?Justifiez.

Expression écriteChoisissez l’une des missions confiées par Mame-Randatou à Leuk-le-Lièvre et racontez sa réalisation.

1. Le dessin renseigne-t-il sur le lieu de l’histoire?Justifiez.

2. La représentation des personnages relève-t-elle dela réalité? du merveilleux? Expliquez.

Étude de la langue1. a. À quel temps les verbes du récit sont-ils conju-gués? Donnez un exemple. b. À quel temps le verbe de la première phrase est-ilconjugué? Pourquoi?

2. «oreilles allongées, queue coupée, pattes de der-rière déformées.», l. 16-17: a. Relevez les trois participes passés. b. De quel verbe chacun d’eux provient-il ?

3. a. Quelle est la fonction grammaticale de «Mame-Randatou la fée», l. 1 ?b. L. 13-14, quel est le COD du verbe « savoir»? celuidu verbe « franchir»?

4. L. 3, a. quel est le sens du nom «baguette»? b. Proposez une phrase comportant le mot «baguette»qui aura un sens différent de celui du texte.

Méthode

• Relevez le passage où Mame-Randatou

exprime ses exigences.

• Racontez la mission que vous avez

choisie en insistant sur le côté risqué

de l’expédition et sur l’intelligence

du héros.

• Vous rédigerez votre récit au présent

et au passé composé.

Lecture d’image

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