l'approche socio-pragmatique en sciences du langage

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COMMposite, V2007.1, p. 109-129 / ISSN 1206-9256

Gwenol Fortin, 2007. www.commposite.org

LAPPROCHE SOCIO-PRAGMATIQUE EN SCIENCES DU LANGAGE : PRINCIPAUX CADRES CONCEPTUELS & PERSPECTIVES

Gwenol Fortin Universit de Nantes

Rsum : Ce texte, dominante thorique, vise montrer comment lapproche sociopragmatique rvolutionne les thories de la communication, envisages depuis Saussure selon un modle unique : le modle du code (code model). Il sagit de prsenter les diffrents courants de rflexion et de recherche qui sinscrivent dans le paradigme pragmatique, envisageant la pragmatique non pas comme une discipline, ou un sous champ de la linguistique, mais plutt comme une approche mthodologique en sciences de lHomme travers la notion de communication.

Introduction

Le principe pistmologique central de lapproche socio-pragmatique en sciences du langage en rupture avec lapproche canonique en communication (thorie mathmatique de la communication) , cest de sintresser aux faits langagiers dans leurs relations avec leurs contextes rels dexistence.

Comme le rsume Philippe Blanchet, la question pragmatique est la suivante : Comment le langage [] produit de la signification, cest--dire des effets, dans le contexte communicatif de son utilisation par les locuteurs ? (Blanchet, 1995, p. 9).

Autrement dit, lapproche socio-pragmatique rompt avec la linguistique structurale interne en conceptualisant le langage et son usage en fonction de linteraction relle entre les interlocuteurs en contexte : on ne parle plus dmetteur ni de rcepteur, mais dinteractants, de co-nonciateurs qui co-construisent une interaction socio-langagire. La communication est envisage alors comme un rituel social reposant sur des conventions de coopration.109

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1. Les fondements

La pragmatique est ne dans le cadre de la linguistique. Plus prcisment, cest Charles Morris qui utilise le terme pour la premire fois et le dfinit partir des concepts peirciens comme ltude de la relation des signes leurs interprtants. Ce sont cependant les influences rciproques entre philosophie du langage, smiotique et linguistique qui rendent compte de la richesse des thories pragmatiques. Le courant dominant de la linguistique au XXe sicle sest constitu partir du Cours de linguistique gnrale de Ferdinand de Saussure (Saussure, 1916). La terminologie de Saussure tant au fondement de la linguistique moderne, il est ncessaire pour situer la pragmatique de caractriser la dichotomie centrale dans larchitecture conceptuelle de Saussure : celle entre langue et parole.

En effet, lenjeu premier du Cours est de donner un statut scientifique ltude du langage humain en tant que systmes de signes. Saussure rpond alors une conception linguistique courante qui consiste lpoque ne reconnatre que les faits linguistiques bruts, les vnements langagiers, comme matire premire pour le linguiste (conception incapable de rendre compte de lexistence de langues comme systmes collectifs). Il propose de distinguer deux faces au langage : dune part la langue (partie systmique, abstraite et communment partage ), dautre part la parole en tant quexercice concret et individuel. Ainsi avec Saussure, la linguistique, mme si elle a besoin des actes de parole pour tablir et vrifier ses thories, ne considre ceux-ci que comme phnomnes contingents et se ddie exclusivement tablir le systme de la langue. Selon Saussure, la linguistique a donc pour objet de recherche la langue et non la parole (Totschnig, 2000).

Aussi, le circuit de la parole selon Saussure sinscrit donc dans la logique dune communication codique (cf. Figure 1).

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Figure 1 : Soit deux personnes A et B qui sentretiennent.

Ce qui caractrise le ple systmique du langage la langue est un agencement de signes : chaque signe tant dfini comme larticulation dun signifiant et dun signifi. Pour Saussure le signe est fond uniquement dans la langue, cest--dire que le signifiant nest pas le son rel, mais une image acoustique , le signifi nest pas un objet, mais un concept. Le rapport entre signifiant et signifi est dcrit par Saussure la fois donc comme arbitraire et dpendant de son existence dans le systme, cest--dire que le signe est essentiellement dfini par sa place dans des sries dautres signes.

Cest en reconnaissant les contradictions inhrentes aux dichotomies saussuriennes que la pragmatique a largi la perspective de Saussure.

La pragmatique visera donc au dpart expliquer comment la parole, bien plus quune simple application de la langue, est en mme temps en variation par rapport des codes tablis et gnratrice de nouveaux codes.

Tout acte de parole a lieu dans un contexte dfini par des donnes spatio-temporelles et sociohistoriques ; aussi la pragmatique vise montrer comment ces donnes interagissent avec le systme de la langue et comment le sens prend naissance dans un contexte situationnel donn (Austin, 1970). Le concept de contexte est donc un concept cl de la pragmatique, en ce quelle tente dexpliciter comment le langage sexerce concrtement dans des contextes spcifiques, et comment ce fonctionnement chappe en partie la syntaxe et la smantique,111

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mais comment il se manifeste pourtant en partie aussi travers elles. La pragmatique est donc concerne par lusage que nous faisons du langage 1 . Il sagit de montrer comment une grande partie de lactivit communicationnelle consiste situer sa parole vis--vis de celles des autres, et comment le sens des noncs dpend dans une large mesure des positions respectives des interlocuteurs lintrieur dun change conversationnel.

Aussi, en dpassant lopposition rductrice entre langue et socit dune part, et parole et individu dautre part, la pragmatique est insparable dun mouvement de la pense moderne qui sest manifest dans lensemble des sciences humaines et sociales (constituant aussi un motif central de la thorie de la communication humaine) : la reconnaissance dune dialectique entre la socit et lindividu, dune interaction continue entre les niveaux macro et micro, et dun rapport complexe entre la normalit des codes et linnovation des usages.

La pragmatique trouve donc son origine dans une critique de lexclusion que la parole en tant que pratique subit dans la linguistique saussurienne. Elle a ainsi peu peu renou avec une autre conception de la smiotique formule plus tt par Charles S. Peirce (Peirce, 2002).

2. Un modle canonique de la communicationComment les humains communiquent-ils entre eux ? Plusieurs mtaphores dusage telles que mettre ses ides sur le papier , faire passer le message , des paroles lourdes de sens , semblent indiquer une rponse : la communication verbale consisterait empaqueter et expdier un contenu (autre mtaphore) au moyen de mots (Sperber & Wilson, 1989, p. 11).

Depuis Saussure et jusquaux smioticiens modernes toutes les thories de la communication sont bases sur un modle unique, une mme conception du langage : un processus fondamentalement codique, et qu la suite de Dan Sperber et Deirdre Wilson on a appel le code model ou modle du code .

Le modle du code, labor partir de la thorie mathmatique de Claude Shannon (lve de Norbert Wiener, le pre de la cyberntique), est devenu le modle en sciences sociales et la rfrence oblige pour tout nophyte en sociologie des mdias, correspondant tout fait

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Ceci est particulirement vrai pour la pragmatique sociolinguistique ; alors que chez les premiers pragmaticiens elle tait surtout centre sur les effets du discours.

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lapproche traditionnelle en sociologie 2 . Shannon publie en 1948 une Thorie mathmatique de la communication (Shannon, 1948) dans laquelle il propose ce quil appelle le schma du systme gnral de communication , dont le cadre conceptuel repose sur la chane dlments suivants : une source dinformation, qui produit un message ; un metteur, qui transforme le message en signaux ; un canal, par lequel sont transports les signaux ; un rcepteur, qui reconstruit le message partir des signaux ; et une destination, qui est la personne ou la machine laquelle le message est envoy 3 .

La thorie mathmatique de la communication de Shannon constitue alors rapidement une sorte de point de ralliement pour des champs disciplinaires trs divers : physique, mathmatiques, sociologie, psychologie, linguistique ou biologie molculaire, par exemple. A travers la notion de code, ces disciplines scientifiques vont partager une mme grille de lecture. Pendant plusieurs dcennies (et le modle est toujours trs prsent, inconsciemment la plupart du temps) cette thorie linaire inspire la plupart sinon toutes les approches de la communication.

Le modle est bas sur lide que linformation est un contenu fixe, aussi y a-t-il simple transmission dinformation (et non pas interaction). Le langage est considr comme un systme de signes ou de symboles (phontiques, visuels, etc.) qui servent transmettre une information . Ces signes doivent tre utiliss intentionnellement pour exprimer des penses.

La notion de communication est donc le plus souvent synonyme de transmission . La premire image qui vient lesprit lorsquon parle de communication, cest celle de la flche allant dune personne lautre. La flche voque la transmission intentionnelle dun message, le plus souvent verbal, dun metteur vers un rcepteur. [] Cette vision tlgraphique de la communication va se rpandre trs rapidement travers les sciences humaines et sociales et constituer le socle des sciences de la communication naissantes, tant aux Etats-Unis quen Europe (Winkin, 2001, p. 25).

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Il existe un parallle entre lvolution de la notion de communication (du modle tlgraphique au modle orchestral ) et lvolution que reprsente lethnomthodologie (notamment la notion dindexicalit, par rapport la sociologie traditionnelle). 3 Ce schma a t dclin dans le registre de la communication de masse sous le couvert dune thorie dite de leffet hypodermique . Les mdias nous injecteraient directement, telle une seringue, des ides et des attitudes.

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En parcourant lhistoire des sciences humaines et sociales au cours de la seconde moiti du XXe sicle, on est frapp par lampleur du succs rencontr par le modle de la communication de Claude Shannon et Warren Weaver.

La figure 2 est ladaptation du diagramme de Shannon et Weaver qui traduit comment lutilisation dun code sapplique la communication inter-humaine :

Figure 2

Ce modle fonctionne ainsi comme une espce de truisme culturel, de modle canonique partir duquel toutes les communications sont ramenes en dfinitive pour analyse.

Selon ce modle, la communication est assure par un encodage et un dcodage de messages 4 . Toute communication prsuppose ainsi un systme sous-jacent de signes que le smioticien doit reconstruire et prsenter sous forme de systme. Cest donc bien lhritage du programme saussurien dont il est question : La langue est un systme de signes exprimant des ides, et, par l, comparable lcriture, lalphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc. Elle est seulement le plus important de ces systmes. On peut donc concevoir une science qui tudie la vie des signes au sein de la vie sociale nous la nommerons smiologie (Saussure, 1972, p. 33). Le modle E-R admet implicitement que toutes les situations de communication peuvent tre dcoupes et ramenes un change entre deux acteurs. Cest partir de ce diagramme et4

Lide selon laquelle la communication verbale est un processus de codage et de dcodage est en fait profondment enracine dans la culture occidentale.

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dune directe rcupration de la thorie mathmatique de la communication de Shannon et Weaver que Roman Jakobson, dans les annes 1950, tablira sa classification des fonctions du langage 5 .

Le diagramme suivant (projection du modle de Jakobson) illustre la manire dont un message qui provient dune source dinformation peut tre reproduit une destination donne grce un processus de communication. Bien que le diagramme de Shannon et Weaver soit inspir de la technologie des tlcommunications (ils taient respectivement ingnieur en tlcommunication chez Bell et mathmaticien au MIT), la conception dont il procde est fort ancienne et visait initialement rendre compte de la communication verbale. Ici, la source et la destination sont les mcanismes cognitifs centraux du locuteur et de lauditeur ; le codeur et le dcodeur sont des capacits linguistiques et le message est une pense du locuteur (le canal tant lair) :

Figure 3

3. Les principales critiques

Lorsque les psychologues sociaux, dans les annes 1960, commencent sintresser aux problmes de la communication, cest tout naturellement quils reprennent les modles existants, et en loccurrence le modle codique de Roman Jakobson.

Ceci dit, lun des mrites de Jakobson est davoir introduit la notion de contexte situationnel (inspir par le bruit de la thorie mathmatique). Il dfinit la communication par six fonctions (rfrentielle, expressive, conative, phatique, mtalinguistique et potique) qui relvent dune pragmatique de la langue (Jakobson, 1963).

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Mais trs rapidement, ils se trouvent confronts ses limites, la premire de toutes tant labsence de prise en compte, par Jakobson et ses prdcesseurs, des enjeux psychosociologiques de la communication.

La seconde, directement lie la premire, est que lmetteur et le rcepteur ne sont pas de simples entits, des machines cest--dire des variables mais bien des individus humains, riches et complexes, qui se posent les uns par rapport aux autres. Aussi, dans un tel contexte, la situation communicationnelle inclut plus de paramtres que ne lentendaient les diagrammes de Shannon et Weaver et de Jakobson.

Ds les annes 1960, donc, le modle jakobsonien nest plus suffisant, ce qui laisse place dautres conceptions. En 1967, Dell Hymes expose son fameux modle SPEAKING (Hymes, 1967).

Comme le prsentait dj son auteur quelques annes auparavant, le jeu des fonctions du langage est plus complexe que ne le laissait entendre Jakobson dans son schma. Dsormais, seule une tude dtaille de la structure dun phnomne de communication en particulier des rapports entre les composantes permet den dgager les fonctions. Hymes retient ainsi huit variables fondamentales quil prsente en suivant lordre mnmotechnique S. P. E. A. K. I. N. G.

Aussi, pour Hymes, ltude de la communication consiste, une fois mises nu les composantes de lactivit de langage, montrer comment elles interagissent, ce qui permet en mme temps de dgager les fonctions du phnomne de communication. Pour Hymes, la communication comprend diffrentes dimensions qui sont inextricablement lies entre elles. De mme, Selon John Gumperz, dans tout change conversationnel, des lments autres que les connaissances grammaticales ou lexicales influenceront ncessairement le sens des changes. Il explique ainsi que :

Le cadre, le savoir darrire-plan propre chaque participant, ses attitudes avec les autres participants, les postulats socioculturels concernant les rles et les statuts, les valeurs sociales associes diverses composantes du message jouent galement un rle dcisif (Gumperz, 1989, p. 55).

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Ainsi, pour Hymes, la communication ne reposerait pas uniquement sur des changes de messages mais sur des interactions, des transactions ou des ngociations. La thorie des actes de langage Cest probablement la thorie des actes de langage (speech acts) qui a le plus contribu la popularit des approches pragmatiques (Kerbrat-Orecchioni, 2001). Celle-ci nest pas proprement parler une thorie linguistique, mais plutt une approche philosophique du langage qui essaie de rendre compte, en termes gnraux, de certaines proprits du langage humain, indpendamment de toute langue particulire.

Elle trouve son origine dans le texte de John Langshaw Austin (reproduisant une srie de confrences donnes lUniversit Harvard en 1955) : How to do things with words (Austin, 1962). Austin propose le concept de performatif pour dsigner tous les noncs dcrivant laccomplissement dun acte (comme une promesse, un ordre, une dclaration, etc.), et les oppose aux noncs qui affirment un tat de chose rel (noncs dits constatifs ou affirmatifs). Selon Austin, un vnement de parole est lactualisation dune phrase prvue par une langue (acte locutoire), laccomplissement dun acte qui selon certaines conventions sociales sinsre dans un contexte pour le changer (acte illocutoire) et la poursuite de certaines fins (acte perlocutoire).

Les rflexions fondatrices dAustin ont alors trouv des chos dans la linguistique, mais aussi dans la philosophie du langage et dans la sociologie, inspirant un approfondissement de la rflexion sur les rapports entre la logique formelle et lusage quotidien du langage.

La thorie des actes de langage a reu ensuite nombre de prolongations. On peut mentionner par exemple les travaux de John Roger Searle (Searle, 1969) qui a systmatis la pense dAustin en ce qui concerne lexplication de la structure (qui se veut exhaustive) des actes de langage, leur taxinomie et le phnomne de lintentionnalit. Dans un acte de langage, le locuteur construit un rapport complexe entre lui-mme, ses interlocuteurs et le contexte auquel il se rfre ainsi que la matrialit du message quil nonce. Le projet taxinomique de Searle se caractrise donc comme une tentative qui consiste distinguer les diffrentes manires par lesquelles un locuteur prend position sur le monde, sur ses interlocuteurs et sur lui-mme.117

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De fait, la thorie des actes de langage peut tre opratoire pour une thorie de la communication. Elle sapproche dune thorie sociale de lagir communicationnel , au sens dHabermas (Habermas, 1987), montrant plus spcifiquement que communiquer ne consiste pas simplement transmettre une information 6 mais construire, prolonger et modifier des rapports sociaux, prendre position dans un contexte institutionnel donn et dterminer certaines rgularits communicationnelles. Lacte de langage est li une subjectivit qui est celle de lnonciateur 7 : un locuteur assume un ou des rles conversationnels, il se place, se positionne par rapport aux autres, exprimant des rapports intentionnels envers le monde. Aussi lacte de langage doit-il tre compris dans un contexte, qui ne lui prexiste pas ncessairement; cest--dire que le langage est en mesure de construire et de modifier, de spcifier les contextes.

La thorie de la pertinence

Dans une mme perspective, la thorie de la pertinence de Sperber et Wilson (Sperber et Wilson, 1989) apparat comme un pas de plus dans la comprhension du fonctionnement de la communication 8 . Les deux chercheurs reviennent sur les thories de la communication antrieures et montrent quelles sont toutes bases sur le modle du code et que celui-ci est inadapt pour une description de la communication inter-humaine.

Une prcision dimportance simpose donc ici. Le langage a longtemps t peru essentiellement comme support dune activit mentale : Saussure affirme ainsi que la langue reprsente la pense organise dans la matire phonique (Saussure, 1972, p. 155). Pour Sperber et Wilson, communication verbale et pense ne sont plus de mme nature : la pense est une computation mentale de lunivers environnant bien plus riche que de simples noncs linguistiques , puisque le message linguistique nest quune reprsentation incomplte des penses du locuteur (qui doit tre recompose et complte par lauditeur).

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L priori implicite des linguistiques communicationnelles, cest que le langage exprime quelque chose, que les individus sextriorisent par lui. 7 A la suite dmile Benveniste, on parlera de la subjectivit langagire (Kerbrat-Orecchioni, 1980). 8 Mais elle nest considrer que comme un premier pas dans une nouvelle direction plutt que comme un aboutissement. On peut en effet lui reprocher plusieurs dfauts, non des moindres tant leur approche trs cognitive et donc une certaine ignorance des fonctions sociales mises en jeu par lactivit de communication.

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En rdigeant ce livre nous navons pas littralement mis nos penses sur du papier. Ce que nous avons mis sur le papier, ce sont de petites marques noires, dont vous avez en ce moment une copie sous les yeux. Quant nos penses, elles sont restes l o elles ont toujours t : dans nos cerveaux (Sperber & Wilson, 1989, p. 11). De telles penses ne peuvent jamais tre totalement recomposes puisque locuteur et auditeur ne partagent jamais de connaissances mutuelles absolues, ni une exprience identique du monde. Cest donc sur ces bases que Sperber et Wilson dvelopperont leur thorie de la pertinence.

Un premier point est la dfinition donne pour la situation (que les auteurs appellent contexte) :

Il ne sagit pas de ce qui est effectivement, mais de ce que les interlocuteurs pensent de la ralit ; Il ne sagit pas simplement de ce quils croient vrai, mais de ce quoi ils accordent un degr quelconque de plausibilit, cest--dire de leurs hypothses ;

Ces hypothses ne sont pas seulement celles quils ont consciemment lesprit au moment de la parole, mais aussi celles quils peuvent mobiliser, notamment par infrence partir dautres hypothses ;

Enfin, ce qui importe pour la communication, ce sont parmi ces hypothses celles qui sont tenues pour mutuellement manifestes : chacun est cens tre capable de les faire, pense quelles sont attribuables aussi lautre, et que lautre sait quil le sait.

Un second moment est fondamental dans la thorie : la dfinition de la pertinence. Elle est elle-mme relative aux notions de cots et deffets cognitifs. Le cot est leffort ncessaire linterprtation. Leffet cognitif dune proposition dans un contexte donn est lensemble de propositions que lon peut infrer delle quand elle est jointe un contexte, et que lon ninfrerait pas du seul contexte. Par exemple, si un contexte contient la fois lide que Le Pen viendra sur le plateau tlvis et que Chirac et Le Pen ne peuvent pas se voir sans se disputer, alors lannonce que Chirac viendra comporte, dans son effet cognitif, le pronostic dune dispute.119

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On caractrise alors la pertinence en disant quelle est dautant plus grande tant donn un certain effet cognitif que le cot pour lobtenir (le nombre de dductions logiques devant tre opres) est faible. Ainsi caractrise, la pertinence permet de prvoir linterprtation dun nonc dans un contexte donn. Elle est dfinie comme lensemble des propositions infrables de lnonc et qui le rendent le plus pertinent possible. Ainsi, en rponse Jacques Chirac est-il de droite ? , lnonc Il naime pas les socialistes sera compris comme Il est de droite . En tirant cette consquence dans ce contexte, on donne lnonc pour le moindre cot de traitement les effets cognitifs les plus importants, et cette pertinence optimale dont linterprtant suppose toujours quelle est vise par le locuteur.

Enfin, la pertinence rpond au problme crucial de dterminer, dans lensemble des hypothses mutuellement manifestes, celles que les interlocuteurs choisiront pour constituer le contexte dans lequel lnonc doit tre interprt.

On choisit le sous-ensemble dhypothses qui attribuent lnonc la plus grande pertinence en produisant, par les infrences les moins chres, le plus deffets cognitifs. Les auteurs parviennent ainsi rendre compte du fait fondamental signal plus haut : lnonc sert constituer la situation mme dans laquelle il doit tre interprt.

De mme, pour Rodolphe Ghiglione et Alain Trognon, communiquer, cest produire et interprter des indices dont le langage est porteur : le locuteur fournit par son nonc une expression interprtative dune de ses penses, et lauditeur construit sur la base de cet nonc une hypothse interprtative portant sur lintention informative du locuteur (Ghiglione et Trognon, 1993). Ghiglione et Trognon salignent donc l explicitement sur les travaux de Sperber et Wilson 9 .

Les pragmaticiens modernes, linstar de Sperber et Wilson, tentent donc de mettre jour plus explicitement les normes implicites qui prsident la communication verbale et de montrer comment elles interviennent dans linterprtation des noncs.

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Mais ici le principe communicationnel ou informatif de lusage langagier nest pas questionn.

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Palo Alto Une cole tente galement, dans les annes 1950, de prendre le contre-pied du modle codique de la communication : cest lcole de Palo Alto, encore appele le collge invisible 10 , et dont les reprsentants majeurs sont Gregory Bateson, Ray Birdwhistell, Edward Hall, Erving Goffman et Paul Watzlawick.

Lcole de Palo Alto est une dnomination gnrique un peu trompeuse pour dsigner un ensemble de chercheurs et de travaux. Trompeuse, dune part, car il ny a jamais eu dcole proprement dite (le terme dsigne des chercheurs ayant eu des affinits de travail communes la thrapie clinique et les thories de la communication inter-individuelles pour lessentiel), et dautre part parce quil ny a pas un mais deux regroupements de chercheurs : Gregory Bateson et Don D. Jackson, dans un premier temps, et Paul Watzlawick et quelques autres dans un second temps (ces deux temps correspondant deux moments conscutifs et bien spcifiques du dveloppement des recherches) 11 .

Alors que, dans les travaux mathmatiques et psychosociologiques, la communication reposait sur lmetteur et son intention denvoyer un message ( un autre individu), Ruesch et Bateson partent du rcepteur et sa perception d impressions en provenance non seulement dautres individus mais de luimme, dvnements, de lenvironnement (Winkin, 2001, p. 55). Bateson sera le premier adapter lapproche systmique ltude des relations humaines. Les thories systmiques servent par la suite modliser des types dinteractions sociales dans des contextes culturels spcifiques, tandis que lintroduction de notions issues du champ de la cyberntique, comme celles de feed-back (principe de rtroaction) ou de systme homostatique, permettent de poser les bases dune thorie gnrale de la communication.

Ce point de dpart est une vritable rvolution dans lapproche des phnomnes de communication, dans la mesure o il substitue une dmarche analytique (perspective traditionnelle des sciences) une dmarche globale, complexe et dynamique (toutes les

Lapport en termes de multidisciplinarit des chercheurs qui ont constitu la nouvelle communication est consquent. On parle de collge invisible dans la mesure o ce rseau de chercheurs a intgr les apports de diffrentes disciplines ltude de la communication humaine : ethnologie, psychiatrie, sociologie, etc. 11 Adapt de (sans nom) (non dat), Prsentation gnrale de lEcole de Palo Alto. Petit historique de deux coles dans un mme lieu , , consult le 3 mars 2004.

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interactions en un temps donn, dans un espace donn, constituent la trame de cette dynamique).

Considrant que la thorie de Shannon doit tre laisse aux ingnieurs des tlcommunications (pour qui, par ailleurs, elle a t conue), les chercheurs de Palo Alto prconisent que la communication soit apprhende du point de vue des sciences de lHomme, cest--dire daprs un modle qui leur soit propre. Ils abordent alors la communication humaine comme un processus circulaire, en termes de niveaux de complexit et de contextes multiples, dstabilisant progressivement les axiomes de Shannon. La notion orchestrale (par opposition au modle tlgraphique ) de la communication issue des premiers travaux des pragmaticiens du langage prend en compte dautres facteurs. Ici, linformation nest plus une entit fixe : elle est une entit instable, modifie par la transmission elle-mme (Watzlawick, Beavin et Jackson, 1972).

La nouvelle communication a donc largi considrablement la notion mme de communication. Edward T. Hall a par exemple intgr la dimension proxmique : gestion individuelle et collective de lespace (Hall, 1971).

4. Synthse thorique

Diffrentes approches sont donc venues bousculer le modle tlgraphique de la communication ds lors que les linguistes ont recentr leur attention sur le discours en tant quacte de communication, cest--dire impliquant des individus particuliers dans des situations particulires. Cette ouverture est reprable travers divers courants et diverses recherches parmi lesquels on peut retenir 12 : Les travaux linguistiques sur les embrayeurs (les dictiques et les pronoms personnels, en particulier) qui permettent lancrage de lnonc dans la situation dnonciation (Roman Jakobson et mile Benveniste dans les annes 1960) ; La philosophie analytique et la pragmatique anglo-saxonne inaugure par les travaux dAustin sur les actes de langage (annes 1960) ;12

Adapt de (sans nom) (11 nov. 1996), Une diversit dapproches pragmatiques , , consult le 3 mars 2004.

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Les recherches en pragmatique linguistique et notamment les thories de largumentation et de la prsupposition celles-ci tant considres comme des actes de langages particuliers (Jean-claude Anscombre et Oswald Ducrot dans les annes 1980 (Anscombre et Ducrot, 1995)) ; Les thories psychosociales sur linteraction dveloppes particulirement par lcole de Palo Alto et par Goffman ensuite dans les annes 1970 ; Enfin, les travaux de Gumperz et Hymes sur lethnographie de la communication (Gumperz et Hymes, 1972).

Les travaux dAustin ou de Searle ont mis jour quun modle de la communication tait pertinent dans la mesure o il pouvait rendre compte du sens des phrases en fonction de leurs usages. Puisque parler cest faire, cest--dire accomplir un acte, alors cet acte de parole est aussi un acte social. Tout locuteur construit une relation avec son allocutaire qui doit tre analyse en termes de rles et de positions. Lacte illocutionnaire assigne des rles aux diffrents interlocuteurs. Aussi les faits de paroles qui taient exclus de la linguistique saussurienne se trouvent rintroduits dans la communication, celle-ci ntant plus constitue que de paroles. Dsormais la notion dacte centre lattention sur lengagement que les paroles constituent pour chacun des sujets communicants.

Le paradigme pragmatique explicite ainsi que la langue comporte un code de rapports humains et ne se limite pas un simple instrument visant communiquer des informations ( mtaphore du conduit dans la thorie du code). Ainsi ne peut-on sparer le langage de ce avec quoi il est tiss.

La pragmatique, prenant en considration les actes de paroles, construit du mme coup des sujets simpliquant dans la communication, occupant des places , jouant des rles . Ce sont donc des sujets qui interagissent et sobligent mutuellement.

Communiquer nest pas tant transmettre de linformation en se faisant lmetteur dun message mais bien plutt co-construire une relation au sein de laquelle chacun sattribue un rle, une place et dfend une certaine image de soi. Lanalyse conversationnelle, fonde par

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les travaux dErving Goffman (et fortement inspire par la Nouvelle Communication de Palo Alto), sappuie sur cette thorie des rles 13 , complte par une thorie des faces .

De mme, lethnomthodologie (autre courant en analyse conversationnelle), sinspirant du travail de Goffman et de lcole de Chicago 14 , sintresse aux effets subjectifs des pratiques discursives (non-dits, implications implicites). Cest John Gumperz qui opre en quelque sorte la synthse de ces diffrentes approches thories psychosociales, analyse conversationnelle, ethnomthodologie avec ses travaux en sociolinguistique

interactionnelle, ou ethnographie de la communication (Gumperz, 1989).

Lethnographie de la communication se centre sur lactivit langagire des locuteurs en situation dinteraction. Chez les ethnographes de la communication, celle-ci est constitutive de la ralit sociale. Hymes propose ainsi lexpression comptence communicative pour dsigner lensemble des connaissances que tout individu doit acqurir afin de devenir membre dune communaut de parole (speech community). Gumperz met jour le principe de coopration conversationnelle : cest--dire que le dialogue repose sur des attentes partages donc signales , des conventions de contextualisation (Ibid., p. 23). Lethnographie de la communication a sans doute pour objectif ultime lanalyse de la comptence communicative (Ibid., p. 57).

Les divers travaux des pragmaticiens du langage linguistique de lnonciation, pragmatique intgre, thorie des actes illocutionnaires ou pragmatique dinspiration psychosociale conduisent progressivement faire voler en clats le modle classique du code en souvrant, des degrs divers, la notion dsormais centrale de contexte 15 .

Ces courants de rflexion et de recherche proposent donc dautres modles (certes moins formels) de communication dans lesquels le modle classique noccupe plus quune position secondaire, quand il nest pas purement et simplement renvoy aux oubliettes.

Goffman compare le monde une vaste scne de thtre o les individus jouent des rles (Goffman, 1973). 14 L cole de Chicago symbolise un courant de recherches en sociologie dvelopp lUniversit de Chicago dans les annes 1920. 15 La notion de contexte contribue sans doute aussi expliquer lhtrognit des travaux dclins sous lappellation gnrique de pragmatique, ainsi que linflation que connat le terme lui-mme.

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Cest donc son positionnement pistmologique qui constitue loriginalit et la fcondit de lapproche pragmatique en sciences du langage : Par ses mthodes, ses convergences disciplinaires, la vision globale plurielle de lhomme communiquant quelle dveloppe, elle occupe en effet une place particulire dans le champ scientifique (Blanchet, 1995, p. 111).

Lapproche pragmatique, ou interactionniste, permet ainsi une interrogation de lobjet qui doit permettre daller au-del de la parole sociale pour atteindre le co-interlocutif.

Le locuteur, porteur de savoirs (organiss en systmes de reprsentations) et de savoirs-faire (comptences linguistiques et situationnelles), co-construit avec les autres interlocuteurs un univers rfrentiel commun qui produit du sens, confirmant ainsi lintrication des pratiques linguistiques et des autres pratiques sociales, avec lide que les discours ne sont ni dpendants ni indpendants de leur contexte de production, mais quils construisent le contexte en mme temps quils le manifestent.

La ralit sociale doit donc tre pense ici, non pas comme une constante extrieure qui simposerait aux acteurs sociaux, mais comme une construction constamment ngocie voire modifie dans linteraction et dont le sens est immanent au contexte dans lequel elle est construite.

5. Perspectives

Aujourdhui, les hypothses psycho-socio-pragmatiques dveloppes par les travaux de Rodolphe Ghiglione et Alain Trognon, Robert Vion ou Marcel Burger, qui montrent combien lidentit est au cur de la production/interprtation des discours, sinscrivent dans le prolongement pistmologique de linteractionnisme symbolique de Goffman : tout locuteur se dfinit par une sorte de profil identitaire construit dans la dialectique dune reconnaissance intersubjective (Burger, 1994).

Ghiglione et Trognon, dans O va la pragmatique ? (Ghiglione et Trognon, op. cit.), ont montr comment les interlocuteurs sinscrivent au sein dun espace co-gr en fonction dun certain enjeu communicationnel et que lidentit des sujets ne peut se comprendre quen relation avec dautres identits dans un espace de dialogue, en relation donc avec la reconnaissance communicationnelle dont elle fait lobjet.125

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Cest aussi dans cette perspective que sorientent les travaux en pragmatique du langage de Vion (Vion, 1992). Il montre que les sujets se co-construisent dans lusage du langage, dans une sorte de relation circulaire (sociale, discursive et psychologique) qui fait que lon ne peut penser sparment ces diffrents aspects de lidentit.

Enfin, conjointement avec les travaux et dmarches se rclamant de lapproche pragmatique en sciences du langage, de nouvelles interrogations mthodologiques saffirment, centres sur une reprsentation pistmologique, anthropologique ou thique. Par exemple, lthique comparatiste de Guy Jucquois continue, dans une certaine mesure 16 , lentreprise pragmatique. Avec la notion de topique comparatiste 17 , dveloppe dans La Mthode comparative dans les sciences de lhomme (Jucquois, 1989), il montre comment tout comportement humain sorganise autour dune certaine comparaison, cest--dire une opration

didentification/interprtation/validation fonde sur la confrontation dlments comparables ( la fois semblables et dissemblables) (Blanchet, 1995, p. 125).

Ces perspectives thoriques (non homognes) comprennent aussi des options spcifiques et complmentaires limage de lanalyse sociale du discours, de linteractionnisme social (ou cognitif), ou de la smio-linguistique qui construisent une approche sarticulant autour du discours envisag comme moteur dans la construction et la ngociation des ralits sociales.

Jucquois ne se rclame pas explicitement de la pragmatique et affirme mme un certain scepticisme lencontre des thories systmiques dveloppes par lcole de Palo Alto. 17 Rappelant la notion de topique contextique, synonyme dapproche pragmatique.

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Notice biographique Matre de confrences en Sciences de l'Information et de la Communication l'Universit de Nantes, docteur en Sciences du Langage, il est membre du CRGNA (Centre de Recherche en Gestion de Nantes Atlantique) et enseigne 128

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l'IUT de St Nazaire. Il s'intresse la fonction identitaire des pratiques linguistiques, portant un regard sur les interactions comme signifiant autant par leur existence mme que par leur contenu propositionnel. Il pratique une mise en contexte social le plus large possible, d'o des croisements interdisciplinaires avec la politologie, les sciences de l'information et de la communication, la psychologie sociale et l'anthropologie culturelle.

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