lanjou laïque - fol 49 – fédération des Œuvres laïques de … · 2017-07-05 · ... histoire...

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Anjou laïque L '' Élections, des angevins engagés Sommaire Page 2 : Portrait, Pierre Michel Page 3 : Édito Page 4 : Laïcité, AlsaceMoselle Page 5 : Germaine Canonne Page 6 : Anniversaire du Planning familial Page 7 : Carbay, un village gaulois Page 8 : Un curé particulier Page 9 : Aimer le sol Page 10 et 11 : Paroles de politiques angevins Page 12 : Assassinat de l’école Page 13 : Islam modéré Page 14 et 15 : Histoire de la Constitution Page 16 : Deux visions de la science Page 17 : Octave Mirbeau Page 18 : Fin de l’Europe, D. Cayla Page 19 : Courrier des lecteurs Page 20 : Humeurs et rumeurs

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Anjou laïqueL''N° 1 1 9 journal de la Fédération des Œuvres Laïques de Maine et Loire - 3 € Avri l , mai, juin 201 7

Élections, des angevins engagés

SommairePage 2 : Portrait, Pierre MichelPage 3 : ÉditoPage 4 : Laïcité, Alsace­MosellePage 5 : Germaine CanonnePage 6 : Anniversaire du Planning

familialPage 7 : Carbay, un village gauloisPage 8 : Un curé particulierPage 9 : Aimer le solPage 10 et 11 : Paroles de politiquesangevinsPage 12 : Assassinat de l’écolePage 13 : Islam modéré

Page 14 et 15 : Histoire de laConstitutionPage 16 : Deux visions de la sciencePage 17 : Octave MirbeauPage 18 : Fin de l’Europe, D. CaylaPage 19 : Courrier des lecteursPage 20 : Humeurs et rumeurs

Tu es reconnu comme " le" spécia­liste d’Octave Mirbeau sur le planinternational. Pourquoi cette passionpour ce personnage ?Dans les années 1960, je ne connaissaisque ses œuvres littéraires comme Le jour­nal d’une femme de chambre, Les affairessont les affaires qui sont les plus connues.

J’ai découvert qu’il était également jour­naliste et pamphlétaire de grand talent,qu’il avait écrit des milliers de pages surde nombreux sujets : politiques, ar­tistiques, sociétaux. Ma vie profession­nelle et militante (j’ai été au PSU, à An­jou­Ecologie­Autogestion, aux Verts…)m’a aidé à mieux comprendre ce person­nage fascinant et m’a permis d’enlever lesfausses étiquettes que certains avaient pului coller. Mirbeau, c’est le type même de" l’intellectuel éthique". Il transgresse lescodes.

Parle­nous du parcours de cet hommeque tu connais si bien.Durant la deuxième moitié du 19e siècle etau début du 20e, Octave Mirbeau seconfronte à de nombreux sujets de société.C’est un contestataire de l’ordre établi,même s’il écrit dans des journaux dits" bourgeois" (le Journal, le Figaro, le Gau­lois…). Il qualifiera d’ailleurs cette pré­sence de " journalisme à gages". Il rédigedes articles remarqués sur Camille Clau­del, Rodin, Monet, Van Gogh dont ilachète deux tableaux à bas prix àl’époque : Les Iris et Les Tournesols. En

1884, à 36 ans, il fait sa transition. Ilchange de vie. Il publie son premier livre à38 ans : Le calvaire, au titre significatif.Puis viendront d’autres ouvrages : L’abbéJules, Sébastien Roch, sur un sujet tabou :le viol d’adolescents par des prêtres. PuisLe Jardin des supplices, Le Journal d’unefemme de chambre, Les affaires sont lesaffaires. Ni naturalistes ni érotiques,contrairement aux affirmations del’époque, il s’agit d’œuvres d’avant­gardeoù il rompt avec les règles du roman. Ilprocède par collages, par fragmentations.Son intérêt, c’est de voir le " beau monde"par le trou de la serrure. Il nous fait péné­trer dans les coulisses de cette bourgeoisieet ça sent mauvais. Il arrache le masque derespectabilité de ces gens honorables. Mir­beau nous montre un univers chaotique,nous dirions aujourd’hui absurde.

C’est un révolté ?Tout à fait. Il écrit pour défendre lesfaibles, les exploités. En 1890, il se rallie àl’anarchie. Il met sa plume au service deses idéaux et de ses valeurs libertaires. Ils’engage à fond dans l’affaire Dreyfus auxcôtés de Zola et Clémenceau pour dénon­cer l’antisémitisme et les atteintes à la di­gnité humaine. Il écrit une cinquantained’articles dans L’Aurore pour défendreDreyfus. Il paiera même l’amende de Zolalorsque celui­ci sera condamné par les tri­bunaux. Il écrit également dans L’Hu­manité, en 1904. Il est antimilitariste, anti­patriotique, anticolonialiste.

Il n’aimait pas beaucoup l’Église nonplus ?Pour lui, l’Église est une association demalfaiteurs. Il veut réduire son influencesur la société. Il estime que la loi de Sépa­ration de 1905 ne va pas assez loin. Ilpense que l’Église "empoisonne" le cer­veau des enfants. Pour lui, l’Église en­seigne la haine du corps, la culpabilité, lasoumission. Dans les discussions autour dela loi de 1905, il soutient Émile Combes etsouhaite un enseignement matérialistepour les enfants.

Selon toi, il pourrait aujourd’huicontinuer ce combat ?Bien sûr ! Je suis atterré par ce que nousvivons en ce début de 21e siècle. Le retourdes idées rétrogrades me renverse. L’élec­tion de Trump me désespère, tout commela montée de l’islam intégriste. La grande

majorité des musulmans est bien sûr paci­fique, mais cela ne doit pas nous empêcherde lutter contre ces croyances, notammentauprès des enfants. Quant à l’islamogau­chisme, il me sort par les yeux. Il a fallucinq siècles d’évolution chez les catho­liques pour arriver à une déchristianisationde la société. Il n’y a malheureusementpas d’équivalent en terre d’Islam car lesLumières y ont peu d’échos.

2017, c’est le centenaire de la mortd’Octave Mirbeau. Beaucoup de tra­vail donc pour la Société Mirbeauque tu as créée ?Oui, énormément. Il y aura de nombreuxcolloques où nous parlerons de multiplesthèmes et des milliers de pages que notreSociété a publiées depuis près de 25 ans.Des rencontres auront lieu en France, biensûr, notamment au Sénat le 27 janvier, àMorlaix le 11 février, à la Sorbonne le 25mars et à Angers les 31 mars­ 1er avril.Mais aussi en Belgique, en Espagne, àChicago, en Hongrie, en Tunisie. Un re­gret pour cette commémoration, et detaille : le musée d’Orsay, à Paris, a refuséde s’associer à cet hommage. Quand onconnaît le travail de Mirbeau en faveur desimpressionnistes, c’est un scandale !

Propos recueillis par Jean­PierreThuleau et Patrick Tharrault

Portrait

Pierre Michel est né à Toulon, en1942. Son père, historien renomméet grand résistant, s’installe avectoute sa famille à Paris en 1947.Elève à Condorcet, Pierre sepassionne pour les tragédies en vers(il en écrivit plusieurs enalexandrins). Reçu premier àl’agrégation de Lettres à la Sorbonneen 1964, il est nommé professeur aulycée Chevrollier à Angers où il feratoute sa carrière. Il soutient en 1992sa thèse sur Octave Mirbeau,journaliste et écrivain engagé.Docteur es Lettres et Habilité àDiriger les Thèses, il crée la SociétéOctave Mirbeau, rédige de nombreuxarticles, multiplie les conférences etles colloques.Grand voyageur, révolté et indignécomme son « modèle », il continue àétudier et à présenter l’œuvre deMirbeau, anarchiste et libertaire, dontil nous parle avec chaleur

Une passion pour Mirbeau, " intellectuel éthique "Pierre Michel

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Les militants laïques s’intéressent à la po­litique. En général, esprits critiques, ilss’informent sur les programmes et les dé­clarations d’intention. Mais, l’engagementlaïque des candidats n’étant pas le seul cri­tère de choix, leurs votes sont divers. Ils sesituent toutefois en majorité à gauchemême si des personnes comme FrançoisBaroin, en qualité de président de l’asso­ciation des maires de France, peuvent surla laïcité tenir des discours structurés. Lagauche donc, emporte la plupart de leurssuffrages. C’est un attachement historique.Ils approuvent tous une République quali­fiée de démocratique, laïque et sociale,mais ils peuvent se différencier sur lesmoyens d’y advenir.

L’EuropeC’est certainement le point de désaccord leplus important entre les militants laïques.Certes, même ceux qui y sont favorablesreconnaissent sa nature libérale, mais af­firment qu’elle peut se transformer de l’in­térieur. L’Europe sociale tant promise pas­serait par un renforcement de sesstructures. L’aboutissement serait une Eu­rope fédérale des nations et même, pourcertains, une Europe des régions. Il peutêtre objecté que cette fédération supra na­tionale impliquerait une solidarité des na­tions ou des régions les plus riches vers lesplus pauvres. Il est loin d’être certain quel’Allemagne et ses lands accepteraient cestransferts. Pour certains économistes (Lor­don, Sapir, notamment), c’est non. Para­doxalement, si des mesures tendaient àunir une Europe solidaire, l’Allemagne, fi­gure de proue de l’Europe de maintenant,pourrait quitter le navire.Pour les eurosceptiques, de plus en plusnombreux, malgré le discours culpabilisantde l’oligarchie relayé par les médias domi­nants, ce rêve d’une nation européenne estprématuré. Le peuple européen, au­jourd’hui est une utopie qui tend à estom­per les souverainetés nationales. Elle se fe­

rait à marche forcée contre les peuples.D’ailleurs, refroidis par le résultat du ré­férendum de 2005 sur le projet de traitéconstitutionnel, les femmes et hommes po­litiques pro­européens se promettent de neplus consulter le peuple sur le sujet. Ce­pendant, bien que l’expérience n’y encou­rage pas, des laïques de bonne foi peuventtoujours penser que les promesses pour ré­orienter l’Europe seront cette fois tenuesou tentées de l’être. Peut­être pensent­ilqu’il n’y a pas d’autre voie, que la mondia­lisation y oblige.Tout aussi sincèrement, d’autres laïquespeuvent prétendre que les institutions euro­péennes en vigueur bloquent toute évolu­tion en déterminant une politique libérale.Ils opteront plus facilement pour une sortiealliant souveraineté nationale et coopéra­tion inter­nationale.

Les institutionsCe sujet divise sans doute moins que leprécédent. Les avis divergent cependantsur la constitution de la Ve République, en­fant du général De Gaulle. De la logiquedu régime présidentiel accompli découlel’élection du Président de la République ausuffrage universel et le scrutin majoritairepour le choix des députés. La nomination àla fonction suprême doit être la rencontred’une femme ou d’un homme avec lepeuple. Le scrutin majoritaire pour les lé­gislatives vise à renforcer le choix. Ledécalage entre un septennat présidentiel etun quinquennat législatif pouvant provo­quer des cohabitations était un gros grainde sable à la cohérence du système. Lesdeux grand partis de gouvernement se sontmis d’accord pour l’éliminer. Les deuxélections coïncident désormais dans letemps et la durée. Au nom de la stabilitéd’un exécutif fort et légitime (puisque éluau suffrage direct), des laïques ont approu­vé cet alignement. D’autres, opposés au ré­gime présidentiel, ont dénoncé cetteconnivence. Ces approches différentes des

laïques peuvent se retrouver sur les pri­maires. Certains argueront qu’elles sontdémocratiques en dévoilant publiquementles options des prétendants. D’autres, pen­serons qu’elles affaiblissent les partis entant qu’espaces de réflexion, qu’ellesaccentuent la dimension d’écurie à lacourse présidentielle et qu’en cela ellesrenforcent le système en place. Ils pour­raient ajouter qu’elles visent autant à ex­clure qu’à choisir. Sur le mode de scrutin,devant le décalage énorme entre la re­présentation à l’assemblée nationale et levote des électeurs, des laïques préconisentune dose de proportionnelle tout enmaintenant la logique présidentielle.D’autres, favorables au régime parlemen­taire et à des majorités d’idées à l’assem­blée nationale, aspirent à un scrutin pro­portionnel intégral.

La laïcitéCette question nous unit. Les laïquesadeptes d’une laïcité sans qualificatif sontcertainement déçus de la législature qui setermine. Certes, la charte de la laïcité àl’école peut être estimée comme un rayonde soleil. Mais le compte n’y est pas.L’ivraie l’emporte sur le bon grain. Le sta­tut d’Alsace­Moselle ne fut pas remis encause hors la suppression du délit deblasphème votée par le Sénat. L’enseigne­ment religieux reste intégré à l’horairescolaire. Et, naturellement, les prêtres sonttoujours payés sur des fonds publics. L’es­prit concordataire a la vie dure. C’est bienlui qui en 1959 a présidé à la loi Debré.C’est bien lui qui a conduit le Ministre del’intérieur Cazeneuve à demander davan­tage d’écoles musulmanes pour que l’Islamsoit mieux reconnu. La vitalité de l’espritconcordataire se nourrit d’un consensusteinté d’électoralisme.Les laïques pour qui les articles 1 et 2 sontindissociables1, au­delà de leurs différentesappréciations sur les sujets au cœur desélections, devront interpeller les candidats.Nous ne devons pas laisser aux faux­amisde la laïcité, partisans d’accommodementsforts déraisonnables, l’occupation du ter­rain électoral.

Jack Proult

1 Article 1 : « La République assure la libertéde conscience. Elle garantit le libre exercicedes cultes ». Article 2 : « La République ne

reconnaît, ne salarie ni ne subventionne au­cun culte".

Au­delàde nos

différencespolitiques

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La laïcité est un principeconstitutionnel, ni contre

les religions, ni avecelles, explique Eddy Khaldi

Après les divers attentats dramatiques depar le monde et sur le sol français, en par­ticulier, on ne peut sacrifier la laïcité desinstitutions pour la légitime émotion surl’autel du terrorisme.On ne peut abandonner nos principesconstitutionnels pour un retour à une lo­gique concordataire. L’État ne sauraitimposer à tous les citoyens un œcu­ménisme réducteur et trompeur autour dela « Conférence des responsables de cultesen France ». La vie politique et civile detous les citoyens ne peut se réduire à laseule appartenance présupposée à six reli­gions. Sur 66 millions d’habitants, oncompte moins de 4 millions de pratiquantsréguliers, toutes religions confondues.Près de la moitié de la population se dé­clare sans religion. On ne saurait, sauf àexclure ou communautariser, enfermer ladiversité des citoyens dans ce seul do­maine religieux.

Pour une cohésion nationaleDans cette dérive politique construite àpartir des religions, l’émergence de laquestion de l’Islam conduit à la tentationde consentir des assouplissements sous

formes « d’accommodements raison­nables » à nos principes pour remettre encause non seulement la lettre mais aussil’esprit de la loi du 9 décembre 1905. Lesreligions plus anciennement établies enFrance, en perte de vitesse, n’attendentque ces concessions faites à l’Islam pourentériner ou réformer leur rapport à l’Étatlaïque dans une reconnaissance institution­nelle qui préfigure un remariage concorda­taire. C’est l’occasion inespérée de revenirà la situation antérieure à la loi de sépara­tion des Églises et de l’État en conviantl’Islam à ces épousailles entre politique etreligion ?Une telle idée conduirait à rétablir unordre social ancien élaboré autour dequelques « cultes reconnus » où le citoyenserait assigné à résidence dans « son » ori­gine, « sa » culture et affecté implicite­ment à une religion pour mieux lui êtresoumis. Un retour à l’ordre moral tel quel’entendait Adolphe Thiers, pour lequel« un curé valait cinquante gendarmes ».Seule l’union de tous les français, indé­pendamment de leurs convictions oucroyances permettra d’assurer la cohésionnationale. L’obligation de respecter leprincipe constitutionnel de laïcité dechaque citoyen et non de quelques groupesou religions arbitrairement choisies est lameilleure assurance que l’émancipation, laliberté, les droits et la sécurité de chacund’eux soient garantis de manière effective.

La laïcité c’est refuser tout privilège àl’athéisme comme aux religions.

Égalité républicaineLe rôle de l’État est d’assurer la sécurité etla liberté de culte et non de l’organiser.L’Islam en France doit rester l’affaire desmusulmans. Ce n’est pas exclusivement la« liberté religieuse » que la laïcité garantitmais d’abord la liberté de conscience, la­quelle permet le droit de choisir sa religion,n’en pas avoir ou d’en changer. Voire demiliter contre toute religion.Les institutions publiques doivent demeurerincompétentes en matière de religion, nereconnaître institutionnellement aucunculte, aucune croyance. Cette séparation etcette stricte neutralité garantissent l’égalitédes citoyens au regard de toutes les convic­tions.La laïcité, pour l’État et les institutions pu­bliques, n’est ni l’inclusion, ni l’exclusiondes convictions ou des religions. La Laïcité,principe constitutionnel, n’est ni contre lesreligions, ni avec elles, mais sans elles. Lalaïcité c’est la neutralité, la séparation.Seule la neutralité effective de l’État et celledes institutions concrétise le primat de la li­berté de conscience et garantit la liberté deculte pour ne placer aucune opinion au­des­sus des autres. Ainsi l’État est le gardien del’égalité républicaine.

Eddy Khaldi

Ne pas sacrifier la laïcité sur l’autel du terrorisme

Extrait d'un article del'UFAL1

(Union, des Familles Laïques)

Un théologien catholique président del’Université de Strasbourg: une atteinte à laliberté de conscience, de recherche et d’en­seignement.L’UFAL dénonce l’élection du professeurde théologie catholique Michel Deneken àla présidence de l’Université publique deStrasbourg.Si rien ne paraît empêcher un prêtre d’exer­cer des fonctions publiques dans l’ensei­gnement supérieur, encore faut­il qu’il aitles qualités et diplômes requis — ce qui futle cas d’illustres savants, en astrophysique,biologie, ou préhistoire, notamment. Or Mi­chel Deneken ne peut se prévaloir que deses diplômes en théologie catholique, etd’un titre de professeur d’université, qu’ilne doit qu’au cadre unique et dérogatoire dela « faculté de théologie catholique deStrasbourg ». Cet établissement, seulexemple en France, est intégré à l’Universi­

té publique de Strasbourg grâce au « statutlocal des cultes » d’Alsace­Moselle .(. . .)La faculté de théologie catholique de Stras­bourg délivre notamment des « diplômes endroit canonique » Or ce « droit » stricte­ment privé ne s’applique qu’à l’intérieur del’Église catholique, et ne peut qualifier queses prêtres et ses agents laïcs. Il n’a aucunevaleur d’intérêt général. Fondé sur desdogmes spirituels particuliers et placé sousle contrôle idéologique de la hiérarchie ec­clésiale, il ne saurait être considéré commeun savoir objectif et rationnel, contraire­ment aux disciplines universitaires. Tout auplus mérite­t­il d’être étudié et comparécomme objet de savoir par les (vraies)sciences sociales et humaines. (. . .)Encore plus grave, c’est la Constitutionapostolique « sapientia christiana » du 29avril 1979 sur les Universités et facultés ec­clésiastiques, qui s’impose aux établisse­ments tels que la « faculté de théologie ca­tholique de Strasbourg » et conditionne leurreconnaissance par le Pape.C’est la négation de la liberté de l’ensei­gnement et de la recherche, et l’infraction

permanente à la loi française qui dispose(art. L141­6 du Code de l’éducation) : « Leservice public de l’enseignement supérieurest laïque et indépendant de toute emprisepolitique, économique, religieuse ou idéol­ogique».En clair : si les activités de la faculté dethéologie de Strasbourg ne respectent pasles ordres du Vatican, ses diplômes ne se­ront plus reconnus ni labellisés « catho­liques ». Voilà les orientations idéologiquesauxquelles M. Deneken, nouveau présidentde l’Université de Strasbourg, est obligé dese soumettre en tant que « professeur dethéologie catholique » ! Il se trouve enconflit d’intérêts permanent.L’UFAL dénonce cette nouvelle atteinte auprincipe de laïcité, à la liberté deconscience, de recherche et d’enseigne­ment. Cette élection d’un théologien à laprésidence d’une Université publique doitêtre annulée comme illégale.

1article intégral sur le blog :http:/anjoulaique.blogspot.com

Société

Un théologien catholique président d'université publiqueAtteinte au code de l'éducation

Après des décennies de re-vendications suffragistesles françaises obtiennentenfin l'égalité politiqueavec l'ordonnance de 1 944qui met fin au retard fran-

çais

En 1945 les femmes participent enfin auxélections : G. Canonne est une de ces pion­nières qui entrent en politique. Née en avril1909 dans un milieu modeste qui l'a sensi­bilisée aux idées humanistes et socialistes,angevine d'adoption par son mariage avecJean Canonne, elle est avant­guerre profes­seur d'anglais au collège Joachim maisaussi bénévole sociale, affirmant avoir sui­vi l'exemple de sa belle­mère engagée dansde nombreuses œuvres sociales. C' estdonc naturellement et avec l'encourage­ment de sa famille qu'elle accepte en 1945d'être sur la liste S.F.I.O, elle est éluecomme Conseillère municipale. De mai1945 à 1947 elle est la 3e adjointe deM. Allonneau, chargée des affaires so­ciales, fonction qu'elle poursuivra dansl'opposition. En septembre 1945 elle de­vient la première femme Conseillère géné­rale au milieu de 33 hommes et devientmême vice présidente du Conseil général.Elle n'est pas élue aux législatives elle aaccepté seulement la 3e place sur la listeafin de concilier vie familiale et vie poli­tique !

Une œuvre avant tout socialeAngers marquée par la guerre « la pénurieétait maîtresse dans tous les domaines »mais aussi par un retard dans l'aménage­ment urbain depuis la fin du XIXe avecbeaucoup de taudis. G. Canonne s'attelle àla tâche : accueil des déportés, prise en

charge des orphelins et est à l'initiative deplusieurs réalisations qui vont marquer laville. Dès le début 1946, elle est à l'originede la fermeture des maisons closes à An­gers avant que la loi Marthe Richard nesoit appliquée au niveau national : « cen'est pas par pudibonderie, une femme estlibre de son corps mais à cause de la féro­cité des proxénètes qui pouvaient mutilerou assassiner les récalcitrantes ». Elle af­firme que ses préoccupations sont « les bé­bés et les vieux ». Elle organise la distribu­tion de lait pour les bébés mal nourris « Lagoutte de lait ». En mai 1946, elle ouvre lepremier foyer de « vieux travailleurs » LeLutetia avenue Pasteur, ce qui lui donneune certaine notoriété. Vice­présidente duCongrès National de la Protection de laVieillesse, elle y présente toutes les muni­cipalités de France. En 1949, elle ouvre lapremière crèche publique d'Angers lacrèche Marie Placé. En tant queconseillère d'opposition elle participe à lacommission Enseignement et Culture etcritique la gestion de la municipalité surson manque d'investissement dans le so­cial. Après 16 ans de mandat municipal etson mandat de Conseillère générale, sonbilan est unanimement reconnu dans lemonde angevin.

Une femme politique dansun milieu essentiellement masculinÀ la fin de sa vie elle revient sur son par­cours. Refusant d'être qualifiée de fémi­niste elle dit pourtant avoir toujours étésensible au sort des femmes, défend l'éga­lité des sexes tout en considérant que lesfemmes ont une approche différente : « lafemme a un sens pratique et un sens desréalités que n'ont pas les hommes, avec lesenfants et la maison nous sommes toujoursdans le concret ». Mère de 3 garçons elle

leur apprend à faire la vaisselle, le ménagela cuisine : « mes belles filles m'ont tou­jours remerciée ». Son expérience politiquelui fait dire que les hommes sont miso­gynes : aux réceptions de la mairie l’huis­sier ne savait pas comment l'annoncer ; auConseil général : « j'étais seule parmi 30mâles, ils attendaient de moi que je signeles dossiers de subventions les yeux fermésje ne me suis pas laissée faire ». En juillet1950, elle reçoit une lettre du nouvelévêque s'excusant de ne pouvoir l'inviter aurepas du sacre comme les autres élus : « cen'est pas l'usage que les déjeuners quisuivent les sacres des évêques comportentune participation de femme ». Lesconseillers généraux l'ont également faitsortir d'une séance pour la projection d 'undocumentaire sur l'insémination du bétail,« nous allons demander à Mme Canonnede sortir nous ne pouvons pas la laisser re­garder ces images ». Elle commente :« mère de trois enfants je ne pouvais voir,sans être offensée, un taureau en érec­tion ». Elle dit être fière d'avoir voué sacarrière publique à l'avancée sociale et dé­plore que la place de la femme en politiquereste très insuffisante. Après la percée desfemmes en politique à la libération il y eutun recul jusqu'en 1970. Il fallut attendre1986 pour avoir la première femme dépu­tée socialiste du Maine et Loire.Ce n'est qu'en 1990 qu'elle reçoit la déco­ration Chevalier de l'ordre national du mé­rite des mains du maire d'Angers M.Anto­nini.Toujours dynamique jusqu'à la fin de savie, bénévole à l'U.A.T.L. Elle est décédéeen avril 2009.

Marie­Anne Guéry

Histoire

Germaine Pouillart­Canonne première femmeélue en Maine­et­Loire en 1945

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Créé en septembre 1 967, ilfête ses 50 ans cette

année. Un an après les 60ans du Planning Familial

nationalNous avons interviewéÉlizabeth Rat-Morrisprésidente du PlanningFamilial 49, depuis mai

201 3.

C. B : Élizabeth vous étiez déjà militanteau Mouvement Français du Planning Fa­milial en 1974, parlez nous de l'associa­tion à cette époque.É. R­M : Les locaux de l'associationM.F.P.F se trouvaient alors Montée StMaurice. Nos actions militantes concer­naient principalement la contraception etl’avortement. En décembre 1967 la loiNeuwirth avait théoriquement donné lelibre accès à la contraception pour lesfemmes majeures. Pour les mineures, il

fallait une autorisation parentale la majori­té alors à 21 ans, passée à 18 ans en juillet1974. La loi de 1967 n’a été appliquéequ’à partir de 1972, avec la parution desdécrets d’application. La société et certainsmédecins et pharmaciens se montraientpour le moins frileux dans l’application dela loi, à Angers comme ailleurs. La publi­cité sur la contraception étant interdite,nous étions un lieu où les femmes et leshommes pouvaient s’informer sur lasexualité et nous pouvions faciliter l'accèsà la contraception. La contraception étantpeu accessible et l’avortement interdit, denombreuses femmes devaient recourir à unavortement clandestin, qui présentait unréel danger pour leur santé. Nous militionspour l’avortement, avec le MLAC (Mou­vement pour la Liberté de l’Avortement etde la Contraception, 1973­1975), avec desmédecins généralistes pratiquant des avor­tements clandestins sur Angers, selon laméthode Karman par aspiration. Nousavons accompagné, en les informant en les

soutenant, les femmes qui pouvaient partirà l'étranger (Grande Bretagne et Pays Bas),où l'avortement était légal, celles quiavaient les moyens. En 1975 la Loi Veilsur la dépénalisation de l'avortement a étéune avancée, mais qui a rencontré des op­positions vives de la part de médecins ar­guant de leur clause de conscience. Là en­core entre la date de la loi et sa mise enœuvre, le temps a été bien long. Nous pra­tiquions le plus souvent des accueils col­lectifs, qui permettaient une mise en sécu­rité des personnes par rapport à l’illégalité,un partage des expériences, une construc­tion collective de l’accès au droit et du mi­litantisme, nous envisagions la sexualité entermes de classes et luttions contre l'inéga­lité économique et sociale : le Planning Fa­milial est un mouvement d’éducationpopulaire.C. B. : Qui étaient cesmilitantes du MFPF ?É. R­M : Nous étions toutes des militantesbénévoles, en lien fort avec d'autres asso­ciations d'éducation populaire comme laFOL, la MGEN. Les hommes étaient plusnombreux que maintenant. Pourquoi sont­ils plus rares parmi nous aujourd’hui ?Peut­être pensent­ils que c'est une affairede femmes maintenant que les lois sont vo­tées. Pourtant l'objectif de nos jours c'estde faire appliquer ces lois, un combat quel'on doit mener, femmes et hommes en­semble.

C. B. : Quels changements voyez vousdans l'association MFPF qui maintenantporte le nom de Planning Familial?É. R­M : Après quelques décenniesd'absence j'ai rejoint à nouveau le PlanningFamilial en 2012, dans les locaux du 35rue Saint Saint­Exupéry. Par rapport auxannées 70, deux changements importantsm’apparaissent : d'une part la profession­nalisation, d’autre part l'élargissement desdomaines d'intervention. L'associationcomprend une équipe de 4 salariées (3conseillères conjugale et familiale et unedirectrice) et une quinzaine de bénévolesactives formées au sein du planning. Laformation était déjà importante mais elleest devenue plus structurée, plus profes­sionnelle. Elle est nécessaire pour répondreà des missions exigeantes auprès de pu­blics divers, et est indispensable pour cer­

taines actions auprès des publics scolaires.Les domaines d'intervention sont toujourscentrés sur les droits des femmes, lacontraception et les problèmes de santécomme la prévention des InfectionsSexuellement Transmissibles ; et aussiavec les prises de conscience dans la so­ciété : lutte contre les violences sexuelleset sexistes faites aux femmes, préventiondes stéréotypes de la maternelle à l'univer­sité, parole des femmes en milieu précaire(migrant, gens du voyage), reconnaissancede la sexualité des personnes en situationde handicap, reconnaissance de toutes lessexualités. Les lieux d’intervention se sontdiversifiés, à Angers et sur tout le départe­ment.

C. B : Comment fêterez vous vos 50 ans ?É. R­M : Notre anniversaire sera un filconducteur tout au long de l'année par di­verses manifestations publiques. Nousavons commencé par l'envoi de nos vœux2017 dans la lignée des Simone Iff, deBeauvoir, Veil, femmes dont les combatsont compté dans la vie des Femmes. Lenom de Simone Iff a été choisi pour l'ap­pellation d'une rue et d'un espace jeune àChalonnes­sur­Loire en novembre dernier.En février et mars, à l'institut municipal àAngers nous invitons à suivre les portraitsde 3 angevines qui se sont distinguées parleur action hors du commun dans la cité ausiècle dernier : Marie Talet, GeorgetteBoulestreau, Germaine Canonne. Cesconférences sont données par Marie AnneGuéry. Le 8 mars journée internationaledes femmes....et d'autres temps forts àvenir qui seront communiqués dans lapresse.

C. B : et l'avenir comment le voyez vous ?É. R­M : Par l'affirmation de nos valeurs etde nos droits dans un contexte national etinternational inquiétant. Par le renforce­ment des actions régionales avec les cinqdépartements des Pays de la Loire au seinde notre Fédération régionale. Par la vo­lonté d'accueillir des jeunes, femmes ethommes, parmi nos militant.e.s, ensemblenous devons garantir les droits acquis et lesfaire évoluer : « Liberté, Égalité,SexualitéS ».

Catherine Battreau

PS : Janine Sellier militante au Planning dès1972 est décédée le 25 janvier 2017.

Anniversaire

Le Planing familial de Maine­et­Loire

7

La commune de Carbay arefusé d’intégrer lacommune nouvelle

d’Ombrée-d’Anjou. Faitd’indépendance rare dans

le Maine-et-Loire,département de pointedans les fusions. En

interrogeant le maire,Laurent Cadou, nous

avons voulu en savoir plussur les raisons des élusde ce village. C’est un

citoyen en colère qui nousa répondu.

Est­ce que vous refusez d’intégrer lacommune nouvelle d’Ombrée­d’Anjou,pour ne pas vous diluer dans la nouvelleintercommunalité de Segré qui absorbecelles de Pouancé et de Candé ?Oui. Notre étions très attachés à notre an­cienne communauté de communes autourde Pouancé qui regroupait quatorze com­munes. C’était un vrai principe de subsi­diarité démocratique. Cette communautégérait tout un ensemble de compétence quia disparu au profit d'une intercommunalitébureaucratique d'administration basée àSegré. Nos voisins ont choisi, pour 10d'entre eux, de fusionner en une communenouvelle (Ombrée­d’Anjou) pour s’y faireadmettre. Mes collègues élus, que j'estimebeaucoup, sont assurément tous de bonnefoi quand ils évoquent le souci de conti­nuer à assurer collectivement les servicespublics. En devenant commune déléguée,la loi leur a donné l'illusion de gagner surdeux tableaux : les avantages de la fusionet la conservation de la commune sous uneforme particulière qui leur donne encore lesentiment d'exister. Mais le vrai pouvoirqui est d'abord d’établir un budget à partirdes impôts levés afin de décider des in­

vestissements estdésormais entre lesmains de la com­mune nouvelle in­tégrée dans unevaste intercommu­nalité. Le nouveaupouvoir ne garantitrien des réalisationsde chacun. De plusdes communespauvres ensemble(c’est le cas d’Om­brée­d’Anjou) n'ontjamais fait unecommune riche. Leréveil risque d'êtrebrutal quand lesbénéfices financiersà court terme seront derrière eux. En 2020il n’y aura plus de communes déléguées.Le réveil électoral va s'annoncer difficileau vu de ces mariages faits dans le dos dela population.

Vous refusez que la population de Carbayn'ait plus de commune en 2020 ?Oui. Les élus le refusent. L'échelonmunicipal est le plus apprécié des français.C’est là où il y a le moins d'abstention auxélections. Qu'en sera­t­il demain ? Pourl'heure en tout cas, rien dans la loi ne nousforce à entrer en commune nouvelle, et ànous saborder ! Absolument rien ! Carbayn'a pas de changement d'adresse à faire,pas de numéro d'INSEE à perdre. Nouslèverons ou baisserons si besoin les impôtsque nous jugerons justes et profitables àtous. Nous établirons encore des budgetset continuerons à élaborer et mener nospropres projets. La vraie richesse de nosterritoires ce sont aussi nos différences,notre diversité. La France des 36 000 clo­chers n'est pas qu'un cliché mais bien uneréalité unique dans le monde liée à unehistoire et une géographie d'exception quine sont pas celles de l'Allemagne ou del'Angleterre. Mais l'Europe technocratiqueet libérale en a décidé autrement.

Pensez­vous alors que la loi de la nou­velle organisation territoriale (loiNOTRe) a un rapport avec une Europetechnocratique ?Assurément oui, d'ailleurs qu'est­ce quel'Europe actuelle ne dicte pas ? Par la loiNOTRe, après les fusions de régions, l’èredes grosses structures intercommunales etcommunales paraît enclenchée. Dans notredépartement, cette nouvelle organisationfut impulsée par des conseillers départe­mentaux souvent des Présidents de com­com. Ils sont aujourd’hui à la tête de com­munes nouvelles, ou de plus grosses com­

coms. Le prétexte était les économies gé­nérées. À voir ! La Loi Notre a lancé lesfusions des communautés de communesrendues obligatoires pour atteindre 15 000habitants. Il en a découlé des créations decommunes nouvelles à taille XXL pourcertaines. Transformation à vitesse grandV, sans débats de fond et sans informationsaux citoyens des tenants et aboutissantsréels, sans argumentations autres quecelles des carottes financières !Qu’importe la représentativité et la légiti­mité douteuse de ceux qui ont poussé àcela en balayant ainsi 200 ans de démo­cratie communale, née de la Révolution,sans y associer ceux à qui ils doivent toutleur pouvoir ! À savoir les citoyens ! Van­ter le tous ensemble et sacrifier tous lesconseillers municipaux des communeshistoriques au profit d’élus professionnali­sés et politisés, c’est plus que paradoxal !Vanter le tous ensemble et pousser les gensà n’être que des consommateurs de ser­vices au lieu d’être de vrais acteurs de leurterritoire, c’est aussi paradoxal ! Acceptercela comme de simples moutons n’est pasl’âme de notre village et de ceux qui lecomposent. On nous chante "du territoire,du ensemble" à toutes les sauces pourmieux digérer ces bouleversements. Il vautsurtout mieux être libre ensemble, qu’êtreensemble sans liberté.Si notre Président Hollande n’a pas réusside façon significative à faire baisser lechômage, il aura au moins réussi à baisserle nombre de communes. En répondantaux critères de Bruxelles, en fusionnant lescommunes et les régions avec descompétences élargies, il aura donné l'illu­sion que le pays se réforme. Moi, humblemaire de Carbay, je vois surtout un déficitdémocratique. Je suis en colère..

Propos recueillis par Jack Proult

Carbay, un village gaulois ?Insoumission

Qoa­tesseLa cybernétique constitue un moyen deconnaissance. Elle est vue comme unescience «de régulation et de communicationdans les systèmes aussi bien naturels qu'arti­ficiels ». Elle est transdisciplinaire, sa racinegrecque renvoie à piloter, gouverner. C'est lecreuset de l'intelligence artificielle (dont la ro­botique est une application). Sa matière pre­mière est numérique. Cela permet d'organiserdes échanges, mais aussi de les contrôler, demanipuler les personnes, le consommateurd'abord mais aussi les masses1. Le numé­rique peut être pris en main par des vulgarisa­teurs, journalistes béats, techniciens demême acabit, politiciens, voire truands quis'abritent derrière la SCIENCE (la majuscules'impose). Rappelons la fameuse formule«science sans conscience n'est que ruine del'âme ». Pensons aux chercheurs nazis. Ainsides commerçants sans scrupule peuventmanipuler le marché d'aujourd’hui'hui à l'aided’algorithmes2, fausser délibérément lesrègles de la concurrence. L'intelligence artifi­cielle peut parfaitement manipuler les prix à lahausse et cela dans tous les domaines faisantusages algorithmes financiers: l'hôtellerie, lesmoyens de transports, le commerce « enligne », de santé, bref, tous les biens deconsommation d'algorithme permet en effetde modifier artificiellement, et à toute vitesse,l'offre et la demande. Au bénéfice de qui ?

J. P. B

1Qu'on se réfère à la polémique autour dessondages et des communications échangées

par une des candidates à l'élection prési­dentielle aux États Unis.

2Algorithme résout un problème posé. Ilmultiplie les opérations et les instructionspermettant, grâce à un ordinateur, de ré­

soudre un problème, d'obtenir un résultat.

Mémoire sélectiveLorsqu'il était président de la région Pays­de­la­Loire, François Fillon rappelait de manièrerécurente à chacune de ses conférences depresse, son regret d'avoir opté pour lapolitique plustôt que pour le journalisme. Unmétier qui, disait­il, qu'il aurait beaucoup aimépratiquer…Comme les temps changent ! Aujourd'hui ilconspue la presse et la rend responsable deses maux. Comment ne pas reprocher auxjournalistes du "Canard" d'avoir dévoilé cequ'il ne dément pas ?Fillion devrait se souvenir de ce que disaitWinston Churchill : "se plaindre de la presse,c'est comme conspuer la météo ". À méditerpour le candidat qui rémunère si largementses collaborateurs…

Endeuxmots

Il naît en 1537 (semble­ t­il) d'un pèremétayer à Chaudefonds­sur­Layon. Délu­ré, il est pris sous l’aile protectrice du cu­ré de la paroisse, qui lui apprend à lire àécrire, à compter. Il entre au petit sémi­naire et voilà le jeune Bidoneau destiné àdevenir prêtre par le Grand Séminaired'Angers. Ordonné, il se livre le soirmême à une beuverie au Layon. Ce qui luivaut une sévère admonestation del’évêque. Pour sa pénitence, il est envoyéprendre en charge des ouailles de Cornilléles Caves, aux portes du Baugeois. Cetterégion est en proie à un anticléricalismerampant : en effet l’église s'y révélaitpleine de zèle au service du comte deMontgeoffroy, maître de la terre.

EmprisonnéEntre temps une petite communauté pro­testante a fait son trou en Anjou. À partirde l'édit royal de 1562 elle peut pratiquerson culte ouvertement. Déjà, lors de lapréparation des États Généraux de 1560,elle avait été dénoncé publiquement, parle porte­parole du Tiers État, la corruptiondes ecclésiastiques, la richesse du clergé,l'ignorance des clercs, et il avait été de­mandé une réforme de l’église. Bidoneaupour sa part reproche à l'église dont il estun des servants, de ne guère s'occuper deses ouailles et de ne pas même assurer laconsolation spirituelle promise. À Cor­nillé­les­Caves en 1562, le curé Bidoneauest confronté à une manifestation icono­claste. Accusé de ne pas avoir réagi, il estarrêté et emprisonné au Château d'Angers.C'est alors que la ville est prise par les hu­guenots qui libèrent Bidoneau. Angers estrepris par le camp catholique et notre curéqui craint d'être pendu comme huguenot,s'enfuit à Saumur, tenu par des protestantssous la houlette de Théodore de Beze. Etlà Bidoneau assiste à des prêches en plein

air, en plein jour, sous les halles, il est de­venu sensible à la réforme de Calvin.

ConversionQue devint­il alors ? Que fait­il ? On nesait pas, sauf qu'en 1572 après la SaintBarthélémy à Paris, le duc d'Anjou or­ganise un massacre de protestants dans saprovince, en particulier à Angers et àSaumur. Bidoneau peut s'échapper. Il estacquis à priori au calvinisme, mais l'appelde Calvin à la réforme religieuse aurait dûnécessairement avoir des implications so­ciales. (compte­tenu du poids social del'église, principal propriétaire du fon­cier du royaume). Jules Bidoneau voudraitque les « pasteurs » soient désignés dé­mocratiquement, que le servage soit aboli,ainsi que toutes les redevances seigneu­riales. Il constate que Calvin (après Lu­ther) s'attaque à l'ordre religieux, non àl'ordre socio­politique, au motif que si lesévangiles sont marqués par la notion depéché originel l'ordre religieux existant estnécessairement un ordre répressif. MaisJules Louis Henri Bidoneau est devenuprogressivement athée. Pour lui les reli­gions couvrent de leur autorité spirituelleun ordre fondé sur l'injustice, l'exploita­tion de l'homme par l'homme. Et l'idéed'un sauveur suprême dans le ciel (et deson réputé infaillibilité sur terre) n'est pasplus recevable que l'idée des seigneurslocaux.Ces prises de position sont pour la majo­rité de son entourage, à Saumur où il vit,pures divagations. Cependant il est dé­noncé et ramené à Angers. Torturé, il estcondamné à mort et refuse l'absolution. Ilest pendu place du Tertre en 1587.

Premier avril 2017J. P. Brachet (sources personnelles)

Religion

Jules­Louis­Henri Bidoneau, curé

8

9

Plus le votant est proche géo-

graphiquement d’un candidat,

plus il vote pour celui-ci. La va-

riable kilométrique l'emporte

ici sur d’autres considérations.

Le milieu, le terrain est pre-

mier.

Le 19 novembre 2016, au premier tour desprimaires de la droite en vue des électionsprésidentielles, François Fillon obtint 90%des suffrages à Sablé, 76% à La Flèche,68% à Baugé, 60% à Beaufort, 55% àGennes.Certes qui habite Niort ou Saint­Etienneest plus enclin à voter selon des idées queselon un rapport au territoire. Cependant ilsemble que l’attachement au sol reste dé­terminant. Autant dire que les penchantsdont chacun a hérité, évolutifs comme toutce qui tient à une nature crue à tort immo­bile, sont rapportables à ce qu’on observechez les mammifères ou les oiseaux forte­ment attachés à une défense territoriale.Ces observations peuvent être rapprochéesde ce qu’on entend après deux ans de com­munications et de travaux historiques sé­rieux et profonds, après de consciencieuxparcours dans les musées et sur le terrain àVerdun, en Artois, en Champagne, cequ'on entend de la bouche des touristes à lafois assoiffés de connaissances et de com­passion. On attendrait une conclusion surle versant décidément repoussant de laguerre. Illusion !

Propos navrantsLe touriste, en résumé, retient, et pas si ra­

rement, que « les Français se sont bienbattus ». On accepterait ces propos encour de récré de maternelle ou lors decommentaires de matchs de rugby. Proposici navrants : la variante territoriale neparait pas être affectée par l’étude ou par letourisme de compassion mais au contrairefortifiée. Ce qui induit une mélancolieprofonde chez tel citoyen décidément mi­noritaire. Encore que l’optimisme de lavolonté le pousse à dénoncer encore ettoujours des comportements martiaux soi­disant innés. Un paisible chef­lieu de can­ton, un crime massif, Sablé et Verdun,deux lieux que rien ne semblait rapprocher,nous confirment dans l’apparentement dela guerre et de la politique, autour de l’at­tachement au sol qu’on ait en vue son petitclocher ou bien la garde aux frontières quiaujourd’hui fait partie dit­on des fon­damentaux comme les conservateursaiment à le répéter. Espérons une méta­morphose de ce qu'on appelle naturel maisqui heurte souvent le bon sens. On estcertes dans la répétition. Pas tout de mêmedans l'éternel retour, ce serait trop et sansespoir. La militance universaliste a tou­jours sa place face aux frénétiques montéesidentitaires accrochées au sol.Si l'idéologie du droit du sang a eu des ef­fets ravageurs au siècle précédent, le cultedu sol quand il s'éloigne des bien sympa­thiques souvenirs d'enfance, inquiète. In­quiète moins certes, mais tout de mêmesonne comme un petit air de clairon.

Gérard Balesme

Avec les connaissances acquises au collègeou au lycée, parfois avec un simple raison­nement logique, vous pouvez répondre à laquestion posée. La solution dans le pro­chain numéro.Pouvoir calorifique du boisQuestion de saison. Pour faire des écono­mies d'énergie vous vous chauffez au bois.Expliquez pourquoi le bois vert dégagemoins de chaleur que le bois sec.Réponse de la devinette précédente :Gravité et force électromagnétiqueSi vous tenez un clou au dessus du sol etque vous le lâchez, il tombe. Scientifique­ment, on dit que la force de gravité exercéepar la Terre entraîne le clou vers la Terre.

Si vous tenez le clou par l'intermédiaired'un petit aimant de couturière, il ne tombeplus. Qualitativement, nous pouvons direque la force électromagnétique exercée parl'aimant sur le clou est supérieure à la forcede gravité exercée par toute la Terre sur lemême clou ? Pour plus de précision, com­parons quantitativement l'attraction gravi­tationnelle et l'attraction électromagnétiqueentre deux particules élémentaires iden­tiques, deux électrons par exemple. Notrerésultat qualitatif est largement confirmé.La force électromagnétique est incommen­surablement plus forte. Le rapport entre lesdeux forces est égal au nombre 1 suivi de42 zéros.

Y.M.M.

Devinettes

Aimer le solÉlections

AlerteOn sait que les pollinisateurs des végétauxsont essentiellement des insectes butineurset, pour l'essentiel, des abeilles qui assurentleur alimentation pour 1/3 : pommes,asperges, brocolis, oignons, dépendent à90%, avec des arbres fruitiers de la pollini­sation. Ce serait à 85 % pour lesconcombres. Les espèces florales sont doncle berceau de cet insecte butineur. Mais les

abeilles ne sont pas seulement des insectesbutineurs : elles produisent du miel. Mais

dans le même temps, la mortalité desabeilles ne cesse pas non plus d'augmenterpartout dans le monde. La France est ainsidésormais importatrice de miel (en prove­nance de Chine surtout). La production demiel a été en France divisée par deux en 15ans. Pourquoi ? Il y a bien sûr, l'accapare­ment de l'espace naturel avec l'extensiondes métropoles, l'édification en campagned'hypermarché avec leurs parkings. Lenombre d'hectares consacrés à une seuleculture en France ne cesse d'augmenter.Mais il faut aussi mettre en cause l'usageintensif des herbicides, fongicides et pesti­cides par une agriculture de plus en plusindustrielle, dont les OGM sont le flambeau.Cela sous la tutelle des géants de l'agrochi­mie comme Monsanto associé désormais àFASB et qui fabrique des pesticides... Au to­tal la mortalité des abeilles en France et enEurope, est en hausse constante selon leMinistère de l'Agriculture. Observons qu'uncertain nombre de plants résistent naturelle­ment pour 1/3 d'entre eux aux parasites enproduisant naturellement leur propre insecti­cide.

J.P Brachet

Endeuxmots

L’Anjou laïque a demandéà des personnes angevinesimpliquées dans les élec-tions au titre de leurs

partis ou mouvement de ré-pondre à ses questions.

Furent sollicités le Partisocialiste, France insou-mise, Les républicains, leParti communiste. Pour les

Républicains,M. Taugourdeau a répondufavorablement, mais n'apas fait parvenir son

texte. Le secrétaire fédé-ral du Parti communiste,malgré plusieurs rappels,n’a pas répondu. Nous leregrettons et tenions à eninformer les lecteurs.

J.P.

Social : chômage et pouvoir d’achat,comment réduire le premier et aug­menter le second ?Amélioration de la compétitivité de laproduction nationale ; un protection­nisme solidaire et coopératif, trans­former l’Europe de l’intérieur ; sortirde l’Europe pour la reconstruire,interventionnisme de l’État ; librecours des marchés et de laconcurrence ?Quels sont vos choix et vos options ?

France Insoumise, Manon Cantin :Comment se fait­il que tant de genss’épuisent au travail quand les autress’épuisent à en chercher ? Le phénomène

de burn out n’est plus une nouveauté. Lesvisites médicales devraient être systéma­tiques à l’embauche et renouvelées chaqueannée. Il est primordial de mettre un termeà ce malaise. Jean­Luc Mélenchon soutientl’application réelle des 35 heures pour ar­river à 32 heures tout en revalorisant leSMIC. Il faut éradiquerla précarité en réaffir­mant le CDI commenorme du contrat de tra­vail. Aujourd’hui, tropde grandes entreprisesprivilégient les CDD,dévalorisent le travail etne permettent pas devivre dignement.« L’avenir en commun »propose de soutenird’avantage les petites etmoyennes entreprises etl’économie réelle plutôtque les actionnaires, de soutenir la créationde coopératives de consommation en liendirect avec la production. Nous pouvonscréer 300 000 emplois dans le secteur del’agriculture et 900 000 dans les énergiesrenouvelables. Le numérique et les éner­gies vertes nous offrent une opportunité derelancer l’activité et de vivre mieux !L’Europe est soumise à la dictature desbanques et de la finance. Nous devons,non pas quitter l’Union mais sortir destraités européens qui imposent une austéri­té budgétaire, en luttant contre la privatisa­tion, contre l’évasion fiscale et bien sûr ens’opposant aux traités de libre­échange(TAFTA/CETA) qui sont un désastre sur leplan environnemental, social et écono­mique avec une perte de 130 000 emplois.La France est un pays fort qui a toute saplace au sein de l’Europe, si les négocia­tions n’aboutissent pas, alors il reviendraau peuple de décider par référendum saparticipation ou sa sortie de l’Union Euro­péenne.

Fédération du parti socialiste 49Suite aux primaires citoyennes en janvierdernier, c’est Benoît Hamon qui est le can­didat du Parti Socialiste et de ses parte­naires de la Belle Alliance Populaire. Ilpropose immédiatement le relèvement de10% des minimas sociaux, l'augmentationdu SMIC et la revalorisation du pointd’indice des fonctionnaires afin d’aug­menter le pouvoir d’achat.Pour maîtriser la révolution numérique, lararéfaction du travail et lutter contre lessouffrances au travail et la pauvreté, il pro­pose la mise en place d’un revenu univer­

sel d’existence. Pour la première étape,dès 2018, le RSA sera augmenté de 10% àhauteur de 600€ et versé automatiquementà tous les ayant­droits. La même année, unrevenu d’existence sera versé à tous les18­25 ans quel que soit leur niveau de res­sources. Une grande conférence citoyenne

sera ensuite lancée. Elle permettra de fixerle périmètre du revenu universel (montant,financement, articulation avec les autresallocations sociales, calendrier de mise enœuvre). Ce revenu sera ensuite étendu àl’ensemble de la population. A terme, il at­teindra la somme de 750 €.

Démocratie : « gouvernement dupeuple, pour le peuple et par lepeuple », comment y advenir ?Une souveraineté populaire nationaleimpérative ou pratiquée dans unespace européen ; démocratie re­présentative délégataire ou sous lecontrôle des citoyens ; démocratieparticipative et/ou démocratie di­recte ; mandats limités dans le tempset l’espace politique ou cumul desmandats pour lier local, national etEurope ; régime parlementaire ouprésidentiel ; scrutin majoritaire ouproportionnel ?Quelles sont vos préférences ?

Fédération du parti socialiste 49Benoît Hamon plaide pour une 6e Répu­blique et pour cela il propose notamment :un 49.3 citoyen, un pouvoir réel, concret,qui mettra fin à la démocratie inter­mittente. Il permettra à 1% du corps élec­toral : d’imposer au Parlement d’examinerune proposition de loi proposée par les ci­toyens (droit d’initiative citoyenne), desuspendre l’application d’une loi adoptéepar le Parlement pour que celle­ci soitsoumise à référendum (référendum d’ini­tiative citoyenne). Le principe du 49.3 serasoumis à référendum dès le second tour

Des politiques angevins s'exprimentÉlections

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des législatives.La participation des citoyens à l’élabora­tion de la loi de manière collaborative parl’écriture d’amendements citoyens sur lemodèle du projet de loi pour une Répu­blique numérique.La reconnaissance du vote blanc pour cequ’il est : un geste civique. Si le voteblanc est majoritaire, l’élection doit êtreannulée et un nouveau scrutin doit êtreprogrammé. La reconnaissance du voteblanc est un des moyens de passer d’unedémocratie intermittente à une démocratieactive.Limiter le cumul dans le temps des man­dats. Il faut limiter la professionnalisationde la politique et donner plus de diversitéet de représentativité à nos élus (3 mandatsidentiques consécutifs maximum).Une dose de proportionnelle dans l’élec­tion des députés. La démocratie ne doit

pas être défendue seulement lorsque celanous arrange : tous les partis représentatifsdoivent pouvoir s’exprimer pour qu’il y aitun véritable débat sur les idées.

France Insoumise, Manon CantinL’abstentionnisme bat des records car lesdeux quinquennats précédents ont éloignémassivement le peuple du pouvoir démo­cratique. Il doit retrouver ce pouvoir. Celacommence par le vote en avril 2017. JLMsera peut­être le dernier président de la 5e

République. Dans le cas d’une 6e Répu­blique nous proposerons la convocationd’une Assemblée Constituante, qui avec laparticipation des citoyens, sera chargée derédiger une nouvelle constitution. Lesmembres ne pourront pas se présenter s’ilsont exercé un mandat sous la 5e Répu­blique. L’A.C sera refondée tous les 2 anset chacun ne pourra y participer qu’unefois. Il sera nécessaire d’agir tout au longde sa création. Le peuple est le mieux pla­cé pour garantir ses droits et les inscriredans la constitution. Nous ne devons plusêtre tenus à l’écart des décisions qui nousconcernent. Réveillons­nous et changeonsnotre quotidien. Ce que nous souhaitonspour nos enfants, la transition écologique,l’amélioration des conditions de travail,l’égalité et la laïcité, rien de tout cela ne

pourra se mettre en place si nous ne fer­mons pas le rideau sur cette 5e Républiquepoussiéreuse. La France étant membre del’UE, il paraît logique que les citoyensaient leur mot à dire. Nous ne devons pasabandonner nos idéaux au prétexte desexigences de la Commission européenne.La France doit être un pays fraternel fai­sant partie intégrante de l’Europe. Pro­mouvoir la coopération et non pas lacompétition. Il y a de multiples secteursque l’on pourrait développer tous en­semble : l’éducation, les énergies renouve­lables, le numérique ! Ce serait d’ailleursun bond de géant dans l’ère du numériqueque de pouvoir se prononcer sur une loi deson domicile. On pourrait même débattrevia des hologrammes.

Laïcité et Loi 1905 : Article 1er : « La Ré­publique assure la liberté de conscience.Elle garantit le libre exercice des cultes ».

Article 2 : « La Républiquene reconnaît, ne salarie nine subventionne aucunculte.Si l’accent est mis sur ladeuxième partie de l’article1 au détriment de l’article 2,n’y a­t­il pas le risque d’unedérive communautariste ouconcordataire; si ces deuxarticles forment un bloc, lescrédits publics à l’enseigne­ment confessionnel sont­ilslégitimes ?Qu’en pensez­vous ?

France Insoumise, Ma­non Cantin : La loi 1905, c’est la sépa­ration de l’Église et de l’État. La FranceInsoumise se veut laïque et universelle.Chaque être humain est le bienvenu, peuimporte son origine, sa religion, son orien­tation sexuelle ou sa couleur de peau.Nous devons refuser que les réserves pu­bliques servent à financer la constructiond’édifices religieux. Des députés les uti­lisent pour rénover des églises, pourquoipas aussi des temples oudes mosquées ? Qui fontaussi partis du patrimoineaprès tout. La Républiquerespecte toutes lescroyances mais ne doitsubventionner aucunculte. Il existe encore desdérives puisque leconcordat Alsace­Mosellen’a toujours pas été aboli.La République assure laliberté de conscience etgarantit le libre culte.Faisons appel à notre bonsens pour que nos pra­tiques ne dérangent pas les autres. À l’in­verse, cessons d’avoir peur des autrescultures. Cela ne doit pas nous empêcherde vivre ensemble !Il y a eu une grosse médiatisation autour

du burkini mais personne ne parle de lacongrégation religieuse catholique, « LesAugustins de l’Assomption ». Propriétairedu groupe « Bayard Presse », ils dé­tiennent près d’une trentaine de pério­diques à destination de la jeunesse. Onpropose même des abonnements très offi­ciellement dans les écoles ! Et que dire dupoisson le vendredi ? Mettrait­on un repasHallal au menu dans les cantines sco­laires ?S’ouvrir à la culture d’un étranger, c’estouvrir une porte sur un monde nouveau.Les enfants se livrent plus facilement à cejeu et c’est là que naît tout leur épanouis­sement. Le rôle de la République est de lesaider à accéder à toutes les cultures, toutesles différences pour lutter contre la discri­mination qui sévit aujourd’hui. Les reli­gions ne doivent plus être un tabou, au­cune ne doit être pointée du doigt, ségré­guée ou financée de quelque manière quece soit par l’État. Abordons­les commefaisant partie de notre histoire. En toutelaïcité...

Fédération du parti socialiste 49Benoît Hamon ne veut pas de nouveau lé­giférer à ce sujet : « Je serai le garant delaïcité telle qu’elle a été pensée en 1905.Une laïcité qui visait à ce que ceux quicroient et ne croient pas puissent librementle faire et en assurant la neutralité de lapuissance publique et de l’État, ni plus nimoins », expliquait­il sur France 3, le18 décembre dernier. Il ajoutait : « Ce quime choque c’est l’usage et l’instrumenta­lisation de la laïcité à tous égards (…)Certains sortent des glaives pour en faireune arme contre une religion ou uneautre. »Il avait aussi expliqué sur France Inter,lundi 23 janvier que, ce qu’il « n’acceptepas, c’est que derrière ce mot, communau­tarisme, il y ait finalement une volonté dedire que l’islam est incompatible avec laRépublique. Ça n’est pas vrai. C’est in­supportable que l’on continue à faire de lafoi de millions de nos compatriotes un

problème dans la société française ».Pour Benoît Hamon, il faut revenir à uneconception apaisée de la laïcité, en évitantde monter les Français les uns contre lesautres.

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Et si on tuait l’éducation nationale ?Bernard Toulemonde, ancienrecteur, et son comparseSoazic Le Névé, journaliste« spécialiste » de l’éducationont écrit à charge un livresur l’éducation nationale.

Il s’intitule « Et si l’on tuait le mam­mouth ». Il faut entendre le service publicd’éducation et l’éducation nationalePour qui s’intéresse aux réformes del’éducation nationale et aux préconisationsénoncées par des groupes de réflexion(think tank) libéraux ou carrément réac­tionnaires, les recommandations avancéespar les deux « experts » n’étonnent pas.Même s’ils poussent le bouchon très loin.Quelques exemples des mesures àprendre : profilage des postes vacants etentretiens d'embauche avec les candidats,allouer les dotations des établissements eneuros et non plus en heures d'enseigne­ment, régionalisation du recrutement desenseignants du second degré, transfert to­tal aux régions des formations profession­nelles et agricoles, de l'orientation scolaireet de la carte des formations des lycées,création d'un statut des écoles primaires àdisposition des communes et des inter­communalités. Nous en passons et desmeilleures. C’est bien à un assassinat enrègle auquel invite le livre. En matièred’innovation, l’ancien recteur qui a hantéles couloirs du ministère de l’éducationnationale pendant toute sa brillante car­rière, nous ramène à l’école de Guizot.

L’école était alors contrôlée par le maire etle curé. Dans le système éducatif de Ber­nard Toulemonde, à côté des autorités lo­cales, le prêtre n’est pas loin. L’enseigne­ment privé y est présenté comme unecommunauté éducative exemplaire autourdu chef d’établissement (un saint patron).Les caciques locaux, pilotes des projetsd’établissements, pourraient en se référantau libelle de l’ancien fonctionnaire, recru­ter les conseillers pédagogiques auprès desdiocèses ou sous leurs recommandations.En effet l’enseignement privé confession­nel, comme beaucoup le demandent, seraintégré à des services d’éducation locauxet territoriaux.Autonomie, concurrence, décentralisationinspirent les auteurs. En cela, ils ne sontpas originaux. Libres de leurs expressions,ils en proposent seulement un fonctionne­ment libéral très inégalitaire. À défautd’être originaux, ils sont brutaux à l’égarddes syndicats enseignants. Le syndicatvoilà l’ennemi.Révoltant et inquiétant que la presse natio­nale ait loué ce livre. Nous le pardonnonsau journal La Croix. Il peut être reconnais­sant. Le Monde, lui, autrefois de référence,se discrédite une nouvelle fois en leconseillant comme livre de chevet aux mi­nistres de l’éducation nationale. Pas éton­nant que ce quotidien ait toujours refusé des’intéresser au collège public de Beau­préau.

. J. P.

Si de la politique, nous ne nous occuponspas, la politique, elle, s’occupera de nous.Aussi faut­il choisir ses mandataires.Oui, mais vous pouvez estimer que l’offrene vous convient pas. À la présidentielle,dès le premier tour, vous pouvez consi­dérer que le candidat auquel vous auriezaimé donner votre suffrage fut injustementmis hors­jeu. Vous pouvez aussi juger quechoisir avalise un mode de scrutin quevous désapprouvez. Au deuxième tour,vous pouvez récuser un choix par défautpour seulement exclure. Aux législatives,au premier tour, l’offre est théoriquementplus large. Mais, vous pouvez ne plus avoirconfiance dans la démocratie représenta­tive et ne pas vouloir entrer dans son jeu.Et, là encore, vous pouvez camper sur vospositions en refusant de légitimer un modede scrutin majoritaire à deux tours. Le re­fus de choix au second tour est encore plus

compréhensible.Certes, nombre de citoyens insatisfaits desoffres et opposés au régime présidentielainsi qu’au mode de scrutin majoritaireiront voter. Ils opteront pour ce qu’ilspensent être le moindre mal. D’autres, pardevoir civique, se déplaceront, mais vote­ront blanc. Pour ces derniers, les votes se­ront comptés, mais non comptabiliséscomme exprimés. Leurs insatisfactions neseront pas prises en compte. Est­ce biendémocratique ? Est­ce bien légitime ?Un vote blanc a du sens.

J. P.

Pour la reconnaissance du vote blanc

Livre

Expression

Endeuxmots

De la prédication à la copulePetit rafraîchissement grammatical : Oùest le prédicat? Consultons undictionnaire de la langue française :prédiquer vient du latin praedicare etsignifie annoncer, proclamer ; a donné« prêcher ». Ne pas confondre avecpraedicere : prédire. De praedicaredérivent prédication, prédicateur,prédicable et prédicat. Le prédicat est lachose déclarée avec force. D’où la notiongrammaticale définie dans le Grévisse§100 : le prédicat est ce que l’on dit dusujet. Cette notion sera désormaisapprise en CM1. Ex : elle promène sonchien. Elle est le sujet, promène sonchien est le prédicat. On n’apprendraqu’au collège, 5e ou 4e que son chien estun COD. Dans la phrase : elle sepromène tête nue, /se promène tête nue /est bien le prédicat. Mais si on dit : à lacampagne elle se promène tête nue, /à lacampagne / ne fait pas partie du prédicat.Pourquoi ? Parce­que ce n’est pasobligatoire pour comprendre la phrase. Iln’est pas question non plus d’y repérer lafonction d’un complément circonstanciel,c’est beaucoup plus simple, et beaucoupplus facile en CM1 d’y voir uncomplément de phrase. À quandl’introduction de la copule, c’est­à­direl’élément verbal, (cf. Grévisse §100­ b) ?

Monique Bellanger

Les Pénéloped'Ulysse et de FrançoisLa Pénélope d'Ulysse avait promis qu’ellerépondrait aux avances de sesprétendants seulement lorsque sa toileserait terminée. Aussi, fidèle à son bien­aimé, elle défaisait la nuit ce qu'elle faisaitle jour. Il doit en être de même pour laPénélope de François Fillon. Seul, sonmari savait. Et, considérant que faire etdéfaire, c'est travailler, il la rémunérait enconséquence. Mais, des travaux, il nepouvait en faire état. En effet, la qualitédes productions, comme la beauté de laPénélope d'Ulysse, aurait attiré une foulede parlementaires prétendant s'attacherles services de sa dulcinée. Nous lesavons, François n'est pas du genrepartageux.

J. P.

Endeuxmots

13

L'expression Islam modérésemble antinomique. Et pour-tant, cet Islam existe dansau moins un pays, l'Ouzbé-

kistan.

Cette ancienne république soviétique d'Asiecentrale, compte 30 millions d'habitants surune surface équivalente à celle de la France.Elle devient indépendante en 1991. Entière­ment enclavée, entourée d'autres anciennesrépubliques d'URSS, elle possède aussi unefrontière commune au sud avec l'Afghanistan.Les deux grands fleuves, l’Amou­Daria et leSyr­Daria, se jettent dans la mer d'Aral. Celleci a vu sa superficie diminuer de plus de lamoitié, conséquence des prélèvements d'eaupour irriguer les champs de coton. On dé­nombre 2500 000 habitants à Tachkent, lacapitale et 400 000 habitants à Samarcande,ancienne capitale historique, classée au patri­moine mondial de l'humanité par l'UNESCOen 2007.

L'Islam ouzbekObservé sur place pendant un voyage en2008, nos impressions ont depuis été confir­mées par d'autres touristes et lors de conver­sations récentes avec des Ouzbeks rencontrésà Angers. Les citoyens vivent leur islam sun­

nite, moins de 1% de chiites, un peu à lamanière dont beaucoup de français vivent leurcatholicisme aujourd'hui. On fréquente leslieux de culte occasionnellement, principale­ment lors des grands événements de la vie,mariage, enterrement, plus par tradition quepar véritable foi dans le dogme religieux. Quichez nous respecte encore le carême ets'abstient religieusement de manger de laviande le vendredi ? En Ouzbékistan on boitde la vodka, souvent sans modération pendantles repas de mariage, et on mange du porc. Lerespect du ramadan laissé à la libre apprécia­tion de chacun est minoritaire. Dans la ruevous ne rencontrez pas de femmes voilées.L'école est mixte, filles tête nues et garçonsdans la même classe, assis côte à côte. Dansun pays à 98% musulman vous pourrez visi­ter, comme à Tachkent et Samarcande, en plusdes nombreuses et remarquables mosquées etmedersas souvent transformées en restaurantou lieu de vente d'objets artisanaux, deséglises orthodoxes et catholiques ouvertes àtous. Même si la rigueur du pouvoir sovié­tique contribua sans doute beaucoup à res­treindre l'influence de la religion, ses succes­seurs ont eu la sagesse de ne pas modifier lasituation ce qui, au moins sur ce plan, fait del'Ouzbékistan un pays qui pourrait servir demodèle à beaucoup d'autres.

YMM

L'Islam modéréReligion Nécrologie

Jean­MathieuCodani

Il avait succédé à Marcel Paquereauau secrétariat du SNI. Sa faconde etsa générosité étaient appréciées partous les syndiqués. Très tôt le matin,il préparait ses interventions et sestextes qu'il soumettait ensuite à sesamis. Très prolixe, il admettait qu'ilssoient raccourcis. Mais son lyrisme ydemeurait. Jean­Mathieu avait unstyle. Il fut un ardent défenseur del'école publique laïque. Pour sacause, il savait mobiliser. Lamanifestation à Andrezé, pour lapremière ouverture de l'écolepublique, l'attesta. Ferme et tolérant,il aimait convaincre en écoutant.Comme son prédécesseur, il marquaune génération d'institutrices etd'instituteurs. Mais, son auradépassait le cercle syndical. Àl’époque des élections, il était trèssollicité. Son humanisme reconnupouvait représenter une valeurajoutée.Retiré dans sa Corse natale, ilcontinua à militer. Il fut le fondateurde l’association « Accès libre auxplages et défense du littoral ». Il eutune rubrique matinale sur une radiolocale pour la promouvoir. Enfant dupays, il aimait recevoir ses amiscontinentaux et leur faire découvrirles charmes de l’ile de beauté.Sagace et républicain dans l’âme, ilétait un Corse critique. Si tous lesCorses étaient comme Jean­Mathieule fut, leur ile serait encore plusattirante.

C’est quiqui ?

Le premier tour des primaires de la BelleAlliance Populaire fut l’occasion de décla­rations d’élus locaux. Nous vous invitons àune réflexion fortement secondaire afin deretrouver qui a dit quoi.1) « Je n’apporterai mon soutien à aucun

des candidats, mais je n’exclus pas de mepositionner au second tour.2) « Je ferai mon choix à l’issue du dernierdébat, mais ce ne sera certainement pasManuel Valls. Je regrette le refus deMacron de participer à la primaire ».3) « Manuel Valls, Vincent Peillon et Em­manuel Macron sont les moins éloignés ».4) « C’est Valls, les propositions des autrescandidats renforcent ce choix. Par contre,si c’est Hamon ou Montebourg, je prendraima liberté pleine et entière ».5) « Valls est le seul dont la candidature estcelle d’un homme d’état. Mais ça ne veut

pas dire qu’il sera mon choix au momentde l’élection présidentielle. L’objectif prio­ritaire c’est d’éviter un second tour entreFillon et Le Pen ».6) « Soit on accepte ces règles du jeu,(celles des primaires : se rallier au ga­gnant) soit on ne se prononce pas, mais ilfaut être cohérent ».Marc Goua A) Grégory Blanc B) Luc Be­lot C) Daniel Raoul D) Jean­louis BelliardE)Réponses dans votre prochain AnjouLaïque.

A. P

14

Ses principes furentédictés dès 1 946. Elle

fut élaborée etadoptée en 1 958 dansun contexte politiquechaotique avant deconnaître de pro-fondes évolutions àplusieurs reprises

En octobre 1945, un référendum actaitl'ouverture d'une procédure constituante etl'assemblée élue le même jour sera consti­tuante. Un premier projet est soumis à ré­férendum en mai 1946 et rejeté par 53%de non. En juin suivant une nouvelle as­semblée constituante est élue. C'est dans lecadre du débat sur un nouveau projet quele Général De Gaulle formule ses proposi­tions dans un discours prononcé à Bayeuxle 16 juin 1946. Il y avance un certainnombre de principes qui serviront de fon­dement à la rédaction de la constitution de1958. Pour lui « il est nécessaire que nosinstitutions démocratiques nouvelles com­pensent, par elles­mêmes, les effets denotre perpétuelle effervescence poli­tique », ce qui implique que « soit établiun arbitrage national qui fasse valoir lacontinuité au milieu des combinaisons. ».Par conséquent, « C'est donc le chef del'Etat, placé au­dessus des partis, élu parun collège (...) que doit procéder le pou­voir exécutif. Au chef de l'État la charged'accorder l'intérêt général quant au choixdes hommes avec l'orientation qui se dé­gage du Parlement. ». Il précise encore saconception du rôle du pouvoir exécutif etdu Président de la République : « À lui lamission de nommer les ministres et,d'abord, le Premier qui devra diriger la po­litique et le travail du Gouvernement.(...)À lui l'attribution de servir d'arbitre au­dessus des contingences politiques. ». Lecadre était tracé, il aura fallu que le géné­ral attende 12 années pour le matérialiser.

Un contexte politique chaotiqueOn a peine à imaginer aujourd'hui lecontexte dans lequel est née la constitutionde 1958. Le 1er novembre 1954 éclatel'insurrection algérienne. En 1955 y estdécrété l'état d'urgence. Au début 1956, lenouveau président du Conseil –l'équivalent actuel du Premier Ministre –Guy Mollet obtient les pouvoirs spéciauxet décide l'envoi en Algérie des soldats ducontingent1. Pendant que se poursuit cequ'on appelait alors la « lutte contre la ré­bellion » ou les « opérations de maintiende l'ordre », puisqu'il ne pouvait êtrequestion de guerre, le débat politique sur

l'issue du conflit s'exacerbe d'autant que laFrance est condamnée par l'ONU et quel'affaire algérienne s'internationalise. Lesgouvernements se succèdent sans qu'unesolution politique émerge. Un nouveaugouvernement dirigé par Pierre Pflimlinest investit le 13 mai 1958. Le même jour,une partie de la population européenned'Algérie avec la complicité de l'armées'empare du siège du Gouvernement géné­ral à Alger et constitue un comité de salutpublic, composé pour partie de militairesde haut rang comme Salan et Massu, déci­dé à défendre l'Algérie française. Le 24

mai, un commando de parachutistes oc­cupe la Corse est met en place un comitéde salut public, une opération de parachu­tage à Paris est envisagée pour le 27 ou 28mai. On passe ainsi d'une crise politique àune crise institutionnelle provoquée parune rébellion d'une partie des plus hautsresponsables de l'armée.Le 28 mai, le président du Conseil démis­sionne et René Coty, président de la Répu­blique propose au général De Gaulle dediriger le gouvernement.Celui­ci accepte et est investi le 1er juin.Le lendemain, l'Assemblée nationale luidonne les pleins pouvoirs. Trois lois sontalors votées. La première accorde les pou­voirs spéciaux en Algérie, la seconde luipermet de légiférer par ordonnances pen­dant six mois. La troisième loi modifie laprocédure en vigueur de révision constitu­tionnelle (article 90 de la constitution de1946) et confie au gouvernement le soind'élaborer une nouvelle constitution quisera soumise à approbation par référen­dum. Certains y voient un coup d'étatinstitutionnel puisque l'Assemblée natio­nale est privée de son principal pouvoir etque le projet constitutionnel est élaboré

par un petit nombre d'experts et d'hommespolitiques.Finalement un compromis est trouvé entreles principes exprimés par le général deGaulle lors de son discours de Bayeux etles parlementaires pour déboucher sur laconstitution de 1958 qui instaure un ré­gime semi­présidentiel. Le référendumpour l'adoption de la nouvelle constitutionest fixé au 28 septembre 1958. Le oui ob­tient 79,25% avec une faible abstention à15%.Tous les partis d'alors ont appelé àvoter oui sauf le parti communiste etl'UFD lequel regroupe l'aile gauche de la

SFIO, une partie des radicaux derrièrePierre Mendès France et une partie del'UDSR de François Mitterrand.Une constitutionen constante évolutionDepuis son adoption, la constitution aconnu pas moins de 24 modifications d'in­égale importance et à un rythme irrégulier.On compte ainsi trois modifications dansles années 60, 2 dans les années 70, au­cune dans les années 80, 9 dans les années90 et 10 dans les années 2000. En fait cinqmodifications sont d'importance s'agissantdes évolutions institutionnelles significa­tives. Deux d'entre elles sont en rapportavec l'évolution de l'Union européenne :en 1992 il s'agissait d'intégrer le traité deMaastricht et en 2008 celui de Lisbonne.Les trois autres portent sur l'organisationmême des institutions. La première modi­fication instaure l'élection du président dela République au suffrage universel. Laprocédure utilisée soit un recours à l'ar­ticle 11 de la constitution est alors forte­ment contestée. En effet la procédure nor­male de révision figure à l'article 89 sousle titre XVI « De la révision ».L'article 11 indique lui que « Le Président

Brève histoire de la constitution de 1958Histoire

de la République (...) peut soumettre auréférendum tout projet de loi portant surl'organisation des pouvoirs publics (...) »,mais ne fait pas expressément mention dela constitution. Pour protester contre cetteprocédure, une motion de censure sera vo­tée provoquant une dissolution de l'As­semblée nationale et des élections législa­tives fin novembre 1962. Soumise à ré­férendum, cette modification recueille

62,25% de oui. Là encore cette consulta­tion s'inscrit dans un contexte très agité.Elle intervient un peu plus d'un an après leputsch militaire d'Alger le 23 avril 1961 etsix mois après le référendum sur les ac­cords d'Evian (8 avril 1962) mettant fin àla guerre d'Algérie. Cette modification af­fecte profondément l'équilibre institution­nel et s'apparente à une véritable refonda­tion du régime, conforte la prééminencedu chef de l'Etat, sa légitimité étant supé­rieure à celle des députés. De plus le chefde l'Etat dispose du droit de dissolution del'Assemblée nationale alors que sa res­ponsabilité politique ne peut être mise encause par le Parlement. C'est à partir de làque s'est imposée la notion de majoritéprésidentielle. La seconde modificationd'importance vise à modifier la durée dumandat présidentiel. Cette durée est alorsde sept ans depuis 1875. Le projet de loiconstitutionnelle visant à instaurer le quin­quennat est voté à l'Assemblée nationalepar une large majorité de 466 voix pour et28 voix contre. Se sont prononcé pour leRPR, le PS et l'UDF, seul le PCF s'y estopposé. Le projet soumis à référendum estvalidé par 73,2% de oui. A noter que cetteconsultation n'a pas beaucoup mobilisé lecorps électoral puisqu'on enregistre

69,81% d'abstention et 16,09% de bulle­tins blancs et nuls. Ainsi le oui n'a recueillique 18,5% des inscrits. C'est pourtant unemodification qui amplifie encore le carac­tère présidentiel du système institutionnel,liant étroitement les élections législativesà l'élection présidentielle. La loi organiquedu 15 mai 2001 parachève le dispositif eninversant le calendrier électoral : désor­mais l'élection présidentielle précèdera lesélections législatives dont la fonction se li­mite à fournir une majorité parlementaireau Président préalablement élu. La troi­sième modification d'importance en 2008n'a pas fait l'objet d'un référendum.Elle comporte diverses dispositionscomme la limite à deux mandats présiden­tiels, la création d'un référendum à « ini­tiative partagée » qui peut être mis enœuvre à la demande conjointe de parle­mentaires et de citoyens, la possibilité desaisine individuelle du Conseil constitu­tionnel et la modification de la composi­tion et des attributions du Conseil écono­mique et social qui devient le Conseil éco­nomique, social et environnemental.

Et maintenantEn novembre 2014 a été mis en place ungroupe de travail de l'Assemblée nationaleportant sur l'avenir des institutions. Co­présidé par C Bartolone, Président de l'As­semblée nationale et M Winock historien,composé de parlementaires, historiens, ju­ristes et personnalités de la société civile,ce groupe de travail a rendu ses conclu­sions dans un rapport en date du 2 octobre2015. En introduction, l'historien M Wi­nock fait le constat suivant : « Il est appa­ru à la plupart d'entre nous que notre viepolitique était altérée notamment par troismaux, auxquels je me bornerai ici : l'excèsde pouvoir dont dispose le Président de laRépublique, le défaut de représentativitédes instances dirigeantes et les carences dedémocratie participative. ».C'est à partir de ce constat partagé que legroupe de travail a formulé 17 proposi­tions. Il ne s'agit pas d'écrire une nouvelleconstitution mais de modifier profondé­ment le texte actuel. Parmi les plus mar­quantes on note : le non cumul des man­dats dans le temps pour les parlementaires(3 mandats successifs maximum), le scru­tin proportionnel, le référendum d'initia­tive populaire, le retour au septennat maisnon renouvelable, la réduction du nombrede députés et sénateurs, la fusion du Sénatet du Conseil économique, social et envi­ronnemental. Nul doute que la question del'avenir des actuelles institutions prendraune place significative dans les débats àl'occasion des prochaines échéances élec­torales.

Jean Louis Grégoire

1À l'époque le service militaire était obliga­toire.Pendant toute la durée de la guerre d'Algé­rie 1,5 millions de jeunes appelés ont partici­pé aux combats, 15 583 d'entre eux ysont morts .

Du froid dansles relations franco­russesLe mois de janvier 2017 révèle jour aprèsjour les turpitudes, maléfices et traitrises durégime moscovite. La France grelotte. Noussommes obligés d’interrompre nos activitéssportives. En effet les pauvres, en constanteaugmentation sans doute du fait des me­sures économiques de rétorsion prises parles alliés occidentaux à l’encontre des enva­hisseurs de l’Ukraine, de la Crimée, de la Sy­rie et des États­Unis dont le président est dé­sormais une marionnette du Kremlin, sontabrités sur le parquet couvert des terrains debasket. Il n’existe plus aucun logement dé­cent libre pour accueillir femmes, enfants,jeunes et vieux sans le sou. Et d’où vient cefroid ? De Moscou. « Les agents du FSB au­raient­ils vraiment élaboré un moyen de dé­stabiliser le climat du vieux continent en ri­poste aux multiples sanctions antirusses ? »s’interroge le site spoutnik. À vérifier.

Alain Paquereau

Pas de vagueDepuis le départ de son maire mégalomaneet condmané pour escroquerie, Saint­Augustin­des­Bois vit des heures pluspaisibles. Pour autant la municipalitéremplaçante qui trouve que la tempête aassez duré, n'entend plus faire d'autresvagues. À tel point qu'elle refuse jusque­là deremettre en place sur la façade de l'écolepublique une citation d'Albert­Jacquartindiquant "que la matière était à l'origine del'esprit ". Citation arrachée par le tyran sousprétexte de conotation anti­catholique. Lamême municipalité, décidément timorée, aparallèllement bien laissé en place le calvaireimplanté par l'ancien maire sans aucun avisfavorable de son conseil municipal, et que lecurté a même refusé de bénir…Municipalité qui a même été jusqu'à attribuerla présidence du CCAS à une ancienneadjointe qui à l'aplomb de soutenir sansvergogne le regard de ceux qu'elle acontribué à endetter, par une attitude aveugleet complice, pendant des décennies. Il estvrai qu'une autre ex­adjointe, aujourd'huiresponsable de la bibliothèque locale, nesemble pas non plus éprouver la moindrehonte au regard du gouffre financier creusépar son ex­mentor.Pourquoi de la honte d'ailleurs ? Puisque lamairesse leur donne sa bénédiction…

Endeuxmots

15

Suivant la couleur poli-tique, la vision de la

science et de la techniquediffère fondamentale-

ment. A l'approche d'élec-tions qui détermineront

l'avenir de la France pourles prochaines années,donnons quelques points

de repère.

Sans surprise les écologistes, généralementclassés à gauche, ont une opinion globale­ment négative de la science et de la tech­nique. Ils en rejettent souvent les avancées.Par contre sur ce sujet, droite, LR, etgauche, PS, partagent étonnement uneopinion commune. Ils en défendent l'im­pact positif qu'ils estiment essentiel au fu­tur de notre pays. Illustrées par des action,des déclarations et de prises de positionrécentes, les différences d'approche appa­raîtront clairement.

Des choix verts contestablesLa députée européenne verte française Mi­chèle Rivasi, ex dirigeante de Greenpeace,a organisé, le 9 février dernier, uneconférence à Bruxelles pour propager lesthèses du mouvement anti­vaccination(http://initiativecitoyenne.be/2017/01/vaccins­leur­surete­en­question­9­fevrier­au­parlement­europeen­avec­michele­riva­si­pr­luc­montagnier­me­philippe­vanlan­gendonck­sen). Principal intervenant recru­té , Andrew Wakefield qui publia en 1998une étude frauduleuse visant à montrer laresponsabilité du vaccin ROR (Rougeole,Oreillons, Rubéole) dans l’apparition decas d’autisme. Depuis le lien entre autismeet vaccination a été complètement invalidéet les autorités britanniques interdirent àWakefield d’exercer la médecine auRoyaume Uni. Mais comme souvent, lafausse alerte a plus marqué les esprits queses démentis. La baisse du taux de vacci­nation conduisit à une augmentation sen­sible des cas de rougeole pouvant entraînerdes complications graves et des décès.Yannick Jadot candidat vert à l'électionprésidentielle, lui aussi ex dirigeant deGreenpeace, affiche comme première pro­position de son programme la sortie défini­tive du nucléaire dans moins de vingt ans,dès 2035, (http://avecjadot.fr/lafrance­vive/#liste­mesures) pour le remplacer pardes énergies renouvelables. Cette crainte etce refus des progrès de la science et destechniques se double d'une illusion sur lescapacités des solutions de remplacement.L'Allemagne qui a mis en œuvre cette poli­tique a du ouvrir de nouvelles centrales àcharbon, grosses émettrices de gaz à effetde serre, pour couvrir ses besoins en

électricité. On peut s'interroger sur lacontradiction existant entre la premièreproposition de Yannick Jadot et la volontédes verts de sauver la planète.

Sciences et progrèsdans la RépubliqueDeux députés, Jean­Yves Le Déaut (PS) etBernard Accoyer (LR) viennent chacun dedéposer à l'Assemblée Nationale, en destermes identiques, une proposition de réso­lution portant sur les sciences et le progrèsdans la République, http://www.assemblee­nationale.fr/14/propositions/pion4417.aspet http://www2.assemblee­nationale.fr/de­

putes/fiche/OMC_PA230 . Ils s’inquiètentque la place des sciences régresse dans nossociétés, que ce soit à l'école, dans les mé­dias et au sein même de nos institutions.Leur résolution appelle à avoir foi dans unprogrès maîtrisé et partagé. Des extraits del'exposé des motifs clarifieront leurs mo­tivations : La culture scientifique est en re­cul dans les médias où, trop souvent, desraisonnements simplistes, constituant avanttout des coups de communication et ne res­pectant pas les règles éthiques, sont pré­sentés comme des informations incon­testables, lesquelles sont souvent démulti­pliées par les réseaux sociaux. La pratiquede la méthode scientifique est en recul dansnos écoles, comme l’apprentissage dessciences qui contribue pourtant à la for­mation des futurs citoyens. La démarchescientifique régresse enfin dans les assem­blées et les ministères, là même où seprennent des décisions non suffisammentfondées engageant l’avenir de notre payset de nos compatriotes. Des responsables

politiques n’hésitent pas à contredire desavis ou des recommandations émis par descomités scientifiques et des agences crééspar l’État ou par l’Union européenne pourles éclairer dans leurs décisions. Depuisdes décennies, les crédits budgétaires enfaveur de la Recherche ont trop souvent étérognés...... En leur temps, des hommesd’État comme Pierre Mendès France, legénéral de Gaulle ou François Mitterrandavaient élevé la recherche scientifique etses applications au rang de priorité natio­nale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui etc’est la nature même du progrès qui est re­

mise en cause...... Celui­ci doit bien sûrêtre maîtrisé et partagé mais la Républiquedoit avoir foi dans le progrès scientifique,qui a été et reste le principal facteur deprogrès économique, sanitaire, social etenvironnemental. Plus que jamais, la Ré­publique a besoin de savants.

Au moment du choixBien entendu, à lui seul le critère de la vi­sion de la science ne suffira pas à détermi­ner la couleur de votre bulletin vote. Biend'autres aspects tout aussi importants mé­ritent d'être pris en compte : Europe, dé­mocratie, économie libérale ou économierégulée, chômage, place de la France dansle monde, ... . Sans oublier bien sûr la laï­cité dont les différents candidats donnentdes interprétations différentes voire diver­gentes, ne correspondant pas toujours auxpositions fermes de l'Anjou Laïque sur cesujet sensible.

Yves Mulet Marquis

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Science et technique

Deux visions selon la couleur politique

Cette année est fêtée lecentenaire de la dispari-tion d’Octave Mirbeau.Pierre Michel, grand

spécialiste mirbellien, estla cheville ouvrière desmultiples manifestationsqui vont se tenir tout au

long de ces mois. Le calen-drier est sur le site :

http://www.mirbeau.org/ca-lendrier.html

Ce Normand fut probablement l’un des plusconnus des écrivains de l’articulation entreXIXe et XXe siècles. Sa renommée contem­poraine est notamment assise sur la plus cé­lèbre de ses œuvres : le Journal d’unefemme de chambre (1900), porté au cinémapar Luis Buñuel en 1964, avec Jeanne Mo­reau dans le rôle de Célestine, la femme dechambre.Journaliste très en vue et auteur à l’in­fluence certaine, il fut, aussi, un pamphlé­taire qui développa des idées imprégnéespar l’individualisme. Pourtant, sa vie futmarquée par un constant engagement poli­tique, au service de l’autre. Il fut un dreyfu­sard de la première heure, préoccupé de lacondition humaine avant tout : « L’injusticequi frappe un être vivant ­ fût­il ton ennemi­ te frappe du même coup » écrivait­il dansL’Aurore, en 1898. Mettant sa notoriété auservice de l’Homme et de la Paix, il ouvraitun chemin qui sera suivi, au XXe siècle, parLouis Lecoin et Albert Camus.Son engagement esthétique fut, également,important : il défendit les artistes novateurs,Rodin, Gauguin et Cézanne, contre les sa­lons officiels qui exposaient les peintres à lamode, Bouguereau et Cabanel. En littéra­ture, il promut Léautaud et Jarry et prit la

défense d’Oscar Wilde.Si ses textes littéraires innovent et boule­versent les conventions, pour autant il nes’y enferme pas. Il écrit, en 1890, dans uncourrier au peintre Claude Monet : « La lit­térature m'embête au­delà de tout. J'arrive àcette conviction qu'il n'y a rien de plus vide,rien de plus bête, rien de plus parfaitementabject que la littérature. »Ses idées libertaires – il fut pacifiste, athée,antimilitariste et individualiste – se re­trouvent, dans un petit ouvrage bien connu :La Grève des électeurs (paru dans Le Figa­ro, en 1888). Il y écrit : « Les moutons vontà l’abattoir, ils ne disent rien, eux, et ilsn’espèrent rien. Mais, du moins, ils nevotent pas pour le boucher qui les tuera, etpour le bourgeois qui les mangera. Plusbête que les bêtes, plus moutonnier que lesmoutons, l’électeur nomme son boucher etchoisit son bourgeois. Il a fait des Révolu­tions pour conquérir ce droit. »L’influence libertaire, à cette époque, ne sesclérose pas dans une organisation ; il s’agitd’un mouvement d’idées qui imprègne mi­lieux artistiques et populaires. Octave Mir­beau évolue dans la famille d’Ibsen, deNietzsche, de Darien, de Palante, de Zod’Axa. Pour eux, le combat social n’a guèrede sens s’il ne s’appuie, au préalable, sur ladimension individuelle. Aucun grand chan­gement n’adviendra sans que l’homme de­vienne individu c’est­à­dire sans qu’ilprenne conscience de la servitude dans la­quelle l’enferme l’État et sans qu’il trouve,en lui, les ressources afin de s’en débarras­ser. Car pour Mirbeau, l’ennemi principalreste l’État : « L’État, c’est le plus grand, leseul criminel, l’État qui opprime, qui écrasel’individu » (dans Le Gaulois, 1894).

Michel Perraudeau

Octave Mirbeau (1848­1917)Évocation

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L’Europe et lestravailleurs pauvresL'institut statistique de l'UE Eurostatvient de publier une enquête (8.12.2016)sur les travailleurs à bas salaire.Il ressort de cette enquête qu'untravailleur sur six dans l'UE est untravailleur à bas salaire, c'est à dire qu'ilperçoit un salaire égal à deux tiers oumoins du salaire horaire national brutmédian.Ces données concernent l'année 2014.À noter que 21,1% des femmessalariées percevaient un bas salairecontre 14% des salariés hommes. Enoutre, près d'un tiers (30,1%) dessalariés de moins de 30 ans percevaientun bas salaire contre 14% pour lestranches d’âge entre 30 et 59 ans. Defortes disparités apparaissent selon lespays membres. On peut distinguer deuxgroupes.Premier groupe où la proportion des bassalaires est élevée : Lettonie (25,5%),Roumanie (24,4%) Lituanie (24%),Pologne (23,6%), Estonie (22,8%),Allemagne (22,5%), Irlande (21,6%),Royaume­Uni (21,3%). Deuxièmegroupe où la proportion est sensiblementplus faible : Suède (2,6%), Belgique(3,8%), Finlande (5,3%), Danemark(8,6%), France (8,8%) Italie (9,4%). Onobservera que l'Allemagne et leRoyaume­Uni qu'on nous présentecomme des modèles de réussiteéconomique en terme de compétitivitéfigurent dans le groupe où le taux detravailleurs pauvres est le plus élevé encompagnie de la Pologne ou laRoumanie. Cette enquête livre un autreélément intéressant. Il s'agit de ladifférence entre les pays de l'UE enterme de salaire horaire brut médian.Ainsi, c'est au Danemark qu'il est le plusélevé (25,5 euros) et en Bulgarie le plusfaible (1,7 euros).Parmi les états membres, le salairenational horaire brut médian exprimé eneuros le plus élevé était 15 fois plusimportant que le plus faible. D'autrespays connaissent des taux très faibles :Roumanie (2 euros) Lituanie (3,4euros);Hongrie(3,6 euros). On le voit, ledumping social au sein de l'UE a encorede beaux jours devant lui.

J.­L G

Endeuxmots

1818

Coralie Delaume et DavidCayla viennent de publierun livre "Le fin de l'Unioneuropéenne". L'anjou

laïque a interrogé DavidCayla à ce sujet.

Quels sont les éléments essentiels quivous permettent d'affirmer que l'on arriveà « La fin de l'Union européenne » ?

L’Union européenne c’est d’abord uneconstruction juridique qui délègue unepartie de la souveraineté des Étatsmembres à des institutions supranationalesindépendantes. Celles­ci – la Commissioneuropéenne, la Cour de justice de l’Unioneuropéenne et la Banque centrale euro­péenne – sont chargées de faire respecterles règles de l’Union et disposent pour celad’un arsenal de sanctions et de préroga­tives uniques.Dès le départ, le processus d’intégrationeuropéen a pris la forme d’une uniformisa­tion « par le haut ». On a empilé un en­semble de plus en plus complexe de nou­velles règles, ce qui n’a été possible qu’enrenforçant parallèlement le pouvoir desinstitutions supranationales. Or, on arriveaujourd’hui aux limites de cette logique. Àmesure que les règles se sont renforcées,les États se sont engagés dans des straté­gies pour les dépasser ou les contourner.Pour éviter cela, l’Union aurait dû organi­ser un véritable « saut fédéral », mais elleen est incapable en raison des conflits po­litiques très forts qui opposent les 28. Ducoup, les règles européennes ne cessentd’être transgressées. Or, si les règles euro­péennes ne sont pas respectées par lesÉtats membres de l’Union, que reste­t­il decette construction juridique qu’on appelleUnion européenne ?

Face à ceux qui critiquent les fondementsde l'UE dans sa forme actuelle, ses défen­seurs prédisent les pires catastrophes sielle venait à disparaître. Une déconstruc­tion suivie d'une reconstruction en dou­ceur est­elle possible selon vous ?

Il est très difficile de dire comment la dé­construction européenne va se produireconcrètement. Le plus vraisemblable c’estqu’il n’y aura pas de départ dans les règlessur le modèle britannique. Organiser un ré­férendum national, puis activer l’article 50des traités qui ouvre deux ans de négocia­tion implique un processus d’au moinstrois ans. C’est très long à l’échelle de lavie politique !Le scénario de déconstruction le plus pro­bable est que l’UE va lentement se décom­poser à mesure que de plus en plus d’Étatsen transgresseront les règles. On l’a vu lors

de la crise des migrants pendant laquelle laCommission a été incapable d’empêcherles décisions unilatérales des uns et desautres. Dans le cas grec, si les institutionseuropéennes ont remporté la premièremanche elles n’ont rien réglé sur le fond etun plan de sortie unilatéral de la zone euroest toujours possible. En Italie, la crisebancaire pourrait aussi amener le pays àrompre avec les règles européennes. L’Ir­lande pour sa part n’entend pas respecterl’amende record de 13 milliards d’eurosinfligée par la Commission à Apple.L’éclatement de l’UE est donc déjà enga­gé. Mais il se fait sans référendum, sans

décision spectaculaire, au gré des crises,via la désobéissance des États. C’est évi­demment un processus très coûteux. Maisle coût du statu­ quo est aussi très élevé etles factures se cumulent. Il arrivera doncforcément un moment où la rupture appa­raîtra comme un moindre coût. Or, pluselle sera engagée tôt, plus il sera facile dereconstruire une Europe viable. À l’in­verse, plus l’échéance sera repoussée etplus les pays risquent de se replier dans unnationalisme destructeur.

(Suite page 19)

Recension du livre

Dès le prologue de leur essai "La fin de l'Unioneuropéenne", les deux auteurs, CoralieDelaume et David Cayla annoncent la couleur.Pour eux « De toute façon, il n'est plus tout àfait temps de se demander s'il faut sortir del'Union européenne. A la vérité, c'est l'Unioneuropéenne elle­même qui est en train desortir. Elle sort de l'Histoire. Par la toute petiteporte. ». Démonstration en est faite en sixchapitres fortement documentés ethistoriquement contextualisés. L'UE s'avère« structurellement dysfonctionnelle » sur leplan démocratique « comme le Marché uniquel'est sur le plan économique. ». Qui plus est,« sa fédéralisation de fait a consisté àconstitutionnaliser des éléments de politiqueéconomique, ce qui rend impossible l'exercicenormal de la démocratie, puisque celle­ciconsiste précisément à pouvoir changer par le

vote, les politiques publiques menées dès lorsqu'elles semblent ne plus convenir aux besoinsdu moment. ».Les auteurs en concluent qu'il faut rompre avec« L'Europe allemande » et sortir de la logiqued'affrontement. Car « si l'Europe tient encore,ce n'est pas en dépit mais au contraire enraison de son caractère non démocratique. ».Et pour que le message soit très clair, l'essais'achève par ces quelques mots :« S'il reste encore un peu de temps avant quetout s'effondre, si demeurent des bribesd'amitié entre ces peuples d'Europe qu'on atant violentés et tant poussés às'affronter.alors, courage, fuyons !" .Aux lecteurs d'apprécier si la démonstration setient ou pas. En tout état de cause cette lecturearmera le citoyen pour y voir clair dans lesdébats qui ne manqueront pas d'advenir lorsdes prochaines échéances électorales.

Jean­Louis Grégoire

« La fin de l'Union européenne » par Coralie Delaume et David Cayla

L'autopsie d'un grand corps moribond

Lecture

Courrier des lecteursChers camarades,Je viens de lire dans le numéro dedécembre 2016 un article de BernardCassen intitulé : " prononcer le mot pro­tectionnisme sans rougir ".Il y a quelque chose de vrai dans ce titre :le protectionnisme n'a rien de rouge, bienau contraire. C'est même une idéologie

réactionnaire qui a plongé l'humanitédans deux guerres mondiales. (. . .). Dansle manifeste communiste, Marx et Engelsécrivaient à propos du système capita­liste : " Poussée par le besoin de débou­chés toujours nouveaux, la bourgeoisieenvahit le globe entier. Il lui faut s'im­planter partout, exploiter partout, établirpartout des relations ". Ils ajoutaient :"au grand désespoir des réactionnaires,elle a enlevé à l'industrie sa base natio­nale. (…)"Après un conflit aigu entre les proprié­taires terriens, partisans du protection­nisme, qui refusaient l'importation du bléaméricain et les industriels, en plein es­sor et sans concurrents, qui réclamaientau contraire le libre­échange, la Grande­Bretagne devint en 1846 et pour desdécennies la championne du libre­

échange. Au cours de ce conflit, Marx etEngels, raisonnant sur l'avenir en se pla­çant du point de vue du prolétariat en dé­veloppement, ne se contentaient pas derenvoyer dos à dos la bourgeoisie indus­trielle et les propriétaires terriens, leslibre­échangistes et les protectionnistes.Marx concluait ainsi, en janvier 1848, un" Discours sur le libre­échange" : " Engénéral, de nos jours, le système protec­teur est conservateur, tandis que le sys­tème du libre­échange est destructeur. Ildissout les anciennes nationalités etpousse à l'extrême l'antagonisme entre labourgeoisie et le prolétariat. En un mot,le système de la liberté commerciale hâtela révolution sociale. C'est seulementdans ce sens révolutionnaire, Messieurs,que je vote en faveur du libre­échange".Le mouvement ouvrier rejetait leprotectionnisme, par internationalismemais aussi parce qu’il augmentait le coûtde la vie pour les ouvriers.La seule perspective valable aujourd'hui,comme hier, n'est ni de proposer une"bonne politique" à la bourgeoisie ni des'opposer à ce qu'elle investisse des capi­taux à l'étranger. C'est de la combattre.C'est de permettre au prolétariat, àl'échelle nationale puis à l'échelle inter­nationale, de s'unir et de s'organiser poli­tiquement pour contester le pouvoir à labourgeoisie et prendre le contrôle de lasociété. (. . .).Mais pour se fixer cette perspective, ilfaut être révolutionnaire. Bernard Cassenet tous ceux qui partagent ses idées ne lesont pas. Ils sont en réalité des ré­formistes. Et il est vain d'espérer les voirrougir un jour.

Philippe Lebrun

NDLR : intégralité de l’article sur le blog :

http:/anjoulaique.blogspot

Suite de la page 18

N'y a­t­il pas contradiction entre votreannonce de la fin de l'UE et votre constatque l'UE perdure « en raison de son ca­ractère non démocratique » ?L’Union n’est pas démocratique, mais lesÉtats européens le sont encore un peu. Or,c’est justement cette tension qui est àl’origine des dysfonctionnements actuels.À mesure que les prérogatives des Étatss’affaiblissent, les citoyens de l’Unionapparaissent de plus en plus frustrés et fi­nissent par élire des responsables souve­rainistes. Ces candidats, souvent quali­fiées de « populistes », sont en phased’émergence partout. En Hongrie parexemple, le président Viktor Orbàn n’a

pas hésité à réformer la constitution afinde neutraliser le pouvoir de la Cour dejustice de l’Union. En France, la plupartdes candidats à l’élection présidentielleincluent dans leur projet un volet de déso­béissance aux règles de l’Union, notam­ment celles relatives aux déficits publics.Seul Emmanuel Macron affiche pourl’heure une posture d’européiste radical. Iln’y a donc pas de contradiction. L’absencede démocratie à l’échelle de l’Union, qui aété une condition pour la faire émerger, estaujourd’hui le facteur principal qui ex­plique son explosion.

Propos receuillis parJean­Louis Grégoire

19

L’Anjou Laïque N°119

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Du plomb dans l’aileInauguré en 1998 et géré par la société Keolisnotre aéroport d’Angers Marcé n’a jamais dé­collé. Sa fréquentation reste englué aux envi­rons de 18% de sa capacité et les atterrissages

sont toujours tributaires de lourdes subven­tions. En septembre 2010 Daniel Loiseau(sourions un peu), vice­président PS d’AngersLoire métropole affirmait: « Notre aéroport a savocation et son utilité ». En 2012 il se réjouis­sait de l’arrivée de British Airways. Cependantle président du conseil général de l’époque,M. Christophe Béchu UMP, refusait de verser43 000 euros. Il affirmait: « Ce n’est pas le rôlede la collectivité de financer une partie duvoyage d’un touriste souhaitant se rendre auxjeux olympiques de Londres ». 2017, le pré­sident du conseil départemental désengage, luiaussi sa collectivité et le maire d’Angerssemble bien se souvenir de sa position passée.En 2016,12 000 sièges auraient été vendus.Mais 393 000 € de subventions furent exigéespar les compagnies aériennes pour se posersur les belles pistes du Loire­valley internatio­nal airport of Marcé ! Cela fait 32,75 € d’argentpublic angevin par passager. Il est plus quetemps de prendre le train pour Nantes At­lantique ou encore de proposer le déménage­ment de Notre­Dames­des­Landes à Marcé.

A. .P

L’homélie de François­Régis HutinAncien directeur général d’Ouest­France, Fran­çois Régis Hutin se consacre désormais auxéditoriaux du samedi. Un ami catholique me di­sait que leur lecture le dispensait d’aller à lamesse le dimanche matin, que jamais curépourrait être plus persuasif. Au dernier Noël,François Régis s’est surpassé. Il a commentéune image pieuse (les trois­quarts de la une).

C’était Marie, pourchassée, juchée sur sonâne, cherchant un abri. L’errance de la mère detous les lecteurs (notre homme ne doit pas endouter) se termine dans une grange et naît ledivin enfant. Jésus, par miracle, échappe au ty­ran fou assassin. L’éditorialiste file l’histoiresainte pour illustrer la triste actualité des mi­grants, d’Alep et les malheurs du monde. Simon ami catholique a lu l’homélie, il pouvaitpour plusieurs dimanches se dispenser demesse. Et, accompagné d’un mécréant égaré,mais humaniste (ce n’est pas un oxymore),faire du sport pour la santé de son corps.

J P..

Electricité, l'hypocrisie du choixChacun peut aujourd'hui choisir son fournisseurd’électricité. Choix véritable ou escroquerie

intellectuelle ? Supposons que j'opte pour lefournisseur bleu et mon voisin pour le rouge.Doit­on penser que des électrons bleus arrive­ront à mes prises et uniquement à mes prises,alors que des électrons rouges arriveront àcelles de mon voisin ? L’histoire se compliquecar des électrons peints en verts sont aussidisponibles, à un prix plus élevé bien entendu.Les électrons bleus, rouges ou verts n’existentpas. Ils sont les mêmes pour tout le monde.Seule la facture relie le fournisseur supposé etl’utilisateur connecté au réseau commun dedistribution. Pour EDF, producteur qui injecte lamajorité de l’énergie sur le réseau, l’opérationrevient en fait à sous­traiter de multiples factu­rations et encaissements à des entreprises pri­vées. Entreprises qui en profitent pour empo­cher de substantiels bénéfices sur le dos desconsommateurs privant ainsi EDF de res­sources pour ses investissements futurs. Au fi­nal cette libéralisation s'analyse donc commeune publicité mensongère et un détournementde fonds publics vers des profits privés. Pour

mettre fin à cette tromperie, une seule solution,le retour à un grand service public national del’énergie.

Y. M.M.

Macron perd le Nord !Pour M. Macron ex ministre de l’économiede M. Hollande, président qui semble­t­ilqualifiait les pauvres de « sans dents » leNord serait cette région où: « l’alcoolismeet le tabagisme se sont peu à peu instal­lés… » Déclaration faites à Nœux­Les­Mines le 13.01.2017. Décidément lespauvres ont toutes les tares, assistés, ilsboivent ! Jacques Sapir sur son blog cor­rige le banquier aux préjugés bien ancrés.Il propose une série de cartes et sta­tistiques fiables sur l’alcoolisme en Franceoù Il apparaît que l’usage mensuel del’alcool pour la tranche d’âge de 17 ans se­rait de 12% en moyenne. Or et c’est unemauvaise surprise pour nous, elle n’estque de 10% dans le nord contre 22% dansles Pays de la Loire…région la plus tou­chée. Comme diraient nos responsableslocaux: « l’avenir s’invente en Anjou »! LeNord est une région abandonnée par lesgrandes industries qui laissent derrièreelles un environnement sévèrement polluéet un tissu social déchiré véritables res­ponsables de la surmortalité nordique.Le mépris du peuple est au programme.Macron est à l’ouest !

A. P.

Fonds publicset enseignement privéUne intéressante étude de la FédérationNationale de la Libre Pensée transmiseavec ses vœux pour 2017 dénonce près de7.5 milliards d’euros détournés pour le fi­nancement de l’enseignement privé dupremier et second degré dans le budget duministère de l’Education nationale. Ce dé­tournement n’est qu'une infime partie d’unfinancement public de plus en plus difficileà identifier. Il faudrait ajouter aux 7.5milliards du budget de l’Education natio­nale, plus de 11.5 milliards de fonds pu­blics et parapublics soit un total de subven­

ti

ons qui représentent plus 19 milliards d’eu­ros par an. Taxes professionnelles, obolesdéfiscalisées, réserves parlementaires . . ycontribuent

J. P

Endeux mots