lama # 02

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Numero 0,167 Libre et Gratuit Revue littéraire et hypoallergénique 11 / 11 / 2011

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Revue recueil de poésie, de nouvelles, de dessins et photographie.

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Page 1: Lama # 02

Numero 0,167Libre et Gratuit

Revue littéraire et hypoallergénique 11 / 1

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Som maire

page 3 : Les promeneurs du parc

page 6 : imposture / Black hills

page 7 : L’air d’une étoile

page 11 : point noir

page 12 : A l’ombre du ventre

page 13 : crachats exquis

page 14 : Jungle

page 16 : Elémentaire / l’arlEsienne

page 17 : la salle de bains

page 19 : la sortie

page 20 : Daydream IN a Blue lagoon

page 22 : 9 heures

page 23 : Longueur d’onde / L’addition

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L’eddy torche

C’est dit, c’est beau, c’est fort: le lama hypocalorique défraye la chronique et balaye les criques jour et nuit.

Les critiques à lunettes fumées chassent les mouches. Les ébé-nistes vendent des chariots de chouchous dans les mines. Les par-fumeurs jouent à la roulette rousse, et les charcutiers lisent le Lama.

Qui a raison, qui a tort ? Là n’est plus la question. Le lama a tranché dans le far.

Tel un Pierre qui roule deviendra grand, l’animal ne s’arrête à au-cune douane, ne plie le genou devant aucun dictateur, ne trans-pire sous aucun prétexte et surtout, surtout ne rote jamais quand on lui demande.

Même les religions monothéistes se grattent les saints face à ce phé-nomène unique dans l’histoire. Même les religions monopolystes se matent les tantes pour être face au soleil.

Pour autant, le mystère demeure. Aucun profit, aucune lumière, au-cun abus, aucune provocation... aucun horaire si ce n’est celui de l’éveil.

Car si vous vous réveillez avec la joue marquée par l’encre d’un exemplaire de ce petit délire de délurés, vous verrez que la réalité est tout autre. Fort heureusement, demain est toujours férié avec le lama. Voici donc le n ° 2, dans toutes les bonnes coques de ba-teaux.

Ps: Ce qui va suivre n’a aucun rap-port avec ce que vous venez de lire.

le lama vs L’Ours

Rédacteurs : Bel’O, Kobat, Joe«L»Tacos, Nugohs, Cirdec.

Collaborateurs : Heineken, Picon, 1664, Duvel, Grolsch,

Despérados, Carlsberg, Stella, Get 27, Charal et Pampers.

Directeur de la communication: Boucherie-chevaline de

Melun.

Mise en nage: Cirdec car Nugohs, il a une régulière donc il

n’a plus le temps. Mais à ce qu’il paraît, ils sont pas vrai-

ment ensemble !!!!

Boite à rut : facebook.com/lama.revue

Les textes présents sont les propriétés de leurs auteurs

respectifs.

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L’immensité…

Voila peut-être le seul mot qui serait assez perti-nent pour qualifier mon monde. Celui où la moindre petite bosse a des allures de colline, où le moindre caniches fait la taille d’un titan et dans lequel leurs fientes deviennent des montagnes vaporeuses et nauséabondes. Ça, bien sûr, je ne devrais norma-lement pas m’en rendre compte, on est bien d’ac-cord !

Mais bon, vous n’êtes pas en train de regarder un documentaire animalier à une heure tardive, donc si vous lisez ces lignes et que vous avez un minimum d’imagination, vous ne vous étonnerez que modérément qu’une fourmi vous débite tran-quillement quelques conneries. Je pourrais vous en raconter bien d’autres et des plus grosses encore : que je dresse des pucerons sado-maso en les cra-vachant avec des brins d’herbes en cuir, que je me rendrai au Virgin des Champs-Elysées le week-end prochain pour dédicacer les fables de La Fontaine et d’autres romans un peu plus cons dont je suis l’héroïne, ou bien même que je viens de sortir de prison parce que j’ai couché avec une coccinelle qui était mineure (la salope, elle s’était dessinée de faux points noirs sur le dos !).

Mais rien de tout ça. Non vraiment rien de tout ça. Point d’histoires exaltantes avec des cigales pique-assiette, de plans carcéraux tatoués sur la cara-pace ou de penchant sexuel un peu barré. Non, à vrai dire ma principale activité, c’est de faire les quatre cent pas à longueur de journée. Facile me direz-vous, quand on a 3 paires de jambes. Mais sérieux, qu’est-ce-que je m’emmerde ! Parce que bon, faut dire ce qui est, mes collègues ne sont pas vraiment des êtres que l’on pourrait qualifier de marrants. C’est même tout l’inverse : de vrais accros du boulot qui ne feraient pas tache pour un sou à hanter les quais du RER A aux heures de pointe.

Je ne sais pas ce qui a bien pu se passer là-haut, mais pour sûr, il a du y avoir un bug dans la grande machine à réincarner. Ces cons-là, ils ont oublié d’effacer ma conscience. Et me v’la donc, à déambuler sans relâche en plein cœur du jardin des plantes de Paris. Remarquez, je vais peut-être pas m’acharner sur les reproches non plus, j’aurais pu me trouver au fin fond d’un trou paumé, avec pour seul spectacle des visages marqués par les stigmates d’une consanguinité qui badigeonne dans de l’épandage se répandant jusqu’à l’hori-zon. Car malgré tout, et je ne m’en cache pas, j’ai vraiment grand plaisir à me délecter, dès la venue des premiers rayons de soleil, de toutes ces belles et jeunes étudiantes qui viennent fouler le gazon de leurs jolis pieds nus, et qui, au passage, m’offrent un panorama fabuleux sur le dessous de leur jupe. Alors, mesdemoiselles, faites-moi un petit plaisir : ne vous demandez plus à l’avenir pourquoi on dit « avoir des fourmis dans les jambes ». Cerise sur le gâteau, de temps à autre, quand un maladroit un peu fêtard renverse sa bière sur la pelouse, je peux continuer à cultiver l’une de mes mauvaises habitudes d’antan, à savoir me noyer dans l’alcool, même si je l’avoue, on est bien loin de la convivia-lité qui caractérise le zinc d’un bon vieux tripot de quartier.

A ce stade de mon histoire, je suis sûr que vous crevez d’envie de savoir comment j’ai bien pu atterrir ici. Mais avant d’apporter une quelconque bribe de réponse à cette pertinente interrogation, laissez-moi vous parler d’un drôle de monsieur, qui, pour ne rien cacher n’est pas étranger à ma pré-sence ici. Hurluberlu, fêlé, génie, visionnaire, autiste, hypersensible, pathétique, ou ahuri. La liste est en-core longue, et je vous laisse choisir à votre guise le mot qui aura l’honneur de vous convenir le mieux pour le nommer. Pour moi ce sera simplement Hen-ri. Un iconoclaste comme on en fait plus depuis le XIXème siècle, cette belle époque où les hauts-de-

Les promeneurs du parcpar NUGOHS

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forme n’étaient pas simplement portés pour d’obs-cures finalités esthétiques mais surtout pour empê-cher les idées bouillonnantes qui s’échappaient de la caboche de tous ces intellos de s’évaporer dans l’atmosphère . Car je vous le dis moi, c’était un artiste, un vrai, et tant pis s’il s’est fait rejeter par ses pairs autant que par la vie. Car soyons francs, ce gars-là n’a pas été spécialement gâté par ce drôle de concept qu’on appelle l’existence. Non pas qu’il fut foncièrement mauvais, moche ou inin-téressant. Bien au contraire ! Plutôt à ranger parmi les maudits sur lequel le sort s’acharne injustement, les victimes d’une erreur administrative au céleste bureau des destinées, et dont la photo a fini col-lée de travers dans l’album Pannini d’une fée triso-mique qui, à trente huit ans en a toujours six dans sa tête, plutôt que dans le livre d’or des égéries ailées qui sont chargées de correctement veiller sur nous. Jugez plutôt : notre ami a eu dans sa vie, en tout et pout tout, deux femmes et une dizaine d’enfants pour presque autant d’enterrements. Joli score, non?

Et bizarrement, là où la plupart des faibles êtres que nous sommes (enfin surtout vous) auraient, face à ces tragiques événements, rappliqué illi-co-presto au service après-vente via un pruneau dans le ciboulot ou un triple salto arrière suivi d’un double axel avec réception bétonnée effectué du haut du premier building venu, lui, a redoublé d’ef-fort et s’est bricolé un véritable bunker émotionnel avec ce qu’il savait faire de mieux et qui le rendait si unique : rêver. Mais attention, pas de cette façon niaise et désespérément commune, de ces rêveries bons marchés dont on pense qu’elles nous sont ex-clusives et fabuleuses, auxquelles on s’accroche ja-lousement jusqu’au point de plus se rendre compte qu’elles appartiennent au tout-venant et qui ne sont en fait que des miettes d’espoir que notre triste quotidien a bien voulu nous octroyer. Non, je vous parle de cette façon magistrale de rêver, celle qui flirte avec la bizarrerie, qui joue à la pâte à mode-ler avec notre réalité et qui parfois même, quand elle est trop belle et notre regard trop rempli d’étin-celles, contamine tout ce qui nous entoure, trans-pirant dans notre façon d’être, de bouger, de res-pirer, et qu’on aimerait offrir à la terre entière sans jamais toutefois y parvenir vraiment.

Tout petit déjà, notre Henri passait tout son temps sur le seuil de la porte à regarder au loin, sans une seule fois s’aventurer dehors. Pas parce qu’il n’en avait pas le droit, ou que cela lui faisait peur, non, pas du tout ! Simplement parce que dans son re-gard, se construisaient des paysages si magnifiques qu’il les préférait à une réalité qui n’aurait pu être que tristement décevante. Et il restait là, sur le perron, à s’imaginer ce que pouvaient bien cacher toutes

ces étendues qui s’offraient à lui, rêvant d’animaux exotiques peuplant nos mornes forêts, rêvant que toutes les maisons adjacentes cachaient en fait des jardins à la végétation luxuriante et multicolore dans lesquels des oiseaux arc-en-ciel venaient faire leur nid. Rêvant… Et contrairement à une vilaine poussée d’acné, qui vous hante durant vos jeunes années puis s’en va comme si elle n’avait existé, cette vision singulière ne le quitta jamais, agrippée à lui comme une paire d’ailes ou bien une croix, c’est selon.

Arrivé à la capitale, un coup de foudre vint s’abattre sur lui, tant et si bien que, sans éclair de lucidité aucun, il n’en sortit plus jamais. Il aimait à s’y promener, pas pour ses monuments, pas pour ses parisiennes et encore moins pour ses parisiens, mais juste pour chercher un sens à tous les chemins de la ville qui n’en avaient pas. Et inlassablement, malgré le fait qu’il se refusait à tourner en rond, il arpentait les portes de la cité comme il arpentait autrefois son palier, fantasmant pléthores de fantastiques jungles fleurissant derrière le boulevard périphérique.

Et lors d’une de ses journées d’errance, qui emplis-saient allègrement son calendrier, il fit une drôle de rencontre qui allait changer sa drôle de vie, et la mienne par la même occasion. Au détour d’une impasse, au coin d’une rue, ou peut-être au croi-sement de deux grandes avenues, nul ne le sait, il tomba nez à nez avec… des pinceaux, une toile et un trépied. Bille en tête, il décida que c’en était fini de cette magnifique solitude, et que désormais cette toile qu’il avait sous les yeux serait pour les autres, le passage secret vers ce qu’il avait enfoui dans son cœur et ses globes oculaires toutes ces années durant. Bien sur, ses débuts ne furent pas probants. Que voulez vous, ce n’est pas en rêvant sur des paliers qu’on apprend à dessiner. Mais pe-tit à petit, le peintre et ses couleurs, perchés dans un petit atelier, au 5ème étage, porte de gauche, avec toilettes partagées et poutres apparentes peu communes, commencèrent à consommer leur idylle fraichement née. Toile après toile, la pièce re-vêtait un peu plus son manteau de safari, les fêlures du mur et les cafards des placards se faisant éclip-ser par des lions aux yeux de poissons, des serpents aux longues dents, et des fourmis endormies.

Ah ! Je vois vos oreilles se dresser. Mais laissez-moi continuer. Donc l’ami Henri, en bon aventurier des chambres de bonnes qu’il était devenu, continua à peindre inlassablement toutes ses visions d’en-fants, attisant encore un peu plus sa rêverie au fur et à mesure des coups de pinceaux. Et un beau jour, alors qu’il rentrait d’une de ses longues prome-nades durant laquelle il prospecta dans les serres et les ménageries du tout Paris pour décider de quoi

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sa jungle du soir serait constituée, il mit la clé dans la porte de son atelier, tourna la poignée et tomba nez à nez avec un zèbre. Une fois l’effet de surprise passé et bavardant tous deux autour d’un café et d’une cigarette, le drôle d’animal aux allures de code-barres sur pattes lui expliqua qu’à cause d’une allergie aux bananiers qui l’entouraient et d’une querelle avec le perroquet qui partageait sa toile, il avait décidé de s’échapper de la pein-ture et rejoindre le monde réel. Pris de panique et craignant que le zèbre disparaisse derrière les barreaux, notre maudit peintre tenta de négocier avec l’animal pour que celui-ci regagne son ber-cail. Le pauvre Henri, qui ne savait pas les équidés si rudes en affaires, dut se résoudre à effacer de son tableau le perroquet et troquer ses bananiers contre des cerisiers pour que le zebre obtempère. Epuisé par toutes ces frasques, il s’endormit à même le sol de la petite pièce et au petit matin, ce fut au tour des fougères et des lauriers d’envahir son abri, râlant que dans leur tableau, il n’y avait jamais de pluie. A coup de coupe-coupe, Henri parvint à se frayer un chemin jusqu’à la fenêtre, et menaça les végétaux de la fermer à tout jamais s’ils ne le lais-saient pas désormais tranquille.

Et toute une semaine durant, Henri vit défiler l’in-tégralité des acteurs de son imaginaire, leur priant un à un de quitter la réalité, car là n’était pas leur place. Chose assez rare pour être soulignée, c’était là peut-être la seule entreprise de sa vie qu’il réus-sit. Au prix de fantasmagoriques négociations, tous retournèrent orner les murs de l’atelier, tous … à

une exception près. Il ne s’aperçut pas, en allant se promener un beau dimanche d’été, que cachée dans la poche de sa redingote, au beau milieu des pinceaux, d’un mouchoir usagé, des pinces à linge et d’un vieux carnet, souriait une petite fourmi bien décidée à goûter aux joies de la liberté. Après une longue marche où je vis défiler pêle-mêle Notre-Dame, le Louvre, la tour Eiffel et les Tuileries, j’aban-donnai mon cher Henri pour poser ma valise où vous savez.

Voila ! Vous connaissez désormais toute l’histoire. Il parait qu’après ces événements, il n’a plus jamais peint, mais c’est avec grand plaisir que je le revis se promener pendant encore quelques années, dans les belles allées vertes et impeccablement taillé de ma nouvelle demeure, le cœur serré à penser que pour lui, ce paysage demeurerait à jamais gris. Il ne regardait plus les cages débordant d’animaux ve-nus des quatre coins du monde, ni même les serres envahies par des lianes qu’on ne voit que dans les livres. Non, son regard était toujours tourné vers le sol, à la recherche de quelque chose ou quelqu’un qu’il avait égaré. Ce fut là la dernière vision que j’eus de lui.

Les livres racontent qu’il a disparu un beau jour, seul et triste, sans rien laisser derrière lui. Typique-ment le genre d’histoire qu’on raconte aux enfants peintres qui n’ont pas été gentils ! Vous voulez vrai-ment connaitre la vérité ?

Sa dernière œuvre….. fut un auto-portrait.

Pour l’amour du risque il jette les « D »Au risque d’être aiguillé vers un pique.

D’UNE LETTRE à L’AUTRE

MC KB

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Sur la routeen roue libre,les yeux fixent l’horizon.

Les herbes folles, ivres,dansent sur le son des percussions.Souffle au courant perceptible.Fourrure aux reflets d’or,berces ma cadenceet nourris mes légendes.

Au delà des collinesles rivières chantent encore,le sable tourbillonneet l’être humain, tourmenté,tourne en rond.

Paysage inconnumais familier,j’entends tes cris,là où le bitumeet les panneaux publicitaires envahissent les prairies.Et dis toi... tais toi.Il faut se taire. Se tirer d’ici.

Je suis l’étrange autochtoneaux allures de citadins.Si proche de la terre,pour un instant,je cours et nage vers l’océan,pour un instant seulement.

Et revoilà la ligne jaune,celle qui me guide,me faisant perdre tout repère.Je ne sais plus qui je suisni à quelle race j’appartiens.

Black Hills

par kObat

impostureJ’ai tourné dix fois, cent fois,

sur les traces de mon futur,les ecchymoses au front,

je m’écris des lettres.

J’ai dansé dix fois, cent fois,sur une littérature,bord de mémoire,je vaque à l’âme.

Je souffle sur ce complot.On m’a menti, on m’a trahi,

on m’a dit de ne rien dire,de danser sur l’autre pied.

Demain,j’y vois moins clair.

j’y songe au noir de lune,au même endroit où,

mes frasques sont mal vues.

Sur les traces de mon futur,sur les traces de mon futur.

Je suis la citadellede ma cité lacustre.

Mon passé décompose,tous les temps d’une valse,

lorsque, jambe glissesur cette mer de glace.

L’heure seconde à la douleur.Capiteuse osmose de l’être.

Alors,qu’on s’emmène par la main,

et qu’on tourne encore un peu,dans une parcelle grêlée d’embruns,

tombons encore à la dérive.

Je m’attends au pied d’un mur,dans quelques secrets vacants,

sur les traces de mon futur,trompé encore par un sextant,

Le futur de mes traces,

Tracées.

de j

oe"l"t

acos

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« Titre du jeudi 03 Avril : Un groupe de bichons frisés a posé une demande d’indépendance à la mairie de Juan les Pins. »

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Il pleut aujourd’hui. Je les vois que trop bien, ces gouttes de pluie, éclairs clairs et furtifs sur le fond anthracite d’un ciel matinal d’hiver. Je les vois mais ne les entends pas. Entre elles et moi, une lucarne loin, très loin au-dessus du sol, tellement loin de ce sol sur lequel je vais devoir bientôt m’ébrouer. Pour l’heure, en rangs serrés, ces gouttes dessinent devant mes yeux d’autres barreaux, liquides et fu-gaces.

Malgré la grisaille qui s’offre, je plisse les yeux quand je fixe cette lucarne. Unique source de lumière, elle semble tout à la fois lointaine et palpitante. Dans cette cellule aux murs verdâtres criblés de préten-tions vaines et de SOS pathétiques, elle est unique source de vie. Ce petit rectangle sans poignée en surplomb de la table où j’écris peut n’être rien d’autre qu’une ouverture dans un mur épais à l’ex-térieur. Mais pourtant, entre ces murs, elle revêt un sens. Pour certains des individus présents ici, pour les silhouettes de cette enceinte morte, elle doit sym-boliser tellement de choses : l’espoir, la liberté, la survie, l’ailleurs, le dehors, le monde, la vie, la vraie. Pour moi, rien de tel. Pour moi, il s’agit juste d’un endroit situé dans l’espace, une source de lumière incertaine, une zone figée de mon champ de vi-sion. Une transparence du réel. Juste ça.

Il pleut aujourd’hui mais comme hier pas un regret ne m’afflige quand je regarde dehors. Peut-être n’en suis-je tout simplement pas capable. Peut-être avant. Avant ce qui m’a amené là. Avant que tout bascule sans qu’il n’y ait grand chose à dire. Et en-core je n’en suis pas sûr. Fatalité ou pas, ça devait se dérouler ainsi. Si on rembobinait la machine du temps, je n’hésiterais pas une seule seconde. Je recommencerais. Mais les regrets, ou leur absence, à la limite, c’est pas très grave. Non, ça va plus loin. C’est juste que je ne ressens plus rien. Rien de rien. Même pas un vide, même pas de couches en-fouies sous des abords d’indifférence, ou que sais-je d’autres niaiseries de romans de gare. C’est juste que je suis réduit à la seule dimension physique. Je suis un corps. Tout le reste n’existe pas. Tout se ré-sume à un corps, mon corps, un objet, une chose solide, réelle et lourde. C’est différent des... . Enfin, je crois que.... Non, c’est ça. Un corps. Je crois que je

ne suis même pas un animal. Un clebs, ça frétille de la queue à la vue de la pâtée. Moi, non. La bouffe, la branlette, les promenades, le sport, rien ne me remue. Même les points de repère de l’existence ancrés en soi depuis la naissance se sont évadés. J’oublie même de me laver les dents. C’est con mais pour moi, c’est un critère d’absence d’huma-nité. Je ne m’en vante pas. C’est juste que je suis pas fou. Pas comme les autres des autres lucarnes. Moins qu’avant même.

Et alors?

Alors je ne sais pas. J’aimais pas réfléchir avant. J’aime encore moins maintenant que ça ne sert plus à rien. Tout devenait confus d’habitude quand j’essayais. On m’a souvent dit pourtant que si j’avais plus réfléchi, ma vie n’aurait pas été si pour-rie, si désolante. Cette confusion qui m’envahissait à chaque fois que je devais faire un choix m’a tou-jours perturbé à prendre la bonne décision. Des maux de tête à s’empaler sur des troncs acérés. Des fièvres à faire pâlir le soleil. Des excuses? Peut-être et alors? Tout le monde n’est pas fort. Tout le monde n’est pas imperméable aux conneries et aux mensonges. Je me suis débrouillé, mal, c’est sûr mais de là d’où je viens, fallait la jouer fine pour s’en sortir. Encore des excuses? Oui, et alors? C’est un bon somnifère les excuses. D’ailleurs faut que j’aille dormir.

Nous sommes immortels, il faut que je te dise, nous sommes immortels. Je te le jure. Je ne t’ai jamais menti. Je ne commencerai pas aujourd’hui. Là où tu es, tu me vois? Tu me sens? Je suis là, proche, ton ombre, ton autre, celui qui est devenu grâce à toi. Nous sommes immortels depuis les dunes. On était enfants. On criait. Pas pour le plaisir. On fuyait. On mendiait. À la fois proches et invisibles, nous étions deux petites formes, moi peut-être un peu plus voû-té, toi plus sale. Tu te souviens la première fois? Je sais que tu t’en souviens, cette époque qui fut à la fois celle qui nous raya l’âme mais aussi celle de nos pactes, de nos désirs. Je t’assure, il suffisait que nos regards se frôlent pendant des silences de hasard ou de force pour que tout s’imprègne de l’insensé. Nous ne sommes pas un souvenir de cette première

L’air d’une étoileun pipeau de cirdec

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fois. Nous sommes immortels, crois-moi. Il ne pleut plus. Je lève la tête pour fixer ce pavé

de grisaille découpé. Il ne pleut plus et les mêmes inscriptions peuplent la surface de la cellule. Une cellule comme les autres en somme. Je m’atten-dais à pire. Vu ce que j’ai fait, je craignais, non, je pensais, …., non, en fait rien. Un lit, un bassine pour pisser ou chier. Et une table en vieux bois avec d’autres traces d’autres désincarnés. Je suppose. Non, je sais qu’il en existe d’autres. Une fois, été 69, j’étais à l’ombre pour une broutille à la prison de Caen. C’était mon premier séjour. C’est là que j’en avais rencontré un, un mec comme je suis au-jourd’hui. Moi, à l’époque, je faisais l’ombrageux, le haineux, le nerveux pour exister. Je morflais pas mal avec mon physique de crevette. Mais j’ai tenu tant bien que mal car j’avais une pépite à l’inté-rieur. J’ai morflé mais je me relevais. Puis ça s’est tassé. Puis la quille. Je devais sortir le lendemain. J’étais excité, prêt à exploser, ne pensant qu’à une seule chose. Mais ce dernier soir avant la liberté, à la sortie des douches, je percute un vieux sac d’os tout mouillé. Ni une, ni deux, je lui sors le numéro de celui qui a la plus grosse. Et là, avec ses yeux aussi expressifs que la pierre grise des falaises, j’ai eu peur. Pas physiquement, ça j’en avais l’habitude avec les molosses et les pédés. Non, j’ai eu peur car j’étais confronté à quelque chose que je compre-nais pas. Ce mec n’existait pas. Ce mec décharné et insignifiant n’avait pas d’âme. Même avec ma lame, lui entamant la gorge, je savais qu’il n’y avait personne en face de moi. Aucune peur, aucun doute, aucun espoir. Il m’a juste dit: « n’oublie pas tes affaires en sortant. Tu auras besoin de tout ce qui te rattache à elle ». J’ai cru que j’allais vomir. J’ai lâché la lame et j’ai détalé vers ma piaule tout en me jurant de ne pas me laver le lendemain. Au-jourd’hui, été 74, deuxième séjour et le dernier en tôle, j’ai plus d’affaires. À quoi bon ? Je vais pas rester ici suffisamment longtemps. Je suis là, corps assis sur une chaise. Je sais que je suis comme le sac d’os. Je le sais et je m’en fous.

On était beaux à une époque, tu te souviens? Et comment tu te souviens ? Comment ne pas se sou-venir de ces rires, même rares de nos vies ? Dieu que t’étais belle. Dieu que j’étais chanceux. Enfin, façon de parler car de dieux ou de déesses, il n’en était pas question du côté de la Normandie de l’après-guerre. Y avait pas grand monde à la fête dans nos patelins défoncés et pauvres. Faut dire que les tau-dis, même en bord de mer, ça reste des taudis.

Cinq cents mètres de landes insipides avant la mer, cinq cents mètres avant de sentir autre chose que la misère. C’est peu et beaucoup à la fois. Les laborieux, ils ne se pointaient jamais sur la plage avant l’été. J’ai toujours trouvé ça bizarre. Sauf toi. Évidemment. T’y allais justement pour ne trouver

personne. En été, tu disparaissais loin de la plage. T’étais belle à l’époque, tu te souviens? Moi, oui. Comme si c’était hier. Même cette fois-là, où bles-sure hurlante, tu te tenais dans les herbes hautes d’une dune déserte, une paire de ciseaux dans une main, du sang dans l’autre. Tu continuais de hurler quand tes cheveux, longs, trop longs, assez longs pour t’empoigner et t’envoyer valdinguer contre un mur, se dispersèrent dans le vent. Ce vent, je le maudissais. Je savais pas pourquoi. Sauf ce jour-là, car je voyais qu’il emportait loin de moi des mor-ceaux de toi.

Il ne pleut plus. Du soleil même mais à quoi bon? Cette lucarne a beau me questionner, chercher à savoir si je serais là le lendemain, si je la regarderais comme les autres jours, je ne bronche pas. Elle in-siste. À quoi bon? La suite? Mais quelle suite? Rien à attendre d’un meurtre atroce, reconnu, et avoué. Emballer, c’est pesé.

Avec une dizaine de témoins et une arme du crime posée à même la victime avec mes empreintes, il n’y avait pas de mauvaises surprises à avoir. Ou plutôt de bonnes. De toute façon, l’avocat, le gosse aux grosses joues, ne m’a laissé aucun espoir. Même plaider la folie ne constituait pas une ligne de défense plausible car la préméditation était présente à chaque ligne de mon dossier, à chaque mot de ma déposition. Je suis d’accord avec lui. Le procès ne devrait être et ne serait qu’une formalité. Non pas que j’attende ou que je craigne particuliè-rement la mort.

J’attendais déjà plus grand chose de la vie quand j’ai tué Yves Marssalis au comptoir du Bar Les 7 gares avec un pied de biche. Il était 7 h 37 et je me trou-vais déjà au bout du chemin que tu m’avais tracé.

Tout est simple ici. Tout se laisse et s’abandonne.

Nouvelle journée. Nouveau regard à la lucarne. Étrange, j’ai l’impression qu’elle dégouline quelque liquide noirâtre. Qu’importe. Ce n’est pas très im-portant. Laissons faire le cours normal des choses. Je n’écris pas beaucoup. J’ai pas trop le temps. Je dors bien. Très bien. J’ai jamais aussi bien dormi d’ailleurs. Jamais.

À quoi bon attendre? Je pourrais te rejoindre maintenant. Je n’ai rien d’autre. C’est mort que je vivrais. J’en suis sûr. Tu disais déjà la même chose quand tu te regardais dans la glace de ta salle de bain. Je te comprenais pas à l’époque, j’avoue. Derrière la porte beige de cette salle de bain dont tu m’interdisais l’accès, je t’entendais hurler, éclater de rire, parler de choses que je ne connaissais pas, que je ne comprenais pas. Une fois, tu as dit que morte, tu vivrais. T’étais là juste derrière une paroi,

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infime obstacle entre toi et moi. C’était insuppor-table car je ne pouvais te voir. Te toucher aussi. Tu ne m’as jamais laissé te toucher. Et pourtant, la lave en fusion faisait de moi le plus abouti des hommes, tu sais.... non, tu ne sais pas. Tu ne l’as jamais su. Mais c’est pas grave. Je ne t’en veux pas. Puisque on va se retrouver. Pour l’éternité.

Yves Marsallis: je savais tout de lui quand je l’ai tué. Né le 13 juillet 1944 à Rouen, en pleine déban-dade allemande. Il a grandi rue des peupliers. Une enfance sans grand relief, fils unique, des parents roturiers, un appartement chiche, des vêtements que sa mère rapiéçait encore et encore, des repas pauvres et répétitifs, une existence de petits riens, de petites envies et de petites tristesses. La mère faisait les ménages, le père était serveur à la Brasserie du Cheval Blanc. Sec comme une trique, le teint cireux, des cheveux aussi noirs que rares, taiseux et bourrus autant par éducation que par caractère, ce der-nier était adoré de sa femme et de son fils. Le petit Yves vouait une réelle admiration à cet homme qui ne quittait jamais son gilet de cafetier jusque sur son lit de mort où il finit en 1955 broyé en trois semaines par un cancer des poumons. Comme son père, il ne montra rien mais il ne fut plus jamais le même. Il passa le plus clair de son temps à ressasser le passé sans plus trop se préoccuper de son présent.

Comme ces dimanches après-midi que la famille Marsallis passait invariablement en bords de Seine, été comme hiver. Yves avait une préférence pour le mois de mars. Jusqu’à sa mort, il avait gardé un goût particulier pour les matins clairs et vivifiants de ce mois. Ou les cartes postales qu’il envoyait chaque été à ses grands-parents depuis les plages d’Ouistreham où il passait invariablement ses va-cances au camping de la Dune Bleue. J’en ai lu quelques unes. Il y est question de châteaux de sable, de courses après un ballon, du taillage de bout de bois par son père, André, le soir après les sandwiches au thon et les tomates au sel. En 1957, ses grands-parents, attablés à la table de noyer de leur ferme, ont dû sourire quand il évoqua pour la première fois la petite Marion.

C’était un homme simple et mélancolique. Per-sonne n’aurait pu prévoir ce qu’il allait lui arriver le 16 octobre 1974 alors qu’il se tenait accoudé au comptoir d’un bar où il prenait tous les matins à la même heure un café allongé à 1 franc. Je pense qu’il n’avait pas imaginé qu’il mourrait, massacré, des mains d’un parfait étranger. Il faisait un temps comme aujourd’hui, ce temps qui me semble im-mobile et grouillant à travers la lucarne.

Je ne suis pas quelqu’un de mauvais. Quand je l’ai tué, c’était pour toi. Pour te venger. Je n’ai pas

supporté t’entendre hurler à travers la porte que tu avais refermé derrière toi avec cet homme que tu tenais par la main. Je n’ai pas compris pourquoi lui, qui te tenait par la main, touchait ta hanche à se te-nir contre toi, pouvait te montrer autant de mépris. Je l’ai vu dans la rue, dans les magasins, dans la pis-cine regarder d’autres que toi. Je te l’ai dit plusieurs fois mais tu ne m’entendais pas. Je ne t’en voulais pas. Tout le monde ne peut pas voir ces choses-là. Moi, oui. Je voyais tout. Mais ca ne suffisait pas. Alors ce soir-là, quand tu l’as fait venir chez toi malgré les larmes et les insultes, j’ai su que je devais faire un choix, un choix que t’aurais dû faire pour toi. Pour nous.

Je sais que ce n’est pas la nuit pourtant je ne vois aucune lumière éclairer ces feuilles que je noircis. Cela fait trois jours maintenant que l’avocat n’est pas passé. Je reste seul. Je ne ressens toujours pas de regrets à avoir tué Yves Marsallis. Il a eu une belle vie jusqu’à ce qu’il me rencontre. Cela fait trois jours que je n’ai pas mangé. Je m’en suis rendu compte qu’aujourd’hui. La cuvette déborde d’excréments et de pisse. L’odeur doit être laide et sombre comme cette cellule sans soleil. C’était comme si elle n’avait pas de lucarne. L’avocat a d’autres clients, les matons d’autres prisonniers. Je les ai lais-sés sans explications, sans mobiles. Ils m’ont donc laissé dans la noirceur absolue. L’important c’est que je continue de dormir sans regret jusqu’au jour de ma pendaison.

Pour la première fois, tu m’as touché. Violemment, tu m’as frappé encore et encore, comme une furie insatiable. Le sang dans la petite chambre que tu occupais encore dans l’appartement de ton père dégoulinait des murs, du lit, des draps, de toi, de moi, de lui surtout. Tu étais nue et tu me frappais sans que je me défende. J’avais compris que c’était le prix à payer pour avoir franchi pour la première et dernière fois cette porte. J’étais pas inquiet. J’étais persuadé que tu te rendrais compte que c’était la meilleure chose à faire. Et puis le tuer n’avait pas été compliqué. Juste un coup dans la tête avec un pied de biche. C’est tellement facile de tuer pour toi. Ton père, ton violeur, ton amant, et puis la vieille qui t’avait mis une claque à la quincaillerie, l’homme de la gare...

Un de plus, un de moins, je ne vois pas la diffé-rence. Les jours, les cadavres, les coups, les décep-tions, je n’ai jamais rien compté depuis le jour...

Il était temps, je crois.

Par la lucarne suintante, j’’entends ta chanson Laurette de Michel Delpech résonner malgré, mal-gré quoi.... je ne sais pas. Tu disais aux autres que

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tu changerais ton prénom pour devenir Laurette. Tu disais aux autres que tu serais Laurette loin, loin d’ici. Ça, je l’ai jamais compris. Pourtant je l’ai écoutée. Encore et encore jusqu’au dégoût. Pour moi, c’était juste une chanson mièvre de variété française comme il y en avait tellement à l’époque. C’est vraiment pour toi que je l’ai fait. Moi qui n’écoutais que des vieux 45 tours de musique classique, Mon-teverdi, Telemann, Bach, Vivaldi. C’était mon pré-féré Vivaldi et son concerto pour mandoline.

Je t’en ai parlé un jour, tes cheveux avaient re-poussé, mais tu étais partie car tu avais un rendez-vous. Je ne t’en avais pas voulu. Seulement je... bref, je me suis mis à écouter Laurette encore et encore jusqu’à n’écouter que cette chanson toute ma vie durant jusqu’à l’avoir gravée en moi. Tous mes sou-venirs de toi, tous mes souvenirs, tous nos malheurs, tous ces moments qu’on aurait pu vivre ensemble, toutes les images de mon cerveau se déroulaient avec cette voix et ce prénom. Aujourd’hui, tous les instants qui passent, je n’entends que cette chan-son. Je ne sais plus s’il pleut. Je ne vois qu’une im-

mense tâche noire à la place de la lucarne. Elle est devenue immense, totale.. Je ne vois plus rien. Je ne vois plus rien. Suis-je mort? Où es-tu? Où es-tu? Laurette, où es-tu? Allez, viens et vivons l’amour! Laurette, ne te cache pas! C’est pour toi que je les ai tous tués, les uns après les autres, tous ceux qui t’ont fait du mal. Pour toi, je n’ai jamais ressenti le moindre regret. J’ai abandonné mon violon pour toi. Même l’homme de la gare, celui aux yeux vides, je l’ai tué. Tu te souviens comme il t’avait heurtée ce soir-là alors que tu courais comme une folle, du sang encore sous les ongles, pour prendre un train vers nulle part . C’est ce que tu disais: « nulle part ». Moi, ça me plaisait. Enfin, je me disais, on allait s’en-fuir loin. Laurette, montre-toi. Laurette, je t’aime. Laurette, c’est pour ça que je t’ai tué. Dans le train, je savais que morte, je te reverrais. J’ai raison. Non?

Laurette, on est immortel. Laurette, même si je de-vais y passer l’éternité, je vais te chercher. Rien ni personne ne m’arrêtera. Laurette, on est immortel. Nulle part, je serai là avec toi.

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Il ya des si plus incisifs que d’autres,Avec un « C » on broie les rêvesAlors que les « S » s’interrogent.

MC KB

« A Marly la petite, une manifestation contre les prostituées génétiquement modifiées a mal tourné. La police dénombre trois blessés légers, un lama tondu et un menu sans

choucroute »

D’UNE LETTRE à L’AUTRE

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« J’ai perdu mon pèreSans aucune chance de le retrouverEnvolé comme un ballonDans un endroit trop vaste pour le récupérerDémuni tel un gamin j’ai les jambes trop courtesJe touche plus les pédales mais la route continueIl parait »

« Encore un nid de poule sur la trajectoireFaut croire qu’elle en est parsemée »

« C’était au moins un nid d’autrucheDe ceux qui font cahoter l’histoireCelle qui compte, avec un petit hEt toi comment est la route ? »

« Je suis sur la 66 en pleine ligne droiteUn jour découvert de printempsCa écorche presque la bouche de le direPas l’habitude du limpideAu loin se diluent les montagnes rocheusesJ’espère ne pas les atteindre trop vite »

« Ne t’inquiète pas il n’y a plus qu’à entretenir la bagnoleVérifier les voyantsRemettre de l’eau quand ça chauffeEt tu verrasTu ne sentiras même pas les cols »

« Oui, apprendre l’art de la pente doucePour lâcher du lestMais attention inattentionLe bitume a ses aspéritésDans ton œil a giclé son zeste »

« J’accélère, j’accélère, j’accélère… »

POINT NOIR

DE B

El’O

« La nouvelle a fait le tour du monde en quelques secondes: un lama aurait été vu siéger au concours de la saucisse au cumin sur la place du marché de la Motte-beuvron. »

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La pluie tombe au sol

Les baleines regardent le ciel

Ironie du vent d’automne

Le brinHAIKU

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C’est une endémieQue tu portes en bandoulière

Bastien.Aussi incontrôlable

Qu’une envie de pisser.Aussi imprévisible

Qu’une mouette sur le quai.

Comme certains se rongent les onglesPour confier des secrets

Que seuls les doigts peuvent entendre,Tu ne peux t’en passer Bastien.

Ces accès de basse-cour irrépressiblesSont des abcès qu’il faut percer

Pour absoudreTon âme Bastien.

Il n’y a pas de malCe sont les bas Bastien.

Ils te font agir comme un enfant gâté à noëlQui salive devant la constellation des papiers

cadeauxQui parsèment son ciel.

Mais déballées les étoiles aurontPour beaucoup perdu de leur goût.

Tu le sais Bastien,C’est endémique comme un refrain.

Il n’y a pas de mal BastienL’attraction mène aux bas

Mais que vas-tu chercher au boutDu compte

Il ne reste plus qu’un décompte Bastien.Mais comme on se ronge les ongles Bastien

Tu ne peux t’en passer.Alors attiré par ses bas

Tu l’attireras juste en basEt tu rongeras

La première à passer.

Tu rongeras.Comme à chaque fois tu oublieras Bastien

Que les lèvres sont les seules vectrices de tendresse.De toute façon là où tu vas

Elles ne te serviront qu’à articuler Les spasmes sales des contacts

Et à les mettre en pratique.Tu bégayeras des monosyllabes sur son dos,

Ton corps expéditionnaire Se perdra dans les coins proscrits de l’éducation,

Tu bégayeras Bastien.Tu parleras à l’ombre de son ventre un langage

désarticulé,Ses excroissances se dilateront sous tes paroles

Tu bégayerasDes monosyllabes Bastien.

A l’ombre du ventre par

bel’o

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Tu hésiteras sur la notion d’hygiène,Tu copieras la danse qui t’a enfantéJusqu’à ce que ses nerfs se tendent et s’agitentComme les sursauts d’un insecte écrasé.Tu bégayerasTu éternueras sans frontièresEt la jetteras parmi les mouchoirs usagés

C’est une endémieQue tu portes en bandoulièreBastien.Il n’y a pas de mal La dictature d’en basLes basSont incontrôlables.

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« Quand le petit Rémy se met dans l’eau de sa baignoire, celle-ci déborde systématiquement. Le jeune garçon autrefois s’appelait Kobat, Nugohs,

Cirdec ou Joe L Tacos ? »

...Ma couille est une beauf de basse-saxe déguisée en saucisse rousse. A part ça? Rien à signaler, chef, ça sera salade, tomate sans sel...

...Face au yéti bourguignon, tous les éclats de verre perdent les pédales du quatrième arrondissement sans fosse septique...

...ça a mis hors-jeu tous les charcutiers de trouver le mégot dans un caleçon autour des cimetières de bois ravagés par les rots sonores mais néanmoins subtils de trois huitres...

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J’ai parfois des dépressions qui me remontent comme des points de côté quand j’ai couru trop longtemps seul ou dans les sentiers boueux de mes marasmes. Des épées souples de mousquetaires qui tentent en vain de se frayer un passage à travers mes poumons à la manière d’une plante verte en quête d’une source lumineuse.

Cela fait bientôt deux heures que je marche, mais je sais que ce n’est pas à cause de ça. La maigreur est résistante, c’est elle qui représente la machine, le fer, le fantassin infatigable. Oui, depuis le temps et les étages, j’ai appris à aligner les pas à un rythme de tambour battant sans plus entendre leur mu-sique. La maigreur est résistante, et les pas sont de-venus au contraire mes prises nécessaires de para-cétamol. Je marche. J’avance pour empêcher les épées de me trouer complètement, pour désarmer la bande qui me harcèle à rythme régulier, et fati-guer la vigie là-haut, celle qui est à l’origine de tous les assauts, de tous les assauts, de tous les assauts…

Elles en sont souvent la cause, mais dans ces cas-là apparaissent aussi comme la seule planche de salut. Vaincre le mal par le mal, vaincre le mâle par la faiblesse du mâle. Je pourrais très bien engager la conversation avec celle-ci, lui dire qu’elle me plait, qu’elle me réponde toi aussi, que je fasse semblant de ne pas la croire. On pourrait se raconter les 6 ans, les 15, les adolescences incontrôlables, les de-voirs en retard, les traces de canifs dans les crosses des revolvers, les premiers baisers qui forgent nos plus vieilles légendes à tel point qu’on ne se sou-vient plus de la manière dont tout ça s’est réelle-ment passé. Mais déjà tu t’en vas comme si de rien, mes mots encore planqués derrière ma glotte, mes yeux en avaient déjà dit beaucoup trop.

Je te conserverai pourtant un peu, quelque part. Oh ne t’emballe pas, ne pense pas singulier, j’en ai

encore pour plusieurs heures à errer, tu seras avec d’autres, peut-être pas entière, peut-être juste tes mains, ou ton cul. Toi ou ton cul dans mon cata-logue à branlette, avec des milliers d’autres, ins-crites dans les pages noires de mes paupières. Tu seras peut être le comptoir de mes griffures, une bouche en feu et tu mangeras mon brouillard, je verrai. C’est pas glorieux hein, non c’est pas glo-rieux. Comme si d’une main je pouvais désarmer le mal. C’est tout ça aussi les épées, les fausses glo-rioles, les cachettes sournoises.

Je marche, c’est l’unique solution. Pourtant, ce n’est pas recommandé en pleine digestion et je le sens, d’en avoir trop bouffés j’ai des doutes qui me remontent et m’emplissent la bouche de relents âcres. Je ne me respire plus. Alors tout ça serait faux ? « Mais putain avance, cours même, mais arrête avec ces examens sans candidats, ces ques-tions qui n’ont d’autres objectifs que d’en appe-ler d’autres ». Trop tard. Tout ça serait donc faux ? L’univers de Galilée, la ceinture d’Orion, l’invention du zéro, les dogmes de la scientologie, la petite enfance, le génocide des rhinocéros, les sourires ali-gnés en tribune, les propos au charbon, ton mal de tête ?

La sonnerie annonçant la fermeture des portes du compréhensible cingle à nouveau. Elles me claquent à la gueule, pour me laisser perdu dans ce trop d’indications, dans un nœud d’admissions sibyllines. Et tout m’assaille, tout m’assaille… Hier encore, dans ce restaurant de bouffe expresse qui distille les odeurs par aérosol, je commandais des pizzas italiennes au nom américain à un chinois aussi français que moi. Pour le dessert, je passais un coup de fil à un correspondant résidant 50 mètres plus loin pour lui soumettre un choix entre des glaces allemandes au design sobrement efficace et d’autres aux couleurs racoleuses annonciatrices

Junglepar Bel’O

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au mieux de carries, au pire de toutes les merdes qu’on impute aux mensonges et sucreries. Et alors ? Pas matière à polémiquer. Au contraire, tout est à étudier, à remâcher, à retourner. La vitesse est telle qu’il est difficile de planter ses griffes dans un terrain stable, ça flanque le vertige tous ces mouvements, toutes ces choses qu’on appelle sans les connaitre, qu’on utilise sans comprendre, qu’on consomme sans sentir. Sans s’en tirer. Autrement qu’en allu-mant le contact de l’ignorance.

Je marche vite, entre les lianes, et je commence à sentir mes cuisses qui travaillent, bientôt elles pom-peront l’huile de la vigie pour graisser leurs fibres. Enfin. Ca commence à venir, à faire effet. Mais je ressens toujours ces regrets qui hoquettent dès que je m’arrête et que les ombres casseroles, empor-tées par le mouvement me dépassent à nouveau. « Cours alors !! Cours… !! ». Pas assez vite.

Tu sais, c’est plus facile de demander pardon après, quand il ne peut plus être accordé, j’espère que la fausse note ne leur est pas audible. Serge, Claire, je vous demande pardon. Peut être que ça ne vous a rien fait, même si je pense que sur la fin on souhaite tous faire péter un fabuleux feu d’arti-fice pour rameuter le plus de monde possible, et voir les visages s’illuminer après chaque explosion, des fusées rouges, des fusées vertes, des fusées bleues. Mais je n’y étais pas, pardon. Je ne pouvais pas savoir, pas prévoir que la dernière fois serait la dernière. Je ne m’y étais pas préparé, je suis parti comme la fois où chez vous j’ai perdu ma première dent, comme la fois où j’étais venu vous voir seul après l’obtention de mon permis, comme toutes les autres, sans avoir pris la mesure du moment, en vous jetant seulement un laconique au revoir et non pas un adieu à la mesure, comme si les lendemains répondaient toujours présents aux rendez-vous. Je suis parti sans fermer la porte et ça a laissé passer un méchant courant d’air.

Je marche et je le sens. L’air intemporel, l’air qui est déjà passé par là il y a des siècles, des décennies, et qui repasse en toute quiétude après un tour du monde ou peut être juste un écart de frontière, un écart de département, un air qui charrie la pous-sière et les mots d’autrefois. On le respire et on se fait des regrets de souvenirs qui ne nous appartiennent même pas. Alors quoi, l’odeur du pâté en croûte, les courses des enfants de Pagnol, les étés provin-ciaux d’une chaleur honnête et les gros meubles en chêne indéboulonnables qui retiennent les traces noires des gens qui passent comme des printemps.

Disparus ?

Je marche. Encore. Il le faut. Mes cuisses palpitent amplement sous l’effort. L’air est froid, je le sens gla-cer mes poumons, saisir toutes les alvéoles et me

sortir doucement de ses méandres. Je l’expire en soulagement, aussitôt envahi par son retour. C’est beaucoup mieux, je regarde les panneaux défiler à une cadence qui les empêche de s’imprimer sur ma rétine, je voudrais que ça aille plus vite, que tout se déforme ou que les images qui se dessinent soient nouvelles, sans rapport.

Inconsciemment j’ai marché jusqu’à la gare dans le nuage de mes soliloques. La gare, le pèlerinage de l’errant, de celui qui part prétentieux sans ba-gages mais qui sait pourtant qu’il n’a pas assez rongé sa laisse. Ça soulage les gares. S’y rendre constitue déjà un voyage, l’intention et toutes les possibilités sont un voyage, les grands tableaux noirs des dessins animés pour enfants hyperactifs. Prendre le train, une thérapie. Tout ce que tu vois et qui te marque est déjà derrière, ne te reste que le bruit d’un boogie-woogie somnolent et la promesse de la mer pour y jeter ton cri. Face à elle alors je penserai à Brel. Le scandale voulant que les épées me piquent également si je n’arrive pas à m’iden-tifier aux paroles de « Ne me quitte pas ». C’est ab-surde, je sais. Mais c’est encore plus triste de laisser s’échapper la beauté.

Mes pas ralentissent sous les lettres blanches. Il y a bien la Bretagne, une terre triangulaire en forme de promesse, ou sinon le calme de la Suisse recroque-villée dans ses montagnes.

Ça y est, je récupère la notion de choix, quelques envies. J’avalerais bien quelque chose, je n’ai pas seulement envie de me nourrir, je mangerais bien. Avec du goût. Y’a ce petit restaurant qui ne paye pas de mine avec ses nappes à carreaux et sa lumière jaune en guise d’épices. Oui pourquoi ne pas y aller avant de rejoindre les autres autour d’un verre franc et déconneur.

Mais il y a elle encore, la vieille femme à hau-teur de chiens, toujours au même endroit, qui nous oblige à la regarder de haut quand, en passant à sa portée, elle nous asperge de pathétisme. Tout ça pour une pièce, c’est donc tout une pièce, ça vaut toute une vie au ras des trottoirs à cauchemarder des semelles le soir venu ? Je n’ose même pas la regarder, de peur qu’elle décèle mon impuissance, le dégoût de ma pensée, ma pitié face à ce rang animal.

J’ai vraiment faim. Et je ne sens définitivement plus mes cuisses. Tiens, je me demande qui il y aura ce soir ?

Le pire c’est de ne pas avoir le choix, redevenir animal pour sa survie, en attendant l’immatricula-tion.

Pour moi en tout cas ça sera de la bière, j’espère qu’il y aura du monde.

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Du tempsDe tout de rien

Du ventJe prends, je donne

Je jetteSans importance

Mes idées, mes parolesEt même mon regard

Je promène ma têteSans laisse et sans route

A moitié, quelquefois pleinementDeux « si », trois « la »

Le long d’une mélodieQue je siffle

Pour la premièreEt énième fois

Et doucement je m’élèveAu milieu des pirates

Au milieu des corsairesFalsifiant les apparencesD’une pureté embrumée

Voila nous y sommes, Les espaces sont réduits !

Seule flotte une odeurDe pied marin enhardi.

« Je suis conditionné »

Attrape une jambe au volPour courir sur un éclair

La réalité s’en ficheEt tout simplement : j’ère

Il sent très fort,le son,

du marchand de glace, il s’en vient là,

s’amusent, mes yeux d’enfants.

L’essence de quoi ?

Rêveur, j’y glisse ma langue, sans dessus-dessous,

le goût, d’un bout de chocolat.

Sais-tu ce qui se passe ?

F.o.n.d.u.

L’amour liquide c’est triste.

Il sentait bon,

le son, du marchand de glace.

Instruit de tes quatre

vérités, tu m’apprenais,

soufflant si fort sur les affres

de l’asymétrie obséquieuse.

Assoiffé, maintenant seul, soleil,

saline merveille tombée de l’oeil, je te lisais, tant et si bien,

arlésienne, que j’y laissais toute ma raison.

J’venais d’juger par contumace,

le son, du marchand de glace.

éLéMENTAIre mon cherNUgohs

L’arlésienne Tour de manège dE JOE L Tacos

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« L’haleine de lama aurait été autorisée pour la vente libre dans les supermarchés. »

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LA salle de bains Couple n 1 Cirdec

Ce matin, il est allongé, nu, dans la baignoire vide et sèche. Je le regarde. Lui, non. Je ne sais pas l’heure qu’il est. Tôt, je pense. Je suis fatiguée. Lui, non. Aucune trace de fatigue. Ni de tristesse, de joie, de lassitude. De rien. Son visage n’a aucune expression, même pas la sienne.

Dans la baignoire vide, son corps est sec. Évidem-ment. Comme d’habitude. A quoi je m’attendais ? Mon regard parcourt ce corps que je connais bien, mais qui me semble si étranger en cet instant, cet instant de solitude trop vaste pour moi. Trop grandes pour la baignoire, ses jambes sont repliées. Ses cuisses blanches et poilues, ses mollets maigri-chons, son ongle bleu. Le foot, je crois. C’était il y a deux ou trois semaines. Je ne sais plus précisément. Mais c’était un samedi matin. C’est toujours un sa-medi matin, qu’il quitte le lit et notre appartement lui et son sac noir et blanc. C’est pour ces samedis matins qu’il me dit ne pas vouloir sortir avec moi le vendredi soir. Pour ne pas sortir avec moi le samedi soir, il trouve d’autres excuses. Soit un déjeuner chez ses parents le dimanche ou du sport. Ou il déteste mes amis.

Ça fait plusieurs semaines qu’il s’installe dans cette baignoire vide sans ouvrir les robinets d’eau chaude ou froide. Au début, il voulait un mitigeur. Moi j’éco-nomise. Lui n’a rien. Moi je travaille. Qu’importe. On a laissé les robinets. Même si le calcaire les défigure. Quoiqu’il en soit, il ne les touche pas. Il n’aime pas toucher. Il ne fait rien. Il n’aime pas faire.

Son corps reste sec. Nu et absent. Et puis immobile et muet. Muet, j’ai l’habitude. Mort? Même les joints noircis entre les carreaux de carrelage bordant la baignoire semblent plus vivants. Il faudrait que je re-trouve le produit pour les enlever. Si ma mère voyait cela. Elle en ferait une maladie, c’est sûr. Cela serait pire avec la sienne. Pourtant, combien de fois lui ai-je demandé de les nettoyer. Juste ça. Au moins une fois. Je fais le reste mais ça non. Je peux pas le faire. Moi je déteste les éponges. Je déteste les toucher, les sentir. Et les joints noircissent. Certains sont com-plètement noirs maintenant. Les autres n’attendent que ça.

Un jour, je lui ai demandé pourquoi. Il ne m’a pas répondu . Aussi dérangeante qu’un moustique. Je

lui ai demandé de nouveau, plus fort, pourquoi il restait sec et nu dans la baignoire. J’étais un mous-tique à qui on sourit. Un autre jour, c’était un same-di, je devais aller chercher une écharpe. Enfin nous. Mais il était déjà sec et nu. Je lui ai demandé s’il voulait que je le rejoigne. Aucune réponse. Aucun regard. A peine une présence. Non même pas. Du plomb. Vicié. Cela peut durer une heure. Ou deux. C’est long. A un moment je me lasse. A un moment je le laisse.

La semaine dernière, je me suis allongée, sèche et nue, dans la baignoire vide. Pour voir. Pour com-prendre. J’ai rien compris. Bien au contraire. De toute façon, avec lui, je ne me suis jamais sentie en mesure de comprendre quoi que ce soit. Désa-gréable sensation d’être idiote. Désagréable sen-sation de la peau qui colle à l’émail et un certain dégoût. Celui de la nudité sans utilité. Dans la quête du pourquoi, ton cerveau commence à faire des histoires. Tu penses même que les joints noircis t’ob-servent. Comme des voyeurs, des pervers. Un dé-goût distinct de celui ressenti, face au miroir, face à moi. Dans la baignoire vide et sèche, ma nudité cherche une protection et ne trouve qu’une lutte du corps, le mien, et d’angoisses, les nôtres. Mais au moins ce dégoût éloigne de l’inerte. De lui. Je me trouve une cible. Un ennemi. En sortant de la baignoire, je me sentais sale et haineuse. Cela m’a fait du bien.

Une autre fois, il m’a vue, nue, dans la baignoire vide et sèche. Il m’a regardée. Je l’ai ignoré, fixant mon regard sur un point situé géographiquement sur le porte-serviettes à trois bras. Puis dans le miroir pour l’épier. Ainsi l’ausculter, le faire avouer, le dé-clarer coupable. Et lui, ou plutôt son reflet, ne m’a offert que surprise, incompréhension, amusement, et inquiétude. Puis amusement. Son reflet ne m’a pas rassurée. Comme d’habitude.

Essayer de comprendre, ne rien lui dire, continuer de sourire faisaient de moi une vivante, une bat-tante même. Mais vaincue car j’avais espionné, cherché ses yeux bleus. Mais vaincue car je ne voyais aucune ombre, aucun voile, aucun secret. Donc doublement vaincue. Qu’importe, la pre-mière défaite suffisait déjà. Surtout chez moi. Je déteste perdre, me sentir inférieure. Rien que pour

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ça... lui et son foutu tee-shirt orange, délavé et ridi-cule. En Suisse, j’avais essayé de le jeter. Il l’avait ré-cupéré le prenant pour une blague. On n’a jamais eu le même humour.

Une autre fois, j’ai senti une différence. J’ai senti que je m’enfonçais dans une langue inconnue qui n’était autre que la peur. Pas celle des abus de lan-gage quand je lui dis que j’ai peur de grossir et qu’il me répond: « T’es la plus belle », le menton à la fenêtre. Pas celle des abus de sentiment quand je lui dis: « J’ai peur » et qu’il me répond : « Désolé, ca va aller. » et que je me réveille le lendemain réussis-sant à oublier en pensant à quelqu’un d’autre.

Non, là, c’était de la peur. La vraie, la pure. Son goût me donnait envie de vomir. A moins que ce ne soit la baignoire vide et sèche. Idiote, c’est la même chose. J’ai donc crié. Puis j’ai ouvert l’eau chaude. J’avais besoin de chaleur. J’en ai toujours besoin. N’importe laquelle. C’était la semaine dernière ou

cette nuit. Ou samedi.

Même je ne le vois pas sur son visage, il est vrai-ment tôt. Mais la fatigue me vient de la nuit. J’ai bu. Et lui est toujours allongé, nu, dans cette putain de baignoire vide et sèche. Et moi je suis seule. Et moi, j’ai bu toute la nuit pour avoir chaud. Et lui ne connait ni le froid ni le chaud. Pas de nous, juste un objet dont je me détourne pour aller vomir dans la cuisine. Ma tête est penchée au dessus de l’évier où profilent aussi les joints noircis. Plus le temps passe, plus la noirceur teinte nos joints. Je ferme les yeux. Je vois d’autres cuisses, d’autres mollets, et aucun ongle bleu.

Un bruit et je me relève. Il est là, derrière moi les mains dans les poches. Il a revêtu un tee-shirt rouge, délavé et ridicule. Il me regarde en souriant. Un sou-rire triste et gentil. Il me dit : « C’est pas grave ». Il sait. Je hurle comme une bête. Je fuis. Loin de cette baignoire et des joints noircis. Loin de nous.

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« les savants s’interrogent : Pourquoi nughos est-il une brelle à la pétanque kazahk? »

Pourquoi enlever un « M » celui de la mère, au môme ?

Pour qu’il devienne un homme ?

MC KB

D’UNE LETTRE à L’AUTRE

Page 19: Lama # 02

Dernier vol planant Avant vol plané

Paille, épis, pupillesRésultat d’un loyer impayé

La pelle ou la piocheUn dernier pile ou face

Pour l’ex employerEntaillé

EmpailléUn dernier sourire

Avant de bailler

Fenêtre sur courOu vue sur rue

Balcons des toursUn jour de pluie

Un vol à l’arracheCar trop lâche

Pour affronter la bâcheLa baffe

Le sol et la flaque.Sa grimace aérienne

Crache Des regrets

Des souvenirs de cache-cacheLa paperasse et les taches

Sur sa cravate, pistache.

Fenêtre sur courOu vue sur rue

Balcons des toursUn jour de pluie

Un saut de l’angePour conserver

L’ambiance des apparencesEt son sérieux

Sol parieurPour un vol périlleux

SeulPar erreur

SaoulA Paris ou ailleurs.Montres à l’heureOu villes en deuil

Femmes en tailleursOu filles en pleurs.

LA SORTIEPar KOBAT

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D’UNE LETTRE à L’AUTRE

« Madame Macha a 3 poireaux, 8 tomates et 1 fusée dans son caba. Sachant qu’on ne vit que 2 fois, disposera t’elle d’assez de sel pour faire fuir les

vampires ? »

Le « I » fait ami ami avec le « A »Il n’est pas rare de rire et de jouir, sur un clic clac

Même si le tic tac du temps est embêtantTant pour l’un que pour l’autre,

On est tout de même mieux à deuxPour se démêler d’un micmac.

MC KB

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Aie ! Voila que j’émerge ! Putain, j’me suis à nouveau endormi sur mon bureau. Quelle heure est-il ? Pfff ! Après tout, qu’est ce que j’en ai vrai-ment à foutre ? Je n’entends pas un bruit. Seuls les relents provoqués par cette écœurante odeur de curaçao ont pu me sortir de ma léthargie. Ça doit-être ça ! Ce n’est pas possible autrement ! Les effluves qui flottent dans la pièce sont tout bonne-ment immondes.

Chaque matin fidèle à l’autre, je me dis que j’arrête de boire cette merde, et sitôt la nuit tom-bée, j’arrête d’arrêter. Posée devant moi, confor-tablement installée dans ma machine à écrire, une feuille blanche me regarde. Derrière ses airs de catin, je lui devine un sourire pédant. Elle me nargue, j’en suis persuadé. Pourquoi est-ce moi que je hais dans ces moments là et non pas elle ? Elle, avec sa mine dédaigneuse. Au final, cela im-porte peu. Seul constat : je n’ai toujours rien écrit. Cela fait combien de temps maintenant ? Mais le pire, c’est que j’ai encore fait ce rêve. Toujours ce même putain de rêve. Faudrait que ça cesse, car de nuit en nuit il devient plus réel que la réalité. Le genre d’expérience à vous rendre frappadingue. Comme un tic qui vous déforme le visage, par-faitement involontaire, mais qui révèle quelque chose de plus profond. Quelque chose qu’il ne vaut mieux pas aller trifouiller. L’engrenage qui déglinguerait toute la mécanique.

A chaque fois c’est pareil, je regarde mon cœur suspendu au plafond par un câble électrique. Il éclaire la table de billard plantée là, au beau milieu d’une pièce miteuse qu’il m’est impossible d’iden-tifier. Un groupe de femmes sans visage joue. De longs porte-cigarettes dépassent de leurs têtes af-freusement lisses et laissent s’échapper d’épaisses volutes d’une fumée grisâtre et tourbillonnante qui me picote les yeux. Elles n’arrêtent pas de rire. D’une saloperie de rire machiavélique au pos-

sible, à vous faire passer le son d’une fraiseuse de dentiste pour une mélodie de Chopin. Sur chaque boule qui animait leur partie, je pouvais observer l’un des moments marquants de ma vie qui y était représenté. Seconde après seconde, l’éclairage se fait de plus en plus fort, il me brûle autant qu’il m’aveugle. Mon cœur d’ampoule est incandes-cent, un vrai petit soleil. Tandis que trou après trou je me sens à chaque fois un peu moins vivant. Je disparais, j’oublie tout. Je les supplie d’arrêter de rire, d’arrêter de jouer. Puis me vide de toute substance. Mon crâne est humide. En le cares-sant, apeuré, se révèle une fissure par laquelle le curaçao que j’ai ingurgité coule abondamment, emportant avec lui les fragments de ma mémoire déjà absents du tapis. Une flaque aux reflets azurs se forme progressivement à mes pieds. Et merde : impossible de colmater la brèche, mes mains sont déjà transparentes. Et les autres poufiasses aux visages sans reliefs qui continuent de se bidonner macabrement tout en enfilant d’étranges gants bleus leur arrivant jusqu’aux coudes. Et progressi-vement, leurs bras se transforment en queue de billard ! En putains de queues de billard. Vous y croyez ca ? L’angoisse ! Il ne reste plus qu’une boule sur le tapis. J’ai envie de hurler : « Non, pas celle-là ! Tous mes autres souvenirs si vous voulez mais pas ça. Pas elle… ».

Je suis désormais le tapis de billard. Au ralenti je te vois rouler vers ce néant aux allures fosse com-mune pour souvenirs. Enfermée dans cette sphère, tu esquisses un délicieux sourire qui ressemble à un adieu. Stop. Je me réveille : les rires se sont arrêtés, il fait sombre. En face de moi, encore une femme. Cette fois-ci avec un visage « Ouf ! C’est bien toi ». Je te prends dans mes bras et t’enlace très fort, trop peut-être. Moi, je tremble comme une feuille. Toi, tu ne dis rien. Soudain je réalise qu’il y a quelque chose qui ne colle pas. Merde, mes bras ! Dépas-sant de mon épaule gauche, une excroissance

Daydream in a blue laGOON

De NuGOHS

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dégeulasse, ni humaine, ni animale, terminée par des espèces de lame de rasoir, te sert contre ma poitrine. Il est déjà trop tard, ton dos est ciselé par ces appendices mortels. Tu te mets à pleurer. Les yeux tournés vers moi et plein de reproches, ton ma-quillage coule et forme deux lignes qui parcourent tes pommettes et tes joues. Elles sont bleues ! Du même bleu que tes yeux, comme s’ils s’étaient dis-souts dans tes larmes. Comme le curaçao. De mon autre main, j’essaie des les essuyer… je m’aperçois que je n’ai plus qu’un doigt. Je peux entendre le rire des joueuses de billard qui repart de plus belle. Le rire de l’oubli. Le rire de ma détresse. Le rire de mon abandon. Avec mon pouce, j’essaie d’es-suyer les cernes cadavériques qui se forment sous tes yeux. Comme pour me persuader que tout va bien, que je ne t’ai rien fait. Mais ça n’arrête pas de couler, encore et encore. « Je te jure que j’essaye ». « Arrête de pleurer je t’en conjure !». Je regarde mon doigt : son bout est tout bleu. Bleu de larmes. Bleu de billard ? Bleu de maquillage. Bleu de cura-çao ? Bleu de souvenirs. Qu’est-ce-que j’en sais ? Comme un délinquant sentimental à qui l’on avait

pris l’empreinte. C’est peut-être tout ce que ce que je suis. Enfin tu ouvres les yeux et tout est fini……… Non. C’est moi qui ouvre les yeux.

Tout est fini….

Et chaque matin, je me réveille sur mon bureau, les cauchemars couleur du ciel et la feuille inexora-blement blanche. Je tourne mon regard en arrière, en quête de la seule chose qui pourrait s’assimiler à du réconfort. Tu es là, seule, dans le lit. « Pardonne-moi encore une fois, aujourd’hui aussi je ne t’ai pas rejoint. » Et je vais dans la salle de bain. Je fais couler l’eau. Encore. Elle n’arrête pas de couler. Encore. Je frotte frénétiquement mes mains… Cette putain de tache ne part décidément pas.

J’essaie à nouveau d’écrire. Le bout du doigt imprégné de ces histoires tordues. La feuille me re-garde. Mon stylo fuit.

Merde. Je n’ai plus d’encre.

« Une nouvelle étude américaine a démontré que deux lamas valent mieux qu’un si vous voulez enfanter des génies. »

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D’UNE LETTRE à L’AUTRe

Les clefs de la fortune résident dans le « F »Peut-être ceux de l’effort ?

Mais sans lui, certains nagent dans l’or et la tune,J’aimerais qu’ils me fassent un double des clés..

MC KB

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Tu m’as promis ma Tonkinoise,lors du départ pour Calcutta,

tu m’as promis rappelles-toi bien.Tes yeux noirs comme du raisin,

moi, je m’en souviens.A Calcutta, pourquoi là bas ?

Je t’ai laissé le choix ;Soit Calcutta, soit Toronto.

Ta peau si fine,j’y aiguisais mes fantaisies.

Ma Tonkinoise tu m’as promis,en marchant dans ce Bengale,

je te disais, tu m’écoutais,l’air de rien, tu m’écoutais,

sans doute esquissais-tu un sourire ?Dans la lourdeur de ce climat,nous transpirions à Calcutta,

on n’y pensais pas ma Tonkinoise,tu transperçais les temples Jaïns,

te souviens tu de ce jour là ?Et même du premier soir,

nous avions chaud,je n’y pensais même pas.

Et toi ?

Ce soir-là je t’enlevais à Calcutta,Je t’enlevais à moi ma Tonkinoise,

dans cet hôtel désespéré,nous avions marché des heures,En se heurtant, en se heurtant,mais c’est toi qui avais choisi,

alors, ce n’était pas grave.Moi, je me trompais de ville,j’y pressentais tes promesses,

ma Tonkinoise je t’ai enlevé pourtant,je n’aurais pas du te laisser le choix,

tu m’as promis, tu m’as promis,dans l’alcôve de ce Bengale.

J’ai porté ma main vers toi,mes tempes résonnaient Calcutta,j’avais peur, ou bien non, de quoi ?

Ma Tonkinoise, tu t’es assise,sur le rebord du Grand Delta,

rivée à ses alluvions.J’ai perdu ma Tonkinoise,au fin fond de Calcutta,

je n’aurais pas du te laisser le choix,mais je n’y pensais même pas.

Et toi ?

Mes regrets ont migrés vers Toronto,Ma Tonkinoise tu avais raison.

Quand je t’enlevais à Calcutta,je transpirais toutes mes veines,

j’étais bien sur terre, pour une fois,au plus profond d’elle, dans son écho,

de quel écho me rapprocher ?De quel écho me regarder ?

Se ressourcer et changer d’angle,à Toronto je broie du noir.

T’es Calcutta, tout dans tes bras,ma Tonkinoise, t’es Calcutta,j’y reviens dès que je peux,

car le sanskrit au bout de tes mots,suspendent le Vidyasagar Setu.

La main sur le téléphone.Moi je n’y ai pas cru

à tes promesses, pourtant...Longue sieste, je rêve, de toi,

j’ai froid ici, je me dis que,nous avions si chaud,

dans cet hôtel improvisé,j’y pense maintenant.

Et toi ?

Ce matin, au bout de la rue, je savais queje venais de perdre ma Tonkinoise.Pour les raisons que je me suis fait,je ne courus pas dans Calcutta.

Toronto m’attendait, mais toi,je t’ai vu battre le vent, un cil,

toutes ces couleurs ça m’affolait,j’y perdais pied, et ma raison,

pour Toronto je m’envolai.Ma Tonkinoise, tu m’as promis.

Des départs sans baisers,des arrivées sans donner lieu,

tes joues, ta bouche, tes hanches,neuf heures nous séparent.Où es-tu dans Calcutta ?

Dans quel sari es-tu dedans ?Je t’ai reconnu à ton tatouage,aux côtés d’enfants émaciés,je me cachais, tu me sentais,

leurs regards rivés sur ton image,tu es leur mère, tu es Calcutta.

Dans un hôtel de hasard,je n’y pense plus,

j’ai retrouvé ma Tonkinoise.

9 heuresby joe l tacos

« La question du mois: Qui est le meilleur archer? La loutre ou la murenne? »

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223 cigarettes, un peu plus de 11 paquets soit 1,115 cartouches.Pour les accompagner 43 thés, 37 cafés, dont 8 allongés les jours de flemme.19 places de ciné soit 32 heures 43 minutes et 24 secondes hypnotisé dans l’obscurité.87 mouchoirs : 3 pour les joies, 2 pour les peines, autant pour les orgasmes des grands jours.En reste 80 pour le rhume des foins4 roses pakistanaises, de celles qui ne fleurissent dans les mains qu’à 4 grammes du matin.8 croque-monsieur, 7 paninis, 38 coïts et 90 kilo-mètres en taxi : souvenir de ces nuits où même le compteur eut le tournis.Des CD qui reposent en paix.Quelques peluches que tu n’oses plus regarder dans les yeux.24 heures sur le fil, dont 30 minutes au bout du rouleau…

… mais celles-là, ne t’en fais pas, c’est avec plaisir … que je t’en fais cadeau.

L’addition Nugohs

« Bonjour, je recherche désespérément un condensateur chimique de filtrage en 550V - 2X8 pour sauver une vieille radio fabriquée au début du siècle dernier. Merci d’avance de votre aide »

«Bonjour, je suppose qu’il s’agit d’un condensateur de 50microfarad qui se visse sur le chassis ; pas facile à trouver maintenant! Voir peut-être les liens sur ce site: » http://perso.wanadoo.fr/michel.terri...nisseurs_radio

« Bjr,Bigre voilà une tension de service bien éle-vée !!!! Je pense que tu dois pouvoir rem-placer ton condensateur chimique par 2 condensateurs séparés pour lesquels tu de-vras leur faire une petite place. Mesure la tension continue en sortie du tube redresseur électronique. Et dis nous ce que tu trouves. Peut-être qu’avec 450 volts c’est suffisant Cordialement »

« Solution de secours : placer en série des condensateurs de tension de service infé-rieure avec une résistance de 500kilo en pa-rallèle sur chaque. J’ai vu des 100 microfarad et 220 microfarad en 385V chez Sélectronic »

« J’ai réparé une vieille radio à lampes il y a pas longtemps, les condensateurs de filtrage peuvent être supérieurs aux valeurs que tu cites. donc mets deux 10uF en400 v »

« Un truc à surveiller aussi : si ton poste est rela-tivement vieux, méfie toi des condensateurs de découplage et de liaisons. Ils risquent de «fuir». A l’époque ces condo étaient soit sous tube en verre ou sous tubes en carton. Aux extrémités sortaient les fils des condensateurs. L’étanchéité était réalisée à l’aide d’une sorte de goudron noir. Vaut mieux les remplacer systématiquement. Cordialement »

Longueur d’onde Un forum comme les autres mais différentSélectionné par Bel’O

« Considérant un point A équidistant des points B et C. La parallèle à la tangente qui passe par le point D sera t’elle à la hauteur de l’évènement ? »

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Attention, l’abus de Lama rend beau et intelligent, à consommer sans modérationPour plus de précisions, une seule adresse :

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