l'afrique du sud entre deux vins

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Domaine de Lisennes - BP11 - 33370 Tresses Tel. 05 57 19 17 52 - Fax. 05 57 19 17 53 Email : contact@transandine.fr - Site : www.transandine.fr SARL au capital de 100 000 € - RC B 342 929 528 - N°TVA FR 00342 929 528 - N° Accises FR 006061 E 0202 Depuis treize ans, douze professionnels français du vin, vignerons, importateurs, sommeliers, œnologues, critiques et cavis- tes, se retrouvent chaque année au Cap, au cœur du vignoble sud-africain. Claude Gilois, «chasseur de crus» qui parcourt inlassa- blement la planète en quête de vins insolites, est l’un des rares à connaître pratiquement tous les vignobles de la planète, de la Chine à la Patagonie. Olivier Poels, plume du guide annuel des Meilleurs vins de France, et François Villard, étoile montante de la viticulture rhodanienne, consultant dans des domaines californiens de renom, font notamment partie de ce cénacle très fermé. Il y a aussi Pieter de Villiers, rugbyman sud-africain naturalisé français, ancien pilier droit du Stade français, 69 sélections dans le XV tricolore, un des héros de l’épique victoire contre les All Blacks en 2007. Rejeton d’une vieille famille de vignerons huguenote du Cap, De Villiers s’est reconverti dans la viticulture. Avec une bande de copains de l’ovalie, il est cofondateur du domaine Montgros à Faugères, dans le Languedoc. A peine arrivés, malgré un vol nocturne, un bel été austral sur sa fin incitant à la flânerie et une plaisante bise marine venant de l’océan Indien, ces professionnels du vin s’enferment pendant quatre jours dans une salle aveugle, au sous-sol d’un hôtel quatre étoiles du centre-ville, sous des néons blafards. Par groupes de quatre, ils se répartissent autour de trois tables en formica, assis sur des chaises métalliques. Les murs d’un beige pisseux sont nus, le décor spartiate est visiblement destiné à favoriser la concentration. Dans ce lieu aussi sinistre qu’une cantine scolaire des années 60, une tâche ardue les attend : élire les meilleurs crus sud-africains des millésimes bientôt mis en vente. Leur verdict est attendu avec une certaine appréhension par les producteurs locaux. Etre distin- gué par un jury français est pour eux une consécration, un gage de qualité et un argument fort à l’exportation. En matière d’œnologie, la France demeure encore LA référence, car les grands crus étrangers sont toujours comparés aux français, jamais l’inverse... La viticulture mondiale est en pleine évolution depuis une trentaine d’années, et de sérieux concurrents aux vins haut de gamme hexagonaux émergent, en Nouvelle-Zélande, en Argen- tine ou au Chili et, bien sûr, en Californie, la pionnière. A son tour, l’Afrique du Sud se profile comme un des acteurs majeurs sur la scène viticole planétaire, où elle occupe déjà une place enviable. PAR RICARDO UZTARROS

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Une enquête dans LIBERATION

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Domaine de Lisennes - BP11 - 33370 TressesTel. 05 57 19 17 52 - Fax. 05 57 19 17 53

Email : [email protected] - Site : www.transandine.frSARL au capital de 100 000 € - RC B 342 929 528 - N°TVA FR 00342 929 528 - N° Accises FR 006061 E 0202

Depuis treize ans, douze professionnels français du vin,vignerons, importateurs, sommeliers, œnologues, critiques et cavis-tes, se retrouvent chaque année au Cap, au cœur du vignoblesud-africain. Claude Gilois, «chasseur de crus» qui parcourt inlassa-blement la planète en quête de vins insolites, est l’un des rares àconnaître pratiquement tous les vignobles de la planète, de laChine à la Patagonie. Olivier Poels, plume du guide annuel desMeilleurs vins de France, et François Villard, étoile montante de laviticulture rhodanienne, consultant dans des domaines californiensde renom, font notamment partie de ce cénacle très fermé. Il y aaussi Pieter de Villiers, rugbyman sud-africain naturalisé français,ancien pilier droit du Stade français, 69 sélections dans le XVtricolore, un des héros de l’épique victoire contre les All Blacks en2007. Rejeton d’une vieille famille de vignerons huguenote duCap, De Villiers s’est reconverti dans la viticulture. Avec une bandede copains de l’ovalie, il est cofondateur du domaine Montgros àFaugères, dans le Languedoc. A peine arrivés, malgré un vol nocturne, un bel été australsur sa fin incitant à la flânerie et une plaisante bise marine venantde l’océan Indien, ces professionnels du vin s’enferment pendantquatre jours dans une salle aveugle, au sous-sol d’un hôtel quatreétoiles du centre-ville, sous des néons blafards. Par groupes de

quatre, ils se répartissent autour de trois tables en formica, assis surdes chaises métalliques. Les murs d’un beige pisseux sont nus, ledécor spartiate est visiblement destiné à favoriser la concentration.Dans ce lieu aussi sinistre qu’une cantine scolaire des années 60,une tâche ardue les attend : élire les meilleurs crus sud-africainsdes millésimes bientôt mis en vente. Leur verdict est attendu avecune certaine appréhension par les producteurs locaux. Etre distin-gué par un jury français est pour eux une consécration, un gagede qualité et un argument fort à l’exportation. En matièred’œnologie, la France demeure encore LA référence, car lesgrands crus étrangers sont toujours comparés aux français, jamaisl’inverse... La viticulture mondiale est en pleine évolution depuis unetrentaine d’années, et de sérieux concurrents aux vins haut degamme hexagonaux émergent, en Nouvelle-Zélande, en Argen-tine ou au Chili et, bien sûr, en Californie, la pionnière. A son tour,l’Afrique du Sud se profile comme un des acteurs majeurs sur lascène viticole planétaire, où elle occupe déjà une place enviable.

PAR RICARDO UZTARROS

terme, le «Project Winetech Vision 2020», qui affiche très claire-ment l’ambition : situer les vins sud-africains dans le haut de gamme. La principale mesure préconisée est l’acquisition dessavoirs, qui font défaut après un demi-siècle d’isolement.

, seul concours organisé en Afrique du Sud et auquelsont associés les douze professionnels français, est arrivé à pointnommé. «A l’origine, ce concours était une affaire de copains,d’une bande de jeunes restaurateurs et viticulteurs venus s’installeraprès la fin de l’apartheid, attirés par les perspectives quis’offraient, explique , son organisateur,aujourd’hui producteur. Le but était d’influencer l’Afrique du Sud às’inspirer de la ‘‘french touch" en matière de vinification, qui donnedes vins plus nuancés, plus légers, à l’opposé du style des vins ditsdu Nouveau Monde, trop uniformes et charnus, à forte teneuralcoolique, qui, à l’époque, avaient le vent en poupe.»

Quand il est arrivé en Afrique du Sud, en 1995, Christo-phe Durand (Vins d’Orrance) ne connaissait rien au vin et il étaitloin d’imaginer qu’un jour il tiendrait un rôle clé dans son paysd’accueil. Normand, né dans une famille de «bouilleurs de cru»,

son univers, c’était la pomme, le cidre et le calvados. Grand,physique de séducteur de cinéma des années 60, il a d’abord faitdans sa jeunesse le mannequin à Paris. Puis il a été steward surles ferries desservant l’Angleterre. C’est alors qu’il rencontre outre-Manche une Sud-Africaine avec laquelle il a une fille. Le couplese défait et sa compagne retourne dans son pays. Il ne peutsupporter l’idée de ne revoir son enfant qu’occasionnellement.Sans se poser la moindre question, il lâche tout, prend un allersimple pour Le Cap, où il trouve un emploi de serveur, puis,ceinture noire de karaté aidant, de videur de boîte de nuit.Quelque temps après, il se marie avec une Indienne originaire deDurban, une «coloured» («colorée») selon la classification racialelégale en vigueur, catégorie qui englobe aussi les métis. Avec son épouse Sabrina, Christo-phe Durand fonde une sociétéd’importation de barriques et de bouteillesfrançaises. La fréquentation assidue desviticulteurs l’incite à faire le saut. Il se plongedans la lecture des traités de vinification etachète bientôt deux arpents de vignes, lespremiers de son futur domaine. Dix ans plus tard, ses vins sontexportés dans plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis, sousla marque les Vins d’Orrance, patronyme d’un de ses ancêtres. Ala différence de la France, la plupart des vins des nouveaux paysn’étant pas issus d’un terroir précis et reconnu, ils sont commercial-isés sous un nom de marque, et pas sous le nom d’un domaine.

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A cause de l’apartheid, ce pays s’est longtemps retrouvéau ban des grands flux commerciaux planétaires. Les campagnesde boycott affectaient durement ses exportations de produitsagricoles (mais curieusement pas le diamant, dont le pays est lepremier producteur mondial). Le vin était le plus touché. En 1994,l’année où Nelson Mandela accède à la présidence du pays,l’Afrique du Sud ne vend à l’étranger que 250 000 hectolitres devin. A l’époque, la survie de sa viticulture paraît très incertaine car,à cette demande très déprimée, s’ajoute le fait qu’elle est exclu-sivement entre les mains des Blancs afrikaners. Beaucoup d’entreeux envisagent alors de quitter le pays, convaincus que sous unpouvoir noir, il n’y aura plus de place pour eux. Une décennie plustard, ce chiffre était multiplié par dix, et les vignerons afrikanersdevenus prospères étaient rassérénés. Aujourd’hui, les exportationsatteignent les quatre millions d’hectolitres, ce qui hisse l’Afrique duSud au septième rang mondial, alors qu’en volume, elle n’occupeque la dixième position avec une production annuelle de l’ordrede 9 millions d’hectolitres (3% de la production mondiale).

La singularité de la viticulture sud-africaine, qui constitue aussi savulnérabilité, est qu’elle exporte presque la moitié de sa production.Ce boom est la conséquence directe de la politique de réconcilia-tion raciale engagée par Mandela. La fin de l’apartheid ouvritsoudain les frontières à ses vins jusqu’alors proscrits. Avec 30% desacquisitions, la Grande-Bretagne est le principal client de l’Afriquedu Sud, suivie par l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède, qui, à euxtrois, représentent aussi 30% des exportations. La France ne pèseque 0,65%. Mais ces ventes portent presque exclusivement sur les

(l’équivalent des vins de table), faciles à faire et àboire, peu coûteux, expédiés en vrac et embouteillés dans le paysde destination sous des marques aléatoires et ne dégageant quede faibles marges.

Avec une consommation à la baisse à l’échelle mondiale,une stagnation du marché intérieur à 9 litres par an et par habitant- très loin des 50 litres pour un Français - et l’apparition des «usinesà pinard» chiliennes et argentines qui ont cassé les prix et fournis-sent des vins plus lourds, plus tanniques, plus boisés, plus flatteurspour les palais peu connaisseurs ou novices, le marché est saturédans cette catégorie. En conséquence, la viticulture sud-africainea entrepris une lente mue, visant à privilégier la qualité à laquantité. Pour cela, elle a décidé de s’inspirer du modèle des vinsfrançais et de renouer avec ses origines. La profession s’est doncregroupée et a adopté au début des années 2000 un plan à long

-ment le pinot noir pour la Nouvelle-Zélande, même si, pour cesdeux derniers pays, il ne s’agit pas de plants autochtones.» Etl’expert d’ajouter : « L’Afrique du Sud n’est plus très loin des grandsvins, mais c’est toujours la dernière ligne droite qui est la plus ardue.Ce n’est qu’une question de temps, car la volonté y est et le terroiraussi. » L’Afrique du Sud fait figure denouvelle venue. C’est pourtant un vieuxpays vinicole - presque aussi ancien que lePérou et le Chili - où furent plantées lespremières vignes hors du Vieux Monde. Laproduction de son premier millésime datetrès exactement du 2 février 1659. Il étaitissu d’une vigne plantée trois ans aupara-vant par Jan Van Riebeeck, le premiergouverneur du poste de ravitaillementqu’avait installé, en 1652, à cette extrémité la plus australe ducontinent africain la toute puissante Compagnie néerlandaise desIndes orientales (VOC) pour ses voiliers assurant la ligned’Extrême-Orient. Comme ce petit groupe de colons néerlandaisne connaissait rien à la vinification, ce vin se révéla imbuvable. C’est l’arrivée, en 1688, de 178 huguenots français,originaires pour la plupart du Luberon et de Charente, fuyant laFrance après la révocation de l’édit de Nantes, qui donneral’impulsion décisive à la culture de la vigne. Le lieu où ilss’installèrent s’appelle aujourd’hui Franschhoek, («le coin desFrançais»). Situé à 50 kilomètres du Cap, ce village est un desendroits les plus touristiques du pays. La venue des huguenotsavait été sollicitée par le second gouverneur du Cap, Simon Vander Stel, un passionné de vin qui avait créé en 1685 le domainede Constantia, qui donna un vin blanc liquoreux très prisé dans lescours européennes du XVIIe au XIXe siècle… Napoléon en aurait

emporté quelques barriques dans son exil à Sainte-Hélène. Cedomaine est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs dupays. Estimant que la région était très propice à la viticulture, legouverneur Van der Stel demanda à la VOC, son employeur,qu’elle lui envoie sans tarder des vignerons. Cela tombait bien.Fuyant les persécutions dans leur pays, des Huguenots originairesde régions viticoles étaient arrivés en masse dans la provincenéerlandaise. La colonisation de la future Afrique du Sud com-mença ainsi. Le 31 décembre 1657, un bateau chargé dupremier contingent d’exilés huguenots prit la mer à Rotterdampour Le Cap, où il arriva trois mois plus tard. Le gouvernement desProvinces-Unies (Pays-Bas) leur avait octroyé un petit pécule et unlopin de terre pour planter de la vigne.

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Mais la tendance commence à s’inverser, et la notion de terroirgagne du terrain. Ronds, subtils, parfois légèrement épicés, les vins deChristophe Durand jouissent d’une flatteuse réputation et lui d’unenotoriété grandissante. «Ils préfigurent les potentialités de la viticul-ture sud-africaine si celle-ci persiste dans la voie de la qualité verslaquelle elle semble déterminée à s’orienter», dit son ami ClaudeGilois. Sa production n’excède pas 20 000 bouteilles l’an et iln’envisage pas d’aller au-delà, «pour ne pas céder à la facilité»Celle d’un de ses blancs issu du cépage chenin se limite à 2 000

bouteilles, ce qui en fait un vin rare. « La vinification, c’est monhobby, là où je me réalise » dit Christophe Durand. « Mongagne-pain, c’est le négoce de la barrique et de la bouteille.» Il ya quatre ans, il a acheté les droits du concours, qui tombait endéshérence, avec l’ambition d’en faire l’événement œnologiquemajeur du pays. Il semble qu’il soit sur la bonne voie. Cette année,650 vins étaient soumis à l’appréciation des douze dégustateurs,une progression de 20% par rapport à l’année précédente.Chacun des 90 grands domaines que compte l’Afriquedu Sud a envoyé ses échantillons, et quelque 250 petits product-eurs ont concouru sur un total d’environ 4 000. Le chiffre attestede la constitution d’un noyau dur de viticulteurs, qui ambitionne dene plus faire de la figuration au plan mondial.

« Le palmarès de cette édition a fait apparaître deux crusprovenant d’un cépage autochtone, le pinotage » expliqueClaude Gilois. « Il est issu d’un croisement de cinsault et de pinotnoir au sujet duquel les avis sont partagés en raison de sa rusticité.Il donne des vins de garde qui, avec le temps, peuvent se révélersomptueux, comme ceux que nous avons récompensés. Malheu-reusement, peu de viticulteurs croient en son potentiel, car ilrequiert des efforts et du temps pour l’amener à son plus hautniveau. Il pourrait pourtant se révéler être le cépage embléma-tique de l’Afrique du Sud, comme le carménère l’est aujourd’huipour le Chili, ou encore le malbec pour l’Argentine, et probable-

Vins d’Orrance « préfigure les potentiali-tés de la viticulture sud-africaine si celle-ci persiste dans la voie de la qualité vers

laquelle elle sembledéterminée às’orienter »

Claude Gilois

Jan Van Riebeeck

Les gagnants au

-nels. Replanter le vignoble tous les quinze ou vingt ans a un coûttrès lourd, que les producteurs ne peuvent que répercuter, ce quihandicape leur compétitivité face à leurs concurrents argentins ouchiliens qui, en outre, sont très agressifs sur les prix.» Cette maladiepourrait toutefois avoir un effet bénéfique. Bon gré mal gré, elle vaobliger la viticulture sud-africaine à une réduction drastique de saproduction, car il semble bien que les hauts rendements, signesd’un manque d’attention et de soins, soient un facteur décisif desa propagation et de son endémie. La vigne est une plante fragilequi adore être dorlotée.

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Trois siècles et demi plus tard, le vignoble sud-africaincouvre 110 000 hectares, l’équivalent du Bordelais, mais produit30% de plus. Ses rendements varient de 20 à 350 hectolitres àl’hectare. C’est beaucoup trop. On estime qu’au-delà de 50hectolitres, il est impossible de faire des vins intéressants. Par sesrendements excessifs, il est confronté à une situation analogue àcelle du Languedoc-Roussillon à l’époque où « on faisait pisser lavigne » Il s’étale sur un arc de 160 km d’ouest en est au nord duCap. Aucune parcelle n’est à plus de 100 km de la mer, ce qui estun atout majeur. A la confluence des océans Atlantique et Indien,il est baigné par le courant froid qui vient de l’Antarctique, leBenguela, qui agit comme régulateur thermique. Il en résulte unclimat particulièrement propice à la culture de la vigne. Il est situésur un massif ancien du cambrien où abondent le granite et leschiste. Vignoble le plus septentrional de l’hémisphère Sud, il estproche du tropique du Capricorne, ce qui a une incidencefavorable sur son ensoleillement. Cependant, c’est un vignoble endécalage avec la tendance mondiale. Le blanc y domine trèsamplement. Il représente 65% de la production totale, contre 25%pour le rouge, les 10% restants reviennent aux pétillants et liq-uoreux. Or, le rouge accapare un peu plus de 50% de laconsommation planétaire, tandis que la tendance pour le blanc,qui en représente 40%, est à la baisse, au profit, en partie, du rosé,en progression constante depuis plusieurs années, ce qui confirmequ’il ne s’agit plus d’une simple mode mais d’une habitude quis’installe. «Par sa géographie, sa topologie, son climat, l’Afrique duSud est, peut-on dire d’un point de vue vinicole, à la charnière duNouveau et du Vieux Monde » explique Claude Gilois. « C’est leseul pays capable de produire des vins de climat tempéré, commeen France, ou de climat chaud, comme au Chili. Il faut qu’il réduisedrastiquement ses rendements s’il veut atteindre l’excellence. Detous les grands pays vinicoles, c’est le seul pour le moment à nepas avoir un vin noté au-dessus de 90, alors que tous les autres enont au moins une dizaine. C’est une situation qui ne peut pasperdurer.» Mais pour s’introduire dans le club restreint des grandsvins, l’Afrique du Sud souffre d’un lourd handicap, «l’enroulement»une maladie virale dont le symptôme est l’apparition de tachesrouges sur les feuilles inférieures, qui finissent par s’enrouler surelles-mêmes. Elle a pour conséquence d’entraîner un retard dematuration et un accroissement de l’acidité.

« » Cette maladie n’épargne aucun pays. Mais en Afrique duSud, elle a pris des proportions alarmantes, sans commune mesureavec le reste du monde. Il n’y a aucun remède, si ce n’estl’arrachage des ceps tous les quinze ou vingt ans. « Sans vieillesvignes, » explique Claude Gilois, « il n’est pas de grands vinspossibles, même si on dispose d’un terroir et d’un climat exception-

Cuvée AmeenaSyrah 2008

Cuvée KamaChenin Blanc 2009

Cuvée AnaïsChardonnay 2009

« Bon gré mal gré, cette maladie vaobliger la viticulture sud-africaine

à une réduction drastique de saproduction. »