l'acte de vote - lecture critique

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Critique de l'ouvrage L'acte de vote (Yves Déloye et Olivier Ihl) parue dans la Revue française de science politique en 2008

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Cet article est disponible en ligne à l’adresse :http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=RFSP&ID_NUMPUBLIE=RFSP_584&ID_ARTICLE=RFSP_584_0679

Lectures critiques

| Presses de Sciences Po | Revue française de science politique2008/4 - Volume 58ISSN 0035-2950 | ISBN 2-7246-3117-3 | pages 679 à 691

Pour citer cet article : — Lectures critiques, Revue française de science politique 2008/4, Volume 58, p. 679-691.

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appropriation collective d’un argumentaire expert. La difficulté de répondre à la demanded’explicitation du public conduit à une défiance des citoyens.

Le témoignage d’un représentant de la maîtrise d’ouvrage, J.-M. Dziedziki, chargé deconcertation au sein de Réseaux ferrés de France, apporte des éléments fondamentaux per-mettant d’appréhender plus finement la position ambivalente du maître d’ouvrage contraintde débattre de son projet souvent contesté et parfois délégitimé. Tout en exposant les spéci-ficités de l’institution dans laquelle il travaille, l’auteur nous montre la portée du débat publicsur la réflexion conduite sur les projets et l’organisation interne du maître d’ouvrage.

La dernière partie rassemble plusieurs contributions distinctes portant sur la question del’évaluation sur différents points du débat public, notamment sa portée décisionnelle et sondevenir. On notera ici avec attention la contribution de G. Mercadal, vice-président de laCNDP, qui tire les enseignements du bilan de celle-ci pour ouvrir une réflexion prospectiveet dégager des questions à éclairer.

La lecture de ce bilan terminée, on peut regretter, comme le font d’ailleurs notammentL. Blondiaux, ou L. Mermet dans son épilogue, que ne soit encore présenté ici aucun destravaux portant sur l’étude spécifique de la Commission nationale du débat public, ni sur lerôle des sciences sociales et l’implication des chercheurs dans l’institutionnalisation du débatpublic. L’ouvrage remplit pour autant allègrement les objectifs fixés : d’une part, celui d’unesynthèse précise ancrée sur de nombreux cas empiriques, des analyses réalisées sur le débatpublic depuis sa codification et, d’autre part, celui de l’ouverture d’un questionnement àdestination de prochains travaux de recherche. L’introduction de témoignages d’« acteursdirects » du débat offre un éclairage fructueux et complémentaire aux contributions des « cher-cheurs observateurs ».

Elsa MOURASCRPS, Université Paris I-Panthéon Sorbonne

DÉLOYE (Yves), IHL (Olivier) – L’acte de vote. – Paris, Presses de SciencesPo, 2008. 568 p. Bibliogr.

En publiant un recueil de douze articles, dont certains étaient difficiles d’accès, Y. Déloyeet O. Ihl fournissent à leurs lecteurs un bilan des travaux qu’ils ont menés, en commun ouséparément, au cours des quinze dernières années sur le vote et les élections. Ce recueil n’estpourtant pas un livre de circonstance et fait preuve d’une grande unité programmatique : tousles articles s’inscrivent dans une même problématique, celle d’une histoire matérielle desélections. Les différents textes proposent ainsi des analyses sur des objets variés, principale-ment liés aux pratiques électorales françaises. Une bibliographie sélective complète l’ensemble.

Divisé en quatre parties, l’ouvrage propose une progression dans l’analyse à partir de ceque les deux auteurs désignent, dans l’introduction, comme « le paradigme de l’acculturationélectorale » (p. 24). Il s’agit de prendre en compte les pratiques et les technologies électoralesen lien avec un processus de politisation envisagé « par le bas », en étant attentif aux « bri-colages de sens et de pratiques mis en œuvre par les citoyens ordinaires » (p. 25). Le voteapparaît ainsi comme un rituel dont la maîtrise n’est pas donnée aux acteurs, mais le fruitd’un apprentissage. Dans ces conditions, l’étude des objets matériels et des techniques d’ingé-nierie électorale prend tout son sens : elle donne à voir la ou les manières dont, investis decroyance, ces éléments matériels rendent acceptables les éléments du rituel électoral. Lespratiques électorales sont aussi des pratiques codifiées, soumises à des règles de droit dont ilest nécessaire de restituer l’historicité. Faute de quoi, comme le soulignent les auteurs, lasociologie électorale prend le risque de réduire les investissements des acteurs intéressés à ladéfinition et à la codification de pratiques vertueuses à un simple jeu avec les règles. Avecl’étude de la « pénalité électorale », c’est tout un ensemble de pratiques déviantes, progressi-vement considérées et jugées comme frauduleuses, qui sont restituées dans leur épaisseur,mais aussi l’activité des légistes qui concourent à la définition des règles participant à la

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« moralisation » du suffrage universel. L’ensemble de ces pratiques, suggèrent Y. Déloye etO. Ihl, s’inscrit dans un processus plus vaste d’invention d’une « citoyenneté électorale »,processus qui n’est pas la conséquence mécanique de la diffusion d’une idéologie républicainedans la France du 19e siècle, mais s’établit au croisement de formes congruentes de sociali-sation et d’un reflux des comportements violents en dehors de l’espace du bureau de vote. Laquatrième partie du livre, intitulée « les nouveaux défis de la représentation politique », estsans doute plus ouverte : sur une analyse comparative des pratiques électorales, d’une part(avec deux articles sur les élections aux États-Unis), sur la prise en compte des formes contem-poraines des « dispositifs de vote », de l’autre.

Ce n’est pas le moindre mérite de cet ouvrage que de suggérer ainsi de nouveaux objetsd’étude au sein d’un domaine de recherches que l’approche socio-historique a profondémentrenouvelé 1.

Christophe VOILLIOTGAP, Université Paris X-Nanterre

MONTERO (José Ramón), GUNTHER (Richard), LINZ (Juan J.), dir. – Par-tidos políticos : viejos conceptos y nuevos retos. – Madrid, FundaciónAlfonso Martín Escudero/Editorial Trotta, 2007. 342 p.

Cet ouvrage apporte une contribution importante à la compréhension du phénomènepartisan. Publiée de façon partielle en anglais en 2002, cette compilation d’articles issus desconférences organisées à Madrid par le Centro de Estudios Avanzados en Ciencias SocialesJuan March sous la houlette de J. R. Montero (Université autonome de Madrid, Centre JuanMarch), R. Gunther (Université de l’État d’Ohio) et J. Linz (Université de Yale) se présenteen effet comme une œuvre collective s’étalant sur plusieurs années. Le résultat de cette ren-contre est pour le moins spectaculaire, puisque la plupart des grands spécialistes contemporainsdes partis sont présents. L’objectif du livre est ambitieux et consiste à démontrer que lapréoccupation actuelle pour la « crise des partis » (voire la « crise de la démocratie ») répétéeà satiété par les journalistes, leaders politiques et par certains politologues est plus due à notreincapacité à percevoir la transition qui affecte ces structures qu’à une réelle banqueroutedémocratique.

L’ouvrage se divise en trois parties divisées en neuf chapitres suivant une évolutions’arrêtant successivement sur la critique du concept de « crise des partis », sur les possiblesvoies théoriques permettant une refondation des concepts analytiques propres aux partis et surles causes et conséquences de la désaffection citoyenne par rapport aux partis.

Comme le rappelle H. Daalder (Université de Leiden), le thème du déclin des partis estl’un des plus anciens lieux communs de la science politique et n’a cessé d’être réactivé pério-diquement. À travers une analyse exhaustive des critiques adressées à l’encontre des organi-sations partisanes, Daalder recense cinq types idéaux portant sur l’obsolescence des partis,leur manque d’efficacité par rapport aux mouvements sociaux, la collusion entre partis etgroupes d’intérêt, leur difficulté à articuler et agréger les demandes sociales et leur margina-lisation face à des politiques publiques exigeant toujours plus de technicité. C’est en écho àces critiques que H. J. Puhle (Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort) s’interrogesur le cas des partis attrape-tout identifiés par Kirchheimer, type d’organisation privilégié parles partis depuis la deuxième moitié du 20e siècle. Sa réflexion complète la précédente puisque,selon lui, l’analyse partisane actuelle aurait tendance à démontrer que non seulement les partisse sont perpétués jusqu’à aujourd’hui, mais qu’en outre leur évolution est loin d’être achevée.

1. Pour une synthèse critique des travaux récents, voir Michel Offerlé, « Capacités politiqueset politisations : faire voter et voter, 19e-20e siècles », Genèses, 67, juin 2007, p. 131-149, et 68,septembre 2007, p. 145-160.

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Comptes rendus