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29 L’ARBRE DU GEOGRAPHE : UN OBJET ENTRE NATURE ET SOCIETE Introduction : De l’arbre isolé au massif forestier Des hêtraies cathédrales de Normandie aux chênaies multiséculaires de l’Ile-de-France en passant par les champs d’arbres des Landes de Gascogne, l’arbre est largement présent sur le quart du territoire français, soit environ 15 millions d’hectares. Planté isolé, aligné, en bosquet, en îlot boisé, en forêt, l’arbre donne toutes les variétés esthétiques au paysage (couleurs des feuillages selon les essences, tailles des arbres, densités des peuplements…), et offre de multiples usages hérités du passé ou liés à de nouvelles pratiques. L’homme a depuis toujours façonné le paysage, en particulier par l’utilisation de l’arbre. Il a produit du bois pour construire, se meubler ou se chauffer ; il s’est protégé du vent et de l’érosion des sols en plantant des haies. Il a fait de l’arbre un objet d’ornement ou de culte. Il y a donc bien des manières de voir l’arbre, selon que l’on soit sylviculteur, chasseur ou promeneur. Pourtant, ces trois catégories d’usagers considèrent l’arbre en société, c’est-à-dire en relation avec d’autres individus vivants (animaux et végétaux) formant l’écosystème forestier. C’est sous cet angle que le géographe étudie l’arbre et en particulier l’arbre dans son environnement. Toutefois, celui- ci tient une place paradoxale et ambiguë dans la géographie française. Souvent utilisé pour décrire les paysages, qu’il s’agisse des paysages ruraux ou des espaces « naturels », pour analyser des limites écologiques mais aussi géographiques ou historiques, il n’a jamais véritablement fait l’objet de travaux particuliers en dehors des forêts. Sa caractérisation pose

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L’ARBRE DU GEOGRAPHE : UN OBJET ENTRE NATURE ET

SOCIETE

Introduction : De l’arbre isolé au massif forestier

Des hêtraies cathédrales de Normandie aux chênaies

multiséculaires de l’Ile-de-France en passant par les champs d’arbres des Landes de Gascogne, l’arbre est largement présent sur le quart du territoire français, soit environ 15 millions d’hectares. Planté isolé, aligné, en bosquet, en îlot boisé, en forêt, l’arbre donne toutes les variétés esthétiques au paysage (couleurs des feuillages selon les essences, tailles des arbres, densités des peuplements…), et offre de multiples usages hérités du passé ou liés à de nouvelles pratiques. L’homme a depuis toujours façonné le paysage, en particulier par l’utilisation de l’arbre. Il a produit du bois pour construire, se meubler ou se chauffer ; il s’est protégé du vent et de l’érosion des sols en plantant des haies. Il a fait de l’arbre un objet d’ornement ou de culte. Il y a donc bien des manières de voir l’arbre, selon que l’on soit sylviculteur, chasseur ou promeneur. Pourtant, ces trois catégories d’usagers considèrent l’arbre en société, c’est-à-dire en relation avec d’autres individus vivants (animaux et végétaux) formant l’écosystème forestier.

C’est sous cet angle que le géographe étudie l’arbre et en particulier l’arbre dans son environnement. Toutefois, celui-ci tient une place paradoxale et ambiguë dans la géographie française. Souvent utilisé pour décrire les paysages, qu’il s’agisse des paysages ruraux ou des espaces « naturels », pour analyser des limites écologiques mais aussi géographiques ou historiques, il n’a jamais véritablement fait l’objet de travaux particuliers en dehors des forêts. Sa caractérisation pose

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problème et entraîne de nombreuses ambiguïtés relatives à la définition des espaces arborés.

Elément incontournable du diagnostic paysager comme de l’analyse écologique, l’arbre devient un objet géographique complexe, difficile à enfermer dans une approche univoque. Par sa longévité, par la diversité des formes qu’il revêt, l’arbre est aussi un indicateur historique et social, un témoin des types actuels et passés de mise en valeur du milieu, un indice enfin des relations entre les sociétés et le milieu qui les environne. C’est cette polysémie qui explique le récent regain d’intérêt pour l’arbre et la forêt à travers des démarches croisant approche écologique et dimension historique. C’est en prenant des exemples en Europe tempérée et méditerranéenne, que l’on abordera le mieux cette complexité de l’arbre comme objet géographique.

En montrant l’intérêt des diverses approches de l’arbre pour le géographe, nous verrons qu’il est d’abord un élément du paysage, ensuite un critère de diagnostic écologique, enfin un témoin des relations historiques et sociales complexes.

1. L’arbre, un élément du paysage 1.1. Un élément clé de la description des paysages

Les paysages végétaux étudiés par les géographes sont un assemblage d’unités élémentaires, appelées groupements végétaux, se définissant par des critères physionomiques et floristiques. Avec l’apparition des critères physionomiques, lors des premiers voyages des géographes botanistes au début du XIXe siècle, tel qu’Alexander von Humboldt, s’est précisée la notion de formation végétale (ensemble des groupements de plantes qui représentent une physionomie homogène et constante due à la dominance d’espèces ayant un caractère biologique commun). La définition des paysages végétaux peut s’appliquer à de multiples échelles, depuis les grands biomes continentaux considérés traditionnellement comme les paysages végétaux du globe tels que les steppes ou les savanes, jusqu’au

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niveau régional (ex. : les hêtraie-sapinières pyrénéennes) ou local (ex. : une pâture en fond de vallée), voire stationnelle (ex. : des linaigrettes au milieu des sphaignes d’une tourbière).

En France, l’Inventaire Forestier National (IFN) a pour mission de collecter des informations quantitatives et qualitatives actualisées de la ressource boisée nationale. Depuis sa création en 1962, l’IFN a pour objectif de caractériser les espaces boisés, de suivre l’évolution des surfaces, des volumes et des accroissements. L’échelle de travail adoptée pour cette étude est celle du département. A partir de photographies aériennes, des enquêtes sur le terrain sont réalisées environ tous les 12 ans. Les inventaires n’ont pas tous commencé en même temps dans l’ensemble des départements français. En effet, les premiers inventaires se sont échelonnés de 1963 à 1980, et constituent un référentiel. La deuxième série d’inventaires couvre la période de 1977 à 1990. Dans sa nomenclature, l’IFN regroupe les espaces boisés non forestiers dans la catégorie « plantations hors forêts » et différencie les arbres épars dans les landes et le domaine agricole, les haies, les alignements, les peupleraies, les cordons et les bosquets. Toutefois, les cordons et bosquets sont considérés comme des bandes boisées d’une largeur moyenne comprise entre 10 et 25 mètres. Néanmoins, dès 1966, ils ont été assimilés, dans certains départements à la rubrique « bosquets ».

Parallèlement, pour pouvoir mener des enquêtes de terrain puis établir des statistiques comparatives sur des unités homogènes de collectes de l’information, l’Inventaire Forestier National a défini la notion de région forestière1 (différente de la région agricole) qui constitue « une unité naturelle qui présente, pour la végétation forestière, des caractères de sols et de climat suffisamment homogènes pour abriter des types de forêts comparables » (Gadant, 1998). Une région forestière regroupe donc des forêts qui se ressemblent plus entre elles qu’elles ne ressemblent aux forêts d’une région forestière voisine. Les critères d’altitude, de topographie, de substrat géologique, de sol, d’hydrographie fondent la logique du découpage et déterminent les formes et les tailles de ces unités. Ces régions forestières, au nombre de 309 en France, représentent la base de la collecte statistique d’informations afin de réaliser des

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catalogues de typologie des stations forestières2. La base de données IFN des régions forestières est également représentée sous forme de données cartographiques départementales. La plus petite région forestière française, le Quérigut (Aude), couvre une superficie de 12 045 hectares ; la plus grande, le « plateau landais », s’étend sur 1 146 420 hectares. La moins boisée est la « Flandre maritime », avec un taux de couverture forestière de 0,6 % ; la plus forestière, les « dunes littorales de Gascogne », est à 83,6 %.

L’arbre structure le paysage, permet de le décrire et de comprendre des choix d’aménagements forestiers pluriséculaires d’une société (fig. 1).

Fig. 1. La place de l’arbre dans le paysage. (d’après Pointereau et

Bazile, 1995)

1.2. Un élément pourtant difficile à cerner

Un arbre, pour un géographe, n’est pas un objet

géographique en tant que tel, puisqu’il manque de surface. En revanche, un ensemble d’arbres donne une dimension géographique, un contexte écologique, un espace complexe entre nature et société. L’arbre du géographe n’est pas celui du forestier, de l’écologue, du peintre ou encore du jardinier.

C’est donc plus le rassemblement d’arbres qui constitue pour le géographe un sujet d’étude, qu’il s’agisse d’espaces « naturels » ou d’espaces ruraux. Ce passage de l’arbre singulier

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à l’arbre en groupe est à l’origine de bien des discussions, à l’intérieur de la géographie bien sûr, mais aussi plus largement entre les différentes disciplines qui s’intéressent à l’arbre. On rappellera de ce point de vue les polémiques qui opposèrent en leur temps géographes et forestiers d’un côté, phytosociologues de l’autre concernant les nomenclatures phytosociologiques, les premiers contestant l’appellation de hêtraie pour des espaces justement dépourvus de hêtre.

Les critiques à l’égard d’une approche trop descriptive sont vite apparues. Dès lors se pose la question, simple en apparence, de la définition de la forêt. De l’arbre à la forêt, la définition est bien délicate, comme l’ont déjà évoqué les auteurs de l’ouvrage sur Les forêts d’Europe (Arnould, Hotyat, Simon, 1997). Les principaux dictionnaires consultés fournissent une définition minimale pour le mot forêt, plus ou moins proches et précises :

• Pour le Littré (Gallimard Hachette 1972,

tome 3, p. 1738), la forêt est un « vaste terrain planté de bois ; terrain couvert d’arbres exploités pour le chauffage, les constructions… ».

• Le Robert (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française 1973, tome 3, p. 78), nous dit « forest au XIIe siècle, du bas latin forestis (silva), forêt en dehors de l’enclos. Vaste étendue de terrain peuplé d’arbres ».

• Le Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse (1983, tome 4, p. 4393), écrit « ancien français forest, du bas latin (sylva) forestis (forêt) en dehors de l’enclos. Grande étendue de terrain couverte d’arbres qui occupent et couvrent cette étendue ».

• Le Trésor de la langue française 1789-1960 (dictionnaire de la langue française du XIXe et du XXe siècles, CNRS 1980, tome 8, p. 1076), précise « vaste étendue de terrain couverte d’arbres ; ensemble des arbres qui couvrent cette étendue ».

• La Nouvelle encyclopédie Bordas (1985, tome 4, p. 1950), évoque « vaste terrain planté d’arbres… Le mot forêt désigne un ensemble plus vaste que le mot bois ».

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Si aucune donnée chiffrée n’apparaît dans ces définitions pour fixer une surface minimale, une limite de hauteur, une densité d’arbres, néanmoins trois termes récurrents structurent le concept de forêts (Arnould, 1991).

D’abord arbre : Un arbre peut être défini de bien des manières. Pour le forestier, c’est la définition morphologique, physionomique qui prime : un arbre est un végétal avec un tronc distinct et une taille en général supérieure à 10 mètres à l’âge adulte. Plus petit, ce sera un arbuste ; sans tronc distinct, ce sera un arbrisseau. Un autre critère décisif est lié à une particularité anatomique : l’arbre est un végétal ligneux, c’est-à-dire qu’il fabrique des tissus de soutien constitués essentiellement de lignine et appelés bois.

Ensuite vaste : Le terme vaste pose moins de problème. Il fait référence à des notions de superficie. A partir de quelle étendue minimale parlera-t-on de forêt ? 1 ha, 10 ha ? La réponse n’est pas unanime, en particulier en France où entrent en concurrence avec le terme de forêt, les mots bois, boqueteaux, bosquets pour qualifier de façon floue des ensembles spatiaux plus ou moins étendus. L’Inventaire Forestier National (IFN) évoque « au moins 4 ha et une largeur moyenne en cimes d’au moins 25 mètres ». Un tel souci de précision démontre combien il semble difficile de cerner l’objet « forêt ».

Enfin couverture : L’utilisation du qualificatif couvert fait référence au taux de couverture, lié à des notions de densité d’arbres par unité de surface et qui suscite des interprétations variées comme les deux termes précédents.

1.3. Un élément supplanté par la forêt dans la

recherche biogéographique

L’un des plus anciens centres d’intérêts de la recherche

biogéographique française concerne les espaces et les milieux forestiers bien plus que l’arbre lui même, comme en faisait état Bernard Bomer en 1984 dans un numéro thématique des Annales de Géographie consacré à la « Géographie physique de la France ». L’auteur dressait le bilan des recherches menées

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par les biogéographes en ordre dispersé, au cours de la décennie 1970-1980, à propos de la forêt française. Ce thème de recherche et cet objet d’études renforcent leur intérêt scientifique avec la création en 1980 du Groupe d’Histoire des Forêts Françaises (GHFF), au sein duquel les biogéographes ont trouvé un enrichissement interdisciplinaire avec une orientation historique, permettant leur développement grâce à ce rééquilibrage « entre nature et culture » (Arnould, 1994a). En 1994 Paul Arnould, dans son Habilitation à Diriger des Recherches, écrit au sujet de l’apport du GHFF dans son approche sur les forêts françaises que « cette façon d’aborder l’histoire forestière avec le regard du biogéographe, attentif aux aspects du vivant et à l’inscription des phénomènes dans l’espace nous permet d’affirmer une originalité et de revendiquer une place particulière dans la construction des savoirs à propos de l’objet forêt » (Arnould, 1994b). Ce lourd héritage disciplinaire laisse peu de place aux îlots boisés et autres boisement épars, trop petits, trop dispersés, et s’explique par le faible effectif de biogéographes en France, mais aussi de la nécessité d’une incontestable cohésion pour revendiquer leur existence (Arnould, 1994a). Notons aussi la forte représentation des forêts domaniales dans les recherches d’un grand nombre de géographes travaillant sur la forêt (tableau 1).

Tableau 1. La forêt comme terrain d’études chez les géographes français.

(source : Répertoire des Géographes français, 1994)

Forêts domaniales françaises

Thèses et HDR

Travaux portant sur ces forêts

Ardennes HDR

Micheline Hotyat, 1990

Argonne (Meuse, Ardennes)

TE Jean-Paul Amat, 1999

Beynes (Yvelines)

Marcel Bournérias (naturaliste)

Bercé (Sarthe) TE

secondaire Pierre George, 1936

Bouconne (Haute Garonne)

HDR Micheline Hotyat, 1990

Jacques Hubschman

Clohars-Carnoët (Finistère)

Gabriel Rougerie, Gérard Riou

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Ecouves (Basse-Normandie)

TE Gérard Houzard, 1980

Fénétrange (Moselle)

HDR Micheline Hotyat, 1990

Fontainebleau (Seine-et-Marne)

HDR Micheline Hotyat, 1990

Georges Lemée (naturaliste)

Haute-Chevauchée en Argonne (Meuse ; Ardennes)

TE Jean-Paul Amat, 1999

Haye (Meurthe-et-Moselle)

TE Jean-Pierre Husson, 1987

Jean-Pierre Husson, Robin Degron,

Jean-Claude Bonnefont

Mormal (Nord) TE Jean-

Jacques Dubois, 1989

Perseigne (Sarthe)

Jeanne Dufour

Rambouillet (Yvelines)

Marcel Bournérias (naturaliste)

Saint-Gobain et Coucy-Basse (Aisne)

T3 Laurent Simon, 1988

TN Caroline Lohou, 1994

HDR Laurent Simon, 2000

Tronçais (Allier) TE René

Braque, 1978

(TE : thèse d’Etat ; HDR : Habilitation à Diriger des Recherches ; T3 : thèse de 3e cycle ; TN : nouvelle thèse)

Ce constat établi montre qu’au cours de la jeune histoire de la recherche biogéographique, l’intérêt s’est davantage porté sur les forêts domaniales pour lesquelles on dispose de nombreuses sources écrites pour ces anciennes forêts royales, seigneuriales ou abbatiales, plutôt qu’aux petits espaces boisés et paradoxalement aux arbres eux-mêmes.

C’est peut-être justement cette complexité qui explique les divers points de vue portés sur l’arbre par les géographes. Objets de nature pour les uns, éléments de l’agrosystème pour les autres ou encore lieu de culte et de vénération, l’arbre du géographe reflète les multiples approches d’une discipline à la charnière des sciences sociales et des sciences de la nature.

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2. L’arbre, un critère du diagnostic écologique 2.1. L’arbre, une limite écologique souvent

mentionnée

L’arbre est souvent présenté comme une limite écologique située entre deux formations végétales, offrant un gradient de transition (écotone), liée à des causes naturelles, zonales ou régionales (ex. : limite de masses d’air dans leur situation moyenne) ou locales (tous les éléments du site). Par exemple, l’olivier est l’arbre retenu dans la classique trilogie méditerranéenne (blé, vigne, olivier) pour définir les limites du domaine bioclimatique méditerranéen. Mais le chêne vert, le chêne liège et le cèdre sont des arbres qui délimitent aussi ce domaine (fig. 2).

Fig. 2. Limites biogéographiques de trois arbres méditerranéens. (Huetz de Lemps, 1994)

1. aire du chêne vert. 2. aire du chêne liège. 3. aire du cèdre. De manière conventionnelle, la forêt cesse lorsque les

arbres n’occupent plus que quelques sites favorables, lorsqu’elle devient de plus en plus clairsemée. Ainsi, la présence ou l’absence de l’arbre donne une limite à la forêt

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boréale, comme le classique écotone toundra/taïga (fig. 3). La carte ci-dessous montre la quasi superposition de la limite de l’arbre et de la ligne de Köppen (isotherme + 10°C en juillet nécessaire au développement de l’arbre).

fg. 3. Limites bioclimatiques dans le nord du Canada : ligne de Köppen et

limite de l’arbre. (M. Galochet d’après André et Godard, 1999)

2.2. Pourtant, l’arbre est un mauvais indicateur écologique

L’arbre ainsi utilisé comme limite écologique est

pourtant… l’un des plus mauvais indicateurs qui soit. Par leurs facultés d’adaptation, la plus grande partie des arbres existant dans un milieu donné peuvent se rencontrer dans des situations écologiques contrastées. Le hêtre, caractéristique de l’étage montagnard en domaine tempéré océanique, est aussi très largement représenté en plaine. Le chêne vert, souvent cité comme caractéristique des milieux méditerranéens, forme de grands peuplements en Vendée et se remarque également en plein cœur de Paris dans plusieurs espaces verts. Par leur amplitude écologique, les arbres ne sont en général que de

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piètres indicateurs écologiques. C’est aussi pour cela d’ailleurs qu’ils ont pu, à la faveur de maints voyages de botanistes, se développer hors de leur aire chorologique. Les XVIIe et XVIIIe siècles ont été le théâtre de multiples implantations d’arbres exotiques devenus depuis familiers. Ce n’est pas tant la présence de l’arbre que son port qui peut révéler des conditions particulières du milieu. J.-M. Palierne a bien montré les liens qui unissent l’hydromorphie du sol et les ports « torturés » de certains chênes de Vendée.

Les phytosociologues et phytoécologues ne se sont d’ailleurs que peu intéressés aux arbres. Leurs relevés de végétation font la part belle aux espèces herbacées, dont certaines, dites caractéristiques, sont inféodées à un type de milieu particulier. Le groupement végétal, censé refléter les caractéristiques du milieu, est avant tout basé sur l’analyse des listes de plantes non ligneuses, les arbres n’étant la plupart du temps même pas mentionnés. On observe pourtant un paradoxe dans la définition des groupements végétaux. La plupart d’entre eux portent des noms d’arbres, ceux qui devraient exister si la forêt n’avait pas été transformée. On parlera ainsi en phytosociologie de hêtraie calcicole pour qualifier un espace sans arbre mais où, d’après les relevés floristiques, les conditions sont telles que le hêtre devrait à terme (mais quand ?) occuper l’essentiel du couvert forestier.

2.3. L’arbre, « mémoire vivante » du temps

Certains arbres dépassent fréquemment les cinq siècles,

comme le chêne et l’érable, d’autres peuvent atteindre le millénaire comme le cèdre, le noyer, le châtaignier ou encore le tilleul, voire plus pour l’if. Au cours de sa vie, l’arbre subit des événements qui laissent leur empreinte indélébile au cœur de l’arbre, dans ses cernes (fig. 4). Leur largeur dépend des conditions locales de croissance (sol, concurrence avec les arbres voisins d’une part, circonstances climatiques d’autres part). Selon que les conditions climatiques ont été bonnes ou mauvaises, le cerne est plus ou moins large. Les différences

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interannuelles de la largeur des cernes sont proportionnelles à l’intensité du facteur écologique (la température ou la pluviosité). L’observation des cernes de croissance permet donc de déduire les conditions qui ont accompagné la vie de l’arbre et de percevoir les accidents climatiques et le stress enduré. Les climatologues utilisent les arbres pour explorer la mémoire du temps à l’aide de la dendrochronologie. L’arbre étant un organisme intégrateur, les recherches en dendroclimatologie ont démontré que la variation du climat influence la structure même du bois. Sa densité varie avec la pluviométrie : aux périodes pluvieuses correspond une densité faible. A l’inverse, les périodes de sécheresse et de fortes températures se traduisent par une densité maximale. Véritable « mémoire vivante » du temps, les arbres enregistrent donc les variations climatiques passées.

Fig. 4. Les cernes de croissance d’un arbre. (Gadant, 1998, tiré de Wald und Umwelt)

Si l’écologie de l’arbre en fait un mauvais indicateur du

temps présent, sa longévité lui confère un rôle de mémoire. Mémoire des climats passés mais aussi mémoire des relations des sociétés à leur milieu. D’objet naturel, l’arbre devient document d’histoire, témoignage des rapports de l’homme à la Nature.

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3. L’arbre, un témoin des relations historiques et sociales complexes

3.1. L’arbre, un indicateur historique des choix

sylvicoles anciens

Les espaces boisés et forestiers sont un véritable produit

de l’histoire et portent en eux les traces des modes de gestion passés visibles encore aujourd’hui dans leurs structures forestières (Husson, 1988), révélant des modèles sylvicoles hérités et des traditions forestières marquées, particulièrement affirmés en Pologne en raison de l’annexion prussienne subie pendant plus d’un siècle, de 1772 à 1918 (fig. 5). Les partages du territoire ont fait passer l’essentiel de la Pologne occidentale sous influence prussienne. Cette occupation a eu des conséquences sylvicoles importantes puisque les traditions forestières prussiennes dominantes ont affecté et remodelé le territoire considéré (Galochet, 2002).

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Fig. 5. Les partages de la Pologne au XVIIIe siècle. (Galochet, 2002, d’après Beauvois, 1995)

L’héritage sylvicole de l’annexion prussienne en

Pologne occidentale est surtout marqué par un modèle impérialiste diffusant la futaie régulière et imposant le pin sylvestre comme arbre souverain des forêts de cette partie de la Pologne. Dès lors, l’enrésinement se propage sur l’ensemble du territoire annexé pour répondre à des besoins de production en bois dans cette période d’essor industriel en Europe occidentale. De cet héritage subsistent encore aujourd’hui de nombreuses formations ligneuses monospécifiques et équiennes (de même âge) composées le plus souvent de pins sylvestres (Pinus sylvestris) ; c’est le modèle impérialiste prussien de la futaie régulière (fig. 6).

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Fig. 6. Une futaie régulière de pins sylvestres formée sur le modèle prussien. (sud de Poznan, Grande Pologne, septembre 1999, cliché M. Galochet)

Cette sylviculture consiste à former des futaies à courte

révolution, artificiellement régénérées par plantation d’arbres nés en pépinières. Cela s’exprime par des peuplements purs, composés d’une seule essence, résineuse généralement, en régime de futaie où les arbres sont sensiblement de même âge et de même diamètre. Le regroupement des cimes des arbres, à la même hauteur, forme une canopée continue, et on parle de futaies à « un seul étage uniforme ». Les essences résineuses sont privilégiées, en particulier le pin sylvestre et l’épicéa, car leurs exigences écologiques sont médiocres (essences frugales, assez peu longélives, tolérant la pauvreté minérale, acceptant tous les types de sols, même calcique, ne craignant ni le froid, ni la sécheresse), et leur croissance rapide permet d’exploiter les parcelles avec des révolutions d’environ cinquante à soixante ans. Une fois la parcelle récoltée sur un échéancier rapproché, de jeunes plants sont repiqués pour suppléer à la déficience d’une régénération naturelle (au premier plan de la photo). Une diversité structurale s’observe alors dans les milieux forestiers créée par une multitude de situations de stade de développement liées à la succession de coupes à blanc intra-forestières à révolution assez rapide et par la durée des cycles sylvoculturaux. En revanche, ces futaies régulières de pins sylvestres réduisent la diversité végétale des forêts et des îlots boisés par l’augmentation excessive du taux de recouvrement et

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présentent une grande régularité structurale par la monospécificité et l’homogénéité des classes d’âge.

Le pin sylvestre (Pinus sylvestris) est l’arbre souverain des forêts polonaises actuelles qui a accompagné le modèle sylvicole prussien au XIXe siècle. La couverture forestière polonaise « est le domaine de Pinus sylvestris qui règne sur plus des deux tiers de la surface ». Sa large diffusion contribue à un mouvement forestier de grande ampleur appelé « enrésinement ». L’enrésinement est un boisement effectué en résineux (pin, sapin, épicea), qui est considéré bien souvent comme un moyen de mise en valeur de terres incultes ou de bois peu productifs. Paradoxalement, le pin sylvestre est une essence peu productive (4 à 10 m3 /ha/an), qui par ailleurs se trouve desservie par l’excessive flexuosité et nodosité des grumes. Mais son emploi massif s’explique par ses trois principales caractéristiques écologiques suivantes :

• Sa rusticité par rapport au climat : tolérant au froid et à la sécheresse estivale ; débourrement plutôt tardif ; par rapport au sol : il tolère l’acidité et l’hydromorphie, la pauvreté en éléments minéraux, mais il est plutôt intolérant au calcaire.

• Sa longévité en plaine limitée à 80-100 ans, plus élevée en altitude.

• Sa croissance juvénile assez rapide. D’autre part, les résineux possèdent une valeur

commerciale estimée en général bien supérieure à celle de certains feuillus compte tenu de leur durée de croissance plus rapide, de leur capacité à fournir du bois d’œuvre de plus grandes dimensions et en quantité plus importante, autant de qualités qui conviennent parfaitement aux techniques traditionnelles de la papeterie, et qui apportent un gain de rentabilité régulier pour la filière bois. Des arguments productivistes qui assoient la souveraineté des résineux dans les forêts polonaises. En conséquence, ils ont été progressivement favorisés au cours des aménagements successifs, et ont été introduits en substitution des feuillus. L’enrésinement a été souvent accéléré et amplifié par la coupe totale de la forêt

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d’origine et son remplacement par un peuplement artificiel de résineux.

Ainsi, cette transformation, affectant massivement l’Europe centrale, a entraîné un appauvrissement de la flore et de la faune et surtout une modification importante des sols. Ces héritages sylvicoles entraînent des dynamiques forestières simplifiées mais à forte diversité. Ces milieux forestiers façonnés par l’homme au cours de l’annexion prussienne, longtemps contestés pour leur aspect inesthétique, sont perçus aujourd’hui comme un élément du patrimoine paysager polonais.

3.2. Arbres du patrimoine, traces du temps et traces

des gens

Autrefois attachés à des coutumes, associés à des petits

édifices du patrimoine rural (calvaire, chapelles…) ou naturellement développés sur des talus, dans les zones difficiles d’accès, les arbres isolés ponctuent les espaces, racontent une histoire, évoquent la mémoire d’un lieu (Larrère et Nougarède, 1993 ; Pointereau et Bazile, 1995). Plantés seuls ou en groupes, ils témoignent d’un passé où l’arbre mythique des croyances gauloises était associé aux symboles messianiques, où le végétal était au profane ce que la croix symbolisait de sacré. Ces arbres qui traversent le temps, représentent bien des symboles vernaculaires (Corvol, Arnould et Hotyat, 1997).

Par ailleurs, les arbres remarquables, de par leur âge, leur taille, leur morphologie, leur dimension, ou leur histoire constituent de véritables pièces de musée qui participent au patrimoine culturel d’un pays (Hotyat et Galochet, 2001). Trois exemples parmi d’autres témoignent de la représentation symbolique et sacrée des arbres remarquables. La forêt de Rogalin en Grande Pologne, au sud de Poznan, et ses célèbres chênes multiséculaires, portant le nom des mythiques frères slaves, russe, tchèque et polonais (Rus, Czech et Lech) qui ont enraciné ces pays dans l’histoire de l’Europe centrale ; ou encore, cet if évidé de La Haye-de-Routot (Eure), de 9,50 mètres de circonférence qui abrite une statue de la vierge, et

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dont les abords ont été aménagés en reproduisant en miniature la grotte de Lourdes. Enfin, ce chêne millénaire d’Allouville-Bellefosse (Seine-Maritime), de 15 mètres de circonférence qui porte deux chapelles superposées auxquelles on accède par un escalier tortueux. De tels exemples prouvent l’attachement psychologique des hommes à ces individus biologiques et leur besoin de les pérenniser afin de défier la mort. Ce rapport passionnel entre l’homme et l’arbre ne vient-il pas du fait que les arbres et les forêts ont depuis toujours exercé une sorte de fascination sur notre imaginaire (Corvol, 1987 ; Corvol, Arnould et Hotyat, 1997 ; Simon, 1997) ?

J. Brosse comme R Harrisson ont bien montré l’ancrage de l’arbre et de la forêt dans les mythologies européennes, celles des régions méditerranéennes, à l’image de Zeus dans la forêt de Dodone, celles des régions nordiques fondées sur l’arbre primitif, Ygdrasil ou Irminsul, unissant le ciel et la terre. L’arbre, aujourd’hui encore, est investi de significations multiples qui reflètent son anthropomorphisation : arbre du Maréchal Pétain fusillé à la Libération en forêt de Tronçais ; arbre-président des communes du Jura ; deux exemples parmi d’autres de cette dimension humaine de l’arbre. Les arbres représentent aujourd’hui un patrimoine naturel vivant, protégé, aménagé et géré par l’homme et pour l’homme, en fonction de ses besoins mais aussi de ses rêves et de ses fantasmes.

Conclusion : L’arbre, réalité et symbole de la nature

Après le temps du mépris de l’arbre, après des siècles

au cours desquels la forêt était perçue comme menaçante, succède une ère d’idéalisation du patrimoine boisé et le sentiment que celui-ci est menacé. Ce déplacement symbolique de l’arbre et de la forêt conjugué au besoin pressant de nature de la part des citadins, donne un poids réaffirmé à l’arbre ; il devient réalité et symbole de la nature, de la biodiversité et de l’environnement.

Pour plus de 97 % de Français interrogés par des enquêtes d’opinion ces dernières années, l’arbre et surtout la forêt symbolisent l’image de la nature (Arnould, 2000). Il y a là

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un véritable phénomène de société, qui représente un formidable champ d’investigation, entre nature et société, idéal pour le géographe. L’arbre est devenu le symbole de la vie, et les forêts un patrimoine de la nature, dont la sauvegarde préoccupe et suscite des débats passionnés dans les associations de protection de la nature comme au niveau international lors de grands rendez-vous mondiaux tels que le Sommet de la Terre à Rio en 1992 ou celui de Johannesburg, en Afrique du Sud, en 2002.

Marc GALOCHET * et Laurent SIMON ** Centre de Biogéographie UMR 8505-CNRS/ENSLSH

* Université Paris IV-Sorbonne - 191 rue Saint-Jacques - 75005 Paris

** Université Paris I-Panthéon/Sorbonne - 191 rue Saint-Jacques – 75005 Paris

1. La région forestière correspond aux divisions écologiques de la couverture forestière. Elle est numérotée selon le département qui l’inclut en totalité ou en partie. Les 2 premiers chiffres de la numérotation correspondent au numéro du département. 2. La base de données de l’IFN – consultable sur le site internet http://www.ifn.fr – est présentée sous forme de données chiffrées brutes, par surface du territoire, par surface boisée, par volumes, accroissements, recrutements, par surfaces terrières et enfin par effectifs, nombre estimé de tiges.

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