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Sur le plateau qui tutoie les étoiles À LA UNE Découvrir le Dévoluy, c’est obligatoirement en tomber amoureux. Ici, on est plus près du ciel et des étoiles ; ce ne sont pas les chercheurs de l’IRAM qui diront le contraire. Terre bénie pour les alpinistes, les randonneurs et les spéléologues, ses pentes sont aussi accueillantes, l’hiver venu, pour les passionnés de glisse. Pendant longtemps, terre d’estive pour les ovins venus de Crau, aujourd’hui les grands cheptels sont sédentaires. Découverte... Par Michel Egéa / Photos : Thierry Garro I JANVIER 2014 I 41 DU Cap sur... Le Dévoluy 40 I JANVIER 2014 I DU

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Le Dévoluy Sur le plateau qui tutoieles étoiles

À LA UNE

Découvrir le Dévoluy, c’est obligatoirement en tomber amoureux. Ici, on est plus près du ciel et des étoiles ; ce ne sont pas les chercheurs

de l’IRAM qui diront le contraire. Terre bénie pour les alpinistes, les randonneurs et les spéléologues, ses pentes sont aussi accueillantes,

l’hiver venu, pour les passionnés de glisse. Pendant longtemps, terre d’estive pour les ovins venus de Crau, aujourd’hui les grands cheptels

sont sédentaires. Découverte... Par Michel Egéa / Photos : Thierry Garro

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Le Dévoluy

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Luc Bernard :Bienvenue en terre de vraienature...

Herboriste, paysan cueilleur, accompagnateur en moyenne montage et gérant d’un gîte

d’étape, Luc Bernard nous a guidés dans la découverte du Devoluy, terre où sont ancrées ses racines, terre parcourue pendant

des heures et des heures et dont il connaîtles moindres beautés, cachées ou non.

Par Michel Egéa / Photos : Thierry Garro

orsqu’on entre en Dévoluy par le col du Festre (1441 m) c’est l’immensité du plateau enneigé qui, au premier regard, frappe le visiteur. On est bien loin de la vallée alpine «traditionnelle», encaissée et presque écrasée par les montagnes qui la bordent. Ici c’est l’espace qui impose la

neige immaculée et ses cristaux qui scintillent, allumés par les rayons d’un soleil s’épanouissant au cœur d’un ciel bleu d’acier. Le Dévoluy, ce pays «si sauvage qu’on n’y entend pas le rossignol une fois en cinquante ans» à en croire Victor Hugo qui le décrit ainsi en 1862 dans «Les Misérables». Sau-vage, assurément. Pour de multiples causes. C’est Luc Bernard qui tente les explications. «On entre et on sort dans le Dévoluy par deux routes seulement. Et jusqu’à il y a peu, la dangerosité des accès a pénalisé le territoire.»

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LE DÉVOLUY

Comme pour nous prouver la véracité de ses dires, c’est à La Cluse qu’il nous a donné rendez-vous pour nous montrer l’ancienne route encadrée par la clue, une impressionnante porte minérale à l’entrée du village. «À l’époque, cette route était régulièrement coupée par les éboulements ou par les caprices du torrent de l’Abeou.» Le petit village de La Cluse a conservé tout son charme. Chapelle, four à pain, lavoir, école : tout est encore en place et rappelle que la commune comptait plus de 430 habitants. Ils ne sont plus que 56 re-censés officiellement en 2010. Et tout juste une dizaine hors saison à en croire la fumée qui s’échappe des cheminées en ce petit matin suivant les premières neiges. Une quiétude éton-nante et beaucoup de douceur dans les couleurs font de cette visite un moment hors du temps.

40 % de la flore françaiseLe temps d’enchaîner les lacets du Col de Festre et c’est la découverte dont nous parlons plus haut. «Il fait grand beau, vous avez de la chance, nous glisse Luc, car les jours précé-dents nous avions du brouillard. Les anciens disent que c’est à cause du lac artificiel du Sautet qui a été créé dans les an-nées 1930 en Isère, vers Corps.» Devant nous la statue de la vierge est fleurie. Elle veille sur un paysage beau à couper le souffle. «D’ici on a une belle lecture du territoire. Tout ce

Luc Bernard nous accueille aux portes du Devoluy, à La Cluse. Bienvenue sur un plateau où le charme des villages a été préservé et où la religion est très présente.

ICI, ON ÉCOUTE LE CHANT DES ÉTOILES

onstruit à plus de 2 550 mètres

d’altitude sur un plateau bordant le Dévoluy, l’obser-vatoire du Plateau de Bure est l’un des radiotéles-copes les plus performants au monde. Des astro-nomes du monde entier l’utilisent pour mener leurs recherches. Il est composé d’un réseau d’antennes de 15 mètres de diamètre, chacune d’elles étant équipée d’un système de réception de haute sensi-bilité approchant la limite quantique. Deux longues voies, placées sur des axes nord-sud et est-ouest permettent de changer la disposition des antennes sur une distance maximale de 760 mètres.Actuellement, l’observa-toire fait l’objet d’un déve-loppement majeur. Il s’agit de NOEMA (NOrthern Extended Millimeter Array), le successeur de l’obser-vatoire du Plateau de Bure, fera partie d’une nouvelle génération de radiotéles-copes. Il sera en mesure de voir la formation des premières galaxies dans l’Univers, de comprendre le rôle des trous noirs au centre des galaxies et de détecter des molécules complexes à la recherche des éléments clés de la vie. Doté de 12 antennes,

de 2000 mètres de voies et d’une technologie de pointe, NOEMA sera le radiotélescope millimé-trique le plus puissant de l’hémisphère Nord. Son achèvement est prévu pour 2018. L’IRAM est un institut international de recherche en radioastro-nomie millimétrique qui se consacre à l’exploration de l’Univers ainsi qu’à l’étude de ses origines et de son évolution. Fondé en 1979 par le Centre National de la Recherche Scientifique en France et la Max-Planck Gesellschaft en Allemagne, puis élargi en 1990 à l’Instituto Geográfico Nacional en Espagne, l’IRAM est un modèle de coopération scientifique multinationale. L’institut, dont le siège social est à Grenoble, emploie plus de 120 scientifiques, ingénieurs, techniciens et employés administratifs et exploite deux sites d’ob-servation : celui de Bure et un télescope de 30 mètres situé au Pico Veleta près de Grenade en Espagne.

C

C’est un décor digne d’un film de James Bond

qui est visible sur le plateau de Bure. Mais cette

haute-technologie là n’est pas du cinéma.

ICI C’EST L’ESPACE QUI MAGNIFIE, IMPOSE LA NEIGE IMMACULÉE ET SES CRISTAUX QUI SCINTILLENT, ALLUMÉS PAR LES RAYONS DU SOLEIL.

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La résurgence des Gillardes dominée par la paroi des Voûtes. Le Puits des Bans haut lieu pour les spéléologues. À Giers-le-Courtil Sébastien et Magali sortent encore leurs ovins malgré la première neige.

qui est blanc, ce sont les pâtures à moutons. Il est intéressant de remarquer que là où il y a des frênes, ce sont les endroits où les gens se sont installés car il y a de l’eau et 40 % de la flore française est représentée dans les trois étages de végé-tation. Notez aussi que les résineux poussent dans les adrets et les feuillus dans les ubacs. «Ici, poursuit notre guide, c’est la montagne en liberté. Un paradis pour les randonneurs. À pied l’été, à ski l’hiver. Tous apprécient beaucoup cette suc-cession de grands vallons.» Et Luc Bernard le premier. Ac-compagnateur en moyenne montagne il connaît les coins et les recoins du Dévoluy. Et bien entendu les vertus des plantes et herbes qu’il y cueille. Savez-vous, par exemple, que la sève printanière du bouleau blanc permet de faire d’excellentes cures dépuratives ? Les anciens le savaient, eux.

Années 60 : l’arrivée des salles de bainDes anciens qui, jusqu’au milieu du siècle dernier, vivaient quasiment en autarcie. André Borel ( lire le portrait en page 48) se souvient... «À l’époque il valait mieux ne pas louper la récolte de pommes de terre. Chaque ferme avait ses co-chons, ses poules, sa vache et ses brebis. En règle générale, ce sont les revenus du lait qui permettaient d’aller en ville pour acheter ce qu’on ne trouvait pas dans la vallée. En ville, ou plus simplement auprès du marchand ambulant qui passait ici régulièrement. On cardait aussi la laine et on faisait des matelas sur place.» André Borel se souvient aussi de l’arri-

vée des premières salles de bain dans les années 60. «C’était une révolution. Car dans la majorité des familles il n’y avait qu’une pièce à vivre et les chambres étaient partagées. Chez nous je dormais avec mes parents et mes grands parents avec mon oncle. Puis les lieux d’habitation étaient très proches de l’étable pour bénéficier de la chaleur naturelle des bêtes. J’ai même connu le facteur qui effectuait sa tournée à cheval.»

Refuge et phare à la foisLuc Bernard, lui, venait passer les vacances dans sa famille restée en Dévoluy. Il se souvient de son grand père, rescapé de la Grande Guerre, grièvement blessé cependant, et qui avait été affecté comme gardien du refuge du Col du Noyer. Situé à 1664 m d’altitude, ce col est le passage qui permet de relier le Dévoluy au Champsaur. La route qui y mène a été ouverte en 1850. Aujourd’hui elle est surtout une route touristique et appréciée des cyclistes. «Ce sont les Espagnols qui l’ont terminée à la pelle» nous dit André Borel. Mais revenons au grand père de Luc Bernard qui habitait dans le refuge Na-poléon construit ici en 1858 (lire en page 46). «Par temps de brouillard, confie le guide, le grand père sortait toutes les quatre heures avec une lanterne et tournait lentement autour du refuge. C’était pour, éventuellement, guider les randon-neurs dans la détresse. Ce qui était assez fréquent car le col du Noyer était assez fréquenté. » Un refuge de haute montagne comme un phare, en quelque sorte !

CARTE D’IDENTITÉ2�Population1017 habitants en 2010 (source INSEE).

2�Superficie18 637 hectares.2�GentiléDévoluard et dévoluarde.2�Signe particulierA la suite de la promulgation de la loi de décembre 2010, depuis un an, le Dévoluy est une nouvelle commune née de la fusion de quatre villages : Saint-Etienne-en-Dévoluy, Agnières-en-Dévoluy, Saint-Disdier-en-Dévoluy et La Cluse.

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LE DÉVOLUY

Plein de trous, de p’tits trousEn Dévoluy, hors les autochtones point de salut ? Pas vrai-ment. Car le plateau, comme le confie Luc Bernard, «c’est un véritable gruyère. Vous remarquerez, poursuit le guide, que sur les 190 km² du territoire, ne coule qu’une rivière, la Souloise. C’est lié à la nature de la roche, du calcaire, qui est très friable. L’eau s’y engouffre facilement et, au fils des siècles, des centaines de cavités ont été créées naturellement. Et toute l’eau du sous-sol ressort aux Gillardes, la plus importante résurgence de France après fontaine de Vaucluse (lire en page 46). Les cavités sont au nombre de 600, sur les 800 recensées dans le département. On les appelle les chourums. Je pense que ce nom vient de l’arabe car chou-rum veut dire gouffre.» Et de se souve-nir qu’en 1896 Edouard-Alfred Martel fut le premier spéléologue à explorer le chourum Martin. « Il avait fait appel à la population locale pour l’aider dans sa descente, nous dit le guide. Les habitants étaient venus avec des cordes, des échelles et une ’escarpo-lette’ planche tenue par des cordes, sur laquelle l’explorateur avait été descendu jusqu’à 70 mètres de fond.»Aujourd’hui le Dévoluy est une fabuleuse terre d’aventure pour les archéologues comme le plus profond, celui de la

Rama, le plus glacé et volumineux, celui du Clot et le plus mystérieux, celui du Puits des Bans qui est un chourum, mais aussi une exurgence qui intéresse les spécialistes depuis 1934.

Des clapiers pour les moutonsDepuis la nuit des temps, le Dévoluy est une terre de pastora-lisme. L’été, les immenses pâturages accueillaient les mérinos

d’Arles, transhumants depuis la Crau. Les bergers prenaient leurs quartiers dans la montagne. Et les clapiers sont nés au fil des années. Car comme on disait souvent à l’époque, «au Dévo-luy, on ne sait pas ce qu’ils sèment, mais chaque année ils récoltent des pierres.» Et ces pierres, entassées les unes sur les autres afin de libérer l’herbe pour les ovins, forment les clapiers. «Dans les années 50 plus de 30 000 moutons arrivaient de la Crau,

nous dit Luc Bernard. Pourquoi les moutons ? Parce que les vaches c’était trop cher et parce que les chèvres bouffaient les arbres. Puis le mouton c’était, et c’est toujours, de la valeur ajoutée : viande, laine et lait des brebis. La promenade dans l’histoire se termine en Dévoluy. Nous aurions pu encore raconter beaucoup de choses. Mais le mieux, c’est que vous alliez sur place. Vous verrez, ça vaut vraiment le coup !

1 APPELÉ DEVOLUY DEPUIS 1248

Selon Yvan Chaix, enfant du pays qui fut directeur de l’office de tourisme du Devoluy, auteur de «Dévoluy, traces et mémoires», le vocable Dévoluy apparaît pour la première fois en 1248 sous la forme Devolodio provenant du latin devolvit (a roulé, a précipité) en référence aux spectaculaires éboulis du plateau.

2 DE LA NEIGETOUS LES MOIS

On dit souvent long comme l’hiver en Dévoluy... L’expression plait à André Borel (lire en page 49) : «Je ne connais pas un massif comme le notre ou on a vu de la neige tomber tous les mois, même en août. Je me souviens même avoir été obligé de redescendre les bêtes dans la bergerie un 2 septembre !»

3 UN DEVOLUARDSUR LE RADEAU DE LA MÉDUSE ?

Un dévoluard figure-t-il sur le radeau de la Mé-duse? il semble que ce soit Alexandre Corréard, né à Serres. Il embarqua à bord de la frégate en tant qu’ingénieur-géographe et serait l’homme du groupe principal qui tend son bras vers l’horizon.

LES INFOS À CONNAÎTRE

3 A Superdevoluy, c’est Livio Benedetti qui a créé la sculpture en hommage à René Demaison. Le four à pain de La Cluse a été restauré et fonctionne parfaitement et sur tout le plateau, chaque hameau possède sa chapelle.

PAR BROUILLARD, LE GRAND PÈRE SORTAIT TOUTES LES QUATRE

HEURES AVEC UNE LANTERNE ET TOURNAIT

AUTOUR DU REFUGE.

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LES ENDROITSSECRETS ET INSOLITES

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Les Gillardes : dans un cadre majestueux, au

pied de la falaise des Voûtes, cette double résurgence est la seconde source de France après celle de Fontaine de Vaucluse. Mais si le mystère des origines de l’eau est tou-jours d’actualité pour Fontaine, concernant les Gillardes on sait que ce sont les eaux qui s’infiltrent dans les roches calcaires fissurées du Dévoluy qui les alimentent.

1 Si les spécialistes pour-suivent leurs études sur

l’emplacement et la fonction de Mère Église (lire ci contre), l’un des rochers, sur lequel est bâti l’édifice religieux, est l’objet d’une sollicitude toute particulière de la part de certaines personnes. En effet, on lui prête une puissance tellurique et quelques pouvoirs, tant et si bien que certains n’hésitent pas à en prélever un échantillon !

Dans le cimetière de Mère Église, on peut voir

une stèle commémorant la mémoire de René Demaison. L’alpiniste était amoureux du Dévoluy où il avait ouvert de nombreuses voies un peu partout dans les massifs. René Demaison, dont les cendres ont été dispersées ici, selon ses dernières volontés, était ami de «Théo», le curé du lieu qui repose à proximité de la stèle de l’alpiniste.

Le plateau du Dévoluy offre un paysage marqué

par sa minéralité. Peu de végétation et de nombreux éboulis calcaires sont le lot sur les contreforts des montagnes qui le bordent. À l’entrée de la vallée, par La Cluse, on peut voir, sur la droite, la Tête de la Cluse culminant à 2083 m. Tout autour du rocher émergeant se trouve une «casse» comptant parmi les plus grandes en Europe.

Le col du Noyer marque le passage entre la vallée

du Champsaur et celle du Devoluy. Sa route, qualifiée de «pittoresque», n’est ouverte que quelques mois par an. Le refuge qui fut inauguré en 1858 au col est l’un des refuges «Napoléon» réalisés avec un don de ce dernier qui avait tenu à remercier ainsi les Haut-Alpins pour leur accueil à son retour de l’île d’Elbe.

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Où se loger ?Le Dévoluy est avant tout un lieu de villégiature familial. Tous modes d’hébergement confondus, la capacité d’accueil du plateau est d’environ 20 000 lits. Dans cet environnement, de nombreuses résidences de vacances ont été réalisées gé-rées par divers organismes spécialisés. En ce qui concerne les hôtels, il y en a quatre sur le territoire. À Superdévoluy, LesChardonnelles *** propose chambres et appartements. À la Joue du Loup Le Refuge de l’Eterlou*** propose 30

chambres dont 6 familiales. À Saint-Étienne en Dévoluy, La Souloise est une auberge bistrot de pays qui propose quelques chambres et à Saint-Disdier, La Neyrette** dis-pose de 12 chambres. Chambres d’hôtes, gîtes d’étape et gîtes ruraux se par-tagent ensuite le marché. Avec ou sans épis, qui sont à ces hébergements ce que les étoiles sont à l’hôtellerie, les chambres sont dans leur majoritairement installées dans les chalets et maison des propriétaires. L’accueil est géné-ralement chaleureux, les petits-déjeuners copieux et soi-

gnés. Dans certains cas il y a possibilité de prendre son repas du soir chez l’accueillant. L’occasion, comme à La Tourlette, à Saint-Étienne en Dévoluy, d’échanger et de partager un mo-ment de convivialité avec les propriétaires. Au haut Gicon, dans son gîte du Cabanou, Christine, la pro-priétaire a installé un espace détente (notre photo) apte à satisfaire une clientèle de plus en plus friande de ce service. Piscine intérieure, sauna, jacuzzi à trois places invitent à la re-laxation. Et pour les amateurs d’exotisme et de dépaysement, au col du Festre, c’est dans une yourte que Clairelyne vous propose de passer la nuit (notre photo). La nouvelle yourte en bois installée il y a quelques jours est superbe. Grand ou-verte sur le bois proche et la montagne, elle est une invitation à un doux tête à tête sous les étoiles du Dévoluy. Pour réserver votre séjour, une centrale est à votre disposition par téléphone au 04 92 58 91 91 ou sur www.ledevoluy.com. Vous pou-vez aussi contacter l’office de tourisme de Dévoluy par courriel à ot@ledévoluy.com.

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La Provence vient de lancer son «club montagne», avec une rubrique tous les mercredis dans le journal sur l’actualité des Alpes du Sud et des infos spécifiques sur laprovence.com rubrique loisirs/mon-tagne.

POUR EN SAVOIR +++

LE DÉVOLUY

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C’EST «LE»

MONUMENT

Où sortir le soir ?En saison hivernale, quatre établis-sements vous acueillent après le ski pour vivre de belles soirées ou de longues nuits, dansantes ou non.

A Superdévoluy, le Chourum vous propose quatre pistes fluo de bowling et des billards. Sans oublier les retransmissions sportives sur grand écran. Bar à bières, à vins et tapas. De 17 heures à minuit. Toujours à Superdévoluy, le Loft vous pro-pose sa déco qui décoiffe et une ambiance à nulle autre pa-reille tous les jours à partir de 17 heures. Ici aussi les billards sont accessibles et les retransmissions sportives sont sur grand écran. Du côté des discothèques, la Fournaise (à partir de 22h30) et le Chalet (à partir de 22 heures) accueillent les nightclubbers sept jours sur sept jusqu’à 5 heures. Ambiance garantie.Deux cinémas sont aussi ouverts pendant la saison : le Rex à Superdévoluy et La Tanière à la Joue du Loup.

Telle un phare sur un pro-montoire, Mère Église dresse sa flèche dans la pureté d’un ciel bleu immaculé. Mais que fait-elle là, cette chapelle dont on ne connaît rien de la construction, de la conser-vation, de la donation... Si chacun s’accorde sur le fait que c’est une église romane rurale qui peut être datée du XIe siècle, on se perd en conjectures sur cet élément du patrimoine classé depuis 1927 au Monuments historiques. Elle aurait été fortifiée avec un mur d’en-ceinte et des salles mises à jour en 1970 laissent penser que l’on soit ici en présence d’un castrum. À l’intérieur de l’église on peut voir une tribune ainsi que des peintures murales datées du XVe siècle et qui sont en plus ou moins bon état. Du côté du mobilier et autres objets qui s’y trou-vaient, beaucoup de choses ont disparu. Aujourd’hui c’est l’Asso-ciation des Amis de Mère Église qui veille sur les lieux et organise, chaque été, un festival de musique sous les voûtes de l’édifice. Les bénéfices de ce dernier participent à la tenue de fouilles et à la restauration de l’édifice. Des visites com-mentées ont lieu en juillet et en août. Se renseigner à l’office du tourisme.

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Cap sur...

Portraits de Dévoluards

ANDRÉ BOREL BERGER ET MONITEUR DE SKI

Agneau Dameur entre deux et dix heures le matin, éleveur la suite de la journée... Pascal Peyremorte perpétue à Tru-ziaud la tradition familiale de l’élevage. Et le garçon ne manque pas d’ambition pour ses agneaux. Pratiquant déjà la vente directe de viande dans un magasin tenu par son épouse à Superdévoluy, le jeune entrepreneur a décidé de maîtriser la chaîne de A à Z en créant un laboratoire lui permettant de cuisiner la viande d’agneau de proposer à sa clientèle des plats prêts à réchauffer. Autant dire que Pascal ne rechigne pas à la tâche.

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Mémoire André Borel est un personnage incontournable du Dévoluy. Une «personnalité» qui n’a pas son pareil pour conter la grande et la petite histoire du plateau. «Enfant, j’allais à l’école à ski, avec mes camarades. Des skis en bois, sans carres. Je me souviens qu’Émile Celses essayait de nous apprendre à skier. C’était à la montée du puits. Mais pendant dix ans je n’ai tourné qu’à gauche !» Son premier apprentissage du ski il le devra à son directeur d’études de l’école d’agriculture. «Un curé fantastique. Comme nous avions bien bossé, il nous a offerts une semaine de ski à Autrans, chez Jean Faure.» André Borel, berger l’été, suit les cours à l’école des métiers de la neige en hiver. Un diplôme de pisteur secouriste à la clé. Et à l’ouver-ture de Superdevoluy, à Noël 1966, le directeur de la station lui demande de venir enseigner le ski. En janvier 1967 il obtient son diplôme de capaci-taire. «Il y avait André Gaillard avec moi. Lui n’a pas obtenu le diplôme mais il a ouvert la première boite de nuit... Il a bien fait !» Berger, moniteur, aujourd’hui André, qui habite Truziaud, court toujours la montagne et parle de «son» Dévoluy avec de la lumière dans yeux et de la passion dans la voix.

PASCAL PEYREMORTE ÉLEVEUR ET DAMEUR

Portraits de Dévoluards

LE DÉVOLUY

Caractère Si vous aimez le fromage de brebis, ne cherchez pas plus loin. En tomme, frais ou moelleux, celui élaboré à Giers-le-Courtil par Véronique Serres vaut le déplacement. Et consacre la volonté d’une femme qui, du jour au lende-main, a décidé d’embrasser ce métier qui n’est pas des plus simples. Et pour s’occuper d’un cheptel de 200 têtes, c’est Michel son mari, qui est à l’ou-vrage. Dans leur ferme des Chanterelles, agneaux et brebis sont élevés. Pour le fromage, mais aussi pour la viande. Au fait, les yaourts au lait de brebis et myrtilles valent aussi le déplacement.

VÉRONIQUE SERRES FROMAGÈRE

RÉMI CHAIX AGRICULTEUR ET COLLECTIONNEUR DE TRACTEUR

Mécanique À quelques encablures du village de La Cluse, aux Garcins, Rémi Chaix, agriculteur et éleveur, soigne une passion éton-nante, celle pour les anciennes machines agricoles. Batteuses, moteurs, mais aussi tracteurs historiques dorment dans les garages et hangars de sa monumentale ferme dévoluarde. Un Fiat à chenilles de 1952, un MAN de 1959 ou encore un Renault - Nuffield de 1960 comptent parmi les plus belles pièces qu’il présente au public à l’occasion des grandes fêtes de la saison estivale. Chaque pièce de la collection étant en parfait état de marche.

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FAMILLE GUY-ALLARDÉLEVEURS ET COLLECTIONNEURS DE SONNAILLES

Tradition Ce qui est remarquable, lorsqu’on rencontre les jeunes éleveurs du Dévoluy, c’est de constater combien ils sont passionnés et loin, très loin, de tous les clichés liés à l’exode rural. Certes, cet exode a eu lieu, mais ceux qui sont re-venus, et ceux qui sont restés, entendent bien vivre et travailler au pays. Magali Allard et Sébastien Guy font partie de cette dernière catégorie. Le jeune couple, est à la tête d’un troupeau de 800 têtes et d’une collection de plus de 200 sonnailles qui sont toutes utilisées. Les cloches ont des vertus multiples, depuis le fait de faire fuir le loup jusqu’à la reconnaissance auditive d’une brebis par temps de brouillard. Dans le garage, c’est le père de Sébastien Guy qui astique les sonnailles. Huile de lin pour le bois, huile de pied de bœuf pour le cuir. Et à l’étage, dans leur demeure, le jeune couple expose pour son plaisir les plus belles et plus anciennes pièces avec des colliers de bois sculptés de façon admirable. Un autre pan peu connu du patrimoine dévoluard.

Cap sur...

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Elles ont vu le jour à dix ans d’intervalle. Superdévoluy en 1966, La Joue du Loup

en 1976. Dix ans d’écart et deux conceptions complémentaires. Le grand navire d’un côté,

pour un ski jeune et festif, les immeubleset chalet «cosy» de l’autre pour des vacances

familiales et reposantes. Et au centre,un domaine skiable, qui satisfait les skieurs

alpins de tous niveaux. Sans oublierun intéressant espace nordique.

s

Les stations

oleil, ciel bleu et neige étincelante pour Superdévoluy, la der-nière née des stations des Alpes». Le 17 décembre 1966 le titre s’affiche à la «une» du Dauphiné Libéré. C’est le point de dé-part d’une histoire qui se poursuit encore de nos jours. His-toire qui se construit à coups de construction de résidences, d’installation de remontées mécaniques, de réalisation de chalets de montagne. Dix ans plus tard c’est La Joue du Loup qui ouvre ses re-montées mécaniques. Étouffant d’un coup d’un seul cette jalousie d’Agnières-en-Dévoluy envers Saint-Etienne et son Superdévoluy. Sur un si petit plateau, de si grandes rivalités entre communes si proches pourraient prêter à sourire... Si elles n’avaient pas existé. Et ces rivalités ne s’éteindront pas de sitôt. Tant et si bien que la jonction entre les deux domaines aura bien du mal à se faire. C’est Clochemerle à la puissance dix. Mais tout arrive avec la fusion des deux sociétés d’exploi-tation. Économiquement, Agnières-en-Dévoluy vivra encore quelques années de galère avant de sortir par le haut il y a une dizaine d’années. La création d’une seule commune, il y a un an, venant conforter l’unicité du domaine skiable. Lorsqu’on demande à Jean-Marie Bernard, le maire de Dévo-luy, ce que pèse économiquement l’activité touristique hiver-

nale, il n’hésite pas une seconde : c’est 100 millions d’euros par an dont 1/10e issus de l’activité des remontées mécaniques. Quant à l’exploitant de la station il dispose d’une délégation de service public jusqu’en 2029 pour exercer son activité.Pour Jean-Marie Bernard, «En matière de domaine skiable et d’organisation des pistes nous ne sommes pas loin du maximum.» Et de poursuivre : «Aujourd’hui, nous n’avons de cesse de trouver un équilibre entre une forte activité an-cestrale, le ski et le tourisme. Il ne faut pas oublier que nous comptons une cinquantaine d’éleveurs passionnés en activité sur le territoire. Nous devons donc développer des activités de pleine nature autour du ski qui soient complémentaires de ce qui existe déjà. De plus nous devons tenir compte des notions

L’UN DES AXES DE DÉVELOPPEMENT DES ACTIVITÉS TOURISTIQUES

ET SPORTIVES DU DÉVOLUY C’EST L’ACCUEIL DE SPORTIFS

DE HAUT NIVEAU.

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de confort et de l’aspect ludique que doivent avoir ces activi-tés. Enfin, il ne faut pas oublier le secteur nordique. À mon avis, il y a peu d’endroit où l’on puisse pratiquer le ski de fond dans de telles conditions. L’espace ouvert que nous proposons aux sportifs, notamment au Col du Festre, est exceptionnel.»L’un des axes de développement des activités touristiques et sportives du Dévoluy c’est l’accueil en stages d’oxygénation ou d’entraînement de sportifs de haut niveau. En se dotant d’un centre sportif portant l’agrément «Centre d’Entraîne-ment européen», le Dévoluy a fait un grand pas en avant. Le complexe propose des installations sportives spécialement conçues pour des stages d’entraînement, de préparation phy-sique, de perfectionnement ou des entraînements intensifs. Ce centre est l’une des seules structures, aujourd’hui, à pro-poser six terrains de squash en un même lieu. Ce qui lui vaut d’être lorgné de façon intéressée par la fédération française de la discipline. À l’extérieur, contigus au complexe, huit terrains de basket n’attendent que des stages et des stagiaires. Puis il y a ce superbe mur d’escalade indoor de 18 m de haut avec des voies allant du 4a au 8a, avec un surplomb. Fitness, détente, musculation ne sont pas oubliés. Structure de développement du territoire, ce centre sportif est

Ski plaisir pour les jeunes à Superdévoluy, front de neige familial à La Joue du Loup et un centre sportif fierté du maire de la commune.

2LES CHIFFRES CLÉS2000 hectares.1000 m de dénivellé (de 1470 à 2500 m).100 km de pistes.56 pistes (9 vertes, 28 bleues, 14 rouges, 5 noires).37 km de neige de culture.1 espace free ride.23 remontées mécaniques (un télémix, 4 télésièges débrayables, un télésiège fixe, 13 téléskis, 3 baby).2 jardins des neiges.

aussi ouvert aux habitants et aux touristes qui peuvent venir y pratiquer leurs sports favoris de façon privilégiée. Construit à Superdévoluy, le centre est donc situé à 1500 m d’altitude. Il pourrait être complété par un complexe aquatique qui de-vrait voir le jour à la Joue du Loup. Pour les années à venir, le Dévoluy joue donc la carte sportive et bien être.

L’agenda de l’hiver Fête du ski et de la neige : dimanche 19 janvier. Nombreuses animations sur l’ensemble du massif.

La givrée : dimanche 19 janvier. Course populaire de ski de fond au départ de Superdévoluy.

Trail blanc du Dévoluy : dimanche 2 février. Course à pied sur neige au départ de Superdévoluy.

9e Speed Shear : avril 2014. Concours de rapidité de tonte de moutons à Saint-Etienne en Dévoluy.

La saison hivernale sera animée par des semaines théma-tiques. L’ensemble des programmes est à retrouver sur www.ledevoluy.com.