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Monsieur François Héran La sociabilité, une pratique culturelle In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. La sociabilité / Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active. pp. 3-22. Citer ce document / Cite this document : Héran François. La sociabilité, une pratique culturelle. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. La sociabilité / Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active. pp. 3-22. doi : 10.3406/estat.1988.5267 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5267

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Page 1: La sociabilité, une pratique culturelle...La sociabilité / Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active. pp. 3-22. Citer ce document / Cite this document : Héran François

Monsieur François Héran

La sociabilité, une pratique culturelleIn: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. La sociabilité / Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active.pp. 3-22.

Citer ce document / Cite this document :

Héran François. La sociabilité, une pratique culturelle. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. La sociabilité /Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active. pp. 3-22.

doi : 10.3406/estat.1988.5267

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5267

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RésuméLes Français discutent en une semaine avec dix-sept personnes différentes sur des sujets nonprofessionnels. Parents, collègues et amis composent presque à égalité les trois quarts de ce réseau, lereste se partageant entre le voisinage, les associations, les commerçants, les simples relations. Onobserve une présence plus affirmée des amis pendant la jeunesse, des collègues pendant l'âge mûr, dela parenté pendant la vieillesse. Les comportements de sociabilité restent marqués par le partagetraditionnel des rôles entre les sexes : c'est d'abord aux femmes qu'incombent les relations avec lesproches — parents, commerçants, voisins. En milieu populaire, toutefois, celles qui exercent uneactivité professionnelle diversifient sensiblement leurs contacts.Les relations de parenté mises à part, les diverses composantes de la sociabilité tendent à se cumuler :un dixième des actifs concentrent le tiers des discussions personnelles entre amis ou collègues. Plusliée au diplôme qu'à la fortune, la sociabilité présente tous les traits d'une pratique culturelle.

AbstractSociability : a Cultural Practice - The French have non-professional conversations with seventeendifferent people in a week. Three quarters of these people are, in almost equal proportions, relatives,colleagues and friends, the rest being divided into neighbours, associations, shopkeepers andacquaintances. It can be noted that friends are more present for the young, colleagues for the middle-aged, and relatives for the old. Behaviours regarding sociability bear the mark of the traditional roledivision between the sexes : first, women socialize with those who are close to them - relatives,shopkeepers and neighbours. In the lower classes, however, the women who have a professionalactivity have sensibly more varied social contacts.Apart from family relations, the various components in sociability tend to combine : the third of personalconversations between friends or colleagues are concentrated on a tenth of the job-holders. Sociability,which is more connected to the level of education than to the wealth, presents all the features of acultural practice.

ResumenLa sociabilidad : una práctica cultural - Los franceses conversan durante el transcurso de una semanacon 17 personas diferentes acerca de temas no profesionales. Padres, colegas y amigos constituyencasi equitativamente las tres cuartas partes de esta red, el resto es compartido por el vecindario, lasasociaciones, los comerciantes o simplemente las relaciones. Se observa una presencia mâs afirmadade los amigos durante la juventud, de los colegas en la madurez y de los miembros de la familia en lavejez. El reparto tradicional de los papeles entre los dos sexos continua acentuando loscomportamientos de sociabilidad : a las mujeres les incumben las relaciones con los allegados;parientes como asi también comerciantes y vecinos. En los medios populares, sin embargo, lasmujeres que ejercen una actividad profesional diversifican sensiblemente sus contactos. Poniendoaparte las relaciones de parentesco, los distintos componentes de la sociabilidad tienden a acumularse: una décima parte de los activos concentran el tercio de las conversaciones personales entre amigos ocolegas. Mâs estrechamente ligada al diploma que a la fortuna, la sociabilidad presenta todas lascaractensticas de una práctica cultural.

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VIE QUOTIDIENNE

La sociabilité,

une pratique culturelle

par François Héran

Les Français discutent en une semaine avec dix-sept personnes différentes sur des sujets non professionnels. Parents, collègues et amis composent presque à égalité les trois quarts de ce réseau, le reste se partageant entre le voisinage, les associations, les commerçants, les simples relations. On observe une présence plus affirmée des amis pendant la jeunesse, des collègues pendant l'âge mûr, de la parenté pendant la vieillesse. Les comportements de sociabilité restent marqués par le partage traditionnel des rôles entre les sexes : c'est d'abord aux femmes qu'incombent les relations avec les proches — parents, commerçants, voisins. En milieu populaire, toutefois, les femmes qui travaillent hors de chez elles diversifient sensiblement leurs contacts.

Les relations de parenté mises à part, les diverses composantes de la sociabilité tendent à se cumuler : un dixième des actifs concentrent le tiers des discussions personnelles entre amis ou collègues. Plus liée au diplôme qu'à la fortune, la sociabilité présente tous les traits d'une pratique culturelle.

Un adulte rencontre chaque mois en moyenne sept membres de sa parenté, y compris les parents par alliance; il a trois ou quatre amis, rend service dans l'année à un ou deux ménages voisins et adhère à une association. Telle est, à grands traits, la sociabilité moyenne des personnes âgées de 1 8 ans et plus, lorsqu'elles vivent dans des ménages « ordinaires », c'est-à-dire hors institution.

L'enquête «Contacts», dont ces chiffres sont issus, ne s'est pas contentée de recueillir des déclarations sur les habitudes de comportement en matière de sociabilité. Elle permet également de cerner au plus près les pratiques du moment, celles qui sont effectives à l'époque de l'enquête. Pour ce faire, on a eu recours à la technique du « carnet de bord », déposé pendant une semaine chez les personnes interrogées. Ces dernières étaient invitées à retracer leur emploi du temps jour après jour, en indiquant le moment venu si elles avaient vu des personnes extérieures au foyer avec lesquelles elles avaient pu discuter de sujets autres que le travail. Il s'agissait donc de décrire une sociabilité quotidienne impliquant une certaine relation personnelle (encadré p. suiv.).

Dix-sept interlocuteurs et trente-quatre discussions par semaine

De la lecture des carnets, il ressort que les Français discutent en une semaine avec dix-sept personnes différentes : parents, amis, camarades, voisins, collègues, sociétaires, commerçants, agents de toute sorte, simples « connaissances » ou inconnus (1). Un interlocuteur intervient en moyenne deux fois dans la semaine, ce qui donne un total de trente-quatre discussions.

* Chargé de recherche à l'Institut national d'études démographiques, François Héran fait également partie de la division « Conditions de vie des ménages » du département « Population-ménages » de l'INSEE. Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article. 1 . S'y ajoute un dix-huitième interlocuteur... l'enquêteur de l'INSEE, car on ne pouvait décrire en détail la sociabilité quotidienne sans y faire soi-même une incursion, si fugitive soit-elle. Bien qu'il figure dans tous les carnets, l'enquêteur ne sera pas pris en compte dans les pages qui suivent

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L'ENQUÊTE « CONTACTS », DES QUESTIONNAIRES AUX CARNETS

Réalisée de mai 1982 à mai 1983 auprès d'un échantillon représentatif des ménages ordinaires résidant en France métropolitaine, l'enquête « Contacts » étudie les comportements de sociabilité à l'aide de trois documents. Un premier questionnaire passe en revue les relations de voisinage [1], l'adhésion aux associations [2] et les sorties [3]. L'enquêteur dépose ensuite un carnet destiné à enregistrer la sociabilité quotidienne pendant une semaine. Il le récupère h u it jours plus tard et achève l'enquête par la passation d'un second questionnaire, consacré aux relations de travail, de parenté et d'amitié. L'unité d'observation n'est pas la même d'une phase à l'autre. Dans la première, on interroge le ménage; son comportement est décrit par l'un quelconque des adultes présents, qui fait office de porte-parole pour tous les membres. Dans la seconde et la troisième phases, on a fait en sorte que l'enquête devienne représentative de la population adulte. Si le ménage comporte plusieurs adultes, l'un d'eux est désigné par tirage au sort pour remplir le carnet et répondre au deuxième questionnaire. Compte tenu des taux d'abandon en cours de route, 5 882 ménages ont répondu dans fa première phase, 4 755 adultes dans fa seconde et 4 993 dans la troisième (une partie des personnes interrogées ayant pu répondre au dernier questionnaire, après avoir fait l'impasse sur le carnet). Pour des raisons d'homogénéité, les résultats présentés ici ne concernent que les 4 701 adultes ayant répondu à l'ensemble de l'enquête. À chaque phase, l'échantillon a été dressé par calage sur le Recensement de la population de 1982.

Un carnet d'une semaine... Le carnet de l'enquête est un cahier de seize pages déposé par l'enquêteur chez Je ménage pendant une semaine. La personne désignée pour répondre devait décrire son emploi du temps sur les pages de gauche à raison d'une page par jour et signa/ait en vis-à-vis, sur les pages de droite, si elle avait « discuté » (ce terme sera expliqué plus bas) avec des personnes extérieures au foyer. Elle indiquait ensuite le sexe et l'âge de chacun de ses interlocuteurs et précisait le lien qui le rattachait à lui (ami, voisin, collègue, parent, inconnu, etc.). A titre d'initiation, l'enquêteur remplissait lui-même la journée de la veille (ou le début de la journée en cours, si l'on était en fin de journée). Huit jours plus tard, au moment de récupérer le carnet, il procédait à une révision générale du document en présence de la personne interrogée et attribuait à chaque interlocuteur un numéro d'ordre permettant d'identifier sans ambiguïté ceux qui revenaient à plusieurs reprises tout au long de la semaine. Il a fallu renoncer à recueillir sur chaque interlocuteur les renseignements permettant d'identifier sa catégorie socioprofessionnelle (intitulé du métier, statut, classement de l'emploi). Non seulement, le nombre des personnes concernées était trop variable et trop important (il va de Oà... plus de 80), mais les tests préalables ont montré que pour beaucoup de relations la profession était un renseignement redondant (cas des collègues ou des commerçants), déjà connu (cas des parents ou des enfants) ou mal connu (cas des voisins, des simples relations, des retraités, etc.). De plus, cette curiosité de l'enquêteur pouvait paraître excessive à une partie des personnes interrogées. L'analyse de l'attraction sociale s 'est donc concentrée sur les relations avec les « meilleurs amis »,

• étudiés dans le dernier questionnaire et dont on connaît la profession. Elle fera l'objet d'une publication séparée.

... privilégiant les relations personnelles

Le carnet n'enregistre pas toute la sociabilité. Il ne couvre que les rencontres face à face, à l'exclusion des entretiens téléphoniques. Les discussions avec les autres membres du ménage ne sont pas prises en compte, pas plus que les contacts strictement professionnels ou marchands. Sont concernées, en revanche, les conversations entre collègues sur des sujets autres que le travail (famille, vacances, politique, etc.), de même que celles tenues avec un commerçant, un enseignant, une infirmière, un médecin, un employé des postes, etc., si le thème abordé va au-delà de la simple relation de service. La limite entre discussions professionnelles et non professionnelles, évidemment difficile à tracer, était laissée à l'appréciation de la personne interrogée. L'objectif était d'enregistrer les rencontres revêtant un certain caractère personnel. De là le choix du verbe « discuter ». Dans la langue ordinaire, il désigne une interaction suivie, supposant un certain degré d'engagement de la part des participants, plus dense en tout cas qu'un simple échange de salutations.

Alors que les questionnaires explorent les habitudes de sociabilité domaine par domaine (voisinage, parenté, amitié, etc.) avec des questions adaptées à chaque cas, le carnet de rencontres livre sous une forme homogène la monnaie courante de la sociabilité, vécue au jour le jour. Qu'il s'agisse de collègues, de parents, d'amis ou d'inconnus, les interlocuteurs sont des unités de compte additives qui se prêtent directement à une étude quantitative de la composition du réseau de relations. Le carnet se distingue également des questionnaires par le fait qu'il repose pour l'essentiel sur des questions ouvertes («avec qui avez-vous discuté?») et que chacun désigne ses interlocuteurs selon une nomenclature spontanée.

Le choix de la durée d'observation n'est pas indifférent. Dans le laps d'une journée, le temps alloué à la rencontre d'une personne donnée est autant de moins consacré aux autres. Les relations peuvent difficilement se cumuler, ce qui rend délicat, sinon impossible, l'exploitation des données individuelles. Pour ne prendre qu'un exemple, l'analyse des correspondances multiples sera impuissante à mettre en relief les proximités entre les diverses formes de sociabilité s'il s'avère que personne ne peut pratiquer simultanément certaines d'entre elles dans le laps de temps étudié. Sur une durée plus longue, comme la semaine, le cumul des formes de sociabilité devient pratiquable et observable, encore que certaines rencontres à rythme hebdomadaire ne le soient pas : un week-end passé à rendre visite à des amis exclura une visite aux parents.

Un interlocuteur pouvait revenir à plusieurs reprises dans la semaine. Afin de ne pas accorder un poids excessif à ceux qui intervenaient tout au long de /ajournée et qui, à eux seuls, tiraient les récurrences moyennes vers le haut, on a plafonné à deux le nombre maximum de discussions par jour. Cette limitation a été pratiquée a posteriori, au moment de l'exploitation des données, et ne touche qu'une minorité d'interlocuteurs. Elle présente l'avantage de rétablir des occurrences moyennes plus stables et plus proches des valeurs médianes. Il faut ici prévenir une erreur possible d'interprétation : le fait que les membres de la parenté

Si l'on considère le nombre d'interlocuteurs sans tenir compte de cette récurrence, aucun groupe ne se détache (tabl. 1 ). Les membres de la parenté et les amis représentent chacun un quart du réseau des interlocuteurs. Un autre quart, dans le cas des personnes actives, correspond aux relations de travail, le reste se partageant entre les voisins, les

merçants, les adhérents d'associations et diverses relations plus lointaines. Chez les inactifs, les contacts avec les anciens collègues restent résiduels, et ce sont plutôt les relations de voisinage qui profitent de l'absence de relations de travail. Les amis et les parents (2) sont en même nombre que dans la semaine d'un actif, mais dans un réseau globalement

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soient vus en moyenne trois fois dans la semaine ne signifie pas que les Français voient leurs parents à ce rythme (soit 150 fois l'an); ce chiffre vaut seulement pour ceux qui ont rencontré des parents dans la semaine de relevé, soit 79 % des individus interrogés. Il constitue un indicateur de répétitivité ou de routine de la sociabilité. Pour améliorer la représentativité de la semaine de relevé, l'enquête « Contacts » s'est déroulée en huit vagues étalées sur l'ensemble d'une année. Seul le mois d'août a dû être sauté, en raison des difficultés de collecte. La semaine dont nous parlons ici est donc proche d'une semaine ordinaire dans la vie des Français. Il peut arriver que des circonstances exceptionnelles, telles qu'une fête de famille, un voyage, etc., modifient radicalement la sociabilité de la semaine. La personne interrogée, jugeant que la semaine de relevé n 'est « pas comme les autres », est alors tentée de renoncer à remplir son carnet. L'enquêteur avait pour consigne de poursuivre néanmoins l'enquête et de faire remplir le carnet, en demandant à l'intéressé de signaler le caractère éventuellement « anormal » de la période.

Une enquête culturelle ?

Comme on pouvait s'y attendre, le remplissage d'un carnet sur une semaine entière soumet à rude épreuve les répondants les plus démunis culturellement, qui préfèrent de loin répondre oralement à des questions précises et fermées. Sur 100 personnes ayant accepté le premier questionnaire de l'enquête, 19 n'ont pas pu ou pas voulu remplir le carnet, et le taux d'abandon s'élève à 30 % pour les personnes sans diplôme. La structure sociale et culturelle de l'échantillon a été redressée pour tenir compte de ce biais, mais la question se pose de savoir si le carnet, sous couleur de mesurer l'intensité de la sociabilité, ne mesure pas d'abord le niveau culturel des intéressés. Deux raisons au moins font rejeter cette hypothèse. Il y a d'abord le fait que les résultats obtenus par la voie des questionnaires corroborent ceux du carnet et mettent en évidence les mêmes variations sociales : les professions les plus riches en capital culturel ne sont pas les plus sociables parce qu'elles seraient plus capables que les autres de surmonter l'épreuve écrite du carnet; elles se détachent déjà dans les questionnaires fermés. Ensuite, une comparaison analogue est possible au sein même du carnet, entre la première journée remplie par l'enquêteur et les journées suivantes remplies personnellement par les répondants. Les résultats sont satisfaisants : on observe bien au cours de la semaine de relevé une légère dégradation du remplissage de l'emploi du temps, jugé souvent trop répétitif d'un jour à l'autre pour qu'il soit besoin de le décrire encore en détail, mais ce n'est pas le cas du nombre d'interlocuteurs, qui reste remarquablement stable et ne baisse guère avec le départ de l'enquêteur. Le travail de reprise effectué par ce dernier en fin de période a permis de rattraper l'essentiel des défaillances. On constate aussi que les écarts de sociabilité selon l'âge se maintiennent quel que soit le jour de relevé, de même que les écarts selon le diplôme ou la catégorie sociale. Le recours à un carnet de relevé dans une enquête de ce type peut donc s'avérer efficace, à condition que l'opération soit encadrée par des enquêteurs dûment formés.

plus restreint, où ils pèsent donc davantage. Si l'on prend en compte le nombre de discussions et non plus le nombre d'i

nterlocuteurs, les parents deviennent le groupe dominant,

2. Sauf mention contraire, le mot « parents » sera toujours entendu dans la suite de l'article au sens large de « membres de la parenté » et non au sens de «père et mère».

L'information essentielle

sur la vie

économique

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dans un format de poche :

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Ci-joint, en règlement, la somme de . . .F par: mandat [ ],chèque bancaire [ ], chèque postal [ ], à l'ordre de l'INSEE.

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Tableau I La sociabilité quotidienne des hommes et des femmes : détail des interlocuteurs recensés et une semaine

Source : Carnets de l'enquête «Contacts», INSEE/INED. 1983.

Sexe de la personne interrogée

Lien des interlocuteurs avec la personne interrogée

Ascendants directs Descendants directs Collatéraux de même génération Collatéraux de la génération supérieure Collatéraux de la génération inférieure Autres parents, parrains, filleuls Ensemble de la parenté -Amis» Amis-collègues, amis-voisins, etc. «Camarades», «copains» Anciens amis; parents et autres relations des amis Ensemble des relations d'amitié Voisins, gardiens d'immeuble Ensemble des relation* de voisinage Collègues de même niveau hiérarchique Supérieurs Subordonnés Autres relations de travail (1) Ensemble des relations de travail Commerçants (2) Enseignants, prof, libérales et autres services (3) Ensemble des relations de services Membres de la même association, clergé Vagues relations (4) Inconnus (5) Ensemble des autres relations

ENSEMBLE

Nombre moyen d'interlocuteurs par semaine

Hommes

i ' 0.8 0.9 1.5 0.2 0.4 0.1 3,8 3.3 0.7 0.6 0.3 4,9 1.4 1.4 2.8 0.1 0.1 0.8 3,8 1.2 0.3 1.5 0.6 1.3 0.3 2.2

17.7

Femmes

0.8 1.1 1.6 0.3 0.5 0.1 4.5 3.0 0.6 0.4 ■0.4 4.4 1.7 1.7 1.5 0.1 0.1 0,5 2,2 1.6 0.5 2Î1 0.4 1.5 0.3 2,3

17.2

Répartition (en %)

Hommes

4.3 5.0 8.3 1.2 2.2 0,6

21,5 18.8 4,0 3.3 1.9

28,0 8.0 8,0

16.0 0.8 0.6 4.2

21.6 7.0 1.7 8,7 3.6 7,1 1.6

12,3

100

Femmes

4.8 6.6 9,2 1.5 3.1 0.8

26,1 17.6 3.3 2.2 2.6

25,7 9.9 9,9 8.9 0,8 0.4 3.0

13,1 9,1 2.9

12.0 2.4 8.9 1.9

13,2

100

1. Elèves, clients, fournisseurs, administrés; collègues du conjoint, conjoints et autres relations des collègues.

2. Commerçants, artisans, représentants. 3. Y compris gardiennes d'enfant, infirmières, travailleurs sociaux. 4. 'Connaissances^, 'relation- (travail exclu), relations d'un autre membre

du ménage que le conjoint, et relations indirectes inclassables. 5. Passant, voyageur, un autre client, 'un jeune», -une personne âgée», etc.

présents dans une discussion sur trois, parce qu'ils sont fréquentés de façon plus assidue ou répétitive (trois échanges par semaine en moyenne).

On fréquente d'abord ses pairs (graph. I). Cela n'apparaît pas seulement dans la forte présence des amis. Au sein de la parenté, les collatéraux de même génération (c'est-à-dire les frères et sœurs et leurs conjoints, ainsi que les cousins) représentent plus du tiers des parents rencontrés. Dans le cadre du travail, les interlocuteurs sont presque toujours des collègues occupant sensiblement la même position

chique ou des partenaires neutres : étudiants, stagiaires, clients, administrés; les discussions personnelles se font rarement (pas plus d'une fois sur quinze) avec les supérieurs ou les subordonnés. Enfin, pour l'ensemble de la sociabilité, nos interlocuteurs sont deux fois sur trois de même sexe que nous et tendent à être de la même génération (3).

3. Ces deux dernières questions seront traitées en détail dans d'autres publications.

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Graphique I Qui fréquente-t-on en une semaine ? importance des contacts selon le sexe et l'âge

-A. Nombre moyen de discussions dans la semaine .

—RELATIONS- DE TRAVAIL (des actifs seulement)

B. Nombre moyen d'interlocuteurs

En trait Jlrv contacts établis par les FEMMES En trait gras, contacts établis par les HOMMES

COMMERÇANTS, DIVERS ENSEIGNANTS. (membres MEDECINS, "d'associations." services divers vagues relations -inconnus, etc.)-

VOISINS

C. Détail de quelques relations Nombre moyen

d'Interlocuteurs "Connais

sances" Membres d'assoc. Inconnus

• Dans le graphique C, les intitulés reprennent sous forme abrégée les rubriques détaillées du du tableau I. Par exemple «oncles» désigne l'ensemble des « Collatéraux de génération supé-

Source : Carnets de l'enquête «Contacts», INSEE/INED, 1983.

Collègues

Clients, élèves

"Amis"

Copains, — camarades

__^ Supérieurs Subord. I

18- 30- 40- 50- 60- 70 et „ . , 29 39 49 59 69 plus A9e de la personne Interrogée

Entre hommes et femmes, le partage des rôles

Hommes et femmes tendent à se répartir le travail d'entretien des relations selon la division traditionnelle des rôles (graph. I). Aux femmes les domaines qui touchent de près ou de loin à la vie du foyer : voisinage, commerce ou services, parenté. Aux hommes les relations électives ou les rapports

avec le monde extérieur : amitiés, relations de travail, vie associative. Un tel partage est-il susceptible d'évoluer dans les jeunes générations ? Rien ne l'indique pour les relations de parenté, où la prédominance des femmes se maintient à tout âge. Chez les moins de trente ans, en revanche, l'écart disparaît pour les relations d'amitié et de travail, comme si la femme ne pouvait se soustraire à la division des rôles qu'à l'extérieur du foyer. On peut hésiter ici entre deux interpréta-

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Tableau 2 Avec qui parle-t-on en une semaine ? La composition du réseau chez les actifs et les inactifs

A. Répartition des interlocuteurs *

' En gras, les nombres les plus élevés dans chaque colonne.

Sexe, âge et activité de l'adulte

Homme» actif*

Femmes actives

Hommes Inactifs

Femmes Inactives

nterrogô

18-29 30-39 40-49 50-59 60-69 Ens.

18-29 30-39 40-49 50-59 60-69

Ens. 18-29 50-59 60-69 70 et +

Ens. 18-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70 et +

Ens.

Relations d'amitié

5,8 4,5 4,3 4.0 4,2 4.7 9,9 4,5 3,9 3.4 3.1 4.5

10,9 5,3 4.4 3.9 5,6 7,8 4.2 3.8 3.4 3.5 2.5 4.3

Relations de travail

(D

4,8 5,8 5,3 5,0 1.9 5.1 5,3 5,0 4,0 3,5 2.2 4,5 1.4 1.1 0.8 0.3 0.8 0.8 0.5 0,6 0.4 0.3 0.2 0.4

çants et services

1.1 1.7 1.5 1.6 1.8 1.5 1.8 2,6 2,0 2,3 1.5 2.2 0.9 2,0 2,0 1.7 1.7 1.7 3,1 2,7 2,3 1.6 1.4 2.0

Divers (2)

1.7 2.2 3,0 2,5 1.3 2.3 1.9 2,8 2.4 2.4 1.2 2.3 1.8 2.3 2.0 1,6 1.9 2,6 2,8 2,9 2.S 1,6 1.4 2.2

Voisins

0.8 1.4 1.4 1,8 1.5 1.6 1,0 1.6 1.7 1.6 1.5 1.5 0.6 1.6 2,1 1.8 1.6 1.2 2,2 2,2 2,7 2,0 1.7 1.9

Membres de la

parenté

4.3 4,1 3,3 3.8 4,7 3.9 5,0 4,4 4.1 4,0 3,5 4,4 2.4 4,1 4.3 3.4 3.5 4,6 4,6 4.2 4,9 4,9 4.0 4.5

N0M3FE TOTAL

LOCUTEURS 18,5 19,7 18,8 18,6 15.2 19.1 20,9 20,9 18,2 17.3 12.9 19.4 18,0 16,4 15,5 12.7 15,0 18,7 17,4 16.4 16.2 13,9 11.2 15,4

Ensemble des actifs Ensemble des Inactifs Ensemble des adultes

Idem, Actifs en% Inactifs

Ens.

4.6 4.7 4,6

24.2 30,7 26,7

4.9 0.5 2.9

25.4 3.5

16.9

1.8 1.9 1.8

9.3 12.5 10.5

2.3 2,1 2.2

12.1 13.8 12.8

1.4 1.8 1.6

7.3 11.8 9.1

4.1 4,2 4.2

21,7 27,7 24.0

19.1 15.2 17,4

100 100 100

1 . Pour les inactifs, anciennes relations de travail. 2. Membres d'une association, simples « connaissances », inconnus.

B. Répartition des «discussions »

Source : Carnets de l'enquête <r Contacts», INSEEIINED, 1983.

Ensemble des actifs Ensemble des Inactifs Ensemble des adultes

Idem, Actifs en<& Inactifs

Ens.

9.1 9,9 9.5

25.3 31.8 28,1

9.0 0.5 5.1

24.8 1.7

15.2

2.3 2.6 2.5

6.5 8.3 7,3

3.1 2.7 2.9

8.6 8.8 8.7

2.1 3.0 2,5

5.8 9.7 7,4

10.4 12.3 11.3

28.9 39.6 33.4

36.1 31.0 33.8

100 100 100

tions, selon que l'on adopte une lecture transversale ou longitudinale des données. Cela signifie-t-il qu'avant le mariage ou la vie de famille les jeunes femmes ont encore une sociabilité tournée vers l'extérieur, à laquelle il leur faudra renoncer par la suite ? Ou faut-il penser qu'elles parviennent aujourd'hui à diversifier leurs relations mieux que ne le faisaient leurs aînées au même âge et qu'elles maintiendront ce comportement à l'avenir ? Le développement irréversible du travail féminin fait pencher pour la seconde hypothèse.

Trois âges, trois sociabilités

Relativement stable jusqu'à l'âge de quarante ans environ, la sociabilité connaît par la suite un déclin irrémédiable et finit par chuter de moitié. Ce constat résume aussi bien les habitudes de comportement déclarées dans les questionnaires (graph. Ill D) que le décompte de la sociabilité quotidienne effectué dans les carnets (tabl. 2 et graph. II). Mais, si les

8

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hommes font le plein de discussions dès le début de la vie adulte, à l'âge où ils fréquentent leurs relations à un rythme plus soutenu, c'est à l'approche de la quarantaine qu'ils comptent le plus grand nombre d'interlocuteurs. Cette pointe n'apparaît pas dans le cycle des relations féminines, y compris chez celles qui exercent* une profession.

En même temps qu'il se rétrécit avec l'âge, le réseau de relations se restructure. Trois étapes viennent scander la sociabilité des adultes : la jeunesse est le temps privilégié des amitiés, la maturité celui des relations de travail, la vieillesse celui des relations de parenté. Dans les pages qui suivent, nous donnerons de ces observations transversales une lecture longitudinale, c'est-à-dire que nous ferons l'hypothèse que les relations observées au moment de l'enquête chez des sujets d'âge différent donnent une idée correcte de leur évolution au cours du cycle de vie.

La fréquentation des amis et des collègues décline avec l'âge

Avant trente ans, pour les hommes comme pour les femmes, les amis représentent plus du tiers des interlocuteurs et 40 % des contacts. Dix ans plus tard, leur importance est presque deux fois moindre et, par la suite, leur nombre ne fait que stagner. On n'accumule pas les amis au cours de l'existence : au mieux, ils se renouvellent; au pire, ils se perdent. Sur ce point, toutefois, carnet et questionnaires ne concordent pas. Quand on s'enquiert du nombre des « amis », sans demander à quel rythme ils sont fréquentés ni passer par le cadre contraignant du carnet, on obtient des chiffres plus généreux, qui ne chutent pas avec l'âge. Les personnes les plus âgées déclarent spontanément avoir autant d'amis que les plus jeunes (près de trois), car elles continuent d'y inclure des relations anciennes qu'elles ne peuvent plus guère fréquenter. La hiérarchie des âges se rétablit si l'on s'avise de poser une question plus précise sur l'existence éventuelle de personnes ou de couples que l'on considère comme ses « meilleurs amis » : les amitiés d'autrefois ne peuvent plus être mentionnées et se « désaccumulent ».

Mais que faut-il entendre par « amis » ? Le mot est à prendre au sens large quand il qualifie les interlocuteurs de la semaine. Outre les personnes désignées ainsi spontanément dans les carnets de relevé, on a rangé sous cette rubrique les « camarades » et « copains » et d'autres appellations proches. Pour les étudiants, ces dernières relations sont sans doute intermédiaires entre les rapports de travail et les rapports d'amitié; il est donc difficile de les classer. Elles ne représentent toutefois qu'un tiers des amis au sens large. Même réduites aux amis expressément désignés comme tels, les relations d'amitié forment encore la première catégorie de relations du début de l'âge adulte.

Pas plus que les relations d'amitié, les relations de travail ne s'accumulent avec le temps. Passé le cap de la quarantaine, elles déclinent, ce qui tient pour une part au fait qu'une partie des collègues ou des anciens collègues sont devenus, chemin faisant, des amis (20 °/o des « meilleurs amis » ont d'abord été connus au travail).

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Graphique II Les trois âges de la sociabilité

CONTACTS ETABLIS PAR LES HOMMES CONTACTS ETABLIS PAR LES FEMMES

A. EVOLUTION DU NOMBRE D'INTERLOCUTEURS

30 40 50 60 70 80 AGE DE LA PERSONNE INTERROGEE

D. EVOLUTION DU NOMBRE D'INTERLOCUTEURS

B. EVOLUTION DU NOMBRE DE DISCUSSIONS E. EVOLUTION DU NOMBRE DE DISCUSSIONS

20 30 80 20 30 40 60 70 80

C. EVOLUTION EN STRUCTURE (% du nombr* ci* discussions) F. EVOLUTION EN STRUCTURE

(tn % du nombr» d« discussions)

20 30 40 50 60 70 80

Source : Carnets de l'enquête «Contacts», INSEE/INED, 1983.

70 80

El Relations d'amitié S Relations de travail E Divers (associations,

"connaissances", inconnus)

□ Commerçants, médecins, éducateurs, services divers

E Relations de voisinage

H Relations de parenté

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Tableau 3 Des pairs aux descendants : comment évolue, avec l'âge, la composition du réseau de parenté usuellement fréquenté *

En %

Source : Carnets de l'enquête « Contacts ». INSEEINED, 1983.

Catégories de parents fréquentés dans la

semaine de référence (1)

1. Ascendants directs 2. Descendants directs

3. Collatéraux 4. de géné- 5. ration...

- égale - supérieure - inférieure

6. Autres parents

Ensemble de la parenté

Groupe d'âges de I

18-29

29,9 -

48,1 11.3 8.2

2,4

100

30-39

31,5 1.1

46,1 ,6,4 12.3

2.6

100

40-49

21,0 12,7

41,5 5,7

15,9

3,4

100

a personne interrogée

50-59

9.8 46,0

26,2 3.3

11.6

3.1

100

60-69

2.6 61,7

22.1 1.0 9.6

3.0

100

/. A l'exclusion de ceux qui vivent dans le ménage. Contenu des catégories: 1m Père, mère, beau-père, belle-mère, grands-parents 2» Enfants ou petits-enfants et leurs conjoints 3- Frères, soeurs, cousins, cousines et leurs conjoints 4* Oncles, tantes et leurs conjoints 5" Neveux, nièces et leurs conjoints 6* Parents plus éloignés, parrains, marraines

70 et plus

0.4 66,5

17.7 0,4

12,1

2.9

100

Ensemble

19,2 24,3

36,7 5.7

11.2

2,9

100

* Lecture : quand on a de 18 à 29 ans, 29,9 % des parents fréquentés dans la semaine sont des ascendants directs. En gras, les proportions supérieures d'au moins 25 % à la moyenne (comparaison avec la colonne « Ensemble »).

Stabilité de la parenté

Comparées aux autres secteurs de la sociabilité, les relations de parenté sont plus stables dans le temps. Le nombre des parents fréquentés en une semaine est remarquablement constant tout au long du cycle de vie : trois ou quatre pour les hommes, quatre ou cinq pour les femmes. Dans un réseau de sociabilité qui ne cesse de se rétrécir avec l'âge, ce simple maintien suffit à leur conférer rapidement un poids considérable (graph. Il B). Dès l'âge de 60 ans, plus du quart des interlocuteurs et près de la moitié des discussions relèvent de la parenté.

Mais comme les rencontres sont très répétitives dans le cas des parents (en moyenne une tous les deux jours), le nombre des discussions reproduit les faibles oscillations du nombre de parents en les amplifiant. Apparaît alors un cycle qui reflète essentiellement le jeu des entrées et des sorties entre le foyer familial et le monde extérieur (rappelons que les liens internes au foyer sont exclus du champ d'observation).

On fréquente peu la parenté au début de l'âge adulte, puisque l'on vit encore chez ses père et mère, avec éventuellement une partie de la fratrie. Une fois quitté le domicile parental, les liens avec la famille d'origine deviennent des liens de parenté. Le même cycle se retrouve une génération plus haut : les personnes de 35 à 50 ans ont des enfants à charge qui ne deviendront des membres de leur parenté que dans l'étape suivante.

En quittant leur famille d'origine, les enfants ne viennent pas seulement renouveler le réseau de parenté; ils en occupent désormais le centre, ce qui a pour effet d'accélérer l'effacement des autres parents : après 40 ans, la fréquentation de la fratrie et des collatéraux de même génération chute dans des proportions semblables à celles qu'on observe pour la fréquentation des ascendants, comme si c'était surtout la survie de ces derniers qui avait poussé jusque-là les frères ou les cousins à se réunir (tabl. 3). Au-delà de la soixantaine, les enfants et leur famille finissent pas représenter les deux tiers du réseau de parenté fréquenté.

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Graphique III La cohérence de la sociabilité

A. L'espace des pratiques

Espace des variables actives dans l'analyse des correspondances multiples. Intensité des principales relations:

— Parenté «"o* Amis — Associations «"«■« Voisins «.wx Collègues

Interlocuteurs ***** en une semaine 5§i Inactifs (pas

de relations de travail)

B. La hiérarchie sociale de la sociabilité

Projection, sur le plan du graphique A, de la catégorie socioprofessionnelle (dernière profession exercée; ensemble des adultes, hommes et femmes)

Moyen agriculteur * Chauffeur ''«,

0° '"''' Empl de

^xv^xvxvxxv^^xxxxxx^^ 7,my* '""".., 0Q\ Empl de \ Contre-Y/T , V *,m^yman"' ) maison Quvner \ îfl Inlerm admin mattre^ô? V petit^'-80llce '"""' %^^ agricole I

_^^_ ''' '^ Commerçant ^J

Cadre de la f° publique j

Etrangers Chômeurs Jamais eu Mawa,s facllvltô état de professionnelle ^

* Analyse des correspondances multiples sur les principales pratiques de sociabilité des adultes. En A l'espace des pratiques. En B, C et D, les propriétés socio-démographiques des pratiquants, projetées en variables « illustratives ». • Dans le graphique A, chaque point figure l'ensemble des individus qui pratiquent à un certain degré d'intensité une forme particulière de sociabilité. On a relié par une flèche les degrés successifs d'une même pratique.' Les trajectoires de deux pratiques sont d'autant plus proches qu'elles concernent des pratiquants communs. On a retenu les indicateurs et les degrés d'intensité suivants : — nombre de membres de la parenté vus au moins une fois par mois (0, 1 ou 2, 3 ou 4, 5 à 8, 9 à 12, plus de 12); — nombre d'amis que l'on dit connaître personnellement (0, 1, 2, 3 ou 4, 5 ou plus); — nombre d'adhésions aux associations (0, 1, 2. 3 ou plus); — intensité des contacts avec le voisinage depuis un an (aucune conversation; simples conversations; visites; visites avec échanges de services; liens plus étroits); — nombre de relations de travail que l'on revoit hors du lieu de travail (0 pour les inactifs; 0 pour les actifs; 1 à 3; 4 à 9; 10 ou plus); — nombre de personnes différentes avec lesquelles on discute en une semaine (1 à 7; 8 à 13; 14 à 19; 20 à 29; 30 à 39; 40 ou plus).

Entre travail et parenté : le voisinage

Entre les relations de travail de la maturité et les relations de parenté de la vieillesse, s'insèrent quelques sources intermédiaires de sociabilité.

Les relations de voisinage ne représentent que 1 0 % des interlocuteurs et 7 % des contacts. Cette discrétion

que par la conjonction de plusieurs contraintes qui en limitent le développement [1 ]. Chacun souhaite un minimum de relations avec ses voisins (seuls 9 % des ménages ne conversent jamais avec eux), mais considère que point trop n'en faut. Autre dilemme, on attend des relations de voisinage qu'elles soient à la fois désintéressées et payées de retour. Enfin, l'entretien de liens étroits avec les voisins est une pratique plutôt rurale, plus répandue dans les classes supérieures et plus

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C. Une hiérarchie stable, quels que soient le sexe et l'activité

Femmes actives

Hommes Femmes actifs inactives

— Ouvriers non qualifiés ■"" Ouvriers qualifiés (sauf

chauffeurs) — Agriculteurs "' Employés des entreprises — Employés de la f° publique ••• Artisans, commerçants — Techniciens, contremaîtres,

interméd. administratifs d'entreprise

™~- Cadres d'entreprise, ingénieurs "* Instituteurs, trav. sociaux,

interméd. admin. f° publique — Prof, libérales, cadres f°

publ., professeurs, artistes

D. La sociabilité dans le cycle de la vie

Position des adultes dans l'espace du Graphique A, selon leur âge, leur sexe, leur participation à la vie active et, pour ceux qui vivent en couple, le nombre d'enfants à charge de moins de 25 ans

HOMMES ACTIFS

Champ : Individus âgés de 18 ans ou plus (N = 4701). Source : Carnets de l'enquête « Contacts » (INSEEIINED, 1983) pour les variables «tinter- locuteurs». Questionnaires de l'enquête pour toutes les autres variables.

TRANCHES D'AGES (par ordre croissant dans le sens des flèches): 18-29 ans, 30-39, 40-49, 50-59, 60-69 et, pour les inactifs, 70 ans et plus. Les pointillés signalent des effectifs insuffisants chez les hommes inactifs de 30 à 60 ans. Charge familiale: ° Pas d'enfant

• 1 enfant ■ 2 enfants D 3 enfants ou plus

Trois pôles se détachent : la solitude (quart inférieur droit), une sociabilité riche en relations de parenté, mais pour le reste assez moyenne (partie médiane supérieure) et une sociabilité riche en relations non parentales (quart inférieur gauche). Deux axes engendrent cet espace. Le premier (axe horizontal) oppose la solitude à la sociabilité. Le second distingue au sein de cette dernière deux structures que l'on peut décrire dans la terminologie de M. Granovetter [4] : vers le haut du graphique, une sociabilité centrée sur les « liens forts », c'est-à-dire sur des liens entre proches qui ont toutes chances de se connaître mutuellement, qu 'il s 'agisse d'un réseau étroit (groupe de deux à quatre collègues) ou d'un réseau large (parenté étendue). Vers le bas, une sociabilité pauvre en « liens forts » (on ne fréquente que quelques parents immédiats), mais riche en « liens faibles » (au moins trois associations et cinq amis — ces dernières variables contribuant autant à l'inertie de l'axe que les variables de fréquentation de la parenté). • Les graphiques B, Cet D sont commentés dans le texte. Précisons qu 'en C et en D, les femmes actives occupent sur l'axe horizontal une position moyenne, parce que l'intensité de leur sociabilité est intermédiaire entre celle des hommes actifs et celle des femmes inactives. Leur position élevée sur l'axe vertical ne signifie pas qu'elles ont plus de liens de parenté que les inactives (le nombre de parents fréquentés est semblable), mais s'explique par la présence d'un minimum de relations de travail. Quand on exclut ces dernières de /'analyse (y compris les collègues cités parmi les interlocuteurs de la semaine), le second axe ne concerne plus que les relations de parenté et l'écart vertical entre femmes actives et femmes inactives disparaît. • Abréviations pour /'ensemble des graphiques : « Collègues » = relations de travail, y compris supérieurs ou subordonnés; « Actifs » = actifs exerçant un emploi à la date de l'enquête ; « Inactifs » = inactifs, ou actifs actuellement sans emploi; « OQ » = Ouvriers qualifiés; « ONQ » = Ouvriers non qualifiés; « ind. » = de type industriel; « art. » = de type artisanal; g Manut » = du magasinage, de la manutention et du transport.

développée à l'âge mûr, trois attributs rarement concomitants. Aussi manque-t-il aux relations entre voisins les conditions d'un développement cumulé que l'on trouve réunies, par exemple, dans le cas de la vie associative, pratique à la fois intellectuelle, urbaine et d'âge mûr.

Moins liées à l'ancienneté de la résidence qu'on aurait pu le croire, les relations de voisinage se développent faiblement avec l'âge chez les hommes ; elles atteignent leur maximum

dès la trentaine chez les femmes. Cette faible progression finit par leur donner un poids important dans la vie des personnes âgées (1 5 % de leurs interlocuteurs, 1 2 % de leurs contacts), car l'ensemble de la sociabilité diminue dans le même temps.

Les relations avec les commerçants (7 % des interlocuteurs) et les prestataires de services (entre 1 et 2 %), y compris les services de santé, de garde ou d'éducation, présen-

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DENSITÉ DU RÉSEAU ET CONCENTRATION DES CONTACTS : UNE COMPARAISON FRANCE - ÉTATS-UNIS

Dans le corps de l'article, le mot « réseau » désigne simplement l'ensemble des personnes avec qui l'individu interrogé est en contact. Usage courant mais impropre car, au sens strict du terme, le réseau couvre la totalité des liens établis entre ces personnes, qu'ils passent ou non par l'individu interrogé. Le degré d'interconnexion (c'est-à-dire le nombre de liens reliant deux à deux tous les membres du réseau, rapporté au nombre de liens théoriquement possibles) mesure ce que les sociologues d'outre-Atlantique appellent la densité ou la connexité (connectivity) du réseau. Par construction, l'enquête « Contacts » enregistre seulement les relations « égocentrées »; elle ne permet pas de savoir si les relations d'un individu sont également connectées entre elles. Des enquêtes américaines et canadiennes ont tenté d'obtenir ce genre d'information [5; 6; 7]. Mais, dans la pratique, il est difficile de demander à un répondant qui aurait 20 interlocuteurs de préciser si, à sa connaissance, chacun d'entre eux est lié aux 19 autres : cela reviendrait à lui faire décrire (20 X 19)12 = 190 relations. Aussi se contente-t-on généralement de mesurer la densité pour un nombre choisi de relations. C'est ainsi qu'aux États-Unis le questionnaire du General Social Survey de 1984 [6] dénombre les personnes avec qui l'on a « discuté de sujets importants » dans les six derniers mois (la définition de l'« importance » étant laissée à la libre appréciation des répondants), après quoi, ne retenant que les cinq premières personnes citées, il demande si elles sont «étroitement » liées aux quatre autres. L'étude du réseau était déjà limitée à un maximum de 5 personnes dans l'enquête menée par Claude Fischer en Californie en 1977 et 1978 [5]. Liens forts, liens faibles En fait, un pareil indice de densité ne mesure pas la richesse des relations mais bien leur pauvreté. Les réseaux les plus denses sont aussi les réseaux les plus étroits, composés de proches qui s'entre-fréquentent à un rythme soutenu, au risque de former des «cliques)) coupées de l'extérieur. Ces liens «forts», pour reprendre le paradoxe énoncé par Mark Granovetter [4], ont un faible rayon d'action, tandis que les liens « faibles », établis avec des interlocuteurs plus diversifiés et plus lointains, sont plus productifs parce qu'ils étendent le réseau au-delà de l'environnement immédiat. On n'exprime pas autre chose quand on dit en français que l'on « a des relations » : intraduisible en anglais, l'expression suggère que l'on a accès à des gens influents situés au-delà du cercle des proches. Plus on est riche en liens « faibles », plus on accroît ses chances d'obtenir des informations susceptibles de renouveler utilement celles qui circulent déjà dans l'environnement immédiat. Le capital de relations le plus rentable est le fruit de placements diversifiés.

Les résultats de l'enquête californienne de 1977 [5, chap. 12] comme ceux du General Social Survey de 1984 [6] confirment cette analyse. La densité du réseau est bien un signe de clôture et d'étroitesse des relations. Elle est d'autant plus forte que le réseau est centré sur les relations de parenté. Elle croît avec l'âge du répondant et décroît avec le diplôme et la taille de l'agglomération. Or, on observe les mêmes variations dans l'enquête « Contacts » quand on prend pour indicateur de l'étroitesse du réseau la récurrence des interlocuteurs au cous de la semaine, c'est-à-dire la répétitivité des relations. Cette dernière variable est cependant plus simple à construire que la densité du réseau, puisqu'elle n'exige pas que le répondant décrive une à une les relations mutuelles de ses interlocuteurs. Si les enquêtes de réseau viennent incontestablement enrichir l'étude de la sociabilité, c'est au prix d'importants sacrifices. En se limitant au noyau des confidents les plus proches (core discussion network/, le General Social Survey privilégie les liens « forts » au détriment des liens « faibles » : 55 % des interlocuteurs cités sont des parents, soit deux fois plus que dans l'enquête « Contacts ». De plus, le nombre des interlocuteurs se trouve considérablement réduit : 3 en moyenne par personne, contre 1 7 dans notre enquête, ce qui ne permet guère de détailler leur composition. Pour sa part, sans entrer dans une analyse de réseau, l'enquête « Contacts » parvient à mesurer la richesse en liens «faibles» en mettant en évidence la capacité à diversifier et à cumuler les relations. Celle-ci se traduit, au niveau macro-social, par la concentration des relations dans certains milieux, concentration d'autant plus forte que l'on a affaire à des milieux restreints, comme le sont les groupes riches en capital culturel. D'où ce résultat paradoxal : la densité des échanges au sein d'un milieu ne repose pas sur la densité des réseaux interpersonnels, mais, tout au contraire, sur leur dilatation. Les deux densités varient en sens inverse. Ainsi, le fait d'étudier la composition de relations égocentrées au lieu de décrire les interconnexions du réseau, n 'empêche pas l'enquête « Contacts » de livrer sur les variations sociales de la sociabilité des résultats globalement concordants avec ceux des enquêtes américaines. S'il faut marquer une opposition entre les deux types de recherche, on la situera davantage dans le fait que la présente enquête, conformément à la pratique de l'INSEE, s'est donnée les moyens de décrire en détail les positions sociales des personnes interrogées, préoccupation assez marginale dans les enquêtes américaines, quand elle n'en est pas totalement absente.

tent un profil analogue à celui des relations de voisinage. Pour une femme, les commerçants, les éducateurs ou les professionnels de la santé font déjà partie des fréquentations obligées de l'âge mûr, quand retombent sur elle les tâches d'approvisionnement du foyer et les soins aux enfants. L'homme, en revanche, les découvre plus volontiers à l'âge de la retraite.

On a regroupé enfin dans une dernière catégorie quelques types de contacts plus fréquents entre trente et cinquante ans, parce qu'il s'agit généralement de sous-produits de

tivité professionnelle : les membres d'une association ou d'un syndicat (3,5 %), les interlocuteurs désignés comme de vagues « connaissances », des personnes simplement connues de vue ou des relations de relations (7 %), ainsi que les inconnus (1,5 %). L'ensemble représente un interlocuteur sur huit, ce qui n'est pas négligeable, mais seulement une discussion sur douze. On verra plus loin que ce type de contacts est surtout développé par les classes supérieures et qu'il constitue un bon révélateur de la capacité à se forger des relations.

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Les relations vont aux relations

Malgré les liens privilégiés qui relient certains types de relations à certains âges de la vie, et malgré la division des rôles entre les sexes, il règne entre les diverses composantes de la sociabilité une grande cohérence. Par exemple, les personnes qui fréquentent un grand nombre d'amis ont aussi les plus grandes chances de sortir avec des collègues, de recevoir la visite de leurs voisins, d'adhérer à de multiples associations et, ce faisant, d'accumuler au fil de la semaine les discussions personnelles (voir l'analyse des « correspondances multiples », graph. Ill A).

Seules les relations de parenté et, dans une moindre mesure, les relations de voisinage, semblent échapper à cet effet « boule de neige ». À y regarder de près, elles ne l'évitent qu'en partie. Au degré zéro de la sociabilité, l'absence de contacts avec les voisins ou avec les parents va de pair avec l'absence des autres formes de sociabilité : il y a cumul des solitudes. Au degré suivant, la solitude n'est rompue que par l'apparition d'un ou deux membres de la parenté. Cette situation est surtout vécue par les personnes les plus âgées et s'observe plus fréquemment à Paris : la sociabilité tient alors tout entière dans la fréquentation des enfants.

Au-delà, le nombre des parents fréquentés s'élève en même temps que le reste de la sociabilité. Il faut en fréquenter au moins dix par mois, chiffre considérable, pour que la parenté concurrence avec succès les autres formes de relations au lieu de s'y associer (ce que traduit la déviation de sa trajectoire dans l'espace des correspondances). L'attachement exclusif à la parenté est surtout le fait des agriculteurs et des ouvriers du monde rural, qui vivent à proximité de leur fratrie et de leurs enfants, souvent nombreux. Une analyse plus détaillée (non représentée sur le graphique) montre que cette relative autonomie des liens de parenté par rapport au reste de la sociabilité repose surtout sur la parenté en ligne directe : enfants, petits-enfants et, plus encore, ascendants. La fréquentation de la parenté collatérale, composée pour l'essentiel de la fratrie et des cousins, suit un autre modèle ; comme elle est plus élective, elle se rapproche des autres formes de sociabilité et, plus particulièrement, de la sociabilité amicale.

La convergence des principaux types de sociabilité est un résultat qui peut surprendre. On aurait volontiers imaginé que, faute de temps, il était difficile de cultiver simultanément tous les types de relations et qu'au-delà d'un certain seuil de fréquentation devaient nécessairement apparaître des phénomènes de substitution. L'examen des carnets de compte dément cette hypothèse a fortiori, car la même cohérence s'y observe encore, malgré la brièveté de la période d'observation : en une semaine, le réseau des interlocuteurs accumule assez d'amis, de collègues, de frères et sœurs, de sociétaires, de commerçants et d'inconnus pour faire de ces diverses apparitions, positivement corrélées entre elles, un pôle majeur de la sociabilité, dont seuls se détournent les voisins et les ascendants (graph. IV).

En matière de relations sociales le capital va donc au capital, et cette loi est plus forte que la contrainte de temps qui obligerait à réduire le nombre des placements. Lorsque celle-ci se fait sentir, dans le cas de la parenté, c'est au-delà d'un seuil de fréquentation élevé et dans un contexte rural, où elle tend à se confondre avec une contrainte d'espace. La dis- târicë médiane d'Uh agriculteur à son père, lorsque celui-ci vit

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Graphique IV

Le réseau d'une semaine : la fréquentation des proches (parents en ligne directe et voisins) ne se cumule pas avec le reste des relations*

Espace des variables actives: nombre croissant d'interlocuteurs dans les principaux types de sociabilité:

— 1 Parenté directe — — ' 2 Collatéraux

3 Voisins 4 Commerçants, services

• ni 5 Inconnus, vagues relations 6 Associations

■"■■ 7 Amis ///> 8 Collègues

8

* Même principe de construction que dans le graphique III A, mais appliqué au seul carnet et non à l'ensemble des questionnaires de l'enquête. On a regroupé par tranches le nombre d'interlocuteurs de chaque type, en lissant, pour plus de clarté, les courbes qui les relient.

Source : Carnets de l'enquête «Contacts», INSEE/INED, 1983.

dans un autre logement, est de deux kilomètres seulement (tabl. 4). Il est difficile de ne pas fréquenter une parenté aussi proche.

La hiérarchie culturelle de la sociabilité

Dans quels secteurs du monde social la sociabilité se con- centre-t-elle ? On sait déjà que les rapports de voisinage [1] et l'engagement associatif [2] s'intensifient avec le statut social. Il en va de même des relations d'amitié et, globalement, de la sociabilité quotidienne appréhendée à travers les carnets (graph. V). Et si les liens de parenté font figure d'exception, il suffit d'allonger la période d'observation pourvoir les classes supérieures revenir dans ce domaine au même niveau que les classes populaires : en un an, on s'arrange, dans tous les milieux, pour rencontrer près de 60 % des membres de la parenté, malgré l'obstacle de la distance.

L'analyse des correspondances permet d'aller plus loin en identifiant avec précision les « cumulants ». Elle nous a donné à voir jusqu'à présent le système des proximités entre les diverses pratiques de sociabilité. On peut, dans un second temps, situer dans cet espace les pratiquants eux-mêmes, groupés par catégories socio-démographiques (en d'autres termes, fes projeter en variables « illustratives » dans l'espace des pratiques).

Tableau 4 Des agriculteurs aux cadres, une parenté toujours plus éloignée Distance médiane entre les adultes et leur parenté proche vivant hors du ménage (en kilomètres) *

Sexe et dernière profession de l'adulte interrogé (hommes seulement)

Agriculteurs Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Employés de maison ou de commerce Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Professions intermédiaires en entreprise Professions intermédiaires de la f publique Employés de bureau Ingénieurs, cadres d'entreprise Professeurs, professions libérales, cadres f° publique Sans profession (étudiants)

Eloignement .

de la mère

0,5 10 12 125 15 19 20 52 60 70 80

du père

2 10 12 21 15 25 16 50

120 70 80

des enfants

15 13 25 / / 28 40 / / 28 70

170 / /

* Données rangées selon l'éloignement croissant de la mère. Source : Enquête «Contacts», INSEE/INED, 1983.

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Graphique V

À l'exception des relations de parenté, la sociabilité croît avec le statut social'

Interlocuteurs travail Cadres, prof, intellect, sup. Professions intermédiaires

Employés Ouvriers qualifiés

Ouvriers non qualifiés

Agriculteurs Artisans, comm., patrons

Cadres, prof, intellect, sup. Professions intermédiaires

Employés Ouvriers qualifiés

Ouvriers non qualifiés

Agriculteurs Artisans, comm., patrons

Relations de parenté

0 2 4 6 8 Nombre de relations

10 0,5 1,5

* Indicateurs retenus : — nombre d'interlocuteurs différents en une semaine; — nombre de relations de travail que l'on revoit hors du lieu de travail; — nombre de membres de la parenté que l'on voit au moins une fois par mois; — nombre de personnes ou de couples que l'on considère comme ses « meilleurs amis » (trois au maximum).

Source : Carnets de l'enquête « Contacts » (INSEE/INED, 1983) pour la variable «Interlocuteurs » ; questionnaires de l'enquête pour les autres variables.

Sur la carte de la sociabilité, les diverses catégories socioprofessionnelles se hiérarchisent avec une singulière netteté, quel que soit le sexe (graph. Ill C). De plus, une analyse séparée de la situation dans les grands groupes d'âge (non reproduite ici) montre que cette hiérarchie se maintient à tout âge. Ce que l'on savait déjà de la participation au monde associatif vaut en fin de compte pour l'ensemble de la sociabilité : elle se distribue dans l'espace social comme une pratique culturelle. Certes, elle est corrélée positivement avec le revenu, mais plus encore avec le diplôme : c'est dans les fractions intellectuelles des classes supérieures que la sociabilité atteint ses plus hauts sommets. Professeurs, artistes, cadres de la fonction publique y rejoignent les membres des professions libérales, pourtant plus fortunés qu'eux, tandis que les cadres administratifs et commerciaux d'entreprise sont sensiblement en retrait et que les ingénieurs, comme à l'accoutumée, occupent une position intermédiaire.

La hiérarchie culturelle de la sociabilité n'est pas moins visible, un degré en-dessous, au sein des classes moyennes. Elle se traduit, là encore, par une opposition marquée entre le monde de l'entreprise, relativement peu sociable, et la fonction publique, plus riche en relations. Instituteurs, infirmières, travailleurs sociaux, intermédiaires administratifs de la fonction publique (cette étiquette recouvrant les contrôleurs, chefs de section et autres fonctionnaires du « cadre B ») ont davantage de relations que les artisans ou les commerçants, les techniciens ou les contremaîtres, ou encore les intermédiaires administratifs et commerciaux des entreprises (comptables, gradés de banque, secrétaires de direction, chefs de rayon, représentants...). Dans le monde des employés, les mêmes oppositions se retrouvent, simplement décalées vers le bas : une sociabilité encore moyenne dans la fonction publique, plus modeste dans les secrétariats d'entreprise, les banques, les commerces.

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FAUT-IL « EXPLIQUER » LA SOCIABILITE ?

Le fait d'employer un terme unique, « sociabilité », pour couvrir des pratiques aussi diverses que les relations de parenté, de voisinage, de travail, d'amitié ou d'association, suffit déjà à suggérer qu'elles forment un tout, non une collection disparate. Mais comment expliquer cette cohérence ? Dans l'usage ancien du mot «sociabilité », on l'imputait tacitement à une sorte d'aptitude innée au contacts avec autrui, dont pouvaient profiter tous les types de contact. Or, les historiens et les sociologues ont déchargé le mot de ses connotations psychologiques : il ne désigne plus une capacité à établir des contacts, mais simplement le fait de les établir. On a substitué au jugement de valeur un constat. Cette vision objectiviste du phénomène est défendue par les sociologues canadiens et américains qui mettent en avant la notion de réseau. Pour les plus radicaux d'entre eux [7], c'est le lien entre individus qui est la réalité première, non les « attributs » dont ils sont chacun porteurs, comme le sexe, l'âge, le diplôme ou la catégorie sociale, et encore moins leurs goûts ou leurs attitudes. Au lieu d'expliquer le réseau par les propriétés individuelles, il faudrait, assurent-ils, le considérer lui-même comme une richesse sociale, voire la richesse sociale par excellence. Approche stimulante, mais qu'on ne suivra pas ici, car les attributs individuels, tels qu'ils sont repérés par les variables standard des enquêtes de l'INSEE, ne sont pas si « individuels » que cela : ce sont des attributs sociaux, qui marquent les positions relatives occupées dans l'espace social. Y faire référence, ce n'est pas « atomiser » le monde social ou le suspendre aux décisions individuelles, c'est renvoyer à des principes de comportement d'origine collective. C'est pourquoi, une fois mesurées l'étendue des pratiques de sociabilité, leur régularité et leur cohérence, un retour à la « sociabilité » au sens premier du terme (la capacité à établir des liens sociaux) devient envisageable, si l'on y voit une disposition générale socialement constituée, dont l'âge, le diplôme, la catégorie sociale, le statut de mère de famille ne sont que des révélateurs. Les tenants de l'analyse des « réseaux » considèrent que la sociabilité est un phénomène explicatif, constituteur de groupes, et non un phénomène à expliquer. L'hypothèse qui a orienté la conception de l'enquête « Contacts » à ses débuts se rapproche de ce point de vue : on est parti de l'idée que le faisceau des liens personnels établis par une personne constitue pour elle une ressource aussi décisive que le niveau de revenus et le niveau d'instruction, en même temps qu'un indicateur synthétique de son intégration dans le monde social. Mais les résultats obtenus amènent à nuancer ce point de vue, car le capital de relations s'avère suffisamment fié au capital économique et trop lié au capital culture/pour que l'on puisse en faire une dimension autonome de la vie sociale.

L'énumération de ces professions pourrait faire croire à un déterminisme direct des conditions d'exercice du métier sur la sociabilité, par le biais notamment des relations personnelles entre collègues, qui seraient davantage tolérées par l'administration. Pourtant, si l'on retire les relations de travail des données qui contribuent à dessiner l'espace des correspondances, la hiérarchie sociale des comportements se maintient dans les moindres détails. Par eux-mêmes, les rapports entre collègues n'ajoutent donc rien aux structures globales de la sociabilité, qui semblent dépendre d'atouts culturels plus généraux, d'une sorte de disposition générale aux contacts, socialement constituée : la « sociabilité » au sens premier du terme (encadré ci-dessus).

Les ouvriers : une sociabilité en retrait

II est difficile, en revanche, de rendre compte des écarts observables au sein du monde ouvrier, qui sont de faible ampleur. Comme toujours lorsqu'on a affaire à un comportement d'ordre culturel, les principaux écarts sont ceux qui, dans les classes supérieures comme dans les classes moyennes, séparent les fractions diplômées des autres. Les ouvriers ne sont pas suffisamment différenciés sous ce rapport, malgré la distinction qualifiés/non qualifiés. On notera d'ailleurs que la nomenclature des professions mise en service par l'INSEE en 1982 a déjà extrait du monde ouvrier les contremaîtres, lesquels s'en éloignent effectivement par une sociabilité plus intense. À l'autre extrémité, les ouvrières non qualifiées de type artisanal, pour la plupart femmes de ménage dans les locaux industriels ou dans les bureaux d'entreprise, se rapprochent, comme les employées de maison, de la zone de plus grande solitude.

Reste un constat majeur : la sociabilité très moyenne du monde ouvrier, toutes catégories confondues. Ce résultat est si contraire aux idées reçues sur la sociabilité populaire qu'on sera peut-être tenté d'y voir un artefact d'enquête, imputable à cet « ethnocentrisme de classe » qui porte inconsciemment les auteurs de questionnaires à privilégier les domaines qui leur sont familiers (par exemple à songer à la pratique de la flûte traversière dans le cas d'une enquête sur les loisirs) et à négliger des pratiques populaires (tels que le jeu de boules ou la virée en moto). Mais, dans le cas présent, les catégories du questionnaire étaient trop englobantes pour donner lieu à des biais par omission aussi accusés. Chacun peut donner un sens, même variable, à des notions telles que la parenté, le voisinage, l'amitié, la relation de travail... Le questionnement du carnet, pour sa part, n'imposait aucune nomenclature a priori. On peut vérifier ainsi que certaines formes de contacts rencontrent un relatif succès en milieu ouvrier, comme les liens de camaraderie (tabl. 4) ou les sorties dans les lieux publics [3]. Mais leur volume reste trop réduit pour que l'ensemble de la sociabilité ouvrière puisse rejoindre celle des autres catégories sociales. Au total, rien ne permet de penser que des pans entiers de la sociabilité populaire pourraient échapper à l'observation dans le dispositif d'enquête adopté.

Mettra-t-on en cause l'enregistrement des discussions dans les carnets de l'enquête ? En dépit des précautions prises, cette technique risquait de décourager les personnes les moins rompues à l'écriture et à la pratique du compte rendu (encadré p. 4). On constate bien un tel biais, mais, loin de limiter l'expression des pratiques populaires, il a eu plutôt pour effet d'en exagérer l'importance. Des réponses orales au premier questionnaire, il ressort, en effet, que les ouvriers ayant rempli leur carnet sont un peu plus sociables que ceux qui n'y sont pas parvenus. Si les carnets de rencontre avaient pu être remplis par tous, ils présenteraient une sociabilité ouvrière encore plus pauvre que celle dont on fait état ici. On ne peut que redire ici ce que l'on avait déjà souligné à propos des relations de voisinage et de la vie associative [1 et 2] : l'image d'une sociabilité populaire foisonnante ne résiste pas à l'épreuve d'une enquête comparative couvrant tous les milieux.

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Tableau 5

À qui parlent les diverses catégories sociales ? La composition du réseau chez les actifs *

Sexe et profession de la personne interrogée

(1)

Hommes

Agriculteurs Artisans, commerçants, chefs d'entreprise

Professeurs, artistes, journalistes Professions libérales, cadres f° publique Ingénieurs, cadres d'entreprise Instituteurs, travailleurs sociaux Techniciens, contremaîtres, interméd. d'entreprise Employés de la fonction publique Autres employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés

ENSEMBLE

Nombre moyen d'interlocuteurs de chaque type relevés en une semaine

Relations d'amitié

4.7 5,8

6,8 5,0 3,7 6,5 4,4 4,2 4,4 4,5 4,6 4,7

• amis»

3,1 4,4

5,0 3,9 2,7 5,0 3.0 3,0 3.2 2.8 2.7 3.2

dont: amis

indirects ou anciens

1.1 1.1

1,8 0,9 1.0 1.4 1.3 0.8 0.9 1.1 1,2 1.1

rades; •copains»

0,5 0.2

0.1 0,2 0.0 0,1 0,2 0,5 0,3 0,7 0,8 0.4

Relations da travail

1.6 3,8

6,7 6.0 7,8 8,1 6,5 6,3 3.8 4.9 4,1 5.1

Divers (2)

2.1 2.3

4,1 3,3 3,0 3,9 2,8 2.1 2.3 1.6 1.7 2.3

çants et services

1,9 1.4

1.8 1.6 2,0 2,0 1.6 0.9 1.5 1.3 1.0 1.5

Voisins

2,8 1,6

1.3 1.1 1.5 1.1 1.3 1.1 1.1 1.1 1.1 1.6

Membres delà

parenté

5,2 3,0

2.3 3,7 3,1 3.7 4,0 3,5 3.8 4,3 3.8 3.9

TOTAL

18,3 17,8

23,0 20.6 21,0 25,2 20.5 18,5 16.8 17.8 16,2 19.1

Femmes

Agricultrices Commerçantes, artsanes

Professeurs Professions libérales, cadres d'entreprise Institutrices Interm. médico-sociales, interm. f° publique Intermédiaires en entreprise Employées de la fonction publique Employées de bureau en entreprise Employées de commerce ou de maison Ouvrières qualifiées Ouvrières non qualifiées

ENSEMBLE

4.3 3.5

5,5 6,0 5,1 7,2 4.8 4.1 4.7 4.0 4.4 3.6 4.5

3.6 2.6

3,8 . 4,3

3.2 5,0 3.3 2.9 3.1 2.6 2.8 2.3 3.1

0,6 0,8

1.7 1,5 1,8 2,1 1,5 1.1 1.1 0.9 1.2 0,9 1.1

0.1 0.1

0,1 0.2 0.1 0.1 0.1 0.1 0,4 0,5 0,5 0,4 0.3

0.6 4.1

6,0 3.9 6,6 6,3 5,5 5.1 5.1 3,6 5.3 4,2 4,5

2.2 2.4

3,7 3,4 3,6 3,5 2.5 1.8 2.7 2.1 1.6 1.0 2.3

2,9 2.3

2.4 3,0 3,6 1.8 2.2 1,9 2.1 1.9 1.7 1.4 2.2

2,8 1.4

1.6 1.0 1,7 1.6 1.2 1.3 1.0 1,8 1.1 1.2 1.5

6,3 4.3

4,3 2.6 4.4 4.1 4.1 4.5 4.3 4.4 4.4 4.6 4.4

19.1 17.<*

23,5 20.0 25,0 24,5 20,4 18.6 19,9 17.7 18.4 16.0 19.4

1 . Pour tenir compte des effectifs disponibles et des différences de structure entre emplois féminins et emplois masculins, on n'a pas adopté la même nomenclature des CSP pour les deux sexes. 2. Membres d'une association, simples « connaissances », inconnus.

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Graphique VI Activité féminine et sociabilité A. La sociabilité des femmes actives selon leur profession

j Agricultrices Employées de maison H ou de commerce

3 Commerçantes, artisanes

Ouvrières non qualifiées Ouvrières qualifiées

i ii Empl. de la f° publique

Employées d'entreprise Prof, intermédiaires des entreprises

Institutrices

Professeurs

dans la. de relevé- Interm. de la f° publique,

n trav. sociales, infirmières

Prof libérales, cadres FUri de An travail (DCommar- Voisins (i) Membres d: çams .

Type d'interlocuteurs B. La sociabilité des femmes in actives selon leur dernière profession (à défaut, celle de leur conjoint)

dam la de relevé

Agricultrices

J Employées "2 Commerçantes, artisanes

J=L

t j ; l Ouvrières non qualifiées

~\ | \ Ouvrières qualifiées -j \ ] Empl de la f° publique

r " 1 II \ Employées d'entreprise Prof, intermédiaires

I I des entreprises Prof, intermédiaires de la fonction publique

Professeurs et cadres

Etudiantes Rei de Amis Parents Divers Commet travail (1) çanu (1) Membres d'association. 'connaissances', inconnus, etc

Source

20

Type d'interlocuteurs Catneta de l'enquête «Contacts», INSèë/INÈÙ, 1983.

La vie professionnelle diversifie les relations des ouvrières et des employées

Que devient la hiérarchie socio-culturelle de la sociabilité quand on passe des femmes « inactives » aux femmes « actives » (4) ? Dans l'ensemble, elle se maintient. On observe bien à cette occasion une extension du réseau, mais de faible ampleur, car l'arrivée des collègues est en partie compensée par une moindre fréquentation des parents, du voisinage et des commerçants. Si la sociabilité des femmes actives est plus développée que celle des inactives, elle reste en deçà de celle des hommes actifs. Ces positions respectives se maintiennent quelle que soit la charge familiale (graph. Ill D). Pour les hommes comme pour les femmes, et que celles-ci travaillent hors du foyer ou non, la présence d'enfants à charge accroît jusqu'à un certain point les occasions de contacts avec le monde extérieur, à commencer par les membres de la parenté. Sans enfant, les couples sont un peu moins sociables. Mais la famille la plus « sociable » n'est pas très nombreuse : à partir de trois enfants, les hommes et les femmes voient à nouveau leur sociabilité se restreindre, et la régression semble plus marquée chez les femmes inactives.

Seul le réseau des ouvrières qualifiées et des employées de bureau subit d'importants remaniements par rapport à celui des inactives du même milieu (graph. VI). À s'engager dans la vie professionnelle, elles ne gagnent pas seulement des relations de travail, mais aussi la possibilité d'équilibrer les relations de parenté par des relations d'amitié. Elles se dégagent ainsi de la présence envahissante de leurs proches et, dans le même mouvement, allègent celle du voisinage. Par contraste, le réseau des femmes inactives en milieu ouvrier reste analogue à celui des femmes de milieu agricole ou commerçant, centré sur les relations « primaires », celles qui dérivent de la proximité familiale et communautaire.

Chez les employées des entreprises comme au sein des professsions intellectuelles, l'entrée dans la vie « active » n'introduit pas de remaniement notable dans le réseau de relations. L'apparition des relations de travail ne relance pas les relations d'amitié et, inversement, ne nuit pas aux relations de parenté. Le cas des femmes professeurs ou cadres est clair : chez elles, la capacité à entretenir un réseau d'amitiés ne doit rien à l'exercice éventuel de leur profession, mais dépend d'atouts culturels mobilisables en toute circonstance.

En milieu intellectuel, les actives cumulent « liens forts » et « liens faibles »

Pour l'instant, la division sexuelle des rôles et les écarts socio-culturels en matière de sociabilité ont été examinés séparément. Reste à savoir comment ces deux phénomènes

4. Par convention, on appellera « actives » les femmes exerçant une activité professionnelle à la date de l'enquête, «inactives » celles qui n'en exerçaient aucune, y compris lorsqu'elles étaient au chômage.

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s'articulent. Pour plus de simplicité, on retiendra deux exemples extrêmes pris parmi les actifs : les professeurs, d'une part, les ouvriers non qualifiés, de l'autre (graph. VII).

Une première opposition sépare les deux groupes, aussi marquée chez les hommes que chez les femmes. Les professeurs ont davantage d'interlocuteurs que les ouvriers non qualifiés (24 au lieu de 1 6, soit 50 % de plus), mais ne les revoient pas aussi souvent dans la semaine. Contacts moins répétitifs, plus diversifiés, qui se traduisent par un profil étalé, particulièrement visible pour les relations de travail. Le développement des contacts avec les « autres » relations va dans le même sens ; il s'agit de liens associatifs ou de « relations de relations », concernant aussi bien de vagues connaissances que des inconnus et qui témoignent de la « force des liens faibles » dans les milieux intellectuels, c'est-à-dire de la capacité à étendre le réseau de relations au-delà du cercle des proches [4].

En second lieu, toutefois, hommes et femmes s'opposent dans les deux groupes par la place qu'occupent chez ces dernières les relations de parenté au détriment des relations d'amitié. Déjà sensible chez les ouvriers non qualifiés, le contraste devient spectaculaire chez les professeurs. Or, cela n'empêche pas les femmes professeurs de rencontrer, dans chacun des autres types de relation, davantage de monde que les ouvrières non qualifiées. On aurait pu croire que la propension des professions intellectuelles à cumuler toutes les formes de sociabilité s'accommoderait mal de la division traditionnelle du travail de sociabilité entre les sexes ou, inversement, que ce partage des rôles allait entraver le développement de la sociabilité féminine. Force est de constater que les deux phénomènes vont de pair : les femmes des milieux riches en capital culturel cumulent une forte spécialisation dans les relations de parenté et une aptitude à diversifier leur réseau. Pour reprendre les formules du sociologue américain déjà cité [4], à l'étroitesse des liens « forts » avec les proches elles ajoutent la force des liens « faibles » avec le monde extérieur.

Graphique VII

Contrastes sociaux et partage des rôles entre les sexes

Deux exemples de réseaux

Type d'interlocuteurs lAm.s S ̂fravâ* E3Dlv«rs(D I CçOaTse" □ Voisms ■ Parenls

par les PROFESSEURS

Relations établies... par les OUVRIERS NON QUALIFIES

Récurrence de l'interlocuteur (nombre 3 moyen de contacts dans la 1 semaine) 0

_ v////çm

m-

Mil

Hommes

Femmes

10 15 20 0 5 10 15 20 25 Nombre cumulé d'interlocuteurs

1. Membres d'associations, simples «connaissances», inconnus, etc.

* Lecture : en une semaine, les femmes professeurs discutent avec six relations de travail différentes, à raison d'une discussion pour chacune en moyenne. Dans le même temps, les ouvrières non qualifiées ont discuté avec un peu plus de quatre relations de travail, qu'elles ont mentionnées à trois reprises.

Source : Carnets de l'enquête «Contacts», INSEE/INED, 1983.

Le dixième de la population active concentre un tiers des discussions entre amis ou entre collègues

Un des aspects de la corrélation entre sociabilité et capital culturel est que le fait que les plus fortes concentrations de relations s'observent dans des groupes sociaux numériquement très restreints. L'examen des carnets est éloquent : professions libérales, professeurs, artistes, fonctionnaires du « cadre A », instituteurs et travailleurs sociaux ne représentent, réunis, que 1 0 % de la population active masculine, mais rassemblent 34 % de ses relations d'amitié ou 35 % de ses relations de travail, et « seulement » 24 % de ses relations de parenté et 23 % de ses relations de voisinage. La situation des ouvriers est inverse : 35 % des hommes actifs sont ouvriers qualifiés ou non qualifiés, ce qui en fait de loin le groupe social le plus nombreux, mais on ne peut leur imputer que 1 7 % des relations amicales attestées dans la population active, 1 5 % des relations de travail, 1 5 % des relations de voisinage. Et si la parenté prend dans leur modeste réseau une importance relative qu'elle n'a pas dans les classes supérieures, elle ne représente encore que 20 % des relations de parenté déclarées par l'ensemble des actifs.

Le fait que, dans l'ensemble, les diverses composantes de la sociabilité se cumulent au lieu de s'exclure et restent très concentrées dans l'espace social remet en place quelques idées reçues. À la suite de Georg Simmel, qui fut au début du siècle l'un des premiers sociologues à mettre la sociabilité au centre de ses préoccupations, on a souvent tiré argument de la pluralité des rôles sociaux endossés par chacun pour affirmer qu'elle donnait du jeu au comportement individuel et venait desserrer les contraintes sociales. Au lieu d'être pris dans un rôle unique, vous êtes tour à tour parent, ami, voisin, collègue,"membre d'une association, etc., en sorte que vous n'investissez jamais qu'une fraction de votre personne dans chacune de ces activités. Simmel voyait dans la grande ville le lieu par excellence de cette libération. Mais, à la lumière des résultats exposés ici, cette image de l'agent social multi- cartes apparaît sous un autre jour. Ce n'est pas parce que l'on passe d'un secteur de la sociabilité à l'autre que l'on devient un autre homme. La même personne cumule les divers rôles et elle ne pourrait le faire si elle ne détenait pas un même ensemble d'atouts, très inégalement répartis. C'est encore le monde social qui alloue à certains la faculté de pouvoir jouer avec lui. D

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REVUE FRANÇAISE DES AFFAIRES SOCIALES

Revue éditée par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle, et le ministère de la Solidarité,

de la Santé et de la Protection sociale.

42e ANNEE N° hors série Novembre 1988

PÈRES ET PATERNITE Un numéro hors-série de la Revue Française des Affaires Sociales consacré à la publication des Actes du colloque « Pères et Paternité » organisé à Paris les 1 et 2 février 1988. Du Pater Familias aux « Nouveaux pères », ce numéro aborde l'évolution de la paternité de façon plurielle et globale avec des analyses de praticiens et d'universitaires des diverses disciplines concernées — histoire, sociologie, démographique, psychologie, droit, etc.

Avec notamment : • le rôle des pères à travers l'histoire,

Yvonne KNIBIEHLER ; • l'importance de la fonction paternelle,

Pierre FERRARI ; • la paternité en droit civil, Catherine

LABRUSSE ; • le contentieux de la famille naturelle,

Madeleine SABATINI ; • vers une société sans pères, Evelyne

SULLEROT; • la place du père dans les législations

européennes, Marie-Thérèse MEUL- DERS.

Abonnements : 4 numéros trimestriels + 1 numéro hors série France : 300 F - Autres pays en $ US : 75 S.P.P.I.F. - B.P. 22 41353 VINEUIL

Prix du numéro : 75 F Principaux points de vente à Paris :

FNAC Montparnasse et Forum GIBERT26, Bd St Michel PUF 49, BdSt Michel SCIENCES POLITIQUES 30, rue St Guillaume DUNOD 30, rue St Sulpice LGDJ 20, rue Soufflot DALLOZ 1 1, rue Soufflot

BIBLIOGRAPHIE

[1 ] F. HÉRAN, « Comment les Français voisinent », Économie et statistique, 195, janvier 1987, pp. 43-59.

[2] F. HÉRAN : « Un monde sélectif : les associations », Économie et statistique, 208, mars 1 988, pp. 1 7-31 ; « Au cœur du réseau associatif : les multi-adhérents », ibid., pp. 33- 44.

[3] 0. CHOQUET, « Les sorties : une occasion de contacts », Économie et statistique, 214, octobre 1988, pp. 19-25.

[4] M. S. GRANOVETTER, « The strength of weak ties », American Journal of Sociology, 78 (6), mai 1973, pp. 1360- 1380.

[5] C. S. FISCHER, To dwell among friends. Personal networks in town and city, Chicago/London, Chicago University Press, 1982.

[6] P. V. MARSDEN, « Core discussion networks of Americans », American Sociological Review, 52 (1), 1987, pp. 122-131.

[7] B. WELLMANN & S. D. BERKOWITZ (éd.). Social structures. A network approach, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 (spécialement chap. 2, 4 et 6).

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Monsieur Olivier Marchand

L'entrée des jeunes dans la vie activeIn: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 23-25.

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Marchand Olivier. L'entrée des jeunes dans la vie active. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 23-25.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5269

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DOSSIER

L'entrée des jeunes

dans la vie active

Plus tard, plus difficilement

À propos de l'entrée des jeunes dans la vie active, beaucoup de ce qui avait été écrit depuis le début des années 80 pourrait être repris aujourd'hui [1 ; 2]. Déjà signalées dans le précédent dossier (198 1), les difficultés d'insertion se sont accrues depuis. De façon générale, le passage de l'école au monde du travail s'effectue moins aisément : en particulier, du fait de la crise, les situations intermédiaires se multiplient et s'allongent, tout comme les périodes de chômage. Mais le dossier présenté ici témoigne aussi de signes d'amélioration apparus depuis 1985. Au cours des dernières années, les « TUC », «SIVP » et autres formules institutionnelles de stages ont apparemment facilité l'insertion des jeunes. Mais il faudra le recul de quelques années pour juger du caractère durable de ces évolutions récentes, dont on peut se demander si elles n'ont pas seulement masqué pendant que/que temps la tendance plus que décennale à la détérioration de la situation des jeunes débutants. Deux approches différentes de l'insertion professionnelle des Jeunes sont ici privilégiées successivement. Dans la première, en s'appuyant sur l'enquête Formation-Qualification professionnelle de l'INSEE, on a examiné la situa

tion d'activité en 1985 des personnes qui étaient encore en formation initiale cinq ans auparavant. Il s'agit donc d'une description de l'insertion qui regroupe les situations connues par les jeunes cinq ans, quatre ans, trois ans, deux ans ou un an après leur sortie de l'appareil de formation (P. Laulhé, p. 27). L'intérêt est d'avoir, dans beaucoup de cas, un recul suffisant pour dépasser les premiers « tâtonnements » de l'entrée dans la vie active. L'enquête permet aussi de mettre en évidence le rôle joué par le milieu familial et l'origine sociale. En outre, la répétition régulière d'enquêtes comparables (les deux dernières ont eu lieu en 1977 et 1985) permet d'analyser de façon fine les évolutions de l'insertion des jeunes sur longue période. En revanche, on ne peut apprécier de cette façon les inflexions les plus récentes affectant les phénomènes d'insertion. La seconde approche se situe dans le cadre d'analyse des bilans formation-emploi (encadré p. 25). En rapprochant les flux de sortie du système éducatif des données de I "enquête Emploi, on étudie comment se déroule la première entrée sur le marché du travail des jeunes sortis de l'appareil de formation au cours ou à la fin d'une année scolaire déterminée. L 'observation a lieu au mois de mars suivant fa sortie, date de l'enquête Emploi. Dans ce cadre conceptuel, le premier article décrit le fonctionnement du système éducatif à travers les flux de sortie annuels de jeunes (S. Lemerle, p. 35). Le deuxième article analyse les recrutements opérés par les entreprises (F. Audier, p. 43), enfin le troisième cherche à savoir de quelle façon ces deux composantes s'ajustent sur courte période (E. Join-Lambert et X. Viney, p. 5 1). L 'accent est mis sur les sorties de l'école de 1983 à 1986, parfois même 1987, avec quelques rappels concernant les années antérieures. De ces articles, qui se complètent mutuellement, émergent un certain nombre de traits communs. En premier lieu, la durée des études s'a/longe, et donc le degré de qualification de la jeunesse s'élève, bien que ne diminue plus la proportion déjeunes sortant sans formation. Parmi toutes les formations, les filières techniques ou professionnel/es rencontrent un succès croissant. Le poids de la crise se traduit par des situations plus fréquentes de chômage ou de précarité à la sortie de f 'école et par une diminution des recrutements de la part des entreprises. De plus, la concurrence s'accroît entre jeunes, entraînant un glissement des formations élevées vers des emplois moins qualifiés. Cependant, en dépit de leur dévalorisation croissante, les diplômes restent un bon rempart contre le chômage. Des phénomènes de concurrence s'exercent aussi de plus en plus entre adultes expérimentés et débutants pour l'accès à l'emploi. Le lien entre emplois occupés et spécialités de formation reste assez fort, mais,en contrepartie de l'embauche, les employeurs tendent à demander des niveaux de formation, voire des diplômes, plus élevés, assortis de déclassements. Enfin, des différences profondes de parcours se maintiennent entre jeunes gens et jeunes filles.

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À condition que soient prises en compte toutes les formes d'emploi, même ce/les qui ne comportent pas de contrat de travail, les recrutements de jeunes scolaires reprennent à partir de 1985. Dans le même temps, le chômage à la sortie de l'école régresse. L'amélioration est nette, en particulier pour les titulaires de CAP ou BEP, mais fragile, car elle dépend étroitement des mesures récentes prises en faveur des jeunes, notamment les moins qualifiés. Ces derniers occupent dans de nombreux cas des postes d'ouvriers ou d'employés pour lesquels l'horizon de la relation de travail entre l'employeur et le jeune est très limité [3]. Le problème de la recherche d'emploi n'est alors que repoussé à plus tard. La principale limite des analyses présentées dans ce dossier tient à la durée d'observation retenue pour juger de l'insertion. Certes, l'enquête Formation-Qualification professionnelle prend un peu plus de distance que l'enquête Emploi, mais, dans une période où les cheminements sont de plus en plus longs et complexes avant de parvenir à un véritable emploi stable. Userait bon d'avoir plus de recul. En particulier, les jeunes qui mettent plus de temps à trouver un emploi sont considérés dans les bilans formation-emploi comme recrutés à partir du chômage. L'insertion est donc considérée ici moins comme la description de parcours individuels que comme celle du point de rencontre entre deux systèmes qui n 'ont ni les mêmes normes, ni les mêmes rythmes et qui poursuivent des objectifs assez indépendants, en dépit des efforts tendant à rapprocher l'école de l'entreprise.

Olivier MARCHAND, chef de la division Emploi

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LES BILANS FORMATION-EMPLOI Les bilans formation-emploi ont pour objet de décrire de manière détaillée les sorties du système éducatif et le devenir des jeunes à la sortie de l'école. Le bilan d'une année n décrit les jeunes qui étaient scolarisés au début de cette année mais ne le sont plus un an après. Pour cela, on analyse principalement trois types de flux.

Cadre central... Les sorties du système éducatif sont décrites à partir des données collectées par la Direction de l'Évaluation et de la Prospective du ministère de l'Éducation nationale. Les sortants sont les jeunes scolarisés durant une année scolaire ou univers/taire, non réinscrits l'année suivante. Les destinations des jeunes quittant le système éducatif : apprentissage, service national, emploi, chômage, etc. sont observées en mars de l'année n + 1, neuf mois environ après leur sortie, à l'aide de l'enquête Emploi de l'INSEE. L 'échantillon étant renouvelé par tiers chaque année, les sortants sont ici ceux qui, interrogés un an auparavant, avaient déclaré une occupation principale «d'élève ou étudiant», mais ne la déclarent plus un an plus tard. Les recrutements dans les entreprises sont également décrits à l'aide de l'enquête Emploi. Sont ici concernées toutes les personnes qui en mars n + 1 travaillent dans une entreprise et qui un an auparavant n'avaient pas d'emploi ou ne travaillaient pas dans la même entreprise. Il s'agit de replacer les embauches de « débutants » dans l'ensemble des « recrutements nets » de main-d'œuvre. En effet, les personnes qui ont été embauchées entre mars n et mars n + 1 , mais qui ont quitté leur travail avant la fin de la période, sont ignorées. Ces trois approches sont à peu près cohérentes. Les sortants examinés dans l'analyse des recrutements sont les mêmes que ceux qui ont trouvé un emploi dans l'analyse des destinations. Les sorties du système éducatif sont un peu différentes selon le ministère de l'Éducation nationale et selon l'enquête Emploi, pour plusieurs raisons : d'abord les définitions sont légèrement différentes, l'enquête considérant parfois comme des sortants des jeunes qui travaillent en poursuivant leurs études; ensuite le ministère doit parfois procéder à des estimations; enfin l'enquête Emploi comporte une incertitude aléatoire non négligeable. Ces démarches permettent surtout des analyses de structure; les évolutions sont plus difficiles à apprécier, du fait des incertitudes affectant les données. Aussi faut-il se garder de comparer seulement deux bilans consécutifs et rester prudent lorsque l'on étudie les mouvements de moyen terme. En outre, le changement du questionnaire de l'enquête Emploi en 1982 introduit une rupture parfois importante dans certaines séries.

... et compléments Pour compléter le cadre central d'autres sources sont utilisées, parmi lesquelles l'Observatoire des entrées dans la vie active du CEREQ. En effet, un certain nombre de situations intermédiaires (apprentissage, stages, service national) sont mal appréhendées dans ce cadre. En outre, de plus en plus de jeunes ne trouvent un emploi stable que longtemps après leur entrée sur le marché du travail. Enfin, l'enquête Emploi ne permet pas toujours des analyses très fines en raison de la taille de son échantillon. L'INSEE, le CEREQ et la Direction de l'Evaluation et de la Prospective du ministère de l'Éducation nationale publient périodiquement des bilans complets comportant, outre des résultats détaillés, la méthodologie et la liste des services statistiques fournisseurs des données [4; 5]. Les actualisations des tableaux du cadre central paraissent également pour chaque année intermédiaire [6; 7].

BIBLIOGRAPHIE [1] «L'entrée des jeunes dans la vie active». Économie et

statistique, n° 134, juin 1981. [2] N. COEFFIC : « Les jeunes à la sortie de l'école : poids du

chômage et risques de déclassement », Économie et statistique, n° 193-194, novembre-décembre 1986. [3] M. GLAUDE et J.-P. JAROUSSE : « L'horizon des jeunes salariés

dans leur entreprise». Économie et statistique, n° 211, juin 1988.

[4] « Bilan Formation-emploi 1 983 », Les Collections de l'INSEE, série D, n° 1 1 0.

[5] « Bilans Formation-emploi 1 986 », numéro des Collections de l'INSEE à paraître au premier semestre 1 989.

[6] «Bilan Formation-emploi 1984», Archives et documents, INSEE, n°207, mai 1987.

[7] «Bilan Formation-emploi 1985», Archives et documents, INSEE. n°251, juin 1988.

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Monsieur Pierre Laulhé

1980-1985 : les difficultés de l'insertionIn: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 27-33.

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Laulhé Pierre. 1980-1985 : les difficultés de l'insertion. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 27-33.

doi : 10.3406/estat.1988.5270

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5270

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Resumen1980-1985 : las dificultades de la inserción - Desde los años 60 la duración de la escolaridad no déjà deextenderse y los jóvenes que llegan al mercado laboral presentan cada vez más un mayor numéro dediplomas. No obstante, encuentran con menor frecuencia que hace diez anos un empleo adaptado a sunivel de formación : la descalificación afecta a todos los diplomas, salvo a los más elevados de laenseñanza superior.El riesgo de estar desempleado en un lapso de tiempo de menos de cinco años después de haberfinalizado los estudios se duplicó entro los dos periodos 1972-1977 y 1980-1985. Las mujeres estánmucho más expuestas que los hombres — uno de cada cinco hombres se encuentran en desempleo yuna mujer de cada cuatro — . Los menos diplomados son siempre los más afectados por el paro, peroel riesgo de estar desocupado en 1 985 es tanto menos importante cuanto que los candidatosfinalizaron sus estudios desde hace mucho tiempo. Entre los jóvenes que egresaron del sistemaescolar entre 1 980 y 1 985 y que cuentan con un empleo en 1985, uno de cada cinco tiene un empleoprecario, los varones con mayor frecuencia (21,4%) que las mujeres (18,6%).A partir del periodo de escolaridad las diferencias de medio social ejercen una inf luencia en lo querespecta al ciclo completo de formación. La prosecución de los estudios después de los 16 años esmás frecuente entre los jóvenes cuyo padre es ejecutivo o ejerce una profesión intermediaria que entrelos hijos de obreros o de empleados. Los hijos de funcionarios o de no asalariados conocen con menorfrecuencia el desempleo y tienen más suerte que los otros para encontrar un empleo estable.

Résumé1980-1985 :les difficultés de l'insertionPierre LaulhéDepuis les années 1960, la durée de la scolarité ne cesse de s'allonger, et les jeunes qui entrent sur lemarché du travail sont de plus en plus diplômés. Mais ils trouvent moins souvent qu'il y a dix ans unemploi en rapport avec leur niveau scolaire, la déqualification atteint tous les diplômes sauf ceux del'enseignement supérieur long.Le risque de se retrouver au chômage moins de cinq ans après la sortie de l'école a doublé entre lesdeux périodes 1 972-1 977 et 1 980-1 985. Les femmes sont toujours plus atteintes que les hommes(un homme sur cinq est au chômage et une femme sur quatre). Les moins diplômés sont toujours lesplus touchés par le chômage, mais le risque d'être au chômage en 1985 est d'autant moins importantque les études sont terminées depuis longtemps.Parmi les jeunes qui sont sortis du système scolaire entre 1 980 et 1 985, et qui ont un emploi en 1985,un sur cinq a un emploi précaire, les jeunes gens un peu plus souvent (21,4%) que les jeunes femmes(1 8,6 %).C'est dès la scolarité que les différences de milieu social influent sur le cursus. La poursuite des étudesaprès 1 6 ans est plus fréquente chez les enfants dont le père est cadre ou exerce une professionintermédiaire que chez les enfants d'ouvriers ou d'employés. Les enfants de fonctionnaires ou de non-salariés connaissent moins souvent le chômage et ont plus de chances de trouver un emploi stable.

Abstract1980-1985: The Difficulties of Professional Integration - After the sixties, the time spent at schoolbecame longer and longer, and young people entered the labour market with increasingly higherdiplomas. However, they were less likely to find a job which corresponded to their level of educationthan their elders had been ten years before : all diplomas were downgraded except those following longuniversity studies.The risk of finding oneself unemployed less than five years after leaving school doubled between the 1972-1977 and the 1 980-1 985 periods. Women were always more affected than men (one man out offive and one woman out of four were unemployed). Those who had lower diplomas always sufferedmore form unemployment, but the risk of being unemployed in 1985 was all the less serious as schoolwas further back in time.Among the young people who had left school between 1980 and 1985 and who were employed in 1985, one out of five had a precarious jof. This affected young men more than young women (21.4%

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against 18.6 %).As early as school, the differences of social background started to have an influence on an individual'scareer. Teenagers whose parents were executives or had middle-ranking jobs, were more likely to stayat school after they had turned 1 6, than those whose parents were workmen or employees. Thechildren of civil servants and non-salaried workers were less often unemployed and had more chancesof finding a steady job.

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L'ENTREE DES JEUNES DANS LA VIE ACTIVE

1 980-1 985 :

les difficultés de l'insertion

par pierre Lauihé* Depuis les années I960, la durée de la scolarité ne cesse de s'allonger, et les jeunes qui entrent sur le marché du travail sont de plus en plus diplômés. Mais ils trouvent moins souvent qu'il y a dix ans un emploi en rapport avec leur niveau scolaire : la déqualification atteint tous les diplômes sauf ceux de l'enseignement supérieur long.

Le risque de se retrouver au chômage moins de cinq ans après la sortie de V école a doublé entre les deux périodes 1972-1977 et 1980-1985. Les femmes sont toujours plus exposées que les hommes (un homme sur cinq est au chômage et une femme sur quatre). Les moins diplômés sont toujours les plus touchés par le chômage, mais le risque d'être au chômage en 1985 est d'autant moins important que les études sont terminées depuis plus longtemps.

Parmi les jeunes qui sont sortis du système scolaire entre 1980 et 1985, et qui ont un emploi en 1985, un sur cinq a un emploi précaire, les jeunes gens un peu plus souvent (21,4 %) que les jeunes femmes (18,6 %).

C'est dès la scolarité que les différences de milieu social influent sur le cursus. La poursuite des études après 16 ans est plus fréquente chez les enfants dont le père est cadre ou exerce une profession intermédiaire que chez les enfants d'ouvriers ou d'employés. Les enfants de fonctionnaires ou de non-salariés connaissent moins souvent le chômage et ont plus de chances de trouver un emploi stable.

* Pierre Lauihé fait partie de la division "Emploi" du département "Population-ménages" de l'INSEE.

Jusqu'au début des années 70, les jeunes qui entamaient une activité salariée trouvaient généralement un emploi correspondant "normalement" à leur niveau de formation : aux titulaires d'un BEPC les catégories d'employés, aux jeunes munis d'un CAP ou d'un BEP, les emplois d'ouvriers qualifiés et d'employés, aux jeunes avec un brevet de technicien, un baccalauréat ou un diplôme de l'enseignement supérieur court (bac + deux années), les "professions intermédiaires", et, enfin, aux diplômés de l'enseignement supérieur long, les emplois de cadres. Si l'on se réfère à cette correspondance, il y a "sous-qualification" lorsque l'enquêté appartient à une catégorie située, dans la hiérarchie socioprofessionnelle, en dessous de la catégorie "normale" d'arrivée, et "surqualifï- cation" dans le cas contraire. Avec ces conventions, l'enquête Formation-Qualification professionnelle de 1985 (FQP) permet de décrire

la situation des jeunes qui étaient encore élèves ou étudiants en 1980 et qui sont entrés depuis dans la vie active (encadré p.28). La dévalorisation de certains diplômes, déjà observée lors de l'enquête 1977 [1], s'est poursuivie. Tel est l'enseignement principal de cette enquête.

Des risques accrus de déclassement...

Ainsi, en 1985, les hommes titulaires d'un CAP ou d'un BEP ont trouvé moins souvent qu'auparavant un emploi d'ouvrier qualifié. De même, les jeunes femmes titulaires d'un BEPC sont devenues employées moins fréquemment que par le passé (tableau 1). Les titulaires du baccalauréat ont eux aussi subi une déqualification, légère

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L 'ENQUETE FORMA TION QUALIFICA TION PROFESSIONNELLE DE 1985

Le champ de l'enquête recouvre l'ensemble des personnes âgées de plus de quinze ans en 1985, rattachées à un ménage ordinaire au moment du recensement. Au dessus de 72 ans, seules les personnes actives à la date du recensement de 1982 ont été interrogées. Les appelés au Service national à la date de l'enquête sont exclus de l'échantillon. L'enquête a été réalisée par sondage auprès d'un échantillon d'environ 46.000 individus, stratifié par sexe, nationalité, type d'activité, catégorie socioprofessionnelle et année de naissance. Plus de 39.000 onf répondu. Les entretiens ont été réalisés par enquêteur auprès des individus nommément désignés. Cette enquête comporte trois volets principaux. Le premier est consacré à l'observation de la mobilité sur une période de cinq ans : occupation, et, pour ceux qui travaillent, profession, statut, qualification, établissement employeur en 1980 et 1985. Les résultats ainsi obtenus ne sont bien entendu que des flux nets puisqu'ils résultent de la confrontation de

deux situations éloignées de cinq ans. C'est cette partie qui sert à définir le champ de l'étude sur l'insertion. Une enquête équivalente avait eu lieu en 1977 sur la période allant de 1972 à 1977. Ce sont les évolutions relatives à ces deux périodes qui sont analysées. Cette analyse porte sur les personnes élèves ou étudiantes en 1980 (respectivement 1972) et actives en 1985 (respectivement 1977). Il s'agit donc aussi bien de personnes en tout début de carrière que d'individus dont l'insertion remonte à quelques années. Le modèle LOGIT utilisé dans les tableaux 3 et 4, permet d'éliminer les effets de cette hétérogénéité sur l'emploi et le chômage.

Le second volet concerne la formation scolaire et post-scolaire. On peut reconstituer les filières suivies par chaque individu et déterminer le diplôme le plus élevé obtenu. Le troisième volet décrit la situation socioprofessionnelle des ascendants (père, mère, grands-pères), ainsi que celle du père du conjoint.

Tableau 1 Le déclassement des diplômes s'accentue* En%

* En 1985, 77% des jeunes gens titulaires d'un diplôme universitaire de 2 ou 3 ièm cycle, ou d'un diplôme d'ingénieur ou de grande école sont devenus cadres, entre un et cinq ans après leur sortie du système scolaire. En 1977, ils n'étaient que 62 %. Champ .hommes et femmes actifs salariés ou chômeurs ayant été élèves ou étudiants cinq ans plus tôt. Les chômeurs ont été classés dans la catégorie socioprofessionnelle de leur ancienne activité.

Diplôn 1985 1977

Diplôn 1985 1977

Bacca 1985 1977

Bacca 1985 1977

Diplôn 1985 1977

BEPC 1985 1977

CEPo 1985 1977

HOMMES

Cadre

ne unive 77 62

ne de te 14 14

auréat ( /// ///

auréat 1 /// ///

ledel'e

ill

j aucun Profes

sion intermédiaire

rsitaire 20 33

chnicier 70 70

ie l'ens 48 53

echniqi 35 40

nseigne 7 7

14 17

diplôrru 3

2 Em

ployé

du 2e et /// ///

supérie 12 12

3igneme 34 30

e, brève 31 22

ment te 16 15

39 33

14 9

Ouvrier qualifié

3e cyck

jur, BTS /// ///

nt gêné /// ///

ît de tec 20 22

chnique 45 51

21 12

15 22

Ouvrier non

qualifié

î, école

,DUT, /// ///

rai 11 9

hnicien 13 14

court ( 32 27

26 35

68 66

Effectif

en %

d'ingén 100 100

diplôme 100 100

100 100

, brevet 100 100

CAP, BE 100 100

100 100

100 100

en milliers

eur, gra 100 119

univers 113 94

85 72

de l'ens 61 74

P, etc. 438 444

117 162

399 499

FEMMES

Cadre

nde écc 46 46

itaire 1e 4

III

III III

eignem /// III

-

Ill

III Profes

sion intermédiaire

le... 40 43

r cycle 59 74

23 27

ent tech 12 30

6 4

8 7

///

2 Em

ployee

14 11

36 20

66 * 61

nique 79 67

77 78

73 77

75

52 Ou

vrière qualifiée

-

/// ///

/// ///

/// ///

3 4

5 3

///

4 Ou

vrière non qualifiée

///

6 5

7 ///

14 14

13 11

22 42

Effectif

en %

100 100

100 100

100 100

100 100

100 100

100 100

100 100

en milliers

103 73

203 142

129 130

102 83

421 388

131 194

229 440

/// : Chiffres non significatifs.

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Tableau 2 Le risque de se retrouver au chômage a doublé entre les deux périodes 1972- 1977 et 1980-1985* Diplôme le plus élevé obtenu

Diplôme de l'enseignement supérieur Baccalauréat général Baccalauréat de technicien + brevet d'enseignement technique CAP, BEP BEPC CEP Pas de diplôme

Ensemble

1977

Hommes 3

III

III

7 10 9

12

7.9

Femmes

6

15

///

8 9

21 28

14,0

1985

Hommes

8

13

10

20 19 19 31

19,8

Femmes

8

19

14

31 22 41 42

24,9 /// Chiffres non significatifs * Le risque de se retrouver au chômage pour les jeunes femmes titulaires d'un CAP est passé de 8 % entre 1972-1977 à 31 % entre 1980-1985. Champ : actifs, élèves ou étudiants cinq ans plus tôt. Source : enquête FQP.

pour les hommes ainsi que pour les femmes ayant un baccalauréat général, beaucoup plus sensible pour les bachelières des séries techniques. Parmi ces dernières, près de quatre sur cinq sont insérées en 1985 au niveau employé, alors qu'en 1977 ce n'était le cas que pour les deux tiers. Ces bachelières des séries techniques subissent de plein fouet la concurrence des titulaires de BTS ou de DUT dont les effectifs ont explosé en quelques années (encadré p.32). Ces dernières ne laissent aux bachelières que très peu de chances ae s'insérer dans une profession intermédiaire (environ une sur huit). La concurrence existe aussi à présent pour les postes d'employées, notamment dans les services administratifs d'entreprise, catégorie de prédilection des bachelières des séries techniques, mais de plus en plus recherchée, faute de mieux, par les titulaires de BTS et DUT. Il se peut aussi que la qualification de certains de ces emplois ait évolué et nécessite à présent un personnel mieux formé.

Si le "rendement" des diplômes de l'enseignement supérieur court est resté stable chez les hommes, il a très sensiblement diminué chez les femmes : 59 % d'entre elles seulement ont trouvé un emploi dans une profession intermédiaire, alors qu'elles y parvenaient à 74 % huit années avant. Un moindre recrutement d'institutrices semble expliquer la totalité de cette baisse relative. Par contrecoup, les surdiplômées sont de plus en plus nombreuses parmi les employées, surtout parmi les employées administratives d'entreprise et les employées de la Fonction Publique.

...sauf pour les diplômés du supérieur long

La déqualification n'a pas atteint les titulaires de diplômes de l'enseignement supérieur long. Au contraire, pourrait-on dire, puisque, chez les hommes, en 1985, plus des trois quarts d'entre eux ont trouvé un emploi de cadre contre moins des deux tiers en 1977. La proportion de femmes cadres est demeurée inchangée : 46 %. Il est possible toutefois qu'il y ait dans certains cas dévalorisation "masquée" du diplôme. Dans la Fonction Publique, par exemple, des concours d'accès à la catégorie A sont de plus en plus souvent fréquentés par des titulaires de diplômes nettement supérieurs au niveau requis.

Davantage de chômeurs à la sortie du système scolaire

Globalement, le risque de se retrouver au chômage moins de cinq ans après la sortie de l'école a doublé entre les deux périodes 1972-1977 et 1980- 1985. Les femmes sont toujours plus atteintes que les hommes, mais l'écart tend à se réduire. En 1977, elles étaient chômeuses près de deux fois plus souvent que les hommes (14 % contre 7,9 %); en 1985, le chômage concernait une femme sur quatre et un homme sur cinq. Peut-être est-ce, dans certains cas, la conséquence d'une adéquation formation-emploi plus souple chez les femmes. Par exemple, le chômage des femmes titulaires d'un BTS ou d'un DUT semble avoir diminué entre 1977 et 1985. Or, ces dernières se sont dépréciées sur le marché de l'embauche. Elles se sont "rabattues" sur des postes d'employées, dont elles ont limité l'accès aux diplômées de l'enseignement technique, et aux titulaires d'un CAP ou d'un BEP qui se retrouvent beaucoup plus souvent au chômage qu'auparavant (quatre fois plus souvent pour celles qui ont un CAP ou un BEP).

Les moins diplômés sont toujours les plus touchés par le chômage. Les diplômés de l'enseignement supérieur sont toujours les mieux protégés, et les jeunes filles ne sont pas plus souvent au chômage que les jeunes gens (tableau 2). On a cherché, à l'aide d'un modèle LOGIT, à mesurer les effets propres de divers facteurs de vulnérabilité au chômage indépendamment les uns des autres. Il en ressort que le diplôme n'est pas le seul facteur à influer sur la probabilité de se retrouver au chômage dans les cinq premières années d'activité. Le délai écoulé depuis la fin des études a par exemple, autant d'effet que le diplôme : le risque d'être au chômage en 1985 est d'autant moins important que les études sont terminées depuis plus longtemps (tableau 3). De même, à situation comparable, le risque de chômage diminue avec l'âge chez les femmes. Enfin, les célibataires connaissent plus fréquemment le chômage que les couples. Il est probable que nombre d'entre eux vivent encore chez leurs parents et s'accommodent plus facilement d'une telle situation [2]. Par contre, si le fait d'avoir des enfants est un facteur atténuant la vulnérabilité au chômage des hommes, leur présence accroît très nettement le risque de

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Tableau 3 Incidence propre à chaque facteur sur la probabilité d'être au chômage qu'ont les actifs de 1985 qui étaient élèves ou étudiants en avril 1980*.

*Le modèle LOGIT permet d'isoler l'effet propre d'un facteur, par exemple l'âge, sur une caractéristique, ici le fait d'être au chômage en 1985 [5]. Les effets propres sont mesurés en points d'écart par rapport à la situation de référence (en gras dans le tableau). Par exemple, le fait d'être âgé de 30 à 34 ans fait baisser de 10 points le risque de se retrouver au chômage par rapport à celui que courent les hommes de 20 à 24 ans, tranche d'âge constituant la modalité de référence. Pour la situation de référence constituée par l'ensemble des modalités de référence, la probabilité d'être au chômage est estimée par le modèle à 12 % pour les hommes et à 19 % pour les femmes.

Age 16 à 19 ans 20 à 24 ans 25 à 29 ans 30 à 34 ans

Année de fin d'études 1980 1981 1982 1983 1984

Nationalité Français Étranger

Vie en couple Non Marié avec son conjoint Non marié avec son conjoint

Nombre d'enfants Aucun Un Deux ou plus

Diplôme Supérieur long BTS, DUT, 1er cycle universitaire Bac CAP. BEP BEPC CEP Sans diplôme

Statut du père (1) Non salarié Salarié Etat, Collectivité locale Autre salarié

Région de résidence des parents (1 ) Région parisienne Province

Activité de la mère (1 ) Travaillait Ne travaillait pas

Rang de naissance Enfant unique Aîné d'une famille de deux enfants Cadet d'une famille de deux enfants Aîné d'une famille de trois enfants ou plus Second d'une famille de trois enfants ou plus Autre

Hommes

- 5 + 2 - 10

+ 3 + 7 + 7 + 17

- 3

- 2

+ 4

Femmes

+ 6 + 1 - 9

+ 2 + 8 + 19 + 18

+ 12

- 5 - 8

- 7 - 3

- 6 - 7 - 5 - 1 + 2 + 8

- 4 - 1

- 4 - 5

+ 18 + 26

- 12 -15 - 8 - 5 + 8 + 8

- 5 - 6

- 5

+ 6

+ 1 + 10 0 + 4 + 5

- 3 + 1 0 - 7 1

1. A l'époque où V enquêté a terminé ses études.

1 . Les stages de début d'emploi (fonctionnaire, avocat etc...) sont classés parmi les emplois stables.

chômage des femmes. Les employeurs sont peut- être enclins à une certaine méfiance vis-à-vis des jeunes mères de famille. Il se peut aussi que certaines d'entre elles, ayant à résoudre des problèmes de garde d'enfants en bas âge, soient moins motivées dans leur recherche d'un emploi.

Des emplois précaires : surtout dans le tertiaire

Depuis de nombreuses années, le marché du travail a été transformé par la création massive et multiforme d'emplois précaires : contrats de travail à durée limitée (CDD), postes intérimaires, stages (1). Les jeunes entrant sur le marché du

vail sont les premiers concernés par la plupart de ces formes particulières d'emplois. Parmi ceux qui ont un travail en 1985 (apprentis exclus), un sur cinq a un emploi précaire. Les jeunes gens occupent un peu plus souvent que les jeunes femmes ce type d'emploi, 21,4 % contre 18,6 %.

L'emploi précaire est surtout un emploi de début de carrière. Plus ancienne est la date de fin d'études, moins grand est le risque d'avoir ce type d'emploi (tableau 4). Ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui sont les plus concernés, en partie du fait des limites d'âge imposées pour les stages. L'absence de diplôme ou, lorsqu'il en existe un, son faible niveau prédispose aux emplois précaires.

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Tableau 4 Incidence propre à chaque facteur sur la probabilité d'avoir un emploi précaire pour les actifs occupés de 1985 qui étaient élèves ou étudiants en avril 1980*.

Hommes Femmes

Age 1 6 à 1 9 ans20 à 24 ans25 à 29 ans30 à 34 ans ,

Année de fin d'études 1980 19811982 1983 1984

Vie en couple Non Marié avec son conjoint Non marié avec son conjoint

Diplôme Supérieur long BTS, DUT, 1er cycle universitaire Bac CAP, BEP BEPC CEP et sans diplôme

Statut du père (1) Non salarié Salarié Etat, Collectivité locale Autre salarié

Région de résidence des parents (1 ) Région parisienne Province

Secteur d'activité Industries lourdes Industries légères Tertiaire mobile Tertiaire à statut

Effectif salarié de l'entreprise Pas de salariés ou non déclaré 1 à 9 salariés 1 0 à 49 salariés 50 à 499 salariés 500 salariés et plus

- 5

11 13 5

- 3 + 7 + 3 + 13

- 3 - 9 - 4

+ 4 + 23 + 26 + 40

- £ - 1

- 14 - 9 -11 - 8 + 9

- 6 - 5

- 8 -12

+ 6 + 6 + 18 + 42

- 6 0

- 5 - 5 - 4 + 9 + 9

0 + 1

- 5

- 2 - 4 + £ - £

1. A l'époque où V enquêté a terminé ses études. Modèle LOGIT (voir tableau 3).

2. Administration, enseignement, santé, banques, assurances, télécommunications, etc.

C'est dans l'industrie que le recours aux emplois précaires est le plus faible. Paradoxalement, c'est en s'adressant à des établissements du secteur tertiaire à statut que ceux qui se sont insérés entre 1980 et 1985 ont le plus fréquemment trouvé des emplois peu stables : les "TUC" déjà nombreux en mai-juin 1985, appartiennent à ce secteur (2). Les grandes entreprises proposent elles aussi beaucoup d'emplois de ce type aux jeunes.

L'empreinte de l'origine familiale sur l'insertion

C'est dès la scolarité que les différences de milieu social influent sur le cursus [3]. La poursuite des études après 16 ans est plus fréquente chez les jeunes dont le père est cadre ou exerce une profession intermédiaire que chez les enfants d'ouvrier. Mais cet écart tend à se réduire. C'est la scolarité des enfants d'ouvrier qui s'est le plus allongée entre les deux périodes 1972-1977 et 1980-1985.

L'origine familiale pèse encore plus sur les insertions dans la vie active, particulièrement sur le risque de chômage et sur le type d'embauché (tableaux 3 et 4). Les enfants qui ont achevé leur scolarité entre 1980 et 1985 courent moins de risques d'être au chômage en 1985 lorsque leur père est salarié de l'Etat ou d'une collectivité locale. Lorsqu'ils ont un emploi, ils sont fonctionnaires deux fois plus souvent que les autres et, du fait du recrutement spécifique à ce secteur (concours, examens), évitent pour la plupart de transiter par le marché du travail. Cette hérédité sociale des fonctionnaires n'est pas nouvelle et cache même souvent une hérédité de métier (enseignement, militaires, etc..) [3]. Les enfants de non-salariés se retrouvent eux aussi moins souvent au chômage. S 'appuyant bien souvent sur le capital économique des parents (reprise de l'entreprise familiale, association avec les parents) et bénéficiant de leur expérience professionnelle, les enfants de non-salariés s'installent à leur compte deux fois et demi plus souvent que les autres [4].

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Entre les deux périodes 1972-1977 et 1980-1985 sur lesquelles portent les deux enquêtes FQP, la scolarité s'est allongée (voir l'article suivant de ce dossier). Par conséquent, les jeunes qui entrent sur le marché du travail ont un niveau de diplôme plus élevé. Cette élévation du niveau de diplôme s'accompagne d'un boom des diplômes à vocation technologique ou à finalité professionnelle de tous niveaux, plus net encore chez les jeunes femmes (graphique).

PLUS DE DIPLOMES DU SUPERIEUR,

Le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur s'est accru de 21 %. Parmi les jeunes qui sont entrés sur le marché du travail entre 1980 et 1985, 19% possédaient un diplôme de l'enseignement supérieur. Ils n'étaient que 15 % au cours de la période 1977-1982. Mais cette évolution ne concerne pas tous les types de diplômes. S'il y a eu une véritable explosion du nombre de titulaires de BTS et DUT (+59%), ou des diplômés de

Hommes 1977 1985

En%u Femmes

1977 1985 Diplôme universitaire du 3e cycle, école d'ingénieur, grande école Licence, maîtrise

BTS, DUT Diplôme universitaire du 1er cycle

Diplôme paramédical ou social

Baccalauréat général Baccalauréat technique, brevet de l'enseignement technique

V' 64

. 23 23 ■: ....

''■"'- '?&*%

1 26 v 1 H3-: j

CAP, BEP, (avec ou sans BEPC)

BEPC seul

CEP

\ 47-';

335',-

- S3 ; V « -

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;,"32S -

Champ : hommes et femmes actifs salariés ou chômeurs ayant été élèves ou étudiants cinq ans plus tôt. Source : enquêtes FQP de 1977 et 1985.

Aucun diplôme ENSEMBLE 1 000 1 000 1 000 1 000

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PLUS DE DIPLOMES TECHNOLOGIQUES

l'enseignement paramédical et social (+45 %), il y a eu stagnation des diplômés des deux premiers cycles universitaires. Ce sont les diplômés des écoles d'ingénieur ou d'écoles scientifiques qui expliquent la quasi-totalité de l'accroissement du nombre de diplômés de l'enseignement supérieur long (hors licence et maîtrise). Entre 1980 et 1985, les jeunes femmes ont été près de deux fois plus nombreuses (+78 %) que huit ans plus tôt à entrer sur le marché du travail munies d'un diplôme de l'enseignement supérieur long (hors licence et maîtrise). Ce sont les diplômées d'écoles scientifiques ou de troisième cycle universitaire dans certaines disciplines (droit, carrières administratives, sciences économiques) dont le nombre s'est le plus accru. L'effectif des jeunes femmes actives titulaires de BTS ou de DÛT a aussi fortement augmenté (+77 %). Les filières tertiaires ont été les plus prisées : secrétariat, gestion, commerce, comptabilité. Les spécialités paramédicales ou sociales ont également attiré davantage que précédemment et, désormais, la quasi-totalité de ces diplômées a aussi le baccalauréat. Chez les jeunes gens, il y a stabilisation, voire régression dans certains cas, de l'effectif des diplômes du supérieur, à l'exception des titulaires de BTS ou de DUT dont le nombre a crû, moins vite cependant que chez les jeunes femmes : +44 %. La totalité de l'accroissement concerne les séries scientifiques. Dans le même temps, les cycles universitaires "classiques" semblent avoir connu une certaine désaffection de la part des jeunes gens : seuls parmi eux les titulaires d'une licence ou d'une maîtrise se sont maintenus au même niveau, alors que le nombre des diplômés des 1er et 3e cycles diminuent. Globalement, si le nombre des diplômés du supérieur s'est accru, le "rendement" des études supérieures a diminué. La proportion de jeunes qui n'ont aucun diplôme après avoir entamé des études supérieures est passée de 25% à 30% entre les deux périodes 1972- 1977 et 1980-1985. Le nombre de bacheliers est également en augmentation (+12%). Comme dans le supérieur, les jeunes qui entrent sur le marché munis d'un baccalauréat général ne sont qu'en légère progression, tandis que les entrées en activité de jeunes femmmes en possession d'un baccalauréat technique ont nettement augmenté. Le nombre de titulaires d'un CAP ou BEP augmente également (+13 %). La poussée féminine se fait particulièrement sentir dans trois spécialités : le commerce et la distribution, la santé, et les services dans l'hôtellerie et les collectivités. Globalement, le niveau de formation des titulaires d'un CAP ou d'un BEP s'accroît. Ils sont nettement plus nombreux à posséder également le BEPC. Les titulaires du seul BEPC sont moins nombreux qu'auparavant. Quant à ceux qui sortent du système scolaire avec pour tout bagage un CEP, ils sont à présent marginalisés : ils sont quatre fois moins nombreux chez les jeunes femmes, deux fois moins chez^ les jeunes gens qu'entre 1972 et 1977. Ils ne représentent plus, respectivement, que 5,4 % et 3,4 % des entrées en activité. Plus d'un jeune homme sur quatre s'est présenté sur le marché du travail sans diplôme, soit un peu plus souvent qu'entre 1972 et 1977. Par contre la part des jeunes femmes sans diplôme a très nettement diminué (18,2 % en 1977, 15,8 % en 1985). Cela ne veut pas dire pour autant que ces non-diplomés n'ont pas fait d'études : un tiers d'entre eux ont au moins atteint la troisième. Ils ont, eux aussi, tendance à poursuivre leur études plus avant.

En outre, ils aident fréquemment un membre de leur famille installé à son compte. Etre fils de fonctionnaire ou de non-salarié accroît aussi les chances de trouver un emploi stable, et lorsque ce n'est pas le cas, d'effectuer un stage.

Le fait que la mère exerçait une activité professionnelle lorsque son enfant a achevé ses études constitue, pour ce dernier, un avantage non négligeable pour l'obtention d'un emploi. Lorsqu'elle travaille, son réseau couvre un spectre plus large qui vient s'ajouter à celui du père et peut ainsi favoriser l'insertion professionnelle de ses enfants. De même, être enfant unique ou aîné présente un avantage chez les hommes. Par ailleurs, les enfants dont les parents habitaient en région parisienne à la fin de leurs études ont plus souvent que les autres évité l'écueil du chômage. Le nombre et la variété des emplois y sont plus vastes qu'en province. D

BIBLIOGRAPHIE

[1] R. POHL et J. SOLEILHAVÇUP : "Entrées des jeunes et mobilité des moins jeunes", Economie et Statistique, nQ 134, juin 1981.

[2] M. ELBAUM : "Stages, emplois et salaires d'embauché, l'insertion des jeunes à quel prix ?", Economie et Statistique, n921 1, juin 1988.

[3] M. GOLLAC et P. LAULHE : "Les composantes de l'hérédité sociale", Economie et Statistique, nQ199-200, mai-juin 1987.

[4] M. GOLLAC et P. LAULHE : "La transmission du statut social - l'échelle et le fossé", Economie et Statistique, n9 199-200, mai-juin 1987.

[5] D. VERGER : "L'achat d'un logement ne va pas sans achats d'équipements", Economie et statistique, n- 161, décembre 1983.

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Madame Stéphanie Lemerle

Les sorties du système éducatif de 1976 à 1986In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 35-42.

Citer ce document / Cite this document :

Lemerle Stéphanie. Les sorties du système éducatif de 1976 à 1986. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp.35-42.

doi : 10.3406/estat.1988.5271

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5271

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AbstractLeaving School between 1976 and 1986. Young People Were More and More Qualified - A growingnumber of teenagers went on studying after they had turned 16, the minimum legal age when one isallowed to leave school. They remained longer within the school system, even if more of themsometimes had to repeat a year. New possibilities were offered, in particular to the pupils of technicalsecondary schools, to enable them to have access to a better standard of training, such as reorientationclasses and technical baccalauréats (secondary school-leaving exam).Due to longer schooling, the young reached a higher level of qualification. A larger number of them wenton studying after their baccalauréat. In higher education, the type of courses that developed most weretwo-years technological training units following the baccalauréat, as well as schools of commerce andmanagement. At the other extreme, a little more than a tenth of school-leavers were still totallyunqualified.

ResumenJóvenes egresados del sistema educativo de 1976 a 1986. Cada vez mas calificados - Son cada vezmàs numerosos los jóvenes que prosiguen sus estudios más allá de los 16 años, edad limite de laescolaridad obligatoria. Permanecen más tiempo en el sistema educativo, a veces a costa de repetircon mayor frecuencia los distintos grados. Se les ofrecen nuevas posibilidades, en particular a losalumnos de los liceos de enseñanza profesional, para permitirles accéder a mejores nivelés deformación mediante el sistema de « clases puentes » o bachilleratos profesionales.En razón de la prolongación de la escolarización, el nivel de calificación de los jóvenes aumenta. Estoscontinúan sus estudios en mayor número después del bachillerato. En la ensehanza superior, lasformaciones tecnológicas de tipo « bachillerato más dos ahos de formación » son las que más sedesarrollan como asimismo las impartidas por las escuelas de comercio y de gestión. En el otroextremo de la escala, los jóvenes sin ninguna calificación constituyen aún un poco más de la décimaparte del número total de los egresados.

RésuméDe plus en plus nombreux, les jeunes poursuivent leurs études au-delà de 16 ans, âge limite del'obligation scolaire. Ils restent plus longtemps dans le système éducatif, au prix parfois deredoublements plus fréquents. Des possibilités nouvelles sont offertes, en particulier aux élèves deslycées d'enseignement professionnel, pour leur permettre d'accéder à de meilleurs niveaux deformation par le jeu de classes passerelles ou de baccalauréats professionnels.En raison de l'allongement de la scolarisation, le niveau de qualification des jeunes s'élève. Les jeunespoursuivent leurs études en plus grand nombre après le baccalauréat. Dans l'enseignement supérieur,les formations technologiques de niveau « bac + 2 » se développent le plus, mais aussi les écoles decommerce et de gestion. À l'autre extrême, les jeunes sans aucune qualification représentent encore unpeu plus d'un dixième des sortants.

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L'ENTREE DES JEUNES DANS LA VIE ACTIVE

Les sorties du système éducatif

de 1976 à 1986

Des jeunes de plus en plus qualifiés

par Stéphanie Lemerle* De plus en plus nombreux, les jeunes poursuivent leurs études au delà de 16 ans, âge limite de V obligation scolaire. Ils restent plus longtemps dans le système éducatif au prix parfois de redoublements plus fréquents. Des possibilités nouvelles sont offertes, en particulier aux élèves des lycées d'enseignement professionnel, pour leur per

mettre d'accéder à de meilleurs niveaux deformation par le jeu de classes passerelles ou de baccalauréats professionnels.

En raison de l'allongement de la scolarisation, le niveau de qualification des jeunes s'élève. Les jeunes poursuivent leurs études en plus grand nombre après le baccalauréat. Dans l'enseignement supérieur, les formations technologiques de niveau "bac + 2" se développent le plus, mais aussi les écoles de commerce et de gestion. A l'autre extrême, les jeunes sans aucune qualification représentent encore un peu plus d'un dixième des sortants.

* Stéphanie Lemerle fait partie de la sous- direction des enquêtes statistiques et des études de la Direction de l'Evaluation et de la Prospective du Ministère de l'Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports. Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article. 1 . La progression réelle est sans doute un peu inférieure car la couverture du champ d'enquête des écoles privées s'est nettement améliorée en dix ans.

Chaque année, environ 800.000 jeunes quittent le système éducatif. Si leur nombre varie assez peu d'une année sur l'autre, leur niveau de formation est de plus en plus élevé (encadré p.37). Les jeunes d'aujourd'hui poursuivent des études secondaires plus longtemps que ceux d'hier et ils accèdent à l'enseignement supérieur en plus grand nombre. En 1986, un jeune sur trois quitte l'appareil de formation au niveau de l'enseignement supérieur ; il y a dix ans, moins d'un quart des sortants étaient dans ce cas (graphique I).

Dans l'enseignement supérieur, ce sont les formations non universitaires qui se développent le plus. En 1986, 260.000 jeunes quittent l'enseignement supérieur. 42 % d'entre eux viennent des diverses écoles et sections de techniciens supérieurs, ils n'étaient que 35 % dix ans plus tôt (1). Certains élèves, en effet, ne peuvent pas s'inscrire à

l'université dans la filière qu'ils souhaitent. D'autres considèrent que la formation d'une école ou d'une section de techniciens supérieurs leur donnera de meilleures chances sur le marché du travail.

Le "boom" des formations technologiques supérieures

C'est au niveau "Bac + 2" que la progression est la plus importante. Les instituts universitaires de technologie (IUT) et les sections de techniciens supérieurs (STS), en particulier, ont bénéficié d'une volonté de promouvoir l'enseignement technique en l'adaptant aux besoins de l'emploi. Ces formations sont très prisées par les familles car elles permettent d'acquérir une formation professionnelle de bon niveau après le baccalauréat, en deux années seulement.

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Graphique I Evolution de la répartition des sorties par niveau de formation*

* La nomenclature des niveaux deformation est définie dans l'encadré ci-contre.

En% 50 n

40-

30-

20-

10-

Met I

IV supérieur

1976 78 80 82 84 86 197678 80 82 84 86 1976 78 80 82 84 86 1976 78 80 82 84 86 Niveau VI Niveau Vbis

1976 78 80 82 84 86 Niveau V Niveau IV secondaire Sorties

de l'enseignement supérieur

Les sorties d'IUT ont augmenté de 50 % en dix ans (10 % depuis 1983), mais l'essor des STS a été encore plus remarquable, en particulier pour les établissements privés (plus de 200 % en dix ans). Depuis 1983, on délivre plus de brevets de techniciens supérieurs (BTS) que de diplômes universitaires de technologie (DUT), en 1986 31.500 BTS et 23.900 DUT. Plusieurs éléments se combinent pour expliquer cette avance des BTS. Les lycées qui délivrent ces enseignements proposent des spécialisations plus variées et bien orientées vers un secteur précis de la vie professionnelle. Les sections sont mieux réparties sur le territoire puisque situées dans les lycées, tandis que les IUT rattachés aux universités se trouvent le plus souvent dans des villes universitaires. Les STS attirent ainsi plus d'élèves, notamment ceux qui préfèrent rester près du domicile familial pour poursuivre leurs études.

Le mode de sélection détourne aussi sans doute certains candidats des IUT vers les STS. Dans les premiers, la sélection s'opère essentiellement à l'entrée et lors du passage de première en deuxième année. Dans les STS au contraire, la sélection est plus forte lors du passage du diplôme, puisque seulement un peu plus d'un candidat au BTS sur deux réussit son examen.

De plus en plus de diplômés des écoles de commerce et de gestion

Aux niveaux de formation les plus élevés (Bac + 3 et au dessus), les sorties croissent régulièrement, quoique de manière plus modérée. Les formations

privées se développent plus rapidement que celles de l'université. Les débouchés des écoles de commerce et gestion se sont élargis. Entre 1983 et 1986, les sorties de ces écoles augmentent de 25 %. En revanche, les écoles d'ingénieurs maintiennent une progression régulière et limitée de leurs effectifs. Pour répondre à une demande de diplômes plus tournés vers les réalités professionnelles que dans les filières traditionnelles, l'université a mis en place des formations comme les maîtrises de sciences et techniques (MST), les maîtrises de sciences de gestion (MSG), les maîtrises d'informatique appliquée à la gestion (MIAGE), qui remportent un grand succès, mais restent peu nombreuses. Dans les disciplines médicales, le nombre de sorties diminue à cause du "numerus clausus" instauré en 1978.

Stabilisation des sorties au niveau de la terminale

Les sorties après une terminale du second degré ne fluctuent pas beaucoup jusqu'en 1984. Elles concernent des bacheliers des séries techniques, des diplômés du brevet de technicien et des sortants des classes terminales qui n'ont pas obtenu le diplôme final. La quasi-totalité des bacheliers généraux poursuivent en fait des études supérieures. Depuis deux ans les jeunes quittent le système scolaire au niveau de la terminale en moins grand nombre. En effet, l'enseignement supérieur accueille plus de bacheliers du technique, notamment dans les DEUG rénovés mis en place par la "réforme Sayary" et dans les formations courtes du type sections de techniciens supérieurs. Toute-

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CALCULER LES SORTIES DU SYSTEME EDUCA TIF

Les sorties d'une classe l'année n sont calculées par solde entre les effectifs inscrits dans cette classe Ou^e les formations du second degré et de l'année scolaire n-1 et les inscrits venant de cette l'enseignement supérieur qui dépendent du ministère classe l'année suivante. La méthode précise est pré- de l'Education Nationale, le calcul prend en compte sentée dans la dernière publication détaillée des l'apprentissage et les formations des ministères de bilans formation-emploi [2]. l'Agriculture et des Affaires sociales et de l'Emploi. En

rfÏÏ nonSneïatorts «S en termes dedfolô™ Cel ensei3nement spécial accueille les enfants qui ne 1 enquête Formation Qualification Professionnelle. ^ a

La nomenclature des niveaux de formation VI

Vbis V

IV Secondaire Supérieur

III let II

Sorties du premier cycle du second degré et des formations professionnelles en un an : sixième à quatrième, classes préparatoires à l'apprentissage (CPA), classes préprofessionnelles de niveau (CPPN), certificat d'éducation professionnelle (CEP). Sorties de troisième et du second cycle court professionnel avant l'année terminale. Sorties de l'année terminale des cycles courts professionnels ou abandons en cours de second cycle long avant la classe terminale : dernière année de certificat d'aptitude professionnelle (CAP) ou de brevet d'études professionnelles (BEP), seconde, première.

Sorties des classes terminales de second cycle long. Sorties des formations de l'enseignement supérieur sans avoir obtenu de diplôme de niveau III. Sorties avec un diplôme de niveau bac + deux ans. Sorties avec un diplôme de second ou troisième cycle universitaire ou avec un diplôme d'une grande école.

2. La majeure partie de ces sorties s'effectue au niveau V de formation (voir encadré ci-dessus).

fois, à mesure que se développent les baccalauréats professionnels, les jeunes issus de l'école à ce niveau devraient être plus nombreux.

Diminution des sorties en fin d'enseignement technique court

Depuis 1980, les sorties en année terminale de CAP ou de BEP diminuent. Le nombre de diplômes délivrés continue pourtant à croître. Les élèves poursuivent donc plus souvent des études vers une classe supérieure. Au contraire, avant 1980, les jeunes atteignaient de plus en plus fr

équemment la dernière année de CAP ou BEP, mais ils ne poursuivaient pas d'études au delà.

Les sorties d'apprentissage diminuent également entre 1983 et 1986, car les inscrits sont en moins grand nombre (encadré p.39) (2). Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette baisse de l'apprentissage. D'une part, la conjoncture économique pousse certains secteurs importants comme la mécanique à offrir moins de contrats. D'autre part, un certain nombre de jeunes

rent rester dans le système scolaire classique plutôt que d'abandonner en cours de premier ou de second cycle professionnel. Enfin, plusieurs autres dispositifs de formation en alternance ont été mis en place (contrats d'adaptation, contrats de qualification, etc.) ce qui diminue encore le nombre de candidats à l'apprentissage.

Un palier pour les sorties sans qualification ?

Environ 12 % des jeunes quittent le système éducatif sans aucune qualification professionnelle. Cette proportion varie assez peu depuis 1980, alors qu'elle avait fortement diminué auparavant. En particulier, les abandons en cours de préparation de CAP ou de BEP s'étaient réduits considérablement d'année en année. Un palier semble donc désormais atteint. Le système scolaire actuel ne propose pas de solution adaptée à ces jeunes qui abandonnent prématurément leur scolarité. Pour se réaliser, l'objectif de faire accéder 80 % d'une génération au niveau du baccalauréat en l'an 2000 demandera encore des efforts importants [3].

37

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Organigramme du système éducatif

Principaux flux de sortie Principaux flux de passage

Année de formation initiale avec examen terminal OCTORAT'* Formation complémentaire «., (|es personnes suivant ce cursus y cycle ; sont considérées comme étant deja ; insérées dans la vie active). Enseignement technique

38

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Les jeunes restent scolarisés plus longtemps

Graphique II Des jeunes scolarisés plus longtemps

Taux de scolarisation par âge entre 16 et 25 ans*

La scolarité est obligatoire de six à seize ans. La totalité des jeunes est effectivement scolarisée jusqu'à 14 ans, et les taux de scolarisation se rapprochent chaque année de 100 % à 15 et 16 ans. La fin de l'obligation scolaire n'entraîne pas de coupure très marquée puisqu'en 1986-1987 85 % des jeunes sont encore à l'école à 17 ans (graphique II). Cependant, pour ces générations à la frontière de la scolarité obligatoire, l'apprentissage tient une place importante : un jeune de 16 ou 17 ans sur dix n'est plus dans une structure classique de l'éducation mais en apprentissage (encadré ci-dessous).

La scolarité se prolonge essentiellement dans l'enseignement du second degré, de façon marquée pour les 18-19 ans. En 1982-1983. à peine la moitié des jeunes de 18 ans et moins du tiers des jeunes de 19 ans étaient scolarisés. En 1986-1987, ils sont respectivement 63 % et 43 % (encadré page suivante). Entre 20 et 23 ans, les taux de scolarisation progressent également, mais plus faiblement. L'enseignement supérieur s'ouvre à des jeunes de plus en plus nombreux, mais qui y restent en moyenne un peu moins longtemps que par le passé. Au delà de 23 ans, les taux de scolarisation ont même tendance à diminuer légèrement.

Champ : élèves et étudiants inscrits dans les formations dépendant des ministères de l'Education nationale, de l'Agriculture, et des Affaires sociales et de l'Emploi. L'apprentissage est considéré comme faisant partie intégrante du système scolaire. * Le taux de scolarisation à l'âge x est égal au rapport entre les effectifs inscrits l'année scolaire (n-],n) et ayant x ans révolus au 1er janvier de l'année n, et la population âgée de x ans révolus au 1er janvier n. Le dénominateur est tiré du bilan démographique de VIN SEE (BMS). Ces taux sont calculés à partir des statistiques du Ministère de l'Education Nationale [4]. Ils diffèrent de ceux calculés, par ailleurs, à partir de l'enquête Emploi.

Les classes "passerelles", une nouvelle chance pour les élèves des lycées professionnels

Au début de la décennie, la grande majorité des élèves qui sortaient de CAP ou de BEP quittaient le système scolaire. La création des secondes spéciales puis des premières d'adaptation a permis à des jeunes de plus en plus nombreux, surtout depuis 1983, de se réorienter après le second cycle professionnel. Ces classes ont en effet été ouvertes afin de servir de "passerelles" entre les formations de lycée professionnel et le second cycle des lycées généraux. Les élèves de CAP en deux ans et de BEP surtout, ont pu en profiter pour rejoindre le second cycle général et technologique ou technique. En 1986-1987, un élève sortant de seconde année de BEP sur cinq y parvient, tandis qu'ils étaient moins d'un sur dix au début de la décennie (graphique III).

A partir de 1985, une nouvelle voie est ouverte aux titulaires de BEP. Ils peuvent préparer un des nouveaux baccalauréats professionnels qui ont été délivrés pour la première fois en juin 1987. La préparation se fait en deux ans dans les lycées professionnels ou par la voie de l'apprentissage. Elle comprend une période en entreprise. Ce nouveau diplôme doit contribuer à revaloriser les formations des lycées professionnels. Il offre aux élèves une possibilité d'accès au baccalauréat suivie d'une insertion rapide dans un emploi, sans inter-

LA FORMATION DES APPRENTIS

L'apprenti est lié par contrat à une entreprise. Il est sous la responsabilité d'un "maître d'apprentissage" et apprend un métier. Il complète sa formation dans un des quelques 500 centres de formation d'apprentis (CFA) qui dispensent "en alternance" un enseignement général, un enseignement technique et un enseignement pratique (en moyenne 400 heures par an). Les apprentis préparent en général un CAP, mais depuis 1986 ils ont la possibilité de préparer le baccalauréat professionnel ou le brevet professionnel. En 1986-1987, en France métropolitaine, 212.000 ap

prentis ont été recensés dans les CFA. Au total, près de trois apprentis sur quatre sont des garçons. Les trois quarts des apprentis sont inscrits dans des CFA gérés par des organismes privés (syndicats professionnels patronaux) ou par des chambres de métiers. Le nombre d'entrées en apprentissage a baissé régulièrement entre 1980 et 1986, mais il semble se redresser légèrement depuis et reste voisin de 100.000. En 1986-1987, sur 100 jeunes entrant en apprentissage, 38 viennent des classes préparatoires à l'apprentissage, 21 de troisième, 9 de quatrième, 8 des classes de CAP ou BEP, 7 de classe préprofessionnelle de niveau et 4 de cinquième. Les autres viennent d'origines plus disparates.

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Graphique III Les jeunes se réorientent de plus en plus après le second cycle professionnel*

A - Taux de poursuite d'études en fin de BEP et de CAP en deux ans

B - Taux de poursuite d'études en fin de CAP en trois ans

(%)

-10-

-8-

-6 -

- 4-

- 2- — — Ve ^- rs le seco

Vers l(

nd cycle

BEPy r

général et techn

/ /

que

1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986

* Lecture : à la fin de l'année scolaire 1985-1986, plus de 20 % des élèves suivant une formation technique courte en deux ans se sont orientés vers le second cycle long et 4,5 % vers une première année de baccalauréat professionnel. Près de 12 % des élèves suivant une formation technique courte en trois ans se sont orientés vers le BEP, mais ils n'étaient que 3 % à s'orienter vers le second cycle général et technique.

LES FILLES SCOLARISEES PLUS LONGTEMPS QUE LES GARÇONS

Les filles sont globalement plus scolarisées que les garçons (graphique). C'est entre 18 et 19 ans que l'écart est le plus important : 7 points en 1986-1987, (10 si on ne tient pas compte de l'apprentissage dans la scolarité). Les filles titulaires d'un CAP ou d'un BEP, sont poussées à poursuivre des études en raison de la difficulté de trouver un emploi dans le secteur tertiaire où elles sont majoritaires. Neuf mois après la sortie d'un CAP en trois ans, plus de 60 % des filles sont au chômage, un peu plus de 40 % des garçons (1). Après l'obtention d'un BEP, 49 % des filles et 36 % des garçons sont dans cette situation. Les filles améliorent leurs chances en tentant de parvenir à l'un des baccalauréats de la série G qui débouchent sur le secteur tertiaire. D'une manière générale, les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons. Elles redoublent moins et réussissent mieux aux examens. Ce n'est qu'au delà de 23 ans que les garçons sont scolarisés plus souvent que des filles. L'interruption du service national fait que certains d'entre eux doivent poursuivre des études un an de plus que les filles pour arriver au même diplôme. Ils sont aussi un peu plus nombreux à faire des études supérieures longues. \.Le taux de chômage est calculé à partir de l'enquête "Insertion professionnelle" de la direction de l'Evaluation et de la Prospective du Ministère de l'Education Nationale. Il est égal au rapport suivant :

Jeunes à la recherche d'un emploi Jeunes à la recherche d'un emploi

+ salariés + jeunes suivant une formation en alternance

Les filles sont plus scolarisées que les garçons Taux de scolarisation par âge entre 16 et 25 ans en 1986-1987

\

Garçons Filles

dire l'accès à l'enseignement supérieur. Il répond à un besoin de formation exprimé par le monde professionnel, à un niveau intermédiaire entre les emplois d'ouvriers et de techniciens supérieurs. En 1985, 1.200 élèves étaient inscrits à la préparation d'une des cinq spécialités de baccalauréat professionnel. A la rentrée de 1987, 19 spécialités accueillent 28.000 élèves. Cette progression forte doit se poursuivre, et le baccalauréat professionnel aura un rôle important dans l'accession au niveau de la terminale de 80 % d'une génération.

Depuis 1982, les élèves qui sortent de CAP en trois ans sont de plus en plus nombreux à s'inscrire en BEP pour compléter leur formation professionnelle et retarder leur entrée sur le marché de l'emploi. La proportion reste malgré tout peu importante (11,7 %), mais elle a quadruplé en cinq ans et devrait continuer à croître. En revanche, les passages de troisième année de CAP vers le second cycle long général ou technique restent peu fréquents (autour de 3 % des sortants de CAP en trois ans).

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Tableau 1 Taux de redoublement dans l'enseignement du second degré

Source : « Education et Formations », numéro spécial avril-juin 1988, Ministère de l'Éducation Nationale.

En% Classe Sixième Cinquième Quatrième Troisième Seconde Première Terminale 1ra année de CAP en 3 ans 2e année de CAP en 3 ans 3e année de CAP en 3 ans 1re année deBEP 2e année deBEP

1975 9,5 6,5

7 7,3

11,4 7

16,3

4,4

2,7

4,4

4,6

4,7

1980 10,7 12,1 8,2 9,6

14,1 10,4

19

6,3

4,1

8,1

6,7

8,1

1985

12,5 16,4 9,4

14,3 17,8 12,7 19,9

5,7

4,4

13

8,7

13,3

1986 11,9 15,9

9 15

17,9 12,7 19,5

5,2

4,2

12,6

8,5

13

1987 10,9 14,8 8,5 14

17,9 13,1 19,6

5

3,7

12,4

7,5

12,2

Redoubler plutôt qu'être "orienté"

L'allongement de la scolarité tient aussi à l'augmentation des taux de redoublement dans toutes les classes du second degré (tableau 1). En cinquième, troisième et dernière année de BEP ou de CAP, les taux de redoublement ont plus que doublé entre 1975 et 1985, alors que les sorties du système scolaire et les réorientations en provenance de ces classes diminuaient.

D'une part, la réforme de 1977 instituant le collège unique a permis à un nombre croissant d'élèves d'atteindre le lycée. Mais certains d'entre eux, de niveau plus faible, n'y parviennent qu'au prix d'un ou plusieurs redoublements. D'autre part, la conjoncture économique difficile et la crise de l'emploi des jeunes poussent ceux-ci à rester dans le système scolaire. Ils préfèrent redoubler plutôt qu'être orientés vers la vie active. Le système scolaire réagit dans ce sens en autorisant plus de redoublements.

Enfin, les circulaires de rentrée de 1976 et surtout de 1981 donnent plus de poids aux parents dans les choix concernant l'orientation de leurs enfants. Ils peuvent s'opposer à une décision d'orientation qu'ils ne souhaitent pas. Ils peuvent en particulier refuser que leur enfant soit orienté en fin de cinquième vers un lycée professionnel. Le redoublement devient alors souvent un compromis entre l'orientation préconisée par le conseil de classe vers un autre type d'enseignement et le passage en quatrième désiré par les parents (graphique IV).

Graphique IV Deux paliers d'orientation

A - La fin de la classe de cinquième*

* Lecture : à la fin de l'année scolaire 1985-1986, 67,2 % des élèves inscrits en classe de cinquième sont passés en quatrième, 15,9 % ont redoublé, 9,4 % ont été orientés en second cycle professionnel.

B. - La fin de la classe de troisième*

75-75 76 77 77-78 . 78-79 79-80 80 81 81-82 82 83 83 84 84 85 85 86 * Lecture : à la fin de l'année scolaire 1985-1986, 56,4 % des élèves inscrits en classe de troisième sont passés en classe de seconde, 22,7 % ont été orientés en second cycle professionnel, 15 % ont redoublé et 5,9 % sont sortis du système éducatif.

En 1986, la tendance se renverse : les taux de redoublement diminuent assez fortement dans la plupart des classes. Mais loin d'entraîner un retour en arrière et une augmentation des sorties de l'appareil éducatif, cette baisse des redoublements se fait au profit des passages dans la classe supérieure. Il est encore trop tôt pour pouvoir interpréter ce phénomène. □

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BIBLIOGRAPHIE

[1] "Les sorties du système éducatif en 1985", Note d'information numéro 88-24, avril 1988, Ministère de l'Education Nationale (direction de l'Evaluation et de la Prospective).

[2] "Bilan Formation-Emploi de 1983", les Collections de l'INSEE, série D numéro 110, octobre 1986

[3] P. ESQUIEU : "Les projections d'effectifs scolaires d'ici l'an 2000", Education et Formations, numéro spécial, avril-juin 1988, Ministère de l'Éducation nationale (direction de l'Evaluation et de la Prospective).

[4] "La scolarisation des jeunes de 16 à 25 ans en 1986-1987", Note d'information, numéro 88-10, mars 1988, Ministère de l'Education Nationale (direction de l'Evaluation et de la Prospective).

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Madame Florence Audier

Les recrutements des entreprises depuis quinze ansIn: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 43-49.

Citer ce document / Cite this document :

Audier Florence. Les recrutements des entreprises depuis quinze ans. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp.43-49.

doi : 10.3406/estat.1988.5272

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5272

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ResumenLa contratación de las empresas desde hace quince años La parte menos interesante para losprincipiantes - Al llegar al término del sistema de formaciôn las posibilidades de empleo de los jóvenesse restringieron considerablemente durante el decenio 1974-1984. A partir de 1985, por el contrario, lascondiciones de inserción profesional al concluir la formación parecen ser, aparentemente, másfavorables.Para los varones, las categorias profesionales de menor calificación son las que acogen el mayornuméro de principiantes : empleados del sector privado y en especial obreros no calificados. En losnivelés más elevados las profesiones que pueden ofrecer una mayor apertura — ejecutivos,profesiones intermediarias del sector público — contrat an relativamente poco. Inversamente, ciertascategorias que contratan bastante como las profesiones intermediarias, administratives y comercialesdel sector privado, son de acceso dificil. Por ultimo, las categorias que incluyen a los obreroscalificados, a los tecnicos, capataces o ejecutivos empresaria- les están muy poco abiertas a losjôvenes que egresan del sistema escolar, sea que contratan poco, sea que prefieren recurrir atrabajadores que tengan ya una experiencia profesional anterior.La inserción de las mujeres implica más elementos estructuralmente favorables que la de los varones.Su contratación fue facilitada por el desarrollo de profesiones terciarias, particularmente en el sectorprivado. Además, son las profesiones en mayor expansion las que más recurrieron a los jóvenesprincipiantes : área de ejecutivos y profesiones intelectuales superiores, profesiones intermediarias delsector público o del privado. En cambio, la contratación de principiantes en puestos no calificados sonmucho menos numerosas que en el pasado. En total, entre 1 983 y 1 986, el número de mujeres queingresaron en la vida activa mediante contratos de trabajo, aproximadamente nueve meses después dehaber concluido la formación escolar, disminuyó en más de un 20 %. Por el contrario, en loconcerniente a los varones, el numéro de ejecutivos contratados por las empresas es más o menosestable. Pero, tanto para los varones como para las mujeres, la proporción destinada a los jóvenesescolares en las contrataciones experimenta una regresión.

AbstractThe Recruiting of Firms over the Last Fifteen Years : Beginners had the worst bargain - The possibilitiesof employment for school-leavers dropped distinctly during the 1 974-1 984 decade. After 1 985, on thecontrary, there seemed to be more favourable conditions for professional integration after school.For young men, the professional categories requiring the lower levels of qualification —that is jobs asemployees in the private sector and, to an even larger extent, as unqualified workmen — were thosewhich took on a majority of young beginners. At higher levels, the professions that were most open toyoung men, that is positions as executives or middle-ranking jobs in the public sector, hired relativelyfew people; on the contrary, certain categories which recruited a lot of workers, such as office andcommercial middle-ranking jobs in the private sector, were difficult for them to get. Also, such categoriesas qualified workmen, technicians, foremen or supervisors and firm executives, were hardly available tothe young men who had just left school, either because these categories did not hire many people, orbecause they much preferred workers who had already proved their worth.The professional integration of young women had more favourable circumstances than that of youngmen. Their hiring was made easier by the development of service industries, particularly in the privatesector. Besides, the categories which expanded most — that is jobs as executives, higher intellectualpositions, and middle-ranking professions in the private or the public sectors — were those whichresorted to the highest proportion of young female beginners. On the other hand, the number of youngfemale beginners being hired for nonqualified jobs dropped considerably. In total, between 1983 and1986, there were 20 % fewer women who had been recruited with work contracts approximately ninemonths after they had left the school system. On the contrary, the number of young men recruited byfirms remained more or less stable. But for both men and women, the proportion of young school-leavers being hired receded.

RésuméLes recrutements des entreprises depuis quinze ansLa part moins belle aux débutants

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Florence AudierAu sortir de l'appareil de formation, les possibilités d'emploi des jeunes se nettement au cours de ladécennie 1 974-1 984. À partir de 1 985, en revanche, les d'insertion professionnelle au sortir de l'écoleredeviennent apparemment plusChez les garçons, ce sont les catégories professionnelles les moins qualifiées qui le plus de jeunesdébutants : employés du privé et surtout ouvriers non qualifiés. plus élevés, les professions qui leur sontle plus ouvertes — cadres, professions du secteur public — embauchent relativement peu;inversement, certaines recrutent beaucoup, comme les professions intermédiaires administratives et duprivé, leur sont difficiles d'accès. Enfin, les catégories telles que les ouvriers techniciens, lescontremaîtres ou agents de maîtrise et les cadres d'entreprises ouvertes aux jeunes gens qui sortent dusystème scolaire, soit qu'elles qu'elles fassent alors beaucoup plus appel à des travailleurs ayant déjàfaitL'insertion des jeunes filles comporte plus d'éléments structurellement des jeunes gens. Leursrecrutements ont été facilités par le développement des tertiaires, particulièrement dans le secteurprivé. En outre, ce sont les professions expansion qui ont fait le plus appel aux jeunes débutantes :cadres et intellectuelles supérieures, professions intermédiaires du public ou du privé. En recrutementsde débutantes sur des postes non qualifiés sont beaucoup moins le passé. Au total, entre 1 983 et 1986, le nombre de jeunes filles recrutées sur de travail neuf mois environ après leur sortie de l'appareilscolaire a diminué 20 %. Par contre, chez les garçons, les effectifs recrutés par les entreprises sontstables. Mais, tant chez les hommes que chez les femmes, la part des jeunes les recrutementsrégresse.

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L 'ENTREE DES JEUNES DANS LA VIE ACTIVE

Les recrutements des entreprises

depuis quinze ans

La part moins belle aux débutants

par Florence Audier* Au sortir de V appareil deformation, les possibilités dy emploi des jeunes se restreignent nettement au cours de la décennie 1974-1984. A partir de 1985 en revanche, les conditions d'insertion professionnelle redeviennent apparemment plus favorables.

Chez les garçons, ce sont les catégories professionnelles les moins qualifiées qui accueillent le plus déjeunes débutants : employés du privé et surtout ouvriers non qualifiés. Aux niveaux plus élevés, les professions qui leur sont le plus ouvertes -cadres, professions intermédiaires du secteur public- représentent en nombre peu d'embauchés ; inversement, certaines catégories qui recrutent beaucoup, comme les professions intermédiaires administratives et commerciales du privé, leur sont difficiles d'accès. Enfin, d'autres catégories, telles que les ouvriers qualifiés ou les techniciens, sont très peu ouvertes aux jeunes gens qui sortent du système scolaire, soit qu'elles recrutent peu, soit qu'elles fassent alors beaucoup plus appel à des travailleurs ayant déjà fait leurs preuves.

L'insertion des jeunes filles comporte plus d'éléments structurellement favorables que celle des jeunes gens. Leurs recrutements ont été facilités par le développement des professions tertiaires, particulièrement dans le secteur privé. En outre, ce sont les professions les plus en expansion qui ont fait le plus appel aux jeunes débutantes : cadres et professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires du public ou du privé. En revanche, les recrutements de débutantes sur des postes non qualifiés sont beaucoup moins nombreux que par le passé. Au total, entre 1983 et 1986, le nombre de jeunes filles recrutées sur des contrats de travail neuf mois environ après leur sortie de l'appareil scolaire a diminué de plus de 20 %. Par contre, chez les garçons, les effectifs recrutés par les entreprises sont à peu près stables. Mais, tant chez les hommes que chez les femmes, la part des jeunes scolaires dans les recrutements régresse.

* Florence Audier fait partie du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ). Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.

De 1973 à 1984, les effectifs des jeunes qui occupent un emploi neuf mois environ après leur sortie de l'appareil de formation diminuent de moitié, passant de 540.000 à 265.000, alors même que le nombre de sortants de l'appareil scolaire reste à peu près stable, autour de 800.000. A partir de 1985, au contraire, le nombre de jeunes qui trouvent un emploi à l'issue de leur scolarité se redresse : ils sont 305.000 en 1987. Mais dans cette évaluation, les stages (TUC et SIVP) sont

rés comme des emplois. Si, au contraire, on ne prend en compte que les seuls contrats de travail, alors la situation des jeunes qui sortent de l'école continue à se détériorer puisque le nombre de ceux qui ont trouvé un emploi moins de neuf mois après leur sortie passe de 265.000 en 1984 à 230.000 en 1987 (tableau 1).

Si les jeunes s'insèrent aujourd'hui dans la vie professionnelle avec plus de difficultés qu'il y a

43

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Tableau 1 Evolution des recrutements suivant leur origine de 1973 à 1987 *

Effectifs en milliers

Origine

Système éducatif Apprentissage Stage ou formation post-scolaire Service national Chômage Inactivité Etranger Autre entreprise Total

1973 Effectifs

541 72

232 179 619 130

2 208 3 981

% 13,6 1,8

5,8 4,5

15,5 3,3

55,5 100

1983 Effectifs

287 42 54

144 530 420 34

1 100 2611

% 11,0 1,6 2,1 5,5

20,3 16,1 1,3

42,1 100

1984 Effectifs

265 45 56

136 581 399 31

1 045 2 558

% 10,4 1,8 2.2 5,3

22,7 15,6 1,2

40,8 100

Origine

Système éducatif Apprentissage Stage ou formation post-scolaire Service national Chômage Inactivité Etranger Autre entreprise Total

1985 TUC + SIVP inclus Effectifs

296 38 87

150 721 383 38

1 060 2 773

% 10,6 1,4 3,2 5,4

25,9 13,8 1,4

38,3 100

1986 TUC + SIVP inclus Effectifs

313 44

107 141 677 344 42

1 152 2 822

% 11,1 1,5 3,8 5,0

24,0 12,2 1,5

40,9 100

1987 TUC + SIVP inclus Effectifs

305 39

103 136 788 358 42

1 296 3 067

% 9,9 1,3 3,4 4,4

25,7 11,7 1,4

42,2 100

* Les recrutements d'une année n sont mesurés par comparaison des situations individuelles aux enquêtes Emploi- de mars n et de mars n+1 (voir encadré sur les Bilans Formation- Emploi, p25).

Origine

Système éducatif Apprentissage Stage ou formation post-scolaire Service national Chômage Inactivité Etranger Autre entreprise Total

1985 TUC + SIVP exclus

Effectifs 256 36 91

144 662 381 38

1 040 2 648

% 9,7 1,3 3,4 5,5

25,0 14,4 1,4

39,3 100

1986 TUC + SIVP i

Effectifs 246 38

129 129 613 341 42

1 117 2 655

îxcIus % 9,3 1,4 4,9 4,9

23,1 12,9

1,6 42,1 100

1987 TUC + SIVP exclus

Effectifs 231 36

130 124 719 354 41

1 249 2 884

% 8,0 1,3 4,5 4,3

24,9 12,3 1,4

43,3 100

quinze ans, c'est en grande partie à cause de la crise de l'emploi et de la crise des recrutements qu'elle génère (encadré p.47). Mais les jeunes scolaires rencontrent aussi des difficultés de de recrutement qui leur sont spécifiques, et qui varient selon les professions d'accueil [1].

Au cours des dix dernières années, les recrutements des jeunes scolaires ont régressé encore plus rapidement que l'ensemble des recrutements.

De ce fait, la place de ces jeunes dans l'embauche recule sensiblement : parmi les personnes recrutées au cours des 12 derniers mois, la part des jeunes issus du système éducatif passe de 14 % en 1977 à 10 % en 1987 (8 % même si l'on exclut les stages). Dans la période récente, la montée des stages, qui sont bien sûr principalement destinés aux jeunes, n'a pas permis d'inverser la tendance, et 1987 marquerait même un nouveau recul de la place des jeunes issus de l'école dans les recrutements.

44

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Si les entreprises recrutent un peu plus depuis 1986, c'est donc plutôt par la mobilité inter-entre- prises et aussi par appel accru aux chômeurs. Ces derniers occupent dorénavant une place particulièrement importante parmi la main d'oeuvre recrutée : d'un sur vingt-deux en 1973, la part des chômeurs dans les recrutements passe à un sur quatre en 1987. Cette montée très vive de la part des chômeurs est à mettre en relation à la fois avec la montée du chômage en général -les périodes de chômage s'intercalant de plus en plus fréquemment entre deux emplois - avec la montée des emplois précaires et aussi avec celle du chômage des "débutants", les trois phénomènes se conjuguant en ce qui concerne la main d'oeuvre juvénile.

Chez les garçons : de nombreuses insertions dans les professions les moins qualifiées

Incontestablement, certaines professions sont largement ouvertes aux jeunes scolaires tandis que d'autres leur sont très difficiles d'accès. De façon générale, un grand clivage oppose la Fonction publique, ouverte aux jeunes, et le secteur des entreprises qui s'adresse plus volontiers aux actifs expérimentés.

Pour examiner ces disparités, les structures professionnelles étant très différentes selon chacun des deux sexes, on étudiera séparément les recrutements des hommes et des femmes. En outre, dans un souci de simplification, l'analyse portera d'abord sur l'année 1986, puis, de façon plus globale, sur la période 1983-1986. Enfin, la description des recrutements étant centrée sur le renouvellement des professions, elle n'inclut pas les stages (TUC et SIVP), qui sont censés ne pas se substituer à de vraies embauches.

Chez les garçons, les jeunes scolaires subissent un double handicap. D'une part, certaines professions qui leur sont ouvertes représentent en nombre peu d'embauchés, notamment aux niveaux les plus élevés. C'est par exemple le cas des cadres et professions intermédiaires du secteur public. Inversement, certaines catégories qui recrutent beaucoup, comme les professions intermédiaires administratives et commerciales et les ouvriers qualifiés, leur sont difficiles d'accès (tableau 2- A). Les autres catégories professionnelles du "bas de l'échelle", employés du privé et surtout ouvriers non qualifiés, sont plus ouvertes. Pour les ouvriers non qualifiés, en dépit de la diminution des effectifs, les recrutements restent nombreux du fait de la rotation accélérée de la main d'oeuvre : un recrutement sur cinq concerne un emploi d'ouvrier non qualifié, alors que cette catégorie représente moins d'un emploi masculin sur huit. Pour les employés de commerce et des services rendus aux particuliers, dont les effectifs sont eux en expansion, la mobilité est également importante et le recours aux jeunes scolaires fréquent. Mais ce sont des professions largement féminisées et qui offrent des emplois généralement peu qualifiants.

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Tableau 2 Répartition des entrées dans les professions selon la catégorie d'origine (1986)

A. Hommes (TUC et SIVP exclus)

Catégorie d'origine

Catégorie d'entrée Indépendants Cadres et professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires du public Professions intermédiaires adm. et com. des entreprises Techniciens, contremaîtres, agents de maîtrise Employés administratifs Employés de commerce et des services Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Ensemble

Jeunes scolaires

4,4

10,6

19,4

6,3

6,6 9,7

15,0 3,6 9,2

7,6 Appren

tissage

0,5 —

0,7

0,5

— 0,4

2,0 2,8 3,0 1,6

Stagiaires

1,8

2,1

15,5

2,0

6,3 9,6

1,9 3,2 5,7 4,5

Répartition en % (total de la

Service national

1,7

5,6

6,2

6,8

11,5 14,0

7,3 8,9

13,6 8,9

Chômeurs

25,4

12,0

8,5

19,6

15,1 24,2

28,9 25,5 36,2 24,5

Inactifs

8,1

3,2

4,3

2,6

1,6 2,3

2,1 1,2 2,5 2,8

igné = 100) Actifs

mobiles et entrées en provenance Ho l'étranger

58,1

66,5

45,4

62,2

58,9 39,8

42,8 54,8 29,8 50.1

B. Femmes (TUC et SIVP exclus)

Indépendantes Cadres et professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires du public Autres professions intermédiaires Employées de la fonction publique Employées administratifs d'entreprise Employées de commerce Personnels des services directs aux particuliers Ouvrières Ensemble

Jeunes scolaires

0,5

17,8

25,0

15,7

14,1

15,8 8,9

4,6 5,4

11,3 Appren

tissage

1,6

0,4

1,1 4,1

1,6 1,2 1,2

Stagiaires

0,4

6,2

14,7

4,4

11,3

6,8 3,2

1,8 2,1 5.3

Chômeuses

8,0

10,8

9,8

17,6

29,6

22,9 27,0

25,5 33,1 21,4

Inactives

67,4

16,8

15,1

11,0

18,7

13,5 16,7

30,4 27,1 25,0

Actives mobiles et entrées en provenance

de l'étranger

23,7

48,4

33,8

51,3

25,9

39,9 40,1

36,1 31,1 35,8

1. Voir dans ce dossier, p51.

De l'ouvrier qualifié au cadre d'entreprise : des professions d'accès difficile pour les débutants

A l'opposé, les catégories telles que les ouvriers qualifiés, les techniciens, les contremaîtres ou agents de maîtrise et les cadres d'entreprises sont

d'accès difficile pour les jeunes gens qui sortent du système scolaire, soit qu'elles recrutent peu, soit qu'elles fassent alors beaucoup plus appel à des travailleurs ayant déjà fait leurs preuves. Ceci explique par exemple que lès jeunes qui sortent de l'enseignement technique court aient beaucoup de difficultés à accéder d'emblée à des postes d'ouvriers qualifiés (1) [2].

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Tableau A

Tableau B

DEPUIS 1974, LES ENTREPRISES ONT BEAUCOUP REDUIT LEURS RECRUTEMENTS

Parmi les actifs occupés en mars 1985, on évaluait à environ 2,5 millions l'effectif de ceux qui avaient été recrutés par les entreprises durant les 12 mois précédents, c'est-à-dire pour simplifier en 1984 ; en 1973, ils étaient près de quatre millions. A partir de 1985, les recrutements reprennent sensiblement (tableau A) : en incluant les stages, les recrutements de 1987 se situent au niveau de ceux de 1977. La population active occupée n'ayant augmenté que faiblement entre 1973 et 1987, la part des recrutements de l'année dans l'emploi total suit un mouvement analogue à celui des effectifs absolus recrutés. Très élevée en 1973 (19,7 %), cette part, ou "taux d'entrée", n'est plus que de 12,2 % en 1984. Depuis, la proportion dans l'emploi total des recrutements de l'année a augmenté de nouveau : le taux d'entrée serait en 1987 de 13,8 % en excluant les stages, de 14,6 % si on les inclut. Pour expliquer la régression des recrutements entre 1973 et 1983, on allègue généralement que, face à la crise, à la montée des risques de chômage, et au rétrécissement des opportunités de changer d'emploi, les salariés ont eu tendance à rester où ils étaient [4J. Depuis cette date, une certaine reprise de la mobilité volontaire et le développement des emplois à durée

limitée (stages, intérim, contrats à durée déterminée) expliquent la remontée des recrutements [5]. Les taux d'entrée masculins sont en moyenne inférieurs aux taux d'entrée féminins, avec de fortes différences selon les professions. Entre 1983 et 1986, la part des recrutements dans l'emploi augmente quelque peu pour les hommes, et marque au contraire un fléchissement chez les femmes (tableau B).Ces tendances divergentes ne remettent pas en cause la hiérarchie des taux d'entrée selon le sexe et la profession. L'accroissement des "taux d'entrée" masculins touche toutes les professions, à l'exception des employés administratifs, et plus particulièrement des "employés administratifs d'entreprises". Le fléchissement des taux d'entrée féminins touche aussi presque toutes les professions, l'exception étant cette fois constituée par les employées de commerce et des services dont le taux d'entrée "record" s'accroît encore pour atteindre près de 23 %, grâce aux employées de commerce. Chez les femmes, la part des recrutements a tendance à se tasser dans la Fonction publique, alors qu'au contraire les recrutements de cadres et de professions intermédiaires semblent se redresser dans le secteur privé.

Effectifs recrutés (en milliers)

Hors TUC et SIVP (en milliers)

Taux d'entrée (1) (en %)

Hors TUC et SIVP (en%)

1973

3981

19,7

1983

2611

12,5

1984

2558

12,2

1985

2773

2648

12,6

1986

2822

2655

13,5

12,8

1987

3067

2884

14,6

13,8 1. Taux d'entrée au sens des Bilans Formation-Emploi = proportion de nouveaux recrutés de l'année Darmi les actifs occupés à une date donnée, ici en mars de l'année (voir aussi encadré sur les Bilans Formation-Emploi, p. 25).

En%

Taux d'entrée dans les professions (voir la définition en note du tableau A)

Indépendants Cadres Professions intermédiaires Employés administratifs Employés de. • commerce et des services Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Ensemble

1983

Hommes 7,6 9,0 9,8

10,1 24,9 11,4 16,9 11,1

Femmes 13,7 13,3 12,6 13,1 21,5 11,3 15,2 14,4

1986 (Hors TUC et SIVP)

Hommes 8,6 9,6

10,6 9,6

28,0 12,4 20,1 12.1

Femmes 13,4 12,3 11,9 11,6 22,9 9,5

14,5 13,8

Professions intermédiaires et postes d'employées administratives pour les jeunes filles

L'insertion des jeunes filles comporte depuis quelques années plus d'éléments structurellement favorables que celle des jeunes gens. D'abord,

leurs recrutements ont été facilités par le développement des professions tertiaires, particulièrement dans le secteur privé [3]. Ensuite, ce sont les professions les plus en expansion qui ont fait le plus appel aux jeunes débutantes : cadres et professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires du public ou du privé. Ce sont ces der-

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Tableau 3 Part des jeunes scolaires dans les recrutements par grande catégorie de profession, entre 1983 et 1986 (TUC et SIVP exclus)*

En%

Hommes 1983 1986

Femmes 1983 1986

1 nrlo> IIIUC pendants

5,6 4,4

1,3 0,6

Cadres

7,3 10,6

24,0 17,9

Professions intermédiaires

10,4 9,7

26,2 20,9

Employés administratifs

10,0 9,7

16,2 15,2

Employés de- commerce -

et des services

9,8 15,0

9,3 6,2

Ot ivriprc \J\J VI Ivîl O qualifiés

5,6 3,6

9,4 6,3

Ouvriers non

qualifiés

11,2 9,2

8,9 5,2

Ensemble

8,3 7,7

13,9 11,3

* Le rapprochement des insertions pro

fessionnelles des jeunes scolaires avec l'ensemble des entrées ne peut valablement être conduit que depuis l'année 1983, en raison des changements intervenus dans les nomenclatures d'emploi (passage du code des métiers ou de la nomenclature des emplois à la PCS) et des concepts utilisés pour caractériser les entrées (passage d'une notion d'entrées dans les établissements à une notion d'entrées dans les entreprises).

Tableau 4 Structure professionnelle des jeunes scolaires recrutés en 1983 et 1986 (TUC et SIVP exclus)

En

Hommes 1983 1986

Femmes 1983 1986

1 nrlû- IMUc pendants

7,5 6,4

1,3 0,6

Cadres

8,5 14,2

9,0 9,3

Professions intermédiaires

22,5 22,8

32,6 33,1

Employés administratifs

9,9 9,3

34,0 37,5

Employés de

commerce et des

services

5,5 10,1

14,1 13,2

fii i\/riorc VJUVI ICI O qualifiés

18,6 13,2

1,8 1,3

Ouvriers non

qualifiés

27,5 24,0

7,2 5,0

Ensemble

100,0 100,0

100,0 100,0

nières, ainsi que les professions d'employées administratives, qui recrutent de façon marquée des jeunes filles sortant du système scolaire (tableau 2-B). Parmi les cadres et professions libérales, l'ouverture aux scolaires n'avantage évidemment que les jeunes diplômées, et les femmes restent encore faiblement représentées à ce niveau.

Ainsi, plus le niveau de l'emploi est élevé, plus favorable est l'accueil réservé aux débutantes. A contrario, les jeunes filles peu ou pas diplômées s'insèrent difficilement. Chez les ouvrières, les r

ecrutements de débutantes sont quasiment arrêtés, leurs secteurs traditionnels d'embauché continuant de décliner. Les professions d'employées de commerce ou des services directs aux particuliers, qui se renouvellent pourtant à un rythme très rapide, n'accueillent que très peu les jeunes filles à la sortie du système scolaire. Dans ces professions, la concurrence est vive avec les chômeuses, les inactives et les actives qui veulent

changer d'emploi. Seules les catégories d'employées administratives d'entreprise ou d'employées de la Ponction publique sont largement ouvertes aux jeunes scolaires, mais l'embauche y est moins intense que par le passé.

L'évolution des recrutements entre 1983 et 1986

La part des jeunes scolaires dans les recrutements régresse, tant chez les hommes que chez les femmes (tableau 3). Pour les jeunes filles, cette réduction de la part des jeunes va de pair avec un tassement de la part globale des recrutements dans l'emploi (voir en encadré, p.47). De ces deux mouvements conjugués, il resuite une chute de 22 %, entre 1983 et 1986, du nombre des jeunes filles recrutées moins de neuf mois environ après

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leur sortie de l'appareil scolaire. Par contre, chez les garçons, les effectifs recrutés par les entreprises sont à peu près stables, car la baisse de la part relative des jeunes scolaires dans les recrutements est compensée par l'accroissement du "taux d'entrée" (proportion dans l'emploi des recrutés d'une année).

Cette réduction de la place des jeunes parmi les recrutements affecte la quasi-totalité des professions. Chez les garçons, seuls les cadres et professions libérales et les employés de commerce et services échappent à cette tendance, mais les effectifs recrutés sont faibles et donc affectés d'un aléa important. En terme de "profil professionnel" des entrées, la principale transformation tient au recul de l'insertion dans les professions ouvrières : en 1986, celles-ci ne représentaient plus que 37 % des entrées des jeunes scolaires dans une entreprise (pour deux tiers sur des emplois non qualifiés), alors que trois ans plus tôt les ouvriers représentaient encore 46 % des entrées (tableau 4).

Chez les filles, la baisse de l'insertion est systématique et encore plus sensible, notamment dans les professions qui étaient des "points forts". Il en est ainsi des professions intermédiaires, pour lesquelles la part des scolaires dans les salariées re

crutées passe de 26 % à 21 % en trois ans. Cette baisse est semble- t-il principalement imputable à une régression forte de la part des scolaires dans les recrutements de la Fonction publique, recrutements qui eux-mêmes sont en contraction. Quant au "profil professionnel" des insertions des jeunes filles, il est en 1986 encore moins ouvrier que trois ans plus tôt et se polarise encore plus que précédemment sur le groupe des "employées administratives", qui représente près de quatre entrées sur dix. □

BIBLIOGRAPHIE

[1] F. AUDIER : "Renouvellement des professions et insertion des jeunes", Formation Emploi, numéro 18, avril-juin 1987.

[2] M.H. GENSBITTEL et X. VINEY : "Formations et accès à l'emploi : les traits dominants de la période 1976-1982", Formation Emploi, numéro 18, avril-juin 1987.

[3] F. AUDIER et J. RANNOU : "Contribution à l'analyse de l'évolution de l'emploi des activités et des formations dans le tertiaire de bureau", Document de travail du CEREQ, numéro 28, avril 1987.

[4] M. CEZARD et D. RAULT : "La crise a freiné la mobilité sectorielle", Economie et Statistique, numéro 184, janvier 1986.

[5] M. CEZARD et J.L. HELLER : "Les formes traditionnelles d'emploi salarié déclinent", Economie et Statistique, numéro 216, novembre 1988.

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Monsieur Eric Join-LambertMonsieur Xavier Viney

L'insertion des jeunes à la sortie de l'école entre 1983 et 1987In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. La sociabilité / Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active.pp. 51-59.

Citer ce document / Cite this document :

Join-Lambert Eric, Viney Xavier. L'insertion des jeunes à la sortie de l'école entre 1983 et 1987. In: Economie et statistique,N°216, Décembre 1988. La sociabilité / Dossier: L'entrée des jeunes dans la vie active. pp. 51-59.

doi : 10.3406/estat.1988.5273

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5273

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ResumenLa inserción de los jóvenes al egreso de la distintas ramas de formación entre 1983 y 1987 - Losriesgos de desempleo disminuyeron desde hace cuatro años para los jóvenes que entran directamenteal mercado laboral al finalizar su periodo de formación. Esta evolución marcha en sentido inverso al dela observada en el transcurso de los diez años precedentes y se explica esencialmente por eldesarrollo de los empleos precarios. Los « TUC » y los « SIVP » constituyen la categoria que registra latasa de desempleo más baja aun cuando dicha tasa permanece muy elevada. Fuera de los « TUC » yde los « SIVP », el empleo retrocedió en el transcurso de los últimos cuatro años sobre todo en lo querespecta a los niveles bajos de formación.Los empleadores contratan jóvenes con mayor nivel de formación. En 1987, mes de un 40 % de lascontrataciones de empleos asalariados — excluidos los periodos de prácticas —, concernian a jóvenesque habian cursado estudios superiores. Pero aun para los empleos de obreros, se exige cada vez másel diploma que ateste la finalización de la escolaridad tecnica. Los riesgos de desclasificación sonimportantes para los jóvenes que no han obtenido el diploma de bachiller, pero los egresados de laenseñanza superior no se salvan tampoco, en especial los que han cursado derecho, cienciaseconómicas, letras y ciencias humanas asi como los que han seguido formaciones tecnológicassuperiores de nivel terciario.

AbstractFor the young who were entering the labour market straight after leaving school, the risks of beingunemployed diminished between 1983 and 1987. This trend was opposed to what was noted in the tenPreceding years and could essentially be explained by the emergence of precarious jobs. TUC andSIVP jobs went mainly to the young people who had not reached the baccalauréat level. Theyrepresented the group whose unemployment rate decreased most, even if it was still very high. Apartfrom TUC and SVIP jobs, employment receded during these four years, particularly at the lower levelsof training.Employers hired young people who had more and more training. In 1 987, more than 40 % of the youngpeople recruited for salaried jobs, not including internship, had some kind of higher education. Even forworkmen's jobs, a diploma which showed the applicant had completed his technical schooling wasincreasingly required. The risks of being hired below one's abilities were high for the young people whohad not reached the last year of high school, but university graduates were no longer spared,particularly in law, economics, arts and human sciences, as well as for those who had highertechnological training in services.

RésuméPour les jeunes qui entrent directement sur le marché du travail à la sortie de l'école, les risques dechômage ont diminué depuis quatre ans. Cette évolution va à contre-courant de l'évolution observée aucours des dix années précédentes et s'explique pour l'essentiel par la montée des emplois précaires.Les TUC et les SIVP vont surtout aux jeunes qui n'ont pas atteint le niveau du baccalauréat. C'est poureux que les taux de chômage ont le plus baissé, plus de précarité même s'ils demeurent toujours trèsélevés. Hors TUC et SIVP, l'emploi a reculé au cours des quatre dernières années, particulièrement auxbas niveaux de formation.Les employeurs embauchent des jeunes de plus en plus formés. En 1987, plus de 40 % desrecrutements sur des emplois salariés hors stages concernaient des jeunes ayant suivi des étudessupérieures. Même pour les emplois d'ouvriers, le diplôme de fin de scolarité technique est de plus enplus exigé. Les risques de déclassement sont importants pour les jeunes n'ayant pas atteint la classede terminale, mais les sortants de l'enseignement supérieur ne sont plus épargnés, en particulier endroit, sciences économiques, lettres et sciences humaines, ainsi que dans les formationstechnologiques supérieures «tertiaires».

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L'ENTREE DES JEUNES DANS LA VIE ACTIVE

L'insertion des jeunes à la sortie

de l'école entre 1983 et 1987

Moins de chômage, plus de précarité

et de déqualification

Eric Join-Lambert et Xavier Viney* Pour les jeunes qui entrent directement sur le marché du travail à la sortie de l'école, les risques de chômage ont diminué depuis quatre ans. Cette évolution va à contre-

courant de l'évolution observée au cours des dix années précédentes et s'explique pour V essentiel par la montée des emplois précaires. Les TUC et les SIVP vont surtout aux jeunes qui n'ont pas atteint le niveau du baccalauréat. C'est chez eux que les taux de chômage ont le plus baissé, même s'ils demeurent toujours très élevés. Hors TUC et SIVP, l'emploi a reculé au cours des quatre dernières années, particulièrement aux bas niveaux deformation.

Les employeurs embauchent des jeunes de plus en plus formés. En 1987, plus de 40 % des recrutements sur des emplois salariés hors stages concernaient des jeunes ayant suivi des études supérieures. Même pour les emplois d'ouvriers, le diplôme de fin de scolarité technique est de plus en plus exigé. Les risques de déclassement sont importants pour les jeunes n'ayant pas atteint la classe de terminale. Les sortants de l'enseignement supérieur ne sont plus épargnés dans certaines disciplines : en droit, sciences économiques, lettres et sciences humaines, ainsi que dans les formations technologiques supérieures "tertiaires".

* Eric Join-Lambert fait partie de la division Emploi du département "Population - ménages" de l'INSEE. Xavier Viney fait partie du Centre d'Etudes et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ). Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.

Les jeunes qui sortent du système éducatif se retrouvent beaucoup moins fréquemment au chômage qu'il y a quelques années. En mars 1988, environ 31 % des jeunes actifs masculins sortis du système scolaire neuf mois auparavant étaient chômeurs ; la proportion était de 44 % en mars 1984 (1). Pour les jeunes femmes, la baisse du chômage a démarré plus tardivement, mais elle a été plus marquée (graphique I).

Cette baisse du chômage des jeunes immédiatement après la sortie de l'école va à contre-courant de l'évolution observée au cours des dix années précédentes. Entre 1973 et 1983, le "taux de chômage" neuf mois après la sortie de l'école avait

presque quadruplé [1]. Les diplômés de l'enseignement supérieur avaient alors peu de difficultés à trouver un premier emploi. En revanche,

1. Les apprentis ne sont pas ici comptabilisés parmi les sortants du système éducatif (encadré p 53). C'est une des raisons pour lesquelles les "taux de chômage" présentés ici diffèrent sensiblement des taux habituellement estimés par l'INSEE : prendre en compte les apprentis, tout comme les militaires du contingent, parmi les sortants actifs conduirait à des niveaux de taux nettement moins élevés, notamment pour les garçons. En outre, mais ceci intervient beaucoup moins, les chômeurs sont ici les personnes qui se déclarent spontanément comme telles, ce qui n'est pas conforme à la définition du Bureau International du Travail. C'est pour toutes ces raisons qu'on parle ici de taux de chômage entre guillemets et qu'il faut plutôt retenir les évolutions que les niveaux.

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Graphique I Evolution des "taux de chômage" neuf mois après la sortie selon le niveau de dipiome*

70-

60-

50-

40-

30-

20-

10-

A -HOMMES Taux de chômage en %

Aucun diplôme ou Brevet des colleges

1973 1977 1978 1979 1980 1982 1983 1984 1985 1986 1987

B -FEMMES

Source : enquête Emploi * Le "taux de chômage" est le rapport du nombre des chômeurs à l'effectif des actifs (actifs occupés, chômeurs, TUC et SIVP). Les apprentis ne sont pas comptabilisés ici parmi les actifs. A partir de 1982, les diplômés du brevet des collèges sont regroupés avec les jeunes sans aucun diplôme. Les données des bilans 1974-1976 ne sont pas disponibles.

A Taux de chômage en %

60-

50-

40-

Aucun diplôme ou Brevet des collèges

année de sortie 1973 1977 1978 1979 1980 1982 1983 1984 1985 1986 1987

l'insertion devenait de plus en plus difficile pour ceux qui sortaient sans diplôme. Parmi les détenteurs de diplômes professionnels, les filles titulaires d'un CAP ou d'un BEP étaient les plus défavorisées. Elles cherchaient le plus souvent un emploi tertiaire et se trouvaient concurrencées dans leur spécialité par les bachelières, mais aussi par les jeunes filles qui n'avaient poursuivi leurs études que jusqu'à la classe de troisième. Aussi ne s'inséraient-elles guère mieux que les jeunes filles "sans diplôme".

Régression du chômage plus marquée pour les jeunes issus de l'enseignement technique court

Depuis 1983, les inégalités se sont réduites, du moins en apparence : la grande majorité des diplômés de l'enseignement supérieur entrés sur le marché du travail occupent un emploi neuf mois après leur sortie du système éducatif. Mais leur "taux de chômage" a légèrement augmenté. En re-

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1 . Les apprentis poursuivant des études, on ne les a pas comptabilisés ici avec les sortants du système éducatif. Selon ta norme du Bureau International du Travail, ils devraient être considérés comme des actifs : ils concourent à la production de biens ou de services moyennant une rémunération.

COMMENT S'INSERENT LES APPRENTIS ?

Environ 55 % des jeunes ayant quitté l'école en 1987 aux niveaux les plus bas (VI et V bis) se sont dirigés vers l'apprentissage : deux tiers des garçons et 40 % des filles (pour la nomenclature des niveaux de formation, voir l'article de S. Lemerle, p.37) (1). La situation des jeunes au sortir de l'apprentissage, comme celle des jeunes sortant du système scolaire, semble s'améliorer au cours des quatre dernières années. L'amélioration a cependant été moins nette que pour les autres sortants du niveau V. Alors qu'auparavant le "taux de chômage" des ex-apprentis était inférieur à celui des sortants de lycée professionnel au même niveau, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Il faut sans doute voir là une conséquence de ce que les jeunes en fin d'apprentissage bénéficient très rarement des TUC et des SIVP. Si l'on exclut ces formes d'emploi précaire de la population active, le 'taux de chômage" des apprentis redevient inférieure celui des autres diplômés de l'enseignement technique court. Certains apprentis restent, en effet, chez leur maître d'apprentissage. Jusqu'à une date récente, les apprentis ne pouvaient préparer que le CAP, et uniquement dans des entreprises de type artisanal. La loi de juillet 1987 a levé ces deux limitations. Elle leur permet notamment de préparer les nouveaux baccalauréats professionnels.

sorties de l'enseignement supérieur ont augmenté et les "taux de chômage" n'ont pas décru, comme on l'a vu précédemment.

En fin d'enseignement technique court, les sorties ont baissé de manière sensible et les jeunes se retrouvent effectivement moins fréquemment au chômage qu'il y a quelques années. A ce niveau de formation, la baisse des taux de chômage s'explique pourtant différemment pour les garçons et pour les filles. Les garçons sont souvent formés à des métiers ouvriers, et le recul des "taux de chômage" reflète celui des sorties. En revanche, les filles ont bénéficié d'une offre d'emploi plus soutenue. Leur formation professionnelle est, en effet, beaucoup plus orientée vers les métiers du tertiaire (commerces et services). La conjoncture a été plus favorable pour ces métiers, et les formes aidées d'emploi s'y sont beaucoup développées. La forte baisse des "taux de chômage" à la sortie de l'école doit cependant être relativisée, car on comptabilise dans l'emploi les travaux d'utilité collective (TUC) et les stages d'initiation à la vie professionnelle (SIVP) [encadré p.55]. Si on les excluait de l'emploi, les "taux de chômage" ne baisseraient que légèrement, pour les jeunes gens comme pour les jeunes filles. La diminution ne serait vraiment sensible qu'au niveau BEP-CAP. Pour ceux qui ont un bagage scolaire moindre, le "taux de chômage", déjà extrêmement élevé il y a quatre ans, aurait encore augmenté, atteignant 70 % pour les garçons et 80 % pour les filles.

vanche, les sortants sans diplôme, qui sont les plus exposés, sont maintenant plus nombreux à avoir un emploi qu'à être au chômage. La situation des titulaires d'un CAP ou d'un BEP s'est améliorée encore plus nettement,1 notamment chez les filles.

Ce constat optimiste doit cependant être nuancé. En effet, les diplômes obtenus ne reflètent pas toujours le niveau d'études atteint. Parmi les jeunes sans diplôme, certains ont abandonné leurs études au cours du premier cycle, d'autres avant d'arriver au terme du second cycle court. Certains ont même pu se présenter à un CAP ou un BEP, voire échouer au niveau du baccalauréat. Pour les jeunes ayant abandonné leurs études au cours du premier cycle, ou avant la fin du second cycle court, la situation s'est améliorée au cours des dernières années mais reste critique. Pour les femmes, en particulier, le "taux de chômage" neuf mois après la sortie de l'école avoisine encore 60 % malgré sa baisse. Il se situait entre 70 et 80 % pour les sorties de 1984. Pour les hommes, le taux correspondant est plus faible. Mais, pour les garçons comme pour les filles, le chômage est maintenant bien plus important pour ces jeunes pratiquement sans formation professionnelle que pour ceux qui ont atteint la fin du second cycle court.

Le "taux de chômage" semble avoir souvent suivi l'évolution des sorties du système éducatif, reculant quand celles-ci se réduisaient et restant stable voire augmentant quand elles se développaient. Ainsi, pour les jeunes sans aucune qualification, les sorties se sont stabilisées et les "taux de chômage" ont diminué; A l'autre extrême, les

La progression des TUC et des SIVP

Depuis leur mise en place en 1984, les TUC et les SIVP se sont fortement développés : il y avait plus de 200.000 TUC et plus de 100.000 SIVP en mars 1988. L'enquête Emploi ne permet pas d'isoler tous les TUC. Elle fait cependant apparaître 53.000 TUC et 20.000 SIVP parmi les sortants de l'année précédente. Environ un emploi sur quatre occupé à la sortie du système éducatif l'est maintenant sur un stage de l'une ou l'autre forme.

Les femmes entrent plus souvent que les hommes immédiatement sur le marché du travail. Elles sont proportionnellement plus nombreuses à y entrer par l'intermédiaire d'un de ces emplois "aidés". C'est, semble-t-il, parce que les TUC correspondent souvent à des tâches administratives.

Destinés aux jeunes qui n'arrivent pas à trouver du travail, ces emplois "aidés" vont surtout à ceux qui ont le bagage scolaire le plus faible. Près d'un quart des bénéficiaires issus du système scolaire sont sans aucune qualification. Plus de la moitié viennent du niveau V, qu'ils aient abandonné leur scolarité en dernière année de BEP, en dernière année de CAP, en classe de seconde ou de première. A titre de comparaison, 13 % des jeunes sortent du système éducatif vers le marché du travail sans aucune qualification, 37 % viennent du niveau Vi

53

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Tableau 1 Destination des jeunes neuf mois après la sortie de l'école*

En A. TUC et SIVP inclus

dans l'emploi Activité

Emploi Chômage

Total Inactivité

Stage Service national Autres

Total B. TUC et SIVP non

compris dans l'emploi et inclus dans les stages (1)

Activité Emploi Chômage

Total Inactivité

Stage Service national Autres

Total Sorties (sauf vers l'apprentissage)

1983

287 000 227 000 514 000

47 000 91 000 35 000

173 000

1983

287 000 227 000 514 000

47 000 91 000 35 000

173 000

687 000

1984

270 000 224 000 494 000

66 000 84 000 36 000

186 000

1984

246 000 224 000 470 000

90 000 84 000 36 000

210 000

680 000

1985

296 000 1 96 000 492 000

66 000 90 000 33 000

186 000

1985

256 000 196 000 452 000

103 000 90 000 33 000

226 000

678 000

1986

313 000 164 000 477 000

54 000 87 000 34 000

175 000

1986

246 000 1 64 000 410 000

121 000 87 000 34 000

242 000

652 000

1987

305 000 129 000 434 000

54 000 87 000 25 000

166 000

1987

231 000 129 000 360 000

128 000 87 000 25 000

240 000

600 000 1 . L'enquête Emploi ne permet pas d'isoler tous les TUC dans ce tableau certains restent malgré tout inclus dans l'emploi.

* D'après l'enquête, les sorties prises dans leur ensemble ont diminué. Ce résultat est quelque peu différent de ceux obtenus à partir des statistiques du Ministère de l'Education Nationale. D'une part, parce que les sorties du système éducatif reposent, pour partie, sur des estimations et comportent une certaine part d'incertitude. D'autre part, parce que les données de l'enquête Emploi sont obtenues par sondage et comportent une part d'aléa. Malgré ces incertitudes statistiques, il semble assuré que les sorties aient baissé en 1987.

Tableau 2 Le emplois offerts aux jeunes selon leur niveau de formation, neuf mois après leur sortie du système scolaire* (sortants de 1987)

En%

Source : enquête Emploi * On a encadré les valeurs les plus significatives. Ainsi, par exemple, 66 % des emplois offerts aux jeunes filles sorties de l'école sans aucune qualification sont des TUC ou des SIVP.

Femmes TUC ou SIVP Intérim ou contrat à durée déterminée Emplois à durée indéterminée Total

Hommes TUC ou SIVP Interim ou contrat à durée déterminée Emplois à durée indéterminée Total

Ensemble TUC ou SIVP Interim ou contrat à durée déterminée Emplois à durée indéterminée Total

V bis, VI

66

3 31

100

6 33

100

63

5 32

100

N V

44

19 37

100

CD

CD

CM

CM 48

100

36

22 42

100

iveau de form IV

21

16 63

100

17

25 58

100

20

19 61

100

ation , II, III

3

17 80

100

2

21 77

100

3

18 [_79 100

Total

25

17 58

100

22

22 56

100

24

19 57

100

54

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Graphique II Entrées dans l'emploi par niveau de formation

60 000

50 000

40 000

30 000

— 0-

A - HOMMES

1983 1984 1987 B- FEMMES

50 000

40 000

30 000

■10 000

1983

Vbis, VI _„,. Vbis. VI

1984 1986 1987 ^_^_ TUC et SI VP compris dans l'emploi

TUC et SI VP exclus de l'emploi

A LA FRONTIERE DE L'EMPLOI ET DE LA FORMATION : LES TUC ET LES SIVP

Les Travaux d'Utilité Collective (TUC) ont été mis en place à l'automne 1984. Leurs bénéficiaires travaillent à mi-temps dans des organismes à but non lucratif, sans pouvoir, en principe, se substituer à des salariés ordinaires. Les TUC, renouvelables, ont une durée comprise entre trois et douze mois [2]. Les Stages d'Initiation à la Vie Professionnelle (SIVP) ont été instaurés à la suite d'un accord interprofessionnel par des lois de février 1984 et janvier 1985. Les stagiaires bénéficient de 75 heures de formation pendant la durée du SIVP (3 à 6 mois). Ils sont également rémunérés à des taux sensiblement inférieurs auSMIC. Malgré leur statut de "stage de la formation professionnelle", les TUC et les SIVP sont considérés comme des emplois au sens du Bureau International du Travail. L'absence de contrat de travail, la faible rémunération qui y est attachée ainsi que leur caractère temporaire pourraient inciter à les exclure de l'emploi et à les assimiler à des stages. Un tel changement de définition est un peu périlleux. Par son principe d'abord. On sait en effet que certains SIVP se sont substitués à des emplois ordinaires et que la suppression de la formule entraînerait la réapparition d'emplois sous contrat de travail. En outre, sur un plan pratique, l'enquête Emploi ne permet pas toujours de distinguer les TUC ou SIVP des autres emplois parce que les personnes interrogées ne les considèrent pas comme des stages.

Recul des emplois sous contrat de travail aux bas niveaux de formation

Hors TUC et SIVP, l'emploi a globalement reculé au cours des quatre dernières années, tant pour les hommes que pour les femmes (tableau 1). Mais ce recul des emplois sous contrat de travail est particulièrement marqué pour certains niveaux de formation. Les embauches disparaissent presque aux niveaux de formation les plus bas, les TUC et les SIVP étant très largement majoritaires par rapport aux emplois traditionnels (tableau 2). L'emploi baisse également à des niveaux plus élevés : au niveau V pour les hommes, au niveau IV pour les femmes. Seuls les diplômés de l'enseignement supérieur gardent des débouchés stables (graphique II).

L'amélioration des conditions d'insertion des sortants du système scolaire apparaît donc fragile. D'abord, parce qu'elle dépend de l'aide de l'Etat et peut être remise en question. Ensuite, parce que le problème de la recherche d'un emploi, résolu neuf mois après la sortie de l'école, se repose rapidement après la fin du TUC ou du SIVP.

De plus en plus d'insertions sur un emploi précaire

Les TUC et SIVP ne sont pas la seule forme d'emploi précaire. L'intérim et, surtout, les contrats à

durée déterminée du secteur privé, sont également très répandus : ils constituent entre 15 et 25 % des emplois à la sortie de l'école, pour les garçons comme pour les filles. Cette part est restée à peu près stable sur la période. La précarité a donc fortement progressé au cours des dernières années, au point que désormais plus de 40 % des emplois occupés par de jeunes sortants sont précaires (compte non tenu des emplois précaires tr

aditionnels du secteur public actuellement non dé- nombrables).

Quel que soit leur niveau d'études, les jeunes ne peuvent plus échapper au phénomène. Les titulaires d'un diplôme d'enseignement supérieur sont maintenant 20 %, plus qu'en 1983, à n'obtenir à leurs débuts qu'un emploi intérimaire ou un contrat à durée déterminée. La proportion est désormais analogue à ce qu'elle est pour les jeunes qualifiés de niveau inférieur, touchés il est vrai par les TUC et les SIVP. Pour les jeunes sans aucune qualification, le développement de la précarité est encore plus massif. Mais il s'explique, comme on l'a vu plus haut, par celui des TUC et des SIVP, qui ont remplacé les formes plus traditionnelles d'emploi court.

Si, au cours des années récentes, la situation des jeunes entrant sur le marché du travail au sortir de l'école s'est améliorée, l'insertion véritable se trouve remise à plus tard.

55

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2. Ces stages ne comprennent pas les TUC ni les SIVP, qui sont considérés comme des emplois au sens du BIT (encadré p. 55).

3. Les déclassements n'excluent pas l'exercice d'une profession liée au type de formation, en particulier pour les titulaires d' un CAP ou d'un BEP (encadré p56) ; pour les diplômés de l'enseignement supérieur, voir [6].

Le nombre de jeunes partant au service national après l'école n'a guère changé. Le service national concerne toujours à peu près 80.000 sortants chaque année. A tous les niveaux de formation, les jeunes continuent à se diriger en nombre à peu près stable vers l'armée ou la coopération. Ils y partent à un âge de plus en plus tardif : les deux tiers ont 20 ans ou plus, ils n'étaient que la moitié dans ce cas quatre ans plus tôt.

Le nombre des jeunes qui suivent un stage à la sortie de l'école est, lui aussi, resté relativement stable au cours des dernières années malgré l'évolution des politiques de l'emploi (2). Les autres formes d'inactivité touchent peu déjeunes à la sortie de leurs études : moins de 5 %. Il s'agit pour l'essentiel de jeunes filles de bas niveau de formation.

Des risques croissants de déclassement

Lors de leur accès au marché du travail, les jeunes sortant du système éducatif sont de plus en plus souvent déclassés par rapport à leur niveau de formation [3 et 4]. Un grand nombre d'entre eux exercent un emploi ne correspondant pas à leur niveau de diplôme, notamment les jeunes titulaires d'un diplôme d'enseignement technique court (tableau 3) (3).

Parmi les jeunes gens titulaires d'un diplôme d'enseignement technique court, le poids des insertions ouvrières est à peu près constant de 1983 à 1987, environ sept sur dix. Mais la part des ouvriers non qualifiés tend à croître parmi ces insertions. Ces évolutions prolongent un mouvement amorcé vers 1977 [5]. Les recrutements sur des postes non qualifiés s'accroissent, alors que, dans l'ensemble de la population active, le nombre d'ouvriers non qualifiés régresse beaucoup plus rapidement que celui des ouvriers qualifiés.

Au bout de quelques années, certains reclassements s'opèrent. C'est ce qui ressort notamment des enquêtes de "cheminement" réalisées dans le cadre de l'Observatoire des entrées dans la vie active (encadré p.58). Mais les passages sur des postes d'ouvriers qualifiés sont assez lents. Ils peuvent s'accompagner d'un changement d'entreprise et ils sont d'autant plus fréquents que le niveau de formation initiale est élevé. Néanmoins, pour les jeunes sortis d'une classe de fin de CAP ou de BEP en 1979 et observés en 1984, la vitesse des changements de qualification a été sensiblement ralentie par rapport à ce qu'on avait pu constater pour les diplômés de 1976 suivis jusqu'en 1980.

ENSEIGNEMENT TECHNIQUE COURT: DES DEBOUCHES EN RELA TION A VEC LA SPE

CIALITE DE FORMA TION

Malgré les risques de déclassement auxquels ils sont exposés, les titulaires d'un CAP ou d'un BEP exercent à la sortie de l'école une profession qui, dans l'ensemble, correspond à la formation qu'ils ont reçue. Les quelques exemples présentés ici sont tirés de l'Observatoire des entrées dans la vie active (encadré p.58). Ils portent sur des jeunes sortis de CAP-BEP en 1985, enquêtes en février 1986 (1). A l'issue des CAP ou BEP de construction en bâtiment, les jeunes accèdent dans 80 % des cas à des emplois du bâtiment. De même, les CAP ou BEP du travail du bois, du textile, de l'habillement ou de la cuisine conduisent le plus souvent à l'embauche dans un ou deux secteurs et sur des emplois ayant des liens avec cette formation. Les débouchés sectoriels des formations en électricité sont plus variés, surtout pour les électromécaniciens : construction électrique, bâtiment, construction mécanique, construction automobile, commerce et services marchands. Mais, quel que soit le secteur, environ 60 % des jeunes diplômés de l'électricité sont embauches comme ouvriers de l'électricité ou sur des professions connexes. Corrélativement, près de 90 % des recrutements d'ouvriers électriciens débutants concernent des jeunes ayant reçu une formation à l'électricité ; et la classification ouvrière déclarée semble être en relation avec la filière de formation : les diplômés d'un BEP se déclarent plus souvent ouvriers qualifiés lorsqu'ils ont été formés en électromécanique ; cette formation suppose plus de polyvalence. Les détenteurs d'un CAP sont plutôt mieux placés lorsqu'ils sont électriciens d'équipement. Dans la mécanique, les formations sont également très diverses, tantôt très spécialisées (ajusteur, fraiseur, tourneur...), tantôt plus larges (BEP de mécanicien d'entretien). Chaque année, 35.000 jeunes sortent, formés à ces métiers. Sept mois après la sortie, 65 % d'entre eux exercent une activité ouvrière liée à leur formation (ouvrier mécanicien, ouvrier de la mécanique ou de l'électromécanique, ouvrier des transports ou de magasinage, des^ industries de transformation des métaux ou du bâtiment). Mais un quart des sortants seulement exercent un emploi d'ouvrier qualifié. Pour les formations tertiaires, il est plus difficile d'appréhender le lien entre spécialité de formation et emploi exercé : les débouchés sont plus dispersés et recouvrent des situations dont les contours sont plus compliqués à spécifier. L'Observatoire des entrées dans la vie active met cependant, là aussi, en évidence les relations entre l'emploi occupé et la formation possédée par les jeunes sortants. Ainsi, 60 % des jeunes filles titulaires d'un CAP ou BEP commercial et ayant trouvé un emploi sont employées de supermarché ou vendeuses en février 1986, sept mois après leur sortie. De même, 70 % de celles qui ont reçu une formation de secrétariat exercent effectivement des fonctions de secrétariat ou d'administration. Les diplômées de comptabilité sont employées pour 60 % d'entre elles dans des fonctions de comptabilité ou d'administration technique.

1 . Les données ne peuvent être rapprochées des données similaires qui avaient été fournies lors de l'exploitation des enquêtes précédentes de l'Observatoire des entrées dans la vie active. On est, en effet, passé d'un chiffrage de l'emploi dans le code des métiers à une codification dans la nomenclature des professions et catégories socio-professionnelles.

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Tableau 3 Professions occupées à la sortie du système éducatif* (TUC et SIVP exclus de l'emploi)

En%

Source : bilan formation - emploi 1987, enquête Emploi. * Les résultats de ce tableau sont établis sur de petits échantillons. Ils présentent donc une certaine marge d'incertitude et doivent être interprétés comme des ordres de grandeur donnés à titre indicatif.

A. Hommes

Agriculteurs, commerçants, artisans Cadres Professions intermédiaires Employés administratifs Autres employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Ensemble

B. Femmes

Agriculteurs, commerçants, artisans Cadres Professions intermédiaires Employés administratifs Autres employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Ensemble

Sans diplôme

10 0

15 10 5

10 50

100 Sans

diplôme

0 0

10 40 25 0

25 100

CAP, BEP

5 0

10 5

10 30 40

100

CAP, BEP

0 0

10 50 25

5 10

100

Baccalauréat

5 0

50 15 5

15 10

100

Baccalauréat

0 5

30 45 15 5 0

100

Diplôme supérieur au bac.

0 45

40 10 0 0 5

100 Diplôme

supérieur au bac.

0 25

50 20

5 0 0

100

Total

5 15

25 10 5

15 25

100

Total

0 10

30 35 15 5 5

100

Environ trois quarts des jeunes filles titulaires d'un CAP ou d'un BEP s'insèrent comme employées, neuf mois après leur sortie du système éducatif. Parmi celles-ci, environ six sur dix sont employées administratives et quatre sur dix employées de commerce ou des services.

Les diplômés de l'enseignement supérieur touchés eux aussi

L'insertion des jeunes ayant suivi au moins deux années d'études supérieures se fait souvent sur des professions intermédiaires (techniciens ou cadres moyens). Entre 1983 et 1987, en moyenne quatre hommes sur dix s'insèrent comme cadres mais également quatre sur dix comme techniciens ou cadres moyens. Pour les femmes, ces proportions sont respectivement de 20 et 50 %.

Trois ans après la sortie du système éducatif, les titulaires d'un DUT ou d'un BTS "industriel" qui ont un emploi sont 10 à 15 % à être ouvriers ou employés. Parmi les diplômés universitaires de technologie des spécialités "tertiaires", près de 40 % sont employés. Cette proportion est de 56 % pour les BTS, où les formations au secrétariat sont particulièrement nombreuses.

Pour les niveaux de formation les plus élevés ("bac + 3" et au delà), les déclassements sont rares à l'issue des études scientifiques (licences, maîtrises et surtout diplômes d'un niveau supérieur ou égal à "bac + 5"). Ils sont plus fréquents après une licence ou une maîtrise de droit ou de sciences économiques, après une licence de lettres ou de sciences humaines. Au total, 10 à 15 % de ces diplômés sont employés et 15 à 20 % occupent des situations de technicien ou de cadre moyen.

Les employeurs recrutent des jeunes de plus en plus formés...

Les diplômes ne perdent pas pour autant toute valeur. Ils deviennent même de plus en plus nécessaires lors de l'accès au marché du travail. Les jeunes sans diplôme ont, en effet, été les plus touchés par la baisse des recrutements : leur poids relatif dans les recrutements annuels a baissé de 50 %. Par contre, celui des jeunes possédant un diplôme supérieur au baccalauréat a augmenté de 27 %. Ainsi, la structure des embauches selon le niveau d'études est-elle nettement tirée vers le haut, si on la compare à celle des sortants (voir dans ce numéro l'article de S. Lemerle,

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Tableau 4 Diplômes des jeunes recrutés à la sortie du système éducatif* (TUC et SIVP exclus de l'emploi)

En

Source : bilan formation - emploi 1987, enquête Emploi. * Les résultats de ce tableau sont établis sur de petits échantillons. Ils présentent donc une certaine marge d'incertitude et doivent être interprétés comme des ordres de grandeur.

A. Hommes

Cadres Professions intermédiaires Employés administratifs) Autres employés > Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Ensemble (1)

B. Femmes

Cadres Professions intermédiaires Employés administratifs Autres employés Ouvriers qualifiés l Ouvriers non qualifiés J Ensemble (1)

Sans diplôme

0

10

15 10 35 15 Sans

diplôme 0

5 15 30 35

15

CAP, BEP

0

10

40 75 55 35

CAP, BEP

0

5 30 40

40 20

Baccalauréat

0

30

20 15 5

15

Baccalauréat

10

20 25 20

10 20

Diplôme supérieur au bac.

100

50 25

0 5

35

Diplôme supérieur au bac.

90

70 30 10

15 45

Total

o o o

o o

o

o o o

o o

o

Total

100

100 100 100

100 100

1. Les résultats relatifs aux agriculteurs, aux artisans et aux commerçants n'ont pas été représentés dans ce tableau car ils portent sur des effectifs très faibles.

L'OBSERVA TOIRE DES ENTREES DANS LA VIE ACTIVE .

L'Observatoire des entrées dans la vie active (EVA) est un dispositif permanent d'enquêtes du CEREQ. Ces enquêtes concernent l'ensemble des jeunes qui achèvent leur formation initiale. Trois enquêtes de l'Observatoire sont ici utilisées : -l'enquête de 1984 sur le cheminement professionnel des jeunes sortis en 1979 de l'enseignement technique court ; - l'enquête de cheminement de 1987 sur l'enseignement supérieur. Elle constitue la troisième vague des enquêtes effectuées auprès des diplômés de l'enseignement supérieur. Elle s concerné les diplômés en 1984 des instituts universitaires de technologie, des sections de techniciens supérieurs, les sortants d'un deuxième cycle universitaire ou de première année de troisième cycle. Elle prend également en compte les diplômés d'écoles d'ingénieurs (à l'exception du Conservatoire National des Arts et Métiers et des écoles sous tutelle du Ministère de la Défense), ainsi que les diplômés des écoles de commerce publiques ou privées reconnues par l'Etat. Sont exclues du champ les formations médicales, pâràmédloalëB ou «oe/â/es, ainsi que les formations

artistiques. On dispose de 26.000 questionnaires exploitables. - une enquête d'insertion professionnelle décentralisée réalisée, pour la première fois, en janvier 1986 sur l'ensemble du territoire, en collaboration avec la Direction de l'évaluation et de la prospective du ministère de l'Education Nationale. Elle concerne tous les jeunes sortis des établissements secondaires publics et privés relevant du Ministère de l'Education Nationale. Elle est effectuée sous la responsabilité des chefs d'établissements. Tous les élèves qui ont quitté l'établissement l'année précédente et qui ne poursuivent pas d'études sont intertogés, sauf les élèves sortant d'une terminale d'enseignement général, car la très grande majorité d'entre eux poursuit des études. A partir de cette enquête, on a traité un échantillon national représentant environ 40.000 questionnaires. Il permet une analyse détaillée de l'insertion : les données concernant l'insertion professionnelle, notamment l'emploi occupé, peuvent être croisées avec les caractéristiques individuelles des élèves (sexe, dernière classe suivie, spécialité de formation et diplôme obtenu). Cette enquête est utilisée ici pour décrire le devenir des sortants de classe m GAP tu dé BEP.

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p.35). Parmi les jeunes sortis du système éducatif en 1987, plus de 40 % des recrutés (hors TUC et SIVP) avaient une formation supérieure (tableau 4).

Aux niveaux intermédiaires, les diplômés de l'enseignement technique court se maintiennent parmi les recrutements, alors que les sorties à ce niveau ont plutôt tendance à baisser. Par contre, les bacheliers semblent éprouver une certaine difficulté à trouver leur place entre les diplômés de l'enseignement technique court et ceux de l'enseignement technologique supérieur. L'apparition des baccalauréats professionnels aux profils bien ciblés devrait à terme modifier le paysage de l'insertion à ces niveaux intermédiaires.

... y compris pour les emplois d'ouvriers et d'employés

Lorsqu'il recrutent des ouvriers débutants, les employeurs s'adressent de plus en plus à des jeunes ayant suivi une formation technique et ils exigent de plus en plus le diplôme de fin de scolarité. Cette évolution se fait surtout au détriment des jeunes sans diplôme. Ainsi le poids des jeunes t

itulaires d'un CAP ou d'un BEP est passé de 49 % à 62 % de 1983 à 1987.

Les emplois d'ouvriers offerts sont plus fréquemment des emplois non qualifiés. Ces recrutements peuvent résulter d'une politique délibérée des chefs d'entreprise qui veulent pouvoir mieux choisir les jeunes qu'ils vont recruter sur des emplois qualifiés. Sans doute aussi, dans une situation du marché du travail plutôt favorable à l'employeur, certains chefs d'entreprise peuvent ne pas toujours reconnaître la qualification dans les grilles de classification de ces emplois. Il ne s'agit donc pas nécessairement d'une cristallisation des insertions sur certaines catégories d'emplois particuliers.

Les recrutements d'employées pour les femmes se décalent également vers des niveaux de formation plus élevés. Ainsi pour les employées administratives, les recrutements de jeunes sortant du système éducatif se font de plus en plus parmi des diplômées de l'enseignement supérieur, mais les embauches à l'issue de l'enseignement technique court ne diminuent pas pour autant.

Dans les professions intermédiaires, les évolutions ont probablement été moins marquées, encore que de nombreuses femmes y soient recrutées après avoir suivi au moins trois années d'études supérieures. Toutefois, le poids de ces formations supérieures reste globalement stable entre 1983 et 1987 : cinq à six sur dix pour les hommes et environ sept sur dix pour les femmes. Q

BIBLIOGRAPHIE

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Résumés - Summaries - ResumenesIn: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 61-66.

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Résumés - Summaries - Resumenes. In: Economie et statistique, N°216, Décembre 1988. pp. 61-66.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1988_num_216_1_5275

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Économie et statistique n° 216 - Décembre 1988

La sociabilité, une pratique culturelle

François Héran

Les Français discutent en une semaine avec dix-sept personnes différentes sur des sujets non professionnels. Parents, collègues et amis composent presque à égalité les trois quarts de ce réseau, le reste se partageant entre le voisinage, les associations, les commerçants, les simples relations. On observe une présence plus affirmée des amis pendant la jeunesse, des collègues pendant l'âge mûr, de la parenté pendant la vieillesse. Les comportements de sociabilité restent marqués par le partage traditionnel des rôles entre les sexes : c'est d'abord aux femmes qu'incombent les relations avec les proches — parents, commerçants, voisins. En milieu populaire, toutefois, celles qui exercent une activité professionnelle diversifient sensiblement leurs contacts. Les relations de parenté mises à part, les diverses composantes de la sociabilité tendent à se cumuler : un dixième des actifs concentrent le tiers des discussions personnelles entre amis ou collègues. Plus liée au diplôme qu'à la fortune, la sociabilité présente tous les traits d'une pratique culturelle.

1980-1985 : les difficultés de l'insertion Pierre Laulhé

Depuis les années 1960, la durée de la scolarité ne cesse de s'allonger, et les jeunes qui entrent sur le marché du travail sont de plus en plus diplômés. Mais ils trouvent moins souvent qu'il y a dix ans un emploi en rapport avec leur niveau scolaire, la déqualification atteint tous les diplômes sauf ceux de l'enseignement supérieur long. Le risque de se retrouver au chômage moins de cinq ans après la sortie de l'école a doublé entre les deux périodes 1 972-1 977 et 1 980-1 985. Les femmes sont toujours plus atteintes que les hommes (un homme sur cinq est au chômage et une femme sur quatre). Les moins diplômés sont toujours les plus touchés par le chômage, mais le risque d'être au chômage en 1985 est d'autant moins important que les études sont terminées depuis longtemps. Parmi les jeunes qui sont sortis du système scolaire entre 1 980 et 1 985, et qui ont un emploi en 1985, un sur cinq a un emploi précaire, les jeunes gens un peu plus souvent (21,4%) que les jeunes femmes (1 8,6 %). C'est dès la scolarité que les différences de milieu social influent sur le cursus. La poursuite des études après 1 6 ans est plus fréquente chez les enfants dont le père est cadre ou exerce une profession intermédiaire que chez les enfants d'ouvriers ou d'employés. Les enfants de fonctionnaires ou de non-salariés connaissent moins souvent le chômage et ont plus de chances de trouver un emploi stable.

Les sorties du système éducatif de 1976 à 1986 Des jeunes de plus en plus qualifiés Stéphanie Lemerle

De plus en plus nombreux, les jeunes poursuivent leurs études au-delà de 16 ans, âge limite de l'obligation scolaire. Ils restent plus longtemps dans le système éducatif, au prix parfois de redoublements plus fréquents. Des possibilités nouvelles sont offertes, en particulier aux élèves des lycées d'enseignement professionnel, pour leur permettre d'accéder à de meilleurs niveaux de formation par le jeu de classes passerelles ou de baccalauréats professionnels. En raison de l'allongement de la scolarisation, le niveau de qualification des jeunes s'élève. Les jeunes poursuivent leurs études en plus grand nombre après le baccalauréat. Dans l'e

nseignement supérieur, les formations technologiques de niveau « bac + 2 » se développent le plus, mais aussi les écoles de commerce et de gestion. À l'autre extrême, les jeunes sans aucune qualification représentent encore un peu plus d'un dixième des sortants.

Les recrutements des entreprises depuis quinze ans La part moins belle aux débutants Florence Audier

Au sortir de l'appareil de formation, les possibilités d'emploi des jeunes se restreignent nettement au cours de la décennie 1 974-1 984. À partir de 1 985, en revanche, les conditions d'insertion professionnelle au sortir de l'école redeviennent apparemment plus favorables. Chez les garçons, ce sont les catégories professionnelles les moins qualifiées qui accueillent le plus de jeunes débutants : employés du privé et surtout ouvriers non qualifiés. Aux niveaux plus élevés, les professions qui leur sont le plus ouvertes — cadres, professions intermédiaires du secteur public — embauchent relativement peu; inversement, certaines catégories qui recrutent beaucoup, comme les professions intermédiaires administratives et commerciales du privé, leur sont difficiles d'accès. Enfin, les catégories telles que les ouvriers qualifiés, les techniciens, les contremaîtres ou agents de maîtrise et les cadres d'entreprises sont très peu ouvertes aux jeunes gens qui sortent du système scolaire, soit qu'elles recrutent peu, soit qu'elles fassent alors beaucoup plus appel à des travailleurs ayant déjà fait leurs preuves. L'insertion des jeunes filles comporte plus d'éléments structurellement favorables que celle des jeunes gens. Leurs recrutements ont été facilités par le développement des professions tertiaires, particulièrement dans le secteur privé. En outre, ce sont les professions les plus en expansion qui ont fait le plus appel aux jeunes débutantes : cadres et professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires du public ou du privé. En revanche, les recrutements de débutantes sur des postes non qualifiés sont beaucoup moins nombreux que par le passé. Au total, entre 1 983 et 1 986, le nombre de jeunes filles recrutées sur des contrats de travail neuf mois environ après leur sortie de l'appareil scolaire a diminué de plus de 20 %. Par contre, chez les garçons, les effectifs recrutés par les entreprises sont à peu près stables. Mais, tant chez les hommes que chez les femmes, la part des jeunes scolaires dans les recrutements régresse.

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Économie et statistique n° 216 - Décembre 1988

L'insertion des jeunes Pour les jeunes qui entrent directement sur le marché du travail à la sortie de l'école, les ris- à la Sortie de l'école Ques de chômage ont diminué depuis quatre ans. Cette évolution va à contre-courant de entre 1 983 et 1 987 l'évolution observée au cours des dix années précédentes et s'explique pour l'essentiel par la

montée des emplois précaires. Les TUC et les SIVP vont surtout aux jeunes qui n'ont pas Moins de Chômage, atteint le niveau du baccalauréat. C'est pour eux que les taux de chômage ont le plus baissé, plus de précarité même s'ils demeurent toujours très élevés. Hors TUC et SIVP, l'emploi a reculé au cours des e»t Ht» Héniialifiratinn quatre dernières années, particulièrement aux bas niveaux de formation.

Les employeurs embauchent des jeunes de plus en plus formés. En 1 987, plus de 40 % des Éric Join-Lambert et Xavier Vinev recrutements sur des emplois salariés hors stages concernaient des jeunes ayant suivi des études supérieures. Même pour les emplois d'ouvriers, le diplôme de fin de scolarité tech

nique est de plus en plus exigé. Les risques de déclassement sont importants pour les jeunes n'ayant pas atteint la classe de terminale, mais les sortants de l'enseignement supérieur ne sont plus épargnés, en particulier en droit, sciences économiques, lettres et sciences humaines, ainsi que dans les formations technologiques supérieures «tertiaires».

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Économie et statistique n° 216 — Décembre 1988

Sociability : a Cultural Practice François Heran

The French have non-professional conversations with seventeen different people in a week. Three quarters of these people are, in almost equal proportions, relatives, colleagues and friends, the rest being divided into neighbours, associations, shopkeepers and acquaintances. It can be noted that friends are more present for the young, colleagues for the middle-aged, and relatives for the old. Behaviours regarding sociability bear the mark of the traditional role division between the sexes : first, women socialize with those who are close to them - relatives, shopkeepers and neighbours. In the lower classes, however, the women who have a professional activity have sensibly more varied social contacts. Apart from family relations, the various components in sociability tend to combine : the third of personal conversations between friends or colleagues are concentrated on a tenth of the job-holders. Sociability, which is more connected to the level of education than to the wealth, presents all the features of a cultural practice.

1980-1985 The Difficulties of Professional Integration

Pierre Laulhé

After the sixties, the time spent at school became longer and longer, and young people entered the labour market with increasingly higher diplomas. However, they were less likely to find a job which corresponded to their level of education than their elders had been ten years before : all diplomas were downgraded except those following long university studies. The risk of finding oneself unemployed less than five years after leaving school doubled between the 1 972-1977 and the 1 980-1 985 periods. Women were always more affected than men (one man out of five and one woman out of four were unemployed). Those who had lower diplomas always suffered more form unemployment, but the risk of being unemployed in 1985 was all the less serious as school was further back in time. Among the young people who had left school between 1980 and 1985 and who were employed in 1 985, one out of five had a precarious jof. This affected young men more than young women (21.4% against 18.6 %). As early as school, the differences of social background started to have an influence on an individual's career. Teenagers whose parents were executives or had middle-ranking jobs, were more likely to stay at school after they had turned 1 6, than those whose parents were workmen or employees. The children of civil servants and non-salaried workers were less often unemployed and had more chances of finding a steady job.

Leaving School between 1976 and 1986 Young People Were More and More Qualified

Stéphanie Lemerle

A growing number of teenagers went on studying after they had turned 1 6, the minimum legal age when one is allowed to leave school. They remained longer within the school system, even if more of them sometimes had to repeat a year. New possibilities were offered, in particular to the pupils of technical secondary schools, to enable them to have access to a better standard of training, such as reorientation classes and technical baccalauréats (secondary school-leaving exam). Due to longer schooling, the young reached a higher level of qualification. A larger number of them went on studying after their baccalauréat. In higher education, the type of courses that developed most were two-years technological training units following the baccalauréat, as well as schools of commerce and management. At the other extreme, a little more than a tenth of school-leavers were still totally unqualified.

The Recruiting of Firms over the Last Fifteen Years : Beginners had the worst bargain Florence Audier

The possibilities of employment for school-leavers dropped distinctly during the 1 974-1 984 decade. After 1 985, on the contrary, there seemed to be more favourable conditions for professional integration after school. For young men, the professional categories requiring the lower levels of qualification —that is jobs as employees in the private sector and, to an even larger extent, as unqualified workmen — were those which took on a majority of young beginners. At higher levels, the professions that were most open to young men, that is positions as executives or middle-ranking jobs in the public sector, hired relatively few people; on the contrary, certain categories which recruited a lot of workers, such as office and commercial middle-ranking jobs in the private sector, were difficult for them to get. Also, such categories as qualified workmen, technicians, foremen or supervisors and firm executives, were hardly available to the young men who had just left school, either because these categories did not hire many people, or because they much preferred workers who had already proved their worth. The professional integration of young women had more favourable circumstances than that of young men. Their hiring was made easier by the development of service industries, particularly in the private sector. Besides, the categories which expanded most — that is jobs as executives, higher intellectual positions, and middle-ranking professions in the private or the public sectors — were those which resorted to the highest proportion of young female beginners. On the other hand, the number of young female beginners being hired for nonqualified jobs dropped considerably. In total, between 1 983 and 1 986, there were 20 % fewer women who had been recruited with work contracts approximately nine months after they had left the school system. On the contrary, the number of young men recruited by firms remained more or less stable. But for both men and women, the proportion of young school- leavers being hired receded.

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Économie et statistique n° 216 — Décembre 1988

The Professional Integration For the young who were entering the labour market straight after leaving school, the risks of Of School-Leavers between 1983 being unemployed diminished between 1983 and 1987. This trend was opposed to what and 1 987 was notec' 'n tne ten Preceding years and could essentially be explained by the emergence of

precarious jobs. TUC and SIVP jobs went mainly to the young people who had not reached L&-S-S Unemployment. Le-SS StBbiHty the baccalauréat level. They represented the group whose unemployment rate decreased and More LOSS of Qualification most, even if it was still very high. Apart from TUC and SVIP jobs, employment receded

during these four years, particularly at the lower levels of training. Eric Join-Lambert and Xavier Viney Employers hired young people who had more and more training. In 1 987, more than 40 °/o of

the young people recruited for salaried jobs, not including internship, had some kind of higher education. Even for workmen's jobs, a diploma which showed the applicant had completed his technical schooling was increasingly required. The risks of being hired below one's abilities were high for the young people who had not reached the last year of high school, but university graduates were no longer spared, particularly in law, economics, arts and human sciences, as well as for those who had higher technological training in services.

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Économie et statistique n° 216 - Décembre 1988

La sociabilidad : una prâctica cultural

François Héran

1980-1985 : las dificultades de la inserciôn

Pierre Laulhé

Jôvenes egresados del sistema educativo de 1976 a 1986 Cada vez mas calificados

Stephanie Lemerle

La contrataciôn de las empresas desde hace quince anos La parte menos interesante para los principiantes Florence Audier

Los franceses conversan durante el transcurso de una semana con 1 7 personas diferentes acerca de temas no profesionales. Padres, colegas y amigos constituyen casi equitativamente las très cuartas partes de esta red, el resto es compartido por el vecindario, las asociaciones, los comerciantes o simplemente las relaciones. Se observa una presencia mâs afirmada de los amigos durante la juventud, de los colegas en la madurez y de los miembros de la familia en la vejez. El reparto tradicional de los papeles entre los dos sexos continua acentuando los comportamientos de sociabilidad : a las mujeres les incumben las relaciones con los allega- dos; parientes como asi también comerciantes y vecinos. En los medios populares, sin embargo, las mujeres que ejercen una actividad profesional diversifican sensiblemente sus contactos. Poniendo aparté las relaciones de parentesco, los distintos componentes de la sociabilidad tienden a acumularse : una décima parte de los activos concentran el tercio de las conversaciones personales entre amigos o colegas. Mâs estrechamente ligada al diploma que a la fortuna, la sociabilidad présenta todas las caractensticas de una prâctica cultural.

Desde los ahos 60 la duraciôn de la escolaridad no déjà de extenderse y los jôvenes que Megan al mercado laboral presentan cada vez mâs un mayor numéro de diplomas. No obstante, encuentran con menor frecuencia que hace diez anos un empleo adaptado a su nivel de for- maciôn : la descalificaciôn afecta a todos los diplomas, salvo a los mâs elevados de la ensehanza superior. El riesgo de estar desempleado en un lapso de tiempo de menos de cinco anos después de haber finalizado los estudios se duplicô entro los dos periodos 1972-1977 y 1980-1985. Las mujeres estân mucho màs expuestas que los hombres — uno de cada cinco hombres se encuentran en desempleo y una mujer de cada cuatro — . Los menos diplomados son siempre los mâs afectados por el paro, pero el riesgo de estar desocupado en 1 985 es tanto menos importante cuanto que los candidatos finalizaron sus estudios desde hace mucho tiempo. Entre los jôvenes que egresaron del sistema escolar entre 1 980 y 1 985 y que cuentan con un empleo en 1985, uno de cada cinco tiene un empleo precario, los varones con mayor frecuencia (21,4%) que las mujeres (18,6%). A partir del periodo de escolaridad las diferencias de medio social ejercen una inf luencia en lo que respecta al ciclo completo de formaciôn. La prosecuciôn de los estudios después de los 1 6 anos es mâs frecuente entre los jôvenes cuyo padre es ejecutivo o ejerce una profesiôn intermediaria que entre los hijos de obreros o de empleados. Los hijos de funcionarios o de no asalariados conocen con menor frecuencia el desempleo y tienen mâs suerte que los otros para encontrar un empleo estable.

Son cada vez màs numerosos los jôvenes que prosiguen sus estudios mâs allé de los 16 ahos, edad limite de la escolaridad obligatoria. Permanecen mâs tiempo en el sistema educativo, a veces a costa de repetir con mayor frecuencia los distintos grados. Se les ofrecen nue- vas posibilidades, en particular a los alumnos de los liceos de ensehanza profesional, para permitirles accéder a mejores nivelés de formaciôn mediante el sistema de « clases puentes » o bachilleratos profesionales. En razôn de la prolongaciôn de la escolarizaciôn, el nivel de calificaciôn de los jôvenes aumenta. Estos continùan sus estudios en mayor numéro después del bachillerato. En la ensehanza superior, las formaciones tecnolôgicas de tipo « bachillerato mâs dos ahos de formaciôn » son las que mâs se desarrollan como asimismo las impartidas por las escuelas de comercio y de gestion. En el otro extremo de la escala, los jôvenes sin ninguna calificaciôn constituyen aùn un poco mâs de la décima parte del numéro total de los egresados.

Al Ilegar al término del sistema de formaciôn las posibilidades de empleo de los jôvenes se restringieron considerablemente durante el decenio 1974-1984. A partir de 1985, por el contrario, las condiciones de inserciôn profesional al concluir la formaciôn parecen ser, apa- rentemente, mâs favorables. Para los varones, las categorias profesionales de menor calificaciôn son las que acogen el mayor numéro de principiantes : empleados del sector privado y en especial obreros no calificados. En los nivelés mâs elevados las profesiones que pueden ofrecer una mayor apertura — ejecutivos, profesiones intermediarias del sector pùblico — contrat an relativamente poco. Inversamente, ciertas categorias que contratan bastante como las profesiones intermediarias, administratives y comerciales del sector privado, son de acceso dificil. Por ultimo, las categorias que incluyen a los obreros calificados, a los técnicos, capataces o ejecutivos empresaria- les estân muy poco abiertas a los jôvenes que egresan del sistema escolar, sea que contratan poco, sea que prefieren recurrir a trabajadores que tengan ya una experiencia profesional anterior. La inserciôn de las mujeres implica mâs elementos estructuralmente favorables que la de los varones. Su contrataciôn f ue facilitada por el desarrollo de profesiones terciarias, particular- mente en el sector privado. Ademâs, son las profesiones en mayor expansion las que mâs recurrieron a los jôvenes principiantes : ârea de ejecutivos y profesiones intelectuales supe- riores, profesiones intermediarias del sector pùblico o del privado. En cambio, la contrataciôn de principiantes en puestos no calificados son mucho menos numerosas que en el pasado. En total, entre 1 983 y 1 986, el numéro de mujeres que ingresaron en la vida activa mediante contratos de trabajo, aproximadamente nueve meses después de haber concluido la formaciôn escolar, disminuyô en mâs de un 20 %. Por el contrario, en lo concerniente a los varones, el numéro de ejecutivos contratados por las empresas es mâs o menos estable. Pero, tanto para los varones como para las mujeres, la proporciôn destinada a los jôvenes escolares en las contrataciones expérimenta una regresiôn.

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Économie et statistique n° 216 — Décembre 1988

La inserciôn de los jôvenes al egreso de la distintas ramas de formaciôn entre 1983 y 1987 Menos desempleo, mâs precariedad y fa/ta de calificaciôn

Éric Join-Lambert y Xavier Viney

Los riesgos de desempleo disminuyeron desde hace cuatro anos para los jôvenes que entran directamente al mercado laboral al finalizar su periodo de formaciôn. Esta evoluciôn marcha en sentido inverso al de la observada en el transcurso de los diez afios précédentes y se explica esencialmente por el desarrollo de los empleos precarios. Los « TUC » y los « SIVP » constituyen la categoria que registra la tasa de desempleo mâs baja aun cuando dicha tasa permanece muy elevada. Fuera de los « TUC » y de los « SIVP », el empleo retrocediô en el transcurso de los ûltimos cuatro anos sobre todo en lo que respecta a los nivelés bajos de formaciôn. Los empleadores contratan jôvenes con mayor nivel de formaciôn. En 1 987, mes de un 40 % de las contrataciones de empleos asalariados — excluidos los periodos de précticas —, con- cernian a jôvenes que habian cursado estudios superiores. Pero aun para los empleos de obreros, se exige cada vez mâs el diploma que ateste la finalizaciôn de la escolaridad técnica. Los riesgos de desclasificaciôn son importantes para los jôvenes que no han obtenido el diploma de bachiller, pero los egresados de la ensenanza superior no se salvan tampoco, en especial los que han cursado derecho, ciencias econômicas, letras y ciencias humanas asi como los que han seguido formaciones tecnolôgicas superiores de nivel terciario.

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