la révolution (tome 7)

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  • 8/3/2019 La Rvolution (Tome 7)

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    RVOLUTION,RECHERCHES HISTORIQUESen

    L'ORIGINE ET LA PROPAGATION DU MAL EN EUROPE,

    MB1RI LA VBAIMAMCS JUSQU'A OS JOUBS,

    M " G A U M E ,ArtaMttiftftposteilqeet tiraire gsml 4t Reimst dit MoflUaban tt d'Aquila ,

    4*ct#Qr en tt.**tagitt ehttatier 4 t'offre 4e Siiai-S$l%estre,aunafer* 4* Vht**mi* die te reliftioo cathoiifM 4 RftiM 4e rAcadmie 4 scipttfperts ft bellee-tertre* 4i Besaafon9 *tc.

    Qwi etigi seatatterit hom , km* tl *t#t.(3*1*1, *it S.)

    Ce fM Hmmemm ewe stase , il 1* rcolter*.

    SEPTIME LIVRAISON.

    L E P R O T E S T A N T I S M E .

    P A R I S

    (i Al'MR F R R E S . LIRR A 1RES-DITEUR S,

    1*;>7

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    Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net

    Bibliothque Saint Libre 2009.

    Toute reproduction but non lucratif est autorise.

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    PARIS - TYPOGRAPHIE DR HENRI PLOV

    IMPRIMFt'ft !>R l'KUl'FR FUR,

    8, rtt# Gtrtncirr,

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    AVANT-PROPOS.

    Nous avons reprendre l'objection qui nous at faite, et dont la rponse forme le trait d'union

    entre la livraison prcdente et celle que nous donnons en ce moment.

    On nous a dit : La Renaissance et les tudesde collge n'ont pas eu sur le Voltairianisme touteTinfluence que vous leur attribuez. Un mauvais

    esprit soufflait sur le dix-huitime sicle, et pervertissait la jeunesse au sortir des mains de ses pieuxinstituteurs. Cet esprit mauvais tait, d'une part,le Csarisme, et, d'autre part, le Protestantisme.La preuve que la Renaissance et les tudes de collge sont moins coupables que vous le dites, c'estqu'avec le mmo enseignement on a form, la findu seizime sicle et pendant tout le cours du dix-septime, des gnrations vraiment chrtiennes.

    Voil l'objection. notre avis, on aurait pu lapousser plus loin. Afin de la complter nous demanderons nous-mmes : Est-ce que le systme d'tudes littraires, qui est le mme aujourd'hui quedans les derniers sicles, ne produit pas, surtout

    en France, des catholiques fervents et un clerg modle ? Vit 4

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    S AVANT-PROPOS.

    claircir tous ces doutes, telle est noire tche.

    Fidle au caractre de notre ouvrage, nous la remplirons, non par des raisonnements, mais par desfaite; non en discutant, mais en racontant. Commenous l'avons fait pour la Rvolution franaise, pourla VolU-irianisme et le C< sarisme, interrogeant le

    mauvais eaprit qui soufflait sur le dix-huitime sicle, nous lui demanderons : Qui es-tu ? d'o viens-tu ?qaete sent tes caractres? quel* Turent tes moyens?Bt-il vrai que ta es fila du Protestantisme? et si leFrottatantttme est ton pre, que! fut ton aeul ?

    La Protestantisme est il n de lui-mme, comme lechampignon sous le chne de la fort ? Et s'il n'estpas n de lui-mme, quelle est sa gnalogie? quelart la secret de sa force?

    A toutea ces questions, dont il est superflu de

    ihre l importance, l'histoire va rpondre.

    Depuis la pablication du Csarisme, o sa place

    tait marqae, il nous est tomb sous la main unepice importante pour le grand procs que nousinstituions. Aftn de ne pas en priver le lecteur,nous t'insrons ici.

    L'attentat rcent commis sur la personne du roi de

    Naplea, en ajoutant une nouvel e page l'histoire durgicide dan* les temps modernes, prouve qu 'il n'y

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    AVANT-PROPOS. I

    pas an prince en Europe qui ne toit aujourd'hui

    menac du poignard. Plus que tout autre, Ferdi

    nand devait redouter le far des assassins. Quelques

    j o u r s avant te crime, les journaux d'Italie palliaient

    ce qui suit : S e c t e u c s s i m o r t c o n t r i l e t o i a i

    N a p l e s . Nous croyons opportun de rapj>eler la sen

    tence de mort prononce contre le roi de Naples parle comitmazxinien d'Italie, et qui, imprime des

    milliers d'exemplaires, a t rpandue dans tout le

    royaume. Voici le texte de ce document:

    Co ns id r an t que l homicide po l i t i qu e w'tst PAS

    en d l i t , et moins encore lorsqu'il s'agit do se d

    faire d'un ennemi qui a dans ses mains des moyens

    poissants, et qui peut en quelque sorte rendre Im

    possible l'mancipation d'un peuple grand et gii-

    Considrant que Ferdinand de Naples est l'en

    nemi le plus acharn de (indpendance italienne et

    de la libert de son peuple;

    Est approuve la rsolution suivante qui sera

    publie par tons les moyens possibles dans leroyaume de Naples :

    Une rcompense de 1 0 0 , 0 0 0 ducats est pro

    mise celui ou a ceux qui dlivreront l'Italie dudit

    tyran. Et comme il n'y a dans la caisse du comit

    que 0 5 ,0 0 0 i l i i r iH d i s pon ib l e s pour cet objet, les35,000 autres se ron t fournis par souscription.

    i.

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    f YANT-PR^POS.

    CONSIDERANDO CHE LOMICDIO POUTICONON UN DEUTTO, ed ancora meno quaado sit r a i t a d i d is fars i d ' u n n em ic o ch e ha in sua manom e z z i poten t i , e che puo in qua lche modo rendereimpoes tb t l e l ' e m a n c i p a z i o n e d'un generoso e grandep o p o l o ;

    Coa sid er* Ddo d i e F e r d i u a n d o di Napoli ilp i ao ten i to deU f indipendenza i t a l i a j a e

    d l i a l ibe r t de l auo popolo ;

    approva ta i a seguente r i so luz ione da es^rep o b b H c a t a coa tutti i mezzi poasibili nel regno di

    Napoli : . U n * rioompenaa d i 4 0 0 , 0 0 0 ducati offerta a

    c o l u i , o d a coloro c b e l i be re ra nn o l'Italie dal dettotir arma. E corne non vi aono nella cassa del comi-t a t o d ie 65 ,000 duca t i d i spon ib i l i per queslo scopo,

    g l i altri 3 5 , 0 0 0 s a r a n n o esatti per soscrizione1

    . Q u a n d on songe que tous les mazziniens, Gai-

    l a n g a , Ruffini, Mazzini lui-mme, sont unanimes r e c o n n a t r e avec les rgicides de 93 que c'est dansles auteur paens q u ils ont puis cette haine frocede rois, on se demande o est l'intelligence desg o u v e r n e m e n t s , la conscience des instituteurs dela jeunesse, qui, aprs tant d'exemples, s obstinent perptuer un systme d'enseignement qui remplit

    l'Europe de Brutus et d'Arislouiton!1 Voir t'ulw autre* WAru o'iiu , "S no .

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    PROTESTANTISME.

    CHAPITRE PREMIER.

    tat de la question. DmMi caractre de l'impit voltau-icane.

    Vient-elle du Protestantisme P Dans Tordre social ? Dam Tordrereligieux? Autorits qu'elle invoque. Moyens qu'elle emploie. Pays qu'elle ravage. Eut qu'elle se propose. D'o ai veauh Protettantiiine?

    Considre en elle-mme et dans ses uvres,l'impit du dix-huitime sicle prsente un doublecaractre : elle fnt tout la fois la haine de l'ordrpreligieux et de Tordre social existants, et l'aspira

    tion constante vers nn nouvel ordre religieux etvers un nouvel ordre social. L'histoire du Voltai-rianisme ne permet pas de contester l'exactitude decelle dfinition.

    Do venait cette haine? On nous avait dit que,

    dans Tordre social, elle venait du Csarisme, dontles abus et les scandales accumuls pendant deux

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    $ LE PROTESTANTISME.

    sicles jetaient l'irritation clans les esprits. Cette

    irritation concentre prparait sourdement une raction terrible et nourrissait les sentiments rpublicains, dont les philosophes du dix-huitime siclese firent les dangereux organes.

    Cette explication, nous Pavons admise. Mais en

    montrant que le Csarisme est fils de renseignement classique; que dans la manifestation do sesprincipes gnraux il est antrieur Luther; qu'ildoit sa formule et son triomphe au fils an dela Renaissance, Machiavel, l'histoire dcharge le

    Protestantisme de la moiti du mal qu'on lui impute. A la Renaissance et aux tudes des classeslettres reste tout entire la responsabilit du Csarisme, principe do la haine voltairicnne contrel'ordre social tabli, et prparateur de la Rvolution

    franaise.Que le Protestantisme ait enseign le Csarisme;

    qu'il Tait pratiqu sur une large chelle, la choseest incontestable. Mais en cela il n'a fait que ceque nous faisons nous-mmes l'gard de la poudre,dont nous nous servons sans lavoir invente.

    Si la haine du dix-huitime sicle contre l'ordresocial ne peut sans injustice tre attribue, commecause premire, au Protestantisme, on soutient que

    dans l'ordre religieux cette haine venait, non de laRenaissance et des t u d e s ci*> i q m m a i s de In

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    CHAPITRE PREMIER. ?

    prtendue Rforme. Cette aflirmation est la point

    capital du dbat. force d'tre rpte elle est devenue une sorte daxiome, et encore aujourd'huiun grand nombre d'hommes respectables voientdans le Protestantisme la cause premire de l'impit voltairienne, de la Rvolution et du mal

    actuel. Sans doute le Protestantisme a caus dansTordre religieux d'immenses ravages, attendu qu'ilest parmi toutes les hrsies celle dont le principeattaque de la manire la plus formidable l'dificecatholique. Mais la question n%est pas l; elle est

    tout entire de savoir si le Protestantisme suflitpour expliquer Timpit du dix huitime sicle, laRvolution, le socialisme brutal et pillard, la corruption des murs, le mpris "de l'autorit, en unmot le mal qui dvore I Europe moderne.

    Pour rpondre, il est bon d examiner d'abordles questions suivantes : Dans sa haine contre Tordrereligieux, quels noms invo pie Timpit voltairienne? quels sont les moyens qu'elle emploie?

    quels pays a-t elle envahis? quel est le but qu'ellese propose?Si dans sa guerre acharne cont re la religion,

    Timpit voltairienne a sans cesse ou du moinssouvent la bouche les noms de Luther, de Calvin,

    de Zwingli, d OEroIarnpado, de ('arlostadt ; si elleinvoque leur tinr -ignage, si elle se place soi:* le

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    t LE PROTESTANTISME.

    p a t r o n a g e d e leur autorit, nous conviendrons fran-f h j W l f

    fque l ' impi t

    voitairienne se donne pour lafille, n o n de l'antiquit paenne, mais du Protestant i s m e , d o n t elle regarde las fondateurs comme sesa e u x e t c om m e s e s m a t r e s . Mats si jamais il ne luia r r i v e d'invoquer tours n o m s ai de s'abriter derrire

    l e u r a u t o r i t , s i a u c on t r a i r e elle ne saurait mettreu n e m a x i m e anticturtienne, pronona* un blasp h m e , p r o v o q u e r ane destraction sans s'appuyersur i e s p o t e s , les o r a t e u r s , l a s philosophes paens:ne fanfril p a t , moins d'avoir deux poids et deux

    b a l a a o e e , r e c o n n a t r e a v e c une gale franchise quel ' i m p i t vo i t a i r i e nne se donne p o u r la fille, non duP r o t e s t a n t i s m e , m a i s de l'antiquit paenne, donte l l e r e g a r d e l e s grands hommes comme s e s aeuxe t c o m m e ses m a t r es ?

    O r , nous a vons va que jamais le nom des fonda*teurs du Protestantisme ne se trouve sur les lvresd e s p h i l o s o p h a i d u dix-huitime sicle ; que jamaisils n ' i n v o q u e n t ni leur tmoignage ni leur appui.Q u e l q u e s loges distribus en passant, souvent

    mme accompagns de plaisanteries, I bornentles hommages qu'il* leur rendent. Au contraire, ilssemblent ne pouvoir dire un mot sans s'inspirer desauteurs paens : voil un premier fait.

    Examinons ensuite quels furent les moyen? e m ployas par l'impit du dix-huitime siiVo pour

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    GHAPITHE PREMIER.

    dtruire la religion. Ici mme raisonnement quetout l'heure. Si ses engins de destruction viennent du Protestantisme, s'ils en viennent originairement, nous dirons encore que le mauvais espritqui soufflait sur le dix-huitime sicle tait sorti dela bouche de Luther, et que le patriarche de Ferney,

    avec sa nombreuse famille, ne fut que le continuateur du moine de Wittemberg. Par la raison contraire , si aucun de ces moyens ne vient du Protestantisme ou n'en vient originairement, nous dironsque Timpit voltairienne n est fille ni de Luther ni

    de Calvin, et qui! faut lui chercher d'autres aeux.Or, les moyens employs par le Voltairianisme

    pour dtruire la religion se divisent en deux classes : les uns attaquent les croyances, les autres lesmurs. Attaque des dogmes par la ngation des

    vrits catholiques et de Tauthenticit mme deslivres sainte; attaque parla calomnie, le sarcasme etle ridicule, verss pleines mains sur les enseignements, les institutions, les hommes, les lettres, lesarts et les sicles chrtiens ; attaque des murs parles livres licencieux en vers et en prose, par lethtre, par les modes, par tous les arts, peinture,sculpture, gravure, danse, musique, devenusautant d'instruments de corruption.

    Quaut la ngation des vrits catholiques, nousmontrerons bientt quVIe est fille du libre penser,

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    10 LE PROTESTANTISME.

    et que le libre penser ou le Rationalisme est fils de

    la Renaissance, non du Protestantisme. Nous montrerons de plus qu'en fait de calomnie, de sarcasmeet de ridicule, Luther n'a t que t cho des plusclbres renaissants. S'il s'agit des attaques contreles murs, qui oserait soutenir que les livres obsc

    nes, le thtre, les arts corrupteurs, les modesindcentes, le luxe sensualiste, ne sont pour riendans rimmoralit qui avait envahi les classes lettres du dix-huitime sicle? Or, tous ces puissantsmoyens de corruption ne viennent pas du Protes

    tantisme, auquel ils sont antrieurs, et qui les a souvent combattus; mais bien de la Renaissance, qui lapremire les a remis en honneur, et qui en a constamment favoris l'application. Voil un second fdii.

    Passant une autre question, nous avons exa

    miner quelles parties de l'Europe l'esprit d'impitavait envahies au dix-huitime s cle. S'il vient duProtestantisme, il aura fait sentir son influence, et ildevra encore la faire sentir avant tout et surtoutdans les pays o il rgne en matre absolu. Ce n'estpointe qui a lieu. S agit-il de l'esprit d'insubordination et de rvolte? On est forc de convenir quel'Angleterre et certains pays protestants chappentaux agitations et aux rvolutions qui ruinent aujur-

    d'hui les pays catholiques. On est forc de convenirque les plus puissants organes de l'esprit de rvolte

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    CHAPITRE PREMIER. 41

    aa dix-huitime sicle furent des catholiques et nondes protestants, et que la grande rvolution, celleq i i est devenue la mre et le modle de toutes lesautres, a clat non dans un pays protestant, maisau sein d un pays catholique, dans le royaume#,s-chrticn. On est forc de convenir qu'aujour

    d'hui encore la Rvolution trouve des symppihiespour le moins aussi vives, des soldats pour le moinsaussi ardents et aussi nombreux en France, en Espagne, en Italie, c'est--dire dans des pays o leProtestantisme ne rgna jamais, que dans les pays

    luthriens ou calvinistes.S'agit-il de la ngation des dogmes ? Est-il prouv

    qu'au dix-huitime sicle il y avait ji France, parmiles classes lettres, moins d impies et d'incrdules,ou des impies et des incrdules moins avancs qu'en

    Angleterre, par exemple? Est-i prouv qu'aujour-d hui, dans les mmes class* s, il y a en France, enEspagne, en Italie, moins de mcrants qu'en Angleterre, en Sude, en Prusse, en Danemark? Ceque tout le monde sait, c'est qu'en gnral le protestant croit encore la Bible, et les payscatholi piessont remplis de lettrs qui affectent de ne croire rien, pas mme a Dieu. Le protestant observe encorele dimanche, et parmi nous combien d'hommes pour

    qui le dimanche n'existe plus q u e t!an> le calendrier!Enfin . les re tours la pratique d e h reluion sont-ils

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    t LE PROTESTANTISME.

    parmi nous plus nombreux et plus clatants que nesont parmi les protestants les retours la vritcatholique?

    Si on parle de la corruption des mur, est-il biencertain qu'an dix-huitime sicle elles taient pluspures en France, toujours parmi les classes leves,

    q u e dans aucun pays protestant ? O se trouvait alors,o s e trouve encore plus de corruption dans le thtre,plus d'obscnits dans les livres, plus d'immoralitdans les peintures, les gravures, les sculptures;plus d'indcence dans les modes? Est-ce dans les

    pays protestants ou dans les pays catholiques? quine sait que l'Angleterre et l'Allemagne protestanteont toujours interdit et qu'elles interdisent encoresur leurs thtres la reprsentation d'un bon nombrede pices qui jouissent de la vogue parmi nous 1 ?

    Mais admettons qu' tous ces points de vue ledsavantage est pour le Protestantisme; il reste undernier rapport dont i'examen tranche la question.L'esprit d'impit qui soufflait sur le dix-huitime

    1

    Cette mme anne 1856. le gouvernement pru^ien s'exprimeairisi : # Un certain nombre de pices de thtre, fi hte*, ofocettcp. d'origine franaise, ont t tran*p!anied mr les thtre* allemand*, dVprt une imitaliun pius ou moin* fi ile. * pices oul'on met en jeu la dissolution de principe* d* la \ie conjugale etde la famille, ces mur> lgre*, ces !i* danjrereo^.

    ne peuvent qu'moti**er le $ens mura et ;.;uenir. < in\eiileraessentiel, ment, cie * frscrit du 23 o. U i

    http://eiilera/http://eiilera/
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    ( lAIMTRi: PREMIER. 43

    sicle n'tait pas seulement destructiony il tait en

    core reconstruction. S'il tait protestant, il devait naturellement tendre tablir le Protestantisme. Or,quelles furent, en politique, en religion, en littrature, en institutions sociales, les aspirations constantes du dix-huitime sicle? Est-ce pour faire

    prvaloir en Europe les ides religieuses, littraires,artistiques et sociales de Luther, de Calvin, deZwingli, que combattirent Voltaire, Rousseau, Con-dorcet, Helvtius, Mably et tous les autres philosophes? N'est-il pas aussi clair que le jour que le

    rve de tous ces lettrs catholiques tait le retour l'antiquit paenne et sa restauration tous les pointsde vue? La Rvolution, ne de leurs crits, n'a-t-ellc pas rvl aux yeux du monde entier Fespritqui les inspirait et te but suprme qu'ils poursui

    virent de toute la puissance de leurs efforts?Et puis, cet esprit protestant dont on prtend

    qu'ils taient infects, d'o leur serai*-il venu? L'histoire nous apprend que la plupart des impies dudernier sicle taient tels au sortir du coiige qu'ilsfurent toute leur vie: mes vides t ! r t chri$iiaftismuvres de Luther ou de Calvin? ls thuu-set les

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    l LE PRO TEST ANTI SME.

    versions avaient-ils pour sujet les vies, les sen

    tences9

    les hauts faits des hros de ta Rforme? L'histoire qu'on faisait lire et admirer, tait-ce l'histoiredes protestants d Angleterre ou d'Allemagne? Lesgrands hommes qu'on chantait en vers et en proses'appelaient-ils Zwingli, Farel, OEcolampade, Car-

    lostadt?Dira-t-on que l'esprit du Protestantisme tait dansl'air, qu'il passait par-dessus les murs des collgeset qu'il allait pervertir les jeunes catholiques jusquedans le giron desoratoriem et des jsuites? Quelque

    imaginaire qu'elle soit, admettons cette hypothse;admettons d* plus que ce Protestantisme arien aitsuffi pour paralyser les efforts des instituteurs religieux, et rendre strile leur enseignement, il resterait encore dire d o est sorti ce Prote*tantisme,

    et quelles sont les causes qui ont favoris son dveloppement. Nous rpondrons dans le chapitre suivant.

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    C H A P I T R E I I

    LUTHER*

    tkm penser, ira* du Protestantisme. Origine du libre peu**, ltRenaissance. Preuves : vies, crits, actes des rformateurs. Tmoignages de Phist ire. Caractres du Protestantisme Viede Luther. Ses premires annes 11 lude Eiseaach i l tepts&ionne pour l'antiquit paenne. U tudie Erfurt. ~ I Vrole* dcisives de Mlancthon. Acte plus dcisif do Luther. Avec qui il entre au couvent. 11 est ordonn prtre. Enseigne Wittomnorf. Va Roae. Ses impressions.

    Le libre penser est l'me du Protestantisme, tout

    le monde en convient; et les variations incessa niesde la Rforme en sont la preuve palpable. Mais t econtenter de dire que le libre penser est le pre duProtestantisme allemand, du disme anglais, duplulosophisme franais et do la Rvolution, c'estfaire incompltement la gnalogie du mal : la souche reste inconnue. Prenons-y garde, la chose esttrs-grave; arrtons noua-y, non point comme une incidence secondaire, mais comme au fond

    mme de la question. Il importe do ne mittre duct de Luther que ce qui lui appartient rellement

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    4G LE PROTESTANTISME.

    et de laisser la Renaissance sa vritable part. De

    cette faon on aura, sous un jour convenable etdans leur exacte mesure, les lments du problmequi nous occupe et de la solution qui doit intervenir.

    Ce qui est mane de ce qui fut; le Protestantisme

    n'est pas n de lui-mme. La rvolte de Luthern'est point un vnement isol; elle a ses antcdents et ses synchrouismes. L'hrsiarque, il estvrai, tourna contre l'autorit religieuse, d'une manire violente et solennelle, le principe du libre

    examen; mais ce n'est pas lui qui avait mis au jour ce principe. Avant lui un grand nombre de Renaissants, et entre autres Pomponace et Machiavel,les deu plus brillant* lves des Grecs , avaient faitde la souveraine indpendance de la raison un usage

    plus radical ; car ils s'taient la fois mancipes etde l'glise et des saintes critures. Pomponace avaitspar la mnrale de la religion, et Machiavel en avaitspar la politique C'est dans l'antiquit paenneque l'un et l'autre trouvrent le principe et l'application* du libre penser; en d'autres termes, un levier et un point d'appui pour arracher l'Europechrtienne de ses fondements et la livrer tous lesvents des spculations indpendantes *.

    1

    LI. M;*tter. Hhtnrr d*$ ilwrin*-* im-rales et p'htnjue* des

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    CHAPITRE DEUXIME. 47

    It rsulte de l que, si le Protestantisme est fils dulibre penser, le libre penser est fils de la Renaissance. Afin de constater cette gnalogie, nous avons montrer, d'une p v t , que le principe de la Rformeest le mme que celui de la Renaissance, appliqu des objets diffrents; d'autre part, que ce principe

    se trouve exclusivement dans l'antiquit paenne etqu'il tait inconnu en Europe avant la Renaissance.Ainsi, deux parties dans notre tude: la premirecontiendra l'histoire du Protestantisme; la seconde,celle de la Renaissance. Ponr runir tous les genres

    de preuves, nous tudierons le Protestantisme dansses fondateurs, dans les tmoignages de l'histoire,dans sa nature intime et dans ses grands caractres.Un travail analogue sur les Renaissants nous montrerales liens de parent qui unissent les deux familles*

    Ds l'abord cette communaut d'origine se rvledans un fait qui domine et qui rsume tout le Protestantisme. Ce fait le voici : l'oeuvre de Luther etde ses compagnons d'armes fut une Rvolution. Or,toute rvolution est deux choses: elle est Jatructimet reconstruction. Luther et les rformateurs ont dtruit dans l'ordre religieux le principe de foi oud'autorit, et l'ont remplac par le principe du libreexamen ou de la souverainet de la raison en ma

    tire de croyances, et spcialement d'interprtationbiblique.ML. t

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    48 LE PROTESTANTISME.

    Pour accomplir leur double tche, quelle marchesuivent-ils ? Exactement la mme qui a t suiviepar la Renaissance, par le Csarisme, par le Voltai-riauisme et par la Rvolution franaise. Pendant desannes entires ils font pleuvoir le sarcasme, l'injure,la calomnie sur le pass chrtien de l'Europe et sur

    le principe d'autorit qui la rgissait ; sur le moyenge, qui est pour eux une poque de barbarie; surla philosophie et la thologie scolastiques, qu'ilsprsentent comme la source de toutes les ignoranceset de toutes tes hontes qui dshonorent l'esprit hu

    main; sur les doctrines catholiques et sur les ordresreligieux, complices intresss, disent-ils, des abusqu'ils signalent l'indignation publique.

    Avec la mme ardeur qu'ils dploient pour livrerau mpris les sicles chrtiens, ils exaltent l'antiquit

    paenne. Comme la Renaissance, comme le Csa-rinae, te Voltairianisme et la Rvolution franaise,ils disent que, pour se rgnrer, l'Europe doit remonter aux sicles brillants de Virgile et de Platon,que tout l'espace intermdiaire est esclavage et barbarie. Heureusement, ajoutent-ils, l'aurore d un nouveau jour vient de luire en Italie. La belle antiquitnous est revenue avec les savants chasses de Constantinople.

    Aprs avoir ainsi prpar les esprits et battu eubrche les ouvrages avancs une logique iiupia-

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    CHAPITRE DEUXIME 49

    cible entrane les rformateurs attaquer le curmme de la place, l'difice catholique. Telles furent,au rapport de l'histoire, laquelle nous allons don-ner la parole, l'esprit gnral 9 la marche et la tactique des fondateurs de la Rforme. Commenonspar Luther.

    Martin Luther naquit le 40 novembre 4483. Islbe, comt de Mansfeid, dans la Saxe. Mesparents, crit-il, taient pauvres. Pour nous nourrirmon pre tait oblig de bcher la terre, et ma mreapportait sur ses paules tout le bois ncessaire la

    maison1

    . Hans, pre de Luther, tait un de ces bonspaysans d'Allemagne, ardents au travail et laprire. Le boir, aprs avoir cout, au coin du foyer,quelque rcit biblique, il faisait la prire et venaitsouvent s'agenouiller au pied du lit de Martin, en

    uemandant a Dieu que l'enfant grandit dans lacrainte du Seigneur *.

    En 4 497, Luther, g de 4 4 ans, partit pour Mag-debourg, afin de commencer ses tudes. Comme iltait pauvre, il mendiait son pain deux fois par semaine, en chantant aux fentres des maisons, ou enpsalmodiant au chur. Les habitants de Magdebourg

    1 Ego TUM RUSLICI fthu* DE Mor cura ULEBIAM. Ego mtm t*|*au|#eriin parenUbu> ; |:cr iu F W niunlium ; niati-r omnUI J : K I A nm ila\it. -

    Luth , I. Il ; Coll. I M ^ . V , P. RT.* GUSTAVE VUi*'t 1 F Luihrr.

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    20 LE PROTESTANTISME.

    se montrant peu charitables, il prit son sac et sonbton de plerin et se rendit Eisenach, petite villede Thuringe o sa mre avait des parents. Uneveuve nomme Cotta eut compassion du jeune colier, lui donna l'hospitalit et lui acheta mme uneflte et une guitare. Dans ses moments de loisir Lu

    ther essayait sur ces instruments quelque vieux cantique du moyfen ge, comme : Bnissons le petitenfant qui nous est n, ou Bonne Marie, toile du

    plerin. Jusque-l Luther est un enfant catholiquede naissance, de foi, de murs, qui n'a d'autres

    admirations qpe des admirations chrtiennes, d'autrevie intellectuelle que celle qu'il a puise dans le seinde sa pieuse famille et qui rayonne autour de luidans tout ce qu'il voit, dans tout ce qu'il entend.

    A l'abri du besoin, le jeune colier se live avec

    ardeur au travail. Au gymnase d'Eisenach it eut pourmatre de grammaire Jean Trbonius. La grammairecomprenait alors Ptude de la langue latine. Renaissant ou, comme on disait alors, humaniste de quelquerenom, Trbonius faisait ce qu'on ne faisait pointencore ailleurs. 11 se piquait d'enseigner le beau latin avec un soin particulier, et il est bien entenduqu'il en cherchait le type non dans les Pres del'glise ni les grands crivains du moyen ge, mais

    dans les auteurs paens

    f

    .

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    C H A P I T R E D E U X I M E . TI

    L'esprit vif du jeune Luther, sa rare facilit composer en vers et en prose, le placent bientt a \ lttede ses condisciples. Il passe quatre ans Eisenach eten sort enivr de la douceur des lettres. En quittant legymnase, il rve l'Acadmie, qu'il regarde commeune fontaine o il pourra s'abreuver longs traits de

    littrature et de science. Reprenant son sac et sonbton, il s'achemine versErfurth: il avait dix-huitans.

    Dans le systme d'tudes du moyen ge, la dialectique succdait la grammaire. Sous la direction

    du docteur Jodocus, Luther s'applique cette science.Mais bientt l'amour de l'antiquit, qu'il a puis dansses premires classes, lui fait ngliger la dialectiqueet l'entrane l'tude approfondie des auteurs paens.Trois sicles plus tard, nous avons vu Mably, dj

    sous-diacre et au sminaire de Saint-Sulpice, dominpar la mme passion, puise la mme source,abandonner ses livres de thologie et quitter la carrire ecclsiastique pour aller vivre jusqu' la mortau milieu des Grecs et des Romains. L'auteur de lavie de Luther est loin d'en faire un reproche sonhros: SON AME AVIDE DE SAVOIR , dit Mlanchthon,

    fra'!ius condition sir doctu* et strmams laiini haii inifierittts . rectius et tin-

    t*nus tratem pr.inmirfti JM ,

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    L E P R O T E S T A N T I S M E .

    C R U C H E LES SOURCES LES PLUS ABONDANTES ET LES MEIL

    LEURES. IL LIT LA PLUPART DES ANCIENS AUTEURS LATINS

    CI C RO N, VI RGILE , T IT E- LI VE ET D'AUTRES ENCORE. IL

    LES L I T , NON COMME UN ENFANT , POUR Y CHERCHER DES

    MOTS, MAIS POUR T PUISER LA SCIENCE ET LE MODLE DE

    LA VIE HUMAINE. PLUS PROFONDMENT QUE LES AUTRES^

    IL PNTRE LE SSNS DE LEURS ENSEIGNEMENTS ET DE

    LEURS MAXIMES; ET COMME IL TAIT DOU D'UNE ADMI

    RABLE MMOIRE, IL N'OUBLIAIT RIEN DE CE QL'LL AVAIT

    LU OU ENTENDU. C'EST AU POINT Q I E LE JEUNE PRODIGE

    DEVINT LADMIRATION DE TOUTE L A( ADMIE D'ERFURTH

    En vain le docteur Jodocus Truttvetter s'efforced'inspirer Luther des gots plus srieux et plusconformes aux instructions de son pre, qui le destinait au barreau : la place tait prise. Comme Voltaire et pour les mmes raisons que lui, Luther,

    pris de la belle littrature, oublie les conseils deson pre. Quant son professeur, il le dsole par

    1 ..... Deguktia igitur litttrarum dukedine, natura flagrantemCTSPTDITTTE discendi appelasse academiam, tanquam fontem omNIUM DOCTRMARUM CUM*;ue MENS A VIDA DOCLRIN piura et meliora

    REQUIRERET, LGISTE ip$um PLERAQUE veterum latinorum soriptorumMONUMENT!, GCEROUIS, Virgilii, Ii\ii et aiorum. Harv ltgissNON UT Fuori, VERBA tantum excerper.trs, ?ed ut umnnir vita docTRINSM aut imagine*. Quare et rot siha horum sonptorur.1 et senTANTIAS pptpiusA*peti!*e; et, uterat memoria fideti et firma. pe-RAQUE ei LECTA et atidtta ?N cor^peUu et oh ulc* fuisse. Sic utitn;

    IN juventute emintit**c, ut toti aradem t ui

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    C H A P I T R E D E U X I M E .

    ses plaisanteries contre la scolaHique. Lui-mmes'accuse quelque part d'avoir ht la mort dudocteur par ses mutineries contre cette mthoded'enseignement, inconnue de l'antiquit l .

    Et cependant, si, au lieu de passer sa jeunesseavec les Grecs et les Romains, Luther avait appris

    censure les sicles chrtiens, il aurait vu les [dusillustres docteurs de l'glise, ayant leur tte saintThomas d'Aquin, concilier dans un harmonieux ensemble toutes les sciences divines et humaines, lesorganiser entre elles comme une arme range en

    bataille sous le suprme commandement du Verbede Dieu, la Sagesse ternelle, de laquelle touteselles manent. Il les aurait vus, moyennant la mthode scolastiqne ou gomtrique, distribuer toutl'ensemble comme un camp, comme une place forte,

    o la philosophie fait lavant-garde, le boulevardextrieur, et la thologie le gros de l'arme, lecorps de la place*.

    Mais la Renaissance awit honni cette mthode,et Luther partageait tes ides de sa mre et rptait son langage. Bien que ses prdilections fussentf illeurs, nanmoins le jeune adolescent apprit assez

    1T I K ' O causant accelerda* su mort* fuisse... profanitetibus...

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    L E I ' K O T E S T N T I S M I : .

    de philosophie pour recevoir ses grades. Ce futeu i 504 ; il avait alors vingt-doux ans. Il se mettait mme tudier l philosophie et les morales d'A-ristote, lorsqu'un at-ddent imprvu vint changer lecours de ses ides : Alexis, un de ses meilleurs amis,mouftit ct de lut frapp de la foudre. Craignant

    d'tre foudroy iui-mme, Luther tombe $ genouxet prend la i&olutien d'embrasser la vie monastique. Une dernire fois il runit ses amis pour fairede la musique avec eux. La nuit venue, sans riendire personne, il s'en va frapper la porte du

    couvent des ermites de Saint-Augustin, Erfurth,et obtient d'y tre reu novice.

    Mais devinez ce qu'il emporte avec lui, commeson trsor le plus prcieux, comme son insparable vade-mecum ! l'Imitation de Jsus-Christ, une

    Bible, quelque livre asctique? Rien de tout cela.Pour viatique intellectuel et moral, ce jeune chrtien qui va se donner Dieu emporte, soigneusement envelopps dans un paquet, plac sous sonbras : va PLAITE ET IN VIRGI LE !! \

    Ce fait, peut-tre unique dans l'histoire, et quicontient toute une rvlation, n'a cependant rienqui doive nous tonner. L'homme n'est-il pas filsde son ducation, et Luther lui-mme, Luther,

    WTLRH., 1.1, p. 79; Coch>u.c. In art. Luth., fol. 2 ; Mlanchthon, ttf. Luth . |> 6, ?*'.

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    lev par des religieux et des prtres, n'a-t-il pas

    crit : AVINGT

    kmJE N'AVAIS PAS ENCORE LU U::E

    LIGNE DES CRITURES1 ? Quoi qu'il en soit, mieux que

    tous les discours ce trait, rapport par les diffrentshistoriens de sa vie, nous montre ce qu'tait Luther vingt-trois ans, quelle ducation il avait reue,

    quelles taient les admirations de son esprit et lesaffections de son cur. Or, ce qu'tait Luther a isortant de l'Universit, nous verrons qu'il le seratoute sa vie : le couvent n'y changera rien, idoles-cens jula viam suam.

    Revtu de l'habit de novice,T

    ilher en accomp l i e s devoirs avec ferveur. On *e voit tour tournettoyer les immondices de la maison, balayer lesdortoirs, ouvrir et fermer les portes de ralise,monter l'horloge et s'en aller, la besace sur le dos,

    mendier dans les rues d'Erfurth; mais surtout iltudie. L'criture sainte, les thologiens du moyenge, les Pres de l'glise, et notamment saint Augustin, occupent tous ses loisirs. Ainsi le veut largle; ainsi l'exigent les fonctions du sacerdoce auquel Luther est destin. En i 507, il prononce sesvux, reoit la prtrise, et le 2 mai de la mmeanne il clbre sa premire messe. L'anne suivante, son suprieur, Jean de Stanpitz, envok

    1 TiMh-Reden, |*. 3OI

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    L B P R O T E S T A N T I S M E .

    FRRE MARTIN PROFESSER LA philosophie L'UNIVERSIT DEWITTEMBERG.

    CETTE UNIVERSIT VENAIT D'TRE FONDE PAR FR

    DRIC LECTEUR D E S A X E . FIDLE L'ESPRIT D E SON

    FOODATEER, Q U I S E RATAIT de savoir par cemr tous lespotes classiques l'antiquit, L'UNIVERSIT DE WIT

    TEMBERG DEVIUT EN ALLEIMGNE UN DES FOYERS DE LARENAISSANCE S E S VASTES CO URS, SES NOMBRE USES

    SALLES RETENTISSAIENT CONTINUELLEMENT DES LOUANGES

    D O U E S PAR LES MATRES ET PAR LES LVES A U X GRANDS

    AUX GRANDES CHOSES D E R O M E ET D E LA

    GRCE. A U MILIEU D ' U NE PAREILLE ATMOS PHRE, ON

    COM PREND TOUT CE QU E LUTHER DEVAIT S O U F R A ,

    OBLIG QU'IL TAIT D'ENSEIGNER LA PHILOSOPHIE SCOLAS-

    TIQEE, LA PHILOSOPHIE D'ARISTOTE, ce matre en diable,C O M M E IL L'APPELAIT * . A J E M E TROUVE B I E N , CRI

    VAIT-IL, MAIS JE SERAIS ENCORE MIEUX SI JE N'TAIS

    CONTRAINT D E PROFEAAER LA PHILOSOPHIE \

    U N E CIRCONSTANCE INATTENDUE VINT FAIRE QUELQUE

    DIVERSION SA P EI NE . E N 4 5 1 0 IL FUT ENVOY RO M E

    POUR TRAITER U NE AFFAIRE RELATIVE AUX ATIGUSTINS

    D'ALLEMAGNE : CE VOYAGE LUI FUT TR&~FUNESTE. LUTHER

    COMPRENAIT LA RENA IS SA NCE, CO MM E L'ALLEMAGNE

    VOIR AUDIO, Vi$d< Luther, t. I, P. 37.

    * NONNE LUTH

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    elle-mme la comprit, au point de vue littraire etphilosophique. Pour lui, c'tait la rsurrection dubeau langage et du libre penser. II ne se doutaitpas qu'elle ft, ni qu'elle pt tre la rsurrectionde toutes las impudicits artistiques dont taientpleines les cits modles d'Athnes et de Rome. En

    apercevant de loin la cit des pontifes, il tombe genoux, lve les mains au ciel, et saluant la villeternelle de tous les noms d'amour et de respect,il s'crie : 0 Renne sainte, trois fois sanctifie parle sang de tes martyrs 1. Mais bientt son me se

    rvolteen voyant dans les rues, sur les places, dans lesmuses, dans les ftes de la ville des papes, une rsurrection des nudits et des folies du paganisme. Cherche-t-il une sainte image, il n'aperoit quedes divinits olympiques, Apcilon, Vnus, Mare,

    Jupiter, auxquelles travaillent mille mains de sculpteurs. Ce sont les dieux de Dmosthne, de Praxitle, les ftes et les pompes de Dlos, le mouvement du Forum, des folies toutes mondaines ; maincette folie de la croix qu'a chante Taptre, il n'envoit nulle reprsentation. Il croit rver, il s'indigne,

    H parce que Rome nest pas faite son imaye. il esttout prt la condamner *.

    D'un autre ct, son ducation, qui lui a fait con

    natre les vieux Romains, leur mythologie, leurs1 PFIATER. $

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    hros et leurs dieux, lui a laiss ignorer la Romechrtienne. Entre Auguste et Lon X, tout le passest mort pour lui. De tous les papes qui se sont succd sur la chaire de saint Pierre, il ignore les titres l'admiration et la reconnaissance. Il ne sedoute pas que l'intelligence n'a de protecteur, aprs

    Dieu, que dans son vicaire sur la terre; que lapapaut, en brisant la force matrielle et en la contraignant de plier devant les lois de la morale, adonn le plus beau spectacle auquel l'homme pourra

    jamais assister

    U tait entr dans Rome en plerin, il en sortcomme Coriolan, s'criant avec Berabo : Adieu,Rome, que doit fuir quiconque veut vivre sainte-ment; adieu, ville o tout est permis, except d'trehonnte homme 8 .

    Quand nous entendrons Luther appeler Rome uneBabylone, et presser le monde de l'abandonner,nous nous rappellerons ces vers de Bembo et les paroles de Machiavel, et nous saurons que Luther n'at que l'cho des plus fameux Renaissants.

    1 RANKE, Hitom de lapapaut, $*&ime SIWJR.* Vivo* qui wncte vulti*, riisredito Roroa ,

    Orania btc e**e lied ; mn probum.

    UDIN, I V de Luther. I. I, |> *

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    C H A P I T R E H I .

    L C T H E L .

    Luther REU DOCTEUR EC TLIOLOGIE. IL MANIFESTE TOUT SON MPRIT POUR

    LE MOYEN GE. SES SERMONS. SES THSES. ORIGINE ET CAUSE DE

    SON ANTIPATHIE. PAROLES DE M. AUDIN. INFLUENCE DE LA RENAIS

    SANCE SUR LA RFORME. NOUVEAU TMOIGNAGE DE M. AUDIO. ~ DIS

    POSITIONS GNRALES DES ESPRITS, SURTOUT EN ALLEMAGNE. LETTRE DO

    CHANOINE ADALBERT.

    De retour Wittemberg, Luther reoit avec tetitre de docteur eu thologie celui de prdicateurde la ville ; c'tait en 4512. Cette nouvelle positionlui permet de se livrer tout son mpris pour lascolastique, et de rpter devant de nombreuxauditoires les sarcasmes et les plaisanteries dontUlric de Hutten et Reuchlin faisaient retentir l'Allemagne, aux dpens du philosophe de Stagire et du

    moyen ge. tas rires excits par Luther taient sibruyants, dit un historien, qu'on tes entendait jusqu' Erfurth et Cologne; et tous les humaniste*de ces deux villes d'applaudir la venue de ce nouveau combattant qui essayait, l'aide de l'criture,

    de renverser l'autorit de la scolastique 1 Plit?, I r d Utfor.

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    3 0 L E P R O T E S T A N T I S M E .

    Luther ne s'en tient pas ses serinons. Dans le

    secret de sa cellule il compose des thses en rglecontre ce qu'il regarde comme une plaie de l'glise.Jeune encore et fervent religieux, il crit de Wit-temberg, le 8 fvrier 4516, au prieur des Augus-tins d'Erfurth : Mon pre, j'envoie l'excellent

    Josed'Eisenach cette lettre pleine de questions contrela logique, la philosophie et la thologie, c'est--dire d'anathmes et d'excrations contre ristote,Porphyre et les scolastiques, en d'autres termes,CONTRE LES MAUVAISES TI DES DE NOTRE TEMPS. Je ne

    dsire rien avec tant d'ardeur, si j'en avais letemps, que de mettre Aristote nu devant le mondeentier, et de montrer dans toute sa honte ce comdien qui a jou si longtemps l'glise avec le masque grec... Une des principales portions de ma croix,

    c'est d'tre condamn voir les meilleures ttes denos frres, oui SERAIENT PROPRES AUX BELLES-LETTRES,perdre leur temps et leur peine dans cette buc etm immondices . Et il envoyait quatre-vingt-dix-

    neuf thses contre la scolastique.L'anne suivante il crit au menu* prieur : J attends avec grande douleur, anxit et empressement, ce que vous dites de mes paradoxes. Informez-moi donc le plus tt possible et assurez les rv

    rends pres de la Facult de thologie que je suis

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    CHAPITRE TROISIME. 34

    prt en venir disputer publiquement, soit en confrence, soit dans le monastre, afin qu'ils n'imaginent pas que je veux marmotter dans un coin riende semblable, notre universit tant en effet assezmdiocre pour paratre un coin .

    Tout ceci prcde la fameuse question des indul

    gences. Luther n'est point encore hrtique ; il estau contraire un fervent religieux. D'o lui vientcette antipathie profonde pour la mthode d'enseignement suivie pendant le moyen ge, et dont lesdocteurs catholiques ont fait m si magnifique

    usage? Pour en trouver l'origino et la cause, il foutremonter la Renaissance coutons un auteur nonsuspect : C'tait alors la coutume en Allemagnequ'au sortir des coles de droit ou de mdecine,les jeunes gens allassent complter leurs tudes

    en Italie, Bologue ou Padoue. Car posie, peinture, musique, science naturelle, tous les modesde la pense s'panouissaient la fois sur cetteterre privilgie... Ce spectacle dut frapper vive*ment des imaginations allemandes, qui n'avaientencore poursuit i la science dans aucune intmtivnactive ou passive *.

    s Tois oiHTAiEM nom: t'IiAue sm*oftni M CES-

    1 VValili . t I |. !..

    I < m\ Un * a iliUtnjf | K U I Aihmigm- *fuiuiH*nt if v*l

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    LE PROTESTANTISME.

    MBS D'lNDPEND4NCE INTELLECTUELLE , QU'ILS ALLAIENT

    RPANDRE A LEUR TOUR DANS LEUR P A Y S . . . Ls DOUTE

    TROUVAIT SOU COMPTE A CBS PLERINAGES DONT IL ENTRE*

    TENAIT LB C O T ; il y applaudissait, il y poussait lesesprits, persuad que de ces migrations scientifiquesuattrait quelque beau triomphe pour lui, et pour la

    foi un obscurcissementprochain. Ce qui devait aiderau triomphe du Rationalisme, c'tait Ttat de lapense, qu'ils avaient laisse en Allemagne si soumise, si austre, si dvote, et qu'ils trouvaient Rome, Yenise, Florence, AFFRANCHIE, NE RELE

    VANT DB P E R S O ! , NE RECONNAISSANT NI JOUG NI

    MAITRB.

    Rieuse, libertine, incrdule, cette pense va se jouant de tout, du christianisme, de la morale, duclerg et des papes eux-mmes. Elle a pour organes

    Dante, qui jette des pontifes tout vifs dans les enfers ;Ptrarque, qui fait de Rome une prostitue, et jusqu' un moine nomm Baptiste de Mantoue, quis'est mis chanter les amours des prtres Leurslivres, quoique dfendu* par la censure, circulaientdans Rome tous Julos 11 et Lon X, et se trouvaientdans la bibliothque de la plupart les cardinaux.Sadolet et Bemlio en savaient par cur de long*fragments, qu ils s amusaient rciter tout haut*.

    1

    M. Auilll fil |M**** rl

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    CHAPITRE TROISIME. 33A l'amour pour les arts el las lettres antiques se

    joignait, en Italie, un grand enthousiasme pour laphilosophie potique de Platon. Les Grecs bannisde Constantinople l'avaient rcemment emporte del'exil et rvle aux mes italiennes, qui s'taienttOUt COUp PRISES D'AMOUR POUR \MM RVES myit-

    rieijx w disciple DE Socrate. Marcile Ficin, Pic dela Mirandole, Laurent de Mdicis, le pre de Lon X,contriburent surtout rpandre les dogmes de cettephilosophie, qui, malgr son htrodoxie, sduisaitbeaucoup d'homme* religieux. Au lieu d'un Dieu

    en trots personnes, c'est une me unique qu'admettent les platoniciens ; me, rayon, parcellj de laDivinit unie la matire ; aprs les preuves de lavief rame rompt ses liens, et va se perdre dans leaetn de la Divinit, comme une goutte dans l'eaude ht mer. L'Italie tout L.

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    L E PROTESTANTISME.

    am sources antiques, aima mieux rester dans sescioiires, y tudier les grands thologiens et sontenir i la mthode d'enseignement du moyen ge,rauteur ajoute : En dehors du clerg, Platontrouva plus d'une me enthousiaste. Les humanistes,les lettrs, penchaient pour Platon; Ulric de Hutten,

    Reuchlin, natures potiques, rpudiaient Aristoteet poussaient la multitude vers (antiquit. La mut*titude obissaitet se moquait des moines.

    Vous concevez maintenant que le jour o leprtre allemand put tre raill et sa parole discute,

    o l'on put rire en toute quitude de ses doctrineslittraires, uc nouts, P A R L U E R A C T I O N R A T I R E L L E Aa e t t t O I U U M L , S U T sa P R S M R R K K S C E S S A I R S M E ^ T A L AP A R O L 1 D O S * ATI OL E. L ' I K A M S L F VINT D O N C AFFAIBLIR LA

    roi. Pour une population aussi religieuse que celled'Ueinague, c'tait un malheur qui brisait le cur.Ainsi, parce que quelques moines ont mal compriskm sicle, ont eu peur a tort des lumires. que debruit t Reuchlin et son cole ! Comment vdlei-vons que je croie ce purgatoire, disait*il, an*M M i par une bouche pileuse, qui ne sait pasmm dcliner musa? Et on riait 1.

    Nous ne pouvait* admettre le jugement deM. AudiUt L'exprience a tiop bit n prouv qu'en

    A u U l i l I n U r . U / A * ' f , t M t o fit* ?>t : ; % \ > | t

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    C H A P I T R E T R O I S I M E . 1 5

    rsistant la Renaissance, le clerg d'Allemagne

    ne comprenait pas mal son sicle, et qu'il n'avaitpas tort d'avoir penr des lumires nouvelles. Surce point capital un historien protestant a vu plus

    juste que l'crivain catholique. Parlant de la Renais*sanae littraire et philosophique antrieure la

    rforme, Brucker s'exprime ainsi : LA R E N A I S *unes S E S LSTTRSS C O K T I I S U A PUISSAMMENT A LA R I R A I S -S A K C S s s LA PHILOSOPHE Litalie fut la premire se dgoter de l'ancienne philosophie, de cettephilosophie attache par le u s a as L'AUTORIT, aucto-

    ritat captstro. Mais notre Allemagne ne s'endormitpas dan* ses anciennes tnbres ; et comme l'Italie, malgr les vives lumires qui l'clairaient, ellene consentit pas rester l'esclave de la grandesuperstition. A peine eut-elle aperu l'aurore de laRenaissance des lettres, et reu dans les colesd Italie leurs pfeteues semences, que r * enfants,de retour dans leur patrie, runirent leurs effortspour proscrire la barbarie, inaugurer une philoso

    phie et un enseignement plus en harmonie avec lebon sens, exciter tes savants, se moquer de rigao~ranee, n m n ' T VR L A C O T T S U P T I O M eut D F M O H U I T L At T T FTTJTIIK f u n f . T I E * * ! : E T la rpublique des tettrc,

    1 !> -FFTNIT*TR ;FYT 'T ! * ^ * A N L T ' M M T R.'T H * 1 I I I U I I I A D R W I L I L U E N -

    I W . ) **< M . * S S S 1 " . I L ! I ! * M I

    J

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    3 6 L E P R O T E S T A N T I S M E .

    et indiquer courageusement le remde hroque

    qu'exigeait ce mal pestilentiel De ces prcieux tmoignages il rsulte que les jeunes Allemands revenant d'tudier en Italies'extasiait sur les choses qu'on enseigne et surla manire dont on les enseigne Florence,

    Padoue, Boulogne, L Europe, disent-ils, esttombe dans les tnbres, les lettres sont perdues,la philosophie est devenue barbare, l'glise elle-mme est corrompue; nous sommes des btes qu'onmne avec le licou de l'autorit; tous ces maux

    demandent un remde nergique qui se trouvedans la restauration de l'antiquit artistique, philosophique et littraire. Imitons l'Italie; l on pariecomme Qcron, on philosophe comme Platon. Aulangage et aux mthodes barbares usits parmi

    nous ont succd un langage d'une lganteexquise et des mthodes qui, n'emprisonnant plu*l'esprit dans de honteuses entraves, permettent lapense de prendre un libre essor et de se livrer de nobles et utiles investigations. I., au lieu depossder, comme nous, quelques traites seulementdes grand* philosophes de l'antiquit, ou possde

    V I R > * C|cH*LM * \ O I * . R O ; I*i

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    C H A P I T R E T R O I S I M E . , *7

    leurs uvres tout entires; au lieu de les tudier

    comme nous dans des traductions, on les lit dansleur langue originale. Au lieu de jurer sur la paroled'Aristote et des formules que lui ont empruntesnos docteurs, on examine, on s'instruit, et on ne

    jure sur la parole d'aucun matre.

    Au fond de tout cela, comme on voit, respirel'amour passionn de la forme paenne et du librepenser. Ce langage, inspir par la Renaissance, rsume fidlement les nombreux pamphlets des humanistes antrieurs la Rforme, tels que Ulric de

    Hutten, Reuchlin, et surtout rasme, ce Voltairedu quinzime sicle, dont la verve intarissablegaya pendant trente ans l'Europe littraire auxdpens du pass.

    Telle tait en Allemagne, dit Brucker, la cl

    brit d'rasme, que tous les amis de la belle littrature se rangrent sous ses tendards pour faire laguerre la barbarie du moyen ge, et pour conqurir le droit du libre penser 1 .

    Ijes homme* les plus grave*, mme parmi leclerg, H? laissent branler par les plaisanteries dulettr de Rotterdam, par les sophistes de Reuchlin,et font cho leurs od ieuses c l dplorable* calom-

    * . lan't hi.jfii en U.i ? :t\ Mu"i.t* j - ' f * e * -

    fui. v !*." It v i uni i- M * t f in j.h I - *n m ? -! .m i. :. rtnit Ht ' yhJ |.r* , ! f . i {> *

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    m L E P R O T E S T A N T I S M E .

    ies. Entre une foule de documents, l'histoire nous

    a conserv la lettre curieuse qu'crivait Reucblin,6&H93 9 Bernard Adelman, chanoine d'Augsbourg. 0 crime! s*crie-t-il, nous mprisons, que

    dis-je? nous abhorrons cotome du poison, quelque-fois mme nous sommes empchs d'tudier ce qui

    (Usait les dlices et la volupt des anciens ! Non,non; I MK>tns d'tre immergs dans les lettres latinestt grecques, nos jeunes gens ne feront jamais rien.

    a Je n'ignore pas que beaucoup d'hommes, noapas amis d la sagesse, mais de l'orgueil, non pas

    professeurs de saintes lettres, mais de tnbres,mm pas jurisconsultes, mais cornifleurs de droit,excrent le nom de posie, et clabaudent partoutque les potes sont pleirs d'obscnits et de niaise*ries* C'est pourquoi, Jean, mou bien-aim, j'airecours i loi comme au refuge le plus sAr des huma-Utes, > ta prennes sous I. protection ton.

    eaux qi < avides des belles-lettres, que tuxmllrs au utui de l'tat et que tu persuades bien

    notre smptruin que jamais nul ne pourra panmir la vraie emmissane? des rhmes, s* il ne remmene partudier les auteurs paen*1.

    1 D t s p t r i f t i t l * , I M I T I O l a u f t A M v t * n < * f n M O R R M U * , c n l i q t i i n l o ,

    | i r o h | w n l t i m t i t f* i* ' H * M u i r u m h ! | vUi^i i i ' t i l . -* t i t* -

    JTIRUMLA v o l t j p t i o . a j u t* f t t M i t t t . . . ?

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    C H A P I T R E T R O I S I E M E . 39

    Croire qne le salut de l'tat dpend de la connaissance de Virgile ou d'Horace! Regarder commenn crime la dfense de lire les obscnits potiquesdes dieux de l'Olympe! Prtendre qu'on ne peutarriver la vrit que par le chemin du mensonge!Si on lui avait drendu de lire son brviaire ou

    d'tudier l'criture, le bon chanoine aurait-il faitentendre des lamentations plus douloureuses? Telest pourtant 1 J fan:'^mo pour l'antiquit paenneauquel la Renaissance conduisait les hommes lesplus graves ; que devait-il en tre des ttes plus

    lgres, et surtout des jeunes gens? Cette lettre aencore cela de prcieux, qu'elle montre la rpulsion qu'inspirait I tude des auteurs paens la findu quinzime sicle, les protestations qui s'levaientcontre ce systme nouveau, et par consquent inconnu ou h peu prs du moyen ge.

    Brucker a soin d'ajouter que cet enthousiasmepour la Renaissante n tait pas |ier*onnel au chanoine d'Au*hmtrg, mais qu'il avait gagn toute

    I

    1

    Allemagne, et surtout la jeunesse, grrtaux lettrsrevenus d Italie, avec la volont de ehaaser la barbarie du mn de rtglise.

    Au moment, C O N T I N U E M. Atitlin, o f#i nmi-M T T I R tmiyrs U* puiic** Al^tiiaiitU retenu* il Italie*

    M ' T I T O T N T . T I U ' I M M . 1 T T T I T * T ' O I F T P I I T F I T I H * * / #.

    / < * / # / W W I

    V | IA I | 5 - . I \ . M ^iinl - I t . I L I * , < > U I M taient

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    40 LE PROTESTANTISME.

    alls Vadorer, les bourgeois allemands laient affranchis... Aussi, vit-on ces affranchis de la veille, unefois que leur corps eut son avenir gagn, songeraussitt dlivrer leur me1. Cette lumire s/nrt-tuelle qui se dgageait des Alpes attira tout d abordleurs regards : livres, arts, ides, philosophie,

    tout ce qui venait d'Italie occupa leurs penses. Lesbourgeois saxons sont les premiers disciples del'cole philosophique allemande reprsente parReuchlin, cole sceptique et raususe, et qui a pourdevise : Haine aux moines et tout ce qui vient des

    couvents!* Vous les voyez se prendre, comme s'ils les com

    prenaient , ces disputa platoniciennes et aristotliciennes, qui commencent agiter en Allemagnetoutes les existences, et comme Rame, adopter

    pour reprsentant celui qui parle l'Ame, qui rve,qui met de la posie dans toutes ses sitcail.ition.Ce* disputes, o le monarhisihe laissait *w* //'(

    C avnementde h rforme.

    t* L'Allemagne voulait imiter Ht lu . Tuiim^etien 1 4 7 7 , Mayenre :n I4H < , WMIMI.N>rg m \l\ui%et Krandbrt-siiMtMer MI l.ititi, miu'ia !-% *idot des cole*, et f itimttie nu dvh DR* ,\l|'t*

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    C H A P I T R E T R O I S I E M E . 4 1

    universits o l'antiquit tait explique, com

    mente devant une foule de disciples fervents.....AINSI LES VQUES*, EN FONDANT CES UNIVERSITS,AVAIENT, SANS S'EN DOUTER, TRAVAILL AU TRIOMPHE DU

    RATIONALISME, ET PRPAR LA VOIE AUX NOUVEAUTS

    RELIGIEUSES ' .

    Sans se rappeler ce qu'il vient de dire, M. Audin,grand admirateur de la Renaissance, ajoute : Leclerg catholique et pu dispenser au peuple lamanne nouvelle, s'il et voulu la chercher o latrouvaient les laques; mais prit un autre che

    min , et comme il vit que le pass tait la grandesogfce d'inspiration, il songea l'appeler. Mats aulieu de ces ombres qui avaient rempli l'antiquit deleur yMre, il voqua d'autres morts : c'taientDurand, d'tilly, saint Thomas Seot..., dieux dis-

    puteurxj qui soufflrent leurs disciples un espritde chicane, de ruses, d'quivoques, de subtilitsgrammaticales, et les aidrent recommencer desluttes dont ils avaient emport le secret *.

    Appeler les plus grands docteurs du moyen gedes profesneurs de chicane, D V^ I MW/ WX et delilits fframmatirules ; et saint Thomas un dieu disputent*! ywwd aujourd'hui ENCORE on MIRPIRIID deiwiiilihihlt * PAITILE Mir 1* I N M * D'un catholique

    1 ATTlin . I *f

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    I l LB PROTESTANTISME.

    Itttrait, fat-il tre tonn des outrages dont lesRenaissante du seizime sicle furent si prodigues l'gard de toutes les gloires chrtiennes et nationalesde l'Europe?

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    CHAPITRE IV.

    L U T H E R .

    Le Protestantisme m a t Luther. Mprit du moyen ge. Enthousiasme poar Pantiquit* paenne. Querelle des indulgences. filaaV$t pat la eaase in Protestantisme. Luther attaque Pautorit del'glise. Remarquables paroles de prucker. Luther, !

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    44 LE PROTESTANTISME.

    qu'on regardait comme le rgne de la barbarie :

    telles taient, grce la Renaissance, les dispositions gnrales des esprits.Or, qu'est-ce que cela, |inon le Protestantisme dans

    la plus large acception du mot? En acclamant iaphilosophie nouvelle, la posie nouvelle, la peinture

    nouvelle, la musique nouvelle, l'histoire nouvelle, lapolitique nouvelle, la langue nouvelle, en les don*nant comme le type du vrai, du beau, du bon, quefaisaient les philosophes, tes littrateurs, les artistes etles politiques de la Renaissance, en Italie et ailleurs,

    sinon protesterhautement contre toutes ces chosestelles que le moyen ge les avait connues, enseignes, pratiques; et ainsi convier 1 Europe rpudier sa philosophie, sa littrature, ses arts, sa politique, sa civilisation, sa langue mme, pour adopterla philosophie, la littrature, les arts, la politique,la civilisation, la langue de l'antiquit grecque etromaine? De ee Protestantisme universel un scu!point jusque-l tait except, l'autorit dogmatique

    de 1 glise catholique. Sur tout le reste on mana-pait la raison et on l'appelait l'indpendance.

    De toutes parts la raison rpondait cet appel.Avec une ardeur qui n'a d exemple dans l'histoire quecelle dm Barbares, lorsqu'ils saccagrent le monde

    paen H !c dtruisirent a\< * palais, * hm\ V%se^dj* u\ et inMifutioiifs JMHH F . u ; lace au CHRIN-

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    C H A P I T R E Q U A T R I M E . 4 5

    tianisme, on vit l'Europe jeter au vent le patrimoine

    de ses aeux, dtruire ses monuments, abjurer salittrature et ses arts traditionnels, rpudier sapolitique nationale et sa civilisation indigne, pourfaire place l'antiquit paenne. Pendant que leslettres et les arts mancips des rgles de la pudeur,

    la philosophie du licou de l'autorit, la politique deslois de la justice, inondaient l'Europe de scandalesgrecs et romains, on entendait le bruit du marteauqui dans Rome mme dmolissait la premire glisedu monde, l'antique et tant de fois vnrable basi-

    tique de Saint-Pierre, pour la remplacer, malgrles rclamations du sens chrtien, par un dificegrec construit d'aprs les rgles de Vitruve

    1 Voici te jugement que ports de ce fait trtage un auteur pro-testant : Prcdemment, dit Ranke, la religion contribuait tout

    autant que l'art inspirer tes productions des peintres et des statuaires ; MAIS AI *ITOT QUK L'AIT A T TOUCH PA LE SOI m a nei/AN . ionT, ILS'WTiii,rvn nns LUSKSOSLA asLteioif... N'tait-ce donc pas un symptme trs-aigmficatif de voir mme un fap*siules I I , entreprendre de dmolir l'antique basilique de Saint-Pierre, la mtropole de la chrtient, dont toutes fa partie* taient

    suttctifle*. dans laquelle taient runie ks u m m i ^ nu de la v**

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    4 0 LE PROTESTANTISME.

    Avec plus de zleque le moyen ge n'en dploya

    pour rechercher les ouvrages des saints Pres, retrouver les reliques des martyrs ou conqurir letombeau du Fils de Dieu, ou rechercha les livres despaens, les statues de leurs dieux, tes dbris deleurstemples,tesbustes de leurs grands hommes ;

    03 wftala dcouvertepar des solennits publiques ;ut les plaa avec honneur dans tes palais des princes,et l'Europe fanatise ne se lassait point d'admirerce* ItORteu* vestiges d'un monde qui avait livr sesaeux tus tigres et aux bchers 9 et que Dieu avaitdtruit dsue sa juste colre. On et dit l'accomplissement m S M S inverse du mot de saint fieuii auchefdes Francs : Fier Sicambre, brle ce que tuas ador, idore ce que tu as brl.

    CeUe double prdication de mpris pour l'ami*ftif chrtienne et d'enthousiasme pour l'antiquitptfSMi durait depuis cinquante ans. Grce sonducation, Luther en tait, comme nous l'avons vu tm des |lns fervents aptra*. En compagnie de Hut

    te*, de Reuchlin, de Niiolius et d rasme, il eon-A E A F * S D N M A M mm ap*rmt BA* i l * ^ m na^tuik^n, i^Hntm I R L * V*TIT*iMtTK

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    tinuait de faire rire l'Allemagne aux dpens dumoyen ge, de ses docteurs et de leurs disciples. Tous ses efforts, dit Brucker, tendaient non-seulement dnigrer la philosophie scolastique, mais la faire chasser des coles. Cette haine avait, n'en pas douter, le mme principe que dans les

    savants d'Italie. ENIVRS as i*'AMOUR as LA BELLE LITTRATURE , ils ne pouvaient supporter le joug de laphilosophie scolastique; ainsi Luther, LEV DS SAJEUNESSE PARMI LES ANCIENS, TAIT PNTR D'HORREUR

    POUR LA BARBARIE DES COLES 1 .

    Mlanchtbon ajoute : Cette Alfipe devenait de jour en jour plus vive, par le spectacle qu'otfraitaux yeux de Luther la jeunesse allemande, dont lescrits d'Erasme avaient tourn l'admiration vers labelle antiquit et excit le mpris pour la doctrine

    barbare et sophistique des moines*. Luther lui-mme, rvlant toute sa ^nse, s ex

    prime ainsi dans une lettre Jodocus : Kn rsum,j 3 crois tout simplement qu'il est impossible derformer (glise moins uibolr de fond en comble

    1 N o n i b j i f w m o d i , i * i H e i p e l l e r * t t * r h u i , *l p u b l i f *

    c r i p i * * O i t y t t ^ n a r i * . . , P r i m a q u i d e m J y b . U s i u l u m m i n o r e % i t M u r .

    w i t t a r a t i o a e s , j u a j i n l U t U \iro$ rioru* , p < l

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    4 8 L E P R O T E S T A N T I S M E .

    LE DROIT CANON, LES dcrttes, la thologie scolasti-QOE, LA LOGIQUE, LA philosophie, telles qu'elles exisTENT, ET DE rebtir nouveaux frais 1.

    ON LE VOIT, C'EST au PRINCIPE D'autorit qu'on enVEUT. TROP HABILE pour DIRE d'avance son dernierMOT, LE PAGANISME RENAISSANT, toujours semblable

    L UI - M ME , CACHE SON BUT sous DES prtextes menTEURS. Au SEIZIME sicle, C'EST la barbarie d u moyenGE QUI LUI s e t DE masque; plus tard, C'est laSUPERSTITION ; PLUS IARD ENCORE, le fanatisme et lesRICHESSES du CLERG : TOUJOURS des masques pour

    CACHER sa FIG.if TOUJOURS DES prtextes pour d o n n e rLE CHANGE, jusqu' CE QU'ENFIN, la vrit, l'glise,LA RELIGION ELLE-MME SOIENT branles dans le respectDES PEUPLES. ALORS LES ENNEMIS SE frottent les mains ;ET LES AMIS S'CRIENT : Ah 1 nous ne savions pus'

    LUTHER ET L'Europe EN TAIENT dit aou* avons ditLORSQUE CLATA LA QUERELLE DES indulgences, IL neutrePAFRDAOS NOTRE sujet de rappeler les dc 'ail-, ss

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    Qu'il nous suffise de dire que la question des indul

    gences ne fut {s plus la cause du Protestantisme quete dficit dans les finances ne fut la cause de laRvolution franaise; pas plus que les ordonnancesde Charles X ne furent la cause de la rvolution de1830, ou te banquet lectoral celle de la rvolution

    de 1848. La querelle des indulgences fut, &i onveut, l'tincelle qui mit te feu aux poudres, maisles poudrai taient fabriques et runies d avance.

    Soit, comme on la prtendu, jalousie de corps envoyrutla mission d'annoncer, en Allemagne, l'indul*

    gence jubilaire, confie aux dominicains, MIT, ce quiest plus vraisemblable, dsir de profiter d'une occasion solennelle pour faire une campagne en rglecontre les docteurs catholiques du moyen ge,c'est--dire contre te principe d'autorit, Luther

    s'en va, la veille de la Toussaint 1547, afficheraux porte- de l'glise du chteau de Wittemuergqualre~vigt quinze thses contre les indulgences.

    Dans ee moment dcisif, que se passa t-il dansson me? lieux crivains protestants, Eraefcsr etSedteoderf, vont nous l'apprendre. Luther, nourride la belle antiquit, tait convaincu que la philo-nophie et la thologie scolatiiqu** taient la causeih*s erreurs qu il voyait pulluler dans l'glise ? ilV C I V A I * I T T T M I U T I E N S

    de la superstition romaine s'ap*P I R . I I MM M** I K U \ M O U M * |MH : iKfeiidte C O M M E

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    5 0 LE P R O T E S T A N T I S M E .

    leurs yeux la barbarie de la doctrine et la barbarie

    des murs; il voyait l'glise romaine asseoir surcette immense base son pouvoir et son ambition ; ilvoyait tous les gens de bien impatients de secouerce joug impos aux consciences, et il en conclutqu'avant tout il fallait arracher l'ennemi son

    armure. la vue du pril qui? menace, il hsite...MAIS IL JETTE LES YEUX SUR L E S G R A N D S H O M M E S D ITA

    LIE , QUI LUI ONT OUVERT LA VOIE; L E U R E X E M P L E AFFER

    MIT SA GRANDE AME, ET IL C O M M E N C E L ' A T T A Q U E F .

    Cen est fait, le libre penser, n de la Renais

    sance, a trouv un logicien plus hardi et plus con-sq *ent que ses devanciers ; l'autorit dogmatiquede l'glise, jusque-i respecte, est battue en brche : le Protestantisme est complet.

    1 lia vero tnvtctis rattonhu* convinrebalur acholasttratnP H I I O E O P B I A T N et F U N D A M E N U I M es.SV ibeologi* setwlaslie, Q U O * q u *I L I A I N V E S E R A T , E R R O R U M omnium; E T fulrrum auppeditare I M M E N -mm A M B I T I O N etpotentiaa curia rmanaa, Q U A ? , \ E I U T intoiera-bits hactenus jugo rongcientiis impera verni, Q U O I Q U E tandem ali-Q T I A N D O E X E U T E R E oranes boni pranptabant..... Pro peatitatitm*E R R O R I B A A . Q U I c c E S A M oceopaverant. pugnare tan-piam ;m an*F O C I * Q U E V I D E B A T curim romane m * N C I P I A , Un tulrn* LtUmtemRAOXQUE roituram supcrstittonem S U A T C N U R I ; H I P R A - I L I ? * h R F A -riem doctrin morumque D F E N D I < ! > * N , I B * I , !eq-IF P R . U *A R M A T U R E spoHanda mm tenebranim re^na R E R I E J U I F R V U H A TQ U O D T I O E T A I A G N A M dit invidiam mmabatm... e\c;taruiit tamenV I R U M F O R T E M animique impertcinti T \ C U M , T m^n*: U N I \ I < * J N I I T

    qui in I ta lia barbartt*m a^restfi, a r h o i . - O I . T P L U I i n ; * U kmindixerant. R R W U R | > < M J ; S H ^ K . R F tf ^ f j i J T U *

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    CHAPITRE QUATRIME. 54

    Les esprit tant prdisposs comme ils Ttaient

    par las admirateurs de l'antiquit paenne, la Rforme prit en Allemagne comme le feu dans lespines sches. UNE GRANDE PARTIR DE CRTTB GLOIRE,dit Brucker, RETIENT AUI LETTRS CATHOLIQUES, entreautres, rasme, Vives, Lefvre, Nizolius. Ilsn'os*

    tmt {m, il ait vrai, attaquer Rome de front, maisila contriburent beaucoup au succs de la batailleea propageant la belle philosophie, en livrant aumpris celle des sicles prcdents, et en excitantles autres chasser ces spectres de la rpublique

    savante. On n'attendait qu'une main assez hardiepour mettre le feu la bombe : cette main fut cellede Luther 1.

    1 Senttentibus aleciisque Germanorum animis, cum Eccitaierafonnatio, eiigtiis lu Germank usa initiis, laaiiasitftia mok n-cramentia amplifieari c\i ent. fofendum eut; namt*l \\m ncmitti tr u juo dotcxt'nr t. < !n*:iini pic r

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    ht LE PROTESTANTISME.

    Une fois ie pas franchi, la logique entrana

    Luther de ngation en ngation. Et pourtant, choseremarquable! il n'alla jamais aussi loin que certains Renaissants d'Italie dont les monstrueuseserreurs furent, comme nous le verrons, condamnes au concile de Latran. Mais en attaquant la phi*

    losophie et la thologie scolastiques, il n'en avaitpas moins boulevers tout ie systme catholique dela science qui faisait de la philosophie la servantede la foi, et renvers la digue qui arrtait le torrentdu Rationalisme1

    Nous ne suivrons pas Luther dans les luttes incessantes qui composent la seconde partie de son orageuse existence. Comme dans la premire, il semontre constamment semblable lui-mme et filsde son ducation. Mpris du moyen ge, mpris de

    sa science, mpris de ses docteurs, mpris del'glise et de ses enseignements, qu'il traite d'erreurs nes pendant les tnbres des sicles d'ignorance; admiration non moins constante pour la littrature de l'antiquit paenne, dont il se pique d'tre

    arduo et diffirili summiqwo moment i maximum urura MartinumLutherum prtncipem manu* admovi?se... Brucker. |>.

    1 llli erinum quoJ amtutelicam |ihiio*oj>hiam sprovent, et theo-iogiuB petem spreverit. cum summa scholu^tuorum docturum in

    juria, qui lamen jn*r an nos ti*vent* theolo^t' nliilosophiam aii-

    cillari et onmnn huniciKum inu-'.tvturn in ibs

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    CHAPITRE QUATRIME. 53

    1 Tifrh.ftefifin . P . 3 5 2 . - / . . . . 3 7 F - 1

    un modle, et pour *on libre penser, dont il se

    glorifie d'tre l'aptre. Lisons quelques pages duTisch-Reden ou Propos de table, cette rvlation intime de Luther par Luther lui-mme.

    Il y a trente ans, dit-il, la Bible tait inconnue, les prophtes incompris A vingt ans, je

    n'avais encore rien lu des critures1

    ... Les moinessont les colonnes du papisme; ils dfendent le papecomme certains rats leur roi... Moi, je suis le vif-argent du Seigneur rpandu dans l'tang, c'est--dire dans la monacaille. Les franciscains sont les

    poux que le diable attacha la peau d'Adam; lesdominicains, les puces qui piquent sans cesse-Dans le clotre on n tudie pas, mais on obscurcitl'criture. Un mone ne sait pas ce que c'est qued'tudier; certaines heures, il marmotte certaines

    prires, dites canoniques; mais, pour le don de lireles critures qui m'a t accord, pas un moinequi l'ait reu

    Saint Bonaventure, saint Thomas taient des pouxet des puces; saint Bernard, Albert le Grand, RogerBacon n'avaient ni science ni intelligence ; c'taientdes faons de barbares qui n'tudiaient pas, maisqui obscurcissaient l'criture. N'est-ce pas VO que,en d'autres termes, l^s Renaissants avaient dit avant

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    5 4 L E PROTESTANTISME.

    Luther, ce que plusieurs pensent encore aujour

    d'hui ?Des ordres religieux Luther passe aux juristes.Le moyen ge, convaincu de ne rien entendre lathologie, ni la philosophie, ni aux belles-lettres,n'ea pas moins ignare en matire de jurisprudence

    ot de droit canon. Qu'est-ce qu'un juriste? demande Luther. Cest un cordonnier, un fripier, untaiHeur de soupes, qui fait mtier de disputer dechoses qui ne sentent gure bon, du sixime commandement de Dieu, par exemple Je n'aurais

    jamais cru qu'ils pussent tre aussi papistes qu'ilsle sont. Je vois qu'ils sont dans la m.... jusqu'aucou : lourdauds qui ne savent pas distinguer le sucrede la m.... Omnis jurista est aut nequista, aut igno-ffsta'.

    Les Pres de l'Eglise ne sont pas mieux traitsque les docteurs du moyen ge : ignorants, hrtiques, imbciles, etc., telles sont les pithtesdont Luther les honore. Quant aux catholiques engnral, surtout ceux qui ne sont p. Renaissants: Ce sont des papistes qui ne savent pas un mot delatin, tres dchus, sans savoir, sans discernement,misrables coliers se tranant sur les pas d'ristote,qu'ils n'ont jamais su lire; humanistes tout farcis

    d'un latin qui ferait piti un pdant de village :

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    C H A P I T R E Q U A T R I M E . : > I

    thologiens qui chantent victoire quand ils ont cit

    Thomas ou Scot

    1

    . Pour lui, Luther, qu'on a faussement accus d'treennemi de la Renaissance, il se flatte d'tre un desplus fins latinistes de son temps. Il faut entendreavec quel superbe ddain il parle du latin de ses

    adversaires. Rpondant la constitution du papeAdrien VI, il s'exprime en ces termes : o Je regrettede perdre mon temps h rpondre des lettres ignares et vraiment papales. Elles sont crites d'unemanire si sotte et en sti/lc si barbare, qu'elles sont

    indignes d'tre rfutes mrae par un eufant. MaisDieu frappe miraculeusement l'Antchrist 9 jusqu'lui ter tout succs, jusqu' lui ter la connaissancemme de toute langue et toute espce de talent, ensorte qu'il est en toutes choses tomb dans l'en

    fance et dans la folie. C'est le comble de la honted'envoyer un pareil latin des Allemands, et deproposer des gens raisonnables de si sottes explications de l'criture. Tout cela est vraiment et admi

    rablement papistique, monacal et lovanien

    a

    . * V O I R A U D I N . Vie de Luther, 1 . 1 , P R F A C E , P . t ! E T 4 M .* A R F D P N I E T M E B O N A S H O R A S T A M M A ! E E ! O C A S E , U T I N E R U -

    D I T A 1 1 V E R E P A P A L B U S L I T T E N S R E A P O M I E R I M : M I N T T ' I I T M T A M B A R B A

    R I E * t*i in*utM K T I P T I B . U T I F I L I G N . P S I N T N U I H U S vel A P U E R O R E A P O N - . ' A L U R . W R U T N I V U S M T R A N I L I S N I J I V D I T U R A R I T E R H R T A T U M . Q U O D IL L I

    U S P N iuho R M I L M N M I P I F U S *U*v > , M L A R ^ U R . U ' J - O ^ T I J T N E Q U E! , J I I 4 H M I I I M . H I I , N T P I . " . S I T E I I : ; ( N < N T , t*l J > E R M T . A F A R . S H A T U L T U *

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    5 LE PROTESTA NTI SME

    Ses prtentions au beau latin ne ont gales

    que par son admiration pour le bea** grec. crivant son ami Eobanus Hessus, il lui dit : Sans t tude des langues, U n'y a pas de thologie;thologie et belles-lettres, nous les avons vues em

    portes dans le mime, naufrage... QUE LA JEUNESSE

    DOHC SE LIVRE AUX MUSES , C'EST MON TCEC LE PLIS

    ARDENT. Viennent en foule et potes et rhteurs pourinitier les hommes aux mystres des critures.....Mon docte ami, sers-toi de ton nom et du mien, situ veux l'invoquer, pour potiser la jeunesse. Tout

    mon chagrin est que notre sicle et mes occupationsm'empchent de hanter les potes et les rhteursanciens, POVR DEVENIR GREC A MON AISE 1 .

    Luther les avait hants, et hants exclusivement jusqu' vingt ans, comme il nous l'apprend lui-mme;il continuait de les hanter et de marcher au combatsous leur escorte, ainsi que le lui reproche le comtede Carpi. Fidle tes ruses, lui dit-il, tu cites lesniaiseries et les fables des poles, parce qu'elles s'accommodent avec tes mensonges; tu choisis dans lesauteurs paens des noms et des exemples tellement

    factua ait. Turpi&mum e.*t ejusmodi latina t r ipla ai Gt>rmano$mitli. et lam iasulsas interpretationes Srriptura* liominilms | ru-iletitibtia prcponi. Omnia sunt %ercet U*'U* j;pi$-t;-a, MONROHALU

    et lovaniensia. An. 4-2;i. In l'if. Adrian. 17. t 4!0, in-K1 Eohano HPS

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    r.HAMTRK Q U A T RI ME . 5 7

    profanes, que ce n'est pas seulement une inconvenance de les rappeler dans des questions sacres,mais encore une vritable impit. Qu'ont de commun les vrits de la thologie avec Oreste, Prte,Hercule, ne, et leurs pareils dont tu mmlles tescrits? Et pendant que tu t'appuies sur de sembla

    bles choses, tu conspues ce genre de littrature quis'oppose ta doctrine; car tu n'ignores pas quec'est un scalpel qui sans peine ouvre tes pmtnles.Voil pourquoi tu as horreur d'une mthode d'enseignement qui, rejetant les mots et les niaiseries,

    coupe au vif tout ce qui est superflu, et va directe-nitnt au but ! .

    Afin qu'il demeure bien tabli que, sous le nomde Renaissance et de Protestantisme, c'est le vieuxpaganisme, dont l'essence est tout la fois orgueil

    et volupt, qui revient en Europe, Luther difie lachair aprs avoir difi la raison. Son fameux sermon sur le mariage, prch en 4 522, dans la grandeglise de Wittemberg, n'est que l'cho des chantsles plus lubriques des potes de l'antiquit. Depuisla prdication de l'vangile, jamais le monde n'avaitentendu un semblable appel la rvolte des sens.Aprs avoir parl en allemand pour le peuple,

    1 Tu PRO r;Wtra lua tersUia. qui ivt\\i* roripis ot finit*nta pm*

    TARUM. quoniam fut* MPRI'iam* FTtrornin'wiaritur, el*. lberti P ,t'.arporumroiniti.*. ad la^m TT*pouM>, p . o . IR.-v\ iloma*. V^

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    58 LE P R O T E S T A N T I S M E ,

    Luther traduit sou sermon en latin l'usage deshumanistes de tous les pays. Le prince des lettrs,rasme, se contente de l'appeler une farce; lesautres applaudissent.

    Enhardi par le succs, Luther continue dans seslettres la dification de la chair. A chaque vu de

    chastet rompu, il bat des mains. Carlostadt, archidiacre de Wittemberg, Bernhard, abb de Kemberg,Gerbel, cul de Strasbourg, se marient, Luther lesflicite. Salues, leur dit-il, resaluez votre femme ..Elle enfantera, s'il plat Christ, un fils, qui, de sa

    verge de fer, brisera les papistes, les sophistes, lesreligiosistes et les hrodistes. tes-vous heureuxd'avoir triomph de cet impur clibat !... Le mariageest un paradis

    Lui-mme entre dans le paradis de la chair en

    pousant une religieuse, Catherine Bora, qu'il a tirede son couvent. Bientt, de concert avec les humanistes ses admirateurs et ses disciples, Luther briseles dernires entraves imposes la chair, en niantl'indissolubilit du lien conjugal et en autorisant lapolygamie. Sous ce rapport le paganisme est thoriquement et pratiquement restaur.

    * Fertinda adhuc. e*t et tumescit utrus ejus pleno sinu ; pari-tura, ui Chriatua vcht, (Vmin pu wrp\ frrre;i frangat papiatas,gophtatas , religioHsias et twoiSisMas... F !i\ tu cpii impurum istum

    cMattim... supera*ti.. Parudisum arbitrer conjugium...Nicol.Gerbe!!io. < no\enb. V*i\

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    CHAPITRE QUATkltMl-:. 5

    Pour complter son triomphe, il restait lui rendre dans l'onlre social et politique la place que luiavait faite la belle antiquit. Alors point de pape,point d'vque, point d'glise pour contre-balancerle pouvoir de Csar. Dans la main de l'homme, empereur et souverain pontife, se runissaient la puis

    sance des corps et la puissance des mes : c'tait ledespotisme brutal. Tel qu'il tait Rome et dans laGrce, le paganisme social reparat en Europe. D'unevoix que rien ne fatigue, Luther, fidle cho de Machiavel et des anciens, ne cesse de prcher l'man

    cipation du pouvoir politique de la tutelle de l'glise.Usurpation, tyrannie, abus, honte de l'Allemagneet du monde, c'est ainsi qu il reprsente l'autorittemporelle du saint-sigc.

    Le moindre signe de respect pour le droit antique le

    met en fureur. Aprs la dite d'Augshourg, il crit:a Malheur vous tous qui avez soutenu le papisme Augsbourg! Honte sur vos ttes! La postrit rougirade vous; elle ne pourra croire qu'elle a eu de semblables anctres. 0 dite infme, qui n'as jamais eu,qui n'auras jamais ta pareille! tu as couvert de hontenos princes et le pays. Que dira h Turc l'oue d'untel scandale? Que diront h\* Moscovites et les Tar~tares? Qui dsormais, sous le ciel, aura quelque

    crainte ou quelque re

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    60 LE PROTESTANTISME.

    honnir, braver, traiter en enfants, en souche, en

    pierre, par le pape et sa squelle

    1

    . Et ailleurs : Prince, dit-il l'empereur, soismatre. Le pouvoir qu'a Rome, elle te Ta vol; lepape mange le grain et nous la paille 9. Cet hymnede Tyrte soulve la noblesse tout entire; et Luther

    fait si bien, que les puissances temporelles de l'Allemagne brisent les derniers liens de subordinationsociale qui lefc unissent au saint-sige. A partir dece jour, un dualisme profond s'tablit entre les roiset les peuples. Des griefs vrais ou prtendus ne tar

    dent p se formuler, et le duel sur l'chelle la plusvaste, :st--dire la guerre, le pillage, l'incendie,l'extermination, redevient, comme dans la belle antiquit, la dernire raison du droit.

    Enfin, la parole divine s'accomplit dans Luther

    comme dans les autres : l'adolescent marchera jusqu'au tombeau dans la voie o il marqua ses premiers pas. Avant de mourir en libre penseur, c'est--dire en vrai paen, Luther proclame une dernirefois qu'il regarde, ainsi que nous l'a ditMlanchthon,les auteurs paens comme ls modles de la vie et lesmatres de la doctrine, dont le monde ne peut abso- 'lument se passer. Pour le gnie, Aristote l'emportesur Cicron. Cicron nous donne d'admirables leons

    de vertus, de la prudence, de la temprance et des* Menzel, t. I, p. 423. * Pfiier . *e d? Luther, p. 156.

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    CHAPITRE QUATRIEME. Ci

    autres. Aristote ne lui est pas infrieur dans ses mo

    rales. Leurs ouvrages mes yeux sont trs-utiles,ET POUR LA CONDUITE DR LA VIE DUNE ABSOLUE NCESSIT Luther mourut dans ces sentiments Islbe,sa patrie, le 18 fvrier 1546.

    Si dans son principe la Renaissance fut le libre

    penser, et dans ses manifestations, le mpris dumoyen ge joint l'admiration et la restaurationaussi complte que possible de l'antiquit paenne,on est bien oblig de conclure des faits qui prcdentque Luther ne fut pas autre chose qu'un Renaissant.

    Le libre penser que ses prdcesseurs appliquaient la philosophie, la littrature, aux arts, lapolitique, il en a fait l'application Tordre religieux.Entre eux et lui voil toute la diffrence. Sans doutecette application est pius hardie que les autres, mais

    elle est logique, et de plus elle tait invitable.1 Aristotelom Ciceroni antepono... Cicero praclare srripsit et

    docuit de virtutibua, prudeotia, temperantia ac reliquis. Item etAristote les pranrlare et crudit de ethiris. Utilisnimi quidem libriutriusquo et a i vitam ha ne exigendatn summe nece&arii.

    Ap. Gretser. Luther, acadmie, in cap. ix Isaia?, t. IV. et inx Gnes.

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    CHAPITRE V.

    Z W I K I L I .

    Progrs do libre penser. Naissance de Zwingli. Son ducation. Elle produit en lui les mmes effets que dans Luther. Zwinglitudie Berne et se passionne pour les auteurs paens. - Il se rend

    l'universit de Vienne. Rapport entre lui et Luther. CVijuYstZwingji an sortir de son ducation : anr vide de christianisme et ivrede pagaatame. Il est ordonn prtre et nomm cur de Claris.

    nouveau rapport avec Luther. Occupation de Zwingli dans saeure. tude des auteurs paens. Leur influence. Influenced'rasme. Nouteau rapport avec Lutl.er

    L'esprit de la Renaissance, dont le foyer aii au

    del des Alpes , souillait sur toute I Europe. Rien

    ne l'arrtait : ni la distance des lieux, ni la hau

    teur des montagnes, ni la diffrence des idiomes.

    Comme nous lavons vu, cet esprit tait le libre

    penser se manifestant, dune part, par le mpris

    des sicles chrti ens, e t , d'autre pa t , par 1 admi

    ration de l'antiquit paenne. Au moment o ilpervertissait le jeune Martin Luther au sein du

    gymnase catholique d'Eisenach, il faisait u w autrevictime au centre mme de la Suisse.

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    CHAPITRE CINQUIME. Ci

    Le 1 e r janvier 1484 naissait Wildhaus, dans le

    comt de Tockenbourg, en Suisse, Ulric Zwingli.

    Ses premires annes se passrent avec les enfants

    du hameau. Ses parents, bons paysans suisses,

    pleins de foi et do simplicit, ayant remarqu dans

    le petit Ulric d heureuses dispositions, le conrent

    son oncle, cur de Wesen, sur les bords du lac deWallenstadt. Il apprit bientt lire et crire. De

    l , il fut envoy Ble, 1 cole de Grgoire Binzli.

    Ce nouvel instituteur lui donna le premier rudiment

    des langues et ne tarda pas conseiller aux parents

    d'Ulric de renvoyer Berne. ^,Sur cette circonstance dcis ive de sa v i e , c ou

    tons un biographe non suspect. L'cole de cette

    ville, dit M. Chauffour, avait un matre que les

    contemporains appellent l'homme le plus savant et

    le plus illustre qui ft dans la confdration,

    Woelflin, ou, pour lui conserver son nom d'rudit,

    Lupitlm. Il tait initi aux premiers rsultats dela Renaissance, et avait renonc, dans renseigne

    ment du latin, aux mthodes puriles du moyen

    gf4 et au langage scolastique. Il apprciait leschefs-d'uvre de l'antiquit classique, et sous son

    habile direrti n, Zwingli pntra dans ces riches

    domaines ol K O R * A S O > J U ; E M E : N T , su* L O I r E T mn

    STTI .K1

    .

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    64 LE PROTESTANTISME.

    C'est, mot pour mot, ce qui arrivait dans le mmetemps Luther au gymnase d'Eisenach. CommeJean Trebonius, Wlflin Lupulus est un Renaissant. Tous les deux ont secou le joug des mthodestraditionnelles ; tous les deux sont pleins de mprispour le moyen ge et d'admiration pour l'antiquit

    classique ; tous les deux font passer leurs sentimentsdans l'me de leurs jeunes lves; et ces lves,entrs chrtiens leur cole, en sortent paens, etpaens pour la vie. Jugement, got, style, touteleur vie intellectuelle, puise aux sources antiques,

    sera l'panouissaient de leur ducation de collgeet se rsumera, comme celle de Voltaire, de Rousseau, de tous les Renaissants consquents avec eux-mmes, en deux mots : mpris du christianisme,admiration pour le paganisme.

    En sortant du gymnase d'Eisenach, Luther,comme nous l'avons vu, se rendit l'universitd'Erfurth, pour tudier la dialectique et les artslibraux. Zwingli passe de Berne l'universit deVienne pour y foire les mmes tudes : il avait

    quinze ans. Nous n'avons pas oubli les dgots deLuther pour la seolastique et sa passion pour lesauteurs paens pendant son sjour Erfurth ; mmesdispositions dans Z\singli.

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    CHAPITRE CINQUIME. 65

    phie, ou ce qu'on appelait alors de ce nom. ILTAIT PRMUNI PAR SA FORTE DUCATION LITTRAIRE

    contre les subtilits misrables d'une vaine dialectique... COMME TOUS LES GRANDS HOMMES DU SEIZIMESICLE, ZWINGLI EUT POUR LA SCOLASTIQUE USE HAINE

    VIGOUREUSE. .. Il continua s'exercer dans la musique

    et a cultiver les lettres, en compagnie de quelquesamis qui plus tard furent illustres : Vadian, Glaran,Jean Fabert 1 .

    Telles taient les dispositions de Zwingli l'gardde la philosophie du moyen ge. Par suite de sa

    forte ducation littraire, Luther, Erfurth, prouvait, comme nous l'avons vu, un souverain dgot,manifestait un profond mpris pour la thologie scolastique, pour saint Thomas, Scot, Albert le Grand ettous les docteurs qui l'avaient enseigne avec tant

    d'clat. Sous ce nouveau rapport, similitude parfaiteentre Luther et Zwingli. Quant la thologie scolastique, dit Myconius, contemporain de Zwingli et sonami d'enfance, il vitbientt combien celait perdre sontemps que de ltudier. Cette prtendue science n'tait

    que pure confusion, sagesse du monde, vain bavardage, barbarie: l'on nen pouvait Mirer aucunemine doctrine a.

    L'ignorance et le mpris du christianisme, de ses1

    Elwl's sur les rformateur*. Zwingli. p. *2 U-*3f. 2

    Os* U Mw'oFmis, iJiuijr.ifA. de /mVuir.M.

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    60 LE PROTESTANTISME.

    gloires scientifiques, artistiques, philosophiques,thologiques, littraires, voil, dans tous les temps,le rsultat invitable de l'ducation classique. Cemal ngatif est immense, et malheureusement iln'est pas le seul. Dgot de son aliment naturel,l'esprit de la jeunesse cherche ncessairement une

    autre nourriture: l'antiquit, objet de ses tudes dsl'enfance, l'antiquit, qu'on lui a prsente commece qu'il y a jamais eu de plus grand, de plus beau.de plus riche au monde, l'attire elle. Cet attrait,il faut le dire, est d'autant plus fort que l'antiquit

    est le pays o l'homme dchu respire le plus al'aise. L, pour