la reduction des depenses publiques improductives dans les

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1 UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE -------------------------------- Option : « Macro-économie et Modélisation » ________________________________________________ MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE ES-SCIENCES ECONOMIQUES LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT Impétrante : MANAHIRA FARASOA Raminoarizaka Blandine Encadré par : Docteur RAVELOSON Harimisa Année : 2012

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Page 1: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

1

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

--------------------------------

Option : « Macro-économie et Modélisation »

________________________________________________

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE

ES-SCIENCES ECONOMIQUES

LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES PAYS EN VOIE

DE DEVELOPPEMENT

Impétrante : MANAHIRA FARASOA Raminoarizaka Bland ine

Encadré par : Docteur RAVELOSON Harimisa

Année : 2012

Page 2: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

2

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

--------------------------------

Option : « Macro-économie et Modélisation »

________________________________________________

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE

ES-SCIENCES ECONOMIQUES

LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES PAYS EN VOIE

DE DEVELOPPEMENT

Impétrante : MANAHIRA FARASOA Raminoarizaka Bland ine

Encadré par : Docteur RAVELOSON Harimisa

Date de soutenance : 16 mai 2013

Année : 2012

Page 3: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

3

Page 4: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

4

REMERCIEMENTS

� Pour commencer, j’adresse mes remerciements les plus sincères

au bon Dieu pour m’avoir doté d’une bonne santé, du courage et

de l’énergie dans la réalisation de ce mémoire de maîtrise.

Ensuite, je tiens à adresser mes vifs et sincères remerciements aussi à

toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire de

maîtrise, en particulier :

� Monsieur RAVELOSONRAVELOSONRAVELOSONRAVELOSON Harimisa, mon encadreur, qui a fait

preuve d’une disponibilité en acceptant cette lourde tâche de me

guider dans la réalisation de ce mémoire.

� Tous les enseignants du département ECONOMIE.

� Toute ma famille pour leur soutien durant mes études

universitaires.

� Mes collègues et tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à

la réalisation du présent mémoire.

Toute ma gratitude !

Page 5: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

5

LISTE DES ABREVIATIONS

ADI : Africa Development Indicators

AFD : Agence Française de Développement

ANRE : Agence Nationale de la Réalisation de E-gouvernance

BAD : Banque Africaine de Développement

BCC : Banker, Charnes et Cooper

BIANCO : Bureau Indépendant Anti-corruption

BIN : Bulletin Individuel de Notes

BIT : Bureau International du Travail

BP : Budgets Programmes

CCR : Charnes, Cooper et Rhodes

CDMT : Cadre des Dépenses à Moyen Terme

CFA : Communauté Financière d’Afrique

CIM : Centre d’Immatriculation de Madagascar

CSB : Centre de Santé de Base

CSI : Comité de Sauvegarde de l’Intégrité

CSLCC : Conseil Supérieur de Lutte Contre la Corruption

DCMP : Direction Centrale des Marchés Publics

DEA : Data Envelopment Analysis

DEAP : Data Envelopment Analysis Program

DFA : Deterministic frontier Approach

DMU : Decision Making Unit

EPM : Enquête au Près des Ménages

Page 6: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

6

EPT : Education Pour Tous

EVCI : Espérance de Vie Corrigée de l’Incapacité

FMG : Franc Malgache

FMI : Fonds Monétaire International

IBF : Identifier les Besoins de la Fonction

IDA : International Development Association

INSTAT : Institut National de la Statistique

LOLF : Loi Organique relatives aux Lois des Finances

MAP : Madagascar Action Plan

MDNP : Manuel de Description Normative des Postes

NCMP : Nouveau Code des Marchés Publics

NTIC : Nouvelles technologies d’Information et Communication

OGT : Opération Globale du Trésor

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

PED : Pays En Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

S/C : sous-contrainte

SFA : Stochastic Frontier Approach

SIGFP : Système Intégré de Gestion des Finances Publiques

SIGRH : Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines

SIPRI : Stockolm International Peace Research Institute

Page 7: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

7

SODECI : Société des eaux de Côte d’Ivoire

SOTRAC : Société des transports en commun du Cap Vert

SP/PPF : Secrétariat Permanent pour le Suivi des Politiques et Programmes Financiers

TQM : Totality Quality Management

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

WDI : World Bank Indicators

Page 8: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

8

PLAN DU DEVOIR

INTRODUCTION

Partie1 : Généralités sur les dépenses publiques et les différentes mesures à prendre

pour éliminer les dépenses improductives

Chapitre1 : Considérations générales------------------------------------------------------------3

Section1 : Notion de « dépenses publiques »-----------------------------------------------------3

1) Définition et caractéristiques de dépenses publiques------------------------------------3

2) Les différentes conceptions théoriques sur les dépenses publiques -------------------4

3) Théorie explicative de la croissance des dépenses : la loi de Wagner-----------------6

4) Les effets négatifs des dépenses publiques excessives----------------------------------7

5) Propositions de réduction des dépenses publiques---------------------------------------8

Section2 : Notions « de productivité de dépenses » et de « dépenses improductives »----9

1) Définitions et caractéristiques des concepts----------------------------------------------9

2) Les difficultés rencontrées lors de la mesure de la productivité des dépenses publiques

et lors de l’évaluation des dépenses improductives ------------------------------------15

3) Propositions permettant d’évaluer la productivité des dépenses publiques --------15

Chapitre2 : Les solutions avancées pour réduire les dépenses improductives ou

inefficientes-------------------------------------------------------------------------------------------18

Section1 : Les réformes quantitatives des dépenses publiques-------------------------------18

1) Gestion de la masse salariale---------------------------------------------------------------18

2) La remise en cause des subventions d’équipement--------------------------------------23

3) L’amélioration du ciblage des subventions et des transferts ---------------------------23

4) La privatisation de certaines activités publiques ----------------------------------------25

Section2 : Les réformes institutionnelles--------------------------------------------------------28

1) La lutte contre la corruption----------------------------------------------------------------28

2) Les stratégies de réforme au niveau des agents publics --------------------------------36

3) Amélioration de la gestion des Finances Publiques-------------------------------------43

Page 9: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

9

Partie2 : Les obstacles à surmonter et des cas pratiques sur la mesure et l’analyse de

l’efficience de certaines dépenses publiques

Chapitre1 : Présentation des problèmes à surmonter et comparaison de l’efficience des

dépenses militaires des quelque pays subsahariens ------------------------------------------45

Section1 : Les difficultés rencontrées dans la réduction des dépenses improductives-----45

1) Les difficultés culturelles--------------------------------------------------------------------45

2) Les difficultés politiques---------------------------------------------------------------------46

3) Les difficultés institutionnelles -------------------------------------------------------------46

4) Les difficultés techniques--------------------------------------------------------------------47

5) Les limites des propositions d’évaluation de la productivité des dépenses-----------47

Section2 : La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de quelques pays

subsahariens par la méthode DEA-----------------------------------------------------------------48

1) Méthodes de construction des scores d’efficience des dépenses militaires-----------48

2) Estimation des scores d’efficience, présentation et analyse des résultats -------------53

Chapitre2 : Analyse de l’efficience de quelques dépenses publiques ---------------------59

Section1 : les dépenses publiques allouées au secteur éducatif camerounais --------------59

1) Financement du secteur éducatif ------------------------------------------------------------59

2) Evolution des dépenses d’éducation --------------------------------------------------------60

3) Analyse de l’efficience des ressources publiques allouées au secteur éducatif-------61

Section2 : l’Investissement Public à Madagascar------------------------------------------------62

1) Généralités sur l’investissement public à Madagascar-----------------------------------62

2) Investissement dans le secteur Education Nationale -------------------------------------63

3) Investissement dans le secteur de la Santé publique--------------------------------------66

CONCLUSION

ANNEXES

LISTE DES TABLEAUX ET DES GRAPHIQUES

BIBLIOGRAPHIE

Page 10: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

1

INTRODUCTIONINTRODUCTIONINTRODUCTIONINTRODUCTION

Durant la période classique des Finances Publiques (de la moitié du 19ème siècle jusqu’au

début du 20ème siècle), l’équilibre des Finances Publiques était considéré comme un défi à

surmonter. Les dépenses publiques ont été réservées à la diplomatie, à la défense, à la sécurité

publique, à la justice, et à certains investissements publics que les privés ne peuvent pas

prendre en charge.

Des évènements économiques et sociopolitiques se sont succédés (crises, guerres, etc.) durant

cette période et ont conduit chaque Etat à intervenir dans l’économie, alors à partir du début

du 20ème siècle, on parlait plutôt de déséquilibre des Finances Publiques pour retrouver

l’équilibre d’autres agrégats plus importants. Ainsi, pour relancer la demande, un Etat peut

adopter la politique des dépenses publiques qui consiste à injecter dans le circuit économique

une valeur supplémentaire de dépenses publiques permettant d’accroître le revenu, cette

politique sert à augmenter la valeur des dépenses publiques sur le marché des biens et

services.

Or une progression continue des dépenses budgétaires de plusieurs décennies permet la

création de nombreuses structures administratives et le développement de programmes de

toutes sortes dont le bien-fondé, l’existence ou simplement le mode de fonctionnement n’ont

pas souvent été remis en cause par la suite. La reconduction, année après année, des crédits

correspondants a autorisé le maintien de structures ou de procédures obsolètes et inutiles ainsi

que parfois l’existence de véritables gaspillages des crédits publics. Gaspillages dans la

mesure où de nombreuses dépenses sont sans intérêt pour le progrès social et économique des

pays. Et on ne parle pas des projets d’investissements initiés, mais jamais achevés ou de

travaux totalement inutilisables. Tous ces gaspillages résultent soit de la mauvaise gestion,

c’est-à-dire d’une méconnaissance des règles d’une saine gestion des finances publiques, ou

tout simplement d’une sorte de légèreté qui ne prend pas en compte la peine des

contribuables.

En plus, de nombreux bouleversements sont intervenus au niveau de l’économie mondiale

dans le contexte de la mondialisation, les effets systémiques de ces crises ont été

particulièrement sévères, n’épargnant aucune région du monde. De ce point de vue, les

économies des PED ne pourront donc pas échapper aux ajustements indispensables à

Page 11: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

2

l’absorption des chocs externes. Cela est d’autant plus vrai que le scénario d’une forte

réduction de l’Aide Publique au Développement (APD) n’est pas à écarter.

Ces divers faits socio-économiques et politiques ont entraîné des déséquilibres au sein de

leurs finances publiques, face à cela chaque pays, surtout les PED, était contraint à adopter

une solution pour rétablir l’équilibre au niveau de leur Finances Publiques dont le rôle était

d’assurer une mission de cohésion sociale en permettant à chacun de bénéficier des biens

indispensables à sa survie et de satisfaire un certain nombre de besoins collectifs comme les

besoins d’éducation, les besoins de santé.

Comme il est difficile pour les PED d’augmenter de plus en plus le niveau des recettes, une

autre option est à envisager.

D’où on se pose la question suivante : est-il possible de réduire les dépenses

improductives dans les PED?

L’objectif principal de cette étude est de savoir sur quel champ d’action les gouvernements

peuvent encore opérer afin de rétablir l’équilibre au niveau des Finances Publiques.

Pour atteindre cet objectif et pour pouvoir rédiger ce devoir, la méthodologie utilisée est la

consultation des documents tels que des ouvrages, des articles, l’analyse des données de

l’Institut National de la Statistique, et l’application de la méthode Data Envelopment Analysis

dans la comparaison de l’efficience des dépenses militaires de quelques pays subsahariens.

Pour mieux répondre à cette problématique, nous allons voir en premier lieu les différentes

mesures à prendre pour éliminer les dépenses improductives, elles sont composées des

réformes au niveau de gestion et des réformes institutionnelles. Mais avant d’entamer cela, il

serait nécessaire d’analyser quelques concepts essentiels ainsi que leurs caractéristiques

comme « les dépenses publiques », « la productivité des dépenses » et les « dépenses

publiques improductives ». En deuxième lieu, nous allons énoncer les obstacles rencontrés

dans la mise en œuvre et qui compromet la viabilité de ces réformes et à la fin, nous allons

voir ce qui en est de la réalité en effectuant une mesure et une comparaison de l’efficience des

dépenses militaires des quelques pays subsahariens par la méthode Data Envelopment

Analysis et en analysant l’efficience du secteur éducatif Camerounais et celui de

l’investissement public à Madagascar.

Page 12: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

1

PARTIE 1: GENERALITES SUR LES DEPENSES PUBLIQUES ET

LES DIFFERENTES MESURES A PRENDRE POUR ELIMINER OU

REDUIRE LES DEPENSES IMPRODUCTIVES

Page 13: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

3

Vu l’insuffisance des ressources publiques et l’incapacité de maitriser l’augmentation des

dépenses publiques, la question de la qualité des dépenses publiques est particulièrement

pertinente surtout pour les PED, alors que la lutte contre la pauvreté et le financement du

développement dépendent encore de façon critique du budget de l’Etat.

Pour les pays dont le gaspillage des ressources publiques est évident, il serait convenable

d’éliminer ou de réduire ces dépenses qui sont improductives pour pouvoir rétablir l’équilibre

au sein de leurs Finances Publiques.

Ainsi, dans cette première partie, avant d’exposer les différentes possibilités de réduction des

dépenses improductives qu’un pays peut entreprendre, nous allons voir les généralités

concernant les dépenses publiques et ensuite voir les définitions ainsi que les caractéristiques

des concepts essentiels.

Chapitre 1Chapitre 1Chapitre 1Chapitre 1 : : : : Considérations généralesConsidérations généralesConsidérations généralesConsidérations générales

Section Section Section Section 1111 : Notion : Notion : Notion : Notion de de de de «««« dépenses publiquesdépenses publiquesdépenses publiquesdépenses publiques »»»»

1) Définition et caractéristiques des dépenses publiques

Dans un cadre général, on entend par « dépense publique », l’ensemble des dépenses

effectuées par l’Etat, les administrations de sécurité sociale, les collectivités territoriales et les

administrations qui leurs sont rattachées.

Selon l’économiste américain Richard Musgrave (1959), la dépense publique peut répondre à

trois fonctions : une fonction d’allocation des ressources (pour financer les biens et services

publics), une fonction de redistribution (pour corriger les inégalités) et une fonction de

stabilisation macroéconomique (pour lisser les variations cycliques de l’activité).

Les dépenses publiques englobent :

� Les dépenses de fonctionnement des services publics ou les dépenses courantes

composées des salaires des fonctionnaires, des consommations intermédiaires des

administrations publiques, des impôts payés par les administrations publiques, etc.

Page 14: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

4

� La fourniture des biens et services publics (comme l’hospitalisation ou l’enseignement

à titre gratuit) et les prestations en numéraire (subventions aux entreprises, allocations

chômage, pensions de retraite et allocations familiales…..). Les biens et services

publics fournis ont des caractéristiques de « non exclusion » et de « non rivalité » ;

« non exclusion » car tout le monde peut en bénéficier gratuitement, « non rivalité »

parce que la consommation d’un bien ou d’un service par un individu n’empêche pas

la consommation de ce bien ou de ce service par un autre individu.

� Les dépenses d’investissement qui sont créatrices de biens durables : hôpitaux publics,

bibliothèques, routes, etc.

� Les intérêts versés par les administrations publiques au titre d’une dette.

En effet, chaque année, le Parlement vote la loi de finances qui fixe le montant et la

répartition des dépenses publiques.

En général, les dépenses d’un Etat sont financées par les recettes publiques ou par des

subventions extérieures ; mais pour les PED où la situation budgétaire est caractérisée par des

ressources insuffisantes et des dépenses énormes , ils sont obligés de recourir à des aides ou à

des ressources extérieures. Alors, en résumé, les dépenses publiques sont financées par :

• des ressources internes composées :

-des prélèvements obligatoires tels que les recettes fiscales (impôts directs et indirects) et les

recettes non fiscales (recettes des ministères, revenus des domaines, recettes d’exploitations,

les produits divers et accessoires)

-des prélèvements non obligatoires

• les ressources externes composées des aides, des subventions, des aides budgétaires et

des emprunts remboursables.

2) Les différentes conceptions théoriques concernant les dépenses publiques

Comme la dépense publique figure parmi les moyens qui permettent à l’Etat d’intervenir

dans l’organisation économique, les théories avancées en relation avec les dépenses

publiques concernent principalement les impacts positifs ou négatifs des dépenses publiques

sur la croissance économique. Dans ce paragraphe, nous allons voir les théories qui sont les

plus répandues : la théorie des classiques et celle de Keynes.

Page 15: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

5

a) Conception classique de la dépense publique :

Les partisans du libéralisme économique considèrent que l’intervention de l’Etat entrave le

mécanisme d’autorégulateur de l’économie de marché. Selon eux, en prélevant les impôts,

l’Etat décourage les agents économiques productifs.

Les partisans de la théorie classique sous-entendent que les sommes prélevées par l’Etat ne

sont pas utilisées de manière efficiente, elles servent à financer des activités peu utiles, à

entretenir des fonctionnaires et des entreprises peu productifs. D’après les classiques, l’Etat a

tendance à dépenser plus qu’il ne prélève par l’impôt. Parfois, ceci aboutit à un déficit au

niveau des Finances Publiques conduisant l’Etat à procéder à une création monétaire qui est

une source d’inflation ou à un emprunt auprès du public qui est source d’effet d’éviction au

dépens des entreprises privées qui ont besoin des financements.

Ainsi, pour cette théorie, la dépense publique constitue un poids pour l’économie tant par les

prélèvements qu’elle implique, que par les choix de dépenses effectuées qui seraient moins

productives. Elles peuvent freiner la croissance en empêchant une utilisation privée des

ressources, censée être plus productive. Cette théorie classique considère que les sommes

prélevées par l’Etat aux agents privés seront mieux allouées par ces derniers par rapport à

l’allocation publique.

Enfin, les libéraux suggèrent que les dépenses publiques devraient être moindres pour assurer

le fonctionnement des services administratifs les plus essentiels car toutes dépenses

supplémentaires provoqueraient des gaspillages puisqu’elles nécessitent de nouveaux

prélèvements de ressources sur les individus qui les utiliseraient mieux.

b) Conception keynésienne de la dépense publique :

Dans son ouvrage « la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », Keynes a

donné à l’interventionnisme un but qui serait de réaliser un plein emploi par le moyen du

maintien de l’investissement à un niveau élevé grâce à une politique de crédit et de monnaie

dirigée c’est-à-dire user d’un taux d’intérêt faible afin de stimuler l’investissement privé et

cela par le biais d’une politique de dépenses publiques. Ainsi, Keynes1 a toujours considéré

l’interventionnisme un instrument de stabilisation de la situation économique.

1 Keynes John Maynard, (1883-1946), économiste anglais.

Page 16: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

6

Pour les keynésiens, la dépense publique permet d’assurer une solidarité sociale et elle joue le

rôle de stabilisateur économique ; la manipulation par l’Etat de la dépense publique est une

stratégie de régulation de l’économie. La dépense publique pour eux encourage les gains de

croissance car la dépense publique soutient la demande en période de crise et le réduit en

période d’expansion.

En effet, cette théorie est expliquée dans le cadre d’une crise économique :

� Lors d’une récession économique, l’Etat procède à une augmentation des dépenses

publiques par la politique budgétaire pour pouvoir augmenter la demande globale, qui

par la suite augmentera la production. Et une augmentation de la production entrainera

une augmentation du revenu, donc une croissance économique.

� En période de crise, la politique de l’Etat consiste à réduire les dépenses publiques.

Comme Keynes est pour l’interventionnisme sur le plan économique et sociale, il trouve donc

un intérêt sur les dépenses publiques tant au niveau économique que social.

3) Théorie explicative de la croissance des dépenses : la loi de Wagner

Wagner (1835-1917) était le premier auteur qui a essayé de fournir une explication de la

croissance des dépenses. Il affirmait que la croissance des dépenses publiques était rapide que

celle de la richesse créé au cours du temps.

• La loi de Wagner :

Wagner avance l’existence de trois catégories des dépenses de l’Etat, et que la croissance de

ces dépenses est en relation directe avec la croissance du revenu par tête. Les innovations

technologiques telles que l’industrialisation entraînent continuellement des difficultés au

niveau de l’activité économique exigeant des formes développées et de nouvelles

organisations de la vie collective.

L’Etat doit intervenir en premier sur le plan de l’administration générale et de la sécurité ou

pour la réduction des risques de tensions sociales. Comme les nouvelles technologies ne

cessent de se progresser, les actions que l’Etat doit mener vont aussi croître.

Cependant, le renouveau de la technologie est de plus en plus développé en raison,

particulièrement, de la croissance des revenus. A titre d’illustration, la croissance de

l’urbanisation liée au développement économique implique une augmentation des dépenses,

Page 17: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

7

qu’il s’agisse de la police et de la sécurité, du développement de services publics en milieu

urbain, tel que l’éclairage, les transports….

L’élévation du niveau de vie sous l’effet du progrès technique provoque une augmentation de

la demande des biens publics. Ce qui constitue, en second lieu, les dépenses que l’Etat doit

assurer pour la satisfaction de cette demande en bien public.

Enfin, l’apparition successive de nouvelles technologies induites par l’industrialisation

implique des mutations technologiques. Il s’ensuit un développement des activités de

recherche, d’une part, ainsi qu’une augmentation de la taille des investissements d’autre part,

de telle sorte que l’Etat est amené à intervenir également.

• Discussion sur la loi de Wagner :

L’étude de Wagner présente une importance dans le faite qu’elle explique la progression des

dépenses publiques, vu que ces dépenses ont toujours tendance à croître, dans n’importe quels

pays, et ce plus vite que la production nationale. Cette loi de Wagner fait aussi référence à

celle d’Engel (1821-1896) du fait que la croissance du revenu implique la diminution des

dépenses en consommation mais par contre inclut une augmentation du poids relative des

dépenses d’épanouissement telles les dépenses relatives à l’éducation ou à la santé (CROS,

1994)2. Ces approches donnent une idée du rôle qu’importe l’Etat dans la société.

Cependant, l’étude de Wagner peut être complétée du fait que la variation de la demande des

biens et services publics ne dépend pas seulement de la croissance du revenu mais aussi

d’autres facteurs exogènes tels que la croissance démographique, le rajeunissement ou le

vieillissement de la population.

4) Les effets négatifs des dépenses publiques excessives :

Comme principaux bailleurs de fonds, le FMI et la Banque Mondiale ont leurs propres

approches concernant l’excessivité des dépenses.

• Approche du FMI :

Selon la FMI, l’augmentation des dépenses entraîne une augmentation de la demande globale,

étant donné que la demande globale est constituée par l’ensemble de la consommation, de

2 CROS R. « Finances publiques, Institutions et mécanismes économiques », EDITION CUJAS 1994, 266p.

Page 18: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

8

l’investissement ainsi que des dépenses de l’Etat. Or, l’augmentation de la demande globale

va inciter un accroissement de l’importation. Il apparaît une importation supplémentaire qui

s’ajoute à l’importation habituelle, ce qui va impliquer un déficit commercial. Ce déficit

commercial va par la suite induire à un endettement extérieur de l’Etat. De ce fait, la

croissance des dépenses ne peut qu’accroître l’endettement de l’Etat. Cette approche peut se

résumer comme suit :

Augmentation des dépenses → augmentation de la demande globale → augmentation

de l’importation

Endettement extérieur ← Déficit commercial

• Approche de la Banque Mondiale :

Celle de la Banque Mondiale est aussi adjacente à l’approche du FMI. Selon elle

l’augmentation des dépenses induit aussi à un déficit budgétaire et par la suite une

augmentation de la demande globale. Ainsi, la demande globale excèdera l’offre globale. Pour

le cas de Madagascar cette situation s’aggrave étant donné que l’offre y est rigide. Par l’excès

de la demande par rapport à l’offre, le prix des produits intérieurs va augmenter, ce qui va

abaisser la compétitivité prix des produits nationaux. La perte en compétitivité prix ne va

provoquer qu’une soustraction de l’exportation et donc en déficit commercial. Par le déficit

commercial va aussi se produire une aggravation de l’endettement extérieur.

5) Propositions de réduction des dépenses publiques :

Comprimer les dépenses publiques ou certaines de ses composantes est devenu une nécessité

dans les pays du monde en général pour plusieurs raisons : alourdissement de la dette,

difficulté à augmenter les recettes, l’importance des anticipations des agents économiques.

Les propositions présentées ci-dessous sont tirées d’une analyse faite par le FMI sur la

réduction de la dépense publique dans les pays industrialisés.

La réduction des dépenses publiques se manifeste sous deux formes :

-des mesures de court terme considérées comme provisoires : elles comprennent des mesures

d’attentes et des mesures constructives. Elles sont essentielles lorsque le pays est en face

d’une augmentation excessive et imprévue de déficit public.

Page 19: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

9

Dans les mesures d’attente, il ya trois choix :

� Les réductions forfaitaires de crédit qui servent à financer certaines dépenses

budgétaires

� La réduction des dépenses d’investissement

� Le gel des salaires

Dans les mesures constructives, il y en a 2 :

� La réduction des effectifs

� L’élimination des dépenses improductives

-des réformes structurelles en vue d’aboutir à des résultats durables et significatives. Elles

comprennent :

� La redéfinition du champ d’intervention du secteur public

� La réforme de la gestion administrative de l’Etat dans le but d’améliorer la

productivité et l’efficacité du service public et aussi alléger les procédures et les

structures administratives.

� La réforme des dépenses de transfert et des programmes sociaux.

-des réformes institutionnelles : se penchant surtout sur des questions institutionnelles et de

procédures budgétaire.

Section 2Section 2Section 2Section 2 : notions de: notions de: notions de: notions de «««« productivité des dépenses publiquesproductivité des dépenses publiquesproductivité des dépenses publiquesproductivité des dépenses publiques » et de » et de » et de » et de

«««« dépenses improductivesdépenses improductivesdépenses improductivesdépenses improductives »»»»

1) Définitions et caractéristiques des concepts :

Face à la rareté des ressources surtout dans les PED, les gouvernements concernés doivent

porter une plus grande attention à la productivité de leurs dépenses.

Page 20: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

10

a) Quand -est- ce- qu’on dit qu’une dépense est « productive » ou « efficiente » :

Comme la productivité du capital et du travail, la productivité des dépenses publiques peut

être déterminée en comparant les résultats obtenus avec les dépenses effectuées.

Le secteur public aussi emploie des ressources, entre autres, des ressources humaines et

accumule un stock de capital, de façon à produire des biens publics tels que la « stabilisation

économique », les « services judiciaires », la « défense nationale », « la protection des

défavorisés » et, parfois même des biens privés.

Donc le secteur public doit utiliser ces ressources avec efficience afin de réaliser ses

objectifs.

Voici les trois conditions essentielles à respecter pour que les programmes de dépenses

publiques soient « efficients » ou « productives »:

- les programmes ou projets financés par les fonds publics doivent atteindre leurs objectifs à

un coût moindre. Ces activités doivent avoir un bon rapport coûts/avantages. Mais pour que

cette condition soit respectée, il faut éviter le gaspillage des ressources ;

-il faut un dosage optimal des extrants du secteur public c’est-à-dire que l’Etat ne doit pas

fournir un bien en quantité excessive ni en quantité insuffisante. Ainsi, l’arbitrage en terme

d’allocation de dépenses doit obéir à l’objectif d’égalisation à la marge des utilités sociales

liées aux différentes programmes ;

-il faut qu’il existe une certaine cohérence entre le niveau des dépenses publiques globales et

un niveau cadre macroéconomique viable. S’agissant d’un seul bien, la fourniture de ce bien

est dite optimale lorsque l’avantage social marginal procuré par ce bien équivaut au coût

social marginal de sa prestation. S’agissant de plusieurs biens, l’avantage social marginal

procuré par ces biens doit être égal au coût social marginal de ces mêmes dépenses. D’après la

définition de Samuelson (1955), l’avantage social d’un bien public est la somme des

avantages tirés par les membres de la collectivité, mesurés par ce que chacun est prêt à payer,

tandis que le coût social comprend le coût de production du bien, et aussi les frais

d’administration liés à sa prestation et tout coût s’attachant au financement de la dépense,

particulièrement la fiscalité et l’emprunt.

Page 21: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

11

NB : Il est à noter que les notions d’ « efficience » et de « productivité » sont considérées

comme les mêmes, autrement dit une dépense efficiente est une dépense productive et une

dépense inefficiente est une dépense improductive.

A part ça, il serait nécessaire de distinguer l’ « efficacité» de l’ « efficience ». Avec De La

Villarmois (2001), l’efficacité se définit comme la capacité à réaliser des objectifs, quant à

l’efficience, la définition se réfère au ratio output/input. En effet, une unité inefficace est

automatiquement inefficiente, par contre la réciproque n’est pas vraie.

i. Définition de l’efficience :

L’efficience technique concerne la capacité à éviter le gaspillage, soit en produisant le

maximum possible qu’autorisent la technologie et les inputs, soit en utilisant le moins d’input

pour une quantité d’output étant donné la technologie. Selon Koopman (1951), « un

producteur est techniquement efficient si une augmentation d’un quelconque output se traduit

par une réduction au moins d’un autre output ou une augmentation d’un ou plusieurs input et

si une réduction d’un quelconque input se traduit par une augmentation d’un autre input ou

une diminution d’un output ». Dans le contexte des services de santé par exemple, l’efficience

technique peut se référer à la relation qui existe entre les ressources utilisées (capital, travail,

et équipement) et certains indicateurs de santé. Ces indicateurs de résultats peuvent être des

résultats intermédiaires (nombre de patient traité, nombre de patient par jour, temps d’attente)

ou des résultats finaux (EVCI, mortalité des moins de 5 ans, mortalité maternelle).

Par contre, l’efficience allocative concerne la capacité à combiner les inputs dans les

proportions optimales, compte tenu des prix donnés sur le marché et la technologie.

En somme, l’efficience allocative et technique définissent l’efficience économique (ou

efficience productive). Ainsi, si un système de santé utilise ses ressources de façon

techniquement et allocativement efficiente, alors elle sera dite économiquement efficiente.

ii. Mesure de l’efficience :

L’efficience peut être évaluée et mesurée selon diverses techniques qui se sont véritablement

développées que durant les décennies récentes.

Page 22: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

12

• Les mesures directes :

Deux types de mesures directes ont été identifiés, au niveau de l’input ou de l’output. Selon le

premier type, l’efficience est mesurée par le montant des ressources allouées au domaine

d’intervention concerné, tel que l’éducation ou la santé. Ainsi, on considère qu’un pays est

plus efficient s’il consacre une part de son PIB plus élevée au secteur en question qu’un autre

pays.

L’approche output considère que ce sont les réalisations d’objectifs et non les inputs qui

mesurent le mieux l’efficience et l’effort fourni par les pouvoirs publics. Selon cette approche,

les pays qui atteignent les niveaux d’éducation et de santé les plus élevés sont jugés être les

plus performants sans tenir compte de l’importance des ressources qu’ils consacrent à ces

fins.

Il est clair que ces deux approches ne sont pas satisfaisantes pour éclairer la question

d’efficience puisque ni l’une ni l’autre ne rend compte du phénomène de gaspillage de

ressources publiques. En effet, un gouvernement peut consacrer une part très importante de

son budget à l’éducation ou à la santé sans que les performances ne soient bonnes en raison

d’une mauvaise gouvernance se caractérisant notamment par une corruption très répandue.

Inversement, des niveaux élevés d’indicateurs sociaux pourraient être le résultat de dépenses

publiques excessives et donc de beaucoup de gaspillage de ressources qui auraient pu être

utilisées dans le secteur productif. Compte tenu de ces limites, il est indiqué de recourir à des

mesures, dites indirectes, qui mettent en rapport les inputs et les outputs et rendent compte de

l’écart entre l’output potentiel permis par des quantités d’inputs données et le niveau d’output

effectivement atteint avec ces mêmes quantités.

• Les mesures indirectes :

Diverses approches ont été utilisées pour évaluer indirectement les différentes composantes de

l’efficience (technique et allocative). :

- une non paramétrique qui consiste à construire une courbe convexe de sorte qu’aucun point

ne soit à l’extérieur (cette approche se base sur l’optimisation d’un programme linéaire pour

construire la courbe);

- une paramétrique qui se base sur l’estimation d’une fonction.

Page 23: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

13

La méthode non paramétrique de programmation cherche à évaluer l’efficience relative d’une

unité par rapport aux autres unités du même secteur. La version la plus utilisée de cette

approche est la « Data Envelopment Analysis » (DEA). La « Data Envelopment Analysis »

(Farrell 1957) suppose l’existence d’une frontière de production convexe construite à partir

des données. La terminologie « Envelopment » renvoie au fait que la frontière de production

enveloppe toutes les observations, celles situées sur la frontière sont dites techniquement

efficientes.

Mais ces approches non paramétriques ont présenté plusieurs limites sur le plan statistique :

-les résultats d’optimisation des programmes linéaires n’ont aucune validité statistique en ce

sens qu’on ne peut obtenir les intervalles de confiances (et donc aucune significativité

possible des paramètres) ;

-aucune des approches non paramétriques (DEA, CCR, BCC,…) ne satisfait à la fois tous les

critères d’efficience technique ;

-la méthode définie comme inefficience toute déviation de la frontière.

Comme réponse à ces problèmes, la méthode « Stochastic DEA » a été développé récemment.

Les méthodes paramétriques essayent aussi de répondre à certains de ces problèmes mais ont

également des limites. Ces approches paramétriques ou économétriques se basent sur une

spécification fonctionnelle, la déviation de la frontière technologique est composée de deux

termes, l’un représentant l’erreur stochastique et l’autre l’inefficience. Une des hypothèses est

d’attribuer une distribution à chacun des termes : l’erreur stochastique est généralement

supposée suivre une loi normale et l’inefficience pouvant être semi-normale, soit normale

tronquée, soit exponentielle.

L’erreur aléatoire est supposée prendre en compte tous les facteurs extérieurs qui ne sont pas

contrôlés par l’unité de production y compris les facteurs exogènes lié directement à la

fonction de production (la différence dans les environnements de production) et les erreurs

économétriques (erreurs de mesure et de spécification de la fonction de production). Ce

raisonnement a conduit à la mise en place de la « Stochastic frontier Approach » (SFA)

(Aligner, Lover and Schmidt 1977) qui prend en compte ces deux termes dans l’estimation de

la « Deterministic frontier Approach » (DFA) qui suppose que toute déviation de la frontière

est qualifiée d’inefficience.

Page 24: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

14

Malgré ses limites, toutes ces approches contribuent à l’évaluation et à la mesure de la

productivité d’une dépense engagée dans une activité.

b) Définition du concept de « dépense improductive » ou « dépense inefficiente »:

On entend par « dépense improductive » ou « dépense inefficiente :

• La différence entre les dépenses publiques effectives au titre d’un programme et les

dépenses réduites qui produiraient le même avantage social avec un rapport coût-

efficacité maximal.

Ou

Dépenses publiques improductives = Dépenses publiques Effectives -

Dépenses publiques Réduites

• La différence entre deux niveaux agrégés de dépense publique lorsque la modification

de la répartition des dépenses affecte le niveau global de ces dépenses sans en changer

l’avantage social global. Par exemple, pour réduire la pauvreté, une allocation

alimentaire bien ciblée est plus « productive » qu’une allocation alimentaire

généralisée. De même, une répartition différente entre les politiques de santé

préventives et curatives peut se révéler plus « productive ».

i. Les causes de « dépenses improductives » :

Voici les facteurs qui peuvent favoriser l’apparition de dépenses publiques improductives :

-l’existence d’une fonction publique non assez qualifiée, malformée et peu adaptable aux

évolutions économiques, sociaux ou administratives ;

-l’insuffisance ou une mauvaise évaluation des politiques publiques ;

-le fait de soutenir des entreprises publiques non rentables ;

-la réalisation d’opération de prestige sans utilité économique ou social ;

-la corruption ;

Page 25: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

15

-une certaine sensibilité des pouvoirs publics à certaines régions ou à certains groupes de

pression ;

-l’augmentation excessive des dépenses d’administrations publiques par rapport aux recettes à

cause des asymétries entre le prix politique et l’utilité liée aux prélèvements et aux dépenses ;

- les subventions et les transferts males ciblés ;

-l’ambigüité et la multiplicité des objectifs et des extrants.

D’autres facteurs plus ou moins importants peuvent s’ajouter à ces facteurs essentiels pour

favoriser les dépenses publiques improductives ou pour augmenter ceux qui existent déjà.

ii. Les conséquences des dépenses improductives :

Les dépenses improductives peuvent avoir des coûts économiques considérables.

Des programmes publics inefficaces nécessitent un niveau global de dépense plus élevé que

nécessaire afin d’atteindre les objectifs visés, il en résultera un déficit ou des prélèvements

plus élevés que si ces programmes avaient un bon rapport réalisation/coûts.

Si les pouvoirs publics décident de comprimer les dépenses sans améliorer la productivité,

cela entraînerait une réduction des biens et services fournis par le secteur public. S’ils

décident de maintenir des impôts élevés, cela limiterait les ressources dont peut disposer le

secteur privé. Ainsi on aurait un investissement public ou privé plus faible qui conduirait par

la suite à une croissance économique inférieure, à des ressources limitées pour d’autres fins,

et à une charge de la dette alourdie pour les générations futures.

2) Les difficultés rencontrées lors de la mesure de la productivité des dépenses

publiques et lors de l’évaluation des dépenses improductives :

Le concept de « productivité » des programmes des dépenses publiques semble être facile,

mais sa mesure et son évaluation posent des problèmes pour les raisons suivantes :

-le secteur public n’est pas axé sur le profit ;

-les biens et services fournis ne sont pas commercialisables, ni soumis à la concurrence, ni

tangibles, ni divisibles ;

-le secteur public utilise des facteurs de production sans pratiquer des prix compétitifs ;

Page 26: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

16

-le secteur public finance parfois ses activités par la fiscalité ;

-l’absence des données actuelles et complètes concernant la plupart des programmes ;

-le secteur public fournit des biens et services collectifs ayant une pluralité d’objectifs, par

exemple un investissement qui possède à la fois un objectif économique et une fonction de

défense nationale.

L’évaluation se complique encore lorsque les programmes ont des conséquences qui ne sont

pas directement reliées à leurs principaux objectifs.

3) Propositions permettant d’évaluer la productivité des dépenses publiques:

Même si l’évaluation et la mesure de la productivité des dépenses publiques s’avèrent être

complexes, ce paragraphe avance une approche pratique qui permet de les réaliser, de

détecter les programmes inefficaces ou inefficients de ce qui ne le sont pas. Cette approche est

composée de différents indicateurs qui faciliteront l’évaluation des dépenses publiques dans le

processus de priorité en matière de dépenses au sein de chaque pays.

i. Le rapport coût-efficacité

On peut étudier la productivité de certaines dépenses par ce rapport coût-efficacité, ainsi à

titre d’exemple, pour les dépenses d’infrastructures, on peut envisager tout simplement de

comparer les coûts de construction d’un hôpital avec son taux de fréquentation (si le taux de

fréquentation est considéré comme indicateur de son efficacité) pour étudier sa productivité.

Par exemple, en Ethiopie, les centres publics de soins de santé n’enregistraient que 0,25 visite

par personne par an à la fin des années 80 et au début des années 90, contre 2,5 à 3 visites par

personne par an en Tanzanie, au Kenya et au Zimbabwe (Banque Mondiale (1994d)). Ainsi,

on peut conclure que les dépenses allouées dans le secteur santé sont improductives en

Ethiopie qu’en Tanzanie, au Kenya et au Zimbabwe.

ii. Les extrants et les objectifs des programmes

La multiplicité et l’ambigüité des objectifs et des extrants d’un programme peuvent constituer

un signe d’inefficience de dépenses d’un programme.

Il est donc nécessaire d’identifier les objectifs principaux des objectifs secondaires. A titre

d’illustrations, l’objectif essentiel de la recherche militaire est d’améliorer la sécurité

nationale que de découvrir de nouvelles technologies à usage industriel; l’objectif principal

Page 27: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

17

des programmes d’études universitaires c’est de dispenser un enseignement supérieur plutôt

que de fournir une sorte d’emploi aux jeunes d’âge universitaire. Même si les objectifs

secondaires sont importants, le fait de réaliser au mieux l’objectif principal avec efficience

peut permettre de faire des économies suffisantes pour atteindre les objectifs secondaires de

façon tout aussi efficiente.

iii. Le dosage des intrants entre les différents ministères

Un dosage inadéquat des intrants peuvent marquer l’inefficience de dépenses ou des

programmes. Par exemple, un manque de manuels par rapport au nombre d’enseignants

montre l’inefficience des programmes d’enseignements, l’existence des généraux sans troupe

suffisantes est le signe de l’inefficacité des dépenses militaires.

Les crédits budgétaires affectés aux dépenses salariales et non salariales des différents

ministères ou secteurs peuvent donner aussi une idée de la productivité des dépenses. Si les

dépenses courantes non salariales sont relativement faibles, en particulier dans les secteurs de

l’éducation et de la santé, la productivité y est peu élevée car les écoles ne disposeront pas

suffisamment de livres et de matériel d’enseignement et les hôpitaux manqueront de

fournitures médicales.

Dans un secteur ou ministère caractérisé par des dépenses non salariales élevées, le risque de

gaspillage est très probable.

iv. L’analyse des données empiriques

On peut évaluer l’efficience des dépenses en comparant les principaux indicateurs d’extrants

ou leurs variables de remplacement avec certains indicateurs d’intrants ou de coûts. Par

exemple, effectuer une étude par la comparaison des indicateurs de résultats scolaires tels que

les taux d’alphabétisation, les taux de scolarisation avec les indicateurs des dépenses

d’éducation. A partir d’une étude effectuée utilisant cette comparaison, il a été remarqué que

certains intrants comme la qualification des enseignants, les manuels, la durée de l’année

scolaire influent sur les résultats scolaires.

Il peut être aussi utile de comparer les crédits alloués au titre de dépenses fonctionnelles ou

économiques avec ceux alloués dans des pays qui se trouvent à un stade de développement

identique et qui appartiennent à la même région. Le fait que les dépenses soient

Page 28: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

18

particulièrement élevées dans une catégorie particulière peut indiquer que ces dépenses n’ont

pas le meilleur rapport réalisations/coûts possible.

v. L’analyse coûts/avantages et le niveau de dépenses globales

Une analyse coûts/avantages permet souvent aux responsables de la politique économique de

déterminer le dosage d’extrants ou d’avantages des dépenses et de réorienter les dépenses de

programmes à avantage supplémentaire faible vers ceux qui en procurent beaucoup plus.

Ainsi, un niveau élevé des dépenses au niveau universitaire est déclaré inefficient lorsqu’on

est en présence d’un taux très faible de scolarisation au niveau primaire et secondaire. Une

réorientation d’une partie des dépenses au niveau universitaire en faveur des programmes qui

visent à augmenter le taux de scolarisation peut se faire, en plus l’amélioration de

l’enseignement primaire et secondaire augmentera la demande de certains produits de

l’enseignement universitaire.

vi. l’impact des dépenses publiques sur la croissance économique

L’effet des dépenses publiques sur la croissance peut être un indicateur global de leur

productivité. En effet, la croissance économique étant l’une des principales conditions

nécessaires à la réalisation de meilleures performances en matière de bien-être social,

constitue l’objectif ultime de la politique économique, elle est très souvent l’un des

indicateurs les mieux suivis pour l’évaluation des politiques macroéconomiques. Alors, elle

constitue un candidat naturel lorsqu’il s’agit d’apprécier la qualité des dépenses publiques.

En indiquant une série de biens et services du secteur public qui contribuent particulièrement

à la croissance et en faisant ressortir l’efficience avec laquelle les dépenses participent à la

production du secteur public, les études empiriques sur les dépenses et la croissance peuvent

indiquer des moyens d’améliorer la structure et la productivité des dépenses publiques.

vii. Les mécanismes institutionnels et politiques

Des mécanismes institutionnels et politiques déficients indiquent indirectement l’inefficience

des dépenses des programmes. Par exemple, dans les pays où la corruption est en pleine

prolifération, automatiquement les dépenses publiques auront des difficultés à atteindre leurs

efficiences.

Page 29: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

19

Chapitre 2Chapitre 2Chapitre 2Chapitre 2 :::: les solutions avancées pour réduire les solutions avancées pour réduire les solutions avancées pour réduire les solutions avancées pour réduire

les dépenses improductivesles dépenses improductivesles dépenses improductivesles dépenses improductives

Section 1Section 1Section 1Section 1 : Les : Les : Les : Les réformes quantitatives des dépenses publiquesréformes quantitatives des dépenses publiquesréformes quantitatives des dépenses publiquesréformes quantitatives des dépenses publiques

1) Gestion de la masse salariale

a) Les sources de dépenses improductives et les solutions pour les surmonter

En fait, dans le domaine des emplois publics, les dépenses improductives peuvent être

causées soit par un surnombre d’effectifs dans les administrations publiques entraînant une

baisse de la productivité des travailleurs, ou par l’existence d’un grand nombre d’employés

fictifs, ou par la malformation des salariés etc.….. Ainsi, face à ces défaillances qui

surviennent au niveau de l’emploi, plusieurs politiques de l’emploi peuvent être adoptées.

Dans le cas où on est en face d’un effectif important dans le secteur public, il serait plus

efficace d’utiliser le dosage d’intrants le moins coûteux avec des prix d’intrants adéquats et de

mettre en place un programme distinct de protection sociale au lieu de conserver cet effectif

important même si le but est d’assurer une protection sociale. Le maintien de cet effectif

important peut abaisser la productivité marginale du travail et peut être source d’une dépense

improductive car le coût marginal du travail ne change pas.

Parfois, la baisse de la productivité de la main d’œuvre dans le secteur public peut être due à

l’insuffisance d’autres intrants comme les médicaments, les nourritures, etc. Comme il n’est

pas convenable de procéder à une augmentation des effectifs, pour y remédier, l’Etat peut

sous-estimer les salaires tout en les complétant par des avantages en nature comme les

indemnités de déplacement et de logement, et un accès privilégié à des biens et services

gratuits ou subventionnés.

Un niveau de salaire modeste peut aussi rendre une dépense publique (celle qui est consacrée

aux salaires) improductive. Par exemple au Pérou, la qualité de l’enseignement s’est dégradée

Page 30: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

20

à cause de deux facteurs : une chute des salaires réels et une réduction de l’écart de

rémunération entre les enseignants qualifiés (ceux qui possèdent un diplôme d’enseignement)

et non qualifiés dans les écoles publiques. Ainsi, le pourcentage d’enseignants qualifiés dans

les écoles publiques est tombé de 80% en 1980 à 49% seulement en 1990 (Banque Mondiale

(1994)). Donc dans ce domaine, la réforme entreprise consiste à réduire les effectifs

improductifs accompagnés d’une augmentation des salaires réels pour les employés productifs

restants.

Dans les années 70 et au début des années 80, Ghana présentait une fonction publique

caractérisée par le surnombre, la malformation, la démotivation. Une réforme a été effectuée

dans le cadre d’un programme appuyé par la facilité d’ajustement structurel du FMI et par un

prêt à l’ajustement structurel de la Banque Mondiale. Cette réforme consistait à réduire le

niveau des effectifs globaux, tout en améliorant la compétitivité de rémunération, en

fournissant une formation et des incitations à accroître la productivité. (Voir Kapur et al.

(1991) et Mackenzie et Schiff (1991))

En tout, les différentes réformes proposées ci-dessus ont été adoptées dans le but de réduire

ou éliminer certaines dépenses excessives tout en améliorant la productivité des autres, et

obtenir des gains d’efficience. Même si la contraction des effectifs du secteur public conjugué

avec différentes indemnités et autres mesures de protection sociales peuvent accroître les

dépenses publiques à court terme, elle les réduisait à long terme. Pour compenser ces propos,

voici des exemples des stratégies qui ont été appliquées en Afrique subsaharienne lors de

l’assainissement des services publics. Ces stratégies montrent les différentes politiques

d’emploi qui ont été adoptées pour les réformes opérées au sein des entreprises publiques

(comme l’eau, l’électricité, etc.). Elles présentent les possibilités de réduction des effectifs

dans les entreprises publiques ainsi que les moyens d’y parvenir.

b) Exemples de politiques de réduction de coûts salariaux dans les entreprises publiques

appliquées dans quelques pays subsahariens :

Pour radier les dépenses improductives, trois stratégies de gestion des emplois ont été mises

en place :

-stratégie de redistribution du salaire ;

-stratégie de partage de l’emploi ;

Page 31: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

21

-stratégie « mixte » de partage de l’emploi et du salaire.

i. La stratégie de redistribution du salaire

Elle consiste à adopter une politique incitative par un maintien du salaire réel et une

résorption de l’excédent de main d’œuvre. Mais pour aboutir à ce résultat, dans les années 80,

une action autorisant une embauche contre trois départs a par exemple été appliquée en

Centrafrique (Nunberg, 1987) ; à partir de 1985, un recensement complet des effectifs et un

recoupement des résultats obtenus avec les salaires distribués viennent compléter cette

politique. En fait, la seule élimination des travailleurs « fantômes » a permis de réduire de 2%

le volume d’emploi.

Par contre dans d’autres pays, des démissions ont été négociées avec les salariés. Ainsi, en

Guinée, trois options possibles d’indemnisation étaient proposées aux candidats au départ

volontaire :

-le versement d’une indemnité monétaire accompagné d’un paiement en nature (dotation en

riz équivalent à cinq années de consommation) ;

-le versement de 40 % de l’indemnité dès le départ et le règlement du solde sous-forme de

paiement régulier ;

-le paiement d’une partie de l’indemnité de compensation comme acompte pour la création

d’une entreprise.

Un autre programme a été mise en place au Ghana en 1983, des rémunérations déterminées

selon la performance individuelle ont été appliquées sous-forme d’un stock de nourriture

important dont l’équivalent monétaire représentait, en septembre 1984, près d’une fois et

demi le salaire minimum en vigueur. Avec son caractère incitatif basé sur l’équivalent

nutritionnel de la rémunération, ce programme a permis de remplir tous les objectifs de la

performance de la compagnie ferroviaire (rénovation des lignes et du matériel ferroviaire

notamment). Il s’appliquait aussi au personnel administratif afin de réduire l’absentéisme et

les retards. Des programmes de même type ont été pratiqués avec succès dans la réhabilitation

des installations portuaires et du réseau routier du Ghana. Dans ce dernier cas, la politique de

rémunération a été suffisamment incitative pour retenir les salariés et réduire de moitié le taux

de rotation de la main d’œuvre (Klitgaard 1987).

Page 32: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

22

Ainsi une telle stratégie de gestion de main d’œuvre doit être favorable à une amélioration de

la productivité du travail et à une meilleure allocation des ressources sur le marché du travail

urbain.

ii. La stratégie de partage de l’emploi

Elle consiste à maintenir le niveau d’emploi pour tous tout en dégradant le niveau du salaire

réel des salariés. En effet, les travailleurs doivent verser une prime d’assurance pour conserver

le statut d’employé public et les multiples avantages directs (indemnités de logement,

transports,….) et indirects (participation à temps partiel au secteur informel, activités de

corruption,….) qui y sont associés.

Mais ce type de politique cumule les effets néfastes attendus sur la productivité d’un gel des

sureffectifs et d’une politique salariale qui stimule les comportements inefficients.

iii. La stratégie « mixte »de partage de l’emploi et du salaire

On a combiné les options dans cette politique dans le but d’atténuer les effets sociaux d’un

ajustement trop brutal des emplois. Cette stratégie est favorable dans les pays où les

possibilités de réinsertion de la main d’œuvre licenciée du secteur public sont limitées.

Donc l’ajustement de l’emploi est graduel; il peut s’agir tout simplement de l’élimination des

seuls travailleurs « fantômes » de sorte que la redistribution du salaire n’est que modérée.

Selon Klitgaard (1989), une telle mesure pourrait diminuait de 10 % au moins, en moyenne le

coût salarial du secteur public des PED. Ainsi, au Zaïre, en 1978, environ 2/3 des noms

recensés dans les déclarations de salaire du secteur publique étaient fictifs. Ils représentaient

un manque à gagner de plus de 20% du budget du gouvernement (Gould 1980).

De même, au Togo, de 1983 à 1985, une baisse du salaire nominal de près de 5%, obtenu par

la mise en place d’un impôt de solidarité a accompagné l’ajustement de l’emploi. Celui-ci a

été réalisé selon plusieurs modalités (Collier 1988) :

-les travailleurs « fantômes » ont été identifiés à l’aide d’un recensement des emplois publics ;

-l’âge de retraite a été abaissé de 55 à 50 ans ;

-l’embauche automatique des diplômés de l’université qui prévalait jusqu’au début des années

80 a été abandonné ;

Page 33: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

23

-pour terminer, les conditions de recrutement ont été renforcées par la mise en place d’une

procédure de sélection efficace à partir d’entretien et de tests d’aptitude. La fixation d’un âge

maximum de 35 ans a par ailleurs été retenue pour limiter les candidatures à l’entrée dans la

fonction publique.

Toutes ces mesures ont permis de réduire l’emploi public de 10 %.

2) La remise en cause des subventions d’équipements

Les investissements représentent une part élevée des dépenses totales en raison du rôle joué

par les pouvoirs publics dans l’offre des infrastructures ou équipements qu’ils utilisent eux-

mêmes ou qui contribuent à l’amélioration des conditions économiques et les conditions de

vie de la population: routes, écoles, grands réseaux. Pendant la période 1983-1990, les

dépenses en capital de l’administration publique ont atteint, respectivement, 1,8%, 3,8%, et

4,3% du PIB pour un échantillon de pays à revenu élevé, à revenu intermédiaire et à faible

revenu (FMI, Government Finance Statistics Yearbook, 1993).

Mais la diminution provoquée par l’attribution d’une subvention publique du coût d’un

investissement effectué par un agent économique peut entrainer des dépenses improductives.

En effet, cette distorsion du prix réel de l’investissement entraîne la réalisation de grandes

opérations coûteuses dont l’utilité finale ne justifie pas le coût total.

De la même manière, plusieurs entreprises publiques ont été conduites grâce à la prise en

charge par l’Etat d’une partie du coût de l’équipement, à décider des investissements non

rentables qui ne pouvaient aboutir qu’à une accumulation de pertes.

L’objectif de remettre en cause les subventions d’équipement n’est pas de mettre fin aux

investissements publics, mais de les faire payer à leur juste prix et de rétablir une juste

concurrence entre les projets publics et privés. Mais des exceptions devraient être accordées

dans le cas d’investissements publics indispensables dans les collectivités locales les plus

démunies, ici cette exception traduit l’expression de la solidarité nationale et non fournir une

rente perpétuelle à tel ou type de collectivités.

3) Amélioration du ciblage des subventions et des transferts

Les subventions et les transferts ont comme objectif de compenser les défaillances du marché,

d’exploiter les économies d’échelle en matière de production, de redistribuer le revenu et de

lutter contre la pauvreté. Mais dans la plupart des cas, ces objectifs ne sont pas atteints de

Page 34: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

24

manière efficiente. Seule une petite partie de ces subventions et transferts profite vraiment

aux bénéficiaires.

Des données comparatives rassemblées sur 26 pays en développement et en transition par

Davoodi et Al., 2003 confirment que certaines dépenses publiques dans ces pays ont un

caractère régressif parce qu’elles profitent beaucoup plus aux riches qu’aux pauvres. A titre

d’exemple, voici un tableau qui résume la répartition des dépenses publiques de santé par

quintile de richesse dans quelques régions.

Tableau 1: Répartition des dépenses publiques de santé par quintile de richesse

Santé primaire Dépenses de santé totale

Région Nombre de

pays

Quintile le plus

pauvre

Quintile le plus

riche

Quintile le

plus pauvre

Quintile le

plus riche

Afrique 9 15.3 22.7 12.9 28.6

Asie et

pacifique

2 19.7 16.9 10.8 30.9

Afrique du

Nord et MO

1 16.4 23.6

Pays en

transition

10 14.9 21.5 13.6 27

Amérique

Latine

4 20.4 19.1 23.1 15.2

ensemble 26 17.3 20.8 16.9 23.2

Source : Davoodi et al., 2003

Il y a des différences marquées selon les pays et les continents. Comme le montrent Davoodi

et al., l’inégalité d’accès aux dépenses de santé publique est particulièrement forte en Afrique,

comparée aux autres régions en développement.

Pour mieux saisir les réformes au niveau des subventions et des transferts, on va voir le

cas des subventions alimentaires généralisées dont le principal objectif officiel est souvent

d’améliorer la nutrition des pauvres.

Page 35: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

25

En effet, si ces subventions généralisées sont non limitées, elles profiteront à tous que ce soit

pauvre ou riche. Dans le cas où ces subventions correspondent à la baisse du niveau de prix à

la consommation, cette pratique encourage tous les consommateurs sans exception (que ce

soit riches ou pauvres) à consommer excessivement (il se peut même que les gens utilisent les

aliments pour nourrir les bétails). Alors que pour arriver à ce faible niveau de prix à la

consommation, il faut que l’Etat subventionne une partie des coûts de production : cela

constitue une dépense publique. Donc l’amélioration du ciblage s’avère être nécessaire dans

cette situation, car normalement ces subventions alimentaires doivent s’orienter vers les

couches les plus défavorisées, par exemple le quintile le plus pauvre. Mais cette réforme des

subventions doive aussi s’accompagner d’une réforme de fixation de prix dans le but

d’encourager les producteurs tout en apportant le même soutien aux pauvres à un coût

moindre, il est possible d’en dégager des ressources qui serviront à financer d’autres

programmes en faveur des pauvres ou pour d’autres utilisations publiques ou privées.

En cas de problème de l’exécution de ces solutions proposées ci-dessus, il existe aussi une

autre possibilité d’amélioration du ciblage des subventions. Comme il est difficile de

déterminer le niveau de revenus des bénéficiaires potentiels, certains pays peuvent limiter les

subventions des produits de base en conservant leur consommation subventionnée à certains

groupes de ménages, comme les pensionnés, les chômeurs, les familles avec enfants quel que

soit leur revenu. Sur le plan administratif, il est possible de mettre au point un système de ce

type sans nuire au fonctionnement d’un marché concurrentiel pour le produit concerné.

La réalisation des programmes de travaux publics constitue aussi une autre solution

avantageuse de protection des groupes de gens à faible revenu avec un coût administratif

minimal. Ces programmes protègent les pauvres à un coût moindre que celui engendré par les

subventions généralisées et ils sont compatibles avec une réforme économique durable.

Certaines subventions à la production des biens échangés sur le plan international peuvent

constituer des dépenses improductives pour un Etat, par exemple les subventions dans la

production des armements militaires. Une réduction de ces subventions peut être bénéfique

dans la mesure où elle n’affecte pas le bien être social.

4) La privatisation de certaines activités publiques

Un des moyens de réduire les dépenses improductives est d’assurer une meilleure productivité

des programmes ou des activités du secteur public qu’elles financent ou subventionnent. Pour

Page 36: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

26

pouvoir assurer ou augmenter la productivité de ces activités, différentes solutions ont été

avancées.

Dans ce paragraphe, on se penchera sur la diminution de l’Etat dans l’économie, c’est-à-dire

un transfert au secteur privé d'un certain nombre d'activités qu’ils peuvent effectués avec plus

d’efficience sans compromettre leurs autres objectifs.

D’après une analyse pragmatique, la privatisation constitue une des options pour améliorer la

productivité des activités du secteur public. En plus, des programmes de privatisation bien

définis, aident les gouvernements à alléger la charge que font peser sur le budget les

subventions et les transferts au secteur parapublic et réduisent les dettes que les banques

intérieures détiennent sur les entreprises publiques.

Les secteurs d’activité qui présentent l’une de ces défaillances doivent être favorables à la

privatisation :

-inefficience, sureffectif, faible productivité ;

-mauvaise qualité des biens et services ;

-perte récurrente et augmentation de la dette pour les entreprises gouvernementales à vocation

commerciale ;

-absence de compétences en management ;

-mauvaise entretien des installations et équipements ;

-financement insuffisant des investissements nécessaires ;

-objectifs multiples et divergents ;

-missions mal ciblées et inutiles ;

-actifs sous-utilisés et sous performants ;

-pratiques illégales ;

-vols et corruptions.

Page 37: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

27

Quelques exemples de privatisation des entreprises publiques:

Les exemples de privatisation proposés ci-dessous permettent de réduire les dépenses

improductives car d’une part, elles favorisent la réduction du gaspillage des ressources

publiques par la responsabilisation accrue de l’entreprise et de l’Etat dans leurs obligations

respectives, et d’autre part, parce que l’Etat n’a plus l’obligation de verser des subventions et

qu’il a le droit de prélever des recettes fiscales et douanières,

a.1-le contrat de plan

C’est un outil de gestion qui vise à améliorer les performances d’une entreprise publique en

chiffrant les objectifs et les moyens sur une période de 3 à 5 ans. En effet, le contrat de plan

est un outil opératoire d’une politique de réhabilitation du secteur public; sa mise en place est

source d’efficacité car une autonomie de décision est laissée au manager et le gouvernement

est parfois amené à alléger ses contrôles à priori souvent générateurs des retards d’exécution

tout en envisageant une évaluation ex-post des résultats sur la base du respect ou non-respect

des objectifs fixés. En plus, ce contrat de plan identifie et explicite les missions des services

publics que doit assurer l’entreprise et les conditions de subventions par l’Etat, ce contrat

permet à ce dernier de se décharger des tâches de gestion et de juger l’entreprise.

Côté de ses fondements économiques, le contrat de plan offre un cadre institutionnel adapté à

l’introduction de contraintes incitatives dans la relation de mandant qui unit le manager et

l’Etat actionnaire. En l’absence d’une telle règlementation de la politique contractuelle, des

phénomènes de recherche des rentes par le manager conduisent souvent à des inefficiences

organisationnelles qui affectent non seulement la performance de l’entreprise, mais également

le bien-être des autres agents de la collectivité.

En résumé, en théorie le contrat de plan favorise un retour à une vérité des prix et des coûts et

une réduction du gaspillage des ressources publiques par une responsabilisation accrue de

l’entreprise et de l’Etat dans leurs obligations respectives. En pratique lors de son élaboration,

le contrat de plan contribue à sélectionner les missions assurées par l’entreprise et à vérifier la

cohérence avec la politique parapublique de l’Etat.

A titre d’exemple, concernant le secteur des transports, un contrat de plan a été effectué entre

l’Etat Sénégalais et la société des transports en commun du Cap Vert (SOTRAC) durant la

période 1981-1984. D’après l’article 3 de ce contrat, la mission de la SOTRAC était d’assurer

dans les meilleurs conditions le transport en commun de la population de la ville de Dakar

Page 38: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

28

jusqu’à Bargny et d’après l’article 4, la SOTRAC est tenu d’améliorer sa compétitivité

en rentabilisant le réseau public par la mise en place d’un dispositif plus performant pour

lutter contre la fraude et en limitant la gratuité du transport aux seuls agents de la SOTRAC et

à leurs enfants tout en privilégiant l’offre de transport sur les lignes les plus rentables sans

faire perdre à l’activité de la société son caractère de transport public.

a.2-le contrat de concession

C’est un contrat par lequel l’Etat, en qualité d’autorité concédante, autorise un entrepreneur

privé, le concessionnaire, à exploiter les actifs d’un service public en contrepartie du paiement

d’une redevance ou d’un loyer. Ce fût le cas de la SODECI (Société de Distribution des Eaux

de la Côte d’Ivoire), elle était mise dans la concession un moment après sa création3. La

SODECI est une entreprise publique qui assure l’approvisionnement en eau potable de

quelque 260 localités, le capital de la SODECI est réparti entre 3 grands types d’actionnaires :

l’Etat (3%), les privés ivoiriens (51%) et la société concessionnaire (46%), une filiale du

groupe français Bouygues. Ce premier contrat a couru sur une période de 30 ans et il

procédait du principe français de l’affermage en vertu duquel, le fermier ne prend aucune

initiative en matière d’investissement et gère seulement les installations existantes.

Mais en 1987, le contrat a été renouvelé pour 20 ans et il n’était pas identique au premier, le

nouveau contrat était un véritable contrat de concession car si avant l’Etat s’occupait encore

de la planification, de l’exécution des investissements, à cette date c’est la SODECI qui s’est

chargée de la réalisation des investissements nécessaires à l’extension du système de

distribution de l’eau ; des plans d’équipement doivent cependant faire l’objet d’une

approbation par le gouvernement.

La SODECI puise ses recettes d’une redevance qui équivaut au tiers du tarif de consommation

de l’eau. Cette redevance lui permet de couvrir la totalité des charges imputables à

l’exploitation, y compris le service de la dette, mais aussi de dégager un excédent confortable

qui l’autorise à autofinancer une partie non négligeable des investissements.

Tandis que l’Etat par ce contrat n’a pas eu à accorder au concessionnaire des facilités fiscales

et douanières dérogeant au droit commun, il n’a pas eu davantage à verser de subvention

d’exploitation, bien au contraire, il a reçu des recettes fiscales inhabituelles (existence des

bénéfices nets) qui ont contribué à une certaine réduction de la contrainte budgétaire.

3 La SODECI fût crée en 1960

Page 39: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

29

Section 2Section 2Section 2Section 2 : : : : LesLesLesLes réformes réformes réformes réformes institutionnellesinstitutionnellesinstitutionnellesinstitutionnelles

1) La lutte contre la corruption

“Corruption is bad not because money and benefits change hands, and not because

of the motives of participants, but because it privatizes valuable aspects of public life,

by passing processes of representation, debate, and choice.” (Thompson, 1993)

Dans les pays du monde et particulièrement dans les PED, la corruption freine la capacité

d’action de l’Etat par l’intermédiaire de plusieurs mécanismes : elle réduit l’efficacité et

automatiquement l’efficience des dépenses, entraîne des distorsions dans leur répartition entre

les différents postes budgétaires et entrave l’équilibre budgétaire.

Pour un poste budgétaire donné, les dépenses publiques sont moins efficaces dans les pays qui

connaissent une forte corruption : des fonctionnaires corrompus vont favorisés les projets

d’investissement les plus générateurs de pots-de-vin et non nécessairement les plus efficients

ou les productifs (Shleifer et Vishny, 1993).

La corruption peut être la cause des dépenses improductives pour les raisons suivantes :

-elle réduit l’impact des dépenses publiques d’éducation et de santé sur les performances

sociales (taux d’alphabétisation ou taux d’illettrisme, taux de mortalité ou espérance de vie) et

amoindrit la qualité des services fournis (Abllo et Reinikka, 1998) ;

-la corruption affecte la structure de l’investissement public en faveur des dépenses d’énergie

et de combustibles, d’ordre et service public, de défenses et de culture aux dépens de

l’éducation et de la protection sociale ;

-la corruption au niveau budgétaire peut ainsi influencer non seulement le montant total des

dépenses publiques mais aussi leur allocation vers des secteurs plus favorables à la corruption.

En tout, la corruption est l’un des facteurs qui empêche les dépenses de l’Etat à atteindre leur

efficacité, la corruption dévie le chemin de destination de ces dépenses si bien que les

objectifs ne seraient pas atteints. Elle touche pour la plupart du temps les fonctionnaires de

l’Etat.

a) La lutte contre la corruption à Madagascar

Par la volonté de réduire les méfaits de la corruption, la lutte contre la corruption a été

entreprise depuis quelques années, elle a constitué le défi n°3 dans l’engagement n°1 du

Page 40: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

30

MAP. Étant une stratégie de réduction de la pauvreté, une deuxième version du DSRP, le

MAP s’est fixé des objectifs en précisant de mener des actions en conformité avec les OMD4.

Ainsi, diverses procédures ont été mises en œuvre pour lutter contre la corruption, par

exemple il y a eu le Conseil Supérieur de Lutte Contre la Corruption ou le CSLCC, devenue

en 2007 le Comité de Sauvegarde de l’Intégrité ou CSI, il y a aussi le BIANCO, la chaîne

pénale anti-corruption.

A part ces diverses méthodes de lutte contre la corruption, on a aussi mis en place d’autres

techniques pour réduire les opportunités de corruption et de contrôler l’intégrité des

fonctionnaires. A titre d’illustration, il y avait eu l’obligation de déclaration de patrimoines

imposée à certaines catégories de hautes personnalités et hauts fonctionnaires. Mais comme la

corruption est loin d’être éliminée, alors le ministère de la justice entend renforcer les

sanctions anti-corruption dans le système judiciaire.

b) La lutte contre la corruption au Burkina Faso

La gestion des ressources publiques au Burkina Faso est entravée par un ensemble de

défaillances institutionnelles qui englobent non seulement la corruption mais aussi le déficit

de transparence, la faible responsabilisation des acteurs, la participation insuffisante de la

population et le manque d’indépendance des organes contrôlant l’élaboration et l’exécution du

budget de l’Etat.

Ainsi, des réformes budgétaires sont menées en vue d’améliorer cette gestion budgétaire. Ces

réformes peuvent être entreprises principalement dans la lutte contre la corruption au niveau

budgétaire appelé « corruption avec vol », cette corruption avec vol recouvre toute forme de

corruption qui implique des détournements de ressources publiques.

Le diagnostic guidant l’élaboration des réformes qui seront proposées ci-dessous s’inspire du

constat qu’il y a une certaine corrélation entre l’étendue de la corruption et l’efficacité des

politiques gouvernementales. Ces réformes au niveau de la gestion budgétaire visent :

-un objectif final qui est de renforcer l’efficience des dépenses publiques et de la crédibilité

de l’Etat ;

-3 objectifs intermédiaires qui sont :

4 Objectifs Millénaires pour le Développement

Page 41: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

31

� Une lutte contre la corruption

� Une grande rationalisation de la gestion des Finances Publiques (ou une adéquation

entre dépense et résultat)

� Une grande transparence dans le processus de décision par la rénovation du cadre

juridique et réglementaire, l’introduction, la mise en valeur de nouvelles techniques et

de nouveaux outils de gestion et l’élaboration de politique de déconcentration de la

dépense.

i. Vers plus de transparence dans la préparation budgétaire :

• Les réformes du processus d’élaboration de la loi de finances :

Le processus d’élaboration de la loi de finances a été modifié par une réforme du système des

allocations budgétaires qui s’est traduite par l’introduction des Budgets Programmes (BP) en

1998 et du Cadre des Dépenses à Moyen Terme (CDMT) en 2000.

La rationalisation des choix budgétaires par la « budgétisation de programmes » vise un

double objectif. Il s’agit tout d’abord d’accroître l’efficacité des dépenses et, pour cela, de

passer d’une logique de moyens dans laquelle chaque ministère gonfle souvent sa demande de

crédits afin d’obtenir le maximum de ressources, à une logique de résultats où prévaut « la

réalisation de grands objectifs dans une optique de services publics 5» (PNUD, 2005). Il s’agit

ensuite d’introduire une vision à moyen terme de la politique budgétaire dans les choix

d’affectation des ressources.

En effet, les BP se fixent de modifier le processus de l’avant-projet de budget des ministères.

Toute demande de crédit s’appuiera désormais sur une procédure de budgétisation par objectif

en plusieurs étapes :

� Définition des objectifs puis des moyens

� Etablissement d’un programme d’activités sur 3 ans

� Budgétisation de chaque programme et allocation des ressources par année

� Définition des indicateurs de résultats

5 Pour être précis, en matière de recettes, la réforme a consisté à donner davantage d’autonomie et de responsabilisation aux instances de gestion des recettes et en particulier de perception des impôts.

Page 42: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

32

Cette réforme de budgétisation a été initiée en 1998 et appliquée dans 6 ministères pilotes.

Depuis 2000, elle a été renforcée par le CDMT afin d’intégrer la contrainte budgétaire de

l’Etat dans la formulation des dépenses à moyen terme. Ce CDMT est composé d’un CDMT

global, qui définit la contrainte macroéconomique à moyen terme, et des CDMT sectoriels,

qui fixent les plafonds de dépenses des BP élaborés par chaque ministère sur un horizon de 3

ans (SP/PPF, 2004).

• Apports de ces réformes :

Les réformes doivent permettre d’accroître la transparence et la lisibilité de la gestion des

Finances Publiques et de limiter les opportunités de la corruption. La détermination des

enveloppes globales et sectorielles en fonction d’objectifs précis à atteindre et mesurables, et

la révision des programmes de dépenses en cours en fonction des objectifs devraient réduire

les marges de liberté des décideurs publics dans l’attribution des crédits6, donc le caractère

arbitraire de l’allocation des dépenses et limiter la corruption.

Le CDMT, en introduisant la pluriannualité dans la gestion des Finances Publiques offre ainsi

une vision à moyen terme de la disponibilité et de l’utilisation des ressources de l’Etat et

renforce la cohérence des BP. Le CDMT favorise également une utilisation plus efficace des

ressources, allouées selon les priorités sectorielles et la contrainte budgétaire7.

Il a également contribué à renforcer la cohérence de la loi de finances8 et a permis par là de

réaliser d’importants progrès dans la gestion budgétaire. Enfin, depuis l’introduction du

CDMT, les prévisions des recettes et des dépenses sont de qualité nettement meilleure, et les

BP moins sur-programmés.

Le renforcement de la transparence est une autre condition nécessaire (Rose-Ackerman, 2004)

parce que la mise en place d’indicateurs de résultats peut permettre de contrôler l’efficacité

6Néanmoins, les progrès dans ce sens ne sont pas encore suffisants. Un large pourcentage des crédits sont encore non affectés, ils sont passés de 18 à 24% entre 1999 et 2002. Le processus budgétaire ne remplit donc pas suffisamment son rôle de système transparent d’allocation des ressources. 7 Il permet en outre d’éviter les coupures soudaines de crédits, donc les incertitudes qui peuvent affecter la réalisation des objectifs de performance. 8 Concrètement, le CDMT, les budgets programmes et la loi de finances devraient interagir de la façon suivante. Élaboré sur la base des besoins globaux des budgets programmes des ministères dépensiers, le CDMT global est censé prendre en compte à la fois les besoins en ressources des budgets programmes et la contrainte macroéconomique pour fixer les plafonds de la circulaire budgétaire. Sur la base de ces plafonds, chaque ministère doit redéfinir son budget, dans lequel les budgets programmes répartissent les ressources par programme et par région et définissent des objectifs. Les propositions budgétaires doivent être évaluées en fonction des objectifs du CSLP. L’Assemblée Nationale adopte le budget et les ministères sont tenus d’ajuster leurs budgets programmes en fonction des crédits votés.

Page 43: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

33

des dépenses, de renforcer la transparence du processus et la possibilité de détection de la

fraude, sous réserve de la fiabilité et de la bonne utilisation de ces indicateurs.

ii. Amélioration des règlementations déficientes des marchés publics et l’amélioration du

contrôle insuffisant dans la phase d’exécution du budget

Tout achat public peut se faire selon 3 modalités en fonction du montant engagé :

-pour tout montant inférieur à 1000 000 de francs CFA (1500 euros), l’établissement d’un bon

de commande est obligatoire, pour lequel l’administrateur de crédits contacte un seul

fournisseur ;

-si le montant de l’achat est compris entre 1000 000 et 15 000 000 de francs CFA, une lettre

de commande doit être établie, pour laquelle l’administrateur de crédits contacte seulement 3

fournisseurs ;

-il est procédé à la passation d’un marché pour tout achat public dont le montant est supérieur

ou égal à 15 000 000 de francs CFA.

Mais au Burkina Faso, les pouvoirs publics ont tendance à généraliser la procédure des

marchés publics qui implique la mise en concurrence des soumissionnaires, on a assisté à une

substitution progressive des marchés publics aux lettres de commande et aux bons de

commande.

La procédure d’exécution de la dépense présente d’importantes faiblesses. La transparence et

l’efficacité des contrôles de la procédure des passations et d’exécution des marchés publics

sont encore insuffisantes : il manque un cadre formel aux procédures, ce qui renforce le

pouvoir discrétionnaire des agents en charge de la procédure. Il est donc nécessaire

d’améliorer le cadre règlementaire, de faire respecter les textes et de renforcer la transparence

et les contrôles, notamment en faisant réaliser des audits externes par des instances

indépendantes. A part la corruption, l’efficacité de la dépense est aussi affectée par la lenteur

de l’exécution de la dépense due à la centralisation excessive au sein du Ministère des

Finances et du Budget de la procédure et des contrôles.

Au Burkina Faso, afin de remédier à ces défaillances, on a réformé la règlementation générale

des achats publics en mai 2003 par la définition du Nouveau Code des Marchés Publics puis

par la réforme communautaire des marchés publics de l’UEMOA. Les aménagements visent à

améliorer la transparence de la passation et l’efficacité de l’exécution des marchés publics.

Page 44: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

34

Les réformes dans ce domaine partent ainsi du principe selon lequel la corruption au niveau

des marchés publics et, plus généralement, l’inefficacité de leur gestion sont essentiellement

dues à un déficit de règlementation de la concurrence et de l’attribution des marchés publics.

Le NCMP pose donc un principe fondamental : la mise en concurrence des soumissionnaires

des marchés de l’Etat, il comporte des avancées dans plusieurs directions, il étend tout

d’abord le champ des marchés publics à tous les contrats entre personne public ou avec des

entreprises publiques pour rendre leur attribution plus ouverte et plus transparente. Il prévoit

en outre la publication d’un rapport annuel sur la passation des marchés publics.

En termes de contrôle, le Nouveau Code met en place une commission de règlement amiable

des litiges et offre par là une possibilité de recours dans le processus d’attribution des

marchés. Il met en place une chaîne unique de passation et de contrôle des marchés publics et

clarifie les responsabilités de chaque structure dans laquelle la Direction Centrale des

Marchés Publics (DCMP) contrôle les opérations de passation des marchés publics à priori et

à postériori : chaque ministère a sa commission d’attribution des marchés publics et la DCMP

centralise la validation des commandes après vérification de leur régularité.

L’Inspection Générale des Finances continue de contrôler à postériori les opérations

financières et comptables liées à la passation des marchés9.

Le Code institue également un Comité de suivi des marchés de gré à gré. Il propose enfin un

cadre règlementaire qui permet de sanctionner le non respect de la règlementation générale

des achats publics, ces sanctions pouvant en principe être disciplinaires et /ou pénales.

iii. Décentralisation et déconcentration

Face aux défaillances rencontrées dans la procédure de délégation de crédits, comme solution,

l’intégralité de la gestion de l’exécution des crédits délégués a été déconcentrée vers les

services régionaux. Alors à commencer de 2004, les administrateurs, les ordonnateurs de

crédits et les payeurs ont été déconcentrés : l’avis de crédit est transmis en province par le

Directeur Général du Budget et tout le contrôle de la procédure de la dépense est assuré par le

Contrôle financier au niveau de la province.

9 L’Inspection Générale des Finances réalise dans ce cadre une revue annuelle, en plus de la publication bimensuelle d’informations sur les marchés publics.

Page 45: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

35

En effet, cette déconcentration des services de l’Etat vient renforcer le processus de

décentralisation initié en 1993. Comme la décentralisation, la déconcentration procède à un

transfert de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales au niveau des provinces et des

communes. Mais à la différence de la décentralisation, la déconcentration maintient les

organismes locaux sous l’autorité de l’Etat, ils ne disposent ni d’une autonomie de décision,

ni d’une autonomie budgétaire. Les représentants de ces circonscriptions administratives (la

région, la province, et le département) sont nommés par le gouvernement et dépendent

directement de celui-ci.

Non seulement la décentralisation et la déconcentration permettent de rapprocher

l’administration des administrés, mais elles permettent aussi de limiter considérablement les

occasions de petites corruptions, par exemple lors des démarches administratives des agents

publics pour le versement de leur rémunération. Cependant, à la différence des élus au niveau

décentralisé, le pouvoir politique des représentants des organes déconcentrés dépend du

pouvoir central pas des populations locales, ce qui a des implications non négligeables en

termes de lutte contre la corruption.

Dans le cadre de la décentralisation, les représentants des collectivités territoriales ont une

personnalité juridique et une autonomie financière et sont élus par la population. La

décentralisation doit ainsi permettre de renforcer la transparence du processus budgétaire mais

aussi la redevabilité des agents publics vis-à-vis des populations locales. L’idée sous-jacente à

ce processus est que les membres de la communauté en charge du contrôle de la dépense sont

ceux qui en bénéficient, ils ont donc de plus grandes incitations à les contrôler que les agents

du gouvernement central, moins affectés par la qualité de ces projets (Stiglitz, 2002).

L’objectif est qu’en facilitant le contrôle local, la décentralisation permette de réduire les

possibilités de détournement et d’attribution arbitraire des crédits et d’assurer que la dépense

parvienne jusqu’aux populations locales censées en bénéficier. En effet, la corruption est

d’autant plus étendue que le pouvoir politique est fortement concentré, et que la participation

de la population à la prise de décision publique est limitée.

En conclusion, dans le contexte actuel burkinabè, où l’efficacité du contrôle local est

incertaine principalement en raison de la faible capacité d’action politique de la population et

des défaillances du système juridique face au développement de la corruption locale, une

décentralisation accrue semble précoce. Cependant, l’opportunité d’un renforcement de la

décentralisation ne doit pas être évaluée au regard uniquement de sa capacité à freiner la

Page 46: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

36

corruption mais aussi de sa capacité à accroître l’efficacité économique et sociale des

dépenses publiques.

2) Les stratégies de réforme au niveau des agents publics

L’exécution appropriée de la politique des dépenses publiques exige un certain nombre de

critères comme l’existence de ressources humaines efficaces capables d’assurer une définition

précise et transparente des priorités nationales. C’est pourquoi, il est utile de procéder à une

réforme au niveau des agents publics pour pouvoir réduire les dépenses publiques non

efficientes.

Ici, nous allons prendre le cas de Madagascar pour mieux appréhender ces stratégies de

réforme au niveau des agents publics.

Nous aurons à discuter des stratégies et du soutien de ces stratégies à travers les programmes

de réforme financés par les aides extérieures, à savoir le Programme de Réformes pour

l’Efficacité de l’Administration qui tient un rôle important dans sa mise en œuvre.

a) Le renforcement de la performance des agents publics :

Pour que l’administration soit effectivement efficace dans l’exécution de ses activités et soit

apte aux nouvelles exigences, il faut améliorer la situation des agents par quelques pratiques.

i. La formation et le perfectionnement des agents de l’Etat : qui se décomposent en

formation initiale et en formation continue.

-la formation initiale combine une formation générale (reçue dans le cadre du système

éducatif) et une formation technique (par le biais des écoles en dehors de l’administration ou

intégrées à elle.

-la formation continue facilite l’accès des fonctionnaires de passer à un grade supérieur dans

un même corps ou de changer d’emploi, cette formation continue vise aussi à accroître

l’efficacité par l’amélioration des connaissances et des qualifications des fonctionnaires.

L’article 24 de la loi n°2003-11 du 3 septembre 2003, portant statut général des

fonctionnaires, stipule que les fonctionnaires reçoivent leur formation selon leur capacité.

Mais les compétences acquises à travers la formation initiale deviennent aujourd’hui

rapidement obsolètes, en raison du rythme accéléré de l’évolution économique, social et

technologique.

Page 47: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

37

Comme la gestion des ressources humaines et l’organisation sont des facteurs de performance

de l’administration dans l’exécution de leurs missions, il faut que les fonctionnaires à de

hautes responsabilités soient formés au management, à l’animation d’équipe, au leadership.

Ainsi, une formation en leadership des 17500 chefs de fokontany s’est tenu les mois d’Août et

Septembre en 2007 à l’Institut de Leadership de Iavoloha.

Dans le cadre de la réforme de la Fonction Publique, deux étapes ont été prévues pour la

formation et le perfectionnement des agents de l’Etat :

- la première consiste à identifier les besoins de la fonction (IBF) en vue d’établir les

qualifications et les formations nécessaires pour chaque poste. Cette première étape a un

caractère général. Elle permet d’identifier par exemple les exigences du poste de secrétaire et

par conséquent les formations que tout secrétaire doit suivre pour être efficace.

- la seconde étape consiste à établir un plan de formation, au niveau de chaque ministère.

Plan, cette fois-ci, personnalisé pour chaque fonctionnaire qui occupe un poste déterminé en

fonction de ses qualifications et des formations qu’il doit suivre personnellement. Il faut noter

qu’on attend encore un décret pour mettre en place ce système.

ii. La mise en adéquation profil/poste

C’est essentiel pour la performance et l’efficacité de la fonction publique. Le but est de mettre

la bonne personne à la bonne place. L’agent doit être mis au poste qui lui correspond

réellement selon ses aptitudes.

Ainsi par une opération appelée « VOY RINDRA » en 2006, il a été découvert que :

-45% des agents de l’Etat n’ont pas atteint le niveau de diplôme requis pour leur poste ;

-11% des agents ont un diplôme supérieur à ce qui est requis ;

-56% des agents n’ont pas respecté les normes pour accéder au poste ;

Pour corriger ces défaillances, le Ministère de la Fonction Publique a établi un Manuel de

Description Normative des Postes (MDNP) qui prévoyait de redresser et d’identifier les

compétences actuelles des agents qui ont un diplôme inférieur à celui qui est requis ainsi que

l’identification d’emploi plus adéquat pour ceux qui sont titulaires d’un diplôme supérieur.

Page 48: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

38

Cette description normative des postes commence par la détermination de la mission et des

activités, puis procède au regroupement des tâches similaires et celles ayant les mêmes

domaines d’intervention, et pour en finir détermine les différents postes.

Cette description est nécessaire en vue d’une meilleure spécification et individualisation des

responsabilités et d’une recherche de performance sur la base des plans d’action ou de plans

de travail prédéfinis, en vue d’un meilleur rendement des agents publics.

iii. La mise en place d’un nouveau système d’évaluation des fonctionnaires

Le système d’évaluation a pour but de sanctionner le fonctionnaire. Il s’agit de mettre en

place un nouveau système d’évaluation liée à la performance en rénovant les procédures

traditionnelles de notation devenues obsolètes comme le Bulletin Individuel de Notes (BIN)

qui peut favoriser le népotisme, le favoritisme et même la corruption.

Le système d’évaluation permet donc de sanctionner le fonctionnaire de façon positive ou

négative.

Dans le premier cas, il s’agit de sanction en termes de rémunération, de primes et

d’avancement. Selon l’article 27 du statut général des fonctionnaires « les fonctionnaires

peuvent bénéficier de primes liés à la performance et au mérite, ainsi qu’à d’autres

indemnités. » On instaure donc un système de concurrence positive entre les fonctionnaires.

Dans le second cas, par contre, il s’agit de sanctions disciplinaires ou de licenciement pour

insuffisance professionnelle.

Les principaux critères retenus pour l’évaluation sont :

- la performance : qui peut s’entendre par le fait d’atteindre le résultat prévu dans le plan de

travail au niveau de chaque ministère ou collectivité. Cette performance peut se mesurer

notamment par l’appréciation de l’impact de la mission ou tâche sur les usagers.

- le savoir-faire et le savoir être des fonctionnaires (diplôme, faculté d’adaptation, esprit

d’équipe, capacité relationnelle avec le public).

Il faut noter que cette évaluation est effectuée par un comité d’évaluation, composé de trois

membres, contrairement à qui se passait avec l’ancienne évaluation faite par une seule

personne à savoir le supérieur hiérarchique.

Il est donc admis que tout l’enjeu ici est de motiver les agents publics afin qu’ils donnent le

meilleur d’eux-mêmes au service de la stratégie de l’Administration à laquelle ils

appartiennent. Il est, par conséquent, nécessaire de donner à chaque agent une définition

Page 49: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

39

précise des responsabilités qui lui sont confiées et des objectifs attendus de son travail pour

mieux appréhender sa performance. Et il est préférable que ces objectifs soient acceptés par

l’agent et non arbitrairement imposés par le supérieur.

b) Les nouvelles techniques et procédures administratives :

Pour ce qui est de la réforme concernant les techniques et procédures administratives, on peut

en citer trois (3) : la promotion du management public, la simplification des méthodes

administratives, le renforcement de la transparence et de la responsabilité.

� L a promotion du management public

La notion de management public est une notion assez récente. Le terme de « management »

est d’origine anglo-saxonne désignant sur le plan général la manière de conduire une structure

dans son marché et son environnement.

A une conception purement administrative et juridique de la gestion des structures publiques

s’est progressivement constituée une conception différente des rapports avec les usagers et

l’environnement des structures publiques, une conception liée à un univers plus concurrentiel

et de nouvelles attentes des contribuables et usagers du service public.

Le rôle des structures publiques dans la vie économique s’est largement étendu. Ceci

implique l’émergence de nouveaux principes de gestion dont le management public est

porteur.

La gestion publique présente un ensemble de particularismes qui interdisent de la soumettre

sans discernement au management tel que pratiqué dans le secteur privé. D’abord, au niveau

des objectifs poursuivis qui est celle de l’intérêt général. Ensuite, au niveau des stratégies,

l’Administration est privée d’une réelle liberté de choix car elle dépend entièrement de par

son statut des autorités politiques élues qui lui assignent cette mission et lui attribuent ses

ressources par voie d’allocation budgétaire et elle est tenue d’exécuter scrupuleusement leurs

directives.

Enfin, l’Administration se trouve en partie soustraite aux disciplines du marché, véritable loi

du management privé, car elle dispose déjà de ressources qui la rend insouciante des pertes ou

profits de sa gestion. Elle dispose surtout de privilèges de puissance publique qui la mettent à

l’abri des pressions de la concurrence.

Page 50: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

40

Par conséquent, ces particularismes doivent conduire l’Administration publique à élaborer un

management adapté à son système de gestion, ce sera le management public. Pour

l’Administration, la conception de l’efficacité est irréductible à la simple efficience.

L’efficacité s’apprécie d’abord par rapport au degré de réalisation des objectifs fixés par les

élus et non en fonction de la seule rentabilité financière.

En pratique, le management public visera à améliorer la qualité de l’action administrative par

l’exploitation des nouveaux outils de gestion et par la gestion des coûts, à atténuer certaines

rigidités de l’organisation et aussi à assouplir le système de communication avec l’extérieur.

L’Administration doit veiller à ce que le service public soit assuré de manière efficace en

termes de satisfaction des usagers clients.

L’introduction de la notion de management dans l’Administration publique Malagasy s’est

traduite par l’apparition de nouvelles exigences. Outre la recherche de l’efficacité qui doit se

mesurer par la combinaison de la qualité de service, de l’efficacité sociale et de l’efficience

économique, l’Administration doit également veiller à la décentralisation effective des

responsabilités au niveau de l’Administration centrale et au niveau de l’Administration

territoriale.

A cet égard, l’introduction de techniques modernes de management s’avère incontournable tel

que le management participatif, la Gestion Axée sur les Résultats ou GAR, les Initiatives à

Résultats Rapides ou RRI, les techniques de qualité (Total Quality Management ou TQM), la

gestion de crise, le marketing public.

On peut résumer ces évolutions autour de la définition d’une nouvelle culture d’entreprise de

service public qui doit désormais intégrer deux contraintes contemporaines :

- la contrainte de limitation des moyens

- la contrainte de qualité des prestations

Ceci représente le passage obligé d’une logique de moyen considérée comme donnée et

inépuisable à une logique de résultat. Cette évolution suppose dans la plupart des cas un

changement de culture d’organisation dans les administrations publiques.

� La simplification des méthodes administratives

Il s’agit de renforcer la capacité d’agir de l’Administration pour remédier à la lenteur et aux

pratiques administratives inadaptées aux besoins nouveaux. Dans certain nombre de

départements, il a été procédé à une réforme des procédures. Il en est ainsi des réformes

entreprises depuis 2004 au sein du Ministère de la Justice qui avait pour objectif d’opérer une

large réforme du système judiciaire pour assurer l’équité, l’impartialité et la diligence.

Page 51: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

41

Actuellement, la mise en œuvre de cette réforme continue comme le prévoit le MAP dans son

engagement n°1 défi n° 2 « Renforcer l’Etat de droit » selon lequel, le Ministère envisage

effectuer des réformes de loi, l’établissement de procédures judiciaires simplifiées afin

d’assurer la rapidité et la transparence du procès.

De même au niveau du Ministère de la Fonction Publique, un « manuel de procédures » a été

édité afin de simplifier et d’accélérer les procédures. Ce manuel contient des modèles de tous

les actes qui sont couramment pris dans les transactions administratives.

Mais dans presque tout le secteur public, l’informatisation de l’Administration est en cours de

mise en place, des formations en NTIC ou nouvelles technologies d’information et de

communication ont déjà été effectuées auprès des agents publics. Ce qui permettra désormais

à l’Administration d’abandonner les techniques paperassières et évitera les longues recherches

de documents ternis par les années, de faciliter l’accès à l’information et surtout à améliorer le

service rendu par le service public.

Prenons comme exemple l’informatisation du mode de gestion des ressources humaines. Les

informations concernant tous les agents de la fonction publique (avancement, retraite,…) sont

réunies dans une seule base de données au niveau du Ministère de la Fonction Publique.

Ensuite une application, le Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (SIGRH),

est mise en place pour automatiser la gestion des fonctionnaires.

Il en est de même pour le budget de l’Etat. En 2006, le système budgétaire est en cours de

simplification et de coordination avec le Système Intégré de Gestion des Finances Publiques

(SIGFP).Ce qui permettra d’augmenter rapidement les revenus tirés des impôts, des taxes et

des droits de douanes.

Dans le MAP, toujours dans son engagement n°1 défi n°4 « Etablir un processus budgétaire

de l’Etat efficace et efficient », il incombera au Ministère chargé du budget d’achever la

réforme des finances publique pour intégrer tous les systèmes financiers.

Enfin, concernant toujours la simplification des méthodes administratives, des guichets

uniques ont été mis en place pour raccourcir la procédure et pour éviter aux usagers d’aller

d’un endroit à un autre dans ces relations avec le service public. Le guichet unique est le

regroupement et coordination de plusieurs entités/postes contribuant à la réalisation d’une

quelconque prestation de service. Il s’agit de fournir un service de qualité supérieure avec

rapidité et efficacité, tout en gardant le maximum de points de contrôle sur les procédures

ainsi regroupées. L’objectif principal est de permettre aux usagers/clients d’être de plus en

plus satisfaits de la qualité des services qui leur auront été rendus.

Page 52: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

42

C’est le cas du Centre d’Immatriculation de Madagascar ou CIM qui a regroupé au sein d’un

guichet unique sis à Ambohidahy le dépôt des dossiers à traiter, le paiement des droits et la

délivrance des permis de conduire et des cartes grises des véhicules.

� Le renforcement de la transparence et de la responsabilité

Il s’agit en quelque sorte de déontologie ou d’éthique du service public. C’est d’abord la

notion de transparence : étant au service des citoyens, l’Administration doit leur rendre des

comptes et leur ouvrir la possibilité de vérifier le bon emploi de leurs impôts comme le

respect des décisions prises en leur nom par les élus et les fonctionnaires. C’est aussi la notion

de responsabilité : il ne suffit pas à l’Administration de rendre des comptes, il faut aussi

pouvoir dire qui est à l’origine des bons ou mauvais résultats constatés.

L’accès à l’information peut se concrétiser par l’établissement d’indicateurs en matière de

maîtrise des coûts qui doivent être rendus publics ou du moins être accessible aux personnes

extérieures à l’Administration. C’est dans ce souci qu’a été installé l’e-gouvernance par

l’Agence Nationale de la Réalisation de l’E-gouvernance ou ANRE, financée par le PNUD.

L’accès à l’information constitue un gage du processus démocratique. Dans ce cadre, le

PNUD appuie le gouvernement dans la mise en place du cyber gouvernement. Ceci implique

l’automatisation ou l’informatisation par le gouvernement des procédures existantes basées

sur le papier. Le cyber gouvernement cherche à améliorer l’accès aux services du

gouvernement et l’amélioration de leur livraison afin que les citoyens en bénéficient. Le cyber

gouvernement vise également à renforcer le dynamisme du gouvernement à devenir un

gouvernement plus efficace, et plus transparent, pour mieux gérer les ressources sociales et

économiques pour le développement.

Le cyber gouvernement devrait engendrer la livraison rapide et effective des biens et des

services :

- aux citoyens et entreprises par la simplification des procédures administratives ;

- aux employés du gouvernement et les différents services gouvernementaux par une

facilitation de la coordination et de la collaboration entre ces différentes entités

Un des appuis spécifiques du PNUD dans ce domaine est le logiciel Séquoia. Séquoia est un

système informatique de suivi de l’aide extérieur à Madagascar, développé en partenariat avec

le gouvernement. Il existe trois étapes indispensables : l’alimentation des informations, la

consultation des données concernant les contributions de l’aide extérieur à Madagascar ainsi

que l’état d’avancement de divers projets. Séquoia est d’abord développé afin d’automatiser la

production de tableaux de coordination de l’aide extérieur à Madagascar mais il est aussi

Page 53: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

43

adaptable ultérieurement aux divers services de suivi et évaluation de tout organisme,

gouvernemental ou non.

3) Amélioration de la gestion des Finances Publiques :

Les budgets sont utiles à de nombreuses fins socio-économiques, car ils affectent les

ressources de manière à promouvoir ou réguler la croissance et l’investissement. En dépit de

cette importance, il est utile d’apporter des réformes au niveau des systèmes de gestion des

dépenses publiques pour les pays dont les budgets sont inefficaces.

a) Assurer une meilleure planification des ressources :

Une bonne planification des ressources et des dépenses exige de resituer les décisions

politiques et budgétaires dans une perspective à long terme car ces décisions engagent

généralement le gouvernement à des dépenses qui dépassent l’exercice. Une bonne

planification des ressources devrait s’appuyer sur un système institutionnel qui :

- replace les choix politiques dans un cadre réaliste de ressources disponibles à moyen terme ;

- met les programmes en concurrence pour leur financement et garantit que les décisions

politiques et budgétaires sont fondées sur une divulgation intégrale de leurs effets et coûts

attendus à moyen terme (ceci s’applique aussi bien aux accroissements qu’aux réductions de

financement) ;

- traduit les priorités stratégiques à long terme en programmes durables.

b) Améliorer la transparence, renforcer la comptabilité et l’audit :

Le renforcement de la comptabilité, de l’audit et des procédures d’attribution des marchés

publics, la transparence dans la gestion des Finances Publiques permettent d’attribuer les

ressources limitées aux objectifs prioritaires de la politique. Ce processus exige l’amélioration

des systèmes comptables, l’adoption des règles et des procédures de communication des

informations et le développement de compétences des ministères centraux.

A moyen terme, les audits des Finances Publiques devraient dévoiler de plus en plus

d’informations à l’égard des postes de recettes et de dépenses non repris aux budgets

réguliers. Ils devraient aussi couvrir les rapports financiers communiqués au pouvoir législatif

ou au public à propos des opérations gouvernementales qui soustraient une partie des

Page 54: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

44

ressources limitées à la lutte contre la pauvreté, telles que les prélèvements quasi-fiscaux des

parastataux ou les dépenses des cadres dirigeants.

c) Amélioration des performances :

Les systèmes de gestion des finances publiques mettent traditionnellement l’accent sur le

contrôle des ressources plutôt que sur la réalisation d’objectifs et de résultats. Les ressources

sont souvent attribuées aux organismes gouvernementaux sur une base historique, sans

prendre en considération leurs buts ou leurs performances. Simultanément, la forte

centralisation des prises de décisions et des systèmes de contrôle empêchent les fonctionnaires

de prendre des initiatives capables d’accroître l’efficience et l’efficacité des programmes

gouvernements. Dans ces circonstances, les organisations publiques se rigidifient et

s’alourdissent. Des ressources sont détournées de la distribution de services essentiels vers des

frais administratifs et le service public s’accommode d’un niveau d’équilibre minimum où

l’absence de stimulations et d’expectatives se traduit en performances médiocres.

Ces problèmes peuvent être résolus en donnant aux organismes opérationnels, aux

départements et aux unités de distribution de services une plus grande autonomie de gestion

de leurs ressources sur le plan local. Alors que la mise en place d’une culture des

performances et des systèmes de gestion capables de l’étayer peut exiger de profondes

réformes institutionnelles, un certain nombre de mesures peuvent être développées dans le

cadre du système budgétaire pour améliorer le lien entre les ressources et les performances,

sans pour autant renoncer aux contrôles et au respect des règles. Les performances peuvent

aussi être améliorées en donnant aux cadres de tous les niveaux une plus grande souplesse

dans l’utilisation des ressources. Les systèmes budgétaires traditionnels donnent plus

d’importance à la conformité qu’à la productivité et à l’efficacité : les postes de dépenses

individuels sont contrôlés minutieusement et la redistribution de dotations entre différentes

catégories de dépenses est fortement découragée.

Toutes les stratégies avancées ci-dessus représentent des éléments importants pour réaliser un

ajustement efficace et équitable dans les Finances Publiques d’un pays. Comme la

productivité des dépenses publiques a des conséquences importantes pour l’ajustement

budgétaire, il était utile d’analyser quelques concepts tels que « dépenses publiques »,

« efficience des dépenses », et « dépenses improductives ».

Ainsi, différentes options s’ouvrent aux pays qui envisagent de procéder à une élimination ou

à une réduction des dépenses publiques inefficientes.

Page 55: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

3

PARTIE 2 : LES OBSTACLES A SURMONTER ET DES CAS

PRATIQUES SUR LA MESURE ET L’ANALYSE DE L’EFFICIENCE DE

CERTAINES DEPENSES PUBLIQUES

Page 56: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

45

Dans cette deuxième partie, dans un premier temps, nous allons exposer les facteurs qui

entravent la mise en œuvre des réformes visant à réduire les dépenses inefficientes. Dans un

deuxième temps, à titre d’illustrations, pour mieux appréhender les différents outils de

mesures de l’efficience d’une dépense, nous allons voir l’application de la méthode DEA à

travers la comparaison de quelques pays subsahariens sur la base de l’efficience des dépenses

militaires et à la fin, nous allons analyser l’efficience du secteur éducatif camerounais et des

investissements publics à Madagascar.

Chapitre 1Chapitre 1Chapitre 1Chapitre 1 : présentation des problèmes à : présentation des problèmes à : présentation des problèmes à : présentation des problèmes à

surmonter et comparaisonsurmonter et comparaisonsurmonter et comparaisonsurmonter et comparaison de de de de l’efficience des l’efficience des l’efficience des l’efficience des

dépenses milidépenses milidépenses milidépenses militaires taires taires taires de quelques pays subsahariens de quelques pays subsahariens de quelques pays subsahariens de quelques pays subsahariens

Section 1Section 1Section 1Section 1 : Les : Les : Les : Les difficultés difficultés difficultés difficultés rencontrées dans la réduction des rencontrées dans la réduction des rencontrées dans la réduction des rencontrées dans la réduction des

dépenses improductivedépenses improductivedépenses improductivedépenses improductivessss

1) Les difficultés culturelles

La réduction de certaines dépenses publiques s’avère être difficile si elles profitent à de

groupes influents et puissants. En effet, ces groupes exerceront de fortes pressions pour que

ces dépenses ne soient pas supprimées.

En général, une dépense publique traduit une sorte de cohésion, de solidarité, de générosité

envers la société, alors inversement une réduction des dépenses publiques sera perçue comme

une sorte de nuisance envers celle-ci. De ce fait, les tentatives de réduction des dépenses

seront considérées comme impopulaires parce qu’elles visent à priver les droits de certaines

catégories de personnes, par exemple lors de l’amélioration du ciblage des subventions et des

transferts.

Page 57: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

46

2) Les difficultés politiques

Une dépense publique peut constituer un investissement électoral, elle permet soit disant

d’acheter des votes en offrant à une catégorie particulière (agriculteurs, étudiants,

fonctionnaires) des avantages immédiatement sensibles, alors que le coût de ces avantages est

supporté par tous les contribuables.

Donc, inversement, toute réduction d’une dépense peut engendrer une réaction des

corporatismes qui peut coûter des voix aux gouvernements en place, alors que ceux qui en

bénéficient (tout le monde) ressentent moins intensément leur gain.

En conséquence, l’intérêt politique tentera toujours de maintenir le niveau des dépenses, mais

en cas de nécessité, les pouvoirs publics préféreront de réduire les dépenses qui ne profitent

pas à des intérêts puissants.

3) Les difficultés institutionnelles

A chaque niveau de la décision de dépenses, les institutions sont organisées de manière à

rendre une tentative de réduction de dépenses difficile à réaliser.

Au niveau des parlementaires qui votent le budget de l’Etat, il y a une contradiction entre leur

mandat de représentants du peuple, qui est de garantir l’intérêt général et les fonctions

d’exécutif d’une collectivité qu’ils exercent le plus souvent. Etant élus locaux, les députés ou

les sénateurs essayent de maintenir et accroître les dépenses particulières de l’Etat qui lui sont

accordées.

Au niveau des administrations dépensières de l’Etat, restreindre les dépenses semble être

complexe. En effet, le fonctionnaire gestionnaire tente à faire dépenser les crédits qui lui sont

accordés pour ne pas être mal jugé d’incapable dans ses missions et pour avoir l’assurance

que les crédits non consommés ne seront pas renouvelés pour l’usage de l’année suivante.

Cela entraîne de nombreux gaspillages car des dépenses inutiles sont régulièrement engagées

chaque année. Cette situation empêche de prendre des initiatives destinées à accroître

l’efficience des dépenses.

Au niveau de la direction du budget, si elle décide de s’attaquer aux dépenses pour réduire le

déficit des finances publiques sans augmenter les impôts, c’est accepter d’attendre une longue

Page 58: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

47

période pour parvenir à l’objectif, au contraire cette longue période fera augmenter le poids

des intérêts de la dette publique au fur et à mesure que le temps passe.

4) Les difficultés techniques

Parfois le contrôle de gestion des administrations publiques est moins efficace. Au lieu de se

concentrer sur les dépenses les moins productives, le contrôle des dépenses a tendance à

s’exercer à l’aveugle et à être dispersé entre les services et les missions.

En plus, les dépenses qui augmentent le plus vite sont celles des institutions sur lesquelles le

contrôle est le plus difficile. De même, la ventilation des dépenses des collectivités locales est

mal connue : personne ne semble savoir quelle part de l’augmentation de ces dépenses est due

aux transferts de compétence de l’Etat.

5) Les limites des propositions d’évaluation de la productivité des dépenses publiques :

Les impacts des dépenses publiques sur la croissance économique peuvent constituer une

méthode pour évaluer la productivité des dépenses publiques, mais cette méthode

d’évaluation présente des limites car certains programmes publics ne visent pas

nécessairement à promouvoir la croissance et que les dépenses publiques ne sont pas le seul

facteur agissant sur la croissance économique. En plus, des études faites concernant les effets

des dépenses publiques sur la croissance économique présentent des conclusions divergentes:

selon certaines, l’augmentation des dépenses publiques s’accompagne d’un ralentissement de

la croissance (Landau (1986) et Scully (1989)) ; selon d’autres, il existe une relation positive

entre dépenses publiques et croissance (Ram (1986)) ; enfin selon d’autres études encore, il

n’existe pas de relation significative entre les dépenses publiques et la croissance (Kormendi

et Meguire (1985) ainsi que Diamond (1989)).

L’évaluation de la productivité des dépenses publiques par la comparaison des données

connaît aussi des limites puisque les autorités ne rassemblent pas en temps voulu les données

complètes relatives aux composantes et sous-composantes économiques et fonctionnelles des

dépenses pour toutes les entités du secteur public, y compris les collectivités locales et les

institutions extrabudgétaires. L’absence de ces données entrave les efforts déployés pour

suivre et améliorer l’efficience de certains programmes.

Concernant l’analyse coûts-avantages, cet instrument présente aussi de problèmes car il ne

peut pas fournir des réponses précises sur la mesure et l’évaluation des avantages.

Page 59: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

Ces difficultés évoquées ci-dessus peuvent nuire et parfois rendre impossible la mise en place

de certaines réformes, ainsi, pour aboutir à des résultats effectifs, quelques principes

directeurs doivent être respectés comme savoir résister à la pression des

prendre appui sur l’opinion public, pour cela, il faut informer les citoyens sur les raisons et les

objectifs de la réforme des dépenses publiques.

Section 2Section 2Section 2Section 2 :::: La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de

quelques pays subsahariens par la méthode DEA quelques pays subsahariens par la méthode DEA quelques pays subsahariens par la méthode DEA quelques pays subsahariens par la méthode DEA

1) Méthodes de construction des scores d’efficience des dépenses militaires

a) La méthode DEA et ses caractéristiques

La méthode d'enveloppement des données

partir des travaux de Farrel (1957)

Data Envelopment Analysis (DEA

décisions, appelées DMU.

La mesure de l'efficience est donc relative

de 100 %, l'inefficience des autres étant mesurée par la distance entre elles et les meilleures.

Le DEA permet de distinguer différents niveaux d'efficience

l'efficience technique, permettant de vérifier si les

production. Le but y est de minimiser la quantité de facteurs de production qu'une

utiliser, afin de se retrouver sur la frontière

De manière sommaire, considérons

variables xr, n ( ), pour produire

de référence à son tour, on résout

10 Ces recherches étant dérivées de travaux d’économistes, les termes d’efficacité et d’efficience sont utilisés indifféremment.

dessus peuvent nuire et parfois rendre impossible la mise en place

de certaines réformes, ainsi, pour aboutir à des résultats effectifs, quelques principes

directeurs doivent être respectés comme savoir résister à la pression des intérêts particuliers,

prendre appui sur l’opinion public, pour cela, il faut informer les citoyens sur les raisons et les

objectifs de la réforme des dépenses publiques.

La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de

quelques pays subsahariens par la méthode DEA quelques pays subsahariens par la méthode DEA quelques pays subsahariens par la méthode DEA quelques pays subsahariens par la méthode DEA

Méthodes de construction des scores d’efficience des dépenses militaires

La méthode DEA et ses caractéristiques

La méthode d'enveloppement des données (Data Envelopment Analysis) a été mise au point à

partir des travaux de Farrel (1957)10, et développée par Charnes et al. (1981). La méthode du

DEA) permet de comparer l'efficience entre différentes unités de

l'efficience est donc relative. Les DMU les plus efficientes obtiennent un score

de 100 %, l'inefficience des autres étant mesurée par la distance entre elles et les meilleures.

permet de distinguer différents niveaux d'efficience. On utilise la mesure de

l'efficience technique, permettant de vérifier si les DMU travaillent sur leur frontière de

production. Le but y est de minimiser la quantité de facteurs de production qu'une

utiliser, afin de se retrouver sur la frontière de production.

De manière sommaire, considérons N unités de décision ( ), chacune utilisant

, pour produire M outputs ym, n ( ). Chaque DMU

de référence à son tour, on résout n fois le programme linéaire suivant :

(1)

Ces recherches étant dérivées de travaux d’économistes, les termes d’efficacité et d’efficience sont

48

dessus peuvent nuire et parfois rendre impossible la mise en place

de certaines réformes, ainsi, pour aboutir à des résultats effectifs, quelques principes

intérêts particuliers,

prendre appui sur l’opinion public, pour cela, il faut informer les citoyens sur les raisons et les

La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de La comparaison de l’efficience des dépenses militaires de

Méthodes de construction des scores d’efficience des dépenses militaires

) a été mise au point à

, et développée par Charnes et al. (1981). La méthode du

) permet de comparer l'efficience entre différentes unités de

les plus efficientes obtiennent un score

de 100 %, l'inefficience des autres étant mesurée par la distance entre elles et les meilleures.

. On utilise la mesure de

travaillent sur leur frontière de

production. Le but y est de minimiser la quantité de facteurs de production qu'une DMU va

, chacune utilisant R inputs

DMU étant l'unité 0,

Ces recherches étant dérivées de travaux d’économistes, les termes d’efficacité et d’efficience sont

Page 60: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

Tel que :

n ym,n ≥ ym,0

n xr,n ≤ Θx r,0

n=1

n ≥ 0 n = 1... N

La frontière de production théorique est déterminée selon les contraintes (2) et (3). Dans la

contrainte (3), Θ est la mesure de l'efficience technique et représente le coefficient à minimiser

(équation 1) par lequel les facteurs de production seront ramen

production. La contrainte (4) est la contrainte de convexité, qui détermine une technologie à

rendements d'échelle variables.

Une représentation graphique simple du problème (cas à un output et à un input) permet

d'illustrer le modèle (cf. graphique 1). Ainsi, la

production théorique, déterminée par les unités efficientes, peut être ramenée vers cette

frontière, en multipliant tous ses facteurs de production par un facteur

égal à 1, si la DMU est efficiente (elle se trouve donc déjà sur la frontière). Plus

de 100 %, plus l'efficience sera élevée (la distance par rappo

Graphique 1 : Efficience technique dans un cas s

Source : Desrochers et Vierstraete (2005)

m,0 m =1.... M (2)

r,0 r = 1.....R (3)

=1 (4)

0 n = 1... N (5)

La frontière de production théorique est déterminée selon les contraintes (2) et (3). Dans la

est la mesure de l'efficience technique et représente le coefficient à minimiser

(équation 1) par lequel les facteurs de production seront ramenés vers la frontière de

production. La contrainte (4) est la contrainte de convexité, qui détermine une technologie à

rendements d'échelle variables.

Une représentation graphique simple du problème (cas à un output et à un input) permet

èle (cf. graphique 1). Ainsi, la DMU0, qui ne se trouve pas sur la frontière de

production théorique, déterminée par les unités efficientes, peut être ramenée vers cette

frontière, en multipliant tous ses facteurs de production par un facteur Θ. On notera

est efficiente (elle se trouve donc déjà sur la frontière). Plus

de 100 %, plus l'efficience sera élevée (la distance par rapport à la frontière étant faible).

: Efficience technique dans un cas simple

: Desrochers et Vierstraete (2005)

49

La frontière de production théorique est déterminée selon les contraintes (2) et (3). Dans la

est la mesure de l'efficience technique et représente le coefficient à minimiser

és vers la frontière de

production. La contrainte (4) est la contrainte de convexité, qui détermine une technologie à

Une représentation graphique simple du problème (cas à un output et à un input) permet

, qui ne se trouve pas sur la frontière de

production théorique, déterminée par les unités efficientes, peut être ramenée vers cette

. On notera que Θ sera

est efficiente (elle se trouve donc déjà sur la frontière). Plus Θ sera proche

rt à la frontière étant faible).

Page 61: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

Le graphique suivant permet de saisir les fondements de ce type d'évaluation avec la méthode

d'enveloppement des données, c'est

Graphique 2 : L'évaluation de la performance par les méthodes d'enveloppement des données

Source : De la Villarmois (2001)

Selon De la Villarmois (2001), il est possible, au regard du graphique 2, d'adopter

de vue différents pour aboutir à l’

• Pour l'inefficacité 1 : il serait possible de produire autant en réduisant les moyens ;

• Pour l'inefficacité 2 : il serait possible de produire plus avec les mêmes moyens.

Il est intéressant de remarquer que dans le cadre d'un processus de

évaluée peut être comparée à A1 et A2 ou A2 et A3 selon l'optique retenue.

b) Présentation du modèle

Selon Romdhane (2006), il existe deux approches dans la const

d'efficience; l'approche orientée vers l'input, définie comme

d'une quantité minimale d'input afin de produire une quantité donnée d'output et l'approche

orientée vers l'output, définie comme la possibilité de produire à partir d'un input donné le

maximum d'output. Selon la premiè

la quantité d'input sans varier la quantité d'output pour avoir une production efficiente. La

seconde approche, permet de calculer de combien on doit augmenter l'output sans modifier la

quantité d'input. Ces deux approches conduisent à l'estimation des mesures d'efficiences

Le graphique suivant permet de saisir les fondements de ce type d'évaluation avec la méthode

d'enveloppement des données, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a qu'un input et un output

de la performance par les méthodes d'enveloppement des données

: De la Villarmois (2001)

Selon De la Villarmois (2001), il est possible, au regard du graphique 2, d'adopter

de vue différents pour aboutir à l’efficacité :

: il serait possible de produire autant en réduisant les moyens ;

: il serait possible de produire plus avec les mêmes moyens.

Il est intéressant de remarquer que dans le cadre d'un processus de benchmarking

évaluée peut être comparée à A1 et A2 ou A2 et A3 selon l'optique retenue.

Présentation du modèle

Selon Romdhane (2006), il existe deux approches dans la construction des scores

; l'approche orientée vers l'input, définie comme la possibilité de produire à partir

d'une quantité minimale d'input afin de produire une quantité donnée d'output et l'approche

orientée vers l'output, définie comme la possibilité de produire à partir d'un input donné le

maximum d'output. Selon la première approche, on peut calculer de combien on doit réduire

la quantité d'input sans varier la quantité d'output pour avoir une production efficiente. La

seconde approche, permet de calculer de combien on doit augmenter l'output sans modifier la

put. Ces deux approches conduisent à l'estimation des mesures d'efficiences

50

Le graphique suivant permet de saisir les fondements de ce type d'évaluation avec la méthode

output :

de la performance par les méthodes d'enveloppement des données

Selon De la Villarmois (2001), il est possible, au regard du graphique 2, d'adopter deux points

: il serait possible de produire autant en réduisant les moyens ;

: il serait possible de produire plus avec les mêmes moyens.

benchmarking, l'unité

évaluée peut être comparée à A1 et A2 ou A2 et A3 selon l'optique retenue.

ruction des scores

la possibilité de produire à partir

d'une quantité minimale d'input afin de produire une quantité donnée d'output et l'approche

orientée vers l'output, définie comme la possibilité de produire à partir d'un input donné le

re approche, on peut calculer de combien on doit réduire

la quantité d'input sans varier la quantité d'output pour avoir une production efficiente. La

seconde approche, permet de calculer de combien on doit augmenter l'output sans modifier la

put. Ces deux approches conduisent à l'estimation des mesures d'efficiences

Page 62: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

51

techniques de plusieurs inputs ou outputs. Elles donnent le même résultat sous l'hypothèse des

rendements d'échelle constants car elles identifient le même ensemble de producteurs

efficients/inefficients ou d'unités de prises de décisions (DMU).

Ces mesures ou indicateurs d'efficience peuvent être calculées à partir de la méthode DEA. Il

s'agit d'un programme linéaire non paramétrique qui suppose que les indicateurs d'efficience

se trouvent sur une courbe convexe ; appelée frontière d'efficience. Cette frontière doit être

estimée afin de dégager ensuite les points efficients.

Le calcul des scores d'efficience repose sur l'approche orientée vers l'input. Celle-ci permet

d'évaluer de combien la quantité d'input doit être réduite sans faire varier la quantité d'output.

En d'autres termes « de combien faut-il diminuer les dépenses publiques [dans les secteurs de

l'éducation et de la santé] tout en gardant le même niveau de rentabilité de ces dépenses ? ».

Par exemple si le score d'efficience dans un pays donné est de 10%, alors 90% des dépenses

publiques ne contribuent pas efficacement à la production des services publics.

Cette méthode orientée vers les inputs est plus pertinente car elle permet de dégager des

résultats plus utiles aux décideurs politiques. Comme Romdhane (2006), nous retenons dans

le cadre de notre travail une approche monétaire, c'est-à-dire que les inputs considérés sont

des variables financières et non pas des variables quantitatives. Cette méthode permet

notamment de vérifier si les pays qui dépensent le plus dans les services militaires sont les

plus performants.

On suppose l'existence de k inputs et de m outputs pour n DMU. Pour un DMU i, yi est le

vecteur en colonne des outputs et xi est le vecteur en colonne des inputs. X (k×n) est la

matrice des inputs et Y (m×n) est la matrice des outputs.

L'objectif de la méthode DEA est de construire une frontière non paramétrique de telle sorte

que toutes les observations se trouvent en dessous ou sur cette courbe. D'où la nécessité

d'introduire les ratios outputs/inputs dans la spécification. C'est-à-dire que pour chaque DMU,

on obtient une mesure de tous les inputs par rapports aux outputs tel que u'yi /v'xi où u est un

(m×1) vecteur des pondérations des outputs et v est un (k×1) vecteur des pondérations des

inputs.

Page 63: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

52

Afin de sélectionner les pondérations optimales, on spécifie le problème de programmation

mathématique suivant :

Max u, y �� ��

� ���

S/C ( �

� � ) ≤ 1, j= 1……..N (6)

et u,v ≥ 0

u et v sont des scalaires associés à chaque DMU tel que l'efficience est maximisée et elle ne

peut pas dépasser une valeur unitaire. Néanmoins, la résolution de ce programme peut générer

une multiplicité de solutions. Donc, une contrainte supplémentaire est nécessaire pour éviter

ce problème.

Le programme peut alors être réécrit de la manière suivante :

Max u,y (uyi)

s/c v xi=1

uyj - vxj ≤ 0, j=1………N (7)

Et u,v ≥ 0

La dualité de la programmation linéaire nous permet de dériver une forme d'«enveloppement»

de ce problème dans le contexte de rendements d'échelle variables :

MinΘ,λΘ

s/c -yi + Yλ ≥ 0 (8)

Θxi - Xλ ≥ 0

∑ ��� =1 et λ ≥ 0

Page 64: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

53

Cette forme de programmation, qui implique moins de contraintes que la forme précédente

est généralement la préférée dans la résolution de ce type de problème.

La valeur obtenue de Θ est le score d'efficience pour un (DMU) i. Si Θ=1, alors on se trouve

sur la frontière d'efficience et la DMU est techniquement efficiente. (1-Θ) est la quantité

d'input qu'il faut réduire sans modification d'output pour avoir une production efficiente. Ce

problème de programmation linéaire doit être résolu n fois (car on a n DMU) afin d'obtenir

une valeur de Θ pour chaque DMU.

2) Estimation des scores d’efficience, présentation et analyse des résultats

a. Estimation et présentation des résultats

� Présentation de l’échantillon, des variables et des sources de données

Cette recherche porte sur les dépenses militaires et l'efficience économique en Afrique Sub-

saharienne, de ce fait il aurait été souhaitable que cette étude couvre tous les 47 pays qui

constituent cette région. Faute de disponibilités de données, notamment les données sur les

dépenses militaires, cette étude a été effectué sur un échantillon de trente pays au lieu de 47.

Ces pays sont : le Bénin, le Botswana, le Burkina-Faso, le Burundi, le Cameroun, le Cap-Vert,

la République Centrafricaine, le Congo, la Côte d'ivoire, l'Ethiopie, le Ghana, l'Ile Maurice, le

Kenya, le Lesotho, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, Madagascar, le Mozambique, la

Namibie, le Niger, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, le Swaziland, l'Ouganda, la Tanzanie, le

Tchad, le Togo et la Zambie.

On peut mesurer les écarts entre les dépenses militaires des pays à partir des dépenses

militaires totales, des proportions du PIB consacrées à la défense, des dépenses par tête ou

même en fonction des quantités d'équipements.

Mesurer l'efficacité des dépenses militaires nécessite qu'on soit capable de déterminer ce que

« produit » la dépense militaire. Selon Hébert (2004), on ne peut sur ce point se réfugier dans

la thèse d'économistes critiques qui se bornent à énoncer que les armements « ne sont ni un

bien de consommation ni un bien de production » et à en déduire qu'on peut donc les tenir en

lisière du processus productif. Au contraire, il considère que les dépenses militaires ont une

production de trois grands ordres : la sécurité, la puissance (ou la place dans le monde), et

l'imaginaire social.

Page 65: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

54

En tant que technique non paramétrique, la méthode DEA n'exige pas une spécification

explicite de la relation liant l'input à l'output. Dans ce contexte, notre analyse empirique

consiste à construire un indicateur d'efficience à partir d'un input et de trois outputs :

� L'input : les dépenses militaires moyennes (%PIB) sur la période 1988-2004. Ces

données sont tirées de la base de données du SIPRI (2007) et de la Banque Mondiale

(2006)

� Les outputs : le taux de croissance annuel moyen du PIB/tête, la valeur moyenne de

l'investissement rapporté au PIB et le taux moyen de l'inflation en termes de déflateur

du PIB, comme indicateur de déséquilibre macroéconomique. Les données utilisées

proviennent du World Bank Development Indicators (WDI) 2005, CD-ROM, du

Africa Development Indicators (ADI) 2006, CD-ROM et du Bureau International du

Travail (BIT) 2007.

Toutes les variables utilisées sont prises en moyenne à partir des séries annuelles sur la

période 1988-2004. Ainsi pour chaque pays, nous allons calculer un score d'efficience qui

mesure la distance qui sépare ce pays de la frontière efficiente.

� Estimation des scores d’efficience

Les scores d'efficience sont estimés par le logiciel Data Envelopment Analysis Program

(DEAP). Ils sont compris entre zéro et un. Plus ils s'approchent de l'unité, plus le pays est

considéré comme performant.

Tableau 2 : Scores d'efficience des dépenses militaires dans les pays africains

Pays

(A)

Score d'efficience

(1988-2004)

(B)

Score d'efficience

(1988-1995)

(C)

Score d'efficience

(1996-2004)

Ethiopie 0,039 0,045 0,028

Burundi 0,051 0,058 0,055

Togo 0,062 0,068 0,098

Page 66: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

55

Mauritanie 0,065 0,063 0,065

Rwanda 0,075 0,091 0,052

Botswana 0,085 0,09 0,081

Bénin 0,092 0,104 0,077

République Centrafricaine 0,093 0,114 0,07

Sénégal 0,096 0,085 0,112

Mali 0,102 0,111 0,093

Niger 0,102 0,114 0,098

Namibie 0,107 0,098 0,11

Tchad 0,117 0,069 0,164

Cameroun 0,117 0,127 0,106

Burkina Faso 0,118 0,099 0,139

Cote d'Ivoire 0,128 0,136 0,114

Congo 0,145 0,156 0,171

Lesotho 0,146 0,16 0,132

Kenya 0,181 0,15 0,205

Swaziland 0,185 0,185 0,181

Cap-Vert 0,266 0,286 0,21

Tanzanie 0,284 0,292 0,245

Mozambique 0,317 0,238 0,341

Madagascar 0,324 0,377 0,23

Ouganda 0,356 0,5 0,08

Malawi 0,642 0,444 0,972

Zambie 0,706 0,647 0,452

Nigeria 0,742 1 0,44

Ghana 1 0,965 1

Page 67: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

56

Maurice (Ile) 1 1 1

Moyenne 0,258 0,262 0,237

Source des données brutes :

§ Dépenses militaires (%PIB) : SIPRI (2007)

§ PIB : ADI (2006), CD-ROM

§ Investissement/PIB : WDI (2005), CD-ROM

§ PIB deflator : WDI (2005), CD-ROM

b. Analyse des résultats

Le tableau (2) présente les résultats des estimations des scores d'efficience pour les dépenses

militaires pour les pays de l'échantillon, d'abord sur la période 1988-2004 classé du pays le

moins efficient au plus efficient (colonne A), ensuite sur la période 1988-1995 (colonne B) et

enfin de 1996 à 2004 (colonne C).

La division des résultats selon ces différentes périodes s'explique par le fait que la plupart des

pays africains ont traversé une période de crise qui a débuté à la deuxième moitié des années

1980, et ont connu dès la fin des années 1990 une période de reprise économique. Ceci dans le

but de capter les effets par rapport aux différentes périodes.

Les résultats montrent que les scores d'efficience du secteur militaire sont faibles en moyenne

dans la production des services militaires sur l'ensemble de la période 1988-2004. On note

aussi que l'efficience moyenne des pays étudiés n'a pas beaucoup évoluée entre les périodes

de crise et de reprise économique, elle est passée de 26,2% entre 1988 et 1995 à 23,7% entre

1996 et 2004.

Toutefois, on observe des fortes disparités entre les scores des différents pays. Afin de mieux

observer ces écarts, il est possible de regrouper les pays par classe en fonction du degré

Page 68: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

57

d'efficience, que nous fixerons à des seuils respectifs de 25%, 50%, 75% et 100%. On obtient

le tableau suivant :

Tableau 3: Classification des pays selon le niveau d'efficience

Classe Période 1988-2004 Période 1988-1995 Période 1996-2004

Pays à

efficience

médiocre

(0 ; 0,25)

Bénin, Botswana,

Burkina-Faso Burundi,

Cameroun, RCA, Tchad,

Congo, Côte d'ivoire,

Ethiopie, Kenya,

Lesotho, Mali,

Mauritanie, Namibie,

Niger, Rwanda, Sénégal,

Swaziland, Togo

Bénin, Botswana,

Burkina-Faso Burundi,

Cameroun, RCA, Tchad,

Congo, Côte d'ivoire,

Ethiopie, Kenya, Lesotho,

Mali, Mauritanie,

Mozambique, Namibie,

Niger, Rwanda, Sénégal,

Swaziland, Togo

Bénin, Botswana, Burkina-

Faso Burundi, Cameroun,

RCA, Cap-Vert, Tchad,

Congo, Côte d'ivoire,

Ethiopie, Kenya, Lesotho,

Madagascar, Mali,

Mauritanie, Namibie,

Niger, Rwanda, Sénégal,

Swaziland, Tanzanie, Togo,

Ouganda

Pays à

efficience faible

(0,25 ; 0,50)

Cap-Vert, Madagascar,

Mozambique, Tanzanie,

Ouganda

Cap-Vert, Madagascar,

Malawi, Tanzanie

Mozambique, Nigeria,

Zambie

Pays à

efficience

moyenne

(0,50 ; 0,75)

Nigeria, Malawi,

Zambie

Ouganda, Zambie

_

Pays à

efficience

élevée

(0,75 ; 1)

Ghana, Maurice (Iles) Ghana, Maurice (Iles),

Nigeria

Ghana, Malawi, Maurice

(Iles)

La première remarque à l'analyse du tableau 3 est que la plupart des pays africains sont très

faiblement efficients, car se trouvant au dessous même de l'efficience moyenne qui, elle-

même, est très faible. Ceci se vérifie d'ailleurs pour chacune des périodes considérées.

Page 69: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

58

On remarque, par ailleurs, que les pays les plus efficients, le Ghana et l'Ile Maurice, sont ceux

qui dépensent le moins dans le secteur militaire (en moyenne 0.661% du PIB sont consacrés à

la défense) ; ces pays allouent leurs ressources de manière très efficace, de ce fait leur score

est égal à l'unité et ils se trouvent sur la frontière d'efficience. L'Ethiopie, la Mauritanie et le

Mali figurent parmi les pays qui ont les scores d'efficience les plus faibles. Ceci peut être

expliqué pour l'Ethiopie par les dépenses militaires élevées, 5,05% du PIB, par rapport à sa

capacité d'absorption. Par contre, le Burkina-Faso, le Kenya et le Sénégal ont des scores plus

faibles que la moyenne alors que leurs dépenses militaires sont relativement faibles.

Il est par ailleurs intéressant de s'attarder sur les évolutions particulières de certains pays au

cours de la période 1988-1994 d'un côté, et 1996-2004 de l'autre côté. En effet, si on observe

une certaine stabilité dans l'évolution de l'efficience sur les deux périodes pour certains pays,

à l'instar du Ghana, du Botswana, du Burundi, ou encore du Swaziland ; certains cas méritent

d'être soulignés. Par exemple, le Nigeria a un score d'efficience de ses dépenses militaires de

74,2% sur la période 1988-2004. Mais lorsque l'on observe les périodes, on se rend compte

que le pays a été parfaitement efficient de 1988 à 1995, avec un score 100%, et est retombé à

un score faible de 44%. De la même manière, l'efficience de l'Ouganda s'est détériorée au

cours des deux périodes, passant de 50% à 8%. Par contre le Malawi a sensiblement amélioré

l'efficience de ses dépenses militaires, passant de 44,4% entre 1988 à et 1995 à 97,2% entre

1996 et 2004.

La mesure de l'efficience du secteur public n'est pas du tout facile, principalement lorsqu'il

s'agit d'effectuer des comparaisons internationales. Toutefois, il ressort des résultats que nous

avons obtenu grâce à la méthode d'Enveloppement des Données (DEA) que les pays qui

dépensent le moins dans la défense ne sont pas forcément les plus efficients. Ces résultats

confirment ceux de Gupta et al. (1997) et Romdhane (2006) qui ont trouvé que les pays

africains sont très peu efficients en termes de dépenses publiques. On en déduit alors qu'il

existe certainement d'autres facteurs, notamment ceux liés à la gouvernance, qui affectent

l'efficience des dépenses publiques. Il s'agit dès lors de déterminer quels sont ces facteurs et

comment sont-ils susceptibles de maintenir la qualité des dépenses militaires, pour les pays

les plus efficients, ou alors d'accroître la qualité de ces dépenses dans les pays les moins

efficients.

Page 70: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

59

Chapitre 2Chapitre 2Chapitre 2Chapitre 2 : Analyse de l’efficience de : Analyse de l’efficience de : Analyse de l’efficience de : Analyse de l’efficience de certainescertainescertainescertaines

dépenses publiquesdépenses publiquesdépenses publiquesdépenses publiques

Section 1Section 1Section 1Section 1 : les dépenses allouées au secteur éducatif camerounais: les dépenses allouées au secteur éducatif camerounais: les dépenses allouées au secteur éducatif camerounais: les dépenses allouées au secteur éducatif camerounais

Dans cette section, nous ferrons ressortir les différents acteurs qui interviennent dans le

financement du secteur éducatif, ensuite nous analyserons l'évolution des dépenses

d'éducation et enfin nous apprécierons l'efficience de ces dépenses d'éducation.

1) Financement du secteur éducatif

Dans le système éducatif camerounais, selon le document de stratégie de l'éducation, la

contribution de l'État au financement de l'éducation est relativement faible (15 % des

dépenses publique 11en 2005). Celle des parents est en revanche très importante. Lors d’une

enquête auprès des ménages, on a pu constater que les dépenses privées des familles

correspondent à 44 % des dépenses totales engagées pour la scolarisation primaire.

Ainsi en 2001, le montant des dépenses courantes d'éducation s'élevait à 415 milliards de

FCFA, dont 182 milliards provenait de l'État, soit 43,85% et 233 milliards provenait des

ménages, soit 56,15%. D’après ce qui a été vu, on en déduit que :

� Au Cameroun, la part du budget consacrée à l'éducation (15%) est encore faible par

rapport aux pays ayant le même niveau de développement, pour ces autres pays la part

du budget consacrée à l'éducation se situe en moyenne à 20%;

� Ce sont les ménages qui supportent l'essentiel des dépenses d'éducation.

11 Basé sur les prévisions budgétaires de la loi des Finances 2005.

Page 71: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

60

Voici comment se répartissent les dépenses publiques attribuées à l'éducation entre les

niveaux d'enseignement :

- enseignement maternel ou préscolaire : 4%;

- enseignement primaire : 37%;

- enseignement secondaire : 44 %;

- enseignement supérieur : 15 %.

2) Evolution des dépenses d’éducation

D’après ce tableau, on constate que la part du PIB allouée à l'éducation est passée de 1,96%

en 1997 pour s'élever à 3,19% en 2007, elle a atteint son pic en 2002 avec un pourcentage de

3,21. Tandis que du côté des dépenses publiques totales, on remarque que la part réservée aux

dépenses d'éducation a toujours été inférieure à 20% ; plus précisément, au cours de la

décennie considérée, elle n'a cessé de croître, passant de 9,08% des dépenses totales en 1997 à

17,05% en 2007.

Tableau 4 : Evolution de la part du PIB et des dépenses publiques totales allouées au secteur

éducatif durant la période 1997-2007 :

année Dépenses publiques totales d'éducation

Par rapport au PIB Par rapport au niveau de dépenses

publiques totales

pourcentage Indice

(année base en 1997)

pourcentage Indice

(année base en 1997)

1997 1,96 100 9,08 100

1998 2,33 118 10,26 113

1999 2,46 125 11,02 121

Page 72: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

61

2000 2,56 131 11,33 125

2001 2,04 104 11,68 128

2002 3,21 164 16,22 178

2003 2,79 142 14,87 164

2004 3,1 158 18,2 200

2005 3,1 158 17,07 188

2006 2,9 148 17,05 187

2007 3,19 162 17,05 187

Source: la LOLF du Cameroun durant la période 1997-2007.

3) Analyse de l’efficience des ressources publiques allouées au secteur éducatif

L'efficience12 correspond d'une façon assez générale à la relation qui peut exister entre les

ressources mobilisées et les résultats obtenus par l'usage de ces ressources. La question de

l'efficience du système éducatif camerounais est alors abordée ici de manière comparative car

il est plus facile d'évaluer l’efficience du système éducatif camerounais par rapport à d’autres

pays ayant un même niveau de développement que lui.

Pour mettre en relation les ressources engagées et les résultats, il nous faut au préalable

calculer un indicateur global de mesure de la performance du système. Sur la base des

niveaux terminaux d'éducation des individus, on peut calculer de façon transversale (au cours

d'une année scolaire donnée), la durée moyenne de scolarisation ou espérance de vie scolaire,

en agrégeant la situation des enfants qui ne vont pas du tout à l'école et de ceux qui y ont

accès selon le niveau de scolarisation atteint. Le profil de scolarisation, en tant que série des

taux d'accès aux différentes années d'études permet de calculer cette distribution. La

compilation de cette distribution jusqu'au niveau de l'enseignement supérieur permet de

calculer le nombre moyen d'années qu'un enfant est censé passer dans le système scolaire et

universitaire.

12 On dira d'un système qu'il est plus efficient qu'un autre, s'il obtient de meilleurs résultats pour un même niveau de dépenses, ou bien s'il obtient les mêmes résultats qu'un autre en dépensant moins.

Page 73: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

62

L’indicateur global des performances du système éducatif camerounais est alors la durée

moyenne de scolarisation des enfants.

L'espérance de vie scolaire, pour l'année 2003/2004 du Cameroun est de 6,54 années, estimée

à partir du profil de scolarisation de 2004. En 2004, un enfant camerounais peut espérer

bénéficier en moyenne de 6,54 années d'études dans le système éducatif national. Ce chiffre

qui traduit la situation du Cameroun en termes de nombre moyen d'années par enfant se

compare raisonnablement, en 2004, à ce qui est observé en moyenne dans les pays africains

francophones (5,1 années) tout en restant supérieur à la moyenne africaine (5,9 années), mais

inférieur à la moyenne des pays africains anglophones (7,6 années13).

Pour mettre en relation les ressources publiques mobilisées et cet indicateur de performance,

on peut calculer directement le rapport entre la durée moyenne des scolarisations et le

pourcentage du PIB alloué à ce secteur. Ce rapport indique le nombre d'années de

scolarisation qu'un pays réussit à offrir à sa population en dépensant 1% de son PIB en

éducation. Ainsi, avec un pourcentage des dépenses publiques d'éducation de 2,89%, nous

obtenons pour le cas du Cameroun qu'un point du PIB alloué au financement public du

secteur génère 2,26 années de scolarisation en 2003/2004.

En termes comparatifs internationaux, la situation du Cameroun, avec un coefficient

d'efficience de 2,26 années de scolarisation, est meilleure que celle des pays d'Afrique

subsaharienne qu'il s'agisse du groupe des pays francophones (avec 2,1) qu'anglophones

(avec 1,9). La comparaison de la situation du Cameroun en 2004 avec celle des autres pays

africains nous suggère que les ressources publiques allouées au secteur éducatif sont utilisées

de façon relativement efficiente.

13 Voir Banque Mondiale (2007) : « Le système éducatif tchadien : éléments de diagnostic pour une politique éducative nouvelle et une meilleure efficacité de la dépenses publique», document de travail no 110, page 37.

Page 74: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

63

Section2Section2Section2Section2 : l’investissement public à Madagasc: l’investissement public à Madagasc: l’investissement public à Madagasc: l’investissement public à Madagascarararar

1) Généralités sur l’investissement public à Madagascar

Nous allons examiner le cas de l’investissement public à Madagascar, donc premièrement,

nous allons définir l’Investissement Public, ensuite on va voir le contexte à Madagascar en

matière d’investissement dans le secteur éducation et santé.

• Définition du PIP

Le Programme d’Investissement Public ou PIP est l’ensemble des projets conçus par les

Ministères techniques en vue du développement du pays.

En ce qui concerne les pays en voie de développement, ces Programme d’Investissements

Publics sont financés :

-en majeure partie, par des apports extérieurs provenant soit des Bailleurs Bilatéraux c’est-à-

dire des pays développés en général, soit des Bailleurs Multilatéraux comme les organisations

en l’occurrence l’Union Européenne ou les Nations Unies. En pratique, ces apports peuvent

être des Emprunts, ou sous forme de Fonds de Contre Valeur, ou encore sous forme

d’Initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés ;

-en partie non négligeable, par financement interne c’est-à-dire avec les Ressources Propres

Internes de l’Etat même, la Taxe sur la Valeur Ajoutée ou les Droits et Taxes à l’importation.

En guise d’exemple d’intervention de l’Etat en matière d’investissement public, et pour voir

l’efficacité et l’efficience des investissements publics, les secteurs « Education » et « Santé

publique » seront analysés.

2) Investissement dans le secteur Education nationale

Parmi d’autres critères, le niveau d’éducation dans un pays peut caractériser son niveau de

développement. C’est ainsi que Madagascar, dans une perspective d’amélioration du système

éducatif, a poursuivi une stratégie autour de la mise en œuvre du programme d’Education

Pour Tous (EPT)14.

Il s’agit d’une stratégie permettant à tous les enfants d’avoir accès à l’enseignement primaire

de qualité. L’EPT à été élaboré pour relever les défis de l’éducation d’ordre quantitatif

(assurer l’expansion du système à travers toutes les régions) et d’ordre qualitatif (améliorer la

14 Rapport OMD, 2007

Page 75: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

64

qualité de l’enseignement). L’objectif est donc basé sur une éducation de base pour tous et

valoriser les ressources humaines du pays pour répondre aux besoins quantitatifs et qualitatifs

en main d’œuvre des secteurs d’activités économiques.

Pour poursuivre cette stratégie, des actions ont été menées par l’Etat dans le domaine de

l’éducation.

a) Actions publiques dans le secteur éducation :

Conformément aux engagements de Madagascar vers l’Education Pour Tous, l’évolution des

financements publics alloués au secteur éducation montre une tendance à la hausse. Ceci

signifie que le budget de l’éducation commence à prendre une part importante par rapport à la

totalité.

Pour suivre cette évolution, nous allons présenter un extrait de celle-ci en observant le cas de

2006 à 2008.

Tableau 5: Evolution du budget d’éducation de 2006 à 2008 (en Milliards d’Ariary).

2006 2007 2008

Budget de l'éducation 387,9 465,1 570,5

Dépenses courantes 278,6 340,9 400,1

Dépenses

d'investissement

109,3 124,2 170,4

en pourcentage du

budget

15,3 16,4 17,6

Source : Rapport Economique et Financier 2007

Les grandes caractéristiques du budget de l’éducation de 2006 à 2008 se résument par une

part importante du budget de l’éducation. Cet accroissement est observé chaque année partant

de 387,9 Milliards d’Ariary en 2006 dont 15,3% du budget total, celle-ci atteint une somme

de 570,5 Milliards d’Ariary en 2008 dont 17,6% de la totalité du budget.

Dans le cadre du budget alloué au secteur éducation, une part plus importante est destinée

pour les dépenses de fonctionnement comparé aux dépenses d’investissement.

Page 76: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

65

Il est à remarquer que l’enseignement primaire détient aussi une part très importante, par

exemple en 2006 celui occupe 55% du Budget du secteur éducatif (Dialogue Présidentielle,

2007) alors qu’en 2005 celle-ci représente 54%; ce qui témoigne la priorité accordée à

l’enseignement primaire considéré comme la base de l’éducation. En outre, il est aussi

constaté que la quasi-totalité des ressources extérieures mobilisées est affectée à

l’enseignement primaire; les grands contributeurs dans le secteur éducatif sont Banque

Mondiale, OPEP, BAD, AFD, UNICEF, Norvège, Japon, France et pour les aides budgétaires

l’Union Européenne et IDA15, etc.

En rapport avec les efforts publics dans le cadre de l’éducation et qui vise généralement une «

éducation pour tous », il est indispensable d’évaluer la productivité de ces dépenses en

vérifiant les indicateurs de résultat dans ce domaine.

b) Efficacité insuffisante des dépenses en matière d’éducation :

En matière d’éducation, la productivité peut être vue à travers l’analyse de quelques

indicateurs de résultats tels que le taux d’alphabétisation, le taux de scolarisation dans le

primaire, l’effectif des étudiants réussissant les examens, le taux d’exécution des projets

publics. Dans notre étude, nous allons prendre l’option d’analyse à travers le taux d’exécution

des objectifs ainsi que le taux de scolarisation allant de 2002 à 2008.

i. Taux d’exécution

Concernant le taux d’exécution, l’efficacité des dépenses est atteinte avec un pourcentage

variant de 85% et 97%, bien au-delà de l’exécution observée au sein des autres secteurs dont

la moyenne se situe entre 63% et 91% (Rapport OMD, 2007).

Les faibles taux qui apparaissent quelquefois sont dus à un niveau d’engagement insuffisant

des dépenses de personnel (une insuffisance de maîtrise de l’estimation de cette catégorie de

dépenses) et des dépenses d’investissement (lié à une insuffisance de maîtrise de

programmation et de suivi de réalisation des investissements par les projets bénéficiant des de

financement extérieurs).

15 Rapport OMD, 2007

Page 77: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

66

ii. Taux d’alphabétisation

Le tableau suivant montre l’évolution du taux d’alphabétisation de 2002 à 2008.

Tableau 6 : Evolution du taux d’alphabétisation de 2002 à 2008

Source : Rapport présidentielle 2008.

D’après ces données, nous constatons que le taux d’alphabétisation allant de 2002 à 2008 n’a

pas évolué mais reste constant à partir de 2003 jusqu’en 2008 qui présentaient un taux

constant de 62,5% après une diminution par rapport à celui de 2002 qui connaissait un taux

d’alphabétisation plutôt soutenable de 73%.

Malgré les efforts accomplis par l’Etat en terme de budget alloué à l’éducation qui augmente

presque annuellement, les résultats ne sont généralement pas satisfaisants voire même

dégressifs. Ces résultats sont dus au non utilisation des éléments construits par l’Etat, tels que

les établissements scolaires, les fournitures scolaires. Ainsi les dépenses publiques

d’éducation n’affectent pas positivement le taux d’alphabétisation.

3) Investissement dans le domaine de la santé :

En vue d’améliorer les conditions sanitaires de la population, des dépenses sont allouées

chaque année pour améliorer l’offre des services de santé, pour la lutte contre les maladies

Année Taux

d’alphabétisation

2002 73

2003 62.5

2004 62.5

2005 62.5

2006 62.5

2007 62.5

2008 62.5

Page 78: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

67

transmissibles, et pour la réduction de la mortalité infanto-juvénile et de la mortalité

maternelle et néonatale à travers des stratégies bien déterminées.

Les dépenses dans le domaine de la santé sont présentées généralement par :

• le renforcement du système de santé de base à tous les niveaux en tenant compte des

transferts de ressources et de compétences ;

• l’amélioration de la suivie de la mère et de l’enfant par la maternité à moindre risque,

la vulgarisation du planning familial, prise en charge des maladies des enfants, la

vaccination ;

• le renforcement de la lutte contre les maladies liées à l’environnement tel que le

VIH/SIDA et d’autres maladies émergentes ;

• le renforcement de la protection sanitaire tel que la sécurité alimentaire, lutte contre le

tabagisme, promotion de l’hygiène et de l’assainissement.

Notons aussi que dans ce cadre, des constructions et des réhabilitations des fournitures de

service de santé de qualité à tous ont été poursuivies. C’est le cas de la construction des CSB I

et CSB II, les équipements dans les Centres Hospitaliers, les formations sanitaires, et les

approvisionnements en médicaments.

a) Evolution des budgets alloués au secteur santé :

Le tableau suivant montre l’effort accompli par l’Etat en matière de construction et de

réhabilitation de CSB durant les années 2007 et 2008.

Tableau 7 : Nombre de CSB construits ou réhabilités en 2007 et 2008

Année 2007 2008

Nombre de CSB construits

ou réhabilités

52 34

Source : Dialogue Présidentielle 2008

En 2007, 52 CSB ont été construits ou réhabilités. Pour les six premiers mois de l’année 2008,

l’effectif atteint 34 CSB, ce qui présente l’accroissement des efforts par rapport à l’année

précédente.

Page 79: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

68

En outre, l’Etat se concentre aussi sur l’augmentation des personnels travaillant dans le

secteur santé afin d’atteindre les objectifs et pour pouvoir mener les stratégies. Ainsi, nous

allons montrer par le tableau ci-dessous le recrutement des médecins et paramédicaux en 2007

et 2008.

Tableau 8: Nombre de médecins et paramédicaux recrutés

Années 2007 2008

Nombre de médecins et

paramédicaux recrutés

50 370

Source : Rapport présidentiel, 2008

On remarque que le recrutement au niveau du secteur santé a fortement augmenté durant ces

deux dernières années, étant donné que ceci atteint l’effectif 50 en 2007 et encore plus en

2008. Ces derniers sont repartis dans les CSB et les Centres Hospitaliers à travers toutes les

régions.

b) Indicateurs de résultats :

Avant d’évaluer la productivité des dépenses dans le secteur santé, il est nécessaire

d’identifier les indicateurs de résultats : alors, ce sera le taux d’utilisation des CSB ainsi que

l’évolution du taux de mortalité infantile.

i. Les consultations externes des CSB en 2007 et 2008 :

Vis-à-vis des constructions et des réhabilitations de CSB effectuées par l’Etat, il est nécessaire

de constater le taux d’utilisation de ceux-ci pour évaluer la productivité l’efficacité des

dépenses. Nous allons présenter par le tableau qui suit l’évolution des taux d’utilisation des

consultations externes de CSB.

Tableau 9: Taux d’utilisation de consultation externe des CSB

2005 2006 2007 2008

Objectifs 41,6 40,2 42,3 51

réalisations - - 38,2 36,4

Source : Dialogue présidentielle 2008

Page 80: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

69

Notons que les données concernant l’année 2008 n’englobent pas toute l’année mais

seulement les six premiers mois. Ainsi, on peut constater un résultat satisfaisant pour l’année

2008 qui entame un taux de 36,4% par rapport à l’année 2007 qui présente un taux de 38,4%.

Il est possible que l’objectif de 51% soit atteint jusqu’à la fin de l’année. Ceci signifie que les

interventions en terme de construction et de réhabilitation des CSB est productive du fait de

ces résultats.

ii. Taux de mortalité infanto-juvénile :

Le taux de mortalité infanto-juvénile constitue aussi un indicateur de performance et

d’efficacité des dépenses en matière de santé. Ce qui nous amène à observer l’évolution des

taux de mortalité hospitalière face aux efforts déjà entrepris par l’Etat tel que les recrutements,

les constructions et réhabilitations des CSB ainsi que d’autres interventions.

Ce présent tableau illustre l’évolution du taux de mortalité infantile de l’année 2003 à 2007.

Tableau 10: Taux de mortalité infantile de 2003 à 2008

Année Taux de

mortalité

infantile

Variations

2003 80,21 -

2004 76,83 -4,21%

2005 76,83 0%

2006 75,21 -2,11%

2007 57,02 -24,19 %

2008 55,50 -2,51 %

Source : CIA World Factbook

Selon ces données, on constate que le taux de mortalité infantile a connu une meilleure

évolution. Présentant un niveau élevé de 80,21% en 2003, celui-ci a varié progressivement en

diminuant jusqu’à 55,5% en 2008. Le taux de diminution a été surtout le meilleur en 2004 en

baissant de 4,21%. Nous pouvons donc en déduire que les efforts faits par les dépenses

publiques dans le secteur santé présente une efficacité, puisque celles-ci ont contribué à des

résultats positifs.

Page 81: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

70

Ces indicateurs ne sont que des exemples mais plusieurs doivent être observés afin de faire

une évaluation parfaite des dépenses dans le secteur santé tel que le taux de mortalité

maternelle à l’accouchement, le taux de prévalence du VIH/SIDA chez les femmes enceintes,

le taux de prévalence contraceptive, etc.

Des efforts entrepris par le gouvernement ont permis d’apporter des améliorations au niveau

de la santé et de l’éducation de la population.

Mais malgré ces différentes interventions de l’Etat dans le domaine de l’éducation et de la

santé, il existe toujours des défaillances. Partant de ces deux analyses, en somme on peut dire

que les dépenses de l’Etat dans les secteurs sociaux ne sont pas encore tout à fait efficientes.

Page 82: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

71

Conclusion

En guise de conclusion, nous pouvons affirmer qu’il existe un bon nombre de réformes à

mettre en œuvre pour pouvoir éliminer ou réduire les dépenses improductives. D’une part, on

distingue des réformes au niveau de la gestion comme l’amélioration du ciblage des

subventions et des transferts, la privatisation de certaines activités publiques. D’autre part, il y

a les réformes institutionnelles qui visent à lutter contre la corruption, à rendre

l’administration publique à être plus efficace dans ses activités, etc... Mais pour pouvoir

adopter ces réformes, il faut détecter les dépenses improductives des dépenses productives,

pour cela il faut mesurer la productivité de ces dépenses publiques. Certes, la définition et

l’évaluation de la productivité des dépenses publiques, ainsi que celles des dépenses

improductives présentent des difficultés conceptuelles et pratiques. L’insuffisance des

données relatives aux postes budgétaires n’offre pas la possibilité de recourir à une analyse

fine des coûts et bénéfices qui leur sont associés, c’est pourquoi, dans le cadre de cette étude,

la productivité des dépenses publiques peut être appréciée d’une autre manière. Par exemple,

on a appréciée la productivité des dépenses publiques par rapport à la croissance.

Mais l’application de ces mesures connaît des obstacles qui sont difficilement

incontournables, des difficultés institutionnelles, des difficultés politiques, des difficultés

culturelles, et des difficultés techniques peuvent se présenter pouvant constituer une entrave

pour la viabilité de ces réformes.

Et à la fin, à titre d’illustrations, des cas pratiques ont été avancés tels que la comparaison de

l’efficience des dépenses militaires de quelques pays subsahariens par la méthode DEA,

l’analyse concernant l’efficience des dépenses allouées au secteur éducatif camerounais et

concernant l’efficience des dépenses d’investissement public malgache.

Alors, comme réponse à la problématique, la réduction des dépenses improductives s’avère

être possible dans la mesure où tout le monde s’engage à surmonter toutes les difficultés

rencontrées dans la mise en œuvre de ces réformes.

Une autre question mérite d’être soulevée :

Malgré les différentes interventions faites au niveau de la majorité des PED, pourquoi la

plupart ne cesse de s’appauvrir ?

Page 83: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

45

ANNEXES

Page 84: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

46

Annexe 1 :

Le SP/PPF Le Secrétariat Permanent pour le Suivi des Politiques et Programmes Financiers est une

structure de mission créée en 2002 au sein du Ministère des Finances et du Budget, rattachée

au cabinet du ministre. Son rôle est de coordonner les activités liées à la mise en œuvre des

politiques et programmes financiers du gouvernement et les réformes conduites dans ce

cadre.

Le SP/PPF collecte ainsi toute l’information statistique et l’ensemble des informations

nécessaires au suivi des politiques, programmes et réformes financiers, il exploite, analyse et

diffuse ces données. Il élabore en particulier les tableaux des opérations financières de l’État

(TOFE) et les diffuse. Il veille également à assurer la cohérence et la complémentarité entre

les programmes financiers définis au niveau central et les actions programmées dans les

plans sectoriels et régionaux.

Par ailleurs, le SP/PPF supervise les travaux d’élaboration du Cadre des dépenses à Moyen

Terme (CDMT) et les revues des dépenses publiques.

Enfin, il coordonne et suit la mise en œuvre du Plan de renforcement de la gestion budgétaire

(PRGB).

Stratégiquement, le SP/PPF constitue l’interface entre le Ministère des Finances et du Budget

burkinabè et les bailleurs de fonds bi- et multilatéraux.

Il reçoit les missions des bailleurs et son activité est fortement affectée par le cycle de ces

missions.

Source : thèse de doctorat de LEVALLADE Clara, Août 2007

Page 85: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

47

Annexe 2 :

Le Plan de Renforcement de la Gestion Budgétaire : clé de voûte des réformes de la

gestion budgétaire

Créé en 2000-2001, le PRGB est coordonné par le Secrétariat Permanent pour le Suivi des

Politiques et Programmes Financiers (SP/PPF) et implique l’ensemble des structures du

Ministère des Finances et du Budget ainsi que des structures partenaires : la Cour des

Comptes, l’Inspection Générale de l’État et la Délégation Générale à l’Informatique. Le

premier PRGB adopté en 2001 pour la période 2002-2004 sert de cadre de référence pour la

conduite des réformes prioritaires en matière de gestion budgétaire. L’objectif affiché est d’

« améliorer durablement la transparence, la fiabilité et l’efficacité de la gestion des dépenses

budgétaires », notamment en renforçant la visibilité des dépenses à moyen terme et

l’évaluation de leur efficacité.

Huit grandes orientations sont retenues pour le PRGB (MFB, 2001), qui visent au

renforcement :

1. des capacités de gestion des structures en charge de la gestion budgétaire, i.e. du

Ministère des Finances et du Budget et du Ministère de l’Économie et du Développement, en

particulier en réalisant l’audit des structures en charge de la gestion budgétaire (Direction du

Budget, du Trésor et de la Comptabilité Publique) ;

2. de la qualité et de la transparence de la loi de finances, en améliorant les CDMT et les

budgets programmes et, plus précisément, le cadrage macroéconomique, la prévision des

ressources et leur formulation, le suivi et l’évaluation des politiques sectorielles et le

processus d’élaboration de la loi de finances;

3. du cadre juridique de la gestion budgétaire et de son application, en renforçant notamment

la transparence et l’efficacité de l’exécution du budget et en améliorant la réglementation des

marchés publics;

4. du suivi de l’exécution budgétaire et du respect des obligations de fin de gestion, en

particulier le respect du calendrier pour la production de la loi de règlement ;

5. du contrôle de la gestion budgétaire par les instances concernées (la Direction Centrale du

Contrôle Financier, l’Inspection Générale de l’État, l’Inspection Générale des Finances, la

Cour des Comptes);

6. de la qualité de la gestion des dépenses spécifiques ;

7. de la déconcentration budgétaire, et en particulier de la délégation de crédits ;

8. de la qualité et de la pérennité du processus d’informatisation au sein des ministères

Page 86: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

48

chargés de l’économie et des finances, en particulier en étendant le CID aux ministères

prioritaires.

Le PRGB 2002-2004 définit comme indiqué dans l’encadré en annexe les principaux

indicateurs de mise en œuvre et les résultats attendus au titre de l’amélioration de la qualité et

de la transparence de la loi de finances. Le PRGB 2005, qui s’appuie sur les réalisations et

les limites du premier PRGB, est en cours d’élaboration au moment de cette étude. Il repose

sur les mêmes huit grands axes spécifiques et poursuit les réformes engagées.

Source : thèse de doctorat de DELAVALLADE Clara, Août 2007

Annexe 3 :

Corrélation efficience des dépenses militaires et les input/outputs

Statistiques simples:

Variable Observations

Obs. avec données manquantes

Obs. sans données manquantes Minimum Maximum Moyenne

Ecart-type

invest 30 0 30 9,060 54,500 19,385 8,943

inflation 30 0 30 3,550 90,880 17,187 19,508

PIB 30 0 30 -5,870 4,520 0,144 2,412

dep mil 30 0 30 0,320 5,180 2,231 1,176

EFFI_88-95 30 0 30 0,045 1,000 0,262 0,285

Source: Thérèse Félicitée AZENG, DEA 2008.

Page 87: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

49

Annexe 4 :

DONNÉES SUR LES DÉPENSES MILITAIRES, 2010

En 2010, les dépenses militaires ont augmenté de 1,3% en termes réels, pour atteindre 1 630

milliards USD. Plus lent que les années précédentes, ce taux de croissance est partiellement

dû aux effets à retardement de la crise économique mondiale.

Les croissances les plus rapides de dépenses militaires ont été enregistrées en Amérique du

Sud (5,8%), en Afrique (5,2%) et en Océanie (4,1%). Dans la région Asie et Océanie,

l’augmentation s’élevait à 1,4% à peine, l’un des taux les plus bas de ces dernières années,

alors que les dépenses militaires ont diminué de 2,8% en Europe.

Dépenses militaires, par région, 2010

Région Dépenses (Mds USD)

Afrique 30,1

Afrique du Nord 10,6

Afrique subsaharienne 19,5

Amériques 791

Amérique centrale et Caraïbes 6,5

Amérique du Nord 721

Amérique du Sud 63,3

Asie et Océanie 317

Asie centrale et méridionale 52,1

Asie orientale 211

Océanie 25,7

Asie du Sud-Est 28,7

Europe 382

Orientale 65,5

Occidentale et centrale 316

Moyen-Orient 111

Total mondial 1 630

Les chiffres sont en USD courants (2010).

Source : SIPRI Yearbook 2011, Armaments, Disarmament and International Security

Page 88: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

50

Annexe 5 :

Le poids de l’investissement public dans l’ensemble des dépenses (en milliards de fmg) de

1984 à 2004 à Madagascar :

Année Investissement public

en capital

Dépenses totales Part de l’Investissement

Public dans les dépenses

totales (en %)

1984 21,78 29,22 74,54

1985 22,58 32,36 69,78

1986 23,90 39,84 59,99

1987 38,32 55,44 69,12

1988 47,46 91,38 51,94

1989 77,65 107,29 72,37

1990 73,04 156,28 46,74

1991 65,08 87,06 74,75

1992 92,46 134,04 68,98

1993 110,17 157,71 69,86

1994 123,36 209,68 58,83

1995 170,08 303,48 56,04

1996 235,93 397,13 59,41

1997 235,39 462,59 50,89

1998 334,63 613,63 54,53

1999 323,18 696,98 46,37

2000 367,83 804,23 45,74

2001 436,17 1104,17 39,50

2002 289,17 856,97 33,74

2003 531,49 1212,91 43,82

2004 1018,01 1980,80 51,39

Source : OGT

Page 89: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

51

Annexe 6: Evolution du taux de croissance économique malgache de 2002 à 2008

Année Taux de croissance

2002 -12,32

2003 9,8

2004 5,3

2005 4,6

2006 4,9

2007 6,32

2008 7

Source : INSTAT/2009

Annexe 7 : Dépenses publiques malgaches en pourcentage du PIB de 2002 à 2008

Année Dépense en % PIB

2002 15,7

2003 18,1

2004 26

2005 21

2006 10,5

2007 20,7

2008 20,33

Source : Loi de Finance 2002 à 2008

Page 90: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

52

Annexe 8 : Taux de mortalité infantile

Année Taux de mortalité infantile (décès/1.000

naissances normales)

2000 85,26

2001 83,58

2002 81,9

2003 80,21

2004 78,52

2005 76,83

2006 75,21

2007 57,02

2008 55,59

Source : Etat de réalisation du Dialogue Présidentiel 2007

Page 91: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

53

Liste des tableaux et des graphiques

Liste des tableaux :

Tableau 1 : Répartition des dépenses publiques de santé par quintile de richesse

Tableau 2 : Scores d’efficience des dépenses militaires dans les pays africains

Tableau 3 : Classification des pays selon le niveau d’efficience

Tableau 4 : Evolution de la part du PIB et des dépenses publiques totales allouées au secteur

éducatif camerounais durant la période 1997-2007

Tableau 5: Evolution du budget d’éducation de 2006 à 2008 (en Milliards d’Ariary)

Tableau 6 : Evolution du taux d’alphabétisation de 2002 à 2008

Tableau 7 : Nombre de CSB construits ou réhabilités en 2007 et 2008

Tableau 8 : Nombre de médecins et paramédicaux recrutés en 2007 et 2008

Tableau 9 : Taux d’utilisation de consultation externe des CSB de 2005 à 2008

Tableau 10: taux de mortalité infantile de 2003 à 2008

Liste des graphiques :

Graphique 1 : Efficience technique dans un cas simple

Graphique 2 : l’évaluation de la performance par les méthodes d’enveloppement des données

Page 92: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

54

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages:

� Jean-Yves LESUEUR, Patrick PLANE, « Les services publics africains à l’épreuve de

l’assainissement : une évaluation économique et sociale », Editions l’Harmattan 5-7,

rue de l’Ecole Polytechnique 75005 Paris, page 314.

� Préparé par Ke-young CHU, Sanjeev GUPTA, Benedict CLEMENTS, Daniel

HEWITT, Sergio LUGARESI, Jerald SCHIFF, Ludger SCHUKNECHT, Gerd

SCHWARTZ, « Les dépenses publiques improductives : analyse pragmatique de

l’action des pouvoirs publics », Département des finances publiques, FMI,

Washington 1996.

� Romdhane S. (2006), « Efficience du financement des services publics et croissance

économique : cas des pays africains », Workshop on Public Expenditure and Service

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� Samuelson, Paul A. « Diagramme Exposition of a Theory of public Expenditure »,

Review of Economics and Statistics, volume 37 (novembre 1955), pages 350-56.

� Villarmois O. (De La) (2001), « Le Concept de Performance et sa mesure : Un état de

l'Art », Les Cahiers de la Recherche Claree, Upresa cnrs 8020.

� Wagner, « Three extracts on public finance », dans Classics in the Theory of public

Finance, ouvrage publié sous la direction de Richard A. Musgrave et Alan T. Peacock

(New York : Macmillan, 1958).

Thèses :

� Anjaniaina Olivia RAKOTONIRINA, « Developpement et administration publique à

Madagascar », Grand Oral, page 31, 2007, Université d’Antananarivo, Faculté de

Droit, de Gestion, d’Economie et de Sociologie, Département Droit ».

� Clara DELAVALLADE, « Corruption publique : facteurs institutionnels et effets sur

les dépenses publiques », thèse de Doctorat, page 293, Août 2007, Université de Paris

I- Panthéon Sorbonne, U.F.R de Sciences Economiques.

� Nathalie Cécile RAMAMITIANA, « Contribution à l’analyse de l’efficacité des

dépenses publiques à Madagascar », page 91, mémoire de maîtrise, 12 Mars 2012,

Université d’Antananarivo, Faculté de Droit, de Gestion, d’Economie et de

Sociologie, Département Economie.

Page 93: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

55

� Rivoniaina Faniry RAVONIARISOA, « Les missions de l’administration publique :

efficacité ? », extrait d’un mémoire de maîtrise, Université d’Antananarivo, Faculté de

Droit, de Gestion, d’Economie et de Sociologie, Département Droit ».

� Thérèse Félicitée AZENG, « Dépenses militaires, Gouvernance et efficience

économique : le cas de l’Afrique sub-Saharienne », Université de Yaoundé, DEA

2008.

Rapports :

� CEDREF-Sarl, Rapport final sur « Enquête sur le Suivi des Dépenses dans le secteur

de l’éducation jusqu’à Destination » (Financement Banque Mondiale), page 79,

Bamako, décembre 2005.

� Groupe Mendrika, « Promotion de l’Investissement Public à Madagascar », Rapport

d’étude prospective, Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget de

Madagascar, PNUD, page 64, Novembre 2006.

� Keho YAYA, « La dimension sociale de développement durable en Côte d’Ivoire : le

rôle de la croissance et des dépenses sociales », cellule d’analyse de Politiques

Economiques du CIRES, page 24, avril 2009.

� La Direction de la prévision et des études économiques, « Productivité des Dépenses

Publiques et Croissance Economique dans l’UEMOA », une Analyse Bayésienne sur

Données de Panel faite par, page 42 janvier 2012.

� Ministère de l’Economie et de l’Industrie, « Rapport économique et financier 2007-

2008 », Madagascar, 116 pages.

� Ministère du budget, des comptes publics et de la réforme de l’Etat, « Rapport sur la

dépense publique et son évolution », page 80, Madagascar, projet de loi de finances

pour 2012.

� Yves CANNAC, « Moins de dépenses publiques pour davantage de croissance,

d’emplois et de liberté », Institut de l’entreprise – 6, rue Clément Marot – 75008 Paris,

page 74, Mars 1996.

Articles :

� Banque Mondiale, « les services publics ne profitent pas toujours aux pauvres »,

Washington, 21 septembre 2003.

Page 94: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

56

� Banque Mondiale, « Madagascar Revue des dépenses publiques », Rapport No.38687-

MG, 13 pages, juin 2007.

� Etude réalisée à partir des renseignements recueillis par un administrateur de la

Commission des Finances lors d’un stage auprès de l’administrateur français au FMI

« La réduction de la dépense publique dans les pays industrialisés-expériences

récentes et analyses du FMI », page 40.

� Jean-Claude BERTHELEMY, Juliette SEBAN, « Dépenses de santé et équité dans

l’accès aux services de santé dans les pays en développement », Université Paris 1,

Centre d’Economie de la Sorbonne, page 39.

Références internet :

http://go.worldbank.org/7HA65S6O0

www.sipri.org

Page 95: LA REDUCTION DES DEPENSES PUBLIQUES IMPRODUCTIVES DANS LES

57

Noms et prénoms : MANAHIRA FARASOA Raminoarizaka Blandine

Titre : « La réduction des dépenses publiques improductives dans les pays en voie de développement »

Nombre de pages : 71

Tableaux : 10

Graphiques : 2

Contact : 032 89 532 19

RESUME

Depuis des siècles, on constate que ce soit au niveau mondial ou national, les dépenses

publiques n’ont jamais cessé de croître, cette augmentation a entraîné des déficits budgétaires

dans la majorité des pays que ce soit pauvres ou riches et conduisant ainsi à la remise en

question de la productivité des dépenses publiques. Comme il est difficile d’augmenter les

recettes à long terme et de comprimer la majorité des dépenses publiques d’un Etat surtout

dans les PED, dans ce mémoire on propose de s’attaquer aux dépenses improductives ou

inefficientes pour pouvoir rétablir l’équilibre au niveau des Finances Publiques ou du moins

pour éviter une augmentation excessive du déficit. Ainsi, différentes possibilités de réforme

ont été exposées pour éliminer ou réduire ces dépenses improductives ; mais la mise en œuvre

de ces réformes rencontre des difficultés (difficultés culturelles, politiques, institutionnelles et

techniques) qu’il faut à leur tour contourner.

En bref, réduire les dépenses publiques improductives est possible et surtout nécessaire pour

les PED, mais pour aboutir à de résultats effectifs, les membres de gouvernement, les

responsables de la politique budgétaire et des Finances Publiques ainsi que chaque citoyen

doivent s’engager à surmonter les obstacles qui peuvent entraver la mise en œuvre de ces

réformes.

Mots-clés : la productivité ou l’efficience des dépenses publiques, le déficit budgétaire, les Finances Publiques, les dépenses publiques improductives, et la réduction des dépenses publiques improductives.

Encadreur : Monsieur RAVELOSON Harimisa

Adresse de l’auteur : Ankatso 2, bloc 39, porte 4, Campus Universitaire