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Lamétaphysique

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Louise-MarieAntoniotti,o.p.

LAMÉTAPHYSIQUE

ARTÈGE

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natureet lespropriétésdecesdeuxmodesd’abstraction.C’estimportantpourcomprendrelesrapportsentrel’intelligibleetleréel, et par conséquent pour cerner l’objet formel de lamétaphysique.

L’abstractiontotale

L’abstraction totale consiste à passer à l’universel, à l’idéegénérale, àpasserpar exemplede cettepomme individuelle auconcept de pomme, applicable à la multitude des sujetsindividuelsdenature«pomme».

L’abstractiontotaleconsisteàabstraireletoutuniverseldesparties qui lui sont subordonnées. Notre intelligence neconsidérant que la détermination essentielle des réalitésphysiques,sanstenircomptedecequidistinguecetindividuausein du genre ou de l’espèce, rassemble les individus ayantmême détermination essentielle et les réunit sous ce toutlogique,legenreoul’espèce,quiexprimelanatureabstraiteetuniverselledeces individus.Notre intelligence,ne considérantque ladéterminationessentielledeshommes, rassemblePierre,Jacques, Suzanne… sans tenir compte de ce qui distingue cetindividuPierredecetautreJacques,oudecetautreSuzanne…au sein de l’espèce « homme », et les réunit sous ce toutspécifique « animal rationnel ». Tous les hommes réels etpossiblessont,serontouseraient,«animalrationnel».Oualorsc’est, sera ou serait, une autre chose de nature qu’un homme.« Ce qui appartient par définition à l’espèce d’une réalitématérielle quelconque, unepierre, unhomme, un cheval, peutêtre considéré sans les principes individuels quin’appartiennentpasàladéfinitiondel’espèce.Procéderainsi,c’estabstrairel’universelduparticulier,oul’espèceintelligible

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del’image,sansconsidérerlesprincipesindividuelsprésentésparl’image23.»

L’abstraction totale se situe au niveau de la simpleappréhension qui a pour objet la quiddité ou essence deschoses24. Elle est présupposée à toutes nos activitésintellectuelles;elleestàlabasedetoutsavoiretnecaractériseaucun d’eux. Elle est à la base de tout savoir parce que laquiddité des choses est l’objet propre de l’intelligence25. Tantque nous atteignons une pomme en sa réalité individuelle,comme colorée et savoureuse, nous n’en avons qu’uneconnaissance sensible. Pour que la pomme passe en conditiond’objet de l’intelligence, il faut l’atteindre comme un certainêtre,c’est-à-direpasseràl’idéegénéraleouconceptdepomme,dont cette pomme rouge et sucrée, objet de notre perceptionsensible, est une réalisation individuelle, numériquementdistincte.Mais une fois passés à l’universel, et à partir de cepassage à l’universel, nous avons la possibilité d’atteindre lapommeàdesdegrésdiversdeprofondeurintelligible,quiseulssont caractéristiques d’un savoir scientifique. La pomme peutêtreatteintesoitcommeunêtrecorporeldevievégétative,soitcommeuneréalitésphérique,soitcommeunétant.

L’abstraction totale est à la base du savoir physique, dusavoirmathématique et du savoirmétaphysique. Elle nous faitprendre exactement conscience du point de départ de lamétaphysique.L’idéegénéraleetconfused’être,quiembrasselatotalité des choses, est aupoint dedépart de lamétaphysique.Ceconceptd’êtres’appliqueégalementàtoutesleschoses.Ilestlemoinsdéterminéetleplusample.Ilsignifietouslesêtresettouslesordresd’êtres,enmettantsimplementenlumièrequ’ilsne sont pas rien.De toutes choses et de chacune d’elles noussavons et nous disons qu’elle est un être.C’est ce qu’on peut

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diredeplusvagueetdeplusgénéralausujetdetouteschoses.Mais l’objet de la métaphysique n’est pas cela, bien qu’on yaccèdeàpartirdecela.Leconceptd’ensinquantumensauneautre qualité, une autre perfection, que le concept commund’être. Cependant il n’est pas sans lien avec lui. Précisons laqualitépropred’unconceptobtenuparabstraction totale.Celanous permettra ultérieurement de mieux saisir en quoi unconceptobtenuparabstractionformelledutroisièmedegrés’endistingue.

L’abstraction totale est cause d’un concept univoque, d’ununiverselprédicable,quiaunesignificationdéterminée,unique,et la même pour tous les sujets ontologiques auxquels il estattribuable. Le concept « homme » est également applicable àPierre, Jacques, Paul, Suzanne, etc. Il signifie toujours etégalement « animal rationnel », i.e. la quiddité ou essence ounature universelle des sujets individuels Pierre, Jacques, Paul,Suzanne…

L’abstractionformelle

L’abstraction formelle consiste à abstraire d’une chose denature un de ses aspects formels, à considérer séparément etdistinctement tel ou tel aspect intelligible précis, qui estproprementatteintparl’intelligenceàl’intérieurdelachosedenature,envertude telou telhabitusscientifique.L’abstractionformelle dégage la raison formelle d’objet du savoir, la ratioformalis objecti ut objectum, la raison d’être corporel, ou laraisond’êtrequantifié,oularaisond’êtrecommetel.

L’abstraction formelle se situe au niveau de la deuxièmeopération de l’esprit, au niveau du jugement qui a pour objetl’ipsum esse rei, l’être même de la chose26. L’abstraction

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recevoir l’existence en elle-même et non dans un substratdistinct d’elle. Il maintient cemode d’être en relation avec lemodedéterminéd’être,soitmatériel,soitimmatériel,oùilenatrouvédesréalisationsdiverses.Ainsi lemétaphysicienconçoitformellement l’être comme transcendant réellement les modesd’êtrematériel et immatériel, ou plus exactement comme étantouvertsurlesdeux47.

Pour saisir la ratio entis, il faut que le métaphysicienn’identifie l’être, ni à l’êtrematériel pris commematériel, ni àl’êtreimmatérielpriscommeimmatériel,demêmequ’àunautreniveau, pour saisir l’essence de l’homme, il faut que lephilosophedelanaturenel’identifieniàPierre,niàPaulouàJean, pris comme individus. Le jugement propre aumétaphysicien est celui-ci : il n’est de la ratio entis ni d’êtrematériel,nid’êtreimmatériel.Si«êtrematériel»étaitlepropredel’êtrepriscommetel,iln’yauraitpasd’êtreimmatériel;demême,si«êtreimmatériel»étaitlepropredel’êtrepriscommetel, il n’y aurait pas d’être matériel. Le jugement quel’intelligence énonce au troisième degré d’abstraction formelledégagel’êtreetlesautresdonnéestranscendantales,l’un,levrai,le bon et le beau, à la fois de l’ordre matériel et de l’ordreimmatériel,toutenlesmaintenantouvertssurl’unetl’autre.Cejugementunit,sousuneraisoncommune,deuxmodesdiversdel’être:l’êtrematérieletl’êtreimmatériel.

Le jugement dans lequel l’intelligence affirmel’immatérialité de l’être transcendantal implique négation etintégration.

Il impliquenégation.Lemétaphysicienpartdel’expériencedes réalités sensibles, des choses que nous voyons, sentons,touchons,ennouspromenantdanslanature.Ilregardelesêtresmatériels, non pas commematériels, mais comme des êtres. Il

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part aussi de la connaissance qu’il a de son âme parl’intermédiairedesesactes,spécialementparl’intermédiairedeson acte d’intellection. Il connaît son âme comme principesubstantiel immatériel, en la connaissant par réflexion et defaçon expérimentale, comme la source propre d’un acteimmanent, immatériel48. Réfléchissant sur ces deux saisiesexpérimentales, le métaphysicien est conduit à affirmer quel’êtren’estdesoinimatérielniimmatériel,maisqu’ilseréaliseselon deux modes divers, matériel et immatériel. Sa réflexionl’amèneànierque l’êtreest épuisépar les réalitésmatérielles,mobiles et caduques, et même par les réalités immatérielleslimitées que sont les âmes humaines, ou même par lessubstances spirituelles, les anges, que nous parvenons àconnaître par analogie à partir de la connaissance que nousavons de notre âme49. Par voie de négation, le métaphysicienpurifie la notion d’être de tous les modes en lesquels elle setrouvematérialiséeouparticularisée.Dans le réelconcretqu’ilexpérimentepartoutessespuissancescognitivessensibles,sensexternes et sens internes, il atteint par une saisie intellectuelletoutàfaitoriginale,uneraisonformellequis’ytrouve,laratioentis, qu’il ne peut atteindre comme telle que grâce auxnégations successivesqui ladistinguent exactementdesmodesenlesquelsellesetrouveréalisée.

Cette saisie par voie de négation s’unit à une intégration.Touslesmodesenlesquelslaratioentissetrouveréaliséesontdel’être.Toutcequiest,doitêtreretenu,gardéenacte,etpasseulementenpuissance,dans lanotionmétaphysiquede l’être.Danslaratioentis,ilyatout.Ellenepeutêtreisoléederiendecequiest.Endehorsde l’être, iln’ya rien.Laratioentis estinséparable de ses modes de réalisations, tant matérielsqu’immatériels.

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Par la négation et l’intégration qu’elle implique, la ratioentis a une pureté et une richesse qualitative qu’aucun autreobjetdequelqueautresciencen’a.L’ensinquantumens, l’enscommune, est un objet premier et universel. Rien ne lui estextérieur. Il est à la fois transcendant et immanent à tous sesmodes,àtoutcequiest,àl’étantleplusnoblecommeàl’étantleplusmodeste,etaumoded’êtreleplushumble.

La transcendancede l’enscommune nedoitpas s’entendredelamêmemanièrequelatranscendancedeDieu50,quiestendehors et au-dessus du monde, dépassant infiniment tous lesautresêtres,distinctdetouteslescréaturesparlapuretédesonacted’être.Latranscendancedelaratioentissignifiequel’êtren’est pas limité à un genre particulier, mais se trouve pro-portionnellement en tout genre, à tout degré, en tout objet.Latranscendancedel’enscommunesignifiequeleschosesàlafoisconviennentetdiffèrentpar l’être.Ellemanifesteque l’êtreestuniverseletpleinementinclusif.

L’être est transcendant à tout ce qui est. Aucun mode,immatérieloumatériel,nelelimite.Ilestimmanentàtoutcequiest,présententoutetpartout.Làencoreilnefautpasconfondrel’immanencedivine,laprésenceintimedeDieuentouteschoses«parpuissanceetparessencecommecausedetouteschoses51», avec l’immanence de l’être, qui signifie la participationformelle intrinsèque de l’être par tous les étants, matériels etimmatériels,selondesdegrésdivers.

Au troisièmedegréd’abstraction formelle l’objet estdéfinisanslamatière.Dansladéfinitiondelasubstance,«cequiestapte à exister en soi », n’entre aucune matière, sensible ouintelligible, individuelle ou commune.Lanotionmétaphysiquedesubstanceresteouverteàsesmodesmatérielsetimmatérielsderéalisation,sidiverssoient-ils:lescaillouxduchemin,leslis

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individuali.»(Iaq.85,a.1,ad2)39.«Mathematicahabetconsiderationemcircahæcquæsuntexablatione,i.e.circaabstracta,quæquidemabstractiofitnonexhocquodponateadequibus considerat in rerum natura esse separata a sensibilibus, sed quiaconsiderat ea absque considerationem sensibilium. Speculatur enimmathematica auferens a sua consideratione omnia sensibilia, sicutlevitatem, duritiam, mollitiem, caliditatem et frigiditatem, et omnes aliassensibiles contrietates, et derelinquit in sua consideratione solummodoquantumetcontinuum,sivesitcontinuumadunamtantumdimensionemutlinea,siveadduasutsuperficies,siveadtresutcorpus,etconsideratprimopassioneseoruminquantumsuntcontinua,etnonsecundumaliquidaliud.Nonenimconsideratpassiones superficiei secundumest superficies ligneavel lapidea. Et similiter rationes ad invicem. Considerando figuras etiamconsiderataccidentiaquæexistuntinfiguris,etconsideratmensurationesetincommensurationesquantitatum,etproportionesearum.»(Met.,n°2202)40.SuperBoetiumdeTrinitate,q.6,a.1,ad2;a.2.41.Ibid.,q.5,a.1.a.4;q.6,a.1,ad3.42.Met.,Prol.;SententiasuperPhysicam,n°2–3.43.Iaq.14,a.1;q.24,a.2;QuæstionesdisputatæDeveritate,q.2,a.2.44.Met.,n°593.1162–1165.1170.45.SuperBoetiumdeTrinitate,q.5,a.4,ad5.46.Cf.note20.47.QuæstiodisputataDespiritualibuscreaturis,q.1,a.1,ad10.48. A. Gardeil, La perception de l’âme par elle-même d’après saintThomas, Mélanges thomistes, p. 219 ss.; J. Wébert, Reflexio, MélangesMandonnet,t.1,p.285–325.49.Iaq.88,a.1.2.50.Iaq.3,a.4,ad1;SCGI,cap.26;QuestionesdisputatæDepotentia,q.7,a.2,ad4.5.6;a.3,ad2.3.51.«Perpotentiam,præsentiam,etperessentiamutcausaessendi»(Iaq.8,a.1,ad2)52. « Quædam sunt quæ possunt abstrahi etiam a materia intelligibilicommuni,sicutens,unum,potentiaetactus,etaliahujusmodi,quæetiamessepossuntabsqueomnimateriautpatetinsubstantiisimmaterialibus.»(Iaq.85,a.1,ad2)53.Iaq.14,a.11,ad1.54.SuperBoetiumdeTrinitate,q.6,a.1,ad3.a.2.

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55. « Illa quæ sunt secundum esse separata a materia sensibili, solointellectupercipipossunt.»(SententialibriDeanima,Vivès,t.24,n°716)56.Iaq.1,a.3.57.«Dehisquædependentamaterianonsolumsecundumesse,sedetiamsecundum rationem est scientia naturalis, quæ Physica dicitur. Et quiaomnequodhabetmateriammobileest,consequensestquodensmobilesitsubjectum naturalis philosophiæ. Naturalis philosophia enim denaturalibus est ; naturalia autem sunt quorum principium est natura :naturaautemest principiummotus et quietis in eoquoest : dehis igiturquæhabentinseprincipiummotusestscientianaturalis.»(SententiasuperPhysicamI,lect.1,n°3)58.Aristote,laPhysique,II,c.1,192b.,7.59.Iaq.2,a.3,primavia.60.SententiasuperPhysicam,n°1068–1077.61.Met.,Prol.n°529.532–533.1147;InSent.III,dist.27,q.2,a.4,sol.2.62.Cf.Ia,q.2,a.3,secundavia,ettertiavia.«Quodomnibusentibusestcausaesseetbonitatiset cujuslibetperfectionis» (Iaq.3.4,quarta via),«causaomnisentisetomnisveri»(Iaq.44,a.1).63.«EnscommuneestpropriuseffectuscausæaltissimæscilicetDei.»(Ia-IIæq.66,a.5,ad4)64.«Deusestpropriacausaipsiusesseuniversalisinrebusomnibus.» (Iaq.105,a.5;cf.QuæstionesdisputatæDepotentia,q.7,a.2,ad4;a.3,ad7)

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II

L’Êtreentantqu’Êtreestanalogue

«Ensmultipliciterdicitur.»(Met.,n°539)

Ladiversitédesêtresdansl’unitédel’être

Faisons attention aux êtres qui nous entourent, aux cailloux,auxtilleuls,auxcyprès,auxhirondelles,auxnuages,ausoleil,auxmaisons,àFrançois…quenousvoyonsenregardantparlafenêtre de la salle où nous sommes. Faisons attention à cesétants, à ces sujets individuels qui exercent l’acte d’être etl’action,commeunmétaphysicienfaitattention,c’est-à-direenprenant intellectuellement conscience que ces réalités visiblessont. Elles sont des étants ; toutes participent l’acte d’être,chacune selon sa structure, à son degré d’être propre. Faisonsattention à toutes ces choses visibles en les regardant à lalumière de l’ens in quantum ens. Ce regard attentif manifestel’individualité de ces choses diverses et leurs déterminationsdistinctes.

Lemondenousparaîtd’unegrandevariété:réalitésinertes,réalités vivantes, de vie végétative, de vie sensible, de vierationnelle. Toutes sont affectées de changements multiples :génération, croissance, diminution, altérations diverses,mouvement local, mouvement progressif. Le monde visible sivariéetsichangeantnousparaît«un».Toutescesréalitésont

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Explicitonsl’analogiedel’être.Toutcequiest,estsubstanceouaccident8.Lesdixprédicamentssontdixmodesanalogiquesdel’être,

dix participations à l’être selon des degrés essentiellementdivers.

Lepremiermodedel’être,lasubstance:cequiestapteàexisterensoi,ensinse.

La substance première subsistens substantia (In Sent. I,dist. 23, q. 1, a. 1), le sujet subsistant, indivisible etincommunicable, qui reçoit les accidents, en qui lesdéterminations essentielle et accidentelles s’unissent sansmélangeniconfusion.Parexemple,Pierre.

La substance seconde differentia substantiæ (Met., n°987), le mode d’être qui fait qu’une chose est ce qu’elle estessentiellement.Parexemple,êtrehomme.CequifaitquePierreestunsuppôtdenaturerationnelleetnond’uneautrenature.

Les neufmodes accidentels de l’être : ce qui est apte àexisterdansunsujetd’inhérence,ensinalio.

Trois accidents fondamentaux : quantitas, qualitas,relatio, qui inhèrent dans la substance (Met., n° 892). Laquantité et la qualité inhèrent par soi de façon absolue ; larelationinhèreparsoidefaçonnonabsolue,maisparrapportàunautre.

La quantité suit à la matière dans le composéhylémorphique,mensurasubstaniæ (Ia q. 28, a. 2).Elle est lemode d’être qui rend la substance physique dimensive etdivisible et donc mesurable. Par exemple, un mur de 2 m dehaut.

Laqualitésuitàlaformedansuncomposéhylémorphique,dispositiosubstantiæ(Iaq.28,a.2).Elleestlemoded’êtrequidispose la substance : habitus, facultés, qualités passibles et

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passions,figuresetformes.–Première espècedequalité : l’habitus, disposition de la

substance en rapport avec sa nature ou son opération,disposition qui fait que le sujet est bien ou mal adapté à sanatureouàsonopération.Parexemple, lasanté, lascience, lavertu(Ia-IIæq.49,a.4).

–Deuxièmeespècedequalité:lesfacultés,dispositionsdela substance qui la rend principe prochain des opérations quiconviennentàsanature.Parexemple,l’intelligenceetlavolonté(Iaq.77,a.1).

–Troisièmeespècedequalité:lesqualitéspassiblesetlespassions, dispositions de la substance physique qui luiconviennent en raison de son aptitude à subir des altérations.Par exemple, avoir chaud, être affligé, se réjouir etc. (Met., n°993;Ia-IIæq.22,a.3).

– Quatrième espèce de qualité : figures et formes,dispositionsdelasubstancephysiquequiterminentsaquantitéetluidonnentuneunitéd’expressionetd’harmonie,formaquæest figura animati (Ia-IIæ q. 49, a. 2). Par exemple, la formed’unvisage,legalbed’unvase9.

Larelation,respectusuniusadalterum,estlemoded’êtrequi affecte et détermine purement et simplement la substancevis-à-visd’unterme(relatioutsignata)etquiconsistedans lepur regard de l’une vers l’autre (relatio ut exercita). Parexemple,êtrepère.

Six accidents relatifs : qui résultent dans un sujet desrelationsqu’ilentretientavecunautre(Met.,n°892;1005),

– En vertu de la causalité efficiente, l’action est le moded’être qui advient à une substance physique du fait qu’ellecommuniqueautantqu’ilsepeutceparquoielleestenacte.Parexemple:chauffer,couper,bâtir,engendrer,etc.

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Lapassion est lemoded’êtrequiadvientàunesubstancephysique du fait qu’elle reçoit quelque forme d’un agent parvoie de transmutation. Par exemple : être brûlé, coupé, bâti,engendré,etc.

– En vertu d’une mesure extrinsèque au sujet : lieu outemps,locusoutempus(Met.,n°1005).L’ubiet lesitus, sontdeuxmodes d’être qui adviennent à la substance physique dufaitdesamensurationparlelieu(locus),«limite immobileducontenant immédiat»(SententiasuperPhysicam,L.6,n°16).L’ubi, être quelque part, par exemple dans son bureau, aujardin, etc.Le situs se prend d’une certaine position dans lelieu:êtredebout,êtreassis,etc.Ildit«ordredespartiesdanslelieu»(Ia-IIæq.49,a.1,ad3).

Le quando, le mode d’être qui advient à la substancephysiquedufaitdelamensurationdumouvementselonl’ordredel’avantàl’après.Êtreâgéseprendd’unecertainerelationautemps.

– En raison d’objets extérieurs qui ne sont ni cause nimesure, l’habitus, l’avoir, la possession est lemode d’être quiadvientà l’hommedu faitqu’ilpossèdedesobjetsextérieurs :êtrevêtu,armé,outillé,etc.

Nota bene : L’habitus, première espèce de qualité, et lapassion, troisième espèce de qualité, sont distincts desprédicaments relatifs demême nom. L’opération immanente seramène à lapremière espècedequalité, et non auprédicamentaction.

Ces différents exemples d’analogie nous amènent à penserqu’il n’y a pas qu’un seul mode d’analogie. Car le climat nepossèdepasintrinsèquementlasantéalorsquelaquantitéoulaqualitésontintrinsèquementdel’être;etlasagessemystique,lasagessethéologique,lasagessephilosophiquesontformellement

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semblableaurireseulementquantàl’effetcauséenceluiquilecontemple.

Demêmelemot«lion»prêtéàDieusignifieunesimilitudeproportionnelledanslamanièred’agir.Dieuagitavecforcedansses œuvres comme le lion dans les siennes. L’expression « lelionde Judaavaincu» signifie la forceduChrist rédempteur,vainqueur de la mort (Ia q. 13, a. 6). De même encore parmétaphoreonattribueàlagrâcel’actiondelaver:commel’eaualapropriétédelaverlestachesdescorps,ainsilagrâcepurifiespirituellement nos âmes du péché qui est comme la tache del’âme.24

DanslelangagedelaBible,lamétaphoreestfréquente.Ellecorrespondànotremanièrehumained’apprendrelavérité(Ia,q.1, a. 9). Dieu choisit un langage simple, des comparaisonsnaïves,pouradapterànotremanièred’entendrelesvéritésqu’ilrévèle.LaBiblenousenseignequeDieuadesyeuxetvoittout;sabouchenousparle(Is1,20) ;sa langueestunfeudévorant(Is20,27) ; ilmontre sa faceàceuxqu’ilveut sauver (Ps 29,25) ;samain,sadroite,sonbras,peut toutet fait tout (Ps16,14).Àtraverslelangagehumain,Dieuserévèleànouscommecelui qui comprend tout, dont la Providence veille sur nous,dont l’amour infiniment miséricordieux nous enveloppe.«Quanddoncnous entendonsparlerdesailes deDieu, écritsaintAugustin,comprenons qu’il s’agit de sa protection ; sesailessignifientsesopérations,sesyeux,lavuequ’iladenous-mêmes,saface,laconnaissancequ’ilnousdonnedelui,ettoutcequelaSainteÉcritureappelledesemblabledoitêtreentenduspirituellement. » (Patrologie latine, t. 33, col. 628) Ainsi leSeigneur, par ces mots « Je suis la vigne, vous êtes lessarments», enseigne ceci : demême qu’il y a une circulationvitale entre la vigne et les sarments, de même il y a une

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circulationvitaleentreleChristetsesfidèles.SaintPaulditqueleChristestlatêtedel’Église,pourexprimersonexcellenceparrapport à l’Églisequi est sonCorps, au triplepoint devuedel’ordre,delaperfectionetdelapuissance(IIIa,q.8,a.1).

L’analogiedeproportionnalitépropre

Sont analogues d’une analogie de proportionnalité propredes réalités qui présentent entre elles une similitude deproportion pour cette raison qu’elles participent une mêmeperfection formelle à des degrés divers. En raison de cettesimilitude proportionnelle, elles reçoivent un nom commun, lenom analogue. La perfection signifiée par ce nom est laperfection proportionnellement participée par les diversanalogués,perfectionrelativementuneetsimplementdiverse.

La vision béatifique, la contemplation mystique, lacontemplation théologique, la contemplation philosophique,présentent entre elles une similitude de proportion pour cetteraison qu’elles participent à des degrés divers une mêmeperfection:lasagesse,savoirsuprêmequijugedetouteschosespar la cause la plus haute,Dieu.En raison de cette similitudeproportionnelle,ellesreçoiventunnomcommun«sagesse».Laperfectionsignifiéeparceterme,àsavoirconnaissancedeDieucomme cause première éminente de toutes choses, est uneperfectionenelle-mêmerelativementuneetsimplementdiverse,proportionnellement participée par les divers analogués, visionbéatifique,contemplationmystique,théologique,philosophique.

De même, ce caillou, cette fleur, cette tourterelle, Pierre,offrent entre eux une similitude proportionnelle du fait qu’ilsparticipenttousl’êtreàdesdegrésdivers.Toussontdesétants,chacunselonsanaturepropre.Demême,toussontvrais,bonset

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beaux,etsontditsvrais,bonsetbeaux,chacunselonsanaturepropre, parce que chacun participe la vérité, la bonté et labeauté,àquelquedegré,selondesmodesessentiellementdivers(Iaq.6,a.4;q.16,a.6).

Chaque fois que le premier analogué d’une analogied’attributionestnonseulementprincipemaiscausedu rapportdes analogués inférieurs à l’analogué principal, l’analogied’attributioninclutuneanalogiedeproportionnalitéproprequilafonde.

Lestroispropriétésdel’analogiedeproportionnalitépropre

– En chacun des analogués la perfection analogique seretrouve intrinsèquement, formellement, vraiment etproportionnellement,d’aborddanslepremierdontelleconstituel’essence, ensuite dans les autres par participation graduéesecundum magis et minus. Ainsi entre les analogués d’uneanalogie de proportionnalité propre existe une plus profondeunitéqu’entrelesanaloguésd’uneanalogiedeproportionnalitéimpropre,ditemétaphorique.

La vision béatifique est intrinsèquement, formellement,vraiment«sagesse»,c’est-à-direconnaissancedeDieucommecause première de toutes choses. On peut affirmer la mêmechose de la contemplation mystique, théologique,philosophique. Le premier analogué de la sagesse, cause desautres analogués de sagesse, est la Sagesse par essence,Dieu.Lesautresanaloguéssont«sagesse»parparticipationplusoumoinsparfaiteàlasagessedivine.Lescréaturesspirituellessontsages de la Sagesse divine par participation selon des modesplusoumoinsparfaits.Lesmodesdeparticipationdelacréature

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L’analogiedel’amitié

La raison analogique d’amitié est celle d’amour réciproquefondésurunecommunicationdevie.

Sesmodessontl’amitiéincrééeetlesamitiéscréées.–L’amitiéseréaliseéminemmentenDieu,danslesecretde

savie trinitaire.Une réciprocitéd’amour infiniunit lePère auFilsdansl’EspritSaint.

–L’amitiéseréalisechezlescréaturesspirituelles.•Lacharitéest l’amitiésurnaturellede l’hommeavecDieu

etdeshommesentreeux.SonobjetformelestDieu-Amourdanssonmystèretrinitaire.Sonfondementestunecommunicationdeviedivine.SafinestlaglorificationdelabontédeDieuTrinité.

• Les amitiés naturelles sont diverses. Chacune est unecommunion de plusieurs amours dans une même perfection.L’objet formel est un bien créé. Le fondement est unecommunicationdevieauplannaturel.Lafinestuneperfectiond’ordrenaturel.

L’analogiedel’être

L’êtreentantqu’être,l’ensinquantumens,estanalogued’uneanalogie d’attribution, fondée sur une perfectionintrinsèquement possédée à des degrés divers par chacun desanalogués,perfectionformellementconstitutivedesanalogués,àla fois selon leur unité relative et selon leur simple diversité,perfectioncauséeparCeluiquiest lePremierêtre, lacausedetoutl’être,au-dessusetendehorsdetoutgenre29.

L’analogie d’attribution de l’être en tant qu’être estintrinsèqueetinclutuneanalogiedeproportionnalitéproprequi

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lafonde.

L’êtreentantqu’êtreestanalogued’uneanalogiedeproportionnalitépropre

Tous les étants et toutes les modalités des étants offrententre eux une similitude proportionnelle, parce que tousparticipent une même perfection, tous sont. Ils ont l’être, etchacun a l’être selon ses qualités essentielles et accidentelles,propres et diverses. Chaque étant et chaque ens entis, chaquemodalitéd’étant,estdel’être,intrinsèquementetformellement,vraimentetproportionnellement.Êtrehomme,être raisonnable,êtregrand, être enbonne santé, êtrevertueux, être jeune, c’estêtre de quelquemanière, soit substantielle soit accidentelle, etd’unemanière chaque fois diverse (Met., n° 2290).Ce caillouest,cetarbreest,cechevalest,cethommeest,cetangeest,Dieuest.Cependantcen’estpasdelamêmemanièrequechacunest.

Le concept d’être, d’ens, signifie l’unité proportionnelled’uncertainrapportdel’essence,quidéterminel’étantàêtretel,àl’existence,quiposel’essencedansl’être,selonsonaptitudeoriginale à être.Ce rapport est divers pour la créature et pourDieu30.

«Être»convientvraiment,formellementetintrinsèquement,à chaque créature et àDieu, à la substance et aux accidents ;cela sans équivoque, d’une façon proportionnellement une.C’estentoutevéritéquececaillouestunétant,quecetarbreestunétant,quecechevalestunétant,quecethommeestunétant,queDieuestl’Étant.Maischacunl’estselonsondegréessentielpropre, selonunmode,soitpurementcorporel, soitmixte, soitpurement spirituel, selon un mode fini et participé pour lacréature,infinietnonparticipépourDieu,causedetoutl’êtreet

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transcendantàtoutêtre.«LorsquenousdisonsquelacréatureestsemblableàDieu,nousledisonsselonuneanalogiefondéesur ce que Dieu est être par essence, et la créature parparticipation.»(Iaq.4,a.3,ad3)L’êtreseréaliseenplénitudeen Dieu, et d’une manière partielle et dispersée dans lescréatures.EnDieu, l’êtres’épanouitenplénitude.Àluiseul ilépuise toute la richesse de perfections qui s’explicite parparticipation dans la créature, d’une manière partielle etplurielle. Les perfections de toutes choses préexistent en lui,dansl’unitéetlasimplicité.Chezlescréaturesellessontreçues,diviséesetmultiples(Iaq.13,a.4)31.

L’analogie de proportionnalité propre nous fait prendreconsciencede l’unitéfoncièrede tous lesêtresetde toutes lesmodalités d’être, comme aussi de la diversité des êtres et desmodalitésde l’être.Chacundesentia etdesentiaentis réalised’unemanièreoriginaleetirréductible,laperfectionanalogiqued’être(Met.,n°139).

L’analogiedeproportionnalitépropremanifestelefondementdel’analogied’attributiondel’être

Touslesêtresettouteslesmodalitésd’êtresontordonnésàune première modalité et à un premier être qui réalise plusparfaitementlaperfectiondecequial’être.Touteslesmodalitésaccidentelles sont ordonnées au premiermode d’être, lemodesubstantiel,cequial’êtreensoietparsoi,inseetperse.Touslesêtresinseetpersesontordonnésàl’êtrease,l’Ipsumessesubsistens,causepremièredetouslesêtres,quidonneàchacunsonêtreetsonépanouissementdansl’êtreetdansl’opération32.

–Dépendancedel’ensentisparrapportàl’enssimpliciter

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l’imiter.»27.Leconceptdematernitédivine,Marieetl’Église,Étudesmariales,1952,p.78ss.28.Depotentia,q.1,a.2,ad7;q.7,a.3,ad2;Iaq.90,a.1,ad3.29.Iaq.105,a.5;Depotentia,q.7,a.2,ad4;a.3,ad7.30.«Sicutsehabetsubstantiaadessesibidebitum,itaqualitasadessesuigenerisconveniens.»(InSent.III,dist.1,q.1,a.1;Depotentia,q.7,a.7)«Lerapportentrelasubstanceetl’êtrequiluiestdûestlemêmequ’entrelaqualitéetl’êtrequiluiconvientselonsongenre.»31. « Quæ de Deo et homine dicuntur similia, de homine dicuntur perremota quasi dicat : Deus est, et tu es, sed tuum esse est participatum,suum vero essentiale, et similiter de aliis, et ideo hæc similitudo estdissimilium.»(PostillasuperPsalmos,34,7;cf.QuodlibetII,a.3).32.SummacontraGentiles,Lib.I,cap.34,abréviationSCG;Depotentia,q.7,a.7.33.ExpositioLibriPeryermenias,n°93;Met.,n°951.1768.34.Met.,n°543;Iaq.90,a.2.35.Met.,n°1681.1684;Iaq.3,a.5;q.4,a.3,ad2;q.6,a.2,ad3;q.29,a.3,ad4;q.88,a.2,ad4;SCG,Lib.I,cap.25;Depotentia,q.7,a.3.36.Depotentia,q.3,a.5,ad1;q.5,a.2,ad2.37. « Propria enim natura uniuscujusque consistit secundum quod paraliquemmodumdivinamperfectionemparticipat.»(Depotentia,q.7,a.7;cf.Iaq.14,a.6)38.«Nullacreaturarecipittotamplenitudinembonitatis:quiaperfectionesa Deo in creaturas per modum cujusdam descendus procedunt. » (SCG,Lib. IV, cap. 7) « Aucune créature ne reçoit en totalité la plénitude de labontédeDieu;lesperfectionsprocèdenteneffetdeDieudanslescréaturesparunesortededérivationdescendante.»39. « Ipse Deus est sua bonitas, quod de nulla creatura verum essepotest.»(SCG,Lib.IV,cap.18)«Dieuesteneffetsaproprebonté,cequinepeutsevérifierd’aucunecréature.»40. « Non enim est aliquid extra ens, sed extra tale ens, ut puta extrahominemestaliquodens.»(Met.,n°1911)«Eneffetiln’yarienendehorsdel’étant,maisendehorsdetelétant;parexemple,endehorsdel’homme,ilyadesétants.»41.«Quodest extraens,nihil est, etdifferentiaessenonpotest. » (SCG,Lib.I,cap.26;cf.Met.,n°138–139;433;Deveritate,q.1,a.1;Iaq.3,a.5)

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42.SCG,Lib.I,cap.25.43.Depotentiaq.3,a.16,ad3.ad4;Iaq.90,a.1,ad3.44.«Inveniturnaturaentisinomnibusrebus,inquibusmagisnobilis,etinquibusminus.»(InSentI,dist.1,q.1,a.1)45. « Deus dicitur mensura omnium ex eo quod unumquodque tantumhabetesse,quantumeiappropinquat.»(Iaq.3,a.5,ad2;cf.Depotentia,q.3,a.16,ad4)«SiDieuestditmesuredetouteschoses,c’estencesensquechacuneparticipedel’êtrepourautantqu’elleapprochedeDieu.»

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III

L’Êtreest,lenon-Êtren’estpas

«Impossibileestsimulesseetnonesse.»(Peryermeneias,n°201)

Ladiversitédesêtresdansl’unitédel’être

Àl’intelligencequipénètredans la lumièredu troisièmedegréd’abstraction formelle, l’être se révèle en sa portéetranscendantale. Aucune des réalités physiques que nousexpérimentons n’est en dehors de l’être. Chacune est un êtredéterminé, particulier. L’être n’est étranger à aucune d’elles.Cependant aucune d’elles ne réalise la plénitude de l’être.Aucunen’estl’être.

L’intelligencequisaisitanalogiquementlamultiplicitéréelled’êtresdiversdansl’unitédel’être,saisitenmêmetempsquetelêtre n’est pas tel autre. Le comprendre, c’est avoirintellectuellement conscience que l’être n’est pas le non-être,que ce qui est est, et ne peut pas, en même temps et sous lemêmerapport,nepasêtre.Cequidistinguetelêtrelimitédetelautre être limité, c’est précisément telle déterminationparticulièred’être,quidupointdevuedel’êtreentantqu’êtreimpliquelanégationdecequ’ellen’estpas:ellen’estpastoutl’être, elle n’est que telle détermination limitée d’être. Si ellen’est pas tout l’être, c’est que tel être déterminé n’est pas

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«Toutêtrelimitéaunecause»estunprincipepremierdansl’ordre de l’être et dans l’ordre de la connaissance. Laproposition « tout être limité a une cause » est évidente pourtouthomme.Cettevéritécertaineseramèneauprincipedenon-contradiction. Si nous supposons que l’être limité est ce parquoi il est, nous tombons dans la contradiction. En effet toutêtre limité est distinct de l’être ; il n’est pas l’être. S’il étaitl’être,ilauraitlaplénitudedel’êtreetneseraitpaslimité.Ilestimpossible que quelque perfection d’êtremanque à ce qui estl’être. Si donc quelque perfection d’être manque à un êtredonné,c’est-à-diresitelêtren’estpastelautreêtre,s’ilyaunemultiplicité réelle d’êtres, il est évident qu’aucun d’eux n’estl’êtreetquechacund’euxnefaitqueparticiperl’êtredupremierêtrequiestl’être.

Sil’êtrelimitéestparticipé,s’iln’estpasl’être,s’ilal’être– à quelque degré d’ailleurs qu’il l’ait – il faut : ou bien quel’êtredécouledesonessenceàtitredepropriété,commeleriredécoule de la nature de l’homme ; ou bien que l’être lui soitdonnéparunautrequial’êtreparsoi,ase,commeleferchaud,auquelneconvientpaslemaximumdechaleur,tientlachaleurdu feu qui est chaud par essence ou nature. Or il estcontradictoire que l’acte d’être découle de l’essence d’un êtrelimitéàtitredepropriétédel’essence.L’affirmerseraitdirequel’esse est le propre de ce qui n’est pas, ou encore que ce quin’estpasl’êtreestl’être.

Ilfautdonc,souspeinedetomberdanslacontradiction,quece qui n’est pas l’être, mais qui a l’être, quel que que soitd’ailleursledegréauquelilleparticipe,tiennesonêtred’unêtrequi est l’être par essence, l’être irreceptum, la plénitude del’être.Tous lesêtresquisediversifientselonqu’ilsparticipentl’êtreàdesdegrésdivers,entellemanièrequeleurêtreestplusoumoins parfait, doivent être causés par un premier être non

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causé,quial’êtreaudegrésuprêmedeperfection,quiestl’êtrease.CepremierêtreestDieu.

Ils’ensuitquetoutcequial’êtretientdeDieucommedesacausesuprême, l’êtrequ’ila,quecetêtresoit,dupointdevuede l’êtrenaturel, leplus éloignédeDieuou leplusprochedeDieucommeleplusparfaitdesanges.Toutétantlimitéexisteendépendance actuelle de Dieu qui lui donne l’être, le conservedansl’être,etlepromeutdansl’être(Iaq.44,a.1;8c.,ad1).Ilreçoit l’être de Celui qui est l’être par essence, l’Ipsum essesubsistens,quiseulpeutdire:«Jesuisceluiquisuis.»(Ex3,14)«Delui,parlui,touteschosessont.»(Rm11,36)

L’Êtrepremier,Dieu,causepremièredetouslesêtres

Là où il y a inégalité, il y a nécessairement un premier, et cepremierinfluesurtoutcequivientaprèslui.Orilyauneréellemultiplicité d’êtres divers plus ou moins parfaits. Il y a desdegrésd’être.Ilyadoncnécessairementunpremierêtre,causedetouslesêtres.

Les êtres limités n’ont pas la plénitude de l’être en eux-mêmes.S’ils ne l’ont pas, c’est qu’ils ne sont pas l’être.Àcequi est l’être, rienne sauraitmanquerde cequi appartientparsoi,perse,àl’être.Lesétantsdonnésdansnotreexpériencenesontpasl’être,néanmoinsilssont.Parconséquentl’êtreesteneux quelque chose de reçu. Les êtres limités, objet de notreexpérience,n’ontpas l’êtrepareux-mêmes,ase, ils l’ont reçud’unautre,abalio.Ilsl’ontreçud’unpremierêtrequipossèdelaplénitudedel’être.Lemoinspeutvenirduplus,maisleplusne peut pas venir dumoins.Donc tous les êtres autres que le

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Premier, tiennent de lui leur être. Lui-même ne saurait êtrecausé.Ilest l’êtrenoncausé.Ilanécessairement l’êtrepar lui-même. Ilest l’êtrepar soi,ase, l’êtreparessence, le seul êtreparessence,leplusparfait(Iaq.2,a.3,quartavia).

Partant des êtres limités tels qu’ils nous sont donnés dansnotre expérience humaine, nous nous élevons par la voie del’analogie jusqu’à Dieu, un et unique, contemplé sub rationeprimientis,« l’océansansborneset illimitéde l’être» (SaintGrégoiredeNazianze,P.G., t.36,col.626),causepremièredetouslesêtres,«causaprimaeffectivaomnium»(Iaq.6,a.1),«principium totiusesse» (Iaq.3,a.5),« fons et principiumtotiusesseetveritatis»(Iaq.12,a.8,ad4),«maximeensetmaximeverum,causaomnisentisetomnisveri» (Iaq.44,a.1).«Notreintelligenceconçoitquelavolontédivineexisteendehors de l’ordre des étants, comme la cause qui donne àprofusion la diversité des étants. » (Expositio LibriPeryermenias,n°197;cf.InSent.II,dist.1,q.1,a.2)

BibliographieduchapitreIV

L.-M. deBlignières,Le statut logique des preuves de «Dieuest»,Revuethomiste96,(1996),p.235–268.

P.-C. Courtès, « L’être et le non être selon saint Thomasd’Aquin », Revue thomiste 66, (1966), p. 575–610 ; 67,(1967),p.387–436.– « Participation et contingence selon saint Thomasd’Aquin»,Revuethomiste69,(1969),p.201–235.

L. Elders, La théologie philosophique de saint Thomasd’Aquin,de l’êtreà la causepremière, «Croire etSavoir,

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est.» (Ia q. 5, a. 3)«Toutacte est une certaineperfection. »L’être en acte est analogue d’une analogie de participationintrinsèque, fondée sur une perfection d’être formellementpossédée à des degrés divers par chacun des analogués,perfection formellement constitutive des analogués, à la foisselonleursimplediversitéetleurrelativeunité.

L’analogiedel’acte

Aristotefaitcetteremarque:«Toutesleschosesnesontpasdites dans le même sens exister en acte, mais seulement paranalogie.»«L’acteseditselondesmodesdivers»,commentesaintThomas(Met.,n°1048).L’acteseditde«cequiest»etdel’opérationde«cequiest».

L’acte dit de « ce qui est » est l’acte entitatif, formesubstantielle ou accidentelle de l’étant. L’âme est l’acte ducorps,parcequ’elleestlaformesubstantielleducorps.Lafigureest l’acteducorps,parcequ’elleestuneformeaccidentelleducorps.L’acteditdel’opérationestl’acteopératif,perfectionouachèvement de la faculté. La vision est l’acte de l’œil,l’intellection est l’acte de l’intelligence, l’amour spirituel estl’actedelavolonté.

En tout acte, soit entitatif soit opératif, se trouveformellement,intrinsèquement,vraimentetproportionnellementréaliséelaperfectionanalogiquecommunedeperfectiond’être,de plénitude d’être. L’acte est analogue. Il est relativement« un » et simplement divers. La notion analogique d’actecontient implicitement et actuellement tous les modes diversd’acteentitatifetd’acteopératifquiladivisentimmédiatement.

L’acteentitatifestditactepremier,l’acteopératifestditactesecond.Car l’opérationsuit l’être. Il fautêtrepouragir.L’âme

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humaineuniesubstantiellementaucorps,dontelleestl’uniqueforme substantielle et auquel elle communique son esse,constitue un étant en acte premier, constitue cette personnehumaine. Celle-ci demeure en puissance dans l’ordre del’opération.Elleestenpuissanceauxactesdeconnaissanceetd’amour qui seront son épanouissement dans l’être et laconstitueront en acte second5. De même, l’organe corporelqu’est l’oreille, est en puissance à l’audition qu’est l’actesecond.

L’acteentitatifouactepremierestladéterminationformellede l’étant, sa nature déterminée et aussi ses déterminationsaccidentelles.L’acteopératifouactesecondestl’agirdel’étant,l’exercice de sa nature et de ses facultés.«Operatio sequituresse et modus operandi modum essendi. » (Ia q. 89, a. 1)«L’agirsuitl’êtreetlemoded’agirsuitlemoded’être.»

Decesdeuxmodesd’êtreenacte,quelest leplusparfait?Le plus parfait, le premier analogué, est l’acte opératif qui estl’exercicedel’acteentitatif,l’épanouissementdesvirtualitésdela forme entitative de l’étant (Ia q. 25, a. 1). L’acte d’amitiéexplicitetoutelaperfectiondenotrefacultéd’aimer.Lanotiond’acte, c’est-à-dire d’achèvement, de plénitude d’être, est plusparfaitement réalisée dans l’opération qui est le premieranalogué. C’est par nos actes que nous nous réalisons etdevenons plus parfaits. Par nos actes de connaissance etd’amour surnaturels nous progressons vers la vision de Dieudans la joie éternelle. Nos actes bons sont comme les pasd’amourquinousrapprochentdeDieuAmour6.

L’acte entitatif, deuxième analogué, est ordonné à l’acteopératif. La forme est l’acte premier, en vue de l’opération,l’actesecond,quiestlafindelacréature7.Notreintelligenceestfaitepour contempler les chosesvraies, notre cœurpour aimer

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lesêtresbons.L’opérationestlaperfectiondel’étant.Toutes les réalités limitées sont des actes, mais des actes

mixtes,c’est-à-diredesactesquientrentdediversesmanièresencompositionréelleaveclapuissance.Aucunecréaturen’estactepur.Aucunen’estlaplénitudeabsoluedel’être.Chacuneestunêtrelimitéenperfection.Maissiaucunen’estl’être,chacuneestde l’être, a l’être selon une mesure formellement déterminée,selon un degré limité et spécifié de participation. De même,chacuneexerceuneactiondéterminée,spécifiéeparsanatureetdistinctedesanature.Touslesétantslimitésetmultiples,sujetsontologiques qui agissent, sont des actes mixtes dans l’ordreentitatifetdansl’ordreopératif.

Dans l’ordre opératif ou dynamique, ou acte second,l’opérationestou immatérielleoumatérielle.L’hommeconnaîtces deux modes d’action, car il est aux confins des deuxmondes, celui des corps et celui des esprits. Il respire,mange,assimilelanourriture,etc.Ilpense,ilaime,etc.

L’opération immanente et l’opération transitive sont deuxmodesdistinctsd’opération.Letermedel’opérationimmanente,actusoperativusimmanens,demeureàl’intimedusujetagissantet le perfectionne. Tels sont les actes de connaissance etd’amourspirituels.Lesopérationsimmanentessontpropresauxvivants(Depotentia,q.10).

L’actiontransitive,actusoperativustransiens,setermineendehorsdusujetquiagit.Elleperfectionneoumodifieunautrequelui.Tellessontlesactionsdebâtir,decouper,desculpter,etc.

Actesimmanentsetactestransitifsnes’identifientpastoutàfaitavecactionsmatériellesetactionsimmatérielles.Sitoutactespirituel a un mode immanent et si tout acte corporel a unemodalitétransitive,certainesactionsmatériellescomportentuneréalité immanente, et réciproquement.Ainsi les actesmatérielsde soins d’unmalade, de culture d’un jardin, etc., et certaines

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Les puissances opératives sont ordonnées soit à agirsimplement, soit à agir dans le sens dumeilleur, soit selon lalibre disposition du sujet doué de libre arbitre16. Le feu a lapuissancedebrûler,agirpuret simple.Leviolonestutilisableparl’artistes’ilestenpuissanceàrendredessonsharmonieux.S’ilestenpuissanceàrendredessonsfaux,l’artduviolonistenepeutyremédier;ilnepeutagirdanslesensdumeilleur.Unhommequialapuissancedemarcheroudeparler,lefaitselonsalibreinitiative.

Lapuissancepassive

Lapuissancepassive est ordonnée à l’actepremier ou acteentitatif. Elle est ordonnée aux dix modes d’être, au modesubstantieletauxneufmodesaccidentels,etàl’acted’être.Lapuissance passive qu’est lamatière première est ordonnée auxformes substantielles. Elle est pure puissance, réel pouvoir dedevenir tous lesêtrescorporels17.Lapuissancepassivequiestmatièresecondeestordonnéeauxformesaccidentelles.Lesujetontologique, déjà substantiellement actué, garde en lui de lapotentialité vis-à-vis des accidents, la quantité, la qualité, larelation, etc. Le jeune Pierre est en puissance à acquérir sastatured’homme,àcultiverdesvertusintellectuellesetmorales,àêtrepèredefamille,etc.

Lespuissancespassivesordonnéesauxformesaccidentellessont ou rationnelles ou irrationnelles. La puissance passive àêtrebrûlé,ouàêtresculpté,estirrationnelle.Lepassageàl’acteestnécessaire.Lespuissancesrationnellessontremisesentrelesmainsdenotreconseil.Lapuissancepassiveàêtreenseigné,quirendlesujetcapablederecevoirlaformationd’unmaîtresurtelpointlaisséàsonlibrechoix,estunepuissancerationnelle.

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Les puissances passives, rationnelles et irrationnelles,peuvent s’entendre soit d’une impossibilité à subir telchangement, soit d’une simple capacité à recevoir quelquedétermination,soitàrecevoirunemodificationdans lesensdumeilleur18. Est puissance passive, la résistance d’une chose àêtre broyée, brisée, courbée, en un mot à être détruite. Estpuissance passive, la résistance à la maladie, une certainerobustesseetvigueur,uneinvulnérabilitéàl’actionnocived’unagent qui permet de ne pas subir d’altération, voire decorruption.Estaussipuissancepassive,lacapacitédesubirunealtération.C’estenraisond’unepotentialitéradicale,celledelamatière première qui entre réellement dans la composition desêtres corporels, que ceux-ci sont sujets à l’altération et à lacorruption.Estqualifiédepuissantausensdepuissancepassivemais de façon nuancée, celui qui est capable deperfectionnement. Est au contraire qualifié d’impuissant celuiqui est peu perfectible. Est docile, celui qui a une grandecapacité à recevoir l’enseignement d’un maître. Est indocile,celui qui n’est pas susceptible d’être instruit. Des bois quipeuventfacilements’enflammersontqualifiésdecombustibles;des bois verts, difficilement inflammables, sont qualifiésd’incombustibles19.

Lapuissancepassiveordonnéeauxformesaccidentellesestsoitnaturellesoitobédientielle,quandonlaconsidèrenonplusdans son rapport à l’acte entitatif, mais dans son rapport àl’agent capable de l’actuer20. La puissance naturelle est lapuissance passive d’un sujet par rapport à un agentimmédiatement proportionné. La puissance du bois à lacombustionparlefeuestunepuissancepassivenaturelle.Ilestdelanatureduboisd’êtreenflamméparlefeu.Lapuissancedel’intelligencehumaineàêtreactuéepardesspeciesintelligibles

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abstraites des choses sensibles est une puissance passivenaturelle.

La puissance obédientielle est la puissance passive d’unsujet à recevoir d’un agent supérieur une détermination quidépasse sa capacité naturelle, ou une élévation à produire uneffet supérieur à son effet naturel. La puissance obédientielleregarde l’agent auquel elle est soumise, auquel elle « obéit ».Elle n’est pas une orientation positive du sujet. Elle n’est pasunepropriété,maisunesimpleconvenance,oumêmeunesimplenon répugnance de sa nature à recevoir une déterminationsupérieure, ou à produire un effet supérieur. La puissanceobédientielleestlapuissancepassived’unétantsoitparrapportàunagentcréé,soitparrapportàDieu21.

Lapuissanceobédientielled’unétantparrapportàunagentcréé supérieur à sa nature est l’aptitude à recevoir de lui, soitune détermination qui dépasse sa capacité naturelle, soit uneélévation à produire un effet qui dépasse sa vertu naturelle.Qu’une forme traduisant une idée jaillisse de la pierre sous leciseau du sculpteur, ce n’est pas naturel à la pierre. Elle aseulement la puissance obédientielle d’exprimer en image unepenséeouunsentiment.Leboisestentrelesmainsdusculpteurcommeunmatériaupossiblepour réaliserune statue. Ilyaenlui une non-répugnance, etmême une certaine convenance quinesetrouvenidansl’eaunidansl’air.Cesdeuxréalitésnesontpasenpuissanceobédientielleparrapportausculpteur.Maislepinceauentrelesmainsdel’artisteaunepuissanceobédientiellepour produire un effet supérieur à son effet naturel. Mû parl’artiste, il reçoit de lui le pouvoir d’exprimer sur la toile despenséesetdessentiments,parexemplelanativitéduSeigneur.

LapuissanceobédientielledelacréatureparrapportàDieuest l’aptitude à recevoir de Dieu, agent suprême, soit une

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qualité, la figure de saintDominique par exemple, spécifie cemorceau de bronze,mais est limitée par lui.Elle y est en tantqueparticipée;etellen’estplusparticipablecommetelle.Ellel’estend’autresmorceauxdebronze,deboisoudemarbre.Laforme substantielle des êtres corporels, par exemple celle ducerf, est limitée par la puissance qui la reçoit, la matièrepremière signata quantitate. De même, cette goutte d’eau estlimitée et distincte de cette autre goutte d’eau, parce que laformesubstantielledel’eauestreçuedanslamatièrecapabledecette quantité, et non dans la matière capable de cette autrequantité, propre à telle autre goutte d’eau. Dans l’ordre del’opération immanente, première espèce de qualité, il estmanifestequelasagesseestlimitéeparlacapacitérestreintedel’intelligence humaine, et l’amour est limité par la capacitérestreintedelavolontéhumaine.Lesactesdesagesseetd’amourdel’hommesontdesacteslimitésetnoninfinis.

Tout acte, que ce soit l’acte essentiel, substantiel ouaccidentel, que ce soit l’acte d’être ou l’acte opératif, dès lorsqu’ilestreçudansunepuissance,ilentreencompositionréelleavec elle, et sa perfection est limitée36. Tous les êtres limitéssontcomposésdepuissanceetd’actecommedeprincipesréels,intrinsèqueset réellementdistincts,eten toutecompositiondepuissance et d’acte, c’est la puissance qui limite l’acte37.Perfectiond’être,l’acten’estlimitéqueparlapuissance,quiestcapacitéréelledeperfection.

Dansl’ordrestatique,constitutifdel’être,lapuissancerendcompte de la finitude et de la hiérarchie des étants, del’imperfection de l’un à l’égard de l’autre dont le degré deperfection est plus élevé38. Dans l’ordre dynamique, lapuissance rend compte de la mutabilité des étants corporels.Conjoint à la puissance, l’acte possède une perfection limitée.

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Dégagédetoutepuissance,ilpossèdeuneperfectionillimitée.Ya-t-ilunactepur?Quelest-il?Quelssontsesattributs?

Lamultiplicationdel’acteparlapuissance

La limitationdes êtresquant à leurperfectiond’être est lefondement de leur multiplicité, parce que la distinction estprincipedunombre.Ilyapluralitéd’êtresparcequ’unêtren’estpasl’autre,maisestréellementdistinctdelui.Ilyapluralitédemodesd’êtreparcequetelmoded’êtren’estpastelautre,maisdistinctdetoutautre.Unêtreestdoncdistinctd’unautreparcequ’il possède telle forme substantielle perfectionnée par tellesformesaccidentellesquel’autrenepossèdepas,etparcequ’ilaunacted’êtrepropreetréservé.Cetarbreal’être,maisiln’apasl’être de ce chien. Ce fruit qui est une poire a telle qualitéessentiellequen’apascetautrefruitquiestd’uneautreessenceet qui est une noix. Pierre et Jacques sont de nature humaine.Mais cet homme, Pierre, est distinct de cet homme, Jacques.PierreadesprincipesindividuantsautresqueceuxdeJacques.L’acte d’être de Pierre est autre que l’acte d’être de Jacques.Pierreatellesqualitésintellectuellesetmoralesquisontautresque celles de Jacques. Même si tous deux sont d’excellentsmathématiciens, chacun possède un habitus de sciencemathématique qui lui est propre. Que Pierre vienne à mourir,Jacquesconservesanaturehumaineindividuée,sonacted’être,etsonhabitusdesciencemathématique.

Unêtreestdoncdistinctd’unautreêtre,etunmoded’êtreest distinct d’un autre mode d’être, en raison de leur limiterespectivedansl’ordredel’êtreetdelaperfection.Cettelimitetrouve sa raison explicative dans la puissance qui entre encomposition réelle avec l’acte. Un être est distinct d’un autre

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parcequ’iln’estpasl’actepurmaisunactemixte,reçudansunepuissance et contracté par elle. L’acte étant perfection n’estlimitéqueparlapuissance,quiestcapacitédeperfection.Làoùl’acte serait pur, il serait infini et unique. Limitation etmultiplicationdel’actes’expliquentparlapuissanceenlaquellel’acteestreçu39.Ilyaunemultituded’étants,unemultitudedeformes substantielles et accidentelles, une multitude d’actesopératifs, parce qu’il y a une multitude réelle de sujetsrécepteurs de l’acte d’être, une multitude de substancespremières dediverses natures, enpuissance à recevoir diversesformes accidentelles. Ainsi l’acte d’être est multiplié par lesdiversesessencescapablesdelerecevoirenlecontractantetenle spécifiant. Il est diversifié du fait qu’il est l’acte d’être de« ceci » ou l’acte d’être de « cela », l’acte d’être de cetteessence-ci, ou l’acte d’être de cette essence-là40. La quiddité«homme» et l’essence« esprit pur»diversifient l’acted’êtrequechacunereçoitàlamesuredesaproprecapacité.

Il y a multiplication des formes substantielles etaccidentelles par réception de ces formes dans la materiasignata quantitate. La nature humaine est multipliée par lesdivers sujets qui la possèdent : Pierre, Jacques, Suzanne…LafiguredesainteClaireestmultipliéeparlesdiversmorceauxdeboisenlesquelselleestreproduite.Chaquemorceaudeboislalimite. Sculptée dans ce morceau de bois-ci, elle estindividualiséeetn’estplusfigurable.Maisuneformeidentiquepeut être sculptée dans d’autres morceaux de bois et celaindéfiniment. Une qualité de la quatrième espèce, une sciencepar exemple, est multipliée par les divers savants qui lapossèdent.Etlessciencessontmultiplesparcequechacuneaunobjet limité. Aucune d’elles n’est exhaustive de la vérité deschoses.L’acted’amourestmultipliéparlesdiversespuissances

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Le premier a contribué à la réalisation du feu en causantquelqueseffetsqui luisontattribuésenpropre.Lapréparationdubois est attribuée en propre à celui qui relativement au feun’aqu’uneinfluencedispositive.Danslagénérationhumainelesparents sont lacauseprincipaledispositivequin’atteintpas ladisposition ultime. La réception de la forme suit de façonnécessairelacréationetl’infusiondel’âmehumaineparDieu.

Lacausalitéd’unagentprincipalunivoque,

secondetperfectifL’éductiond’uneformesubstantiellerequiertunematièreen

puissance à la forme à éduire. L’éduction consiste dansl’actuation d’une forme contenue dans la puissance de lamatière67.L’agent travaille suruncomposéhylémorphique, carlamatièrenepeutexisterquesousquelqueformesubstantielle.Danslecomposé,lamatièreestprivéedelaformesubstantielleà acquérir par l’action propre de l’agent. Cette privation estnécessairement conjointe à la forme qui doit être exclue parl’éduction de la forme nouvelle. Toutefois, dans le composéhylémorphiquesurlequeltravaillel’agentgénérateur,ilyadesdispositionséloignéesà la formeàéduire.Sinon lacorruptiondu composé antérieur et la génération du composé nouveauseraientégalementimpossibles.

Laformeàéduireestcontenuedanslamatièrecommedansunepuissancepassive,de tellesorteque lecomposésoit faitàpartird’elle,enelle,etdépended’elledanssondeveniretdansson être. L’éduction exige un agent générateur composé dematièreetdeforme.Lacaused’unesubstancecorporelleestuneautre substance corporelle.Car le terme de la génération n’estpasseulementlaformemaislecomposé,ettoutagentcauseun

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semblableàlui.Unfeuengendreunfeu.Lacausedel’éductiond’une forme substantielle est nécessairement un composé dematièreetdeforme68.

L’agent doit posséder en acte une forme semblable à cellequ’il éduit de la matière. La forme possédée par lui demeureextérieureàl’effet;ellen’entrepasdanssaconstitution.Maislaformedel’effetestsemblableàcelledel’agent.Ellen’estpasnumériquementlamême,maisspécifiquementsemblable.L’effetparticipe à égalité la forme de l’agent selon une ressemblancespécifique69.

L’agent cause en réduisant la matière de la puissance àl’acte. Il fait apparaître une formenouvelle en l’éduisant de lapuissance de la matière. La forme nouvelle est causée partransmutation de lamatière et existe en dépendance d’elle. Lamatière qui était privée de cette forme est présentement actuéeparcetteforme.Lagénérationconvertitlamatièred’unétantenlamatièred’unautreétant.Laformeprimitive, le termeaquo,cessed’être,etlaformenouvelle,letermeadquem,commenced’être. La forme primitive est corrompue, non par annihilationmaispartransmutation.Entreletermeaquoetletermeadquemil y a une communauté, celle du sujet, c’est-à-dire celle de lamatière première, et une connexion, celle d’une succession etd’une certainedépendance.L’agent unit la formenouvelle à lamatière, et réalise l’unitédunouveau composéhylémorphique.Quand la forme est éduite, elle est produite unie à lamatière.L’éduction produit le composé. La forme éduite partransmutationetunieàlamatière,constituelecomposé70.

L’agent commence par altérer les accidents du composéhylémorphique en voie de dissolution. L’éduction de la formenouvelle ne peut se faire que par mutation des dispositionsaccidentelles de la matière, de sorte que disposée à la forme

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primitiveellesoitdisposéeàlaformenouvelle.Unagentcréénepeutatteindreimmédiatementl’intimitéd’unenature.Ilnepeutagir que de l’extérieur, sur les accidents. Il éduit de lapotentialité de la matière une forme substantielle nouvelle enaltérant les formes accidentelles d’un étant. L’altération causeles dispositions nécessaires à l’éduction de la nouvelle formesubstantielle. Cependant, si toute génération substantiellesuppose une altération, disposer la matière en altérant lesaccidentsd’uncomposéhylémorphiquen’estpasengendrerunnouveaucomposé.

La génération d’un composé substantiellement semblable àl’agent termine l’altération mais s’en distingue formellement.Pour produire l’altération, l’action d’un forme accidentellesuffit, mais pour communiquer à l’engendré une formesubstantielle semblable à la sienne, l’action de la formesubstantielledugénérateurestrequise.«Lepropredel’actiondesformessubstantiellesn’estpasdedisposerlamatière;lesformes accidentelles y suffisent par l’altération. La formesubstantielle du générateur est le principe d’action, grâceauquel il communique sa forme substantielle à l’engendré. »(SCG,Lib.III,cap.69)

Toutefois la forme substantielle n’est pas le principeprochain de la génération. C’est par l’intermédiaire de sesaccidentsquelegénérateurestcausedelaformesubstantielledel’engendré.Lesformesaccidentellesontraisond’instrumentdelasubstancedugénérateur,instrumentconjointàlasubstanceetqui agit dans la vertu de la substance. L’action propre auxformes accidentelles est élevée instrumentalement, par la vertudelaformesubstantielle,àproduireuneffetsubstantiel.Laisséeàelleseule, l’actiond’uneformeaccidentellese termineàunequalitéaccidentelle.Instrumentalementsurélevée,l’actiond’uneforme accidentelle peut produire un effet substantiel. Du fait

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•Lamotioninstrumentale

L’agentprincipal imprimeà l’instrumentunemotionqui lefait coopérer à son œuvre. Il lui imprime une forme dont laperfectionestsupérieureàcellede l’effetconnaturelà l’actiondel’instrument.Outrelemouvementlocalimpriméàlascie,lemenuiser imprime en elle une motion spéciale qui la faitcoopéreràlafabricationdulit.Laformedulitestsupérieureàunesimpleincisionfaitedanslebois,œuvrepropredelascie.Cette motion spéciale est la motion instrumentale ; son effet,l’effetinstrumental.

Par rapport à la réalisation de l’œuvre propre à l’agentprincipal,l’instrumentestenpuissanceobédientielleàlamotionsurélevante. Il n’est instrument que lorsque l’agent principalsurélèvesonaction,desortequ’ilréalisecequ’ilestincapablederéaliserparsaseulevertu.L’actioninstrumentaleestl’actionpropre de l’instrument prise sous la motion actuelle etsurélevante de l’agent principal. La vertu instrumentale est lavertu de l’agent principal communiquée à l’instrument enmotiondirectriceélevante, reçueetobéiepar l’instrumentdanssonactionpropre.

L’usage que l’agent principal fait de l’instrument leconstitue instrument en acte. Si quelqu’un vient à frappersimplementsurlestouchesd’unpiano, ilyaémissiondesonsmais il n’y a pas harmonie. Il n’y a ni action ni effetinstrumental.Ilyaseulementmouvementlocal,etactioneteffetpropresaupiano.L’actiondupianon’estpasencoresurélevéeàproduireceteffetsupérieurqu’estunbeaumorceaudemusique,œuvrepropredupianiste.

L’agent principal fait passer dans l’instrument sa vertupropre.L’instrumentestcausede l’effetde lacauseprincipale,non certes par sa forme et sa vertu propre, mais par la vertu

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participée de celle de l’agent principal, la vertu instrumentale.Alorsseulement,ilestformellementinstrument95.

L’instrument est subordonné à l’agent principal. Le lieupropredeleurcoopérationestlemouvement.Dansl’instrument,le fondementdumouvement est lapuissanceobédientiellequeson action propre offre à l’emprise de fins supérieures. Dansl’agent principal, le fondement du mouvement est latranscendancedesamotion,capabled’assumerdanssonactionproprel’actiondel’instrument.

L’essefluens,transiens,delavertuinstrumentale

Unevertuestunprinciped’action. Ilyadans l’instrumentun réel et nouveau principe d’action. La vertu instrumentale,communiquée par l’agent principal et participée parl’instrument,estunvéritableprinciped’action,noncertesselonunmodeparfait et stable, comme lavertude l’agentprincipal,mais selon un mode imparfait et instable, de l’ordre de lamotion. Or le mouvement est de l’être en tendance, soit versl’être substantiel soit vers l’être accidentel. L’être de la vertuinstrumentalestdel’êtreentendance.

Lavertuinstrumentale, transmiseaussitôtqu’empruntée,nesiège pas dans l’instrument. Elle n’est pas reçue à la manièred’unequalitépermanente.Ellenedemeurepasdansl’instrumentquandcederniern’estplussouslamotiondel’agentprincipal.Elle se trouve dans l’action productrice comme une qualitépassagère, un influxus transiens96. Elle ne fait que traverserl’instrumentsanss’yfixerlemoinsdumonde.Dèsquel’ouvriercessed’agir, la scie conservebien son tranchant et savertudecouper,maiselleneconservepaslavertudefaireunsiège.Cettevertun’afaitquelatraverser97.

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La forme de l’effet produit existe d’une certaine manièredans l’instrument. En tant qu’il est mû, elle est éduite de sapuissanceobédientielle.Toutagentagitselonsaforme.Ainsilaformedusiègeconçueetvouluepar l’artisanestprésentedansla scied’unemanière incomplète,enmouvementvers lapleineréalisationqu’elleauradanslebois98.

Laformedel’effetproduitn’estpasdansl’instrumentselonune ressemblance spécifique. Elle s’y trouve selon un essefluens, transiens, qui passe d’une perfection relative à uneperfection supérieuremais relative encore. Son être en devenirest en ten-dancevers l’actuationpleineà laquelle elleparvientautermedelamotioninstrumentale.Lafigured’unbeaudessinpasse tout entière à travers le crayon du dessinateur. Elle s’ytrouve en devenir. Elle n’est réalisée que sur la feuille depapier99.

Rapportsentrel’actionpropredel’instrument

etl’actionpropredel’agentprincipalPourréaliserlestyledelitqu’ilconçoit,lemenuisiersesert

de l’action propre d’une scie, instrument fait pour couper uneplanche de bois. Ceci manifeste trois éléments nécessaires àtoute action instrumentale : l’action propre à l’instrument estnécessaire ; l’effet réalisé a uneperfectionqui excède la vertupropreàl’instrument;ilestlefruitd’unevéritablecoopérationdel’agentprincipaletdel’instrument;toutefoisilestassimiléàla conception de l’agent principal et non à la forme del’instrument.

•L’actionpropredel’instrumentestnécessaire

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déterminéetcequ’ilestcommeréel113.Lamotiondivinepénètreet traverse l’actionde lacréature,

cause causée actuellement productrice. Sa causalité est plusample et plus profonde que celle de la créature : elle donnel’être.Qui a l’êtremaisn’estpas l’être abesoindeDieupourexister,pourêtreconservédansl’êtreetpouragir.Partoutoùily a un plus d’être, comme il en est au terme de l’action de lacréature, l’intervention du Premier moteur immobile estnécessaire.LacréaturenepeutsubsistersansêtreactuellementdépendantedeDieudanssonêtreetdanssonagir114.

L’homme, être limité et imparfait, dépend ontologiquementde l’Actepur. Il a besoind’unemotiondivinepour chacundeses actes : marcher, se nourrir, grandir, engendrer, connaître,aimer,agir.C’est saconditiondecréature,etceciestvraiquelque soit son état, état de justice originelle ou état de naturedéchue,etàlaplénitudedestemps,étatdenaturerachetée,ici-bas dans la grâce, au ciel dans la gloire. La motion divinedemeureindispensable115.

L’Actepur,causepremièreefficiente,estinfini,

unique,parfait,simple,immuable,tout-puissantL’Actepurestlacausepremièredetoutêtre.Ilconservetout

être dans l’être. Il porte à l’action tout ce qui agit de quelquemanièrequecesoit.

L’Actepurestnécessairementinfini.C’estlapuissancequilimite l’acte. Aucun être composé ne peut être infini. Lacomposition est la source de la finitude de l’être. L’acte estcontracté aux limites de la capacité et des virtualités de lapuissance qui le reçoit. L’acte infini n’est reçu dans aucunepuissance116.

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L’Actepurestnécessairementunique.C’estlapuissancequimultiplie l’acte.Sipar impossible ilyavaitdeuxactespurs, ilfaudraitqu’ilssedistinguentl’undel’autreparquelquechose.Uneperfectiond’êtresetrouveraitdansl’unquinesetrouveraitpasdansl’autre.Uneperfectiond’êtremanqueraitàl’unquiparlà même ne serait pas infini. Il ne serait pas l’Acte pur, lepremier Moteur immobile, la Cause première de tout être, detoutevéritéetdetoutebonté117.

L’Acte pur est parfait parce qu’il est la cause premièreefficientedetouteschoses.Toutagentagitdanslamesureoùilestenacte.Lacausequidonnetoutl’êtredoitêtrelaplénitudedel’être,l’êtreparessence,l’étantdontl’essenceestl’être.Riennedoitmanquerenfaitdeperfectionàlacausepremièredetoutl’être.Dieuestinfinientoutesperfections.

L’Acte pur est absolument simple. Tout être composé estcomposé de puissance et d’acte. Aucun être composé ne peutêtre l’Acte pur. Demême aucun ne peut être infini, aucun nepeut être laCause première de tout ce qui est.Aucun ne peutêtre le Premier être, parce que tout être composé résulte del’uniondespartiesqui lecomposentetdépendde lacausequiunit lespartieset rendcomptede leurunion.Toutétant limitéestcomposéà tout lemoinsd’essenceetd’acted’être. Iln’estpas par soi a se. Il tient son être d’un autre. Il n’est pasnécessairemaiscontingent.Ildépenddelacausalitédel’Êtrease, l’Ipsum esse subsistens, l’Acte pur infini, unique, parfait,absolumentsimple118.

L’Actepurestimmuable.Ilexcluttoutepotentialité.Ortoutce qui change est en puissance, du moins sous un certainrapport.Lamutationestlepassagedelapuissanceàl’actesousl’influx causal d’un être en acte. Il y a donc une évidenteimpossibilitéàcequeDieusoitsujetdemutations.Ilnepeutni

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pâtirnisouffrir.L’Actepurinfinientoutesperfectionsnepeutrienacquérirdenouveau.Ilestimmuable,immense,éternel119.

L’actepuresttout-puissant.Celuiquiestl’êtreestlacausepremière de qui proviennent tous les degrés d’être et deperfection, tout ce qui agit de quelque manière que ce soit.L’actepurestsouverainementactif.Lavertuopérativen’estpasen lui une puissance d’opération à la manière dont elle l’estdanslacréature.Chezelle,lavertuopérativeestunequalitéquidécoule de son essence. Elle est principe d’opération en actepremier, en puissance à l’acte second. En Dieu, aucunepotentialité, aucune composition, sa puissance n’est pas autrequesonaction,quin’estpasautrequesonessenceidentiqueàsonesse120.

Toutcequiest,oubienestactepuroubiencomposédepuissanceetd’acte

L’Acte pur, l’Ens per se, infini, unique, parfait, simple,immuable, tout-puissant, Premier moteur immobile, est Causepremière efficiente. Son opération immanente de sagesse et debontéestvirtuellementtransitive,causedetouslesêtresentoutcequ’ilssontetentoutcequ’ilsfont.

Les créatures, entia per participationem, actes mixtes,limitésdansl’ordreentitatifetopératif,multiples,imparfaitsetmobiles,sontcausessecondesefficientes.Ellessontcomposéesd’essenceetd’acted’être,desubstanceetd’accidents,denatureetde sujet,d’êtreetd’opérations.Ce sontdescausescausées,quinecausentqu’endépendanceactuelledelaCausepremièrenoncausée.Sous lamotiondivine,ellessontcausedudevenirdel’effet,nondesonêtre.

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VI

L’Êtreestsubstanceetaccidents

«Omnisenimresvelestsubstantiavelaccidens.»(Depotentia,q.8,a.2)

L’expériencedudevenir

Constatationdesfaits

Les êtres de notre expérience sontmobiles.Lemouvementimpliqueunsujetquipassedelapuissanceàl’acte,quitoutendemeurant identique à lui-même reçoit une multiplicité deformes. Par exemple, Jacques a grandi et acquis des qualitésintellectuellesetmorales. Ilexercemaintenant laprofessiondedentiste,enlienavecd’autrespersonnes,etprendrasesvacancesdansunestationdemontagne.

Réflexionsurlesfaits

Comment concilier l’identité du sujet avec la réalité duchangement?Commentlesujetagissantetpâtissantdemeure-t-ilidentiqueàlui-mêmesouslaréalitéduchangement?Commentreste-t-il hypostatiquement « un » tout en recevant diversesdéterminations?

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Explicationdesfaits

L’être se divise analogiquement en substance et accidents.Lesujetquiexisteensoietdemeuresoi-mêmetoutenrecevantdiversesdéterminations,estlasubstancepremière.Lesmultiplesdéterminations reçues, qui assurent sa perfection sans nuire àson unité substantielle, sont des accidents : la quantité, laqualité,larelation,l’actionetlapassion,lelieuetlaposition,letempsetlapossession.«Estsubstance,pourledireenunmot,parexemple:homme,cheval;quantité,parexemple:longdedeux coudées, long de trois coudées ; qualité : blanc,grammairien;relation:double,moitié;lieu:danslelycée,auforum;temps:l’andernier,hier;position:ilestcouché,ilestassis;possession:ilestchaussé,ilestarmé;action:ilcoupe,ilbrûle;passion:ilestbrûlé.»(Aristote,LesCatégories,ch.4,1b25)1

Lesdixmodesanalogiquesd’être:lasubstanceetlesneufaccidents

L’êtreentantqu’êtreestanalogue,d’uneanalogied’attributionintrinsèque,fondéesuruneperfectionpossédéeàdiversdegréspar les analogués que sont la substance et les accidents, uneperfection constitutive des dix analogués selon leur unitérelative et leur simple diversité, une perfection causée parl’Étantpremierquiest lacauseau-dessusetendehorsde toutgenre2.

Lepremieranaloguéestlasubstancepremièrel’ensperseetinse ; lesanaloguésinférieurssontlesaccidentsensperaliudetinalio.Lasubstancesecondeestcequiestapteàexisteren

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soi, « homme » par exemple. L’accident est ce qui est apte àexister dans un autre, une vertu par exemple. Le sujetd’inhérencede l’accident est la substancepremière, l’étantquiexisteparsoietensoi.L’accidentestétantdetelétant;ilexisteparunautreetdansunautre; ilestenssecundumquidetpersubstantiam.Lesaccidentssontentiaentis,sunttalisentis3.

Les accidents sont ordonnés à la substance selon unehiérarchie.Lasubstanceestleprinciped’ordredesaccidents.Ilssontdesformesajoutéesàlasubstance.Lesaccidentspropresetinséparables sont causés par les principes spécifiques de lasubstance.Parexemple, lespuissancesde l’âme.Lesaccidentsséparables, comme être debout ou assis, sont causés par lesprincipesindividuelsdelasubstance4.

Les accidents sont des étants, non seulement en raison deleur ordre à la substance, mais encore parce qu’ils sontformellementetréellementdel’être.L’accidentquiinhèredansla substance a une détermination formelle précise et un acted’êtrepropre.Envéritéilquantifieouilqualifielasubstanceenlaquelle il inhère,ou il lametenréelle relationavecuneautresubstance5.

Substanceetaccidentssontdel’êtrediversement.Leproprede lasubstanceestdesubsisterensoietparsoi.Lepropredel’accident est d’inhérer, inesse subjecto. Chacun des neufaccidents réalise diversement et proportionnellement laperfection d’être dans un autre comme dans un sujetd’inhérence. La notion d’accident est analogique. Les neufmodesd’êtreaptesàexisterdansunautresontrelativementunetsimplementdivers.Laquantitéestcequimesurelasubstance,laqualitécequiladispose,larelationcequilaréfèreuneautresubstance, etc. Substance et accidents sont dix modes departicipation à l’être selon des structures essentiellement

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seulement sonextensionenpartiesdimensives, sa localisation,sa situation, sa configuration. Un changement qualitatif estd’ordre intensif et provient de la réception plus ou moinsprofonded’uneformeaccidentelledanslesujet.Selonledegrédeculturedesonhabitusdemathématique,unhommeestplusoumoinsmathématicienqu’unautre.Oruneformesubstantiellen’est pas reçue dans un sujet. Elle ne peut pas être participéeplus ou moins parfaitement par le sujet récepteur. La formesubstantiellecorporelleestreçuedanslamatièrepremièred’unemanièreindivisible,modoindivisibili.Ilnepeutdoncyavoirduplusetdumoinspourlesformessubstantielles23.

Ilenvaautrementdesformesaccidentellesquipeuventêtreparticipéesplusoumoinsparfaitementparlesujetquilesreçoit,et qui sont susceptibles d’une augmentation qualitative ouintensive. Nous pouvons avoir une foi, une espérance, unecharité,plusoumoinsgrandes,plusoumoinsparfaites,suivantles degrés d’enracinement de ces vertus dans nos âmes.Certaines formes accidentelles peuvent avoir une augmentationquantitative:lepoids,lataille,l’âge.Unesciencepeuts’étendreà un plus grand nombre d’objets ut res, et s’enrichir denouvellesconclusions.

Êtresujetdescontraires

Tout en demeurant ce qu’elle est, la substance est apte àrecevoir des contraires. Être le sujet qui reçoit des contraires,leurdonne l’être, et demeure idemetunumnumero, estmêmepropreàlasubstance.Nulautremoded’être,toutenrestantlui-même,nepeutrecevoirdescontraires.Lamêmecouleurnepeutêtre enmême tempsuneautre couleur.Ce seraitpour elle à lafoisetsouslemêmerapportêtreetnepasêtre.Leblanctouten

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restantleblancnepeutpasêtrelenoir.Silemêmeétantnepeutêtreblanc et noir à la fois et sous lemême rapport, il peutdeblancdevenirnoir.Lesubsistantestlesujetdescontraires:defroid il devient chaud, d’ignorant il devient savant, dedésobéissantildevientobéissant.Ilestleprincipedel’actionetdelapassiondanslamutation:ilestceluiquiagit,quisouffre,quipâtit le froid. Il est leprincipede toutes sortesde relationaveclerestedel’univers:celui-ciestpèredefamille,assissurune chaise, au soleil. L’indivisibilité de la substance et sasolidité rendent possible un monde relatif, multiple etchangeant.Lesujetentantquesujetdoitêtresubstantiel;c’estla substance qui rend compte de l’identité du sujet sous laréalitédesmutations24.

Lasubstanceestlefondementetlesujet,nonseulementdesaccidentspropres,maisdetouslesaccidents.Elleestleprincipedes accidents propres. Par exemple, les facultés découlent del’essence de l’âme. L’étant n’existe pas sans ses accidentspropres, qui n’existent que par lui et en lui. La substancepremièrerendcompteàlafoisdel’identitéetdeladiversitédesindividualités, des totalités et des complémentarités que nousrencontronsdansleréel.Demultiplesaccidentsadviennentàlasubstance pour la compléter, la perfectionner, la mettre enrelationavecd’autres substances.Lesaccidents sont«comitessubstantiæ»,ditCajetan,lescompagnonsdelasubstance,parcequecelle-ciabesoind’eux,eteuxontbesoind’elle.

Lesaccidentsontbesoindelasubstancepourexister.Qu’ilssoient séparables ou inséparables, ils inhèrent dans lesubsistant. Les propriétés de l’espèce et celles de l’individun’existent que par la substance et dans la substance dont ilsrévèlent lanature25.Lasubstanceabesoindesaccidents.Sansses accidents propres et inséparables, une substance, tout en

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étantcomplètedans l’ordrede laquiddité,est incomplètepourexister. Sans les propriétés qui découlent des principesessentiels de l’espèce, et sans les accidents inséparables quidécoulentdesprincipesconstitutifsdel’individu,iln’yapasdesubstance individuelle et par conséquent pas de substancepremière subsistante. L’homme ne peut exister s’il n’a niintelligence ni volonté, s’il n’est ni grand ni petit, etc. Unecréature ne peut exister sans accidents, les propres et lesinséparables, etmême les séparables.Lesaccidents assurent laperfectionde la substancepremière. Il lui faut des causes, desfinsetdesrelations,quiassurentsonexistenceetlesactionsparlesquelles elle atteint sa fin propre. Par exemple, l’homme abesoin d’un père et d’unemère pour venir à l’existence. Pours’épanouir dans l’être, il a besoin de recevoir de ses parentsnourritureetsoins,éducationetinstruction.Pourperfectionnerses facultés de connaissance et d’affection, il a besoin derecevoir de divers maîtres une culture scientifique, artistique,éthique. Il doit exercer une profession qui l’insère dans lasociété ; il l’accomplitencollaborationavecsescollègues.Parses actesbons, il cheminevers labéatitudede lavie éternelle.Lesaccidentsd’ordrenaturelmettent l’hommeenrelationaveclemondeetavecsesfrèresetsœursenhumanité.Lesaccidentsd’ordre surnaturel font de l’homme un enfant de Dieu enrelation avec son Père des cieux et avec ses frères en Jésus-Christ,leFilsBien-aiméduPère.

Seul se suffit à lui-même l’Être premier et infini en toutesperfections. La créature a besoin de multiples accidents pourrejoindre Dieu, son principe et sa fin. La substance et lesaccidents sont nécessaires à l’existence de l’être fini. Les dixprédicamentssontlesprincipesréelsdelastructureontologiquedel’étantlimité,imparfaitetperfectible.

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corporelle postulent l’existence de la quantité. Ils sont reçusdans la substance corporelle par la médiation de la quantité,mediantequantitate.Silesujetdernierdelacouleur,commedetoutaccident,estlasubstance,sonsujetimmédiatestlafigure.Quatrièmeespècedequalité,lafigureestl’intermédiaireobligéentrelacouleur,troisièmeespècedequalité,etlaquantité.Sujetintermédiaire, elle est elle-même reçue dans un sujet dernier,doué de perséité, le subsistant. La quantité est le mediumrécepteurdesautresaccidentspropresàlasubstancecorporelle.Celle-ci doit être quantifiée pour recevoir les troisième etquatrième espèces de qualités, les relations fondées sur laquantité, ainsi que l’action et la passion, l’ubi, le situs, lequandoet l’habitus46.Seul l’êtrecorporelest localisé,carsonlieuestlasurfaceinterneducorpsambiantimmédiatementàsoncontact.Lesparoisinternesduvaseconstituentlelieudel’eauquiremplitlevase.Lesubsistantmatérielarapportaulieuparlaquantité qui étend ses parties et lui donne ses dimensionspropres47. Le corps du Christ n’est pas localisé dansl’eucharistie parce qu’il n’est pas présent selon la quantité48.Pourlamêmeraisoniln’estpassujetauxmutations.Laquantitéfaitquelesubsistantcorporelestsoumisàlagénérationetàlacorruption,auxmutationsquantitativeset locales,ainsiqu’auxmutations qualitatives qui postulent un élément matériel :changementsdefigure,decouleur,desaveur,d’odeur,degoût,deconsistance,depossessions49.

– La quantité est le premier accident de la substancecorporelle. En divisant la matière, elle permet aux autresaccidents de modifier réellement et intimement le composéhylémorphique. Le monde varié et changeant des accidentscorporels existe par lamédiation de la quantité. Par exemple,deux blancheurs identiquement blanches diffèrent

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numériquement en raison de la division de la matière par laquantité : elles affectent deux surfaces différentes. Deuxcouleursdifférentesderosessupposeauminimumdeuxroses,etprovient de la multiplication quantitative des roses par ladivision de la matière. Que les vertes feuilles d’un platanedeviennentjaunesàl’automneestunemutationquiimpliqueladivisiondelamatièreenplusieursfeuilleset,surl’étenduedesfeuilles, la succession de plusieurs couleurs à partir du vertjusqu’aujaune50.

Étantdivisible, laquantitédonneà la substancecorporellesespartiesdistinctesetlaconstituepartiedel’univers.Grâceàlaquantité,elleprenduneextensionetunordredesespartiesdans le lieu.Elleest structurée, localisée, située.Ceciestplusvisiblechezlevivant,planteouanimal.Laquantitéquiétendlesparties de la substance corporelle lui confère une figure quimanifeste à nos yeux sa nature spécifique. La diversité deslignes est causée par la diversité de situs.Ainsi la forme d’unarbre indique s’il s’agit d’un pin ou d’un tilleul51. Grâce à laquantité,unesubstancecorporelleoccupeuneplacedéterminéedans l’ensemble de l’univers. Nous contemplons une bellechaînedemontagnes.Nousconstatonsquecethommequiétaitassisestmaintenantdebout.

– Principe de divisibilité et demultiplicité, la quantité estprincipedemutation,car lemouvement impliquedivisibilitéetmultiplicité.Grâceàlaquantité,lasubstancecorporelleentreencontact avec une autre substance corporelle. Ainsi est-ellecapabled’êtremuepar l’autre,oudemouvoir l’autre,oudesemouvoir elle-même en tant qu’autre. La quantité permet à lasubstance corporelle d’être modifiée par l’action et par lapassion, d’être mesurée par le temps qui est la mesure dumouvement52. La quantité est donc le sujet récepteur des

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qualités des troisième et quatrième espèces, des relationsfondées sur la quantité et sur lesdites qualités, et des sixaccidentsrelatifs:actio,passio,ubi,situs,quando,habitus.Lescinq premiers sont communs à tous les êtres matériels. Lesixièmeestpropreàl’homme.Parcequel’hommeestunanimalrationnel,ilestvêtu,chaussé,logé,outillé,armé53.

– Il y a un ordre entre les accidents. Le plus proche de lasubstanceestlaquantité54.Viennentensuitelesqualitésreçuespar la médiation de la quantité, comme la couleur par lamédiation de la surface, ou comme les relations d’égalité etd’inégalitéfondéessurlenombre,etc.Laquantitéestlesupportcommundesaccidentspropresaucomposéhylémorphique.Ellemanifeste à nos sens, et par là même à notre intelligence, lastructureontologiquedusubsistantcorporeletsaplacedanslahiérarchiedesêtres.

– Premier accident de la substance corporelle, la quantitédéterminel’indéterminationradicaledelamatièrepremière.Elleest elle-même déterminable. Sujet intermédiaire, elle est reçuedans la substance qui demeure le sujet dernier de toutes lesdéterminationsaccidentelles.

La substance étant le principe et le sujet dernier desdéterminationsaccidentellesquis’unissentenellesansmélangeni confusion, le principe de non contradiction exige deconsidérerlasubstanceetlaquantitécommedeuxmodesd’êtreréels, réellement distincts, irréductibles l’un à l’autre, dontl’unitéestanalogique.

•Quantitécontinueetquantitédiscrète

La quantité revêt deux modalités différentes. Ce qui estdivisibleestenpuissanceàêtrediviséenpartiessoitcontinues,quodestdivisibileinpartescontinuas,soitnoncontinues,quod

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mesurepropredes êtresmatériels,mobiles et corruptibles.Lesangesnesontdoncpasmesurésparletemps.Ilssontimmuablesen ce qui concerne leur nature.Cependant ils ne se possèdentpasdefaçonimmuabledansl’opération.Composéd’essenceetd’acte d’être, l’ange est sujet au changement quant auxdéterminationsaccidentellesquesontsesactesd’intelligenceetde volonté. Sa vie implique unemultiplicité de pensées et delibreschoix.Laduréedesangesapourmesurepropre l’ævum,qui diffère à la fois du temps et de l’éternité.L’ævum n’a pasd’avantnid’après ;encela il ressembleplusà l’éternitéqu’autemps.Mais il a un commencement et s’y adjoint la conditionsuccessive d’avant et d’après : l’opération de l’ange estsuccessive. En cela l’ævum est plus proche du temps que del’éternité.

–L’éternitédivineDieuestesprit. Ilestabsolument immuable. Ilnepeutêtre

mesuréparletemps.Ilestendehorsetau-dessusdutemps.Actepur, ilestparfaitementsimple.Enluil’essence,l’acted’êtreetl’opération s’identifient. Aucune succession de pensées et devouloirsnepeutse trouverenDieu.Saduréen’estmesuréeniparletemps,niparl’ævum.Elleestunnuncstans,unprésentparfaitement stable. Dieu est éternel. L’éternité consiste dansl’uniformestabilitédecequiestendehorsetau-dessusdetoutmouvement.Elleest«lapossessiontranquilleetparfaited’uneviequin’apasdefin».Letempsetl’ævum,laduréedesêtresmatérielsetdesêtresspirituels,commencentavecleurcréation.L’éternitén’apasdecommencement.

L’habitus

L’habitus, dixième prédicament, est distinct de l’habitus,

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première espèce de qualité. C’est un prédicament propre àl’homme. Il exprime le fait que l’homme est perfectionné enconséquence de spéciales relations avec d’autres réalitésphysiques : vêtements, armes, outils, maisons, etc. L’habitusn’estpas l’avoir, lapropriété,maisendécoule.L’habitusest lemode d’être qui advient à l’homme du fait qu’il possède desobjetsextérieursetqu’ilenusedefaçonactuelleouhabituelle.L’habitusconsistedansunecertainerelationentreceluiquiaetcequ’il a.Par exemple, êtrevêtu, être chaussé, être armé, êtreoutillé, être logé, etc. Ces déterminations sont au service del’homme,deses fins individuelle,moraleet sociale.Ellessontendépendancedelaraisonpratique.Ellessontsignificativesdel’humain et du faire.Au point de vuemétaphysique, l’habitusestlederniermodedel’être,lepluséloignédelasubstance,leplusinstable, lemoinsparfait.Ildéterminelesujethumainparla médiation d’autres accidents. Par exemple, le vêtement del’homme s’adapte à sa taille en largeur et en longueur, doncselon la quantité et la figure ; à ses occupations, donc selonl’actionetlapassion;àsonmilieugéographiqueetsocial,doncselonl’ubietlesitus ;àsontempsetàsonâge,doncselonlequando ; à l’époque de sa vie, donc selon ses relations.L’habitusintéresselemétaphysicienquiprendconsciencedelasituation de l’homme aux confins du monde des corps et dumonde des esprits. Le métaphysicien explicite la structureontologique propre à chaque degré d’être, en cherchant àembrasser chacundeux à la fois dans ses détails et commeuntout dans le tout de l’univers.L’hommeest undegréd’être, etl’habituscaractérised’unecertainemanièreleniveauhumain72.

Lasubstanceetlaqualité

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L’expériencedesréalitéssensiblesnousfait immédiatementatteindrelesujetconcret,avecsacouleur,sasonorité,sonodeur,sa saveur, saduretéousonpoli.Cesont lesqualités sensiblesdusujetquenousatteignonsd’abord.Parellesetparsafigurenous parvenons ensuite à la connaissance de ses dimensions,puisàcelledesaquiddité.

Notrelangagesesertdusujetetd’attributsdusujet.Lesujetnous conduit à la connaissance de la substance, l’attribut à ladécouvertedelaqualité.Lafonctionpropredel’attributestdequalifierlesujet,deledéterminerintrinsèquement,soitqu’illequalifie substantiellement lorsque nous disons Pierre estraisonnable, soitqu’il luiajouteunenoteaccidentellequ’ilnepossèdepasenvertudesonessence,lorsquenousdisonsPierreestbonmusicien.

•Lanaturedelaqualité

Il existe des qualités essentielles et des qualitésaccidentelles.Laqualitéessentielleest lemodeprincipalde laqualité.Elleestlepremierattributdusujet.Elleluiestattribuéeinqualequid:inquid,parcequ’elleappartientàsonessence,àsa quiddité ; in quale parce qu’elle exprime l’élément le plusformeldusujet,cequiledistinguedetoutautreensonessence.Parexemple,laqualité«rationnel»estattribuéeàl’hommeinquale quid. Elle lui donne son ultime détermination formelle,qui permet de le discerner parmi les réalités d’un autre degréd’être. La qualité essentielle est la différence substantielle dusujet. Elle le désigne en son essence, lui confère d’être tellechosespécifiquementdistinctedesautres.Laqualitéessentiellen’appartientpasaugenrequalité,maisaugenresubstance73.

Laqualitéaccidentelledéterminelesujetintrinsèquementens’ajoutantàluicommeparsurabondance.Demêmequ’unsujet

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tristes et nous éprouvons l’arrêt d’une tendance vers un objetbon qui nous échappe. La tendance affective d’amours’accompagne de promptitude, de vivacité : le visage est rond,animé, coloré. La tendance affective de tristesse s’accompagned’accablement : le visage est long, abattu. Entre le mondephysique et l’homme, il y a de véritables échanges, et lesqualités passibles sont les termes de ces échanges, de cesmutationsqualitatives.

Lesqualitésdelatroisièmeespèceontcommepropriétés,lacontrariété et l’instabilité. La contrariété : blanc/noir, grave/aigu, doux/amer, âcre/parfumé, rugueux/poli, amour/haine,désir/aversion, joie/tristesse, espoir/désespoir, audace/crainte.L’instabilité:nouspassonsfacilementd’unétatpsychologiqueàun autre. Un amour fort se développe en haine de ce qui lecontrarie,enjoiedepossédersonobjet,encraintedeleperdre.

L’étude des qualités de la troisième espèce permetd’expliciterlastructuredesvivantsdeviecorporellesensible,etdefaçonspécialecelledel’homme.Quellessontlespassionsdel’âmehumaine?Cellesduconcupiscibleparrapportàunbienou à unmal sensible, sont une inclination vers ce bien ou unéloignementdecemal.L’originedelatendanceverslebienestl’amour, la tendance elle-même est le désir, le terme, la joie.L’originede la répulsiond’unmalest lahaine, la tendanceestl’aversion,etletermeestlatristesse.Lespassionsdel’irascibleont pour objet un bien ou un mal sensible en tant qu’ilsprésententuncaractèrearduoudifficile.Par rapportàunbienfutur poursuivi, c’est l’espoir ; par rapport à un bien futurabandonné, c’est le désespoir. Par rapport à un mal menaçantattaqué, c’est l’audace ; par rapport à unmalmenaçant qu’onfuit,c’estlacrainte.Parrapportàunmalprésent,c’estlacolère.

Toute passion de l’irascible aboutit à une passion duconcupiscible relative au repos, la joie ou la tristesse. Les

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passionsdel’irasciblesontintermédiairesentrelespassionsduconcupiscible qui impliquentmouvement vers le bien et cellesquiconsistentdanslereposdanslebienoudanslemal.Ilyaquatre passions principales : la joie, la tristesse, l’espoir et lacrainte. Parmi toutes les passions, l’amour a un rôled’instigateur,d’inspirateur.

•FiguresetformesNous connaissons le monde sensible dans une sorte

d’intuition esthétique, par une perception concrète, immédiate,totaleetune.Parexemple,leslignesd’unpaysage,legalbed’unvase, etc. C’est le sens artistique qui permet de connaître lafigureencequ’ellead’original.

La figure est la détermination de la quantité d’un corps,suivant ladisposition respectivedesesdifférentesparties.Elleestlaqualitédelaquantitéchezlesêtrescorporels.Elleterminela quantité de la substance matérielle et lui donne son unitéd’expression et d’harmonie. La figure est la splendeur de laforme, l’expressionsensiblede laformesubstantielled’unêtrematériel,lemoded’êtrequirendsensiblelabeautédelaformesubstantielled’unêtrecorporel.Ellesuitàlaformeplutôtqu’àlamatièredanslecomposéhylémorphique.

La figure synthétise dans l’unité d’une harmonieuseexpression sensible, les différentes qualités de la formesubstantielle de la chose de nature81. La forme artificielle estl’expressionsensiblede l’idéede l’artiste.Elleestconstitutivedel’œuvred’artquiapourformeexemplairel’idéedel’artiste,comme la forme constitutive des choses de nature a pourexemplairel’idéedivine82.

•LespropriétésdelaqualitéLespropriétésdelaqualitésontlacontrariété,l’inégalitéet

lasimilitude.Lacontrariétéappartientàlaqualité.Parexemple,

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l’injustice est le contraire de la justice, la noirceur de lablancheur, la haine de l’amour. Cependant toutes les qualitésn’admettentpasdecontraire.Tellessontcellesdeladeuxièmeetde la quatrième espèce. Les qualités de la troisième espèceadmettentdescontraires.Ellessontàl’originedesmutationsquiimpliquent nécessairement trois principes : le sujet descontrairesetlecoupledescontraires.

Les qualités admettent du plus et du moins qui se prendformellement de la perfection de la qualité considérée dans lesujet en lequel elle se réalise. Par exemple une vertu plus oumoins grande chez deux sujets qui la possèdent. Croître enperfectionestpourlaqualitéunecroissanceessentielle.

La qualité admet aussi du plus ou du moins de façonaccidentelle, en raisonde laquantitéplusoumoinsgrandedusujetenlequelellesetrouve.Ainsilablancheuraugmentedanslamesureoùlasurfaceblanchies’agrandit.Cetteaugmentationquantitativeneconvientqu’auxqualitéspassibles.

Il est une autre augmentation accidentelle de la qualité, àsavoir la croissance extensive qui convient aux qualités de lapremière espèce. Ainsi un habitus de science admet unecroissancequiseprendducôtédel’objetmatériel.Ilestplusoumoinsgrandenfonctiondesobjetsauxquelsils’étend,suivantlenombredeconclusionsdontils’enrichit.

La croissance extensive n’est pas commune à tous leshabitus. Certains atteignent la totalité de leur objet dès qu’ilsexistent.Ilsn’admettentqu’unecroissanceintensivequivientdeleurmeilleurenracinementdanslesujet.Lesqualitéshabituellessontd’autantplusparfaitesqu’ellespénètrentdavantagelesujet,qu’ellesréduisentdeplusenplussapotentialité.Alorslesujetpasseàl’acteavecplusdepromptitude,desûretéetdeplaisir.

La similitude est la propriété caractéristique de la qualité,commel’égalitél’estdelaquantité.Laqualitéestlefondement

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d’unactecomparatifdel’esprit,quimetdesobjetsdepenséeenconnexionlesunsaveclesautres,telslegenreetl’espèce,sansqu’il y est d’esse in. La relation d’attribution qui réfère leconcept«animal»àchien,chat,poule,cerf,estunerelationderaison qui résulte de l’acte comparatif de l’esprit qui saisit lanature abstraite « animal » dans sa convenance avec lesindividus, chien, chat, poule, cerf, qui lui sont présentés dansdesconceptssinguliers.Cetterelationn’existepascommetelledanslanaturedeschoses.C’estpourtantunevraierelation.

L’esseadétantleconstitutifformeldelarelation,laraisonformelle de relation peut être transportée analogiquement enDieu où elle n’a pas un esse in mais un esse a se ; elle estsubsistante.

• Les sept conditions de la réalité d’une relationprédicamentale

Dans la relationde raison, l’ordre àunautre résulted’unepure considération de l’esprit qui met en rapport les deuxextrêmes. Par exemple, Paul est un individu de l’espècehumaine;«individu»évoqueunrapportétabliparl’espritentrelanaturehumaineabstraiteetPaul,suppôtdenaturerationnelle,présentédansunconceptsingulier.Dansunerelationréelle, lerapportestdonnédanslanaturedeschoses.Parexemple,Pierreest père de Jean. La relation de paternité est donnée dans lanaturedeschoses,elleestréelle.Elleremplitlesseptconditionssuivantes:

1°/Lesujetestdel’êtreréel2°/Letermeestdel’êtreréel.Untermepasséoufutur,une

négation,unêtrede raison,ne suffisentpaspour terminerunerelation réelle. Si nous disons « nous sommes antérieurs auxchosesàvenir», la relationd’antérioritén’estpasunerelation

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réelle, mais une relation de raison, car le terme n’est pas del’êtreréel.

3°/ Les deux extrêmes sont réellement distincts. Ladisparitiondutermed’unerelationentraîneladisparitiondelarelation.Larelationd’identitéestunerelationderaison.Quandonditquelemêmeestàsoi-mêmelemême,c’estlaraisonquiforme deux concepts de lamême chose, la traite comme deuxchosesetpeutainsisaisiruncertainrapportdumêmeaumême.

4°/Lefondementestdel’êtreréel.Lesintentionssecondessontdesrelationsderaisonparcequeleurfondementn’estpasde l’être réel,mais de l’être intentionnel, celui que les chosesont dans la connaissance.La relation de création est réelle ducôté de la créature, de raison du côté deDieu, car l’opérationdivine s’identifie à l’être divin. Les raisons formelles desfondements doivent être spécifiquement distinctes. Si Pierre aplusieurs enfants par voie de génération, il n’a pas plusieursrelations de paternité, car la raison formelle de fondement estspécifiquementlamême.

5°/ Le fondement est réellement distinct de la relation. Ils’agit d’une distinction réelle, de principe à principe. Parexemple, le fondement de la relation de paternité est l’acte degénération. Entre l’action et la relation, il y a une distinctionréelledemoded’êtreàmoded’être,irréductiblesl’unàl’autre.Lefondementde la relationdedoubleàmoitiéest laquantité,mode d’être réellement distinct du mode d’être qu’est larelation.

6°/ Les deux extrêmes se trouvent dans unmême ordre denature. Il faut que dans chacun des extrêmes on ait le mêmefondement réel. Par exemple, dans la relation de paternité, ontrouve dans le père et dans le fils la même nature humainecommuniquéede l’un à l’autre.Dans la relationde similitude,on trouve la même qualité dans le sujet et dans le terme. La

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raisonformellequiréfère lesdeuxextrêmesl’unà l’autreauncaractèredeparité,plusmanifestedans lesrelationsmutuelles,c’est-à-dire réellesdepart et d’autre, commesont les relationsdematernitéetdefiliation,oucellesd’amitié.

7°/ La relation est finie et non infinie dans son être. Larelationprédicamentale est un accident, unmoded’être limité.Le formel de la relation consistant dans la connexion desextrêmes,ilfautquelesextrêmessoientdumêmeordre,donnésensembledanslanaturedeschoses,etconnusensemblequantàleuressenceetquantàleurexistence.L’undesextrêmesnepeutpasêtresansl’autre.Iln’yapasderelationdepaternités’iln’yapasunpèreetsonfils.Cettesimultanéiténeconcernepaslessuppôts, mais les relations. Car il est bien vrai que le père aexistéavantsonfils.Cetteantérioritéestmêmeexigéeaupointde vue causal : l’acte de génération fonde la relation depaternité.Maisaupointdevuedelarelation,ilfautquelepèreetlefilsexistentensembleetsoientconnusensemble.

•Différentesespècesderelationprédicamentale

Leprinciped’individuationdesrelationsestlesujetquilesreçoitetleurdonnel’existence.Leprincipedespécificationestle fondementquidétermine leur«être-vers».Ceprincipedoitêtretelqu’ilfasseenquelquesortesortirlesujetdelui-mêmeetl’ordonne à un autre. Il se prend d’autres prédicaments. Unerelationsefondesoitsurlaquantité,parexempleledoubleetlamoitié,soitsurl’actionetlapassion,parexemplelarelationdecause à effet. Par suite il y a trois espèces de relation89 : lesrelations fondées sur la mensuration selon la quantité ; lesrelationsfondéessurl’actionetlapassion;lesrelationsfondéessurlespuissancesetlesvertus.

1°/ Les relations fondées sur la mensuration selon la

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immatériel,laformesubstantielleestcequiluidonned’êtrecequ’ilestessentiellement,etlesformesaccidentellescequ’ilestensonépanouissementdansl’êtreetl’opération.

Laformesubstantielle

Laformesubstantielleest leprincipe radicaldeperfection,d’unité et d’intelligibilité de l’étant, l’un et le vrai étantconvertible avec l’être. La forme substantielle donne à l’étantson degré spécifique d’être.Elle est ce par quoi et selon quoil’étantal’être.«Chaquechoseal’êtredanslamesureoùellealaforme.»(SCG.,Lib.II,cap.55)Laformesubstantielleestleprinciperadicaldespropriétéscaractéristiquesd’unétant :elleestceselonquoiilexercel’acted’êtreetl’opération.

Laformeaccidentelle

Laformeaccidentelleestacteetperfection,maisellediffèredelaformesubstantiellesurquatrepoints.

1°/ Quant à la qualité de l’effet formel. La formesubstantielle donne à la chose d’être en acte purement etsimplement.Ainsi l’humanitédonneàPierred’êtrehomme.Laformeaccidentelledonneàlachosed’êtreenacterelativement.La blancheur donne à une chose existante d’être blanche. Laformeaccidentelledonnetellequantitéoutellequalité,outoutautremodesecondd’être.

2°/ Quant au sujet. Le sujet de la forme substantiellecorporelleest lamatièreprimequiestpurepuissance.Lesujetdelaformeaccidentelleestlesubsistant.

3°/ L’acte d’être de la forme substantielle est l’acte desubsister. L’acte d’être de la forme accidentelle est l’acte

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d’inhérer.4°/La forme accidentelle est ordonnée à la perfection et à

l’achèvementdusujet.Laformesubstantiellen’estpasordonnéeà la formeaccidentelle.Lesformesaccidentellesconviennentàlanaturedusujet.Loindedonnerausujetsanaturespécifique,ellesendécoulent.

Pour préciser les rapports de la causalité formelle et de lacausalité matérielle dans la génération du composéhylémorphique,etlerôleimportantdeladispositionultime,sereporterauparagrapheintitulé«Delacompositiondepuissanceetd’acterésulteunêtreunparnature»(chapitreV).

Lacompositionréelledesêtrescréésetlasimplicitédel’Êtrepremier

Lesêtreslimités,multiples,imparfaitsetperfectibles,enunmotles êtres composés de puissance et d’acte, sont réellementcomposésdesubstanceetd’accidents.Seull’Actepurn’estpascomposé de substance et d’accidents. Tout composé intègredeux co-principes, la puissance et l’acte. Il y a donc en toutcomposédesubstanceetd’accidentsunecompositionréelledepuissanceetd’acte.Lasubstanceestenpuissanceauxaccidents,et les accidents actuent la potentialité de la substance enlaquelleilsinhèrent.Oriln’yaaucunepotentialitéenDieu.Ilest l’acte pur, la plénitude de l’être, l’Ipsum esse subsistens.Dieu n’est donc pas composé de substance et d’accidents.Puissance et acte divisent tout genre. Dieu n’est pas contenudans les dix genres dont il est le principe. Il est en dehors detoutgenreetdetoutcequiestcontenudansungenre.Ilestau-dessusdetoutgenreetpossèdeenlui-mêmelesperfectionsde

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touslesgenres.Ce qui caractérise l’Être premier, c’est d’être réellement et

parfaitement séparé au sens où il n’entre pas en compositionavec autre chose. Rien en lui n’est dépendant d’une autredéterminationd’être,ourelatifàuneautredéterminationd’êtrequiviendraitactuerd’unemanièreultimecequ’ilest.Dieuestabsolumentsimpleetindivisible.Ilestsagemaissanshabitusdesagesse.Affirmerque la sagessedivineest l’essencedivine, cen’est pas dire pour autant qu’elle est inférieure à la nôtre,laquelles’ajouteànotreessence.C’estdireaucontrairequelasagessedivinedépasselanôtre.Ceàquoinotreessencenepeutatteindre,Dieulepossèdeparfaitementparessence.DieuestlaSagessemême.

Telleestlapuretédel’Êtrepremier.Ilpossèdeunelimpiditéradicale qui le sépare de tout ce qui n’est pas lui et n’est passimpledanssonêtre.Du faitmêmequ’unêtren’estpas l’Êtrepremier, il est créé et dépendant ; il implique une relativité. Ilfaut donc qu’il y ait en lui une potentialité conjointe à sonactualité. Les êtres autres que l’Être premier sontdéterminables ; ils sont sujets ; ils peuvent acquérir. L’Êtrepremiernepeutpasêtresujet.Ilestl’êtrenonrelatifàunautre,nondépendantd’unautre. Ilnepeut rienacquérir. Il estCeluiqui est. On ne peut rien ajouter à Dieu infini en toutesperfections.

Les dix prédicaments ne se trouvent en totalité que chezl’homme. Chez les êtres inférieurs à l’homme, il y en a neufseulement, ledixième, l’habitus,étantpropreà l’homme.Chezl’ange,ilyenatrois:lasubstance,laqualitéetlarelation.EnDieu, il n’y a pas de prédicament à proprement parler.Cependant,dansl’analogiedelafoi,lasubstanceetlarelationpermettent une approche dumystère de Dieu, la substance entantquesubsistanteetnonentantqu’ellesoutientlesaccidents

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aliudabessesubstantiæ,undehabentpropriummodumessendisecundumpropriamrationemsicutet inaliisaccidentibuscontingit.» (SCG,LibIV,cap.14)«Cheznous,lesrelationsontunêtredépendant,différentdeceluidelasubstance;ellespossèdent,commelesautresaccidents,unêtrequileurestpropre,propreàleurnaturemême.»86.«Larelationquivients’ajouterréellementà lasubstance,possède ledernierdegrédel’être,etleplusimparfait:ledernier,parcequ’ilsupposenon seulement l’être de la substance, mais encore l’être des autresaccidentsquisontà l’originede larelation(l’unquantitatif,parexempleétantàl’originedel’égalité,l’unqualitatifàl’originedelasimilitude);leplusimparfait,parcequelanaturemêmedelarelationétantd’être-à-un-autre, son être propre qui se surajoute à la substance, dépend nonseulement de l’être de la substance mais encore de l’être d’un agentextérieur.»(SCG,Lib.IV,cap.14)87.«Derationerelationisestrespectusuniusadalterumsecundumquemaliquidalteri oppositur relative. » (Ia q. 28, a. 3) «La relation comporte,pardéfinition,unrapportàautrequesoi,rapportquiopposerelativementlachoseàcetautre.»88.«Ratio propria relationis non accipitur secundum comparationemadilludinquoest,sedsecundumcomparationemadaliquidextra.»(Iaq.28,a.2)«Laraisonformellepropredelarelationneseprendpasparrapportausujet en qui elle existe ; elle se prend par rapport à quelque chosed’extérieur.»89. « Quia relatio non habet esse naturale nisi ex hoc quod habetfundamentuminreetexhoccollocaturingenere,indeestquoddifferentiærelationum essentiales sumuntur secundum differentiam aliorum entium :quædamfundantursupraquantitatemetquædamsupraactionemetsicdealiis.»(InSentI.,dist.26,q.2,a.2,ad4)90.«Omniaquædicunturadaliquiddistinguantursecundumdistinctionemeorum ad quæ dicuntur. » (Ia-IIæ q. 54, a. 2) « Toutes les réalités qui sedéfinissent par rapport à quelque chose se distinguent comme les chosesmêmesenfonctiondesquellesonlesdéfinit.»91.«Apudnoscompositasuntmeliorasimplicibus,quiaperfectiobonitatiscreaturæ non invenitur in uno simplici sed in multis ; sed perfectiodivinitatis invenitur inunosimplici.» (Iaq.3,a.7,ad2)«Si,dansnotreunivers,lescomposéssontmeilleursquelessimples,celavientdecequelabonté achevée de la créature ne consiste jamais en une perfection unique,maisenrequiertplusieurs;tandisquelaperfectionenlaquelles’accomplitla

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bontédivineestuneetsimple.»

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VII

L’Êtreestessenceetacted’Être

«Hocnomenquodimponiturabipsoessesignificatidemcumnominequodimponiturabipsaessentia.»(Met.,n°558)1

L’expériencedelamultiplicité,delafinitudeetdelacontingencedesêtres

Constatationdesfaits

Les êtres physiques de notre expérience d’homme sontlimités,multiples,changeants,contingents.Ilssont,maisd’unemanière incomplète, déficiente, précaire, en tendance vers uneperfection plus grande, aidés oumenacés dans ce progrès. Enraisondeleurfragilitéontologique,ilsluttentpours’accomplir.Ilsontbesoinlesunsdesautrespourleurachèvement.Nulêtrefininepeutsesuffireàlui-mêmepourquoiquecesoit.Ilyadelamultiplicité etde la complémentarité chez les êtresdenotreexpérience. Mais finitude, multiplicité et complémentarité nesont-elles pas le signe de la réalité d’un certain non-être ? Lesigned’unecertaineemprisedunon-êtresurl’être?L’aporieestmanifesteentre leprincipedenon-contradiction« l’êtreest, lenon-êtren’estpas»etlesdonnéesdel’expérience«leschosessontetnesontpas».

Les choses sont. L’être est ce par quoi chaque chose est

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propredelamatière,nimêmedelaformepriseàpart,maisdelasubstance totale.C’estellequiest«cequiest».L’acted’êtreestceparquoilasubstancecomplèteestunétant.Enrendantlasubstancetotaleexistante,l’acted’êtreatteintetactuetouteslespartiesquilacomposentetcoexistentdel’existencedutout.Ilatteintetactuetouslesaccidentsquiinexistentdansletout,del’existence participée de celle du tout. L’acte d’être n’estproprementetvéritablementattribuéqu’ausubsistant. Il luiestattribuédedeuxmanières.Lapremièreestl’attributiondel’acted’être du suppôt considéré en son unité intégrale. Le sujetpropre de l’acte d’être est la substance complète. L’acte d’êtreest proprement l’acte du suppôt. La deuxième manière estl’attributionde l’acte d’être accidentel surajouté. Par exemple,êtreblancestattribuéàSocratelorsquenousdisonsqueSocrateestblanc.Maislaformequinesubsistepasestditeêtreausensoùparellequelquechoseest.

Chaque étant a un seul acte d’être substantiel qui estvirtuellement l’acte d’être des parties qu’il intègre. Lorsque lapartie est séparée du tout qu’est le suppôt, ou bien elle estdétruite,oubien,sielleexiste,cen’estpluscommepartie,maiscommeuneautresubstance.Lesuppôtestcequiexiste.Ilestleprincipequod d’existence. La nature est ce par quoi et selonquoi le suppôt existe. Elle est le principe quo qui reçoitl’existenceetfaitquel’étantesthomme,ourossignol,etc.

L’acted’être est l’actede lapersonnequi subsiste et de lanatureen laquelleelle subsiste,naturequiexistecommeayantl’être. Dans le Christ, il y a deux natures réelles, réellementdistinctes,maisuneseulepersonne.LeChristestun. IlyaunseulChrist,leVerbefaitchair.L’acted’êtreest«un»ducôtédelapersonne,ilnel’estpasducôtédesnatures.

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L’acted’êtreestl’actualitédetoutechose

Êtresignifieacte.Onneditpasqu’unechoseexistedufaitqu’elle est en puissance, mais du fait qu’elle est en acte.L’existence est l’acte de l’étant en tant qu’étant. Rien n’estactuel que ce qui existe, et pour autant qu’il existe. Or unechose existe du fait qu’elle possède l’être. L’acte d’être estl’actualité de toute chose, et des formes substantielles et desformes accidentelles. Être homme est l’actualité d’un sujet denature humaine. Être pensant est l’actualité d’un sujet douéd’intelligence.L’essenceestunecapacité réelle à être et à êtretel.L’acted’êtreest laréalisationdecettecapacité.Quellequesoit la perfection substantielle ou accidentelle que nousconcevons,l’acted’êtreapparaîtcommecequilafaitêtrequandelleest.Sansl’acted’être,ellen’estrien.

L’essencepossiblen’est quelquechosede réelquegrâce àl’acted’êtrequilaréalise,etqui,enlaposantdistinctedeDieu,larattacheintimementàlui.L’êtrelietouslesétantsentreeuxetlesordonneàleurpremierprincipe,àl’Êtreabsolumentsimple,l’Êtreparessence.L’Ipsumessesubsistens,l’Ensase,estcausede tous lesétantscomposésd’essenceetd’acted’êtrequisontensabalio.Cettecompositionestlaraisond’êtreetdevéritédetoutes les autres compositions : celles d’essence et de sujetontologique,desubstanceetd’accidents,d’êtreetd’opération,de substance et de vertus opératives, et de plus, chez les êtrescorporels,dematièreetde forme,etpar conséquentdepartiesquantitatives.Dieuseulestabsolumentsimple.

L’acted’êtreestleplusparfaitdesactes

L’acted’êtreest laplusgrandede toutes lesperfections. Il

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estl’actedesactesetlaperfectiondesperfections.Iln’yariende plus formel que l’acte d’être.Rien n’est actuel sinonparcequ’ilpossèdel’être.

Ilestl’acteparexcellenceparcequel’acteestsupérieuràlapuissance, et l’acte d’être est l’acte qui ne comporte plus depotentialité à l’égardd’unprincipe supérieur. Il est leprincipede perfection ultime de l’étant. Il fait être l’étant purement etsimplement. L’essence ne donne qu’une partie de l’étant, àsavoir sa mesure d’être. De l’acte d’être, l’essence reçoit sonachèvement.Leschosessontachevéesparcequ’ellespossèdentl’être.

L’acted’êtreestlaperfectiondesperfections.Ilestquelquechosede terminal.Rienne saurait le parfaire. Il ne reçoit rienqui serait son acte, son achèvement ou son accomplissement.Maisilparfaittotalementl’étant.Ill’actuecomplètement.Ilestson bien, sa perfection. Sans doute l’essence est déjà acte etperfection, détermination formelle d’être.Mais l’essence n’estpas l’actualité dernière de l’étant. Les formes substantielles etaccidentelles sont déjà acte et perfection, déterminationsformellesd’être,maisellessontenpuissanceàparticiperl’être.Ellessontdesmodesd’être,modiessendi.L’acted’êtreestuneperfectionplusparfaiteque l’essencequ’ilactue,qui le reçoit,leparticipeetledétermineàtelmoded’être.Ilestl’acteultimede toutes les natures. La perfection tant substantiellequ’accidentelle d’une chose est en puissance à exister et n’estrendueparfaitequeparl’existence.Sanselle,laperfectiontantsubstantielle qu’accidentelle d’une chose n’est encore rien,sinonunsimplepossibleenveloppédanssescauses.

L’acted’êtreestleplusnobledetouslesactes.Lanoblessed’unechose luivientdesonacted’être.Si lasagesseennoblitl’homme,c’estparcequ’ilestréellementsage.Ilenestdemêmedesautresperfections.Lanoblessedel’acted’êtreseprendde

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esse subsistens, elle l’exerce toutefois à son bénéfice. Étantsubsistante, elle épanouit ses virtualités par ses diversespuissances opératives en autant d’opérations siennes. Aussi lacoaptationontologiquedel’essenceàl’acted’êtreréaliséeparlasubsistence ne convient-elle de façon précise qu’à l’essenceactuéeparl’acted’être,introduitedansunordreautrequeceluide l’essentialité, ordre pour lequel elle est faite, mais qui latranscende, l’ordreexistentiel.Lemodesubstantielqui terminel’essencepourqu’elle soit réellement capabled’existerpar soiséparément,convientàl’essencedufaitdelacausalitéactuatricede l’acte d’être qui l’élève à sa propre perfection etparticipation.

La subsistence est le mode substantiel terminatif del’essence,lemédiumindivisibleentrel’essenceetl’acted’être,quiadapte intrinsèquement l’essenceà l’acted’être,et faitquecet étant fini existeper se separatim. Elle est le principe réeld’être par lequel l’étant, bien que contingent, existe commepossédant de façon substantielle et exclusive son acte d’être.Cette autonomie dans l’être implique que tous les élémentsconstitutifs de l’étant soient sa propriété, s’unissent sans seconfondre, se hiérarchisent selon leur diversité formelle,s’unifient sous l’unique forme substantielle, coexistent etinexistentdansl’étantenvertudesonuniqueetindivisibleacted’êtrepar soiet en soi.Principed’appartenancedans l’être, lasubsistenceestleprincipedesynthèsedetoutelarichessed’êtresubstantielle et accidentelle de l’étant et le principe de sonappartenancedansl’opération.

LeméritedeCajetanetdeJeandeSaint-Thomasestd’avoirmis en lumière l’autonomie existentielle de l’étant, indivis enlui-mêmeetdivisédetoutautre,sonappropriationexclusivedel’acted’êtreetparconséquentdesespuissancesopérativesetdeleursopérations.Ilsontvoulurendrecomptedel’actualitéd’une

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sourceautonomed’êtreetd’activité.Ilsontposélaquestionduconstitutifformeldel’étant.Leprinciperéeldesubsistenceleurest apparu comme la réponse à la question posée. Nous nepouvons cependant pas tenir comme véritable, la réalité d’unmedium indivisible entre l’essence et l’acte d’être, qui lesadapterait mutuellement, et par conséquent la nécessité d’unautreprinciperéeld’être,àsavoirlasubsistence.

Pourquoi? L’étant est formellement constitué par sonessence. Il est rendu réel par son esse. L’essence est par elle-même intrinsèquement proportionnée à l’acte d’être, comme lapuissancel’estàl’actesansaucunintermédiaire.Iln’yapaslieude chercher un principe plus formel qui unirait l’essence etl’esse.

OrpourCajetanetJeandeSaint-Thomas,l’étantestlesujetpossesseur parce qu’il est le sujet récepteur de sa naturesingulière,desesaccidents,nonmoinssinguliers,etdesonacted’être également singulier. Il les unit en lui sans mélange niconfusion.Lenerf de l’explicationproposéeou sous-entenduedanslaquestionduconstitutifformeldel’étant,neconsistepaspour nos commentateurs dans le caractère de sujet possesseurmais dans le caractère de sujet récepteur. C’est la qualitéréceptricesuigenerisdusujetontologiquequi rendcomptedeson unité hypostatique. Dans cette dialectique, dégager leconstitutifformeldel’étant,c’estmettreenlumièrelanécessitéd’un principe réel intrinsèque qui soit à la fois récepteur del’acte d’être, principe d’autonomie dans l’être, d’appartenancedans l’opération, et d’intégration des éléments substantiels etaccidentels.

Le principe de subsistence est alors conçu comme ladispositionultimedel’essenceàlaréceptiondel’acted’être,defaçon semblable à la disposition ultime de la matière à laréception de la forme substantielle. Or, si la matière est pure

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puissance,l’essenceestacte.Etl’acted’êtren’estpasdel’ordredelaforme,iln’estpasunco-principeessentiel.Ilestl’actedesactes et la perfection des perfections. L’unité hypostatique del’étant composé d’essence substantielle, d’accidents et d’acted’être,n’estdoncpasetnepeutpasêtreliéeàl’existenced’untelprincipe.

Eneffet,concevoirunprinciperéeldesubsistenceimpliqueune confusion entre sujet possesseur et sujet récepteur. C’estidentifier«êtresujet»à«êtrecapacité réceptrice», identifier«chercherleconstitutifformeldusujet»à«cherchercequilerend formellement capable d’unir en lui des actes aussi diversque la forme substantielle, les formes accidentelles et l’acted’être».Orlacoadaptationprécised’unepuissanceàtroisactesdiversestchoseimpossible.Ilestcontradictoiredesupposerunedispositionàlafoisultimeetouverteàtroisactesdivers.

Chercherleprinciperéeld’appropriationàsoidelanature,des accidents et de l’esse, dans la sphère de la réception,implique une confusion entre la structure physique de l’ensmobile et la structure métaphysique de l’ens in quantum ens.C’est penser l’ens comme engendré à partir d’une matièreintrinsèquement adaptée à telle forme substantielle, à telsaccidents,età telacted’êtrequi rendréel lesujet récepteuretlesperfectionsreçues.

Chercherleconstitutifformeldel’étantdanslacatégoriedesujet récepteur, c’est s’orienter vers une pensée qui appelle desoi son corrélatif, le principe matériel. Mais la réflexionproprement métaphysique sur la structure de l’étant en tantqu’étant,nedemandepasdejustifieruninpremier,nerequiertpas un réceptacle de l’esse, de la nature substantielle et desaccidents qui lui conviennent, n’exige pas de rendre compted’undonnéfondamentalquisoitcapacitéréceptrice,intégrativeetunificatricedesprincipes réelsde l’étant.Rendrecomptede

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à vivre. Elle découvre l’ordre du cosmos et les vraies valeurs.Ellecommuniquelibrementaveclesautres.Entrelespersonness’établissent des liens de justice, plus profondément desrelations d’amour et même de véritable amitié. La personnehumaineentreencommunionavecDieu,sonPrincipeetsaFin.Elleentretientavecluidesrelationsdeconnaissanceetd’amour.La grâce la rend capable d’une société amicale avec lespersonnes divines. Par don gratuit de Dieu, elle devientsurnaturellement«consorsdivinænaturæ»,participantede lanaturedivine.Par grâce, elle participe auxbiens connaturels àDieuseul.Maîtressedeseschoix,s’engageantlibrementdanslaréponse qu’elle offre à l’amour prévenant deDieu, elle donnefigureàsavieparsa fidélitéetsonobéissancepleined’amourenverssonDieu.

La personne incommunicable, close en son intimitéontologique, est capable de s’ouvrir d’une ouverture quasi-infinie par la connaissance intellectuelle et l’amour spirituel.Sanscesserd’êtreelle-même,etdel’êtred’unefaçonuniqueetirremplaçable, elle peut devenir toutes choses demanière à lafois intentionnelle et affective, s’identifiant enquelque sorte àl’objetdesaconnaissance,ets’unissantàl’objetdesonamour,detellesortequededeuxcœursl’amitiénefaitqu’unseulcœur.Plusunepersonneestaccueillanteàl’autre,pluselles’épanouitdanslalignedesavocation.Lapersonneaunetelleexcellencequ’elle doit être connue et aimée pour elle-même, dans cequ’elleaprécisémentd’incommunicableetd’irremplaçable.Onnepeutasservirunepersonnecommeunechose.Onnepeutlaconnaître et l’aimer telle qu’elle est qu’en la pensant et enl’aimantdanssonrapportimmédiatetintimeavecDieu.

L’analogiedelapersonne

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La connaissance que nous acquérons de la personne dansl’expériencequenousavonsdeshommes,nouspermetdedirequelquechosedumondedesespritsetdeDieu.

La personne est une perfection qui se réalise vraiment,formellementetproportionnellementàdiversdegrésd’être.Leshommessontdespersonnes,lesangessontdespersonnes,Dieuest éminemmentpersonnel.Enchacundesanalogués se trouvela raison analogique commune de personne, d’individusubsistant dans une nature douée d’intelligence et de librearbitre.

•Lapersonnehumaine

La personne humaine est l’individu subsistant dans unenature composée d’un corps et d’une âme rationnellesubstantiellementunis.Elleestlesujetincommunicable,indivisen soi et divisé des autres, en lequel s’unissent selon un toutstable, fermeetautonome,sansmélangeniconfusion, lecorpset l’âme individuels, les parties substantielles, les accidents,l’acted’êtresubstantieletlesactesd’êtresaccidentels.Elleestlesujetautonome,raisonnableetlibre,d’oùjaillissentdiversesactions,spécialementdesactesdeconnaissanceintellectuelleetd’amourspirituel.Pierreestunepersonnehumaine,unindividusubsistantdanscettenaturehumainecomposéedececorpsetdecetteâmespirituelle,crééeet infusée immédiatementparDieu,etunissubstantiellement.Pierreestsubstantifiéparcettenaturehumaine qui est exclusivement sienne. Il est ce tout dont lesorganes et les membres sont les parties substantiellesrigoureusementsiennes.Ilestlesujetdediversaccidents:ilestmarié,pèredefamille,médecinetmusicien.Cesaccidentssontles siens. Ils le perfectionnent et marquent sa personnalité.Pierresepossèdedansl’êtreetdansl’action.Ilal’initiativede

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dialoguesavecd’autrespersonnes. Il rayonneautourde luiparlesactionsaltruistesdont il est l’auteur responsable. Ilvitunerelation intime de connaissance et d’amour avec Dieu.Répondant à sa vocation surnaturelle, il s’achemine librementparsesacteshumainsmoralementetsurnaturellementbonsverssafinultime,lavisionbéatifiantedeDieu.

•L’ange

L’angeest l’individusubsistantdansunenaturespirituelle,simpleet immatérielle. Il estdouéd’intelligenceetdevolonté,partant de liberté. Il est incommunicable, clos en son intimitéontologique et ouvert aux autres, à Dieu, aux anges, auxhommesetà toute lacréation,par saconnaissancenaturelleetsurnaturelle,etparsadilectionmesuréeparsesconnaissances.Ilcommunique avecDieu, les autres anges et l’homme dans uneintimitélumineuse.

•Dieu

Larévélationetlafoinousl’enseignent,Dieuestunettrine,leseulvraiDieuestPère,etFilsetSaint-Esprit,troispersonnesd’une unique essence. Dieu est souverainement libre L’Ipsumesse subsistens est lumière et amour, connaissance et amoursubsistants. Il crée par sagesse et par bonté. Il se donne paramour dans l’ordre de la création et dans l’ordre de la grâcesalvatrice. Dans le mystère de l’incarnation du Fils unique etbien-aimé,sonamoursesurpasseàpardonner.

Leprincipedeparticipation:cequin’estpasparsoiestparunautre

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lamultiplicité qu’à l’unité.Mais grâce à une observation à lafoisplusprofondeetplusample,l’espritpénètrepeuàpeudansunréseaudecorrespondancesauseind’uneunitéderichesseetd’ordre. La découverte de l’harmonie nous saisit quand nouscontemplons à la clarté de la lune l’ampleur du ciel étoilé, ouquandnousapprofondissonsnotreconnaissancedel’organismehumain. Tout dans un vivant est mouvement et tout estmerveilleusement ordonné. Dans la vie de l’esprit, dans nosactes de connaissance et d’amour, la cohérence nous apparaîtsupérieure. La découverte de l’ordre dans différents domainesconduit le métaphysicien à la saisie de l’être comme un etmultiple.

L’ordren’est rendu intelligiblequepar la saisiedu rapportdu multiple à l’un. Tant que ce rapport n’est pas explicité,l’ordren’est connuquematériellement.Sonprincipen’est pasatteint,soncaractèrepropreetoriginaléchappeencoreàl’esprit.Ce qui constituematériellement un ordre, ce sont les diversesparties qui l’intègrent, les diverses réalités reliées entre ellesd’une manière ou d’une autre. Mais ce qui le constitueformellement,c’estlarelationspécialequechacunedesréalitésa au tout. Cette relation se prend d’un principe, qui tout enmesurantchacunedesréalités,lasitueàsaplaceetàsondegréd’être dans le tout. Par exemple, l’ordre que nous pouvonsdécouvrirdansuneœuvred’arts’expliquematériellementparlajuxtaposition de tels et tels matériaux, et formellement par larelation de ces matériaux entre eux, par l’harmonieuseproportion qu’ils ont dans le tout, par leur consonance quirépondadéquatementà l’idéeuneet richeque l’artisteavouluexprimer.Tantquenousnedécouvronspaslapenséedel’artistedanssonunitéetsonoriginalité,tantquenousnecommunionspasà l’idéedirectriceetorganisatricede l’œuvred’art,celle-cinouséchappe,sonharmonierestecachéepournous.Ilyaune

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multiplicitésanslienetsansvie.Nousdevinonsla joiequ’ilyaura à communier à la pensée de l’artiste divin, dans lacontemplation de l’harmonie du cosmos qui chante sa gloireuniqueetmagnifique.

Leprincipequiorganiselamultitudeenmesurantchacundeses éléments, donne à chacun unemodalité spéciale qui ne sefait connaître qu’à celui qui saisit le principe.L’expériencedel’ordreconduità ladécouvertede l’unquiestprincipemesuredumultiple.Seulilpeutl’être,carseulilest indivisible.Danstoutordredonné ilyanécessairementunpremierquipossèdeune indivisibilité grâce à laquelle il est principe mesure. Ilordonnelamultitude,larelieàl’unc’est-à-direàlui,enfaisantparticiperlesdiversespartiesàsonindivisibilité.L’unestdoncunmodedel’être,lemultipleenestunautre.L’unexprimeunecertaine qualité de l’être, une propriété de l’étant. Il explicitel’indivisibilité de l’être par laquelle il exerce sa fonction deprincipemesure.Lemultipleexpliciteunedépendancedesêtresdansl’être,celledudiviséparrapportàl’indivisible.

L’un

L’untranscendantalestl’étantindivisible,«l’ens

indivisum»L’un transcendantal est une propriété de tout étant en tant

qu’étant.C’est l’étantprisen tantqu’ilmanifesteson identité,sa cohérence intime et sa distinction d’avec l’autre. L’un estl’étantindivisensoi,saisiintellectuellementselonuneattentionprivilégiéeportéeàsonindivision1.Toutétantest«un»danslamesuremêmeoù ilest.Unechosen’existequedans lamesureoùelleestune.L’untranscendantalestl’étantlui-mêmedonton

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nieladivisionformelle.Sil’unconnotelaprivationdeladivision,iln’exprimepas

ladivisionelle-mêmemais l’étant indivis. Iln’estpasde l’êtrede raison,mais de l’être réel, unepropriété transcendantaledel’étant.Ilestconvertibleavecl’étant.L’unsignifielasubstanceavecsonindivision.Dèslorsqu’uneréalitéestdite«une»,elleest saisie intellectuellement comme indivise en elle-même etdivisée de toute autre. Elle est atteinte par l’esprit comme unsujetautonome.

L’unsignifie la substanceelle-même,ajoutant seulement lanégationde ladivision formelle, c’est-à-direde ladivisionparopposition et diversité des formes, ce que le concept d’êtren’explicitepas.Lanotiond’«un»inclutlanotiond’étantetenexplicite cet aspect : tout étant est un de par son essence ouformesubstantielle.Parsuitel’untranscendantalestlapropriétédetoutétant.Ilapourofficepropredesignifierl’indivisionquiconvient à chaque étant.Si celui-ci est pur esprit, son essenceestindivise,enfaitetdesoi.Sisonessenceestcomposée,elleest indiviseenfait seulement.De làvientquechaqueétantestunparessence.

L’un transcendantal n’est pas une nature déterminéeappartenantàl’undesdixgenres.Ilestlapropriétédetoutêtreet de tout mode d’être. La substance une est la substanceindivisée, laquantitéuneest laquantité indivisée,demême laqualitéune,oularelationune.

L’un transcendantal signifie l’étant lui-même dans sonautonomieindividuelle.Chaqueétantgardesonunitécommeilgarde son acte d’être. Aussi l’un transcendantal estproportionnellement en tout étant, avec d’autant plus deperfection que l’étant possède plus de perfection d’être. Il setrouve chez les êtres corporels, et chez les êtres spirituelsd’autant plus parfaitement qu’ils sont plus élevés dans la

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degré d’être, d’unité, de vérité, de bonté et de beauté, est à laressemblance de la conception artistique qui a présidé à saréalisation.Entrelacausalitéformelleexemplaireetlacausalitéformelleintrinsèqueilyal’unitéquisetrouvetoujourssousladiversitédesmodesanalogiques.

Leprincipepremierd’exemplarité

À la saisie intellectuelle de l’un dans son rapport à lamultitude en tant qu’exemplaire de la multitude, corresponddans l’ordre du jugement l’affirmation du principed’exemplarité : tout ordre qualitatif dépend d’un principemesuredecetordre,d’unpremierquipossèdeaumaximum laqualité participée diversement et proportionnellement par lesunités qui composent la multitude. Ce premier ordonne lamultitude.Leprinciped’exemplaritéouvrel’espritauproblèmedu beau, donne le sens de l’harmonie du cosmos, permet decomprendre ledomainedu faire, ledomainede l’opusdivinethumain, d’apprécier les réalisations artistiques de l’homme, etl’œuvre,bienplusartistiqueencore,delacréation.

L’Unsuprême,leDieuunique,Causepremièreexemplairedetoutcequiest

Partant des êtres réellement un et multiples, donnés dansnotreexpérience,nousnousélevonsparvoied’analogiejusqu’àDieu contemplé sous la raison de Premier Étant, comme l’Unsuprême,leDieuunique, laCausepremièreexemplairedetoutcequiest.

Dieuestunetuniqueenraisondesonabsolue

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simplicité

Dieuestvraimentetsouverainementunparcequ’absolumentsimple.Enluinullecompositiondeparties,nullecontinuitédedimension, aucune variété d’accidents, rien n’inhère en lui2.Dieu est tout à fait simple, indivis et indivisible en acte et enpuissance. Il estun,nonparparticipation,maispar identité. Ilestabsolumentunparessence.Mêmesichaqueétantestunenvertu de son essence, même si l’essence de l’ange est simple,seulel’essencedeDieuestsonacted’êtreparidentité.Dieuestle seul à êtreCelui qui est. Sa simplicité absolue et sonunitéparfaitesontcellesdel’Ipsumessesubsistens.

Dieu est unique en raison de son infinie perfection. Ilpossèdelaplénitudedeperfectiondetoutl’être.S’ilyavaitunautreDieu, il faudraitqu’il soit réellementdistinctdupremier.Mais il ne pourrait s’en distinguer réellement que par lapossessiond’uneperfectionquimanqueraitaupremier.Parvoiede conséquence le premier ne serait plus premier. Il ne seraitplus l’Ipsum esse subsistens. L’infiniment parfait est un etunique,c’estleseulvraiDieu.

L’unité et l’unicité du vrai Dieu semanifeste à nous dansl’harmoniede l’univers.L’ordonnancedu cosmos exige l’unitéetl’unicitéduprincipequiprésideàsonordonnance.Toutordrequalitatif dépend d’un principe mesure. Par conséquent lamultitude qualitativement ordonnée des étants dépend d’unprincipemesuredesétants.Toutemultitudeprocèded’uneunité,il fautdoncque lamultitudedesétantsprocèdede l’Étantun.L’ordreducosmosest faitdesdiversdegrésd’être,d’unité,devérité,debontéetdebeautédesétants.Leprincipemesuredecet ordre doit être le Premier Étant, suprêmement Vrai,absolumentUn, infinimentBon,parfaitementBeau.L’ordredu

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cosmosestunordreintelligibleetdynamique,oùtouteschosestendentdefaçonharmonieuseàleurfinquiestleurvraibien.IlyadoncunPremierintelligentquiordonnetouteschosesàleurfin. Le principe mesure du cosmos est l’Être par essence,intelligent par essence, l’Intelligence subsistante. Dieu est leprincipeunetuniquequigouvernelemonde.

Dieu est souverainement un. Il est un comme nul autre nel’est. Il est l’Un suprême parce qu’il est l’Étant absolumentindivis et indivisible. Il est l’Être suprême, l’Ipsum essesubsistens, parce qu’il n’y a en lui aucune composition depuissanceetd’acte,pasmêmed’essenceetd’acted’êtrequisetrouveencorechezlacréaturespirituellelaplusélevée.Dieuestl’Acte pur. L’être et l’un étant convertibles, il est l’Unsubsistant, parfaitement indivis en acte et en puissance. LarévélationetlafoinousdisentàquelpointDieuestun,quandelles nous enseignent qu’il y a enDieu trois personnes d’uneuniqueessence.

Dieucausepremièreexemplairedetoutcequiest

L’ordre resplendit dans la beauté de l’univers. Il y a desdegrésd’êtreparmi les étants.Àchacunestdonnéeune formeou nature déterminée, parce que l’Auteur de tout ce qui est,conçoitlepland’ensembleetrègleledétaildechaqueespèceetde chaque étant, détermine jusqu’à quel degré sa divineperfection sera participée et reproduite par chaque créature etpar l’ensemble de la création. Dieu est cause exemplaire detouteschoses.«ToutcequiestennousvientdeDieuetluiestrapporté comme à sa cause efficiente et comme à sa causeexemplaire : à sa cause efficiente, en tant que c’est par la

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Lacausalitéobjective

Découvrir que l’être est vrai, que le vrai est l’être, c’estexpliciter que toute détermination formelle est objet del’intelligence;c’estmettreenlumièrelacausalitéobjective.Lesigneestl’intermédiairedansl’ordredelacausalitéobjective.

LaVéritépremièreune,immuableetéternelle,Causeetmesuredetoutevérité

Partantdesêtresréellementvraismaislimitésdansl’êtreetdans le vrai, nous nous élevons par voie d’analogie jusqu’àDieu, contemplé sous la raison de premier étant, de Véritépremière, une, éternelle et immuable, Vérité première inessendo,inintelligendo,indicendo.

Nous remarquons que les êtres sont intrinsèquement vrais,maislesontdiversementetproportionnellement.Chacund’euxpossède la vérité selon un mode qui lui est propre, i.e.analogiquement.Levraisetrouvedefaçonlimitéeetimparfaiteen chacun des étants créés. Il est divisé et multiplié par lesdiversêtresvrais.Puisqu’ilsetrouveainsiendiversêtresfinisetimparfaits,aucundecesêtresnelepossèdeparsoi.Orcequ’onnepossèdepasparsoi,onlereçoitd’unautrequilepossèdeparsoi. Le vrai multiplié par la multitude des êtres limités estparticipé de l’être qui est laVérité non participée, la vérité lameilleureetlaplusnoble,lavéritéparessencequiestl’êtreparessence.

Dieuestlavéritéinessendo.Ilestlavéritémême,parcequesonêtreestnonseulementconformeàsonintelligence,maisestl’Intellectionsubsistante.Sonacted’intellectionestsonessencequi est identiqueà sonacted’être. Il enestduvrai commede

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l’être.Celui-làseulementestlavéritéabsoluequiestl’êtreparessence.Etc’estlepropredeDieu.

Dieuestlavéritéinintelligendo.Lavéritéde l’intellectiondivine est Dieu lui-même. L’acte divin d’intellection estidentique à l’intelligence divine, identique à l’être divin.Dieuest la Vérité suprême. Son acte d’intellection est la causepremière et la mesure de tout autre être, de toute autreintelligenceetdetoutautreacted’intellection.Saconnaissancedecréateurestintimeetinfaillible.

Dieu la Vérité première, une, éternelle, immuable, est lamesure de toute vérité comme il est la cause de tout ce qui al’êtreparparticipation.Chaqueétant,douédeconnaissanceounon,estvraiparparticipationàladivinevéritéàlaquelleilestassimilé. Tout acte d’intellection de la créature estmesuré parunechosequiexisteendehorsd’elle,etl’acteestvraiquandilestadéquatàcettechose.Et lavéritédelachoseconnuedelacréature est mesurée par l’intellect divin qui est la causepremièredecettechose,commeill’estdenotreintelligence.Lefondement des vérités que nous possédons se trouve dans laVérité première comme dans la cause universelle qui contienttouteschoses.

Dieuestlavéritéindicendo.Ilnepeutmentir.Ilnepeutsetromper,carilestlavéritémêmeinessendoetinintelligendo;ninoustromper,carilestlabontémême.Ilestinfaillible,etsaparoleestindéfectible.Ilnousaparlé.Ils’estrévéléànous,etilnous donne la foi pour écouter sa parole. La foi a pour objetDieu au titre de son mystère. Nous croyons Dieu Véritépremière révélante pour nous unir à Dieu Vérité premièrerévélée.

3.Iaq.16,a.1.2;3,ad3;4.5.

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L’êtreestbon

«Omneeninquantumen,estbonum.»(Ia,q.5,a.3)«Toutétant,pourautantqu’ilest,estbon.»

L’expériencedel’amour

L’analyse métaphysique de l’appétit qui tend vers le bienpermetaumétaphysiciend’expliciterunenouvelleperfectiondel’être.Ildécouvrel’êtrecommebon.Ils’offreàl’appétitcommeaimable,désirable,bonàposséder.Toutappétitestappétitd’unbien, de quelque chose considéré comme bon, comme capabled’attireretd’enrichirlesujet.Nousaimonstellepersonneparcequ’ellenousfaitdubien,nousréjouit,donneànossentimentsou à nos passions un épanouissement. Le mouvement del’appétit est tout entier orienté vers les choses en tant quebonnes.Et l’ensembledenosdésirsmanifestequenous avonsl’appétitd’unbienabsolumentcomblant.

En tant que bon, l’être nous attire, nous enchante, nousdynamise, polarise notre activité. Le bien est une nouvelleprofondeurde l’êtrequi semanifeste ànousdans l’expériencede l’amour, où l’intelligence objective l’être comme capabled’attireràsaperfectionetderendremeilleurceluiqu’elleattire,etoùlavolontétendlucidementetlibrementverslui.Ilyadesdegrés de bonté comme il y a des degrés d’être, d’unité, et devérité.L’être absolumentbonest tellementparfait en lui-mêmequ’il rend les autres parfaits en les attirant à lui, tout endemeurantlui-mêmeimmuable.Lebienestdiffusifdesoi.L’êtrebon rayonne comme un feu qui brûle tout ce qui l’environne

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L’essenceestacte,maiscetacteestenpuissanceparrapportàl’acted’être

L’essenceestprincipedespécificationetdemultiplicationdel’acted’être

L’essenceestleprincipedesopérationscaractéristiquesdusujet

L’essencefinieestprinciped’intelligibilitédel’étantL’acted’êtreL’êtreestl’actedel’étantentantqu’étantL’acted’êtreestl’actualitédetoutechoseL’acted’êtreestleplusparfaitdesactesL’acted’êtredel’étantestuneparticipationdel’êtreinfinideDieu

Distinctionetrapportsentrel’essenceetl’acted’êtreLadistinctionLesrapportsentrel’essenceetl’acted’être

LasubsistenceselonCajetanetJeandeSaint-ThomasNature,suppôt,personneLanatureestl’essencedel’étantNaturessimplesetnaturescomposées

LesuppôtestlachosedenatureLesuppôtestl’individusubsistantdanslanatureLaconstitutiondusuppôt

LapersonneLanoblessedelapersonneL’analogiedelapersonne

Leprincipedeparticipation:Cequin’estpasparsoiestparunautre

L’Ipsumessesubsistens,causepremièredetoutcequiestBibliographieduchapitreVII

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VIII–LestranscendantauxL’êtreestunetmultipleL’expériencedel’ordredel’universL’unL’untranscendantalestl’étantindivisible,«l’ensindivisum»

L’untranscendantalestconvertibleavecl’êtreLemultipleLamultitudetranscendantaleDistinctionentrelamultitudetranscendantaleetlapluralitéprédicamentale

Lesdiversmodesdel’unetdumultipleDivisionanalogiquedel’unetdumultipleUnumperseetunumperaccidensL’unumperse,l’indivisibleetl’indiviséUnitasinessendoetunitasinagendoUniténumérique,spécifique,générique,analogique

LacausalitéexemplaireL’exemplaireL’exemplaireexercesacausalitéparvoied’imitation

Leprincipepremierd’exemplaritéL’unsuprême,leDieuunique,CausepremièreexemplairedetoutcequiestDieuestunetuniqueenraisondesonabsoluesimplicité

DieucausepremièreexemplairedetoutcequiestL’êtreestvraiL’expériencedelavieintellectuelleLavrai,adæquatioreietintellectusLaveritasinessendoLaveritasinintelligendoLaveritasindicendo

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Levraiestconvertibleavecl’êtreLefauxetl’erreur

Leprincipepremierd’intelligibilitéLacausalitéobjectiveLaVéritépremièreune,immuableetéternelle,causeetmesuredetoutevérité

L’êtreestbonL’expériencedel’amourL’êtreestbonLaconformitédeschosesàlavolontédivineLaconformitédeschosesàl’appétitdelacréatureLebienetl’êtresontconvertibles

LemalLeprincipedefinalitéLacausefinaleDieu,Bontésuprême,Causepremièrefinaledetouteschoses

L’êtreestbeauL’expérienceesthétiqueLebeauestl’êtrequiplaîtàceluiquilecontempleDieuestlabeautémême

ConclusionBibliographieduchapitreVIII

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30/2012