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  • LA MECQUE, LA KAABA ET LES ORIGINES DE LISLAM Dr. Dalil BOUBAKEUR Recteur de lInstitut Musulman de la Mosque de Paris Le Site de la Mecque est sacr depuis les temps les plus reculs, en particulier son temple prexiste toute croyance religieuse, ce temple de Dieu, la Kaaba est cit plusieurs fois dans le Coran. Dans le verset 96 de la Sourate III (Al Imran) il est dit : En vrit le premier temple (Baytin) difi pour les hommes est celui de Bakka (bibakkata), temple bni, comme bonne direction pour les mondes. (mubarakan wa Hdan lil alamein) .

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    Le verset 97 poursuit : Il y a l un signe manifeste : un lieu o Abraham sest tenu debout ; Quiconque y entre est en sret Dieu prescrit le plerinage ce temple comme devoir qui en a les moyens.

    La Tradition islamique fait remonter la construction du temple de la Kaaba Adam, puis No et enfin Abraham qui le reconstruisit avec son fils Ismal (Ar Razi t.VIII-151) Lappellation Bakka est un autre nom donn la Mekke . Selon Al Yaqt, Bakka dsigne lemplacement de la Kaaba tandis que Mekka dsigne lensemble de la cit qui porte une vingtaine de noms : Nassa, Bassa, Kutha, al Haram, ar Rs, Al qdis al Hatma, et plus souvent : Umm-l-Qur (m ropole ou mre des cits) et aussi Bayt-al-atiq : le temple antique

    Gographes et commentateurs pensent que le terme de Bakka serait dorigine chaldenne. La Bible (Ps.84-6,7) mentionne :

    Heureux ceux qui placent en toi leur appui lorsquils traverseront la valle de Bacca et la transformeront en un jardin.

    Ptolme la signale sous le nom de MECORABA dans son ouvrage astronomique majeur : lAlmageste en 140 ap. J.C. Mais la Mecque est surtout le sige de la Kaaba : Dans la Sourate Ibrahim(XIV-37), celui-ci proclame : Seigneur ! jai abli une partie de ma descendance dans une valle aride prs de Ta maison sacre (La Kaaba)

    A quoi Dieu prescrit : Coran II-125 : Nous prmes dAbraham et Isma lengagement de purifier ma Maison La Kaaba pour ceux qui accomplissent les circuits circulaires, se lvent pour prier, sinclinent et se prosternent.

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    Coran II-127 : Quand ils difirent les assises du Temple, Isma et Abraham dirent Seigneur, accepte l dans ton audience et ton omnipotence.

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  • Lhistoire ant-islamique de la Mekke montre que les Qoraychites formaient une Tribu drive de la confdration des Kinana. Ils staient installs la Mekke sous limpulsion de Qusay, 2 sicles avant lHgire (4 sicle) do ils chassrent les Khuzaa qui habitaient la localit depuis 3 sicles. La cit tait connue comme un carrefour religieux et un centre commercial la croise des caravanes venues de Syrie, du Ymen, de la Perse, de lEthiopie, des villes romaines dOrient et Grecques. Les Qurayshites allaient mme obtenir en 467 ap. J.C. des avantages apprciables auprs des perses Sassanides, du Ngus dEthiopie et des Byzantins (ar Rm), la faveur de faire circuler leurs caravanes annuelles : une en hiver (rihlat ach-chit-i), lautre en t (wa safi) signales dans la (Sourate 106). Elles permettaient un florissant ngoce dencens, dpices, de soieries, divoire, de perles et darmes. Le Temple de la Mecque tait la Kaba difi selon les sources musulmanes prs de 2 millnaires auparavant, au milieu des tribus Jurhumites par le Patriarche Abraham, et son fils Ismal. Celui-ci, ainsi que le rapporte le verset coranique cit, installera les tribus en quartiers (Shiab) autour de la Kaaba. La Tradition de lIslam insiste sur le fait quAbraham reconstruisit le Temple de la Kaaba en tant que Maison du Dieu Unique (Bayt Allah al Haram) et que les Qorayches le laissrent envahir par lidlatrie que seul Muhammad (SAWS) et la mission de dtruire en vidant la Kaaba de son contenu et en restaurant le vrai culte dAllah.(630). Il est certain que les Qoraychites avaient tabli un vritable panthon arabe ant-islamique qui donnait de la religion une conception curieusement davantage plus romaine que smitique. Lagitation religieuse, les confusions doctrinales et la confrontation des croyances de toutes sortes qui sentrechoquaient la Mekke, la veille de la proclamation de lIslam, avaient non seulement pour origine lentrecroisement des routes caravanires, mais aussi ltat religieux du Proche-Orient lui-mme durant les 5 ou 6 sicles de lre chrtienne. Si en Europe le Christianisme avait peu peu stabilis et impos les dogmes de lEglise Romaine en matire dincarnation, de Rdemption et de Trinit, il nen tait pas de mme au Proche Orient. Le Proche Orient refusait de partager les conceptions du Catholicisme Romain (et Byzantin) sur la nature du Christ. La dit de Jsus semblait heurter les traditions religieuses des patriarches proche-orientaux. Rome soutenait la double nature en une mme ralit. Des divergences de vues htrodoxes naquirent Constantinople, Antioche, Alexandrie, Ephse, ou Erzeroum. En tout tat de cause, allaient subsister des survivances des thories dArius condamnes par le Concile de Nice en 325, de Nestorius condamn au Concile dEphse en 431 et du Monophysisme dEutychs condamn au Concile de Chalcdoine (431). Aprs Chalcdoine allaient natre lEglise dArmnie, lEglise Jacobite de Syrie, enfin celle dAlexandrie dont dpendait celle dEthiopie. Ainsi par lintermdiaire de lEthiopie monophysite et de la Syrie nestorienne lArabie ant-islamique allait voir se constituer au Sud un royaume chrtien monophysite du Ymen et au nord des tribus arabes chrtiennes Nestoriennes : les Lakhmides et les Ghassanides. Nous voquerons galement les influences judo-chrtiennes issues de lEglise primitive de Jacques le Sauveur frre du Christ Jrusalem, oppos lenseignement de Saint Paul, ainsi que la prsence au Hidjaz de moines discrets de profession de foi Abrahamienne, gnostique,

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  • manichene, ou mazdenne. Et pour rendre plus confuse une situation religieuse dj assez complique, citons qu ct dun judasme orthodoxe coexistaient des sectes judases bionites, millnaristes, mazdquistes etc etc.. Ainsi la veille de lIslam la Mecque se trouvait lpicentre de ce tourbillonnement de croyances si bien que la Kaaba allait contenir 400 idoles ou reprsentations figures de lensemble de ces cultes polythistes, monothistes dissidents, et idoltres. Beaucoup dArabes, taient chrtiens, nazarens ou judass. Abraham restait lanctre commun, pre fondateur du Temple et de la Nation elle-mme. LEsotrisme musulman, notablement illustr par Ibn Al Arabi (Murcie 1165/1240 Damas), mais aussi : Al Ghazali, Al Hallaj vont attribuer aux origines et aux fonctions de la Kaaba un certain nombre de significations mystiques. Pour Ibnu-Abbas cest pour consoler Adam, arriv sur le site de la Kaaba, que Dieu le protgea dune tente (Khayma) descendue du Ciel comme premier temple et premire habitation sur terre. Elle prfigura la maison cleste visite par les Anges : Al Bayt al mamur qui en est larchtype. Il reut du Paradis une Pierre dune blancheur clatante qui allait noircir. La maison cleste peuple danges, Bayt al mamur est cite dans le Coran 52-4 (at Tur) : Par la maison peuple. Cette maison est le prototype de la Kaaba. Ibn-al-Arabi la situe au 7 ciel . Aprs le Dluge, No remplaa par une construction dargile et de pierre. Cest ce temple primitif, lieu sacr quAbraham allait reconstruire et purifier de toute idoltrie pour le restituer au culte du Dieu Unique auquel il se soumit (muslim), et invita lhumanit se soumettre. Pour les mystiques Ghazali, Ibn al Qass, (Dalail al Qibla), cest dans la Kaaba quil faut voir le cur de la cration, le ple axial du cre, une sorte de point fixe et ternel quelles que soient les rvolutions du monde. Al Makrizi dclare : La Kaaba est, par rapport aux parties du monde, comme le centre dun cercle : Toutes les rgions du monde sont en face de la Kaaba comme un cercle entoure son centre . Quant la pierre noire qui sy trouve, le traditionniste IbnuAbbas rapporte un Hadth qui dit quelle descendit blanche du Paradis et que les pchs des Hommes la noircirent. Ce cur de lexistant (Qalb al Wujud) dIbn al Arabi atteint une dimension cosmique et universelle dans la vision mystique de lIslam (Futuhat al Mekkiya) quil nous faut examiner sous langle symbolique mais aussi historique de ce lieu saint. La Kaaba (cube en arabe) est une construction oriente et ses dimensions selon Godefroy De Mombynes, Mc Clain sont de 10 m de large x 12 m de long x 16 m de hauteur qui sont des multiples de quatre (4). Sans quon puisse le qualifier ici de temple orientation solaire, sa quadrature intrinsque (les quatre (4) arkan : quatre (4) coins ou angles : Rukn au sing.) voquent gnralement les quatre (4) points cardinaux. Son axe Nord Nord ouest fait que langle de la Pierre Noire (direction de Arafa) regarde le soleil levant (Est). Les autres angles sorientent vers les trois (3) autres points cardinaux. Laxe parat avoir t dtermin par le trajet dAbraham lui-mme, arrivant la Mecque par le Sud-Ouest.

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  • Ltude de lorientation astronomique des axes de la Kaaba montre que son grand axe est point vers le lever de Canope, ou Canopus Carenae, toile la plus brillante et de plus grande magnitude du ciel austral en fvrier. Le petit axe de la Kaaba est orient vers le lever du soleil en hiver. Ces deux directions sont perpendiculaires et peuvent facilement se prter dautres calculs. De nombreux gographes et astronomes musulmans, tels le Ymenite Muhammad al Amiri (m.en 1019) ou Al Kaswini, Al Biruni, utilisrent ces repres astronomiques pour calculer la direction de la Qibla pour toutes les rgions et les lieux de prire du monde. (Encyclopdie t.VI p.167). Des tables trs compltes indiquent la Qibla. Aujourdhui les boussoles facilitent le calcul individuel. Classiquement les Savants Musulmans adoptaient un systme stellaire bas sur lEtoile Polaire, la Grande Ourse, ou la Constellation du Centaure pour se mettre en direction de la Mecque pour prier. Il faut, en Afrique du Nord et en Europe avoir la Grande Ourse Epaule gauche. Ce reprage est justifi par le verset Coranique XVI-16 (An Nahl) : Et par les Etoiles les hommes seront guids

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    En ce qui concerne la circumambulation autour de la Kaaba, le plerin la commence partir de langle de la Pierre Noire et effectue sept tours complets autour du temple dans une rotation humaine massive et impressionnante, dans le sens contraire celui des aiguilles dune montre. Ce sens a invers lancienne tourne rituelle des idoltres. Cest la thse gnralement admise pour expliquer cette direction. Georges Henri Bousquet veut y voir un souvenir des ftes ant-islamiques survenant aux solstices de printemps et dautomne, durant lesquels le soleil et son ombre tournent Makka dans le sens contraire des aiguilles dune montre. On peut remarquer que cest galement le sens direct de la rotation terrestre. Une autre hypothse (Hertz) voudrait que lancienne circumambulation gardait le temple main droite, ct propitiatoire et bnfique dans les anciens cultes romains, et que lIslam a invers, rompant ainsi avec les antiques superstitions. (Shawadha) Ldifice de la Kaaba est revtu depuis les Hymyarites de lantiquit, dun tissu noir (Kisswa). Ce vtement est annuellement chang depuis lpoque Abbasside. Lintrieur du temple est vide, ne contenant quun voile : le rideau de la Misricorde (ar Rahmn). On peut ici voquer le Temple de Salomon Jrusalem (Masjid al Aqsa) dans lequel le Saint des Saints tait galement vide, de forme cubique et devait contenir lArche dAlliance (Burckhardt). De ce fait le changement dorientation de la prire vers la Kaaba, au lieu du Temple de Jrusalem, selon le dsir du Prophte (SAWS) agre par Dieu (Coran Chapitre II, verset 115) : A Dieu lOrient et lOccident. O que vous vous tourniez, donc, l est le visage (face) de Dieu. Oui, Dieu est Immense, Savant (opre en 624) bouleversa lancien ordre cosmique de ladoration en restaurant le nouveau sens de lgrgore (ensemble des prires du monde) converge vers Dieu, dont le Trne contient lensemble de la cration des cieux et de la Terre (Versets du Trne, Coran II-255).

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  • Un dernier point de lhistoire religieuse smitique de la rgion nous parat intressant relever. Cest celui des Sabens, peuple msopotamien que lIslam considre comme des croyants Hanifs au mme titre que les chrtiens ou les juifs, et dont les origines remonteraient Babylone. Coran : II-62 : Ceux qui, parmi les judass, les Nazarens, les Sabens ont cru en Allah et au Jour Dernier trouveront leur rcompense

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    Coran XXII-17 : Certes ceux qui parmi les Juifs, les Sabens, les Mages et les Nazarens et ceux qui nassocient pas Allah Dieu est omniscient.. Un groupe parmi eux : les Mandens pratiquaient le sacrement et le baptme dans leau courante, et passrent pour des adeptes de Saint Jean Baptiste. Lintrt que les Sabens prsentent, est quils vivaient Harran, o la Bible nous dit quAbraham et Sara, venant dUR en Chalde, sarrtrent sur le chemin de Canaan (Gense, 11), et stablirent dans cette ville du Nord Ouest de la Msopotamie. Mais le rituel Saben dUr, successeur des Sumriens et des Akkadiens consistait en un culte de sept plantes, o chaque plante avait son temple : la lune, le soleil, Jupiter, Vnus, Mercure, Saturne et Mars, Ces Smites aramens associaient en un culte complexe, la croyance en un pouvoir suprme unique et ternel, des Prophtes comme Idris ou Enoch ou J. Baptiste et un polythisme plantaire o le temple du soleil, le plus important tait carr. Dautres temples carrs se retrouvent en Babylonie. Ce culte astral et leur Astroltrie trs pousse allait avoir du reste une incidente en la personne du plus grand astronome musulman, mathmaticien auteur des clbres tables astronomiques, le Saben Mohamed Ibn Djabir al Battani qui mourut en 929. Linfluence astronomique Sabenne sur lsotrisme musulman et la vision cosmique de la Kaaba ft elle un temps lie au fait que la Kaaba, dans sa priode ant-islamique tait lobjet dun culte astral o des divinits comme Alat, Uzza, Manaf, Manat, Ashtar, Chams et bien dautres, reprsentaient des plantes comme Vnus, Mars, saturne dobdience romaine ancienne mais aussi des astres comme le soleil, la lune ou des toiles relevant des cultes Sabens, msopotamiens et chaldens. On peut mme retrouver des influences de divinits grecques telles Athna, Dionysos, Jupiter ou Demeter. Dans ces conceptions babyloniennes anciennes :

    - Sumriennes dHamonourabi (-3500 av.J.C.) - Akkadiennes de Sargon (-2000 av.J.C) - et Sabennes ant-islamiques, dUR.

    Le panthon astral na fait que crotre et se structurer : A ct de ladoration ancienne de Marduk comme Dieu de la plante Jupiter, apparurent : Nab ou Dieu de Mercure, Nergal celui de Mars, Ninourra de Saturne, Ishtar de Vnus Sn tait le Dieu-Lune et Shamash le Dieu-Soleil. Laspect multistellaire de ces adorations tait sans doute li aux caractristiques clestes de brillance, de magnitude et de rvolutions orbitales favorisant certaines priodes telle ou telle observation plantaire. Pour notre sujet, ces thses sont mentionnes dans le Coran, propos dAbraham :

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  • Dans la Sourate VI verset 76 (Al Anam) il est dit : En vrit nous avons montr Abraham le Royaume des Cieux et de la Terre afin quil ft de ceux qui croient avec conviction. Et quand la nuit lenveloppa il observa une ETOILE et dit : Voil mon Seigneur !

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    Puis lorsque lastre se coucha, il dclara : Je ne saurais aimer ceux qui disparaissent ! Abraham dit la mme chose propos de la Lune et du Soleil qui se lvent et se couchent. Il proclame, verset 78 : Je tourne mon visage en monothiste sinc e (Hanifan) vers celui qui a cre les cieux et la terre et ne suis point du nombre des associations ! Pour lIslam, cest Abraham qui a rompu avec lastroltrie msopotamienne considre comme une association Dieu (Shirk). Mais le Coran, Sourate 53, An Najm, fait allusion Sirius au verset 49 qui dit : Il est le Seigneur de Sirius pour la raisons que les Arabes adoraient cette toile de premire grandeur en hritage de lastrolatrie babylonienne. Ainsi Abraham engloba dans la croyance au Dieu Unique la Msopotamie et l'ensemble des Smites judass ou non. Sa tradition tait rpandue dans toute lArabie jusque dans les proches du Prophte de lIslam (SAWS) puisque Waraqa, le parent de Khadidja et ami du Prophte, passait pour un monothiste sincre et croyant. La Kaaba au cours de toute cette histoire ant-islamique et paenne allait, nolens volens, en tant que sige dun sacr fort rpandu dans la rgion, reflter plus ou moins ces influences et ces analyses cosmiques dans sa symbolique et dans les traditions soufies qui allaient la magnifier dans lIslam. En 682 un incendie criminel dtruisit une partie du temple et Abdallah Ibn Al Zubayr entreprit de le reconstruire en cherchant les fondations dAbraham. Il en ft blam mais, il introduisit un espace semi circulaire (Al Hidjr) en face de la porte dore du temple (Al Multazem) prs du Maqam Ibrahim. Ce lieu serait lemplacement des tombes de Hagar et dIsmal. Dans son histoire, lIslam conserva la Mecque et particulirement au temple de Dieu, la Kaba, ses entires caractristiques, ramenant seulement ladoration des croyants la gloire de Dieu lUnique (Allahu Akbar !) Ainsi le temple de la Kaaba reprsente par sa simplicit archaque et sa haute symbolique la structure du sacr par excellence de lIslam le contraste entre son dpouillement architecture et la magnificence des mosques ultrieures dans le monde musulman dOrient et dOccident ne doit pas faire oublier que chacune reprsente aussi une maison parmi les maisons de Dieu (Bayt min buynt illah), et que la terre entire est une mosque . Mais Mekka est Haram : zone interdite parce que sacre. Interdite au profane. Si les influences msopotamiennes ont influenc la vision cosmique des Arabes avant lIslam et si le Coran lui-mme mentionne plus dune centaine de fois les astres, le ciel, la terre, le soleil, la lune, des toiles comme Sirius, les Pliades ou lEtoile Polaire (Sourate lEtoile S.57) elles ne sont cites qu titre dobjets admirables de la cration divine pour des peuples qui trouvaient dans la contemplation du ciel et de la terre de profonds sujets de mditation. Par ailleurs, lIslam qui se veut le continuateur et de le restaurateur de la thologie judo-chrtienne trouve dans ces origines la rfutation de certaines thses chrtiennes ou juives (sur la Trinit, la dit de Jsus, lhistoire dAbraham avec Ismal)

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  • Cest pourquoi le croyant musulman considre que la survenue de la Rvlation Mohamdienne tient non seulement dun miracle prodigieux mais aussi rpond tout fait la double interrogation : 1 pourquoi un nouveau message tait ncessaire aprs Abraham, Mose et Jsus ? 2 pourquoi cette religion est ne prcisment la Mecque. Le long cheminement de lide monothiste a fini par triompher de manire clatante et prcise : Sourate 17 V.33 : Voici la vrit ! lerreur a disparu certes lerreur est voue disparatre !

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    Ce cheminement a t jalonn par les prophties antrieures mais aussi annonc par ces discrets croyants cits par lIslam comme tels et qui sont des Sabens, des Juifs, des Chrtiens et singulirement des Judo-chrtiens, des Ebionites, des Hanifs, tous croyants en Abraham (Coran III-67) : Abraham ntait ni Juif ni Chrtien mais Hanif (un monoth ste sinc e) et Muslim (soumis Dieu) et attendant un nouveau messager annonc dans toutes leurs Ecritures.

    LIslam est le triomphe du monothisme smitique prsent en Orient depuis des millnaires ce qui explique sa prsence massive et son succs dans des territoires o le christianisme, malgr son antriorit de plusieurs sicles, ne sest que peu dvelopp et souvent de manire contestataire dans ce mme Orient. Par contre, lOccident tout imprgn de culture et dhistoire grco latine accepta avec foi la vision Paulinienne du message vanglique. La Grce, Rome, Byzance puis lEurope tout entire reurent les message qui leur convenait, lArabie, lAfrique et tout lOrient smitique reurent le leur. Cest ce qui compte : pour adorer le mme Dieu, intime. Coran : 109 V.6 : A vous votre religion, moi la mienne ! Tout le reste est littrature.

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    LA MECQUE, LA KAABA ET LES ORIGINES DE LISLAMDr. Dalil BOUBAKEUR