la lettre du cifad - mission interministérielle de lutte ... · ciblage aérien du 16 au 19...

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couverture La lettre du Ci FAD juillet 2015 Focus : le cône sud Fiche métier : techniques d’interrogatoires

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couverture

La lettre du CiFAD juillet 2015

Focus : le cône sudFiche métier : techniques d’interrogatoires

2ÉditoPar Christophe Gabillard, directeur

Si l’été constitue souvent pour un service une période de départs et d’arrivées,

celui-ci marquera un changement important pour le CIFAD.

En premier lieu par le départ de son directeur Patrick Massonnié après deux années qui auront profondément marqué le centre en lui donnant une reconnaissance à la mesure de son action par une politique de communication aussi systématique qu’adaptée. A l’international il aura été l’homme des partenariats, permettant au CIFAD de s’intégrer dans les programmes conduits par les organismes et institutions

internationaux dans notre aire géographique. Lui succéder ne sera pas tâche aisée.

Deux formateurs, Christian Bordenave et François Blin, nous quittent également avec de nouveaux défis à relever, à la hauteur de leur expérience professionnelle. Celle-là même qui a grandement contribué, par la qualité de leur travail, à poser le CIFAD comme acteur majeur de la formation professionnelle dans la Caraïbe et l’Amérique du Sud dans le domaine de la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Leurs successeurs, Franck Da vitoria et Franck Peltier trouveront une équipe expérimentée prête à les intégrer et à leur faire partager leur dynamisme, si caractéristique de la touche « maison ».

N’oublions pas cependant que déjà mars nous avait apporté le printemps en la personne de Sylvie Flamand, teintant de féminité cette âpre matière que constitue « le blanchiment et la saisie des avoirs criminels ». Son intégration est d’ores et déjà réussie.

Je souhaite enfin la bienvenue au lieutenant-colonel de gendarmerie Olivier Mainfroi, nouveau directeur-adjoint de notre centre.

Ainsi le CIFAD continuera d’apporter son soutien à ses partenaires de la coopération internationale, plus particulièrement les attachés de sécurité intérieure et les attachés douaniers. Certains d’entre eux vont également voguer vers d’autres horizons. Nous les remercions d’avoir apporté leur soutien et leur confiance au CIFAD, contribuant à son rayonnement. J’aurai une pensée particulière pour Philippe Vellard, expert technique international à Saint-Domingue particulièrement impliqué avec le CIFAD et sans qui nous n’aurions pu être aussi présents et efficients en République Dominicaine.

Enfin je saluerai les chefs de service de la police et de la gendarmerie de Guadeloupe et de Martinique appelés à d’autres responsabilités et qui, fort aimablement, ont permis à leurs spécialistes d’enrichir nos actions de formation auprès de professionnels étrangers souvent impressionnés par leur expérience et leur amour de leur métier.

A tous, je souhaite une bonne rentrée.

Sommaire :

• Editorial

• Actions dans les départements

français d’Amérique (DFA)

• Actions dans la Caraïbe

• Actions en Amérique centrale,

amérique équatorienne et

plateau des Guyanes

• Actions en Amérique du sud

• Les pays du cône sud

• Fiche métier :

techniques d’interrogatoires

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3Actions dans les DFACampagne de sensibilisation au dopage et conduites dopantes

Cette campagne d’actions initiée par le CIFAD a été menée tout au long du semestre. Elle avait pour objectif premier de sensibiliser les différents publics aux dangers du dopage : responsabiliser les acteurs du sport et de la santé, prévenir les jeunes sportifs, leurs parents et éducateurs sur les conduites dopantes.

Elle a été lancée en janvier, en lien avec la direction de la jeunesse et des sports et de la cohésion sociale de Martinique (DJSCSM), et l’antenne médicale de prévention du dopage (AMPD) Antilles-Guyane par une session de formation. Elle a été animée par le référent na-tional police, Philippe Barreau, formateur anti-drogue à la brigade des stupéfiants de Paris, ainsi qu’une psychologue de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Martinique, et un magistrat du tribunal de grande instance de Fort-de-France.Elle s’inscrivait dans le droit fil des orientations du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 (MILDECA).

Cette première action a été complétée par le colloque annuel du CIFAD le 28 mai réalisé sur cette thématique et intitulé : « Outre-mer : Une société dopée ? Sommes-nous en danger ? ».

Il s’honorait de la présence de Patrick Laure inventeur du concept de conduite dopante, docteur en médecine, médecin de santé publique et de médecine sociale, et médecin conseiller à la DJSCS de Lorraine. Il permettait d’interpeller les référents du monde associatif sportif, les professionnels de la santé, sur la problématique des conduites dopantes, du dopage et sur les dispositifs préventifs à impulser selon les profils.

Cette campagne s’achevait par une intervention au centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (Creps) Antilles-Guyane basé en Guadeloupe, au profit d’une centaine de sportifs et leurs éducateurs.

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Photos:

Didier Planson, chef du pôle sport à DJSCSIntervention de Philippe Barreau auprès de professionnels du sport et de la santé

Journée de sensibilisation athlètes en parcours excellence sportive au lycée Acajou du Lamentin (972)

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Autres actions de sensibilisation et de prévention…• Martinique:

▪ le 19/01/2015 : au profit de personnels de l’administration pénitentiaire et de la police nationale ▪ le 11/02/2015 : école de gestion et commerce (EGC) de Martinique au profit de 51 étudiants et 3

enseignants ▪ le 19/03/2015 : collège de Terreville à Schœlcher, au profit de 120 élèves de 4ème et 3ème

▪ le 02/04/2015 : au centre hospitalier universitaire de Fort-de-France au profit de 45 médecins de diverses spécialités

• Guadeloupe : ▪ A la faculté de médecine, au profit de 50 étudiants et 7 responsables de la faculté le 12/02/15.

Creps Antilles-Guyane, en Guadeloupe

Photo : D. GRADEL

4Actions dans les DFA

Colloque annuel du CIFAD sur le thème du dopage et des conduites dopantes

5Actions dans les DFALe point de vue du chef du pôle sport

«La Martinique est un vivier de jeunes sportifs et sportives qui abonde chaque année les différentes sélections nationales dans de nombreuses disciplines. Toutes les actions menées convergent vers un seul objectif accompagner le jeune sportif dans sa construction. Les aspects nutritionnels, prévention des conduites addictives, et du dopage en font partie.

La construction des interventions du CIFAD pendant cette semaine s’est organisée sur ces trois axes. C’est pourquoi toute la chaîne des acteurs de ce parcours - entraîneur, dirigeant de clubs, de comités de ligues, parents ont été mobilisés sur les différentes séquences d’animation.»

L’expertise et les qualités pédagogiques de l’équipe du CIFAD ont permis d’atteindre cet objectif de conscientisation des risques liés à ces dérives alimentaires, produits dopants et conduites dopantes. Il nous appartient de poursuivre cette démarche au-delà de cette première mobilisation.

Le point de vue du cadre technique sportif (CTS) basketball

«De réels moments d’informa-tion sur les dangers qui guettent nos jeunes sportifs, soumis à de nombreuses tentations pour atteindre leur double projet…

La variété des intervenants a apporté un éclairage sur des notions vagues, incite à être présent dans les conseils de prévention à leur apporter, et vigilant quant à l’interprétation de certaines conduites.

Des échanges à reproduire.»

Le point de vue du cadre technique sportif (CTS) natation

«Une information inédite… Cette formation riche d’ensei-gnements a été menée par des intervenants de qualité : médecin, psychologue, magi-strat, spécialistes de la répression. Les CTS et CTF venus assister à ces deux jours d’information ont eu l’occasion d’échanger en toute liberté sur de nombreux points avec des spécialistes. Aucune question n’est restée sans réponse.

Il est à souhaiter que ce genre de réunions se reproduisent régulièrement et sur tout le territoire national.»

Didier Planson, chef du pôle sport

Gaétan le Brigant, CTS basketball

Marc lazzaro, CTS natation

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

6Actions dans les DFASécurité en intervention maritime (SIM)

Module tout d’abord mis en place par le CIFAD en 2014 en réponse à la sollicitation du service garde-côtes de la douane, il a été adapté pour y intégrer tous les acteurs impliqués dans l’interception d’un moyen maritime abordant les côtes françaises. Le CIFAD dispose de nombreux atouts (expertise, interministérialité...) pour proposer une telle solution de formation.

En 2015, cette thématique a ainsi bénéficié aux personnels de la direction garde-côtes de la douane en Guyane et ceux de la gendarmerie maritime locale.

Du 8 au 10 juin, c’est en Guadeloupe que les unités d’intervention de la police et de la gendarmerie ont effectué des exercices communs en mer, avec les services spécialisés des douanes et sous la houlette de François Blin et David Gradel, formateurs du CIFAD. Compte-tenu des contraintes opérationnelles de chacun, la mise en place d’un exercice conjoint est un événement suf-fisamment exceptionnel pour être souligné.

Pour cet exercice, trois directions (police, douane, gendarmerie) sont intervenues, composées de sept entités:

▪ groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) Antilles-Guyane ;

▪ gendarmerie maritime ; ▪ unité nautique de la

gendarmerie ; ▪ groupe de protection et

d’intervention «GPI» ; ▪ douane garde-côtes ; ▪ douane terrestre ; ▪ direction des opérations

douanières (DOD)

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

7Caraïbes

Rép. Dominicaine

Cuba

Jamaique

Dominique

BarbadeSte-Lucie

Haiti

Guadeloupe

Martinique

Roseau

Castries

Santo Domingo

Basse-terre

Fort-de-France

Havana

Port-au-Prince

Kingston

Bridgetown

Ciblage aérienDu 16 au 19 février à La Havane.Les problématiques de la criminalité aéroportuaire, du ciblage des passa-gers et du fret y ont été abordées et développées. En raison de l’essor pré-visible du trafic aérien consécutif à la levée progressive de l’embargo améri-cain contre ce pays, cette formation s’est révélée extrêmement pertinente.

Contrôles terrestresDu 20 au 24 avril, à la demande de l’attaché de sécurité intérieure de l’ambassade de France à Cuba, une formation au contrôle des véhicules terrestres a été délivrée à La Havane. Cette action, au profit de la police cubaine, a été conduite avec le concours d’un agent des douanes de Guadeloupe.

Visite des naviresDu 26 au 30 janvier, sur proposition de l’attaché douanier adjoint de Miami, un formateur CIFAD et un agent des douanes des Antilles-Guyane ont réalisé une formation à la visite des navires de plaisance et de pêche à Kingston au bénéfice des douaniers et des intervenants du milieu maritime, en vue d’accroître leurs capacités à lutter contre ces moyens de narcotrafic.

Géostratégie des droguesDu 2 au 6 février, s’est tenu un ensemble de conférences portant sur la géostratégie des drogues dans la zone, au profit d’institutions haïtiennes.

GSM-IPDu 20 au 24 avril : formation « GSM-IP avancée » pour un groupe de 8 agents émanant de différents services de la DCPJ haïtienne et portant sur l’analyse des téléphones, la géolocalisation et une approche aux traces laissées sur Internet.

Techniques d’interrogatoiresDu 23 au 27 mars une quarantaine d’élèves inspecteurs de police ont bénéficié d’une formation sur les aspects techniques et psychologiques de l’interrogatoire et d’un exposé d’un magistrat de la juridiction de Fort-de-France sur la finalité probatoire de cet acte dans le processus judiciaire.

Police Technique scientifiqueVoir «focus» page 9

Visite des naviresVoir «focus» page 8

Principes tactiques en interventionVoir «focus» page 9

Ciblage aérienDu 18 au 22 mai, une formation criminalité aéroportuaire, profilage et ciblage voyageurs et fret a été dispensée par un formateur du CIFAD à la direction nationale du contrôle des drogues (DNCD), à Santo Domingo. Vingt-cinq agents, stagiaires en fin de formation initiale, y ont participé. Cette action avait été sollicitée et organisée par l’expert technique international en poste à l’ambassade de France en République Dominicaine.

Ciblage des conteneursPour apporter une réponse à la problématique du transbordement, une formation sur le ciblage et le contrôle des conteneurs à été réalisée par le CIFAD à Santo Domingo du 19 au 25 janvier. Cette action vient en appui de celle réalisée par les structures de l’ office des nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de l’organisation mondiale des douanes (OMD)

Surveillance-filaturesAu cours de six jours de formation opérationnelle, du 10 au 15 mai, quinze agents des forces de la police barbadienne, principalement affec-tés en services d’investigations ont renforcé leurs capacités techniques en matière de surveillances et de fila-tures.

Faux documentsPorté par l’intérêt rencontré à la Barbade, le CIFAD a organisé une formation sur la fraude documentaire les 18 et 19 juin à Sainte-Lucie. Orientée sur les documents français, elle était aussi l’occasion de présenter aux participants les sécurités du passeport local et d’étudier –à leur demande- le passeport haïtien.

Faux documentsLes 28 et 29 mai 2015, le CIFAD organisait un stage sur le thème des faux documents, dispensé par un policier formateur affecté à la police aux frontières (PAF) de Fort-de-France. Il s’agissait d’une première sur cette thématique qui a suscité un grand intérêt de la part des participants issus de divers services de l’aéroport de Bridgetown.

Police Technique scientifiqueFin mars, le CIFAD a organisé 3 jours de formation sur cette thématique au profit de 29 policiers de la Dominique, île stratégique pour les Antilles françaises puisque située entre la Martinique et la Guadeloupe. Réalisée par un formateur du CIFAD et une experte de la gendarmerie de Martinique, elle a permis de développer un partenariat actif entre le CIFAD et la police de la Dominique, seule force de sécurité dans l’île.

Hervé Nizard (consul honoraire), David Andrew (police, Dominique), Nathalie Rouges (gendarmerie) et Jean-Charles Olvera (CIFAD)

8CaraïbesFormations et plus-values…

...en Haïti Face à l’explosion des faits d’enlèvements de personnes et de demandes de rançons, la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) haïtienne s’est dotée d’un service spécialisé, composé aujourd’hui de vingt-deux agents, pour endiguer ce phénomène criminel : la cellule contre-enlèvement (CCE). La CCE existe depuis 2004«Nous comptions ces dernières années jusqu’à une centaine de cas d’enlèvements crapuleux par an. Et grâce au travail des personnels affectés à cette tâche d’enquêtes au sein de la cellule, mais aussi grâce aux techniques d’investigations dispensées par le CiFAD, les cas ont commencé à diminuer. En 2014, nous avons recensé une dizaine de cas seulement » explique l’un de ses agents en ce mois de juillet 2015.Faits élucidés grâce aux interrogatoires«Si, sur le plan électronique, nous réalisons l’analyse des flux téléphoniques et la traçabilité des communications du ou des suspects, nous parvenons surtout à élucider les faits grâce aux techniques d’interrogatoires pratiques et psychologiques ayant été dispensées en formation pro-fessionnelle pour nos agents ces derniers mois. Celles-ci évitant de sombrer dans des violences policières inutiles, et permettant d’obtenir des éléments utiles pour retrouver traces, indices, personnes ou cadavres dans le cadre d’enquêtes diligentées par notre service ».

...en République Dominicaine15 juillet 2015, saisie sur le port de Manzillo sur un cargo de 40 paquets de cocaïne. L’intervention de l’unité de police technique et scientifique permettait la découverte d’empreintes sur les emballages. 20 juillet 2015, saisie de 60 kilos de cocaïne au poste frontière de Jimanji lors d’un contrôle d’un véhicule en application des méthodes enseignées par le CIFAD en février 2014. Source Expert Technique International (ETI) Rep dom.

Visite des navires de commerce, République DominicaineUne action tripartite conduite et cofinancée par la Direction des Relations Internationale de la Douane (DRI), la Direction de la Coopération Internationale du ministère de l’intérieur (DCI) associées au Ministère des Affaires Etrangères (MAE), et le CiFAD a été menée pendant deux semaines consécutives du 2 au 13 mars en République Dominicaine portant sur le contrôle des navires de commerce.Ce projet ambitieux faisait suite à la découverte dans le nord du pays d’une torpille accrochée sous la coque d’un navire de commerce et utilisée pour le transport de drogue. Il prenait égale-ment en compte l’importance stratégique de ce pays de rebond pour la cocaïne vers l’Europe tout en anticipant l’ouverture future du canal de Panama aux navires de commerce de très grande taille. Elle a mis en œuvre l’action de six formateurs issus des services douaniers garde-côtes français qui ont partagé avec des experts Dominicains leurs compétences dans la recherche de stupé-fiants à l’intérieur des navires et sous la coque par des plongeurs. Pour des raisons d’efficacité, les contrôles se sont déroulés dans plusieurs ports du pays. Au total six navires et deux installations portuaires ont été visités :- le port de Manzanillo au nord-est, à la frontière avec Haïti : port idéalement placé pour le narcotrafic, comme en témoignent deux affaires de fraude immergée sous coque réalisées ces deux dernières années ;- le port de Haina : situé dans la capitale de Saint Domingue ;

Exercice

Photo : D. GRADEL

9CaraïbesPolice scientifique, République DominicaineA la demande de l’ETI et dans le cadre du programme fond de solidarité prioritaire (FSP) « appui à la lutte contre la drogue et le crime organisé », soutenu par le service de sécurité intérieure d’Haïti/République Dominicaine, le CIFAD a appuyé la création de l’unité de Police Technique et Scientifique (UTF) de la Division Nationale de Contrôle des Drogues (DNCD), lors d’une action menée en trois phases successives avec l’expertise de la responsable du Service Régional d’Iden-tité Judiciaire de la DIPJ Antilles-Guyane, Pascale Giraud.La première phase réalisée en janvier 2015 visait la formation aux techniques de base des constatations dans les enquêtes liées au narcotrafic (photographie, planimétrie, dactyloscopie, relevés de traces et indices sur tout type de supports et identification des produits). La seconde, réalisée en avril, visait à apporter une « formation niveau avancé », assurée par Pascale Giraud, aux meilleurs éléments du premier stage. Elle comprenait notamment un travail en mode « réel » sur un échantillon de paquets de cocaïne extraits de 1,2 tonnes saisies la veille du stage au port de Caucedo. Deux traces papillaires ont ainsi pu être prélevées sur la face interne des adhésifs d’emballage.Parallèlement 180 enquêteurs anti-stupéfiants assimilaient les bases de la protection des traces et indices sous l’égide du formateur du CIFAD, Jean-Charles Olvera.Les deux groupes se retrouvaient ensuite lors de l’exercice pratique d’intervention sur une scène d’infraction.

Principes tactiques en interventions

Toujours dans le cadre du projet FSP , l’Unité d’élite de la D.N.C.D. baptisée « Unité de réaction Tactique » (U.R.T.) a bénéficié d’une formation dispensée par le formateur du CIFAD (David Gradel) renforcée par deux moniteurs en technique de sécurité en intervention (TSI) affectés au G.I.P.N. Antilles-Guyane accompagnés du Commandant Stéphane Noel, chef de cette force d’intervention de la police nationale.Du 27 avril au 1er mai 2015, les trois formateurs ont travaillé sur le site de la base aérienne militaire de San Isidro à Saint-Domingue, afin de diffuser aux 16 officiers de l’U.R.T. différents savoirs destinés à parfaire la formation de ces agents déjà aguerris aux interventions en milieu hostile.Plusieurs modules d’intervention en hauteur (descente et assaut en rappel) ont alterné avec les techniques d’interpellations statiques ou en mouvement, à pied et en véhicule, ainsi que les techniques de progression et d’intervention en milieux clos et ouverts.La cohésion du groupe a été renforcée avec une séance de course à pied puis de divers entraînements au combat rapproché.

Démonstrations et exercices pratiques de recherche et mise en évidence de traces.

Photo principale de droite : recherche de traces papillaires sur les emballages extérieurs et inté-rieurs de la cocaïne saisie via le procédé ‘sticky-side’ par Pas-cale Giraud

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

Photo : D. GRADEL

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Colombie

Equateur

Venezuela

Guyana

Panama

Martinique

Mexique

Georgetown

Panama City

Guayaquil

Cartagena

Fort-de-France

Caracas

Mexico City

Tuxtla Gutiérrez

Amérique centrale, amérique équatorienne et plateau des Guyanes

Police Technique scientifiqueDu 2 au 6 février, 25 policiers du district fédéral ont bénéficié d’une formation sur la gestion des scènes de crime et la police scientifique.

Techniques d’interrogatoiresDu 9 au 12 mars le CIFAD a dispensé une action de formation au profit de la police mexicaine à Toluca, portant sur les techniques d’interrogatoires en matière de trafic de stupéfiants, dans un système pénal mexicain en pleine mutation passant de l’inquisitoire à l’accusatoire.25 policiers dont 3 psychologues affectés dans différents services de la police d’Etat ont pu participer à différents échanges pédagogiques portant sur cette thématique spécialisée.

GSM-IPDu 25 au 29 mai, une formation avancée sur l’analyse des cartes SIM, téléphones portables et les traces sur Internet a été dispensée à 19 stagiaires émanant de la Police et de la Fiscalia de l’état du Chiapas.

Ciblage des conteneursLe port de Guayaquil est l’une des principales provenances des saisies de drogue réalisées en Europe. Du 11 au 15 mai le CIFAD y a réalisé une formation sur le ciblage des conteneurs au profit de 20 membres de la police anti-drogue de cette ville. Il en est résulté un échange de qualité sur l’identification des failles et les contre-mesures existantes.

Analyse opérationnellePoursuivant sa collaboration avec l’ONUDC, le CIFAD a dispensé du 4 au 8 mai une forma-tion sur le thème de l’analyse criminelle. Elle a permis de mettre en place une méthodologie à des personnes travaillant principalement sur les techniques d’interception.

Surveillance -filaturesPour la seconde fois en un an, le CIFAD a organisé en collaboration avec le SSI au Suriname, ayant compétence sur zone, une action de formation portant sur les techniques discrètes de surveillances et de filatures au profit d’agents du Central Investigation Departement (CID) et du SPECIAL BRANCH (service de police chargé de la surveillance et de la protection rapprochée de personnalités). Cette action réalisée du 22 au 27 février, a permis de rapprocher deux services locaux aux missions différentes pour travailler en commun.

GSM-IPDu 6 au 10 avril, pour la première fois le centre de formation de l’office national an-ti-drogue (ONA) a accueilli un stage du CIFAD. 24 stagiaires ont bénéficié d’une formation sur l’analyse des cartes SIM et des moyens de communication tels que satellite, GSM. L’analyse de vecteurs de communica-tions via Internet a été également abordée. Cette action a été complétée par une forma-tion plus poussée sur l’analyse des flux télé-phoniques la dernière semaine de mai.

Analyse opérationnelleLa délocalisation de cette formation, du 2 au 6 février, sur les questions d’utilisation de la téléphonie au sein des enquêtes judi-ciaires dans la ville Carthagène des Indes a bénéficié d’un franc succès auprès des 15 stagiaires venant des services anti-narco-tique de la région.

Ciblage conteneursLa Colombie a cette particularité unique en Amérique du sud d’avoir une double façade maritime : Pacifique et Caraïbe. C’est à Carthagène, du 13 au 16 avril que s’est déroulée l’intervention du CIFAD sur les ques-tions de fiabilisation de la chaine logistique maritime.

Photo : D. GRADEL

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Equateur

Brésil

Chile

Uruguay

Argentine

Pérou

Paraguay

Bolivie

Lima

Ciudad del Este

Piura

La Paz

Santiago

Buenos Aires

Salta

Amérique du sud

Exploitation des scannersVoir «focus» page 14

Gestion scène d’infractionsVoir «focus» page 16

Contrôles terrestresVoir «focus» page 15

Analyse opérationnelleC’est dans les locaux d’Interpol Buenos Aires, que le CIFAD a organisé une formation sur l’analyse des flux téléphoniques.

Ciblage aérienVoir «focus» page 15

Ciblage aérienDu 8 au 30 avril, s’est tenu un atelier de formation destiné aux agents du GETAA (Groupe Spécial de Lutte Antidrogue Aéroportuaire) et quatre procureurs en poste à l’aéroport international Jorge Chávez à Lima. Cette formation organisée par les experts européeens du projet « Appui des Etats Membres de l’Union Européenne aux corps de sécurité dans la lutte contre le trafic de drogue au Pérou (UE-ENLCD), a été co-animée par un formateur du CiFAD et un capitaine de la Guardia Civil de l’aéroport de Madrid Barajas. Les participants ont bénéficié de cours théoriques (profilage, ciblage et techniques de contrôle passager), puis mis en pratique ces enseignements lors de deux exercices de contrôle de passagers embarquant sur des vols à destination de l’Europe. Dans les jours suivants ce stage, plusieurs des participants réalisaient deux saisies de cocaïne significatives, démontrant ainsi l’intérêt de ce type de formation.

GSM-IPVoir «focus» page 14

Techniques d’interrogatoiresDu 13 au 16 avril, en collaboration avec le service de sécurité intérieure (SSI) basé au Pérou et compétent sur la Bolivie, le CIFAD a dispensé une action de formation sur la thématique des techniques d’interrogatoires en matière de trafic de stupéfiants.Cette action s’est déroulée dans les locaux de la force spéciale de lutte contre le narcotrafic (FELCN) en partenariat avec le conseil national de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants (CONALTID), et au profit d’acteurs impliqués dans la lutte contre le crime organisé.Parallèlement, 174 élèves et une dizaine d’enseignants du lycée français de La Paz bénéficiaient d’un action de prévention sur les conduites addictives.

PrécurseursDu 2 au 6 février, une mission sur la thématique des précurseurs et drogues de synthèse menée par le CIFAD et une experte des douanes fran-çaises au profit de 28 stagiaires issus des ser-vices de la douane bolivienne, des forces anti-drogues, de l’administration aéroportuaire et de l’unité médicale et de la santé, a permis d’échan-ger sur les nouvelles tendances de production et de consommation.

Contrôles terrestresDu 23 au 27 mars à Lima, port et capitale du centre du pays, un formateur du CIFAD et un agent des douanes de Martinique ont partagé leur savoir-faire sur les contrôles terrestres des véhicules avec les magistrats, les douaniers, et policiers de la région. Ils ont ainsi contribué à resserrer les liens entre les services en charge de la lutte anti-narcotrafic dans le principal pays producteur de cocaïne.

Analyse opérationnelleDu 19 au 23 janvier, 24 fonctionnaires du ministère de l’intérieur Péruvien ont pu bénéficier d’une formation sur l’analyse des flux téléphoniques

Gestion scène d’infractionsFin mars à Piura, au nord du Pérou, lieu de transit du trafic de cocaïne, une semaine de formation sur la gestion de scène de crime liée aux règlements de comptes entre trafiquants, a été dispensée au profit de policiers et de magistrats péruviens spécialisés dans ces thématiques. Elle visait à renforcer la capacité opérationnelle de services qui participent activement à la lutte contre le narco-trafic, comme l’illustre la saisie record de 7,6 tonnes de cocaïne à Trujillo en août 2014, et qui avait comme destination finale le marché européen.

12Cône sud

13Le cône sud

Appellation générique englobant l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et le Chili, cet espace couvrant le sud du continent sur plus de 4 millions de km2, et avec près de 70 millions d’habitants constitue un des axes majeurs de la circulation de produits stupéfiants.

Traditionnellement, c’était le cannabis produit par le Paraguay (principal producteur et fournisseur du sous-continent) qui inondait les pays voisins de sa drogue, notamment le Brésil et l’Argentine. Mais depuis deux décennies, comme un effet secondaire de la mise en œuvre du plan Colombie, la cocaïne venue des pays producteurs andins emprunte cette «route du sud». Elle transforme le Paraguay, l’Uruguay, le Chili et l’Argentine tant en zones de consommation que de rebond vers le Brésil, l’Europe et l’Afrique à partir des ports et aéroports ouverts sur l’Atlantique ou le Pacifique.

Pire, les régions frontalières, difficilement contrôlables par leur étendue, sont également devenues des lieux de transformation en raison de l’implantation de nombreux laboratoires.

Ces trafics sont facilités par la corruption dans certains états (Paraguay et Argentine figurent respectivement au 150 et 107emes rang dans le classement Transparency International) et l’importance des moyens financiers et matériels mis en place par les trafiquants pour contrer l’action des services en charge de la lutte anti-stupéfiants.

C’est pourquoi le CIFAD, avec le concours de l’ASI régional basé en Argentine, mène dans cette zone de nombreuses formations destinées à appuyer les autorités locales en lutte contre ce fléau.

Cône sud

14Exploitation des scanners, Argentine

Le CIFAD, en collaboration avec la douane française et son service «scanner mobile spécial», a proposé une intervention innovante en Argentine sur l’exploitation des appareils scanners destinés au contrôle des conteneurs.

L’expert français a pu démontrer un savoir-faire unique ; et grâce à ses connaissances approfondies et des méthodes d’interprétation originales, l’échange a été riche et fructueux avec les 32 participants, dont 1 expert bolivien.

Jusqu’à présent, cette thématique était pour ainsi dire absente des offres de formation internationales ; l’intérêt de ce module a donc été attesté et devrait pouvoir intéresser d’autres pays, d’autant que ces appareils représentent maintenant un standard dans le domaine du contrôle portuaire conteneurisé.

GSM IP, Chili

Du 2 au 5 mars, 14 stagiaires de la police d’investigations chilienne, 3 des carabiniers et 2 magistrats du parquet ont bénéficié d’une formation avancée sur les éléments techniques des téléphones portables pouvant être exploités lors des enquêtes judiciaires. Elle leur a élargi le champ des demandes qui peuvent être sollicitées auprès des opérateurs téléphoniques. Une approche sur l’utilisation des techniques de communication via Internet leur a également été proposée. De nombreuses interventions de la part des stagiaires ont démontré le réel intérêt d’une telle thématique, qui faisait suite à la formation sur l’analyse des flux proposée l’année passée.

Cône sud

Exercice de localisation de la marchandise au sein du chargement. Acquérir cette aptitude facilite grandement le travail des personnes en charge du contrôle physique.

L’expert de la douane française, Régis Friedrich, fait une démonstration des déformations obtenues sur l’image grâce au scanner d’une structure parfaitement symétrique. La compréhension de ce phénomène est indispensable à une bonne interprétation de l’image.

Preuve de l’intérêt suscité par cette formation, ce sont 31 participants issus de toute l’Argentine qui se sont présentés à cette session initialement prévue pour 20 personnes.

Exercice de recherche et d’identification des antennes-relais ayant pu être activées par le téléphone mobile d’un infracteur

15Contrôles terrestres, Paraguay

En mai, le CIFAD a réalisé une action décentralisée au Paraguay, à Ciudad Del Este, un des points géographiques parmi les plus sensibles d’Amérique du Sud, haut-lieu de la contrebande.

Il s’agissait de présenter à 34 policiers et douaniers locaux les techniques de contrôles routiers pour la recherche de produits stupéfiants. Cette formation, réalisée avec l’appui d’un agent des douanes de Bayonne, visait à accroître les moyens pour intervenir sur le trafic à ce nœud stratégique régional qu’est la triple frontière entre le Paraguay, le Brésil et l’Argentine.

Ciblage des passagers en aéroport, Argentine

Du 15 au 19 juin à l’aéroport Ezeiza de Buenos Aires en Argentine, deux formateurs du CIFAD ont animé une formation sur le thème du narcotrafic dans un aéroport international. Vingt trois agents de la Police de Sécurité Aéroportuaire et trois agents des douanes ont bénéficié de cette formation. Les thématiques de la criminalité aéroportuaire, du ciblage du fret et du contrôle des voyageurs ont été abordées et developpées. A l’issue de la formation, les participants ont fait part de leur très grande satisfaction.

Cône sud

Exercice sur le PNR (passenger name record) Profilage de passagers

Simulation d’un contrôle

16Gestion des scènes d’infraction, Argentine

Une formation sur la bonne gestion des scènes d’infraction (narco-exécutions et perquisition) a été effectuée à Salta, au nord de l’Argentine, lieu de transit de la cocaïne bolivienne dont la presque totalité de la production est exportée vers l’Europe.

Il s’agissait d’apporter une expertise technique en réalisant 3 cas pratiques au profit du CIF, nouvelle unité d’enquête mixte réunissant des agents du ministère public, des enquêteurs des brigades de stupéfiants et anti-criminelles et des techniciens PTS/TIC de la province de Salta.

Le CIF de Salta est vu par les autres provinces d’Argentine comme un laboratoire provincial expérimental de lutte contre le trafic de stupéfiants, domaine jusqu’alors réservé au niveau fédéral. Son succès pourrait modifier considérablement la donne dans cette lutte déterminante pour neutraliser la route de la cocaïne Bolivie/Argentine à destination de l’Europe, ce qui explique l’appui de notre SSI en Argentine et du CIFAD au CIF de Salta.

Cône sud

Constatations près du mannequin figurant une victime de narco-exécution

Identification de traces et indices Le formateur, Jean-Charles Olvera effectue une analyse vidéo des cas pratiques et conclut par une synthèse théorique en salle

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Avant-propos

Poser deux ou trois questions à un mis en cause est une chose, procéder à son interrogatoire en est une autre.Permettre à une personne entendue de s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés ou dont elle est suspectée, c’est l’interroger. C’est aussi lui donner l’occasion de fournir sa propre version et la confronter aux éléments qui ont été recueillis dans le cadre de l’enquête.

Il s’agit d’un acte majeur comprenant les questions posées à un mis en cause et les réponses qu’il y apporte. L’objectif étant le recueil d’éléments de preuve, pour que le ou les auteurs soient poursuivis et traduits devant la juridiction compétente.L’interrogatoire se situe donc au cœur d’une enquête judiciaire. Par manque de méthodes, il risque d’être mené de manière aléatoire, conduisant soit à un affrontement stérile se limitant à la recherche d’un aveu, soit à un contenu sans substance.En réalité, l’interrogatoire se veut structuré en différentes étapes, lesquelles permettront à l’enquêteur qui les conduit de connaître le profil de son interlocuteur, d’envisager toutes ses échappatoires, et de s’adapter en développant des stratégies, pour retranscrire l’ensemble dans un procès-verbal qui démontrera la durée de l’opération, reflétera les déclarations et fera ressortir les perceptions (mutisme, pleurs, etc…).

Dans tous les cas, s’adapter à son inter-locuteur, quel qu’il soit, favorise un en-vironnement propice au partage et à la confession.

Fiche métier : techniques d’interrogatoires

18FAIRE FACE A LA CRIMINALITE ORGANISEE

En vue de renforcer la coopération opérationnelle des diverses représentations françaises à l’étranger impliquées dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, et pour répondre à des besoins particuliers, le CIFAD a proposé cette nouvelle thématique un peu avant l’été 2011 avec l’arrivée d’un formateur expérimenté en la matière.Des agents dominicains issus des services tels la direction nationale du contrôle des drogues (DNCD), mais aussi la direction centrale anti narcotiques de la police nationale (DICAN) et la police judiciaire dominicaine (DICRIM), ont été les premiers à être formés à cette thématique.

Depuis, ce module a considérablement évolué car pour renforcer son expertise, le CIFAD s’appuie désormais sur le recours à un psychologue qui explique les mécanismes de la relation « interrogateur/interrogé », et les écueils ou travers à éviter par l’interrogateur dans ce lien particulier qui se noue avec l’interlocuteur au fil des heures de « vie commune ».Souvent absente des formations initiales et continues, la psychologie est pourtant un élément déterminant dans la réussite de tout acte d’investigation, ainsi que dans la conduite adéquate à manifester envers une victime ou un suspect.Outre les aspects technico-policiers tels la préparation, les différents types d’interrogatoires, les méthodes interdites, etc., la communication verbale et non verbale, les questions ouvertes, les questions fermées, les émotions observables, l’empathie, les résistances du suspect, etc. sont les aspects psychologiques qui sont abordés.En clair, l’interrogatoire est une démarche qui s’inscrit dans un cadre rigoureux où l’être humain occupe une place importante.

Le point de vue de la psychologue:

Les profils

« L’intérêt de ce module est d’amener et d’associer au mieux des éléments de psychologie à l’interrogatoire, aux fins de créer, dans une approche interindividuelle, une situation de communication optimale.

Il s’agit de revenir sur des compétences et des qualités d’analyse, d’adaptation et d’écoute pour, à partir d’un contexte de communication spécifique :

• Dégager des motivations, isoler un mobile

• Obtenir une participation et une collaboration du su-jet mis en cause pour limiter les conduites agressives

• Recenser des informations recevables et viables

L’objectif est que ces apports sur la psychologie du sujet facilitent l’utilisation de techniques et de méthodes de communication, d’analyse et de compréhension de la dynamique d’un mis en cause (en situation d’interrogatoire). Ainsi, les personnels en formation tentent d’appréhender des traits de personnalités et d’anticiper des réactions possibles sur la base de plusieurs profils (basés sur le rapport à l’autorité, le niveau de narcissisme et d’estime de soi, les défenses et l’économie psychique…).L’approche des profils psychologiques associée à l’analyse des attitudes de Porter nécessite en prérequis de pouvoir s’interroger sur sa pratique, et de pouvoir remettre l’évaluation des habi-tudes à réadapter, à des nouvelles données d’une dynamique centrée sur la personne.»

Le point de vue de l’enquêteur:« En procédant à un interrogatoire, l’enquêteur aura principalement pour but (dans cette opération qui se veut être typiquement policière et au cours de laquelle il va user de stratégies) d’établir des faits et de retracer des évènements, soit une sorte de mise en lumière avant la présentation de la personne mise en cause ou suspectée à un magistrat. L’interrogatoire, acte procédural qui contribue à la recherche de la vérité ou qui permet de parvenir à la manifestation de la vérité, ne peut se concevoir sans préparation. Aussi, préparer et se préparer, c’est être en mesure d’anticiper… »

David Gradel, policier formateur au CIFAD

Kathleen Maran, psychologue clinicienne, DDSP Fort de France

Fiche métier : techniques d’interrogatoires

Photo : D. GRADEL

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Une vraie formation professionnelle spécialisée aux techniques d’interrogatoires

S’adressant à des professionnels expérimentés ou non de la police et de la magistrature, le CIFAD propose deux niveaux de formation qui ont pour objectif de faire acquérir ou d’approfondir les compétences attendues (savoir, savoir-faire et savoir-faire relationnel) en utilisant les techniques et méthodes appropriées dans le cadre d’interrogatoire d’un mis en cause.

C’est une formation originale combinant l’intervention d’un enquêteur, d’un magistrat et d’un psychologue, et qui s’inscrit dans la politique de coopération internationale menée par la France à l’étranger. Elle démontre son implication, et contribue également à son rayonnement.

Le point de vue du magistrat: « Paradoxalement, le Code de procédure pénale ne dit quasiment rien au sujet des techniques d’interrogatoires à proprement parler, et pourtant celles-ci intéressent le magistrat au premier chef.

Tout d’abord, du fait même de sa qualité, le magistrat – du siège comme du parquet – est le garant de la régularité et de la légalité de la procédure, et doit donc apprécier, vérifier, contrôler les techniques d’interrogatoires utilisées par les enquêteurs. Les techniques d’interrogatoires sont en effet soumises aux principes généraux du droit (évidemment, l’interdiction des traitements inhumains ou dégradants lors des auditions). Mais plus encore, les techniques d’interrogatoires doivent de nos jours, et de plus en plus, prendre en considération et concilier des impératifs tels que, par exemple, le respect du contradictoire, les droits de la défense, la limitation de l’auto-incrimination de la personne mise en cause, etc. Et c’est à ce titre que le magistrat, gardien des libertés individuelles, joue son premier rôle.

Ensuite, les techniques d’interrogatoires mises à la disposition des enquêteurs sont un moyen. Un moyen probatoire ayant comme finalité de parvenir à la manifestation de la vérité, mais aussi, tout simplement, un moyen de caractériser les infractions pénales. A cet égard se manifestent les attentes du magistrat envers l’enquêteur dans l’utilisation de techniques d’interrogatoires adaptées, non seulement à la personnalité, à la psychologie du mis en cause, mais encore à la matière, au contentieux traité. Certes, la technique et – surtout – la stratégie d’interrogatoire à l’égard du violeur pédophile ne seront pas identiques à celles adoptées vis à vis du délinquant financier. Mais dans les deux cas de figures, le magistrat veillera à ce que la technique d’interrogatoire fasse bien ressortir les éléments constitutifs de l’infraction, puis les circonstances de l’infraction, de façon à lui permettre de prendre sa décision.

Enfin, il est intéressant de constater l’existence de formes particulières de techniques d’interrogatoire, très formalistes celles-ci, dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée. On peut penser ici, par exemple, aux auditions de témoins sous X, ou même aux auditions de personnes bénéficiant du statut de « repenti ». Autant de techniques encadrées par la loi, dont le but est ici de concilier l’exigence de protec-tion de la société, la nécessité de pouvoir efficacement identifier, rechercher et sanctionner les auteurs de crimes et délits graves, avec la garantie des libertés individuelles.»

Philippe Latgé, vice-procureur de la République

Fiche métier : techniques d’interrogatoires

Photo : D. GRADEL