la figure humaine dans les monuments chaldéens, babyloniens & assyriens hamy

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  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    1/18

    Bulletins et Mmoires de laSocit d'anthropologie de Paris

    La Figure humaine dans les Monuments chaldens, babyloniens etassyriensDocteur Ernest-Thodore Hamy

    Citer ce document Cite this document :

    Hamy Ernest-Thodore. La Figure humaine dans les Monuments chaldens, babyloniens et assyriens. In: Bulletins et

    Mmoires de la Socit d'anthropologie de Paris, V Srie. Tome 8, 1907. pp. 116-132.

    doi : 10.3406/bmsap.1907.6988

    http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988

    Document gnr le 18/09/2015

    http://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/author/auteur_bmsap_1077http://dx.doi.org/10.3406/bmsap.1907.6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://dx.doi.org/10.3406/bmsap.1907.6988http://www.persee.fr/author/auteur_bmsap_1077http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/
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    2/18

    116

    21

    mars 1907

    LA FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS CHALDENS, BABYLONIENS

    ET

    ASSYRIENS,

    Confrence

    faite

    la Socit d'Anthropologie le 7 fvrier

    1907,

    Par

    le Dr

    E.

    T.

    Hamy,

    Membre de l'Institut et de l'Acadmie de Mdecine,

    Professeur

    d'Anthropologie

    au

    Musum.

    I

    L'art gyptien, que nous venons d'tudier dans ses -manifestations

    ethnographiques les plus

    intressantes

    l,

    possde

    en commun avec celui

    de la Ghalde, dont nous allons nous occuper aujourd'hui, un certain

    nombre

    de

    caractres

    d'ensemble

    qui

    ont

    suggr

    plusieurs

    historiens

    de l'art l'hypothse d'une

    lointaine

    origine

    commune.

    Comme l'ancien Egyptien, en effet, le Chalden primitif

    figure

    la

    personne humaine avec la tte de profil,

    l'il

    de face, le tronc

    aussi

    presque

    entirement

    de face, les

    paules

    trop larges, les

    bras

    mal attachs, les

    pieds

    enfin, maladroitement

    poss

    l'un

    devant l'autre et

    disproportionns.

    Mais dans

    la figure chaldenne, la taille

    est

    ramasse

    et

    la tte

    dmesurment grossie. L'orientation

    est peu prs indiffrente et, par suite,

    le

    personnage debout est symtrique au lieu de se prsenter la jambe

    gauche en avant.

    D'autre

    part,

    comme

    les

    croyances relatives

    au

    culte

    des

    morts,

    qui

    ont

    longtemps

    impos aux artistes de la valle

    du

    Nil, ainsi

    que

    nous

    l'avons

    vu, la recherche des ressemblances individuelles,

    sont

    demeures trangres

    aux riverains de l'Euphrate, il en rsulte que dans les monuments de ces

    derniers le visage n'offre habituellement aucun caractre personnel. L'artiste

    se borne reproduire des types gnraux qui varient poque

    par poque,

    peuple par peuple, localit

    par

    localit, et

    dont

    les

    modles,

    copis suivant

    certaines

    conventions, n'ont pas disparu de nos jours.

    Et c'est

    ainsi qu'au cours de cette tude, rapide

    nous

    allons retrouver

    chez des races actuelles, Kurdes,

    Tatars,

    Assori, etc., la survivance

    bien

    reconnaissable

    des types conventionnels

    ainsi figurs

    dans les monuments

    de

    la

    plus ancienne Ghalde. C'est

    d'ailleurs

    le

    seul

    ct

    individuel

    de ce

    petit travail, compos, le crayon la main,

    au

    milieu des collections

    nouvelles,

    exposes

    au

    Muse du Louvre, la

    suite

    des brillantes

    missions

    de

    Sarzec

    et

    de

    Morgan.

    II

    Les plus anciens monuments connus jusqu'ici de la basse

    valle

    de

    i

    Voy.

    le

    procs-verbal de la sance du

    3

    janvier 1907.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    3/18

    E.-T. HAMY.

    LA FIGURE HUMAINE

    DANS

    LES

    MONUMENTS

    CHALDEENS,

    ETC.

    117

    l'Euphrate

    ont ceci de particulier que leur technique ne rappelle que

    d'assez loin^ suivant l'expression de M. Maspro

    ',

    celle des

    uvres

    qu'on

    est. habitu

    considrer comme reprsentant

    les tendances artistiques de

    la plus antique Msopotamie.

    Ces

    monuments,

    au

    nombre

    de

    deux,

    qui

    appartiennent

    au

    rgne

    de

    Narmsin, roi d'Agad et remontent

    3.800

    ans environ avant notre

    re,

    restent

    tout fait part,

    et,

    en gardant quelque chose de

    bien

    original,

    manifestent une

    manire

    de faire particulire que nous ne retrouverons

    dans aucun

    autre

    morceau chalden et que M. Maspro qualifie

    ingnieusement d'gyptisante. Les Papi rgnent

    alors

    sur l'Egypte et

    l'on

    sait,

    par

    des dcouverts

    rcentes,

    quel

    degr d'habilet

    sont

    parvenus

    les

    statuaires

    qui ont fait les

    portraits de ces

    souverains.

    Or le

    premier

    des deux

    morceaux

    antiques

    du

    rgne de Narm-Sin,

    dcouvert Diarbkir, et qui fait partie depuis quatorze ans du

    Muse

    d'Antiquits de Constantinople

    *,

    est

    d'une facture la fois trs fine et

    trs

    large

    qui rappelle

    celle

    des artistes

    contemporains

    des

    rives

    du

    Nil,

    de Dashour et de Saqqarh en

    particulier.

    La courbe

    des

    paules, l'allongement

    du

    bras, l'effacement

    des biceps,

    la manire

    dont

    les tailles qui ont

    model

    les

    nus

    sont descendues de

    haut

    en bas et

    dont

    les reliefs se

    rattachent

    au fond

    (Maspro), sont

    identiques

    ce que l'on

    voit

    dans les

    sculptures

    gyptiennes

    contemporaines.

    Le profil

    du roi

    d'Agad est mdiocrement conserv. Je crois cependant

    reconnatre, dans la photographie qu'en a publie le

    P.

    Scheil, le

    nez court

    et

    un

    peu creux, la

    pommette

    accentue que nous montreront plus tard

    les

    monuments

    cossens

    :

    la

    barbe

    est

    abondante,

    frise

    autour

    de

    la

    joue,

    et

    termine

    par de longues boucles. Les bras nus, lgants, tiennent un

    rouleau et un sceptre. Le

    roi

    est coiff d'un bonnet conique, fait

    d'toffes

    cousues et bordes de peaux dont

    on

    retrouverait les quivalents chez

    les Turcomans modernes.

    Le deuxime monument

    de Narm-Sin, de mme poque (3.800 ans

    av.

    J.-G.) et de mme

    style

    que celui de Diarbkir, a t trouv SuseparM.de

    Morgan en 1898 et constitue

    l'une 'des

    pices les plus importantes de la.

    collection

    rcemment

    inaugure

    au

    Muse du

    Louvre. C'est une .grande

    stle

    en

    grs

    jauntre, de 2

    m.

    sur 1

    m. 05, termine

    en pointe allonge

    et dont une

    double

    inscription

    dchiffre

    par

    le

    P. Scheil a

    fait

    connatre

    la

    curieuse

    histoire.

    Un

    premier

    texte nous

    apprend,

    qu'elle a t leve dans la ville

    chaldenne de Sippara,

    pour clbrer

    une victoire remporte par

    Narm-Sin,

    roi

    d'Agad, sur le peuple des Louloubi.

    Le

    second texte

    fait savoir qu'un grand conqurant susien, Khoudour-Nakhounta,

    aprs

    avoir subjugu

    la

    Msopotamie,

    emporta

    la

    stle comme trophe

    dans

    1

    G. Maspro. Note sur le

    bas-relief

    de Naram-Sin. (Rev. des Trav., t XV,

    p. 65-66, 1893).

    *

    V- Scheil. Inscription

    de Narm-Sin

    (Ibid. p. 62-64).

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    4/18

    418 21

    mars 1907

    sa

    capitale, vers

    2300 ans avant J.-C, c'est--dire 500 ans aprs sa

    conscration.

    Cette

    stle de Narm-Sin, retrouve

    dans les ruines de

    Suse par la

    mission

    de Morgan, nous montre une rgion

    montagneuse

    envahie par une

    troupe

    de

    guerriers

    qui

    gravit

    de

    gauche

    droite

    travers

    bois.

    L paysage que

    resserre

    ce cadre

    beaucoup

    plus

    haut

    que large est

    simplifi,

    dit

    M. Heuzey

    *,

    dans un sentiment qui lui

    donne

    quelque chose de

    fantastique.

    Au

    sommet, un pic aigu figur gomtriquement comme un cne

    inaccessible,

    sorte de

    btyle

    naturel et gigantesque,

    touche le ciel

    o brillent

    trois grands aslres

    rayonnants.

    Plus bas,

    au pied

    du cne, sur une crte

    encore trs

    leve,

    un personnage

    beaucoup plus grand que

    tous les autres,

    barbu,

    orn

    de

    l'arc,

    coiff du casque divin double corne de taureau,

    foule sous ses

    sandales des

    ennemis

    morts;

    un

    autre

    vaincu

    tombe

    devant

    lui frapp

    d'une

    flche;

    un

    troisime

    demande grce.

    ...

    Le

    long

    de

    la

    pente escarpe

    montent

    trois

    files

    de soldats coiffs

    de

    casques

    couvre-nuque, porteurs d'tendards et d'armes

    diverses,

    mais

    tous

    dans

    la mme attitude, la

    tte

    leve vers les cimes, ce

    qui

    donne l'ensemble

    un

    mouvement

    ascensionnel

    extraordinaire.

    Vers

    la

    droite,

    plusieurs

    arbres de

    montagne

    rappellent par leur style ceux qui

    figurent sur les

    empreintes des rois d'Agad

    2.

    Ces conifres au tronc

    tordu indiquent

    une

    fort,

    derrire

    laquelle s'abritent

    quelques

    fuyards

    au

    type sauvage

    levant

    les

    mains

    en signe de soumission.

    Vaincus Louloubi et vainqueurs

    Agadens

    ont

    t diffrencis, non

    sans

    beaucoup d'exagration,

    par M.

    Jacques

    de Morgan, dans la

    monographie

    qu'il

    a

    rcemment

    publie

    3.

    Je

    reconnais

    toutefois,

    avec

    l'explorateur

    de

    Suse, que les

    premiers diffrent gnralement

    des

    seconds par leur profil

    facial et surtout par

    le volume

    et

    la courbure

    de leur nez,

    qui

    rappelle

    le

    nez smite. Leur

    chevelure

    aussi

    est

    diffrente; ils portent derrire

    la

    tte

    une

    longue

    et

    paisse

    tresse de cheveux

    que

    nous

    retrouvons

    chez

    des

    personnages plus rcents, au profil smitique.

    Les

    Louloubi seraient

    donc, comme M. de Morgan l'estime,

    des

    Smites attnus.

    Quant Narm-Sin et ses

    soldats,

    aprs avoir fait des rserves

    sur

    tout ce'que l'on a pu

    crire

    l'occasion du portrait de ce

    souverain

    plus

    dtrior

    encore

    que celui de Diarbkir, j'admets que les Agadens, qui

    composent

    sa troupe, ne

    sont

    pas des Smites

    et

    diffrent sensioionient de

    leurs ennemis. Ils

    ont,

    en

    effet,

    le

    profil

    creux

    dont

    je

    viens

    de

    parler,

    le

    nez

    court,

    enfonc

    la racine

    et relev

    du bout, les joues pleines, le

    men-

    1

    L.

    Heuzey.

    Expos sommaire du Rapport de M. L. de Morgan sur

    les

    fouilles de

    Perse. {Compt. rend. Acad. Inscript, et Belles-Lettres

    1898,

    p.

    677).

    * M. Heuzey rapproche,

    dans une

    note au

    bas de la mme page,

    le bas-relief

    de

    Suse de celui dit d'Agad, dcouvert par Sarzec et qui appartient peut-tre au

    rgne

    de Sargaris,

    pre

    de Narm-Sin.

    8 J.

    de

    Morgan. Stle triomphale de Narm-Sin

    (Dlgation en Perse,

    t. I.

    Recherches archologiques, l"sr. p. 144 etsuiv. Paris

    1900 in-4*).

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    5/18

    E.-T.

    HAMY. LA FIGURE HUMAINE DANS LES

    MONUMENTS

    CHALDENS, ETC.

    ton

    arrondi

    ;

    la

    barbe que

    plusieurs portent

    longue est taille en pointe :

    bref

    ils

    offrent un ensemble de

    traits

    qui leur sont particuliers et

    que

    nous retrouverons

    plus

    loin

    dans

    l'iconographie

    cossenne.

    Les membres suprieurs et le tronc de tous les personnages de la stle,

    Louloubi

    et

    Agadens,

    sont

    models

    avec

    une

    lgante

    harmonie; les

    masses

    musculaires, d'un dessin

    assez

    correct,

    sont agrablement

    arrondies aux bas et aux paules.

    Les

    jambes fines

    ont

    des contours

    relativement purs

    ;

    les pieds enfin, ceux, du roi en

    particulier, chausss

    de

    sandales,

    sont

    excuts avec

    une

    sorte

    de

    dlicatesse.

    Toute cette facture est

    exceptionnellement artistique et a excit chez les connaisseurs un vritable

    enthousiasme. J'ai

    entendu

    des sculpteurs en

    renom

    exprimer devant la

    stle

    de

    Narm-Sin une

    admiration

    tonne,

    double

    mme

    chez

    plusieurs,

    de doutes,

    injustifis d'ailleurs,

    sur

    l'antiquit

    du

    morceau.

    C'est

    un

    autre art,

    bien

    infrieur celui d'Agad, qui se manifeste

    Tell-Loh,

    l'antique

    Sirpourla, sige

    d'une

    dynastie

    de prtres rois

    ou patesi

    dont

    les plus anciens remonteraient

    32

    sicles avant notre

    re.

    Dans

    les

    amas de

    ruines

    qui

    s'lvent aux

    bords du

    Ghott

    el

    Ha, a 15

    heures de

    marche

    au Nord de Moughr, M. de

    Sarzec

    a dcouvert des

    uvres

    la

    fois naves et

    rudes

    et

    qui

    reprsentent

    souvent des scnes d'une violence

    brutale. La

    stle

    des

    vautours,

    par

    exemple, qu'ont illustre les belles tudes

    de M. L. Heuzey ', nous

    montre

    des cadavres amasss, des rapaces

    qui

    emportent dans leurs serres des dbris

    humains,

    de

    malheureux

    captifs

    entasss dans une cage, etc. etc.

    C'est un

    tout

    autre sentiment qui a

    inspir

    ces

    uvres

    ralistes et gros-

    sires, c'est

    une technique

    bien

    diffrente

    qui

    les

    a excutes.

    Quelques

    traits

    communs

    apparaissent

    cependant, qui rattachent les deux coles.

    Comme Narm-Sin, Eannadou, le

    premier

    chef de

    Sirpoula qui'

    nous

    apparaisse, est beaucoup

    plus

    grand que ses

    compagnons

    militaires et

    domine

    toute la scne; il marche

    vers

    la

    droite

    avec

    sa

    phalange, ainsi

    que

    marchaient

    les Agadsiens.

    Gnral et soldats sont d'ailleurs

    disproportionns,

    au

    lieu de mesurer

    6 ttes

    6

    ttes et demie comme

    les

    gens

    de Sippara,

    ce

    qui est

    dj

    bien court

    ils

    ne dpassent gure

    5

    ttes.

    Ils sont- vigoureux et muscls', leur

    poitrine

    est

    vaste, leurs

    bras. sont

    robustes et leur visage se distingue par un norme nez profil convexe,

    qui

    continue parfois

    sans interruption la

    ligne

    du front ; les lvres sont

    plutt

    minces

    et

    le

    menton carr

    est

    sensiblement

    en

    retrait

    On trouvera ci-contre

    fig. 1) une

    reproduction fidle d'un des monuments

    les

    plus

    anciens que

    l'on

    possde des patesi de

    Sirpourla.

    II reprsente

    Our-Nina,

    l'aeul d'Eannadou, offrant

    un sacrifice

    avec

    ses quatre fils.

    1 L. Heuzey. Reconstruction

    partielle

    de la stle du roi Eannadou, dite stle

    des

    vautours. {Compt.

    Rend.

    Acad. Inscrip. et Belles-Lettres,

    1892,

    p. 262-274. pl.I.-H).

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    6/18

    120

    mars 1907

    J'ai plac en

    face

    (fig. 2)

    la

    photographie,

    d'un

    Kurde Bourouki

    de

    l'Asidja, que

    j'emprunte

    aux prcieux albums de M.

    Chantre

    et qui

    montre un type trs voisin de celui de

    Sirpourla, conserv

    de nos jours chez les

    montagnards

    de la haute

    Msopotamie

    l.

    >*>r*

    * V

    ;

    /'

    Fig. 1.

    Our-Nina et sa

    famille.

    Tell-Loh.

    (Muse du Louvre)

    Fig. 2. Kurde

    Bourouki.

    (Coll.

    Chantre).

    Avec le patsi Gouda, que trois

    sicles

    peut-tre sparent des Our-

    Nina et

    desEannadou, ce

    sont de nouvelles

    figures

    encore

    qui se

    prsentent l'observation de l'anthropologiste.

    Le

    personnage de ce nom a laiss de lui de nombreuses

    images, presque

    toutes

    mutiles par

    malheur, mais qui

    permettent

    nanmoins d'tudier

    dans une partie de ses caractrrs de

    nouvelles

    manifestations

    artistiques

    de laBasse-Chalde,

    un

    nouvel

    aspect

    de ses anciens habitants.

    Ce

    sont pour

    la plupart des

    statues,

    debout

    ou assises,

    de

    proportions

    trs

    ramasses,

    2

    et de

    structure subanguleuse; la

    main droite est

    dans la

    gauche,

    c'est--dire

    que

    le

    personnage

    offre

    cette

    attitude

    de

    respectueuse

    attention

    que prend encore aujourd'hui en Orient

    tout

    serviteur

    attendant

    les

    ordres de son matre. L'paule et

    le

    bras laisss nus sont souvent d'un

    1 Cf.

    E. Chantre.

    Recherches

    anthropologiques

    dans

    l'Asie Occidentale. Mission

    scientif. en Transcaucasie,

    Asie

    Mineure et

    Syrie,

    4890-1894 (Arch, du

    Mus.de

    Lyon, t. VI,

    pi

    XIII, fig. I).

    1

    La seule statue intacte que nous connaissions de

    cette

    poque

    est

    dans

    la

    collection

    de Clercq. Elle donne la proportion de 4

    ttes

    au plus.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    7/18

    E.-T.

    HAMY. LA FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS GHALDEENS, ETC.

    121

    assez bon

    model,

    les mains

    sont

    minutieusement tudies jusqu'aux

    ongles

    et les pieds aplatis sur

    le

    sol sont d'une certaine vrit.

    Fig,.

    3.

    Goudia, Tell-Loh. (Coll.

    de

    Clercq).

    La tte dont

    on connat plusieurs spcimens,

    grands et

    petits,

    et dont

    le

    Muse

    de

    Berlin conserve notamment

    un fort bon

    exemplaire

    intact,

    dtourn

    par

    quelque

    ouvrier

    de

    la

    fouille

    de

    Sarzec,

    la

    tte,

    dis-je,

    a

    la

    forme d'un

    ovale

    plus

    ou

    moins arrondi

    dont

    on apprcie d'autant mieux

    les

    proportions rgulires et symtriques, qu'elle

    est reprsente dans

    quelques

    cas,

    compltement

    rase.

    Voici quels sont les traits dominants de

    ces uvres

    d'art,

    suivant

    M. L.Heuzey ' :

    On remarque

    d'abord,

    dit-il,

    dans

    la conformation gnrale,

    une

    attention

    particulire

    observer

    les proportions qui marquent la capacit

    et

    la

    puissance

    de

    l'esprit :

    le

    front large,

    les

    tempes

    pleines,

    le

    beau

    dveloppement

    dolichocphale,

    donn

    aux

    courbes

    du crne. Quant aux

    yeux

    le

    statuaire

    chalden

    considre

    comme

    une

    beaut

    de les

    faire

    grands,

    souvent mme

    d'une grandeur exagre.

    Ils

    se

    rapprochent

    de la forme

    rgulire de l'ellipse

    avec les

    paupires

    profondes,

    bien

    enchsses

    et le

    sillon

    lacrymal franchement incis. La position de l'il est

    horizontale,

    sauf

    un lger relvement

    de la

    paupire

    infrieure

    vers

    l'angle externe,

    dtail

    frquent

    chez

    presque

    tous les

    Orientaux.

    Ces caractres font

    plutt contraste avec

    les petits

    yeux obliques et brids

    des races

    mon-

    goliques.

    1

    Cf. L. Hkuzey. Dcouverte en

    Chalde

    t.

    II,

    p.

    103.

    soc. o'anihrop. 4907.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    8/18

    122 .

    21 mars 1907

    Si

    le dessus

    des yeux,

    continue

    M. Heuzey,

    n'est

    pas exempt de

    convention,

    il

    y en

    a

    surtout

    dans les

    sourcils

    que Je* sculpteur

    chalden

    accuse en relief comme des traits de force. Les

    deux

    arcs, tracs avec la

    rgularit du compas, se rejoignent invariablement la naissance du

    nez

    .

    C'est

    la

    un

    caractre constant

    qui

    se

    perptuera

    dans

    toute

    la

    suite

    de cet

    art. Les pommettes et le

    menton

    sont assez ressentis, continue

    M.

    Heuzey, peu prs comme

    dans les uvres

    de l'archasme grec,

    malgr

    une tendance

    toute orientale les envelopper

    davantage, en y

    marquant l'embonpoint .

    Le nez

    est

    d'un

    profil tout

    droit,

    relativement allong et

    termin par un

    lobule

    mince

    et

    des narines

    a

    la

    fois

    basses

    et

    peu dilates.

    La bouche est finement dcoupe en arc et lgrement empte

    vers

    ses angles. Elle ne

    dpasse

    gure les narines en largeur. Le menton est

    d'une

    forme

    toute

    particulire, taill a pic et ovale en

    travers. Les

    mchoires

    sont

    fortes

    et

    carres.

    L'oreille

    trs

    grande,

    attache

    trop

    haut,

    et

    trop en arrire, est

    bien

    ourle, mais sa conque est trop large.

    Ce qui

    frappe

    dans

    ces

    ttes, dit

    encore M.- Heuzey,

    c'est

    un

    caractre

    d'expression :

    c'est

    un air

    de

    simplicit

    demi-souriante

    et comme

    de

    bonhomie patriarcale. Nous

    voil bien

    loin des scnes de carnage du

    farouche Eannadou. Gouda

    nous transporte

    au milieu

    de la

    vie

    famil ia le

    demi-bourgeoise et

    demi-rustique, des trs anciennes cits

    et

    des

    peuples en

    formation.

    Bien que les ttes jusqu'ici retrouves

    Tell-Loh

    reprsentent

    certainement

    pour

    la plupart des personnages

    rels,

    rois, princes, hauts

    dignitaires, la convention y a trop de place,

    pour

    que l'on

    puisse

    songer des

    images

    ressemblantes.

    Sans

    doute

    le

    type

    n'est

    pas

    uniforme

    et

    les traits

    ne paraissent

    pas

    mesurs

    d'aprs

    un

    canon

    bien

    fixe.

    Le

    sculpteur

    sait

    tenir

    compte de certaines

    diffrences

    d'ge et de complexion, la facture

    se

    modifie aussi

    avec les

    poques et

    suivant

    le

    got des ateliers

    .

    Cependant la recherche de la

    vrit locale

    ne

    va

    pas, on l'a dj

    dit,

    jusqu'au

    dtail

    individuel.

    Ici, comme

    Sippara, l'artiste s'est

    content

    de

    reproduire assez

    fidlement un type national qu'on retrouve encore sur

    place.

    Lorsque M. Heuzey a voulu

    rajeunir

    en 1889 pour

    notre

    Muse

    rtrospectif

    de l'Exposition Universelle le Gouda assis de la

    collection

    Sarzec,

    M.

    Pottier n'a

    pas eu

    beaucoup

    de

    mal dcouvrir

    parmi les

    Asiatiques

    attirs

    Paris par

    l'Exposition

    Universelle

    un

    Chalden,

    Assori,

    originaire des bords du lac

    d'Ourmiah,

    qui

    rappelait

    assez

    bien

    la

    physionomie

    du vieux

    patsi

    de

    Sirpoula,

    pour que M. Hbert pt restituer, son

    portrait

    l'aide

    de ce modle improvis

    2. J'ai

    eu moi-mme

    rcemment

    l'occasion

    de rencontrer

    Paris

    une

    Levantine qui rappelait,

    presque

    trait pour

    trait, la tte du Muse de

    Berlin dont

    j'ai parl plus

    haut.

    1 Heuzey.

    Loc. cit.. p. 103-104.

    * Cf. G. Maspro. Op.

    cit.,

    t. I, p. 623.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    9/18

    E.-T.

    HAMY. LA FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS

    CHALDENS,

    ETC. 123

    Elle avait les sourcils tout aussi rguliers, mais sans la commissure; les

    yeux

    taient

    immenses et

    d'un

    ovale parfait.

    Le nez

    un peu moins

    allong descendait tout droit; les

    narines,

    les

    lvres

    affectaient les mmes

    lignes,*

    le menton enfin offrait cette forme ovale en travers

    qui

    est si

    frappante

    Tell-Loh.

    On retrouve tout cet art de

    Tell-Loh

    dans

    un certain nombre

    de

    petites

    figurines en terre

    cuite,

    provenant

    de diverses

    localits

    de

    l'ancienne

    Chalde, Hillah, Ouarka, etc. Pousses dans des moules d'une seule pice,

    avec

    un revers plat, ces statuettes

    d'argile

    ont des formes courtes,

    ramasses

    d'une

    plnitude

    un peu vulgaire

    suivant

    l'expression

    de M. Heuzey,

    et rpondant

    tout fait

    au caractre des statues de pierre de

    Tell-Loh,

    dont elles

    prennent d'ailleurs le plus

    souvent

    l'attitude conventionnelle.

    Mais il s'en rencontre d'autres, dans, la

    mme

    rgion,: d'une

    excution^

    beaucoup

    plus

    avance,

    travailles

    jusque

    dans

    les

    moindres

    dtails

    de

    la dcoration

    et

    du

    relief

    avec -une dlicatesse souvent

    merveilleuse

    et

    qui caractrisent

    une

    autre priode, dans

    laquelle

    on est

    conduit

    faire

    intervenir

    un

    nouvel lment

    ethnographique

    d'origine particulire.

    M. Heuzey

    qui

    a,

    le

    premier,

    signal

    l'intrt de ces petits

    monuments

    l

    et dont

    l'attention

    tait veille, on

    l'a vu

    plus haut,

    sur l'importance

    de

    la morphologie oculaire, n'a cependant

    rien

    dit

    du

    facis mongolique

    des

    yeux

    de

    toute

    une srie de

    ces

    figurines babyloniennes.

    Je

    citerai,

    en particulier, la desse

    nue

    (pi.

    I,

    fig.

    3 de son mmoire)

    debout,

    les jambes assembles dans

    une pose

    symtrique, tandis que les

    mains pressent les seins,

    pour

    en

    faire jaillir

    le

    lait.

    La

    face est

    comme triangulaire,

    le

    nez est

    large

    et

    plat

    et

    les

    fentes

    palpbrales troites sont

    non seulement allonges,

    comme

    l'observe

    M. fleuzey,

    mais

    extrmement

    obliques. L'angle

    externe est trs

    relev,

    l'angle interne masqu

    par

    un replis falciforme, ce qui

    donne tout

    fait

    l'aspect

    des yeux dits

    la chinoise.

    Le

    corps est

    robuste

    et un peu raccourci, les paules sont larges, ls

    hanches

    considrables.

    Le Muse

    britannique

    possde

    des

    statuettes

    masculines du

    mme

    style, ornes

    d'une

    longue barbe tresse,

    et dont

    les

    yeux

    ne sont pas moins

    obliques

    que ceux

    de

    la

    desse nue

    du

    Louvre.

    Elles

    sont exposes sous le nom du Dieu Nbo.

    C'est

    ce

    mme

    groupe

    ethnique qualifi

    de

    touranien

    et

    de

    mongolode,

    qu'appartiennent galement deux monuments

    bien plus clbres,

    que

    Franois Leoormant

    figurs

    et comments dans son

    beau

    livre

    sur

    la

    Chalde

    2.

    L*

    Heuzey.

    Les

    terres

    cuites babyloniennes (Rev.

    Arch.',

    1880, t.

    XXXIX, *p.-i'

    et

    suiv., pi.

    I.

    1 Fr. Lenormant. La langue primitive

    de la Chalde

    et les idiomes touraniens,

    Paris,

    1875, in-8

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    10/18

    124 21

    mars 1907

    Le premier model

    en terre cuite a

    t

    trouv Senkereh,

    l'antique

    Larsa, sur le

    Bas-Euphrate et

    porte

    l'image

    d'un

    serviteur rustique

    qui

    conduit

    un

    molosse.

    Le second,

    qui est le portrait d'un roi de Babylone,

    Fig.

    4. Paysan

    et chien, Senkereh. (British

    Museum).

    Marodach-Wadin-Akh, dont

    on

    fixe la

    date

    1228 avant notre re, se

    dessine en bas-relief finement sculpt sr une borne

    limitative

    en basalte

    noir.

    Des

    photographies exactes de

    ces

    deux

    pices

    sont

    reproduites* ci-

    contre

    (Jig. A et 5) :

    Les

    deux sujets

    sont

    robustes

    et trapus.

    L'homme au

    chien

    est

    un

    type grossier

    de

    la race

    dont

    Marodach est le

    type fin. Son nez en pied de marmite, sa bouche large etlippue, ses

    pommettes fort apparentes et places relativement en haut et en dehors le

    distinguent

    aussi profondment

    des

    guerriers

    d'Eannadou que le seraient

    nos

    paysans

    du plateau Central

    compars

    des Arabes

    ou a

    des

    Juifs.

    Marodach

    est aussi

    fort

    diffrent

    bien des

    gards

    des patsi de Sir-

    pourla. Si son buste de dimension moyenne n'est gure

    moins

    vigoureux,,

    si

    ses

    membres

    n'offrent

    rien

    de

    bien

    personnel,

    son

    profil

    est court,

    son

    nez est

    petit

    et creux, un peu relev

    de la

    pointe,

    sa

    bouche est charnue

    ses yeux sont

    saillants,

    ses

    joues

    pleines, ses pommettes accentues.

    1 J'ai tenu

    d'autant

    plus

    reproduire ici de

    bonnes

    preuves de ces

    monuments

    que le

    premier est

    tout

    fait

    altr

    dans le

    clbre ouvrage

    de Rawlinson (The

    five

    great Monarchies,

    2

    d. vol. II, p. 560) et

    que

    le second est

    mconnaissable dans la

    gravure qu'en ont donne Nott

    et

    Gliddon

    (Types of

    Manhind, 10 d.

    Philadelphia,

    1871,

    in-8* fig. 251,

    p. 392).

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    11/18

    E.-T.

    HAMT. LA FIGURE HUMAINE

    DANS

    LES

    MONUMENTS

    CHALDENS, ETC. 125

    Tout cela rentre dans le type des Agadens

    de

    la

    stle de Narm-Sin,

    plus

    ou

    moins

    assimils par suite

    des Mongolodes.

    Fig.

    5.

    Marodach-Wadin-Akh,

    (

    British

    Museum)

    Or

    ce monarque appartient la srie des rois babyloniens d'origine

    cossenne

    qui

    ont

    gouvern

    la

    Chalde

    avant la

    domination

    de l'Assyrie

    et

    dont

    la

    mission de

    Morgan

    a

    retrouv dans les fouilles de Suse

    plusieurs

    autres

    monuments

    analogues celui dont

    il

    vient d'tre

    question *.

    Or,

    la seule sculpture fort antique que l'on ait rencontre, jusqu'ici,

    dans la

    contre

    d'o

    taient

    descendus les montagnards Kassehi

    ou

    Cossens

    qui

    ont ainsi possd Babylone

    du

    xve au xvn

    sicle avant

    notre

    re

    est

    de

    la

    mme famille

    artistique.

    C'est

    la

    stle de

    Hourin-Cheikh-Kn, prs

    Khalman, au

    pied du

    Zagros, dont

    on .a

    dit,

    non

    sans exagration, qu'elle

    nous fournit peut tre

    le

    plus

    ancien

    spcimen

    de

    sculpture

    de toute

    l'Asie.

    ^

    On y voit un

    guerrier

    court et massif,

    arm

    d'un arc avec ses flches

    dans un long carquois de cuir.

    Il

    est vtu d'un

    court

    jupon serr par une

    large

    ceinture

    qui

    porte

    une

    hache

    de pierre

    curieusement

    emmanche,

    et

    foule rudement

    de son pied massif

    un

    sauvage tout

    nu,

    tandis qu'un

    autre, un genou

    en terre, implore la

    misricorde

    du

    vainqueur.

    Celui-ci le visage fortement

    empt,

    un

    nez

    creux et

    retrouss, un

    il

    norme, un

    menton

    fuyant, des pommettes paisses. Sa coiffure est

    1

    Je

    citerai le bas-relief de

    la

    fileuse

    et

    les

    Koudourrous des rois Cossns, Nari-

    Maroddach (1330 av. J.-C.) et Malisihu (1U4-U30), (Morgan,

    op.

    cil., p. XI-XIV et

    XVI) dont

    je prsente

    ci-joint

    les projections.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    12/18

    126

    21

    mars 1907

    un bandeau pliss

    qui semble border

    une

    sorte de calotte. Un

    collier

    de

    gros

    grains

    suspend un large

    mdaillon *.

    Ce type

    ethnique

    se

    retrouverait ainsi Khalman

    peu

    prs

    ce

    qu'il

    est

    Senkereh et rappellerait, lui aussi, les Agadens

    de Nram-Sin.

    On

    rencontre

    de

    nos

    jours

    chez

    les

    Tatares,

    en

    particulier

    dans l'Ader

    beidjan, des

    sujets

    que Ton confondrait volontiers avec les Chaldo-Baby-

    loniens du type de Mardouk.

    Fig. 6. Djafar-Kouli, Aderbeidjan. (Coll.

    Chantre).

    La

    figure

    6 ci-jointe, qui reproduit, d'aprs- une photographie de

    M. Chantre, le portrait de

    Djafar-Kouli,

    un Aderbeidjan de Ghoucha,

    au

    service

    du

    gouvernement

    russe, me parat

    mettre

    bien en vidence ces

    ressemblances ethniques. C'est bien l cet lment touranien, pressenti

    par

    les linguistes

    et

    qui, combin l'lment kouschite

    ou nemrodien

    dont l'iconographie de

    Tell-Loh nous

    a

    conserv l'empreinte,

    a

    donn

    naissance

    la civilisation chaldenne dans

    laquelle le Smite

    n intervient qu'accidentellement et tardivement s.

    1

    Cf. J. de

    MokGAN.

    Mission scientifique en Perse.

    Recherches

    archologiques.

    T. IV, p.

    150

    et

    suiv.

    et

    pi. X.

    Paris, 1896, in-4.

    1 Le contrle de l'anthropologie descriptive

    fait malheureusement

    dfaut, en

    ce

    qui

    concerne la Chalde.

    J'ai

    runi

    dans

    un travail

    spcial

    tout

    ce que l'on sait de la cr-

    niologie babylonienne. (E.

    T.

    Hamy. Documents pour servir l'anthropologie de la

    Babylonie (Nouv. Arch,

    du Mus.

    2* sr.

    T.

    VII); Ips pices connues ne

    remontent

    pas

    au del du rgne

    de

    Seleucus (322

    ans av.

    J.-C). Les crnes

    des tells babyloniens,

    rapports

    par

    Hber,

    montrent

    que

    le peuple,

    relativement rcent,

    auquel

    ils ont

    appartenu, ne peut-tre considr,

    suivant

    une expression

    de

    Rawlinson,

    que

    comme

    une varit de

    la grande

    race smitique (G.

    Rawlinson,

    op, cit., vol. II, p. 498).

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    13/18

    E.-T.

    HAMY.

    LA.

    FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS CHALDENS, ETC.

    1271

    II

    Les monuments gyptiens nous ont dj mis en contact avec

    un

    certain

    nombre de

    nations

    antiques appartenant a ce groupe

    primordial, auquel

    les linguistes

    ont

    donn

    les

    noms

    de

    smite et

    de

    smitique et que

    l'on

    appelle couramment syro-arabe dans les classifications des anthropolo-

    gistes.

    Nous

    avons

    ainsi

    successivement pass en revue les Amou puis

    les

    Seigneurs

    des

    Sables

    (Herou

    Shatou), Menitou, Petti, Satti; puis les

    Amorites, etc., etc.

    L'tude de l'iconographie chaldo-babylonienne vient de nous mettre

    entre les mains

    quelques

    documents analogues se rapportant aux Lou-

    loubi et d'autres nations smitiques ou smitises

    de la Msopotamie.

    Tous

    ces

    peuples se sont prsents nous

    sous

    des traits fortement

    accentus et

    uniformes, un

    front fuyant,

    un

    grand

    nez

    aquilin, de gros

    yeux,

    des

    lvres

    fortes

    et

    droules,

    l'infrieure

    surtout,

    etc., etc.

    C'est

    sous

    ce mme aspect que les

    Assyriens

    se montreront presque

    toujours

    a nos investigations1, dans les nombreux monuments

    qu'ils

    nous

    ont laisss et qui

    s'chelonnent

    du xi

    au

    vu8

    sicle.

    Pas plus que les Ghaldens, dont

    ils

    continuent

    la tradition, en

    exagrant la fois

    leurs

    dfauts et

    leurs

    qualits, les Assyriens ne se sont

    proccups

    de faire des portraits. Aussi, part des diffrences

    lgres

    et

    surtout techniques, caractrisant une poque, un canton, un atelier, ne

    rencontrerons-nous qu'un petit

    nombre

    de varits de types, trop

    semblables

    d'ailleurs

    entre elles pour que nous soyons autoris

    admettre

    Vhypothse

    de

    tentatives

    de

    ressemblances

    individuelles.

    Toutefois

    la personne

    royale

    parat

    bien

    tre

    l'objet

    d'une

    reprsentation

    prcise,

    comme en Egypte ou en

    Chalde,

    et

    mon

    regrett confrre,

    M. .7. Menant, me semble

    bien

    avoir prouv que c'tait l'image personnelle

    du

    souverain

    que

    l'on

    offrait aux hommages de

    ses

    sujets en

    reproduisant aussi

    fidlement

    que possible les traits de sa physionomie '.

    On est

    amen

    penser

    que ce sont galement des

    portraits

    d'aprs

    nature qui reprsentent certains

    fonctionnaires

    levs, comme celui dont

    j'emprunte

    la

    figure

    la collection de Clercq {fig. 7). C'est un trs beau

    type ethnique, uvre d'un sculpteur exerc et d'une poque o l'art

    1

    Entran

    par

    l'autorit

    de

    Renan, qui

    admettait

    alors

    que

    l'histoire nationale des

    Assyriens n'a point le caractre smite et que la population de la Msopotamie

    rsulte

    du

    mlange d'lments

    smitiques

    et aryens, Fr.

    Pulczky

    a commis l'erreur

    de

    considrer divers

    portraits

    assyriens

    tels que

    celui

    d'Essarhaddon

    comme

    des

    reprsentations parfaites du type aryen

    de

    l'aristocratie

    de

    Ninive * of the

    Arian

    type of

    the

    Ninevite

    aristocracy

    qu'il s'efforce

    de distinguer

    d'un autre type auquel il

    impose

    le

    nom de

    Shemite.

    (Fr.

    Pulczky, Op. cit.

    Iconographies

    Researches on Human Race,

    and their art.. Indigenous

    Races,

    p. 145). of

    the

    Earth de Nott et Gliddon,

    Philadelphia, 188?. in-80.

    1 J .

    Menant.

    Remarques sur les

    portraits des

    rois assyro-chaldens (Compt.

    Rend.

    Acad. Inscript, et Belles Lettres, 1882.

    Cf. Fr.

    Pulczky.

    loc.

    cit.,

    p. 146-

    147).

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    14/18

    128 21

    mars

    1907

    assyrien a excut les uvres les plus parfaites.

    Il

    provient en effet des

    ruines de Koyoundjik et date du rgne d'Assour-bani-pal.

    Fig.

    Personnage

    Assyrien, Koyoundjik.

    (Coll. deClercq).

    Le personnage est figur, faisant un sacrifice une divinit l.

    La

    tte

    prsente,

    dit

    M.

    de

    Clercq,

    le

    type

    habituel

    des

    grands

    personnages; la

    chevelure, trs

    soigne

    sur le dessus du

    crne, est maintenue

    par un riche

    bandeau

    formant diadme, compos d'une bande godronne

    sur laquelle sont attaches, au milieu

    du front,

    une grande rosace en

    forme de

    fleur

    et, de chaque ct, une autre rosace un peu plus petite; en

    arrire,

    le bandeau

    est maintenu par un

    nud.

    Les cheveux tombent

    en

    longues boucles sur

    le

    cou

    et

    le

    dos et se

    terminent

    en

    frisures

    superposes

    et symtriques; entre le front et le bandeau, ils apparaissent encore et

    forment une bande troite et ondule. L'oreille est orne d'un riche

    pendant... L'il

    est fendu en

    amande;

    la pupille bien marque: le sourcil

    fort

    et

    trs

    indiqu;

    le

    nez

    fin

    et

    lgrement

    aquilin;

    la bouche

    petite

    et la

    lvre

    suprieure

    recouverte par une moustache peu paisse, la barbe

    forme

    une ligne

    qui

    s'arrte sur la

    joue,

    recouvre la moiti

    de

    la lvre

    infrieure et se

    prolonge

    en boucles roules et artistement frises jusqu'au

    milieu de la

    poitrine

    . Ce beau bas-relief

    reprsente

    le type

    aristocra-

    1 Ce

    pourrait

    tre le roi lui-mme qui

    aurait

    quitt

    sa tiare, pour

    se prsenter

    devant son

    Dieu (Cf. Collection

    de

    Clercq. Catalogue mthodique et raisonn,

    t.

    II,

    p. *30, 1890, in-f ).

    *

    Id.

    ibid. t.

    H,

    p. 129, pi. XVI.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    15/18

    E.-T.

    HAMY.

    LA FIGURE HUMAINE

    DANS

    LES

    MONUMENTS

    GHALDENS, ETC. .129

    tique de la race dont d'innombrables figures d'une excution

    bien

    moins

    parfaite nous montrent

    le

    type

    populaire,

    sous des

    traits plus

    pais avec

    des yeux plus

    gros, un nez

    plus aquilin, la

    lvre

    infrieure droule,

    spare du

    menton

    par un

    sillon

    plus ou moins accus. Grossire ou fine,

    la

    figure

    assyrienne

    est

    toujours intermdiaire

    entre

    l'adolescence

    et

    l'ge mr. L'on n'y observe

    jamais,

    comme l'a

    si

    justement remarqu

    M. Babelon,

    la

    trace

    d'un sentiment ou d'une motion quelconque; le

    visage reste

    toujours

    impassible, il ne rit jamais, ne pleure jamais. Les

    gestes

    sont seuls

    chargs d'exprimer

    et de traduire ses impressions

    *.

    Tandis

    que l'Egyptien

    va

    presque

    nu

    et nous montre

    par

    des milliers

    d'exemples comment il savait

    rendre-

    les

    formes

    du

    corps, humain,'

    l'Assyrien

    est

    presque entirement vtu et l'on ne

    voit

    dcouvert que

    la

    tte,

    le

    cou,

    les

    bras et

    les jambes

    que

    l'artiste met

    en mouvement'

    avec une

    nergie brutale *.

    Comme

    l'Egyptien

    et

    comme

    le

    Chalden, l'Assyrien dessine

    le

    plus

    souvent son modle de profil, mais il a moins de

    rpugnance

    attaquer

    la figure deface. Seulement, comme il n'a aucune ide des racourcis, il

    pose

    maladroitement de profil les

    pieds

    du personnage,

    dont

    le membre

    infrieur

    apparat comme

    dsarticul.* Si celui-ci doit se retourner,

    le

    sculpteur lui

    posera

    la tte

    sens devant derrire et

    il

    tordra de mme

    faon, sans hsiter, les pieds et les mains.

    La

    myologie

    est

    exagre

    plaisir,

    les muscles

    de l'avant-bras et

    surtout ceux

    du

    mollet sont indiqus par de vritables sillons. Les rotules

    et

    les

    chevilles sont

    cernes

    d'un

    trait, les pieds

    et

    les mains

    ont

    les

    doigts

    gaux.

    Aucune

    autre race,

    dit

    Rawlinson,

    ne

    nous

    est

    reprsente

    dans des

    monuments plus forte et plus robuste. Ces membres, d'une chair

    si ferme,"

    sont

    trop pais

    pour tre beaux,

    mais ils indiquent

    une puissance

    physique qui est en rapport avec

    tout ce

    que

    l'on

    sait de

    ce

    peuple

    minemment guerrier.

    La

    tte

    est plus soigne que le

    reste

    .du corps, mais elle a toujours,

    comme celle de l'Egyptien ou du

    Ghalden,

    un

    gros

    il

    de face dans le

    visage de profil.

    Deux

    varits, l'une imberbe et l'autre barbue, se

    partagent les

    bas-reliefs

    et les statues. M. Babelon

    tablit

    dans

    ces

    deux cat-.

    gories d'uvres d'art des

    subdivisions plus prcises. La tte barbue

    est

    frise, dit-il,

    en

    bourrelets

    trs

    courts,

    ou

    bien

    la

    barbe

    est

    tortille

    en

    nattes

    parallles

    et symtriques.

    Cette

    dernire forme

    est

    rserve

    aux

    figures

    royales

    ou

    celles des

    hauts fonctionnaires de

    la

    Cour. Dans

    les

    ttes

    imberbes il faut aussi distinguer le

    type

    spcial consacr aux figures

    d'eunuques

    toujours bouffies

    et sensuelles.

    Les ennemis

    attaqus par

    les

    armes

    assyriennes

    (la

    plus

    grande partie

    des bas-reliefs mettent, en effet, en scne des combats) ont t traits, le

    1 E. Babelon ap. Fr. Lenormant. Hist: Ane.

    de

    l'Orient, d.

    t.

    V, p. 334-335,

    1887.

    2 Cf. G. Rawlinson. Op. cit., vol. 1, p. 240.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    16/18

    130 . -21

    mars 1907

    plus

    souvent

    avec les

    mmes procds de convention

    dans les panneaux

    dcoratifs

    qui

    nous

    ont

    conserv

    l'histoire

    de

    leurs dfaites. Et

    ce n'est

    qu*

    une poque relativement rcente qu'entrans par leur

    gnie

    raliste,

    dsireux

    d'ajouter

    a l'exactitude

    des

    tableaux dont

    ils dcoraient,

    entre

    deux

    campagnes,

    les

    murailles

    des

    palais,

    les

    artistes ninivites

    s efforcrent

    de

    rendre avec quelque fidlit

    les

    types

    des races

    vaincues et

    subjugues. Ils copirent

    directement

    la nature avec leur

    rudesse

    habituelle,

    mais

    avec

    assez

    de ressemblance,

    pour qu'il

    ne

    soit

    pas trop

    malais de

    distinguer

    dans

    leur uvre,

    quoi qu'en

    ait

    pu

    dire

    Beul

    ',

    des

    types

    ethniques dissemblables, aussi

    accentus

    par

    les

    traits

    du

    visage

    que

    par

    les accessoires. Ces types, distingus par les Assyriens, ne sont d'ailleurs

    ni aussi nombreux ni aussi tranchs que l'assuraient

    Nott

    et

    Gliddon *.

    Il

    m'a toujours paru

    *,

    comme a Rawlinson i, que les traits physiono-

    miques, invoqus un peu arbitrairement par

    les

    auteurs amricains

    dans

    leurs

    descriptions

    iconographiques,

    sont

    communs

    aux

    Smites

    en

    gnral

    et ne sauraient

    distinguer

    parmi les peuples de cette grande

    famille

    humaine tel ou tel groupe en

    particulier. Le

    sculpteur assyrien l'a si

    bien

    senti, d'ailleurs, qu'il

    recourt,

    pour faciliter

    l'intelligence de ses

    panneaux, des caractres secondaires

    emprunts

    l'ethnographie.

    L'Arabe, par

    exemple, ne se distingue aisment des

    autres Smites

    ni

    par son

    profil, ni

    par

    sa

    chevelure ou

    sa barbe,

    mais

    il

    a

    sa

    monture, un

    mhari lanc

    au

    trot3. L'Hten

    a

    son

    bonnet

    pointu

    et ses, souliers la

    poulaine 6,

    le Juif, le Syrien, le Kurde, etc., se particularisent,

    de mme

    faon, par

    des dtails

    de

    coiffures,

    de

    costumes,

    etc.

    A

    cl

    de ces

    physionomies

    d'un smitisme en

    quelque

    sorte

    banal, on

    trouve

    quelques

    types

    plus

    tranchs,

    un

    type

    babylonien

    et

    un

    type

    su-

    sien,

    par

    exemple,

    dj distingus par le

    judicieux

    historien des grandes

    monarchies orientales 7.

    Le

    Babylonien

    de Rawlinson, reconnaissable

    tout

    d'abord au

    turban

    plat

    que nous connaissons dj par les monuments de Tell-Loh et de

    Hourin-

    Cheikh-Kn, est

    tantt d'aspect

    smitique et

    tantt mongolode,

    ressemblant volontiers

    dans le second

    cas au

    roi

    Marodach dont il tait

    question

    un peu

    plus haut.

    J'ai

    fait

    dessiner au Louvre, en 1870, d'aprs un bas-

    relief de Koyoundjik, la

    tte

    d'un Babylonien que

    l'on

    trouvera dans les

    1 Beul. L'art assyrien (Journ. des

    Savants,

    1870,

    p. 420)Cf. Physical

    History

    of the Jews

    ap

    Nott et Gliddon, Types of

    Mankind,

    10 th edit.

    Philadelphia. 1871, in-8*.

    *

    Cf.

    Crania Ethnica, p. 152. .

    * Op. cit. vol.

    1,

    p. 238-289.

    8 A.-H. Layard.

    The monuments

    of Niniveh from drawings made on the spot...

    London, 1849, in-fo, pi. 57.

    6

    Id

    ibid.,

    pi. 40, 41, etc.

    Cf. G.

    Rawlinson.

    The five great monarchies, vol. I,

    p. 289. Botta et Flandin. Le monument de Khorsabad, Paris, 1849,

    in-f\

    pl.~81.

    7 G. Rawlinson.

    Op. cit., vol. II, p. 499-500.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    17/18

    E.-T. HAMY. LA FIGURE

    HUMAINE

    DANS

    LBS

    MONUMENTS

    CHALDENS,

    ETC.

    131

    Crania

    Ethnica.

    C'est un archer des troupes auxiliaires, il est au

    voisinage immdiat d'Assur-bani-pal, et son

    image,

    excute par la mme

    main trs habile qui a fait le portrait

    du

    Roi1, est

    fort' diffrente des

    images analogues qu'on trouve dans les autres panneaux enlevs de la

    mme

    salle.

    Ces dernires, comme aussi

    celles

    des Susiens,, modeles par de simples

    praticiens plus ou moins exercs, ne se

    distinguent

    gure que par le

    costume des silhouettes assyriennes qui les

    accompagnent.

    L'archer

    babylonien de la garde du Roi, cisel

    par

    le

    matre

    sculpteur qui a entrepris la

    dcoration de la

    salle,

    offre

    au contraire

    des traits que je qualifie de

    nationaux et que

    je

    ne

    puis

    pas m'empcher de considrer comme

    tout

    aussi

    caractristiques

    que les dtails de

    sa coiffure,

    de

    son quipement, etc.

    Le Susien de

    Rawlinson

    est identique celui du Louvre dont j'ai donn

    dans

    le

    mme

    ouvrage

    une

    reproduction photograve

    i.

    C'est de

    beaucoup

    le plus rpandu des

    deux types qui reprsentent

    les habitants

    de la Su-

    siane dans les

    bas-reliefs

    de

    Koyoundjik.

    Ngrode,

    issu

    de quelque

    mtissage

    de Kouschite et de Ngre,

    il

    porte

    les

    cheveux en mches pendantes

    l'thiopienne et retenues

    par.

    une

    troite

    bandelette : la

    barbe,

    courte et

    drue, est figure par un

    quadrill

    serr.

    Son

    nez, relativement plat, ses

    narines

    dilates, ses pommettes saillantes, ses lvres paisses, etc., en

    font

    un

    type de race

    bien

    observ

    et bien rendu 3,

    mais d'une

    interprtation malaise et

    dlicate.

    M. Houssay, qui accompagnait comme

    naturaliste

    la mission

    Dieulafoy

    Suse,

    explique les caractres ngrodes du Susien

    par un

    croisement de

    Negritos,

    apparents

    ceux qui

    vivent encore

    dans

    l'Inde

    *.

    Cette thorie ne repose malheureusement pas sur des bases

    suffisamment larges

    et solides, mais il

    semble

    bien rsulter

    des

    documents de

    l'auteur que les Susiens

    actuels

    offrent des caractres physiques qui

    confirment

    l'identification de

    Rawlinson.

    On voit encore, dans les bas-reliefs assyriens, des auxiliaires ou des

    vaincus

    de types indcis et

    dont

    on est all, en se guidant sur

    leurs

    costumes, leurs armes, etc., chercher la patrie

    au

    Taurus

    ou

    dans

    les les. Je signalerai, en

    particulier,

    les

    combattants

    de

    la

    salle V de

    Khorsabad, dont

    l'un offre

    un

    beau

    profil grec, tandis

    qu'un autre

    est

    un

    vrai.

    ngre

    aisment

    reconnaissable

    sa

    chevelure

    forme

    de

    petites

    boucles serres

    qui couvrent toute

    la tte. Le nez de

    ce

    dernier est court

    et large, mais les mchoires sont peu accuses. Il se dtourne brusque-

    1

    G. Rawlinson. Op. cit., vol.

    II, p.

    500.

    * Cf. Crania Ethnica, p. 453,fig. 17 9.

    Ibid.,

    p. 452.

    Fr.

    Houss,ay.

    Les

    races humaines de la Perse

    (Bull.

    Soc.

    d'Anthrop.

    de

    Lyon,

    t..

    VI, p. .486-445, fig. 6.7, 4887). M. Houssay

    fait

    des Susiens des Aryo-Ni-

    grodes.

  • 7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy

    18/18

    132

    21

    mars 1907

    ment

    pour

    ne pas tre cras par

    les

    chevaux

    des

    Assyriens qui accourent

    au galop l.

    Fig.

    8. Assyriens et

    Ngre.

    Khorsabad (Botta

    etFlandin).

    Pulszky

    suppose

    que ce ngre aurait t un de ces esclaves

    transports

    en Asie

    par

    des marchands phniciens,

    et que l'on

    aurait

    voulu perptuer

    par

    ce portrait

    le

    souvenir d'un vnement

    aussi

    extraordinaire

    que

    la

    prsence

    d'un

    Noir

    dans les

    rangs

    des ennemis

    de Sargon. L'observation

    de Khorsabad est d'ailleurs demeure unique

    dans

    la science.

    Le

    type

    assyrien

    des monuments

    ninivites s'est

    maintenu sur place

    l'tat sporadiqueet Pulszky a

    donn

    le profil d'un bourgeois de Mossoul

    fort semblable celui d'un bas-relief antique qu'il a

    plac

    en face *.

    On le retrouve

    en

    bien des

    points

    de

    l'Asie

    antrieure

    et

    notamment

    dans

    les valles du

    Jourdain et de l'Oronte 3 o

    l'on a

    d'ailleurs

    recueilli

    certains monuments

    figurs,

    reproduisant fidlement

    la physionomie

    assyrienne.

    Je me

    contenterai de

    rappeler ici la fameuse stle moabite

    d

    Muse du

    Louvre

    et

    les

    bas-reliefs

    aramens

    de

    Mrab

    conservs dans

    la

    mme

    collection.

    Je signalerai

    encore,

    en

    terminant

    cette

    tude,

    les monuments de la

    numismatique de

    la Kharacne, si

    bien tudi par

    M. Ernest

    Babelon, et

    qui nous montrent les profils

    smitiques

    les plus accentus.

    1 Botta

    et

    Flandin.

    Op.

    cit., pi.

    88.

    f Op.

    cit.,

    p. 147, fig.

    30-31.

    3 Cf. Langerhans. Ueber die

    heutigen Bevohner

    des heiligen Landes

    (Arehiv.

    fur Anthrop.

    Bd. 17. S.'

    46,

    uff.,

    1873).

    Etc.