la déconnexion

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LA DÉCONNEXION ARNAUD AUBRY MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE M1 _ ID LABO READi L’ÉCOLE DE DESIGN NANTES ATLANTIQUE [ 2015 / 2016 ]

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Mémoire de fin d'étude sur la déconnexion à l'ère du numérique. Réalisé dans le cadre de mon Master en Information Design à l'École de Design Nantes Atlantique au sein du labo READi pendant l'année 2015 / 2016.

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L A D É C O N N E X I O N

― A R N A U D A U B R Y

M É M O I R E D E F I N D ’ É T U D E

M 1 _ I DL A B O R E A D i

L ’ É C O L E D E D E S I G N N A N T E S A T L A N T I Q U E

[ 2 0 1 5 / 2 0 1 6 ]

SOMMAIRE

-- > INTRODUCTION........................05

I > LES CYBERADDICTIONS.................09

01 - DÉFINITION ET TYPOLOGIES............11

02 - LE DIAGNOSTIC.......................13

03 - LA CAUSE OU L’EFFET D’UN TROUBLE ?..14

II > LA DÉCONNEXION DANS LA SOCIÉTÉ......17

01 - EN CORÉE DU SUD.....................19

02 - EN FRANCE...........................20

03 - PROBLÈMES LIÉS......................23

04 - LA NORME DE CONNEXION...............24

III > MÉCANISMES LIÉS À LA DÉCONNEXION....27

01 - LA PROCRASTINATION..................29

02 - LE CERVEAU AU REPOS.................30

03 - L’EXPÉRIENCE DU FLUX................31

IV > TRAITEMENT DES CYBER ADDICTIONS.....35

01 - TRAITEMENTS CLINIQUES...............37

02 - DÉCONNEXIONS TEMPORAIRES............38

03 - L’AUTO RÉGULATION...................39

-- > CONCLUSION..........................41

-- > BIBLIOGRAPHIE.......................45

0 0 _

I N T R O D U C T I O N

P . 0 5 > P . 0 8

P . 7- - _

Depuis l’apparition du web 2.0 au début des années 2000, notre manière d’utiliser Internet a radicalement changé. L’usage des interfaces s’est simplifié, devenu désormais accessible à tout le monde. Ce temps passé

devant nos écrans s’est progressivement accru (6,15h par jour en moyenne en 2014)1, facilitant notre manière de communiquer, de partager des idées, d’apprendre et de consommer du contenu. Selon une étude de l’INSEE2, l’accès à Internet est passé de 12% en 2000 en France à 54% en 2007 pour arriver à 78% en 2012. La fracture du numérique se réduit progressivement, et toutes les catégories de la population ont désormais un accès à Internet haut débit.

La mobilité de nos interfaces a rendu cet accès omniprésent dans chaque parcelle de notre quotidien, de notre travail jusqu’à notre temps libre. 40% des utilisateurs d’Internet utiliseraient une interface mobile en 20122, avec une progression constante. Nous pouvons désormais combler les vides de notre quotidien, en étant constamment connecté. Cette percée du mobile touche cependant une partie de la population, plus agile avec les smartphones, plutôt chez les cadres que les ouvriers, et chez les 15 - 24 ans que chez les séniors.

Le web social a alors créé une constante sollicitation de notre attention par le biais de notifications, pour nos mails, nos réseaux sociaux et nos applications. Des interactions sociales complexes nous poussent à vouloir être partout à la fois, à mélanger notre vie de travail et notre temps libre. Comment est il possible de se concentrer sur une tâche quand nous sommes constamment rappelés à l’ordre par d’autres activités ? Notre cerveau peine alors à se reposer dans cette accumulation de messages et de signes.

L’hyper connexion est donc devenue la norme de notre société, indispensable au travail et à nos nouveaux usages sociaux. Mais tout ceci a un effet néfaste sur notre temps de sommeil, qui s’est progressivement réduit, et ce principalement dû à l’utilisation de l’écran dans notre lit. En psychologie, la loi de Ledermann3

estime qu’il y a un lien mathématique entre la consommation d’un buveur excessif et la consommation moyenne de l’ensemble de la population. Selon Ledermann, le buveur excessif aurait une tendance à avoir une plus grosse

Le Web 2.0 est l’évolution du Web vers plus de simplicité et d’interactivité.

1. Arobasenet.com, Noel Nguessan, «28% du temps passé en ligne l’est sur les réseaux sociaux», 28/01/152. Insee, Vincent Gombault, «L’internet de plus en plus prisé, l’internaute de plus en plus mobile», 06/133. Dr. Michel Hautefeuille & Dr. Dan Véléa. Les addictions à Internet - De l’ennui à la dépendance. p.15

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consommation si la norme de consommation d’alcool dans la société est plus élevée. On peut alors se demander, à juste titre, si cette loi s’appliquerait à la consommation du numérique. Loin de dire que toute la population souffre d’une addiction, il est aujourd’hui devenu nécessaire de réapprendre à avoir un meilleur contrôle de notre temps passé devant un écran.

Nous sommes d’ailleurs beaucoup à vouloir réduire ce temps passé sur certaines interfaces: si certains choisissent l’arrêt complet et passent une semaine dans un camp de vacance sans internet, d’autres suppriment leur compte des réseaux sociaux pour un temps limité. Au delà du quotidien, il y a également les malades cliniques, ceux pour qui la connexion est devenu une souffrance psychologique, et auquel je m’intéresserai afin de mieux comprendre les usages et les traitements dans le domaine psychiatrique.

Dans cet usage de l’Internet devenu protéiforme et omniprésent, il est indispensable de se déconnecter, de se remettre à zéro. Combien de fois avons nous eu la désagréable sensation d’avoir perdu la notion du temps devant notre écran ? Nous naviguons au hasard d’un site à l’autre, happé par tel ou tel bouton, sans vraiment savoir ce que nous faisons. Nous avons une maîtrise imparfaite de nos machines, qui sont pourtant des extensions de notre mémoire, de notre pensée, de nos idées. Ma problématique est alors la suivante :

Comment rendre à l’usager la maîtrise de son temps passé devant un écran ?

Mon approche de ce sujet est humaniste, puisque je suis profondément motivé par la réintroduction du lien social dans l’usage de nos interfaces et de

nos réseaux sociaux. Si les TIC ont eu le pouvoir de nous rapprocher, je suis souvent spectateur de situations où l’écran ne favorise pas les échanges mais contribue au

contraire à les réduire. Je suis également un "technocritique" puisque j’estime qu’il est important de ne pas accepter tout progrès comme nécessaire et que chaque logiciel, interface, application ou machine méritent l’attention d’une critique. J’ai souvent eu l’impression que l’apparition des TIC dans nos vies s’est fait de manière plus subie qu’adaptée aux usages, et que la connexion est vite devenue une norme sans questionnement dans notre société.

Technologies de l’Information et de la Communication

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L E S C Y B E R

A D D I C T I O N S

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Je m’intéresse dans cette partie aux cyber addictions cliniques, afin d’observer brièvement le domaine psychiatrique pour comprendre différents mécanismes qui pourraient s’adapter à mon sujet. Dans le milieu clinique, les cyber addictions ne sont pas aujourd’hui reconnues à leur juste valeur: l’addiction à Internet n’est en effet pas répertoriée par les classifications internationales CIM-10 et DSM-IV1, et pourtant, certains signes semblent déjà nous montrer l’apparition d’un besoin de réponses à ces problèmes en France. Malgré les structures déjà en place, l’information circule dans le milieu psychiatrique et dans les colloques qui se réunissent pour discuter des différents mécanismes de ce problème. Dans cette partie, j’essayerai d’expliquer brièvement l’état des lieux dans le domaine psychiatrique.

"Cyber addiction" est un terme introduit pour la première fois par la psychologue Kimberly Young en 1996 lors d’un colloque de l’American Psychological Association à Toronto2. Pionnière dans le domaine, elle parlait alors de "toxicomanies sans drogues", où l’addiction commence quand l’utilisation d’Internet interfère avec la vie quotidienne.

On parle de cyber addiction en psychiatrie quand il y a un usage probléma-tique d’Internet, une nécessité de passer de longues périodes connecté, un manque de contrôle sur ces temps de connexion abusifs malgré des efforts pour les diminuer.

On trouve aujourd’hui des types de cyber addictions très variées :- la nomophobie : addiction à l’usage du téléphone portable- la pornophilie : addiction à la pornographie- cybertalk-addict : addiction aux réseaux sociaux et au chat en ligne- cyber-épistémophilie : addiction à la recherche d’information, une sorte d’hyper curieux- cyberjeu-dépendance : dépendance au jeu vidéo et au jeu d’argent- cybersexe-dépendance : addiction au cyber sexe

1. CALLY Romain, "Internet, marketing, surconsommation et addictions comportementales", dans Le journal des psychologues, n°299, juillet - août 20122. Wikipédia.org, "Dépendance à Internet"

Classification Internationale des Maladies et Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

01_ DÉFINITION ET TYPOLOGIES DES CYBER ADDICTIONS

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- cyber-amassage ou cyberhoarding : addiction à la recherche d’information. Ces individus savent très bien se servir des moteurs de recherche et réunissent une masse considérable de données sur un sujet précis.- addiction à l’achat en ligne

Malgré les nombreuses plateformes et usages que ces addictions regroupent, on retrouve très facilement des mécanismes similaires. Selon Jean Charles Nayebi, psychologue clinicien, le cyber addict prédispose avant tout d’une phobie sociale et d’une angoisse permanente1. L’usage des réseaux sociaux reste un point important de mon projet, puisqu’il est devenu aujourd’hui au cœur de notre utilisation d’Internet. Leur usage reste intimement lié à l’image de soi et à notre rapport aux autres. Cependant, les particularités qui forment nos interactions sociales seront peut être trop difficiles à traiter par rapport à ma problématique de PFE.

Les critères psychologiques de l’addiction à Internet sont aussi très similaires a beaucoup d’addictions comportementales. Ils ont été réalisés à partir des critères de l’addiction selon Goodman. Beaucoup d’addictions sont en effet basées sur les mêmes mécanismes psychologiques liés à la récompense et / ou à la stimulation :- attitude euphorique et un sentiment de bien-être provoqués par la navigation sur Internet- incapacité de s’arrêter- besoin d’augmenter de plus en plus le temps consacré à Internet- manque de temps pour la famille et les amis- sentiment de vide, de dépression et d’irritabilité lorsqu’on est privé d’un ordinateur- propension à mentir sur ses activités à la famille ou aux amis- apparition de problèmes scolaires et baisse significative des performances scolaires et / ou du rendement au travail.

Les addictions comportementales sont donc intimement liées à la vie courante et constituent la partie visible d’un problème plus conséquent.

Pour ce qui est des symptômes physiologiques, plusieurs études définissent aujourd’hui des conséquences directes d’une utilisation abusive d’Internet sur notre corps, et notamment sur notre cerveau. Une étude chinoise1 publiée en

1. Jean Charles Nayebi. La cyberdépendance en 60 questions. RETZ, 2007.

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janvier 2012 montre que sur l’étude d’une trentaine de sujets, dont la moitié ayant une dépendance à Internet, une structure anor-male de la substance blanche se développe dans le cerveau. Quelques mois plus tard, une étude allemande2

publiée en août fait état de conséquences physiques pour un individu ayant une utilisation du web abusive. Les scientifiques ont interviewé 843 personnes, dont 15% présentant des troubles du comportement associé à leur usage d’Internet. Sur ce groupe, ils ont remarqué une variation génétique différente, située au niveau d’un récepteur qui joue un rôle important dans l’activation du système de récompense du cerveau. Un récepteur déjà bien connu pour son rôle dans la dépendance à la nicotine.

On voit également des symptômes plus communs qui sont affectés par l’usage du corps dans les habitudes de vie d’un utilisateur abusif d’Internet:- syndrome du canal carpien (affection douloureuse qui touche la main et le poignet par la compression du nerf médian)- sécheresse des yeux- maux de tête et migraines chroniques- maux de dos- alimentation irrégulière, repas sautés et de mauvaise qualité- négligence de l’hygiène personnelle - insomnie ou modifications dans le cycle du sommeil

Ces critères physiologiques pourront éventuellement servir de points de départ à un usager plus commun, pour son auto diagnostic au début de son engagement avec une application.

Beaucoup de spécialistes affirment qu’il est important dans le diagnostic d’un usager abusif d’Internet de ne pas juger sur la quantité de temps passé sur la toile, mais bien sur la qualité des différentes utilisations.

1. Santélog, La communauté des professionnels de santé. P. Bernanose, « L'addiction à Internet a sa marque génétique ». 30/08/20122. Santélog, La communauté des professionnels de santé. P. Bernanose, « Internet addiction: quand technologie rime avec pathologie ». 07/10/2012

La substance blanche contrôle l’attention, le traitement émotionnel, l’exécution et la prise de décision.

02_ LE DIAGNOSTIC

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En psychiatrie, on voit l’utilisation de questionnaires d’une vingtaine de pages, qui sont autant utiles au patient qu’au psychiatre. Le praticien peut ainsi réunir des statistiques sur les différents troubles comportementaux en les comparant avec des profils. Le patient peut, quant à lui, se reconnaître dans des troubles dont il ne soupçonnait pas l’existence mais également réaliser qu’il n’est pas le seul à les ressentir. Un point important pour mon projet pourrait être la comparaison avec les autres utilisateurs de leur problème. En effet, les thérapies de groupe démontrent une efficacité particulière en psychiatrie, pour la motivation qu’elles apportent au patient. On retrouve ces mécanismes dans

la gamification, qui inclut des mécanismes de jeu pour induire une notion de concurrence et motiver un groupe d’individu à réaliser une tâche. Cependant, la question du temps de navigation, surtout quand elle est abusive,

reste appartenir au domaine de la vie privée... Par exemple, comparer le temps passé sur les réseaux sociaux pourrait ne pas faire l’unanimité.

On trouve également beaucoup de questionnaires sur Internet et dans le domaine psychologique, qui n’apprécient pas tous à la juste mesure l’usage problématique d’Internet. Ces questionnaires ne rentrent pas dans la complexité de certaines interfaces, ne prenant pas en compte les différents usages possibles. Les sites proposant ces questionnaires ne proposent cependant pas de conseil ni de diagnostics mais encouragent plutôt l’usager à aller consulter un psychiatre.

Si mon projet devait comprendre un quelconque diagnostic, il serait donc plutôt le moyen pour l’usager de lui faire réaliser son usage problématique d’une interface dans son ensemble plutôt que de le diagnostiquer vraiment. La personnalisation par rapport à ses données de navigation reste un point important, puisqu’elle permettrait un réel point de départ dans son engagement vers l’autorégulation.

Pendant mes recherches, je suis régulièrement tombée sur une question récurrente : Les cyberaddictions sont elles la cause ou l’effet d’un trouble psychologique ? Selon le Dr. Bruno Rocher de l’Institut Fédératif des Institutions Comportementales que j’ai consulté personnellement, il n’y a pas de réponse à cette question. L’usage problématique d’Internet est souvent

La gamification est le transfert des mécanismes du jeu dans d’autres domaines.

03_ LA CAUSE OU L'EFFET D'UN TROUBLE PSYCHOLOGIQUE ?

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relié à un problème plus complexe, et constitue la partie visible qui définit le point de départ d’une thérapie.

En lisant plusieurs études de cas1, on constate en effet qu’il y a autant de cyber addictions que de cyber addicts, puisque l’usage d’Internet représente souvent la fuite d’un problème réel dans le monde réel. Les usages différent donc, mais comme je l’ai mentionné plus tôt, regroupent des comportements différents. Plutôt que de vouloir caractériser une multitude d’usages, il serait plus intéressant de se servir des mécanismes similaires pour caractériser l’individu.

1. Dr. Michel Hautefeuille & Dr. Dan Véléa. Les addictions à Internet - De l'ennui à la dépendance.

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D A N S L A S O C I É T É

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Dans un cadre moins clinique, la connexion est aujourd'hui devenue une norme dans nos sociétés. L'omniprésence des écrans et la multiplication des interfaces et usages du numérique dans nos vies amènent une utilisation permanente du numérique. Une utilisation qui est parfois difficile à contrôler, puisque nous sommes en permanence sollicités par des notifications et des messages, dû au fait que le web 2.0 est avant tout un web social. La nature de l'homme, qui est instinctivement d'aller vers l'autre individu, rend cette utilisation dépendante des sollicitations des autres.

La Corée du Sud représente aujourd'hui un très bon exemple du problème de l'hyper connexion. Considéré comme le pays témoin de la consommation technologique, il représente le troisième pays utilisant le plus les technologies de l'information (derrière la Suède et les États Unis). Sur 48,5 millions d'habitants, 87% de Coréens sont détenteurs d'un abonnement et d'un téléphone portable, 81% sont connectés à Internet dont 29% par fibre optique1. Le maillage du réseau couvre 98% du territoire, ce qui place la Corée en tête des pays les plus connectés au monde.

Parallèlement, cette hyper connexion rends les Coréens très seuls, puisqu'ils détiennent tristement le taux de suicide le plus élevé de l'OCDE (40 par jour)1. Un chiffre qui s'explique en partie par une culture de l'apparence et par une utilisation d'Internet abusive. Les statistiques du pays montrent qu'il y aurait aujourd'hui en Corée 2 millions de cyber dépendants (soit 8% de la population) dont la moitié est âgée de 9 à 19 ans, les autres étant principalement des chômeurs.

En 2011 le gouvernement coréen a mis en place un système de blocage de minuit à six heures du matin2 pour les enfants de moins de 16 ans. Il est permis aux citoyens d'utiliser Internet après ces heures grâce à leur numéro de sécurité sociale (KSSN ou Korean Social Security Numbers). Une loi inefficace puisque

01_ EN CORÉE DU SUD

1. SAINTOURENS, Thomas, « Au pays de la démence numérique », dans Usbek et Rica, automne 2013, 01/10/2013, p 53 à 58.2. Wikipédia.org, "Shutdown Law"

organisation internationale d’études économiques, dont les pays membres ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché.

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les joueurs les plus persévérants ont commencé à voler les numéros de sécurité sociale, pour pouvoir parer cette interdiction.

Faut il alors s'inquiéter du problème de la Corée du Sud comme d'un problème futur pour la société française ? S'il est vrai que nous disposerons bientôt de moyens de connexion aussi rapides que les coréens, il est discutable que nos usages deviennent aussi abusifs. Les problèmes de cyber addictions qui font écho en Corée du Sud sont principalement liés au jeu vidéo, et il faut préciser à juste titre que l'Asie a une culture du jeu bien différente de celle que nous avons en Occident. Le jeu vidéo League of Legend est en effet devenu un sport natio-nal en Corée du Sud et malgré son succès en France, nous ne remplissons pas encore des stades pour des tournois de jeu vidéo, comme c'est le cas en Corée.

En France, 84% de la population est active sur Internet, ce qui représente 55,4 millions d'internautes. Si 82% des français sont inscrits sur un réseau social, il est intéressant de noter que 45% sont actifs sur ces plateformes. Les réseaux sociaux les plus utilisés en France sont aujourd'hui Facebook avec 32%, Google+ avec 10% et Twitter avec 9%1 (voir schéma ci-contre).

Le 6 novembre 2013 à l'Assemblée Nationale, la ministre alors chargée

02_ EN FRANCE

Publicité coréenne pour le Samsung Galaxy W

1. We Are Social, Simon Kemp, "Digital, Social, Mobile : les chiffres 2015" 21/01/15

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de la Jeunesse, Valérie Fourneyron a souligné son inquiétude quant au développement des cyber addictions chez les jeunes et a lancé une étude sur "les conduites addictives aux médias numériques de l’enfant et de l’adolescent"1. Ceci constituait la première réaction tardive en France d'un problème qui a déjà été abordé à l'étranger.

L'étude intitulée "Conduites addictives chez les adolescents"2 est ensuite publiée en février 2014, par l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). Elle fait état de la consommation d'Internet des adolescents de 17 ans qui pour 80% déclarent avoir utilisé Internet dans les sept derniers jours :- 1/4 utilise Internet entre 2 et 5 heures par jour- moins d'1/5 entre 5 et 10 heures par jour- 1/10 plus de 10 heures par jour.

Il faut noter que 5% des adolescents de 17 ans joueraient aux jeux vidéo entre 5 et 10 heures par jour, et principalement des garçons, là ou les filles privilégient l'usage des réseaux sociaux. Ces pratiques de jeu abusif se concentrent prin-cipalement sur des jeux MMORPG qui sont potentielle-ment addictogènes. L'IFAC à Nantes (Institut Fédératif des Addictions Comportementales), déclare d'ailleurs

facebookgoogle+twitterfacebook messagerlinkedincopains d'avantinstagramskypebadooviadéo

Réseaux sociaux les plus actifs en France en 2014

32%10%

9%7%

5%4%4%4%

3%3%

1. Questions à l'Assemblée nationale, Assemblée Nationale. M. Paul Saens, « Question n° 33740 », 23/07/13 et 29/10/132. INSERM, François Beck, "Conduites addictives chez les adolescents", 06/02/14

Un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur

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recevoir des patients addicts principalement à World of Warcraft et à League of Legend. Il est intéressant de noter que si l'étude alerte sur l'utilisation des jeux vidéo, elle ne met pas du tout en valeur l'usage abusif des réseaux sociaux, qui représentent pourtant le même temps dans les utilisations abusives.

Si le jeu vidéo constitue aujourd'hui une culture non négligeable, il est pourtant encore considéré par beaucoup de personnes comme un passe temps néfaste au développement personnel. L'usage des réseaux sociaux, est quant à lui plus démocratisé et ses risques moins exposés. Les enjeux sont pourtant les mêmes: on retrouve une construction de l'image de soi à travers certains réseaux sociaux de la même manière sur les MMRPG. La pression est d'autant plus forte puisque on joue directement avec la construction de sa propre image plutôt qu'avec un avatar.

Selon une étude de We Are Social1 sur les pratiques des réseaux sociaux dans le monde, les adolescents seraient actifs sur plus de réseaux sociaux que leurs aînés. On note également une différence de raison d'usage suivant les âges:- 16-24 ans : Suivre des célébrités, découvrir des contenus divertissants, rester connecté- 25-34 ans : réseauter, utilisation en cadre professionnel, partager son quotidien- 35-44 ans: réseauter, utilisation en cadre professionnel et suivre l'actualité- 45-54 ans: rejoindre ses amis déjà connectés, rester en contact avec ses proches, réseauter- 55-64 ans: rejoindre ses amis déjà connectés, rester en contact avec ses proches.

Il est évident de constater la différence des usages d'un groupe à l'autre. Les 16-24 et 25-34 ans sont plus attachés à utiliser les réseaux sociaux comme un contenu quotidien, tandis que les générations plus âgées les utilisent pour garder ce lien avec les proches. On pourrait imaginer que cette utilisation est moins fréquente et constitue plus une motivation à l'origine des réseaux sociaux qui est celle de favoriser le lien social.

L'usage du réseau social chez les jeunes est devenu une manière de se divertir, de consommer de l'information de manière plus constante et plus régulière. Les comportements compulsifs sont plus propices à ce genre d'utilisation,

1. We Are Social, Simon Kemp, "Digital, Social, Mobile : les chiffres 2015" 21/01/15

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1. Challenges, "Volkwagen bannit les e-mails "pro" après le boulot", 23/12/11

puisqu'on se connecte pour une action peu précise, reliée au divertissement. Les comportements communicants sont, parce qu'ils sont actifs, des comportements moins propices à la procrastination.

Il y a plusieurs problèmes à relier avec la problématique de la déconnexion et des cyber addictions. Comme nous l'avons vu précédemment, l'arrivée des NTIC dans nos sociétés a provoqué une mutation profonde de toutes nos activités. Dans beaucoup de témoignages que j'ai parcouru, j'ai vu apparaître les notions de stress, de gestion du temps et de procrastination être liés directement à ces nouveaux outils.

L'un des principaux effets des TIC dans notre société est un arrivage constant d'information de tout type et de forme différente. Ce mélange d'information confus a provoqué progressivement un morcellement du temps et des activités. Nous sommes en effet plus facilement amenés à changer d'activité et à perdre notre capacité de concentration pour répondre à un message ou consulter une quelconque notifi cation. Ce morcellement du temps est notamment du à la mobilité des supports qui nous permet d'être présents virtuellement dans tout type de lieux à n'importe quelle heure de la journée. Ces nouveaux usages ont mené à une fragmentation de l'utilisation de nos interfaces dans le temps et dans l'espace.

03_ PROBLÈMES LIÉS

L'usage du smartphone dans le métro à New York, par Gary Hershorn

P . 2 4

L'un des meilleurs exemple reste le travail, qui s'est progressivement immiscé dans notre vie privée, à un tel point qu'il est parfois devenu indispensable pour certaines personnes de répondre à leur téléphone à tout moment de la journée. Aujourd'hui, certains n'hésitent pas à consulter leurs mails après leur journée de travail, même si ceux là considèrent que ce n'est pas rendu obligatoire par leur patron. Volkswagen est allé jusqu'à interdire l'envoi de mail après 18h15 pour éviter à ses employés les heures de travail trop tardives. Conscients de l'impact des TIC sur ses employés, la direction a préféré réduire ces heures pour favoriser la productivité1.

Nous sommes aujourd'hui dans une connexion généralisée, qui intervient dans tous les domaines de notre vie: loisirs, travail, sociabilité. Un mélange de ces activités les fragmente en micro utilisations d'interfaces qui peuvent se caractériser par un usage compulsif. Ces micro utilisations se transforment souvent en temps perdu car elles sont peu constructives et prennent vite une ampleur dont nous n'avons pas forcément conscience. Il serait alors plus efficace d'encourager les usagers à avoir des activités plus longues, suivies de pauses succinctes.

Il est alors convenu de se demander si la perte du contrôle devant notre écran est une évolution normale de nos usages numériques. Le problème aujourd'hui est qu'il n'existe aucune règle sociale qui régisse l'utilisation de nos interfaces. Si beaucoup se plaignent aujourd'hui du problème de la gouvernance d'Internet et de l'absence de législation autour de nombreux domaines (droit d'auteur, vie privée,...) comme Pierre Bellanger1,on pourrait se dire qu'il en est de même pour les usages sociaux numériques. Les usages et les technologies évoluent trop vite pour que nous ayons le temps de les légiférer ou d'y appliquer une règle sociale adaptée.

L'histoire de ce qui est considéré comme une psychopathologie change constamment. Au fil des siècles, l'homosexualité a pu être considérée comme une maladie psychologique, pour être plus tard acceptée. Si nous sommes au-jourd'hui dans un monde ou chaque personne est en contact en permanence avec quelqu'un d'autre, cela constitue vite une norme, et une forme d'adap-

04_ LA NORME DE CONNEXION

1. Pierre Bellanger. La souveraineté numérique. STOCK, 2014

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tation à ce que la technologie peut offrir. Les modes de vie ultra connectés deviennent vite socialement acceptables et il devient alors difficile de lutter contre le mouvement.

Ce mouvement se caractérise notamment par un nouveau type d'anxiété sociale qui s'appelle FOMO (Fear of Missing Out) ou la peur de manquer quelque chose en anglais, qui représente l'angoisse de manquer une nouvelle importante ou un quelconque événement lié à une interaction sociale. Cette peur se manifeste principalement par l'usage des des réseaux sociaux qui nous sollicitent constamment, et nous poussent à être sans cesse stimulés. Déjà, on prône la JOMO (Joy of missing out en anglais) ou joie de manquer quelque chose, là ou on se laisse le temps de penser et de vivre sans être anxieux de ce qui se passe ailleurs.

Ce qui est difficile dans les toxicomanies sans drogue, c'est de déterminer la norme d'utilisation de l'usage qui n'est pas interdit. Cela est moins évident dans les cyber addictions, puisqu'on évalue en psychologie l'addiction à Internet de manière qualitative et non quantitative. Une norme de connexion reste donc à définir suivant les usages et les besoins de chaque individu et de s'adapter à sa volonté.

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M É C A N I S M E S L I É S

À L A D É C O N N E X I O N

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Tout comme je l'ai énoncé précédemment dans les cas cliniques de cyber addictions, il existe autant de cyber addictions que d'individus, et il en est de même dans la société, là où les usages sont protéiformes et chaque utilisation prend une place différente d'un usager à l'autre. Il existe cependant des méca-nismes qui se répètent, ce qui me semble important de souligner pour répondre à mon projet de design.

Depuis quelques années, l'usage de nos interfaces est devenu de plus en plus multitâche. En effet, l'apparition des onglets dans nos navigateurs web est un marqueur significatif de notre engagement vers une utilisation plus fragmentée des logiciels et fenêtres qui composent notre temps sur Internet. Avec le multitâche, nous avons souvent l'impression de pouvoir réaliser plusieurs choses en même temps, et de combiner les utilisations pour plus d'efficacité. Or, les études des psychologues montrent que lorsque nous effectuons plusieurs tâches à la fois, nous les réalisons moins bien1. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le multitâche est addictif, puisque notre cerveau récompense ce type d'activités en produisant des substances neurochimiques qui créent un sentiment d'euphorie1.

Le problème des onglets est un problème significatif de notre comportement qui devient de plus en plus fragmenté en ligne. Nous voulons être partout à la fois, comme si nous pouvions contrôler plusieurs activités en même temps. Il semble que beaucoup d'usagers gardent un onglet Facebook ouvert pendant une activité pour garder ce lien social toujours disponible. Même sans l'utiliser, l'onglet constitue déjà une ouverture sur l'extérieur, sur une autre activité. Certains usagers préfèrent garder leurs onglets ouverts plutôt que d'ajouter des liens dans leurs favoris ou leurs signets. Ces usages deviennent parfois problématique pour la navigation, là où on peine à retrouver l'endroit ou on désire se rendre.

Lors d'une utilisation de divertissement du web, l'utilisateur a une manière plus aléatoire de se déplacer sur Internet. Il reste malgré tout maître d'un

Un système d'exploitation est multitâche s’il permet d’exécuter, de façon simultanée, plusieurs programmes informatiques

01_ RÉDUCTION DE NOTRE EFFICACITÉ ET PROCRASTINATION

1. Sherry Turkle. Seuls Ensemble - De plus en plus de technologies de moins en moins de relations humaines. Édition l'Échappée, 2011

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choix, et sa navigation n'est pas complètement hasardeuse, à la différence de la télévision qui nous propose un programme dont nous sommes récepteur. Ce temps passé devant l'ordinateur est aujourd'hui matérialisé par l'historique de manière simpliste, avec une visualisation du contenu minute par minute. Il n'est d'ailleurs pas rare d'oublier comment nous avons pu arriver sur un site ou un autre en suivant le long fil de nos navigations. Nous regardons notre écran, sans être vraiment capables de se souvenir de le raison primaire de notre venue sur l'ordinateur. Matérialiser ce fil de navigation pourrait donc permettre à l'usager de réaliser son temps passé devant l'écran, et de mieux comprendre notre usage d'Internet.

Comme je l'ai dit précédemment, la flexibilité des supports numériques a amené à une parcellisation progressive du temps. Chaque moment d'ennui, est désormais devenu propice l'usage du smartphone, qui constitue une activité en plus pour le cerveau. Or, il est nécessaire pour nous d'avoir des temps de pause, où l'on s'ennuie, où l'on peut s'adonner à la rêverie. Ces instants sont indispensables (physiquement et émotionnellement) pour ne pas perdre notre capacité de concentration1. Ils nous permettent de rester concentré quand notre temps de pause est terminé.

Certaines méthodes de travail encouragent ces temps de pause. La technique Pomodoro, inventée par Francesco Cirillo, invite à avoir des cycles de travail courts et encouragent des petites pauses de 5 minutes entre chaque. A l'aide d'un minuteur, l'utilisateur est contraint par le temps et peut ainsi réaliser une succession de tâches simples de manière efficace. Grâce à ce genre de technique, il est possible d'encourager des temps de concentration de plus en plus long, et de susciter les sentiments d'autosatisfaction après l'achèvement de la tâche.

Les problèmes de sommeil constituent également une autre conséquence des NTIC sur notre société. En effet, la mobilité des supports a permis une arrivée des smartphones, tablettes et ordinateurs portables dans notre lit, ce qui affecte énormément notre temps de sommeil, et plus particulièrement chez

02_ LE CERVEAU A BESOIN DE REPOS

1. Seuls Ensemble - De plus en plus de technologies de moins en moins de relations humaines par Sherry Turkle. Édition l'Échappée, 2011

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les adolescents. Selon une étude de l'INPES1, ceux qui utilisent un ordinateur ont un temps de sommeil plus court (8h06 contre 8h50), de même que ceux disposant d'un téléphone portable équipé d'Internet (7h59 contre 8h44).

Le temps de sommeil reste l'un des problèmes majeurs lié au problème de la déconnexion. Les usages abusifs seraient ils plus propice à une heure tardive, là ou il y a absence de stimulation et d'obligation pour l'usager ? La déconnexion et la relaxation tombe alors au cœur de mon projet, là ou il est nécessaire pour le cerveau de faire une pause pour mieux repartir.

L'état de "flow" ou flux en français a été théorisé en psychologie par le professeur Mihaly Csikszentmihalyi en 2000 pour décrire un état d'absorption concentré2. Cet état mental est atteint par un individu qui est complètement immergé dans une activité, et ce, dans un état maximal de concentration. L'individu vient à oublier son corps et l'espace qui l'entoure, pour se retrouver progressivement absorbé dans sa tâche. On retrouve par exemple des expériences de flux dans des activités telles que le coloriage ou le tricot, à cause de l'aspect régulier et répétitif qui existe dans leur gestuelle.

Mihaly Csikszentmihalyi a caractérisé les composantes de l'expérience de flux qui sont nécessaires à cet état:- des objectifs clairs: l'individu est conscient et capable de réaliser les objectifs de l'activité- l'activité est à la hauteur des compétences de l'individu- l'activité constitue une source de satisfaction et n'est pas perçue comme une corvée- l'activité représente un haut degré de concentration sur un champ limité de conscience- l'individu perd progressivement la conscience de soi, et la distance entre le sujet et l'objet disparaît- l'individu perçoit une distorsion de la perception du temps- l'activité procure des réussites qui ont un retour immédiat

03_ NOTION DE FLOW

1. INPES, "La santé des ados à la loupe : publication des données française de l'enquête Health Behaviour in School-aged Children" 04/09/12 2. Wikipédia, "Flow(psychologie)"

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- l'activité procure un contrôle de soi et de l'environnement.

Il existe cependant plusieurs degrés de flux et toutes ces caractéristiques ne sont pas nécessaires pour atteindre l'état de concentration provoqué par ce genre d'activité. Cette théorie m'a intéressé puisqu'elle a été utilisé par Natasha Schüll pour étudier les addictions aux machines à sous.

Natasha Schüll est anthropologiste au MIT. Elle étudie les addictions aux machines à sous à Las Vegas depuis 15 ans. Son livre, Addiction by design - Machine Gambling in Las Vegas1, étudie les composantes du design dans les casinos à Las Vegas et les comportements des addicts aux machines à sous. Elle décrit des états de flux chez les joueurs abusifs, qui oublient leur corps et qui cherchent tout sauf l'adrénaline dans leur utilisation compulsive de la machine. En effet, l'état d'absorption qui se créé autour de ces joueurs est une entrée dans ce qu'ils appellent "la zone", là où on oublie le temps et les problèmes. Pour cela, un geste régulier, une récompense régulière générée par des algorithmes et un oubli du corps chez des joueurs qui affi rment pouvoir oublier leurs besoins corporels.

La "zone", Women gamble on slot machines at the Sheraton Old San Juan Hotel Casino par Paul J. Richards

1. Natasha Dow Schüll. Addiction by Design: Machine Gambling in Las Vegas. Princeton University Press, 2014.

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Cette étude m'a parue intéressante après la lecture d'un article de The Atlantic intitulé "The Machine Zone: This is where you go when you just can't stop looking at pictures on Facebook"1 écrit par Alexis C. Madrigal. Le journaliste a en effet comparé notre usage compulsif de Facebook avec l'étude de Natasha Schüll de manière très juste. Tous les critères du flux sont en effet présents dans notre usage des réseaux sociaux : - le scroll infi ni et le visionnage de photos constituent un geste régulier- les likes, pokes et autre notifi cations nous affectent comme des récompenses sociales, marqueur de la popularité d'un événement quelconque- la perte de repères spatio temporels- le feedback immédiat des interfaces

Alexis C. Madrigal se sert par ailleurs d'un exemple pour illustrer son article. Celui des photos facebook qui représentent aujourd'hui 14% de notre activité sur les réseaux sociaux, en précisant que le reste de Facebook constitue à lui seul 69%1. Selon lui, l'usages des photos Facebook serait le parfait exemple de notre utilisation abusive du temps passé sur les réseaux. Un défi lement d'image répétitif et chronophage, qui nous absorbe dans une boucle répétitive.

Le blogueur iranien Hossein Derakshshan est sorti de prison récemment. Avec son blog nommé "Sardabir: khodam", il a lancé et démocratisé l'usage du blog en Iran jusqu'à être surnommé "The Blogfather". Après son arrestation en novembre 2008 pour avoir exprimé son opinion sur la politique de son pays, il est fi nalement gracié 6 ans plus tard et constate la mutation profonde du web2 : les réseaux sociaux sont aujourd'hui au cœur des usages et constituent une partie importante du trafi c sur Internet. L'usage des blogs s'est considérablement réduit : on partage aujourd'hui plus facilement son opinion sur les réseaux sociaux, qui formalisent nos opinions et les liens que nous partageons. Selon lui, les réseaux sociaux participeraient à réduire la notion d'hypertexte et centralisent le web, autour d'un flux continuel d'information constamment mis à l'épreuve d'un vote, par le biais des likes. Ces usages reviennent à une structure hiérarchique d'Internet,

Le scroll infi ni

1. The Atlantic, Alexis C. Madrigal "The Machine Zone: This is Where You go When You just Can't Stop Looking at Pictures on Facebook" 31/07/13 2. Libération.fr, Hossein Derakhshan, "Six ans après, Internet se recroqueville" 20/07/15

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empêchant la circulation plus libre des idées. Une célébrité pourra faire partager son opinion beaucoup plus facilement qu'un inconnu, grâce à la popularité de sa page. Selon lui, nous perdons progressivement le hasard de nos navigations, pour circuler d'une manière beaucoup plus linéaire, tout autour de nos feeds Facebook et Twitter.

Comment caractériser alors le flux dans une utilisation fragmentée des interfaces, là ou le travail et une "pause Facebook" peuvent se côtoyer pendant une même session ? Une notion de rythme apparaît dans les description de l'état de flux, et le click tracking peut alors constituer un moyen de cibler une utilisation abusive d'une plateforme.

Le flux pourrait alors être arrêté grâce à un avertisseur qui ferait sortir l'usager de sa zone de confort, l'obligeant à devoir sortir de l'action répétitive qu'il effectue. L'avertisseur pourrait être alors placé physiquement hors de portée de la zone de l'utilisateur, l'obligeant à sortir de sa zone de confort pour pouvoir l'éteindre. Dans un deuxième cas, l'avertisseur pourrait être présent sur l'écran, s'affichant à un moment ciblé pour arrêter l'utilisation.

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T R A I T E M E N T S D E S

C Y B E R A D D I C T I O N S

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Comme je l'ai énoncé précédemment, on fait référence aux cyber addictions récemment dans les médias pour des cas extrêmes d'addiction au jeu vidéo en Asie, principalement en Corée du Sud et en Chine. Pour parer au problème de santé publique qui se pose, les gouvernements ont répondu par des centres de désintoxication basés sur l'absence totale d'utilisation d'Internet et de toute interface. En Chine, ces centres mettent en valeur un entraînement militaire strict ou l'exercice physique permettrait le retour au corps, là ou les cyber addicts ont tendance à oublier leur hygiène physique. Mais à travers les articles qui décrivent ces centres, plusieurs faits divers choquent: les centres feraient preuve de violence physique et psychologique envers leurs patients. Certains pensionnaires de ces centres seraient en effet morts à la suite de coups provoqués par leurs tortionnaires. Il existe aujourd'hui 400 centres de ce type en Chine.

01_ TRAITEMENTS CLINIQUES

Un pensionnaire d'un camps de désintoxication numérique chinois branché pour un scanner encéphalogramme, par Fernando Moleres

In Real Life

En Corée du Sud, les centres d'addiction s'intéressent plus à remettre en valeur les activités sociales IRL, et à réinvestir les usages sociaux sans l'aide d'une interface. Les activités physiques sont aussi au centre du traitement, mais l'usage semble bien moins violent. Tout est fait pour que les jeunes patients, sortent du centre et soient capable de réutiliser Internet d'une manière saine. Le KADO, centre de traitement contre la cyberdépendance

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en Corée du Sud a soigné 2243 personnes dépendantes et en 2004, 8978 personnes. Ces centres ont été créés par le gouvernement pour éviter la dépendance croissante aux jeux en ligne dans le pays1.

L'IFAC traite les addictions par une thérapie classique. Ils utilisent cependant les thérapies de groupe, qui constituent un moteur de motivation intéressant car les patients sont plus propices à s'entraider et à se motiver lorsqu'ils se constituent dans un groupe. Bruno Rocher, psychologue à l'IFAC à Nantes discute encore

de la manière dont on pourrait mettre en place des TAO, qui constitueraient pour eux un outil de communication entre le patient et le psychologue. Les TAO permettraient d'établir

un premier diagnostic mais également un moyen de toucher les individus par une voie numérique. Il estime que l'un des principaux problème est l'accès des patients à la thérapie puisqu'il existe aujourd'hui peu de centres en France qui proposent de traiter les addictions à Internet.

Dans le livre du Dr. Michel Hautefeuille et du Dr. Dan Véléa2 se trouvent plusieurs étapes liées à l'utilisation de la TAO dans une thérapie :- la mise en place de l'espace e-thérapeutique, via mail, chat ou Skype.des séances en ligne en alternance avec une réévaluation régulière en face à face. Ici la TAO constitue un accompagnement dans l'utilisation de l'addiction à Internet. Elle permet progressivement à l'utilisateur de revenir à une utilisation contrôlée au fur et à mesure des progressions de sa thérapie.

Il existe d'autres types de déconnexions plus rares et plus partielles, par lesquelles les individus choisissent de se déconnecter pour respirer. Parmi les nombreux projets de flash mobs et de déconnexion généralisée se trouve The National Day of Unplugging, qui invite les internautes du monde entier à se déconnecter pendant 24 heures pour mieux apprécier les plaisirs de la vie. Déjà dans la Silicon Valley apparaissent des camps de désintoxication qui proposent pour des sommes élevées d'être privé de sa connexion à Internet et de son portable pendant une dizaine de jour.

Thérapie Assistée par Ordinateur

02_ DÉCONNEXION TEMPORAIRE

1. Jean Charles Nayebi. La cyberdépendance en 60 questions. RETZ, 2007. 2. Dr. Michel Hautefeuille & Dr. Dan Véléa. Les addictions à Internet - De l'ennui à la dépendance. PAYOT, 2010.

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Un article récent1 fait état de ces nouveaux services de relaxation ou de déconnexion qui utilisent le "digital detox" comme argument de vente. Selon Serge Tisseron, spécialiste des addictions au numérique, ces arguments marketing fonctionnent pour des individus qui rejettent la faute sur leurs interfaces alors que la plupart sont seulement accro à leur travail. Il est à noter que la déconnexion numérique est en phénomène en plein engouement médiatique, puisque les articles fleurissent sur le sujet, et que l'on trouve bon nombre d'autobiographies de journalistes ou de gourous des réseaux sociaux qui ont décidé de stopper Internet après un burn out ou par simple défi.

On se déconnecte alors le temps d'une journée ou d'une semaine dans un camp à la campagne, dans un hôtel sans wifi, ou dans une flash mob, puis la première chose que l'on fait en revenant à cette déconnexion est de partager sur nos réseaux sociaux que nous avons été capable de cet exploit. Or, il est important de définir ces pauses dans un usage plus quotidien plutôt que de prétendre que nous pouvons complètement arrêter de les utiliser.

Afin de remédier au problème de la procrastination et pour encourager la motivation, il existe des leviers d'action différents, qui permettent de se concentrer sur une activité. La dispersion restant en effet l'un des problèmes majeurs de la déconnexion, il existe aujourd'hui des applications appelées "Time Trackers" pour quantifier le temps que nous passons sur les fractions de seconde à vérifier si nous avons une notification sur Facebook. Ces applications, telles que Rescue Time, caractérisent les utilisations que nous faisons de notre écran en plusieurs catégories, pour permettre de définir si elles sont très productives, productives, neutres, peu productives ou très improductives. Si elles permettent à juste titre de voir un pourcentage de notre productivité à la fin de la journée, cela reste un chiffre auquel il est difficile de se fier car l'application ne peut catégoriser d'elle même chaque utilisation. Un autre projet intitulé Saent, encourage la pause sur le modèle de la méthode Pomodoro à l'aide d'un "objet buzzer" qui permet de déclencher ou d'arrêter une session de travail. Une fois ce bouton enclenché, les applications jugées distrayantes par l'usager se bloquent et la session de travail est chronométrée. La présence de cet objet permet d'avoir une réponse physique et matérielle à un problème

03_ PROCRASTINATION ET AUTO MOTIVATION

1. Rue89, Marine Couturier, "Le digital detox, le nouvel attrape touriste 2.0", 30/07/15

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virtuel. Il permet de rendre tangible la motivation de l'individu.

Pour parer aux problèmes des onglets multiples et trop nombreux, une autre application pour navigateur permet de ranger ses onglets en MindMap, de pouvoir les fermer pour les mettre de côté, sans avoir la réelle impression de les perdre. Malheureusement, cette application ne permet pas de les classer ou les caractériser. Elle réponds cependant à une problématique que beaucoup de personnes ont aujourd'hui face à leur navigateur. On veut tout conserver pour être présent à plusieurs endroits, pour avoir cette sensation de tout contrôler.

Un autre levier de motivation pour l'individu est les "nudges" ou "coup de pouce" en anglais. Une méthode de communication utilisée pour inciter en douceur un individu à réaliser une action. Plutôt que de prendre en compte uniquement les facteurs logiques pour inciter les usagers, on influence d'autres facteurs tels que l'environnement,. L'exemple le plus frappant est celui de la mouche gravée sur les urinoir de l'aéroport d'Amsterdam1, qui a permis de réduire de 80% les dépenses en nettoyage. Les nudges préfèrent inciter plutôt que de commander. La mise en compétition constitue égalementune fome de nudge

Ces réponses partielles ou complètes au problème de la procrastination et de la connexion constituent un marqueur significatif du problème de concentration que nous pouvons avoir face à nos écrans. Il y a en effet aujourd'hui une réelle demande autour de ces enjeux, et certains développent déjà des services autour du principe de digital detox. Sommes nous alors incapable de nous contrôler ? Comment pouvons nous réussir à contrôler notre usage de l'écran sans nous avoir à nous arrêter complètement ?

1. Libération, Patrick Cappelli, "Les "nudges", force de persuasion", 19/01/14

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C O N C L U S I O N

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Il est donc devenu nécessaire de réguler nos usages des interfaces numériques. Selon Natasha Schüll, le problème viendrait du designer derrière les machines à sous et de l'éthique qui motive son travail. Serait-il alors possible de réguler notre manière de réaliser des interfaces pour rendre leur usage moins compulsif ? Au vu du modèle économique de la plupart des réseaux sociaux et des sites Internet ont aujourd'hui, il serait absurde pour eux de vouloir réduire le temps que passent leurs utilisateurs sur leur site.

Au delà de faire de nous des machines parfaites et productives, notre temps passé sur internet devrait être moins hasardeux, moins parcellé. Ce problème rappelle la question de l'usager dans l'espace public et de son déplacement grâce à la signalétique. Il faut donc aider l'usager à savoir d'ou il vient et ou il va, pour que ses actions forment une logique dans la continuité. La représentation d'un historique de navigation sous une forme différente que celle que nous connaissons aujourd'hui deviendrait une partie de la solution. L'usager perdrait son amnésie temporaire qui le caractérise lors d'une navigation hasardeuse.

La sollicitation abusive de nos interfaces est devenue problématique. Un retour à une simplicité est donc nécessaire, afin d'encourager l'usager à utiliser moins de fenêtres à la fois et de se concentrer sur une activité. La tendance actuelle du flat design est une réponse partielle à ce problème, malgré son aspect générique et normalisé. Une bonne gestion des notifications est indispensable, et pourrait être aidée par une application.

Le temps reste difficile à matérialiser sur le web, et la solution du time tracker est intéressante. Pouvoir caractériser le temps passé devant son écran aide et motive l'utilisateur à mieux gérer son temps. Mais l'intervention d'avertisseurs devient vite pénible pour l'utilisateur, qui ne s'engage pas forcément dans son autorégulation. Je pense alors qu'il est important d'intervenir à un moment clé dans la navigation, de l'accompagner. En effet, la notion de rythme est inhérente au phénomène de flux. La représentation d'un temps de navigation sur une interface pourrait être alors constante et présente sur la durée. Cette représentation de temps devant l'écran pourrait être personnifiée, pour la rendre plus engageante et motiver l'auto-régulation.

Mon projet s'articulerait alors autour de ces notions de matérialisation du temps et de l'activité sur le navigateur. Il est important que l'usager n'ait pas la sensation de devoir aborder l'utilisation d'un écran sous la contrainte, mais

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plus comme une aide qui le pousse à effectuer une bonne action. Puisqu'il s'agit d'une navigation, il s'agirait ici de représenter le flux sur la durée, d'un point A à un point B. J'articulerai alors mon projet de projet de fin d'étude autour de cette question:

Comment matérialiser la navigation de l'utilisateur pour favoriser sa concentration et son déplacement sur Internet ?

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B I B L I O G R A P H I E

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– SAINTOURENS, Thomas, "Au pays de la démence numérique", dans Usbek et Rica, automne 2013, 01/10/2013, p 53 à 58.

– LE NÉZET Olivier, SPILKA Stanislas, "Usage d'Internet à la fin de l'adolescence en 2011", 11/04/14

– CALLY Romain, "Internet, marketing, surconsommation et addictions comportementales", dans Le journal des psychologues, n°299, juillet - août 2012

– Jean Charles Nayebi. La cyberdépendance en 60 questions. RETZ, 2007. ISBN : 978-2-7256-6121-6

– Dr. Michel Hautefeuille & Dr. Dan Véléa. Les addictions à Internet - De l'ennui à la dépendance. PAYOT, 2010.ISBN 978-2228905510

– Pierre Bellanger. La souveraineté numérique. STOCK, 2014.ISBN: 978-2234077355

– Sherry Turkle. Seuls Ensemble - De plus en plus de technologies de moins en moins de relations humaines. ÉDITION L'ÉCHAPPÉE, 2011.ISBN: 978-29158309-1-0

– Natasha Dow Schüll. Addiction by Design: Machine Gambling in Las Vegas. PRINCETON UNIVERSITY PRESS, 2014.ISBN: 978-0691160887

– Arobasenet.com, Noel Nguessan, "28% du temps passé en ligne l'est sur les réseaux sociaux", 28/01/15http://www.arobasenet.com/2015/01/temps-passe-sur-reseaux-sociaux-1525.html

01_ ARTICLES

02_ OUVRAGES

03_ WEBOGRAPHIE

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– INSEE, Vincent Gombault, "L'internet de plus en plus prisé, l'internaute de plus en plus mobile", 06/13http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1452/ip1452.pdf

– Wikipédia.org, "Dépendance à Internet"http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9pendance_%C3%A0_Internet

– Wikipédia.org, "Shutdown Law"http://en.wikipedia.org/wiki/Shutdown_law

– We Are Social, Simon Kemp, "Digital, Social, Mobile : les chiffres 2015" 21/01/15http://wearesocial.com/fr/etudes/digital-social-mobile-les-chiffres-2015

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– Challenges, "Volkwagen bannit les e-mails "pro" après le boulot", 23/12/11http://www.challenges.fr/entreprise/20111223.CHA8599/volkswagen-bannit-les-e-mails-pro-apres-le-boulot.html

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– Wikipédia, "Flow(psychologie)"http://fr.wikipedia.org/wiki/Flow_(psychologie)

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– Libération.fr, Hossein Derakhshan, "Six ans après, Internet se recroqueville"

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20/07/15http://www.liberation.fr/ecrans/2015/07/20/six-ans-apres-internet-se-recroqueville_1351044

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– Le Monde.fr, Philippe Pons, "La folie des PC Bang en Corée du sud", 15/07/11http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/07/15/la-folie-des-pc-bang-en-coree-du-sud_1549156_3216.html

– Le Figaro.fr, Romain Renner, "L'addiction à Internet, un mal moderne", 28/09/11http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/09/28/13464-laddiction-internet-mal-moderne

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– Santélog, La communauté des professionnels de santé. P. Bernanose, "Internet addiction: quand technologie rime avec pathologie". 07/10/2012http://www.santelog.com/news/neurologie-psychologie/internet-addiction-quand-technologie-rime-avec-pathologie_9152_lirelasuite.htm

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– Xavier de la Porte. "Politique du design". Place de la Toile, France Culture. 14/06/14http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-politique-du-design-2014-06-14

04_ RADIO

Ce mémoire a été réalisé pendant l'année scolaire 2015–2016 au sein du Master Information Design au labo READi de l'École de Design Nantes Atlantique.

Je tiens à remercier le Dr. Bruno Rocher d'avoir pris le temps de me recevoir à l'IFAC, Matthias Rischewski pour les conseils qu'il m'a apporté tout au long de mon projet et Emma Paulay pour la lecture et la correction de ce mémoire.

Je remercie également Charlène pour son soutien durant cette année et Clément pour l'éthique qu'il a su insuffler dans ma manière de penser. Un clin d'oeil pour Darius et Alison, avec qui j'ai parcouru ces 5 longues années à l'école. Sans oublier Michel, Régine et Axelle, qui m'ont encouragé à poursuivre mes études jusqu'au bout.

Ce mémoire est consultable en ligne à l'adresse suivante:https://issuu.com/molonom

Les polices utilisées dans ce mémoire sont– la Consola Mono de wmk69 pour les titrailleshttps://fontlibrary.org/fr/font/consolamono– la Sarine de Type Dynamic pour le texte couranthttps://www.myfonts.com/fonts/typedynamic/sarine/

Arnaud Aubryhttp://molonom.tumblr.com

_ REMERCIEMENTS

_ CRÉDITS