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La correction des disparités régionales en période de ralentissement économique: le cas de la Suisse Par Gaston Gaudard, Fribourg* En Suisse, en raison du caractère fédératif du pays, le phénomène des disparités économiques régionales mérite une attention particulière: - D'une part, comme ailleurs, il convient de veiller à une certaine égalité entre les situations des individus résidant dans les diverses régions. C'est l'aspect «dispari- tés par tête» de la question. - D'autre part, plus qu'ailleurs et pour le maintien de la bonne entente confédérale, il faut se préoccuper de la sauvegarde du poids relatif de chaque canton dans l'en- semble helvétique: sans une certaine égalité économique, il ne saurait plus y avoir d'égalité politique véritable entre les Etats confédérés. C'est le coté «dis- parités globales» du problème. Depuis deux décennies, surtout sur la base des constatations d'avant 1965 où les disparités s'aggravaient entre les cantons \ plusieurs recherches ont été conduites quant aux politiques de corrections. Mais, ces propositions ont été étudiées spécia- lement dans le contexte d'une économie en croissance. Elles se sont attachées essen- tiellement à rompre les processus cumulatifs d'agglomération et de déglomération spatiales et, pour une part, leur action était rendue relativement commode par la possibilité d'une répartition péréquative de la croissance nationale supplémen- taire. Aujourd'hui, ces données ont été remises en cause par le ralentissement économi- que, qui a marqué la période 1973/1977. En Suisse, il y a eu récession en 1974 (ac- croissement réel du revenu national brut de 0,2%, contre 3,3% en 1973), dépression en 1975 (diminution de 7%), dépression atténuée en 1976 (diminution de 0,6%) et reprise en 1977 (accroissement de 3,7%) 2 . Dès lors, deux points importants au moins sont dignes d'une nouvelle réflexion: - Les difficultés économiques, qui ont frappé inégalement les régions, n'ont-elles pas eu pour conséquence de modifier l'évolution des disparités reconnues précé- demment? * La mise au point de la version finale de ce texte a bénéficié de discussions avec plusieurs spécialistes européens. Notre gratitude s'adresse plus spécialement aux Professeurs Marc Penouil, de Bordeaux, et Willem Molle, de Rotterdam. M. Gabriel Oberson, assistant à l'Université de Fribourg, a effectué les nombreux calculs nécessaires à cette recherche. 1 Cf., par exemple, la vaste enquête comparative internationale du Centre européen de coordination de recherche et de documentation en sciences sociales de l'UNESCO, à Vienne, sur «Les régions en retard des pays industrialisés» (Mouton et Cie, La Haye) 1971, 2 volumes ou, pour la Suisse, Gaston Gaudard, «Les disparités économiques régionales en Suisse», Editions universitaires, Fribourg 1973,173 pages. 2 Calculés d'après les chiffres de l'Union de Banques Suisses, «La Suisse en chiffres». Schweiz. Zeitschrift für Volkswirtschaft und Statistik, Heft 2/1979

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La correction des disparités régionales en période de ralentissement économique: le cas de la Suisse

Par Gaston Gaudard, Fribourg*

En Suisse, en raison du caractère fédératif du pays, le phénomène des disparités économiques régionales mérite une attention particulière: - D'une part, comme ailleurs, il convient de veiller à une certaine égalité entre les

situations des individus résidant dans les diverses régions. C'est l'aspect «dispari-tés par tête» de la question.

- D'autre part, plus qu'ailleurs et pour le maintien de la bonne entente confédérale, il faut se préoccuper de la sauvegarde du poids relatif de chaque canton dans l'en­semble helvétique: sans une certaine égalité économique, il ne saurait plus y avoir d'égalité politique véritable entre les Etats confédérés. C'est le coté «dis­parités globales» du problème. Depuis deux décennies, surtout sur la base des constatations d'avant 1965 où les

disparités s'aggravaient entre les cantons \ plusieurs recherches ont été conduites quant aux politiques de corrections. Mais, ces propositions ont été étudiées spécia­lement dans le contexte d'une économie en croissance. Elles se sont attachées essen­tiellement à rompre les processus cumulatifs d'agglomération et de déglomération spatiales et, pour une part, leur action était rendue relativement commode par la possibilité d'une répartition péréquative de la croissance nationale supplémen­taire.

Aujourd'hui, ces données ont été remises en cause par le ralentissement économi­que, qui a marqué la période 1973/1977. En Suisse, il y a eu récession en 1974 (ac­croissement réel du revenu national brut de 0,2%, contre 3,3% en 1973), dépression en 1975 (diminution de 7%), dépression atténuée en 1976 (diminution de 0,6%) et reprise en 1977 (accroissement de 3,7%)2. Dès lors, deux points importants au moins sont dignes d'une nouvelle réflexion: - Les difficultés économiques, qui ont frappé inégalement les régions, n'ont-elles

pas eu pour conséquence de modifier l'évolution des disparités reconnues précé­demment?

* La mise au point de la version finale de ce texte a bénéficié de discussions avec plusieurs spécialistes européens. Notre gratitude s'adresse plus spécialement aux Professeurs Marc Penouil, de Bordeaux, et Willem Molle, de Rotterdam. M. Gabriel Oberson, assistant à l'Université de Fribourg, a effectué les nombreux calculs nécessaires à cette recherche.

1 Cf., par exemple, la vaste enquête comparative internationale du Centre européen de coordination de recherche et de documentation en sciences sociales de l'UNESCO, à Vienne, sur «Les régions en retard des pays industrialisés» (Mouton et Cie, La Haye) 1971, 2 volumes ou, pour la Suisse, Gaston Gaudard, «Les disparités économiques régionales en Suisse», Editions universitaires, Fribourg 1973,173 pages.

2 Calculés d'après les chiffres de l'Union de Banques Suisses, «La Suisse en chiffres».

Schweiz. Zeitschrift für Volkswirtschaft und Statistik, Heft 2/1979

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- Le nouveau rapport spatial de forces issu de la dépression, n'entraîne-t-il pas des conditions nouvelles pour une action corrective des disparités économiques ré­gionales?

I. La modification dans l'évolution des disparités économiques régionales

Si les écrits ne font pas défaut sur les disparités économiques régionales en Suisse 3, les recherches sont en revanche très rares qui essaient de mesurer scientifi­quement ces inégalités. A cet égard, deux données de base sont à retenir: 1. Malgré leurs tailles fort disparates, les cantons constituent, pour la Confédéra­

tion, les unités spatiales - c'est-à-dire les régions - à comparer. Cela se justifie autant par des motifs politiques et sociologiques que par des raisons de disponi­bilité des statistiques.

2. Parmi tous les indicateurs possibles de disparités, le revenu cantonal est à privilé­gier. Un traitement opérationnel sur la base de 72 indicateurs, par la méthode de corrélation deux à deux4 a démontré son haut niveau de signification, tant pour traduire les disparités par tête que pour renseigner sur les disparités globales. Trois sortes d'analyses fournissent des indications intéressantes au sujet de la

modification dans l'évolution des disparités économiques régionales: les trends des coefficients de variation des disparités, les effets des composantes du revenu par tête des cantons et la typologie de l'évolution économique des cantons.

1. Les trends des coefficients de variation des disparités

L'utilisation des coefficients de variation permet de saisir de la manière la plus synthétique l'évolution des disparités: l'augmentation du coefficient de variation exprime l'aggravation d'ensemble de l'inégalité, tandis que sa diminution est signe d'atténuation. Afin d'être à même d'apprécier l'influence du ralentissement écono­mique sur l'inégalité entre les régions, il faut évidemment comparer l'évolution des coefficients de variation avant et après le retournement conjoncturel: - Pour la période de 1965 à 1973M calcul du trend corrigé 5 indique que la disparité

3 Cf., pour les plus récents, par exemple: - Denis Maillât, «Les disparités régionales dans une économie à croissance lente», Neuchâtel 1976; - Alfred Niedegger, «Raumpolitische Probleme vor dem Wiederaufschwung», dans «Aussenwirt-

schaft», St-Gall, septembre 1976; - Stephan Bieri, René Frey, Thomas Ups, «Die Kluft zwischen armen und reichen Kantonen in der

Schweiz», Berne 1977. 4 Gaston Gaudard, «Les disparités économiques régionales en Suisse», op.cit. 5 A cause des modifications que l'Union de Banques Suisses a fait intervenir dans rétablissement des

chiffres des revenus cantonaux globaux, entre 1969 et 1970, il n'est pas possible d'établir simplement le trend sur la base de la série des coefficients de variations des années de 1965 à 1973. Pour ce travail, un trend corrigé a été calculé sous la forme d'une moyenne pondérée d'après le nombre des années des deux trends de 1965 à 1969 et de 1970 à 1973.

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par tête diminuait entre les cantons ; la tendance à la réduction de l'inégalité était de 1,22% par an. Au contraire, l'écart entre les revenus globaux des Etats confé­dérés était quasi stable; la tendance au changement n'était que de moins 0,11% par an;

Tableau 1 Les coefficients de variation durant la période 1965-1973

Années

1965 1966 1967 1968 1970 ! 1971 1972 1973

Trend annuel 1965-1973 -1,22% -0,11 %

Source: Calculés d'après les chiffres de revenu des cantons publiés par l'Union de Banques Suisses.

1 A cause d'un changement dans la méthode utilisée par l'Union de Banques Suisses, les coefficients de variation d'après 1970 ne sont pas sans autres comparables à ceux d'avant 1970.

- Pour la période de 1973 à 1977, la disparité par tête s'est mise à s'accroître au rythme de 0,62% par an. Pour sa part, l'écart entre les revenus globaux des can­tons a renforcé sa stabilité de la phase antérieure, la tendance au changement n'étant plus que de plus 0,015% par an.

Tableau 2 Les coefficients de variation durant la période 1973-1977

Disparité par tête

0,2247 0,2251 0,2262 0,2232 0,2715 0,2733 0,2730 0,2736

Disparité glo

1,2084 1,2156 1,2154 1,2148 1,2082 1,2015 1,2066 1,2065

baie

Années

1973 1974 1975 1976 1977

Trend annuel 1973-1977

Disparités par tête

0,2736 0,2756 0,2873 0,2776 0,2811

+0,62%

Disparités globales

1,2065 1,2064 1,2065 1,2071 1,2069

+0,015%

Source: Calculés d'après les chiffres du revenu des cantons publiés par l'Union de Banques Suisses.

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Ainsi, le ralentissement économique a eu pour effet de renverser la tendance des disparités par tête, mais il n'a pas entraîné de changements pour les disparités glo­bales. Le maintien de l'écart d'ensemble entre les revenus cantonaux globaux tient aux raisons suivantes: a) Tous les cantons ont été frappés par le ralentissement économique. Le taux de

croissance annuel moyen (le plus souvent négatif et, pour les cas positifs, toujours inférieur au tiers de celui de la période précédente) de leur revenu global en té­moigne clairement.

b)Ily a eu partage relativement compensé des cantons plus ou moinsfrappés. En effet, quatorze des vingt-cinq Etats confédérés ont été plus touchés que la moyenne, tandis que onze l'ont été moins,

c) Les taux de croissance (positifs ou négatifs) de la période 1973-1977 sont faibles en valeur absolue. La moitié d'entre eux se situent entre 0 et ±1. En outre, la marge entre le meilleur et le moins bon n'est que de 4,9 points, contre 8,1 pendant la période 1965-1973. Il semble donc y avoir encore plus de motifs pour la stabilité des disparités globales de 1973 à 1977 que de 1965 à 1973.

2. Les effets des composantes du revenu par tête des cantons

Reste à expliquer pourquoi la conjoncture, qui a été sans conséquence en matière de disparités globales, a induit un renversement de la tendance des disparités par tête. Ce retournement est à rattacher - outre aux fluctuations des revenus canto­naux globaux - aux modifications respectives de la population résidente des can­tons. Si la première de ces composantes ne suffit pas, pour la période sous référence, à changer les disparités, sa combinaison avec la seconde est singulièrement éclai­rante. C'est l'évolution du quotient revenu global/population résidente - différente selon les Etats confédérés - qui a finalement débouché, dans l'ensemble, sur la mo­dification des disparités par tête. En 1975, par exemple, l'excédent naturel a varié entre 8,8^uo(Nidwald)et-2,4^öo(Bale-Ville)6. Surtout, le mouvement migratoire a été marqué, de 1973 à 1977, par le retour dans leur patrie de 220000 étrangers, qui ont quitté plus spécialement les cantons industriels. Deux observations sont à si­gnaler: - Le revenu cantonal global a diminué, en termes réels, de 1973 à 1977, dans tous

les cantons sauf six : Uri, Schwyz, Appenzell Rhodes intérieures, Fribourg, Zoug, Genève.

- La population résidente a reculé, durant la même période, dans tous les cantons sauf quatre : Zoug, Fribourg, Bâle-Campagne, Argo vie.

8 Cf. annuaires statistiques de la Suisse.

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Tableau 3 Les effets des composantes du revenu par tête des cantons (1965-1973)

\ Y

P ^ v

+

-

+

Riche Pauvre

A A A Y > A P A Y < A P A Y > A P A Y < A P

D F F D

ZH, ZG, GE, BL BE, LU, UR, SZ, OW, NW, FR, SO, SH, SG, GR, AG, TG, TI, VD, VS, NE

Riche Pauvre

Y y A Y > - A P A Y > - A P

v y D F

BS GL, AE, AI

-

Riche Pauvre

Y Y - A Y < A P - A Y < A P

Y y F D

Riche Pauvre

S\ / \ - A Y > - A P - A Y < - A P - A Y > - A P - A Y < - A P

Y Y \f \f F D * D F

Y = revenu global P = population résidente D = effet défavorable F = effet favorable Le partage entre cantons riches et cantons pauvres est fonction du revenu suisse moyen par tête en 1965.

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Tableau 4 Les effets des composantes du revenu par tête des cantons (1973-1977)

P N .

+

+

Riche Pauvre

/ \ / \ A Y > - A P A Y < A P A Y > A P A Y < A P

y Y Y Y D F F D

ZG FR

Riche Pauvre

Y Y A Y > - A P A Y > - A P

JL y D F

GE UR SZ AI

-

Riche Pauvre

- A Y < A P - A Y < A P

y y

F D

BL AG

Riche Pauvre

/ \ / \ - A Y > - A P - A Y < - A P - A Y > - A P - A Y < - A P

Y Y Y Y F D D F

ZH VD, BE, SO, GR BS VS, LU, SH, TG NE OW, AE, NW, SG

GL, TI

Y = revenu global P = population résidente D = effet dévavorable F = effet favorable Le partage entre cantons riches et cantons pauvres est fonction du revenu moyen suisse par tête de la période 1965-1973.

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On se trouve donc en présence de quatre évolutions possibles, qui sont résumées, pour les vingt-cinq Etats confédérés dans le tableau des effets des composantes du revenu par tête des cantons. Mais, ce tableau demande, pour qu'on soit en mesure de porter un jugement sur le renversement des disparités par tête, que, pour chaque quadrant, deux questions complémentaires soient élucidées et combinées : est-on en présence de canton riche ou de canton pauvre? l'accroissement du revenu cantonal est-il plus grand ou plus petit que celui de la population résidente? Finalement, douze cheminements peuvent intervenir, soit six qui constituent une issue favorable pour la diminution des disparités par tête et six qui impliquent une issue défavora­ble. Il vaut la peine de noter que, pour la période 1965-1973 (cf. tableau 3), le nom­bre des effets favorables à la diminution des disparités par tête (20 cas) l'emportait nettement sur celui des effets défavorables (5 cas). En revanche, pour les années de 1973 à 1977 (cf tableau 4), on ne rencontre que 11 cas d'effets favorables contre 14 cas d'effets défavorables. Certes, on n'est pas toujours à même de conclure uni­quement sur la base du nombre des effets favorables et de celui des effets défavora­bles, sans encore considérer l'amplitude de chacun d'eux. Cependant, il est indénia­ble que leur simple recensement procure déjà une indication fort utile.

En fin de compte, l'examen des trends des coefficients de variation des disparités par tête et l'étude des effets des composantes du revenu par tête des cantons débou­chent sur la même indication: les années de prospérité facilitent la réduction de l'inégalité par tête, tandis que celles de récession agissent dans la direction opposée.

3. La typologie de l'évolution économique des cantons suisses

La mesure des disparités dans leur ensemble à l'aide des coefficients de variation comporte le danger de cacher d'éventuelles permutations compensées entre les can­tons. Pour écarter ce risque et afin de porter plus loin l'analyse de la modification des disparités, il vaut la peine d'établir une typologie de l'évolution économique des cantons. La méthode utilisée est celle qui a été proposée, dans le cadre de l'OCDE, par Leo Klaassen7 et qui a été adaptée au problème sous référence. Pour cette étude, ce procédé a l'avantage de recourir à un indicateur relatif (le revenu par tête des cantons) et à un critère absolu (le revenu cantonal), ce qui permet d'intégrer les deux types de disparités. Le double découpage par rapport au revenu national moyen par tête et selon la valeur du taux de croissance annuel cantonal comparé à celui de tout le pays fait émerger quatre types de cantons : - des cantons forts et prospères, pour lesquels le revenu par tête est supérieur au

chiffre national de 11855 fr. (pour 1965-1973) ou de 19076 fr. (pour 1973-1977)

7 l£0 Klaassen, «Aménagement économique et social du territoire», Paris 1965.

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et, de plus, le taux réel annuel de croissance du revenu cantonal dépasse la moyenne suisse qui est de 5,25% (1965-1973) ou de -1,02% (1973-1977);

- un canton fort, mais en déclin, pour lequel le revenu par tête dépasse certes encore la moyenne nationale, mais ou le taux de croissance du revenu cantonal est inférieur à celui de l'ensemble du pays;

- des cantons en rattrapage, pour lesquels la richesse par tête n'atteint pas la moyenne nationale, mais qui essaient, par un rythme dynamique d'expansion, de compenser leur retard ;

- des cantons déprimés, dans lesquels la situation économique est, au niveau indivi­duel, inférieure à la moyenne nationale et où la position globale régresse relative­ment à l'ensemble du pays. Une investigation plus fine permettrait d'y distinguer divers cas: cantons industriels en déclin (Soleure, par exemple), cantons encore peu développés (Obwald). Il faut noter en outre que, entre les cantons en rattra­page et les cantons déprimés, l'interpénétration est telle qu'il est impossible de prétendre que les Etats confédérés de l'un de ces groupes soient forcément tous plus faibles que ceux de l'autre. Les deux quadrants renferment des cantons pauvres et d'autres qui sont moins démunis: le partage repose sur des dynamis-mes inégaux. La comparaison des deux périodes de la typologie de l'évolution des cantons in­

cite à mettre en évidence les éléments suivants : a) Les cantons forts (quadrants I et II) et les cantons faibles (quadrants III et IV) sont

exactement les mêmes pour les deux périodes. Cette constance concorde bien avec la stabilité des coefficients de variation des disparités globales qui a été enregis­trée précédemment. Elle permet de dire en outre qu'il n'y a pas eu de permutation entre la partie gauche et la partie droite du tableau. Un tel renversement apparaît même avec moins de probabilités en 1973-1977, puisque l'écart du revenu par tête entre le moins riche des cantons forts (Bâle-Campagne) et le plus opulent des cantons pauvres (Vaud) s'est accru plus que proportionnellement à l'augmenta­tion du revenu par tête national.

b)La moitié des cantons faible s ont en revanche permuté, d'une période à l'autre, entre les quadrants III et IV, tandis qu'aucune modification n'est intervenue entre les quadrants I et IL Cela atteste sans doute la diversité des cantons faibles : certains, qui comprennent encore un secteur agricole relativement important (Uri, Schwyz, Appenzell Rhodes-Intérieures, Fribourg, par exemples), ont été un peu moins sensibles au ralentissement économique; d'autres, qui ont assuré la pro­motion d'un secondaire diversifié (Fribourg, par exemple) ont beaucoup moins accusé le coup que ceux qui étaient restés trop monostructurels dans leur indus­trie (Neuchâtel, par exemple); d'autres encore, qui avaient conduit un rattrapage dynamique dans les années 1960 en s'appuyant sur la demande conjoncturelle résiduelle et sur le secteur de la construction (Tessin, Valais, par exemple), n'ont pas soutenu ce rythme après 1973. L'interférence de tous ces facteurs explique la

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Revenu moyen par tête du canton

Revenu moyen par tête national > 1

I. Cantons forts et prospères

Revenu moyen Acer, du rev. par têtel global2

Zoug 15 139 9,8 Genève 16 834 5,3 Zurich 14 376 5,5 Bâle-Campagne 12 380 7,9

Accroissement du revenu global national: 5,25%

II. Cantons forts, mais en déclin

Revenu moyen Acer, du rev. par tête global

Bâle-Ville 19 055 5,0

Revenu moyen par tête du canton

Revenu moyen par tête national < 1

III. Cantons en rattrapage

Vaud Argovie Valais Grisons Tessi n Nidwald

Revenu moyen par tête

11781 11257 9 241 9 137 8 693 8 869

Acer, du rev. global

5,6 6,0 6,0 6,0 6,3 5,8

IV. Cantons déprimés

Neuchâtel SchafThouse Soleure Berne Glaris Thurgovie Lucerne St-Gall Appenzell Rh.-Ext. Fribourg Uri Schwyz Obwald Appenzell Rh.-Int.

Revenu moyen par tête

11304 11 189 10 802 10425 10 368 10 196 9 706 9 768. 9 695 8714 8 561 8 485 7 826 7 569

Acer, du rev. global

4,7 4,1 5,0 4,5 4,2 3,9 4,9 4,5 3,2 4,0 4,0 4,9 2,9 1,7

Source: Calculé d'après les chiffres du revenu des cantons établis par l'Union des Banques Suisses. 1 Moyenne des années 1965-1973, en francs courants. 2 En termes réels, par an, selon le principe des intérêts composés.

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Tableau 6 Typologie de l'évolution économique des cantons (1973-1977)

A 73

00

ed o

> U-

"O

O

<

ed

00

cd

> 1)

"O

O

o <

V "c3 X>

c cd

> 0)

•o

<

cd X) O 00

ed G > i-,

G

<

Revenu moyen par tête du canton

Revenu moyen par tête national

I. Cantons forts et prospères

Revenu moyen Acer, du rev. par têteJ global2

Zoug 27 401 1,61 Genève 27 386 0,24 Zurich 23 328 -0,94 Bâle-Campagne 20 273 -0,33

Accroissement du revenu global national:"—1,02%

II. Cantons forts mais en déclin

Revenu moyen Acer, du rev. par tête global

Bâle-Ville 32 614 -2,48

«ü r--o Os

*ë3 G O

ed G

«U

t-i cd D . G 4>

O

£ G

> 1)

OC

Revenu moyen par tête du canton

Revenu moyen par tête national

III. Cantons en rattrapage

Revenu moyen par tête

Argovie 18 379 *Thurgovie 16113

Grisons 16 012 •St-Gall 15 345 •Fribourg 13 449 •Uri 13 319 •Schwyz 13 281 •Appenzell Rh.-Int. 11512

IV. Cantons déprimés

Revenu moyen par tête

•Vaud 18 691 Glaris 18 446 Schaffhouse 18187 Neuchâtel 18 021 Soleure 17 502 Berne 16 578

•Nidwald 15 875 •Tessin 15 567

Lucerne 15 440 Appenzell Rh.-Ext. 15 328

•Valais 14402 Obwald 11717

Acer, du rev. global

-0,61 -0,51 -0,56 -0,11

0,64 1,07 0,61 0,07

Acer, du rev. global

-1,76 -2,84 -2,34 -3,37 -2,21 -1,22 -1,49 -1,37 -1,09 -1,73 -1,70 -1,14

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redistribution qui s'est effectuée entre les cantons en rattrapage et les cantons déprimés. On notera au passage, pour la période 1973-1977, le caractère vrai­ment relatif du rattrapage de quatre cantons, qui ont connu un taux de croissance annuel moyen négatif: il faut néanmoins considérer que leur recul plus lent que celui de l'ensemble de l'économie nationale, leur a permis d'améliorer légèrement leur position par rapport aux autres Etats confédérés.

c) L'analyse, pour chaque canton, d'une période à l'autre, du changement du taux de croissance annuel moyen fournit quelques indications quant aux régions les plus ou les moins touchées par le ralentissement économique. Sur le tableau 7, on peut ré-

Tableau 7 Recul du dynamisme annuel moyen des cantons

Cantons 1965-1973 1973-1977 Perte en points

Bâle-Campagne 7,9 Zoug 9,8 Neuchâtel 4,7 Valais 6,0 Tessin 6,3 Bâle-Ville 5,0 Vaud 5,6 Nidwald 5,8

Soleure 5,8 Glaris 4,2 Argovie 6,0 Grisons 6,0 Schafîhouse 4,1 Zurich 5,5 Lucerne 4,9 Berne 4,5 Genève 5,3

Appenzell Rh.-Ext 3,2 St-Gall 4,5 Thurgovie 3,9 Schwyz 4,9 Obwald 2,9 Fribourg 4,0 Uri 4,0 Appenzell Rh.-Int 1,7

Suisse 5,2 -1,0 -6,2

-0,3 1,6

-3,3 -1,7 -1,3 -2,4 -1,7 -1,4

-2,2 -2,8 -0,8 -0,5 -2,3 -0,9 -1,0 -1,2

0,2

-1,7 -0,1 -0,5

0,6 -1,1

0,6 1,0 0,0

-8,2 -8,2 -8,0 -7,7 -7,6 -7,4 -7,3 -7,2

-7,2 -7,0 -6,6 -6,5 -6,4 -6,4 -5,9 -5,7 -5,1

-4,9 -4,6 -4,4 -4,3 -4,0 -3,4 -3,0 -1,7

Source : Tableaux 5 et 6.

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partir les cantons en trois tiers. Le tiers supérieur réunit huit cantons, qui, à l'ex­ception de Neuchâtel, ressortissent tous aux quadrants I, II et III de la typologie pour 1965-1973. Le tiers inférieur groupe huit cantons qui font tous partie du quadrant IV de la même typologie. Le principe selon lequel la sensibilité à la con­joncture est en relation directe avec le niveau de développement économique semble donc pouvoir être soutenu. Par ailleurs, il est frappant d'observer que tous les cantons du tiers supérieur connaissaient, en 1965-1973, un taux de crois­sance annuel plus élevé que la moyenne suisse, tandis que tous ceux du tiers infé­rieur enregistraient un taux de croissance annuel plus faible que cette même moyenne. L'idée en vertu de laquelle l'instabilité est d'autant plus grande que la croissance du revenu est rapide 8 trouve donc là aussi une confirmation. Au total, jusqu'à la fin de 1977, le ralentissement économique a frappé en général

plus les cantons avancés que les cantons en retard. Mais, paradoxalement, il a con­couru à l'aggravation des disparités par tête entre ces deux sortes de régions, sans pourtant modifier leurs disparités globales.

IL Les conditions nouvelles d'une politique de rééquilibre régional

Deux questions sont à élucider avant de mettre en place une politique de correc­tion des disparités régionales: l.Les mécanismes ne sont-ils pas en train d'agir spontanément dans le sens du rééquili­

bre? Pour la période récente de ralentissement économique (1973-1977), la ré­ponse est négative en matière de disparités par tête. Certes, la période de prospé­rité antérieure (1965-1973) indiquait une tendance à la réduction du même genre d'inégalités. Personne ne peut néanmoins assurer que la croissance du futur aura, dans ce domaine, les mêmes effets que la croissance du passé;

2. La stabilisation des disparités à leur état actuel constitue-t-elle une solution satis­faisante? Pour la Suisse, la réponse est sûrement négative. Sur le plan de l'inéga­lité par tête, on ne peut pas soutenir que la situation est acceptable, lorsque le revenu moyen du canton le plus pauvre n'atteint que 36% de celui du plus riche 9. Au niveau des disparités globales, la stabilité enregistrée depuis 1965 a fait suite à une phase de détérioration. La Confédération a déjà dû mettre en place un système de redistribution finan­

cière entre les cantons10. Elle ne peut pas supporter que, durablement, les habitants du même pays connaissent des sorts par trop différents. Elle ne saurait pas admettre

8 Cf., à ce propos, Jacques Pasquier, «Essai de prévision et de prospective du revenu cantonal fribour-geois», dans Gaston Gaudard, Guy Macheret, Jacques Pasquier, Bernard Schneider et Jean Valarché, «Où en est l'économie fribourgeoise?», Fribourg 1978.

9 En 1977, le revenu par tête a été de 12 637 fr. dans le canton d'Obwald contre 34 589 fr. dans celui de Bâle-Ville.

10 Loi fédérale du 19 juin 1959.

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non plus que la part de sept petits cantons des Alpes centrales à la population rési­dente de la Suisse continue de se dégrader, alors qu'elle est déjà tombée de 5,26 à 4,4% de 1941 à 1970 n . Pourtant, si une péréquation financière inter-cantonale ren­forcée constitue un élément nécessaire de la politique régionale de la Suisse, elle n'en représente sûrement pas une disposition suffisante. La péréquation financière est en effet surtout un remède a posteriori. Il faut comprendre par là qu'elle est desti­née à compenser partiellement les conséquences des disparités existantes entre les cantons; en revanche, elle n'agit que fort peu sur la cause même de l'inégalité inter­cantonale. L'analyse des statistiques enseigne clairement que les cantons pauvres touchent plus de subventions d'entretien que déversements d'équipement. Pour en revenir à la typologie de l'évolution économique des cantons (tableaux 5 et 6), la péréquation financière intercantonale débouche finalement, par exemple, sur la compensation - par un transfert -de l'insuffisance du chiffre de la première colonne (celle du revenu par tête) des cantons déprimés. Cependant, elle n'affecte que très indirectement les valeurs de la seconde colonne (celle de la croissance du revenu cantonal). Or, ce qui importe, à la longue, pour l'équilibre confédéral, ce n'est pas tant que les cantons déprimés soient artificiellement soutenus par les régions riches, mais bien plutôt qu'ils parviennent par un développement plus grand à s'entretenir eux-mêmes. Cela implique que la formule de la péréquation financière soit complé­tée par une solution de promotion différenciée des cantons faibles et des cantons forts. Le ralentissement économique intervenu depuis 1973 pose à cet égard plusieurs problèmes.

1. Le rééquilibre régional sans surplus national

Dans sa conception au moins, la mise en place d'une promotion différenciée des cantons paraissait relativement aisée en économie de croissance, telle que la Confé­dération l'a connue, pendant de longues années, jusqu'en 1973. Il s'agissait alors simplement de répartir le supplément de développement d'une manière différen­ciée. Par des mesures incitatives sur l'économie - car, dans nos nations à économie décentralisée, le rééquilibre dépend pour une bonne part des centres de décisions privés -, il aurait été alors possible d'attribuer une plus large part de l'expansion aux régions en retard (ce qui aurait favorisé leur rattrapage) et de modérer (sans le sup­primer) l'essor des zones surdéveloppées. Cette occasion de corriger l'inégalité ré­gionale sans n'avoir rien besoin d'enlever aux uns pour donner aux autres a été mal­heureusement trop peu utilisée. Avec le ralentissement économique, le rééquilibre de l'espace économique suisse a été rendu plus malcommode. Par ailleurs, les pou­voirs publics fédéraux sont surtout sollicités pour soutenir les secteurs déjà en place, qui se trouvent en difficultés. Pour eux, l'appui à l'implantation de nouvelles

11 Uri, Schwyz, Obwald, Nidwald, Glaris et les deux Appenzell.

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Tableau 8 Répartition spatiale de la croissance nationale négative et politique

de rééquilibre régional

\ \ ^ Régions / \ f o r t e s

Régions \ . faibles ^ \

Croissance régionale globale négative

Croissance régionale globale positive

Croissance régionale globale négative

Pas de politique de rééquilibre régional

Pas de politique de rééquilibre régional

Croissance régionale globale positive

Politique de rééquilibre régional (?)

Combinaison impossible en croissance nationale négative

activités dans les régions en retard n'apparaît plus comme prioritaire, à un moment où l'économie annonce des surcapacités de production. La restructuration des fir­mes existantes, pour garantir leur survie, s'inscrit souvent dans un ordre de préoc­cupation plus immédiat que la création de nouvelles entreprises.

D'une manière générale, la correction des disparités économiques régionales se révèle donc plus délicate en période de ralentissement : la tendance de l'inégalité par tête est à l'aggravation, le surplus national de croissance à répartir n'existe plus et l'urgence de l'intervention publique répond à d'autres critères. Pourtant, ces cons­tatations appellent une certaine prudence. Ainsi, la répartition du supplément de croissance n'est pas un élément aisément manoeuvrable à brève échéance : ressortis­sant à une politique à plus longue vue, elle se conçoit mieux dans les mesures struc­turelles que dans les dispositions conjoncturelles. La question se pose dès lors à propos de la coexistence d'objectifs structurels et d'objectifs conjoncturels, de leur compatibilité et, au besoin, du choix à effectuer momentanément entre eux. Au ni­veau strictement théorique et sur le plan des disparités globales, il est en outre inté­ressant de noter qu'une croissance nationale négative peut recouvrir diverses sortes d'évolutions régionales. Le tableau 8 fait ressortir que trois situations sont à envisa­ger. Or, en principe, pour deux de ces cas, on ne voit pas comment on pourrait sou­tenir une politique de rééquilibre régional. Pour la troisième issue, en revanche, qui serait celle du dépérissement d'une portion importante du pays au profit d'une zone privilégiée, on est à même de se demander si une intervention corrective ne s'impose pas, même dans un contexte dépressif: reste évidemment le risque, à ne pas minimi­ser dans une telle conjoncture, de mettre en difficulté la partie de l'économie natio­nale qui est encore prospère sans parvenir à obtenir la contrepartie sur la relance des régions faibles en croissance globale négative.

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2. Les données régionales et la reprise

En Suisse, 1977 a comporté des signes de reprise. Le revenu national brut s'est accru en termes réels de 3,7% relativement à 1976. Le chômage s'est pratiquement résorbé. Les prix à la consommation sont restés quasi stables ( +1,1%). La balance des revenus s'est soldée par un excédent de 8,8 milliards de francs. Mais, au début de 1978, la croissance de l'économie helvétique s'est à nouveau ralentie: la production industrielle du premier trimestre n'a dépassé que de 0,7% celle d'un an auparavant (contre 6,2% en 1977 relativement à 1976); la progression en valeur des exporta­tions des cinq premiers mois (3,7%) a été nettement inférieure à celle de la période parallèle de l'année précédente. Certes, quelques résultats meilleurs ont été enregi­strés sur le marché intérieur. Dans l'ensemble, les perspectives - même si elles ne sont pas trop sombres - réclament de la prudence et elles ne permettent pas de compter sur une croissance du type de celle des années 1960. A l'intérieur, l'augmen­tation de la demande des consommateurs est réelle, mais la population a diminué. Face à l'extérieur, il faut tenir compte du tassement conjoncturel mondial et de la forte appréciation du franc. Pour le problème des disparités économiques régiona­les en Suisse, le contexte de la reprise non encore assurée est marqué par différents traits, qui ne paraissent pas devoir jouer dans le sens du rééquilibre: a.) La concurrence restera très serrée. La relative faiblesse du rythme d'accroisse­

ment de la demande globale incitera les entreprises à se disputer âprement les débouchés existants, qu'ils soient intérieurs ou étrangers. Dans cette lutte, les en­treprises le plus solidement et le plus anciennement établies ont le plus de chances de l'emporter. Or, ce sont en principe celles des zones les plus développées du pays. A l'opposé, un tel climat rendra plus ardue la création de nouvelles firmes, qui serait précisément nécessaire pour l'expansion des cantons faibles.

b)Lepoids des centres de décisions des cantons forts s'est accru relativement à celui des centres de décisions des cantons faibles. Cette évolution s'est manifestée sous l'effet du ralentissement économique: bon nombre d'entreprises de plus petite dimension et d'assise plus fragile ont disparu ou ont été rachetées par des firmes de plus grande taille et, dans la règle, ces dernières ont leur siège dans les cantons forts. Dès lors, même si les régions les plus développées ont été les plus touchées dans leur taux de croissance, ce sont en fait les zones les plus faibles qui ont perdu du poids en matière de centres de décisions. Le cas du canton de Fribourg, région en rattrapage selon la typologie du tableau 6 et qui a fait preuve de beaucoup de dynamisme pour tenter de compenser les conséquences défavorables du ralentis­sement économique, est à cet égard significatif: sur 39 entreprises industrielles nouvelles qui s'y sont installées depuis 1971,31 ont été fondées par des personnes ou des sociétés de l'extérieur. Il est évident qu'une telle évolution n'est pas pour encourager les promoteurs locaux, qui sont déjà en général rares dans les régions faibles.

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c) Latendance à la concentration desfirmes risque de provoquer, sous la pression de la concurrence, des implantations nouvelles dans les régions avancées. La concentra­tion des entreprises sera donc un facteur de la concentration dans l'espace. Cela renferme le danger de migrations intérieures des cantons faibles vers les cantons forts. Dans ces derniers, sous la pression de ce mouvement général, le secteur de la construction serait de nature à se réactiver et de conférer ainsi un entraînement supplémentaire au processus cumulatif d'agglomération.

3. Les mesures concrètes

Malgré des bases constitutionnelles en matière d'aménagement du territoire, une loi fédérale sur l'aide aux investissements dans les régions de montagne et des dispo­sitions fédérales récentes pour les régions dont l'économie est menacée, la Suisse ne possède pas encore une véritable politique régionale d'ensemble. Cela s'explique sans doute par l'importance du fédéralisme, qui implique une grande latitude pour les cantons dans le domaine du développement économique, mais qui réclame au­jourd'hui aussi un minimum de mesures fédérales pour le maintien de l'égalité des chances. Cela se justifie en outre par l'attachement à l'économie de marché, sans laquelle la prospérité de la Confédération disparaîtrait, mais dont les côtés abusifs requièrent corrections. L'intervention en matière de rééquilibre régional doit donc agir essentiellement sur le cadre de l'économie, sans porter atteinte au principe des mécanismes, voire en rétablissant leur fonctionnement là où il est entravé dans un sens déséquilibrant. Les mesures conjoncturelles auxquelles la Confédération re­court - sur la monnaie et le crédit, en matière de finances publiques, dans le do­maine des relations économiques extérieures - doivent simplement tenir «compte des disparités dans le développement économique des diverses régions du pays»12. Le rééquilibre de l'espace économique suisse réclame une action complémentaire: a) Les cantons faibles doivent augmenter sensiblement le nombre des emplois secondai­

res et tertiaires. Pour atteindre ce but, ils ont d'abord à conduire eux-mêmes un effort d'ouverture au développement et à manifester un souci de rationalisation dans la promotion. L'expansion régionale est fonction aussi du milieu psycholo­gique. Ce n'est pas une ambition démesurée mais une visée sociale saine que d'avoir la volonté de procurer aux habitants d'un canton, s'ils le désirent, un poste de travail, non pas forcément dans leur commune de naissance, ce qui conduirait à une dispersion inefficace des activités, mais dans leur région. Il importe que les milieux économiques soient renseignés objectivement sur les possibilités réelles des régions encore peu développées et que les formalités administratives y soient facilitées pour les éventuelles entreprises en quête d'implantation. Pour sa part,

12 Constitution fédérale, art. 31.

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la Confédération est à même d'intervenir, soit par une répartition péréquative de ses commandes propres, soit par la décentralisation de certains de ses services dans la mesure où cela ne porte pas atteinte à l'efficacité de l'administration, soit par l'instauration d'un véritable fonds d'investissement en faveur des infrastruc­tures des régions pauvres. Le simple système des crédits remboursables, qui a été fixé dans la loi sur l'aide aux investissements dans les régions de montagne, est en effet insuffisant dans les situations les plus délicates, où certains versements sont à effectuer à fonds perdus.

b) Dans les régions encombrées, la privatisation des coûts sociaux s'impose. L'excès de concentration des hommes et des activités débouche sur une expansion régionale à coûts croissants. Mais, l'expansion des zones surdéveloppées ne s'arrête pas spontanément et le rejet des nouvelles firmes se fait mal vers des espaces moins occupés. Il en est ainsi parce qu'une mauvaise intervention publique neutralise le jeu des mécanismes. En effet, beaucoup de coûts sociaux sont pris en charge par les collectivités publiques, même par la Confédération. Les charges de l'encom­brement n'étant souvent pas répercutées sur ceux qui les provoquent, les hom­mes et les activités continuent de s'agglomérer au-delà de l'optimum social, et cela - pour une part - aux frais de la communauté nationale. Qui plus est, des ressources doivent ainsi être constamment détournées à des fins de dépollution. Pour ces régions, la bonne politique consiste donc dans l'application du principe d'après lequel «les pollueurs doivent être les payeurs»13. Il faut «faire confiance au marché mais en pénalisant les conséquences indésirables par un renchérissement des charges d'imposition»14.

c) La politique régionale suisse demande une action simultanée pour les cantons faible s et sur les cantons forts. On ne peut vraiment parler d'une incitation à la promo­tion différenciée que si l'on fait pression sur les deux groupes de régions considé­rées. L'action isolée en faveur des seuls cantons faibles portera difficilement des fruits, si, en même temps, les pouvoirs publics continuent à subventionner in­consciemment l'encombrement des zones déjà les plus développées. Inverse­ment, le désengorgement des plus grands pôles nationaux ne s'effectuera que sur leur tout proche arrière-pays et y débouchera dans une seconde phase sur une conurbation encore plus onéreuse, si - parallèlement - des centres nouveaux et attractifs ne sont pas encouragés, plus loin, dans les parties en retard du pays. L'équilibre de l'espace national est donc à envisager dans son ensemble, avec tou­tes les liaisons qu'il comporte. La formule de la forte concentration est à écarter en raison des charges d'encombrement qu'elle implique dans les trop grandes ag­glomérations et à cause des coûts de dépérissement qu'elle entraîne pour les zo­nes en voie d'abandon. Par ailleurs, une solution de répartition égalitaire sur l'en­semble du territoire est à condamner aussi, parce qu'elle souffrirait d'un grave manque d'économies externes. La voie la plus indiquée est indéniablement celle de la décentralisation concentrée15. 13 Serge-C. Kolm, «Le service des masses», Paris 1971. 14 André Fourçans, «Sauver l'économie», Paris 1978. 15 Gaston Gaudard, «L'inégalité économique dans l'espace», chap. IX, Fribourg 1975.

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En conclusion, le ralentissement économique, par les modifications qu'il a en­gendrées et qu'il induira encore dans les disparités économiques régionales, ap­porte des raisons nouvelles pour une politique de correction de ce processus en Suisse. Vraisemblablement, deux étapes sont à considérer: - D'abord, le ralentissement affecte plus les cantons avancés que les cantons moins

développés. Les analyses quantitatives exposées dans la première partie de cette étude en témoignent.

- Ensuite, cependant, le ralentissement fera porter sa répercussion la plus marquée sur les cantons en retard. Ceux-ci seront défavorisés lors de la reprise: l'élan de rattrapage y étant cassé, on risque bien de devoir parfois y reprendre certains

Tableau 9 Evolution de la population des cantons suisses de 1973 à 1977

Années

Cantons

ZH BE LU UR SZ

OW NW GL

*ZG *FR

SO BS

*BL SH AE

AI SG GR

*AG TG

TI VD VS NE GE

CH

1973

1 134.5 1006.0

295.4 35.0 93.4

26.2 27.7 38.4 73.0

181.5

231.9 227.3 219.4

73.5 48.9

13.9 390.0 168.5 442.4 186.7

266.7 528.5 216.4 171.1 339.6

6435.0

1974

1 139.3 1 010.5

296.5 35.1 93.7

26.4 27.8 38.2 73.9

182.6

231.8 224.2 222.5

73.6 49.3

13.9 390.3 168.6 449.8 186.8

267.6 530.5 217.5 171.2 340.9

6462.5

1975

1 132.2 998.8 294.1 34.6 93.4

26.1 27.1 36.9 73.6

182.3

228.0 218.5 221.8

71.7 48.0

13.6 388.1 165.3 448.1 186.6

267.5 524.5 215.6 168.3 338.5

6 403.2

1976

1118.5 992.1 293.4 34.3 92.9

25.4 26.6 35.8 73.5

182.2

224.1 213.3 220.7

70.3 47.2

13.5 385.5 164.5 443.8 184.5

264.5 522.3 215.0 164.6 337.3

6 346.0

1977

1 115.5 987.8 293.3 34.2 92.9

25.3 26.9 35.7 73.8

182.0

222.2 210.0 220.1 69.4 46.6

13.5 358.3 164.1 442.6 183.6

265.2 522.4 213.9 162.1 338.5

6 327.0

Taux moyen accr. annuel

-0.4 -0.5 -0.2 -0.6 -0.1

-0.9 -0.7 -1.8

0.3 0.1

-0.9 -1.9

0.1 -1.4 -1.2

-0.7 -0.3 -0.7

0.01 -0.4

-0.1 -0.3 -0.3 -1.3 -0.1

-0.4

Source: Union de Banques Suisses, «La Suisse en chiffres».

* Cantons ayant un taux de croissance positif de la population.

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efforts assez à la base. Par ailleurs, si la reprise devait tarder à s'affirmer, il faut s'attendre que les entreprises des cantons faibles épuisent «leurs réserves» avant celles des cantons forts : le ralentissement prolongé pèserait donc aussi plus lour­dement sur les zones en retard; la Suisse rejoindrait simplement, avec un certain décalage, une situation qui existe déjà dans plusieurs pays étrangers. Ainsi, en période de dépression, l'intervention destinée à corriger les disparités

régionales s'avère difficile. Mais, avec ou sans reprise durable, une telle action pu­blique est nécessaire dans la Confédération. Encore conviendra-t-il de la bien doser, ce qui ne sera sûrement pas chose facile.

Tableau 10 Evolution réelle du revenu cantonal global 1973-1977

(en millions de francs de 1973)

Années 1973 1974 1975 1976 1977 Taux moyen accr. annuel

Cantons

ZH BE LU

*UR *SZ

OW NW GL *ZG *FR

SO BS BL SH AE

•AI SG GR AG TG

TI VD VS NE *GE

CH

24104 15 175 4165 412

1118

277 390 633

1794 2158

3 667 6 655 4078 1211 676

142 5 410 2 424 7 488 2 727

3 871 9 056 2 866 2 837 8 400

111745

24149 15 186 4172 413

1119

278 394 631

1806 2166

3 683 6613 4114 1209

676

142 5 421 2 421 7 519 2 740

3 881 9 059 2 870 2 831 8 407

111903

22 438 14137 3 883

386 1044

258 366 584

1688 2 024

3 423 6112 3 815 1115

628

131 5 038 2 260 6 988 2 545

3 618 8 433 2 668 2 605 7 842

104 032

22 299 14 038 3 877 386

1040

257 364 576

1688 2024

3 385 6041 3 765 1100

624

132 5 011 2 250 6 949 2530

3 605 8 404 2 645 2 562 7 836

103 440

23 211 14447 3 987 430

1 146

265 468 564

1913 2 214

3 353 6 020 4024 1102 631

143 5 386 2 370 7 309 2 672

3 663 8 436 2 676 2 474 8 483

107 290

-1.0 -1.2 -1.1 1.1 0.6

-1.1 -1.5 -2.8 1.6 0.6

-2.2 -2.5 -0.4 -2.3

T>.7

0.1 -0.1 -0.5 -0.6 -0.5

-1.4 -1.8 -1.7 -3.4 0.2

-1.0

Source: Ces chiffres sont calculés sur la base du revenu cantonal établi par l'Union de Banques Suisses.

* Cantons ayant un taux de croissance positif du revenu réel global.

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Zusammenfassung

Die Verminderung regionaler Unterschiede in einer Periode verlangsamten Wachstums: der Fall der Schweiz

Die Anwendung der Methode der Variationskoeffizienten und die Untersuchung der Komponenten des Pro-Kopf-Einkommens zeigen, dass das langsamere Wachstum eine leichte Erhöhung der Pro-Kopf-Disparitäten herbeigeführt hat, wobei die globalen Unterschiede gleichgeblieben sind. Paradoxerweise sind die einkommensstarken Kantone konjunkturanfälliger als die einkommensschwächeren, ein Re­sultat, das durch den Vergleich der wirtschaftlichen Entwicklung der Kantone ermittelt wurde. In diesem Zusammenhang ist eine auf vermehrte interregionale Gleichheit abzielende Politik besonders notwendig. Eine solche ist aber nur schwer realisierbar. Der politisch am ehesten gangbare Weg liegt in einer differenzierten Unterstützung der schwachen und der starken Kantone, was methodisch eine kon­zentrierte Dezentralisierung impliziert.

Résumé

La correction des disparités régionales en période de ralentissement économique: le cas de la Suisse

L'application de la méthode des coefficients de variation et l'étude des composantes du revenu par tête des cantons montrent que le ralentissement économique - s'il a laissé les disparités globales intactes - a induit un léger accroissement des disparités par tête. Paradoxalement, l'analyse par la méthode de la typologie des cantons fait ressortir que les cantons forts ont été les plus sensibles. Dans ce contexte, une politique de rééquilibre régional apparaît particulièrement nécessaire, mais très difficile à réaliser. Elle doit être une solution de promotion différenciée des cantons faibles et des cantons forts et la voie la plus indiquée est celle de la décentralisation concentrée.

Summary

Correcting Regional Inequalities in Period of Economic lagging: the Case of Switzerland

The application of method of variation coefficients and the study of per capita income components show that economic lagging - if it has left untouched bulk disparities - has caused a slight increase in per capita disparities. Paradoxically, analysis by method of cantonal typology shows that economically strong cantons have been most touched. In this context, a policy aiming at regaining regional balance seems necessary, but is difficult to realize. The solution is to be found in a differenciated furtherance of strong and weak cantons, and the best way would be that of concentrated decentralization.

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LITERATUR/BIBLIOGRAPHIE

Cirillo, Renato

The Economics of Vilfredo Pareto. London, Frank Cass and Company Limited. X, 148 p.

Tandis que de nombreux livres et articles ont été publiés en langues française, italienne, allemande et surtout en langue anglaise concernant la sociologie de Vilfredo Parerò, jusqu'ici il n'y avait pas d'ouvrage faisant connaître d'une manière méthodique, approfondie et pré­cise l'ensemble de son œuvre économique. Et cependant comme Léon Walras, Pareto a été le fondateur de ce qu'on appelle la doctrine économique de l'Ecole de Lausanne. Cette lacune importante vient d'être heureusement comblée par la publication du livre ci-dessus de Re­nato Cirillo, professeur d'économie politique à l'Université d'Alberta (Edmonton, Canada).

Si une publication consacrée entièrement à la doctrine économique de Vilfredo Pareto a paru avec autant de retard, cela tient à deux obstacles majeurs que l'auteur de ce livre a bril­lamment franchis.

Le premier obstacle résidait dans l'étendue de l'œuvre de Pareto et dans la dispersion de ses idées économiques. Celles-ci ne se trouvent pas seulement dans le Cours, le Manuel et Les Systèmes socialistes, mais aussi dans son monumental Traité de Sociologie générale et dans les œuvres en langue italienne qui n'ont pas été traduites en français. Rééditées de 1964 à 1970 par Giovanni Busino, ces œuvres comprennent 14 volumes (non compris les trois gros volu­mes de lettres de Pareto à Maffeo Pantaleoni). Il fallait un économiste comme R.Cirillo qui connaisse parfaitement le français et l'italien en même temps que l'anglais et l'allemand pour effectuer directement les recherches nécessaires dans l'ensemble des œuvres de Pareto.

Le second obstacle qui s'était opposé jusqu'ici à la publication d'un livre méthodique et synthétique sur les idées économiques de Vilfredo Pareto a résidé dans l'évolution de cel­les-ci. Lorsqu'il était encore dans les affaires, Pareto était un fervent adepte du laisser-faire et du laisser-passer. Mais déjà en 1902 en publiant les Systèmes socialistes, il désigne le lais­ser-faire comme une utopie libérale. En outre, sa philosophie économique se situe de plus en plus entre le capitalisme et le collectivisme. Dans le même ouvrage, il montre que le laisser-faire, caché sous le masque du «libéralisme», est une doctrine des gens satisfaits dont l'échec est responsable souvent de la réaction métaphysique des doctrines collectivistes et autres. A partir du début du XXe siècle les idées économiques de Pareto sont nuancées et pondérées. Il considère que seuls les esprits simplistes croient que les choses sont soit excel­lentes soit abominables, et qu'ils ne voient pas que la vérité se situe souvent dans une voie moyenne. En dernière analyse, il pense que l'expérience seule doit décider, dans les divers cas considérés, si l'Etat doit intervenir dans le domaine économique et comment il doit interve­nir.

On comprend qu'une telle évolution dans la pensée économique de Pareto rend difficile son analyse lorsqu'on ne veut pas le trahir. Il convient de se référer directement aux textes qu'il a publiés au cours de sa vie et non pas se baser sur les opinions de seconde main, comme l'ont fait la plupart de ses commentateurs. En se référant directement aux idées économiques exprimées dans les publications de Pareto, Renato Cirillo a ainsi montré que sa pensée -surtout vers la fin de sa vie - n'est pas loin de la doctrine économique de Léon Walras, son prédécesseur à l'Université de Lausanne, bien que la majorité des économistes qui ont écrit sur Pareto considèrent que sa politique économique et plus encore sa doctrine sociale se situent à l'opposé de celles de Léon Walras.

Schweiz. Zeitschrift für Volkswirtschaft und Statistik, Heft 2 1979

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Malgré les obstacles qui viennent d'être indiqués, le professeur Cirillo a réussi à donner, dans son livre The Economies of Vilfredo Pareto, une analyse à la fois précise et pénétrante de l'évolution de ses idées économiques.

L'auteur a divisé le sujet en un nombre limité de problèmes, ce qui permet au lecteur d'em­brasser aisément la doctrine économique de Pareto malgré sa complexité. Après une biogra­phie de Pareto, R. Cirillo a exposé sa méthode des approximations successives - méthode qui se rapproche de celle que Léon Walras avait suivie dans l'exposé de son œuvre économique. Il analyse ensuite successivement la notion d'optimum de Pareto et celle de l'économie de bien-être, sa loi de la distribution des revenus, sa théorie de l'utilité et de l'équilibre économi­que général, et enfin les contributions mineures de Pareto à la théorie économique: celles concernant le capital, la rente, la théorie de l'entreprise, les théories des monopoles et des autres formes de la concurrence imparfaite, la théorie de la monnaie, les théories des fluctua­tions économiques, sa théorie du commerce international et son analyse des économies col­lectivistes.

Ainsi, le livre de R. Cirillo constitue un instrument de travail indispensable pour tous ceux qui étudient l'histoire de la pensée économique. L'abondante bibliographie qui figure à la fin de cet ouvrage leur permettra de continuer les recherches sur la pensée de Pareto non seule­ment dans le domaine économique mais aussi dans le domaine sociologique, puisque dans cette bibliographie l'auteur a consacré toute une partie aux études publiées sur la sociologie de Pareto. Firmin Oulès, Lutry

Stabilität im Wandel

Wirtschaft und Politik unter dem evolutionsbedingten Diktat: Festschrift für Bruno Gleitze zum 75. Geburtstage, hg. von Bodo B.Gemper. Berlin 1978. Verlag Duncker & Humblot.

645 S. Geb. DM 178.-.

Bruno Gleitze als Wirtschafts- und Kulturforscher

Mit einer Bibliographie als Festgabe anlässlich seines 75. Geburtstages, hg. von Karl C. Thalheim in Verbindung mit Wolfgang Förster und Konrad Merkel. Berlin 1978. Verlag

Duncker & Humblot. 88 S. DM 24.-.

Geradlinigkeit und standfester Charakter, auch in Zeiten des Wandels, selbst lebhaftester Wirren, zeichnen die Persönlichkeit von Professor Dr. Bruno Gleitze aus, dem zu seinem 75. Geburtstage neben einer Festgabe auch eine Festschrift gewidmet wurden. Beide Publi­kationen würdigen den Lebensgang und die wissenschaftlichen Leistungen eines Mannes, der sich vor allem als Wirtschafts- und Kulturforscher sowie als Wirtschaftsdiagnostiker und Forscher der DDR-Wirtschaft weit über die Grenzen der Bundesrepublik Deutschland einen Namen machte.

Bruno Gleitzes Werk zu würdigen heisst an sein ständiges Bemühen um eine freie Gesell­schaft und an eine bewusst sozial gestaltete Marktwirtschaft zu erinnern. In diesem Sinne ist es dem Herausgeber der Festschrift, Prof. Dr. Bodo B. Gemper, Gesamthochschule Siegen, gelungen, entgegen dem Gewohnten, eine Festschrift zu gestalten, deren Beiträge, weitge­hend einem roten Faden folgend, von vornherein auf eine Konzeption verpflichtet wurden, die der Persönlichkeit des Jubilars gerecht werden. Vor allem in seiner Vorbemerkung be­weist sich der Herausgeber als ein schöpferischer Interpret, wenn er zum Ausdruck bringt, dass Stabilität und Wandel zwei Elemente sind, «die in ihrer Verbindung zum Widerspruch herausfordern», aber auch als Formel «Stabilität im Wandel» sowohl Probleme als auch

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Persönlichkeiten charakterisieren können (S. 7), die «in einer freiheitlichen Staats- und Wirt­schaftsordnung ... für den charakteristischen ständigen Balanceakt zwischen Freiheit und Ordnung, zwischen Flexibilität und Starre, zwischen Wendigkeit und Schwerfälligkeit, -kurz: zwischen dem Drang zum Aktivsein und dem Hang zum Reaktiven oder zwischen Ste­tigkeit der Entwicklung und Beharrung» (S.9) kennzeichnend sind.

Unter diesem Leitgedanken würdigen auch Bundeskanzler Helmut Schmidt in einem Grusswort und Heinz Markmann, Direktor des Wirtschafts- und Sozialwissenschaftlichen Instituts des Deutschen Gewerkschaftsbundes, in einem Aufriss über Bruno Gleitzes Ver­dienste um das Wirtschaftswissenschaftliche Institut der Gewerkschaften (WWI) im einlei­tenden Teil der Festschrift die Leistungen des Jubilars. Aus den beiden Artikeln wird deut­lich, wie sich der Geehrte stets den Herausforderungen unserer Zeit gestellt hat und welches sichere Gefühl genuiner ethischer Ortsbestimmung ihm eigen ist. Im Anschluss daran wer­den von einem Nobelpreisträger, drei Bundesministern im Amte, zwei Staatssekretären, anerkannten Wirtschafts- und Sozialwissenschaftern und profunden Sachkennern des öf­fentlichen Lebens und der Wirtschaft in vierzig Beiträgen Themen entlang des gemeinsamen Nenners von «Wirtschaft und Politik unter dem evolutionsbedingten Diktat» behandelt, die in folgende sieben Problemkreise gegliedert sind : 1. Stabilität und Wandel

Oswald von Nell-Breuning: Stabilität, Flexibilität, Mobilität; Ludwig Dohmen: Modi­sche Tendenzen im wirtschaftspolitischen Denken; Elisabeth Noelle-Neumann: Die Mu­tation der Zeitung in der Aera des Fernsehens.

2. Beschäftigungsniveau und Wirtschaftsordnung Jan Tinbergen: Beschäftigungsförderung ohne Preissteigerung; Gernot Gutmann: Das Beschäftigungsproblem in kollektivistischen Wirtschaftsordnungen; Lothar F.Neu­mann: Sozialökonomische und sozialpolitische Beiträge zu Problemen des Arbeitsmark­tes; Josef Stingi: Möglichkeiten und Grenzen der Arbeitsmarktpolitik; Bodo B.Gemper: «Recht auf Arbeit» - Politikum oder Problem ökonomischer Gesetzmässigkeit und Rea­lisierbarkeit?

3. Struktur und Funktionen sozialer Systeme Wilhelm Haferkamp: Wandel und Stabilität in der Weltwirtschaft; Otto Schlecht: Deut­sche Lokomotive oder Europäischer Konvoi in der Wirtschaftspolitik?; Karl C.Thal­heim : Aktuelle Funktionsprobleme einer zentral geplanten und gelenkten Wirtschaft im Spiegel der Diskussionen in der DDR; Wilhelm Hankel: Integrationsdefizit: Währungs­politik; Friedrich Geigant: Gralshüter im Tempel der reinen Sachgesetzlichkeit?- Zur Rolle des SachVerstandes in der Geld- und Kreditpolitik; Udo Kollatz: Deutschland zwi­schen Vergangenheit und Zukunft - Verständnisdefizit in unserem Verhältnis zur Dritten Welt; Bernhard Kapp: Ost-West-Kompensationsgeschäfte - Ein Anachronismus?

4. Sozialparteien in der Verantwortung Hans Bolewski: Ortsbestimmung der Ethik; Ernst Günter Vetter: Gewerkschaften in ei­ner liberalen Ordnung; Winfried Pahlow: Das dynamische Element im Unternehmerver­halten; Ernst Wolf Mommsen: Die gesellschaftspolitische Verantwortung des Unterneh­mers; Werner Steuer: Die Grenzen der Tarifautonomie; Wolfgang Schertz: Tarifgestal­tung zwischen Innovationsnotwendigkeit und sozialer Verpflichtung; Heinz Oskar Vet­ter: Wissenschaftliche Politikberatung der Gewerkschaften und gewerkschaftliche Wis­senschaftspolitik.

5. Struktur und Verteilung, Toleranzbereiche freiheitlicher Gesellschaftsordnung Wilhelm Krelle: Massnahmen und Pläne zur gleichmässigeren Vermögensverteilung in der Bundesrepublik Deutschland; Hermann Adam : Realisierungschancen vermögenspo­litischer Konzeptionen; Volker Hauff: Strukturwandel, technischer Fortschritt und so-

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ziale Verantwortung; Hans-Rudolf Peters: Ordnungspolitische Grenzen sektoraler Strukturpolitik in marktwirtschaftlich orientierten Ordnungen; Rolf Krengel: Zur Ab­hängigkeit der Bruttoproduktion und der Produktionsfaktoren Arbeit und Kapital von der sektoralen Struktur der Endnachfrage in der Bundesrepublik Deutschland - Ergeb­nisse der Input-Output-Rechnung des DIW 1962 und 1972; Herbert Ehrenberg: Die Rolle der Steinkohle in der deutschen Energiepolitik; Peter Rosenberg: Zur Interdepen-denz von Sozial- und Gesundheitspolitik - Probleme und Gestaltungsmöglichkeiten ei­nes Systems der Gesundheitssicherung.

6. Öffentliche Wirtschaft zwischen Politik und Recht Hans Apel: Länderinteressen und gesamtstaatliche Handlungsfähigkeit; Herbert Weich­mann: Die Verschuldungsgrenze der öffentlichen Hand; Fritz Fabricius: Der Einflussder Europäischen Sozialcharta auf nationale rechtliche Bewertungen von Streik und Aussper­rung - an Grundsatzfragen dargestellt am Bundesrecht der Bundesrepublik Deutschland; Robert Weimar: Zur Funktionalität der Umweltgesetzgebung im industriellen Wachs-tumsprozess; Walter Hesselbach: Gemeinwirtschaftliche Aufgaben im Konzentrations-prozess.

7. Alternativen als Reformimpulse Rudolf Meimberg: Zur Frage des Vorhandenseins von Alternativen unter marktwirt­schaftlich geprägten Wirtschaftsordnungen; Ludwig Bress: Die Bewältigung technologi­scher Umbrüche - ein Paradigmawechsel für die DDR-Forschung?; Ludwig Bussmann: Zum Zeitbedarf von politischen Innovationen; Philipp Herder-Dorneich: Nicht-Markt-Ökonomik als Theorie der Sozialpolitik; Gerwulf Singer: Legitimation im Spätkapita­lismus - Anmerkungen zu Jürgen Habermas' Konsensustheorie der Wahrheit; Karl Kühne: Die neuere Imperialismusdebatte. Die Fülle der behandelten Themen, die sachlich, bisweilen originell sind und vielfach

pointierte Aussagen enthalten, lässt leider, des knappen Raumes wegen, ein näheres Einge­hen nicht zu. Die Beiträge entwerfen ein instruktives Bild zu den gegenwärtigen Diskussio­nen und enthalten erwägenswerte Anregungen zu deren Lösung.

Die Festschrift ist ein zeitgeschichtliches Dokument und spiegelt durch die thematisch gestaltete Formel «Stabilität im Wandel» ein reichhaltiges Repertoire wissenschaftlicher Be­standesaufnahme wider. Sie ist ein fundiertes Fachbuch, das über anstehende Fragen in un­serer Gesellschaft umfassend informiert.

Auch die im gleichen Verlag parallel erschienene Festgabe «Bruno Gleitze als Wirt­schafts- und Kulturforscher», die von Professor Dr. Karl C. Thalheim, Freie Universität Berlin, herausgegeben wurde und den Lebensgang und die wissenschaftlichen Leistungen des Jubilars nachzeichnet und eine Bibliographie aller von Bruno Gleitze verfassten Schrif­ten enthält, beweist, welchen hohen Stellenwert der Geehrte besitzt. Es ist das Verdienst der Forschungsstelle für gesamtdeutsche wirtschaftliche und soziale Fragen, mit der vorliegen­den Festgabe eine lückenlose Bibliographie zusammengestellt zu haben, die es erlaubt, das wissenschaftliche Lebenswerk Bruno Gleitzes für die weitere Forschung und die wirtschafts­politische Praxis intensiver aufzubereiten. Ferner ist hervorzuheben, dass in Erfüllung eines besonderen Wunsches des Jubilars eine Dokumentation über seinen seit 1976 allseits akzep­tierten Vorschlag einer «Nationalen Energiereserve», den Bruno Gleitze als Minister für Wirtschaft, Mittelstand und Verkehr des Bundeslandes Nordrhein-Westfalen im Jahre 1967 zur Diskussion stellte, in die vorliegende Festgabe als Schlussbeitrag mit aufgenommen wurde. Olaf J. Böhme, Pfaffhausen ZH

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Werder, Michael

Eigentum und Verfassungswandel. Eine Untersuchung der anthropologischen Bedingtheit der Eigentumsordnung und ihrer verfassungsrechtlichen Gewährleistung. Diessenhofen

1978. Verlag Rüegger. IX, 464, XXVII S. Fr. 38.-.

Eigentum und Eigentumspolitik.

Ein Beitrag zur Totalrevision der Schweizerischen Bundesverfassung. Von Hans-Christoph Binswanger u.a. Zürich 1978. Schulthess Polygraphischer Verlag. VII, 178 S. Fr. 38.-.

Das Ziel der umfangreichen Berner Dissertation von Michael Werder ist der Abbau der Vorstellung, die Eigentumsgarantie sei ein präpositiv determiniertes Institut und mithin sei auch das Eigentumsrecht wenigstens in seinem Wesenskern unantastbar und dadurch sogar dem Willen des Verfassunggebers entzogen. Das Buch wäre nicht notwendig, wenn nicht offenbar in der Rechtswissenschaft nach wie vor naturrechtliche, anthropologisch-philoso­phische und vielleicht sogar theologisch fundierte Vorstellungen über dem Willen der Men­schen entzogene Rechtsgrundsätze bestünden. Die wohl überwiegend dezisionistisch orien­tierte Nationalökonomie tut sich in dieser Hinsicht heute leichter, jedoch sind die Zeiten Euckenscher und vor allem Röpkescher und Rüstowscher Ordnungstheorie noch nicht so lange überwunden, und sogar die neueste Entwicklung liberaler Eigentumstheorie scheint nicht immer ohne die Behauptung anthropologischer Konstanten auszukommen.

Im ersten Teil liefert Werder einen kenntnisreichen geistes- und rechtsgeschichtlichen Überblick über die Entwicklung und Begründung der angeblichen präpositiven Stellung des Eigentumsrechts. Eingeschlossen ist dabei bereits eine logisch-theoretische Kritik am natur­rechtlichen und anthropologisch-philosophischen Denkstil.

Die eigentliche Beweisführung gegen den behaupteten präpositiven Charakter des Eigen­tumsrechts vollzieht sich jedoch auf empirische Weise im zweiten Teil. Hierfür hat der erste Teil die angeblichen menschlichen Wesenskonstanten herausgearbeitet, die nach Meinung des Naturrechts und der philosophischen Anthropologie die Existenz des Privateigentums als notwendig für eine menschengerechte Existenz erscheinen lassen. Nach einer sauberen Analyse der mit dem Eigentumsrecht verbundenen Beziehungen zwischen dem Eigentümer, dem Eigentumsobjekt und den vom Eigentum ausgeschlossenen, aber durch das Eigentum betroffenen Dritten folgt eine sehr breit angelegte empirisch-anthropologische Analyse des tatsächlichen Vorkommens des Privateigentums in kulturvergleichender und historischer Sicht. Diese Analyse wird durch interessante Hinweise aus Sprachforschung, Psychologie und Psychoanalyse ergänzt, wobei allerdings der Charakter der psychologischen und psy­choanalytischen Ausführungen, verglichen mit denjenigen der empirischen Anthropologie, zuweilen einen spekulativeren Eindruck hinterlässt. Jedenfalls ist aber die Fülle des verarbei­teten und im Buch ausgebreiteten Materials überaus beeindruckend, wobei der interdiszipli­näre Charakter der Beweisführung ja eben nicht nur die Sammlung, sondern auch die Be­herrschung des umfangreichen Materials erfordert. Werder ist hier eine seltene und bewun­dernswerte Leistung gelungen.

Das Ergebnis aller Untersuchungen ist der Nachweis, dass anthropologische Konstanten in der Eigentumsordnung nicht nachgewiesen werden können, womit die naturrechtlichen und philosophisch-anthropologischen Behauptungen als widerlegt gelten können. Allenfalls gibt es schwache Regelmässigkeiten etwa von der Art, dass, wo überhaupt ein Privateigen­tum nachgewiesen werden kann, dieses vor allem und oft ausschliesslich die unmittelbaren Gebrauchsgüter, Werkzeuge usw. des Menschen betrifft. Ferner kommt das Privateigentum mit einer gewissen Regelmässigkeit - aber nicht mehr ! - in Gesellschaften individualisti-

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sehen und kompetitiven Charakters vor. Dies trifft unter anderem auch für unsere eigene Gesellschaft zu, die von Werder kulturvergleichend analysiert und eingeordnet wird. Er zeigt dabei, dass die - wohl etwas überzeichnete - liberal-kapitalistische Gesellschaftsordnung des neunzehnten Jahrhunderts hinsichtlich der privaten Eigentumsordnung einen historischen und kulturellen Extremfall darstellt, der sich allerdings im Verlauf der letzten hundert Jahre in mancher Hinsicht bereits etwas abgemildert hat.

Das allgemeine Ergebnis von Werders Arbeit besteht also in dem Nachweis, dass die Ei­gentumsordnung geschichtlich und kulturell determiniert und damit aber eben auch wan­delbar ist. Der Verfassunggeber ist nicht an angebliche menschliche Wesenskonstanten ge­bunden. Auf der anderen Seite kann aber die geschichtliche und kulturelle Realität dem Ver­fassunggeber gewisse Limiten für das Tempo des Verfassungswandels auferlegen. Dies än­dert aber nicht grundsätzlich, dass die Eigentumsordnung im Prinzip, und zwar auch in ih­rem Wesenskern dem Verfassunggeber zur Disposition steht.

Auf dieser Basis bejaht Werder im dritten und letzten Teil die Tendenz, die in dem Kom­missionsprojekt für die Totalrevision der Bundesverfassung hinsichtlich der Eigentumsord­nung sichtbar wird, wobei er allerdings im Detail noch einige nicht unwichtige Änderungs­vorschläge macht. Gegen die Argumentation in diesem dritten Teil sind ähnliche Einwen­dungen zu erheben wie gegen das im weiteren noch zu besprechende Buch von Binswanger. Immerhin sei aber hier bereits gesagt, dass sich Werder bei weitem differenzierter äussert als Binswanger. Insgesamt muss die Arbeit von Werder als eine herausragende Leistung be­zeichnet werden. Gewisse Schönheitsfehler wie vor allem die zahlreichen Fehler in den fremdsprachigen Zitaten können das Gesamtbild nicht beeinträchtigen. Dem Buch ist eine weite Verbreitung zu wünschen, und potentielle Leser sollten sich auch von dem gewaltigen Umfang nicht schrecken lassen, denn er ist der Sache angemessen.

Aus dem Nachweis, dass das Eigentumsrecht zur Disposition des Verfassunggebers steht, folgt über die konkreten Eigenschaften einer wünschbaren oder auch nur einer unter den gegenwärtigen politischen, kulturellen, gesellschaftlichen und wirtschaftlichen Verhältnis­sen funktionsfähigen Eigentumsordnung noch gar nichts. Aussagen darüber müssten auf ei­ner gründlichen Funktionsanalyse des gegenwärtigen Eigentumsrechts und der allfälligen vorgeschlagenen Alternativen beruhen. Eine solche Funktionsanalyse hat Werder nicht vor­genommen, was auch erklärtermassen nicht die Absicht seines auch ohne dies schon beein­druckenden Werks gewesen ist. Immerhin sind unter diesen Umständen seine Ausführungen über den Verfassungsentwurf im wesentlichen als höchst private Ansichten zu qualifizieren, die sich nur sehr begrenzt auf die übrigen Ausführungen seines Buchs stützen können. Gra­vierend ist der Mangel einer sorgfältigen Funktionsanalyse jedoch für das Buch von Bins­wanger, an dem unter anderem auch Werder mitgearbeitet hat.

Nachdem im Buch von Binswanger ähnlich wie bei Werder dargelegt wird, dass die Ei­gentumsordnung zur Disposition des Verfassunggebers steht, wird gefordert, dass der Ver­fassunggeber und der Gesetzgeber von dieser Dispositionsfreiheit auch Gebrauch machen. Bei Binswanger und im Verfassungsprojekt verschiebt sich interessanterweise das Gewicht stark vom Verfassung- zum Gesetzgeber, während Werder in dieser Frage fast immer nur vom Verfassunggeber spricht. Die Frage ist unter dem Aspekt des Tempos der Veränderung der Eigentumsordnung offenkundig von beträchtlicher Bedeutung. Schätzt man das evolu­tionär zu verkraftende Veränderungstempo als eher gering ein und hält man überdies den föderalistischen Schutz territorialer Minderheiten hoch, so wird man eine Verlagerung von allzu viel Dispositionsfreiheit auf den Gesetzgeber kaum unterstützen, auch wenn man grundsätzlich der Auffassung ist, dass die Eigentumsordnung zur verändernden Disposition steht.

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Bei Binswanger geht es aber nicht nur darum, dem Gesetzgeber Kompetenzen in der Ei­gentumsordnung zu verschaffen. Vielmehr werden auch ganz konkrete Vorschläge, insbe­sondere im Bereich des Boden-, Umwelt- und Unternehmungsrechts gemacht. Die Basis die­ser Vorschläge ist eine rudimentäre Funktionsanalyse der gegenwärtigen Eigentumsord­nung in diesen Bereichen, mit der viele Übel der Gegenwart pauschal auf die geltende Eigen­tumsordnung zurückgeführt werden. In den Begründungen befindet sich Binswanger nicht selten in klarem Gegensatz zur herrschenden Meinung der nationalökonomischen Theorie. In vielen Fällen möchte man ohne grosse Skrupel sagen, dass die Analyse ganz einfach falsch ist. Was fast völlig fehlt, ist eine Funktionsanalyse der von Binswanger vorgeschlagenen Neuerungen. Auch wenn man zugesteht, dass der Neuerer immer in einem gewissen Beweis­notstand steht, hätte man in dieser Hinsicht doch wesentlich mehr verlangen müssen. Insbe­sondere bleibt unklar, woher Binswanger den Optimismus nimmt, dass kollektive Entschei-dungsprozesse ohne weiteres zu günstigeren gesellschaftlichen Ergebnissen führen als indivi­duelle. Bei Werder finden sich zu diesem Thema beherzigenswerte Warnungen. Wenn sich nämlich die Mitglieder des kollektiven EntScheidungsprozesses von der gleichen Mentalität und ähnlichen Interessen leiten lassen wie die Akteure der Individualentscheidung ist eine Überlegenheit des kollektiven EntScheidungsprozesses alles andere als zwingend. Empiri­sches Material hierzu ist massenhaft der Politologie und insbesondere der ökonomischen Theorie der Politik zu entnehmen.

Angesichts der äusserst mangelhaften bzw. fehlenden Funktionsanalyse des Status quo und der möglichen und der vorgeschlagenen Alternativen, die unter anderem auch mit einer mangelhaften Verarbeitung der ökonomischen Literatur zu dem Thema zusammenhängen dürfte, sind die Vorschläge von Binswanger auf Sand gebaut. Zeitlich und teilweise sogar personell koordiniert sind hier zwei überaus verschiedene Bücher entstanden: die hervorra­gende Arbeit Werders und das höchst unbefriedigende Gutachten Binswangers.

Henner Kleinewefers, Fribourg

Riboud, Jacques

Mécanique des Monnaies d'Aujourd'hui et de Demain. Paris 1978. Editions de la Revue Po :

litique et Parlemantaire, Armand Colin. 459 p.

Par «mécanique des monnaies» l'auteur entend une explication cohérente des phénomè­nes monétaires et paramonétaires, considérés à la fois dans leurs relations mutuelles et dans leurs interdépendances avec les facteurs externes d'ordre économique, technologique, éduca­tif, fiscal, social, politique, etc. Une telle analyse doit être élaborée en vue de favoriser la régu­lation monétaire et, grâce à celle-ci, de contribuer à l'expansion et à la régulation de l'ensem­ble de l'économie. Car, comme l'écrit J. Riboud, dans son avant-propos, «on ne parviendra pas à organiser l'économie, à régler les échanges à l'intérieur des Etats et entre les Etats tant qu'on ne connaîtra pas bien les mécanismes naturels ou dirigés, spontanés ou volontaires, auxquels obéissent, ou auxquels commandent les signes monétaires, et tant que ne seront pas résolues les divergences qui séparent à leur propos tant de bons esprits».

Comme on le voit, cet ouvrage s'adresse à ceux qui, à l'Université, dans la banque, dans l'administration, dans les affaires et plus généralement dans le grand public, cherchent à mieux comprendre les phénomènes monétaires liés aux phénomènes économiques, afin de pouvoir mieux commander aux uns et aux autres en remontant aux causes et en utilisant judicieusement les interdépendances.

Certes, l'auteur fait partie de ceux qui se disent monétaristes. Mais il est avant tout réa­liste, objectif et non exclusif de la prise en considération des facteurs extra-monétaires dans

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l'explication des processus de fonctionnement de l'économie et dans l'élaboration de la poli­tique économique. Il se sépare donc nettement de ce qu'on pourrait appeler les monétaristes relativement subjugués, comme l'étaient après la Première Guerre mondiale Gustave Cassel et Charles Rist, ou même absolument envoûtés comme feu Jacques Rueff ou Milton Fried­man. Car ces monétaristes expliquent uniquement l'inflation, les mouvements importants et la tendance générale des prix par les variations de la circulation monétaire, envisagée d'ail­leurs souvent d'une manière simpliste. Ils pensent même que le seul moyen important et effi­cient auquel les pouvoirs publics peuvent recourir valablement pour stabiliser les prix, et par suite pour lutter efficacement contre l'inflation, se ramène à des actions sur la circulation monétaire.

Par son activité économique de promoteur immobilier, J. Riboud a pu observer directe­ment et suivre depuis longtemps la politique bancaire et monétaire, ce qui lui a permis de bien connaître les faits les plus significatifs et les défauts majeurs de cette politique. D'autre part, bien avant de prendre en 1966 la direction de la Revue Politique et Parlementaire, il avait commencé à rassembler un nombre impressionnant d'observations, d'opinions et d'interpré­tations contenues dans les diverses études sur la monnaie écrites dans les principales langues. Cette documentation lui a permis déjà en 1957 et en 1973 de publier deux ouvrages remar­quables sur LEurostable et sur La nature de la monnaie. Après avoir réfléchi encore plus lon­guement aux phénomènes monétaires, il vient de publier le présent ouvrage qui se situe à juste niveau entre les positions habituellement trop terre à terre de ceux qui appartiennent à la profession bancaire et la recherche universitaire qui, souvent en prenant trop d'altitude, perd pied avec la réalité.

Dans la première partie consacrée aux clés de l'analyse monétaire, l'auteur propose des idées-clés pour faire mieux comprendre le fonctionnement des diverses institutions monétai­res et paramonétaires: le système bancaire, les caisses d'épargne, les cartes de crédit, l'euro-marché, etc. D'après lui, pour atteindre ce but, ces idées-clés se ramènent à trois: 1° celle de règlement ou de paiement, qui est l'opération ultime d'échange des signes monétaires contre un apport ; 2° celle de compensation, qui est à la base du pouvoir de création d'instru­ments de paiement par un système bancaire; 3° celle de prélèvement, qui fait qu'un signe monétaire, juste après sa création, a la propriété de procurer, à celui qui le met pour la pre­mière fois en circulation, une certaine quantité de biens et services non gagnés, et par consé­quent de les prélever sur le fonds global de la collectivité ou sur le fonds de certaines catégo­ries sociales. Avec raison J. Riboud met en lumière comment les effets de la création d'une monnaie s'interprètent plus profondément et plus clairement lorsqu'ils sont examinés dans l'optique du prélèvement ainsi défini.

Il montre également que la distinction entre intermédiaires monétaires et intermédiaires non monétaires conduit notamment à prouver que l'aphorisme: «les prêts engendrent les dépôts» doit être limité aux crédits bancaires et ne s'applique pas aux autres prêts. Cette distinction permet aussi de rechercher si les euro-banques ont ou non un pouvoir de création monétaire - ce qui est très important à connaître actuellement étant donné l'énormité du montant des euro-dollars et des pétro-dollars. Cette distinction permet enfin de justifier que l'usage fait de la monnaie fraîchement créée, c'est-à-dire son affectation, doit faire l'objet de choix en fonction de l'intérêt général : notamment lorsqu'il s'agit, sur création monétaire, de financer des investissements productifs, ou des investissements d'infrastructure, ou encore des investissements de jouissance (biens de consommation à usage de longue durée).

La deuxième partie a pour objet la régulation monétaire et ses indicateurs. D'abord, l'au­teur indique qu'une des causes profondes de l'impuissance devant les désordres monétaires réside dans l'obstination à préférer l'évocation des disciplines disparues (étalon-or) à la re­cherche de nouveaux indicateurs. Car l'Etat ne peut laisser évoluer la circulation monétaire

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sans moteur, sans frein, c'est-à-dire sans instruments d'intervention et sans guide pour obte­nir sa régulation. L'expérience montre que ces indicateurs de régulation manquent, ou sont trop imprécis, ou encore sont défaillants dans certaines conjonctures en raison de leur effet global indifférencié qui les rend inadaptés si on n'a pas recours à l'attribution sélective des crédits bancaires et budgétaires.

Avec raison, l'auteur critique notamment la politique d'encadrement des crédits qui n'of­fre qu'une modulation insuffisante dans leur attribution (p. 222). Pour la remplacer, il pro­pose une politique sélective «en fonction de besoins classés d'après le critère de l'intérêt géné­ral» (p. 150).

D'une manière générale, il met en évidence les incertitudes qui affectent la régulation mo­nétaire, ses doctrines, ses indicateurs (Mp M2, M3) et ses moyens d'action. Il critique égale­ment l'inclusion, dans la masse monétaire, de créances qui ne servent pas aux paiements. Il entreprend de définir un indicateur qui tienne compte des effets que l'épargne et le crédit ont sur la vitesse de circulation de la monnaie de règlement.

En outre, il souligne qu'une faille importante dans la réglementation monétaire résulte de la confusion entre les instruments qui sont monnaie et ceux qui ne le sont pas parce qu'ils ne remplissent pas la fonction de règlement.

Avec raison, J. Riboud conclut que les analyses précédentes et les expériences du passé (John Law, assignats, IIIe Reich, etc.) justifient le rejet définitif du concept de monnaie gagée et celui de sa convertibilité.

La troisième partie a pour titre: «La monnaie composite, son futur et ses problèmes; V euros-table». Dans cette partie, l'auteur examine d'abord les motifs impérieux de la création d'une monnaie internationale, indépendante des cours du change et des prix, et qui ne soit pas en même temps monnaie nationale: de manière qu'un grand pays, comme les U.S.A. avec le dollar, ne puisse pas léser les autres pour satisfaire ses intérêts égoïstes à leur détriment.

Il explique comment une unité de compte, conçue comme un panier, à composition fixe, de monnaies nationales (par exemple le D. T. S., l'E. C. U., etc.) est impropre à servir d'étalon de référence des valeurs d'échange et d'instrument de réserve de monnaie.

Il rappelle la proposition qu'il a faite le 12 juin 1974, à la Société d'Economie politique de Paris, d'une unité de règlement apatride, réservée aux échanges financiers internationaux et dotée d'une caractéristique remarquable: un pouvoir d'achat constant.

Il consacre tout un chapitre à décrire les tests sur modèles exécutés, au Centre Jouffroy qu'il a créé à Paris pour la réflexion monétaire, avec cette unité qu'il dénomme l'Eurostable. Un autre chapitre répond à 30 questions relatives à ce qui pourrait être la future monnaie européenne. Tous ces développements sur la nécessité et l'urgence de création de l'Eurosta­ble et d'une monnaie internationale à pouvoir d'achat constant sont encore plus clairs, plus précis et plus convaincants que ceux qui se trouvent dans ses deux livres précédents sur la monnaie.

Au terme de son ouvrage dans sa fin de propos, J. Riboud constate que ses observations, ses analyses et ses recherches ont abouti à des enseignements qui se trouvent «souvent en désaccord avec les convictions qui prévalent, non chez les maîtres de la pensée économique contemporaine, mais dans le public et dans certains milieux professionnels» (p. 441). C'est pourquoi, en 21 contestations il résume ses conclusions en les opposant aux opinions tradi­tionnelles ou à certaines convictions plus ou moins récentes. Cette forme de conclusion lui donne l'occasion de rappeler les contradictions avec la réalité, voire l'absurdité de certaines de ces opinions ou convictions.

Ce n'est pas là la seule innovation dans la présentation de ses idées. Son livre contient trois autres innovations de présentation judicieuse ; malheureusement, je n'ai pas la place ici pour les indiquer assez explicitement.

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Malgré les résultats remarquables qu'il a obtenus et les progrès qu'il a fait faire à l'analyse des phénomènes monétaires et paramonétaires, sur la quatrième page de la couverture l'au­teur conclut modestement dans les termes suivants : «Ce livre n'a pas la prétention de propo­ser des solutions aux grands problèmes de l'Economie. Il cherche seulement à donner des réponses à des questions que l'on se pose sur le fonctionnement monétaire d'aujourd'hui, plus encore sur l'organisation monétaire de demain.»

Lorsqu'on a lu attentivement ce grand ouvrage et lorsqu'on a réfléchi longuement sur la portée des expériences concernant les phénomènes monétaires et paramonétaires qu'il a ana­lysés et interprétés, on est surpris par une telle modestie. Car ce livre est appelé à avoir un grand retentissement et même à faire date dans l'histoire des doctrines monétaires. D'autant plus qu'une traduction en langue anglaise, sous le titre: Mechanics of Money, est éditée à Londres par MacMillan en même temps que paraît l'édition française. En effet, on ne peut pas oublier la double impression qu'on a retirée de la lecture de cet ouvrage: il est dominé constamment par un esprit d'observation, de pénétration, d'objectivité et de pondération; en outre, il est animé par le souffle puissant et enthousiaste d'un grand économiste passionné de profondeur, de clarté, d'intelligibilité d'efficacité et de vérité. Cet esprit et ce souffle rendent sa lecture éclairante, aisée et même captivante. Firmin Oulès, Lutry

Moesch, Irene und Simmert, Diethard B.

Banken-Strukturen, Macht, Reformen. Köln 1976. Bund-Verlag. 125 S. DM 12.80.

Das schmale Bändchen «Banken - Strukturen, Macht, Reformen» informiert nicht nur über die engeren Bankenmachtaspekte, sondern vermittelt einen Überblick über Aufgaben und Struktur des Bankwesens in der Bundesrepublik Deutschland und analysiert auch die sogenannte «neue Geldpolitik». Im Hauptteil wird den verschiedenen Einflussmöglichkei­ten der Banken nachgegangen. In einem mehr informierenden Teil wird ein Überblick über die politisch vorläufig abgeschlossene Diskussion zum Komplex «Bankensicherheit» gege­ben.

In ihrer kritischen Analyse kommen die Autoren zum Ergebnis, dass zwar die einzelnen Einflussmöglichkeiten der Banken, isoliert betrachtet, keinen Anlass zur gravierenden Sorge um einen eventuellen Machtmissbrauch bieten. Erst das für die Realität bedeutsame Zusam­menwirken der einzelnen Machtinstrumente dürfte wirtschafts- und gesellschaftspolitische Signalwirkung haben. Diese Feststellung gelte indessen nicht generell, sondern konzentriere sich vielmehr auf einige grosse Banken. Toni Föllmi, Zürich

Stolz, Peter

Basler Wirtschaft in vor- und frühindustrieller Zeit, ökonomische Theorie und Wirtschafts­geschichte im Dialog. (Basler sozialökonomische Studien, Bd. 6.) Zürich 1977. Schulthess

Polygraphischer Verlag. V, 178 p. Fr. 28.-.

C'est un livre important que nous apporte Peter Stolz. D'abord par l'information qu'il contient sur quelques aspects majeurs de la vie économique et sociale de Bale du XVIIe au XIXe siècle: le développement de l'industrie des rubans de soie - dont on sait qu'elle fut à la base de la prospérité bâloise ; la conjoncture alimentaire de la cité rhénane et la sensibilité de celle-ci aux crises de ravitaillement; les politiques mises en œuvre par les autorités pour pal­lier ces crises; la participation des diverses couches sociales, ou socio-professionnelles, aux

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décisions en matière de politique économique; la distribution sociale de la fortune bâloise à la fin de l'Ancien Régime; et d'autres objets encore, en passant. Cette information, le plus souvent de première main, a été passée au tamis d'une critique serrée des sources, par un historien qui possède son métier. Elle rejette d'ailleurs le détail contingent, l'incidence mo­mentanée et répugne à l'anecdote, au prix d'une certaine sécheresse, pour explorer dans une longue durée (jusqu'en 1848 pour les crises, jusqu'en 1798 pour les autres aspects) les structu­res de comportement économique.

Mais au-delà de cette information, et dans la perspective d'une interprétation fondée sur des critères précis et rigoureux, c'est la discussion d'une méthode d'analyse qui préoccupe surtout l'auteur et qui constitue aussi l'apport le plus original du livre. Par sa formation, P. Stolz est économiste. Or, en se plongeant dans l'histoire économique de Bàie, il a constaté que celle-ci n'avait guère été abordée avant lui que par des historiens, auxquels avaient man­qué les éléments d'une approche théorique. Le cas bâlois n'étant d'ailleurs qu'exemple du fossé qui sépare partout l'histoire économique des historiens de celle des économistes (p. 160): proposer, dans un cadre concret des matériaux destinés à combler ce fossé, ouvrir un «dialogue» entre la théorie économique d'aujourd'hui et la réalité économique du passé -c'est là l'ambition de P. Stolz.

Pareille ambition n'est pas en soi nouvelle. L'auteur le sait, qui témoigne d'une connais­sance très étendue des tentatives ou expériences conduites dans ce sens, en Allemagne ou en Amérique. Il est cependant dommage qu'il n'ait pas tenu compte davantage des efforts, plus pragmatiques sans doute, mais aussi plus nuancés et en tout cas aussi suggestifs, des histo­riens économistes anglais (Postan, Mathias, Coleman, Deane, Feinstein, etc.) et français (Braudel, P. Léon, mentionnés chacun dans une note seulement, Chaunu, Bouvier, Lévy-Le-boyer; seul Ernest Labrousse est appelé par P.Stolz à la barre des grands témoins, voire au banc des accusés...). L'originalité de l'ouvrage sous revue n'est donc pas dans l'idée, mais dans l'essai de réalisation de celle-ci. D'abord parce que c'est l'un des premiers essais de cet ordre en Suisse, sans doute le premier à remonter au-delà du XIXe siècle, c'est à dire vers une époque où les données quantitatives fiables ne sont guère abondantes et exigent un traite­ment critique difficile. Ensuite, parce que rarement jusqu'ici le dialogue entre théorie et his­toire n'avait été aussi équilibré.

De cet équilibre, cependant, découle une ambiguïté, parmi quelques autres, de l'ouvrage : à qui s'adresse celui-ci? Tantôt P. Stolz historien parle aux économistes et les avertit de quel­ques vérités, principes ou précautions qui, pour les autres historiens, sont des lieux communs et relèvent du manuel élémentaire. Tantôt son collègue P. Stolz économiste démonte quel­ques mécanismes ou expose telle théorie familière à ses pairs, à l'intention des historiens ju­gés (à tort ou à raison) ignorants; c'est à ces derniers qu'est destiné, en dernière partie, un petit lexique des concepts théoriques ou des expressions du langage économique utilisés dans le corps du livre: était-il bien nécessaire? Cette incertitude quant au lecteur visé, ce souci didactique qui traverse tout le livre alourdit celui-ci d'un ton de pédanterie dont l'au­teur saura certainement se débarrasser dans ses prochains travaux. Le souci de démontrer, de convaincre, est assurément louable; mais il est ici suivi aux dépens de cette respiration, de cet appel à la sensibilité du lecteur, en un mot de cette vie, qui appartiennent aussi à un bon livre d'histoire, même d'histoire économique.

Il serait trop long de discuter en détail, dans ce compte rendu, tous les moments du dialo­gue bâlois où nous invite P. Stolz. Quatre moments en fait, quatre problèmes qui répondent à l'unité du lieu, du temps, de la méthode mais non à celle du sujet. Dans le premier, l'auteur cherche, et critique, les indicateurs du développement économique de Bâle (productivité du travail dans la rubannerie, qui se multiplie par 14 entre le milieu du XVIIe et la fin du XVIIIe

siècle, soit un taux d'augmentation annuel moyen de 2,2% ; construction; consommation de

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bois). Le deuxième moment est consacré aux crises de ravitaillement, surtout celles de 1815-1817 et 1845-1847. Stolz se réfère à la théorie de Labrousse, pour qui (sur l'exemple global de la France) les mauvaises récoltes sont préjudiciables au revenu paysan; mais,con­teste Stolz, la hausse des prix agricoles est plus que proportionnelle à la baisse de la produc­tion, ce qui est en effet certain ; donc le secteur rural devrait - en fonction d'un schéma théori­que rigide - tirer profit de la situation : Labrousse - e t d'autres après lui - ont bien dû consta­ter que tel n'était pas le cas. C'est que la structure du marché n'est pas aussi simple: le profit s'échappe, soit dans la poche des négociants intermédiaires qui le réinvestissent dans des opérations commerciales et surtout (au XVIIIe siècle) coloniales; soit dans celle de produc­teurs étrangers (des grands propriétaires, non les paysans) auxquels on est allé acheter une partie des grains qui manquaient ; soit encore dans les caisses du fisc. Il est probable que la théorie des crises de Labrousse ne fonctionne plus à Bàie - mais elle fonctionne bel et bien dans le royaume voisin. Dès lors, l'application d'un raisonnement économique théorique ap­paraît plus délicate que ne l'estime Stolz; elle doit tenir compte de la taille des espaces écono­miques considérés, de leur dépendance d'autres espaces, de leurs structures institutionnelles, etc. : autant de paramètres qui ne peuvent être négligés.

Dans un troisième moment, l'ouvrage aborde la relation entre la politique économique (celle des autorités bâloises) et l'économie politique, à propos du marché des grains et du pain. L'analyse est ici menée avec rigueur, mais aussi avec finesse. Je regretterai pourtant que la comparaison n'ait pas été faite avec d'autres villes-Etats dont la situation politique et éco­nomique était analogue: elle eût enrichi et nuancé le propos de l'auteur. Lorsque celui-ci affirme que la diminution du poids du pain vendu pour le même prix équivaut à une augmen­tation du prix, il a raison en théorie, ou du point de vue de Sirius, mais certainement pas à celui du consommateur, pour qui l'effet n'est pas le même, ni psychologiquement, ni écono­miquement. Les autorités de Venise ou de Genève le savaient dès les XVe aux XVIe siècles, qui recourraient à ce subterfuge pour éviter qu'une augmentation formelle d'un prix aussi sensible, socialement, que celui du pain ne provoque des troubles...

Pourquoi le dernier moment n'est-il pas le premier? En examinant la dialectique de la connaissance historique et de la théorie, en proposant avec beaucoup de précautions de rete­nir le concept de la rationnalité des choix économiques, P. Stolz donne, en quelque sorte ex post, la clef de sa pensée. On pourrait disserter longuement sur cette idée. L'auteur est cons­cient des dangers d'une application trop étroite; il en va comme de tous les critères de l'expli­cation historique: pris absolument, ils ne peuvent conduire qu'à des aberrations (Provi­dence; contrainte de la religion ou de l'idéologie; recours à la psychanalyse; matérialisme dialectique, etc.). Il n'est pas insensible à l'existence des «normes sociales» - il y fait une discrète allusion: mais derrière ces normes, c'est toute l'histoire des mentalités qui devrait être mise en cause. Il semble aussi suggérer - l'ai-je bien compris? - que le recours théorique à la rationnalité économique (recherche du plus grand avantage) est historiquement lié à une époque, celle du capitalisme d'abord commercial (allusion à Max Weber), puis industriel. Mais ne serait-ce pas réintroduire dans l'interprétation de l'histoire économique un juge­ment idéologique que P. Stolz récuse d'ailleurs en faveur d'une approche strictement analyti­que? En fin de compte - et c'est là une autre ambiguïté qui laisse le lecteur perplexe - que faut-il comprendre par «théorie» en histoire économique? L'emploi de modèles? La vérifica­tion empirique de lois? Ou la préférence accordée à une théorie d'ensemble sur les autres?

Les quelques doutes et les quelques regrets que je viens d'exprimer ne veulent que mettre en évidence l'intérêt, la très grande portée du «dialogue» instauré par Peter Stolz: je ne fais, en somme, que répondre à son invitation. Avec empressement, parce qu'un tel dialogue est essentiel, de lui dépend l'avenir de l'histoire économique, donc d'une fascinante et impor-

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tante aventure intellectuelle. Avec admiration pour un historien économiste qui maîtrise à ce point son double métier et îe sert avec autorité, élégance et conviction.

Jean-François Bergier, Zurich

Moore, Mark Harrison

Buy and Bust. The Effective Regulation of an Illicit Market in Heroin. Lexington and To­ronto 1977. D.C Heath. 291 p. US$ 17.60.

Herstellung, Handel und Konsum illegaler Rauschmittel haben in den letzten 10 bis 15 Jahren weltweit zugenommen, wenn auch der statistische Nachweis aus verschiedenen Gründen (Erhöhung der Zahl der als illegal eingestuften Rauschmittel, Verschärfung der Strafgesetze und Intensivierung der internationalen und nationalen Fahndung) schwierig zu führen ist. Auch auf dem europäischen Kontinent ist der Rauschmittelkonsum zu einem ernsthaften gesellschaftlichen Problem geworden, nicht nur, weil er laufend gestiegen ist, sondern auch deshalb, weil die Konsumenten zunehmend «harte» Drogen vorziehen. Als Folge des Konsums harter Drogen wie insbesondere Heroin zeichnen sich erhebliche private und gesellschaftliche Zusatzkosten ab. Heroin führt zur Sucht und sehr oft bis zur völligen psychischen und physischen Verelendung des Konsumenten. Weil der Handel verboten und der Preis des Rauschgifts (daher) sehr hoch ist, reicht das im legalen Bereich erzielte Einkom­men bald nicht mehr zur Suchtbefriedigung aus. Folge ist - als bekannteste Form privater und gesellschaftlicher Zusatzkosten - eine in vielen Ländern beobachtbare Beschaffungskri­minalität.

Moore befasst sich damit, wie diese Kosten durch eine Kontrolle im wesentlichen der An­gebotsseite des illegalen Heroinmarktes wieder gesenkt werden können. Das Ziel besteht darin, die günstigste Kombination verschiedener möglicher Massnahmen zur Gesetzes­durchsetzung zu ermitteln. Die gewählte Analysemethode ist die MikroÖkonomie. Sie wird geschickt angewendet, um die vielfältigen Aussagen und Erkenntnisse der weiteren sich mit dem Rauschgiftproblem befassenden Disziplinen zu integrieren.

Ausgang der Untersuchung bildet die theoretische Erörterung der Struktur eines illegalen Heroinmarktes (Kap. 1) unter der Fragestellung, wie die Heroinanbieter, andere Kriminelle und die Konsumenten auf eine verstärkte Fahndung (und/oder eine verschärfte Strafe) rea­gieren werden. Hieraus wird ein allgemeines Modell des Heroinschwarzmarktes entwickelt, insbesondere zur Erklärung des spezifischen Verteilersystems. Im Anschluss daran unter­nimmt Moore eine Reihe von quantitativen Schätzungen für den New Yorker Heroin­schwarzmarkt (Kap. 2): Das Verteilersystem ist hierarchisch aufgebaut (mit 6 Stufen), mit etwa 2 Dutzend Importeuren und (Kilo-)Grosshändlern an der Spitze und rund 18000 Kleinstmengenverkäufern auf der untersten Stufe. Die Zahl der durch dieses System beliefer­ten Süchtigen wird (für den Zeitraum 1970-74) auf 70000 bis 150000 geschätzt. Im weiteren werden die jährlichen Gewinne der Händler auf den verschiedenen Handelsstufen berechnet (inklusive der unterschiedlichen Kosten der Risikoübernahme); sie betragen zwischen 500000 Dollar im Falle eines Grosshändlers und 1000 Dollar auf der untersten Handels­stufe. Die Schätzungen der Zusammensetzung der Einkommen der Süchtigen, die allerdings auf Angaben einer sehr kleinen Stichprobe (58 Beobachtungen) aufbauen, bestätigen in etwa frühere Berechnungen: der grösste Teil (über 80%) des Einkommens der Süchtigen stammt aus Aktivitäten im illegalen Bereich; bedeutende Einnahmequellen sind hierbei der Dieb­stahl und der Heroinhandel selber (S. 85 ff., bes. S. 114).

Im Kapitel 3 wendet sich Moore wieder der theoretischen Analyse zu, nunmehr der ver­schiedenen Massnahmen und Strategien, aber auch der z. T. erheblichen (gesetzlichen) Re-

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striktionen für eine wirksame Kontrolle des illegalen Heroinangebots. Hieraus wird die un­gefähre Gestalt der Produktionsfunktion für die Durchsetzung des Verbots des Schwarz­handels mit Heroin abgeleitet. Vor diesem Hintergrund wird anschliessend eine Darstellung und Einschätzung der behördlichen Kontrollmassnahmen im Falle des New Yorker He­roinmarktes unternommen (Kap. 4). Die beiden folgenden Kapitel enthalten allgemeine (Kap. 5) und spezielle Vorschläge für eine bessere Angebotskontrolle (in Kap. 6 für die Stadt New York).

Die Wirksamkeit der vorgeschlagenen Massnahmen beruht in erheblichem Masse dar­auf, dass die Nachfrage nach Heroin wesentlich preiselastischer ist, als bisher in der Literatur unterstellt wurde (eine i. d. R. völlig unelastische Nachfrage des Süchtigen). Dann lässt sich über eine polizeiliche Kontrolle der Angebotsseite der effektive Preis für den Konsumenten «hochtreiben», womit gerade von den Anfängern und Gelegenheitskonsumenten viele aus­geschlossen werden. Der effektive Preis besteht zur Hauptsache aus dem Schwarzmarkt­preis; er umfasst ferner aber auch alle Einflussfaktoren, die den Erwerb, Besitz und Konsum von Heroin erschweren und umständlich machen: die Suchkosten des Nachfragers und seine Kosten der Information über den Reinheitsgrad der Ware, die Wahrscheinlichkeit, vom Händler betrogen und von den Fahndungsbehörden festgenommen zu werden usw. Die mei­sten dieser weiteren Bestimmungsgrössen können durch eine verstärkte polizeiliche Fahn­dung und Kontrolle beeinflusst werden.

Moore sieht in der Abschreckung der potentiellen Nachfrager die Hauptzielrichtung ei­ner sinnvollen Politik. Eine intensivierte Fahndung allein nach den Anbietern scheint nur begrenzt von Erfolg gekrönt: aufgrund der besonderen Absicherungsmassnahmen der Händler auf den oberen Stufen des Verteilersystems scheint es kaum möglich, ihrer habhaft zu werden (geschweige denn, dadurch das Heroinangebot nennenswert senken zu können); auf den unteren Handelsstufen eröffnen sich mit jeder Festnahme fur die - quasi schon anste­henden - Bewerber (oft Süchtige) ein neues, lukratives Betätigungsfeld. Wenn es aber gelingt, durch das Fernhalten der (noch) nicht Süchtigen den künftigen Bestand von Süchtigen klein zu halten, dann erscheint eine entsprechende Verunsicherung des Heroinschwarzmarktes gleichwohl vorteilhaft.

Anfänger und Gelegenheitskonsumenten treten allerdings nur selten direkt auf dem Schwarzmarkt als Nachfrager auf. Der überwiegende Teil wird vielmehr im Freundeskreis von bereits Süchtigen mit überschüssigem Heroin «angesteckt» und ist daher dem Zugriff der Fahndungsbehörde zunächst entzogen. Die Süchtigen werden bei einem - aufgrund der verstärkten Kontrolle - gestiegenen Heroinpreis möglicherweise nur noch die engsten Freunde mit Heroin versorgen. Der Multiplikator scheint aber auch dann noch sehr hoch zu sein (er dürfte zwischen 1 und 4 liegen), so dass es fraglich wird, ob das Heroinproblem auf dem Weg der verstärkten Kontrolle hauptsächlich auf der Angebotsseite effizient verringert werden kann.

Spätestens hier ergeben sich etliche Zweifel, ob Moores Vorschläge nicht die Gefahr einer Ressourcenverschwendung beinhalten. Für die Nachfrageelastizität, die für seine Argumen­tation von grosser Bedeutung ist, wird ein Schätzergebnis in der Grössenordnung von -0,2 angegeben. Andere Untersuchungen wie jene von Little (Drug Abuse and Law Enforce­ment, Washington: Little Inc., 1967) gelangen dagegen zu Werten von zwischen -0,01 und -0,09. Die Nachfrage nach Heroin ist demnach - selbst bei Verwendung der von Moore zu­grundegelegten Grössenordnung - eher als weitgehend unelastisch einzustufen. Damit erge­ben sich gewisse Bedenken, ob eine schwergewichtige Kontrolle des Angebots effizient ist. Möglicherweise ist es gerade unter dem Aspekt der «Ansteckung» der (noch) nicht Süchtigen vorteilhafter, zusätzliche Ressourcen zur direkten Beeinflussung der Nachfrage einzusetzen. Können vor allem die Süchtigen dem Schwarzmarkt entzogen werden, so wird es für die

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Anbieter nicht mehr lohnend, den illegalen Heroinmarkt überhaupt aufrechtzuhalten. Eine entsprechende Strategie besteht im verstärkten Angebot von beispielsweise Methadon-stütztherapien. Eine weitere und mehr Erfolg versprechende Massnahme, die in Grossbri­tannien längere Zeit angewendet wurde, besteht in der kontrollierten Abgabe von Heroin an die Süchtigen durch autorisierte Ärzte. Diese Strategie hat zwar nicht bewirkt, dass der Schwarzmarkt für Heroin in Grossbritannien ganz zum Erliegen gekommen ist, aber immer­hin dazu geführt, dass er nicht sehr bedeutend ist. Die Zahl der registrierten Süchtigen ist in den 8 Jahren seit Einführung der kontrollierten Heroinabgabe (1968) ständig zurückgegan­gen. Nach dem amerikanischen Verständnis des Heroinkonsums als «Verbrechen» mag die britische Strategie, die davon ausgeht, dass Sucht nicht als krimineller Tatbestand, sondern eher als Krankheit einzustufen ist, auf starke Vorurteile stossen und nicht akzeptabel er­scheinen. Gleichwohl wäre es gerade auch für die Diskussion des Rauschgiftproblems in den Vereinigten Staaten von Interesse gewesen, wenn diesen Überlegungen stärker Rechnung getragen worden wäre.

Dieser ernstzunehmende Vorbehalt gegenüber den von Moore entwickelten (insbeson­dere den allgemeinen) Politikvorschlägen soll indessen nicht darüber hinwegtäuschen, dass es sich um eine hervorragende Abhandlung zum Problem der Rauschgiftkontrolle handelt. Das Buch ist klar und verständlich geschrieben und kann (auch deshalb) allen mit diesem Problem Beschäftigten, Strafrechtlern und Kriminologen, Pädagogen, Psychiatern und nicht zuletzt auch Ökonomen uneingeschränkt empfohlen werden.

Werner W. Pommerehne, Zürich