la clavicule de la science hermétique

8/14/2019 La clavicule de la science hermtique

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LA CLAVICULE DE LA SCIENCEHERMETIQUE

ECRITE PAR UN HABITANT DU NORDDANS SES HEURES DE LOISIR

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A

LA NATURE

VIERGE NON SOUILLEE

ET A

LART

QUI LA SUIT COMME SON GUIDE

Je consacre trs humblement mes dlassements du soir, moi, qui suisun grain de poussire du Paradis,

UN HOMME


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AU LECTEUR BENEVOLE

IL me semble que je vous entends gronder l'aspect de cette brochure, vous testonn de ce que nous ne sommes pas d'humeur de laisser tarir encore une source,qui a fourni de quoi remplir tant de papier & tant de livres. Vraiment direz-vous,c'est bien du Nord, o il y a longtemps que les sources de l'Hlicon sont prises par lesglaces , que nous devions attendre quelque chose de nouveau sur cette matire ? C'estde l sans doute que doit venir la Desse des Egyptiens Isis, & ses anciensMystres le rtablissement de leur premier lustre & de leur splendeur ancienne. Sivous considrez encore le nom, les amusements, & les occupations de l'auteur,combien ne serez vous pas tromps dans votre attente, & combien ne jugerez vouspas cette entreprise trange ? Si vous-mme tes quitable, suspendez votre jugementdans une cause de laquelle vous n'tes pas encore assez instruit. La Schytie a euautrefois ses Abarides & ses Xamolxides. Si vous prtendez que nous sommes dansl'erreur, parce que nous ne chantons pas la mme chanson que la fabuleuse antiquit: lisez tout & vous direz peut-tre avec le Pote :

Felices errore suo, quos despicit arctos.

Car je ne puis me persuader que la corne d'abondance de la Nature soit tellementpuise qu'elle, que d'autres ont appel une bonne Mre, nous soit, nous quihabitons ces climats, une Martre, & qu'elle ne voult pas que nous la reconnaissionspour Mre par aucun mrite, ni bienfait de sa part envers nous. Je me trompe, ou ellenous ouvre aussi son sein ; si vous l'aimez ce sein, blanc comme neige, plein de lait, &respirant une douce chaleur, risquez quelque chose comme font les enfants par desmanires simples, flatteuses, & pleines d'affection. J'espre qu'en lisant ce peu depages vous trouverez des choses dont d'autres n'ont pas parl ; si elles vous amusentutilement je croirai mes vux accomplis ; & cela m'excitera tenter quelque chose deplus important : mais si elles vous dplaisent, pardonnez au zle que j'ai d'obligermon prochain.

LAUTEUR.


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Le Trs Haut pour mettre le comble la cration forma lhomme & le doua dequalits si diffrentes & si belles quil n'a pas hsit avouer qu'il tait fait selon sonimage. L'Ecriture Sainte tmoigne & la Religion Chrtienne nous persuadesuffisamment de combien de bienfaits Dieu l'a combl dans la suite, quoiqu'il futrebelle & son ennemi ; & qu'il n'a pas mme pargn son fils unique pour le salut dugenre humain. Ces tmoignages sont au-dessus de toute exception. Et quoique la foicroit bien des choses que la raison ne comprend pas, elle conviennent cependantl'une & l'autre en ceci, que l'homme est de toutes les cratures la plus noble. Cettevrit est si claire, & a fait tant dimpression sur les anciens, qui n'taient pas clairspar la Rvlation ; que les Egyptiens trs avides des sciences faisaient leur principaletude de l'art de se connatre soi-mme.

Les Grecs, qui ont puiss leur dogmes chez les Egyptiens, ayant rapport dans leurpas cette mme rgle qu'ils regardaient comme la base de toute sagesse ont faitmettre sur les portes & les murailles de leur fameux Temple de Delphes, ces paroles

Consule te ipsum, nofce termetEt ambula ab intra.

Aprs quune longue exprience eut fait apercevoir l'harmonie quil y a entrel'homme & lUnivers, on l'a cru labrg du tout, ou plutt le petit monde. Cest l laclef du sceau de ce grand Herms duquel l'emblme est une main, qui tient unesphre, ou bien un petit monde avec cette inscription :

Ce qui est en haut est le mme que ce qui est en bas.

Je ne m'embarrasse pas des rveries des Alchimistes, qui font violence ces parolespour les faire servir confirmer leurs chimres. Il suffit que leur grand chef a puisceci dans les Mystres les plus cachs de la Nature. D'o vient que le mme dt dansAsclepius :

Cest pour cela Esculape, que lhomme est un grandMiracle, un animal quon doit honorer & adorer.

On pourrait saviser quelquefois de vouloir disputer cette prrogative lhomme, enallguant le sort misrable des humains, infrieur de beaucoup celui des autresanimaux dans les trois rgnes de la Nature, tant par rapport la manire de vivre &au vtement, qu la force ou vigueur des esprits vitaux, des sens, &c. de sorte que si

je tourne les yeux sur moi-mme, je napprends autre chose si ce n'est a reconnatremon imperfection extrme, & que je fuis menac de voir fondre sur ma tte undluge de maux ; mais je ne prtends pas dcider si cette confdration est opposeau but de notre axiome, ou bien si son utilit se manifeste davantage dans laThologie & dans la Philosophie morale. Quil me soit permis daller au devant decette question par une autre que voici : Qui vous a enseignez que vous tes de toutesles cratures la plus misrable ? C'est sans doute votre raison et la force de notrergle. Mais si la force de notre rgle vous dvoile votre misre, la conservation de


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vous-mme vous ordonne de chercher des remdes contre cette mme misre ; parconsquent ma rgle vous est utile & salutaire. Mais si cest la raison, dites-moi, dansquelle crature except lhomme trouvez vous la raison ? Par consquent la craturedoue de raison est la plus excellente de toutes. La vnrable antiquit ne jugeait pasde lexcellence de l'homme par ses parties corporelles, terrestres & lmentaires,qu'une exprience journalire nous apprend tre sujettes des calamits sansnombre, & que ce qui vient des lments leur doit tre rendu ; mais elle en jugeait parla connexion admirable & le concours des vertus suprieures & infrieures qui setrouvent dans l'homme, comme dans leur centre. Ces grands hommes voyant que lesautres animaux n'taient composs que de deux parties : d'un corps organis & del'esprit vital, ont remarqu dans lhomme une troisime chose, qui subsistait aprs lamort, & quils nommaient tantt me, tantt feu cleste, ou bien gnie ou esprit.Privs de la Rvlation ils se sont formes diffrentes ides sur la patrie & l'origine del'homme, quils ont jugs diffrer totalement du reste des Cratures, par sesoprations ; parmi lesquelles ils comptaient l'intelligence, la volont, la saine raison,la sagesse, l'amour pour les vrits mathmatiques, qui ne peuvent tromper, & parles autres notions, qui ne se rencontrent pas dans les Brutes. De cette manire ils sesont assurs de l'existence de lme ; mais comme ils taient incertains de sonessence, & de ce qu'elle devenait aprs la ruine du corps, ils ont placs quelques mesau nombre des Dieux & des Demi-Dieux, surtout celles des Hros & des Sages. Maisnous qui sommes mieux instruits de ces choses par lauteur mme de l'me, nousconnaissons non seulement les raisons que connaissaient les Paens, mais nous ydcouvrons encore tous les jours par la Foi de nouvelles, & de plus sres oprations :Foi que lme Chrtienne conoit mais que les Brutes ignorent entirement.

Si le Crateur ne nous avait pas accord cette Ame directement & habituellement,l'homme ne serait pas plus propre que les autres animaux avoir quelques ides deDieu, ou recevoir lEvangile & les vrits de la Religion Chrtienne, quand on leslui prcherait mille fois. Cela mme fait voir quil y a dans l'homme quelque chose decach, qui se rveille comme d'un sommeil par les notions qu'on lui prsente. Si celan'tait pas, l'homme serait condamn injustement par le Juge quitable des peinesternelles pour avoir nglig des vrits qu'il tait aussi incapable de connatre quel'est le buf, l'herbe ou la pierre. Ce serait de mme injustement qu'un Crditeurredemanderait le remboursement d'une somme qu'il naurait pas prte. Mais si unDbiteur perd ou nglige par la faute la somme qui lui a t confie, c'est bon droitqu'il en est puni, moins que le Crditeur ne lui fasse grce. Cest cette Cratureseule que le Crateur ternel a confi quelque chose d'ternel.

L'homme diffre donc des autres animaux en ce qu'il est dou d'une me raisonnable& immortelle ; de sorte qu'il mrite plutt d'tre mis au-dessus d'eux que d'trecompt parmi eux. Par l les autres habitants des lments connaissent, & la sujtion& l'infriorit de l'homme ; & sa domination & son excellence. A quoi je joint la saineraison, entends quelle est un faible rayon de l'image divine perdue. Les anciensPhilosophes Chaldens, Egyptiens & Hbreux ont fait tous leurs efforts pour rparerpar la connaissance de la trs sage nature ce rayon que la chute de nos premiers Presavaient laiss presque comme teint. Ils savaient qu'Adam avait t chass d'Eden,


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mais ils n'ont trouvs nulle part qu'Eden fut t de dessus la terre, bien au contraireils savaient que laccs en tait gard trs soigneusement, comme d'un Palais dont lesportes sont bien fermes, ce qui ne prouve cependant pas que l'difice nexiste plusou que les trsors cachs ny sont plus. Ils se sont donc adresss leur Isis, la Nature,& la trouvant pourvue de tant de sagesse, de richesses & de gnrosit, ils en furenttellement tonns qu'ils ont fait leur unique tude de la connatre. Et comme cetteVierge chaste ne rebute pas aisment ceux qui l'aiment vritablement, pourvu quilsla recherchent aprs en avoir obtenu la permission de son Pre, & qu'ils ne soient pasanims d'un faux & fou amour four Aristote & les subtilits logiques & scolastiques,mais se dvouent entirement elle ; ils ont su gagner tellement ses bonnes grces,par des caresses constantes, qu'elle mme leur a enseign le sentier vritable pourvisiter & pntrer ses secrets les plus cachs, sans exiger d'autre rcompense que deslouanges pour son grand Auteur, & la prudence & le silence dans ses Amans.

Tous les Livres & les crits des heureux & trois fois heureux sages & savants anciensfont voir jusque o ils sont parvenus par cette voie, & les monument Merveilleux, quinous restent encore, tmoignent dune manire palpable que ni nos richesses, ni nosforces, ni tout notre savoir dans les Mathmatiques & l'Architecture, les Mcaniques,la Sculpture, l'Astronomie, la Physique, la Chimie, la Magie, &c. ne sauraientatteindre au point de sublimit ou tait parvenue anciennement la science, bienmoins lui tre compars. Quiconque en doute ou bien dsire d'en savoir davantagepeut consulter Hrodote, Platon, Dmocrite, Joseph, Pancirolle, Morhoff, Borrichius& nombre dautres.

Mais afin que ce milieu qu'il y a entre l'homme & la nature quils ont nomm lagrande chane, & cette Science Divine quils s'taient acquise par tant de soins & depeines ne se perdit pas avec eux & ne tomba dans loubli, ils ont eu grand soin de latransmettre la postrit, sur des colonnes, sur le marbre, le bois, la pierre & dansdes livres en caractres hiroglyphiques & sacrs, afin que les dignes fils de l'art enfussent seuls instruits & le vulgaire exclus. Mais les sciences ont subi le mme sort,que de grands Royaumes, des villes & Nations entires. L'envie de rgner a fait natrela discorde & les querelles ; les Philosophes furent alors exils, les monuments dugnie ensevelis sous les ruines de la patrie, & la nature devenue veuve, pour ainsidire, se renferma dans sa propre vertu. A ceci a succd l'ignorance, loubli, labarbarie, la frocit avec le mpris & la haine pour les arts & les sciences. L'Histoirerapporte que L'Empereur Diocltien ordonna, sous peine de la vie, de recueillir tousles livres des sages d'Egypte, qui avaient chapps aux injures du temps & de lesdtruire & brler, afin que ce peuple extrmement enclin se rvolter ne puisa pasde nouveau dans ces livres des richesses, dont les prdcesseurs de ce Princel'avaient si souvent dpouill.

Mais comme la Sagesse a cela de commun avec la Vrit, quelle peut bien treperscute pour un temps, mais non pas tout fait opprime ni dtruite, il est restmalgr sa mauvaise fortune, tant de traces de son ancien lustre que lorsque lesArabes sont entrs en Egypte dans les sicles suivants, elle a su s'attacher leurs Rois& leurs Princes. Quelques Grecs & Latins, du moins dans les premiers sicles du


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Christianisme, lorsque les Mystres de Cres furent apports d'Egypte, eurent enattendant le bonheur de sapprocher d'elle ; mais ils ont t si peu en nombre,quexcept lun ou l'autre, & cet excellent matre mme, les noms des autres font peine connus. Les Arabes & les Sarrasins, enrichis de cette science, se sont nonseulement rendus matres de grands Royaumes, mais sont encore devenus illustresen peu de temps par le grand nombre des Philosophes qu'ils ont eu : c'est de quoi lesmonuments superbes, qui subsistent encore dans les Royaumes de Grenade & deMurcie ; & ailleurs, o la barbarie des Turcs les a pargns, font foi. Tmoins lesauteurs les plus respectables qui le confirment par leurs tmoignages.

Il est dplorable que ce peuple ait t si envieux que de vouloir seul possder laSagesse, en sorte qu'un petit nombre d'entre eux, bien loin d'indiquer dans leurslivres le chemin simple de la nature, a suppos, pour en dtourner ceux qui lavoulaient connatre, des faussets qui la dtruisent plutt qu'ils ne laident & ne laredressent. Et comme ils nignoraient pas que la soif insatiable de l'or possdelhomme, ils se font attachs uniquement dans la vue de l'attirer davantage & de lefaire sortir, en mme temps, du chemin simple de la nature, qui selon moi est le seulvritable, pour le jeter dans une infinit d'autres chemins particuliers, ils se sont, dis-

je, attachs uniquement au rgne minral & mtallique, soutenant que lor ne pouvaitse faire sans or, tout comme dune vache provenait une vache, & d'un cheval uncheval, &c. Les fondements de cette rgle sont trs vritables ; car il nest pas possible la nature de produire de lor sans semence dor, & il ne sera de mme pas possibleau plus grand Philosophe de le dissoudre philosophiquement, & de le rduire ensemence dor, sans notre moyen, & sans la balance de la nature. Mais voicilembarras, c'est de trouver le moyen de nous procurer lentre de ce Palais royal &ferm. Les Arabes ont eu grand soin de nous le cacher, en n'en disant rien, & leursdisciples & partisans, les Philosophes de notre sicle, ont fait de mme : car quoiqu'ils dbitent de cot & d'autre des sentences dores en disant unanimement,attachez-vous la Nature, ils l'ont nanmoins tellement dguise en la masquant & larevtant d'habillements trangers, qu' peine Herms lui-mme pourrait il lareconnatre. Je nai pas dessein de rompre une lance avec ces grands hommes, ni derfuter leurs arguments, ou contraire, je fais beaucoup de cas de leur adresse & deleur prcaution cacher les secrets de la nature. Qu'il me soit cependant permis dedire, cette fois, que tant que vous suivrez les traces marques dans leurs livres, vousn'atteindrez jamais le but que vous vous tes propos. Quiconque ne vous conduitpas directement au domicile de la Nature, ne tient pas le vrai chemin, mais vous encarte. Je veux cependant vous donner un conseil, pourvu que vous puissiez obtenirde vous, quaprs que vous aurez lu quelques auteurs, dont la sincrit est avre,vous effaciez srieusement de votre esprit toute envie de visiter les mtaux crus & lesminraux de toute espce ; & si vous vous appliquez au contraire uniquement auxgnrations de la Nature, & en faire lexamen, vous pourrez tre bien persuad quevous tes entrs dans la voie royale. Voici ce que jai trouv par mes recherches : vous

jugerez vous mme par lopinion o je suis sur ce sujet, & que je vais vouscommuniquer sans dtour, si jai avanc ou non. Si mon opinion ne vous plait pas,cherchez-en, je vous prie, une meilleure & men fates part avec la mme franchise.La route que je vous indiquerai ne vous engagera pas du moins faire de grands


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frais, ni des travaux inutiles la manire des Philosophes ; vu qu'outre les dpensesordinaires, que vous tes oblig de faire pour votre entretien, il ne vous en coterapas plus de deux ou trois cus.

Ma matire nest ni animale, ni vgtale, ni minrale, mais elle participe tous lestrois. Elle est universelle & plus frquente dans le monde que toute autre chosequelconque. Elle doit tre nomme par sympathie microcosmique, & elle le mrite.On la trouve toujours & partout, tant au fond des Indes, qu'au milieu de Rome, tantde jour que de nuit, en Et comme en Hiver. On peut lavoir avec trs peu &beaucoup de danger, & aucun mortel ne peut s'en passer. Elle nest jamais en repos,mais toujours en action & en mouvement, jamais expose mais toujours cache lavue. La mine o elle se trouve est profonde & couverte dpaisses tnbres, car elleest renferme dans des lieux troits & les entrailles de la Terre, d'o ma matire esttire & manifeste subitement par lArtiste.

Son origine est de la Terre & sa vie du Ciel. De l vient qu'elle est anime & non pasmorte. Ce Mercure est bien du vulgaire, mais nullement commun. Le commun est unfluide froid, le mien est un fluide chaud. Il faut bien des choses & des travaux pourpurer celui-l, tandis que le mien n'exige qu'un seul travail & qui mest propre. Lemien ne rside & ne se trouve que dans un seul corps, quoique tout ce qui vit sous leciel en soit jaloux. Il a la mme couleur la fin, qu'il avait au commencement,quoiqu'il soit infiniment exalt. Il se forme d'une infinit dautres matires, d'o ilindique par lanalyse, tant cru, les affinits quil a avec les trois rgnes. Quoiqu'il neme soit pas possible de le composer, je n'en suis point en peine ; car la Nature me ledonne prpar & compos autant qu'il doit l'tre pour mon dessein. Il est trs vil &trs abject, mais aussi trs prcieux & trs chri, mme avant la premire opration.Son nom est trs connu de tout le monde, mais ses vertus sont plus quinconnues &qu'inexprimentes. Il a tromp plusieurs personnes, qui se promettaient de grandeschoses de son excellence & de sa cleste origine ; & qui ont fait tous leurs efforts pourle perfectionner, ignorant sa vraie & amicale concoction. Do il est arriv que degrands Philosophes lont rejet & condamn, mme avec raison, puisqu'il ne peuttre dissous, ni mourir, ni tre vivifi, ni parfait, qu'en soi-mme & par soi-mme,d'une seule manire vraiment naturelle, convenable, cache & philosophique. Toutfeu lmentaire, mme le moindre, quelque nom qu'on lui donne, le chasse ou le tue,du moins le rend il incapable dtre ressuscit philosophiquement De sorte que lamatire est inutile plus quon ne saurait croire sans une exacte connaissance du feu,du vase, & de l'athanor.

La auteurs nous aident moins que rien dcouvrir ces choses, car ils en ont sisoigneusement effac les traces, quils font donner gauche les jeunes gens mmesqui se doutent de ta vrit. En vantant comme d'autant d'oracles leurs erreurs, leursminuties & leurs rveries, ils font perdre ceux qui les croient, des peines infinies &beaucoup d'argent ; & les font tomber dans des labyrinthes dont ils ne sortentsouvent qu'aprs avoir dissip tous leurs biens. Faut-il s'tonner alors si cette noblescience, & ces recherches de la plus parfaite prparation qui soit dans la Nature, sontaujourd'hui tant haes & trouvent un fi grand nombre d'ennemis ? Je doute fort que


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la ncessit que les Philosophes prtextent cacher ces choses puisse justifier leurconduite, puisquil semble qu'il vaut mieux se taire que de tromper. Pour moi jesoutiens que la nature est le seul guide & la feule matresse dans cet uvre ; car sesouvenant de son auteur, elle ne saurait se tromper elle-mme, ni les autres.

La matire mtant ainsi connue il me faut encore considrer & rechercher commentelle doit tre corrige & pure. Ceci ne se fait par aucun feu lmentaire ni artificiel,dans aucun vase ni fourneau, mais par son propre feu que le Crateur a donn ds lecommencement, immdiatement la Nature & que nous hritons. Le laboureur laconnat malgr la grossiret de son gnie, & l'alchimiste le plus expert lignoreentirement. Nous sentons tout moment sa vertu, mais nous ignorons le lieu de sademeure aprs qu'il s'est retir. Il est invisible mais non pas insensible, doux,vaporeux, continu, gal, & repose lentour de la matire nue. Par cela mme il estentretenu, nourri & se dissout, il meurt, se corrompt, germe, verdit, fleurit, & estvivifi, corrig, parfait, augment & se multiplie. Sa recherche est bien plus difficileque celle de la matire mme, puisquon ne peut jamais le trouver dans les livres.Cest pourquoi la connaissance de ce feu doit tre prfre de beaucoup celle de lamatire ; car la connaissance de la matire seule contribue peu celle du feu, au lieuque celui-ci tant une fois connu, la connaissance de lautre peut peine restercache.

Le vase aussi est ni artificiel ni fait de main, mais naturel & homogne, oblong avecun col, ferm & ouvert, selon que l'exige la ncessit, opaque & obscur. Dans celui-ci,qui est seul & unique sur la terre, la matire commence, est cuite & perfectionne. Onpeut l'avoir partout & tout moment, & il ne cote pas tant que le feu dont la matirecote beaucoup bien des gens. Il se ferme lui-mme hermtiquement & souvre. IIne reoit pas plus qu'il ne convient & refuse le superflu ; de sorte quon n'a que fairede s'embarrasser de la proportion ni de la quantit ; la Nature nignorant pas decombien elle a besoin pourvu qu'on lui fournisse les secours ncessaires. Je n'ai nonplus qu'un seul fourneau, qui est bien de terre mais naturel, & la constructionduquel lart n'a point de part. II est pourvu de deux soupiraux, les cts en sontopaques, cependant il est si mobile que je puis aisment le transporter dun lieu enun autre, & mme lemporter avec moi dans de longs voyages, sans aucun embarrasni crainte dtre trahi Ce qu'il y a d'tonnant c'est que mon athanor contient, audedans de soi, le feu le plus fort de la nature, ou comme d'autres sexpriment lequatrime degr du feu, & que cest par sa vertu quil subsiste ; il se romptnanmoins & est dtruit par le moindre feu lmentaire ou d'une Lampe. Vouspouvez vous convaincre par l combien il diffre dun vase artificiel.

Ce qui rend cet uvre difficile, cest :1. La connaissance & le soin des heures de laccouchement, car cet uvre ressemble

fort la gnration de lhomme en ce qu'il a ses heures de conception &daccouchement.

2. Le gouvernement du feu, en quoi ceux qui n'emploient pas les prcautionsrequises pchent souvent & ruinent par l tout ldifice ; cueil qu'on peutaisment viter lorsqu'on est attentif & circonspect.


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3. Le secret de l'art que jai appris promptement en remontant sa premire source.Le reste est facile & nullement dsagrable, except l'odeur puante qui frappe aucommencement. Les couleurs sont trois en nombres le noir, le blanc qui gale laneige, & la troisime qui ressemble au rubis, quoique le mlange de ces trois enproduise encore d'autres.

Je laisse chacun examiner, par ce qui vient dtre dit, si cet excellent uvre est sipnible & si difficile qu'il doit tre entirement mpris & rejet, ou bien trait defolie comme la chimre d'un cerveau troubl. Je crois plutt quil est si ais & si facilequil peut se faire aussi bien par un de mes paysans tout fait ignorant dans lachimie, (pourvu que je lui ai dit auparavant quelque mot l'oreille) que par le plusexcellent Philosophe. Mais voici la premire & vritable cause pourquoi la Nature acache ce Palais ouvert & royal tant de Philosophes, mme ceux d'un esprit trssubtil ; c'est que s'cartant, ds leur jeunesse, du chemin simple de la Nature par desconclusions de Logique & de Mtaphysique, & que tromps par les illusions desmeilleurs livres mmes, ils s'imaginent & jurent que cet art est plus profond & plusdifficile qu'aucune Mtaphysique quelconque ; quoique la Nature ingnue marchedans celle-ci comme dans toutes ses autres oprations, d'un pas droit & trs simple.Nous n'avons qu'une unique matire, quune simple coction. La matire, le vase, lefourneau & le feu ne sont qu'une seule & mme chose. Quest il besoin de chercherdans des pays loigns, ce que nous avons suffisamment chez nous ? Mais la Natureabjecte & mprise nest pas un objet propre sattirer l'attention & lestime de cesgrands Philosophes. Et quand mme ils la connatraient, elle ne paratrait pas digne des gens dun tel mrite d'en faire leur occupation & leur tude ; gens qui mprisentla connaissance d'eux-mmes, & qui par le faste & l'avarice s'lvent jusqu'aux toiles& aux plantes, & se les associent comme de dignes amis qui se tournent d'abordvers leur chef le soleil, & aprs lui avoir offert la lune en mariage ils demandent pourrcompense un libre accs aux trsors immenses de lEpoux.

Mais en vain attend-on ligne des morts. Les superbes idoles du vulgaire ne jouissentd'aucun privilge par dessus les autres, dans notre uvre. Ils ont besoin de notre eauds quils smeront, & raviront par leur fruit ceux qui travaillent sur le soleil. Ce n'estpourtant pas l la fin principale dun vrai Philosophe. Il regarde la race de ce Princedes Plantes comme un amusement, & comme les premiers rudiments de sesconnaissances. Qu'importe celui, qui peut se faire & s'acqurir son gr desrichesses, qui surpassent celles des deux Indes, d'avoir un grand amas d'or &dargent ? La possession de ces biens cause journellement ceux qui les possdentdes soins & des inquitudes, & les exposent divers dangers. Il faut enfin lesabandonner, & peine apportent-ils d'autre avantage leurs possesseurs que celuiqui leur est commun avec la plupart des mortels ; je veux dire d'assouvir la faim &dteindre la soif. Enfin la ple mort frappe aussi bien la porte d'un Palais qu' celled'une Cabane. Mais celui qui la porte de la Nature est ouverte, il ne lui manqueautre chose que d'en connatre le tout-puissant Auteur. C'est acqurir cetteconnaissance, que se dvoue de toutes ses forces celui qui voit devant ses yeux quetout tend sa gloire, & il n'est pas surprenant que mprisant & abandonnant toutes


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les choses de la terre, il se livre uniquement lamour et au dsir qui lentrane versl'Auteur & le Matre de l'Univers.

Celui qui a pris du got pour l'ternit souhaite avec ardeur de quitter cette vie pouren tre mis en possession, & celui qui a vcu dans l'exil & comme tranger dans despays loigns, quoique libre & en sret, n'hsite pas retourner dans sa patrie. Cecifournit une rponse ceux qui demandent pourquoi on voit si rarement que lesPhilosophes qui tout russit ordinairement, & qui ont des connaissances si exactesde la Mdecine ne vivent pas plus longtemps que le reste des hommes, cest qu'il neleur reste rien de mortel dsirer. Le Trs haut a mis deux termes nos jours ; lunaccidentel & l'autre naturel. Aucun mortel ni mme le Philosophe ne saurait passercelui-ci. Pour lautre ce que nous apprend la science des mages, peut tre prolong,par la volont divine & lloignement des obstacles. Nos premiers Pres & ceux quiont vcu avant le dluge en fournissent des exemples, de mme que plusieursPhilosophes. Le premier de ces deux termes est ordinaire & commun tous lesmortels de notre sicle ; c'est ce qui paratra plus clairement par l'exemple d'unelampe ou dune chandelle allume ; qui brle autant que la mche dure, c'est--dire

jusqu'au second terme, moins qu'elle ne soit teinte par quelque cause accidentelle,qui fait le premier terme. La chandelle ou la lampe de notre vie brlerait aussi jusqu'ce que sa matire ou son huile vitale fut consume, si elle ntait teinte par lge, oupar quelque accident violent, par une complexion faible ou par lintemprance, ladbauche & la mollesse, d'o proviennent nombre de maladies, ou par quelque autrecause accidentelle. La science des sages peut beaucoup contre ce terme, moins,qu'ayant de meilleures choses devant les yeux, ils n'obtiennent du Crateur, par leursprires, de dloger bientt pour tre avec lui.

Mais pour revenir notre sujet, on trouve beaucoup de choses dans les livrestouchant les trois uvres distincts ; cest--dire l'animal, le vgtal, & le minral : legrand & le petit uvre : luvre de Saturne : le chemin humide & sec. Je n'ai pasdessein de diminuer lautorit daussi excellents personnages ni de lui rsister, &combattre tant doracles. Je doute cependant beaucoup si par tous ces noms, ils n'ontpas voulu dsigner une mme chose ; & si ce ne sont pas des diffrant degrs dansl'opration ; si tous par tant de noms ne visaient pas au mme but. Je n'ai pas depeine croire que plusieurs d'entre eux, aprs avoir obtenu le vritable Mercure,naient cherchs diverses voies pour abrger, puisque la patience des modernes nes'tend gures jusqu porter cet excellent mais long uvre ce dernier degr deperfection, qui est permis lart & la nature. Cependant, je nai jamais pu mepersuader qu'aucun des Philosophes ait pu pousser son uvre une fin dsir parquelque autre Mercure que par la matire, de laquelle j'ai parl ci-dessus, & par mamthode, dans laquelle seule la, Nature a cach les clefs de son trsor ; & danslaquelle enfin il n'y a rien de superflu, mais o le tout se transforme par une coctionassidue en un glorieux Elixir.

C'est-l le chemin humide & sec, cest l, l'uvre animal, vgtale & minral enmme temps. Car lexprience journalire nous apprend que la Nature peut, selonson bon plaisir, & la disposition de la matire, produire aussi bien un animal qu'une


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plante, un minral & un mtal. Les rgimes & les couleurs nous mettent devant lesyeux, dans le cours de luvre mme, les vraies semences de toutes les plantes. Dece grand uvre proviennent, comme les ruisseaux dune source, plusieurs chosesparticulires que je ne raconte pas, quoique elles soient trs courtes, parce quellessont fort loignes de la perfection de cette universelle, & qu'elles sont d'ailleurs trsdifficiles, incertaines & vaines sil s'y glisse la moindre erreur. Le chemin du Verseaudes sages m'est peut-tre aussi connu ; mais je nai jamais entrepris dy travailler, cause que louvrage est infini & trs dsagrable, & qu'il demande la manuvreexacte dun homme accoutum souffler du charbon. Lorsque dans mon uvre jaiune fois confi mon bouillon, bien renferm, son feu & son four, je n'ai plusbesoin d'autre matre ni dautre guide que la Nature mme. Celle-ci n'est jamaisoisive, elle travaille toujours & tend de degr en degr une nouvelle rsurrection, & la plus haute perfection. Quand mme lartiste se tromperait quelquefois elleredresse aussitt son erreur. Une seule chose regretter cest qu'elle exige tant detemps, car peine saurait-elle, dans lespace de deus ans, tre conduite une rotationutile & fructueuse. Elle requiert encore un artiste attentif & libre de tous autres soins,de peur que par sa ngligence ou lempchement d'autres affaires, le fruit deplusieurs mois de travail ne soit perdu dans un moment. Mes distractions, causespar des affaires publiques, ont t cause, par exemple, qu trois diffrentes reprises

jai recommenc sans succs cet uvre & que je nai pu achever ce que jai vu chezmon matre, ce que j'y ai ou & mani de mes mains. Si vous avez plus de patience,dtention & de loisir, soyez content & dune humeur gaie, priez sans relche jusqula fin, & vous pourrez tre sur davoir trouv sur la terre le souverain bien aprsDieu. Cest l ce qui restaure la sant, fortifie la jeunesse, augmente les biens &c., &conserve jusquau dernier soupir la tranquillit dsirable de l'esprit.

Cest la Toison dor des Grecs, la Lumire & la Justice des Hbreux, ltoileresplendissante des Mages, qui les a conduits dans la recherche de la connaissancedu Seigneur de la Nature & du Verbe incr.

Je finis en vous recommandant qu'avant toutes choses vous ayez soin de vousconcilier la grce de l'Auteur de la Nature, & de ne pas vous approcher de cesmystres contre sa volont, parce qu'il les te & les donne qui il veut : avec lui nouspouvons tout, & sans lui nous ne pouvons rien. Priez-le de tout votre cur qu'il vousfasse connatre comment les cieux & leurs armes racontent sa gloire.

A lui soit honneur & gloire jamais !


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CABALE DE LA TABLE DE PYTHAGORE

ou I

Le Chaos ou la Matire, le nombre I r. & le cercle O par lequel lAme

I I

du Monde O ou le Soleil par la Lune sa Matrice fait

I I I

L'Esprit, l'me & le corps

Ces trois principes de la Nature tant encore intellectuels donnent aprs y avoirajout le premier nombre, un compos parfait des quatre Elments.

I I I I

Cest dire ou bien notre Terre.

De l ce nombre divin imperscrutable Ternaire magique, aprs avoir vaincu le deuxpar le secours du quatre, s'avance avec gloire vers le premier, do il devient parfait

De l cet ineffable

Le Ttragramme des Grecs & le Schemhammephorasch des Hbreux.

Dont chaque ligne exprime le nom du Seigneur, & comme il est compos de voyellespures, & quaucun mot au monde ne peut tre prononc sans voyelle, de mmeaucune chose dans le monde ne peut exister ni subsister sans Dieu ; do vient ce motdes Egyptiens : Jupiter remplit tout.

Le

Mme Pythagore a voulu signifier la mme chose par sa table divine Qu'il avaitapporte d'Egypte ou de la Palestine.


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II I

I I II I I I

Ces units ensemble donnent le nombre X. parfait, qui dissqu anatomiquement parle milieu, la corne gauche tant rige perpendiculairement, donne la lettre L, maisles deux cornes ensembles la lettre V, & en entier la lettre X, d'o vient LVX, qui faitun seul mot par lequel il a plu Dieu de laisser quelque ide de lui l'homme.

COROLLAIRES

Le Gomtre apprenne de l, la quadrature du Cercle, & le mouvement perptuel,savoir par la circulation des quatre lments.

L'Arithmticien la production du nombre sensible par des choses purementintellectuelles.

Le Grammairien lorigine des Lettres.

FIN

V1.0

la clavicule de la science hermétique

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