la ccir mobilise contre le "villages de marques"

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Communiqué de Presse CCI Aquitaine et Hautes Pyrénées 29/07/2011 - 1 - "Village de Marques" à Saint-Geours-de-Maremne : Les CCI déposent un recours en Commission Nationale d’Aménagement Commercial Les Chambres de commerce et d’industrie d’Aquitaine ainsi que celle des Hautes Pyrénées se sont réunies le vendredi 29 juillet à Dax à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie de Région Aquitaine. Cette séance de travail destinée à examiner la création d’un « Village de Marques » à Saint Geours-de-Maremne a permis de déterminer une position commune aux Présidents des CCI qui ont décidé de déposer un recours devant la Commission Nationale d’Aménagement Commercial contre l’autorisation délivrée à ce projet, le 7 juillet dernier, par la Commission Départementale d’Aménagement Commercial des Landes. En effet, les Présidents des CCI concernées estiment que ce projet qui porte en son sein la création d’un « Village de Marques » : - fait peser de graves risques à l'équilibre commercial du territoire. - affiche de lourdes incohérences au regard de plusieurs critères. - occasionnera des pertes de richesses 1. Un projet à contre-sens du développement économique et de l’emploi A. Le danger de la création d’un « Village de Marques » La présence d’un centre de marques sur un territoire influe de manière significative sur le comportement d’achat des ménages, dans le domaine de l’équipement de la personne qui représente 85 % de l’offre des centres de marque. Pour 54 % des ménages, il s’agit d’un des lieux d’achats réguliers et même pour près de 20 % du lieu d’achat principal. La création d’un « Village de Marques » a, sur les commerces de l'équipement de la personne et des arts de la table, un effet désastreux. A titre d’exemple, à Cholet avec près de 15 000 m² de magasins de marques, l’analyse de l’évolution montre une dégradation du nombre de commerces de - 13,5 % et une paupérisation du centre-ville. DOSSIER DE PRESSE

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Les Chambres de commerce et d’industrie d’Aquitaine ainsi que celle des Hautes Pyrénées se sont réunies le vendredi 29 juillet à Dax à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie de Région Aquitaine.

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Communiqué de Presse CCI Aquitaine et Hautes Pyrénées 29/07/2011 - 1 -

"Village de Marques" à Saint-Geours-de-Maremne :

Les CCI déposent un recours en

Commission Nationale d’Aménagement Commercial

Les Chambres de commerce et d’industrie d’Aquitaine ainsi que celle des Hautes Pyrénées se

sont réunies le vendredi 29 juillet à Dax à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie de Région Aquitaine.

Cette séance de travail destinée à examiner la création d’un « Village de Marques » à Saint

Geours-de-Maremne a permis de déterminer une position commune aux Présidents des CCI qui ont

décidé de déposer un recours devant la Commission Nationale d’Aménagement Commercial contre

l’autorisation délivrée à ce projet, le 7 juillet dernier, par la Commission Départementale

d’Aménagement Commercial des Landes.

En effet, les Présidents des CCI concernées estiment que ce projet qui porte en son sein la création d’un « Village de Marques » :

- fait peser de graves risques à l'équilibre commercial du territoire. - affiche de lourdes incohérences au regard de plusieurs critères. - occasionnera des pertes de richesses

1. Un projet à contre-sens du développement économique et de

l’emploi

A. Le danger de la création d’un « Village de Marques »

La présence d’un centre de marques sur un territoire influe de manière significative sur le

comportement d’achat des ménages, dans le domaine de l’équipement de la personne qui représente 85 % de l’offre des centres de marque. Pour 54 % des ménages, il s’agit d’un des lieux d’achats réguliers et même pour près de 20 % du lieu d’achat principal.

La création d’un « Village de Marques » a, sur les commerces de l'équipement de la personne

et des arts de la table, un effet désastreux.

A titre d’exemple, à Cholet avec près de 15 000 m² de magasins de marques, l’analyse de l’évolution montre une dégradation du nombre de commerces de - 13,5 % et une paupérisation du centre-ville.

DOSSIER DE PRESSE

Communiqué de Presse CCI Aquitaine et Hautes Pyrénées 29/07/2011 - 2 -

À Romans sur Isère (11 500 m²) avec une implantation très proche du centre-ville, l’analyse de l’évolution montre une nette dégradation (-29 % de commerces de prêt à porter sport loisirs et équipement de la maison en six ans) et un taux de mitage désormais très élevé sur le centre-ville.

À Roubaix, le nombre de magasin de chaussures est passé de 125 boutiques à 80 et l'ensemble des magasins de l'agglomération a perdu 1 800 emplois.

À Troyes, le nombre de boutiques de prêt-à-porter a fléchi de 40 % entre 1993 et 1998 en raison de l'implantation à cette époque de deux grands centres de magasins d'usine dans la périphérie de la ville.

Dans l’Aube selon le Commissaire enquêteur nommé par le Tribunal Administratif, le Département comptait 395 commerces de prêt-à-porter, textile et après l'installation d'un centre de marques à Troyes, il n’en restait plus que 224, soit 171 fermetures (43 % de l'ensemble des magasins) en trois ans.

Rapporté au territoire sud-aquitain, ce dernier exemple équivaut à la suppression de

484 commerces d’équipement de la personne et de 1 823 emplois !

B. La disparition du lien social des commerces de proximité

L’équipement de la personne, secteur le

plus important visé par le projet de Village de Marques de St Geours de Maremne est en constante décroissance.

Ainsi, selon l'INSEE, la vente de vêtements en volume a baissé de 2,6 % sur l’année 2010 et la consommation en valeur de-0,5 % selon l'IFM.

Les ventes d'habillement sur internet

progressent de 21% par rapport aux douze mois précédents, tandis que la

consommation d'habillement en magasins a

régressé de 3,9 %. Plus de la moitié du chiffre d’affaires sur le net concernent des produits discountés (source IFM/FEVAD)

Le plus grand centre de marque, existe, il est sur « la toile » ! Et les prévisions montrent que les ventes de textile, habillement, accessoires sur le Net devraient

doubler d’ici 15 ans pour atteindre près de 20 % des ventes totales.

Dans cette perspective, le modèle « Village de Marques » va devenir un concept éculé.

Dans ces conditions, c’est faire prendre un risque que de proposer à des entrepreneurs et leurs banquiers de louer des cellules commerciales dans ce type de structure.

On peut d’ailleurs observer que depuis 2009 aucun centre de marques n’a été créé en France. Le programme immobilier de ce type qui devrait prochainement ouvrir avec 1,5 année de retard à Nailloux, entre Toulouse et Carcassonne, s’adressera à un bassin de population de 1,3 million de personnes. Ce projet "phasé" dans le temps comprendra 75 boutiques contre 125 initialement prévues.

Communiqué de Presse CCI Aquitaine et Hautes Pyrénées 29/07/2011 - 3 -

C. Une densité commerciale très élevée et des prévisions de croissance démographique

surestimées.

Selon une étude réalisée au mois d’avril 2010 par le cabinet Pivadis, la densité commerciale dans le Département des Landes est très supérieure à la moyenne : 1 690 m² pour 1 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 1 100 m²/1.000 hab, soit une surdensité commerciale de 49,58 % (590/1.190). En outre, selon la même étude, l’évasion commerciale sur le Département (c'est-à-dire les achats effectués en dehors du Département par les consommateurs landais), hors vente à distance et cas spécifiques comme le tabac et essence, n’est que de 10 %.

En d’autres termes, ce n’est que l’accroissement de la population qui devra compenser cette superstructure commerciale d’une surface de vente de 61 157 m². Or, l’augmentation de la population dans la zone de chalandise ne devrait atteindre que 21 000 habitants à l’horizon 2030, en considérant un taux de croissance démographique déjà très soutenu.

Comment ces 21 000 habitants sur près de 20 années pourront compenser la création de 61 157 m² de surfaces de vente ? La création de cette structure commerciale engendrera la destruction de très nombreux commerces existants et aura une incidence très néfaste sur l’animation urbaine de nombreuses communes.

D. Une mise à mal des stations touristiques littorales

De part son objet, ce projet commercial - qui n'est pas un parc de loisirs à thème - est dans l'incapacité de générer un apport autonome de touristes. Il est d’ailleurs démontré que le caractère d’attractivité touristique d’un « Village de marques » n’est pas ancré dans nos modes de consommation.

Au contraire, ce « Village de marques » détournera le flux de touristes existant au détriment des commerces et des emplois touristiques, mettant en péril des pans entiers de l’économie touristique du littoral basco-landais et le cœur de ses stations balnéaires.

2. Un projet en contradiction avec les textes législatifs de

l’aménagement du territoire et du développement durable.

A. Les Villages de marques trop éloignés des centres urbains

Le bilan carbone des « Villages de marques » est désastreux. Les promoteurs ne peuvent pas éluder leur responsabilité environnementale par des mesures accessoires (murs végétaux, recyclage de l’eau et des déchets). Accessibles uniquement en voiture et éloignés des centres de vie, ces programmes immobiliers sont la cause de longs trajets, de plus en plus coûteux, qui congestionnent la circulation.

Or, la proposition de loi relative à l’urbanisme commercial du 1er avril 2011 va à l’encontre des bilans carbones désastreux de ces « Villages de Marques ». De même, la Loi portant « engagement national pour l’environnement » dite Grenelle 2 du 12 juillet 2010 confirme, d’ailleurs, le caractère actuel de cette tendance. Ainsi, « aux exigences d’aménagement du territoire en matière de revitalisation des

centres- villes, de diversité commerciale, de maintien du commerce de proximité, de cohérence entre la

localisation des équipements commerciaux, la desserte en transports, notamment collectifs, et la

maîtrise des flux de personnes et de marchandises, de consommation économe de l’espace et de

protection de l’environnement, des paysages et de l’architecture. »

Communiqué de Presse CCI Aquitaine et Hautes Pyrénées 29/07/2011 - 4 -

B. L'absence de desserte par des équipements de transports collectifs

Le critère de développement durable prescrit par l'article L. 752-6 du Code de commerce prévoit

des transports collectifs peu polluants. Aussi, le Conseil d'État a confirmé, dans son arrêt rendu le 16

février 2011, le rejet d'une demande d'autorisation d'un centre commercial d'une surface de 15 998 m²,

aux motifs que ce projet serait de nature à nuire à l'animation urbaine et induirait une pollution

atmosphérique importante en raison de la forte augmentation des flux routiers.

Il en est de même pour la décision de la Commission Nationale de l’Aménagement Commercial (CNAC), qui fin 2009, a refusé la création d'un village de marques "Happy Days Shopping" de 31 000m² sur la commune de Villers-Bretonneux, commune picarde de 4 100 habitants situé 12 km à l'est d'Amiens.

Extraits de la décision de la CNAC :

Aucun des centres de déstockage français n’a participé au développement d’un territoire. Au

contraire, le nombre de commerce est en moyenne plus faible dans les départements accueillant des centres de marques, selon l’Insee. Quant à la participation des centres de marques au rayonnement des territoires, il semble bien que l’image du Bordelais, du Choletais, du Nord ou encore de la Région Parisienne soit indifférente à la présence d’un ou plusieurs de ces centres commerciaux.

C. Le centre de marques fait « contre-emploi »

La création de 1000 emplois est annoncée ! Or, on compte dans les centres de marques 1 salarié par tranche de 300 000 € de chiffre d’affaires annuel, le ratio étant de 150/170 000 € par salarié dans le commerce traditionnel. A volume de ventes égal, un centre de marques emploie 2 fois moins de salariés que le commerce indépendant. L'étude réalisée par le cabinet d’études Pivadis en avril 2010 montre par ailleurs que l'impact des 3 projets (Allées Shopping à Ondres/ Ikéa à Mouguerre et St Geours) viendrait amputer l'économie existante de 1 000 à 1300 emplois !

Communiqué de Presse CCI Aquitaine et Hautes Pyrénées 29/07/2011 - 5 -

Dans cet esprit, on peut légitimement s’interroger sur l’efficience des fonds publics consacrés par l’Etat et les collectivités locales dans le cadre du FISAC dont ont bénéficié de nombreuses communes du territoire concerné. Cette décision vient annihiler tous les effets positifs de ce dispositif public.

3. Un projet trompeur pour le consommateur

Évidemment, le consommateur pourrait être tenté, lui qui semble n’avoir qu’une seule obsession, celle de payer toujours moins cher, au risque de favoriser les importations et de finir un jour par supprimer son propre emploi !

A. La confusion entre magasin d’usine et village de marques

Commercialisant des articles de la même saison, les magasins du Village concurrenceront, donc, nécessairement, les commerçants traditionnels, déjà existants. Toutefois, à la différence de ces derniers, ils annonceront une diminution permanente de prix comprise entre 30 et 70 % pour les mêmes produits… et bénéficieront ainsi de la préférence des consommateurs, ce qui explique l'impact négatif sur les commerces de proximité et de centre-ville

Un « Village de marques » n’est plus un centre de magasins d’usine écoulant les surplus des fabricants. Il s’agit d’un centre commercial où se côtoient des commerçants, des grossistes et seulement quelques fabricants (entre 7 et 12 %). Les marchandises vendues sont à la fois des nouveautés et des fins de série de la saison en cours et des produits de la saison précédente. Les rabais annoncés sont en moyenne de 30 %, comme dans la plupart des boutiques en ville.

B. Les Villages des Marques, porte d’entrée des importations des pays du dumping

social

En revanche, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir et plusieurs décisions de justice ont mis en évidence dans les « Villages de marques » le manque de transparence et de sincérité tant sur le niveau des rabais que la qualité des produits même de marques.

Le CREDOC a identifié à son tour plusieurs types d’atteintes à la protection du consommateur liées à une incertitude sur la qualité des produits dès lors que l’offre moyenne se compose « de fabrications spéciales à hauteur de 20 %, et d'articles appartenant aux collections actuelles (environ 5 %) » et à l’hétérogénéité des rabais lesquels sont « un puissant facteur d'incertitude sur la réalité des remises pratiquées et des économies réalisées par les consommateurs ».

Les « Villages de marques » constituent désormais le deuxième débouché de l’industrie textile délocalisée, c'est-à-dire des importations de produits à faibles coûts, juste siglés de marques, mais dont la qualité est loin d‘être celle des produits commercialisés par ces mêmes marques en France et en Europe dans leur circuit de distribution classique.

Considérant que les CCI ont pour première mission de défendre et de

représenter les intérêts des entreprises et du tissu commercial existants, les CCI

d’Aquitaine concernées ont décidé de déposer un recours devant la Commission

Nationale d’Aménagement Commercial contre l’autorisation délivrée à ce projet

de « Village de Marques » de Saint Geours de Maremne, parce qu’il apparait

destructeur pour le développement économique, la richesse et l’emploi du sud de

l’Aquitaine et d’une partie de Midi Pyrénées.