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la page blanche 42 novembre 2009

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Éditorial page 2

La littérature des manifestesConstantin Pricop

Simple poème page 3

Les Beaumonts de Jean-Claude Bouchard

Poète de service page 5

États Désunis / Estados Desunidos d’Ademar Ribeiro

Moment critique page 12

De l’enterrement de la figuration narrative par Céline Delas

Atelier de traduction page 16

Ademar Ribeiro

Poètes du monde page 18

Franz KafkaJ.M.G. Le Clezio

e-poésies page 20

Sébastien AyreaultGuillaume LamarqueJean-Louis GaritteThomas VinauPierre LamarqueNadine Sellers

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Dès mes premiers contacts avec la littérature d’avant-garde j’ai été surpris par une caractéristique de cette littérature. Aujourd’hui je crois que cette particularité est encore plus importante que ce que je lui ai concé-dé au commencement. Dans mes articles j’avais parlé quelques fois, en passant, sans insister, de cette par-ticularité. En quelques mots, il s’agit d’une caractéris-tique qu’on peut remarquer facilement. Grâce au grand succès des avant-gardes historiques, succès amplifié par la critique, les matériaux fournis de ce chapitre de l’histoire littéraire sont cités dans les dernières années sans cesse, comme une puissante obsession. Donc, il ne s’agit pas d’une réalité trop peu connue. Tout au contraire. Quand-même, en dépit de cette super-circu-lation on n’a pas souligné suffisamment l’existence de deux grands chapitres de la littérature d’avant-garde : la littérature des écrits d’avant-garde proprement-dits, d’une part, la littérature des manifestes, d’autre part. Entre les deux « chapitres » on a une relation originale.L’insuffisante observation de ce départage est le résultat de la considération de cette réalité dans une manière traditionnelle. Habituellement, les manifestes littéraires sont considérés comme des textes explicites, explica-tifs, qui méritent être considérés seulement pour les « idées » qu’ils contiennent, des suggestions en vue

du processus créatif. La littérature proprement dite des avant-gardistes, par contre, est considérée comme la section la plus importante, celle sur laquelle doit se concentrer l’attention des lecteurs, etc. D’après le modèle de lettres traditionnelles les programmes artistiques sont vus comme des suppléments aux « œuvres », ce dont, en fin de compte, on peut se dispenser sans problèmes, n’étant pas aussi essentiel que l’œuvre pro-prement dite.C’est suffisant de suivre aussi la modalité dans laquelle cet état d’esprit est reflété par les commentaires critiques jusqu’à l’ap-parition des avant-gardes et de constater que l’œuvre a été toujours primordiale. Les programmes, les manifestes, etc., peuvent être utiles dans certains cas, pour l’interprétation de l’œuvre, celui qui fait l’interprétation. Mais toujours l’attention primordiale sera accordée à l’œuvre. Il suffit de regarder avec un plus d’attention le mouvement avant-gardiste dans son ensemble pour constater que la situa-tion est fondamentalement différente. Les manifestes littéraires ont la même importance (sinon, au moins dans certains cas, plus…) que les « œuvres » qu’ils introduisent. Dans le cas des avant-gardes, les manifestes sont cités plus souvent que les œuvres qu’ils introduisent. Et, si l’importance accordé aux ma-nifestes est facile a déceler, allons plus loin et observons que ces textes, plus développés, comme volume et comme mise théorétique, que tous les manifestes de la littérature d’avant les avant-gardes, constituent, eux-mêmes, une littérature. Une lit-

térature qui a des procédés spécifiques, une littérature qui mise elle-même sur des effets, s’éloignant, comme toute littérature, du « message » qu’elle porte.

D’après la logique traditionnelle, dans les manifestes on ex-pose des idées, des convictions, des choses abstraites, tandis que les œuvres proprement dites s’adressent aux affects, à cet intelligence du vivant qui tient de l’expressivité, des émotions. Dans la ligne de la conception traditionnelle les manifestes travaillent avec la force de la démonstration. La confrontation entre les manifestes était une lutte d’arguments logiques. La part artistique, par contre, ne connaîtra pas des confrontations, mais seulement des manières d’exprimer. La confrontation des idées littéraires doit être soutenue seulement avec des argu-ments rationnels, qui tiennent de l’idéologie. On doit évaluer aussi dans quelle mesure les avant-gardistes exposent dans leurs textes programmatiques les idées littéraires consacrées, en ajoutant à ceux-ci des propositions de réforme – ou partent d’une conception nouvelle, sans rapports avec les prédéces-seurs.Dans la littérature des manifestes proposée par les avant-gar-distes, la place des démonstrations a été prise, toujours, par des exclamations, des vitupérations, des paroles, etc. Bien sûr que Breton veut convaincre, mais Marinetti, Tzara, les ex-pressionnistes sont surtout des pamphlétaires, souvent pathé-tiques.

Constantin Pricop

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Les Beaumonts

Sans lunettes de soleil, le retour sur un quartier d’enfance par Montreuil de naissance, direction Paris, quel beau black que voilà, mon sexe mou mais en émoi, souriant le mec, la nuque à embrasser suivant une chaine d’argent, baigné d’un soleil direct en souterrain gare de Lyon correspondance prendre la 9 à Nation, le A, RER autrefois vapeur escarbilles, Boissy Saint-Léger Bastille, en tête de train, métro rouge et vert sièges en bois, cling! Le chef de train, les portes se ferment, gros pistons, dans ce bruit j’entends les grillons, Robespierre, «veuillez patienter merci», l’attente n’a pas changé, Croix de Chavaux, place Jacques Duclos, la banlieue en rouge, un marchand de journaux, pas d’aujourd’hui, en sucré salé. Le 127 en direction des Beaumonts, avenue du président Wilson, en clinique je suis né, Montreuil basculé écolos, les maisons n’ont pas bougé, quelques barreaux aux fenêtres en plus le long de l’avenue, un défense d’afficher toujours là, respectée, doucement je rentre dans la danse… je descends aux Parapluies, usine fabrique du nom, les quatre ruelles vers le parc Mabille, Fontenay sous bois département du Val de Marne, un tour vers l’hospice, mémé Charlotte ma grand-mère infirmière, un mouroir disait-elle, les bâti-ments en meulière disparus, photographie en mémoire noir et blanc, je me demande si ce grand arbre n’était pas déjà là tout petit, avenue de Stalingrad, ça ne s’invente pas, je ne vous la raconte pas, j’en ai vu s’en construire là, d’ici tu peux prendre le 124 pour la mairie, l’avenue Parmentier remontée, tu sais celui qui a ramené la pomme de terre, architecture inchangée, le pleure la mémé… Le bac à sable s’est pavé caché, square Maurice DAUMAIN fermé à clef, rue Gabriel Perry martyr de la résistance, la petite boutique du coiffeur c’était là! A son tour pour la coupe en brosse, un bout du jeudi anéanti, nous faisait mal le bougre avec son engin, retour sur les quatre ruelles où une voiture s’était enfoncée sous la chaussée, sous-sol carrière parisien, au parc des Beaumonts grand ouvert, c’est là que sans succès je me suis mis sur des patins à roulette avec l’impression d’être traité de fille, un carré de béton aujourd’hui défoncé, dans ma mémoire plus grand, je m’engouffre en verdure voyant bien que le passé m’échappe et pourtant je suis bien sûr d’y avoir rêvé, ici la tour Eiffel lointaine, au-delà tata! Tata! Regarde on la voit, reviens, reviens il y a un satyre par derrière, c’est vrai qu’une fois j’y ai vu sa grosse queue, acacias en fleurs dans l’huile bouillante, beignets croquants encore chaud devant le sucre, un vieux mâchonnant, j’ose pas causer horticulture, maison pour tous Gérard Philippe…»Le Danton» toujours debout rue André Laurent, le bois au loin semble nous y mener, ce pavillon comme je me le rappelle, celui des Petit, de derrière chez moi on pouvait, Maïté en avance enjambant d’autre jardins, le rejoindre, c’est ici que les parents partis une surboum, véritable Rolling stoned du sous-sol au grenier, un autre jean-claude me roule une pelle je crois m’évanouir… Au passage, j’étais tout petit comme cela, l’usine toujours là, le bruit non! C’est un Karcher rue de la Renardière, je m’égare la voie d’Estienne d’Orves en quelques disparitions, la couturière, maman pour un maigre salaire, m’y apprit à coudre les boutons pas loin de chez nous, du père par-dessus par-derrière aux claques d’enfer, ici bas sur la face, je criais pour que m’entendent… les voisins, pour autant les ouvriers ne se contredisent pas! J’avance… mobylette, voiture à trois roues de loin entendue, cœur de fromage blanc le tissu humide, avec quelques pièces, maman heureuse de nous les offrir (mais qu’est-ce qui lui arrive aujourd’hui), des larmes un soleil de mai les séchant, dans une même perspective rue des Beaumonts, je ne sais plus si c’était là qu’habitaient les Lièvres, le pavillon des Camus je le reconnais, Philippe le fils unique, un presque pote, mort en livraison plus tard, les parents jamais consolés, chez les Foix, je me rappelle qu’un dimanche on y a mangé, et Georges, la maison toujours en bois, c’était presque cul et chemise, il s’en mettait dans le gosier du jaune, deux ou trois filles, Patrick le garçon mon défenseur de récré amoureux peut-être, c’est ici que j’ai vu les premiers pains de glace, frigidaire livré à domicile glissant du camion, Monsieur Chemin tout à coté, déballage maraîcher, les terrains sont tout en longueur d’anciennes vignes… les Picard, lui le plus grand des alcooliques battant un petit bout de femme, l’Yvonne morte très tôt, la fille Denise, les années 60, petite main chez Carvin, je voulais être elle me sachant garçon, les Golleteaux, toujours autant de filles là dedans je vous le dis, c’est la marchande ou l’infirmière des jeux, elles m’obligent à faire le malade, Versailles, Chambord, le père travaille chez SIMCA, rutilantes… j’entends le moineau, «t’as vu la minette elle a encore fait des petits», le mur, à l’appui duquel j’entretenais mille conversations, ce rosier de ces dames, aux larmes citoyens, mes roses jamais déçues, l’escalier pavillon à quatre pattes vite chez mémé, belote, rebelote et nain jaune, une pièce pour le tiercé. Charlotte. Le Rip et la Marquise autrefois dans la niche, j’aboie, les fourmis, poiriers passe crassane, Jacques Martin plus loin, à se relayer, le père m’obligeant, la frousse de déguerpir, que c’était dur de me nourrir! Mais quand j’y pense… Madame Kergresse, des dizaines de garages sous les toits ondulés, son fils m’in-vitant à dormir le temps d’une sieste (à l’interrogatoire, je n’en dirai rien), je ne tiens plus en place, la cabane du cantonnier, la pente remontée, bons caniveaux, descente en eau, un moulin vite imité, je m’arrête sur le sapin de noël un grand if maintenant, je pleure et, j’oublie, si on allait chez Marguerite? Sans enfants, à la canne blanche ne voyant guère, ma grand-mère la croyant plus maline parfois, pour appréhender les cerises toutes pour sures an-glaises, les adultes et autres malicieux les retrouvaient baignant plus tard dans un liquide, interdit aux enfants. Ce mercredi je n’irai pas chez parrain, ton père ne veut plus, interdit de jouer au train sous la table, interdit d’appeler Antoinette, marraine… en Normandie c’est l’ainé des sœurs qui domine, le grand-père. Des gamins en âge se lancent des sens interdit vers le marché Roublot, couvert de fers, de verres, matchs de boxe à tout craquer, on n’y allait pas… Mon atelier d’artiste il est là! Même que la tourelle à moi tout seul à l’abri, regarde au loin en loin les nuages, Paris, la vitre rallongée… Gamin patinette, comme vous le savez, de toutes ces libertés jamais obte-nues… quand c’est-il ? La chamaille s’il fallait une grille ou pas que certain franchisse… A l’ombre que je fais, c’est l’heure du père, parfois drôle quand même, il s’échappe… Je m’en vais cette fin d’après midi, la fraîcheur douce à souhait nous caressant la chaleur. Tonton est saoul par neuf demis à trois, la tante braille qu’il couche avec d’autres qu’elle… Culotée, tout de même, à me tripoter, repassage bleu de travail à domicile un boulot exténuant pour une commère, son quartier, sa réputation à l’autre bout de la ville (je devrais parler de mes cousins). Une femme, dé-marche tranquille cool, sortant de chez nous, je ne l’aborde pas, ses enfants de la balle à Rio, à moins le quart le pair gagne black. Le mur toujours aussi penché, ah! Oui c’est vrai, faut que je passe chez les Martin, tu sais? Cette mère qui ne croyait pas que je faisais la communion pour la religion, m’agaçant de pas m’entendre, comme ci je n’étais pas capable de faire la prière sans que l’on me le dise… toujours est-il que le môme à la trottinette, toujours là, et moi toujours pas chez les Martin, la maison délire liftée, mais non! C’est l’autre d’après celle de l’escalier,

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Jacques, de toi j’ai une photo de classe dans un placard année trente Emmaüs. Un jeune parano, voiture vitre teintée, qui mâle où je pense, s’excusant à peine, perdu de penser que j’étais là pour un cambriolage… au 58 rue des Prés-Lorets habitait mon meilleur ami d’école, la famille déménageant je n’ai pas su lui dire au revoir, tellement que les autres m’ont traité de PD, je t’aime, maman me l’a dit, même si aujourd’hui, elle est tête en l’air, j’adore tes lunettes, il me semble que je t’étonnais tout le temps, tant de chose, de questions, te montrant soir et matin à l’abri…

Avenue de la république, quel boucan! Bus plateforme 2ème section, on finit à pied, marchands de journaux un soir de mai 68, les voitures renversées, la boulangerie elle aussi fermée, là je ne sais plus trop, curieux de savoir, pour le marchand de lampes c’est une retouche couture, des ambulances à l’arrêt André Laurent, «LE NARVAL», Michel dans un état pitoyable, la lettre postée… tatouage percing et compagnie gothique flamboyant, en face, un sushi s’est emparé des sirops limonades, des cache-cache derrière le comptoir interdit, les alcoolos rappliquent, la communion solennelle, dans le fond les dragées, parrain s’est acheté plus grand, rue de la maison rouge, plus strict, avec obligation de se tenir sur les patins, sans tomber… Au coin, chez l’arable c’est l’arable et même qu’avant l’arable c’est l’épicerie. En face c’était la laitière, les cheveux coupés à la libération, ni tripier, ni cheval, il y a longtemps, et tout comme la mercière, je serais bien embêté de vous indiquer où ce trouve tout ce beau monde. Je me dirige voir si les Chichery, toujours là, les seuls à ne pas avoir l’électricité coupée les jours de grève, d’exotiques poissons... Vers les Rigollots autre usine, détestée, là il y avait un chinois, là, c’était une maison qui me faisait peur, là habitait celle qui m’a dénoncé au père, je l’ai su peu de temps avant sa mort, des pétards explosés dans la tête d’habiles babas cool freaks, et voilà mon coté branleur en cuir skaï véritable, combien après Lou Reed rue Gambetta, des vieilles à manchettes, les garages toujours là à l’enseigne, j’y suis monté une fois me demandant s’il n’y avait pas un peu de sexe à l’étage dixit la commère… Typique dans mon assiette, Kiravi, tes bouchons plastiques de toutes les couleurs pour confectionner un si joli rideau, au gré du vent la porte grande ouverte, café entre voisins. Les deux pharmacies l’une en face de l’autre, nous à ne pas savoir choisir laquelle des deux surtout que, la plus compétente c’est celle qui voit le moins, vue l’épaisseur de ses carreaux… Philips, la télé angulaire, appuyer comme un fort sur le bouton pour la voir s’allumer, scooter à PIZZA sur le trottoir aux mains d’agiles maghrébins, entendu comprenant la langue y étant allé, et ainsi de suite, tout comme la boucherie en limousines halal. Le petit marchand de bonbons disparu du tour de France, le Merlin des maisons de vacances, le Lucien Bobet en sous-mains pour le critérium, se retrouvaient là, pas loin de sainte Marguerite, les cloches tourne-disque, jazz de gauche, la poubelle ne fait pas le moine nous renseigne sur nos congénères, je n’ose pas faire la photo pour être trop vite passé, des fêtes il faut les annoncer, un arc-en-ciel pour pâques resté là, incroyable! le marchand de charbon en vétérinaire devenu, prière de fermer la porte à clé chez le toujours plus gros marchand d’autos de l’est parisien, un bijoutier, les médailles transférées faisant face aux témoins de Jehova… les Rigollots, un jour d’école, l’immense cheminée effondrée, des briques partout, pour de l’habitat cabane à lapin, mais chic… Je choisis d’aller vers le bois, en cachette comme autrefois ici Paris bas, traversé, petit cordonnier arrête, tu me fais tourner la tête, tête… le Celtic en Franprix, tu parles! La station de service où j’allais respirer l’essence, un Picard, et des restos asiatiques plus de mode aux dires de la rumeur… la poste en P.C.V. s’il vous plait, cabine 15, pour la Manche carotte en DS aller-retour, les ateliers protégés de la RATP pour voir si, ça fait peur d’être ouvriers… du Prisu au Monoprix les rombières pour se la faire moderne, à toute à l’heure, le salon de coiffure, la coupe toujours jeune, quand à ce boulanger nous n’y allions qu’une fois tous les autres fermés, je ne passerai pas rue de la maison rouge, on verra un de ces jours, une autre fois, je m’éloigne davantage, auto-moto-école Dalayrac, n’ayant, enfin presque, vu le coté tranquille de nos nuits, improbable pavillon de banlieue, la brique pas chère, une embrouilleuse de rue tente de convaincre ses deux collègues, je ne suis pas passé devant Jules Ferry! Le 124 rue Pierre Dulac de Compostelle, ça rime, mélange 60’ et d’aujourd’hui un collège s’agrandit, le RER tout proche du bois, Trotski tue le ski… je recherche le Palais des Fêtes, celui des grands prix d’avant les hangars, celui des deux films, des attractions et de Tom et Jerry, cowboys fessés d’indiens, la mémoire suffisant… je m’égare sur ma personne de troubadour en pochette surprise bien en vue, les mamans ne sachant que faire, cadeau pas cadeau… je remonte vers la mairie, l’institut st Barbe à me faire peur la nuit, aide à domicile, un sticker que je ne connais pas, le vieux Fontenay, si on veut, pourquoi maman? « Garage des Rosettes « - parce que fer à forger! Dans ce temps là ils sont durs les vieux, une concession d’assurance sale et sans police, devanture en bois - de quoi? Buvant à même la rue, le café à son affaire, les arômes tagués, à l’église st Germain, jamais là à cette heure, la mairie communiste, d’après les HLM, c’est loin… j’ai toujours regardé partout, alors, hier comme aujourd’hui, à voir dès la semaine prochaine…

Epilogue qui suit une voiture d’époque coupé sport, ce n’est pas la deuche prolo, même si tout compte fait les pay-sans s’en sont emparés, la Simca 1000, le moteur à l’arrière, cuisses collées au skaï des heures durant. Rimbaud jamais trop’aidé, comme je les aime, bon, il faudrait voir… un scoop à la mémoire récalcitrante, un taxi pour me tirer de là! Même pas enceinte, je ne doute pas un instant que le conseil général, dans cette grande demeure bourgeoise, ça ne fasse trop communiste, ça à foiré, entité médicale du bois, soyons attentifs, Olivier à ses troupes dispersées, bordel de merde, où est mon Trotski dans le texte des fois qu’ils s’échappent, mes brebis promenons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas, si le loup y était il nous mangerait… youpi!

Jean-Claude Bouchard

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États Désunis

La poésie que je blâme va engendrer ses motssur le nul et sur l´indigne;accomplit des sens vides,loue des offices inhumains,hurle avec des états froidsdes propos nord-américains.

Elle remplit une insipide fonction,comme le plus grand pouvoir, de se façonner sur le plus plat des signes néo-coloniaux( plus que plat, exécrable,

plus que ça, capitalissime ) qui tellement tous emmerde, mais sur lequel tous s´accordent, sans glapir un seul misérable nonpour contester les «yes» qui grognent.

( Sinon voyons, «ladies and gentlemens»: qui aurait donc invité Kenny Horn au Varjão en se lui écartant les jambes au téléphone? )

La Poésie que je propose secourt l´humainen parodiant ce modèle qui ne nous sert à rien,du tout au tout inverse à nos épanchements latins- sot, méchant, insipide, sans verve -qui d’autant plus s´impose, qu’on s´acharne à le copieret à ne rien lui ôter; à le retenir pour toujourssans jamais ne l´oublier;fût-ce même l´égratigner en menaçant de le contrer,en lui dressant des guérillas,en lui faisant souvent la grèveni non plus s´enhardissant à le scruter,autant ou davantage qu´il ne se dit.

La poésie que je retracese trouve bien de ses filles:à cause d´affaires de classerejette les sujets ordinaires:

les haines de Nicaragua,les deuils d´Argentine,les humiliations d´Afghanistan,les effrois de Bagdad,tout cela lui répugne,elle n´en compile rien.

Elle importe du pays hérétiquedes rocks en unisson, des bombes «H»,accomplit des états fort unis: ne me permet de rien dire,hausse la voix, quand je parle,je ne suis que stylo et main,j´obéis à son discours rare.

Là je ne peux rien suggérer,énoncer mes avis à mon gré,ajouter ou soustraire des nomsinterdits des vivants ou des morts,rien y redécouvrir,rien y recodifier.

Tout y doit s´en tenir justeà ce qu’elle a toujours voulu

depuis la Guerre de Sécession,dès les temps des vétustes barons,des empires lointains,tout comme, plus que jamais, elle requiert:ni triste, ni content,mais plutôt hystérique ou dormantson inextricable cabaret.

Inutile de s´élever contre elle, ni de s´en mêler,ni de l´enfuir,plutôt la saisir telle quelle est, continuer en impuissant.

Pas question d´arguer sur les bombesqu´elle a fait tomber à la diablesur Hiroshima et sur Nagasaki:regardez tout cela sur le petit écran,à l´avantage de cynisme et d´humour, sur votre chaîne «Boule de Cristal»,et tenez-vous muet, «darling»! La poésie que je traduis,qu´aussitôt je réprouve,n´est pas celle dont j´ai envie( ce n´est même pas de la poésie,ça suppose un autre nom, une autre senteur, une autre psychologie);c´est plutôt la frayeur de la mainen soupesant une coque vide,sans plus le jaune de l´oeuf;ça rime avec «people»et non pas avec «peuple».

La Poésie que je veuxne s´est pas lassée des mots,prend un cours objectif,ne se crée pas des jambes,ne quitte pas le livre,réclame cet oeuf voléà tout prix, à toute épreuve,même s´il ne lui reste qu’à se couper les poignets,s´allonger et mourir;rétablit ses aigus,ses tildes, ses «nh»,ses circonflexes, ses graves,se fait lire tout exquisément. Mais la terne poésie que je rendss´en fout bien de ce que je suis, ne tient pas compte des morts ni de ceux qui lui survivent.

Elle veut des esclaves comme moi,des sud-américains plébéiens pour enregistrer ce qu´elle dicteà la plus grande perfection,dans un asservissement infini.

Maintenant que le monde restetout égal, sans plus de brèches,il faut lui tirer sur le frontpour mieux en faire la fête ...

( La poésie qui me régitbourdonne à mon oreilleque ce que le poète écritdétourne de la Poésie,en signalant, posément,

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mes «fautes indélébiles»; à ce que je lui répondsqu´il m´est dû d´autres faire,car si je laisse mon poème en suspens,quel autre poète l’achèverait à ma place? Carlos Drummond de Andrade?Gonçalves Dias? )

Et pourtant je reprends son fil, même si je n´en ai plus envie,et même que cela me lasseet que je préfère écouter à la radio les voix du Brésil,elle y intervient, change la station, arrête la samba et joue un «rock»l´enregistrant pour mille bis.

Elle a cassé mes disques de boléros, la putasse.

Ne respecte pas Gal.

Persifle Angela Maria...

( Et qui d´autre aurait tué Clara, Gláuber, Elis? )

La poésie que je secondais m´a fait la grèvependant une courte mais profonde pause;s´est retroussée les manchesen se gonflant comme un crapaud,sans plus rien dire,au masque raide,perfide et disciplinée,d´une ruse inaccessible,comparable à la sainteté,puis en frappant sur la table,m´a obligé à cette dictée:

« La poésie à laquelle je me prête en tant que poète marginal, bourru, à condition d´usage réciproque, pour satisfaire à des fins tactiles ne s´intéresse pas aux êtres vivants ni à ceux qui eurent été vivants, ni à ceux qui tombèrent sur le front dans des luttes politiques acharnées, pour des causes valables, actives, mais oui à ceux qui lui ont survécu, on ne sait pas par quels moyens et, tels que le poète lui-même, insistent à laisser des semences, en frustrant son expectative.» « Il ne nous incombe - reprit-elle d´un ton taxatif - ni à moi ni à mon clan de prophètes à traits militairesques, à indices néonazistes, que de fouiller les cratères de la Lune, les taches noires du Soleil, les mers rougeâtres de Mars, les anneaux de Saturne et tout ce qui est jetable, et tout ce qui est louche, et tout ce qui est néfaste, et tout ce qui est taciturne:

le FMI l´Oscar

l´Onu le Sida et d´autres virus du futur».

« Si donc le poète souhaite se faire lire dans nos journaux, se véhiculer sur notre média, faites recours aux vérités tièdes, tenez-vous-en à des thèmes oisifs:

poétisez les tasses, la théière, la table;

traduisez votre âme balourde et bourgeoise à l´aide des mots pincés des dictionnaires;

essayez de rattraper le poème d´amour qui s´arrête et pourrit dans votre esprit, depuis toujours, par ma faute;

ou alors amusez-vous inopinément avec vos vers, figurez-vous la Poésie une vachette cocasse qui descend la pente, jour après jour, toujours sur la même trace.»

« En voilà tous les thèmes outre celui-ci qu´on développe - ajouta-t-elle d´un accent boursouflé - sur lesquels mon système s´accorde et qui ont le permis de nos clauses». « Si donc le poète souhaite se faire connaître en vie, qu´il ne nous dépasse en ruse d´une seule virgule; instiguez, si vous voulez, mais dans de courtes mesures; fuyez les causes qu´on sait depuis toujours interdites; ne vous vous hasardez plus dans l’inconnu, n´osez pas fouiller les tripes politiques ni ne vous rapportez non plus, en aucun cas, au mot «peuple».»

« Voici le mot le plus inexact et maudit, parmi d´autres aussi maudits et inexacts, qui ne s´est jamais laissé aisément écrire nous ayant bouché pour des siècles la «chatte».»

« Autrefois peuple résistait, avait la trempe acharnée, renversait la main, retordait le bras, débordait le papier, fuyait la fourchette.»

« Ça tenait un poids impondérable semblable à la gélatine, tout comme un oeuf sur la table, tout comme un train dans la brume».

« Peuple remuait ( hourra, peuple! ) causait de la frayeur, du fracas, bannissait l´eau cristalline.»

« Maintenant ça ne fait plus peur, ça ne ronge même plus le bras d´un dictateur; maintenant ça se ravage, maintenant ça s´extermine, et si jamais aviez-vous écrit cela, ne l´écrivez plus à d´autres reprises.» « Poursuivez plutôt votre vie mesquine- a-t-elle dit, la poésie assassine -

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en vous méfiant de vos propres évaluations.»

« Supposons - c´est même sûr - que les choses ne soient pas si noires, ni encore aussi douces, ni tellement graves qu´on les imagine, mais même, que nous nous attendons à la totale destruction, au carnage universel et inhumain, à la ruine des afriques coloniales et des amériques latines: qu´est-ce que ça peut nous faire vos avis personnels, vos images crépues et l´embrouillement de vos rimes? «

« Apprêtez-vous à mourir».

« Ne quittez plus la maison».

« Regardez sans rien voir».

«Voyez sans rien comprendre».

« Parlez sans rien dire, cachez-vous sous le sol, rampez sur le ventre, acceptez volontiers notre plus grand mal, mettez bas vos ultimes armes puisqu´une seule Cuba ne fait pas le printemps

( dans ce monde assujetti et fade, à quoi bon un poète anarchique? ) «

« Affiliez-vous à notre industrie de poésie, notre chiclette poétique est implacable, se colle aux dents de la douleur, rachète maintes somalies, a déjà figé l´Irak, a englouti El Salvador».

« En offre, cette semaine, ces images de Ruanda et pour achever la couture, d´autres plus fraîches d’Haïti qui nous ont presque tués ( hé hé hé hé ) mais autant plutôt en rire.»

«Il ne convient donc pas au cher poète de hausser la voix - rendez plutôt grâce à Dieu, si vous L´avez, ça oui, de vous avoir soutenu jusqu´ici, malgré tout, en vie - vos tildes, vos «inhos», vos «nh» ne nous disent rien, notre ordinateur ne lit ni vos circonflexes ni vos graves, ni les propos enquêteurs de vos langages, ni les langues latines, ni leurs poètes du livre.»

«Et puisque nous n´avons rien de plus produit que les choses rapportées jusqu´ici, dans ce récit - sinon «coca-cola», Marilyn Monroe et «jeans» - notre machine se nourrira toujours, jusqu´au bout, aux dépens du sang des «guantanameras», de tout ce qui était vrai, beau, doux et rond:

les vieux films italiens, tout le cinéma français, les venus, les muses, les nymphes, l´étoffe soyeuse de Gina, la «rustre» Marina Vlady...»

«Nous avons mangé la Russie, les rébellions échouées, les complots démantelés, les vergognes serviables, tous les beaux arguments, les années soixante,

l´essence des patries, les corps et la musique.»

«Nous avons recousu le monde avec le fil pourri de l´autre bord de l´idéologie, y avons fait des greffages, des chirurgies en recréant de nouveaux vieux pays, et pourtant la racaille toujours nous acclame, tandis que nous rouvrons à la balle ses cicatrices.»

«Comme il s´avère à l´insigne poète, les choses s´arrêtent enfin égales, réinsérées dans leurs places tout comme on les a voulues, sans plus de rancunes secrètes ni de perspectives de luttes( chaque fruit dans un autre arbre, sur chaque branche un autre fruit; on a échangé les «cajás» et les myrthes pour des «serigüelas» et des putes; les «cajus» des mûriers pour d´autres fruits rampants, et le mauvais pour le pire sous l´ombre des bananiers), et coûte que coûte, et à tout prix, nous ne voulons qu´être heureux, nous ne voulons qu´être heureux, nous ne voulons qu`être heureux!»

La poésie qui discourait s´est arrêtée en silence, et une chorale de marionnettes provenue d’on ne sait où( du fond sombre de l´espace d´au-dedans du fossé ) reprit d´un ton grêle, dans un idiome affreux:

«We want to be happy! We want to be happy! We want to be happy!»

La poésie, acclamée, salua la néo-racaille qui constituait ce peuple, se lécha la lèvre rouge d´un air triomphant de rien, poussa un gros éclat de rire et reprit son discours effrayant:

«Nous détournons l´oreille, moi et toute ma légion( mon enfilade de bandits, mon cortège incomptable, mon armée impitoyable de philosophes fessus, de politiciens scélérats, de tueurs et de vantards, de finauds et de fripons ) nous détournons l´oreille des remous et des plaintes des clameurs d´outre-mer, des tohu-bohu prolétaires, de tout ce qui gît sous terre, qui s´est effondré pour toujours, qui n´a jamais fait du sens et qui n´a jamais eu raison».

«Et me voilà qui crève( bah, je crève! )

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j´arrive au bout du discours,j´y ai gaspillé tous mes mots,j´y ai explosé tant de balles,j´ai brûlé tous mes cartouches,je n´ai plus rien à direni rien d´autre à ajouter.»

«Sauf, peut-être, à la légère, au barde Ademar Ribeiro, poète engagé, maudit, que les premières places concernant notre Lyrique ne sont pas pour son bec, et que nos meilleurs trophées concernent ceux qui s´ensuivent:

les post-parnassiens, les semi analphabètes, les rimailleurs populaires, les prophètes bureaucratiques qui ont émergé des papiers, les concrétistes de l´asphalte, ainsi que les poètes-stars de notre plus haute souche, qui ont bêché l´assemblée renversés par des grippes».

«Et me voilà si mal à l´aise( sapristi, je crève! ) et le poète lui aussi,tant il est qu´il s´est tuvers trois pages avant,ayant perdu son entrain,stoppant sa raillerie».

«Peut-être s´est-il égaré dans les ruelles de la vie ou, qui sait, déménagé ayant crevé de stupeur auprès du téléviseur, devant notre médiocrité».

«Sinon encore, déjà inerte, se serait-il mêlé de l´ennemi, barbote-t-il sur l´internet?»

«Se serait-il suicidé, décédé d´un mal terrible, de haine ou d’indignation en se mettant, par l´oreille, une balle dans la tête?»

Et auprès du poète en silence, la poésie s´est mise à babiller, en lui dérobant la parole, en accaparant son discours, en lui singeant les thèmes, en se rendant trop distante, de plus en plus répandue, jusqu´à déraper au virage, ses mots s´étant mélangés, le poète barra le poème et la poésie s´est terminée.

Ademar RibeiroEpigraphe : Les critiques littéraires, au fond, jaloux, ont toujours voulu être poètes; et les poètes sans talent, à leur tour, critiques littéraires.

Texte original portugais publié sur papier en 1999traduit en français par l’auteur pour la Page Blanche

Estados Desunidos

Epígrafe:Os críticos literários, enciumados,sempre quiseram, no fundo, serpoetas; e os poetas sem talento,por sua vez, críticos literários.

A poesia que persigovai buscar suas palavrasno inútil e no indigno;cumpre sentidos vazios,louva ofícios desumanos,late com estados friosdesígios norte-americanos.

Cumpre uma insípida função,como se o poder máximo,de se fazer do mais chatode todos os signos neocoloniais( mais que chato, execrável;mais que isso, capitalíssimo que a todos, pútrido, governa,mas com que todos, cúpidos, concordam )e de já não grunhir que seja um mísero nãoque venha a contestar os iesses que rosnam

( Se não, vejamos, «ladies and gentlemens»:quem, no Varjão, teria convidado Kenny Horne lhe aberto, impávido, ao telefone, as pernas? )

A Poesia que proponho acode o humanoparodiando esse modelo que não nos serve,de todo avesso ao nosso latino derrame- bobo, mau, insípido, sem verve -que, de tão longamento imposto, impossível não se o copíeimperdoável que se o erre,iinominável que se o conserveou, tanto menos, esquecê-lo,ou sequer arranhá-lo de leve,fazer menção de dizê-lo, gerir contra ele guerrilhas,viver-se com ele em greveiou patentear-se reconhecê-lotanto ou mais que não se diga.

A poesia que retrato,por uma questão de status,não usa matérias baratas,é uma das suas filhas.

Ódios da Nicarágua,humilhações do Afeganistão,terrores de Bagdá,tudo isso lhe repugnae nada disso compila.

Imporga do país herético«rocks» uníssonos, bombas «H»,cumpre estados unidíssimos.

Não me permite dizer,sobe a voz, quando falo,sou apenas papel e mão,sigo seu discurso ralo.

Não posso, a meu grado, intuiremitir opiniões,omitir ou acrescentar-lhenomes de pessoas vivas ou mortas,

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redescobrir,recodificar.

Tudo tem que ser como ela sempre quisdesde a Guerra da Secessão,desde os tempos dos vetustos barões,dos impérios lejanos,tal e qual, mais que nunca, hoje quer:bem triste nem contente,mas ou histérico ou dormenteseu inaudito cabaré.

Contra ela não adianta protestar,aliar-se-lhe,fugir-lhe,mas apenas saber que se a sabee continuar-se impotente.

Nada de perquirir das bombas que ela deixou cair, descuidada,sobre Hiroshima e Nagasaki:

telespecte tudo no seu televisorcom vantagens de cinismo e humor,de preferência no seu canal «Bola de Cristal»e fique mudo, «darling»!

A poesia que traduzoe que, traduzida, reprovonão é a que eu queria( nem é Poesia, teria outro nome,outro estado, outra cor,outro cheiro, outra psicologia:é o susto da mão, ao peso de só a cascaentrementes desaparece com o ovo;rima com «people»,não com «povo».

A Poesia que eu queronão se cansou de palavras,segue um curso objetivo,não cria pernas nem sai do livroe quer esse ovo roubadoa todo custo e prova,bem que para isso seja precisocortar os pulsosdeitar e morrer;restabelece seus «til»,seus «inhos», seus «nh»,lê-se, delícia.

Mas a tíbia poesia que executonão quer saber de quem morreuou de quem, aos trancos, lhe sobrevive,nen quer saber quem sou eu.

Quer escravos como eu,sulamericanos plebeusque registrem o que ela ditacom a máxima precisão,ffidelidade infinita.

Agora que o mundo acaboutodo igual, sem uma fresta,seria festa matá-lacom bala ou tiro na testa.

( A poesia que me regesussurra no meu ouvidoque o que o poeta escreve

não pode ser Poesia- respeitosa, me advertequanto a «falhas indeléveis» -e me atrevo a responder-lheque não só pode como deve,que se largo eu meu poema a meio,que outro poeta para ela o escreve?Carlos Drummond de Andrade?Gonçalves Dias? )

Nas logo retomo seu fiomesmo se não o quisesse;e mesmo se não o quero,se prefiro ouvir no rádio as vozes do Brasil,ela interfere, muda de estação,tira o samba e põe um «rock»,regrava-o para mil bis.

Não respeita a Gal.

Quebrou meus discos de boleros, a meretriz.

Faz pouco da Ângela Maria.

( E quem teria matado a Clara, o Gláuber, a Elis? )

A poesia que eu secretariava me fez grevepor uma breve mas profunda pausa,arregaçou as mangas,inchou como um sapo,mas não disse nada,nem moveu a máscara,pérfida e disciplinada,de una vileza inatingível,comparável à santidadee dando um murro na mesaobrigou-me a este ditado:

«À poesia que traduzo,à qual eu, poeta marginal, macambúziohei-me emprestado ressalvadamentepara fins de recíproco, tátito uso,em nada lhe interessa os seres vivosou os que tenham estado vivos,menos ainda os que morreram lutandoem lutas políticas ingentes,de mortes profícuas, ativas,mas, sim, os que lhe sobreviveramsabe-se lá por que motivose, tais como o próprio poeta,insistam em ficar pra sementefurando sua geral expectativa.»

«A mim e meu clã de profetas- continuou, direta, taxativa - de laivos militarescos, indícios neonazistas, só nos cumpre vasculhar os monstros dos outros planetas, as crateras da Lua, os buracos pretos do Sol os mares vermelhos de marte, os anéis de Saturno e tudo que for descartável, e tudo que for escuso, e tudo que for nefasto e tudo que for soturto:

O FMI o Oscar

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a Onu a Aids e outros vírus do futuro.»

«Ou, se o poeta quiser reler-se em nossos jornais, veicular-se em nossa mídia, recorra aos motivos frugais, atenha-se a verdades tíbias:

poetize as xícaras, o bulo, a mesa;

com palavras esdrúxulas dos dicionários,traduza su´alma esquálida e burguesa;

tente resgatar o poema de amorque, por minha causa, há anos, emperra,desonera em sua mente,ou brinque, inopinado, com seus versos,imagine a Poesia uma vaquinha marota, mineira que vem descendo adverbialmente a serra.»

« Estão aí todos os temas- ajuntou em tom pastoso - afora o que ora desenvolvo com que meu sistema concorda e que permitem as nossas cláusulas.»

« Se quer o poeta ser reconhecido em vida, que não nos exceda em perfídia uma vírgula; instigue, se quiser, mas dentro de curtas medidas; evite as causas que sabe, por experiência, proibidas, jamais se aventure no desconhecido nem ouse puxar as tripas políticas, nem se refira nunca, e sobretudo e em nenhum sentido, a «povo».»

« Que essa foi sempre a única maldita palavra dentre outras poucas iguais, malditas, que jamais se deixou escrever fácil e que entalou por séculos nossa periquita.»

« Povo dantes não racuava, tinha natureza renhida desequilibrava a mão, convulsionava o braço, caía do papel, fugia do garfo.»

«Tinha um peso imponderável, um peso de gelatina, fosse um ovo sobre a mesa ou fosse um trem na neblina...»

«Povo remoía ( urra, p-o-L-v-o! ) causava medo e fragor toldava a água cristalina».

«Agora (puah!) já nem rói o braço de um ditador; povo hoje é exterminadoe povo já não exterminae se nunca escreveu isso antes,jamais o escreva de novo.»

«Vá vivendo a mísera vida-continuou a poesia assassina - desconfiado da própria percepção.»

«Suponhamos- ou é bem certo- que as coisas não sejam nem tão negras conforme imagina, nem mais brandas, nem piores ainda, mas que aspiramos mesmo à total destruição - verdadeira, universal, desumana chacina - das áfricas coloniais e américas latinas: o que pode, em nossa Ordem, seu palpite pessoal, as desamadas imagens das suas encarapinhadas rimas?»

«Prepare-se para morrer.»

«Não saia mais de casa.»

«Olhe e não veja».

«Veja e não entenda.»

«Se entender, nada fale e, ao falar, nada diga: esconda-se por atrás do chão, rasteje sobre a barriga, aceite de coração o nosso grande mal, entregue as últimas armas que uma Cuba só não faz verão

(em um mundo rendido e igual, de que vale um poeta anárquico?) «

«Filie-se a nossa indústria de poesia, nosso chiclete poético é implacável, gruda nos dentes da dor, redime qualquer somália, imobilizou o Iraque, engoliu El Salvador.»

«Como oferta, esta semana, essas imagens de Ruanda e, como ponto de cerzir, outras mais novas, do Haiti que quase também nos mataram(ah ah ah ah ) mas mataram foi de rir.»

«E não adianta o caríssimo poeta levantar a voz- agradeça antes a Deus,se O tem, isto sim,por tê-lo deixado a essa altura ao menos vivo -seus «til», seus «inhos», seus «nh» nada podem contra nós,o nosso computador não registra circunflexos, nem graves,nem os tons interrogativos das suas linguagens,nem as línguas latinas e seus poetas de livro.»

«Como não pudemos produzir mais e melhor que as coisas que se declinam ainda aqui- senão coca-cola e «jeans», Marilyn Monroe -a nossa máquina se alimentará sempre, até o fimà custa do sangue das «guantananeras»,de tudo que foi blo, doce, concreto e redondo,dos velhos filmes italianos,de todo o cinema francês,das vênus, das musas, das ninfas,do estofo sedoso da Gina,da tosca Marina Vlady...»

«Comemos a Rússia, as rebeliões fracassadas, as intentonas desmanteladas,as vergonhas envergonhadas,

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os anos sessenta,os enredos de tudo,a essência das pátrias,os corpos e as músicas.»

«Recosturamos o mundo com o fio podredaoutra metada da ideologia,aplicamos enxertos, cirurgias,criamos novos velhos paísese a gentalha sempre nos aplaude,e reabrimos com balas suas cicatrizes.»

«Como vê o insigne poeta, as coisas quedam afinal justasnos seus lugares insertaso tanto quanto se quis,sem ferrenhos desafetosnem perspectivas de lutas-cada fruta noutro pé,em cada galho outra fruta,trocamos cajás e murtaspor serigüelas e putas,os cajus das amoreiraspor outras frutas rasteirase, pelo péssimo, o piorda sombra das bananeiras -e por tudo, e a todo custo,queremos é ser feliz,queremos é ser feliz,queremos é ser feliz! «

A poesia que discursavainterrompeu e calou-see um coro de bonecosprovindo sabe-se de onde(do fundo negro do espaço do espaço negro do fosso) estribilhou, serelepe, em um idioma horroroso: «We want to be happy! We want to be happy! Uí uante tubí répe! «

A poesia, aclamada, saudou a neogentalha que constituía aquele povo, lambeu o baton dos lábios, soltou uma gargalhada e, mui-triunfante-de-nada continuou, impassível o seu discurso assombroso:

« Desviamos os ouvidos, eu e minha legião, minha corja de bandidos, o meu séquito inumerável de espertalhões imprestáveis, o meu exército imbatível de genocidas, paspalhos, de políticos celerados e de filósofos «bundões» (desviamos os ouvidos) aos murmúrios e protestos, aos clamores do outro lado, aos ruídos proltários, ao que ficou enterrado e mal e mal é lembrado, que nunca teve sentido e não terá jamais razão.»

«E vai que estou cansada(bah, como estou cansada!) já esgotei meu discurso, arrisquei todas as falas, queimei o último cartucho, gasteu a última bala e nada mais tenho a dizer além do que já foi dito.»

«A não ser, no bem ligeiro, ao bardo Ademar Ribeiro, poeta engajado, maldito, que os primeiros lugares no que tange à nossa Lírica não lhe couberam de fato, não chegam para o seu bico, e as nossas melhores comendas daremos aos seguintes vates:

aos pós-parnasianos, aos semi-analfabetos, aos repentistas do cordel, aos profetas burocráticos que emergiram dos papéis, aos concretistas do asfalto e assim aos poetas-estrela da nossa mais alta estirpe que não vieram ao certame acometidos de gripes...»

«E - bah! - como estou cansada! (baah, como estou cansada! ) e o poeta mais ainda, tanto é que se calou há bem três laudas atrás, esfriou o seu afã, aquietou sua pinimba.»

«Vá ver que se dispersou pelas vielas da vida, que se mudou de cidade, que sucumbiu de estupor em frente ao televisor, à nossa mediocridade...»

«Ou, já desvalido e inerte, aliou-se ao inimigo, chafurda-se na internet?»

«Será que se suicidou ou morreu de mal terrível, de ódio, indignação, atirou na cabeça, deu um tiro no ouvido?»

E ao poeta em silêncio a poesia foi falando tomando as suas palavras, julgando dela o seu tema, e foi se tornando distante, e foi se tornando difusa, até que sobrou numa curva, seu discurso entreverou-se, o poeta fechou o poema e a poesia acabou-se.

Ademar RibeiroTexto original puclicado em livro em 27 de março de 1999

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s La figuration narrative au Grand Palais en 2008. De l’enterrement de la figuration narrative

Au printemps 2008, le Grand Palais de Paris poursuit son explo-ration picturale des années soixante : Figuration narrative. Paris, 1960-1972 ouvre ses portes. La figuration narrative n’a pas eu les honneurs d’une institution parisienne depuis la fin des an-nées 1970. L’événement est fébrilement attendu. Les conserva-teurs du centre Georges Pompidou, Bénédicte Ajac et Jean-Paul Ameline mènent le projet. Ils réunissent Adami, Aillaud, Arroyo, Bertholo, Bertini, Cueco et la Coopérative des Malassis, Equipo Crónica, Erró, Falhström, Fromanger, Klasen, Monory, Rancillac, Recalcati, Saul, Stämpfli, Télémaque et Voss. Un parcours chronologique et thématique s’étend sur deux niveaux. Nous revoyons pour la première fois à Paris certains ensembles em-blématiques des années soixante présentés comme des march-andises distrayantes, tant les cartouches ne les expliquent pas. Le catalogue contient la préface d’Ameline, une chronologie illustrée très étayée, les reproductions des tableaux et les en-tretiens. Il postule :

« Il y a ainsi, dans la figuration narrative, à la fois le projet d’une réinvention de la peinture par la prise en compte de ces images qui la révolutionnent et le sen-timent que celles-ci peuvent mettre en cause son ex-istence même ; aussi bien le projet de défendre l’acte pictural que la perception de ses limites et la volo-nté de les dépasser en établissant des ponts avec d’autres moyens d’expression : la poésie, le cinéma, la photographie, le théâtre, la pensée politique ; également la volonté de faire de la pensée de l’artiste le pilier central de l’œuvre et, en conséquence, le re-fus de sa marginalisation intellectuelle et sociale.Cette complexité explique sans doute les contradic-tions où s’est trouvée placée la figuration narrative et son histoire tumultueuse. »

Par conséquent, son argumentation s’articule davantage autour des moyens picturaux au détriment d’un contexte polémique tant historique que politique minoré. Nous assistons dans un premier temps à « une évaporation » miraculeuse de l’histoire, du gaul-lisme et de la Ve République en particulier, dont nous cherchons

en vain quelques jalons ; et dans un second temps, à la non-convoca-tion d’une théorie intellectuelle dont Roland Barthes par exemple. Tout en étant très documenté, cet inventaire apparaît désincarné, si bien que les événements auraient pu avoir lieu à une autre date et sous d’autres latitudes. C’est ce que Barthes caractérisait comme LA PRIVATION D’HISTOIRE : « Le mythe prive l’objet dont il parle de toute Histoire. En lui, l’histoire s’évapore. »

Emissions de radio, conférences, écrits et dossiers spéciaux illustrés vulgarisent la figuration narrative à la manière d’un rouleau compres-seur avant, pendant et après l’événement. Les articles affluent par ra-fales selon une communication de presse bien huilée. Elle est tellement résumée, paraphrasée de long en large, que le projet et la rétrospective en eux-mêmes sont peu ou pas critiqués. L’important est de restituer l’esprit d’une époque. A la manière des Années Pop, il y a quelques années, tout est coloré, « flash et choc », « bouillonnant », tout roule, tout est SUPER ! voire génial pour employer un mot datant de l’ère du plastique. Ainsi, pour ne citer qu’elle, Daphné Tesson abuse des superlatifs :

« Détonnant et énergisant. (…)Le parcours est dynamique, coloré, moderne, en-levé, à l’image de ces toiles et de ces objets qui mar-quèrent un pétillant renouveau figuratif de l’art des années soixante. (…)La Figuration narrative est une page passionnante de l’histoire de l’art. Elle s’est pleinement inscrite dans la

nouvelle société de consommation et a tenté de faire de l’art un outil de transformation sociale. »

Toutefois, la myriade de louanges est rapidement refluée par une sec-onde vague d’articles négatifs qui tourne au jeu de massacre. Avant le vernissage, la revue Art actuel consacre un dossier illustré au titre accrocheur : « Figuration narrative Attention, chefs-d’œuvre ! ». Dans le numéro suivant, Jean-Pierre Frimbois démolit l’exposition en quelques lignes :

« Une exposition ‘Figuration narrative 1960-1972’ intéressante sur le plan historique, mais ne parv-enant pas à prendre de l’ampleur, lorsqu’on a dé-passé les séries de Gilles Aillaud, Jacques Monory, Peter Klasen et Hervé Télémaque. On flanait alors sur le Boulevard des Italiens de Gérard Fromanger, mais on avait bien du mal à localiser le petit Cohn-Bendit de Bernard Rancillac. Final raté avec Le grand méchoui des Malassis, daté de 1972. D’autre part, le choix de l’affiche s’avérait moyennement incitatif, sur-tout lorsque, à l’extérieur, celle-ci est accolée à celle de Marie-Antoinette qui la phagocyte. »

Dans Le Monde, il y a également un avant et un après vernissage. Harry Bellet et Philippe Dagen contextualisent « une génération qui ne voulait pas composer avec le pouvoir ». Après la visite, sous les effets de l’accrochage, l’espoir s’est évanoui, sans doute savamment cuisiné « à l’étouffé » : « Le sujet était pourtant passionnant. (…) L’impression regrettable d’une occasion gâchée s’impose au fil de la visite tant les effets néfastes de cet accrochage à l’étroit sont flagrants. »

Le mécontentement l’emporte. Déçus, Judith Benhamou-Huet et Henri-François Debailleux martèlent l’échec.

« Quel dommage ! Après l’exposition médiocre de l’an dernier sur le nouveau réalisme, le Grand Palais passe encore à côté de son objectif en réexplorant un autre mouvement français marquant, né en 1964, la ‘figuration narrative’. Cette école de peinture, qui n’en était pas vraiment une, fut marquée par une création tonitruante, critique, impertinente, pleine de vie et d’esprit, qui est mal transmise dans cette manifesta-tion - 1000 mètres carrés pour un propos confus. (…)Au Grand Palais tous les artistes sont exposés ‘en vrac’ dans un accrochage très serré. Couleurs vives, images chocs… L’œil est vite saturé et il est impos-sible de se faire une idée de l’évolution de l’œuvre des artistes. (…)La figuration narrative a perdu de son lustre, quand la majorité des leaders du mouvement n’ont pas su se renouveler. »« Mais le rendez-vous ici est manqué, comme si la Réunion des musées nationaux et le Centre Pompidou, coproducteurs de la manifestation, avaient voulu s’en débarrasser. Car si la qualité des œuvres accrochée est plutôt bonne, l’exposition est beaucoup trop courte, mal présentée et mal amor-cée. (…)C’est d’ailleurs avec les deux dernières sections, au premier étage, que l’exposition prend de l’ampleur, notamment avec de beaux ensembles de Jacques Monory, Peter Klasen, Gérard Fromanger, Hervé Télémaque… Mais au moment même où l’on se dit qu’on est dans le vif du sujet, tant du point de vue du fond que de la forme, c’est la fin du parcours, qui s’arrête, comme l’indique le titre, en 1972.Une fin d’autant plus frustrante que l’aspect politique,

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constitutif du mouvement, est à peine effleuré et que cet arrêt en 1972 empêche la présence d’autres ar-tistes arrivés plus tard dans le mouvement (Yvan Messac, par exemple), présents dans la deuxième exposition, organisée en 1977. Certes, on croise de bonnes œuvres d’artistes importants, mais au fond, la vraie exposition sur la figuration narrative reste à faire. »

Plus malicieux, Pierre Marcelle dans Libération applique à la manifesta-tion les propos de Catherine Millet concernant la dissolution actuelle de l’engagement dans une bonne conscience.

« La bonne conscience perdure, se dira le visiteur frustré de découvrir les œuvres révoltées des Arroyo, Fromanger, Rancillac, Monory et tutti quanti reclus-es dans les lugubres galeries nationales du Grand Palais. Quel dessein organisa cet enfermement, quand l’Histoire autant que les vastes poumons de la Figuration narrative appelaient à l’évidence, la lu-mière de Beaubourg ou les rotondités du palais de Tokyo ? On n’ose imaginer que la RMN et le Centre Pompidou, organisateurs, aient voulu, en cet étouf-fement, contribuer à l’entreprise de liquidation d’un certain héritage. Ce serait trop mesquin. »

Les critiques du Figaro ne ménagent pas leurs efforts envers un mouve-ment toujours commenté dans leurs colonnes et rarement apprécié. La figuration narrative se rattrape au Grand Palais par « une explosion de couleurs », mais finalement mène au chaos.

« Ils ont en commun la rage d’exprimer les boule-versements du monde. De rompre avec les dérives formalistes de l’abstraction. D’être engagés dans leur siècle pour dénoncer les aliénations de la so-ciété contemporaine avec ses images du quotidien. Ensemble, ils ont fait les 400 coups, alimenté mille polémiques, défrayé la chronique par leurs actions révolutionnaires. (…)Le visiteur ressort un peu sur sa faim de cette exposi-tion cérébrale, déçu de ne pas voir certaines icônes de ses idoles. Mais cette exposition a le mérite de rendre hommage, avant qu’il ne soit trop tard, à des artistes qui ont inventé, à leur époque, une figuration apparemment compromise et qui continuent toujours avec la même fièvre. »« L’orange est mis. Ça explose sur tous les murs. D’emblée, le parcours de cette exposition démarre par le chaos tant dans la couleur que dans les œu-vres. Ce qui reflète bien l’état d’esprit des artistes qu’ils se nomment Erró, Arroyo, Rancillac, Klasen et bien d’autres. Mais chacun reste dans son coin, on peut même dire, avec ses propres obsessions, com-me Erró et la bande dessinée. Ce qui les relie, c’est l’irrespect, la volonté de mettre bas les idoles, de composer un nouveau vocabulaire esthétique. (…) C’est le côté brouillon de cette figuration qui retient le plus le visiteur, l’esprit chien fou. Ça tire dans tous les coins sans vraiment savoir si le but est atteint. On en reste plus aux idées qu’à l’action. Le pop art et Martial Raysse, par exemple, iront beaucoup plus loin dans la critique de cette société de consommation repue des images qu’elle produit. »

Dans La Croix, Sabine Gignoux emploie des mots de plus en plus durs : « une cacophonie », puis en fin de compte une fabrique de

perdants. « Après avoir remisé aux oubliettes les bruyants colo-riages de la figuration narrative, les musées français ont réagi, en 2005, à la mort du peintre Gilles Aillaud. Il devenait urgent de dresser le bilan de ce mouve-ment historique.Malheureusement, la rétrospective du Grand Palais ressemble à une cacophonie, due en partie à l’accrochage qui s’ouvre sur fond de murs oran-gés criards et qui, surtout, doit composer avec une vingtaine d’artistes dans un espace réduit. A faire cohabiter de trop près des toiles fort différentes, on ne crée que des perdants, alors que les ensembles d’œuvres d’un même artiste s’avèrent d’emblée con-vaincants. »

En cuisine, les aliments sont blanchis, c’est-à-dire précuits afin d’être plus digestes. Sous un vernis scientifique, la figuration narrative a été savamment et officiellement blanchie à son tour au Grand Palais pour ne pas rayer le parquet des mots et des idées. Le mythe est une parole de dépolitisation selon Roland Barthes. Pour imposer une rhétorique et une vision particulières de la réalité, il convie plusieurs figures.

L’IDENTIFICATION : « Si l’autre se présente à sa vue, le petit-bour-geois s’aveugle, l’ignore et le nie, ou bien il le transforme en lui-même. Dans l’univers petit-bourgeois, tous les faits de confrontation sont des faits réverbérants, tout autre est réduit au même. (…) L’Autre devi-ent pur objet, spectacle, guignol. » La figuration narrative ne peut être qu’exotique. Accrochées très serrées, les toiles sont noyées entre elles dans le vert pomme, le rose framboise ou le jaune citron des cimaises, les films des artistes se regardent par terre, au besoin nous marchons sur les téléviseurs.

LE CONSTAT : « Le fondement du constat bourgeois, c’est le bon sens, c’est-à-dire une vérité qui s’arrête sur l’ordre arbitraire de celui qui la parle. » Au fur et à mesure, certaines conclusions de Jean-Paul Ameline s’imposent comme des évidences. L’histoire de la figuration narrative est gravée dans le marbre de 1960 à 1972. Naturelles, les datations ne sont jamais remises en cause. 1960 fédère peu ou pas de peintres ni dans l’exposition ni dans le catalogue. Après une éphémère apothéose, tout se termine autoritairement et idéologiquement en 1972. On se demande par conséquent comment ces peintres traversent les années soixante-dix. Le conservateur et les critiques ont recours à tous les synonymes possibles : l’émiettement, l’essouflement, le délitement, la fin, la déchéance, la décadence… et la mort.

« L’exposition du Grand Palais déroule l’impressionnante bande dessinée des années 1960, avec des séquences, des zooms, des retours en ar-rière, des panoramiques, avec arrêts sur image de la société contemporaine. La Figuration narrative se dévoile ici comme le dernier grand mouvement pic-tural du XXe siècle. »« A partir de ce moment, les artistes de la Figuration Narrative se démobilisent et le mouvement s’émiette. Malgré tout, elle restera le dernier grand mouvement pictural politiquement engagé de la fin du XXe siè-cle. »« Les lendemains, (de Mai 68), déchantent. Et le mouvement, qui n’en a jamais été un, se délite. Mais il ne baisse pas la garde. Ils sont à quelques excep-tions près (Gilles Aillaud), toujours vivants. Et actifs. Les papys flingueurs de la figuration narrative ban-dent encore. »« Le début des années 1970 sera fatal à un mou-vement dont l’effritement inévitable engendre l’obstination de certains. Energie du désespoir ? En

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tout cas, ironie du sort puisqu’en 1972 s’ouvre au Grand Palais la fameuse exposition 60/72 : douze ans d’art contemporain en France qui, voulue par Georges Pompidou, institutionnalise une partie de la Nouvelle Figuration, signant ainsi pour ses mem-bres les plus radicaux la mort du mouvement. Tandis que Télémaque et Erró acceptent, d’autres comme Adami et Arroyo refusent. La division est fatale. La révolution s’essouffle. »

Les peintres semblent avoir définitivement quitté leurs ateliers pour la maison de retraite après les engagements « d’un temps de pur idéalisme » bien révolu. Au discours de la fin, s’est greffé celui de la non-constitution en groupe : « la figuration narrative n’a jamais été un mouvement institué comme tel, rassemblant un nombre défini d’artistes sur un texte programmatique même restreint ». Adoptée comme vérité absolue, l’affirmation aboutit au maquillage des actions et des engage-ments collectifs historiques, ici de gauche ou d’extrême gauche. N’étant plus identifiés à un mouvement, les membres de la figuration narra-tive ne sont plus que des loups solitaires, enfermés dans leurs ateliers comme la masse de leurs collègues. Désintégrés, ils ne se distinguent plus de ce qui avait fait leur force. C’est ce que nous baptiserions LE SYNDROME DE LA FOULE SOLITAIRE ET DE LA DISTINCTION.

UN MOT POUR UN AUTRE. Au même moment, les salles voisines du Grand Palais accueillent en grandes pompes l’exposition sur Marie-Antoinette, qui a grignoté une partie de la place attribuée à la figuration narrative. Pour éviter l’ennui à tout prix, sa biographie devient un opéra tragique en trois actes. « Femme plus actuelle qu’on ne croit », la reine guillotinée est tour à tour « tendance », « bling-bling », « écolo », bien évidemment « mère » et « amoureuse » et par-dessus tout « chan-teuse », mais jamais ‘sans-culotte’ ou ‘gueuse’. En deux mots, elle est « fière et moderne ». ‘Moderne’ ou ‘révolutionnaire’, qualificatifs qui ont échappé aux tenants ‘essoufflés’ de la figuration narrative. Marie-Antoinette a pour une fois obtenu tous les suffrages. Il y a quelques dé-cennies, Guy Debord s’insurgeait déjà du retour triomphal du cadavre dans Potlatch.

« MAI 1955, LA PRESSE REPUBLICAINE S’ATTENDRIT SUR LE REPUGNANT CADAVRE DE MARIE-ANTOINETTE

‘L’indulgence est pour les conspirateurs, et la rigueur est pour le peuple. On semble ne compter pour rien le sang de 200 000 patriotes répandu et oublié.Saint-Just, Rapport du 8 ventôse, an II’ »

L’exhibition est « une ballade étourdissante et riche d’histoires ». Le mot ‘histoire’ est au pluriel. Au rebus, l’Histoire n’est plus cette discipline barbante et inopérante du XXe siècle, mais devient un lot de petites histoires, raconté sur la destinée royale et adroitement mis en spec-tacle par le scénographe, nouveau penseur de l’événement. La notion subit un travestissement pour devenir un vaste parc d’attraction de la monarchie française. Le procédé est identique pour le mouvement pictural des années 60. Alors qu’elle faisait l’objet d’âpres combats et discussions, l’Histoire est niée au profit de narrations, peintes par ces conteurs de l’âge du plastique et du vinyle.

LA VACCINE : « figure très générale, qui consiste à confesser le mal accidentel d’une institution de classe pour mieux en masquer le mal principiel. On immunise l’imaginaire collectif par une petite inoculation de mal reconnu ; on le défend ainsi contre le risque d’une subversion généralisée. (…) La bourgeoisie n’hésite plus à reconnaître quelques subversions localisables. » Contre la rage, le discours devient unique. Il est répété que ces peintres n’étaient pas si politisés ni à la tête des cortèges en porteurs d’oriflammes rouges… De la création historique des affiches de Mai 68, par exemple, il ne subsiste que le portrait de Daniel Cohn-Bendit, signé par Rancillac, bafouant les règles de l’Atelier Populaire et rabaissant l’opposition au régime et la grève à une icône étudiante souriante.

« Nous avons consacré une salle à la figuration poli-tique, mais les artistes représentés n’ont pas été tous pour autant des soixante-huitards acharnés. (…)Il faut entendre ce mot (politique) au sens large : en-tre Cueco, Voss, Erro, Télémaque, Rancillac, vingt figurations sont possibles ! Certains envisagent l’histoire comme une façon critique de faire de la peinture, d’autres comme une vision distanciée du monde. Je crois que l’on avait une vision trop figée de cette peinture, hyperpolitisée du point de vue de son discours, alors qu’en réalité elle propose des dis-cours très différents. »

Il faut donc comprendre la maudite politique - marque de fabrique de la figuration narrative - dans un sens si large qu’il s’en trouve dénué ou dévitalisé. En cette année anniversaire de Mai 68, il n’y a pas de risque qu’elle entre dans l’arène du Grand Palais comme le sourire édenté du Chat de Chester qui faisait tourner les têtes du pays d’Alice au Pays des Merveilles.

LE NINISME : « J’appelle ainsi cette figure mythologique qui consiste à poser deux contraires et à balancer l’un par l’autre de façon à les rejeter tout deux. (…) Il y a ici aussi une conduite magique : on renvoie dos à dos ce qu’il était gênant de choisir ; on fuit le réel intolérable en le réduisant à deux contraires qui s’équilibrent dans la mesure seulement où ils sont formels, allégés de leur poids spécifique. » Une impasse his-torique concerne la guerre d’Algérie, jamais mentionnée à l’exception des peintres qui l’abordent dans leurs entretiens. Dans celui accordé à Beaux-arts magazine, Jean-Paul Ameline déclare :

« - Comment expliquez-vous leur impasse quasi to-tale sur la guerre d’Algérie ? Tous s’enflamment pour le Vietnam !- La guerre d’Algérie a pris fin en 1962, quand ils avaient tout juste vingt ans. Le réalisme socialiste était alors l’épouvantail de toute une génération. Le temps que les choses se décantent, il s’est passé une dizaine d’années avant qu’on ose faire un tab-leau sur un thème politique sans avoir peur de scan-daliser ou de passer pour un réactionnaire stalinien. Les livres qui paraissent sur l’Algérie étaient censu-rés, et c’est pour cela que Roberto Matta a peint en 1960 La Question, du nom du livre, censuré, d’Henri Alleg contre la torture. Les mouvements de solidarité avec l’Algérie en pleine guerre sont venus surtout des surréalistes qui ont organisé des meetings, défendu le réseau Jeanson, tout en se méfiant de la peinture politique. A l’époque, on ne pouvait pas évoquer celle-ci sans éveiller des soupçons de ‘réalisme so-cialiste’. »

Gardons en mémoire qu’Ameline parle de peintres nés dans les an-nées vingt et trente. En 1962, ils sont encore jeunes, mais on pourrait affirmer, sans trop se tromper, qu’ils ont fêté leurs vingt ans au début du conflit colonial. L’argument du jeunisme est peu tenable. Pour ce qui est de « l’épouvantail » ou « des soupçons » réalistes socialistes, chers à Ameline, ils ont aisément résisté à la tentation en évitant l’option dès le début de leurs carrières. De plus, pour ce qui est de la peur du scandale, soit il s’agit d’un contresens, d’un aveuglement ou d’un autre mouvement artistique. Par une distorsion chronologique étrange, il aurait fallu attendre 1972 pour une toile politique ; soit à peu près la date de la déchéance de la figuration narrative que l’on a osé quali-fier de ‘révolutionnaire’. Mais le moins drôle réside dans le déni histo-rique de la guerre d’Algérie : complètement ignorée, car censurée ou réduite à l’activité des surréalistes. Cette pensée Ni-Ni va totalement à contre-courant des ouvrages historiques et des recherches récentes. Bizarrement, et contrairement aux citoyens français, ces artistes, défi-

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nis comme très politisés, n’auraient pas lu les journaux - Témoignage chrétien, Le Monde, France-Soir, Paris-Match, Le Figaro, France obser-vateur, Arts, Elle, Le Canard enchaîné, Les Lettres françaises… - ni vu de photographies, de caricatures ou aperçu d’affiches, ni entendu de Gaulle, ni été en contact avec des intellectuels, des militants ou eu un appelé dans leurs familles, ni entendu parler de putsch ou de torture, ni vu la République française voler en éclats. LA TAUTOLOGIE :

« La tautologie est un évanouissement à point venu, une aphasie salutaire, elle est une mort, ou si l’on veut une comédie, la ‘représentation’ indignée des droits du réel contre le langage. Magique, elle ne peut, bien entendu, que s’abriter derrière un argu-ment d’autorité : (…) ‘c’est comme ça, parce que c’est comme ça’, ou mieux encore : ‘parce que, un point c’est tout’ : acte de magie honteuse, qui fait le mouvement verbal du rationnel mais l’abandonne aussitôt, et croit en être quitte avec la causalité parce qu’elle en a proféré le mot introducteur. La tautologie atteste une profonde méfiance à l’égard du langage : on le rejette parce qu’il vous manque. Or tout refus du langage est une mort. La tautologie fonde un monde mort, un monde immobile. »

En 2005, Jacques Rancière ajoute :« Ce que consensus veut dire en effet, ce n’est pas l’accord des gens entre eux, mais l’accord du sens avec le sens : l’accord entre un régime sen-sible de représentation des choses et un mode d’interprétation de leur sens. (…) Le consensus dit qu’il n’y a qu’une réalité dont il faut épuiser les signes, qu’un seul espace, quitte à y retracer les frontières, qu’un seul temps, quitte à en multiplier les figures. En conséquence de quoi, il ne nous demande que de consentir. (…) consensus veut dire que les données et les solutions des problèmes sont telles que tout le monde doit con-stater qu’il n’y a rien à discuter et que les gouverne-ments peuvent anticiper cette constatation qui, allant de soi, n’a même plus besoin d’être faite. »

Les deux commissaires ont coupé court à toutes les controverses fache-uses et gommé de la photographie finale les peintres rebelles comme les ouvriers l’ont été de celle de Mai 68. Les engagements passés ne paient pas ou mènent au chaos. Les rétrospectives passées renouaient avec le sens et s’interrogeaient sur une dette possible. A présent, elles ressemblent à une mise en bière simple, une mise à distance exotique du temps où l’on croyait à l’histoire.

L’ART RAFFINE DE L’EUPHEMISME ET DE LA PERIPHRASE : un chat ne s’appelle plus un chat. Si l’on en juge par les précautions prises pour dire la messe, les peintres de la figuration narrative qui avaient choisi de rendre le réel problématique irritent toujours. Le sourire du Chat du Comté de Chester erre. Le spectre effrayant a ri de toutes ses dents. L’histoire et l’engagement ne sont pas solubles dans les eaux noires de l’idéologie dominante.

Céline Delas

Roland BARTHES, Mythologies, Paris, 1957, p.239.

Daphné TESSON, « Le Réel dans toutes ses couleurs », Le Quotidien du médecin, n°8356, 18 avril 2008, p.21.

Jean-Pierre FRIMBOIS, « Erró », Art actuel, n°56, mai-juin 2008, p.25.

Philippe DAGEN, « ‘Figuration narrative’, la révolution à l’étouffé », Le Monde, n°19672, 24 avril 2008, p.25.

Judith BENHAMOU-HUET, « La Figuration narrative en vrac », Les Echos, n°20155, 18 avril 2008, p.12 ; « Sous les pavés, les enchères… », Idem, p.8.

Henri-François DEBAILLEUX, « L’Esquisse d’un mouvement », Libération, n°8390, 26/27 avril 2008, p.31.

Pierre MARCELLE, « Tripatouillons un peu les morts », Libération, n°8389, 25 avril 2008, p.33.

Béatrice de ROCHEBOUET, « Les Allumés de la couleur dynami-tent le Grand Palais. La joyeuse bande des artificiers de la couleur », Le Figaro, n°19815, 15 avril 2008, p.29.

Jean-Louis PINTE, « La Figuration narrative. Détruire, disent-ils », Figaroscope, 23/29 avril 2008, p.31.

Sabine GIGNOUX, « Les Bruyants bavardages de la figuration narra-tive », La Croix, n°38030, 15 avril 2008, p.20.

Brigitte des ISLES, « Figuration narrative, Paris 1960-1972 », Arts actualités magazine, n°162, mai 2008, p.41.

Sandrine FREEMAN, « La Figuration narrative : un art engagé », Gestion de fortune, n°183, juin 2008, p.65.

François JULIEN, « Des Pinceaux en guise d’armes », VSD, 23/29 avril 2008, p.61.

Colin LEMOINE, « La Figuration narrative enfin racontée… », L’œil, n°602, mai 2008, pp.45-46.

Judith BENHAMOU-HUET, « La Révolution en images », op. cit., p.144.

Guy DEBORD, Potlatch, n°20, 30 mai 1955, in, Potlatch, 1954-1957, Paris, éd.Folio, 1996, p.151.

Séverine CUZIN-SCHULTE, Itzhak GOLDBERG, « Paris, 1960-1972 : le renouveau figuratif », entretien avec Bénédicte AJAC, Jean-Paul AMELINE, Beaux-arts hors-série La Figuration narrative au Grand Palais, avril 2008, pp.5 ; 9.

Jacques RANCIERE, Chroniques des temps consensuels, Paris, 2005, p.8 ; 9 ; 11.

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VERS NOIR

Ceux qui m´ont tant battusont déjà morts de cancer,d´infarctus, goutte, scorbut,dans des vers libres ou blancs.

Je compte du vers noirjusqu´au noeud de la touffe,jusqu´aujourd´hui en putain.

Ademar RibeiroTraduction A. Ribeiro

VERSO PRETO

Os que tanto me bateramjá se morreram de cancro,de infarto, gota e escorbuto,pé-quebrado e verso branco. Eu conto verso pretoaté o nó do pentelho,ainda hoje que puto. Ademar Ribeiro

VERS SUICIDE

La poésie, je l´avoue, je n´en sais rien.Je ne l´ai jamais embellie dans mes versni l´ai jamais choyée sur mes genoux.Mais je suis sûr qu´elle sert à tuerdavantage qu´une femme suicidequi s´explose dans mon textequand je lui prends la main. Ademar RibeiroVersion originale en français

RÂLEMENT

Maintenant que le pré sècheet que les boeufs râlent,quiconque est poètefait paître à pied,sans cheval.

Ademar RibeiroTraduction A. Ribeiro

ESTERTOR

Agora que o pasto secoue os bois se estatelaram,quem poeta épastora a pé,sem cavalo.

Ademar Ribeiro

LA GIFLE SUR LA FACE

Ce qui est déjà faits´en est fait en aoûtet jamais ne s´éfface.

Un poème noir.

Le pieu dans la poitrine.

La gifle sur la face.

Ademar RibeiroTraduction A. Ribeiro

TAPA NO ROSTO

O que foi feitoe nunca se apagafoi feito em agosto.

Um poema preto.

Estaca no peito.

Tapa no rosto.

Ademar Ribeiro

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tion

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LA CHIMIE DU POEME

Quand tu tueras,ne tue pas au jour,ne tu pas au mois,ni même à l´année.Ne tue pas avec un rondin,dans une embuscade,dans un coin,ne tue pas avec un virus,non plus par balleni tube à feu.N´en tue pas seulement un,ni seulement deux,ni seulement trois,ni soixante-quinzeni cinq mille et quelques.Mais, dès maintenant,et quand tu tueras encore,tue sans peine, une fois pour toutes,dans la cabale de la rime, dans la chimie du poème,par-delà quatre-vingt mille huit cent quatre-vingt-huit.

Ademar RibeiroTraduction de l’atelier

QUÍMICA DO POEMA Quando matares,não mates por dia,não mates por mês,nem mates por ano.Não mates com tora,em tocaia, na esquina,não mates com vírus,não mates com balanem arma de cano.Não mates só um,nem apenas dois,nem somente três,nem setenta e cinco,nem cinco mil e poucos.Mas, ao matares, agora,e quando matares ainda,mata sem pena, de vez, e por cima,na química do poema, na cabala da rima,oitenta e oito mil, oitocentos e oitenta e oito.

Ademar Ribeiro

LE DIABLE

Le Diable,ni laid,ni beau,ni bénin,ni malin( insipide )chausse des «tennis»,s´habille en «jeans». Ademar RibeiroTraduction A. Ribeiro

O DIABO

O Diabo,nem feio,nem bom,nem bonito,nem ruim( insípido )calça «tennis»,veste «jeans».

Ademar Ribeiro

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Tout oublier. Ouvrir la fenêtre. Vider la chambre. Elle est traver-sée par le vent. On ne voit que le vide, on cherche dans tous les coins et l’on ne se trouve pas.

Prends-moi dans tes bras, c’est l’abîme, accueille-moi dans l’abîme, si tu refuses maintenant, fais-le plus tard.

Allons, ouvre-toi. Que l’être humain sorte.Aspire l’air et le silence.

Confusion des fontaines à Gerar. Répétition d’un vers.

Un peu de chant au-dessous de moi, quelques portes qui claquent dans le corridor, et tout est perdu.

Coup d’œil sur la tour et le ciel bleu. Sans mouvement.

Chagrin de Max. Je me promène avec lui. Il part mardi.

Passé tout ce temps au lit. Hier Ou bien… Ou bien.

A la gare de Wintherthur, vagabond qui chante, il a une petite canne et une main dans la poche de son pantalon.

Carlotta-Jlex. Chêne vert ; peau de petits animaux écorchés. Passiflore : tour de physique avec le balancier. Bambou. Troncs de palmiers enve-loppés dans des scalps de vieillards. Bux (myrte). Aloès (doubles scies). Cèdre (un mélèze au milieu du jet de ses branches), clochettes qui pendent mollement, fatiguées d’avoir sonné (fuchsias), jubé. Platane. Cactées. Magnolias (feuilles qui ne se déchirent pas). Fougères d’Aus-tralie (palmiers). Laurier délicat. Rhododendron en forme de coupole. Eucalyptus : tronc musculeux et dénudé. Citrons. Papyrus : manche triangulaire au sommet en forme de jonc. Glycine qui s’enroule autour d’elle-même, platanes géants. Bananiers.

D’abord noter une pensée, puis la lire à haute voix, ne pas l’écrire en la lisant, puisque seul peut réussir l’élan qu’on accomplit intérieurement, tandis que ce qui reste à écrire se détache.

Il est impardonnable de voyager – et même de vivre – sans prendre de notes. Sans cela, le sentiment mortel de l’écoulement uniforme des jours est impossible à supporter.

19 juillet Rêve et pleure, pauvre raceTu ne trouves pas le chemin, tu l’as perduHélas! est ton bonsoir,Hélas! ton bonjour. Je ne veux rien, rien que m’arracherAux mains qui se tendentPour emporter dans l’abîmeMon corps évanoui.Je tombe pesemment dans des mains bien préparées. Résonnant dans l’espace lointain des montagnes,L’écho de paroles lentes. Nous écoutions. Le corps, hélas, ils le portaient, larves d’enfer,Grimaces voilées, étroitement serré contre eux. Un long cortège,Long cortège porte l’être inachevé.

Franz KafkaExtraits de Journal et notes de voyagetraduction Marthe Robert - Le livre de poche

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La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie,avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complai-sance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir.

J.M.G. Le Clezio

Hors de mon crâne et de mes yeuxmontaient les lentes processions d’hommesfous et leurs bannières claquaient au ventcomme des coups de poing,portant écrit sur la toile déchirée« COLÈRE »

Ils marchaient en rangs serrés, lourds,puissants comme des taureaux, et la sueurcoulait sur leurs fronts.Ils étaient laids, mais douloureux.La ville entière avait fui devant eux,quittant brutalement maisons et échoppes,abandonnant en silence tout ce qui aurait pu les encombrer.

C’était toujours la nuit et ils marchaientsans s’interrompre, tournant et tournantdans les ruelles vides.Les bannières blanches claquaient sur leurs têtes, portant écrit« COLÈRE »et ils semblaient d’épais vaisseaux en ruinesécroulés dans d’épouvantables efforts de naufrages !

Ils mirent la nuit entière à mouriret malgré la force de leurs poitrails noueuxils tombaient les uns après les autres,la face dans les ruisseaux,les mains enfin desserrées.Leurs yeux bêtes continuaient à fixerune espèce de jour problématique, unpeu honteux, qui éclairait doucementle velours noir des égouts.Voilàvoilà pourquoi ils sont mortsils sont morts pour vous.

J.M.G. Le ClezioIntroduction et poème dans « La Fièvre » - Gallimard

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Cette année-là, c’était la mode du houx, Alors, avec mon père, on est grimpés en bagnole - l’Alpha 159 blanche - et on est partis en couper dans les bois. Adieu sapin ; welcome houx. Je ne sais pas trop où ma mère avait choppé cette info, peut-être bien dans Femme Actuelle, style, cancer, ascendant vierge : un puissant désir de houx vous stimulera jusqu’au 25… Et ouais ! N’empêche, trois avantages. Trois avantages qu’elle avait lus à haute voix, le doigt au plafond :-Moins encombrant, foin des pluies d’épines, et puis, pensez-y les gars, les boules rouges ont rendu l’âme l’hivers dernier… Que voulez-vous répondre à ça ? Ses longs cheveux blonds qui lui tombaient jusqu’aux fesses, sa taille de guêpe, son petit sourire, son petit clin d’œil, son pull rouge, trois, quatre nouveau poèmes qui traînaient sur la table du salon… Mon père et moi, plantés debout, cheveux en batailles, comme statufiés dans la démonstration… Alors, on est grimpés en bagnole. L’Alpha 159 blanche. Je n’étais pas certain que le père Noël soit très jouasse de cette affaire - 15 000 bornes en traîneau pour tomber sur trois branches de houx… j’allais en faire les frais, sûr ! - mais mon père, il a simplement caressé sa moustache et monté le volume de

l’autoradio. C’était Johnny qui chantait : Excusez-moi de ne pas être américain / Anglais de Liverpool / Et même pas canadien / Excusez-moi encore de chanter toujours du rock’n roll… Et ses doigts de mécano ont commencé à tapoter le volant… Je suis un rockeur maudit / Ouais, c’est la haine d’être né à Paris… Alors, avec mon père, on a coupé du houx. N’empêche, cette année-là, on a été drôlement emmerdés avec les guirlandes. On a accroché ça un peu partout, au dessus des portes, autour

des cadres, et que je t’en suspende 3, 4 au lustre maison de brune, 2 apôtres sur la télé, un troisième sur la chaîne hifi, des vaches, des chèvres, des ânes, ça arrivait de partout, de l’Est, de l’Ouest, ça remontait du Bengale jusqu’à la pointe du Raz, du soleil levant jusqu’au couchant, et ma mère, des ampoules pleins les doigts, n’était pas loin de crier victoire, elle chantait comme en 14, mais le soir, comme ça, d’un seul, elle a fait sa moue, s’est refermée sur elle-même, sa tristesse des soleils blancs, ses grands plongeons au cœur de l’existence, personne ne savait alors sur quelles eaux noires elle naviguait, ni quand, elle reviendrait, Alors, avec mon père, on est partis nettoyer le coffre de l’Alpha 159. Bilan : Au petit matin du 25, il y avait, au pied du houx, un bicrosse rouge et un nouvel album de Tintin. Pour mon père, un pull et un portefeuille en cuir. Ma mère, un truc rouge et noir en dentelle qui les a beaucoup fait rire, et un livre d’Ernest Hemingway, Pour Qui Sonne Le Glas. Avant de tout remballer - on n’était pas du genre à s’étendre - on a regardé une dernière fois le petit Jésus couché dans son morceau de coton et sous ses trois branches de houx. Et puis ma mère a dit :-Noël au houx, hibou ! C’est bien fini, les gars.

Sebastien Ayreault

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Des paysages désertiques à perte de vue, vert jaune

des paysages désertiques à perte de vue, vert jaune, sans arbres, grandioses, faisant penser un peu à ce qu’on voit des gigantesques étendues aux états unis dans certains filmsmais mieux, c’était réel.de temps en temps, rarement en fait, des petites villes d’allure assez paisibles.on est parti le vendredi soir a 8.30 et quand il a fait jour samedi, on était en patagonie, c’est très grand la patagonie(peut être 2 fois plus grand que la france), le lendemain, dimanche matin, on arrive a rio grande

changement de bus, direction le détroit de magellanune fois traversé, c’est la terre de feula dernière partie de l’amérique du sudpaysage encore une fois époustouflant,dernière journée de bus.L’après-midi, après avoir passé la dernière des frontières avec le chili(chili et argentine sont morcelés en terre de feu)les arbres apparaissent pour la première fois depuis au moins 1 jour et demides arbres aux formes très étranges, tim burton a du venir par ici.

puis les arbres biscornus se mélangent à d’autresplus familiers, mais pas des sapins, des feuillus, enfin, sans feuilles ou presque, couleur de fin d’automne, feuilles rouge vif, pourpres, disparaissant à mesure qu’on se rapproche du sud.la neige commence à recouvrir un peu plus le sol, on a longé l’océan un moment, superbes plages,interrompues par quelques falaises,et on s’est enfoncés dans les terres. les collines. toutes rondes.

les vaches, les lamas, les moutons sont toujours là, depuis le début. quelque asienda par ci par là, sorte de ferme très grande, pour l’élevage. quelques hommes à cheval, des aigles, et des canards sauvages fuyant l’hiver. on aperçoit les montagnes au loin, on se rapproche, majestueuses, on s’arrête dans un village au bord d’un gigantesque lac, un fjord, bordé de montagnes enneigées. la neige est partout, il caille.le village est tout coloré, maison toutes de bois, partie du monde à couper le souffle.

on arrive a ushuaia 2heures plus tard. on dort dans un back packer, on va essayer d’en trouver un mieux,avec internet si possible. la ville d’ushuaia est très belle, el fin del mundo. c‘est une ville très colorée, assez touristique, très accueillante à priori. elle est posée sur la mer au pied des montagnes. de gigantesques bateaux de croisière en partance pour le pole sud, je pense, un port, un phare, il neige en ce moment.on commence demain à faire le tour des petits contact qu’on a ici, mais je crois que ça risque d’être un peu difficile de trouver du travail.. si on ne trouve pas de travail, il est très probable qu’on change d’endroit, et qu’on rentre plus tôt en europe.. à suivre.

Guillaume Lamarque

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Défait Dérive Fondre PerdueA vide Abîme S’abîme PeineSans S’effondre Au fond GagnéeLoin L’âme Raison PeineFêlure Brisure Obscure Perdue

Jean-Louis Garitte

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Thom

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inau Bouché

Impossiblede lire correctementun poème aujourd’hui(bon ok)Pas foutud’écrire quelque chosenon plus(bon...ben ok)j’espère justequ’un héron de glacene viendra pas m’enleverdu bout de son becdans les nuages

Thomas Vinau

Je suis fait pour saigner

Ned a perdutreize combatssur dix huitIl est finimême sa mèrene mise plus sur luis’il ne passait pastout son tempsà dessiner des silos à grainsgrommelle son pèredans sa barbe

Thomas Vinau

Occlusion

Les motsça dortau fond de la gorgeça reste bloquélàça patientegros noeud noirde limandescalé bien au fondde la gorgeentre la saliveet la gerbeça s’accumuleça s’agglutineça durcitcoincé làbien au fondderrière les dentsjusqu’àl’explosion

Thomas Vinau

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e-po

ésie

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erre

Lam

arqu

e …

j’ai l’idée d’unje ne sais quoisoulevé, coupé

...

quelle cloche, j’ai pas noué

P. L

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ésie

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dine

Sell

ers Stage

á dix ans feux pale sous peine enfouieá quinze ans feu de paille énergievient vingt ans couvert de cendresenfants couvéssoudain trente ansfemme phoenix mots coupéspuis quarante éclate volcanmots magmasurgit cinquantainefeu mordant léchant cicatricesattend soixantainefontaine d’étincellesvapeur temps apaise flammesfeu amour feu amipieds nus sur sables brûlantsvent chaud balaie le plateau où tisonsanéantis réchauffent tendressesassouviesje vous offre ainsiun instant une vie

Nadine Sellers

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web www.lapageblanche.com mail [email protected] direction de publication Pierre Lamarque direction de rédaction Constantin Pricop réalisation Mickaël Lapouge ont collaboré à ce numéro J.-C. Bouchard, Ademar Ribeiro, Céline Delas, Sébastien Ayreault, Guillaume Lamarque, Jean-Louis Garitte, Thomas Vinau, Pierre Lamarque, Nadine Sellers

dépôt légal : à parution / ISSN 1621-5265 ©2009 la page blanche association loi 1901la reproduction même partielle des articles et illustrations publiés par la page blanche est interdite sauf autorisation

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