kadath chroniques des civilisations disparues - 014

Upload: lionel-elyansun

Post on 03-Jun-2018

244 views

Category:

Documents


3 download

TRANSCRIPT

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    1/41

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    2/41

    1

    Au sommaire notre cahier akhenaton-mose

    laventure amarnienne dakhenaton, Jean-Claude Berck . . . .

    la rvolution russie de mose, Jacques Victoor . . . . . .

    le petit prince chez les dogon, Ivan Verheyden . . . . . . . .

    constructions inacheves en creuse, Jacques Gossart . . . . .

    les rumeurs du dsert de gobi, Jacques Bergier et Paul Chwat . . .

    post-scriptum : bretagne, prhistoire, pacifique . . . . . . . .

    3

    10

    16

    26

    33

    39

    COMITE DE REDACTION :

    ivan verheyden, rdacteur en chefjean-claude berck, robert dehon,guy druart, patrick ferryn,

    jacques gossart, jacques victoorAVEC LA COLLABORATION DE :

    jacques blanchart, jacques dieu,jacques keyaerts, pierre mreaux-tanguy,dith pirson, albert szafarz,nicole torchet, albert van hoorenbeeck

    MAQUETTE DE GERARD DEUQUET

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    3/41

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    4/41

    3

    Nous sommes au cur du Nouvel Empire

    dEgypte, sous cette XVIII

    e

    dynastie qui mena lacivilisation pharaonique un de ses sommets. Lepays stend, au sud, jusqu la quatrime cata-racte du Nil, en Nubie, et lest jusquau bord delEuphrate en Asie. Il avait atteint, grce au pha-raon conqurant Thoutmosis III, son extensionmaximale. Au moment o nat le futur Akhenaton,lEgypte multiplie ses contacts avec lextrieur.

    Elle est la fois crainte et envie car puissante,elle est aussi riche. Amnophis III rgne au mi-lieu dune cour extrmement raffine et qui sesoucie plus de perfection esthtique et de probl-mes moraux que dorganisation politique.LEgypte, en ce tournant du XIVe sicle avantnotre re, est une nation baignant dans un luxeinou. Les documents qui nous informent sur cet-te priode consistent en uvres dart, en texteslittraires, religieux ou diplomatiques. Les monu-ments royaux : palais, temples et tombes appor-tent aussi leur part de vrit et de mystre. Il mesemble intressant, avant de pousser plus avantlanalyse du rgne dAmnophis IV, qui nousoccupe, de brosser, en quelques traits, les por-traits des principaux personnages gravitant au-tour du pharaon, et surtout de les situer les unspar rapport aux autres dans la grande familleamarnienne.

    Amnophis IV tait lun des fils dAmnophis IIIet de la reine Tyi ; cette dernire ntait pas desang royal : ses parents Youya et Touyou taientdes personnages trs influents la cour. Ilstaient originaires dAkhmim en Haute-Egypte.Tyi avait galement vu le jour dans cette rgionconsacre au dieu Min, et trs prcisment Djaroukha, lactuelle Tahta, dformation de sonpropre nom. Elle eut deux frres clbres : Anenet Ay. Anen tait le second des Quatre Proph-tes dAmon et Ay, tout comme son pre Youya,fut Matre du Cheval et Pre du dieu ,bras droit et scribe personnel des deux derniersAmnophis. Lexpression Pre du dieu ou

    Divin Pre est actuellement lucide ; elle

    signifiait, sous le Nouvel Empire, beau-pre dun

    pharaon. Une des filles de Ay avait donc pousun pharaon : sa fille Nfertiti fut llue du mysti-que Akhenaton. Elle ntait ni la fille, ni la surdun pharaon ou dun souverain tranger. Cettethse est dfendue, depuis peu, par Cyril Aldred,spcialiste clairvoyant de lpope amarnienne ;mais elle gne encore les nombreux partisans dela belle princesse mystrieuse et vanescente.Lorigine de la reine Nfertiti, dont la beautclatante nous est rvle dans quelques sculp-tures parvenues jusqu nous, a toujours t lesujet de nombreuses polmiques. Princessegyptienne ? Elle ne se pare point de ce titre ; cequelle naurait manqu de faire, tant donn quelpouse principale devait presque ncessaire-ment tre de sang royal. Princesse trangre ?Est-elle Tadoughpa, fille du souverain du Mitan-ni Toushratta ? Quelques savants le pensentencore, se basant, et sur les lettres del-Amarna (1), qui voquent notamment la venueen terre gyptienne de cette princesse, sousAmnophis III, et sur la signification du nom N-fertiti : Belle qui est venue ... de ltranger !Il nous faut pourtant rejeter cette hypothse. Lesmariages entre pharaons et princesses trang-res ntaient arrangs que pour des raisonsdiplomatiques. Or, ces raisons sont, lpoque,inexistantes : le Mitanni est lalli le plus sr de

    LE passe present

    LAVENTURE AMARNIENNEDAKHENATON

    (1) Tablettes de glaise sche au soleil rempliesde signes cuniformes. Dcouvertes en 1887,ces 340 tablettes sont crites en akkadien oubabylonien, langue diplomatique du Proche-Orient. Il sagit de missives envoyes par desprinces trangers aux pharaons dAkhet-Aton.Cette correspondance stend sur une dizainedannes jusqu lavnement de Toutankha-mon. Certains auteurs attribuent ces tablet-tes, peu explicites et trs limites dans letemps, une porte historique quelles nontpeut-tre pas. En fait, on ne peut en tirer au-cun lment sr relatif au monde gyptien et

    ses pays voisins.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    5/41

    lEgypte. De plus, lhistoire nous le montre, cesfemmes ngyptianisaient pas leur nom ; et n-tant pas lpouse principale , navaient quunrle alatoire la cour. Nfertiti, par contre, futassocie intimement au pouvoir.

    Si Ay est le pre de Nfertiti, sa femme Tey nestcependant pas la mre de lpouse principale du

    pharaon, mais simplement sa nourrice. On peutraisonnablement penser que la mre de Nfertitimourut peu de temps aprs avoir donn le jour sa fille et que Tey fut la mre adoptive de la peti-te orpheline. Ay eut encore dautres enfants, par-mi lesquels il me faut citer Moutnedjemet, la futu-re pouse de Horemheb, dernier reprsentant dela XVIIIe dynastie. Le couple royal Akhenaton-Nfertiti eut six filles, mais aucun fils. Nous sa-vons, grce une peinture murale de la MaisonRoyale Amarna, que ces dernires naquirentavant lanne 9 du rgne. Les trois premiresfilles sont trs connues : Merytaton, Meketaton etAnkhesenpaaton. En lan 13 du rgne, Nfertiti

    disparat. Sa place est prise, sur les monuments

    qui nous sont conservs, par Merytaton, la jeunepouse du prince Smenkhkar. Ce dernier avaitt nomm la corgence dAkhenaton. Sa fem-me eut une fille dont il nest pas sr quil en ft lepre. De nombreux historiens ont considr etconsidrent encore lusurpation par Merytatoncomme le signe de la disgrce de Nfertiti. Enfait, la belle reine, probablement de sant fragile

    comme sa mre, mourut cette poque, peu detemps aprs sa fille Meketaton. Si Nfertiti avaitt disgracie, son nom aurait t effac par-tout ; et les ttes la reprsentant, trouves dansles ateliers des sculpteurs del-Amarna, auraientt brises. La troisime fille, Ankhesenpaaton,qui semble avoir donn le jour une fille alorsquelle ntait que princesse, deviendra la reinede Toutankhaton. Elle fut la mre de deux en-fants ns avant terme. A la mort de son mari,devenu clbre depuis la dcouverte de sa tom-be par Howard Carter en 1922, Ankhesenamon,aprs avoir vainement tent de contracter unmariage avec un prince hittite, pouse Ay son

    grand-pre. Celui-ci, omniprsent la cour

    4

    Stle en calcaire provenant del-Amarna et conserve au Muse de Berlin. Le couple royal Akhenaton-Nfertiti cajole ses trois premires filles, sous le regard bienveillant et protecteur dAton, le Disque solaire.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    6/41

    depuis un quart de sicle, succde ainsi au jeunepharaon assassin. Il semble peu prs srmaintenant, que Smenkhkar et Toutankhamontaient bien deux frres et les fils dAmnophis III

    et Tyi au mme titre que lhrtique .

    Remontons le temps nouveau et partonspour Thbes. Un jeune pharaon, Amnophis IVNferkhprour-Wa-en-R Beau de Formescomme R, Seul Fils de R , conteste et re-met en question la socit dans laquelle il vit.Ce nouveau roi, scartant dune tradition reli-gieuse bien ancre dans les esprits, renieAmon, le dieu principal de Thbes, le dieu ca-ch dont la nature divine est impntrable.Amon tait gnralement reprsent sous laforme dun lion tte de blier. Il fut considrcomme le protecteur de lEgypte, lorsque le roi

    Amosis, vers le milieu du XVIe

    sicle avantJ.-C., eut chass les envahisseurs hyksos,lesquels avaient occup le pays durant la Se-conde Priode Intermdiaire. Les sanctuairesdAmon taient plongs dans une obscuritquasi-totale. Le culte se pratiquait dans un lieusaint. Le prtre ouvrait les portes du naos(tabernacle), contemplait lidole et baisait laterre devant lui. La statuette tait ensuite laveet purifie. La divinit ntait prsente lado-ration des fidles quaux jours de fte et lorsde processions.

    Amnophis IV, de constitution fragile, sefforceradurant son court rgne ( 1378-1362 ou 1372-1354 selon les savants) de faire triompher unereligion nouvelle, celle dAton, le Disque solaire.A lorigine, le Disque dsignait simplement las-pect visible du soleil. Aux environs de lan 2000avant J.-C., Aton est un dieu gyptien connu. Et la fin du rgne effectif dAmnophis III, etpar consquent avant que son fils ne soit cor-gent, Aton devient une force divine importanteavec laquelle le clerg dAmon devra dsormaiscompter. Amnophis III ne rside plus souvent Thbes car il ne se sent plus en scurit dans lacapitale. Il vit, en fait, dans son palais de Malka-ta. Il tait inquiet car la puissance amonienne desprtres thbains ne cessait de crotre. Est-ce par

    raction, ou par conviction personnelle quil intro-duisit dans le concert des dieux, la notion ato-nienne de force divine ? Ou nest-ce point pluttpouss par un fils progressiste associ au pou-voir depuis quelques annes ? En effet, Akhena-ton tait corgent et dirigeait galement le pays,do rsulte une certaine ambigut quant aunombre dannes de rgne leur attribuer. Tou-jours est-il quAmnophis III, trop las peut-trepour lever Aton au sommet du panthon gyp-tien ou simplement plus raliste que ne le serason fils, restera, malgr tout, attach au dieuAmon jusqu ses derniers jours. Il mourut proba-blement dans sa trente-neuvime anne de r-

    gne, la douzime anne de celui de son fils.

    Partant du sens premier atonien de force divi-ne , Akhenaton, une fois seul vritable matrede lEgypte, dcide de rformer radicalement lesconcepts religieux de son peuple. Il commence

    par changer, en lan 6 de son rgne, son nomdAmnophis, en gyptien Amenhotep Amonest satisfait , en Akhenaton Dvou Aton .Ensuite, ivre de son dieu, il fait marteler le voca-ble Amon partout o il peut latteindre : sur lestemples et jusque dans les tombes. Toutefois,incapable de dtruire les magistrales ralisationsde Louxor et de Karnak, et dsireux aussi dechoisir un site vierge pour son dieu, il quitte Th-bes. Il dcide la construction dune nouvelle cit,en Moyenne-Egypte, sur la rive droite du Nil, mi-chemin entre Memphis et Thbes, hauteurdu village actuel de Tell el-Amarna. Sa ralisationest mene htivement. La ville slve parallle-

    ment au Nil, dans un cirque immense de falaisesgrandioses. Huit annes se sont coules depuisla visite solennelle quil a effectue, en ce lieu, encompagnie de la reine et de leur suite, en lan 4de son rgne. Le centre dynamique de la nouvel-le cit, jaillie du sol, est bti selon un urbanismerationnel ; mais au-del des btiments publics,temples et villas, limprovisation se manifestesouvent. Cest que le roi, dj install en sonnouveau palais, est impatient de voir vivre toutela ville. Il lui donne le nom de Akhet-Aton, Horizon du Disque . Notons, fait rarementmentionn, quil ddia galement son dieudeux autres localits de lempire, sous le nom dePagematon Celle qui a trouv Aton . Ellestaient situes aux extrmits de son royaume.Celle du sud nous est connue : Sezebi auSoudan.

    5

    Reconstitution du centre de Tell el-Amarna, tra-vers par la Voie Royale ; la maison du roi est gauche, le grand palais droite.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    7/41

    Les temples quil a fait construire Akhet-Atontaient inonds de lumire. Ils se composaient deplusieurs cours ouvertes, qui comprenaient denombreux autels sur lesquels taient dposesles offrandes. En se basant sur les reprsenta-tions royales et sur les textes qui nous sont par-venus, on se rend compte que ce nest plus leprtre, mais le roi, qui, plac devant lautel, ac-complissait la liturgie. Accompagn de la reineNfertiti-Neferneferou-Aton Juste est la Bont

    dAton , et de ses enfants ce qui ne staitjamais vu , il y associait tout son peuple. Il ten-dait plusieurs fois vers le ciel le sceptre sekhem en une espce de premire cons-cration . Le pharaon, fils de dieu, nest plus unpersonnage mystrieux. Ses fidles, transplantsdans ce magnifique site, le ctoient quotidienne-ment. Il ne demeure pas continuellement Akhet-Aton. Le souverain se dplace travers lepays avec sa cour. Sa rsidence secondaire estMemphis o lon dcouvrira une remarquablette de Nfertiti, et non de Smenkhkar commeon le croyait encore il ny a pas si longtemps. Lespalais de la nouvelle cit stendent sur une lon-

    gueur de huit cents mtres le long de la VoieRoyale . Les souverains, esthtes convaincus,sintressent au sort des artistes. Ceux-ci sontguids, encourags, par le roi lui-mme, dansleur recherche de nouvelles conceptions artisti-ques. Jvoquerai plus loin lclosion de cet artnouveau, parallle aux autres rformes. Mais,parcourons dabord litinraire religieux du roi.

    Les ides fondamentales de la nouvelle doctrinese trouvent condenses dans le Grand Hymne Aton , compos par le roi dans la langue vul-gaire comprise de tous, au lieu de lgyptien clas-sique. Ce pome fut maintes fois grav et est

    encore toujours lisible dans la tombe de Ay, ce

    haut dignitaire successeur de Touthankhamon,que jai dpeint plus haut. Le Psaume 104 dela Bible reprend presque intgralement la se-conde partie de lhymne atonien. Voici le dbutdu texte, qui est un peu la profession de foi de lanouvelle religion :

    Tu te lves beau dans lhorizon du ciel,Soleil vivant, qui vis depuis lorigine.Tu resplendis dans lhorizon de lEst,Tu as rempli tout pays de ta beaut.

    Tu es beau, grand, brillant.Tu tlves au-dessus de tout pays.Tes rayons embrassent des pays,Jusquaux confins de ta cration. (2)

    Ce qui frappe, la lecture de ces quelqueslignes ; cest labsence dun mythe quelconquerelatif la Cration. Or, les cosmogonies ancien-nes hliopolitaines voire mme hermopolitainesmontrent toutes comment se produisit la Cra-tion. Elles expliquent comment, par lavnementdes dieux fut tabli un ordre. LUnivers ordonnrestait toutefois sous la menace constante duneForce chaotique, le Noun . Le culte tait assu-r par le roi et les prtres. Leurs offrandes de-

    vaient maintenir cet quilibre instable. Ainsi, lejeune roi se dtache de la Grande EnnadedHliopolis, qui tait jusqualors la cosmogoniela plus suivie. Atoum n dans le Noun , OcanPrimordial cre Shou (lair) et Tefnout (lhumidit)qui engendrent Geb (la terre) et Nout (le Ciel),qui donnent naissance aux couples Osiris-Isis etSeth-Nephthys.

    6

    Le visage de Nfertiti. De gauche droite, ttes en calcaire peint (59 cm, Muse de Berlin), et en quartzi-te brun-rose (33 et 18 cm, Muse du Caire).

    (2) Dbut du Grand Hymne Aton - adapta-tion franaise de Pierre Gilbert, extrait de sonouvrage : La Posie gyptienne , F.E.R.E.

    Bruxelles 1943.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    8/41

    Akhenaton abandonne donc le postulat thologi-que du mythe de la Cration en prnant la notiondAton crant lUnivers. La deuxime ide-cl-de-vote du systme est le monothisme. Mais un

    monothisme qui ne repose plus sur le syncrtis-me, cest--dire sur un systme philosophiquetendant fondre plusieurs doctrines diffrentes.Toutefois ne perdons point de vue que le mono-thisme sinscrivait en filigrane du panthongyptien, bien avant lre amarnienne. Mais cemonothisme, dailleurs rarement affirm, ntaitque la rsultante dun amalgame de concepts.Quand un sage parlait de dieu sans le nommer, iltraduisait par l ce quil y a dunique dans la mul-tiplicit des croyances quil avait hrites de sesanctres. LEgyptien croyait quune mme ralitpouvait se manifester simultanment sous diff-rentes formes. Ainsi, ds lAncien Empire, R fut

    identifi, dans certains textes sacrs hliopoli-tains, Atoum, puis Harakhti Horus de lHori-zon et ultrieurement tous les autres dieux. AThbes, lunicit dAmon fut galement revendi-que : les autres dieux adors ntaient que sespropres manifestations. Dans lEgypte ancienne,les mythes et les dieux se sont souvent superpo-ss les uns aux autres sans sexclure ncessaire-ment.Akhenaton se dtache de ce donn thologiqueancestral en laborant un monothisme diffrent.Il nonce lide de la suprmatie dAton sur lUni-vers. Il impose le culte dun Etre Suprme qui estla Vie. Aton est le pre et la mre de la race hu-maine, qui comprend la fois les Egyptiens et lespeuples trangers. Il est reprsent sous la for-me dun disque rayonnant do partent des mainsqui apportent la vie. Ce signe de la vie ankh (anneau surmontant une croix en formede T) souligne prcisment les rapports existantsentre le dieu et ses cratures. Ces rapports sontdun ordre nouveau : bont et tendresse. Cestune premire approche de la communion chr-tienne. La croix de vie est toujours prsente ennotre XXesicle : le patriarche de lEglise copte,au Caire, la porte encore. Aton a supplant lesdieux du panthon, en reprenant son compteleurs attributs. Ainsi Mat, principe du Bien et dela Sagesse, devient le fluide qui inonde le roi,

    messager du dieu. Le pharaon sinspire de nom-breux proverbes et principes moraux dj formu-ls anciennement, notamment sous Khti Ier (IXedynastie), et annonce les paraboles du christia-nisme. Afin dtre complet, signalons qu partirde lan 9, Aton fut souvent appel R le Vivant,Souverain de lHorizon, R le Pre qui revient sous la forme du Disque solaire . Nous assis-tons une lgre volution du dogme officiel. Lathologie amarnienne constitue une tape impor-tante de la pense antique dans la recherche dudivin. Toutefois, cette conception rationnelle dundieu unique semble imparfaite. Aton est-il plusquun lment de lUnivers au mme titre que

    leau ou la lune ?

    Son monothisme dpasse-t-il lhnothisme de ladivinit sans nature unique ? Akhenaton, tout enle percevant, reste, du moins dans le dogme, ende du Dieu transcendantal, cest--dire qui

    appartient la raison pure, a priori, antrieure-ment toute exprience.

    Les spculations religieuses et les recherchesartistiques labsorbent-elles tout entier ? Ne fit-ilaucune campagne militaire ? Les avis divergent.A partir de son accession la souverainet uni-que, en lan 12, commence une priode de trou-bles. LEmpire seffrite aux frontires. Divers pe-tits Etats du nord-est scroulent sous les coupsde boutoirs de Aitagama et de Azirou qui sempa-rent respectivement de Qadech et de Ugarit. LesHittites attaquent leur tour. Le conqurantSouppilouliouma sempare dAlep et de la Syrie.

    Le royaume alli du Mitanni seffondre. Les der-niers fidles de lEgypte, Byblos et la Palestine,ne repoussent que difficilement ces mmes en-vahisseurs hittites, toujours plus entreprenants.La fin de lempire asiatique dEgypte est proche.Pourtant, Akhenaton ne sen est pas vraimentdsintress, contrairement ce quon a souventrpt ; il pensait, comme son pre, que le conflitHatti-Mitanni neutraliserait ces deux puissances lavantage de lEgypte. Sa conception de la politi-que trangre tait dj teinte dun certain paci-fisme, mais il ne faudrait pas exagrer cet idalis-me. Certes, il encourageait toute initiative de paixsusceptible de faire taire les armes. Il estima m-me pouvoir cimenter religieusement les peuples.Toutefois, la fin de son rgne, il semble avoirprpar une grande expdition asiatique. Il aprobablement fait campagne dans la rgion deGezer. Quant sa politique intrieure, elle ne futen rien infrieure celle de ses prdcesseurs ;au contraire, la rpartition des biens et richessesfut plus quitable. Le rle de la femme dans lasocit gyptienne devient important. Nous as-sistons une premire volont dgalit dessexes.

    Les dernires annes de la vie dAkhenaton sontanalyses diffremment par les historiens. Lespremiers croient que le roi a essay de se rap-

    procher du clerg dAmon. Il aurait envoy Th-bes son gendre, le corgent Smenkhkar, pourcomposer avec les traditionalistes. Celui-ci, qui argn entre trois et cinq ans en association avecAkhenaton, aurait cependant chou dans cettemission. Les autres historiens rejettent cette hy-pothse, estimant tout compromis impossible dela part dun pharaon de plus en plus intransi-geant. De toute faon, Smenkhkar, g dunevingtaine dannes, meurt, probablement assas-sin en 15 ou 17, dernire anne du rgne. Onlui a attribu une momie anonyme trouve dansla tombe 55 de la Valle des Rois Thbes.Cest aussi la fin dAkhenaton, qui subit sans

    doute le mme sort. Nul ne sait encore lequel

    7

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    9/41

    8

    des deux frres survcut lautre. Leurs mortsrestent obscures. Toujours est-il, quun an plustard, le jeune Toutankhaton, peine g de neufans, est proclam pharaon. Si la premire anne

    de son rgne se passe Tell el-Amarna, les sui-vantes scoulent nouveau Thbes. Vaincupar le clerg thbain, il devra changer son nomen Toutankhamon. Autrement dit, laventure ato-nienne a vcu. Akhet-Aton survit encore car lacour, atonienne de cur, est toujours influente.Mais, les derniers amarniens disparus, elle serarase. Les Ramessides de la XIXedynastie senchargeront. Et le nom de lhrtique , dispara-tra jamais de lhistoire officielle de lAncienneEgypte.

    Quelques interrogations subsistent quant la vieprive et intime du roi. Akhenaton eut-il deux

    filles de ses propres filles Merytaton et Ankhe-senpaaton ? Eut-il des relations homosexuellesavec son frre Smenkhkar ? Rien nest sr.Akhenaton ne sest jamais fait reprsenter com-me un homme effmin ou comme un herma-phrodite. Les sculptures dformantes (mchoireprominente, poitrine, abdomen et pubis trsdvelopps) voquent ce quon appelle le syndrome de Frhlich . Ces anomalies rel-vent de la pathologie et rvlent un dsordreendocrinien. Dans ces conditions, Akhenatonntait-il point impuissant ? Chacune de ses fillesporte simplement le titre de fille du pharaon .Lequel ? Lui-mme ou Amnophis III ? Cettehypothse de travail est rarement mentionne. Jela signale sans prendre position. Ce problme nepourra tre rsolu que si on dcouvre la momiedu pharaon ou des textes affirmant sa paternit !En attendant, il me semble prfrable daccepterle fait quil ne souffrait pas dune maladie gravelempchant davoir une activit sexuelle.

    Conjointement la rforme religieuse et morale,Akhenaton entreprend de renouveler lart de sontemps. Il cre, dabord Thbes, ensuite AkhetAton, un art que lon peut qualifier de ralismeintrospectif, car il exprime la fois la dure ralitet la sensibilit des tres. Cette nouvelle esthti-que se forge en trois tapes. Au dbut de son

    rgne, il pousse lextrme la recherche ralistebauche timidement la cour dAmnophis III.Lart sera un cri ou ne sera pas. Cest la priodede la rvolte expressionniste et mouvante telleque nous la retrouvons dans les statues colossa-les du roi. Ce dernier est caricatur, ses dfautsphysiques amplifis. Nous sommes loin de larthiratique des anciennes poques. Toutes lesaudaces sont permises. Le roi se fera mme,parfois, reprsenter nu et asexu. Cest aussilpoque du gigantisme des temples. Les matressculpteurs sont Bek et Parenefer, qui le roi dic-te ses vues. On tente aussi de remettre en ques-tion les formes traditionnelles : lil et les pau-

    les de face, le visage et les jambes de profil.

    Dans une deuxime phase, lart amarnien serapproche du naturel. Les dcorations muralesdes palais chantent la vie. Le monde vgtal etanimal est dpeint avec simplicit en de fines

    touches dj impressionnistes. Lart devient inti-miste et dlicat. Finalement, un nouveau classi-cisme triomphe, synthse des deux premierscourants. La nouvelle esthtique sexprime plei-nement dans les six-sept dernires annes durgne. Au ralisme raffin du sujet, sajoute uneforce spirituelle empreinte dune certaine mlan-colie. Les uvres de Thoutms, dont latelier futdcouvert par Borchardt, sont lexpression la plusparfaite de ce nouveau classicisme. Ses ttes deNfertiti et ses masques royaux simposent notre admiration.

    Fragment de balustrade en albtre, en provenan-

    ce de la grande salle du palais, et datant despremires annes Tell el-Amarna. Akhenatonet Nfertiti font offrande au Disque solaire Aton,dont les rayons se terminent par des mains, deuxdentre elles apportant le souffle de vie ou ankh.Les cartouches sur la poitrine et les bras du roisont ceux dAton, et figurent galement ct duDisque. Les caractristiques de lanatomie, parailleurs presque entirement de profil, sont dansle plus pur style amarnien.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    10/41

    En conclusion, si Akhenaton a, dune part, dve-lopp des tendances dj prexistantes, il nen apas moins, par sa tentative monothiste, anticipsur lHistoire. Etait-il n trop tt ? Sans doute ; en

    tout cas certainement en terre gyptienne, o lestraditions ancestrales demeuraient vivaces et lesstructures sociales bien trop dfinies. Existait-ilde son temps une nation constitue apte lesuivre ? Il semble que non. Il faudra pour russir,fuir la puissance thbaine et forger ou mieux en-core rgnrer, sous dautres cieux, un peupleempreint de ce nouveau courant dides. Et jepense, ici, plus spcialement au peuple dIsralet la destine, galement hors du commun, decet autre grand Egyptien qutait Mose. Notonsau passage que les Juifs appellent leur DieuAdona, version asiatique dAton. La continuit,voire la concomitance desprit, entre le monde

    antique gyptien et le christianisme oriental,mapparat vidente. Il faut lattribuer lintensebrassage des courants spirituels du bassin mdi-terranen. Akhenaton est-il donc le prcurseur dumessage biblique ? Dautres penseurs encore sesont-ils inspirs de sa doctrine ? Laventureamarnienne est-elle la premire manifestationdun monothisme authentique ? Sans doute, etla concrtisation en sera immdiate, sous laconduite de Mose. Les gyptologues, sils nedisposent pas de tous les lments susceptiblesde les clairer, nen cernent pas moins dj lesdernires questions poses. Et ce qui tait mys-tre hier, probabilit aujourdhui deviendra vi-dence demain.

    La politique gnrale dAkhenaton ntait malheu-reusement pas la hauteur de ses ambitionsphilosophiques. Ce rgne, parenthse dans lhis-toire continue gyptienne, nen dura pas moinsprs de vingt annes. Pharaon mystique et in-transigeant, il ne pouvait, long terme, qu-chouer. Mais est ce vraiment un chec ? Uneimage me poursuit une petite tte, en ivoire,dAkhenaton, joyau dart miniaturis, et qui en estprobablement leffigie la plus ressemblante. Cevisage, non dform, est mouvant. Il me semblereconnatre dans cette sculpture la force spirituel-le du pharaon qui russit inscrire, pour toujours,

    dans les curs des sages de son temps, la vi-sion dun dieu tutlaire et unique.

    JEAN-CLAUDE BERCK.

    9Figurine funraire dAkhenaton en calcaire cristal-lin, haute de 6 centimtres, et appartenant auxMuses royaux dArt et dHistoire Bruxelles.

    BIBLIOGRAPHIE.

    C. Aldred, Akhenaton and Nfertiti (Thamesand Hudson - London 1973) . Akhenaton and Nfertiti (Brooklyn, 1973). Akhenaton, le pharaon mystique (trad. delanglais, Ed. Tallandier, 1973).

    E. Bille - De Mot, The Age of Akhenaton (trad.du franais, New York, 1966).

    F. Daumas, Les dieux de lEgypte (Coll. Quesais-je ?, n 1194 ; P.U.F., Paris, 1970).

    H. De Meulenaere (quipe de), Le Rgne duSoleil = Akhenaton et Nfertiti (Ed. Laconti,

    Bruxelles, 1975).Ch. Desroches-Noblecourt, Toutankhamon, vie

    et mort dun pharaon (Hachette - Paris,1963).

    P. Gilbert, Mditerrane et humanisme danslart (Ed. Desoer - Lige-Bruxelles, 1967).

    A. Mekhitarian, LEgypte (Coll. Religions duMonde - Paris, 1964).

    S. Morenz, La religion gyptienne, essai dinter-prtation (trad. de lallemand - Paris, 1962).

    J. Pendlebury, Les fouilles de Tell el-Amarna etlpoque amarnienne (trad. de langlais -Paris, 1936).

    J. Vandier, La religion gyptienne (Coll. Mana

    - P.U.F., Paris, 1949).

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    11/41

    Gnalogie abrge dIsral.Abraham le Smite, ex-mercenaire sumrien,citadin dUr et homme de qualit, quitte sa cit etassure sa descendance. Son fils Isaac engendrenotamment Jacob. La famille est devenuenomade mais garde ses traditions et sa culture

    citadines. Le petit dieu de la famille, ex-intermdiaire bienveillant entre Abraham et lesmultiples dieux dUr, rgne prsent en matresur le clan et prside ses destines, en modi-fiant au gr des besoins le vieux code moral su-mrien, toujours en vigueur chez les Abraham.

    Jacob eut douze fils : ce chiffre prfigure les dou-ze tribus dIsral et les douze aptres deJsus. Parmi ces fils : Joseph, le petit gt deJacob, qui rve dj de puissance. Un jour, ilraconte ses frres un songe quil a eu : ilstaient tous aux champs faire des gerbes, etvoici que les gerbes de ses frres se mettent en

    rond autour de la sienne et sinclinent devantelle ! Furieux et jaloux, craignant dj pour leurhritage, les frres de Joseph vendent celui-ci une caravane de Madianites de passage. EnEgypte, ces marchands revendent Joseph aucapitaine Putiphar, de la garde de Pharaon. Jo-seph devient majordome. La femme du capitainelui fait alors des avances, que Joseph repousse,outr. La mgre fait croire son mari que Jo-seph a tent de la violer, et voil notre hros jeten prison. Pharaon son tour fait un songe, peu-pl de vaches grasses puis de vaches maigres.Joseph, grand spcialiste es-rves, interprtececi du fond de sa gele, et avertit Pharaon que

    pour prvenir la famine, il importe de stocker du

    grain. Aprs cette brillante intervention, Josephest nomm banquier de confiance de Pharaon.

    Arrive la disette : les frres de Joseph, affams etignorant tout de ce qui sest pass, viennent enEgypte pour acheter du grain. Joseph les recon-

    nat, leur pardonne, et installe tout son clan enEgypte. Pendant quatre sicles, le clan des H-breux va prolifrer et sintgrer lEgypte, la-quelle il fournira une utile main-duvre. Le pre-mier pion de lhistoire de Dieu, en loccurrenceAbraham personnifi par sa ligne, est ainsiavanc sur lchiquier du destin. Les temps sontmrs maintenant pour pousser le second pion :Mose.

    Naissance controverse de Mose.Sil faut en croire la Bible, lpoque de la nais-sance de Mose, les Hbreux ont la vie dure. Ilsse multiplient qui mieux-mieux, mais les Egyp-

    tiens redoutent leur puissance naissante et lesoppriment. Ces travailleurs trangers, vritableEtat dans lEtat, prennent dcidment trop dim-portance aux yeux de Pharaon, qui dcide dap-pliquer une mesure extrme : que lon jette aufleuve tous les enfants mles des Hbreux ! Mo-se, qui serait n alors de la tribu de Levi, est ca-moufl pendant trois mois, puis dpos dans unecaisse parmi les roseaux du fleuve et recueilli parla propre fille de Pharaon attendrie. Celle-ci lenomme Moshe , soit sauv des eaux , etMose est lev la cour dEgypte. On linitiemme la science occulte des prtres de lpo-que et Mose devient ainsi une sorte de magicien

    aux yeux du peuple.

    10

    Entre les lignes

    LA REVOLUTION REUSSIEDE MOISE

    Ce qui va suivre fera peut-tre grincer des dents. Quimporte, puisquil sagit dun pas de plus dans la qu-te de la vrit. Je ny mettrai aucune intention malveillante. Dans le prcdent numro de la revue, il a t

    dmontr quAbraham, pre des Hbreux, tait sorti de Ur, en pays de Sumer, vers 1800. Dans sesbagages, il emportait un petit dieu familial sans nom,son porte-bonheur, qui allait devenir par la suite ledieu dAbraham, dIsaac et de Jacob . Dans lesprit du patriarche, les autres dieux existaient bel et bien,mais il leur prfrait le sien. Abraham tait donc monoltre et non monothiste. Ce fut le premier balbutie-ment de trois grandes religions du futur : le judasme, le christianisme, lislamisme. La seconde tape,celle du monothisme, fut ralise par Mose quatre sicles plus tard. Que se passa-t-il donc ?

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    12/41

    Ce rcit touchant rvle quelques invraisemblan-ces de taille : 1) la fille de Pharaon soppose ou-vertement la politique intrieure de son pre enadoptant un enfant hbreu mle. Apparemment,

    cela ne lui attire aucune remontrance ni aucunennui ; 2) la fille de Pharaon donne lenfant unnom hbreu, dont le moins quon puisse dire estquil est tarabiscot. Connaissait-elle donc cettelangue ? Alors quen gyptien, mose ou mosis signifie enfant, fils de , tout simple-ment.Exemples : Thout-mosis (fils de Thot), Ra-mosis ou Ramss (fils de R) ; 3) examinons uninstant le portrait-robot de ce quon pourrait appe-ler la lgende-type dun hros traditionnel.Selon O. Rank (1), ce modle peut sappliqueravec succs des hros tels que Sargon, Cyrus,Romulus, Pris, dipe, Perse, Hercule, Gilga-mesh, etc. Nous allons voir que, dans le cas de

    Mose, de srieux grincements se font entendre.Les parents du hros-type sont ncessairementde haut rang : dans le pedigree de Mose, nousne trouvons que dobscurs membres de la tribude Levi. La naissance du hros-type est prc-de de graves difficults, et le pre est souventmenac : ce point-ci est en accord avec le rcitde lExode. Le pre du hros-type tue ou met endanger son rejeton nouveau-n, ou labandonnedans une corbeille au fil de leau : rien rediredans le cas de Mose. Le hros-type a alors lavie sauve, et est ensuite recueilli et lev par desanimaux ou de petites gens : Mose, au contraire,est sauv, recueilli et lev par la fille du roi !Enfin, devenu grand, le hros-type retrouve ses

    parents, se venge et parvient la gloire : cest eneffet, grosso modo, le cas de Mose. Ds lors,que conclure ?

    Mose tait gyptien.Une inversion rvlatrice ressort de ce qui prc-de : alors que le hros traditionnel nat habituelle-ment de parents du grand monde, pour tre le-v par des humbles, Mose en est lantithse. Silon ajoute cette anomalie son nom gyptien etlinvraisemblance de son adoption, en tant queJuif, par une princesse gyptienne, un doute mo-numental se glisse ncessairement parmi nosides reues : lhistoire de Mose naurait-elle pas

    t trafique ? Dans le mme sens, selon lhisto-rien juif Flavius Josphe, Mose tait un chef dar-me gyptien, qui fit notamment une campagnevictorieuse en Ethiopie Curieux tout de mmepour un Hbreu

    Plus tard, lorsque Mose tablit les bases de lareligion judaque, il impose la circoncision, qui estun rite gyptien, et interdit le porc, que les

    Egyptiens avaient en horreur (dixit Hrodote).Bien sr, les scribes tardifs (tendance yahviste)de la Bible tentrent descamoter lorigine gyp-tienne de la circoncision : le texte prtend

    quAbraham, dj, institua ce rite en guise dal-liance avec son dieu ; le texte raconte en outreque Mose, durant sa priode dexil au dsert deMadian, ngligera de circoncire son fils et queDieu se fcha. Ce que voyant, sa femme effectualopration en vitesse. Ces rajoutes ne sont quedinlgants procds destins judaser lacirconcision pour les besoins de la cause. Demme, toujours au profit de cette mme cause, ilfallait que la Bible fasse de Mose un Juif, car ilet t pour le moins scandaleux dadmettre quele trait dunion entre Abraham et Isral tait unEgyptien. Ce que Mose tait bel et bien...

    La suite est digne dun western !Mose est devenu adulte. Aurol de gloire grce ses succs militaires, il est un personnage im-portant en Egypte. Et voici quil commet, sanscrier gare, une gaffe de dimension : il tue unEgyptien ! Pour un motif futile. Ce compatriotemaltraitait un Hbreu, un paria. Suite cela, satte est mise prix, et Mose est oblig de fuir audsert de Madian, o les policiers de Pharaonrenoncent le poursuivre. Cest le meurtre idiotpar excellence, qui anantit dans luf la carrirepolitico-militaire de Mose. En terre de Madian, ilprend la dfense de quelques jeunes filles quides bergers disputaient leau dun puits. Il pousela plus jolie et sinstalle chez son beau-pre. Les

    Madianites taient des Smites, de la racedAbraham par consquent. Ils adoraient notam-ment un certain Yahv, dieu des volcans. Ilsconnaissaient trs certainement aussi le dieudAbraham, dIsaac et de Jacob . Et la Bible,encore une fois, grce un douteux tour de pas-se-passe, confond les deux. Dans le passage oil est question de lapparition de Dieu Mose aumilieu dun buisson ardent, Yahv prtend quilest le dieu des patriarches et charge Mose denavertir les Hbreux ! Il sagit dun anachronismeflagrant mettre probablement dans le mmesac interprtations des scribes tardifs de ten-dance yahviste. Peut-tre aussi Mose rve-t-il

    dj de raviver les anciennes traditions des H-breux, afin de devenir un jour leur chef.

    Entretemps, en Egypte, Pharaon vient de mourir,et puisque la popularit de Mose est grandeparmi les Hbreux depuis le meurtre de lEgyp-tien, notre hros dcide de retourner dans sonpays. Il fait ses adieux son beau-pre, installesa femme et son fils sur un ne et tente laventu-re. Les Hbreux laccueillent assez bien et, fortde leur soutien, Mose se fait annoncer au nou-veau monarque. Le nouveau dput des H-breux annonce Pharaon son slogan : un seuldieu pour tous et le repos du septime jour ! Mo-

    se rclame la permission de tenir un grand mee-

    11

    (1) Le mythe de la naissance du hros , publien 1909 dans le 5e cahier des Ecrits depsychanalyse applique , Fr. Deuticke, Vien-

    ne.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    13/41

    12

    ting politico-religieux dans le but secret de raviverle nationalisme hbreu et de tester par la mmeoccasion sa propre popularit auprs de sesouailles. Pharaon ricane et annonce des mesures

    rpressives. Il nose pourtant pas faire arrterMose. Craint-il linsurrection ? Mose se lancealors dans une grande campagne lectorale, grand renfort de dmonstrations de magie. Il nar-re aux Hbreux ses illuminations religieuses etprophtise de grands malheurs pour lEgypte sielle lui met des btons dans les roues. Pharaonfait la sourde oreille. Surviennent alors les plaiesdEgypte, qui ressemblent tonnamment debanales catastrophes naturelles. Le Nil rougit etles poissons crvent, la crue devient exception-nelle et les grenouilles dvastent tout. Puis cesont les moustiques, les taons, les pustules, lebtail qui crve, lclipse de soleil, les ulcres, les

    pluies de grlons. A chaque fois, Mose brandit lacolre de Dieu. Egyptiens et Hbreux sont im-pressionns. On sobserve de part et dautre. A ladixime plaie, Mose exagre : il fait assassinerpar ses commandos les nouveaux-ns des Egyp-tiens. Les bbs dIsral sont prservs grce un stratagme : les Hbreux ont badigeonnleurs portes de sang, afin dviter les erreurs.

    Devant cette vritable Saint-Barthlemy, Pharaonragit avec violence et provoque un sauve-qui-peut gnral, la fuite lamentable de tout un peu-ple avec ses femmes, ses enfants, ses vieillardset ses bagages, mais aussi ses milices privesarmes jusquaux dents et aguerries par la clan-destinit et le terrorisme. Mose fonce vers la merRouge et organise le passage. Larme dEgyptesuit et se prpare sonner lhallali. Les Isralitesaffols rcriminent contre Mose, cause de leurinfortune prsente. Mais ce grand chef ne selaisse pas dmonter. A laube, ses commandosattaquent le camp des Egyptiens et y sment lapanique. Ceci donne un nouveau rpit aux H-breux et leur permet de franchir la mer sans tropde pertes. De lautre ct, on se compte, onsembrasse, on danse, on est inquiet aussi. Com-ment se nourrira-t-on au dsert ? Mose se veutrassurant : on ira dabord vers Madian. Ce sont

    de vagues cousins et Mose connat bien le coin.Tout est prt pour la longue marche.

    Qui tait le pharaon de lExode ?Avant de poursuivre, je crois utile de poser cetteintressante question. Selon le texte biblique,Mose vcut sous le rgne dun pharaon qui mou-rut lors de son exil Madian, et lExode eut lieusous le rgne du successeur de ce pharaon. Lathse la plus courante dans les milieux delEglise est : Mose naquit sous Ramss II etlExode eut lieu sous Mineptah. Soit au cours dela XIXedynastie. La raison principale de ce choix

    est que lEgypte, dans le texte, est nomme

    terre de Ramss . En vrit, ceci ne signifierien, cest encore un anachronisme de conteur.Si, parlant des anciens Eburons, je dis : ils vi-vaient en Belgique, je commets la mme erreur.

    Et les historiens du futur seront tents de croireque les Eburons taient nos contemporains. Il estdailleurs matriellement impossible que Minep-tah soit le pharaon de lExode. En effet, Isralerra quarante ans dans le dsert avant que Jo-su nentre en Palestine. Or, sur la stle de Mi-neptah, il est fait tat dune campagne victorieusemene par lui en terre de Canaan : cette occa-sion, il battit Isral. A cette poque, les Juifsavaient donc quitt lEgypte depuis belle lurette.

    En 1935, Sir Charles Marston proposa une autrehypothse. Mose serait n sous Thoutmosis I,

    aurait t le protg de la reine Hatshepsout (quifut sa mre adoptive selon cet auteur), auraitpass sa jeunesse sous Thoutmosis II, aurait fui Madian sous Thoutmosis III, tandis que lExodese serait pass sous Amnophis II. Cette hypo-thse est dautant plus sduisante quelle estbase sur dintressants calculs de dates, serrantde trs prs les indications du texte biblique. Mal-heureusement, la pierre dangle de la thorie deMarston est la datation de la destruction de Jri-cho base sur les fouilles de Garstang (1930-1935). Celui-ci a trouv Jricho des scarabesportant les cartouches royaux de la XVIIIedynas-tie. Ces cartouches ne dpassent pas le rgnedAmnophis III. Marston en conclut que Jrichofut dtruite cette poque par Josu et quenconsquence lExode eut lieu sous Amnophis II.Les fouilles ultrieures du site de Jricho rduisi-rent cependant nant ces belles thories, etlhypothse de Marston passa ds lors au secondplan.

    Je vous propose maintenant une ide personnel-le. Il sagit en fait de la version revue et corrigede la thorie avance par Sigmund Freud (maisoui, le psychanalyste !). Cet Isralite clbre mitlide que Mose aurait subi linfluence directedAkhenaton... Vous lavez devin, le dieu de

    Mose serait Aton ! Freud eut cette ide en rap-prochant les ides et les ambitions religieusesdes deux gnies que furent Moise et Akhenaton.Le grand roi imposa durant son rgne le cultemonothiste dAton, dieu solaire et universel. Asa mort, les prtres dAmon, jaloux de leurs pr-rogatives, dtruisirent son uvre et lEgyptesombra dans lanarchie sous Smenkhkar, Tou-tankhamon et Ay, jusqu la reprise en mains dupouvoir par le gnral Horemheb. A la mort dAk-henaton, Mose aurait repris le flambeau. Dslors, selon Freud, Mose serait n sous Amno-phis III, aurait grandi sous Akhenaton(Amnophis IV) et lExode aurait eu lieu sous

    Smenkhkar ou sous Toutankhamon. Mais un

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    14/41

    petit dtail verra chanceler ce brillant chafauda-ge. Les archives de Tell el-Amarna (lphmrecapitale dAkhenaton) mentionnent lappel lai-de dun roi de Canaan qui se plaint de linvasion

    de son pays par des Aramens nomms Habiru (Hbreux). II y serait mme questiondun certain Josu... En consquence, le rgnedAkhenaton nayant dur que dix-sept ans,lExode se trouve repouss sous le rgne dAm-nophis III.Voici ds lors mon modeste avis : Mose serait n lpoque dAmnophis II et aurait fui Madiansous Thoutmosis IV. LExode trouve alors saplace pendant le rgne dAmnophis III, et laconqute de Canaan par Josu aurait eu lieusous Akhenaton. Je me permets de signaler quemon ide a lavantage de sappuyer non pas surde fumeux calculs, mais sur un renseignement

    fourni par les archives dAkhenaton lui-mme. Ilest dailleurs trs vraisemblable que ce roi naitpas boug le petit doigt pour intervenir et mterJosu : ce pharaon ne se sentait vraiment pas dedispositions agressives. Il est cependant certainque, au cas o ma thorie serait la bonne, il fau-drait inverser lide de Freud : ce ne serait pas ledieu Aton qui aurait servi de modle Mose,mais le dieu de Mose qui aurait influenc lespritdAkhenaton !Voil qui est pour le moins auda-cieux, jen conviens, mais je ne vois pas de meil-leure solution qui tienne compte des renseigne-ments fournis par les archives de Tell el-Amarna(2). Et les deux expriences religieuses se res-semblent tellement quil est vraiment trs tentantde les associer. Un dernier argument : dans letexte biblique, le dieu des Hbreux est souventappel Adona , un nom dorigine syrienne.DAdona Aton, il ny a vraiment quun petitpas... que je franchirai !

    Isral, nation errante.Revenons notre rcit. Isral a franchi la merRouge dans les conditions que lon sait, sous lafrule intransigeante de Mose, lequel est redeve-nu chef de guerre comme au bon vieux temps dela campagne dEthiopie. Il sagit maintenant detrouver boire et manger pour nourrir cette

    foule htroclite. Les Hbreux rcriminent enco-re : pourquoi Mose les a-t-il sortis dEgypte o ilstaient depuis quatre sicles, o le gte et le cou-vert au moins leur taient assurs ? Mose d-ploie alors tous ses talents de magicien, et trouvede leau en frappant un rocher. Peut-tre tait-ilgologue et sourcier ? La manne, phnomne

    naturel du dsert, est prsente comme une ma-nifestation divine. Le prestige de Mose augmen-te. Son alliance avec Dieu ne fait plus de doutepour le peuple. Les Hbreux saguerrissent. Jo-su dfait les Amalcites. Le pillage svit. Vive lepeuple lu ! Tout ce qui nest pas avec nous estcontre nous ! Les petits rois de Madian et desenvirons tremblent devant la horde sauvage.

    Un grand recensement a lieu : deux ans aprslExode, les Hbreux sont 603.550. Mose divisele peuple en corps darmes, qui volueront d-

    sormais sparment. Il sagit alors de souder, demotiver cette foule, dexacerber son nationalis-me, de codifier sa morale et sa religion. Le dieuunique de Mose est assimil dfinitivement audieu anonyme dAbraham, dIsaac et de Jacob :ceci permet dintgrer les traditions antiques, pr-gyptiennes du peuple, son aventure prsente.Mose rencontre Dieu sur la montagne sacre,pratique courante dans cette rgion du monde otoutes les cimes sont sacres et permettent uncontact plus troit avec la divinit. Une moralenat, dure et rigoureuse, vritable code de survieet de justice. Ce sont les dix commandements,les tables de la Loi.

    Mais le peuple, dinstinct, retourne au polythis-

    13

    (2) Laccord est pourtant loin de se faire sur laporte de ces tablettes. Voir ce sujet, dansce mme numro, lavis mis en note de la

    page 3.

    Bas-relief recouvert dargent, pour lembotage dedix lithographies de Salvador Dali sur peaux da-gneaux, en illustration louvrage du Dr. Freud : Moise et le monothisme . (Paris, Editions Art

    et Valeur. 1974. Tirage limit 250 exemplaires).

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    15/41

    14

    me, et cest lpisode du veau dor. Les Lvites,vritable garde personnelle de Mose, rprimentle dviationnisme dans un bain de sang. Mosese fait respecter par la terreur. LArche dAlliance,

    ce curieux instrument dont nous aurons repar-ler, sert de tmoin visible et magique de la fidlitde Dieu son peuple et vice-versa. Moseconverse chaque jour avec Dieu dans la Tentede la Runion, vritable temple mobile en toile.Linvasion de Canaan est le but final. Dieu don-nera une terre riche son peuple, et quaranteannes derrance serviront de prparation cetvnement. Cest la nouvelle gnration du d-sert qui entrera en terre promise : les vieux, im-possibles recycler, ont trop murmur contreMose, et leur ducation politique est insuffisante.Quant aux habitants lgitimes de Canaan, ilssont galement smites, mais le peuple lu pr-

    sente une particularit dont il est redevable lEgypte en gnral et Mose en particulier : lacirconcision, vritable passeport. Ce rite fier dori-gine gyptienne maintiendra Isral dans lunitpour toujours, lempchera de se fondre parmiles autres peuples et de perdre ainsi son indivi-dualit. Linvasion de Canaan sera donc nces-sairement violente.

    Enfin, le grand jour arrive : du haut du mont Ne-bo, Mose contemple la terre promise o coulentle lait et le miel, la terre o lui-mme nentrerajamais. Il passe les pouvoirs son fils spirituelJosu, et meurt. La mort de Mose a donn lieu dtranges spculations. Selon Ed. Sellin, il auraitt assassin par les Hbreux, dcidment tur-bulents, Shittim, Jourdain oriental ( Mose etson importance dans lhistoire de la religion isra-lo-juive , 1922). Ceci est videmment loin dtreprouv, et, jusqu plus ample inform, Mose estmort de vieillesse. Lhistoire de notre hros sar-rte l. Le deuxime pion est avanc. Le troisi-me, cest Josu, qui dtruira Jricho et prendrapossession de Canaan. Le peuple sinstallera nouveau en cette terre qui avait dj donn asile Abraham, et le judasme y mrira laise.Beaucoup plus tard, surgira parmi les Juifs unquatrime pion, dont le peuple ne souponnerapas la juste valeur : Jsus, fondateur du christia-

    nisme. Mais le Dieu des chrtiens est encorediffrent du Dieu de lExode. Ceci mrite nou-veau quelques instants dattention.

    Qui est Yahv ?Au risque de lasser, une rptition simpose, pourla bonne comprhension de la gense du mono-thisme. Reprenons donc les choses par le d-but.

    Le dieu dAbraham, dIsaac et de Jacob est unpetit dieu familial sumrien qui na pas de nom.La Bible est formelle sur ce point et si, par en-droits, on affuble ce dieu du nom de Yahv, il

    sagit l dun anachronisme imputer aux scribes

    tardifs de tendance yahviste qui tentrent toutprix dassimiler le dieu des patriarches au dieu dujudasme ultrieur, dans le but dhomogniserles traditions et la religion. Abraham, dailleurs,

    nest pas monothiste, il nest que monoltre.Nuance ! Le dieu unique imagin par Mose est le rsul-tat dune tendance au monothisme qui svissait ltat latent en Egypte, et qui se cristalliseraplus tard dans ce pays en un concept de dieusolaire (Aton) unique et universel. Sil faut appe-ler le dieu de Mose par un nom, que ce soit Adona ou lEternel , mais pas encoreYahv.Lpisode du buisson ardent est classergalement au rayon des anachronismes. Le dieude Mose servira de catalyseur la nationdIsral et assurera son indfectible unit. CestMose qui choisit le peuple lu, et non pas Dieu.

    Cest en quelque sorte Mose qui cra Dieu, etqui lassimila au dieu des patriarches. Cette d-marche, comme je lai dit plus haut, sera ensuitereprise et accentue par les scribes yahvistes auprofit de Yahv. Nous avons donc dans lordrechronologique : dieu dAbraham - dieu de Mose -Yahv. Mais cest Mose qui se trouve au tour-nant de lHistoire : il est linventeur du monothis-me. Est-il aussi lorigine de laventure spirituelledu futur Akhenaton ? Cest possible mais noncertain. Avant ou aprs la mort de Mose (le momentprcis a peu dimportance), Isral donna un nom ce dieu qui le protgeait depuis si longtemps etavec autant de brio. Et ce fut loccasion dunerunion des tribus Mribat-Quads (rivageouest de lArabie) que ce nom fut dfinitivementadopt : Yahv ! Celui-ci tait dj florissant par-mi les tribus madianites cousines des Hbreux, etMose avait srement fait sa connaissance dsson exil Madian, avant le grand Exode. Cestribus madianites habitaient entre la Palestine, lapninsule du Sina et lArabie. Or, prcision capi-tale, Yahv tait un cruel dieu des volcans, local,born, froce, violent et sanguinaire !On est loindu dieu de Mose (dont le message est trahi), onest loin dsormais de la ressemblance avecAton, parangon de vrit et de justice (Mat),mais patience, on y reviendra...

    Lors de la fondation de cette nouvelle religionde Quads, lors de lavnement de Yahv, deuxpartis prirent naissance : celui des yahvistes,partisans de lassimilation totale de Yahv audieu des patriarches, et celui des lohistes (de latendance-Mose), cest--dire les Lvites ou des-cendants des partisans et de la garde personnel-le de Mose. Les lohistes, plus objectifs que lesyahvistes, constatrent le dviationnisme de cesderniers et veillrent au maintien de la circonci-sion, symbole du souvenir, de la tradition et dumessage de Mose lEgyptien. Yahvistes et lo-histes donnrent ds lors, dans la Bible, deuxversions distinctes des mmes vnements.

    Au fil des sicles, le caractre cruel et froce

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    16/41

    de Yahv sestompa petit petit, car Isral avaitretrouv une certaine stabilit. De plus en plus,Yahv ressembla lancien dieu de Mose, etaussi Aton. Trois caractristiques nouvelles

    confirment cette impression : primo, Yahv vo-lua, rsolument cette fois, vers le monothisme ;secundo, par la voix des prophtes, la traditionde Mose, repousse larrire-plan pendant dessicles, refit surface : on insista particulirementsur le fait que Yahv, dsormais, mprisait lesrites, la magie et les sacrifices ; tertio, Yahvredevenait le symbole de la droiture et de la justi-ce, comme le dieu de la montagne (Mose et lesdix commandements), comme le dieu Aton(Akhenaton). A posteriori, les textes furent rema-nis : on attribua Mose un tas de choses quinavaient plus rien voir avec lui, et ce dans lebut dattnuer les nuances, que je me suis effor-

    c de faire ressortir dans cet article, dans le butaussi ddulcorer le fcheux pisode de Yahv-le-cruel. Celui-ci fait tache dans lvolution qui amen des lois de Mose au judasme ultrieur etactuel. Le christianisme fond par Jsus le prophteaccentua encore la tendance Mose, puisqueYahv devint alors dfinitivement le symbole delamour.

    Conclusion.Que le lecteur me pardonne si jai donn lim-pression de pontifier. Les ides exposes danscet article me paraissent videntes, nen dplaiseaux exgtes officiels. Jai cherch mettre lac-cent sur Mose en tant que personnage-cl. Mo-se permit au peuple juif (et, par extension, lacivilisation occidentale judo-chrtienne tout en-tire), de participer la grandeur dun nouveauconcept de la divinit. Il sagit l dun vritableprogrs dans la spiritualit et, par consquent,dun progrs de la civilisation. Le peuple juif nefut, en fin de compte, que linstrument de ce pro-grs, la concrtisation du gnie de Mose. Celui-ci eut le mrite de russir sa rvolution spirituelle.Il serait injuste, dans cet hommage sa mmoi-re, dcarter Akhenaton, son quasi-contemporain,qui eut la mme lvation desprit mais dont l-lan fut bris par un certain manque dnergie

    devant la rigidit de la socit gyptienne.JACQUES VICTOOR.

    15

    Sources

    Sigmund Freud : Mose et le monothisme ,dans ldition Ides/Gallimard, 1972.

    Sir Charles Marston : La Bible a dit vrai ,Paris, Plon, 1949.

    Sir Leonard Woolley : Abraham, dcouvertesrcentes sur les origines des Hbreux ,Paris, Payot, 1949.

    Marcel Haedrich : Et Mose cra Dieu , Paris,

    Laffont, 1970.

    Certains auteurs sensation ont lhabitude den-tretenir un climat de nbuleuse confusion autourdes points audacieux de leur argumentation. Cecijette le trouble dans lesprit du lecteur, qui ne sait

    pas exactement quelle rfrence se vouer. KA-DATH rprouve ces pratiques. Voici donc quel-ques citations prcises destines donner dupoids mes affirmations.A propos de la lgende-type du hros tradi-tionnel, et de son application au cas de Mose,coutons Sargon, fondateur de Babylone vers 2800 : Je suis Sargon, le roi puissant, le roi dA-gade. Ma mre fut une vestale ; je nai pas connumon pre, tandis que le frre de mon pre de-meurait sur la montagne ; cest dans ma ville dA-zupirani, sur les rives de lEuphrate, que ma mrese trouva enceinte de moi. Elle me mit secrte-ment au monde, me plaa dans une corbeille dejonc dont elle boucha les ouvertures avec de lapoix et mabandonna au courant o je ne menoyai pas. Le courant me porta jusqu Akki, lepuiseur deau. Akki le puiseur deau mleva com-me son propre fils. Je devins le jardinier dAkki, lepuiseur deau.Au sujet de la circoncision, rite gyptien, cou-tons Hrodote : Ils (les Egyptiens) sont, tousgards, plus pieux que les autres hommes, des-quels ils se distinguent encore par certaines cou-tumes. Ainsi, ils pratiquent la circoncision quilsfurent, pour des raisons de propret, les premiers adopter ;ensuite, ils ont horreur des porcs, cequi tient certainement au fait que Seth, sous laforme dun porc noir a bless Horus... Jai dit que la stle de Mineptah prouvait que cepharaon ntait pas celui de lExode. Voici ce

    quen dit Ed. Meyer ( Die Israeliten und ihreNachbarstamme , 1906) : La stle de Minep-tah (1225-1215) nous donne lunique renseigne-ment chronologique que nous possdions. Minep-tah se vante de sa victoire sur Isiraal (Isral) et dela destruction des rcoltes (?) de ce dernier. Nousne sommes malheureusement pas srs de lavaleur quil convient dattribuer cette inscription :on considre quelle prouve la prsence, dscette poque, de tribus isralites en Canaan. Jai dit aussi que les archives de Tell el-Armananous donnaient un prcieux renseignement quant lpoque de la conqute de Canaan par Josu,conqute que je situe lpoque dAkhenaton. Ci-dessous, le contenu dune de ces tablettes,adresse au grand pharaon par Abdkika, roi de

    Jrusalem : Aussi longtemps que les vaisseauxtaient sur la mer, le bras puissant du roi occupaNahrima et Kas, mais maintenant les Habiru(Hbreux) occupent des cits du roi. Mon sei-gneur le roi na plus un seul prince ; tout est ruin.Voil, Turbasa qui a t immol la porte de Zilu,et le roi (Akhenaton) reste inactif ! Une autre deces tablettes, attribue un certain Mut Baal,chef dans la valle du Jourdain, prcise : Aussivrai que mon Seigneur est vivant, Aiah nest pas Pella. Depuis deux mois, il se cache. Demandedonc Benenima, demande donc Tadua, de-mande donc Jashuia. Aiah, cest Job ; Bene-nima, Benjamin ; et Jashuia, Josu... Ce derniertexte, cependant, reprsente un bien faible argu-ment. Je mets linterprtation au conditionnel.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    17/41

    Nous navions gure encore, jusqu prsent,abord de front les traditions orales. Cest quelentreprise nest pas aise. Dans notre optique, ilfaut avant tout remonter aux sources et viter tou-te interprtation htive. Pour la premire condi-tion : quelles sont les sources fiables, du momentquelles ne sont pas crites ? Un cueil menace lechercheur parallle, et nombreux sont ceux qui sylaissent prendre : reprenant les on-dit, ils transfor-ment insensiblement la signification des choses enles retirant, par la mme occasion, de leur contex-te. Pour la seconde condition, nous serions pluttpartisan de laisser sexprimer toutes les interprta-tions, tout en soulignant les faiblesses autant queles points forts. Dans les milieux de larchologieparallle, les Dogon ne sont gure connus que parlallusion quils font au compagnon obscur deSirius . Pour larchologie classique, ils sont par-

    ticulirement intressants au point de vue ethnolo-gique. Rsultat en ce qui nous concerne : deschercheurs parallles se transmettant des on-dit(autant dire une bibliographie nulle), et des cher-cheurs officiels nous noyant sous une bibliogra-phie purement ethnologique, o la cosmogonie faitfigure daiguille dans une botte de foin.

    Dans ces conditions, comment faire uvre origi-nale ? Un architecte de 41 ans, Eric Guerrier, lafait, et nous propose le rsultat de quatre annesde travail (1). Son livre, Essai sur la cosmogoniedes Dogon , vient de paratre dans la collection Les portes de ltrange , chez Robert Laffont.

    On peut stonner de ce choix, et je dois dire que

    nous tions plutt rservs quant cette collec-tion, le but apparent de Francis Mazire tant dyfaire figurer des ouvrages darchologie-fiction oudsotrisme, o priorit serait donne l imagina-tion de lauteur. Il faut croire que pareille classifica-tion serait prmature, car le livre en question estdune lucidit toute preuve. Nous ne pouvionsgure en parler en post-scriptum , cet tnous priver dun sujet qui mrite un article dansKADATH. Si lenvie vous prend de lire le livre,nhsitez pas : nous lui attribuons la cote 3K, caron peut sy rfrer sans danger. Dans lattentedautres renseignements

    Lorsqu travers lancien Soudan franais, voussuivez le fleuve Niger, vous arriverez au Mali, louest de la Haute-Volta et du Sahel : prs desfalaises de Bandiagara vivent 250.000 Dogon.

    Perdue dans la savane, accroche des falaises,pareille population ne devrait rien avoir dautre offrir quune organisation sociale, des rudimentsdagriculture, des rites de passage, un culte desmorts et des anctres. En mission pour lInstitutdEthnologie de Paris, le Professeur Marcel Griau-

    16

    Ce quon ne comprend pas nest peut-tre quece quon ne comprend plus, ou ce quon compren-dra de nouveau un jour.

    Eric Guerrier. Les signes dautrefois enseignent les enfants ;cest pour que les enfants reprennent les signesdes vieilles choses quon les dessine.

    Propos dogon.

    LE PETIT PRINCECHEZ LES DOGON

    De l age d or

    A l ere du verseau

    (1) Un architecte, donc un amateur en archolo-gie ! Je remercie (et flicite) ici les chercheursqui, la lecture de cela, nont pas dj refermbrutalement leur revue, ou nen auront pas faitautant en feuilletant le livre. Car cest avanttout un dialogue que demandent les cher-cheurs parallles. Et ceux qui ont lesprit un

    peu moins tanche le savent trs bien !

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    18/41

    le de la Sorbonne organisa chaque anne depuis1931, des expditions destines recueillir lestraditions dogon. En 1946, un vieux chasseuraveugle nomm Ogotommli le jugea digne de

    recevoir linitiation. Aprs la mort prmature duProfesseur Griaule, les Dogon lui firent des fun-railles symboliques telles que seuls les plusgrands initis peuvent en esprer. Par la suite, lamission se perptua sous limpulsion du Profes-seur Germaine Dieterlen. Lensemble de ces tradi-tions donna un fort volume intitul Le RenardPle , et publi en 1965 par le Muse de lHom-me. Un condens du mythe figure dans louvragecit plus haut, et fut soumis pour vrification Madame Dieterlen. Soucieux de ne pas le voirtrahi dans une revue qui tient respecter lesprit etla lettre des traditions, Eric Guerrier a bien vouluvrifier mon rsum, et je len remercie. En an-

    nexe, le lecteur trouvera un recueil de citationstraduites littralement du dogon ; ceci un doublebut : montrer comment se prsente le mythe, etfournir quelques prcisions supplmentaires. Jevous conseille de le lire avant linterprtation.

    Au commencement tait Amma.Au commencement tait Amma, Dieu, le Crateur.Amma avait dessin lunivers sous forme de si-gnes, conservs au sein dun uf clos, lequel taitlui-mme compos de quatre parties appelesclavicules. En superposant les quatre lmentsfondamentaux, leau, lair, la terre et le feu, Ammacra la graine dacacia, avec laquelle il fit un pre-mier univers : monde tournant sur lui-mme etfcond par deux pines, le ciel et la terre. Mais larotation samplifiant, ce premier monde clata.Dailleurs, lun des lments superposs, leau,stait dtach de lensemble. Ce fut lchec dupremier monde dAmma.Amma reprit son uvre, prenant soin cette fois debien mlanger les lments. Il disposa les signesdun nouvel univers, tous anims dun mouvementen spirale et conservant, une fois sortis de uf,leur mouvement primordial. Pour ce faire, Ammatait plac au centre, le bras droit tendu horizonta-lement, et il tournoya quatorze fois, crant cha-que tour un monde spiralant dtoiles. Et les clavi-cules scartaient, livrant 7 X 2, cest--dire une

    infinit de mondes, tous peupls comme la Terre.Au centre du quatrime monde est le soleil. Cestainsi que furent crs tous les astres, visibles etinvisibles.Au sein de luf tournoyait la graine de p (fonioou millet), le p-pil, quAmma avait cr lorigi-ne de toute matire. Toutes les choses serontformes par adjonction dlments identiques aup. Au sein du p, la vie. Luf dAmma est deve-nu un placenta, lintrieur duquel il va crer lepremier tre anim, une espce dhomonculeappel nommo anagonno, qui sera charg de sur-veiller le monde cr par Amma. (2) Il le fera deuxpaires de jumeaux mles, puis leur adjoindra des

    jumelles. La premire paire regroupe le grand

    nommo ou nommo die, dispensateur de pluie etrgulateur du soleil, et qui restera au ciel prsdAmma, lautre tant le nommo titiyayne, messa-ger et sacrificateur du grand nommo. La secondepaire comporte Ogo, qui va introduire le dsordredans lunivers et sera mtamorphos en renardple, et o nommo, qui sera sacrifi puis ressusciten expiation de la faute dOgo ; sous le nom denommo semu (nommo de la mare), il dtient lesprincipes spirituels des hommes et sigera dansles eaux.

    La rvolte et la chute dOgo.Au cours de llaboration des nommo dont iltait Ogo, impatient et angoiss, se mit enmouvement, la recherche des secrets de cetunivers en formation. Il arpenta luf dAmma dontil prit les mesures. Il vola une nervure interne de

    luf (une de celles qui devaient permettre desparer luf en quatre clavicules), et se tissa unbonnet o il senferma pour y figurer les mmesmouvements quAmma dans luf, savoir spira-les et vibrations. Agac, celui-ci lui coupa la veinede la langue, le privant dune partie de la parole,mais non de la connaissance. Voulant galer soncrateur, Ogo sortit du ct de lattache de soncordon ombilical et, ce faisant, arracha un mor-

    17

    Les quartiers dun village dogon sont centrs surla guinna ou maison familiale, rsidence du pa-triarche du groupe. Les alvoles symbolisent leshuit anctres et leur descendance. Les tours car-res sont des greniers mil.

    (2) On songe au foetus astral, image finale du filmde Stanley Kubrick : 2001, lodysse de les-pace . Le Surhomme, responsable du syst-me solaire : en tout tat de cause, le fond psy-

    chologique semble tre le mme.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    19/41

    ceau du placenta, mais aussi une portion du pla-centa de sa jumelle en formation. Amma fit decette portion le soleil, tandis que la lune sera letmoin de louverture laisse ainsi bante. Le mor-

    ceau du placenta servit darche Ogo, et il des-cendit en tournoyant. Il se posa sur la fourche(laxe) du monde, se stabilisa et devint la Terre.Mais elle tait aride, et Ogo ne put y retrouver sajumelle perdue, car Amma lui avait t son princi-pe spirituel. Il remonta donc au Ciel, pour consta-ter quAmma avait entretemps remis les lmentsde lunivers labri dans lep-pil.Avant mme que les hommes ne descendent surla Terre, il faudra expier le dsordre cr par Ogo,en sacrifiant un autre nommo. Avant tout, les mes de corps du nommovont tre sparesen deux, devenant ainsi ses mes de sexe :de poisson asexu, on arrive au stade des sexes

    spars. Dans une premire tape, le nommovatre castr ; de cette viration est ne ltoile Si-rius, tmoin du placenta et du cordon, et pour cet-te raison, nombril du monde. Mais Amma avaitplac sous le sacrifi le placenta dOgo, cest--dire le soleil, de sorte que celui-ci fut ainsi purifi.Et, dit la lgende, au moment de toutes ces cho-ses, le soleil et Sirius se sont rencontrs pour lapremire fois ... La trace du sang du nommosa-crifi cra Vnus invisible, et du cordon rest aucentre sortit une petite toile qui accompagne V-nus.Sur ce, Ogo voulut remonter au Ciel. Sur ordredAmma, il fut circoncis et on lui dchira la langue.De ce sang naquit un autre astre en position invisi-ble, Mars. Amma fit remonter au Ciel le sang deson sexe, sous la forme de quatre satellites quivont tourner autour de Jupiter encore natre.Puis Ogo fut dfinitivement mtamorphos enrenard ple (ou en chacal).Le sacrifice du Nommo.

    Ogo ayant t puni avant quAmma en ait donnlordre, il faudra purifier Ciel et Terre par le sacrifi-ce du Nommo. Amma lattache sur une fourche,les bras en croix et en position verticale. Pour

    tancher sa soif, il lui prsente de leau dans unecoupe de cuivre. Le sacrifi, en perdant ses forcesvitales, en abreuve tout lunivers ; il partage soncorps entre tous les hommes. De son sang vanatre Jupiter. A lendroit du sacrifice surgirent p-tolo, premier compagnon de Sirius et symbole delorigine de lunivers, emme-ya-tololequel ira ult-rieurement aussi tourner autour de Sirius, et enco-re deux autres toiles-tmoins des graines de p,et qui tourneront autour de ce second compagnon.Toutes ces toiles sont tout prs de Sirius, mais on ne les voit pas souvent .Lcoulement du sang du sacrifi forme la routedu sang , une ligne droite oriente nord-sud, tan-

    dis que la marche parallle dAmma suivant lesang jusqu son arrt est dit chemin dAmma :tous deux forment la Voie lacte, limite de laplace , dont le tmoin est Saturne. Laxe desdplacements, la fourche dAmma , relie ltoilePolaire aux toiles de la Croix du Sud, qui toutesregardent lespace quelles soutiennent. Enfin,Amma disposera les parties du corps du Nommosacrifi en divers points de lespace, o surgirontencore dautres toiles (le Baudrier et lEpedOrion, les Pliades, etc.)Cela tant, Amma rassembla les organes et res-suscita le sacrifi sous forme de jumeaux mixtes,mle et femelle, les faonnant avec la terre puredu placenta, de largile de couleur claire. Letmoin de cette rsurrection est ltoile de la 10elune (non encore identifie). Une fois ressuscit, leNommo sera, par ses organes, rgisseur de cetunivers ainsi rorganis.Pour terminer, utilisant le placenta du Nommo,Amma cra lhomme. Il en fit quatre paires, anc-tres de lhumanit (les unum), chacune laide delun des quatre lments fondamentaux. Ce sontdes anagonno bile (= image), non plus herma-phrodites, mais mles et femelles. Ils sont aussipoissons, avant de se transformer en anagonnosala (= ordinaire), puis en tres humains ou personnes . Mais Amma cre aussi conjointe-ment les autres tres qui descendront ultrieure-

    ment sur Terre.

    Larche du Nommo.A ce moment, le p fut droul et, par son tour-noiement, il dversa dans la grande arche duNommo tout ce quil contenait. Cette arche, faiteavec le reste du placenta du sacrifi, est de terrepure, et symbolise lagriculture qui va stendreprogressivement sur la terre impure dOgo, labrousse inculte. Car cest elle qui va amener surTerre le Nommo, les huit anctres de lhumanit,et tous les vgtaux et animaux.Larche descend, suspendue une chane decuivre ou de fer, dont les anneaux symbolisent la

    continuit et la relation. Stendant dun horizon

    18

    Rencontre du soleil et de Sirius. A gauche, letnu(ou schma) du mariage empch entreOgo et sa jumelle (a et b ne sont pas relis, laspirale est en sens inverse de la rotation dumonde). On le dessine locre rouge lors dela fondation de lautel totmique. Lors du ma-riage, on y excute en bouillie de mil, le tnudu mariage russi (a et b sont relis, la rota-tion se fait dans le bon sens).

    a : soleilb : Sirius

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    20/41

    19

    (lire maintenant les citations au verso)

    lautre, de lest louest, elle se balance dans lesens nord-sud durant huit priodes. Tout en pivo-tant sur elle-mme, elle dessine ainsi une doublehlice, tandis que ce vent tournant , souffle des

    anctres, fait se mouvoir lhlice de la descen-te . Cette descente, le Nommo la guide laidede vases de chefs en cuivre, disposs danslarche : chaque vase est li un cheval rouge aufront blanc, formant ainsi un carrousel par lequel leNommo repre tant lespace que le temps. Deplus, il fait tourner sa voix dans le ciel, transmet-tant ainsi la parole dAmma aux quatre points car-dinaux.En pleine nuit, larche se posa sur le sol desschdu renard, formant un nuage de poussire et don-nant au sol son aspect tourment. Mais, faite deplacenta, larche tait molle et humide, et elle glis-sa. Le sang jaillit jusquau Ciel, et donna ltoile

    de la 10

    e

    lune toute sa brillance. Rouge durant ladescente (car il stait approch du soleil), le Nom-mo devint blanc, comme une flamme steignantau contact de la Terre. Le Nommo sortit le premieret imprima son pied gauche sur la terre du renardet en prit ainsi possession ; il y laissa lempreintedune sandale de cuivre. Tous les tres descendi-rent alors de larche, Amma fit remonter la chaneet referma le Ciel.

    Les hommes assistrent au premier lever du so-leil, alors quils avaient vu briller Sirius dans lesderniers moments de la descente. Le dplacementdu soleil sera dornavant comme celui de larche.Puis la premire pluie cra une mare o larche semit flotter. Le Nommo reprit sa forme de nomoanagonnoet retourna dans leau. Aprs la descen-te de larche, les toiles furent places dfinitive-ment dans le firmament, et elles ont commenc se dplacer. La dernire sortir du sein dAmmafut Sirius. Ds que Sirius est sorti, p-tolo estall tourner autour de lui.

    Amma fit encore descendre le forgeron, le griot, lajumelle du Nommo, laide de la seconde partiede la caisse superpose qui constituait larche.Cette partie fut prcipite sur Terre, crant un lacde cratre (le Bosumtwi au Ghana), mais dont unfragment servit de premire forge, avec son mtal,

    son feu et ses outils. Amma navait pas donn lesgraines de calebassier ni dhibiscus : celles-ci fu-rent donnes non seulement la Terre, mais tous les mondes superposs crs par Amma. Sacration accomplie, Amma replia les quatre clavi-cules, son sein reprenant ainsi la forme dun uf sauf les quatre traces de sparation quon voitde lextrieur. Amma conserve pour lui les 22 si-gnes de sa cration et de la vie. Ltoilep-toloenrestera le tmoin. Les nommosoccupent de luni-vers dAmma. Mais il lui sera toujours loisible dedtruire son uvre en anantissant les signesquil dtient

    Une cosmogonie aussi richeque celle dHsiode.Lensemble de cette cosmogonie dogon est com-mmore tous les soixante ans au cours de la ftedu Sigui. Lors des scnes rituelles, chaque figurea sa signification prcise : divers endroits sontdisposs sur le sol, selon une logique rigoureuse,des autels et des pierres de couleur dfinie (noire,grise, blanche, verte), de forme prcise (arrondie,oblongue, renfle), orientes selon les points car-dinaux, disposes en cercle, spirale ou lune surlautre, accompagnes dun dessin symbolisant lafraction du mythe (le tnu), etc. De mme, la go-

    graphie sacre ou mythique de la rgion est asso-cie la descente de larche : larrive se situe aulac Dbo tout proche, les rochers sont lassise delarche, un mont est lempreinte du pied du Nom-me, des dolmens figurent larche, un autre estltoile de la 10elune, et il est creus de cavernescontenant des peintures rupestres. Un exemplecaractristique : la conscration sur lautel desanctres au moment de la mort. On y dispose lapoterie funraire (le sige dAmma), contenantune cupule (le p-pilu) et on y joint un btonnet encoches (lanagonno bile, cest--dire le dfunt)et une chelle minuscule (la chane de larchepour remonter au Ciel).

    Larche est figure par des tnubien sr, maisaussi par des paniers, des plats, des tam-bours, des pirogues. Voici divers objets rituels,souvent placs verticalement dailleurs (enbas, un objet thorique ).

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    21/41

    Au commencement, Amma cra le Ciel et la Terre.Luf en boule dAmma tait clos. Les quatre clavicules taient colles, les quatre clavicules taient commequatre ufs. L uf a tourn, sest cart ; le restant a t la fourche ou laxe du monde. Amma a spirallespace. La Voie lacte est pose sur la fourche du monde : les deux bouts touchent la Terre ; la fourchetourne, la Voie lacte et la Terre tournent ensemble. La Voie lacte touche dun ct la terre et de lautreleau. L uf dAmma est pos sur la fouche.Lassise dAmma tait comme une matrice de femme. L uf dAmma qui avait envelopp toutes les choses lintrieur est devenu son placenta. A lintrieur dAmma, beaucoup de choses fermentaient. Toutes leschoses sont sorties de lintrieur du placenta dAmma. L uf est la mre des toiles.Except les arbres, Amma a cr les choses en mlangeant les quatre choses spares. Lorsque Ammacassa luf du monde et en sortit, un vent tourbillonnant a surgi. Le p qui est (la plus) petite (chose) a tfait invisible, au centre ; le vent est Amma lui-mme. Cest le p quAmma a fait sortir le premier.

    Amma, le crateur, ntait pas lui-mme grand, mais de cela il est interdit de parler ; sa place, il a transfor-m le p en vent et la laiss ainsi. Amma, du moment o il a cr toutes les choses, toutes taient dans lep, elles ont grandi tandis que le p na pas grandi ; la graine a t forme comme du vent et il est interditden parler. Toutes les choses quAmma a cres commencent comme la petit (graine de) p. Amma a faitcommencer les choses petites ; il continue ajouter petit petit cette chose-l. Amma, mesure quil ajoutecela, la chose devient grande.

    A lintrieur du p qui est du plus petit, est une chose plus petite encore qui est la vie. Lorsque la vie aug-

    mente, elle augmente en tourbillonnant, cela imite comment Amma est sorti de luf du monde. Les signesdAmma, quil a envoys dans le monde, sont alls, sont entrs dans les choses qui ( ce moment) furent.

    Amma, lorsquil cre une chose vivante, met l me intelligente dans le dessin du placenta. Le nommoanagonnoest la premire des choses vivantes quAmma a cres. Amma a cr toutes les choses ; ensuiteil a cr lhomme. Les quatre hommes ont t ptris par Amma dans le corps du p. Amma a envoy auxquatre points cardinaux les quatre parties du Nommo ; il a organis le monde. Amma a pris les morceaux etles a runis ; il a ressuscit le Nommo. Le Nommo a fait passer son corps au monde.Sirius est le nombril du monde. Au moment de ces choses, le soleil et Sirius se sont rencontrs pour la pre-mire fois... La trace (du sang) du Nommo sacrifi cra Vnus invisible... Lorsque Mars a t cre, elletait rouge comme le feu, maintenant le rouge diminue... Jupiter suit Vnus en tournant autour du soleillentement... Les quatre petites toiles sont les cales de Jupiter... P-lotoet emme-ya-tolosont tout prs deSirius, on ne les voit pas souvent... Saturne est le tmoin de la limite de la place (la Voie lacte). LaPolaire (il du monde ou il dAmma) et la Croix du Sud (second il dAmma) soutiennent lendroit orepose la Terre.La grande arche est sortie du Ciel, est descendue. Au milieu, le Nommo tait debout, il est descendu. La

    caisse superpose sest balance pendant huit annes. La limite de la caisse est est-ouest. Elle se balanceen se penchant vers le sud et encore en penchant vers le nord. Le trou de la tuyre est le grand chemin dela respiration des anctres descendus den haut. Cest leur souffle qui aidait tourner pour aller et descen-dre vers le bas. Le Nommo a tourn en haut en descendant en bas, a lanc sa voix aux quatre angles cardi-naux de lespace, voix quon a ainsi entendue. Quand larche descendait, lespace tait quatre angles ;quand larche est descendue, lespace devint quatre cts.Larche arrive sur Terre glissa sur la boue. La jambe gauche du Nommo descendu de larche a retir enappuyant, le champ du Renard. Les quatre unumsortis du Ciel avec le Nommo, eux tous descendent com-me anagonno bile, poss sur Terre comme anagonno sala, et quand ils ont quitt larche pour marcher surla Terre, ils sont devenus des personnes. Sans chose pour pousser, le Nommo sest transform en cheval(ou puissance dAmma). Il est ensuite retourn dans leau. Sirius et le soleil sont descendus au milieu de lanuit. Sirius a montr le chemin, le soleil aprs sest lev.Le p lorsquil a tourn le monde la fini, il sest transform en grand serpent qui tient le monde dans soncercle. Le p se droulant, il a tendu le monde. Toutes les choses sont alles aux quatre angles cardinaux.Ce qui restait seul, cest ltoile du p. Le p-pilayant fini de tourner le monde, cette enveloppe vide se

    transforma en toile du p. Ce pourquoip-tolotait lourde, cest quil y avait en elle le restant du sang dumonde tourn par le p. Cest le reste du sang de toutes les choses quil a cres. P-toloest la plus petitede toutes les choses ; elle est ltoile la plus lourde. Ds que Sirius est sorti, p-toloest all tourner autourde lui. Amma a crp-tolola premire de toutes les toiles. Dans la substance de p-tolotoutes les cho-ses du monde entier, leur tmoin elles existe un peu. Elle est le grenier de toutes les choses du monde,p-toloest laxe du monde entier. Si on regardep-tolo, cest comme si le monde tournait. Le monde, le tourquil a fait autour dep-tolo, cest comme si on disait quep-tolotourne : en ralit, cest grce elle que lemonde tourne.LorsquAmma a cr le monde, il garda la vie du monde ; pour garder la vie du monde, Amma dessina cha-que chose sa place et il referma ; Amma dessina la vie du monde dans les clavicules plates et les fermacomme un fruit de papaye ; lorsquAmma dessina la vie des choses du monde, il dessina la moiti de la viequil a donne et la moiti quil a garde ; Amma en faisant tourner ses clavicules a envoy par moiti la viedans les choses du monde ; Amma pour faire finir le monde a dessin la moiti de la vie du monde quil agarde par-devers lui : il dtruira le monde qui alors sera fini.

    (propos recueillis par Marcel Griaule et Germaine Dieterlen,

    et directement traduits du langage dogon).

    20

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    22/41

    Les ethnologues pourront donc trouver dans lemythe ce quils en attendent : le cycle des sai-sons, le culte des anctres, lagriculture. Les psy-chologues aussi : le symbole de luf primordial,les rites de passage, les mystres de la naissan-ce. Ce substrat sert au mythe et alimente la cos-

    mogonie. Il demeure que celle-ci offre une cra-tion du monde et de lhomme qui, pour charrierdes lments du subconscient, nen inclut pasmoins les pices essentielles du monde ext-rieur. Le symbolisme sapplique par exemple lafaon dont des toiles peuvent natre du sangdun sacrifi, rien de plus. Pour les Dogon, cestun moyen mnmotechnique pour se souvenir desdtails. Cest un autre langage que celui de lascience, il est analogique, permet de faire desraccourcis et de ne pas se proccuper de la ma-nire dont les vnements obissent aux loisnaturelles mais le rsultat est le mme. De telvnement symboliquement charg de sens nat

    tel phnomne physique ou astronomique.

    Commentant leurs missions dans le Journal de laSocit des Africanistes (tome XX, fascicule II,1950), M. Griaule et G. Dieterlen crivaient : Les documents recueillis nont donn lieu de

    notre part aucune hypothse ou recherchedorigine (...) La question na pas t tranche, nimme pose, de savoir comment des hommesne disposant daucun instrument, connaissent lesmouvements et certaines caractristiques das-tres pratiquement invisibles . Ils reconnaissentnavoir mme ajout aucune foi laspect astro-nomique de la cosmogonie, ny connaissant ab-solument rien. Il devenait donc urgent que quel-quun ait le courage de franchir le pas. Cest ceque fit Eric Guerrier, nous lavons dit. Dans sontude dune cosmogonie aussi riche que celledHsiode, pote dun monde mort (selon lemot de Marcel Griaule dans Dieu deau ,

    1947), sa prudence extrme est la ntre. Pour-tant, nous resterons encore en-de de ce quejappellerais des interprtations a posterio-ri (que je citerai au passage).

    Quentendons-nous par l ? Simplement desinterprtations qui peuvent venir lesprit unefois quon est plus ou moins convaincu du bien-fond de lhypothse de dpart. En loccurrence,sil savre que toute la cosmogonie des Dogonleur a t rvle, ou apporte de lextrieur,alors seulement on peut reprendre le mythe pourconstater que des passages obscurs, ou quonavait interprts de manire traditionnelle, pren-nent brusquement une signification tout autre, la lumire de lhypothse. Nul besoin de cela ici.Je prends un exemple prcis : si vraiment lufet les clavicules dAmma relvent dune technolo-gie quelconque, on peut alors postuler que lapremire cration fut celle des protozoaires (quidonnrent les vgtaux par superposition), alorsque les animaux,, la seconde cration, sont faitsdorganes crs par mlange intime. Dans cecas, les clavicules dAmma seraient un laboratoi-re de recherche, et ceux qui informrent les Do-gon connaissaient les structures microscopiqueset la thorie cellulaire ! Mais prcisment, nous

    ne savons pas ce qui sest pass, et on peut dslors tout aussi bien y voir la transposition desactes quotidiens de la vie dogon : ptrir le painou largile, et non faire des conglomrats. Demme, pour viter lcueil dune intervention delobservateur dans la relation des faits, il vautmieux les laisser parler par eux-mmes, et autantque possible les juxtaposer avec dautres tradi-tions similaires, ce qui limine lobservateur. Maisil nest pas interdit de rver...

    La gense selon les Dogon.Outre la particularit curieuse dtre trs mono-thiste Amma et ses nommo, tel Yahv et ses

    archanges la gense est demble prsente

    21

    Sur des piliers sontsculpts, en haut, le tnude la descente larche, enbas, le masque kanagaqui reprsente pour leprofane un oiseau auxailes dployes, maispour liniti, cest Ammadsignant le Ciel et Terrede ses mains (les deuxpaires de jumeaux).Le mt est la fourche dumonde.

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    23/41

    par les Dogon comme un mcanisme bien prcis.Amma tait un uf en boule et ne reposait surrien. Amma signifie tymologiquement : tenir serr, embrasser fortement et maintenir

    la mme place . On pourrait y voir une prfigu-ration de lexpansion de lunivers telle que nouslimaginons, mais l encore, ce serait raisonner aposteriori. Pourtant, il faut reconnatre que cetteimage est plus proche de la ralit que toute au-tre conception animiste laquelle on aurait pusattendre. Nanmoins, notre cosmologie noushsite encore entre plusieurs explications diver-gentes sur lorigine de lunivers ( big bang ,cration continue, etc.), de sorte quil serait ha-sardeux daffirmer en loccurrence que les Dogonavaient connaissance de lexpansion de luni-vers... alors que nous-mmes nen avons aucunepreuve absolue.

    Toujours est-il quAmma rata sa premire cra-tion, subissant ainsi le mme revers que Yahvlorsquil dut se rendre lvidence que le mondetait mal fait : afin de faire table rase, il dcida duDluge. Je vois une allusion cet vnementchez les Dogon, lorsquils prcisent que llmentfondamental eau (et pas un autre !) quittalensemble. Puis la cration reprend. Faut-il voirdans la graine de p, de par son caractre departicule fondamentale, la prfiguration de lato-me ? Une fois encore, je ne crois pas, sauf aposteriori. Les Grecs ont beaucoup spcul surdes notions atomistiques, sans jamais aboutir autre chose qu une thorie purement spculati-ve. Seulement, ici aussi, la comparaison obligeavec les penseurs dAthnes est tout lhonneurdes Dogon. Et on ne peut qutre troubl devantdes notions aussi subtiles que le mouvementspirale qui anime le p-pil, ou les particulesinaudibles et invisibles qumet son rayonne-ment. Trs subtile aussi la notion que la vie nap-parat qu un certain degr de complexit, puis-

    quelle se dveloppe en mme temps que sonsupport quand celui-ci est dj constitu par leslments amalgams dans lep-pil.Jen arrive aux descentes dOgo. Ogo, cest Luci-

    fer, ou encore Phaton semparant du soleil. Deces trois descentes successives (dans le relevdu mythe, jai malheureusement d rsumer celatrs fort), Eric Guerrier tire les constatations sui-vantes, que je soumets votre mditation, car jene puis quabonder dans le mme sens :1. Dans sa descente, Ogo est guid par des for-ces extrieures lui. Pareille explication du mou-vement des dieux (ou demi-dieux) est un casinusit en mythologie.2. Les trois descentes dOgo semblent bien figu-rer trois chelles diffrentes : dabord celle delunivers en formation, puis celle du systme so-laire (le placenta dOgo en est la matrice originel-

    le), et enfin celle de la Terre elle-mme (et dansce cas, la lune a t amene par Ogo lors de sadescente).3. Tout ceci relve dune symbolique complexe,de laquelle il ressort nanmoins que la vie dusystme solaire a t tributaire dun vnementbrutal survenu dans le systme de Sirius.Et nous voil plongs, tte baisse, dans laspectle plus fantastique de cette cosmogonie : Siriuset son cortge de phnomnes inobservables.

    Le compagnon obscur de Sirius.Sirius est ltoile la plus brillante du ciel et, com-me on le sait, sous la dnomination de Sothis,elle tait essentielle pour les Egyptiens. Jusquen1851, on nen savait gure plus, sauf quelle sui-vait une orbite sinueuse. Afin dexpliquer cetteanomalie, des astronomes calculrent la trajec-toire dun satellite hypothtique car invisible. Cenest quen 1862 que, sur base de ces calculs, unopticien du nom de Alvan Clark dcouvrit ce fa-meux compagnon obscur de Sirius. Depuis cettedate, les dplacements de Sirius ont rendu cette

    22

    orbites avec ltoile au foyer, cest Kepler qui la dcouvrit entre 1609 et 1618 !...

    P-tolo, tmoin de la sortie du p-pil(do le mouvement en spirale), est aussi figur comme une toileen contraction (au-dessus) ou explosant (en-dessous). Emme-ya-toloest son satellite. La trajectoire estune ellipse avec au foyer Sirius (le cercle vide) et p-toloau plus prs (le cercle centr), tandis que lespetits points lautre foyer son p-tolo scintillant en position loigne. Mais... la forme elliptique des

  • 8/12/2019 Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 014

    24/41

    23

    observation de plus en plus ardue, le satellite(Sirius B) se perdant dans le rayonnement deson toile. Autant dire quun second compagnon,auquel font allusi