juno publishing relecture française par valérie dubar et jade...
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PubliéparJUNOPUBLISHING
19avenueduMaréchaldeLattredeTassigny,92100Boulogne-BillancourtTel:0139607094
Siret:81915437800015Catégoriejuridique9220Associationdéclarée
http://juno-publishing.com/ExcitéparladouleurCopyrightdel’éditionfrançaise©2017JunoPublishingCopyrightdel’éditionanglaise©2015VictoriaAshleyTitreoriginal:GetoffonthepainTraduitdel’anglaisparRaphaëlleDarmont&MelodyNelsonRelecturefrançaiseparValérieDubaretJadeBaiserConceptiongraphiquedelacouverture:©2017FrancesscaWeber.Toutdroitréservé.Aucunepartiedecetebooknepeutêtrereproduiteoutransféréed’aucunefaçonquecesoit ni par aucun moyen, électronique ou physique sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans lesendroitsoùlaloilepermet.Celainclutlesphotocopies,lesenregistrementsettoutsystèmedestockageetderetraitd’information.Pourdemanderuneautorisation,etpourtouteautredemanded’information,mercidecontacterJunoPublishing:http://juno-publishing.com/Premièreéditionfrançaise:mai2017Premièreédition:février2015ISBN:978-2-37676-054-2
ÉditéenFrancemétropolitaine
TabledesmatièresAvertissementsRemerciementsPrologueChapitreUnChapitreDeuxChapitreTroisChapitreQuatreChapitreCinqChapitreSixChapitreSeptChapitreHuitChapitreNeufChapitreDixChapitreOnzeChapitreDouzeChapitreTreizeChapitreQuatorzeChapitreQuinzeChapitreSeizeChapitreDix-SeptChapitreDix-HuitChapitreDix-NeufChapitreVingtChapitreVingtetUnChapitreVingt-DeuxChapitreVingt-TroisChapitreVingt-Quatre
ChapitreVingt-CinqÀproposdel’AuteurRésumé
Avertissements
Ceci est une œuvre fictive. Les noms, les personnages, les lieux et les faitsdécritsnesontqueleproduitdel’imaginationdel’auteur,ouutilisésdefaçonfictive. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existées,vivantesoudécédées,desétablissementscommerciauxoudesévénementsoudeslieuxneseraitquelefruitd’unecoïncidence.Cetebookcontientdesscènessexuellementexplicitesetunlangageadulte,cequipeutêtreconsidérécommeoffensantpourcertainslecteurs.Ilestdestinéàlaventeetaudivertissementpourdesadultesseulement,telsquedéfinisparlaloidupaysdans lequelvous avez effectuévotre achat.Mercide stockervosfichiersdansunendroitoùilsneserontpasaccessiblesàdesmineurs.
RemerciementsD’abordetavant tout, jevoudraisdireungrandmercià tousmes fidèles lecteursquim’ontsoutenueaucoursdesdeuxdernièresannéesetm’ontencouragéeàcontinueràécrire.Vosparolesm’ontinspiréepourfairecequej’aime.Chacundevoussignifiebeaucouppourmoietjeneseraispasoùjeseraisaujourd’huisansvotresoutienetvosencouragements.Jevoudraiségalementremercieruneamiespéciale,auteurd’AcceptedFateetcorrectrice,CharisseSpires.Elleaprisbeaucoupdetempspourm’aideràmettreenformecettehistoireetaucoursdecetemps,noussommes devenues des amies très proches. J’ai de la chance de l’avoir eu avec moi pour ce voyage.N’hésitezpasàchercher ses romansAcceptedFate,TwistingFateetLastingFate,de la sérieFate.Ellem’amontrétellementdesoutientoutaulongdeceprocessusetj’aimeraisbeaucoupluiretournerlafaveur.Seshistoiressontmagnifiquementécritesettoutlemondedevraitavoirunechancedeleslire.À tous mes lecteurs bêta, ma famille et mes amis qui ont pris le temps de lire mes livres et m’ontconseillée tout au long de ce processus. À Shawn Dawson, pour avoir été mon premier modèle decouverture.ÀmesamisCharisseSpiresetHettyWhitmoreRasmussen.Vousm’avezaidéeetencouragéeplusquevousnel’imaginez.BeststellersetBeststellarsofRomancepouravoirhébergélelancementdeladécouvertedemacouverture,organiséunblogtouretunforumlejourdesasortie.Hettyajouéunrôleimportantdansceprocessus.Vousl’aveztousfait.Mercibeaucoupàvous.J’aimerais remercier une autre de mes amies, ma merveilleuse PA, Amy Preston Rogers. Cela a étémerveilleuxde travailleravec toiet tum’asaidéede tantdefaçons.Tues lameilleurePAqu’onpuissedemander.Merciàmonpetitami,àmesamisetàmafamilled’avoircomprismeshoraireschargésetavoirétélàpourme soutenir dans la partie la plus difficile. Je sais que cela a été difficile pour tout lemonde, et votresoutiensignifietoutpourmoi.Enfinet surtout, je tiensà remercier tous lesmerveilleuxbloggersquiontpris le tempsde soutenirmonlivreetd’aideràdiffuserlanouvelle.Vousfaitestoustellementpournouslesauteursetc’estgrandementapprécié.J’ai rencontré tantd’amissur lechemin,etvousneserez jamaisoubliés.Vousêtes top.Jevousremercie!
Excitéparladouleur
VictoriaAshley
Prologue
MEMPHISJ’inspireprofondémentetmeforceàsourireenapercevantJackadosséàsonvieuxpick-up toutcabossé.C’est lemêmequ’ilyasixans,saufqu’ondiraitqu’il l’aunpeuarrangédepuis. Ilseredresseetsouritenmevoyantavancerverslui.Jenepeuxpasm’empêcherderemarquerqu’ilabeaucoupvieilli.Çame rappelle cruellement tout ce que j’ai raté au cours de ses six années,pendantquej’étaisenfermédansceputaind’enfer.—Contentdetevoir,monpetit.Jackmetendlamainetmeserrebrièvementcontrelui,toutenmepressant
l’épaule.—Jenesaispassijepeuxencoret’appelermonpetit,plaisante-t-il.Tut’es
faitunpaquetdemuscleslà-dedans.Tuasl’airbien,fils.Ilmeregardedelatêteauxpieds,pourmieuxmejauger,puisjetteuncoup
d’œilducôtédelapancartePrisond’État,lessourcilsfroncés.—Allez,viens.Partonsd’ici.J’acquiesced’unsignedetêteetgrimpesurlesiègedupassager,perdudans
ledédaledemespensées.Çafaitunboutde tempsque jen’aipasgoûtéà lalibertéetjemesenssubmergé.Unepartdemoisesentlibre,alorsquel’autrea toujours l’impressiond’être emprisonné. Je saisque jedevrais être foudejoie. Je devrais ressentir quelque chosemaintenant,mais ce n’est pas le cas.Unepartiedemoiestmortederrièrecesmursetl’autreaperdulescodespourcontinueràvivre.Jenesaispluscommentmecomporterensociété,aumilieudesgensnormaux.Jeserrelamâchoireetregardeparlavitre.—Allons-y,dis-jefermement.Nous restons silencieux pendant la première heure avant que Jack jette un
coupd’œildemoncôté,toutenessayantdegarderl’autresurlaroute.—Je suisdésoléqueçaaitmal tournéàcepoint-là,Memphis. J’aimerais
avoir autre chose à te dire, mais ce n’est pas le cas. Mais ça va aller,maintenant.Toutvas’arranger.Jeleregardeetremarquesescheveuxgrisonnantsetsonneztordu.Ilaétéle
seuladulteàmesoutenirquandleschosesontdérapéetquej’étaissurlepointdecraquer;leseuletl’unique.Cethommeaungrandcœur.Mamèreledisait
toujours.— Merci, Jack. Ça te pose un problème si je reste dans ta maison
supplémentairecettesemaine?Ilme jette de nouveauun rapide regard et secoue la tête en réponse àma
question.—J’ai besoin d’unpeude temps avant de rentrer chezmoi. Il faut que je
mettedel’ordredansmesidéesetdanstoutecettemerde,avantdevoirAlex.—Prendstoutletempsqu’iltefaut.Tupourrastravailleravecmonéquipe
dechantier,siçapeutt’aideràretombersurtespieds.TuesfortMemphis.Çava s’arranger.Alex a besoin de toi et si jeme souviens bien, tu n’es pas dugenreàabandonner.—Ouais.Cela,çan’apaschangé,Jack.Merde…J’aiintérêtàassurer.
Lydia lève les yeux vers moi de sa position agenouillée, tout en faisantdescendre mon boxer et en passant lentement sa langue sur ses lèvres déjàhumides.—Jecroisquejevaisbienm’amuser,murmure-t-elle.Sesyeuxs’écarquillentalorsquemonsexeenérectionjaillitdemonboxer
noir.Elleparaîtpresquenerveusemaintenantqu’elleavuledéfiquil’attend.—Tourne-toidel’autrecôté,luidis-jed’untonexigeant.Sansposerdequestion,elletournesursesgenouxafinquesondossoitface
àmoietseredresse.Enroulantmamaindansseslongscheveuxroux,jetiresatêteenarrièreetfrottemonsexesurseslèvres.—Jeveuxquetuleprennesprofondément.D’accord,Lydia?Ellehoche la têteensignedecompréhension.Parfait. Il fautqu’elle sache
quejebaisepourlessensationsetriendeplus.—Iln’yaurariend’autreentrenous.Jeparslasemaineprochaineetjene
veuxpasd’attaches.C’estbiencompris?En guise de réponse, elle renverse sa tête le plus possible et caressemon
glandduboutdelalangue.—Oui.Le ton est presque désespéré, plein de désir, et elle lève son regard pour
chercherlemien.—Trèsbien,dis-jed’untonsec.Fermantlesyeux,jegémisalorsqu’ellesepencheenarrièreetprendmon
membredanssabouche,eninclinantprogressivementlatêtepourmeprendre
engorgeprofonde.Audébut,elles’étouffeunpeu,maisellerécupèretrèsvitelorsque je caresse sa gorge afin de la détendre tandis que je la penche enarrièreaussiloinqu’ellelepeut.Putain!Elleestsouple!Jevoisl’épaisseurdemonsexedanssagorgechaquefoisquejepousseà
l’intérieuretjedoisreconnaîtrequejesuisimpressionnéparsescapacités.Jeconnais Lydia depuis dix ans – depuis que je connais Jack – et jamais jen’aurais pensé qu’elle était capable d’un exploit pareil. Je l’ai toujours vuecomme la gentille petite voisine douce et innocente. Apparemment, elle estdevenueuneproduplaisiroralengrandissant.Je ne vais pas mentir… Après six ans d’abstinence, j’ai besoin de ça. Et
ensuite, il faudra que je trouve Alex et que je nous sorte tous les deux deCrookedCreekavantqu’ilfinissecommemoi,oupire…avantqu’onretrouvesoncadavre.
ChapitreUn
LYRICUnesemaineplustard…J’attrape les lèvres de Bailey avec ma pince, tout en lui répétant qu’il fautqu’elle respireprofondémentaumomentoù jevais transpercer sapeauavecmonaiguille.Unefoisquec’estfait,jemedépêchedeglisserl’anneaudansletrou.Elletressailleàpeinequandjebouclel’extrémité,etjedoisreconnaîtrequejesuisfièred’elle.Elleatendanceàêtreplutôtdouilletteetjem’attendaisàcequ’ellehurle.EllelaisseéchapperunsoupirdesoulagementetsouritàLanden,sonpetit
amitandisquej’essuiedélicatementlesangquiperleàseslèvresetquejeluiréciteune foisdeplus les instructionspour les soins.Ces instructions, je lesrépète plus de vingt fois par jour à mes clients, mais je nem’en lasse pas.D’accord,j’aimenti.C’estplusquelassant.—Tueshypersexycommeça,dis-jeavecunpetitsourire.J’ai eu dumal à la convaincre de sauter le pas et je suis contente que ce
piercingluiaillesibien.Jejettemesgantsdanslapoubelleetattrapelemiroirderrière moi pour le lui tendre, afin qu’elle puisse admirer elle-même lerésultat.C’estvraimenthypersexy, justesoussa lèvre inférieurequiestbienpulpeuse,parfaitepourça.J’étaiscertainequeceseraittopetjeleluiavaisdit,maisilm’aquandmêmefallusixmoispourlaconvaincre.—Emplacement parfait. Piercing parfait.Qu’est-ce que je t’avais dit ?Ce
n’étaitpaslapeinedet’inquiéter.Elle se penche pour se regarder dans le miroir et avance la main pour
palper,maisjeluidonneunetape,luirappelantnotrediscussionprécédente.— Aïe ! Mince ! J’avais oublié ! Je savais que je ne pourrais pas m’en
empêcher.Elleseconcentresursonimagedanslemiroiretlaisseéchapperunpetitcri
deplaisir,toutentournantlatêtepourvoirsalèvresousdifférentsangles.—J’adore!Waouh!J’avaisunpeupeurqueçanem’aillepasbien,maisje
doisl’admettre,c’esttrèssexy.TuavaisraisonLyric.J’avoue.—Sansrire,luidis-jeenricanant.Laprochainefoisquejetedonneraiun
conseil,tunemettraspasdesmoisàm’écouter.—Tuavaisraison,cettefois,s’empresse-t-elledecorriger.Etc’estbienla
premièrefois.Alorsàtaplace,j’arrêteraisdefrimer.—Jeneratejamaisuneoccasiondefrimer,surtoutavectoi.JepoussegentimentLandenverslaporteetfaissigneàBaileydelesuivre.—Maintenant,sortezd’iciafinquejepuisselefaireaussi.Ilesttard.BaileyselèvepoursuivreLandenàlaporte,maiss’arrêteavantdesortir.—Tuescertainequetuneveuxpasquejetepaie?Jenevoudraispasquetu
croiesque jem’attendsàceque tumefasses toutgratuitparceque jesuis tacopine.J’attrapelabombedeproduitnettoyantetenvaporisesurmonfauteuil,puis
jelaposesurlecôté,enévidence,pournepasoublierquejedoislaremplir.—Bon sang, Bailey, pour la centième fois…Non, je ne veux pas que tu
paies.Nem’obligepasàlerépéter.Landenfaitunegrimaced’ennuiet sortunecigarettequ’ilcoincederrière
sonoreille.—Ouais,Bailey,ellea raison,marmonne-t-il.Tunevasquandmêmepas
payerpourcettemerde.Toutenhaussantunsourcil,ill’attireàluietlamorddanslecou,avantde
s’écarterenluipalpantlesfesses.— Partons d’ici et laissons Lyric faire son petit ménage. C’est elle qui a
insistépourtemettrecepiercing.Ças’appelleuncadeau,tun’aspasàpayer.Ilyadesfoisoùj’aienviedeluienfoncermonpieddanslagorge.Iladela
chancequeBaileysoitdinguedelui,sinonjel’auraisdéjàfait.Sansblague.— Je devrais te demander de payer son piercing, Landen. Premièrement
parcequetuestropcon.Deuxièmementpourt’apprendreàavoirprismapartdepizzahiersoir,alorsquej’avaisbienpréciséquejecomptaislamangerenrentrantdutravail.Je lui dis la dernière partie pourm’amuser un peu et peut-être également
pourl’énerver.Justeunpeu.— Ah et au fait… Pas de fellation pendant au moins six semaines. Cela
pourrait provoquer une infection et personne ne veut de ça, n’est-ce pas ?Alors,amusez-vousbien.Jenepeuxpasm’empêcherdesourire.Jemetrouvetrèsdrôle.—Ohputain,non!Enlève-moi toutdesuitecetanneau,Bailey.Tues très
bellesanslui,ditenavançantdéjàunemainverssalèvre,maisellelerepoussed’unetapeensecouantlatête.Enlèveça,jetedis.—Bon,salut,dis-jeenleurmontrantlaporte.JemetourneversBaileyetluifaisunclind’œil,lafaisantéclaterderireen
lesuivantdanslasalled’attente,luihurlantquelepiercingresteoùilest.Ilvafalloir qu’il encaisse le coup. Et elle, ça lui donne une occasion de le fairemarcherunpeu.Ilmérited’êtresecouédetempsentemps.Quelques secondes après leur départ, Styles passe la tête dansma cabine,
croiselesbrassurlapoitrineetsecouelatêted’unairamusé.—Quoi?luidis-jeavecunsourirenarquois.Ilmesuitdanslasalled’attente.— Tu n’y es pas allée de main morte. Tu te rends compte de ce que ça
représentepourunhomme?Sixsemaines.C’estdur.StylesestlepropriétaireduRavageTattoosetilm’aengagéequatreansplus
tôt,lejouroùj’aipoussélaporteenexpliquantquejecherchaisdutravail.Jevenaisd’arriverici,àCrookedCreek,etjel’aiaussitôtclasséparmilesgenscool.Jehausselesépaulesetattrapemonfinblousondecuiravantdel’enfiler.—Ill’abiencherché.Je me tourne pour lui faire face, et voyant qu’il sourit, je lui rends son
sourire.— C’est d’ailleurs le cas de la plupart des hommes, Styles. Crois-moi.
Quandvousarrêterezdevouscomportercommedestrousducul,jecesseraidevousrendrelavieimpossible.Stylessemordillelalèvreinférieureetsedirigeverslavitrineducomptoir,
visiblementàlarecherchedequelquechose.—Tuesunepestesupersexy.Plustabouchesexyremuepourdiredestrucs
méchantsetplusjeteveux.J’aimelesnanasquiontducaractère.Ilseretournepourmeregarder,toutenposantbruyammentundossiersur
lecomptoir.—Etpourtagouverne…Jenecesseraijamaisd’êtreuntrouducul.Jesuis
unmectoutsimpleetlesfemmesaimentlestrousducul.Jepointeundoigtdanssadirectionetcommenceàreculerverslaporte.—Jemesouviendraideçalorsquejen’auraiplusaucunefierté.Jepousselaporteetluifaisunsignedelamaindédaigneux.—Àplustard,Styles.Ilsepenchesurlecomptoiretpasseunemaindanssesbouclessombres.—Es-tucertainedenepasvouloirquejeteraccompagne?J’aipresquefini
ici.—Nan.Jemarcheparcequejeveuxprendrel’airetavoirunpeudetemps
seule.Si tumeraccompagnes,çaficheenl’air toutcebeauprojet.Etpuis je
n’aipasenviedet’entendresoupirerpendantquetumatesmesseinsendouce.Mercibien…—Commetuvoudras,maistunesaispascequeturates.Ilmebalaieduregard,despiedsàlatête,deuxallers-retours,puisbaisseles
yeuxverssapaperasseethausselesépaules.—Tupeuxyaller.J’aimaté.Deuxfois.—Cen’étaitpastrois,Styles?dis-jeenricanant.Bon,allez,àmardi.Jene lui laissepas le tempsderépondreetmeprécipiteà l’extérieurpour
échapper à une autre de ses tentatives de drague. Un sourire traverse monvisagealorsquel’airfraisdelanuitm’assaille,merappelantquejesuislibrepourlanuit.Ilfaitdouxetjeneregrettepasd’avoirdécidédemarchercesoir.La petite maison que je partage avec Bailey n’est qu’à trente minutes demarche,alorscen’estpasplusmalquejefasseunpeud’exercice,parcequejen’aipasmislespiedsdansunesalledesportdepuisunmois.Je marche déjà depuis vingt bonnes minutes, perdue dans mes pensées,
quandjemerendssoudaincomptequejemesuisengagéedansuneimpasse.J’aicruqueceseraitunraccourci,maisnon,visiblement.Jem’arrêteetmeprépareàfairedemi-tour,maisdécidelecontrairelorsque
j’entendscequiressembleàuntasdepersonnesacclamantuncombat.Ondiraitqueçavientdel’alléeauboutdupâtédemaisons,etbiensûr,au
lieud’allerdel’autrecôté,jesuisattiréeparlamontéed’adrénalineetdécided’allervoircequ’ilenest.Marchant dans la direction des cris, je me dirige rapidement vers les
acclamations,soulevantdesnuagesdepoussièrealorsquejeparcoursl’alléeen terre battue. La curiosité fait grimpermon adrénalinemaintenant, nemedonnantpasd’autrechoixqued’avoiraumoinsunaperçu.Une fois que j’ai atteint l’endroit caché, je vois une foule d’au moins
cinquante personnes ou plus, et j’avais raison – ils acclament un combat.Lascènemefaitpenseràquelquechosequej’aieudumalàoublier,maispourune raison inconnue, je suis tout de même curieuse et je continue de merapprocher. Je dois être stupide pour me promener au milieu d’une fouled’inconnusàlanuittombée,pourtantjenem’ensouciepas.Jemeretrouverapidementperduedanslafoule,lesyeuxrivéssurlesdeux
hommesquisetrouventaucentreetquisebattentcommedesanimaux.Ilssonten sang et à bout de souffle, mais ils continuent, comme si leur vie endépendait.Cen’estrienquejen’aipasdéjàvuauparavant,maisjen’arrivepasdétourner le regard.Jesuis intriguée,oupeut-être jesuissimplementunpeu
déphasée,cesoir.C’estpeut-êtrelecas.Descorpsensueurmebousculent,mesvoisinsmehurlentdanslesoreilles.
Autourdemoi,lepublicdonnedescoupsdecoudeetdescoupsdepoingdansle vide, pour exciter les combattants, tandis que je reste simplement là,immobile,commeentranse.Ilfautqu’untypecomplètementivrequipèseunetonnem’écraseunpiedetmetombedessuspourquejedécidequ’ilesttempsde partir. J’ai eu ma dose d’hommes en nage pour la journée après monservicededixheures,ettousceshurlementsmedonnentl’impressionquematêtevaexploser.Jedétournedonclesyeuxetfendslafoulepourm’éloigner.Jesuispresque
sortiedugroupequandquelqu’unmesaisitparlebrasetmetireenarrière.Jenesaispascequisepassenimêmequim’aattrapée;toutcequejesais,c’estquejesuissurlepointdebalanceruncoupdanslagorgedequelqu’unsionnemelâchepastoutdesuite.—Qu’est-cequiteprend,connard?Jelibèremonbrasenhurlant,maisonmetiredenouveauenarrièrecomme
si on voulaitme noyer dans la foule.Et çam’énerve encore plus. Je détestequ’onchercheàmemanipulercommeunefaiblefille.Parcequejen’ensuispasune.Letypequim’aattrapéeagitesonpoingau-dessusdematêteenhurlant:—Vas-y,Mark.J’aiunebellerécompensepourtoisitugagnes.Etenplus,ilmeserrecontrelui.—Ahoui?Tucroisça?Jeluibalanceuncoupdecoudedansl’estomacetmelibèred’uncoupsec,
tandis qu’il pousse un grognement de surprise. Je lui donne un coup surl’épaule afin qu’ilme regarde. Ses yeux sombres rencontrent lesmiens et iltousselégèrement.Ilal’airdesesentiridiotdecequ’ilafait,etilledevrait,eneffet.—Poseencoreunefoislesmainssurmoietlaprochainefois,jet’arrache
laqueue.Illèvelesmainsdansungestederedditionetreculedequelquespas.—Waouh.Désolé,bébé.Jem’amusaisjusteunpeuetj’essayaisdemotiver
moncopainlà-bas.Ilestentraindeseprendreuneraclée.Tudevraisprendreçacommeuncompliment.Jelèvelesyeuxaucieletsecouelatête,énervéequ’ilpuissepenserquesa
petiteexplicationexcuselefaitqu’ilattrapeunefilleetl’offreàsonami.—Tuesunimbécile…
—Trevor,dit-ilensouriant.Maistupeuxm’appelercommetuveux,bébé.Jelefusilleduregard,toutenlebalayantduregarddelatêteauxpieds.Ila
l’airjeune,àpeuprèsmonâge,peut-êtrevingt-troisans–plusoumoins.Iladescheveuxblondsbouclésetilestbienbâti.Jedoislereconnaître–ilestpasmal;seulementstupide,etjenefréquentepaslesidiots,plusmaintenant—Et si je t’appelaisDucon ? Je trouveque ça t’irait bien, dis-je d’un air
sarcastique.Laissantéchapperunrireamusé, ilmejaugeduregard,s’arrêtantsurmes
seins,visiblementinconscientdeschosesquejesuiscapabledeluifaire.—Dumomentquetumedonnestonnumérodetéléphone,répond-il.Je laisse échapper un rire stupéfait et je lui pince la joue pour être aussi
stupidementmignon.—Nonmerci,Trevor.Aussitentantquecelapuisseêtre,jevaispassermon
tour.Jeme détourne de lui et scrute la foule, cherchant du regard une voie de
sortie.J’aivraimenthâtedefoutrelecampd’ici.— Mais je suis certaine que tu vas trouver une chanceuse qui sera trop
contentequetuconvulsesau-dessusd’ellecesoir.Bonnechance.Jem’empressedefileravantqu’ilaitletempsderépondre.C’étaitdetoute
évidencecegenredenuit…Unefoisarrivéeàlamaison,jenetrouvepersonne.Baileydoitencoreêtre
dehorsquelquepartavecLanden,oualorselleadécidédepasserlanuitchezlui.Engénéral,elledécoucheaumoinsquatrenuitsparsemaine.Jem’ysuishabituée.Cen’estpasforcémentdésagréabled’avoirlamaisonpourmoitouteseule.—Soiréetravail, jesuppose,dis-jeenmarmonnant, toutenallantdansma
chambrepourm’écroulersurmonlit.Puis je roule sur moi-même pour attraper mon appareil et m’étends de
nouveausurledos.Jepasseenrevuelesdernièresphotosquej’aiprises,eneffaçantcellesqui
neme plaisent pas. Je fais ça pendant une heure, jusqu’à y voir flou, ce quim’obligeàabandonnerl’appareil,letempsdereposerunpeumavue.Jecroisquequatrecentsphotos,c’estunpeuexcessif,mêmepourmoi.M’asseyant,jeregardeparlafenêtredemachambrepourlaénièmefois,et
jemerendscomptequedepuistroisansquenousvivonsici,jen’aijamaisvuquelqu’un sortir de cette foutuemaison en face de cheznous ; pourtant, ellen’étaitpasdisponibleàlalocationlorsquenousnousétionsrenseignéesàson
sujet.Ellesemblevieilleetusée.Lapeinturerougeàl’extérieurestécailléeetle
porchea l’aird’être sur lepointde s’effondrer. Je suispresquecertainequepersonne ne vit ici, mais une partie demoi ne peut s’empêcher de toujourss’interroger. Plus je regarde par la fenêtre, plus je veux que quelqu’unapparaisse. C’est comme si je cherchais un divertissement pour combler letempsoùBaileyestavecLanden.Pathétique,non?JesuisinterrompuedansmonespionnagedelamaisonquandBaileypasse
latêteàmaporte.Ilfaitsombre,alorsjesuiscertainequ’ellenepeutpasmevoir,maisellechuchotetoutdemême.—Tuesréveillée?—Non,jedorsprofondémentettuesentraindegâcherunsuperrêve.Va-
t’en.—C’estmalin,marmonne-t-elle toutensedirigeantversmon lit avantde
s’y laisser tomber, sescheveuxplatinesedéployantsur lematelas.Qu’est-cequetufaisais?Jeluimontrel’appareilphotoetposemespiedssurlessiens.—Jetravaillaisunpeu.Ellelèvelesyeuxaucielenbâillant.—Tunetrouvespasquetutravaillesassezcommeça?Repose-toiunpeu
Lyric. Tu vas devenir dingue à force de travailler, et en retour, cela va merendredingueaussi.Jemeredresseetluidonneunetapesurlebraspourl’empêcherdetripoter
sonpiercing…encoreunefois.—Bon sangBailey.Arrête de toucher ce truc.Tu vas vraiment avoir une
infection,situcontinues.Sais-tuàquelpointlesmainssontsales?Jefaislamoue.—Tuastripotécetanneautoutelasoirée,n’est-cepas?Nem’obligepasà
t’attacherlesmainsderrièreledos.Tusaisquej’ensuiscapable.Ellelaisseéchapperunsoupiretfermelesyeux.— D’accord. J’aime bien être attachée, et tout ça, mais seulement par
Landen.Alorsjevaisarrêter,jetelepromets.—Merde, j’abandonne,dis-jedansungrognement.Noussavons toutes les
deuxcequevalenttespromesses.—C’estvrai,murmure-t-elle.Nous restons toutes les deux dans un silence confortable, nous détendant
simplementlesyeuxfermés,jusqu’àcequenousentendionslaportièred’une
voitureclaquer.C’estaumoinsminuitet iln’yapasd’autremaisonàmoinsd’un kilomètre. C’est la propriété de quelqu’un qu’il veut visiblement unecertaineintimité,alorsc’estétranged’entendrelebruitd’unevoituresiprès.Curieuses,nousnousprécipitonstouteslesdeuxàlafenêtrepourregarder
dehors. Ce que je vois fait bondirmon cœur dansma gorge. Il y a un typedehors…etilal’aird’avoirnotreâge.—OhmonDieu.Regarde-le,murmureBailey.Tuparlesd’uncanon!Elle se penche un peu plus, plissant les yeux pour mieux voir tout en
poussantmatête.—Bonsang!renchérit-elle.Ilesttatouéettout.Jesaisquetucraquespour
lesmecstatoués.Je l’écarte de la fenêtre et collemon visage contre la vitre afin d’essayer
d’avoirunemeilleurevue.Lesseulstraitsquej’arriveàdistinguersont:descheveux noirs et en bataille, une grande silhouette musclée, et de l’encrerecouvrantlatotalitéd’undesesbras.Ilsetientsouslelampadaireavecunétuideguitarependantsurlecôtégauchedesondosetilporteungrandsacnoiràlamaindroite.Ilresteplantélàunmoment,leregarddanslevide,commes’ilprofitaitde
l’airfraisavantdeseretournerpourpayersontaxi.Dèsqueletaxis’éloigne,il regarde droit devant lui, puis, comme s’il se sentait observé, ses yeuxcroisent lesmiensetnosregardsseverrouillent.Monsoufflesecoincedansma gorge alors qu’il agrippe son sac plus fermement et se contente deregarder. J’essaie de m’éloigner, mais je ne peux pas. Je suis coincée. Sonregard m’hypnotise et je suis figée. Il semble y avoir tellement de chosesderrière son regard, et je ne peux pas m’empêcher de continuer à la fixer,attendantsonmouvementsuivant.Après quelques secondes, il balance son sac sur son autre épaule. Il se
retourneets’éloigneverslecôtédelamaison,etjustecommeça,ildisparaît.C’estsamaison?Ilhabitelà?Celapourraitêtreintéressant.Jem’éloignedelafenêtreetmeretournepourmeretrouverfaceàBailey,
qui devait se tenir par-dessus mon épaule tout ce temps, parce que nousfinissonspartapernostêtesavecunbruitsourd.Jemefrottelecrâneenluijetantunregardfurieux.—Tuétaispar-dessusmonépauletoutcetemps?Bravopourladiscrétion.—Etaprès?Qu’est-cequeçapeutfaires’ilnousarepérées?Tul’asvu?
C’est exactement le genre qu’il te faut. Lyric, il est très sexy ! Et il a l’airsympa,enplus.C’esttongenre,pascommetonfrimeurdepatronquin’arrête
pasdetedraguer.Quelleandouille,celui-là.Jesecouelatêtetoutenabaissantlesstores.— Tu n’en sais rien. Tu pouvais à peine le voir dans l’obscurité, dis-je,
réfutant sa sensualité même s’il y avait suffisamment de lumière sous leréverbèrepoursavoirbienqu’ilétaitvraimentsexy;plusquesexymêmedecequej’avaispuvoir.Ellelaisseéchapperunbruitentrelerireetlesoupirexaspéré.— J’en ai vu assez, ma chérie, crois-moi, et j’ai vu aussi comment il te
regardait. Il a besoin de compagnie. Tu devrais aller le voir demain et luiproposerdemassersonpetitcul.Ellepousseungémissementsuggestif,toutensemordillantlalèvre,ducôté
opposéaupiercing.—Oubienluidemanderdemasserletien.Jepariequ’ilnerefuseraitpas.Jeregardeànouveauparlafenêtreetrisàsastupidité.—Jenesaispascequejedeviendraissanstonespritmaltourné,Bailey.Et
maintenant,sorsdemachambre.Jesuisfatiguée.J’aieuunedurejournée.—Tun’espassympa.Jedétestetamaniedevirerlesgensdetachambre…Elleselèveetsedirigeverslaporte.—Tu as de la chance que je sois trop fatiguéemoi aussi, sinon je serais
restéeicitoutelanuit,rienquepourt’embêter.—Maisoui,c’estça,dis-jeenm’allongeantetenarrangeantmonoreiller.
Allez,vatecoucher.Jemeredressed’unbond.—Etn’oubliepasdetedésinfectertaboucheavantdedormir.—Ouimaman, répond-elle enmemontrant sa lèvre.Seigneur, j’adore ce
piercing.Bonnenuit.— Bonne nuit, réponds-je d’une voix lasse tandis qu’elle sort de ma
chambreenrefermantlaportederrièreelle.Jevaisfairelagrassematinéedemain.J’aivraimentbesoindemereposer…
ChapitreDeux
MEMPHISCelavafairesixlonguesannéesquejen’aipasmislespiedsdanscetteruelle,et le simple faitdeme retrouver ici fait remonter toute la colèreque j’avaisessayéde refouler. Jemarcheà longuesenjambées sur la terre et legravier,regardantdroitdevantmoi.C’esttoutcequejepeuxfairepouressayerdemecontrôler.Jenesuisiciquepouruneseuleetuniqueraison.Lorsque je suis arrivé à la maison une heure auparavant pour la trouver
vide,mon premier instinct a été de partir à la recherche demon petit frère,Alex.D’aprèsl’aspectdelamaison,personnen’avaitrésidéicidepuisunbonmoment.Les pensées qui me traversent la tête me rendent malade. Je suis à la
recherche de mon petit frère, même si j’espère ne pas le trouver ici. Ladernièrechosequejeveux,c’estqu’ilfinissecommemoi.J’accélèrelepaslorsquej’entendslesgrondementset lesacclamationsdes
différentes personnes encourageant le combat qui se déroule au bout de laruelle.Cettepartien’apaschangé.Àchaquepasquimerapproche,j’entendslebruitdescoupsquisontpresqueplusfortsquelescrisquis’ensuivent.—Ah,bonsang!—Attrape-le!Attrape-le!—Lève-toi!Secoue-toi!Approchantlascène,jerabatsmacapuche,faisantdemonmieuxpourrester
hors de la lumière alors que jeme fraie un chemin dans la foule. La seuleraisondemaprésenceiciestdetrouvermonfrère,lerécupérermonfrèreetrepartiravecluirapidement.Ilyajusteunpetitproblème:Alexavaitseizeansladernièrefoisquejel’aivu.Celarisquedemeprendreunpeudetempsdelereconnaître.Cela rend également les choses plus faciles pour que quelqu’unmereconnaisse.Gardant la tête basse, je fais de mon mieux pour éviter la lumière des
réverbères, tout enessayantde repérerAlex.Évidemment, jevérified’aborddu côté des deux combattants, mais je vois tout de suite qu’il n’en fait paspartie,puisqu’ilyaunblondetunroux.Alexestbrun,commemoi.Je prends une seconde pour regarder le combat, me souvenant de ce que
c’était qued’être à leurplace.La sensationdepuissancequi sedéversedans
vosveines.Larage.Lesentimentdelibérationqueçam’apportait.Maisçam’aconduitenenferetj’aijurédenepluscombattre.Maintenant,jeregardeçadeloin,del’extérieur.Leblond–lepluscostauddesdeux–foncesursonadversaireet luicolle
sonpoingnusurlecôtédroitduvisage.Uneclameurs’élèvedugroupequandle plus petit s’écroule sur le côté, du sang et de la sueur giclant en l’air. Etsoudain,lecombatestfini.Undesdeuxvarentrerchezluiavecl’impressiond’êtreunemachineàtuertandisquel’autreserafierd’avoirencaissélescoupscommeunhomme.Moi,toutcequejesais,c’estqu’ilsonttouslesdeuxlibéréleursdémons.C’estpourçaqu’onsebat.Pourçaetpourl’argent.Me détournant du combat, je m’apprête à partir, mais heurte l’épaule de
quelqu’un.Avantmêmequejepuissevoirdequiils’agit,jesuisrepoussé,mefaisant cogner dans quelqu’un d’autre qui est trop occupé à crier après lescombattantspourleremarquer.Jemestabiliseetessaiedemecalmer. Jenesuispas icià la recherchede
problèmes,bienquetoutenmoiveutquejepoussemonpoingdanssagorgeetlibèreunepartiedecettecolèrecontenue.—Regardeoù tumarches, connard !medit cet imbécile d’un ton sifflant
toutengonflantletorseetrejetantlesépaulesenarrièreafindem’intimider.Ilestpeut-êtreimposant,maisçanemetroublepas.— Enlève cette foutue capuche et fais attention avant de te retrouver à
chercherdesnoisesàlamauvaisepersonne.Ravalant ma colère, mes muscles se raidissent alors que je le dépasse,
heurtantsonépauleaupassage.Jen’aiaucuneenviederetournerdansletrouàratdontjeviensàpeinedesortir.Jesaisquejetentelediable,maisj’aidumalàmefairemalmenersansréagir,etcen’estpaslemomentdem’énerver.Letypetendlebras,mesaisitparl’épaule,etm’obligeàmeretournerfaceà
lui.—Hé!Tuveuxtebattre,connard?Jet’aiditderegarderoùtumettaisles
pieds.Inspirant profondément, j’essaie de mettre de l’ordre dans mes pensées,
mais ce n’est pas la peine. La chaleur se diffuse déjà dans mon corps enrendantdifficiletoutepenséecohérente.Enexpirant,jebalancemoncoudeenavant, le connectant à la mâchoire du type. Cela fait un bruit sec, et tout lemondecessederegarderlescombattantspours’intéresserànous.Le type tombeenarrièresur lesfesses,nes’attendantvisiblementpasàce
quejeluitiennetête.Dommagepourlui;j’aiçadanslesang.
Maisilsereprendviteetsautesursespiedspourm’envoyeruncrochetdugauchequim’atteint justeaucoindelabouche.Jesenslesangcoulerdemalèvre et il ne m’en faut pas plus pour que je craque ; même si, je dois lereconnaître,j’accueilleladouleuravecjoie.Jeluiattrapelecrâneàdeuxmainsetluibaisselatête,toutenmontantmon
genouquejeluiplanteenpleinefigure,entrelesdeuxyeux.UnseulcoupauvisageetletypeestK.O.Voilà exactementpourquoi jenevoulaispasvenir ici.Dèsque jepose les
mainssurquelqu’un,çafaitdegrosdégâts.J’aidéjàfoutumavieenl’airunefoisavecça.Jerefusequeçalagâcheànouveau.Aveugléparmarageetgonfléàl’adrénaline,jen’avaispasfaitattentionaux
crisdugroupequisemblentmaintenantnousentourer. Jem’enmoque.Jenesuis pas venu pour eux. Je crois en tout cas que certains m’ont reconnumaintenant.Étouffépar la foule, je les repousse, luttantpourobtenirde l’air.Cela fait
troplongtempsquej’aiquejen’aipasétélibreetêtreoppresséparcettefoulemejouedestours.JedoissimplementtrouverAlexetpartird’ici.Jesavaisquec’étaitunemauvaiseidée.Je recommence à regarder autour de moi, mais je réalise que dans cette
foule,c’estpresqueimpossibledeletrouversansm’attirerdesennuis.Ilvautmieuxquejem’enaille.S’iln’apasoccupélamaisondepuisunmoment,alorsjesupposequ’iln’estmêmepasenville.Jevaisdevoirfairedesrecherchesàlamaison.—Merdealors!Est-cequec’esttoi?Jem’arrêtenetausondecettevoixfamilière:TrevorLocke.Unedesrares
personnes en qui j’avais confiance, avecmamère,Alex et Jack.C’est un demesplusvieuxamisetceluiquiatoujoursprotégémesarrières.—Memphis?Putain,c’estbientoi?Ilfaitunpasversmoietposesesdeuxmainssurmesépaules.—Disdonc,tuasprisdelacarrure.Ouais,ehbien,c’estcequiarrivequandtuesretenudansunecage.Relevant la tête,monregardcroise lesienalorsqu’ilm’observe,essayant
decomprendresic’estbienmoi.Jesuissurprisdevoiràquelpointluiaussiapris du muscle. C’est une bête, maintenant. Et ça, ça veut dire qu’il combatencorerégulièrement,alorsque j’avaispratiquementdû le traîner icidans lepassé.Nousrestonsunmomentànousregarder,perdusdanslafoule,avantqueje
l’attireàl’écart,dansunendroitpluscalme.Siquelqu’unsaitoùestAlex,c’estlui.Dumoins,jel’espère.—Hémec.OùdiableestAlex?Quecesoitlapremièrechosequisortedemaboucheaprèstoutcetempsest
unpeumerdique,maispourl’instant,c’estmonuniquepréoccupation.Trevoraétébonavecmoidanslepassé,maiscen’estpaslemomentdes’attardersurdessouvenirs.Celaluiprendunesecondepourrépondre,commes’ilétaitenétatdechoc
ouquelquechosecommeça.—J’aimeraispouvoirterépondre,maisiln’estpasici.Quanddiablees-tu
revenu?Jenepensaispasquetureviendraisici.Putain!Je prends une profonde respiration et me passe les mains sur le visage,
partagé entre le soulagement et la peur. Je suis soulagé qu’il ne soit pas ici,maismortdepeurparcequejenesaispasoùilestnis’ilvabien.— Je suis arrivé en ville il y a une heure, réponds-je avec raideur. J’ai
simplementbesoindesavoiroùestAlex.L’as-tuvu?Ilsepasselamaindanslescheveuxetsecouelatête,toutenlevantledoigt
endirectiond’ungarsquiessaied’attirersonattention.—Non.Çafaitdesmoisquejenel’aipasvu.Jen’aipaslamoindreidéede
cequ’ilfabrique.J’aiessayédemerenseigneràsonsujet,maisrien.IlapassédutempsavecuncertainAsheretseshommes,jecrois.Ladernièrefoisquejel’aivu,entoutcas,ilétaitaveclui.Saréponsemeglacelesang.Asher.Jen’avaispasentenduceprénomdepuis
des années. Une peur comme je n’en ai jamais connuem’envahit. C’est unemauvaisenouvelle.—Merde!Jedoisyaller,dis-jeentremesdents.Merci,mec.Jem’éloigne,autorisantlacolèreàmonterenmoiausouvenirdela
dernièrefoisquej’aivuAlex.C’étaitlapirenuitdemafoutuevieetpourtant,jereferaiscequej’avaisfait.Jen’aipasderegrets,maisjen’aimepaslapenséedeluilàdehors,entraindefoutresavieenl’aircommejel’avaisfait.—Memphis!Allezmec.Resteavectoi.Donneà lafouleunbeaucombat.
Çafaitsixans.—Impossible.J’enaifiniavectoutça,Trevor.Jeneveuxplusenentendre
parler.—Tureviendras.Jetedonneunesemaine,crie-t-il.Uneputaindesemaine.
TunepeuxpasluttercontrequelquechosequiestdanstonADN.Jenemeretournemêmepaspourluirépondre.Aucontraire,jem’éloigne
leplusvitepossiblepourmeréfugierdansmonpick-up.Jesuissur lepointd’ouvrir laportière,quandRachelsurgitdenullepart,
posesesmainssurlapoignéeetseglisseentremoietlacarrosserie.Ellemeregarde ses grands yeux bleus avant de poser sa main sur mon torse en semordillantlalèvreinférieure.Jereconnaîtraisceslèvresn’importeoù.Elleesttrèsmignonneetellelesait:cheveuxblondsetcourts,jupeenjean
etbottesrougesdecow-girlassortiesàseslèvres.Monsexevam’envouloirtoutàl’heure,maisbaisern’estpascequej’aientêteencemoment.Tousceuxque je touche sont blessés tôt ou tard.Ça ne rate jamais. J’étais trop dans ledéniautrefoispourl’admettre.—C’étaitsupersexycequetuasfaittoutàl’heure,Memphis.Ellesouritenmecaressantleventred’unemainlégèreets’arrêtejusteau-
dessusdemaceinture.—Tul’asassomméavectongenou.Ici, tout lemondeparleencoredetes
exploits,tusais.Ilparaîtquetun’asperduqu’unseulcombat,etencore,c’étaitparcequetuétaisivremort.Touslesmecsontenviedecombattrecommetoi,ettouteslesfillesveulentbaiseravectoi,moiycompris.çafaitlongtempsquejet’attendsetjesuissuperexcitée,là.— Rachel. Je vois que tu n’as pas du tout changée, dis-je avec un
grognement tandis qu’elle descend sa main afin d’empaumer mon membreavecungémissement,mecaressantàtraversmonjean.—Mmmm…C’estexactementcequej’espéraistrouver.Unegrossequeue
biendure.Jepeuxm’enoccuper,bébé.Agrippantsonpoignet,jeretiresamaindemonentrejambe,jelafais
pivoterpourl’ôterdemonchemin,etouvremaportière.Àsonhaleine,jesaisqu’elleestsoûleetjen’aivraimentpasdetempsàperdreavecça.J’aibesoindegarderlatêtefroide.Baiseravecellenem’aiderapas.—Ehbien,continueàattendre.Jen’aipasletempspourtesconneries.Ellemejetteunregardblesséavantdecroiserlesbrassursespetitsseins.— Tu es sérieux, Memphis ? Ne fais pas comme si je ne t’avais jamais
intéressé.Jesaisquejeteplaisais.Si tumeveux,c’est lemoment.Jesuislà,devanttoi,connard.La plaquant contre le pick-up, je me rapproche suffisamment pour me
pencher sur elle, à côté de son oreille. Elle laisse échapper un petitgémissement alors que son souffle s’accélère sous l’anticipation. Effleurantsonoreilledemeslèvres,jeluimurmure:—C’étaitavant,Rachel.Leschosesontchangé.J’aichangé.
M’écartantd’elle,jegrimpedansmonpick-upetmetslecontact,l’observantalorsqu’elles’éloigne.Jenemesenspascoupablealorsquejedémarre.Cettefille-làneméritepasqu’ons’enfassepourelle.Unefoisderetouràlamaison,jegaremonpick-updevantlegarageetresteassisunmomentàobserverlesalentours,comprenantàquelpointtoutvaêtredifférent,àprésent.Jamais jen’aurais imaginéque jemesentiraisaussivideunefoislibre,maisc’estlecas.C’estunesensationsifortequ’elleestvraimentdureàencaisser.Comme je descends de mon pick-up, mon regard s’égare sur la maison
voisine.C’étaitautrefoisunedespropriétésquemonpère louait jusqu’àmesdix-sept ans, puis il avait simplement arrêté de lamettre en location. C’étaitbizarre de savoir que quelqu’un y résidait maintenant ; quelqu’un demagnifique…d’aprèscequej’enavaisvu.Je dois l’admettre, j’étais un peu choqué quand je l’ai vueme fixer de sa
fenêtre, comme si elle mourait d’envie de me connaître. Elle me regardaitcommesiellen’avaitaucunehonte,mêmeensachantquejel’avaissurprise;elle s’étaitcontentéedemefixer.Celaa suffipourque jemeperdedanssesyeux.Cependant,ilfautquejemesouviennedegardermesdistances,celanedevraitpasêtretropdifficile.J’enail’habitude.Sachantdéjàquejeneseraipascapablededormir,parcequejenelepeux
jamais,j’attrapemaguitareetm’installesurleporchearrière.Jem’autoriseàapprécierlasensationdelalégèrebrisesurmontee-shirtalorsquejejoue.Cela faitdesannéesque jen’aipas jouéde laguitaresousceporcheet la
sentirdansmesmainsfaitremontertoutuntasdesouvenirs.Dessouvenirsdelapersonneque j’auraisvouluêtre– lapersonneque j’aiessayéeetéchouéed’êtreàcausedemonbesoindemebattre.Toutcommençaitetfinissaitparuncombat.J’aipassépasmaldesoiréessousceporche,àjouerdelamusiquepourma
mère etpourAlex.Avant la fameusenuit oùmavie abasculé ; avantque jeperdetout.
ChapitreTrois
LYRIC
Je suis réveillée par des bruits de coups ; des coups violents, comme siquelqu’unétaitentraindecommettreunmeurtre.J’attrapemonoreilleretleplaquesurmatête,faisantmonpossiblepourbloquerlebruit,maisenvain.Çacontinueàcogner,chaquecoupmefaisantsursauter.Il me faut plusieurs secondes pour me réveiller suffisamment et
comprendrequelescoupsviennentdedehors,delaported’àcôté.C’estalorsquejemesouviensdutaxietdutypequenousavonsespionnéaumilieudelanuit.Iln’estlàquedepuisunjouretildérangedéjàlapaixenvironnante.C’estquoicebordel?Basésurlalumièrerayonnantdel’extérieur,ilnepeutpasêtretrèstard.Je
roule sur moi-même et consulte mon téléphone pour avoir l’heure. Jegrimacedevantl’écranlumineuxavantdelejeterdecôté.—Ettoutçaàseptheuresdumatin,dis-jeengrognant.Peu importe à quoi ressemble ce type ; cette heure matinale suffit à me
donnerenviedefrapperquelqu’un.Enfouissantmonvisagedansl’oreiller,jesecouelatêteavantderoulersur
leborddulitetm’assois.Jeresteassiselà,àjurerdansmabarbe,avantdemerendrecomptequelebruits’estarrêté.—OhDieumerci.Dormir!J’aibesoindedormir!Je me rallonge et ferme les yeux, en savourant le confort de mon lit
douillet. Cinq secondes plus tard, le bruit reprend, me faisant sursauter ethurler.—Soismaudit!Jefrottemesmainssurmonvisageenbâillant,comprenantquevouloirme
rendormirestunecauseperdue.J’envisageuninstantd’ouvrirmafenêtreetdeluijeterunedemeschaussuresàtalonsaiguilleàlatête,puisjedécidequec’est la Lyric du matin qui pense et je change rapidement d’avis. J’essaied’améliorermoncomportement.Jemesuisfaitunepromesse.Enfilant un petit haut à bretelles, un short etmesChuck usées jusqu’à la
corde,jem’attachelescheveuxetmedirigeverslaported’entrée.Lesoleilmatinalme frappeviolemment,m’obligeant àplisser lesyeuxet àprotégermonvisagealorsquejedescendslesmarchesenpetitesfouléesetfaisletourdelamaison.Un souffle de vent s’assaille, envoyant des frissons dans toutmon corps
alorsquejemedirigevers lebruitquinefaiblitpas.Letypeestagenouillédevantsonporcheavecunclouentrelesdents,frappantsuruneplancheavecsonmarteau.Lacapuchedesonsweatnoircouvresa têteet lamajoritédesonvisage,
donc tout ce que je peux voir, c’est un jean déchiré, une ceinture cloutéeautourdesataille,etdevieilleschaussurescouvertesdeterre.Maismêmelatêterecouverte,iltrouvelemoyenderestersexy.Onpeutvoirlesmusclesdedon rouler à chaque coup de marteau et on devine à travers son jeanl’épaisseurdesesjambes.Celaestsuffisantpourmedonnerenviedeletaclerpar-derrière.Onlaissetomberl’attaqueauxtalonsaiguilles.Jereste làquelquessecondesà leregarderavantqu’ils’arrête,saisisse le
clou dans la bouche et le plante d’un seul coup demarteau dans la plancheavecungrognement.—Qu’est-cequevousvoulez?Sa voix profonde me surprend, au point de faire un bond en arrière, la
mainsurlecœur.—Merde!Vousm’avezfaitpeur!Illaisseéchapperunriresanshumour.—Jevousaifaitpeur?Ilattrapeunautreclouetavancelelongdelaplanche.—C’estvousquiêtesdevantmonporche,mesurprenantpar-derrière.Le ton de la voix ne laisse aucun doute sur le fait qu’il ne veut pas être
dérangé, mais pour une raison inconnue, cela me pousse à rester quandmême,simplementparcequ’ilm’aréveillée.—Ehbien, vous êtes celui quim’a réveillée à l’aube avec vos coups de
marteau.Ilyadesgensquitravaillenttardlesoiretquiontbesoindedormir,voussavez?Vousnedormezjamais?dis-jed’unevoixcrispée.Ilrestesilencieuxpendantuneseconde.
—Non,pasvraiment.Il tape encore une fois sur la planche avant d’attraper un autre clou et
d’avancerunpeupluslelongdelaplanche.Je devrais m’en aller, mais je ne le fais pas. Je suis bien réveillée
maintenant,etBaileydortencoreprofondément,apparemment.Sicetypemeréveille,ilvadevoirmesupporter.—Ehbien,mercidefaireensortequepersonnenepuissedormirquandtu
esdebout.Je grimpe les marches et attrape une poignée de clous, déclenchant un
soupird’exaspérationdesapartalorsquejem’agenouilleàcôtédeluietluientendsun.—Jedéteste traînerau lit lematindansunbon litbienchaud.C’estvrai,
quoi!Toutlemondedétesteça.J’attendsqu’illèvelesyeuxversmoi,maisilnelefaitpas.Ondiraitqu’il
fait tout afin que je ne voie pas son visage. Évidemment, cela excite macuriosité,maisjeneveuxpasnonplustropinsisteretlemettremalàl’aise.Nousdemeuronssilencieuxtandisqu’ilcontinueàtravailler.Jeluitendsles
clous,illesprendetlesplanted’unseulcoupdemarteau,etmoijel’observeen bâillant. Chaque coup atteint sa cible, et à chaque contact, il semble sedétendreunpeuplusetsonsouffles’apaise.— Pourquoi ne vous ai-je jamais vu ici jusqu’à aujourd’hui ? le
questionné-je tout en lui tendant un autre clou. Bailey et moi louons cettemaisondepuisquelquesannéesetjen’aijamaisvupersonneentrerousortir.Vousvenezjusted’emménager?Il se fige momentanément avant de planter un autre clou et de laisser
tomberlemarteau.—Personne?Sontonestneutre.Jesecouelatête,mêmes’ilnemeregardepas.Celan’apasd’importance.
Sonattitudemeditqu’ilconnaîtdéjàlaréponse.Inspirant profondément, il se passe les mains sur le visage, avant de
repousser sa capuche en soupirant. Il se met debout et se penche sur larambarde,serrantleboisdanssesmainsavantquejepuissevraimentvoirson
visage.Lefaitquepersonnen’aithabitéicisembleletracasser–beaucoup.—Ilauraitdûyavoirquelqu’un?Jeposelaquestiondansl’espoird’obtenirquelqueséclaircissementssurla
question.—Ilfautcroirequej’aiprismesrêvespourdesréalités.Sesmotssonttellementempreintsdedouleuretderegretsquemoncœurse
serre presquedansmapoitrine. Je ne voulais pas lui gâcher sa journée.Ehbien, pas à ce point-là en tout cas. Il a l’air de quelqu’un à qui l’on vientd’arracherlecœur.Ilseretournepourmefairefaceetlapremièrechosequejeremarquec’est
salèvrefendue.Ensuite,cesontsesyeux,lesplusbeauxyeuxbleusquej’aivus de toute ma vie. Ils sont d’un bleu pâle qui tranche avec ses cheveuxcouleurexpresso,rendantpresqueimpossiblededétournerleregard.Iln’estpasquesexy;ilestbeauàcouperlesouffle.Beaucoupmieuxdeprèsquedeloin.Ses cheveux noirs sont plus longs sur le dessus, légèrement rejeté en
arrière, un peu rock, avec desmèches décoiffées. Samâchoire parfaite estcouverte d’un chaume épais, et malgré sa lèvre fendue, on a envied’embrassersabouche.Quantàsonregard…Ilmettraitn’importequellefilleàgenoux.Ycomprismoi.Jelefixependantcinqsecondesdetropavantdereprendremesespritsetde
merappelerqu’iln’avaitpasdelèvrefenduelanuitdernière.Jen’avaispeut-être pas pu le voir correctement, mais c’est quelque chose que j’auraisremarqué.Celasemblaitextrêmementdouloureux.—Qu’est-ceque…Vousdevriezmettredelaglacelà-dessus.Jem’approchepourmieuxl’examiner.Pasdedoute,c’esttoutfrais.—Vousavezdesglaçons?J’enai.Jepeuxvousenapporter.Ilmejetteunregardbrûlant,lecorpstendu,puisilsedétourneets’agrippe
denouveauàlarambarde.—Nevousenfaitespaspourça,dit-ilavecunsoupir.Vousdevriezrentrer
chezvousmelaissertravailler.J’aidestonnesdechosesàfaire.Jenetiensaucuncomptedesafroideur,parceque,franchement,celaneme
dérange pas. Il a visiblement quelque chose qui le tracasse et j’ai envie de
l’aider.Iln’yapasdemalàça.Peuimportequejeneleconnaissepas.Jen’aipaspeurdelanouveauté.— J’essaie simplement de vous aider, dis-je fermement. Et faire
connaissanceavecvous.Il se retourne et me fixe d’un air dur pendant une seconde avant de
s’éloigner.—Vousnevoulezpasmeconnaître.Croyez-moi.Iltendlebrasverslaporte-moustiquaireetl’ouvre.—Rendez-vousserviceetrentrezchezvous.Il entre et referme bruyamment la lourde porte derrière lui, me faisant
sursauter. Je reste plantée là quelques secondes, à regarder la porte, enregrettantdenepasêtrerestéeaulit.—Ehbien.Ças’estbienpassé,dis-jesuruntonsarcastiqueentournantles
talons.Ilestbeaucouptroptôtpourcettemerde.J’auraispeut-êtremieuxfaitdelui
balancermachaussure.
Beaucoup plus tard, dans la soirée, quand Bailey est partie pour rejoindreLanden,jemeretrouvesurlapelousedujardin,àprendredesphotosduciel,desoiseaux,etdetoutcequipassedevantmesyeux,histoiredem’occuper.Étonnamment, lescoupsdemarteaud’àcôtén’ontpas recommencéde la
journéeetjen’aipasvunientendumonmystérieuxvoisin.Jeluiaipeut-êtrefaitpeur.Ilparaîtquejesuisplutôtdouéepourça,àcequ’onm’adit.Jetiensmonappareilphotodevantmonvisagepourfairedéfilerlesphotos
que je viensdeprendre,mais aucunenemeplaît. J’en ai fait aumoinsunecentaineetpasuneseulenem’intéresse.Enfait,depuisquej’aiemménagéici,jen’aiplusenviedephotographiercommeavant.Riennem’attirevraimentl’œil.Celaretiretoutl’amusementdecequiétaitunepassion.Jen’aipluslefeusacré.Toutensoupirant,jem’assiedsetposemonappareilphotosurlachaisede
jardin derrière moi. Je dois aller faire un tour. Je suis en train de mourird’ennui.
Je me lève, accroche l’appareil autour de mon cou et commence àcontournerlamaisonquandj’entendsunbruit,commequelqu’unquitapesurungros sac.Çavientdugarageduvoisinet jenepeuxpasm’empêcherderemarquerquelaporteestentrouverte,suffisammentpourqu’onpuissevoiràl’intérieur.Toutenmedisantquejefaisunebêtise,jemedirigeverslegarage,lebruit
devenant plus fort et plus furieux au fur et àmesure que jeme rapproche,excitant mon intérêt. Je ne suis pas du genre à fouiner d’habitude, mais ilsemblequecetypem’aitprocuréunnouveauhobby.Je resteunmomentprèsde laporte, àécouter lebruitde sescoupset sa
respiration haletante, avant de me décider à pousser le battant, mes yeuxtombantsursondos.Lesmusclesdesondosroulentsoussontee-shirtblancalorsqu’ilagrippe
lesacàdeuxmainsetyappuiesatête,luttantafindereprendresonsouffle.Je peux voir la sueur couler de sa nuque. Son tee-shirt est complètement
trempé et transparent, moulant chacun de ses muscles. J’avais raison ; cethommeesttrèsenforme.Levoirainsitenduetremplidetantd’émotions,faitde cemoment quelque chose de très excitant. Et pour ne rien arranger, cesfesses fermes moulées dans ce short sont suffisantes pour déclencher unedécharged’hormoneschezn’importequellefille.—Jecroyaisvousavoirditderesteràdistance.Ilseremetàfrapperlesacavecdesgrognements.—Vousavezdéjàentenduparlerdelavieprivée?Entrant, je prends quelques clichés de son dos, tandis qu’il frappe le sac
avantdel’agripperànouveautoutenlaissantéchapperunpetitgrognement.Ai-je tort de vouloir capturer cet instant ? Probablement, cependant j’aitoujoursaiméprendredesrisques.JefaiscourirmamainsurunevieillePontiacTransAmetl’admirealors
quejelacontourne.—C’estunebellevoiture.Elleestdequelleannée?S’essuyant le visage avec une serviette, il laisse échapper unpetit soupir,
commes’ilabandonnait,avantdesetournerversmoi.—Elleestdesoixante-seize.
Il enroule la serviette sur ses épaules et attrape une bouteille d’eau. Lesmusclesdesamâchoiresecontractententredeuxgorgéesalorsqu’ilfixelavoiture,buvantlamoitiédelabouteille.—C’estune…—TransAm,dis-jeenl’interrompantetenluisouriantfièrement.Cen’est
pasparcequejesuisunefillequejen’yconnaisrienenvoiture.J’aiétéélevéparmonpère.Je fronce les sourcils à cette pensée tout en retirant ma main de la
carrosserierougepommed’amour.—Alorsj’aivuetentendupasmaldechoses.Peut-êtremêmeunpeutrop.Il me jette un regard intrigué alors que je m’approche lentement de lui,
balayantmalgrémoises tatouagesdu regard. Il sembleunpeumalà l’aise,maisilneditpasunmotalorsquejelissursonavant-brasgauche«Force»et«Douleur»surledroit.Jelèvelatêteetnosregardssecroisent.Lessienssemblentêtreenconflit.
Jevoisbienqu’unepartiede luiveutmediredem’enaller.Pourquoine lefait-il pas, je n’en sais rien. Jedois l’admettre ; j’aimeça, pour l’instant entoutcas.S’éclaircissantlagorge,ildétournesesyeuxdesmiens,visiblementmalà
l’aised’êtreaussiprèsdemoi.Puisilsefigeuninstant,passeunemaindanssescheveuxtrempésdesueuravantdeseretourneretdes’éloignerdemoi,endirectiondelaportequidonnesursamaison.—J’aideschosesàfaire,déclare-t-il.Fermezlaportedugarageensortant.Jenedispasunmotalorsquejeleregardeposerlamainsurlapoignée.Je
supposequejenesaispastropquoidireàcemoment-lààpart:—As-tuunprénom,oufaut-ilquejet’entrouveun?Il referme samain sur la poignée et pousse la porte, laissant entrer une
odeurdevanille.Ilsefige,maisneseretournepaspourmeregarder.—Memphis, répond-il d’une voix neutre. Et n’oublie pas de verrouiller
derrièretoi.Avantdedisparaître, ilseretourneunedernièrefois,avecuneexpression
amusée sur le visage. Il s’appuie au chambranle de la porte, ses musclesbougeantalorsqu’ilregardemoncou.
—Pasmal,l’appareilphoto,dit-il.Seslèvresseretroussentdansundemi-sourireavantqu’ilrefermelaporte
derrièrelui,melaissantunefoisdeplusseule.—Çamerappelleétrangementquelquechose,dis-jeenmarmonnant tout
ensortantdugarage,quejen’oubliepasdeverrouiller,bienentendu.Après avoir fermé derrière moi, je me retourne pour voir Bailey
contournerlamaison.Elleal’airperduejusqu’àcequ’ellemevoie.—Oùétais-tupassée?Elleme lanceun regard interrogateur en accélérant lepas sur lapelouse
afindemerattraperalorsquejemedirigeversl’entréedenotremaison.— Je te cherche depuis vingt bonnesminutes.Quand tu pars pour flirter
avecnotremystérieuxvoisin, tu pourrais aumoins laisser unmot pourmeprévenir.Jelaisseéchapperunricanementenatteignantleporche.—Pardon.Jepensaisenavoirpourcinqminutesmaximum.Tusais,juste
unpetitcouprapide,histoiredetenirlecoupjusqu’àlaprochainefois.Jeluiadresseunclind’œiletentredanslamaison,jetantunregarddansle
salonpourvoircequetouscebruitetcescrissignifient.Landen est assis à côté d’un de ses collègues de travail – Liam – et ils
hurlenttouslesdeuxdevantlatélévisionenjouantàCallofDuty.Sautantsursespieds,LandenhurlesurLiamtoutentirantsursescheveux
noirs.—Commentas-tufaitpournepaslevoir?Ouvrelesyeux,mec!Ilétait
devanttoi!—Merde, c’est ma faute, murmure Liam.Mais j’ai compris maintenant.
J’aicompris.Assieds-toi.Baileymesaisitparl’épauleetmefaitpivoterverselle.— Tu ne peux pas me dire un truc pareil et me planter là. Emploie ta
boucheàbonescient.Elleinclinelatêteavecunpetitsourirecoquin.—Oupeut-êtrel’as-tudéjàfait?
Liamjetteuncoupd’œilversnouspar-dessuslecanapé.—J’aibienentenduoùvousparlezd’utiliservotreboucheàbonescient?Il se retourne vers la télévision quand Landen lui donne une claque sur
l’épaule.—Putain!—Tuesvraimentnulcommecoéquipier,grommelleLandenensetournant
versBaileypourluiadresserunclind’œil.JevaismeplacerderrièreLiametluifaisbaisserlatêteenriant.—Tuasdelachanced’êtreinoffensif,Liam.Jeluiébouriffelescheveuxetluipasselebrasautourducoupourluifaire
uncâlin.Liamestunmignonpetit chiotqu’onvoudrait rapporterchezsoipour le
câlineràmort.Ilmesureunmètresoixante-dix,iladescheveuxblondstrèscourtsetunadorablevisagedegrosbébéquivousdonneenviedeluipincerlesjoues.C’estdurdeleprendreausérieux,alorsjelecharrietoutletemps.Maisc’estunboncopainetj’aimebienlevoir.— C’est tordu, Landen. Lyric vient de me classer dans la catégorie des
inoffensifs.Illâchesonjoystick.—J’abandonne.Onvientdemeretirermonstatutd’homme.—Mec!râleLandentoutenreposantluiaussisamanetteetenfaisantsigne
à Bailey de venir s’asseoir sur ses genoux. Tu ne l’as jamais eu pourcommencer.JelâchelecoudeLiametfusilleLandenduregard.Jen’enaipasfiniavec
lui. Je ne lui ai pas encore pardonné le coup de la pizza. J’avais mêmedemandéunsupplémentdebaconsurmamoitié.—N’oubliepas…JesaisislamaindeBaileyetlatiredesgenouxdeLanden.— Six semaines, dis-je fermement, ce qui fait grogner Landen. Viens,
Bailey. Laisse-moi jeter un coup d’œil à ta lèvre avant que jeme retrouvecoincéependantdeuxheuresdevantmonordinateur.Jedoistriercesphotos.
BaileydonneunpetitbaiseràLandenducoindelabouche,enévitantdeletoucheravecsonpiercing,puiselleselèveetmesuitjusqu’àmachambre.J’allumepourregardersa lèvreetm’assurerqu’iln’yaaucuneinfection.
Vu que c’estmoi qui l’ai fait, je ne pense pas.MaisBailey est comme unesœurpourmoietjetiensàprendresoind’elle.— Ça te va vraiment bien, tu sais, dis-je en souriant. Tu ne regrettes
toujourspas?Ellesecouelatêteetseregardedanslemiroirpar-dessusmonépaule.—Pasdutout.Sais-tuàquelpointj’ail’impressiond’êtreunedureàcuire
avectruc?Sontonestamusé.—Ehbien,ilfautquetusoisunesortededureàcuirepourêtremonamie,
dis-jeavecunpetitsourire.Cen’estquejustice.—C’estvraiquetuasunelongueurd’avancesurmoi,avectestatouageset
tesanneauxsurlesmamelons.Etpourlesconneries, tun’espasnonplusladernière.Tupeuxunpeupartager,bonsang.J’aiencoredesprogrèsàfairepourarriveràtonniveau,maisjesuisunpasderrièretoi,bébé,sevante-t-elletandisqu’ellereculeverslaporteenmemontrantsonprofilaveclepiercing.Etjeveuxtoujoursdesdétailssurlevoisinsupersexy.Nepensepasquejenevais pasme précipiter ici dès que Landen et Liam seront partis, parce quec’estexactementcequejevaisfaire.Tuferaismieuxdelecroire.Jeveuxtoutentendreausujetde…attends,c’estquoisonnom?Penseràluimerendànouveaucurieuse.Jenepeuxpasm’empêcherdeme
perdredansmespensées.—Lyric?Laregardant,jehausseunsourciletmedébarrassedemonappareilphoto
quipendtoujoursàmoncou.—Memphis.—Vraiment?Elle réfléchit pendant une seconde avant de répéter son prénom dans un
murmure.— Ça me plaît, conclut-elle. C’est sensuel et mystérieux. Tu ne trouves
pas?—Oui,chuchoté-je.Mystérieux,c’estsûr.Je m’installe devant mon ordinateur et l’allume. J’entends Bailey
s’éloigner, alors je branche mon appareil photo et me détends dans monfauteuilenattendantquel’ordinateurcharge.Lapremièrephotoquiapparaîtàl’écranest celledeMemphis agrippant lepunching-ball, sesmuscles tendussoussontee-shirtblanc.Je déglutis difficilement tout en tentant de repousser les idées qui me
traversent l’esprit –notamment au sujetde cequi se cache sous ce tee-shirthumideetsentirsapeausousmesdoigts.Quelquechosem’attireterriblementchezlui.Peut-êtreest-cesoncôtémélancoliqueoul’opacitédesesémotions.Ilsemble«sombre».Rienquecefaitdevraitmefairefuir,maiscen’estpaslecas.Celamedonneenvied’ensavoirunpeuplus.Onnesedébarrassepascommeçadesvieilleshabitudes…
ChapitreQuatre
MEMPHIS
Appuyéaumur,levisageenfouiaucreuxdemonbras,jeprendsunelongueet profonde inspiration avant d’expirer lentement et de regarder autour demoi.Le fait de me retrouver seul dans le couloir de cette maison vide fait
remonter en moi tous les souvenirs du passé. Quand je ferme les yeux, jerevoislamisèreetlechagrinquil’onthabitéeautrefois.C’estunesensationdifficileàdécrire,etencoreplusdifficileàencaisser.Ilyadansmapoitrineunedouleurquim’oppresseunpeuplusàchaque
inspirationetquirendlessouvenirsdeplusenplusréels.J’aibeaulutterpourrepoussercettesensation, jenepeuxpasl’ignorer.Jelesais.Et je ladétesteavectoutcequej’ai.Unepartiedemoisaitquejedevraissimplementfairemesvalisesetquitter
cetteville,enabandonnantderrièremoicettemaisonetceuxquejeconnais,maismoncœurrefusedepartirtantquejenesuispascertainqu’Alexestensécurité.Jeluiaitoujoursditquejeleprotégeraisquoiqu’ilarriveetjetiensàtenirparole.Quandonm’aenferméenprison,j’aidemandéàmamèredemepromettre
unechose:nejamaislaisserAlexmerendrevisite,mêmes’ilinsistait.Elleatenu cette promesse. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète de moi ou qu’il setortureàcausedecequis’étaitpassécettenuit-là.J’aivulaculpabilitédanssesyeuxquandilsm’ontemmenéetjedoisdirequeçafaitplusmalquetout.Çaetmamère…Rien que de penser à elle, ça me met la gorge en feu. Je déglutis
péniblement,essayantderepousserlasensation,maisçabrûleencoreplus.Ilfaudraitquejeluirendevisite,maisjepensequej’aiencorebesoind’unpeude temps avant de rouvrir cette blessure. Je suis certain que cela va medévaster.Je me repousse du mur et avance dans le couloir jusqu’à la chambre
d’Alex ; du moins jusqu’à la pièce qui lui servait de chambre avant mondépart.Ouvrantlaporte,j’allumeetjejetteuncoupd’œilàl’intérieur.Ildoit
bienyavoir là-dedansquelquechosequimerenseignerasur l’endroitoù ilest : un numéro de téléphone ou une lettre, n’importe quoi. Il n’aurait pasquittélavillecommeçaensachantquej’allaisbientôtêtrelibéré.C’estentoutcas ce que j’ai envie de croire, mais qui sait, beaucoup de choses peuventchangersurunelonguepériodedetemps.Je fouilledans lespapiersqui traînentsursonbureauet regardedansses
tiroirs, laissant un sacré désordre derrièremoi pour en ressortir lesmainsvides.J’aidéjàcherchépartoutailleursdanslamaisonetjen’airientrouvé.Jesuisfurieuxetj’aisoudainl’impressiond’étouffer.Ilfautabsolumentquejefichelecampd’ici.Tropdechosesentroppeudetemps.Sortantprécipitammentdelachambreettraversantlamaison,j’enfilemon
blousonencuiretmedirigeverslegaragepourprendremaHarley.J’adorecette moto. Il m’a fallu une tonne de combats pour économiser afin del’acheter et encore plus de combats pour l’entretenir. Elle représente unebonne partie de ce que je suis, et de l’avoir entre les mains me donnel’impressionderetrouverunpeul’ancienmoi,oudumoinsceluiquej’étaisavantd’allerenprison.Attrapantmoncasque,j’enfourchemamotoavantd’appuyerplusieursfois
sur lestarterafindem’assurerquelemoteurfonctionnebien.Ellecrachoteavantquelemoteurrugisse.Çaveutdirequ’Alexl’aentretenuependantmonabsence.Elleestbonnepourrouler.J’aisoudainunemontéed’adrénaline.Jecroisquejecommenceàprendrevraimentconsciencequejesuislibre.En sortant du garage, je ferme la porte derrière moi et m’arrête pour
mettremoncasque. Jenesaispasoù jevais.Toutceque je sais,c’estqu’ilfautquejebougedelà.Mesyeuxs’attardentuninstantsurlamaisond’àcôtéquandj’entendsdes
voixsuiviespardesrires.Monregardsefixelabeautéauxyeuxvertsquinesaitpascequec’estquelavieprivéed’unvoisin.Elleporteunepetite robegrisequimontreses longues jambesgalbéeset
les tatouages qui recouvrent ses bras. Ses cheveux couleur caramel sonttorsadésetcoiffésdecôté, suruneépaule,cequi luidonneun looksexyetaguicheur.End’autresmots,c’estunepècheressetentatrice.Ellesedirigeversunevoiturenoireavecsesamis,maisellenemequitte
pasduregard,cequifaitaccélérermoncœuretrendmespaumesmoites.Laprofondeur de son regard rend presque impossible de détourner les yeux,
même si je sais que je le devrais. Elle me pousse déjà dans mesretranchements,maispasquestionquejelalaisses’approcherencoreplus.Jen’aipasl’habitudedem’ouvriràquiquecesoit,etjenevaiscertainementpascommencer maintenant, d’autant plus que je n’ai pas l’intention de traînerdanslecoin.Jedoisreconnaîtrequejenem’attendaispasàcequedesgensviventdans
cettemaison.J’yaipassélamajoritédemonadolescencetoutseul.Monpèremefaisaitcroirequec’étaitunputaindecadeauqu’ilmefaisait,quandtoutcequ’ilvoulait,c’étaitquejenesoispasdanssonchemin.Rienquelefaitdemevoirlerévulsait.Pourlui,riendecequejefaisaisn’étaitassezbien.Pourtant,c’étaitleshérifdelavilleetonauraitpus’attendreàcequ’unshérifsoituntypebien,ouaumoinsuntypecorrect,quandenfaitilétaittoutlecontraire.J’ailongtempscherchésonboncôté,jevoulaisvraimentletrouver,maiscelan’avaitétéqu’unelonguelistededésillusions.Repoussantcespensées,jemedétournedesonregard,m’engagesurl’allée
et roule au hasard jusqu’à ce que j’aie l’impression de pouvoir à nouveaurespirer.Celasembleprendreuntempsinfini,maisfinalement,jeressensunpeudesoulagement.Pasbeaucoup…maisunpeu.Même si j’avaisbesoind’être seul ; vousne l’étiez jamaisvraimentdans
cettevillepourrie.Toutlemondeseconnaît,cequiamènevosinformationspersonnelles et privées à êtremises à nues à la vue de tous. C’est une desraisonspourlesquellesjevoulaism’échapperd’ici.Jenemesuisjamaissentilibre,pasmêmeavantd’êtreemprisonné.Aprèsunmoment,jemeretrouveauboutdel’allée,fixantlelieuoùj’avais
l’habitude de traîner. C’est au milieu de nulle part, caché loin de la rueprincipaleducentre-ville.C’estl’endroitleplusisoléquejepourraistrouver.Àlatombéedelanuit,celieuseraremplidegens.Àpartirdumomentoùj’aieuquinzeans,j’aipasséchaqueweek-endici,et
mêmequelquesnuitspendantlasemaine.C’étaitmaseulelibérationdetoutelamerdequisepassaitdansmavieàl’époque.Mêmesij’étaistoujoursmisendanger ici,c’était leseulendroitoùjemesentaisvraimentenpaix,ainsiqueleseulendroitquimepermettaitdelaissersortir toutemafrustrationetderespirer.Me tenir icimaintenant, tendait tous lesmuscles demon corps alors que
j’imaginais la libération que cet endroit m’avait autrefois apportée. La
douleur qui parcourait mon corps à chaque coup que je prenais etl’apaisementquejeressentaisàchaquecoupquejedonnais.Ici,jen’avaisaucunelimite.Jen’avaispasbesoindem’arrêteretréfléchir
à quoi que ce soit. Tout ce que j’avais à faire, c’était de laisser la chaleurpasserdansmesveinesetrelâcherlabêtequidevenaitdeplusenplusdifficileàapprivoiser.C’estdevenuunechosesanslaquellejenepouvaispassurvivre,etàcausedecela,j’aiblessébeaucoupdegens,etj’enaidéçuencoreplus.Contractantmamâchoire,jepousseungrognementdefrustrationavantde
remontersurmamoto.Jerouleunmoment,perdudansmespensées,puisjedécided’allerauBlue’sBarandGrill – ledernier endroit où jedevraismemontrer, mais j’ai besoin d’une échappatoire avant de perdre le peu decontrôlequimereste.Lorsque j’arrive auBlue’s, le parking est presque plein ; bon, c’est vrai
qu’il n’est pas très grand,mais pour un lundi soir, c’est bondé. Je garemamototoutaufondetj’ignoreletraficdesgensentrantetsortantalorsquejemedirigeverslebâtiment.Quelquespersonness’arrêtentpourmeregarder,maisjeregardedroitdevantmoietcontinued’avancer.Celaressembleexactementàcequec’étaitlorsquej’avaisdix-neufans:les
mêmestablesrondesmerdiquestachéesdecerclesblancs,unetabledebillard,de la fumée de cigarette persistante et de deux cibles de fléchettesélectroniquesquifonctionnentàpeine.Lamusiqueestbruyanteetl’éclairageestfaible,cequinemedérangepasparcequejenesuispasicipourêtrevuou pour socialiser avec qui que ce soit. Cela m’attire habituellement toutesortedeproblèmes.Regardant droit devant moi, je repère un tabouret vide au bar que je
m’empressederejoindre,m’yinstallantetfaisantsigneà lafilleblondequisertaubar,toutensortantmonportefeuilledemapoche.— Ça sera quoi ? me demande-t-elle d’un ton distrait, tout en posant
bruyammentquelquesbièressurlecomptoiretensouriantaugroupedevantelle.—Unebièreetunwhisky.Uneminuteplustard,elleposedevantmoiunedosedeJacketuneMiller.—Sixcinquante,dit-elled’untonpressé.Etilfautmemontrervotrecarte
d’identité.
Reconnaissantlavoix,jelèvelesyeuxetregardefixementleprofild’Ava.J’ail’impressionqueçafaituneéternitédepuisquejel’aivue,etjenepeuxpasm’empêcherderessentirunpeudebonheurdevoirqu’ellevabien.Elleest trop occupée à communiquer avec un autre client pour me remarquer,alorsjesorsunbilletdedixetjeleposeàcôtédesamain.Jenesaispasdutoutcommentellevaréagir.—Jen’aipasdecarted’identité,Ava;entoutcaspasunequisoitvalide.Uneexpressiondesurprisepassesursonvisageetelleprenduneprofonde
inspirationavantdeleverlesyeuxversmoi.—Oh,monDieu.Elleportesamainàsaboucheavantdesepencherpar-dessuslecomptoir
et d’enrouler ses bras autour demon cou. Elleme serre très fort avant deparler.—Memphis!Bonsang!Elles’écarteetessuieunelarmequiperleàsonœil.—Tuesde retour.Quandes-tu…?Jenesaispasquoidire.Quandes-tu
sorti?Je prends une grande inspiration et avale rapidement le shot de whisky
avantdecroisersesyeuxnoisette familiers.Jevois l’espoireneux,mais jesaisquecequ’elleespèren’arriverajamais.Cequenousavionsappartientaupassé et cela n’avait jamais été sérieux. Il n’y a pas de retour possiblemaintenant.Jesuisprêtàpasseràautrechoseetj’avaisespéréquec’étaitdéjàfaitpourelle.—Ava…—Quoi?murmure-t-elleetellecommenceàsedirigerversmoi,comme
pourm’inciteràl’embrasser,réduisantladistanceentrenous.Cela ne fait que confirmer que j’ai bien interprété ce qu’il y a dans ses
yeux:l’espoirquenousreprendronslàoùnousnoussommesarrêtés.—Jet’aiditdem’oublierlorsquetuesvenuemevoirenprison.Jen’aipas
changé d’avis. Toi etmoi, nous savons que je ne suis pas fréquentable. Enplus,jen’aipasl’intentionderestertroplongtempsdanslesparages.Elle acquiesce d’un signe de tête et se force à sourire, en essayant de
dissimulersadéception.
—Jesais,jesais…Elles’essuiedenouveaulesyeuxetsepencheencoreplussurlecomptoir
afindetouchermonvisage.—Jesuisdésolée.Celafaitsilongtempsettum’astellementmanqué.J’attrapesamainetlarepousseaussicalmementquejelepeuxpournepas
tropl’humilier.Ellesecouelatête,commesielles’éveillaitbrusquement.— Je suis passée à autre chose,Memphis,mais ça n’empêche pas que tu
m’aiesmanqué.Paslapeinedem’envouloirpourça.Jen’ypeuxrien,sijetiensàtoi.Jeprendsunegorgéedemabièretoutenlaregardantdanslesyeux.Ellea
l’air nerveuse, comme si elle cachait quelque chose. Elle avait toujours ceregardquandelles’apprêtaitàmedireuntrucquiallaitmedéplaire.—Merde,Ava.Crachelemorceau.Elle détourne le regard un instant, tout en semordillant l’intérieur de la
joue.Quelqu’unàl’autreboutducomptoirl’interpelle,maisellelèvelamainpourlefairetaire.Déglutissant,elleregardepar-dessusmonépauleavantdemarmonner«Et
merde»entresesdentsetenagrippantletorchonposésursonépaule.Jesensqu’onm’effleurel’épauleetjecrispeaussitôtlamainsurmabière.—Qu’est-cequisepasse,chérie?Ceconnardt’ennuie?Lavoixfamilièremefaitbouillir lesang.C’estcecondeLaneRyder.La
dernièrepersonnequej’avaisenviedecroiseravantdepouvoirpartirdecetroupourri.Serrant lamâchoire, je lèvema bouteille de bière avant de faire craquer
moncou.Restecalme.Restecalme,putain.Avapassenerveusementsamaindanssescheveuxetm’imploreduregard
pour que je ne fasse rien de stupide. Je dois vraiment rassembler toutmonsang-froidpournepasmeretourneretdonneràRyderlaracléequ’ilmérite.—EhbienAva,tuvasrépondreouilfautquejedemandemoi-mêmeàce
connardcequ’ilteveut?—VraimentAva ? dis-je d’un ton détaché.Bon choix. Je te croyais plus
exigeante.
AvajetteunregardinquietducôtédeRyder,maisjecontinuederegarderdroitdevantmoi,sachantquesijelevois,çavaexploser.Jenepourraispasmeretenir.J’attrapetranquillementmabièreetjeboisuneautregorgée.J’entendsunrirerauqueavantqu’uneépaulefrappelamienne,meprojetant
contrelecomptoir.—Ehbien,voyez-vousça.Çafaitdéjàsixans?J’ail’impressionqu’iln’y
enaeuquedeux,maisjesuiscertainqueletempst’aparupluslongqu’àmoi.Je serre la bouteille et je bois encore une gorgée, me préparant aux
stupiditésquinemanquerontpasdes’échapperdesabouche.Jesenssonsoufflechaudàcôtédemonoreille,puisilricanedenouveauet
prendlabièrequ’Avavientdeposerdevantlui.—Jepensaisquetuseraisbientroplâchepourtemontrerparici.Tuasune
sacréepairedecouilles,Carter.Ça,jelereconnais.Toutenluttantpourconservermoncalme,jefaissignedumentonàAvade
meresservirunwhisky.Elleme jetteun regardd’excuseavantd’attraper labouteilledeJacketderemplirmonverreàrasbord.Elleleglissedevantmoiavantderegarderderrièremoi.—Ryder,dit-elled’untonhaché.Nefaispasça.S’ilteplaît.Pasdebagarre
ici, bon sang. Je suis déjà sur le point de perdremon travail.C’est stupide.Oublieça.C’estdupassémaintenant.Tendant le bras versmon shot, je l’avale d’un coup et je ferme les yeux
alorsque labrûlure remplit lentementmagorge,maisne fait rienpourmecalmercommejel’avaisespéré.J’ouvrelesyeuxpourreposerleverrevide.Lorsquejeregardepar-dessusmonépaule,jeremarquelafilledelamaisonvoisineentrerensueurethorsd’haleine.Ellelèveundoigtetsourittoutenluttantpourreprendresonsouffle.—Remets-moiça,Ava.Puisellesepenche,écartedesonvisagesescheveuxhumidesetsetourne
légèrementdansmadirection,sesyeuxseposantsurmoi.Ellesembleunpeusurpriseetquelquepeuexcitéedemevoir,maisellelecacherapidement.— Ce sera plutôt un double, ajoute-t-elle à l’intention d’Ava, ses yeux
plongeantdanslesmiens.
Jemeperdsdanssonprofondregardvertavantquemesyeuxs’égarentsurlapeaulisseethumidedesesseins,quibrillechaquefoisquesapoitrinesesoulèveetretombe.Elledevaitdanslegroupeêtreentraindedanserlorsquejesuisentré.Putain!Ladernièrechoseàlaquellejedoispensermaintenant,c’estdeladébarrasserdesapetiterobeetimagineràquoicelaressembleraitqu’ellehurlemonnom.Jereportemonregardsursesyeuxpourlesvoirfixéssurmontorse.Ses
yeux m’évaluent lentement avant de remarquer que je la regarde, et elleconcentresonattentionsurAva.—Biensûr,Lyric.AvalanceunregardprudentàRydertoutenreculant.—Jerevienstoutdesuite.Elleserrelamâchoiretoutennousmontrantdudoigt.—Pasdeproblème.Compris?—Ouaip.Biensûr,bébé.Pasdeproblème.Ryderprendunsiègeàcôtédemoietportesabièreàsabouche.Jepeux
presque imaginer le sourire narquois sur son visage alors que ses yeux seplantent sur le côté de mon visage, et cela ne fait que nourrir mon feuintérieur.La seule chose que je peux faire pour l’ignorer est de concentrermonénergieailleurs,alorsjereportemonattentionsurlesyeuxdeLyricetjesoutienssonregard,sentantmonrythmecardiaquesecalmerunpeu.Elle reste là, respirant toujours lourdement tout en reflétantmon regard.
Ellesembleperduedanssespensées,commesielleprenaitunmomentpouressayer de me comprendre. C’est la dernière chose qu’elle devrait vouloirfaire.Mamâchoire tressaute tandisquesesyeuxdescendent jusqu’àmes lèvres,
puisremontentjusqu’àmesyeuxavantqu’elledéglutisse.JesenslesouffledeRyderprèsdemonépaule,maisjegardemesyeuxsur
Lyric,luttantpourgarderlecontrôle.—Tuascomprisqu’Avaestàmoi,trouducul?Ils’approchedemonoreilleetlaisseéchapperunpetitrire.—Neluiparlepas,nelaregardepasetneposesurtoutpaslesmainssur
elle.Tuasdéjàfaitassezdedégâtsdanscetteville.Jefinismabièreetclaquelabouteillesurlecomptoir,prèsdeperdremon
sang-froid.Si unmotdeplus sort de saputaindebouche, jevaisperdre lecontrôle.Lefaitdemeconcentrersurellenevapasfonctionnerlongtemps.LesyeuxdeLyricsedéplacentdemoiversRyderavantqu’elle fasseune
grimace.—Arrêted’êtreunconnard,Ryder.Ilnetedérangepas.Avarevientdevantnousavectroisboissons,nousfaisanttousregardervers
elle.EllelesposeetlanceàLyricunregardnerveuxavantdesoupirer.— Je vais les mettre sur l’ardoise de Ryder puisqu’il agit comme un
véritableabrutiencemoment.Lyricattrapeundesverresetlepousseversmoiensouriant.—Profite,dit-elle.C’estdelapartdeRyder.Ellejetteàcedernierunregardmauvaisetprendlesdeuxautresverres.—Arrêtedeluichercherdeshistoires,Ryder,sinonlaprochainefoisque
tuviendrasmevoir,jeteferaispayerdouble.Landentecherche.Ellemelanceundernierregardavantdedisparaîtredanslafoule.Autantje
veuxmedétourner,j’ensuisincapablejusqu’àcequ’ellenesoitplusvisible.Maintenant,jeressensvraimentl’enviedesortird’ici.Me levant, je laisse tomber un billet de vingt sur le comptoir tout en
replaçantmonportefeuilledansmapochearrière.—Jem’envais,Ava.Jejettemabouteillevidedanslapoubelleàcôtéd’elleetprendsunelongue
gorgéeduverrequeLyricadéposédevantmoi.—Mercipourlesboissons.Je me retourne et me prépare à partir, luttant avec tout ce que j’ai pour
ignorertoutcequeRydervientdedire.Lameilleurechosequejepuissefaire,c’estdepartir.—Disbonjouràtamèrepourmoi,ditRyderenlaissantéchapperunpetit
rire.Oupas…Sesmotsmefontperdrelecontrôle,etavantquejepenseàcequejefais,
moncoudefrappel’arrièredesoncrâne,sonfronttapantviolemmentleboisducomptoir.J’appuie mon coude sur sa nuque de toutes mes forces, tout en lui
murmurantàl’oreille:— Si tu oses encore dire quoi que ce soit à propos de ma mère ou de
quelqu’und’autredemafamille,jetejurequejetetue.Jeserrelamâchoiretandisquej’augmentelapressionsursanuque.—Tuascomprismaintenant!Je recule lentement, en prenant une longue inspiration et en regardant
autourdemoi.Tout lemondedans lebarnousobserveet j’entendssoudainunnomêtremurmuréautourdelasalle.Jesuisentraindeperdrelespédales.Il fautque je sorted’ici leplusvitepossible.Lapiècecommenceà tournerautourdemoi.Jesuisderetourenvilledepuismoinsd’unesemaineetjevaisdéjàêtrele
sujetprincipaldediscussion.Ehbien,merde.Agrippantsonvisage,lesangcoulantsursamain,Ryderselèved’unbond
desontabouretetmepousseversl’arrière.—Espècedemerde!IlregardederrièreluiversAvaquiestmaintenantaccrochéeaudosdesa
chemiseetquiluiditdes’arrêter.Ilrepoussesamainetmepointedudoigt.—Tu as de la chance que nous sommes au travail dema nana, sinon je
n’aurais pas laissé ça glisser. Oh, et ai-je mentionné que mon père est lenouveaushérif?Tuferaismieuxdefaireattention.Avaagrippeànouveausachemise.—C’estbon,jesaisAva.Lâche-moi.Passantma langue surmes dents, je recule etme retourne, sortant de là
aussi vite que possible avant de blesser quelqu’un d’autre. Je me fraie unchemindanslafoulegrouillanteetmedirigeversmamoto,monsangpulsantdansmesveines.Aumomentoùjetendslebrasversmoncasque,j’entendsdespasderrière
moi.Jemeraidis,mepréparantàlabagarre,quandjemeretournepourvoirLyricsetenantlàenhaletant,ledevantdesarobehumide.
—J’aibesoinqu’onmeraccompagneàlamaison.S’approchant de moi, elle saisit mon casque et le met sur sa tête. Je la
regardealorsqu’ellemecontourneets’installeàl’arrièreenenroulantundesesbrasautourdemataille.—Pourquoitarobeest-ellemouillée?dis-jeenserrantlesdents,me
demandantsijedevraisretourneràl’intérieuretdemanderdescomptesàquelqu’un.— J’ai jeté mon verre sur Ryder et malheureusement, quelqu’un m’a
bousculée par-derrière. Cela ne s’est pas passé comme je l’avais prévu.Maintenant,jesuisprêteàpartiravantqueBaileymetrouveetrâleaprèsmoiquej’aigâchélasoirée.Sonemprisesurmoiseresserrealorsqu’elleposelespiedssur lescale-
pieds.—Jesuisprête.Jepenchelatêteetfaisunpetitsourireavantdedémarrerlemoteur.—Laprochainefois,netetienspasaussiprèsetviselevisage.Lavodka
danslesyeuxçafaitmal,tupeuxmecroire.Çabrûlecommel’enfer.—Compris,répond-elleavecunepointed’humouravantdeseglisserplus
prèsdemoisurlesiègeetdesecolleràmoi.—Jesuisprêtepourunechevauchée,alorsassure-toid’allervite.Jen’ai
rienàvoiraveclesfillesquetufréquentesd’habitude.Neteretienspas.Voilàunechosequejepeuxfaire…
ChapitreCinq
LYRIC
LecorpsdeMemphisrestetendutoutaulongdutrajet,etjedoisadmettrequej’aimelasensationdesoncorpsfermesousmesdoigts.Chaquefoisquemonemprisesurluisemodifie,sesmusclesseraidissentencoreplus,commes’iln’avait pas l’habitude d’être touché. Cela me donne encore plus envie debrisersesbarrièresetdeletoucher.Bienentendu.Dèsquenousnousarrêtonsdevantchezmoi,ilagrippemamainetm’aide
à descendre de lamoto,mais plus vite que je l’aurais voulu. J’ai gâché uncocktailpourluietilnepensequ’àsedébarrasserdemoi.—Rentreetva techanger,m’ordonne-t-il.Puis reviens. Jevais t’attendre
ici.—Jetedemandepardon?J’espèrequ’ilnemeprendpaspourunedecesfemmesquiobéissentaux
typesaudoigtetàl’œil.Cen’estpasdutoutmongenre.Jenereçoisd’ordredepersonne,pasmêmedelui.—Jet’emmènechezmoi.—Ahoui?Quiadécidéça?—Moi.Maintenant,rentreetvatechanger.Jeme rapproche de lui et pointemon doigt sur son torse, ajoutant de la
pressionpourunmeilleureffet.—Nemeparlepassurcetonoutuvasm’énerver.Compris?En souriant, il baisse les yeux surmon doigt avant de l’attraper et de le
repousser.—Jen’aimepasl’idéedetelaisserseulecheztoiaprèscequis’estpassé
aubartoutàl’heure.SiRydervientàtamaisoncesoir,complètementsoûleténervéquetuaiesjetétonverresurlui…Ilmarqueunepauseetlèvelesyeuxpourcroisermonregard.— Je veux être là pour te protéger. Tu as pris ma défense. À moi,
maintenantdefairequelquechosepourtoi.Crois-moi,jen’invitepassouvent
lesgenschezmoi.Jedéglutisetfaisunpasloindelui.Jeremarqueunepetitemarquerouge
laisséeparmonongleaucentredesapoitrine,justeau-dessusdelapointedeson tee-shirt à col en V, là où j’avais posé mon doigt, et je ne peux pasm’empêcherdemesentircoupable.Ilbaisselesyeuxverslamarque,puismeregarde,avecuneexpressionneutre.—Désolée,dis-jedansunmurmure.Jemedétourneetfaisquelquespasversmamaison,puisjem’arrête.—Pourquoifaut-ilquejemechange?Qu’est-cequinevapasavecceque
jeporte?Ilpasselamaindanssescheveuxébouriffésetlaisseéchapperunsoupirde
frustration.—Parcequesitunelefaispas,laseulechoseàlaquellejeseraicapablede
penserseradeteplaquercontreunmuretdetebaiserdanstouteslespiècesdelamaison.Maintenant,vatechanger.Etmetsunsurvêtementsipossible.Jeressensunevagued’excitationàcesmotsetjepeuxpratiquementsentir
mesjouesvireraurougebetterave.Unepartiedemoiestexcitéed’entendreça sortir de sa bouche, et l’autre partie n’arrive pas à croire qu’il vientd’admettreuntrucpareil.Pour une fois, je reste sans voix et je suis complètement trop assommée
pourtrouverunerépartie,alorsjemecontentedemarmonnerquejerevienstoutdesuiteetjem’éloigneleplusvitepossible.Jemedébatsavecmacléquejefaistomberenessayantdedéverrouillerla
porte. Je l’entends rire derrièremoi quand jeme penche pour la ramasser.Apparemment,sesmotsm’affectentplusqu’ilsl’auraientdû,etmaintenant,illesait.Unefoisentrée,j’entendslemoteurdesamoto.Jejetteuncoupd’œilpar
lafenêtreetjeconstatequ’ilrouleverssongarageavantdecouperlemoteur.Ilapeut-êtreraisondem’emmenerchezlui,maisiln’apassonmotàdiresurcequejedoisporter.Ignorantsarequêtedeporterunsurvêtement,jemeglissedansmonboxer
roseencotonetmonpetithautblanc,biendécolleté.Ildoitcomprendrequejen’obéis pas très bien aux ordres. C’est ce que je porte lorsque je veuxme
sentiràl’aise.Jen’aiaucuneraisondechangermeshabitudesjustepourlui.J’attacherapidementmescheveux,attrapemonappareilphotoetenfilemes
sandalesavantdeclaquerlaportedemachambrederrièremoi.Un cadre tombe du mur et se brise en touchant le sol. Ce ne sont que
quelques gros morceaux de verre, mais il fait sombre, et la moquette estsombreaussi.—Merde!C’est une photo de Bailey et Landen qui date de la période où ils
commençaientàsortirensemble.Mepenchant,jeramasselecadreetposesurlecomptoirdelacuisineavant
de retournerdans lecouloiretde ramasser rapidement lesbrisdeverre. Jesursautealorsquejesenslapointed’unpetitmorceaumepercerlapeau,mecoupant.—Doublemerde.Jesuistroppresséepourm’inquiéterd’unepetitecoupure,alorsjedéchire
rapidement une serviette en papier et l’enroule autour demamain avant desortirsurleporcheetdeverrouillerlaported’entréederrièremoi.Lorsque jeme retourne, je rentre pratiquement dansMemphis. Il se tient
justederrièremoi,lesbrascroiséssurlapoitrine.Dèsquesesyeuxseposentsur ce que je porte, il grogne et enlève son blouson, le drapant sur mesépaules.Ilesttellementgrandquejenagededans.—Ilnefaitpassichaudqueça.Tuauraisputecouvrirunpeuplus.Toutenm’agrippantauxpansdublouson,jeluiemboîtelepasjusqu’àchez
lui.—Jen’aipas froid.En fait, jepréfère le froidà lachaleur.Tuauraispu
gardertonblouson.Ilsetourneversmoietpousseungrognementagacé,enmeregardantdroit
danslesyeux.—Tesmamelonssontdurs,Lyric.Alorssoittuasfroid,soittuesexcitée.Ilouvrelaportedugarage.—Oulesdeux.Etdanslesdeuxcas,ilvautmieuxquetutecouvres…pour
notrebienàtouslesdeux.Crois-moi.
Ilme fait signed’avancer avantdeme suivre et de fermer laporte. Je ledévisageavecunfroncementdesourcils,énervéeparsonattitude.—Tuestoujoursaussichiantouc’estjusteavecmoi?—Celachangerait-ilquelquechose?Ilseretourneetpassedevantmoi,enévitantdemeregarder.—J’essaiedebienmecomporter, alors s’il teplaît, reste couverte.C’est
mieux?—J’étaispressée.Tum’asfaitmedépêcher,dis-jeavecunfroncementde
sourcils.Turéagiscommequelqu’unquin’ajamaisvuunepairedeseins.—Cen’estpasleproblème,grogne-t-il.Jerefermelespansdublousonsurmoietnepeuxm’empêcherderespirer
son odeurmasculine.Aussi dingue que cela puisse paraître, je crois que jepourraislereniflertoutelanuit.Traitez-moidefoldingue,jem’enmoque.Jen’aijamaissentiquelquechosed’aussisexydetoutemavie.C’estpeut-êtreunconnard,maiscelaneveutpasdirequejedoism’enprendreàsonblouson.Avantmêmequejem’enrendecompte,nousnousarrêtonsdanslacuisine
etiltendlamainversleréfrigérateur.Ilensortunebouteilled’eau,dévisselebouchonetlafaitglissersurlecomptoirprèsdemoi.—Voilàdel’eau.Jen’aipasencoreeuletempsdefairedescourses.Ilya
quelquesbiscuitssalésàgrignoterdansleplacard,situasfaim.Jehochelatêteetilpointeledoigtverssaréserved’en-cas.—Moijedescends.Toiturestesici.Jeprendslabouteilled’eauetboisunepetitegorgée.—Pourquoi faire ?Etque suis-je censée fairealors ?Resterplantée ici
commeuneidiote?Il tourne la tête sur le côté et soupire, avant dememontrer le salon.On
diraitquemaprésenceluipèsevraiment.—Mets-toiàl’aise.Jevaisrevenir.Toutcequejetedemande,c’estdene
pasfouilleretdenepasdescendremerejoindre.Ilsedétourneets’agrippeaucomptoiravantdelerelâcherensoupirant.—Boisl’eau.Tuasl’aird’enavoirbesoin.
—Commetuvoudras,dis-jedansunmurmurealorsquesesyeuxtombentsurmamainquitientlabouteille.—C’estquoicebordel?Il s’approche demoi plus vite que je l’ai vu bouger auparavant. Sans un
mot,ilmeprendlabouteilledesmains,lajettedecôtéetdéroulelaservietteenpapierquienveloppemablessure.—Quandt’es-tufaitça?—Est-cequec’estimportant?J’essaiedeluiretirermamain,maisillaserreencoreplusfort,m’arrêtant.Ilexaminelapetiteentailleavantdem’entraînerversl’évieretd’ouvrirle
robinet.—Nebougepas.Jerevienstoutdesuite.Ilplacemamainsousl’eauetdisparaîtdanslecouloir.Enregardantdeprèsmablessure,jemerendscomptequel’entailleestbien
plusprofondequejenelepensais.Iln’yatoutdemêmepasdequoipaniquer.Je reste là pendant quelques minutes, commençant à penser qu’il s’est
perdu, lorsqu’il revient du couloir avec une trousse de première urgence.Fermantlerobinet,ilmesaisitparleshanchesetmesoulèvepourm’asseoirsurlecomptoir.Jenepeuxpasm’empêcherdemeperdredanssonexpressionconcentrée
alorsqu’ilnettoiedoucementmacoupureet ladésinfecte.Il lefait tellementméticuleusementquej’ail’impressionqu’ilafaitçadesmilliersdefois.Ilal’airdesavoirexactementcequ’ilfait,etmonventreseremplitdepapillonsàlapenséedecethommegrandetfortprenantsoindemoi.Nonpasquej’enaie besoin. Je n’ai jamais eu besoin qu’on s’occupe demoi et ce n’est pasmaintenantqueçavachanger.Toutenattrapantunpansement,ilfaitinconsciemmentcourirsesdoigtsle
longdemonbrasavantd’enveloppermamainetdeleverlatêtepourcroisermonregard.Sesyeuxs’emplissentdedouceurpendantunbref instantavantqu’ilremettesesmursenplaceets’éclaircisselagorge.—C’estmieux. Jevais teprêter la trousseafinque tupuisses tenettoyer
demainaussi.
Jeleregarderefermerlatrousse.—Merci,dis-jedansunmurmure.—Jereviens.Détends-toiunpeu.Jeleregardealorsqu’ils’éloigne,melaissantperchéesurlecomptoir,
encoresouslecoupdecemomentdetendresse.Cen’estpasexactementcommentj’avaisimaginéquesedérouleraitlasoirée,maisunepartiedemoiappréciaitcemoment,mêmesilerestedelanuitvacertainementcraindre.Je m’amusais. Nous nous amusions tous… jusqu’à ce que Memphis se
montreetque toute l’atmosphèresemblechanger.Ryders’est transforméenunvéritableconnardetd’autrespersonnesdans lebarontparuplus tenduesqu’ellesl’étaientavantdevoirsonvisage.Jen’aipascomprispourquoi.Celam’arenduecurieuse.PuislorsqueRyderacontinuéàdéblatérersurMemphisaprèsquecederniersoitsorti,jeluiaidemandédes’arrêter.C’estunechosequejedéteste.Situasquelquechoseàdiresurquelqu’un,dis-luienfaceoututetais.Ryderestvenuseplanterdevantmoi,pourmemontrerqu’ilenavaitdans
leslip.—Pourquoi,parcequetuveuxlebaiser toiaussi,commeAva?Ehbien,
faislaqueueaveclerestedessalopes.Un seulmot, et j’ai perdu le contrôle. Je lui ai lancé le contenu demon
verredessus.Ça,c’estmaréactionquandjeveuxêtrepolie.Jenevoulaisriend’autrequeluifrapperlevisage.Jen’avaispasressentiçadepuislongtemps.Àcemoment-là,j’aisuquejedevaissortirdelà,alorsj’aicourudehorsenespérantrejoindreMemphisafind’éviterderentreràpiedentalonshauts.J’aieudelachanceetjeneluiaipaslaissélechoix,maisj’aibienvuqu’iln’étaitpasravidemefairemontersursamoto.Et merde. Qui sait quand il reviendra. Il est probablement en train de
m’évitermaintenantquej’aivusoncôtétendre.Jesauteàbasducomptoiretentre dans le salon. C’est accueillant, mais masculin. Je m’installe sur soncanapénoirbien rembourréet jepasseennouveauen revue lesphotosquej’aiprisesdecettefillenomméeJennaetdesonpetitami.J’aifaituneséancedeuxsemainesauparavantdanscemagnifiqueparc,maispouruneraisonquej’ignore,jen’aipasencoreréussiàenchoisirdix,etencoremoinspourleslui envoyer. Peut-être que je deviens trop exigeante et rien n’est assez bien
pourmoi.Oualorsc’estmapassionpourlaphotoquis’étiole.Jesuisdanscesalondepuisaumoinstrenteminutes–peut-êtrequarante–à
faire défiler mes photos et à supprimer celles que je n’aime pas, quandj’entendslavoituredeBaileysegarerdevantlamaisonvoisine,mettantfinàmonsupplice.—Oui!Ilétaittemps!Jem’ennuieàcrever!Jemelèved’unbondetvaisregarderau-dehorspar lafenêtre.Baileyest
debout près de sa voiture, dans les bras de Lander, et elle tapotefrénétiquementsurleclavierdesontéléphone,l’airaffolé.C’estàcemoment-làquejemesouviensquej’ailaissélemienàlamaison
et qu’elle doit se demander où je suis passée. La connaissant, elle doitcomplètementpaniquermaintenant.Ellesaitquejesuistoutàfaitcapabledemedébrouiller touteseule,maisquandmême…elles’inquiète,et jedevraisluidirequejevaisbien.Il faut simplement que je prévienne Memphis, que je le remercie de
m’avoirlaisséeseuledanslesalonetquejerentrechezmoi.Laseulechosebien qui me soit arrivée ce soir, c’est d’avoir bu quelques gorgées de maboisson.Lecocktaild’Avaétaitunepuremerveilleavantque je le renversesur Ryder etmoi-même.Maintenant, je n’ai plus qu’une envie :me glisserdansmonlitdouilletetprétendrequecettenuitmerdiquen’ajamaisexisté.Je traverse le couloir en cherchant la bonneporte et je réaliseque jeme
tiensdevant elle lorsque j’entendsunemusique rock et le sondequelqu’unfrappantquelquechose,violemment.Memphis doit être en train de défouler sa colère et la frustration sur un
punching-ball–probablementunsemblableàceluiquejel’aivufrapperdanslegaragel’autrejour.Combiendepunching-ballsunhommea-t-ilbesoin?Unegrandepartdemoimeditdemeretourneretdepartirsansleprévenir,
maisuneautresesentmalàcettepensée,mesouvenantdel’inquiétudedansses yeux lorsqu’il m’a demandé de venir chez lui. Il connaît visiblementmieuxRyderquemoi,alorsj’aifaitconfianceàsonjugement,etlasincéritédanssonregardétaitréelle.C’étaitunmomentdefaiblesse,maiscemomentadepuislongtempsdisparu,merciàsonattitudedeconnard.Ouvrantlaporte,jedescendslentementl’escalier,l’écoutantgrogneralors
qu’il évacue sa frustration. Je dois l’admettre, il n’y a rien de plus
étrangement sexy qu’entendre ses grognements ; au point que j’ai presqueenviedem’asseoir etde le regarder frapper sespoingsdans le sac, tout ensueur et hors d’haleine. Cette pensée me donne des frissons, mais je lessurmonteetjecontinueàavancer.Unefoisquej’arriveaubasdesmarches,jeregardeautourdemoipourle
voirdeboutsanstee-shirtetensueur,lesmusclesdesondosbougeantalorsqu’ilcontinueà frapper legrossacnoirdevant lui. Il faitunpeusombreetc’estpresquedifficilede levoirdecettedistance,alors jem’avanceunpeudanslesous-sol.Chaquemouvementdebalancierdupunching-ballsembleaugmenterlefeu
enluialorsqu’ilcontinuededéfoulersacolère.Jenel’aijamaisvusanstee-shirt.Bonsang!ilmelaissesansmoirienqu’envoyantsondos.Chaquemuscle de son dos est défini et souple, changeant visuellement à
chaque coup constant sur le sac en face de lui, s’arrêtant seulementoccasionnellementpouressuyerlasueurdesonfront.Ilyaaussiuntatouageénormequis’étendsursondosetsurlequelonpeutlire:Nerecule jamais.Bats-toi.EtleOdumot«toi»setransformeenunrubanrosepourlecancerdusein.Celafaitsedissipermacolèreàsonencontreetmepermetdeméditersur
labeautéquis’offreàmoi.Ilavisiblementeuquelqu’undanssafamillequis’estbattuecontrelecancerdusein,etvoircerubansursondosprouvetoutsimplement à quel point il a été un soutien pour cette personne.Ceci est lavéritablebeautépourmoi.Jeme surprends à attrapermon appareil photo, à retirer le capuchon de
l’objectif et à prendre quelques photos de lui par-derrière. Avec chaquemouvement qu’il fait, les photos semblent devenir de plus en plusétourdissantes.Lecorpshumainestunechoseextraordinaire,etlesienestuneœuvred’art.Jecontinueàprendrequelquesclichésjusqu’àcequ’ilsefigeetagrippelesac.C’estalorsquejeremarquelegrandmiroirsurlemurdevantlui.Ilmeregardemaintenant.Voulant capturer son visage, je prends quelques clichés supplémentaires
alors qu’il se retourne. L’expression sur son visage est à la fois intense etsexy.Ilserrelamâchoireetfaitquelquespasversmoi,s’arrêtantàquelquescentimètres devant moi. Ses yeux glacés plongent dans les miens, la sueurcoulantsursespaupièresetsurlestraitsvirilsdesonvisage.
—Jecroyaist’avoirditderesterenhaut.Bonsang,Lyric.Savoixestépaisseetsèchealorsqu’illuttepourreprendresarespiration.Jedéglutislorsqu’ilattrapemonappareiletledécrochedemoncou,pour
leposersurunmeuble.Mesyeux–lestraitres–s’aventurentmalgrémoilelong de son torse, de ses abdos, se posant directement sur les muscles enforme de V qui mènent sous son jean. La ligne étroite et humide de poilsbrunsmemetpresquel’eauàlaboucheensongeantàcequ’elleconduit.— Je pars, dis-je précipitamment, ne sachant pas comment réagir
maintenant que ma résolution s’effondre. Je suis venue pour te prévenir.Maintenant,rends-moimonappareilphotoquejepuissem’enaller.Ils’avanceversmoijusqu’àcequejesoisbloquéeparlemuravecsesbras
m’emprisonnant. Il inspire profondément, tout en se penchant vers moi,jusqu’à ce que ses lèvres ne soient plus qu’à quelques centimètres desmiennes.Noscorpsnesetouchentpas,maisçamefaitautantd’effetques’ilssetouchaient.Monsouffles’accélère.Jesenssonhaleinementholée,avecunmélanged’alcoolfortalorsqu’elleeffleuremeslèvres.—Tuaimesmeprendreenphoto,Lyric?Ilpressesoncorpsunpeuplusprès,maisilnemetouchetoujourspas.Je
doisêtredingue,parcequemoncorpsleréclameàgrandscris,maintenant.—Jepeuxmemettrenuettelaisserprendreautantdephotosdemoiquetu
veux, tant que tume promets de gardermon blouson sur toi. Est-ce que tuveux?HeinLyric?Parcequejenepeuxpasfaireplus.Jeluttepourretrouvermonsouffleavantdeposermesmainssursontorse
moite et je le repousse fermement. Il nem’amême pas effleurée et je suistellementexcitéque jenepeuxpasempêcher l’humiditéquicommenceàsecréerentremesjambes.Rienquedepenseràsoncorpsnuetensueur,çamerenddingue.Lefaitqu’ilm’offredelevoirnu…Non,jenepeuxpas.Ilfautquejeparted’ici.—Cen’estpasparceque j’aime teprendreenphotoque j’ai enviede te
voir nu. Ça veut simplement dire que… laisse tomber. Je n’ai pas à mejustifieravectoi.Jem’envais.Jeledépasseetrécupèremonappareilavantdereplacerlecache.—JevaisteraccompagnerafindevérifierqueRydernerôdepasdansle
coin.Il filedans l’escalieret jem’empressede lesuivre. Jen’aipas l’habitude
d’avoirunhommequimeprotège.Çamefaitundrôled’effet.C’estagréable,reposant, mais d’un autre côté, je me sens diminuée. Je me suis toujoursenorgueillied’être suffisamment fortepourm’occuperdemoi-même. Jenecomprendspascebesoinqu’iladevouloirmeprotéger.Jelerattrapeenfinetilsetientsurleseuildelaportedugarage,appuyéau
chambranle.Ilnesetournemêmepasversmoipourmeparler.—Ilsembleraitquejen’aipasbesoindeteraccompagner.Ilmebalayeduregarddelatêteauxpieds,s’arrêtantsurmesseinsunbref
instant, puis il se détourne en se passant nerveusement la main dans lescheveux.—Gardemonblouson,jelarécupéreraiplustard.Etpuiscommeça,ils’enva.Je baisse les yeux vers mes seins pour voir que mes mamelons sont à
nouveaudurs,leurspiercingspointantsousletissumoulantdemonhaut.—Super!Jesuispratiquementsûredesavoirquandcelas’estproduit.Memphisnu…n’ypensemêmepas.JedépasseuneBaileyetunLandenmédusés,etjevaism’enfermerdansma
chambre.Oublieça,Lyric.Maisc’estplusfacileàdirequ’àfaire…
ChapitreSix
LYRIC
Cela fait près d’une semaine que je n’ai pas vuMemphis et je ne peux pasm’empêcherdemedemanderoù il estpassé. Jeveuxdire,quidisparaît surune moto sans un sac ou des affaires personnelles et reste absent aussilongtemps?Est-ceétranged’admettreque jesuisunpeu inquiète?Jene ledevraispas,pourtantc’estlecas.Jemesuissurpriseàprendremonappareilpourvisionnermesphotosde
lui à plus d’une occasion, depuis qu’elles ont été prises. J’en ai mêmetéléchargé quelques-unes sur mon ordinateur et je les améliorées. Non pasqu’elles aient vraiment besoin de l’être. Il se dégage quelque chose detellementbeaudeluiqueçafaitpresquemaldelesregarder,etpourtantjenepeuxpasm’enempêcher.Honnêtement,jen’enaipasenvieLa dernière fois que je l’ai aperçu, il partait de chez lui. Il était presque
minuitetjen’arrivaispasàdormir.Lebruitdesamotoaattirémonattentionetpuisquej’étaisdéjàassiseprèsdemafenêtre,j’airegardédehors.Ilportaitun tee-shirt blanc, un jean décoloré et de vieillesChuckusées. Ses cheveuxsombresétaientdresséssursa têtecommes’ilavait tirédessus.Cettevisionm’anouéleventrepouruneraisonétrange,maisj’aifaitdemonmieuxpourrepoussercettesensation.Ilfautcroirequ’ilasentiquejeleregardaisparcequ’auboutdequelques
secondes…sonregardacroisélemien.Danslenoir,jen’aipasbienvusonexpression, mais d’après ce que j’ai pu apercevoir… il avait l’airextrêmement stressé et mécontent. Il m’a fixé un instant, perdu dans sespensées,puisils’estdétournéetilafilé.Je me souviens qu’il faisait froid cette nuit-là et je me suis demandé
pourquoiiln’étaitpasrevenurécupérersonblousonavantdepartir.Depuis,jenequitteplusceblouson.Jel’emportemêmeavecmoiausalon,aucasoùilenauraitbesoinlorsquejenesuispaschezmoi.Ça peut sembler stupide, vu qu’il ne sait pas où je travaille, pourtant j’ai
l’impressionqu’ilmetrouveraitfacilements’illevoulaitvraiment.JepousselaportedeverreduRavageTattoosetjefaisunsignedelatête
versStylesquiesten traind’enfournerunbeignetentierdanssabouche. JemelaissemachinalementallercontreRyanquidéposeunrapidebaisersurmajoue. Ilssemblent tous lesdeuxàmoitiéendormisetsur lepointde tomberdanslespommes.—Hé,lesgarçons.Lanuitaétécourte?Je leur adresseun sourire, appréciant secrètement de leur état lamentable
avant de fouiller dans la boîte pour trouver un beignet. Je mords dedans,gémissantalorsquelasaveursucréefonddansmabouche.Jefermelesyeuxpourajouterdel’effet.Peuimportequivousêtes,personnenepeutrésisteràunbeignet.—Mmm…c’estdélicieux.Jemelèchelesdoigts.—Ilssontfraiscettefois.Vousm’impressionnez.Je pose le blouson deMemphis et bâille avant de prendre une deuxième
bouchéedemonbeignet.Ryan tend le bras vers le blouson en cuir et le soulève avec un sourire
malicieux.—Pourquoitraînes-tuceblousontouslesjoursavectoi?Il le pend près demoi, pourmontrer qu’il est vraiment trop grand pour
moi.—Tupeuxme ledonnermaintenant.Arrêtedeprétendreque tun’aspas
penséàmoi.Lescadeauxsonttoutàfaitacceptables.Jefourredansmabouchelerestedemonbeignetetarracheleblousonde
MemphisdesmainsdesRyanquisecontentedefaireunegrimace.—Occupe-toidetesaffairesRy.Tun’aspasuntatouageàfaireouunefille
àdraguer?dis-jesuruntonsarcastique.Jevaisdansmacabinepréparermonmatériel,etavantquetumeposeslaquestion,NON,jenetemettraispasundeuxièmepiercingaupénis,paslapeined’insister.—Conneries,marmonne-t-il.Tuvasmelefaireavantquejequittelaville,
parcequejenefaisconfianceàpersonned’autreavecuneaiguillesiprèsdemaqueue.Tu asun répit aujourd’huiparceque j’ai unvieux copainqui vapassersefairetatouer.Et,jenepeuxpasmeprésenterdevantluienérectionetlaqueuequipalpite.
Ryantravaille icicommetatoueur,mais ilvapartirenmars,cequi laissesixmoisàStylespourluitrouverunremplaçant.Ilpeutêtrecarrémentchiant,maispourlestatouages,jedoisadmettrequ’ilestundesmeilleurs.Jeseraispresquetristelorsqu’ils’enirasimplementparcequesonartvamemanquer.—Danscecas,jepeuxfaireuneexception.Jepeuxt’accorderdixminutes,
situveux.Jereculeversmacabineensouriantetenhaussantunsourcil.—Fais-moisavoirsituchangesd’avisRy.Jesuisdansmacabinedepuisdixminutes,quandonfrappeàmaporte.Je
ne me retourne même pas, tellement je suis sûre que c’est Ryan qui vientencoreme supplier de lui faire unpiercing aupénis,mais je reconnais desvoixdefillessuiviespardesriresnerveux.Je lève les yeux pour voir deux filles brunes sur le seuil. Elles ont l’air
effrayées, comme si elles craignaient que je les morde ou quelque chosecommeça.Onnepeutqu’aimerlesinnocentessitôtlematin.—D’accord,mais c’est toi qui commences. C’était ton idée, Kim, dit la
pluspetitedesdeuxenpoussantsacopinedevantelle.—Salutmesdemoiselles.Jelessalueenmelevantd’unbondetjevaismeplanterdevantKim.— Donc c’est vous ma première victime de la journée ? Où le voulez-
vous?Jeregardesapeausansdéfautetdécidedem’amuserunpeuavecelle.Jene
suis pas encore bien réveillée et j’ai besoin d’un peu de divertissement. Lajournéevaêtrelongue.—Vosmamelonsouvotreclito?LesyeuxdeKims’écarquillentainsiqueceuxdesonamie.— Ni l’un ni l’autre ! lâche rapidement l’autre fille tout en serrant les
jambesetens’éclaircissantlagorge.Vousnefaitespasqueça,n’est-cepas?Jecroise lesbrassurmapoitrineet je leur lanceun longregardsérieux,
lesfaisantseraidir,avantdeleurfaireunsourireamusé.—C’estuneblague.Paslapeinedestressercommeça.Ilfautbienqueje
m’amuseunpeu.
Jedécroiselesbrasetlesfaisentrer.— Je perce tout ce que vous voulez, y compris les deux endroits que je
viensdeciter.J’ouvremestiroirsetcommenceàsortirdesaiguilles.Sijedevaisparier,
je dirais qu’elles sont là pour un piercing au nombril. Je peux dire ce queveulent mes clients avantmême qu’ils aient ouvert la bouche, dans quatre-vingtspourcentdescas.—Jeeuh…Jepensaisàunpiercingaunombril.Kimsetourneverssacopineetlaprendparlebraspourl’attirerverselle.—EtAmyaussi.Aucunesurpriseici.Jem’installe surmon tabouret et pivote pour faire un doigt d’honneur à
Ryanalorsqu’iltented’entrerdansmacabine.Illèvelesbrasavecunairdevaincuetrepart.Ilsaitqu’ilnefautpasjoueravecmoisitôtlematin.—Prenezunsiège,victimenuméroun.Kim,c’estça?Jelaregardeavecunpetitsourire.—Victimenumérodeux,tenezlamaindeKim.J’ail’impressionqu’elleva
enavoirbesoin.Ilmefautprèsdequaranteminutespourveniràboutdecesdeux-làet je
dois dire que je n’en suis pas étonnée. Elles ont failli se lever une bonnedizainedefois.J’aidûleurdired’arrêterdejouerlesgamines,parcequeleshommesn’aimaientpasça,etdeselâcherunpeu.Jen’enpouvaisplus,j’étaisàdeuxdoigtsdem’arracherlescheveux.Jesuiscontentequ’ellespartent.Jeretournedanslesalonpourvoircequefontlesgarçons.Ryanestassis
surundesfauteuilsdejeuetparleavecAce–l’autreartiste-tatoueurdusalon.Ace ne possède rien du brave type passe-partout. Il est grand et mince,
blond,avecdesyeuxgris,etilestcouvertdetatouagesdespiedsàlatête,saufle visage, où il n’a qu’un piercing à la lèvre inférieure et un au sourcilgauche.Je dois reconnaître que lorsque j’ai commencé à travailler ici, j’ai été
attiréepar lui,maisaprès l’avoirvudraguer impunément toutes lesfemmesquipassaientàsaportée,j’aichangéd’avis.
Prenant place sur le canapé, jem’installe confortablement et observe lesgarçons.—Vousn’enavezpasassez,decejeu?JejetteunmagazineàlatêtedeRyanquimefaitsignedemetaire.—Et je croyais que tu avais un client qui allait arriver ?Ça fait plus de
quaranteminutes.—C’estlecas.Ryanbaisselesyeuxsursamontreetselève.— Il devrait être làd’uneminute à l’autre, en fait.Ce type est toujours à
l’heure.—Alors il est revenu, hein ? demandeAce en se levant à son tour et en
venantmerejoindresurlecanapé,oùilinstallemesjambessursesgenoux.Çafaitquoi…presquesixans?—Oui.C’étaitunesalehistoire,situveuxmonavis.Ryanmeregardeenhaussantunsourcil.—Tuferaismieuxdenepas t’approcherdemonclient. Ilestdangereux.
Trèsdangereux.Ilricaneetfaitdansersessourcilsenmelançantunregardaguicheur.—Maisjeteprotégerais.—Quiestdangereux?ditunevoixeninterrompantnosplaisanteries.Etpasn’importequellevoix…Memphis…Moncœurrateunbattement.Ilbaisselesyeuxsurmesjambessurlesgenouxd’Aceetserrelamâchoire
avantdesetournerversRyan.—Merde,monpote.Ryan attrape la main de Memphis dans une de ces poignées de mains
masculineetl’attireàluipouruneétreinteavecbras.—Bonsang,tuesdevenusupercostaud.Tuesprêtàreprendrelescombats
danslaruelle?Memphissecouelatête,toutens’écartant.
—Non.Jenefaisplusça.IlbaisseànouveaulesyeuxsurAceetmoisurlecanapéalorsqu’Acelui
tendlamain.—Toutvabien,mec?Çafaitplaisirdeterevoir,ditAceavecunsourire.
Tuasl’airenforme.Memphis se contente de hocher la tête, puis sa mâchoire se crispe
légèrementalorsquesesyeuxcroisentlesmiens.—Lyric,mesalut-il.Qu’est-cequetufaislà?RyansegrattelatêteetsonregardpassedeMemphisàmoi.—Commentdiableest-cequevousvousconnaisseztouslesdeux?—C’estmonvoisin,luidis-je.—Elleamonblouson,enchaîneMemphisavecunpetitsourire.—Ehbien,tun’espasvenulerécupérer.—Ilétaitévidentquetuenavaisplusbesoinquemoi.Jenesaisplusquoirépondreàcetteconversationétrange,ettoutlemonde
nousobserve.Jenem’attendaispasàcequ’ilvienneiciaujourd’huietjedoisreconnaîtrequemoncœurbattroisfoistropvite.Auboutdequelquessecondesd’unsilenceinconfortable,Ryansedécideà
parler.—Bon,jenecomprendsrienàcequisepasseentrevous,maisjenevais
pasdemander.—Ilnesepasserien,répondMemphisavecunlégergrognementtouten
baissantlesyeuxsurlamaind’Acequireposesurmesjambes.Jesuisprêt.J’attends que les garçons disparaissent pour interrogerAce.Mais je suis
tellementpressée,quejepeuxàpeinerespirer.—Parle!VousêtesdesamisdeMemphis?Jeretiremesjambesdesesgenouxetjemeredresse,curieused’ensavoir
plussurmonmystérieuxvoisin.J’aidelachancesij’arriveàtirerdeuxmotsdecedernier.Cen’estpasparluiquejedécouvriraisquoiquecesoit.—Pasvraiment.ÀpartTrevoretsonfrère,cemecn’apasd’amis.—Pourquoi?
JemerapprochepourêtresûredenepasêtreentenduedepuislacabinedeRyan.—Oùétait-ilpendanttoutcetemps?Pendantquoi…sixans?Aceselèveensecouantlatête.—Cen’estpasàmoideteledire.Ilvafalloirquetuluiposeslaquestion,
maisbonnechancepourqu’ilteréponde.Ilessaiedes’éloigner,maisjeleretiensparlebras.—Dis-moiaumoinsquelquechose.Illaisseéchapperunsoupirdefrustrationetsemetàsucerl’anneaudesa
lèvre.— Il a euuneviedemerde et je supposequ’il envit uneplutôt solitaire
maintenant.Ilmeregardedanslesyeuxetrecule.—IlfautquejemepréparepourLuke.Ilvaenfinvenirpourquejefinisse
sondos.Quellelavette,dit-ilenriant.Bonnechance,monange.—Mercipourrien,dis-jedansunmurmure.Je reste assise là, perdue dansmes pensées pendant unmoment, avant de
décider d’aller dans le couloir vers de la porte de la cabine deRyan. Je nedevraispas,maisjenepeuxpasm’enempêcher.La porte est légèrement entrouverte, alors je la pousse et je reste sur le
seuil,àregarderensilenceafindenepasdistraireRyan.Memphisestallongésurledos,torsenu,lesyeuxauplafond.Lavuedeson
profilmedonneunepetitepousséed’adrénalineetmenoue leventre. Il estencoreplussexyquandilestconcentré.J’avalemasalivequandsesyeuxrencontrentlesmiens.—Jepeuxentrer?—Çachangeraitquelquechosesijerépondaisnon?—Probablementpas,admis-je—Donc,non.Ettun’astoujourspasréponduàmaquestion.Ryanlèvelesyeuxdel’aiguillequ’ilvientdetremperdansunedesencres
poséesdevantlui.
—Continuezàparler.Cetteétrangeconversationestenfaitdivertissante.J’entredanslapièceetvaism’installersurundestabouretsdel’autrecôté
delatable.—Jetravailleici.Jefaisdespiercingsaupénis,siçat’intéresse,dis-jeafin
d’obteniruneréactiondesapart.Çanefaitpassimalqueça.Jeseraidouce.Il se tourne pour me faire face et Ryan commence à lui tatouer le côté
gauchedelacagethoracique.—Etsijenevoulaispasquetusoisdouce?Mon cœur s’emballe. Je ne m’attendais pas à cette réponse et je dois
admettrequ’ellem’exciteunpeu.—Tuaimesladouleur?Jefaistoutcequejepeuxpournepasrougir.—Plusquetunepeuxl’imaginer,répond-ild’unevoixlégèrementaltérée.
Jeterejoinsdanstacabinequandnousauronsterminé.Attends.Quoi?—Pourquoi?UnPrinceAlbert?Mavoixtrahitmanervosité.—Pourmonblouson,répond-ilenricanant.Maisjesuisravidesavoirque
tu serais prête àm’arracher la queue.Nousparleronsdepiercingsun autrejour,quandj’auraiplusdetemps.— Holà, commente Ryan en levant les yeux de son tatouage. Personne
n’auradepiercinggénital tantque tun’auraspas faitmonsecond.C’estmaqueueouaucune.LesnarinesdeMemphis frémissentalorsqu’ilme regarde,mais ilnedit
rien.—Lyric !appelleStylesdepuis lecouloir,nousfaisant tousnous tourner
verslaporte.Jemelève,jetantundernierregardàMemphisavantd’essayerdejeterun
coupd’œilàsontatouage.Pasdechance.—Jedoisyaller,lesgarçons,etamènetonpénisàquelqu’und’autre,Ry.—Merde,marmonneRyan.Tuvoiscommentonmetraiteici?Conneries.
Dèsque je sorsde lapièce,Stylesm’attrapepar lebras etm’entraîneunpeuplusloindanslecouloir.—Bonsang.Ilyaquelqu’unquit’attenddanstacabine.Dépêche-toioutu
esviré.—Noussavonstouslesdeuxquecesontdesconneries,Stylesalorsarrête
destresser, luidis-jepour le taquineralorsquejereculeversmacabine.Jesuistropdouéepourquetutedébarrassesdemoi.J’ai le tempsde le voir sourire, avant demedétourner et de refermer la
portederrièremoi.
Durantl’heurequisuit,j’enchaînelesclients.Entrechacund’eux,jevaisfaireuntourpourdiscuteravecAceetStyles,maislaportedeRyanestfermée.Ildoittravaillersurungrosprojetetjesuiscurieusedevoirlerésultat.UneclienteunpeudéjantéevientpourAceetjeretournem’asseoiràmon
bureaudansmacabine,pourtravaillersurundessinquej’aicommencéilyaquelquetemps.Jenesuispastrèsdouéeendessin,maisj’airemarquéquecelafaitpasser
letempslorsquejesuiscoincéeicietquejem’ennuieàmourir.Unpiercingest beaucoup plus vite fait qu’un tatouage, alors forcément, je suis moinsoccupéequelesautres.Perdue dans mes pensées, je ne me rends pas compte que quelqu’un est
entrédanslacabine,jusqu’àcequejesenteunsoufflechaudsurmanuque.Jen’aimêmepasbesoindeme retournerpour savoirque c’estMemphis. J’aireconnusonodeur.— Je vois que tu as des talents cachés,memurmure-t-il à l’oreille.Non
seulementtuescapabledemeprendreenphoto…nu,maistupourraisaussimedessiner.J’aimeça.Jemesensrougiretj’aitoutàcouptrèschaud.Unsourirenerveuxapparaît
sur mes lèvres, mais je m’efforce de l’effacer avant de me tourner versMemphis.Il est toujours torse nu, mais son tatouage tout frais est recouvert d’une
pellicule de plastique. Je n’arrive pas à voir précisément ce que c’est,maiscelaressembleàunprofildefemme,lescheveuxauvent.
—Toujoursaussiindiscrète.Ilmesurprendàregardersonnouveautatouagealorsilenfilesontee-shirt
noiretattrapemondessin.—C’estunsacrébelarbre.Ondiraitqu’ilyaunvisageentrelesbranches.
Combiendetempscelat’aprisdeledessiner?Je laisse échapper un petit soupir et souffle surmes cheveux afin de les
dégagerdemesyeux.—Environdeuxmois.Jenedessinequelorsquejem’ennuieautravail.Ce
n’estpasgrand-chose.Ilreposeledessindevantmoietmelanceunregardsérieux.—Cen’estpasrien.Tudevraisêtrefièredetontalent.Monfrère…Ilsedétourne,lesnarinesfrémissantes,etsetaitbrusquement.—Peuimporte.Sesyeuxseposentsursonblousonquej’aiaccrochéaufonddelacabine.—Rapporte-moileblousonplustard.Ilcommenceàfairefroiddehors,tu
devraisleporterpourrentrercheztoi.Jemelèveetmeprépareàallercherchersonblouson,maisilm’attrapele
braspourm’arrêter.Sonpouceeffleuremapeaunue, faisantaccélérermoncœur,avantqu’ilmerelâcherapidement.— Porte-le pour rentrer chez toi et retrouve-moi chezmoi plus tard, ce
soir.Ilfautquej’yaille.Avant que j’aie eu le temps de répondre, il est parti. Je l’entends dire au
revoirauxgarçonsdanslesalonalorsqu’ilseprécipitedehors.Maispourquoimeperturbe-t-ilcommeça?
ChapitreSept
LYRIC
CommeLandenetlesgarçonsdoiventtravaillertard,Baileyetmoipassonslasoiréeensemble.Celafait troisheuresquenousbuvonsduvinenregardantde vieilles photos qui datent demon installation ici.C’est dingue toutes lesconneries que nous avons pu faire, toutes les deux. Je suppose que c’estnormalquandonadix-neufansetqu’onestimmature.Memphisnesetrouvaitpaschezluiquandjesuisrentrée,alorsjemesuis
dit que je lui rapporterai son blouson plus tard, quand j’entendrai samoto,maispourl’instant,aucunsignedelui.C’estçamasoirée.J’attendsl’arrivéeduvoisin…Génial!—Oh…qu’est-ceque…C’étaithilarant!Bailey m’agite une photo sous le nez et éclate d’un rire hystérique,
renversantdumêmecoupduvinsurmonpied.— C’est le jour où nous avons fait à Landen cette coupe de cheveux
ridicule,tutesouviens?Jetejurequej’enaifaitpipidansmaculotte.Je lui arrache la photo des mains et l’écarte un peu de mon visage de
manièreàlavoir,aulieudel’avoirsurlabouche.J’encrachemonvin.D’uncôté du crâne, Landen n’a plus que quelques touffes de cheveux éparses etdresséessur la têteetde l’autre ilacarrémentdes trous. J’étais soûleet j’yétaisalléeunpeufortaveclesciseaux.Jen’arrêtaispasdedirequejesavaiscequ’illuifallait,quejemesentaisinspirée,etjeluiaisaccagésacoupeavecbeaucoupd’assurance. Jem’étais tellementdéchaînéequ’il avaitdû se raserentièrementlecrâne.Tout en essayant de reprendremon souffle, je m’agrippe au tee-shirt de
Bailey.—Bonsang!Jen’arrivemêmeplusàrespirer,dis-jeentredeuxfousrires.
Jedoisavouerquenousavonsbeaucoupricesoir-là.Jeposelaphoto,melèveetattrapemonverre.—Bon,çasuffit.Jenepeuxplusregardercesphotos.Ellessontimprimées
dansmon cerveau,maintenant, et la plupart sontmauvaises de toute façon,
soitditenpassant.—Commetuvoudras,merépondBailey.Plusdephotos.Ellerepousseletasdephotosetselèved’unbond.—Jen’aimepasl’allurequej’avaisàcetteépoque.Franchement.Situétais
vraimentunebonnecopine,tum’auraisditquej’étaisatroce.Regardeunpeumessourcils.Ondiraitquej’aideuxgrosseschenillessurlefront.Cen’étaitvraimentpassexy.Elle me suit jusqu’à la porte et s’arrête derrière moi en regardant par-
dessusmonépaule.—Tu attends notre voisin super sexy ?C’est aumoins la vingtième fois
queturegardesparcettefenêtredepuisledébutdelasoirée.Arrêteunpeuetamuse-toiaveclananalaplusgénialequetuconnaisses.C’estmoi,aufait.Aucasoùtuteposeraislaquestion.Jenepeuxpasm’empêcherderire.—Etqu’est-cequeçapeuttefaire,quej’attendeMemphis?Jeportemonverreàmeslèvresetm’adosseauchambranledelaporte,en
essayantdedissimulerunsourire.—Tuvaspeut-êtredirequejesuisdingue,maisj’aimebienunpetitdéfide
tempsentemps.Tucomprends?Elleacquiesceetmeprendmonverre,enattendantlasuite.Jelèvelesyeux
aucieletsoupire,maisjepoursuis.—J’enaiassezqueleshommesbaissentleurpantalondèsquejeleurjette
uncoupd’œil.C’estcommesileshommessontprêtsàcoucheravecchaquefemmequicroisesaroute.Memphis…ilestdifférent.C’estcommes’ilavaitpeurdemetoucher.Ilyaquelquechosedecachéaufonddeluiquimedonneenviedemieuxleconnaître.Tutrouvesçabizarre?Baileyvidemonverreetsecouelatêtecommeunelunatique.—Non,dit-elleens’essuyantlementon.Pasdutoutbizarre.Ilesttrèsbeau
etmystérieux.Jeveuxdire,quinevoudraitpassavoircequ’iladanslatête,oucoucheraveclui?Tucomprendscequejeveuxdire?Elle m’adresse un clin d’œil et essaie de remuer les sourcils en même
temps.Raté.
—Tuesvraimentunegrossecochonne.Jetiresurl’anneaudeseslèvresetellepousseuncridedouleur.—Jecroisquetunedésinfectespasassezcettelèvre.—Quoi?Nefaispasl’innocente.Ellehausselesépaules.—Nous savons toutes lesdeuxque tupensesqu’il doit avoirunegrosse
queue.Elle se pourlèche les lèvres puis faitmine de faire une fellation avec sa
main.—Ettuaimeraisbiensavoirquelgoûtellea.Nous tournons toutes les deux la tête vers la route en entendant rugir la
moto de Memphis. Tous les rires s’arrêtent et tout autour de nous cessed’exister.Soudain,nousnoustenonsensilence,leregardantcommes’ilallaitnous faire un striptease couvert de chocolat.Dois-je préciser que j’aime lechocolat…beaucoup?— Bon sang, murmure Bailey alors qu’il disparaît dans son garage et
fermelaportederrièrelui.C’estlemomentdetentertachance.Ellesesecoue,commesielleétaitprised’unfrisson.—Mmmm… Je ne dirais pas non. Qu’est-ce qu’il peut être sexy sur sa
moto!Landenmetueraits’ilsavaitlespenséesquecethommememetdanslatête.Ilfautabsolumentquej’aieunéchantillon.Jepeuxvivretoutçaàtraverstoi.Jeluireprendsmonverredevindesmainsetvaisleremplirànouveau,car
j’enaivraimentbesoin.—C’estpeut-êtredéjàfait,luidis-jeenmeléchantleslèvres.Mmmm…et
peut-êtrequ’ilétaitvraimentdélicieux.Baileyenrestebouchebéedesurprise.—Quiestlacochonnemaintenant?Espècedetentatrice.Tun’aspasintérêt
àmecacherquoiquecesoit!Jeprendsquelquesgorgéesdevin,toutenregardantlemurquientourela
maisondeMemphis.Devrais-jeluirapportersonblouson?Jeboisdepuisaumoins…troisheures.Bonsang,celafaitbeaucoupdevin.
JereposemonverreetpassedevantBaileyensouriant.—Jereviens.JepeuxgérerMemphis;mêmeaprèsun,deux,trois…septverresdevin.—Attends!Tunepeuxpasmelaissertoutdesuite.Landenneserapasde
retouravantunebonneheure.Elle fait une tête de chien battu et je lève les yeux au ciel.Heureusement
pourmoi, je neme laisse pas facilement attendrir, sinon je resterais ici, àboireverreaprèsverrejusqu’àcequejenepuisseplusrespirer.—Oùvas-tu?—Laporteàcôté.— Quoi ? Mais pour quoi faire ? Oooh… Je ferais peut-être bien de
t’accompagner.Unefoisdansmachambre,jemeretournepourluifaireface.—Jeluirapportesonblouson,c’esttout.J’attrapeleblousonetlejettesurmesépaulestandisquejeladépasse.—Jenepensepasquecesoitunebonneidéequetuviennes.Iln’estpastrès
sociable.Restelàetlave-toilabouche,espècedevicieuse.—Tucrains!mecrie-t-elletandisquejem’éloigne.—Dis-moiquelquechosequejenesaispas.Aumoins,jesuisdouée.Jesuissur lepointde traverser l’étendueherbeusepour longer legarage
deMemphis,quandBaileymerattrapeetmefourremonappareilphotodanslesmains.—Prendsencoredesphotossexy.J’enveuxd’autres.Tuasbu,doncilne
suspecterarien.Jet’adore,ajoute-t-elledansunhoquet.Jelaisseéchapperunrireamuséettentedeluirendrel’appareil,maiselle
reculeensuçantsonanneau.Elleaussi,elleatropbu.—Jenevaispasentrerchezluietluidemandersijepeuxlephotographier,
Bailey.Jevaisjusteluirendresonblouson.J’enaipourdeuxminutes.Tiens,jen’aipasbesoindeça.Jeluitendsdenouveaumonappareil.Ellesecouelatêteetseretourne,enmarchantencrabeverslamaison.
—Jenetelaisseraipasrentrersitunerapportespasdesphotosdecedieudusexe.Donc,àtoidevoir…Ellehoquètedenouveauetlèveundoigt.—Aumoinsune.Jereste làalorsque je laregardes’enaller,surprisequ’ellenes’écroule
paslatêtelapremièresurl’herbe.J’auraispayécherpourvoirça,etcelanefaitprobablementpasdemoilameilleuredesamies.Quelques secondes plus tard, j’entends claquer la porte d’entrée de notre
maison,puisBaileyapparaîtàlafenêtreetmesouritenagitantlabouteilledevin.—Quellepetitepute,dis-jeentremesdentsserrées.LadernièrechosequejeveuxestqueMemphiss’imaginequejevienschez
luipourleprendreenphoto,alorsjepassemonappareilautourdemoncou,maisjelefaispasserdansledos.JevaistuerBaileyenrentranttoutàl’heure.Laportedecôtéestouverte,donc jepassepar làet je traverse legarage
faiblementéclairé,maisjem’arrêtepouradmirerlasuperbevoiturequej’aivuel’autrejour.IlfaudraquejedemandeàMemphisl’histoirederrièrecettevoitureundecesjours.Enarrivantdevantlaportequidonnedanslamaison,jem’arrêteetfrappe
plusieursfois,maisilnerépondpas.Jefrappeplusfort.Peut-êtrequ’ilestausous-soletqu’ilnem’entendpas.Jetournelapoignée,cen’estpasverrouillé,doncjepousselebattant.Aprèstout,c’estluiquim’aditdepasser,alorsquejesuiscertainequ’ilne
serapastropencolèredemevoirdébarquer.Je fais rapidement le tourdespiècesdu rez-de-chausséepour les trouver
toutes vides avant de me diriger vers la porte donnant au sous-sol, devantlaquellejem’arrête.Ilm’ademandédenepasyaller ladernière foisque je suisvenue,mais
voussavezquoi?Jenejouepasselonlesrèglesetj’enaiunpeuassezdelefairepourlui.S’ilveutsonblouson,alorsildevrafaireavec.Peuimporte.Je descends lesmarches en l’appelant,mais il ne répond toujours pas. Je
remarquequ’ilyade la lumièrederrièreuneportequidoitêtrecellede la
salledebaindusous-sol,alorsjejetteleblousonsurlegrandlitetregardeautourdemoi.Cetendroitestentrelasalledesportetlachambre.Etsij’enjuged’après
cequejevois,Memphispratiquelecombat…Oulepratiquait.Toutaufond,dansuncoin,ilyaunpunching-ball,unsacdevitesse,deuxlonguescordesépaisses et une sorte de barre fixée au plafond qui doit servir à faire destractions.Etaussitoutuntasdematérielquejeneconnaispas.Onvoitbienentoutcasqu’ils’entraînaitsérieusementetqu’ilfaisaitdela
musculation,raisonpourlaquelleilestaussisexyetimpressionnant.Beauetmusclé,celafaitunhommedangereuxetuneraisonsupplémentairepourmoidegardermesdistances.Jejetteundernierregardsurleblousonquigîtsursonlitetmedétourne,
avecl’intentionderemonter.Lavisiondevantmoivolelesouffledirectementdemespoumonsetpour
uneraisoninconnue,refusedemelerendre.Mauditvin.Mauditsois-tu.Memphisestlà,dégoulinantd’eau,unepetiteservietteautourdelataille.Il
sefrottelescheveuxd’unemainettientlaserviettedel’autre.S’ilteplaît,lâche-la.S’ilteplaît,lâche-la;Jefaisuneffortsurhumainpourmedétourner,jelejure,maisjedoisêtre
honnête–c’esttroptardàcestade.Mesyeuxdescendentlentementlelongdesoncorps,ens’attardantpartoutoùc’estintéressant.Sijeprenaisunephoto,est-cequ’ils’enrendraitcompte?Oh,bonsang…Chaque muscle de ce torse ferme supplie pour que je le lèche. Oh, bon
sang… Ces muscles bien définis qui conduisent à son… je déglutis. Oh,mon….Çaal’aird’êtremagnifiquementproportionné.Oùestlevin?Mabouches’assèche.Jefaisrapidementremontermesyeuxsursonvisage
aumomentoù il tire sur la servietteafinde l’ajuster. Je jetteuncoupd’œiltoutenretenantmarespirationetenprétendantquejen’airienvu,bienquecesoittrèsdifficiledenepasremarquerça.—Je…euh…Jemontrelelitdudoigt.— J’étais venu rapporter ton blouson, comme tu me l’as demandé. J’ai
frappé,mais tun’aspas répondualors je…peu importe. Je suisdésolée, jem’envais.J’auraisdûledéposerlà-haut.Jemedétournepourm’enaller,maissavoixm’arrête.—Jet’aientendufrapper,Lyric.Etjem’attendaisàcequetudescendes.Je
teconnaismieuxquetulepenses.Ilvientderrièremoietposelamainsurmonappareilphoto.—Etj’espéraisquetuapporteraisça.Ilattrapelalanièreetlafaitpasserdevant,puisvientseplacerdevantmoi.Ses yeux d’un bleu glacé me contemplent avec tant d’intensité que mon
cœurs’arrête.—Pourquoi ? dis-je dans unmurmure tout en essayant d’empêchermes
yeuxdes’égarer.—Parcequej’aimeça.Ilfaitcourirsondoigtdemonappareilaucentredemoncorps,entremes
seins,etilmeregardedanslesyeux.—Oui,jenesaispaspourquoi,maisj’aimequetumeprennesenphoto.Ilmarche vers sa commode et en sort un jean avant de laisser tomber la
servietteetdel’enfiler.Jenevaisjamaispouvoiroubliercettepairedefesses.Ilportesonjeannoir trèsbassur leshanches,cequinelaissepasgrand-
choseàl’imagination.Sansparlerdufaitquesoncorpsestencorehumide,cequi fait ressortir ses tatouages. Bailey avait raison. J’adore les hommestatouésetcelui-cinefaitpasexception.—Tuveuxquejeteprenneenphoto?Je le regarde s’avancer vers le fauteuil placé contre le mur, par-dessus
duquelilsepenchepourattrapersaguitare,avantd’allers’asseoirsurleborddulit.—Ouais.—Maispourquoi?Tun’aimespasdiscuter,tupréfèresêtreseul.Pourquoi
aurais-tuenviequejetephotographie?Il est tellement beau avec sa guitare que j’arrive à peine à formuler ces
quelquesmots.Ilfautvraimentqu’ilposecettechoseavantquejecraque.Illèvelesyeuxdesescordesdeguitare.—Parcequec’estplusfacilequeparlerpourmoi;celal’atoujoursété.Ilsoulèveunejambeetposeletalonsurleborddesonlitafindecalersa
guitare, puis il glisse lemédiator entre ses lèvres et gratte quelques cordesavantdeleretirerdesaboucheetdemeregarder.—Tuasdéjàcapturéunedemespassions.Ilpasselalanguesursalèvreinférieureetlamordille.—Tupeuxaussibienlescapturertoutes,Lyric.J’espèreseulementquetu
pourraslesupporter.Moncorpsprendfeuàsesmotsetjedoisvraimentprendresurmoipour
nepasmedétourneretfuir.Mêmesijeveuxqu’ilmelaisseentrer,qu’ilmepermettecelamerendd’unecertainemanièretellementnerveusequej’oubliepresqued’utilisermonappareilphoto…maisseulementpendantuneseconde.Jeveuxdire, jene laissepashabituellementunhommem’atteindrede cettefaçon,maisMemphis…ilrenddifficiledepenserjusteenétantdanslamêmepiècequelui.Jem’éclaircislagorgeetcaressemachinalementmonappareil.—Jenesuispasvenueicipourtephotographier,sic’estcequetupenses.
Jevoulaissimplementterendretonblouson.—Ettul’asfait,alorsmaintenanttupeuxrester.Ilbaisse lesyeuxverssaguitareetcommenceà jouerunmorceauqueje
connais,mais je suis trop sonnéepourme souvenir du titre.Tout ceque jesais,c’estqueçamedonneenviedefairedestrucsbientorridesaveclui.Je commence à prendre des photos de lui en train de jouer, capturant la
beautédesapassiontoutenessayantdeconservermonsang-froid.Lafaçondontsesmusclessecontractentetlavisiondesamâchoirequiseserrealorsquelemorceauaccélèreesttellementsexyquejenepeuxpluslesupporter.Ilfautarrêterçaetvite.Jecommenceàtranspirer.—Posetaguitare,dis-jefermement.Sijedoisteprendreenphoto,alorsje
faisunesessioncomplèteetnouslefaisonsàmamanière.Tupeuxaussibienfairel’expériencedemapassiondelabonnefaçon,etlaguitarecachetropdetoncorps.Pose-la.
Ehbien…Cen’estpassorticommeilfallait.Jeblâmelevin.Illèvelesyeuxdesoninstrument,lamâchoiretoujourscrispée.Sansdire
unmot,ilposelaguitaresurlelitetselève.Sesmusclesdesapoitrinesecontractentaumomentexactoùilmelanceunregardbrûlant.—Trèsbien,dit-ilavecunpetitsourire.Ilposelamainsurleboutondesonjeanetcommenceàl’ouvrir.—Waouh!Qu’est-cequetufais?Ilbaisseunpeuson jean,en s’arrêtant justeau-dessusde labossede son
sexe,puisilmefixedroitdanslesyeux.—Jefaiscequetun’osespasmedemander.J’aibienvutonregardquand
j’aiproposédeposernupourtoi,Lyric.Illèchelacoupuresursalèvre.—Doncjetedonnecequetuveux.Jenesuispasuntimide,j’appelleles
choses par leur nomet ça nemedérangepas demontrermon corps, alorsdis-moicequetuveuxexactementetjeleferai.Moncœursemetàbattresifortquejeneseraispassurprisequ’ill’entende
delàoùilest.Jenem’attendaisvraimentpasàça;pasvenantdelui,maisjenepeuxpasm’empêcherdeledésirerintensément.— Très bien. Accroupis-toi, mets tes mains de chaque côté de ta tête et
regardeparterre.Je le regarde alors qu’il m’écoute. Je ne peux pas nier que j’adore le
pouvoir que j’ai sur lui en ce moment. C’est extrêmement excitant et j’ail’impressionquec’estprobablementlaseuleoccasionquej’auraideressentirça.—Trèsbien.Maintenant,lèvelentementlesyeuxetserrelamâchoire.Sansunmot,ils’exécute.—Parfait,dis-jedansunmurmure.Etjelepense.Ilestparfait.—Maintenant,baisseencorelesyeuxetplielesbras.Ilmeregardedanslesyeuxpendantunesecondeàcouperlesouffleavant
des’exécuter.
—Oui,trèsbien,dis-jedansunhalètement.Jeprendsquelquesclichésdeluidanscettepositionavantdeluidemander
deseplacercontrelemurdufondetd’enfouirsesmainsdanslatailledesonjean.Jen’aipaspurésisteretbonsang,c’estmaphotopréféréede tous lestemps. Le plus cool, c’est qu’il le fait naturellement, sans la moindrehésitation. Je n’ai jamais fait un aussi bon shooting et ça ne fait quecommencer.Ilmedévoreduregard,commes’ilvoulaitm’arrachermesvêtementsetje
ne peux pas détourner les yeux de ses mains qui ajustent son sexe dans lepantalon.Jememordsinconsciemmentlalèvreethoquètedoucement.—Tuaimesça?Ilmeregardedanslesyeuxetcommenceàfrottersonsexequicommence
àdurcirdanssonjean.—Situveuxquejemecaresse…Ilregardemalèvreinférieurequitremble.—Ilsuffitdeledemander.Jet’aiditquejeferaitoutcequetuvoudrais.Jedéglutisdifficilement,enessayantdem’empêcherde luidireceque je
veuxvraiment.Jesaisqueçacraint,maiscequejeveux,c’estlesentirtoutaufonddemoi.Jeveuxqu’ilmeprenne.Jenesaispassic’estlevinquiparleousic’estmoi.Peut-êtrelesdeux.Ne disant pas unmot de peur de lâcher quelque chose que je regretterai
ensuite,etjecontinueàprendremesphotosenretenantmarespirationalorsqu’ilbougenaturellementdevantl’objectif.Au bout d’une heure, nous avons au moins une centaine de photos. Les
seuls mots échangés entre nous sont lorsque je lui donne des ordres. J’ail’impressiondenepasavoirrespirépendanttoutelaséance.Ilyatellementd’autres chosesque j’ai enviede lui demanderde faire.La façondontmoncorpsréagitausienestcomplètementdingue,presqueeffrayante.Assis sur le matelas, il lève les yeux vers moi, me saisit par le bras et
m’attireentresesjambes.Marespirations’altèrealorsqu’ilmeprendparlanuquepourm’obligeràleregarder.—Tupeuxpartir,maintenant.—Attends.Quoi?
Jemerepoussedeluietillâchemanuque.—Alorsmaintenant,tuvassimplementmejeterdehorsaprèsquej’aipris
toutescesphotosdetoipratiquementnu,ettun’asmêmepasladécencedemeparler.Tuesvraimentunconnard.Ilsepasselamaindanslescheveux,fermelesyeux,etsoupire.—Jedoismerendrequelquepart.Cen’estpasunendroitpourtoi.Crois-
moi.Ilselève,attrapeuntee-shirtquitraînesurlelitetl’enfileenpassantdevant
moi.—Tunedevraispasavoirenviedetemontreravecmoi,Lyric.Plustôttu
lecomprendras,etmieuxcesera.Rentrecheztoi.—Etcommentlesais-tu?Tun’asaucuneidéedugenredepersonnequeje
suisnid’oùjeviens.Penses-tuquejenesuisqu’unepetitefillesensiblequivatomberpourtesbonnesmanières–qued’ailleurstunepossèdespas.Je prends une profonde inspiration et essaie de refouler ma colère.
Personnen’ajamaisessayédemerepousserauparavantetjen’aimepasça.—Jepeuxtegérer.J’aiconnupirequetoi.Crois-moi.Unpetitsourireserépandsursonvisagetandisqu’ils’approcheetglisse
unemainautourdemataille.Ilattiremoncorpscontrelesienetjenepeuxempêcher le petit soupir qui m’échappe. Son contact est si puissant que jeperdstoutsenscommun.—Tuvoisl’effetquejetefais?C’estdangereuxpourtoi.Ileffleuremalèvreinférieuredelasienneenmurmurant:—Tu resteras loin demoi si tu sais ce qui est bon pour toi.Maintenant,
rentrecheztoiavantqu’ilsoittroptard.S’écartantdemoi,ilattrapesonblousonencuiretl’enfilesursontee-shirt
noir.—Mercid’avoirrapportémonblouson.—Vatefairefoutre,dis-jeengrognant.Toiettonstupideblouson.Jesuis
tellement fatigué des hommes qui essaient toujours de me dire ce qui estmieuxpourmoi,alorsnet’inquiètepas,jeneviendraiplus.Ilmefaitreculerjusqu’àsonlitetmeretientenenroulantsonbrasautourde
mataille,meserrantfermement.— Écoute, j’aime te voir, Lyric, mais aimer quelque chose n’est pas un
chemin que je peux prendre. Te rapprocher demoi est dangereux pour toi,grogne-t-il.Maintenant,rentrecheztoi.Ilmerelâcheetreculeengardantsesyeuxtroubléssurmoi.L’expression sur son visage alors que je me tourne et m’éloigne, est un
mélange de soulagement et de regret. Je suis tellement énervé contre moi-même,parcequed’unemanièreétrange,celamefaitledésirerencoreplus.
ChapitreHuit
LYRIC
Jesuisassiseàlamaison,regardantBaileypratiquementviolerLandendansle salon, jusqu’àceque finalement, j’enai assez. J’aibesoind’unpeud’airfrais.Pour une raison inconnue, je ne peux toujours pas me remettre de ma
dernièreconversationavecMemphisetcelamedévoredepuis.Jeveuxdire…pourquoi je m’en soucie ? Il n’est rien pour moi, mais ça m’énerve plusqu’autrechosequ’ilme repousse.En fait, je suis tellement encolèreque jen’arrivemêmepasàme forcer àpasser en revue lesphotos,malgré le faitquejesuisvraimentimpatientedelesvoir.Je m’éclaircis la gorge alors que Bailey pose sa main sur le devant du
pantalon de Landen et grogne, prouvant que je suis en fait invisiblemaintenant.Quiabesoindepayerpourduporno?Jel’aidansmonsalon.—Oh, s’il vous plaît, ne vous gênez pas pour moi. Faites comme si je
n’étaispaslà.Landenmefaitundoigtd’honneuretmordillelecoudeBailey,quisemet
àgigotercommeunegaminequiatropbu.—Landen!couine-t-elle.Arrêteça!Arrête!Ohnon,attends…Maintenant,
c’esttropbon.Continue.Levantlesyeuxauciel,j’enfilemavesteetmedirigeverslaported’entrée.—Àplustard,banded’obsédés.Jerevienstoutàl’heure.— Pas de problème… bye… prends ton temps, crie Bailey entre deux
gloussementsJefaisunegrimacedégoûtée.—Oh,c’estexactementcequejevaisfaire,maisvadanstafoutuechambre
cette fois. Je ne paie pas un loyer pour m’asseoir sur un canapé taché desperme.Laprochaine foisquevousbaisezsurmoncanapé,vouspaierez lenettoyage, alors il vaudrait mieux que je ne trouve pas de traces blanchesdégoûtantesenrevenant.
Jesorsenclaquantlaporte,pourbienmarquermonmécontentement,avecl’intentionde grimper dansma Jeep,mais jeme ravise.Ça fait unmomentque jen’aipas faitd’exerciceet jecommenceàmesentiragitée.Unepetitemarchemeferadubienetavecunpeudechance,celacalmeramespensées,ouaumoinsmeferaoublierceconnard.Alors que je marche depuis quelques minutes, mon téléphone se met à
sonner.Jeplongelamaindansmapochedevesteetlesors.Maréactionesttoujourslamêmelorsquejevoissonnomsurl’écran.Jefroncelessourcilsenvoyantlenomdemonpèreclignoter.Celafaitpresquesixmoisquejen’aipasentenduparlerde lui.Celam’énervequ’ils’attende toujoursàceque jeprétendeque tout estnormal etque je soisheureuse lorsqu’il appelle. Jenepeuxpasgérercettemerdepourl’instantetjenevaispaslefaire,surtoutpascesoir.J’enaiassez.Leshommesm’enont fait suffisammentbaver.Sicelui-cim’aapprisune
chose,c’estàmedéfendreetnejamaislaisserquelqu’unmemarcherdessusoumefrapperlorsquejesuisàterre.C’esttoutcepourquoiilaétébon,maiscelaestégalementvalablepourlui.Putaind’hypocrite.—Va au diable, dis-je au téléphone alors que j’appuie sur le bouton de
réponse.Dèsquel’appelseconnecte,jeledéconnecte.Jeglissemontéléphonedansmapocheetsourisintérieurement,maisalors
j’entendsdescrisau loin. Jen’étaispaspréparé ladernière foisque je suistombéesurcetendroit,maisjesuisdéfinitivementprêteàm’amusercesoir.Le vin ne me fait plus d’effet et soudain, j’ai envie d’un genre différentd’effet.Je me dirige vers la foule et me lève sur la pointe des pieds pour
apercevoirlescombattantsaprèsquitoutlemondehurle.C’estdifficiledeledire à cette distance,mais un des typesme semble familier. Jeme fraie unchemindans lafouleafindemerapprocheretc’estalorsque jecomprendspourquoi. C’est ce Trevor dans lequel j’étais rentrée la dernière fois quej’étaisici.Ilcombatuntypegrandetmaigreavecdelongscheveuxblonds.Trevorbalancesoncoudeetfrappel’autretypedanslenez,avantdelever
lesbraspourharanguerlafouletandisqueletypemaigretrébucheenarrière.Il ne dit rien, mais on peut voir dans ses yeux la ruée d’adrénaline qu’ilobtientsousl’attention.J’aivucetteexpressionplusieursfoisauparavant.
Sesyeux scrutent la foule pendant uneminute jusqu’à cequ’ils se posentsur moi. Il se prépare à se détourner, mais s’arrête. Un sourire arrogants’étalesursonvisageavantqu’ilattrapel’autretypeparlecouetleforceàsetenir droit. Ils sont tous les deux essoufflés, mais Trevor semble mieux lecacher.Ilestcertainementmieuxforméetademeilleurescompétences.—Désolémec.J’aifinidejouer.JeregardeTrevorbalancerunefoisdeplussonbrasetfrapperl’autretype
sur lecôtéde sa tête, le faisant tomberàgenouxalorsqueTrevor libère laprisequ’ilasurlui.Sespoingsserefermentsurlesolsaleensignededéfaite.La foule applaudit alors qu’un petit groupe commence à huer et crier à
Chris–jesupposequec’estsonnom–deselever.Ilnelefaitpas.Ilsecouelatête.Ilaterminé.Jedéglutisalorsque lesyeuxdeTrevor seposent surmoiet il sedirige
versmoienécartantceuxquim’entourent,s’arrêtantdirectementdevantmoi.Quelqu’unluijetteunebouteilled’eauetilattrapeavantd’ouvrirlebouchonetdeprendreunelonguegorgée.Ils’essuielabouche.—Jesavaisquetuavaisoubliéquelquechose.Ilsourit,sesdentsencoreunpeurougesdesang.— Ah oui ? dis-je, toujours pas impressionnée. Et qu’est-ce que j’ai
oublié?Ilfaitunpasenavantetcrachesoneauavantdesourire.—Demedonnertonnuméro…ettonprénom.J’enauraispeut-êtrebesoin
aussi…tusais…afindem’assurerquejeprononcelebonquandjejouis.Je ne peux pas empêcher le petit sourire qui étire mes lèvres. Je dois
l’admettre,ilestmignonquandilflirte–arrogant,maismignon.Maisçanefonctionneratoujourspas.—Désolée,Trevor.Je…—Qu’est-cequetufaisici?Ohcettevoix…Sigraveetexigeanteetpleined’autorité.ToutmoncorpssemetàtremblerausondelavoixdeMemphisderrière
moi et un frisson me parcourt le dos. Je le sens se déplacer contre moi,provoquant un autre frisson alors que son corps frôle le mien avant de
regarderpar-dessusmonépaule,etj’entendssavoixprèsdemonoreille.—Ellen’estpasintéressée,Trevor.Elleestsimplementvenuemetrouver.
Ellenedevraitpasêtreici.Jetiremonbrasalorsqu’ilsaisitmonpoignet,m’éloignantdeTrevor.—Vraiment?Lâche-moi.C’estquoitonproblème?Trevortendlebrasetsaisitl’épauledeMemphis.—Hé,mec. Je savais que tu ne resterais pas longtemps éloigné.Tout va
bien.Ilserapprochejusqu’àcequejesoispratiquementécraséeentreeux.—Elleestcool,monfrère.Jepeuxprendresoind’elle.Pasdesoucis.Tu
veuxque je t’organiseuncombat?JepensequeMattestbonpourunautreround.Jelagarderaiensécuritéetjeladivertirai.— Pas de combat. Elle part avecmoi, Trevor. Elle n’a pas besoin de ta
protection.Memphis regarde Trevor comme s’il avait quelque chose d’important à
dire,maisdécidedenepaslefaire.— Nous partons. Ne t’inquiète pas pour elle. Ce n’est pas à toi de t’en
occuper.Quelques personnes tapent sur l’épaule deTrevor, il se laisse distraire et
commenceàreculer.—Trèsbien,dit-ildutonconfus.Àplustard,mec.J’attendsqueTrevorsedétourneavantd’affronterMemphis.—Jesuisuneadulteetjen’aipasbesoind’êtreprotégée.Jem’éloignedeluietcommenceàmedirigerversuncoinplustranquille.
Jepeuxàpeinebougeraveclemondequ’ilya,maisjefaisdemonmieux,poussantlesgenshorsdemonchemin.JesensderrièremoiMemphisquimesuitdeprès,doncjecontinueàluiparler.—Tum’asditderesterhorsdetavie.Qu’est-cequeçapeuttefaire,ceque
jefais?C’eststupide.Il marche devant moi et commence à me tirer derrière lui. La foule se
divise, lui–nous–permettant instantanémentdepasserà travers jusqu’àce
quenousnousretrouvionsloindubruit.—Jenesaisvraimentpas,pourêtrehonnête.Toutcequejesais,c’estque
tun’aspasbesoindeteretrouverdansunendroitcommeça.LestypescommeTrevornesontpasbonspourtoi.—Etlestypescommetoi?Moncœurbatsivitemaintenantquej’aienviedevomir.Jesuisfurieuse.—Commejetel’aidéjàdit.Pasbonpourtoi.Jesecouelatêteetlaisseéchapperunpetitsouffle.—Alors,tuescommeTrevor?Ilhochelatête.—D’unecertainemanière.—D’accord.Jemedétourne,enmemordantlalèvre.—Onpeutmefaireconfiancepourresterseuleavectoi,maisjenedevrais
pasluiparlerdansunefouleavecbeaucoupdetémoins.Ehbien,c’esttoutàfaitlogique.Ilpassesesmainsdanssescheveuxendésordreensignedefrustration.—Contente-toideveniravecmoi.J’aiquelquechosequejevoulaisfaireet
jemesentiraismieuxsijen’yvaispasseul.Jeleregardealorsqu’ilcommenceàs’éloigner.Unepartiedemoiveutlui
dired’allersefairevoir,maisuneplusgrandepartiemecriedelesuivre…alorsjelefais.J’entendsdesgenscrierlenomdeMemphis,maisilsecontented’accélérer
lepasenlesignorant.Lorsque je le rattrape, ilse tientsur lecôtépassagerdesongrospick-up
noir,tenantlaportièreouverte.—Monte.—Attends.Jeregardederrièremoi.—Pourquoi tout lemondecrie-t-il tonnom?Etpourquoi tout lemonde
s’est-ilécartéquandtuasfoncésureux?Étais-tusupposécombattrecesoir?Ilmelanceunregarddur.—Celan’apasd’importance.Contente-toidemonter.— Connard, marmonné-je tout en grimpant et en rentrant mes pieds à
l’intérieur.Je tends lamainvers laportière et la claque avantqu’il puisse la fermer
pourmoi.Memphis se détourne du pick-up pendant uneminute et observe la foule
avantderejeterlatêteenarrièreensignedefrustrationetdesedirigerdesoncôtéduvéhicule.Une fois à l’intérieur, il enfonce sa clé dans le démarreur,mais s’arrête
avantdelatourner.Ondiraitqu’ilessaiedecomprendrequelquechose.Trèsprobablement,ilessaiededéciders’ildoitmechasserounondesonpick-up.Dommage que je sois curieusemaintenant, parce que je ne vais nulle part,mêmesij’ailesentimentqu’ilm’apiégéeafinquejeparteaveclui.—Tunevoulaispasvraimentdecompagnie,n’est-cepas?Ilsaisitlevolant.—Nan.Peuimporte.Jenetelaissepasici.Ilhésite,puisiltournelacléetdémarresansdireunmot.Je ne vais pas mentir, je l’aime encore plus comme ça ; sexy et muet.
Cela…jepeuxlegérer.
Nous roulons en silence pendant environ dix minutes avant de nous garerdevant le cimetière et il arrête lemoteur.Mon cœur se serre. Sesmains secrispent sur le volant alors qu’il lutte pour retrouver son souffle. Cesémotionssontsifortesquejepeuxpresquelesressentir.J’aienviededirequelquechose,mais jeme tais. J’ai la sensationquece
momentdesilenceestnécessaire,alorsjerestesagementassisesurmonsiègeetj’attendsqu’ilmedisequoifaire.Au bout de quelques minutes, il se tourne vers moi, avec un regard
douloureux.Ilsemblemortàl’intérieur;torturéetmalheureux.
—Resteici.Jereviensdanscinqminutes.Ilsauteàbasdesonpick-upetjen’hésitepasunesecondeàlesuivre.Une
femme n’a rien à gagner à obéir à un homme. Je ne l’ai jamais vu aussivulnérableetmapoitrineseserreàlapenséedelapossibilitéqu’ilaitbesoinquejesoislàpourlui.Il s’immobilise pendant une seconde et secoue la tête dans ma direction
avantdeseremettreàavancer,engrommelantentresesdents.Ilnetardepasàs’arrêter devant unepierre tombale et se gratte la tête en lisant ce qui y estgravé.Je vois trembler samâchoire, comme s’il luttait pour ne pas pleurer ou
crier. Je n’aimême pas regardé de quelle tombe il s’agissait, parce que jen’arrivepasàdétachermesyeuxdeMemphis. Iln’estpasdugenreàétalersessentiments.Levoircommeça le rendplus réeletmerappellepourquoij’aivoululeprotégerlejouroùnousnoussommesrencontrés.Il plonge lamain dans la poche de son blouson et en sort quelque chose
qu’ilembrasseavantdes’agenouillerdevantlatombe.C’estlàquejebaisselesyeuxpourlire.
LizzyCarter.Mèreaimanteetbattantejusqu’aubout.
Onnet’oublierajamais.
Mesyeuxs’humidifientalorsqueMemphisdéposeunvieuxpinceausurleborddelapierretombale,directementenfacedel’épitaphe.Ilfermelesyeux,maintenantaccroupidevantelle.—Jen’oublieraijamaislespeinturesquetufaisaispourmoitouslessoirs
àcôtédemonlitquandj’avaisdixans.Tesouviens-tudeça?Ilsouritcommes’ilsesouvenait.—Ou ceux que tume donnais chaque année pourmon anniversaire. Tu
étais la femme laplus forte et laplus talentueuseaumonde.Pasun journepassesansquejepenseàtonsourireoutonrire,etj’auraisaiméavoirétélàpourtoi.Ilfrappelesolavantd’agripperl’herbe.
—Jet’aimeplusquelesmotspeuventl’exprimeretj’échangeraismaviecontrelatiennesionm’endonnaitlachance,maisjenepeuxpasetçametue.Jet’aipromisdem’occuperd’Alex,c’estcequejevaisfaire.Jetelepromets.Tun’aurasplusjamaisàt’inquiéterpourAlextantquejeserailà.Il embrasse sa main, puis touche le sol, la maintenant là pendant un
moment.—Tuserastoujourstoutpourmoi.Reposeenpaix,monbelange.J’essuie une larme égarée alors que Memphis se lève et commence à
s’éloigner. Il ne dit pas un mot ni ne s’arrête pour voir si je le suis. Il avisiblementbesoindes’enfuiretrapidement.Jeconnaiscesentiment,alorsjemeprécipiteàsasuite.Unefoisquenoussommesdanslepick-up,Memphismeregardeetlaisse
échapperunpetitsoupirlorsqu’ilvoituneautrelarmecouler.—Mamèreestmorteilyacinqansetjen’étaismêmepaslàpourprendre
soind’elle.Elleaperdulabataillecontrelecancerdusein.Ilserrelevolantetcontractesamâchoire,luttantcontresesémotions.Avant que jem’en rende compte,mesmains sont sur son visage et je le
forceàmeregarder.—C’estnormaldemontrer ses émotions.Tupeuxpleurerpour tamère,
Memphis.Tul’aimes.Ilattrapemesdeuxbrasetlesserretoutenbaissantlesyeux.Illutteencore.—Tuveuxsavoiroùj’étaiscessixdernièresannées?Pourquoijetedisde
resterloindemoi?Je hoche la tête et plonge dans ses yeux alors qu’ilme rendmon regard,
mêmesij’aipresquepeurdesaréponse.—Oui.—J’étaisenprison,dit-ild’unevoixépaisse.C’estexactementpourquoitu
nedevraispast’approcher.Toutlemondeautourdemoiestblessé.Çadevraittesuffire.Ilmetlemoteurenrouteetdémarre.—Jeteramènecheztoi.Jerestesansvoixpouruneraisonétrange.Jeveuxdirequelquechose, lui
demanderpourquoi…maisjenelefaispas.J’ailesentimentquecen’estpaslemoment.
ChapitreNeuf
MEMPHIS
J’ail’impressionquemoncœuraétéarrachédemapoitrineetmespoumonssontenfeu.J’auraisvouluresterpluslongtempsprèsdelatombedemamèreetmesouvenirdesbonsmoments,mesouvenird’elle,maisçafaittellementmal que je ne pouvais presque plus respirer.Au risque de passer pour unenana, je dois avouer que je n’ai jamais été doué pour contrôler mesémotions;surtoutquandils’agissaitdecettefemme.Ellem’adonnélavieetjel’aitoujoursrespectée.Lavoirsouffrirm’avaittuéunpeupluschaquejouret celame blessait encore plus de savoir que je ne pouvais rien faire poursoulagersasouffrance.Ilfallaitquejequittececimetièreafindepouvoirrespirerànouveau.Avoir
Lyric là pour le constater nem’a pas aidé en lamatière. Cela n’a fait quem’inciter à céder, à avoir un moment de faiblesse, et je ne peux pas lepermettre.Unefoisquevouscommencezàressentir–ladouleurnes’arrêtejamais. La douleur physique, je peux la gérer, mais émotionnellement, jem’enétaiscoupé longtempsauparavant…etêtreencompagniedeLyricmefaitressentirdeschosesquejen’aipasressentiesdepuislongtemps:l’espoir,le besoin, le désir et l’égoïsme. Mon besoin d’être égoïste avec elle et del’avoirpourmoiesttropgrandpourl’ignorer.Depuisqu’elleestentréedansmavie,setenantderrièremoisurleporche
cejour-là,j’aisuqu’elleseraitdifficileàoublier.Desescheveuxébourifféscaramel et ses lèvres boudeuses, au feu dans ses grands yeux verts, j’ai suqu’elleallaitme tentercommepersonnene l’a faitauparavant. J’aicomprisquec’étaitunecombattante,commemoi.La seule chose que je dois faire maintenant, c’est sortir de ma tête et
m’éloignerdecettefemmeassiseàcôtédemoi.—Rentrecheztoi,Lyric.J’attendraisjusqu’àcequetusoisàl’intérieur.Elleme regarde depuis le siège passager, unemain sur la poignée de sa
portière.Ellenevapasmelâchercommeça.Jelevoisàsonexpression.—Tunerentrespascheztoi?Jemedétourneetfixeunpointdroitdevantmoi,refusantdelaregarder.Si
je le fais, je cèderai. Je l’ai déjà suffisamment fait avec elle. Cela doits’arrêter.— Non. Je ne peux pas être là pour l’instant. Tu n’as pas besoin de
t’inquiéterpourmoi.Maintenant,vas-y.Bonnenuit.Elleenlèvesamaindelapoignéeetremetsaceinturedesécurité.—Bien.Parcequejen’aipasenviederentreràlamaisonnonplus.Ellefaitunsigneendirectiondelaroute.—Non,dis-jefermement.Rentrecheztoi.—Pourquoipas?C’estquoil’histoire?Quia-t-ildemalàm’emmeneret
apprendre àme connaître ? Je ne te demandepas autre chose qu’unpeu decompagnie.C’estunputaindemondeimmenseetçacraintd’yêtreseul.Jelaisseéchapperunlongetprofondsoupiretfinisparregarderverselle.
Elleabesoindevoirquejesuisunmonstre.Jegâchedesviesetceneserapasdifférentavecelle.—Parcequejeneveuxpasquetusoisdanslesparagesquandjebois.Ça
me demande un gros effort de ne pas te toucher. Si je bois à en oublier laraison…jevaisvouloirtebaiser,etunefoisquejet’auraisbaisée,lesrègleschangent.Cen’estpascequetuveux.Crois-moi.Ellesepassenerveusementlesmainsdanslescheveux,leregardrivéàmes
lèvres,endéglutissant.— Tu ne sais rien de ce que je veux. Peut-être que je ne suis pas aussi
innocente que tu le penses. Maintenant, pouvons-nous y aller ? J’ail’impressionqueBaileyn’estpasàlamaisondetoutefaçon.Jen’aipasenviederesterseuleàlamaison.Elle me fait toujours le même coup. Je me demande pourquoi c’est si
difficiledemedébarrasserd’elle.Ellemeprovoqueet j’aibeaumeretenir,nous allons finir par coucher ensemble et je vais l’entraîner dans monmonde;unmondenoiroùellen’apassaplace.—D’accord,maistugardestesdistances.Etsinoustombonssurtesamis,
tuparsaveceux.Compris?Jeregardeversellequandellenemerépondpas.—Compris,Lyric?Jeveuxêtresûrquetuasbiencompris.Dis-le.
Ellemeregardeavecdesflammesdanslesyeux.Ellen’aimepasqu’onluidisecequ’elledoitfaire.Encoreunechosequimeplaîtchezelle.Jesuistropcon.—Trèsbien.J’aicompris.Allons-y,dit-elleavecraideur.Nous roulons en silence et elle jette de temps en tempsun coupd’œil de
moncôtéentripotantsaceinture.Jevoisbienqu’elleaenviedemedemanderquelquechoseetqu’elleseretient.Jeneluienveuxpas.Àsaplace,j’auraisune tonne de questions. Je ne peux qu’espérer qu’elle ne les posera pas. Jedétestementir,alorsleséviterestmameilleureoption.Nous nous arrêtons auBlue et je suis surpris et un petit peu soulagé de
constaterqu’ilyabeaucoupmoinsdemondequelundi.Celasignifiequ’ilyamoinsde risquesque je soisprisdansunebagarre. Jesuis sûreque lepetitincidentavecRyderestdéjàarrivéauxoreillesdecetabrutideBob,leshérif,et qu’il attend l’occasion de me renvoyer derrière les barreaux commelorsque j’étais adolescent ; les vieilles habitudes ont la vie dure et je suiscertainqu’ilmeurtd’enviedevoirunpeud’action.Lafaçondontjemesensencemomentneseraitbonnepourpersonne,ycomprislui.— Je ne vois pas le pick-up de Ryder, commente Lyric, soulagé, tandis
qu’elletendlamainverslapoignéetoutenregardantàtraverslavitre.Dieumerci, parce que je n’ai pas envie de me casser le poing ce soir ou degaspillerencoreuneboisson.Surtoutaveccequ’ellescoûtent.Un petit sourire se forme surmes lèvres alors que jeme tourne et saute
horsdupick-up.Ilyaquelquechoseausujetdesadéterminationetsafouguequim’attireverselle.J’aimelesgensquin’ontpaspeurdesebattrepourceenquoi ilscroientnidedirecequ’ilspensent.C’estencoreunechosechezelle qui pourraitmemettre dans une situation dans laquelle je ne veux pasêtre.JepousselaporteetlatienspourLyricquipassedevantmoi.Jelaguideà
l’intérieur en plaçant mes mains au bas de son dos. Je la sens pousser unsoupir avant de me regarder par-dessus son épaule, puis elle se détournerapidement.Tous les regards se tournent vers nous alors que je la guide jusqu’au
comptoiretfaissigneàlaserveuseauxcourtscheveuxnoirsdes’approcher.Elle me semble vaguement familière, mais ce n’est que lorsqu’elle serapprochequejelareconnais;PenelopeSmith.C’estlameilleureamied’Ava
depuisleCE1.Elle est en train de prendre des glaçons quand elle aperçoit Lyric et lui
sourit avant de se tourner versmoi. Elle pâlit et se fige, puis elle sourit ànouveau.—Merde,Avaavaitraison.— Penelope, dis-je alors qu’elle se penche sur le comptoir et embrasse
mon front. Tu n’as jamais été douée avec les salutations.Moi aussi je suiscontentdeterevoirmoiaussi.EllenousdévisagealternativementLyricetmoid’unairétonné,puisellese
secoue.— Ava m’a dit que tu étais de retour. Elle a dit aussi combien tu étais
devenusexy.Jenel’aipascrue,maiswaouh!Tuasfaitdelamusculationouquoi?EllesertàLyricunevodka-canneberge,puismeregarde.—Qu’est-cequecesera,sexy?—Unebièreetunshotdewhiskypourl’instant.Je me tourne vers Lyric qui sirote déjà son verre en observant notre
échange. Elle semble légèrement amusée, comme si elle attendait afin d’enentendreplus.Penelopeposemesboissonsdevantmoietsecouelatêtetoutenessuyantle
comptoir.—J’aientenduparlerdeRyderetde la façondont ilavaitagi. Ignore-le.
Toutlemondesaitquecen’étaitpastafaute.Tuasfaitcequetu…Je me dépêche de vider mon shot et repose violemment le verre sur le
comptoir,luicoupantlaparole.—C’estdupassé.JesuisrevenuenvillepourchercherAlex,etensuiteje
repars.Lyricmejetteunregardàladérobéeavantdevidersonverred’untrait.—Pouralleroù?medemande-t-elle.J’attrapemabièreetlaporteàmeslèvres,enregardantLyricdanslesyeux.
Jeveuxêtrecertainqu’ellecomprendbien.Jeseraibientôtparti.
—Leplusloinpossible.—Pourquoi?Qu’ya-t-ildemalàêtreici?—Jen’aipasmaplace ici,dis-jehonnêtement. Jene l’ai jamaiseueet il
n’yariendesuffisammentimportantpourmefairerester.Sesyeuxlancentunéclatduravantqu’elles’éclaircisselagorgeetreporte
son attention sur Penelope, qui nous surveille maintenant avec un regardd’aigle.—Mercipourleverre,Penelope,luidit-elle.Metsçasurmoncompte,s’il
teplaît.Ellemeregardependantunefractiondesecondeavantdes’éloignerafinde
rejoindre un petit groupe de gens. Je reconnais tout de suite Bailey, sacolocataire, etunsentimentde soulagementme traverse.Parfait. J’aibesoinqu’ellesoitloindemoicesoir.—Désolésijen’aipasététrèssympa,dis-jedansunmurmureàl’intention
dePenelope,mamâchoireserrée.Elle se contente de secouer la tête en signe de compréhension avant de
glisserdeuxshotsdevantmoiavecunsourireetd’allerservirunautreclientquiagiteunebouteilledebièrevide.Uneheure,septshotsetsixbièresplustard,jesuisassislà,àm’occuperde
mes affaires et ignorant tout le monde autour de moi, lorsque je sens unemain sur mon épaule et j’entends la voix de Trevor. Je ferme les yeux ensoupirant,mepréparantàabrégercetteconversation.Jesuispartidepuistroplongtemps.Jen’aiaucuneidéedecequelesgenspensentdemoi…decequej’aifait.—Quoideneuf,monpote?IladresseàPenelopeunsignedetêteetunclind’œilavantdeprendreplace
surletabouretàcôtédemoi.—Sers-moiunebière,bébé,etpeut-être, toi,dansmonlitplustard,dit-il
alorsquePenelopeluifaitundoigtd’honneuretrit.J’adorelatourmenter.Je prends une gorgée de bière et lève les yeux du comptoir pour la
premièrefoisdepuisqueLyrics’estéloignée.Monplanétaitdesimplementrester assis là, boire jusqu’à plus soif et prétendre que personne d’autren’existait.Jedoisavouerquec’estplusdifficilequejelepensais.
—N’est-cepaslecasdetoutlemonde?TrevorritettendlamainverslabièrequePenelopevientdeposerdevant
nous.—Mercibébé.—Jet’enprie,petitconsexy.Elle lui adresse un grand sourire puis se retourne et s’éloigne, balançant
sesfessesrebondiespourretournertravailler.Trevor reste unmoment silencieux, puis il prend une gorgée de bière et
fixeunpointdanslevide.—Tu as réussi à savoir où était Alex ? En cherchant dansmes contacts
téléphoniquesl’autrejour,j’aivuquej’avaisunnuméroàsonnom,maislenuméron’étaitplusattribué.Désolé.Jesecouelatêteettentederavalerladouleurquecelamecause.Jenesais
passijedoisenvouloiràAlexoumefairedusoucipourlui.—Ilvarefairesurface,dis-je.Etilvaudraitmieuxpourluiquecenesoit
pasdanslongtemps.Je jette un coup d’œil par-dessusmon épaule alors queLyric commande
des boissons àPenelope.Elle respire lourdement et fait de sonmieuxpouréviterdecroisermonregard.Peut-êtrequ’elleaenfincompris.—Salut,toi!TrevorselèveetsedéplacepourseteniràcôtédeLyric.—Bonsang,tuesensueur…LesyeuxdeLyric rencontrent lesmiens pendant une fractionde seconde
avantdelesdétourneretdesourireàTrevor.—J’aimedanser.Elle remercie Penelope pour les boissons, les attrape et se tourne vers
Trevor.—Viensavecnous,dit-elle.J’aibesoindequelqu’unpourdanseravecmoi.
Liamn’arrivepasàsuivre.TrevorhausseunsourciletregardeLyricd’unairsatisfaitalorsqu’elleva
rejoindre sa colocataire et deux autres types. Cet idiot a intérêt à faire
attention.—Bonsang!murmure-t-il.Il vide sa bière et repose bruyamment la bouteille sur le comptoir avant
d’enréclameruneautre.—Tuvasrejoindretananaoubienelleestlibre?Serrant la mâchoire, je regarde Lyric alors qu’elle bouge de façon
séductrice sur la musique. Elle est tellement tentante que je veux goûterchaqueputaindecentimètred’ellejusqu’àcequ’ellesetortilledansmesbras.—Non.Jemedétourneetbaisselenezversmonverre.J’aidéjàbeaucouptropbu.
Continuerneseraitpasraisonnable.—Etcen’estpasmanana.C’estjustemavoisine.C’esttout.—Jem’endoutais,dit-ilenmetapotant ledos.MemphisCarteravecune
petiteamie,c’estdujamaisvu.Ravidevoirquetun’aspaschangé.— Qu’en est-il d’Ava ? demande Penelope en nous jetant un regard
mauvais.Elleétaittapetiteamie.Jepoussemonverrevidedevantelle, toutenmepassant lamaindansles
cheveux.Jen’aipasenvied’allerdanscettedirectionencemoment.—Avasavaittrèsbienoùnousenétions.C’esttoutcequiimporte.Jefaisunsignedetêtepourluimontrermonverre.—Unautre.Levant lesyeuxauciel,ellenousfusille tous lesdeuxduregardavantde
meresservir.—Merde,mec.Jeserailà-basentraind’essayerdemettrecejolipetitcul
dansmonlit,ditTrevorenmetapotantledos.Nousdiscuteronsplustard.Ils’éloigneetjedoisfaireappelàtoutemavolontépournepasluicasser
lafigure.JeprendsimmédiatementlabouteilledebièrequemetendPenelopeetbois
une gorgée tout en surveillant du coin de l’œil Trevor qui commence sonapprocheavecLyric,faisantdesonmieuxpourêtreenjôleur.Celaamarchéparlepassé,maiscelan’arriverapascesoir.Passij’aimonmotàdire.
Elleritetsepencheenarrièrequandilessaied’embrassersoncou,maisilne s’arrête pas là. Il glisse son bras autour de sa taille et commence à sefrottercontreelleenmusique.Elleestunpeuraideaudébut,maissedétendsuffisamment pour enrouler unbras autour de son cou et se perdre dans lamusique,dansantcontrelui.Plus je les regarde– lui se frottantcontreelle,ellebalançantseshanches
sous sesmains – plus cela devient difficile pourmoi de gardermon sang-froid.Jesensmonsangbouilliretjesuissurlepointd’exploser.Sans réfléchir, je prends ma bière et traverse la salle. Autant je veux la
protégerdemoi-même,jeveuxencorepluslaprotégerdelui.Jefinismabière, laposesur la tableàcôtédemoi,etm’avancederrière
Lyricenfaisantcraquermoncou.Elledoitsentirmaprésence,parcequ’elles’arrêtededanseretrelâchesonemprisesurlecoudeTrevor.— Memphis, dit-elle, surprise, en regardant par-dessus son épaule. Tu
pars?Elleseretournepourmefaireface,attendantuneréponse.Je secoue la tête et serre ma mâchoire en regardant Trevor alors qu’il
marmonne«putain»danssabarbe.—Non,jereste.Tunepensespasquetudevraisralentiretboiredel’eau?
Tuasdumalàarticuler.Ellerit,horsd’haleineetsecouelatêtecommesij’étaisfou.—Jevaisbien.Jen’aibuquecinqverres,Memphis.Tuesceluiquiabuau
moinsvingtshots.Peut-êtrequetuasbesoind’eau.Sacolocataire,Bailey–jecroisquec’estsonprénom–sauteentreLyricet
moietmordsalèvreinférieure,inconscientedenotreconversation.—Mmm…alorslevoisinsexyestvenujouer.Elleinclinesoncouenarrièreetdonneàsonpetitamiunbaiseralorsqu’il
lasaisitdemanièrepossessiveparlatailleethochelatêtedansmadirection,mefaisantsavoirqu’elleestàlui.—Tiens-luicompagniependantquejem’absente,mec,maisnet’approche
pastrop.Ill’embrasseencoreunefoisavantdes’éloignerverslestoilettes.
—Danseavecmoi.Agrippantmontee-shirt,elleessaiedem’attirercontreelle,maisjesecoue
latêteetlaguideversTrevoralorsqu’ilessaied’embrasserLyric,maiselletournesonvisage,luioffrantsajoue.Iladelachance.Rienquelapenséedeseslèvressurlessiennesmedonneenviedel’écraser.Je vois Lyric nous regarder, mal à l’aise alors que sa colocataire se
rapproche de moi afin de tenter de me faire danser. Elle a presque l’airjalouse. Trevor continue d’essayer de danser avec elle, mais elle est tropdistraite, gardant ses yeux surmoi.Quelque chose à ce sujet fait tressautermonsexe.—DanseavecTrevor,dis-jeàBailey.Jenesuispasunbondanseuretj’ai
l’impressionqueLyricabesoind’unepause.Ellefait lamoueavantdefrottersamainsurmapoitrineetdesetourner
poursauterentreTrevoretLyric,enroulantsesbrasautourducoudeTrevor.—Jeleprendspourunedanse,puisilestàtoi,bafouille-t-elle.Lyric s’éloigneet rit avantdes’arrêterdevantmoi.Elleme regardedans
les yeux et lèche sa lèvre inférieure. Tout son corps est luisant de sueurmaintenant,ettoutceàquoijepense,c’estdegoûterchaquecentimètred’elle.—Danseavecmoi,Memphis.Jedétournelesyeuxdeseslèvresetserrelamâchoire.Autantjeveuxposer
mesmainspartout surelle, jedoiscombattrecebesoin,mais toutceputaind’alcoolnefaitrienpourm’aider.—Non,Lyric.Elleserapprocheetfaitglissersadoucepetitemainsurmonbras.—Justeunedance.Cen’estpasgrand-chose.C’estjusteunedanse.Cen’est
pascommesijetedemandaisdemebaiser.Jetedemandedemetoucher.—Tuveuxquejetetouche,dis-jedansungrognement.Jefaisglissermesmainssurseshanchesavantdelasaisirparlatailleetde
laplaquercontrelemur.Mepenchantenavant,jeprendsunepoignéedesescheveuxdansmamainetluimurmureàl’oreille:—Est-ce ainsi que tu veux que je te touche ? Toucher quelqu’un que je
connaisconduittoujoursàleurfairedumal.
Je serre sa taille plus fermement et pressemoncorps contre le sien.Soncorps tremble contre le mien et sa respiration s’altère alors que ma lèvreinférieureeffleuresonoreille.—Jesuiscorrompu,Lyric.Prendretesjambesàtoncoumaintenantserait
tameilleureoption.Elle me regarde dans les yeux et humidifie ses lèvres, luttant pour
reprendresonsouffle.—Je.Veux.Que.Tu.Me.Touches.Jenevaisnullepart.PUTAIN!Cesmotssontmaperte.Agrippantsonvisaged’unemain,jeplacemonautremainsurlemurau-
dessusdesatêteetjemepenchesurseslèvres.—Etmerde,dis-jedansungrognementavantd’écrasermeslèvressurles
siennesetdeserrersonvisagealorsquejel’embrassebrutalement–presquetropbrutalement.Ellegémitalorsquejelaserreplusfort,faisantcourirmalanguelelong
del’ourletdeseslèvres,lesfaisants’ouvrirpourmoi.Glissantmalangueàl’intérieur,jefrottelasiennesansdouceuravantdelasucerdansmaboucheen gémissant. Je pourrais faire beaucoup plus avec ma langue, mais celan’apporteraitquedesennuis.Putain,elleasibongoût.Elle me rend mon baiser, violemment, chacun déversant notre frustration
sexuellesurl’autre,moiessayantdésespérémentdenepaslabaisersurplace.Je presse une jambe entre ses cuisses et j’enfouismes deuxmains dans sescheveux.MonDieu,jeladésiretellementencemoment.Nous écartant, nous luttons tous les deux pour reprendre notre souffle, sa
poitrine se levant et s’abaissant si vite que j’ai l’impression qu’elle n’arrivepasàlereprendredutout.—Allons-y,luidis-je.Sortonsd’ici.Sansunmot,ellehoche la têteetposesamainsurses lèvresenregardant
autour d’elle alors que plusieurs personnes nous regardent. Les yeux deTrevorsemblentbrûleretcetype,Liam,al’aireffondré.Pauvrehomme.IlnepourraitpasgérerunefemmecommeLyric.Jenesaispassitoutlemondeestsurprisdemevoirembrasserunefilleen
publicous’ilssontsurprisqu’elleembrasseunmonstrecommemoi.
Quoiqu’ilensoit…J’aivraimentmerdé.
ChapitreDix
LYRIC
Durant tout le trajetentaxi jusqu’à lamaisondeMemphis,moncœurbat lachamade.Ladernièrechosequejem’attendaisàsentirétaitseslèvressurlesmiennesetledésirquiavaitexploséenmoiàcecontact.Ilnem’apasjetéunregard depuis, et j’ai dumal à supporter cette attente. C’est si difficile quej’aieunpointdouloureuxauniveauducœur.Quand le taxi s’arrête dans l’allée, je plonge lamain dansmon sac pour
prendredel’argent,maisMemphismesaisitlepoignet.—Paslapeine,dit-il.Ilrèglelechauffeurpuisilprendmamainetm’entraînehorsduvéhicule,
avantdemerelâcher.Sansdireunmot,ilcontournelamaisonetentreparlaportedecôté,lalaissantouvertederrièrelui,m’invitantainsiàlesuivre.Ce type est difficile à comprendre. D’abord, il me dit de garder mes
distances,ensuiteilm’embrasse,puisilm’ignoretoutlelongdutrajet.Toutçamedonneenviedehurleretdel’envoyersefairevoir.Jen’aipasbesoindeça.Jen’aimepasqu’onjoueavecmoi.Jetraverselegarageàgrandspasetpénètredanslamaisonendirectionde
lacuisine,maisavantquejepuisseallerplusloin,jesuisplaquécontrelemuraveclecorpsdeMemphismemaintenantenplace.Sesbrassontdechaquecôtédemoi,mepiégeantetrendantimpossiblede
m’évader;pasquejeveuillelefaire.Ilal’airénervé,sapoitrinemontantetdescendanttandisqu’ilregardemeslèvres.—Tuesunconnard,dis-jedansungrognement,sesyeuxperçantscroisant
lesmiens.Un regard dans ces yeux et je fonds. Ilme possède avec un seul regard.
C’estungrosproblèmepourmoi.—Tuestellementbelle.Est-cequetulesais?Il saisit mes cheveux et surplombemes lèvres des siennes lorsque je ne
répondspas.
—Jeluttetellementfortpournepastebaiserlàoùtutetiens,Lyric.Jenepeuxpasmecontrôleravectoi.Est-cequetulecomprends?—Alorsnelefaispas,dis-jedansunchuchotement.Avec un grognement, ses lèvres possessives prennent le contrôle des
miennes.Jepeuxàpeinerespirertandisqu’ilpressesonérectioncontremoietserremacuisse,seslèvresnequittantjamaislesmiennes.Songoûtetsonodeurmefontplanertellementhautquejeneveuxjamais
redescendre. J’ai peut-être un peu la tête qui tourne,mais je veux que cettesensationneprennejamaisfin.Jen’aijamaisétéaussiexcitéenidésiréautantquelquechose.—C’estcequetuvoulais?Tuveuxquejeperdelecontrôleavectoi?Sarespirationestlourdetandisquesamainsedéplaceverslebasdemon
corpsetdansmonjean,glissantundoigtdansmonintimitédéjàdouloureuse.Sondoigt est si épais que j’ai presqueunorgasme instantané alors qu’il sedéplacelentementdansethorsdemoi,medonnantduplaisir.—C’esttellementhumide,Lyric.Etmerde.Ilretiresondoigtetlemetdanssabouche,megoûtanttoutenmeregardant
droitdanslesyeux.—Putain,tuasungoûttellementsucré.Moncœurbassi fortque jepeuxàpeine respirermaintenant. Jeneveux
pas que ce moment s’arrête. Je veux qu’il continue. Je ne le connais quedepuisunesemaine,mais jenepeuxpasm’empêcherde levouloirenmoi,meremplissantetcontrôlant.Jeveuxcethomme,jeveuxtoutdelui.Mesyeuxseposentsursoncôtétandisqu’ilsetientlà,etc’estalorsqueje
vois levisagede labelle femme.Celadoitêtre samère. Ilavraimentaimécettefemme.Iln’yaaucunmoyenquecethommepuisseêtreaussimauvaisqu’ilpensel’être.Je déglutis et regarde sa poitrine monter et descendre rapidement tandis
qu’ilfaitremontersesyeuxsurmonvisage.Ilhésite.Jelevoisdanssesyeux.—Jeteveux,Memphis.Jen’aipaspeur,dis-je,enespérantqu’ilvacéderà
sondésiretmeprendre.Tupeuxmetoucher.Jenevaispasmebriser.Il rampe sur le canapé et saisit mon visage alors qu’il plonge dansmes
yeux.Lesmusclesde samâchoire secontractent lorsque je tends lamainet
touchentsontorsedur,maisilrepousserapidementsamaincommes’ilavaitsoudainpeurdemetoucher.—Jenesaispasêtredoux,murmure-t-il.Jenepeuxpas.Jeglissemesmainslelongdesapoitrinejusqu’àcequej’atteignesonsexe
dur. Je le caressedesdeuxmainsdehaut enbasà travers son jean. Il est siépaisquej’aibesoindemesdeuxmains.—Jeneveuxpasquetulesois.Iltendlamainetouvrerapidementmonchemisier,avantdecambrermon
dosdefaçonàcequeseslèvrespuissentatteindremesseins.Illesembrassebrutalementpar-dessusladentelleavantderepoussermonsoutien-gorgeetdeprendreunmamelondanssabouche,lemordillantentresesdentsparfaites.Jemeprépareàretirermesmainsdesonsexeafindepouvoirattraperses
cheveux,maisilsaisitmamainpourlamaintenirenplace.—N’arrêtepasdemetoucher.Çafaitdubien.Nous sommes tous les deux perdus dans lemoment, nous regardant l’un
l’autrejusqu’àcequelaportes’ouvreetqueMemphisselèverapidementducanapécommes’ilsavaitdéjàquicedevaitêtre.—Merde.Ilbaisselesyeuxsurmoietdéglutitavantdes’asseoiretsaisirsescheveux
dansunsignedefrustration.—Jesuisallétroploin,grogne-t-il.Etmerde.Ilglissesontee-shirtsurmoiafindecouvrirmoncorps.Jem’assoisetregardequiestlàalorsqu’untypeaveclescheveuxfoncés,
grandetcouvertdetatouagesentredanslamaisonavecunsouriresexy.IlmerappelleunpeuMemphisenplusjeuneetbeaucoupplusheureux.—Grandfrère.IlregardeMemphisavantdehocherlatêteversmoi,puissouritenposant
unénormesac.—Jolie,frangin.Ellemeplaît.—Oùdiableétais-tu,Alex?grogneMemphis,mefaisantpresquepeur.Je
suis de retour depuis plus d’une semaine et je te cherche. Je croyais que tuétaismortdansunfosséouunemerdecommeça.Puistutepointescommesi
cen’étaitrien.Memphisattiresonfrèredanssesbrasetserresatête,soulagé.Lesmuscles
d’Alex fléchissent alors qu’il serre l’épaule de Memphis. Ils restent ainsipendant un moment avant de s’éloigner et que les yeux de Memphisatterrissentsurmoi.—Jedevraisteramenercheztoi.IlseretourneversAlexetlepointedudoigt.—Jerevienstoutdesuite.Nebougepas.Nousavonsdeschosesàdiscuter.C’est ce qu’il attendait. C’est la seule raison pour laquelle Memphis est
encore là. Il l’a dit lui-même... et maintenant il est de retour. Cela ne peutsignifierqu’unechose:ilestlibredepartirmaintenant.Lapenséemefaitmalàlapoitrine.Je tire sur l’ourlet de son tee-shirt et prends une petite inspiration en
regardantAlexquimesourit.—Jesuislefrère,plusjeuneetplussexy,commequevouspouvezlevoir.Ilmefaitunclind’œil.—Souvenez-vousdeçapourplustard.C’étaitsympadevousrencontrer.—Biensûr.Raviedevousrencontreraussi,dis-je,nesachantpasvraiment
commentréagirencemoment.Si Memphis est parti depuis six ans, alors c’est leurs premières
retrouvaillesetjesuisicipourlagâcher.Ilvaprobablementmehaïraprèsça.Ilaraison.Jedevraisyaller.— Je vais rentrer chez moi. Je suis certaine de pouvoir retrouver mon
cheminsanstoi.C’estjustelaported’àcôté.—Alors,c’estvousquiloueznotremaison.Joli,ditAlexpourlui-même.Je m’enfuis vers la porte d’entrée, mais Memphis me saisit le bras,
m’arrêtant.— J’ai dit que je te raccompagnais chez toi, et c’est ce que je vais faire.
Arrêted’êtresitêtuetlaissez-moilefaire.Ilmarchedevantmoi,maiss’arrêtepourêtrecertainquejelesuisavantde
reprendre sa marche. Une fois que nous arrivons à ma porte, il s’appuiecontrelamaisonetattendquejedéverrouillelaporte.
—Désoléed’avoirgâchétasoirée.Jesuissurlepointd’entrer,maisilattrapemonbrasetmetiredehorspour
meplaquercontrelemur.—Jet’avaisditdenepaschercheràm’approcher,Lyric.Ilafalluquetu
metentesquandj’avaistropbu.Ilsepenchedansmoncouetl’embrassebrutalementavantdefairecourir
seslèvressuruneligneverticale,s’arrêtantsousmonoreille.—Jeparsbientôt.J’aidéjàfaittropdemalauxgensetjeneveuxpasquetu
soislaprochaine,bonsang.Alors,resteloindemoi.—Neblâmepasl’alcool,Memphis,dis-je,énervéemaintenant.Tusaistrès
biencequetufaisencemoment.Tusemblesêtreunpropourcontrôlertonalcool tout comme tu l’es avec tout le reste… et ne me dis pas de resteréloignéequandtuesceluiquimeplaquecontreunmur.Jelerepousseloindemoi.—Jenesuispasunepetitefille.Tun’aspasà t’enfairepourmoi, jeme
débrouilletrèsbientouteseule,maisnet’inquiètepas…jevaisresterloindetoimaintenant.J’entredanslamaisonetluiclaquelaporteaunez.Jesuistellementfâchée
contre lui que je pourrais l’étrangler. Il m’accuse de le tenter quand il estivre ? Eh bien, qu’il aille se faire voir.On peut à peine voir qu’il a bu unverre.Peut-êtrequec’estmieuxqu’ilpartebientôt.Pourluicommepourmoi.
ChapitreOnze
MEMPHIS
Etmerde…Jeresteunmomentdehorsetjeregardesaportecommeunidiot.Jesavais
quej’auraisdûl’obligerresteràlamaisoncesoir.Jesavaisquesijebuvaisquelquesverresavecelledanslesparages,jeperdraismavolontéetposeraimesmainssurelle.Jel’aifait,etmaintenanttoutcequejeveux,c’estplus.Lepirec’est...jeneveuxpasquequelqu’und’autreposelesmainssurelle
nonplus ; pasmaintenant que j’ai euun avant-goût. Je l’ai baisée ainsi quemoi-mêmesansmêmeutilisermaputaindequeue.Je regarde ma maison et je vois Alex se pencher sur la balustrade du
porche,fumantunecigarette.J’aiunedouleurdansmapoitrineenconstatantcomme il a grandi. La dernière fois que je l’ai vu, c’était juste un garçonefflanqué.Maintenant, il est unhommepresquedema taille et recouvert detatouages. Je ne doute pas que la plupart de ces tatouages sont son œuvrepersonnelle.Iladescompétencesdedingueendessin;celaatoujoursétélecas.Il lève les yeux avec un petit sourire lorsqu’il me remarque au bas des
marches.—Merde,mec.C’esttellementétranged’êtreiciavectoi.Ilprendunedernièreboufféedecigaretteavantdelajeterdansl’herbeet
deseredresser.—Jen’arrivepasàcroirequeçafaitsixans,frangin.Tum’asmanqué.Jelerejoinssurleporcheetvaism’accouderprèsdeluiàlabalustrade.Jemontesurleporcheetm’accoudeàlabalustradeprèsdelui.—Ouais.Jesouffle.—Tum’asmanquéaussi,Alex.Jeravalemadouleur.
—Etmaman.C’estellequimemanqueleplus.Alexsedétourneetpassesesmainsdanssescheveux.—C’estmaputaindefaute;pourquoitun’étaispasicipourmamanquand
elle est morte. Je suis la raison pour laquelle tu as raté ses funérailles. Laculpabilité me ronge chaque jour. Je me sens comme une merde. Je suisdésolé,frangin.Jeserrelabalustradedansmamain,mesphalangesdevenantblanches.—Nefaispasça,dis-je,mécontent.Nousavonsdéjàparlédetoutça…ce
jour-là,etjepensaischaquemotquejet’aidit.Jet’aiditquejeteprotégeraistoujours, toietmaman,et jel’aifait.J’aifaitcequejedevaisfaire.Riendetoutcelan’esttafaute.Tun’étaisqu’ungosse,bonsang.—Ouais,maistunecroispasqueçamehantetoutdemême?Ilseretournepourmeregarder,lesnarinesdilatées.—Sij’avaissumeprotéger…tuauraisétélàpourmaman.Tuastoujours
prissoind’elle.C’estpourçaquejemebatsmaintenant.Jeneveuxplusêtreimpuissant.Putain,Memphis!Je ne peux pas supporter de le voir souffrir et se blâmer, mais j’ai le
sentimentquepeuimportecequejedirais,rienneleferachangerd’avis;pastoutdesuitedumoins.Lemieuxquejepeuxfaire,c’estdeledistraire.—Dis-moicequetufaisavecAsher.Ilestdangereuxetnouslesavonstous
lesdeux.Mamant’amieuxéduquéqueça…Jet’aimieuxéduquéqueça.Sonvisagedevientblancetilsemblesoudainmalade.Ilnepensaitpasque
jeledécouvriraissivite.—Bonsang!murmure-t-il,maisàpeineassezfortpourquej’entende.J’ai
faitquelquescombatspourlui.Pasgrand-chose.Ilentredanslamaisonetjelesuis.—J’avais besoind’argent pour aider à régler les dépenses demaman. Il
était à un combat un soir, et m’a offert beaucoup d’argent parce qu’il aentenduquej’étaistonfrère.—Ahoui?Jeleregardealorsqu’iltendlebrasverssonsacpourensortirdesshorts
etdesbandages.
—Ilest toutdemêmedangereux,Alex.Jeneveuxplusque tucombattespourlui,oupourquiquecesoit.Illèvelesyeuxalorsqu’ilenveloppesesmainsdanslesbandelettes.—Peuimportecequetuveux,Memphis.Jedoislefairepourlemoment.
Jevaisbien.Ilretiresonjeanetenfilesonshortnoir.—Qu’est-cequetufais?Jecombats.Iljettesonsacdecôtéetattrapesesclés.—L’allée.Dansdixminutes.—Tuessérieux?Mavoixmontedanslesaigusalorsquejedonneuncoupdepoingdansle
muravantdem’yappuyerenessayantdemecalmer.—C’estpourçaquetuesrevenu?Pourunputaindecombat?Ilsedéplacepourvenirsetenirdevantmoietmeregardedanslesyeux.—Putainnon!Jesuisrevenupourtoi,maisjemesuisfaitpiégerpourun
combatcesoir.J’aibesoindel’argent,Memphis.Jesaiscequejefais.Viensavecmoi.Ceserarapide.Jesecouelatêteetluiagrippel’épaule.Ilsaitquejeferaistoutcequ’ilme
demandera. J’espère seulement qu’il ne va pas m’obliger à le regardercombattre. Ça me tue de penser à ce qu’il a dû endurer quand il étaitadolescent.Touslescoupsquejel’aivuencaisser,encoreetencore.Etceuxquej’aiencaissés.Jen’aijamaisvouluqu’ilvivecela.—Jenevoulaispasdecettevie-làpourtoi.Jenepouvaispascontrôlerma
colère.C’estpourquoij’aicommencéàcombattre.C’estdifférentpourtoi.Tuesmeilleurquemoi.—Tucrois?Ildégagesonépauleets’éloigne.—Merde,Alex!J’enclencheleloquetdelapoignéedelaporteavantdelaclaquerderrière
moialorsque je le suis.Alexm’attenddéjàdans sonpick-up, lemoteuren
route,alorsjecoursjusqu’àlaportièredupassageretgrimpeàl’intérieur.—Tuasde lachanceque jem’inquièteautantpour toi,etquececombat
soit déjà organisé. Je sais que tu ne peux pas l’annuler, mais après, nousparleronsdel’argentetdecedonttuasbesoin.D’accord?Ilmejetteunregardenbiaisethochelatête,maisneditpasunmot.Ilya
plus.Ilneveuttoutsimplementpasmeledire.J’aitoujourspuledéchiffrer,etillesait.
L’allée est remplie de gens impatients faisant la fête et attendant un boncombat.AlorsjemetiensderrièrelaligneblancheavecAlex,celameramènesixansenarrièrelorsquejevivaispourcemoment:combattreàl’intérieurdecestupideringtracéàlabombe.C’étaitlameilleureidéequenousavionstrouvée, sans avoir à installer un ring chaque soir et le démonter après.Deplus,ilestdifficiledecacherunvéritableringauxflics.Celafonctionnepournous, nous permet d’éviter les ennuis… la plupart du temps.C’est simple :chaquefoisquel’énormecarréblancs’estompe,ilestrepeint.Alex sautille sur place tout en faisant craquer son cou, se mettant en
condition. C’est premier ce soir, contre un des plus grands combattants :LayneRidge.Jen’aijamaisvuaucund’euxsebattre,doncpourêtrehonnête,jesuisun
peunerveuxpourAlex.Jevaisresterenretraitetvoircequelegaminadansleventre.Jenevoulaispasquequelqu’uns’interposelorsquej’étaisprêtpouruncombat.J’aiétéabsent.Àcestade,c’esttoutcequejepeuxfaire.—Yo,Alex.C’estàtoi.Le rouquinque j’ai vu combattre l’autre soir tapoteAlex sur le dos puis
frappesespoingscontrelessiens.Alexbalancequelquescoupsdanslevidetoutenrespirantlentementetprofondément.—Ceserarapide,frangin.Pasdesoucis.Avant que je puisse dire quelque chose, il est en place, souriant à son
adversaire.Legaminadescouillespournepasavoirpeurdelabêtedevantlui.Cedernierdonne l’impressionqu’ilpourrait assommerAlexd’uncoupdepoing.Monattentionsedétournedemonfrèrelorsquejesensunemainsurmon
épaule quime tire afin deme retourner. Je ne suis pas surpris de voir quec’est Rachel qui se tient là, en short et débardeur blanc, ses mamelonsclairementvisibles.—Tuesderetour,dit-ilavecunclind’œilaguicheur.Sesyeuxscannentmapoitrinealorsqu’ellesemordlalèvreettendlamain
afindetouchermesabdos.—Bien.SesyeuxseposentsurAlexets’élargissent,avantderevenirsurmoi.— Délicieux… vous deux, les frères, vous devenez encore plus sexy
chaquefoisquejevousvois.Agrippant samain, je la repousse et reportemon attention sur le ring. Il
faudrait beaucoup plus qu’une nana facile commeRachel pour retenirmonattention;surtoutencemoment.—Va-t’en,Rachel,avantquetuterendesridicule.AlexetLaynesetournentautourdanslering,s’évaluantl’unl’autre,tous
deuxprêtsàattaquerdèsquel’annonceurdonneralesignal.J’entendsRachel rireàcôtédemoi,maiscette fois,c’estpourmefrotter
danslemauvaissensdupoil.—Tu te rends compte que ton frère est probablement sur le point de se
fairedémolir,n’est-cepas?ElleregardeversLayneet luifaitunclind’œilalorsqu’ilse tournevers
nous.—Êtresexynevapasl’aideràmieuxsebattre.Je rate tout ce que l’annonceur dit précédemment, jusqu’à ce que lemot
«combattez!»quittesabouche.Riend’autreautourdemoinecomptepourlemoment,saufcequisepassesurcecarré.Racheln’existemêmepasencemoment.Alexestmeilleurqueceque jepensais etmontre ses compétencesdès le
début.IlbalanceunrapidecrochetdudroitsurlacagethoraciquedeLayne,cequilefaittrébuchersurlecôté,maisilretrouvesonéquilibre.Alexsembles’enorgueillirdesesréflexesrapidesquicompensentladifférencedetaille.Ilparaîtfieretàl’aisesurlering.
Layne fonce sur Alex en lui balançant un crochet du gauche, maisétonnamment, mon frère anticipe le coup et l’esquive en lui plantant soncoudedanslementon.Alex est rapide sur ses pieds. C’est quelque chose que nous avions
l’habitude de travailler lorsque j’étais encore dans les parages. Je suisheureuxdevoirqu’iln’apasoublié.Il ne faut pas longtemps pour qu’Alex essouffle Layne alors qu’il tente
d’esquiverlescoupsrapidesdemonfrère.Ilssemblentnejamaiss’arrêteretvenirtropvitepourqueLaynefassegrand-choseàpartessayerdelesbloquermaintenant,toutenbalançantquelquescoupsdesoncru.SeptminutesdecombatsesontdéjàécouléesetAlexesttoujoursenpleine
forme.Jenepeuxpasnierlafiertéquejeressenspourlui.Leregarder–danslering–merappellequ’iln’estplusungamin.—Eh bien, qui l’aurait cru,murmureRachel,me distrayant pendant une
seconde.Peut-êtrequejevaisrentreravecAlexcesoiraprèstout.Je me tourne de côté, sur le point de dire à Rachel de foutre le camp,
lorsque j’entends un son que je reconnaîtrai toujours, peu importe depuiscombiendetempsjen’avaispasassistéàuncombat.AumomentoùmesyeuxquittentAlex,j’entendscequiressembleàdesosquisebrisent.Quelqu’unestàterreetjen’aimêmepasbesoinderegarderpourleconfirmer.Cesonesttropfamilier.Mon cœur s’arrête une seconde avant de regarder devant moi pour
constaterqu’Alexestencoresursespieds.Ilsetientau-dessusdeLayne,lesmuscles tendus alors qu’il l’observe. Sans hésiter, il baisse lamain et aideLayneàsereleveravantdeleverlesbrasensignedevictoiretandislafouleexploseetcommenceàscandersonnom.Lesoulagementmesubmergeetunepointedefiertémefaitsourire.Jene
suispeut-êtrepaslàdepuissixans,maisilaprisàcœurbeaucoupdechosesquejeluiaiapprisesetmeressemblebeaucoupplusquejelepensais.Alexcourtverslebookmakerpourobtenirsonpaiement.Ilsetientlà-bas
pendantcinqbonnesminutesavantdeprendresonargentetdevenirseplacerdevantmoi.—Jet’aiditqueceseraitrapide.Ilmefaitungrandsourire.
—Jet’attends,frangin.—Espècedepetitcon,dis-jeensouriant.Jeluitapesurledosavecfierté.—Bonboulot,petitemerde.JesupposequetuesunCarteraprèstout.Aumomentoùnouscommençonsànouséloigner,Rachelseplantedevant
Alexetouvresabouchepourparler,maisillacoupe.—Vatefairefoutre,Rachel.Récupèreunpeuderespectetarrêted’ouvrir
tesjambespourlegagnantchaquesoir.C’esttoutsaufbandant.Ilsetourneversmoi.—Allons-y.Jemeursdefaim.Rachel en reste bouche bée une seconde, puis elle s’éloigne d’un pas
furieuxversLaynequiestassissurlecôté,unepochedeglacesurl’œil.—Quoi?Alexhausselesépaulesalorsquejeluisouris.Je la supportedepuis trop longtemps.Elle est peut-être chaude comme la
braise,mais elle a baisé avec à peu près tous lesmecs qui se trouvent ici.Regardeautourdetoi.Çafaitdumonde.—Oui,jevoiscequetuveuxdire.Jeleprendsparl’épaule.—Foutonslecampd’ici,Alex.Une fois de retour à la maison, Alex attrape le paquet contenant son
hamburger,sesfritesetsesbeignetsauxoignons,etsautedupick-up.— Je vais manger puis aller me coucher, déclare-t-il. Nous parlerons
demainmatin,d’accord?J’acquiesce,tandisqu’ils’éloigne.Jen’aipasenviederentrertoutdesuite.
L’avoir ici,maissachantquemesparentsn’ysontpasmeserre lecœur.Laconfrontationaveclaréalitéesttropdure.Jerestedehors,àregarderducôtédelamaisondeLyric,enpensantàce
qui s’est passé entre nous tout à l’heure. Il est déjà plus de deux heures dumatin. Toutes les lumières sont éteintes et je ne vois pas la voiture de sacolocataire.
Lapremière chosequimevient à l’esprit, c’est la chaleurde son sexeetsongoût.Mêmesijesaisquejedevraismeteniréloignéd’elle,jeneleveuxpas.J’enveuxplus.Mespieds commencent àbougerd’eux-mêmes.Devant saporte, je fouille
dansmapocheetsorsmonjeudeclés.Jesuissûrquepersonnen’achangélaserrure.Pourl’instant,laseulechosequicomptec’estelle,jeveuxlacaresser.Jemefousdetout.Jeveuxtoutoublier.
ChapitreDouze
LYRIC
Je suis en train de travailler surmon ordinateur en visionnant la séance dephotos que j’ai faite avecMemphis, quand j’entends claquer deux portièresdevantlamaisonvoisine.Moncœurplongependantunefractiondesecondeavantdepartiraugalopàlapenséequ’ilsetrouvelàdehors.Aussiencolèrequejelesuisaprèslui,jenepeuxpasm’empêcherdeledésirer.Celamerendfolle.J’ai été tentéede regarderparma fenêtre,mais j’ai résisté de toutesmes
forces. Je refused’être faibleetde faire lepremierpas.Autant je ledésire,celanechangepas le faitquec’estunsalaud ;unsalaudsupersexyquimedonneenviedel’étrangleretdelebaiserenmêmetemps.S’ilmeveut,alorsilviendraàmoi.Jedoism’ensouvenir.—Grr!Fermantrageusementmonordinateur,jemedéshabille,ennegardantque
maculotteet rampedansmon lit.Baileynevapas rentrercettenuit, jesuisdonc toute seuleet tranquillepourpenseràMemphiset àcequi s’estpassétoutàl’heure.D’ailleurs,jen’aipasarrêtéd’ypenser.C’estpourcelaquejen’aipasarrêtédetravailleretquej’aiévitéd’allermecoucher.Jesavaisquedèsquematêtetoucheraitl’oreiller,jenepourraispluspenserqu’àçaetjenemesuispastrompée.Jeme déteste presque pour la première pensée quime traverse l’esprit :
Memphis enmoi,me prenant brutalement et profondément. Je ne peux pasnierquejevoulaisqueçaaillesiloin.J’enavaisenvie...etvulafaçondontilm’avaitregardé,j’auraisjuréqu’ilvoulaitlamêmechose.C’étaitcommes’ilallaitmeravagerlà,toutdesuite.Jesaisquecelaauraitétécommeça.Iln’yariendedouxchezMemphis.Celamedonneencoreplusenviedelui.Fermantlesyeux,jefaisglissermesdoigtssurledevantdemaculottesans
pouvoirm’enempêcheretconstatequemespenséesm’ontémoustillée.Rienqu’unepenséedeMemphiset jenepeuxpascontrôlermoncorps. Il saitcequejeveux,mêmesij’essaiedelecombattre.J’aibesoindecettelibération.Celafaitlongtemps.
Je glisse un doigt en moi en gémissant alors que je me souviens de lasensationdesondoigtépaismeremplissant.Lafaçondontilbougeaitcommes’il connaissait mon corps et ce qu’il désirait, glissant lentement etprofondémentenmoi,appuyantjusteaubonendroit.L’expressionconcentréequ’il a arborée, son beau visage se transformant et se concentrant surmoicommesimonbesoinsexuelétaittoutcedontilsesouciait...etl’odeurdesapeau.Ohputain!Accélérant lemouvement, je gémis alors que j’imagine sesmuscles durs
au-dessus demoi, se contractant alors qu’il déchiremon chemisier. Je n’aijamaisétéaussiexcitéedetoutemavie.Jemesensmerapprocher…siproche.Soulevantmes hanches à la rencontre demamain, jememords la lèvre
inférieureetgémisalorsquej’imaginequec’estlasienne.—Bonsang,tuessisexy.Jesursauteetcrielorsquej’entendslavoixprofondedeMemphisdansma
chambre.—Putaindemerde!Jeretiremamaindemaculotteettirelacouverturesurmoi,embarrassée
d’avoirétésurprisememasturbantparletypeleplussexysurterre.—Qu’est-cequetufaisdansmachambre?Mieuxencore,qu’est-cequetu
faisdansmamaison?Je le regardealorsqu’il se rapproche, sesyeuxenvoyantun frissondans
macolonnevertébrale.Ilssontsiintensesquejeressensunecontractionentremescuisses,mefaisantpresquejouiravecunseulregard.Jen’aipasbesoindecegenrededésiralorsqu’ilsetientlà,meregardant.—Commentdiablees-tuentréMemphis?Laporteétaitferméeàclé.Toutensouriant,iltendlebrasprèsdemonordinateurversmonappareil
photoetleprend.—Jevivaisici,Lyric.Lesserruresn’ontpasétéchangées.Tuesdansmon
ancienlit.JemesensrougiralorsqueMemphissedirigeversmoietretirelentement
la couverture demon corps, avant de retirer le cache de l’objectif demonappareilphoto.
—Putain.Leschosesquejevaistefaire.Oh,bonsang…
MEMPHIS
Tendant le bras, je frottemamain sur le haut de l’intérieur de sa cuisse enattendant que l’appareil photo s’allume, ses jambes s’écartant légèrement etsesyeuxrencontrantlesmiens.Jepeuxvoirsapoitrinemonteretdescendrerapidementalorsqu’elle lorgnemoncorps.Une femmeestbellequandelleestexcitée...etjevaisleluimontrer.—Écartelesjambespourmoi,Lyric.Elle cambre le dos et ouvre un peu plus ses jambes, sansme quitter des
yeux.—Oui,commeça.Jemordillemalèvreinférieure.—Tu as pris des photos demoi, etmaintenant… c’estmon tour.Quand
c’estmoiquiail’appareil,c’estmoiquicommande.Enlevantmonblousondecuir,lejetteàtraverslapièce,agrippeLyricpar
lescuisses,et la tireauborddumatelas.Ellemefixe lesyeuxmi-closet jesensmonsexequitressaute.Elleaimebienquejedirige,dumoinsaulit.Jecommence par prendre quelques photos d’elle dans cette position, pour lamettreàl’aise.Jereculejusqu’àmonanciennecommode,enrestantfaceaulit.L’angleet
la distance sont parfaits pour ce que je veux faire. J’ajuste la lentille enregardantl’écran,pourbienfairelepoint.C’estimpeccable.Jefaisdéfilerlesfonctionsjusqu’àtrouverledéclencheurautomatique,quejemetsenroute.Jen’enaipasparléàLyric,maisj’aimoi-mêmeunvieilappareilet jeprenaisautrefois des photos, pour m’occuper, quand j’avais besoin de me calmer.Maisçan’apasduré.Jeposel’appareilsurlacommode,enm’assurantqu’ilestbienorienté.—Enlèvetaculotte.
Jevérifiesurl’écranquel’imageestbonne.Ellepousseunsoupirétoufféetfaitlentementglissersamainsursonventre,puissamaindisparaîtdanssaculotteetellelafaitglisserlelongdesesjambes.L’appareilprendtroisclichésdelascène.—C’estbien,dis-jeaprèsavoirvérifiéquelesphotossontbonnes.J’abandonnel’appareiletmedirigeverslelit.Laséancepeutcommencer.Jem’agenouilleprèsdulitetjefaiscourirmabouchelelongdesajambe.—Caresse-toi,dis-jedansunmurmurecontresapeau.Montre-moiàquel
pointtuasenviedemoi.Ellehésiteuneseconde,commesielleétaitgênée,puiselleglissesesdeux
mains entre ses jambes et insinue un doigt en elle. Elle mord sa lèvreinférieure quand je lui prends la main pour enfoncer son doigt plusprofondément,voulantlaregarderimaginerquec’estmondoigt.Jevaisêtrelevoyeur…pourl’instant.— Baise-toi lentement et profondément, Lyric… comme je viens de te
montrer.Un flash nous éclaire aumoment où je lèche l’intérieur de sa cuisse, en
m’arrêtant au creux tout en haut, juste sous son intimité. Puis il y en a undeuxièmelorsquejeplantemesdentsdanssapeau,toutenpoussantsondoigtplusprofondémentenelle,lafaisantsursauter.—Mmmm,gémit-elleenagrippantmescheveux.Memphis.Jesucedurementlachairdesacuisse,déplaçantmamainsurlasienneet
poussantmonmajeur gauche en elle enmême temps qu’elle pousse le sienplusprofondément.Elleesttellementétroitequenousnepouvonspasyentrerlesdeux.Monsexedurcitcontremonboxer.Ilveutêtreenelle.Jeleveuxégalementdésespérément,maisilfautquejemecontrôle.Jesuis
icipourterminercequej’aicommencé.Jenepeuxpaslalaisserinsatisfaite.—Tachatteestsidouce.Je saisisunde ses seinsdansmamain libreet le serre, en faisantglisser
monpoucesursonmamelondur.Jenepeuxpasm’empêcherderegardersonintimité fraîchement raséeavantdemepencheretdesucersonclitorisdansmabouche.
Elle gémit, mais ne dit rien. En ce moment, elle est plus excitante quejamais. Il va falloir que jemecontrôle avec tout ceque j’ai pournepas labaiserjusqu’àcequ’ellenepuisseplusmarcher.Jeluiprendslamain,retirantnosdoigtsdesonsexeenmêmetemps,puis
jelaregardedanslesyeuxtoutensuçantsondoigtpourlenettoyer.—Tourne-toietmets-toiàgenoux,ordonné-je.—Tuessérieux?Jemepenche en avant, glisse un bras autour de sa taille pour coller son
corpsaumien,puis calederrière sonoreilleunemèchedecheveux rebelleavantdeluiembrasserlelobe.—Je te l’aidit…C’estmoiquidirige…Faisceque je tedisafinque je
puissetefairejouir.Elle déglutit et s’écarte de moi pour se retourner et se mettre à genoux
commejeleluiaidemandé.Lavuedesonpetitculrondetparfaitmedonneenvied’éjaculersurluietderegardermonspermecoulerlelongdelafente.Etmerde.Jeposemamainaumilieudesondosetappuiepourl’obligeràposerses
coudes et ses avant-bras sur le matelas, ce qui a pour effet de relever sesfesses.Sonsexeest sihumidemaintenantque je levois sondésir s’écoulerd’elle.Ellenel’admettrapeut-êtrepas,maiselleaimeçaautantquemoi.Leflashdel’appareilcontinueàcrépiter,cequim’exciteencoreplus.—Passetamainentretesjambesetcaresse-toi,Lyric.Je traceunchemindemamain le longdesondos,admirantsescourbes,
tandisqu’ellem’obéit.Je frotte mon index sur sa raie, la taquinant alors que le flash crépite à
nouveau.Jelaregardecaressersonclitoris,puisjelasaisisparlementonetlaforce
àtournerlatêteversmoiafindevoirl’expressiondesonvisagequandellegémit.—Jeveuxteregarderquandtujouis.Ellemordillesalèvreinférieurealorsquejemepenchepourpasserlebout
dema langue dans les replis de son sexe. Elle a tellement bon goût : c’est
addictif.Ellesecambrepouralleràlarencontredemaboucheetsondoigtseretire
de son clitoris. Je grogne pour protester et elle recommence aussitôt à secaresser.Jevoissonautremainsecrispersurlacouvertureàchaquecoupdelanguequejedonne.—Memphis,murmure-t-elleentredeuxgémissements.Fais-moijouir.Elle se retourne et me saisit la tête, frappant désespérément ses hanches
dans ma bouche quelques fois, avant d’enterrer ma tête dans son intimité.Putain, cela m’excite. Je rampe sur le lit et la déplace avec moi, lapositionnantdesortequesondosestcambréetsonsexeestdansmonvisage.Sesmainss’appuientsurlatêtedelitalorsquejesoufflesursonintimitéetpuisfaistourbillonnermalangueautourdesonclitoris.Jeglissemalanguedanssesplisavantdelapousserdanssonentréeeneffectuantdesva-et-vientenfrottantmonpoucesursonclitoris.Ellecommenceàtremblersousmoietàsedébattreavantquejelasentese
resserrerautourdemalangue,etjegoûtesonexcitationdansmabouche.—Ohmerde!Ellesaisitmescheveuxalorsquejeretiremalangueetj’aspiresonclitoris
dansmaboucheunefoisdeplus,avantdelarelâcher.—Commentdiableas-tufaitçasivite?Elle pose ses deux mains contre son front et lutte pour reprendre son
souffle.—Jenejouisjamais…sivite.Je me lève, me dirige vers la commode et prends l’appareil pour
photographiersoncorpstrempédesueur.Jeveuxqu’ellesesouviennedecequejepeuxluifaire.— Quand on veut quelque chose, il faut apprendre à le contrôler et se
l’approprier.Jebaisselesyeuxsurelleetlaregardealorsqu’ellerabatlacouverturesur
elle.—C’estcequej’aifait…Jeme détourne et sors, en la laissant méditer sur la question.Merde, je
n’auraispeut-êtrepasdûdireça.Maintenant,c’esttroptard.Etc’estvrai,jel’avoue…Jelaveux.
ChapitreTreize
MEMPHIS
Je me réveille agrippé aux couvertures, en sueur, les dents serrées. Çam’arrivebeaucouptropsouvent.—Merde.Il me faut un moment pour émerger et me rendre compte que je suis
réveillé. Mais ça n’y change rien. Je suis vraiment secoué par tous lessouvenirsquiremontentàlasurface,tropébranlépourmedétendre.Jeme redresse etm’assieds sur leborddu lit, lesdeuxmains sur la tête.
Puissoudain,j’aperçoisAlex,deboutdevantmacommode.—Jevoisquetudorsaussibienquemoi,déclare-t-il.Plutôttrèsmal.Ildéglutit.—Ilfautquetumerejoignesquelquepartcesoir.Jen’aipasletempsde
t’expliquer.J’aijustebesoinquetum’écoutesattentivement.Ilmelanceunboutdepapieretfileendirectiondel’escalier,avecsongros
sacnoiràlamain.—Qu’est-cequec’estquecesconneries,Alex?Jemelèveetramasselepapier,complètementdéboussoléparsonpetitjeu.—Oùvas-tu,Alex?—J’aiuntrucimportantàfaireetjedoisyaller.Retrouve-moiversminuit.Il s’arrête aumilieu de l’escalier. Il a l’air très nerveux pour une raison
inconnueetcelamedonneunesensationd’inconfort.—Etnesoispasenretard,ajoute-t-il.Sansunautremot,ildescendl’escalierencourant.—Tutefousdemoi?Jepassemamaindansmescheveux,enessayantdemeréveiller.Ildoitêtre
cinqheuresdumatin. Jen’ai aucune idéedeceque trafiqueAlex,mais j’ail’impressionquejenevaispasaimeroùilm’emmène.
Jesensautourdemoil’odeurdusangetdelasueuretçamereplongedanscetuniverssombrequej’avaiscruquitterpourtoujours.Celuiquejemesuisefforcéd’enfouirtoutaufonddemoi.J’auraisdûmedouterqu’ilneresteraitpasenfoui longtemps.Marésistancecommenceà flancher, jen’arrivepasàquitterdesyeuxlecoinoùAlextientàpeinedebout.Ilestcouvertdesang.Ilyenamêmesurlesol.Putain,Alex.Dansquoinousas-tuencorefourrés?Jefaisunpasenavant,pourm’approcherduring.Maintenantque jesuis
suffisammentprès,jepeuxvoirquelescordesaussisontrougesdusangdescombattantsquisontpassésparlà.Merde.Meretrouvericimetmavolontéàrudeépreuve.Cen’estpaslemêmeniveauquedanslaruelle.Tout mon corps se crispe et mes muscles se contractent alors qu’Alex
prend un nouveau coup au visage, à poings nus, le sang giclant sur lemurderrièrelui.C’estaumoinslecinquièmecoupqu’ilencaisseendeuxminutes.Ilestàgenouxmaintenantetondiraitqu’ilestsurlepointdepousserson
derniersouffle.Ilbougeàpeine.Ilabandonne.Ahputain,Alex!Sansmêmem’enrendrecompte,jecommenceàfendrelafoule,faisantse
tourner versmoi tous les yeux, mais jem’en fous. Je sens la bête enmoiprendreledessus,cellequim’adétruitautrefois.Jenevaispasresterlesbrascroisésàregardermourirmonfrère.—Lève-toi,hurlesonadversaire.Lafoulesemetàscanderlenomdel’adversaireenquestion,maisjesuis
tellement fou de rage que je n’entends qu’un vague bourdonnement. Je nelaissepascelameralentir;riennelepeutmaintenant.Je m’approche de la scène juste comme l’autre combattant s’agenouille
derrièreAlexetenroulesonbrasmonstrueuxautourdesoncou.CetypeestuneputaindebêteparrapportàAlex.C’estpourquoiilm’afaitveniricicesoir.Ilsavaitqu’ilrisquaitdemourir.Ehbien,m’amenericiestlameilleurechosequiauraitpuluiarrivercesoir,maislapirepourmoi.Maintenant, il n’y apasde retourpossible. Ilm’a fallu six ansdans cette
prisonpourmeretrouveretrepoussermonbesoindecombatsurlering.Jel’aicontrôlédansl’allée,maispasici.Jenepourraipas.Pasquandquelqu’un
menace de prendre une vie. Je ne pourrais jamais m’en débarrassermaintenant. Jepeuxdéjàsentir la libérationalorsque l’anticipationducoupconsumemonesprit,moncorpsetmonâme.C’estmoi.Vouspouvezdirequec’esttordu,maisjesuisexcitéparladouleur.Mes yeux d’un bleu froid s’accrochent à ceux d’Alex. Voir le désespoir
derrière ce regard est suffisant pourme déchaîner, sansmentionner qu’il al’aircomplètementpaumé.Celasignifiequ’ilaredoutécemomentdepuisuncertaintemps.Ilsavaitquecelaarriverait.Sesbrassontmousàsescôtésalorsqu’illuttepourrespirersousprisede
la bête. Ses yeux sont déjà gonflés, presque complètement fermés. En cemoment, jeveuxtuercethomme, toutcommecefilsdeputed’AsherSharpquil’aemmenéicienpremierlieu.Monfrèren’arienàfaireici,maisc’esttoutcequ’ilconnaît;toutcequeje
connais.—Finis-le,Abel!ordonnecebâtardd’Asher,memettantencoreplushors
demoi.Ilestfini.Mesyeuxvacillentverslabêtequ’ilsappellentAbel,etdanssonmomentde
gloire,ilnemeremarquemêmepas.Sesbrasfléchissenttandisqu’ilresserresapriseautourducoud’Alexetatteintsonmentonavecsonautremain,prêtàluicasserlacolonnevertébrale.Ilsouritd’unsouriresanglantetécœurantquimeglacelesang.Cefilsdeputeestsérieux.Ilvaletuer.Celaprouvequetoutcequej’aientendudiresurAsherdanslepasséestvrai.Merde!MonadrénalinemefaitmeglissersouslescordesetchargerAbelendeux
secondeschrono.Jevoisrougealorsquemespoingsfrappentlecôtédroitdesatempe,avantdelesaisirparlanuqueetd’enfoncermongenoudirectementdanssonvisage,l’envoyantsurlecimentensanglanté.Ah,çafaitdubien;c’estuneputaindelibération.Jesuisremontéàblocetprêtàfoncer.Lapeaudemesdoigts s’estdéchirée lorsde l’impact, cequi faitpalpiter
mamain,maisc’estunedouleurquej’accueilleavecplaisir.Celamedonneuncoupdefouet,c’estmapropredrogue.Jemetienslà, lesangcoulantdemamaintandisquejeregardefixementlecorpsmoud’Abel,avantdeleverlesyeuxversceuxd’Asher.Jesuischaufféetmaintenant,j’aienviedeplus.
Il me rendmon regard, ses yeux se rétrécissant sur moi, debout de sonsiège – l’un des rares dans l’entrepôt. Ses yeux sont sombres, samâchoireserréealorsqu’ilchuchoteàl’hommeàcôtédelui.Ilestfurieuxetjeviensdesignermonarrêtdemort.Ungrouped’hommes–probablementdesgardesducorps–passententre
les cordes pour venir vers moi. Je devrais avoir peur, mais cela nem’impressionnepasdutout.J’aiaffrontébienpirequecestêtesdenœud.Jemeredresse,lespoingsserréslelongdemoncorps,leurmontrantque
jenevaispasreculer.Ceringestàmoi,maintenant.Jesuisprêtàmourirs’illefaut.Personnenetoucheàmachairetàmonsang;àlaseulepersonnequicomptepourmoi.Tuaspigé,connard?JefaisunpasenarrièrepourmettreAlexderrièremoi,leurmontrantque
je leprotégeraiàn’importequelprix.Jememoquequecenesoitpasmoncombat. Je me suis mis dans cette position parce qu’il est absolumentnécessairequejesauvelaseulepersonnequ’ilmereste.L’un des trois hommes se prépare à foncer sur moi. Je me prépare à
attaqueraussi,maislavoixd’Ashernousfigesurplace.—Non!Nebougepastantquejen’aipasditlecontraire.Ilavance lentementvers lering toutenmedévisageant.Lorsquesesyeux
croisentlesmiens,ilsemetàricaner.—Ehbien,quiavons-nouslà?Leseulcombattantquis’estdégonflé.Jehausselessourcilsalorsquejeleregardearrangersesbijouxethocher
latêteafinqued’autreshommessejoignentàlui.Maintenant,ilatoutemonattention.Ilritdenouveauetretrousselentementlesmanchesdesachemisenoire.—Jen’y croispas, dit-il.Legrand frèreCarter quivient à la rescousse.
J’auraisdûmedouterquetumeferaisl’honneurdetaprésence.Illèveunbras,commepourencouragerlafouleàm’acclamer.—JevousprésentecetenfoirédeMemphisCarter.Ilhausseunsourcilalorsquejemetienslà,enmedemandantoùilveuten
venir.
— J’ai beaucoup entendu parler de toi. Demande àAlex. Nous avons eubeaucoupdetempspourapprendreànousconnaître.Pasvrai,Alex?Il reporte son attention surAlex, qui estmaintenant adossé aux cordes à
côtédemoietrespirebruyamment.—Pasvrai?hurle-t-il.Despostillonsvolentettouteslesveinesdesoncougonflentalorsqu’ilse
précipiteàcôtédelascèneetsetientdevantlevisaged’Alex.—Parle-moi,Alex.Ilsaisitlacorde,faisantleverlesyeuxdemonfrère.Alexestcouvertdesangetdesueur,sesyeuxmecherchantpourdel’aide.
Jenepeuxpassupporterdelevoircommeça,pasencoreunefois.Cejour-làm’amarquéàvie,àplusd’untitre.Jeluiaifaitunepromessecejour-là,unepromesse de toujours le protéger et d’être là pour lui.Ce petit con a de lachancequejerespectemespromesses.Me rapprochantdemon frère, jepasse sonbras autourdemonépaule et
placelemienautourdesataillepourlesouteniralorsquejeleremetssursespieds.—Dis-moi simplement où tu veux en venir, craché-je. Je n’aime pas les
devinettes.Ilacquiesceetunsourirevicieuxéclairesonvisaged’hommemûr.Jedois
faireappelà toutmoncontrôlepourm’empêcherde lui retirercesourireàcoupsdepoing.—Oùjeveuxenvenir?Ilmejetteunregardduretsecouelacorde.—Oùjeveuxenvenir?IlmontreAlexetmeregardedroitdanslesyeux.—Jeveuxquetupayespourl’incompétencedetonfrère…etcen’estpas
bonmarché.Lafrustrationprenantlerelais,jelaissaiéchapperunprofondsoupiretje
faiscourirmamainensanglantéesurmonvisage.C’estladernièrechosedontj’ai besoin en ce moment. Je pourrais presque tuer Alex moi-même pouravoirétésistupide.
—Vaauputaindebut,espècedesalefilsdepute,grogné-je.—Tuvastebattreà laplacedetonpetitfrère.Ilestévidentqu’ilnepeut
pluslefaire.Fouillantdanssapoche,ilsortunpeud’argent.— Cette liasse serait beaucoup plus importante s’il n’avait pas été aussi
incompétent.Tucomprends,connard?Secouant la tête, je pose la question redoutée ; celle qui allait à coup sûr
nousfairetuertouslesdeux.—Combien?Sanshésiter,ilcrache:—Cinqputainsdemilliersdedollars.Ilposedenouveausurmoisesyeuxnoirs.—Jeveuxcequimerevient.Ilmelesdoit!Ilpointeundoigttremblantderageverssontorse.— Il avait besoindemoiquand tu as tout foutu en l’air.Cen’est pasma
fautes’ilétaitcomplètementbarréetqu’iln’arienpufairepourmoi.Ilm’afait perdre plus d’argent qu’il nem’en a fait gagner. Ce combat, c’était sadernièrechancedemerembourser.Maintenant…c’estàtoidejouer.Bats-toipourmerendrel’argentqu’ilmedoitetilpourraresterenvie.Ilpourrapeut-être même garder tous ses membres. Je suis tellement furieux, je n’ai pasencoredécidé.Mesouvenantoù jeme trouve, je jetteuncoupd’œilautourdemoipour
voirquequelqu’unadûguiderlafouleailleurs,parcequetoutcequiresteestungrouped’hommesencostume,tousaugarde-à-vous.Ehbien,c’estvraimentmonjourdechance.—Jenecombatsplus.J’aiarrêté.J’entraîne Alex hors du ring, tout en sachant que nous n’avons aucune
chanced’ensortirvivantstouslesdeuxsijerefuselemarchéd’Asher.Maisjetente quandmêmema chance. Pourquoi ? Parce que je suis une foutue têtebrûlée.Unemainagrippemonépaulepourmeretenir.D’instinct, jebalancemon
coudeenarrièreet ilheurteunemâchoire.J’entendsuncraquement,puis le
bruitdepasquiseprécipitentsurlecimentderrièremoi.—Çasuffit!Lavoix d’Asher résonnedans tout l’entrepôt, faisant dresser les poils de
manuque.Toutlemondesefige,visiblementconscientdecequecethommeestcapable.— C’est ta dernière chance, Memphis. Reviens ici vendredi à minuit où
l’offrenetientplus.ComprisMemphis?Sans me retourner, je quitte le ring avec Alex et fends le groupe des
hommesencostume.Jesensleregardbrûlantd’Asherquimesuit.J’imaginesonsouriredepourriture.Ilsaitqu’ilagagné.Entoutcas,jevaisleluilaissercroire.J’aibesoinderéfléchiràcequisepasse.Sesmotsrésonnentencoredansmatêtealorsquejenousconduisdansl’air
fraisdelanuitetplaqueAlexcontremonpick-up.—Tum’asbienbaisé,Alex.Tupeuxmeconsidérercommemort.Jefermelesyeuxet l’imagedeLyricpassedevantmespaupières,figeant
monmondeà lapenséede toutçaetdu faitque jene laverraiplus jamais.Elleestlaseulequifaittairemesdémonsetmefaitmesentirvivant.Justequandmaviecommençaitàavoirun sens… tout s’écrouleautourde
moi.Etjesuisrenvoyéenenfer.
ChapitreQuatorze
LYRIC
Lajournéem’aparuatrocementlongueausalondetatouageetjejurequesij’avaisdûypasseruneminutedeplus,j’auraisétrangléquelqu’un.Stylesétaitbien plus pénible que d’habitude et Ryan, d’une humeur de chien. J’aiplusieursfoisététentéedeluidonneruncoupdepied,maisjemesuisretenuepour ne pas être obligée de l’entendre pleurnicher. Je ne pouvais plus riensupporteraujourd’hui.J’aiquittélaboutiquedepuisdeuxheuresetj’ensuisencoreàmedemander
sijedoisounonallerparleràMemphisdecequis’estpassél’autresoir.Çanesefaitpasd’entrerdanslachambred’unefille,deluidonnerleplusgrosorgasme qu’elle ait jamais eu, et puis de partir comme s’il ne s’était rienpassé.Unepartiedemoiaenviedeleluihurlerdessus,deluidired’allersefaire voir et de ne plus jamais me parler. Je doute de pouvoir faire ça,cependant.Baileylèvelesyeuxdelatéléetmelanceunsacderaisinsauchocolat.—Tiens,prendsça.Tuasl’aird’avoirbesoindemettrequelquechosedans
tabouche.Jedéchirelesacetenprendsunepleinepoignée.—Non,cedontj’aibesoin,c’estdesortirquelquechosedemabouche.Jem’assieds,soudainfurieuse.—Maispourquiseprend-il,ceMemphis?—Waouh…est-cequej’airatéunépisode?Baileys’assiedaussi,lesjambesentailleur,avidederagots.—Ils’estpasséquelquechosel’autresoir,quandjen’étaispaslà?Tuas
uncomportementbizarre,depuis.JerevoisleregarddeMemphisquandjel’aisurprismeregardant.Ilavait
enviedemoi,c’étaitévident.Puis,aussifacilementqueça,ill’avaitrépriméetilétaitparti.Mêmesicelamecontrariebeaucoup,c’estmonvilainpetitsecretetj’aienviedelegarderpourmoi.
—Non.Jesuisjustefatiguée.Jenesaispas.J’aiencoreuneséancephotovendredietjesuisauborddusurmenage.J’aipeut-êtrebesoindevacances.Je prends encore une pleine poignée de raisins et me lève pour aller
prendremaveste.—J’aiaussibesoind’air.Jereviens.Baileyserallongesurlecanapéetsecouvreavecsacouverturepréférée,
cellequiesttoutepelucheuse.— Tu es une sacrée menteuse. Je finirai bien par te faire cracher le
morceau,alorstuferaisbiendetoutmedire.—Jet’enparleraiplustard.Jen’aipasenvied’endiscutermaintenant.Je
suisvraimentfatiguéeetj’aibeaucoupdechosesentête.J’ouvrelaported’entrée.—Nefermepasàclé.—Peuimporte,répond-elle.Maisdépêche-toiderefermercetteporte.J’ai
froid.Levantlesyeuxauciel,jerefermelaporteàreculonsetmanquedepousser
un cri de surprise en apercevantMemphis adossé à la rambarde du porchederrièremoi.—MerdeMemphis!Tum’asfaitpeur!Il se redresse lentementavantdes’avancerversmoid’unpasmesuréqui
me tapesur lesnerfs. Il semble torturé,mécontent.Moncœurseserrepourlui.Glissantunemaindansmescheveux,ilmesaisitparlatailleetmeplaque
sansménagementcontrelemurdelamaison.—Jenedevraispasavoirenviedetoicommeça.Jenedevraispaspenserà
toi…Ildéglutit.—Maisc’estlecas.Ilpressesoncorpscontrelemien,cequienvoieunfrissonlelongdema
colonnevertébrale.—Dis-moidepartir,exige-t-il.
Je contemple fixement ses lèvres, tout en secouant la tête. Je ne peuxpasfairecequ’ilmedemande.Moncœurbat très fortet j’aiuneenvie folledel’embrasser.—Non,dis-jedansunmurmure.Ildonneuncoupdepoingdanslemur.—Merde,Lyric.Ilglissesonautremaindansmescheveuxetmetirelatêteenarrière.—Pourquoies-tusibutée?—J’aiétéélevéecommeça…Jelèvelesyeuxpourcroisersonregard.—…parmonsalauddepèrequinesavaitmêmepassij’étaislàoupas.Jevoispasserduchagrindanssesyeux,avantqueseslèvreseffleurentma
bouche.Elleslasurplombentuninstant,touchantàpeinelesmiennes,avantdes’éloigner,melaissantseuleetglacée,avecledésirquej’aidelui.Jeresteadosséeaumur,luttantpourreprendremonsoufflealorsquejele
regarde disparaître par la porte de son garage, comme s’il ne s’était rienpassé,commes’iln’étaitpasvenujusqu’àceporchepourmedirequ’ilavaitenvie de moi. Je suis plus que furieuse. Il m’a peut-être surprise dans unmomentdefaiblesse,maisc’estfini.Jevaisdireàcesalaudcequejepense.J’aifinidejoueràcepetitjeuaveclui.Je traverse le jardin d’un pas furieux et passe par le garage pour entrer
dans samaison. Jememoquede son intimitéàprésent. Ilne s’estpasgênépourfaireirruptiondansmachambreenpleinenuit.Pourquoirespecterais-jesonterritoire?Je vais directement au bout du couloir et descends rapidement l’escalier
pour le trouver devant son lit, l’air très sexy dans une chemise noire. Il seraiditlorsqu’ilm’entendentrer,maisilneditpasunmotalorsqu’illancesonblousondevantlui.J’ai un brefmoment de faiblesse devant ce corps sexy comme le péché,
maisjemesecoueetfaiscepourquoijesuisvenue.—Tusaisquoi,Memphis?Vatefairefoutre!Lesmusclesdesondossecrispentalorsquejem’approchedelui.
—J’enaiassezquetuagissescommesitumedésiraisuneminute,puismerepoussecelled’après.Pourquiteprends-tu?Tucroisquejevaissupporterçalongtemps?Tucroisquej’appréciequetujouesavecmoi…parcequecen’estpaslecas.Çamemetenrage.Jefaisencoreunpasetm’arrêteàquelquescentimètresdelui.—Alorsnem’approcheplus,Memphis.Neviensplus chezmoi pourme
diredemeteniràdistance.C’estTOIquivasteteniràdistance…ettuvasmerendretaputaindeclé.Tunevisplusdanscettemaison,moisi.Çamerendencoreplusfurieusedeconstaterqu’ilneseretournemêmepas
et ne se donne pas la peine de répondre. Il a vraiment l’intention de fairecommesijen’étaispaslà?–Tupourraisaumoinsmeregarder,quandjeteparle.J’avanceencore.Jesuismaintenanttoutprèsdelui,justederrière.—Nefaispasunpasdeplus,grogne-t-il.—Non.Vatefairefoutre,répété-je.Ilfaitvolte-face,lamâchoirecrispéealorsqu’ilmeregardedehautenbas.—Viensencoreplusprèsetnet’étonnespassijet’arrachetesvêtementset
tebaisejusqu’àcequetunepuissesplusmarcher.Jevaisannihiler tachattesansaucunremords.Ilpasse sa languesur sa lèvre inférieureavantde lamordreetd’attraper
manuquealorsquejemeplantedevantlui,mesyeuxflamboyantsdecolèreetdemondésirtordupourlui.—Tujouesunjeudangereux,Lyric.Jenesuispascertaindepouvoirme
contrôler,pasavectoi.Jedéglutisalorsquesonemprisesurmoncouseresserre.Celamedonne
une décharge d’adrénaline, et le son de cemot quittant ses lèvresm’exciteencoreplus:dangereux.Peut-êtrequejesuissimplementattiréparledanger.C’estainsiquej’aiétéélevé.Ledangeret laviolenceétaient lanormepournous.—Jen’aipaspeurdetoi,Memphis.Je tends le bras et saisis ses cheveux avec ma main droite, le faisant
grogneralorsquemeslèvreseffleurentlessiennes.
— Il n’y a pas grand-chose qui me fait peur ; plus maintenant. Je suisfatiguéed’avoirpeur.Pastoi?Mavoixs’exprimedansunmurmure.Incapablederésisterpluslongtemps,
je tends la main et ouvre brutalement sa chemise, envoyant les boutonsvaldinguer. Sa poitrine se lève et s’abaisse si rapidement que cela me faitpresquepeur.Sesyeuxselèventpourrencontrerlesmiens.Laréactionestsirapidequ’il
meprendparsurprise.Ilsontunairférocealorsqu’ilsm’évaluent,donnantl’impression qu’il veut me baiser si violemment que je sortirais d’ici enrampant.Jetrouvedifficiledereprendremonsouffle,etjenepeuxtoujourspasmeremettredesabeautéetdelafaçondontilmefaitmesentiressouffléechaquefoisquejesuisensaprésence.Ilyatantdechosesquejeveuxsavoir,etilfautqu’ilcomprennequejenesuispascellequiapeur…ill’est.Brusquement,ilmesoulèveettraverselapièced’unpasrageur,mejetant
sursonlit.J’atterrisaumilieudumatelas,agrippantladoucecouverturesouslasurprise.Ilsurveillemaréactioncommes’ils’inquiétaitquej’aiepeurdelui,peurdecela.Ilmeteste,étudiemonvisagealorsqu’ilenlèvesachemiseetlajettedecôté.—Jenepeuxpasêtredoux,Lyric.Cen’estpasenmoi...alors,turestesou
tupars?Jeme redressepour enlevermaveste,mesyeux rivés aux siens. Je veux
qu’ilvoielacertitudeeneux;àquelpointjesuiscertainedevouloirça.—Jereste,dis-jefermement.Ildétourneleregardunesecondeavantdelereposersurmoi.—Trèsbien.C’estcequej’espéraisentendre.Ilsepenchepourattrapermontee-shirtqu’ilfaitpasserpar-dessusmatête,
avantdelejeterderrièrelui.—Déboutonnemonjean,ordonne-t-il.Il me saisit par la nuque pendant que je saisis la ceinture de son jean et
pousseleboutonhorsdelafentedelaboutonnière,puisjetireviolemment,ouvrant la fermeture éclair jusqu’en bas. Je le repousse sur ses jambes,griffant ses cuisses au passage, avec autant de brusquerie que lui dansmesgestes.Jepeuxêtrebrutalemoiaussi.Jen’aipasbesoindedouceur.Jenevais
pasmebriser.Celamefaitdubiend’évacuermafrustration.Jecroisquejevaisaimerça.J’enpresquebesoin.Je vois un petit sourire sur son visage alors qu’il me regarde avec
approbation,lepoingserré,commesijevenaisdenourrirsoncôtésombre.Jel’exciteetçameplaît.Sonemprisesurmanuqueseresserrealorsqu’ilm’attireàluietécraseses
lèvres sur les miennes, me faisant perdre le contrôle. Son baiser estpassionné, mais tellement féroce que j’ai déjà l’impression qu’il merevendique.Avantquej’aiepudirequoiquecesoit,ilm’amisdeboutenfacedugrand
miroiraufonddesachambrequicouvrepratiquementl’undesmurs.Puisilm’obligeàmeretournerversluiavantdesepencherversmoietde
me retirer brutalementmes vêtements, jusqu’à ce que je sois complètementnue,contemplantmonproprerefletdanslemiroir.Jeremarquequemesseinsdurcissentaussitôtetquej’ailachairdepoulealorsqu’ilmordillelecôtédemoncou.—Enrouletesmainsdanslacordequiestau-dessusdetoi.Savoixestbasseetpleinededésir,faisantpalpitermonsexe.Jenepeuxpas
nierquej’adorelamanièredontilmedomine.C’esttellementsexy.Jeveuxvoiroùcelavanousconduire;j’ysuisobligée.Je lève les yeux au plafond et je remarque deux cordes qui pendent au-
dessusdematête,formantunVàl’enversavecunnœudàchaqueextrémité.Jesupposequecelaluisertpoursonentraînement.Imaginerqu’ilsesuspendtorsenudevantcemiroirm’excitetellementquejedoisserrerlesjambesafinqu’ilneserendepascompteàquelpointjesuisdéjàmouillée.Jemetiensdevantlemiroiravecmesmainsmaintenantenrouléesdansles
cordes alors que Memphis s’éloigne. Mon cœur bat si fort que je le senscognercontremescôtes,augmentantlefluxdesangdansmesveines.Jen’aijamais fait une chose pareille auparavant, et savoir que je le fais avecMemphisdéclencheunepousséed’adrénalinecommejen’enaijamaiseu.Quelques secondes plus tard, j’entends de la musique dans la pièce. La
chanson familière à la radio attire mon attention alors que je regardeMemphisderrièremoidanslemiroir,quicherchequelquechose;Desire,deMegMyers.Etmerde!CettechansonmedonneenviededévorerMemphisde
lameilleurefaçonpossible.Jenepeuxpasnierquejeveuxquecesoitbrutal.Aveclui,jeveuxquetoutsoitbrutal,parcequ’ilestcommeça.Toutmoncorpssemetàtremblerquandjelevoiss’approcherdemoipar-
derrière,unappareilphotoàlamain.C’estunvieuxmodèle,maisàpeuprèsaussi performant que le mien. J’ai l’impression qu’il y a une histoire là-dessus,rendantcemomentencoreplusdélicieux.Jesupposequ’ilnem’apasmentienmedisantqu’ilaimaitmonappareilphoto,parcequ’ilenaun lui-même.Desamainlibre,ilvérifiequejesuisbienaccrochée.—Tiens-toietnelâchesurtoutpas.Unsoupirm’échappealorsquejeregardeMemphissedébarrasserdeson
boxer, se tenantmaintenant complètement nu derrièremoi…et en érection.Avantquejepuissereprendremonsouffle,jelesenssepressercontremoi.Ilsaisitmescheveuxd’unemainettireafinquemoncousoitexposépourlui.Sonsoufflechaudcaressemoncoualorsque j’entends ledéclencheurde
l’appareil.Jen’aijamaisétéexposéecommeça,etpourtantj’aimel’idéequ’ilveuillemecapturerdanscetteposition.C’esttrèsexcitant.—Çavapeut-êtrefaireunpeumal,murmure-t-il.Relâchantmescheveux,ilattrapeunpréservatif,dontildéchirel’enveloppe
avecsesdents.—Bien,dis-jedansunsouffle,anticipantlasensationdesonsexeépaisme
remplissant,etimaginantdéjààquelpointilvameprendrebrutalement.IlempaumemonmontdeVénus,enmesoulevantlégèrementafindeplacer
notretailleàlamêmehauteur.Jemecambre,luidonnantunmeilleuraccèsàmonentrée.Jesenssesdentsseplanterdansmoncouaumomentoùilseglisseenmoi.
Je hurle, de douleur et de plaisir à la fois alors qu’il m’étire, poussantlentementsonsexeenmoiaussiprofondémentqu’illepeut.Tout en continuant à me mordiller le cou, il me caresse du bout de la
langueetglisseundoigtversmesplis,exerçantunepressionsurmonclitorisalorsqu’ilsepousseenmoi, lentementetprofondément.Ilest tellementdurquejefinispartirersurlescordesencriant.Il se presse contre mon bassin, collant nos corps aussi fermement que
possible. Il se frotte contre moi, balançant ses hanches alors qu’il prend
d’autres clichés demoi dans le reflet dumiroir. Je gémis bruyamment, endésirantplus.—Merde!J’adoret’entendrecrier.Il se penche sur mon oreille alors qu’il se pousse en moi avant de
s’immobiliser.—Tuaimescrierpourmoi?Ilseretireetsepousseànouveauviolemmentenmoilorsquejeneréponds
pas.—Tuveuxquejetebaisecommej’enaienvie?Jefaisdemonmieuxpour
me retenir, mais je veux posséder ta chatte, Lyric. Je veux que tu prenneschaque…Ilmelèchel’oreilleavantdelamordilleretdemurmurer:—…centimètredemoi.Moncorps trembleàsesmotset lesmienssortentavantque jepuisse les
contrôler.—Oui.Jeveuxtoutdetoi.Neteretienspas.—Nelâchepaslescordes,exige-t-il.Il pose l’appareil à côté de nous et change de position. Il passe un bras
autourdemoncouetl’autreautourdemataillealorsqu’ilsepousseenmoiaussiprofondémentqu’il lepeut.Ilneperdpasdetempspouraccélérer,mepilonnantviolemmentetsansrelâche.Noscorpsensueurfrottentl’uncontrel’autre, nous gémissons à chaque poussée.Mon désir pour lui est tellementpuissantquej’ail’impressionquejenepourraisjamaismerassasierdelui.Danslemiroir,jevoisroulersesmuscles.Sonemprisesurmoisemblese
resserrer à chaque fois poussée, me tirant vers lui. Je sens la cordecommencer à entamer mes poignets, mais je continue à m’accrocher, nevoulantpaslâcherprise.Quelquechosedanslefaitqu’ilaituncontrôletotalsurmoimefaitpresquesupplierpourenavoirplus.Je me sens me resserrer autour de lui et mon corps semble se débattre,
perdrelecontrôle.Lasensationesttellementintensequejelâchelescordesetmanquedetomber,maisilmerattrapeetsemetimmédiatementàfrottermonclitorisalorsquejetrembledanssesbras.
Il empaume ma gorge et tourne ma tête, capturant mes lèvres avec lessiennes.Metenanttoujours,ilmeportejusqu’aumuretmerepose.Ilrelâchenoslèvrespourmetourner,maislesreprendimmédiatement.Avecnoslèvresverrouillées,ilpressebrusquementmondoscontrelemiroir,avantdeglisserses bras sous les miens, les plaquant contre le miroir. Je glisse d’uncentimètreàcauseduvoiledesueurcouvrantmondos,maisquelquechoseàce sujetme fait désirer encore plusMemphis, sachant que c’est lui quim’aexcitéeàcepoint.Il rompt à nouveau notre baiser. Ses yeux scrutent les miens avant de
soulever une de mes jambes afin de l’enrouler autour de sa taille. Il plielégèrement lesgenouxpoursemettreà labonnehauteur,puisentreenmoid’uncoupsec.Celafaitmal,maisenmêmetempstellementbon.Je crie son nom encore et encore alors qu’ilmemartèle, acceptant cette
colèrequ’ilpousseentremesjambes.Mesmainsagrippentsoncorpsfermeetmoite, partout où je peux le saisir. En ce moment, je le sens. Je sens sadouleur,sapassionetsondésir.Etj’enveuxplus.Dans le feu de l’action, je nous fais pivoter, claquant sa tête contre le
miroir,entendant lecraquement. Ilgrogne,mesoulèveetenroulemesdeuxjambes autour de sa taille, allongeant et approfondissant ses poussées, plusfurieusementquetoutàl’heure.Presquedouloureusement.—Àquelpointveux-tuquecesoitbrutal?J’agrippe ses cheveux aussi fermement que possible, luimontrant que je
veuxquecesoitbrutal,etquejen’aipaspeurqu’ilmefassemal.Jelesensplanter ses dents dans ma lèvre inférieure avant de l’aspirer pour la sucerdoucement,apaisantladouleurqu’ilvientdeprovoquer.Salanguechaudecontrôlelamienneetsonsexebougetoutaufonddemoi,
me possédant. Jeme désintègre, encore une fois, juste aumoment où je lesenspalpiterenmoi.Nousgémissonstouslesdeux,sesmainsagrippantfermementmonvisage
alors qu’il se vide dans le préservatif, sans se retirer. Je contracte mesmuscles, le serrant le plus possible. Je halète dans ses bras et il me tienttoujours.C’estcommes’ilneveutpasmelâcher.—As-tucompriscequejevoulaisdireàproposdeladouceur?Ilseretireetmeregardedanslesyeux.
— Il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas à mon sujet. Si tu lesconnaissais,turesteraisaussiloindemoiquepossible.Attrapant ses cheveux, je baisse la tête afin de posermon front contre le
sien.—On neme décourage pas aussi facilementMemphis. Surtout quand je
veuxvraimentquelquechose.J’aspire sa lèvre inférieure dans ma bouche et nous nous mordillons
mutuellement.J’aimeça.—Etjeteveux.Il se repousse dumiroir et se déplace jusqu’à ce que nous nous tenions
devant son lit. Il m’allonge lentement dessus avant de ramper sur moi etd’écartermesjambesaveclessiennesafindes’étendreentremescuisses.—Reste.Il fait courir sa main sur mon bras, les narines frémissantes et le corps
tenduàl’extrême.— Je ne peux pas te promettre que je ne voudrais pas que tu partes au
milieudelanuit,maispourl’instant,j’aienviequetusoislà.Tupeuxpartirourester.Jen’aimêmepasbesoinderéfléchir.Cethommeestunpassionné.Ilpeut
essayerderepousserlesgens,maismêmelà,illefaitavecpassion.Jenesaispascequisepasserademain,maiscesoir…Jeveuxêtreici,danssonlit,prèsdelui.Jecaressesescheveuxetguidesatêteafinqu’ellereposeentremesseins.—Jet’aidéjàditqu’onnesedébarrassaitpasaussifacilementdemoi.Nous restons silencieux un moment, puis je me rends compte qu’il s’est
endormi. Il a l’air tourmenté, même dans son sommeil, et cela me serre lecœur,medonnantenviedechangerça.Toutlemondeabesoindequelqu’un.Jeveuxêtreàlui.
ChapitreQuinze
LYRIC
Roulantsurlecôté,jemeréveilledansunlitvide.Jesursauteunpeuaudébutlorsque je réalise où je me trouve. J’ai dormi tellement profondément quemon cerveau est confus et étourdi. Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est,mais jesaisqu’ilestencore très tôt.J’ai l’impressionden’avoirdormiquequelques heures et mon corps est soudain extrêmement endolori. Cela merappelle que Memphis était en moi, me faisant sienne. Le souvenir faits’emballermoncœur.M’asseyant, je regarde autour demoi,maisMemphis n’est nulle part. Je
peux dire d’ici qu’il n’est pas dans la salle de bain, parce que la porte estgrandeouverteetqu’iln’yapasdelumière.Iladûmonteràl’étageoupartir.Une partie de moi se sent mal. Il m’a fait comprendre qu’il avait desdifficultés à passer une nuit entière avec quelqu’un, pourtant il a préféréquitterlelitaulieudemerenvoyer.Jerepèreundesestee-shirtssurunechaiseàproximité,alorsjel’attrapeet
l’enfile rapidement avant de cligner plusieurs fois des paupières afin dechasserlesommeil.Jefermelesyeuxetinhalequandsonodeursaturel’airautour de moi. Aucun mot ne peut expliquer à quel point l’odeur de cethommeestsexy.Celamerendfolle.Rassemblantmescheveuxemmêlésdecôté ethorsdemonvisage, jeme
dirigerapidementversl’escalierenessayantdenepasfairedebruitafindene pas réveiller Alex. J’ai déjà perturbé le sommeil de son frère,apparemment.Jen’aipasvuAlexquandjesuisentréehiersoir,alorsildevaitprobablementêtredéjàdanssachambre.Jesaisqu’ilétaitdanslamaison,carsonpick-upétaitàl’extérieur.Silencieusement, je parcours le couloir en passant devant la chambre
d’Alex–quiestouverte–etjetraverselesalonpourallerdanslacuisine.Jen’ytrouveaucundesdeux,alorsjepasselatêteàlaportedugaragepourvoirqu’ilsn’ysontpasnonplus.C’estenrefermantlaportequej’entendscequiressembleàlaguitaredeMemphis,provenantdel’arrièredelamaison.Je suis le son jusqu’au porche arrière. Jem’arrête etme fige lorsque je
vois Alex adossé à la porte-moustiquaire, écoutant Memphis jouer de laguitare.Alex se tourne vers moi, son visage tuméfié et enflé me prenant par
surprise.Ilmeregardedelatêteauxpiedscommes’iln’arrivepasàcroirequejesois là. Ila l’aircomplètementconfus,mais je lesuisaussi.Qu’a-t-ilbienpu luiarriver? Ilestvraimentdansunsaleétat. Jesuissur lepointdeflipper et dire quelque chose,mais ilmet undoigt sur ses lèvres etme faittaire.—Vienslà,dit-ildoucement.Ravalant mon choc, je viens me placer près de lui. Je vois un sourire
traversersonvisagealorsqu’ilregardeauloindansl’obscuritéetécoutelesonapaisantde laguitaredeMemphis. Il y aquelque chose àproposde safaçondejourquimefaitmesentirétrangementenpaix.Jeregardeàtraverslaporte-moustiquaire,maisilfaittrèssombreetjene
distingueque lasilhouettedeMemphis. Ila l’air tellementcalmeetdétendu.Lamélodiequ’il joueestbelleetobsédante.C’estquelquechosequejen’aijamaisentenduetcelamefaitmedemanders’ill’acomposéelui-même.— C’est tellement beau, dis-je doucement à Alex. Pourquoi joue-t-il
dehors?Ilfaitfroid.Alexsetourneversmoi,etsesyeuxsevoilent.Ondiraitpresquequ’illutte
contreleslarmes.—Memphisavaitl’habitudedejouericipournotremère.Ilprendunepetiteinspirationetposeunemainsurlecarreaudelaporte,la
têtebasse.—Audébut,ilnejouaitquepourelle,maisunenuitjemesuisréveilléetje
suisvenum’asseoiràcôtédemamèreet j’ai finipar l’écouterpendantdesheures. J’étais jeuneà l’époque,mais jemesouviensdeceque j’ai ressenticommesic’étaithier.Jen’avaisjamaisvuquelquechoseamenerunsouriresurlevisagedemamèrecommecelalefaisaitlorsqueMemphisjouait.Elleadoraitçaetmonpèredétestait.Ildétestaitlefaitqu’elleaimeautantça.Puisc’estarrivéaupointquesijen’arrivaispasàdormir,nousnousretrouvionssousleporche,l’écoutantjouerjusqu’àcequejem’endorme.Ilsetourneversmoietmeregardedroitdanslesyeux.Lessienssontaussi
beaux que ceux de Memphis, sauf qu’ils sont d’un gris argenté. Ces deux
frèressontvraimentdouloureusementbeaux.—C’estquelqu’undebien.Nelaissejamaispersonnetedirelecontraire.
Nelelaissapas,lui,tedirelecontraire.Compris?Hochantlatête,jemeretourneverslaportepourregarderMemphisjouer.Jeressensunedouleurdansmapoitrinealorsquej’écoute.Jepeuxsentirsa
souffrancechaquefoisquesesdoigtspincentlescordes,commes’ilselivraità traverssamusique.ToutenMemphismeserrer lecœur. Jenesaispascequ’ilavécu,maisj’aivraimentenviedelesavoir.Je n’ai jamais eu la chance de connaître ma mère, parce qu’elle s’est
enfouielorsquej’avaiscinqans.Jenepeuxpasimaginercequeçapeutfaired’avoirunemèreavecsoitoutesaviepuislaperdresansavoirpuluidireaurevoir. Je souffre pour ces garçons, pour tous les deux. Plus de mère etd’aprèscequejevois,pasdepèrenonplus.Ilsn’ontplusdefamille,ilsn’ontquel’unl’autre.Jenepeuxpasm’empêcherdeposerlaquestionquimebrûleleslèvres.—Alex?Iltourneversmoiunregarddouxetmefixeàtraverssespaupièresenflées.—Oùestvotre…Lamusiques’arrêteet j’entendsunbruitsourdcommesiMemphisvenait
deposer saguitare.Pourune raison inconnue,moncœur rateunbattementlorsquejelevoisselever.—Qu’est-cequevousfaitesdebouttouslesdeux?Ilesttôt.Posantunemainaubasdemondos,Alexpousselaporte-moustiquaireetla
tientafinquejepassedevantlui.—Jen’arrivaispasàdormir,etapparemment,vousdeuxnonplus.Tusais
bienquejedorsmal.Memphisremarquequejeportesontee-shirtetilmebalaieduregardavant
de s’avancer vers moi, la mâchoire crispée. Son regard change, devenantbrûlant,commes’ils’apprêtaitàmedéshabilleretàmeprendrebrutalementsur-le-champencoreunefois.Celafaits’emballermoncœur.—Tudevraisdormirunpeu.Il repousse unemèche de cheveux derrièremon oreille et tire gentiment
dessusavantdelalâcher.C’estungestepresquetendre.—Jenevaispastarderàvenir.J’aibesoind’unpeud’airfrais.JelaisseéchapperunpetitsoupiretjemetourneversAlex.Ilnousregarde
etilal’airdesouffrirénormément.—As-tubesoindequelquechose?luidis-je.Ilsecouelatête.—Non,çava.Ladouleurnemedérangepasdutout.Ilaunpetitsourire.—Bonnenuit.—Bonnenuit.Mon regard passe d’Alex à Memphis, et je vois un petit sourire sur le
visagedecedernier.C’esttellementbeau.Lesdeuxhommesm’observentunmomentavantquejemeretourneetme
dirigeverslesous-sol.Jem’assiedssurlelitdeMemphisetm’autoriseàmeperdre dans mes pensées. Tout à coup, je me rends compte que je ne saismêmepascequejefaisici.JenesaispresqueriendeMemphis,saufqu’unepartiedemoiestextrêmementattiréeparlui,ledésirantplusquejeledevrais.Celam’effraie.Autantjeveuxêtreprèsdelui,jemesensstupideenmêmetemps.Lavérité,
c’estqueluinonplusnesaitriendemoi.Jesaisseulementcequejeressenspourluietquejeveuxleréconforter.Melevant,jeparsàlarecherchemesvêtementsetcommenceàm’habiller.
Jecroisqu’ilvautmieuxquejerentrechezmoi.J’aibeaucoupdechosessurlesquelles jedoisréfléchiret jenepourraispaspenserclairementétendueàcôtédeluidanssonlit.Lorsquejesuislà,jeneréfléchispasrationnellement.Jeneleveuxpas.Memphisapparaîtaubasdesmarchesaumomentoù j’enfilemaveste.Je
lève les yeux vers lui alors qu’il scanne mon corps, voyant que je suiscomplètementhabillée.—Ilvautmieuxquejerentrechezmoi.Iltendlebrasetsaisitmonpoignetalorsquej’essaiedelecontourner.—Jen’aipasditqu’ilfallaitquetut’enailles.
Je le regardedans lesyeuxet soutiensson regard. Ila l’airblesséque jem’enaille.Celamefaitmesentircoupable.—Dis-moiquelquechosesurmoi,Memphis.N’importequoi.Sonemprisesurmonpoignetseresserreetsesyeuxrestentplongésdans
lesmienscommes’ilessayaitdelireenmoi.—Tuestêtucommemuleetunedureàcuire.Tesvéritablespassionssont
l’art et laphotographie,mais tuas troppeurde te lancer.Tunevoispas labeauté dans ceque tu fais, parceque tu as peur denepas être assezbonne.C’estpourquoi tu travaillesdansce foutu salonde tatouageaveccespetitesmerdesquipassentprobablement lamajoritédeleur tempsàflirteravectoiaulieudetravailler.Ildétournelesyeuxunesecondeavantdecontinuer.—Vousavezétéélevépartontrouduculdepèrequiesttropstupidepour
voirtavaleuretàquelpointtuesbelle.Ilaunechancedingueetill’afoutueen l’air.Mais cela t’a rendue forte et indépendante ; une battante… commemoi.Jetentederefoulerletourbillond’émotionsquim’envahissent.D’accord,
il en sait un peu plus surmoi que je le pensais et je l’adore pour ça. Celaprouveàquelpointilestintelligentetqu’ilyapeut-êtreunepetitepartiedeluiquis’intéresseàmoi.Cependant,j’aibesoindeplus.Jeveuxensavoirplussurlui.Jeveuxqu’ilseconfieàmoi.Qu’ilenaitenvie.—Peux-tumeparlerdetoi,parexemplepourquoituasfaitdelaprison?
Où est ton père ?Où as-tu disparu pendant toute une semaine ?N’importequoi?Ilsecouelatêteetserrelesdentsavantderelâchermonpoignet.—Non.Jevaisbientôtquittercetteville.Jeneveuxpasprendrelerisque
quetutemettesàmehaïravantmondépart.—C’estbiencequejepensais.Jelecontourneetmedirigeversl’escalier.—Bonnenuit,Memphis.Sansperdreuneseconde,jegrimpelesmarchesetquittelamaison.Levent
froidmepiqueetjemesenssoudainsubmergéed’émotions.Mesjouessontfroidescommedelaglacealorsquemeslarmescoulent.
Cen’estpasseulementparcequeMemphisrefusedes’ouvriràmoi.C’estaussiparcequ’ilm’a rappeléàquelpointmonpèrene tientpasàmoi. J’aitoujourseul’impressiondenepasêtreassezbien,parcequejen’étaispaslegarçonqu’ilauraitvoulu.Mamèrenemedésiraitpasassezpourmeprendreavecellequandelleestpartie.Jesuisrestéecoincéeaveccesalaudquifaisaitcommesijen’étaispaslà.Etmaintenant,jesuisdanscettefoutuevilleparcequej’aicruqueleschosesseraientdifférentessi jevivaisplusprèsdemonpère.Jemesuistrompéeetjen’aiqueBailey.Elleestmafamille,àprésent.Aumomentoùjetendslamainverslaporte,jesensunbrasquis’enroule
autourdemoietjesensladouceurdusouffledeMemphisdansmoncou.—Tun’aspastaclé,murmure-t-ilJem’autorisepresqueàmeretourner,meblottircontreluietenfouirmon
visagedanslachaleurdesontorse,maislapartierationnelledemoimecriedenepasluipermettredevoirmesémotions,delelaisservoiràquelpointjemesensbriséeencemoment.J’aitoujoursétéforte;jepeuxencorel’êtreetjeledois.Ilaassezdeproblèmescommeça.Ilglissesaclédanslaserrureetlatournelentement,toutenfaisantglisser
seslèvreslelongdemoncou,s’arrêtantjustesousmonoreille.—Bonnenuit,Lyric.Sesmots sortent dans un chuchotement douloureux avant qu’il pousse le
battant,sedétourneets’éloigne.Je m’accorde quelques instants pour me reprendre, écoutant sa porte se
refermeravantquej’entresilencieusementetrefermelebattantderrièremoi.Bonsang…ilmemanquedéjà.
ChapitreSeize
LYRIC
Celafaitcinqjoursquejen’aipasvuMemphis.Jel’aiaperçuunefoisquandilsortaitdechezlui,maisjesuisrestéeàl’intérieurpournepasavoiràluiparler.Jen’arrivetoujourspasàdépasserlefaitqu’ilnepuissepasseconfierà moi – ou qu’il s’y refuse. Pourquoi cela lui paraît-il tellementinsurmontable deme parler de lui ? Je n’ai jamais rencontré une personneaussi secrète, àpartmonpère…et cen’estpasune référence.Lesgensquigardentjalousementleurssecretsontengénéraldebonnesraisonsdelefaire.Au début, le côté mystérieux deMemphis me plaisait. J’aimais qu’il me
laissedeviner,qu’ilm’obligeàmeposerdesquestions,maismaintenant,celamefaitmalqu’ilmelaissedansl’ignorancedetoutcequ’ilest.Iln’yariende pire que d’avoir envie de connaître quelqu’un qui refuse de vous faireconfiance. Comment peut-on aider un être et le soulager de son chagrin,quand on ne saitmême pas de quoi est fait ce chagrin ?On ne peut pas…Alorsjevaismeteniràl’écartetgardermesdistances.Sinonjesensquejevaissouffrir.Trevorm’aproposédesortiravecluicesoiretj’aiaccepté.Jemesuisdit
que ça m’aiderait à m’enlever Memphis de la tête. Passer une soirée avecTrevor,cen’étaitpasmonrêveleplusfou,maisilestamusantetsexy.Pourêtrehonnête,jem’amusebienplusquejenelepensais.—Lyric…Es-tuentraindem’imaginertoutnu?JelèvelesyeuxversTrevor,assisenfacedemoidel’autrecôtédelatable,
et éclate de rire. J’étais tellement perdue dansmes pensées que je n’ai pasremarquéqu’ilmeregardait.—Tues toujoursaussisympaavec les fillesque tu invites,ouc’est juste
avecmoi?Il a un petit sourire en coin et descend son cinquième verre de la soirée
avantderépondre.—Jesuistoujourscommeça.C’estunemalédictionetunebénédiction.Je
faisdanslarelationamour-haine.
Unefoisdeplus,jenepeuxpasm’empêcherderire.Aprèstout,jepourraislevoirrégulièrement,çamechangeraitvraimentlesidées.Jenemevoispasenfairemonpetitami,maisunami,oui,etonn’ajamaistropd’amis.Quandonn’apaseudefamille,lesamisprennentbeaucoupd’importance.J’aiapprisçaàladure.Jeledévisageuninstant, toutenmerépétantquej’aieuraisond’accepter
soninvitation.Ilm’afaitriretoutelasoirée,maisilfautdirequ’ilestunpeuivre. Il m’a proposé plusieurs fois de danser, mais jusqu’à maintenant, jen’avaispassuffisammentbu.—Allez,viensmongentilmacho…Jeboisunegorgéedemabièreetmelèveenluiprenantlamain.—J’enaiassezderesterassise.Ilm’entraîneverslapistededanseetdèsquenoustrouvonsuncoinunpeu
dégagé,ilmeprendparlatailleetnousentamonsunslow.Jelesensfrémirderrièremoi,ilmesoufflesonhaleinetièdedansl’oreille.
Cen’estpasdésagréable,maisjedoisavouerque…çanemefaitaucuneffet.Pascommesic’étaitMemphis.QuandjesuisprèsdeMemphis,c’esttoutjustesi j’arrive à respirer. J’ai l’impression que je pourraisme fondre en lui etoublier ce putain demonde. Ilm’apporte un incroyablemélange de paix etd’intensité.LeslèvresdeTrevoreffleurentmonoreillelorsqu’ilmurmure:— J’adore te tenir dans mes bras. Tu es super sexy, Lyric. Il te faut un
hommecommemoi…pasquelqu’uncommeMemphis.Sonempriseseresserreunpeu,aupointquejesenssonsexeenérection
contremesfesses.Ilremueleshanches,enmepressantcontrelui,pourêtresûrquejesaisque
je lui faisde l’effet. Je reconnaisqu’il est attirant,mais je suis certainequen’importe quelle autre fille lui ferait le même effet, et cela le rend moinsexcitant.Unefilleabesoindesentirqu’ons’intéresseàellepourcequ’elleest. Nous avons toutes lamême chose entre les jambes,mais personne n’aenvied’êtreconsidérécommeunnuméro.AvecMemphis,jen’aijamaiscetteimpression.C’estcequim’aattiréchezluienpremier,jecrois.Jemedétournepourmeplacerfaceàluietposemesmainssursontorse,
pourlerepousserunpeu.—Ducalme,grosdragueur.Jesuispartantepourdanser,paspourmefaire
baiseraumilieudelapistededanse.Illèveunsourcilmoqueur.—Tupréfèresquenousbaisionsailleurs?Jelaisseéchapperunriresansjoieetsecouelatête.—Situpréfèresavoirtaqueuearrachéeaulieudelagarderintacte,alors
oui.Jelerepoussedenouveau,unpeuplusbrusquement.—Écarte-toiunpeu,Trevor.Jecroisquetuastropbu.Ilreculeenriant,lesmainsenl’air.—Putain,tunetelaissespasfaire,j’aimeça.J’ail’impressionquesondernierverreétaitleverredetrop,parcequ’ila
carrémentlavoixpâteuse.Etcelamerendmalàl’aise.—Vienslà,dit-il.Ilmesaisitparleshanches,maisjelerepoussedenouveau,etcettefoisil
serrelesdents,visiblementmécontent.—Calme-toi,proteste-t-ilsèchement.Jedéglutisetledévisageententantdedeviners’ilplaisanteoupas.J’aibien
l’impressionqu’ildevientinsistantquandilboit.J’auraisdûm’endouterdèsnotre première rencontre dans l’allée, quand il a parlé de bière. Et jecomprends maintenant pourquoi Memphis m’avait conseillé de l’éviter. Jepréfère juger par moi-même, c’est pour ça que je lui ai donné sa chance.Maintenant,j’aicompris.—Jem’envais,dis-je.Jetraverselapistededansebondéepourallerrécupérermavesteprèsdela
table.—Waouh…attendsuneminute.Ilm’asuivi,maisj’enfilemavestesansmêmeluiaccorderunregard.—Ilestencoretôt.
—Ilestpeut-êtretôt,maispourtoi,c’estdéjàtroptard.Iltented’attrapermaveste,maisjerepousseviolemmentsamain.—Recule,Trevor.J’élèvemavoix,luifaisantsavoiràquelpointjesuisencolère.—Jem’envais.Laisse-moi tranquille.Vaprendreunautreverre. Je suis
certaine que tu peux trouver une fille ici, qui apprécie ton état éméché. Cen’estpasmoncas.C’estmêmeanti-orgasmiquepourmoi.Jemefraieuncheminàtraverslafouledesdanseurspoursortirdelàau
plusvite.Dehors,lapluiefraîchemepiquelapeau.Trevormesuitdeprès,ilne veut visiblement pas comprendre. Je ne sais pas si c’est parce qu’il estcomplètementstupide,ouparcequ’ilestcomplètementsoûl.Jem’arrêtedevantlaporteetregardeautourdemoi.Cen’estpasvraiment
unebonne idée de rentrer à pied sous cette pluie glaciale,mais c’est quandmêmemieuxquede rester seule avec lui. Jen’ai pas enviedemecasser lamainsursajoliegueule.—Montedansmavoiture,jeteramènecheztoi.Ilmefaitreculercontrelemurdubaretplaquesesmainsau-dessusdema
tête. Je frissonne à cause de la pluie, et j’ai presque envie de retourner àl’intérieur.Maispasquestion.Jem’envais,qu’illeveuilleounon.—Non.Çava.Jetentedeluiéchapper,maisilmebloqueavecsesbras.—Trevor…Laisse-moipartir.Maintenant.Ildonneuncoupdepoingdanslemurau-dessusdematête,cequimefait
sursauter.Jemedétestepourcetaveudefaiblesse.Jesuisplusfortequeça.—Commentvas-tufairepourrentrercheztoi?Ilpleut.Ildécolle sesmainspourmontrer lesalentours,puis les reposecontre le
mur.—Jepeuxteraccompagner.Allons-y.—Non,tuessoûl.Écarte-toidemonchemin.Je le repousse de toutes mes forces plusieurs fois, mais il est tellement
grandetcostaudqueçalefaitàpeinebouger.J’essaieencoredepassersous
sesbras,maisimpossible.—Arrête,Trevor!Puis,brusquement,ilvaldinguesurlecôtéetheurteviolemmentlemur.Il me faut une seconde pour comprendre ce qui se passe. Et quand je le
comprendsenfin,moncœurseserreetmarespirationsebloque.MemphisasaisiTrevorà lagorgeet leplaquecontre lemur.SonvisageestsiprèsdeceluideTrevorqu’ilsse touchentpresque.Jen’ai jamaisvuMemphisaussimenaçant.—Tuesstupide?Memphisleclaquecontrelemur,encoreplusviolemmentquelapremière
fois.—Jepensaisquetuenavaisfiniaveccesconneries,espècedefilsdepute.Trevortendlebras,maisMemphisfrappesamain,n’enayantvisiblement
pasterminéaveclui.—Tulalaissestranquille.Nelatoucheplus.J’essaiedemecontrôlerpour
nepas tedéfoncer,mais laprochaine fois, jene feraiaucuneffortpourmeretenir.Compris?—Écoute,mec…Memphis a enfin lâché la gorge de Trevor, mais il n’a pas reculé et le
coince toujourscontre lemur. Il lesurplombe, lesmuscles tendus,prêtàsebattre.—Tunevasquandmêmepasmecasserlagueulepourcettesalope.Jesuis
tonmeilleurami.C’estqu’unepetitepute.Ellenevautpaslapeinequ’onsebattepourelle.Que t’est-il arrivéquand tuétaisenprison?Nousavonsuncodeentremecsettuviensdelebriser.Noussommescensésnousserrerlescoudes.Memphis détourne le regard un instant, la mâchoire crispée, puis
brusquement,ilfrappeTrevoràlabouche.La têtedecedernierpartenarrièrecontre lemuret il lève lamainpour
toucherlesangsurseslèvres.—Vatefairefoutre,Memphis!—Viens.Partonsd’ici.
Ignorant Trevor, Memphis enroule son bras autour de ma taille etm’entraîneverssamoto.— Toi non plus, tu n’as pas changé,Memphis ! lui hurle Trevor. Tu es
toujoursincapabledetecontrôler.Çavarecommencer,c’estqu’unequestiondetemps.Memphis se fige pendant une seconde en serrant la mâchoire avant de
mettrelecasquesurmatêteetdem’aideràgrimperderrièrelui.Jesensqu’ilseretientderetournerversTrevorpourluiéclaterlafigure.—Accroche-toibien.
Quandnousarrivonsdansl’allée,Memphiscoupesonmoteur,maisrestesurlamoto.Ilnebougepas,doncmoinonplus.—Tudevraisrentrer,dit-il.Ilpleut.J’aienviederestersursamoto,colléeàlui,maisjemesouviensquejeme
suispromisdemeteniràdistance.Ilneveutpasdemoicommejeveuxdelui.Jedoism’ensouvenirafind’allerdel’avant.Jedescendsdoncdelamoto,luirendssoncasque,ettraverselentementla
pelouseendirectiondemamaison. J’aidumalàmarcher, tellement je suisglacée.Monpantalonesttrempé,jesensàpeinemesjambes.Jen’aifaitquequelquespasquandMemphismerattrapeetmeprendparla
taillepourm’attirercontrelui.Ilaouvertsonblousonetm’enveloppededans,sachaleurm’envahissantimmédiatement.Jesuissibiendanssesbras.Jemesens…ensécurité.—Désolé, il nepleuvait pasquand je suisparti, dit-il doucement. Je suis
vraimentnul.Viens.Ilfautteréchauffer.Me relâchant, il enlève son blouson et le drape sur mes épaules tout en
m’entraînantendirectiondesamaison.—Memphis…J’essaie d’arrêter d’avancer, mais il me soulève et me balance sur son
épaule.—Pose-moi.Jeveuxrentrerchezmoi.
—Tunerentrespascheztoi.Il ouvre sa porte et fait un signe de tête àAlex, qui nous regarde passer
depuislecanapé,ungrandsourireauxlèvres.—Joli,frangin.Essaiedepastropl’effrayer.IlselèveaumomentoùMemphistourneauboutducouloir.—Je lui botterai les fesses si tu asbesoinque je le fasse,Lyric.Tun’as
qu’àm’appeler.Je ne peux pas m’empêcher de sourire à Alex. Il est tellement mignon,
presque irrésistible. Contrairement à Memphis, il n’a probablement pasbesoindekidnapperdesfillespourlesemmenerdanssachambre.J’attends queMemphisme jette sur le lit pourme lever et lui bourrer la
poitrinedecoupdepoing.Ilsecontentedemeregarderdanslesyeux.Etçame suffit. Ça me suffit pour abandonner, pour me rendre. Ma colère s’estenvolée.—JedevraisrentrerchezmoiMemphis.Il m’ignore. Sans un mot, il se déshabille et se retrouve en boxer en
quelquessecondes.Puisilallongelebraspourm’ôtermesvêtements.—Reste.Jene trouveplus rien à répondre etmedéshabille lentement, tandisqu’il
meregarde.Ceregardm’atteintprofondément.Ilestdouxettendre.Maisjetentederésister.—Jenevaispascoucheravectoi,Memphis.C’estunevraie lutte intérieure,parceque franchement, j’aienviede faire
l’amouraveclui.Plusquetout.Jeveuxqu’ilmeprenne.Jeveuxêtretoutàlui.Il me saisit par la taille, m’entraîne avec lui sur le lit et rabat les
couverturessurnous.— Je n’ai pas l’intention de coucher avec toi. Si c’était le cas… tu le
saurais.Ilsecolleàmoietmefrictionnelesbrasetlesjambes.— Je veux simplement te réchauffer afin que tu ne tombes pas malade,
poursuit-iltoutbas.Mamèremefaisaitçaquandj’étaispetit.Laisse-moifaire
quelquechosedebien,pourunefois.Il y a tant de tristesse dans sa voix que çame brise le cœur, alors jeme
pelotonne contre lui et ferme les yeux. Je ne dis plus rien. Je ne veux pasgâchercetinstant.Cen’estpassisouventqu’ilestdouxettendre.J’enprofitetantquejepeux.Entre la chaleur de son corps et son souffle tiède, je ne tarde pas à me
réchaufferetcessedetrembler.— Pourquoi tu es sortie avec Trevor ? demande-t-il soudain d’une voix
tendue,presquedouloureuse, enm’attirant à lui. Je t’avaisdit que cen’étaitpasuntypepourtoi.Jefermelesyeuxetmeblottisdanssesbras,enrespirantsonodeur.— Je préfère juger parmoi-mêmede ce genre de choses. Je n’écouterai
jamaiscequelesautresdirontdetoi.Maisjen’écoutepasnonpluscequetudisdesautres.Ilsoupiredoucement,commes’ilcomprenait.—Oui,bon,d’accord…EntoutcasLyric,jeveuxquetusachesquejenete
mentiraijamais.Jen’arrivepasàtouttedire,maisjenetemenspas.Dis-moiquetunet’approcherasplusdeTrevor.—C’estd’accord,dis-jedoucement,touteneffleurantsonbrasduboutdes
lèvres.Ilmeserreconvulsivement,mefaisantcomprendrequ’ilestsatisfait,puis
repousse une mèche de cheveux derrière mon oreille et m’embrassetendrementdanslecou.Moncœurseserresouscetoutpetitbaiser.C’estungestedoux…laseule
chosedontilseditincapabled’être,maisill’est.Jefermelesyeuxetsourisintérieurementdepeurdegâchercemoment.C’esttropagréable.Cet homme a vraiment un cœur d’or…Si seulement il pouvait s’en rendre
compte.
ChapitreDix-Sept
MEMPHIS
Elleestprofondémentendormiedansmesbrasetn’apasbougéd’unpoucedepuis qu’elle a fermé les yeux. J’ai arrêté de frotter sa peau une heureauparavant,maisjecontinueàlaserrercontremoi.J’avouequecelaesttrèsagréable de l’avoir près de moi ; une sensation à laquelle je ne suis pashabitué,etunequejenevoulaispas.Jen’auraispasdûbaiseravecelle,laprendrecommej’enavaisenvie,mais
jenepouvaispluslutter.Jesavaisqu’elleavaitenviedemoi,alorsjen’aipaspurésister.Ellen’estpascommelesautresfilles.Ellemel’aditetj’aipuleconstater parmoi-même.Elleme renddingue.Depuis que j’ai couché avecelle,jesuisaccro.C’estunevéritabletorturedevouloirquelqu’unàcepoint,tout en étant conscient que rien n’est possible, qu’on ne pourra jamais luidonnercequ’illuifaut.Oucequ’onvoudraitluidonner.Dès qu’elle aura compris quel monstre je peux être, elle s’en ira. Pour
l’instant,ellenesaitriendemoi,maisellefiniraparsavoir.Sanscompterqueçapourraitêtredangereuxpourelled’entrerdansmavie,surtoutmaintenantqu’Asherestdanslecircuit.Jevaisêtreobligédeluimontrerquijesuis.Pourlafairefuir.Commecela,elleseraàl’abriquandilyauradugrabuge.Soncorpsestmaintenantchauddansmesbras,pourtantj’essaietoujoursde
latenirprèsdemoiafindepouvoirlaréconforter.Dansmesbras,elleal’airsipetite.Elleestparfaite.Elleaeufroid,toutàl’heuresurmamoto.J’auraisdûprendremonpick-
up…Ilfautdirequequandjesuisparti,ilfaisaitbeaucoupplusdouxetilnepleuvaitpas.J’étaisassissurleporcheavecmaguitare–entraindepenseràelle,mais
biendécidéànepasaller lavoir–quandTrevorestpassélachercher,versvingtheures.J’aidûmefaireviolencepournepasintervenir.Celamefaisaitmalauventredelavoirpartiraveclui,maisjen’aipasbougé,parcequ’aprèstoutçanemeregardaitpas.Je l’avaisrepoussée,elleavait ledroitdesortiravecquiellevoulait.Maisquandmême,Trevor…Non.
L’idée qu’elle allait peut-être finir la nuit avec lui me faisait tellementsouffrirquej’aiprismamotopourallerfaireuntour.J’espéraisqueçamecalmerait, mais ça a été tout le contraire. Plus le temps passait, et plus jem’angoissais.Ehbiensûr,j’aifiniparpasserdevantleBlue’set là, j’aivulavoiturede
Trevor.Monsangs’estmisàbouillirdansmesveines.Trevor,jeleconnaisbien.C’est plutôt un chouettemec,mais quand il a bu, il devient quelqu’und’autre.Ilressemblebeaucoupàmonsalauddepère,mêmesiçamedéplaîtde l’admettre.C’est terriblepourmoidevoirmonmeilleurpoteprendre lechemindececonnard,maisplusçava,plusjemerendscomptequeTrevordevient comme lui. J’ai essayé de l’aider,mais il y a des gens qui refusentd’êtreaidés.Pourchanger,ilfautenavoirenviesoi-même.J’ai attendu dehors pendant quelques heures, par précaution, mais je me
doutaisbienques’ilsrestaientaussilongtempsdanslebar,çavoulaitdirequeTrevorpicolaitetqu’ilfaudraitbienquejemedécideàentrer.J’aidûmettremonorgueildecôtéavantdemedécideràallervoirsiLyricn’étaitpasendanger.Enplus,jemedisaisqu’ellen’auraitaucuneenviedemevoiraprèscequejeluiavaisdit.C’estnormal,j’aiétéinfectetjelesais.Je n’aimême pas eu besoin d’entrer. Elle a été suffisamment intelligente
pourcomprendretouteseulequ’elledevaitpartir.Quandjel’aivusortir,avecTrevorqui lasuivait, j’aicomprisqueçaallaitmal tourner.Jesuis restéenretraitàlesobserverlepluslongtempspossibleavantquemacolèreexplose.J’auraispuétranglercefilsdepute.J’aibienfailli,d’ailleurs,maisquelquechosem’a retenu. Sans doute la partie demoi qui s’est souvenue de ce quis’estpasséladernièrefoisquej’aivouluportersecoursàquelqu’un.Àmonfrère.Ce soir-là, pourAlex, je suis allé trop loin.Depuis j’essaie de tenirmes
démonsàdistance,pournepasperdrelecontrôledenouveau.Lavérité,c’estquequand il s’agit dema famille oude quelqu’unque j’aime,mon instinctprotecteurn’apasdelimites.La preuve… Il y amoins de vingt-quatre heures, pour protégerAlex, je
suis entré dans ce hangar où je savais que j’allais me mettre en danger.Depuis,jen’arrêtepasderéfléchiràlamanièredenoussortirdecefoutoir,mais je n’ai encore rien trouvé. Je crois que je n’ai pas le choix. Je vaisdevoiraccepterlemarchéd’Asher.Jeferaicequ’ilyaàfaire,enessayantde
nepastropmesalirlesmains.Je sors doucement du lit, en essayant denepas réveillerLyric, et je vais
danslecoinoùj’entreposemonmatérieldegym,pourmedéfoulerunpeu.J’attrape les cordes pendues au plafond et je fais plusieurs tractions, dansl’espoirdem’épuiser.Des visions de ce qui s’est passé six ans plus tôt avecmon père etAlex
passentdevantmesyeuxetçaréveillemacolère.J’accélèrelerythmedemestractions pourme vider dema haine,mais au contraire, ça l’excite encoreplus.Alexétaitunpetitgarçondrôleetadorablequifaisaitriretoutlemonde.Il
étaitvraimentgentil…jusqu’àcequemonpèresemetteà lebattre.Chaquefoisquemonpèrebuvait,ilcognait,etchaquefoisilallaitplusloin.Ilavaitcommencéavecmoi,maisquandjemesuismisaucombat,iln’aplusosémetoucher. Il m’a demandé de déménager dans la maison d’à côté, pour sedébarrasserdemoi,pouravoirlechamplibreavecAlexetmamère.Ilnesedoutaitpasquejegarderaisunœilsureux.Maisjel’aifait.J’accélèrelerythme.J’ailedoscouvertdesueur,mesmusclescommencent
àmebrûler.Maisladouleurmepousseàallerplusfortetplusvite.Je fermedenouveau lesyeuxetpousseungrognementen repensantàce
terrible jour…JerevoisAlex,à terredans legarage, tentantdeseprotégerdescoupsdemonpèrequinecessedecogneretneserendmêmepascomptequ’il est à peine conscient. Je suis dehors et je les vois à travers la fenêtre,alors jemeprécipiteà l’intérieuret foncedroit surmonpère,que j’envoievaldinguercontrel’établi.Jeluibourrelevisagedecoupsdepoing,jusqu’àcequ’ilsaigne.Ilestcouvertdesang,maisjecontinue,macolèrem’empêchede…—Memphis!Tum’entends?Jesecouelatête,poursortirdematranse,puisjelâchelescordesettombe
àgenouxàterre.Je sens les mains de Lyric sur mon visage, sur mes bras et mes mains,
partout.J’ailatêtequitourne,jen’arrivepasàrefairesurface.—TuaslesmainsécorchéesMemphis.Ellessaignent.Je renverse la tête en arrière et ferme très fort les paupières, en me
concentrant pour reprendremon souffle. Je saigne,mais c’est à peine si je
sens ladouleur.Toutceque jevois,c’estAlexà terre,monpèreégalementquinerespireplus,etmamèredeboutdevantlaportedugarage,quicrieetpleure.Elletientàpeinedebout.C’estaffreuxdelavoirdanscetétat.—Memphis!Bonsang!Unemaingiflemonvisageetcelamesortenfindematranse.J’ouvreles
yeux en prenant une profonde inspiration, comme si j’avais longuementretenumonsouffle.EnmeconcentrantsurlesyeuxvertfoncédeLyric,jecontinueàrespirer,
lentement.Ellesepencheversmoi,jel’attrapeparlanuquepourl’attirerplusprès,nosfrontssetouchent.L’avoirprèsdemoi,c’estcommeuneputaindedrogue.Çasoulagepeuà
peumadouleuretmeramèneauprésent.Toutcequejeveux,c’estlagarderet…vivre.Ellemedonneenvied’espérer;unechosequinem’estpasarrivéedepuistrèslongtemps.Sansquitter son regard, j’effleure ses lèvres avec lesmiennes.Elles sont
douces.—Merci,dis-jedansunsouffle.Ellehochelatête,jesenssurmabouchesonsoufflehaletant,elletremble
dansmesbras.Ellemedésire…Sansmêmeréfléchir,j’écrasemeslèvressurlessiennes,puisjelaprends
dansmes bras et je l’emporte dans la salle de bain.Merde. Je ne peux pasrésisteretjen’aimêmepasenvied’essayer.D’unemain, j’ouvre le jetde ladouche.Jenequittepassabouche,parce
que j’adore la manière dont elle suce ma lèvre inférieure. Nous sommesmaintenanttouslesdeuxsouslejetd’eauchaudeetjerestelàuninstant,àlaserrerdansmesbras.Jevoislesangquigouttedemamaindisparaîtredanslabonde.—C’estbonMemphis.Tupeuxmelâcher.Jenevaispasmesauver.J’avalemasalive,luttantpournepasperdrelecontrôle.Chaquefoisqueje
suis avec elle, j’ai juste enviequ’elle sente comme je souffre. J’ai enviedetout lui dire, deme lâcher,mais j’ai peur de lui faire dumal, comme auxautres.Jenevoudraispasladécevoir.
Jelaplaquecontrelescarreauxdeladouche,luibloquelesbrasau-dessusde la tête et poussemes hanches en avant pour lui faire sentir commemonsexeestdur.Ellemefaitcomprendrequ’elleestd’accordenremuantunpeu.Elleesttoujourspartantepourça.Je lâche sesmains pour chercher le bouton de sa ceinture, que j’arrache
dans ma précipitation à faire descendre son jean, puis sa culotte. J’attendsqu’elle finissede les enlever et les jettepar terre.Pendantque j’enlèvemoiaussimonjean,ellem’attrapelescheveux.Jemeredresseetglisseunemainsoussacuisse,pourluireleverlajambe
et entrer en elle. On gémit tous les deux au moment où je la remplis, enpoussantleplusloinpossible.Elleesttellementétroitequemonsexetressauteenelle.Jesuisàdeuxdoigtsdejouir.Je lui bloque toujours les mains au-dessus de la tête et la pilonne
violemment,enlasoulevantàchaquecoupdeboutoir.Dèsquejeluilâchelesmains,elleplantesesonglesdansmondos,qu’elle
griffedehautenbas,puisellem’attrapelesfesses.—J’adoret’avoirenmoiMemphis.Défoule-toisurmoi.Jeveuxtesentir.— Je veux que tu me sentes, que tu me fasses confiance… et que tu ne
m’oubliesjamais.Je la prendspar les cheveux et je recommence à aller et venir, plus fort,
jusqu’àcequejesentesesspasmesenserrermonsexe,mefaisantmeretireretlaissermonspermeêtrelavéparladouche.Nous restons immobiles, silencieux, à haleter, puis j’attrape une serviette
pour l’envelopper. Elle a besoin de dormir.Moi je sais que je ne vais pasfermerl’œil.—Allonsnouscoucher,dis-jedoucement.Je l’embrasse, tout en la faisant reculer jusqu’au lit, où je la prends de
nouveaudansmesbras.Demain soir, tout çan’auraplusd’importance.Pourelle,entoutcas.
ChapitreDix-Huit
LYRIC
Jesuisréveilléeparunedélicieuseodeurdepancakesetmonestomacsemetaussitôt à gargouiller. J’inspire lentement et profondément, puis je meredresseenbâillantetdécouvreenouvrantlesyeuxqu’Alexestassissurunechaise,prèsdemonlit.Jem’empressedevérifierque jesuiscouverteetsoupiredesoulagement
envoyantquejeportelachemisenoiredeMemphis,cellequiluivasibien.Celledanslaquelleilestencoreplussexyqued’habitude.Jesaismaintenantqu’iln’estpasquesexy.Ilpeutêtreaussitrèsdoux.Etj’adoreça.Jem’éclaircislagorge.—Salut. C’est quoi le problème avec vous lesCarter ? Pourquoi neme
laissez-vousjamaisdormir?Vousnesavezpasqu’unefilleabesoindesonquotadesommeilpourêtrebelleauréveil?—Salutladormeuse…Situveuxdespancakes…Ilmemontresonassiette,toutenenfournantunebouchéeengémissantde
plaisir.—Ilssontàtomberparterre.Tuferaismieuxd’allerteserviravantqueje
lesmangetous.Ilselèveetmefaitsignedelesuivre.—JepariequeMemphisaoubliédetedirequ’ilétaitunexcellentcuisinier
et que c’étaitmême lui qui faisait le dîner tous les soirs quandmaman esttombéemalade.Ilal’aird’ungrandméchant,maiscen’estqu’uneapparence.Je m’extirpe lentement du lit et rejoins Alex en secouant la tête. Je ne
comprendspaspourquoiMemphissedonnetantdemalpourcacherquiilest.—Bien sûrqu’ilneme l’apasdit.De toute façon, il nemedit rien. Il a
toujoursétécommeça?Ilmeprendparlesépaulesetnousgrimponsl’escaliercôteàcôte.—Pas toujours, non. Seulement depuis qu’il croit qu’il n’a pas le choix.
Allons-y.Ilvametuerquandilvavoirquejesuisdescendu.
Unefoisenhaut,ilmelâcheetfoncedanssachambreenvoyantapparaîtreMemphisauboutducouloir.Cederniermejetteunregardinterrogateur,maisjehausselesépaules.—Bonjour,dis-jedoucement.—Bonjour,répond-ilensouriant.Il hausse un sourcil et ricane en voyant Alex revenir dans le couloir,
commesiderienn’était.—Salutfrangin?dit-il,labouchepleine.Çava?Ilmontresonassiettevide.—Tespancakessontdélicieux.—Jesais,petitfrère.Illuifaitsigned’approcher,avecunpetitsourireencoin.—Tulesaimes,hein,mespancakes?Viensvoirunpeu.Alexmelanceunregardsuppliantetmurmure:—Restelà.Puisils’approchedeMemphis.—Oui,qu’est-cequ’ilya?Memphisluipasselebrasautourducou.—Jenet’avaispasditdenepasdescendredansmachambre,petitcon?Jenepeuxpasm’empêcherderirequandilsemetàfrotteravecsonpoing
lecrâned’Alex,lequelgémitetfaittomberparterrelesrestesdesonpancake.—Merde,monpancake,proteste-t-il.Jesuisdésolé,frangin.Maisécoute,
jesuisjustedescenduréveillerLyric.Çamefaisaitdelapeinequ’elledormedanscettepuanteur.Memphislelâcheetrittoutenmontrantlesol.—Nettoietessaletés.Çavaêtretoutcollant.Alexsecouelatêteetsebaissepourramasserlesboutsdepancake.—Tuvoiscequit’attend,Lyric?Ilseredresseetmetendlesbras.
—Tupourraisavoirçaàlaplace.Jeluirépondsparunsourire,puiséclatederirequandilm’adresseunclin
d’œilensemordillantlalèvre.Ilesttellementmignon.Ah,cesdeux-là…Memphisvientversmoietpassesonbrasautourdemataille,enm’attirant
àluipourm’embrasseretaspirermalèvreinférieure.Puisils’écartedemoiethausseunsourcilenprenantmonvisageentresesmains.—Jenepensepasqueturenonceraisàça,dit-il.J’enfouismesmainsdanssescheveuxetl’embrasseàmontour,enaspirant
sa langue dans ma bouche, puis en mordant sa lèvre inférieure. Il laisseéchapper un gémissement sourd quand je passema langue sur ses lèvres etposemamainsursonsexequidurcitàtraverssonsurvêtement.Jeluitapotelapoitrine,contentedevoirquejeluifaisdel’effet.—C’est toiquinepourraispasrenonceràça…Bonet,cespancakes, ils
sontoù?Jemeursdefaim.Enmedirigeantverslacuisine,j’entendsAlexricaneretdire«Ellet’abien
clouélebec»,etjeleslaisseseuls,àleursaffaires,quellesqu’ellessoient.J’aipresque terminéuneassiettedepancakesquand ils reviennentdans la
cuisine.Ilssemblentmoinsdétendusquetoutàl’heure.—Toutvabien?dis-jeentredeuxbouchées.Jen’aipaspum’enempêcher,jesuiscurieuse.Memphiss’adosseaucomptoir.—Oui,toutvabien.Nousétionsjusteentraindediscuter.Ildésignemonassiettedumenton.—Tu devrais de dépêcher de finir demanger. Tu travailles aujourd’hui,
pasvrai?JeregardeAlexquisecontentedehocherlatêtepourrenchérir.Jen’aime
pasdutoutcechangementd’ambiance.J’ailesentimentquequelquechoseneva pas, mais aucun des deux ne me dira de quoi il retourne, donc je mecontentedemangerensilence.Alexvient près demoi etm’embrasse le crâne avant d’aller déposer son
assiettedansl’évier.—J’yvais,annonce-t-il.Jedoispasserchezunecopine.Çafaitlongtemps
quejenel’aipasvue,jesuissûrquejeluimanque.Jenepeuxpasm’empêcherdesourire.—Jen’endoutepas,Alex.Salut!MemphisadresseunsignedetêteàAlex,quisedétourneets’éloigne,nous
laissant seuls. Mon cœur s’emballe au point de me faire mal. C’est unesensationétrangeàlaquelle jenesuispashabituéeetquimefaitpeur.Jeneveuxpasavoirbesoindelui,etdeça,àcepoint.Jem’éclaircislagorge.—Mercipourlepetit-déjeuner.Jeposemonassiettedansl’évieretm’apprêteàlalaver,maisMemphisme
saisitlamainpourm’enempêcher.—Cen’estpaslapeinedelavertonassiette,tupeuxlalaisser.J’avale ma salive et caresse doucement ses égratignures qui sont sèches
maintenant.J’aitantdechosesàluidemander,maisj’aipeurdelefairefuir.Ilvabientôtpartird’ici,detoutefaçon,alorsautantprofiterdesaprésencesansmeposerdequestions,tantquec’estencorepossible.—Çafaitmal?demandé-je.Ilsecouelatêteetmeprendparlataillepourm’attireràlui.—Non,murmure-t-il.Puisil lissemescheveuxderrièremonoreilleetmeregardeintensément,
commes’ilessayaitdedevinercequej’aientête.—Parle-moidetoi,dit-il.Surpriseparcettedemande,jelaisseéchapperunrirenerveux.—Quoi?Jesecouelatêteetl’embrassedanslecou,puisjelèvelesyeuxverslui.Il
neplaisantepasdutout.Cetypeestvraimentdéroutant.—Tum’asditquec’étaittonpèrequit’avaitélevé.Ettamère,oùest-elle?
Elleesttoujoursenvie?Ilprenduneexpressionpeinéeenattendantmaréponse.—Oui,dis-jetoutbas,encherchantlemeilleurmoyend’expliquerça.Elle
est partie quand j’étais petite et je n’ai plus jamais eu de nouvelles d’elle
depuis.J’avale lenœudquiseformedansmagorge.Jen’aimepas troppenserà
mamère.—Monpèreestunsaletype,Memphis.Elleestpartieàcausedeluietdela
viequ’illuifaisaitmener.Jecroisqu’ellenem’apasemmenéeparpeurdesaréaction.Jenesaispastrop.J’étaistropjeunepourcomprendre.Jemedégagedesesbrasetmedétourne.Ilfautquejefassequelquechose.
Ravalant mes émotions, je tends la main pour ouvrir le robinet. Memphiscommenceàparler,maisjelèvelamainpourlefairetaire.—Aprèsledépartdemamère,jesuisrestéeseuleavecmonpère,maisil
n’était pas souvent là. C’est un homme très occupé. Il a toujours été trèsoccupé.Jedormaissouventchezdesamis,oubienj’étaisgardéparunebaby-sitter. Ensuite, quand j’ai été suffisamment grande pour comprendre quelgenrede travail il faisait…ilm’yaemmenéeafinquejeregarde.Ilvoulaitm’apprendreàêtrecommelui.C’est làque j’aicomprispourquoimamèreétaitpartie.Moiaussi,j’avaisenviedepartir.C’estunsalaudetunmalade.Ilestdangereux.Je marque un temps de pause pour rassembler mes idées, tout en
commençantàlavermonassiette.—Quand il a dû fuirChicago et qu’il est venu s’installer ici, àCrooked
Creekilyaquelquesannées,jenel’aipassuivi.JesuisrestéeàChicagoavecuneamie.Jenevoulaisplusaucuncontactaveclui.Pendantunan,j’airefusédeluiparlerautéléphone.Etpuisquandmême,avecletemps,j’aicommencéà souffrir de ne pas avoir de famille et j’ai craqué, je suis venue pourmerapprocher de lui, pour lui donner une seconde chance.Mais il n’avait paschangé.J’aicomprisqu’ilnechangeraitjamais,qu’ilseraittoujoursunvraisalaud.Jeterminedelaverlederniercouvertdel’évieretjefermelerobinet,puis
jemetourneversMemphis.—J’airencontréBailey,j’aitrouvéuntravailàlaboutiquedetatouage,et
j’aiditàmonpèred’allersefairevoir.Depuis,enquatreans,jenel’aivuquecinqfoisetfranchement,jem’enfiche.C’estBailey,mafamille.C’estlafillelapluschouettequejeconnaisseetjesaisquejepourraitoujourscomptersurelle.
Memphisdétournelatêteuninstant,puismeregardedroitdanslesyeux.—Monpèreaussiétaitunpursalaud.C’estmêmelepiresalaudquej’aie
rencontrédetoutemavie.Maismamère…C’étaitunefemmemerveilleuse…Jepenseàelletouslesjours.Ilserrelesdentsetserapprochedemoi.—Je suisdésoléque tamère soit partie.Apparemment, tesparentsn’ont
pas été capables de t’apprécier à ta juste valeur.Tu es une fille formidable,Lyric,et tunedoispas l’oublier.Cen’estpas toiquias ratéquelquechose.C’esteux.Je suis tellement submergée d’émotions que je dois faire un effort
surhumain pour ne pas pleurer. Je n’arrive même pas à répondre et medétourneensecouantlatête.—Tupeuxutilisermadouche,ditMemphis.Jeseraidanslegarage.Ilmeprendlementonpourm’obligeràleregarder.— N’oublie jamais que tu es une fille géniale, d’accord ? Et ne laisse
personneterabaisser.J’acquiesce.Ilsedétournesansunmotets’éloigne,melaissantseuledans
lacuisine,noyéedansmesémotions.Aprèsavoirprisunedouche,j’enfilemesaffairessales.Maispasmoyende
trouvermaveste, jene lavoisnullepart enbas. Jegrimpedoncau rez-de-chaussée, pour chercherMemphis qui doit être dans le garage. Dans trenteminutes,ilfautquejesoisausalondetatouage.Enouvrantlaportedugarage,jesurprendsMemphisregardantfixementla
Trans Am. Il est en sueur et ses cheveux sont tout collés. Il a dû encoredéfoulersafrustrationsurlepunching-ball.Je referme la porte du garage derrière moi et entre lentement. Je suis
incapabledelequitterdesyeux.Ilesttellementbeau.—C’était la voiture demamère, murmure-t-il d’une voix où pointe un
soupçon d’orgueil. Mon copain Jack… Jack était un ami d’enfance de mamère,enfait.C’estluiquim’aaidéàtrouvercettevoiturepourelleetquim’aaidéàlaréparer.Jemesouviensdesonregardquandnousavonsrepérécettevoitureàlacasse.Ilétaittellementcontent.Ilsouritetsonsourireesttellementbeauquemoncœurs’arrête.
—Quandilm’aditquemamèreavaiteuune76commepremièrevoiture,j’aisuquecelle-làseraitlecadeauparfait.Alorsj’aipristoutmonargentetj’aidità Jackdesedébrouillerpour l’avoir. Je lavoulaisà toutprix.Nousl’avonsbricoléependantsixmoisavantdelarendreprésentable.Jetenaisàcequ’elle soitparfaite.Çan’apasété facile,maisçavalait lecoup. Jevoulaisquemamèrel’aitavantdemourir.Ils’écartedelavoitureetlèveenfinlesyeuxversmoi.—Jeluiaifaitlasurpriseunesemaineavantd’êtreincarcéré.Situavaisvu
sonsourirequandj’aiouvertlaportedugarage…J’enaieuleslarmesauxyeux. C’est une des rares fois où je l’ai vue pleurer. De savoir que je luiapportaisunpeudejoieavantsamort,çam’afaitdubien,tusais.Savoixsebrisesouslecoupdel’émotionetilsedétournedenouveau.—Et ensuite, j’ai tout gâché… Il y a six ans… J’ai fait une chose qui a
achevédedétruiremamère.Etjen’aipaspuêtrelàpourelle.Elleaessayédemerassurer,demedirequ’elles’ensortirait,maisjesavaisquecen’étaitpasvrai.Quecequej’avaisfaitétaitirréparable.Çasevoyaitsursonvisage.Sansdireunmot,ilprendsonblousondecuiretmeletend.—Queveux-tuquej’enfasse?Maintenant qu’il a commencé à se confier à moi, je ne sais plus trop
commentréagiraveclui.—Ilfaitfroiddehors.Prends-le.Ilm’aideàl’enfileretjeneluidemandemêmepasoùestmaveste.Jecrois
que ça lui fait plaisir que je porte son blouson. Et cette idéeme réchauffeencoreplusquelecuir.Jemarcheverslaporteetm’arrêtesurleseuil.—Merci,Memphis.—Mercidequoi?Jeleregardedanslesyeux,jeveuxqu’ilsacheàquelpointjesuisheureuse
qu’ilaitenfinacceptédeseconfieràmoi.—Mercidem’avoirparlédetoi…Unpetitpeu.J’enfileleblousonensouriant.—Etmerciaussipourleblouson.
Ilacquiesceetlissedelamainsescheveuxtrempésdesueur.—Onsevoitdemain,dit-il.Cesoir, jevaisrentrer très tard.Tupeuxme
rendreunserviceetjeterunœilsurAlex?J’aisoudainunnœudàl’estomacetjem’affoled’uncoup.—Pourquoi?Qu’as-tud’importantàfaire,cesoir?—J’aiuntrucàrégler.Jen’aipaslechoix.Ilmedésignelaportedumenton.—Tuferaismieuxdetedépêcher,tuvasêtreenretard.Je le fixe longuement, puis je décide de ne pas insister.Ça ne servirait à
rien.S’iladécidédenepasmedirecequ’ildoitfairecesoir,rienneleferachangerd’avis.Tantpispourmoi…
Quandj’arriveausalon,c’estAcequim’ouvre laporte. Ilm’accueilleavecsonsourireàfossettesdiaboliquementbeau,toutenglissantsonbrasautourdemonépaule,unpeucommeunserpent.—Bonjour,monange.Il a de la chance que je sois de bonne humeur cematin. Cettemanie de
m’accueillir comme s’il était fou de joie deme voirme donne en généralenviedeluifileruncoupdanslesparties.—Bonjour,marmonné-je.JechercheStylesduregard,maisjenelevoispas.Jenecroispasnonplus
avoirvusavoituredansleparking.—OùestStyles?Acehausseunsourciletmemontrelaported’entréequeStylesestentrain
defranchir.Complètementbourré,apparemment.—C’estunebouteilled’alcoolambulante,ricaneAce.Il s’avance vers lui et lui donne une grande claque dans le dos qui lui
arracheungémissementetluifaitleverlatête.—Qu’est-cequit’arrive,monpote?Lafêtes’estmalterminéeoubientu
aspassétoutelanuitàpicoler?Je ne peux pas m’empêcher de rire quand Styles manque de rater son
fauteuil. J’avaisoubliéqu’undecesvieuxpotesde facétaitenvilleetqu’ilavaitorganiséunegrossefêtepourlui.—Vatefairefoutre,répondStylesensouriant.J’aipassélasoiréelaplus
dinguedetoutemavie.IlritenvoyantAceexécuterpourluiunedanseetlancersespoingsdevant
lui.— D’accord, répond Ace en reculant. Tu me raconteras tout ça quand
j’auraifinidem’occuperdemonpremierclient.Ondiraitquetuaspasséunesacréenuit.Jeleslaisseàleurconversationetmedirigeversmacabine.—Jepréparemonmatériel,Styles.Siquelqu’unvientpourunpiercing,tu
mel’envoies.Ils’adosseàsonfauteuil,avecunsourireidiot.—Yeap.Unefoisquej’aisortietnettoyémonmatériel,jesorsmondessinpourle
regarder. Je suis fière de ce que j’ai fait. Je ne pensais pas qu’il y avait dequoi,maismaintenantqueMemphism’a fait remarquerquec’étaitunsacréboulot,jem’enrendscompte.J’avaistortdemetrouvernulle.Jeremetsledessinenplacedanssontiroiretmelève.—Lyric.Jereconnaisaussitôtlavoixgravequim’interpelledepuisleseuil,mêmesi
çafaitsixmoisaumoinsquejenel’aipasentendue.Jeme force àme tourner vers la porte, et quandmesyeux seposent sur
monvisiteur,jesensmacolèreenfler.Ilestlà,dansuncostumechic,commes’ilétaitunroietqu’ilpensaitquelemondeentierdevaits’inclinerdevantlui.Ilsecroitfort,ilpensequ’ilpeutobligerlesautresàl’écouter.Ilsetrompe.
Mamèrenel’écoutaitpas.C’estpourçaqu’elleestpartie.Etjenel’écouteraipasnonplus.Ilavoulumeforceràdevenircequ’ilvoulait.Ilm’atraitécommesij’étais
ungarçon–celuiqu’ilauraitvouluavoir.Ilnes’intéressaitàmoiquepour
m’apprendreàmebattreoupourmemontrerdescombattants.—Qu’est-cequetuveux?Tucherchesunenouvellerecruepourtonsale
boulot?Sescheveuxnoirssontcoiffésenarrièreet jeremarquequelquesmèches
grises. Chaque fois qu’il vient me voir, je regrette de ne pas avoircomplètementcoupélespontsquandjepouvaislefaire.J’auraisdû,maisjen’ai pas pu. Je n’ai pas pu parce que je n’ai que lui comme famille et quej’avais…peurd’êtreseuleaumonde.Il sourit et fait quelques pas à l’intérieur de la pièce, en fermant la porte
derrièrelui.—Je suisvenuvoirma fille.Ça faitdesmoisque tune répondsplusau
téléphone quand je t’appelle. Tu ne pensais quand même pas que j’allaisabandonneraussifacilement,n’est-cepas?Jelaisseéchapperunriresarcastiqueetlèvelesyeuxauciel.—Toi,tuétaisauxabonnésabsentsquandj’étaisgamineetquej’auraiseu
besoin de toi. Alors c’est bien fait pour toi si tu as l’impression que je terejette.D’ailleurs,cen’estpasqu’uneimpression.—Merde,Lyric…Ils’approchedemoietmeprendlebras.—J’aitoujoursvouluêtreprochedetoi,c’esttoiquin’arrêtaispasdeme
repousser.Tunet’enrendspascompte?Tuascommencéàmedétesterquandtamèreestpartie.Ilmepresselebrasplusfort.—Jet’aiélevécommej’aipu,dumieuxquejepouvais.Jeluiretiremonbrasd’uncoupsecetessaiedemeconvaincrequejen’ai
pasenviedeletuer.Ilessaiedememanipuler.Commed’habitude.C’estsontruc. Il veut que j’aie l’impression que c’est de ma faute si nous avonstoujoursétédesétrangers.Qu’ilaillesefairevoir.— Qu’est-ce que tu fais là, papa ? J’ai du travail. Je n’ai pas le temps
d’écoutertesconneries.Ilrespireprofondémentetjepeuxvoirqu’ilessaiedemaîtrisersacolère.Il
n’estpashabituéàcequ’onluirésiste.Ilestentourédegensquiluiobéissent
audoigtetàl’œil.— Je voudrais t’inviter à dîner pour qu’on passe un moment ensemble,
murmure-t-il.Quetulecroiesounon…tumemanques.Je secoue la tête etmemords la lèvre inférieure. J’ai envie de lui hurler
d’allersefairevoir.Jen’aipasbesoindelui,maisunepartiedemoiaquandmêmemalpourlui.Personnenelerespectevraiment.Toutlemondelecraint,c’estdifférent. Ilest seulaumondeet ilvoudraitque je l’aimeparceque jesuissafille,maismoi,jeleméprise.—Est-cequetufaistoujourslemêmeboulot?Ilfaitunpasenavantetmeprendlamain.—Lyric,neparlonspasdeça.Ilyad’autressujetsdeconversation.Unefoisdeplus,jeluiretiremamain.—Alorslaréponseestnonpourledîner.Tuneterendspascomptequetu
asfichumavieenl’air?Quandtut’esenfuideChicago,j’aieulesfédérauxsur le dos. Ils voulaient que je te dénonce. Ilsm’ont encore contacté il y aquatremois.Çanefinirajamais.Tucomprends?Jelepousseverslaporte.—Etenplus,tuvoulaisquejepartagetapassionpourlecarnage.Laseule
chosequetum’asapprise,c’estàmebattre.Jeluimontrelaporte.—Sorsdemavie.—Lyric.Il fait lagrimaceetouvre labouchepour se justifier,maisheureusement
pourmoilaportes’ouvreetBaileyentreavecLiam.Monpèresecouelatêteettiresurlespansdesavestedecostume,toutensortant.— Je reviendrai, Lyric. Je ne te lâcherai pas. Il faut absolument qu’on
s’explique,touslesdeux.Jetedonneunesemaine.JeregardeBaileyquireluquemonpèredelatêteauxpieds,commesielle
letrouvaitsexy.Çamedégoûte.—Bonvent,dis-jetoutenclaquantlaporteaunezdemonenfoirédepère.Ce type passe son temps à bousiller des vies. Depuis toujours, il sème le
malheurautourdelui.Jeneveuxpluslevoir.Plusjamais.
ChapitreDix-Neuf
MEMPHIS
Alexmetsonpick-upaupointmortetnousrestonstousdeuxassisensilenceun moment, sans même bouger. Ça fait mal de venir ici avec lui. J’ail’impression qu’onm’arrache le cœur. Je sais qu’il ressent lamême chosequemoi.Jelevoisàsonexpression.Cet endroit estma faiblesse, le seul endroit où j’acceptema fragilité. Ici,
mesbarrièress’écroulent,jemesensimpuissantàluttercontremoi-même,jenepeuxplusrespirer.Ilfautquejeluttecontreça,quejesoisfortpourAlex–pourmamère.Pouraiderquelqu’un,ilfautêtrecapabledes’assumer.Quandoncombat,il
fautêtresûrdegagner.Jesuistellementbouleverséquejenesuismêmepascertain de savoir ce que je dis. Chaque jour n’est qu’un jour de plus oùj’avanceencahotantlelongdecettepromenadepourriequenousappelonslavie.Ilfautquejesortedecepick-up.Jerepoussemesémotions,attrapemaguitaresurlesiègearrièreetpresse
l’épaule d’Alex pour lui faire savoir que je suis prêt. Cette fois, pas deconneries. Je ne peux plusm’enfuir comme un lâche. Je dois affrontermamère,luidirecombienjesuisdésolé.—Toutvabien,mec?medemandeAlexenmesaisissantparlanuque.Jeregardedroitdevantmoi,lamâchoirecrispée.—Toutvabien.J’ouvremaportièreetavalemasalive.—Allons-y.Je saute àbasdupick-up, enfile la sangledemaguitare, et jememets à
marcheravecAlexàmescôtés.Àchaquepas,moncœursebriseunpeuplus,j’ailagorgebrûlantedesémotionsquejechercheàcacher.Lefaitd’êtreiciavecAlexm’ancredanslaréalité.C’estunefoutuedosederéalitéetçacraintvraiment.
Jefixelapierretombaledemamère,deloin.Jel’aperçoisàpeine,maisjesaisqu’elleestlà.Moncœurmeledit.Jamaisjenepourraioublieroùellesetrouve.Jecroisquejepourraistrouverl’emplacementlesyeuxfermés.Il fait plus froidque ladernière foisquenous sommesvenus ici, unpeu
trop. Le vent souffle, je frissonne.Çame rappelle tellementmamère et cequ’ellem’aapprisquandjen’étaisqu’ungamin.Je m’approche de sa tombe et y dépose la veste – sa veste – que j’ai
apportée,coincéesousmonbrasgauche.Mesyeuxseremplissentdelarmesmalgré moi quand je m’agenouille et pose ma main sur le sol, entre mesgenoux,pourêtreplusproched’elle.— Il fait froid aujourd’hui, dis-je. Jeme souviens que tu disais toujours
qu’il ne fallait pas laisser ceux qu’on aimait avoir froid. Qu’il fallait lesgarder au chaud dans son cœur, pour ne pas oublier à quel point ilscomptaient pour vous. C’est ce que tu me répétais quand tu me surprenaisdehorssansmanteauetquetumettaisletiensurmoi.Jen’aijamaisrencontréunefemmeaussiaimanteetattentionnéequetoi.Je ferme les yeux pour retrouver ce que je ressentais quand elle
m’enveloppaitdanssonmanteauafinquejen’aiepasfroid.Jemesentaisensécurité et aimé,parceque je savaisqu’elle avait toujoursunmanteaupourmoidanssoncœur.—Jen’airienoublié,ajouté-jedansunsouffle.Jemesouviens.Jeprendsunelongueinspirationetexpiredoucement.—J’airencontréunefillequiteressemblebeaucoup.Elleestsolide…c’est
unecombattante.Quandelleaimequelqu’un,elles’accroche,mêmequandonessaiedelarepousser.C’estcequej’aitoujoursaimécheztoi,etquim’émeutencoreaujourd’huiquandj’ypense.Tunenousasjamaislâchés,mêmequandtuauraisdû.Jesenslamaind’Alexsurmonépaule,puisils’agenouilleprèsdemoiet
essuie son visage du revers de samanche de blouson.Ce n’est pas souventqu’onvoitAlexpleurer.Ilmeressemblesurbiendespoints…maisenmieux.—Tupeuxlefaire,mec.Ellet’entend.Ilmontrelesolentrenousetposesamainsursoncœur.—Ont’aime,maman.Ont’aimeratoujours.
J’avalemasaliveetfermelesyeux,tandisqueleslarmesroulentsurmesjoues.Cettefois,jen’essaiepasdelesretenir.Jelaissesortirladouleurquej’aisilongtempsrefoulée,jenepeuxplusfaireautrement.—Jesuisdésolé.Situsavaiscommejeregrette.Jem’agrippeausold’unemainetdel’autrefourragedansmescheveux.—Jen’aijamaisvoulutequitter,jamais…Jen’avaispaslechoix.J’aifait
ce que je devais faire pour protéger notre famille. Alex allait mourir. Ilrespiraitàpeineetpapan’arrêtaitpasdelefrapper.Jenevoulaispasletuer…Jenevoulaispas,bonsang!Je frappe le sol demonpoing etme redresse d’un bond, en poussant un
grognement.Toutemafureurestlà.Cettehaineimplacablequianourricettenuit-làlabêteenmoi.Cettehainequiaprisledessusetquim’aaveuglé.J’aipeurqu’ellereviennecesoir.J’aiessayéd’éviterdecombattre.J’aiessayé.Alexmepressel’épaulepourmeréconforter,maisjerepoussesonbraset
m’agenouilleànouveau,latêtedanslesmains.Ladouleurestsiviolentequej’aidumalàrespirer.—Jesuisdésolé,maman.Nemedétestepas,s’ilteplaît.Jet’aimeplusque
tout.—C’estbon,frangin,murmureAlex.Ilestdeboutprèsdemoi,leregardperduauloin.—Ellesaitquetuasfaitçapourmeprotéger.Ellesaitquetun’avaispasle
choixetquec’estlafautedepapa.Jel’aivusecognerlatêtecontrel’établi.Tune l’aspas faitexprès.C’estarrivé,c’est tout. Ilétaitcomplètement ivre.Nousn’ypouvionsrien.Je serre les dents et renverse la tête en arrière, en tentant de refoulerma
douleur.J’aipassélessixdernièresannéesàmehaïrparcequejen’étaispaslàpourmafamille.Jeneveuxplusquecelasereproduise.Etc’estpourcelaquejedoismebattrecesoir.MebattreunedernièrefoispourtirerAlexdelà.Etmoiaussi.Ilfautquenouschangionsdevie.Pourquelquechosedemieux.Alextapotelaguitare.—Jecroisquemamanaimeraitque tu jouespourelle.Çafait longtemps
qu’ellenet’apasentendu.Ils’assiedparterreprèsdemoi.
— Ça la rendait heureuse de t’écouter. Nous pouvons rester là toute lajournée,situveux.Àsedétendreavecelle.Commeavant.Alors jememets à jouer les chansons préférées demamère, de vieilles
chansonsque jen’oublierai jamais. Je jouependantdesheures.Alexetmoin’échangeonspasunmot.Jejoueetilm’écoute.C’estleseulbonsouvenirquenousavonsdenotreenfance.
Jen’aipasquittél’horlogedesyeux.Dansdeuxheures,jeseraidansceputaind’entrepôt,noyédansmaviolenceetdansmahaine.Jenesaispasexactementcomment çamarche, là-bas. Tout ce que je sais, c’est que si un combattantperdtropd’argent,ildoitaccepterdecombattreuntypeencoreplusfort.Etçam’effraie.Jen’aipaspeurpourmoi.J’aipeurdecequejepourrais
faireàmesadversaires.Celafaitenvironsixansquejenesuispasmontésurun ring, mais ça ne veut rien dire. Le combat, je l’ai en moi. Et il ne melâcherajamais.Jen’ai pas entenduAlex entrer dansma chambre,mais quand je lève les
yeux,ilestlà,deboutprèsdusacpunching-ball.—Jecroisquetudevraiscombattrecesoir.Il me regarde d’un air sombre. Je vois du chagrin dans ses yeux. Il est
rongédeculpabilité.— C’est ce que j’avais prévu, dis-je, confus. Je ne vois pas ce que je
pourraisfaired’autre.—Non…Ilsecouelatête.— Je parlais de combattre dans la ruelle. Pour t’entraîner. Ça fait trop
longtempsquetun’aspascombattu,Memphis.Perdu dans mes pensées, je baisse les yeux vers la moquette grise. Il a
raison,çafaitlongtemps,maispasaussilongtempsqu’illepense.Laprison,ce n’est pas un club de vacances. Tous les jours, il faut se battre pourconserver un peu de liberté. Il faut se défendre afin de ne dépendre depersonne.C’estaussisimplequeça.J’airéussiàéviterlabagarrelaplupartdutemps,maisparfoisjen’aipaseulechoix.MaisjeneledispasàAlex.Il
n’apasbesoindesavoiràquelpointcequisepassederrièrelesbarreauxestdifficile.Ilsesentiraitencorepluscoupable.—Jeveuxbienquetut’occupesdem’organiseruncombat,dis-jeenlevant
lesyeuxvers lui.Jeseraiprêtdansvingtminutes.Etdis-leurdemetrouverquelqu’unàlahauteur.Alexsortsontéléphone,toutenretournantversl’escalier.Aprèsavoirenfiléunpantalondesurvêtementetunvieux tee-shirt, jeme
dirigeverslepunching-ballpourm’échauffer.Chaquefoisquelesacrevientversmoi, je frappe plus fort et plus vite, sous l’effet de l’adrénaline.Monsangpulsedansmesveines.Mavieillesensationestderetour,maiscen’estpasaussibonqued’habitude.Au bout d’un moment, je monte l’escalier et vais rejoindre Alex qui
m’attenddehors.Jefrissonneunpeuquandleventmefouette,maisçanemedérange pas. Je suis tellement excité que j’en transpire. En me voyantapparaître, Alex m’accueille d’un hochement de tête et grimpe côtéconducteur.Encontournantlepick-up,jenepeuxpasm’empêcherderegarderducôté
de la fenêtrede lachambredeLyric.Elleest rentréedepuisdeuxheures, jel’aivuarriver.Maisellen’estpasvenueparcequejeluiaiditquej’avaisunechose importanteà réglercesoir.Elleacompris lemessage,apparemment.Tantmieux. Je n’ai pas envie d’être obligé de lui dire où je vais et je saisqu’ellemeposeraitlaquestion.Jemontedanslepick-upetclaquemaportière.—Allons-y.Alex démarre et recule dans l’allée. Sa jambe tremblote, il a l’air super
nerveux.—C’estréglé,pourlecombat?Ilacquiesceenagrippantlevolant.—C’estO.K.Tupassesdansledeuxièmecombat.J’attendsqu’ilmedonnelenomdemonadversaire,maisilneditplusrien.
Cen’estpasnormal.D’habitude,lescombatsdel’alléelemettententranse.—Bon,Alex,tuvasmedirecontrequijevaismebattre.
Ilserre lesdents,commes’iln’avaitaucuneenviederépondre,etpousseungrossoupir.—Trevor,lâche-t-ilenfinensepassantlamaindanslescheveux.Trevora
étéleseulàaccepterdesebattrecontretoi,etencore,ilafalluquejebaratineunpeu.—Merde…Jedétourneleregard.Nousapprochonsdel’alléeetAlexcherchedéjàun
endroit pour se garer. Jamais je n’aurais pensé me battre un jour contreTrevor.Nousnousétions juréqueçan’arriverait jamais.Maisbeaucoupdechosesontchangé.Ouais,leschosesontchangédepuisquejesuisparti.—Jesaisquevousêtesamis,murmureAlex.Jesecouelatêteetposelamainsurlapoignéedemaportière.—Non,ne t’enfaispas. Il fautque je le fasse. Il fautsortirAsherdenos
vies,unebonnefoispour toutes.Çasuffit lesconneries,Alex.Tuesunboncombattant. Je le sais. Je t’ai vu à l’œuvre.Comment as-tu fait pour perdretouscescombatsavecAsher?—Cen’estpasimportant,répond-il.Jenevaisplusmebattrepourlui.J’ouvremaportière,jesorsencourantdupick-upetjefaisletourpourle
sortirdelà,enl’attrapantparsonblouson.Jenevaispaslelaissers’entirercommeça,ilfautqu’ilmedisecequis’estpassé.—C’estimportant,Alex,hurlé-je.Tufousmavieenl’air.J’ailedroitde
savoir. Si tu veux que je t’aide, tu as intérêt à parler. Maintenant. Allez,crache!Ilmerepousseviolemmentpourselibéreretclaquesaportière.—J’aiperdulescombatsparcequejepassaismontempsàmedéfonceret
àboire,çateva?C’étaitdur,pourmoi,aprèslamortdemaman.J’aidûmedébrouillertoutseul.Ilpointeundoigtsursapoitrine.— Tout seul, Memphis… Vraiment tout seul. Je n’avais pas perdu que
maman,j’avaisaussiperdumonfrère.Alors,lâche-moiunpeu.Unsoir,j’aivuAsher par hasard et je suis allé lui parler.Dès qu’il a su que j’étais tonfrère,ilm’aproposédecombattrepourlui.Maisj’étaisdéjàbienàfonddansla défonce. J’ai compris que la drogue et l’alcool ne réglaient pas mes
problèmes,mais j’ai eu dumal àm’en sortir. Et entretemps, j’ai perdu descombats.Jevoudraisbienêtreencolère.Jeledevrais,maisjen’yarrivepas.Jesuis
enpartie responsable. Jen’étaispas làpour lui. Il étaitbeaucoup trop jeunepoursedébrouillertoutseul.—Jevaisréglerça,dis-jeenluitapotantledos.Viens.Nousnousdirigeonstouslesdeuxendirectiondubruit.Lepremiercombat
adéjàcommencé.Quandnousnousapprochons, jevoisquec’estRyderquiestdanslecarréblancduring.Avecleroux.Celui-là,iln’aaucunechance,cesoir.Je croise les bras et regarde le combat, quand je sens unemain surmon
épaule.—Memphis…Jemeretourne,c’estAva.Ellem’adresseunsourireattristéetmedévore
desyeux,commesielleseretenaitdemecaresser.—Ava,dis-jedoucement.Elle faitunpasversmoietavance lebraspourme toucher,puissuspend
songeste.— Qu’est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle. Je croyais que tu ne
combattaisplus?—Jenecombatsplus,mais j’aiun trucà régler ce soir.Ensuite, ce sera
terminé.Etjequitteraicettefoutueville.Je jette un coup d’œil du côté du ring et je remarque que Ryder nous
surveilled’unairmauvais.—Tunedevraispasm’approcher,Ava.JenevoudraispasqueRyders’en
prenneàtoi.Elleacquiesceenlaissantéchapperunpetitsoupir.—Oui, je sais. Il n’aime pas que je te parle.Mais… fais attention à toi,
d’accord?Jeneveuxpasqueturetournesenprison.Tuneleméritespas.Tuesuntypebien,Memphis.Meilleurquetuneledis.Jelesais.J’auraispuêtreà toi… si tu avais voulu de moi. Avec Ryder, ce n’est qu’une attirancephysique.Toi,c’étaitdifférent.
Elleadébitétoutçad’unetraiteets’arrêtepourreprendresonsouffle.—Entoutcas,bonnechancepourcesoir,Memphis…Elletournelestalonsetjelaregardes’éloigner.—Ava!Elles’arrêtenet.—Situasbesoindequoiquecesoit,ousiRydertefaitdumal…N’hésite
pasàm’appeler.D’accord?Jeseraistoujourslàpourtoi.Ellem’adresse ce sourire que je connais si bien etme fait oui de la tête
avantdedisparaîtredanslafoule.Alexmerejoint.—Cettefilleestencoreamoureusedetoi…çamefaitdelapeinepourelle.Je serre lesdents.Oui,Avame faitde lapeine,mais j’aid’autreschatsà
fouetter,d’autantplusquelecombatencoursvientdeseterminerparK.O.CetrouduculdeRyder lève lespoingsen signedevictoireet tambourine sursontorsecommeungorille.Maisquelcomédien,jevousjure.—Ellem’oubliera,dis-jedoucement,toutenobservantRyder.Il me lance un regard méchant, puis me tourne le dos et disparaît
précipitammentdanslafoule.Ondiraitqu’ilestpressé,commes’ilavaituntrucurgentàfaire.—Hé…mec,murmureAlexenmedonnantuncoupd’épaule.Çayest,tu
esprêt?Ilssontentraind’appelerTrevor.J’oublieRyderet regarde lecarréblancdu ringdans lequelTrevorvient
d’entrer,avecunvisagesansexpression.Ila l’air toutraideetpasdutoutàl’aise.Jen’entendsplusrien,seulementl’annonceurquiappellemonnom.J’entre
aussitôtdansleringàmontouretmemetsàtournerautourdeTrevor.Demeretrouver face à lui, çame rappelle le soir où il a agresséLyric, et ça faitsortirtoutelaragequej’essayaisdecontenir.—Go!criel’arbitre.JebalanceaussitôtmoncoudegauchedanslamâchoiredeTrevor.Ilaccuse
lecoupentrébuchantdecôtéetpousseungrognementdedouleuravantdesejetersurmoi.Ilm’envoieàterreettentedemebloquer.Maisjeneluilaisse
pasletempsdeplacersaclé.Jemedébatsetparviensàmerelever,pourmemettreengarde.Jen’aimepascombattreausol.Trevor se relève aussi, en grognant et en secouant la tête. J’entends le
public se déchaîner, hurler, criermon nom. Trevorme tourne autour, puisbrusquement, ilm’atteintà lacage thoraciqueavecsongenou.Bonsang, jen’ai rienvuvenir.Ça faitmal.Maispasassezpourm’arrêter. Justecequ’ilfautpourmedonnerunedécharged’adrénaline.Je fonce sur lui et passe un bras autour de son cou. Je le force à
s’agenouiller en lui donnant des coups de genou dans le ventre, puis je lerelâcheetjeluienvoiemonpoingsurlabouche.Ilmeregarde,encrachantdusang,puisilriposteenvisantmonœil.Çame
déstabilise,maisjemerétablisaussitôt.Nousrestonsuninstantànousdéfierduregard.Jeneveuxpas lui fairemal.Vraimentpas.Saufque je n’ai pas le choix.
Alors,autantqueçaaillevite.Jenepensaispasqu’ilseraitmonadversairecesoir,etj’aibienl’impressionqueluinonplusn’apasspécialementenviedesebattreavecmoi.Plusçadure,etplusilvasouffrir.Autantenfinirtoutdesuite.Jemerapprocheetluisaisitl’arrièreducrâneàdeuxmains,frappantmon
genou dans son visage, le mettant K.O. Il tombe à la renverse, atterrissantdurementsurlepavé.Toutlemondesemetàhurler.Lamaind’Alexseposesurmonépaule.—Jesavaisquetun’avaispasperdulamain,frangin.C’étaitsuper.Jesorsdu ringet traverse la foule leplusvitepossiblepour rejoindre le
pick-upd’Alex.Ilfautquejeparted’ici.Lessensationssonttropintenses.Çametétanisedepenserquejeviensd’assommermonmeilleurami.C’est
un petit emmerdeur et il a des problèmes, mais jamais je n’aurais cru enarriverlà.Jedétestecetteviedemerde.Jen’enveuxplus.Jevaisfairecequejedoisfaireetensuitepartird’ici.Définitivement.Plusqu’uneheure.Dansuneputaind’heure,jepourrairendresonargentà
Asheretacheterlalibertédemonfrère.
ChapitreVingt
LYRIC
Cela fait quelques heures que j’ai entenduMemphis partir avec Alex et jen’arrête pas d’y penser.Memphism’a bien fait comprendre qu’il avait unechoseimportanteàréglercesoiretjemedemandecequeçapeutbienêtre.Jesuistrèsinquiète.Cesmots,j’aiunechoseimportanteàrégler,jelesaisouvententendusdans
labouchedemonpèreetilsannonçaienttoujoursdesennuisouundanger.JesaisqueMemphisn’estpascommemonpère,maisquandjel’aientendudireça, j’ai eu l’impression d’être la petite fille d’autrefois, celle qui regardaitpartirsonpèreensedemandants’ilrentrerait.J’ai passé une grande partie de la soirée à faire le va-et-vient dans ma
chambre,enévitantBailey.Elleposetropdequestionsetjenesuisvraimentpas d’humeur à discuter de quelque chose que je ne comprends pas moi-même.Elle est dans le salon et elle attendLanden. J’espèrequ’il va arriverbientôt,avantqueMemphisrevienne.Parcequedèsquej’entendraiMemphis,jemeprécipiteraichezlui.Queçaluiplaiseounon.J’aipassétoutelasoiréeàmetracasserpourcemonsieur,àcausedesessecrets,alorsilvasupportermaprésence.Ilestdéjàplusdeminuit,bonsang!Quepeut-ilbienfaire?En passant devant mon ordinateur, j’aperçois le dossier « Memphis ».
Chaque fois que je le vois, mon cœur s’arrête et j’ai l’impression quequelqu’unessaiedemel’arracher.Ondiraitquetousmesorganesontbesoindecethomme.C’estune sensation tellementpuissanteque j’enai le soufflecoupé.Jejetteuncoupd’œilducôtédemonlit;jedevraismecoucher,jelesais,
maisiln’enestpasquestion.Jesuismêmetropénervéepourm’allonger.TantqueMemphisneserapasrentré,jenetiendraipasenplace.J’aiqu’unepeur,c’estqu’ildisparaisseencoreplusieursjoursd’affilée,commel’autrefois.Jecroisquejeneseraipascapabledelesupporter.Je m’installe dans mon fauteuil noir de bureau et ouvre le dossier des
photos. Je les fais défiler lentement et çame donne des frissons. C’est fou
l’effetqu’ilmefait,mêmequandiln’estpaslà.Ilcomptebeaucouppourmoiet maintenant que j’ai fait l’amour avec lui… Je n’ai pas l’intention de lelâcher,c’esttout.Ilessaiedemedécourager.Ilmerépètequ’iln’envautpaslapeineetqu’ilnevapastarderàquitterlaville.Maisçanechangerien.Jesuismordue.Qu’est-cequej’ypeux?Mesyeuxscrutentlesclichésets’arrêtentquandcellesdeluietmoiattirent
monattention.MoncorpsentierseréchauffedevantlesphotosetcelamefaitseulementdésirerMemphisencoreplus.Lafaçondontilmefaitmesentirestinoubliableetvouspouvez levoir surmonvisagealorsqu’ilmedonneduplaisir. Le fait de me voir nue avec lui est si beau ; c’est difficile de s’endétourner.Jeneveuxpas.Ça y est ! J’entends le pick-up d’Alex arriver dans l’allée voisine. Jeme
lèved’unbond,sansmêmeréfléchir,etjesautesurmonlitpourregarderparlafenêtre.J’écartelerideau.Jecollemonnezaucarreau.Memphisn’estpaslà!Iln’yaqu’Alex!J’enaiuntelcoupaucœurquej’ail’impressionquejevaismetrouvermal.Alexlèvelatêteversmafenêtre.Ilal’airinquietetsonregardmedonnela
nausée,maisjefaisdemonmieuxpourconservermoncalme.Pasdepanique.Tun’asaucuneraisondepaniquer.Alexmefaitunsignedetête,toutenmesouriant.Puis,ilarticulequetout
estO.K.Jerépondsd’unsignedetête,moiaussi.Jesuissurlepointdequittermonposteàlafenêtre,quandjevoisapprocherunepetitevoitureblanche.Moncœurs’emballe.C’estsûrementMemphisquiconduitcettevoiture.Ça
nepeutêtrequelui.Pourtant,cen’estpaslui,maisunefemme.Cequejevoisenpremier,c’est
sa masse de longs cheveux brun-roux. Elle sourit à Alex. Ils semblenttellementcontentsdesevoirquejenepeuxpasm’empêcherdesourire.Puisjerefermelerideauetjem’allongesurmonlit.Uneautreheures’écoule lentementavantque j’entendeBaileypartiravec
Landen.Àprésent,ilnedoitpasêtreloindedeuxheuresdumatinettoujoursaucunsignedeMemphis.J’aimeraisbienalleràcôtépourdemanderàAlexcequisepasse,maislavoitureblancheesttoujourslà,etjen’aipasenviedelesdéranger,luietlarousse,parcequej’aiunevagueidéedecequ’ilsfont.Jebâilleetroulesurlecôtépourmettredelamusique.Lesilence,cen’est
pascequ’ilmefautencemoment.J’aiaucontrairebesoindequelquechosepourm’occuperl’espritetm’aiderànepaspenseràMemphis.Jemesenssoudaindébordéeparmesémotionset jeme réfugie sousma
couette.Maiscen’estpascommesi j’étaisdanslesbrasdeMemphis.Jemesensseuleetvide.C’estunsentimentécrasant.Je ferme les yeux et m’imagine que je suis de nouveau dans le lit de
Memphis, qu’il me prend dans ses bras, qu’il me serre très fort. J’arrivepresqueàsentirl’odeurdesapeauetçam’arracheungémissement.Quandjesuisprèsdelui,jemesensensécurité,protégée.C’estunechosequejen’aiencorejamaisressentie,jel’avoue.Jen’aieuquedeuxpetitsamis,etcelan’apasdurélongtemps,etavecaucundesdeuxjen’aivécuça,pasmêmeunpeu.CelanepeutpassecompareraveccequejevisavecMemphis.Jeprendsuneprofondeinspirationetànouveau,c’estpresquecommes’il
était là, je sens sonodeur.Uneboufféede joiem’envahit. Je souris commeuneidiote.—Merde,quecetteodeurestsexy,dis-jedansunsouffle.—Toiaussi,tuessexy.Jecroisemesmainssurmapoitrineetmeredressed’unbond,enretenantà
peineuncridejoielorsquej’aperçoisMemphissurleseuildelaporte.Moncœurs’accélèrequandilentredanslachambre.Etc’estlàquejelevois.Sonvisage.Couvertdesangetd’ecchymoses.Laplaieouvertesursamain.Sontee-shirtcouvertdesang.—Oh,monDieu!Jebondishorsdulitpourmeprécipiterverslui.—Quet’est-ilarrivé,Memphis?Tun’asriendegrave?Je palpe son visage, complètement paniquée.De le voir dans cet étatme
briselecœur.Chaquecelluledemonêtresouffredudésirdeprendresoindeluietdesupprimersasouffrance.—Tuascombattudansl’allée,Memphis?Parle-moi.Tuasl’airvraiment
malenpoint.Maisjevaistesoigner.J’enaivud’autres.Jesaisquoifaire.Ilsecouelatêteetprendmesdeuxmainspourlespressersursoncœur.—Non.Lesnulsdel’alléen’auraientpaspum’abimercommeça.
Ilserrelesdents.—Etcetruc-là,tunedoispast’enmêler.Tum’entends?J’avalemasaliveetsecouelatête.—Tum’entends?insiste-t-il.Tuascompris?Commejenerépondsrien,ilsemordlalèvreetlaisseéchapperunsoupir
defrustration.—Merde,Lyric.Jeregretted’êtrepassétevoir.Ilsedétourne,commepoursortir,maisjel’enempêche.—Non!Jepassemesbrasautourdesatailleetl’attirecontremoi.—Laisse-moiprendresoindetoi,Memphis.S’ilteplaît.Ilmeregardedroitdanslesyeuxpendantuninstant,puisilenlèvesontee-
shirtetlejetteprèsdemonlit.Je ne peux pas m’empêcher de faire la grimace en apercevant les
ecchymosesbleutéessursacage thoracique.Surtoutàdroite. Je leseffleuredubout desdoigts, puism’agenouille pour les embrasser, tandis qu’il resteplanté,biendroit,lespoingsserrés.Et soudain, je sens ses doigts se glisser dans mes cheveux et je laisse
échapperunsoupir.Jecontinueàcaressersontorse, toutenbaissantencoreunpeulatêtepourposermeslèvressurlerenflementdesonjean.—Tun’espasobligéedefaireça,murmure-t-il.Cen’estpascomplètement
sansdangerpourtoi.Cen’estpascequej’avaisentêtequandj’aiparlédelesoigner,maisj’ai
enviedel’embrasserpartout,pourqu’ilsesentebien.Delevoirdanscetétat,çame fait prendre conscienceque je serais prête à tout pour le soulager. Ilmérited’êtreheureux.Plusqu’illecroit.J’aimeraisvraimentqu’ils’enrendecompte.—Jen’aipaspeurdemes sentimentspour toi,dis-jedoucement, tout en
déboutonnantsonjean.Cequimefaitpeur,c’estd’êtreloindetoi.Jelèvelesyeuxversluietnosregardssecroisentjusteavantquejefasse
descendre son jean. Et dans son regard, je vois quelque chose que je n’aiencorejamaisvuauparavant:l’espoir.Ilmefixed’unairconcentrépendant
quejeluienlèvesonboxer,enlibérantsonsexe.C’esttellementbeau.Toutchezcethommeesttellementquecelamelaisse
sansvoix.Je fais tourner ma langue sur son gland avant de le prendre dans ma
bouche,tandisqu’ils’agrippeàmescheveuxenpoussantungémissementquiexciteunpeuplusmondésir.Jel’avaleentièrement,jusqu’àlesentirpoussertoutaufonddemagorge.Je m’attendais à ce qu’il soit brusque, mais au contraire il me caresse
doucementlajoued’unemain,toutentenantmescheveuxdel’autre.—C’estçabébé.Ilpoussedansmaboucheplusieursfoisengémissant,puismerenverseun
peulatêtepourmeregarderencoredanslesyeux.—Etmerde.J’aienvied’êtretoutaufonddetoi.Ilmefaitmereleveretprendmonvisageàdeuxmains.Nousrestonsainsi
uneminute, je vois samâchoire se crisper, puis ilme soulève et écrase sabouchesurlamienne,etnoustombonstouslesdeuxsurlelit.Jesuistellementperduedansmessensationsquec’estseulementquandjele
sensàmonentréequejemerendscomptequ’ilm’adéshabillée.—JetetrouvemagnifiqueMemphis.Toutmeplaîtcheztoi.Jet’assure.Ilsecouelatêteets’écartedemoi.—Non,jenesuispasmagnifique.Sesnarinesfrémissentetilsepasselamaindanslescheveux.—J’aifaitbeaucoupd’erreurs,unpaquetdeputainsd’erreurs,etjenepeux
paslesrattraper.J’enaifaittellement,etellessonttellementgraves,quej’aidumalàmeregarderdansuneglace.Jem’accroche à son cou et je l’attire de nouveau àmoi, en le regardant
droitdanslesyeux,pourqu’ilvoiequejesuissincère.—Toutlemondefaitdeserreurs.Cequicompte,c’estquetuessaiesdene
pas les reproduire.Tu as tiré les leçons qui s’imposaient et tu as décidé dechanger.C’estleplusimportant.J’inclineunpeulatêtepourluiembrasserlementon.
—Nousnesommesquedesêtreshumains,Memphis,pasdessurhommes.Tuesunêtrehumain.Moiaussij’aifaitdeserreursdontjenesuispasfière.Jecroyaisquemonpèreétaitleseulàcommettredeserreurs,maissij’avaisvalu mieux que lui, je l’aurais empêché de commettre ces erreurs quandj’étaisenpositiondelefaire.Jepassemalanguesurmeslèvresettentederefoulermesémotions.—Jenesuispasdifférentedetoi.Tucroisquetun’espasassezbienpour
moi…Cen’estpasmonavis.Tuesexactementcedontj’aibesoin.Ilmeprendparlanuquepourm’obligeràleregarderdanslesyeuxquand
ilentreenmoi.Jeretiensmonsouffle.Ilmebloquecontrelatêtedelitetcommenceàalleretvenirlentement,tout
enm’embrassantlecouetengémissant;—Jenepeuxpasarrêterdepenseràêtreentoi,Lyric.Ilseretiredoucement.Mepénètreànouveau.—Jesaisquejeneteméritepas,maisl’idéequequelqu’und’autrepourrait
tefairecequejesuisentraindefairemerendfou.Moncœurvaexploserde joie. Je luiprends levisageàdeuxmainset le
forceàmeregarder.—Jeneveuxpersonned’autrequetoi,Memphis.Rienquetoi.Ilpoussedeplusenplus fortetdeplusenplus loin. Ilmemord la lèvre
inférieure, puis l’aspire doucement en tenant mon menton entre ses mainscouvertesdesang.Il fait encore quelques va-et-vient, puis il me retourne sur le ventre,
s’allongesurmoietmepénètredenouveau,enprenantappuisursesgenouxpourentreretsortir,lentementetprofondément,prenantletempsdemefairesentirchaquecentimètrede lui.Celameprocureunplaisir infini.Ceque jeressensquandcethommeestenmoinepeutsecompareràriend’autre.Jegémisettremblesoussescaressesquandsalangueparcourtmondoset
manuque,quandilmesucelelobedel’oreille.Chaquefoisqu’ilpousseenmoi,jeressenstoutessesémotions.Jeressens
toutcequ’ilapeurdediretouthaut.Lesyeuxfermés,jegémisetm’agrippeàsonbrasde toutesmes forces.Lui, il continueàbalancer leshanches, àmebaiser, me faisant ressentir des choses que je n’ai jamais ressenties
auparavant.Cethommetientàmoietilmeveutautantquejeleveux.Ilmecaresseavec
saboucheetavecsesmains,etjen’enaijamaisassez.Etavecsescaresses,ilmedittoutcequeseslèvresnepeuventpasarticuler.Cen’estpasseulementquejeledésire…Jemeperdsenlui.
MEMPHIS
Enmeréveillant,jesenslatêtedeLyricpesersurmapoitrine.Çamefaituncoupaucœurdemerendrecomptequejesuisavecelle.J’aiencoredéconné.Jen’airienàfoutrelà.J’étaisjustevenupourluiparlerdemonpère.Ilfautqu’ellesacheavantqu’ilsoittroptard.J’aicombattupourAsherhiersoir,mais jen’aipasencorecomplètement
remboursélesdettesd’Alexetjedoisyretourner.Unedernièrefois.Oui,jesais,j’aidéjàditquec’étaitladernière,maiscettefoisc’estsûr.Maisdernièreoupas,jedoism’éloignerdeLyric,aucasoùçatourneraitmal.C’est déjà assez difficile pour moi de devoir me soucier de la sécurité
d’Alex.JenepeuxpasmettreLyricendanger,jenepeuxpas,c’esttout.Mais quand elle s’est jetée surmoi enme suppliant de la laisser prendre
soin de moi, quand elle m’a dit que je n’étais qu’un être humain avec desfaiblesses et que c’était normal, j’ai perdu le contrôle. Elle m’a redonnéespoir.Surlemoment,j’aicruquec’étaitpossibleentrenous.Qu’ellepouvaitêtre àmoi ! Pour toujours.Que je pouvais prendre soin d’elle et la rendreheureuse.Mais à présent, je me rends compte que ce n’était qu’un fantasme idiot.
Avec moi, il n’y a jamais de fin heureuse. Je le sais. Il faut qu’elle lecomprenne.Quandelleseréveilleàsontour,ellemetrouveinstallésurlefauteuilprès
dulit,complètementhabillé,prêtàpartir.Ellemejetteunregardattristé.—Qu’est-cequisepasse?Pourquoit’envas-tu?Jedétourneleregard,letempsdereprendrelecontrôledemesémotions.
Jedoisabsolumentleluidire.Nerienluicacher.Commeça,elleverraquelmonstre je suiset ellecomprendraqu’elledoit s’éloignerdemoi,dans sonintérêt.—J’aituémonpère,dis-jebrusquement.Jen’aipasprisdegants.Cen’estpaslapeine.Jenevoispascommentlui
annoncerçaenlaménageant.Elleresteunmomentsonnée,puissecouelatête.—Tudevaisavoirtesraisons,Memphis.Elles’assieddanslelitetmejetteunregardsombre.—Raconte-moitoutdansledétail,aulieud’essayerdemefairecroireque
tuesunmonstre.Arrêtedemerepousser.Jeme lèveet lui tourne ledos.Ellemeparlecommesi elle savaitqui je
suis.Maisqu’est-cequipeutluifairecroirequej’avaisuneraison?Elleestpersuadéequejesuisuntypebienetquejemedévalorise.—Jen’airienàteprouver,Lyric.Jesaiscequejevauxetc’esttoutcequi
compte.Toutlemondesaitcequejevaux.Jen’arrivepasàcroirequetusoisaussibutéeetaveugle.—Toutlemondesaitcequetuvaux,vraiment?Elleselèved’unbondetm’obligeàmeretournerverselle.—Tuesbiensûrquelesgenssaventcequetuvaux?Cen’estpasplutôttoi
quicherchesàlespersuaderquetunevauxrien?Elleprendmonvisageentresesmains,lesyeuxrivésàmabouche.—Jemesouviensdetonregard,lafoisoùtut’eslevéenpleinenuitpour
faire de la musculation. Je n’ai pas oublié la douleur que j’ai lue dans tesyeux. Unmonstre ne souffrirait pas comme ça. Etmaintenant, raconte-moicomment ça s’est passé. Tu n’as pris que six ans. Tu avais sûrement descirconstancesatténuantes.Alors je lui raconte tout. Je lui raconte que mon père s’est mis à boire
quandmamèreesttombéemaladeetqu’ilestdevenuunpauvrealcoolo.Qu’ils’estmis à nousmaltraiter, qu’il a arrêté de s’en prendre àmoi quand j’aicommencé à combattre dans l’allée et que c’est Alex qui a tout pris, parcequ’ilétaittroppetitpoursedéfendre.Jeluiexpliquequ’ilétaitshérifetqu’il
m’a arrêté plusieurs fois, que son plaisir, c’était deme faire passer la nuitderrièrelesbarreaux,pourmemontrerquicommandait.Puisjeluiparledecettenuit-là,lanuitoùtoutabasculé.Jeluidisquej’ai
vu Alex dans le garage, à terre, terrorisé, à moitié mort. Je n’avais pasl’intentionde tuermonpère,mais je l’ai fait. Je l’ai frappé jusqu’àcequ’ilmeure. Si j’avais été capable de me contrôler, il serait encore là, à noustorturer.C’étaitdelalégitimedéfenseetc’estcequ’AlexaexpliquéàBob.Maisça
n’apascompté,parcequeBobavaitdéjàtoutundossiersurmoietilaréussiàmefairecollerlapeinemaximum.Iln’avaitpasbesoind’uneinculpationdemeurtrepourmefaireenfermer.Ilvoulaitm’éloignerdemafamille.Cen’estpasparceque j’ai tuémonpèreque jemesuis retrouvéenprison,au fond.C’estàcausedetouteslesconneriesquej’avaisfaitesavant.Lyricdemeuresilencieuseuninstant,puisellemeprendparlatailleetme
regardedanslesyeux.—Tusaiscequejevoisquandj’écoutetonhistoire?Jesecoue la tête,enpriseavecmesdémonsnoyésdans les souvenirsqui
mehantent.—Jevoisunhommequiaimesafamilleetquienprendsoin.Unelarmeroulesursajoueetelles’empressedel’essuyer.—Unhommequiafaitcequ’il fallaitpourprotégerceuxqu’ilaime.Ce
n’estpascourant,Memphis.Tamèreadûêtrefièredetoi.Elles’écartedemoietsedétournepournepasmemontrersonvisage.— J’aurais bien voulu que mon père soit comme toi… Tu es vraiment
quelqu’undebien.Ellemefaitface,denouveau.—J’aimeraisvraimentquetut’enrendescompteMemphis.Jetentederefoulerlesémotionsquimenacentdemesubmerger.Moncœur
bat si fort qu’il me fait mal. Je dois m’éloigner d’elle. Je ne supporte pasd’entendreça.Jenepeuxpaslegérer.—Jedoisyaller.Jefaisquelquespasverslaporte,puisjem’arrêtesurleseuilet jelâche,
sansmeretourner.—Ilfautquetum’évites.Tuascompris?J’attendsquelquessecondes,maisellenemerépondpas.—Tuascompris?dis-jeànouveaud’untonméchant,enm’agrippantau
chambranledelaporte.Dis-moiquetuascompris.—Va-t’enMemphis.Va-t’en.Jesenssesmainssurmondosalorsqu’ellemepoussepourquej’avance.—Tuveuxquejetedéteste?Ehbien,jenepeuxpas,maist’enfuircomme
unputaindelâcheyarrivera.Ellemepousseencore.—Tuveuxquejeterepousse?Ehbien,tueslibredet’aller,maisjerefuse
detehaïretdevoirlemonstrequetuveuxquejevoie.Jem’envais,lecœurbrisé.Jenem’attendaispasàrencontrercettefille.Je
nem’attendaispasàm’attachercommeça.Jesuisdingued’elle,maisjedoispartir.Elleméritemieuxquemoietsijen’aipaslecouragedeluirendresaliberté,jevaismemépriserencoreplus.
ChapitreVingtetUn
MEMPHIS
J’ailaisséunlongmessageàJackaprèsavoirquittélamaisondeLyric,ilyaenvironuneheure.Ilétaitpresquecinqheuresdumatinetjemedoutaisbienqu’il dormait, mais j’ai quand même tenté le coup. Il a bien connu mesparents.J’avaisbesoinqu’ilmeconfirmecequem’avaitditLyric.Jefaislescentpasdevantunepierretombalesurlaquellejem’étaisjuréde
nejamaismerendre.J’aitellementdechosesàdireàceluiquiestenterrélàque je ne sais pas par où commencer. Je sensma colère qui revient, aussipuissantequelorsqu’ilétaitencoreenvie.Jeluienveuxterriblement.C’estàcausedeluiquej’airatéplusieursannéesdelavied’Alexetquejen’étaispasauprèsdemamèreaumomentoùelleavaitleplusbesoindemoi.Pendantsixans, jemelesuisreproché.Sixans…Jen’arrêtaispasdeme
direquesijen’avaispaseuuncasieraussichargé,jen’auraispasprissixanspouravoirdéfendumonfrère.J’étaispersuadéquec’étaitmafautesi jemetrouvaislà.Mais les paroles deLyricm’ont fait réfléchir et jeme rends compte que
toutacommencéavecEthan–monpère.S’iln’étaitpasdevenucomplètementalcoolique,jen’auraispaseubesoindemebattrecontrelui,etjen’auraispaseu en moi cette colère. J’étais heureux avec ma guitare. Jouer m’apaisaiténormément.Ilm’agâchéça.Ilm’atransforméenmonstreincontrôlable.—Merde!Jem’arrêtedevantsatombeetm’obligeàlaregarder.Celamedéclenche
uneboufféedehaineetdetristesse.—Tu étais censé prendre soin de ta famille.Qu’est-il arrivé au père qui
nousdisaitquenousdevionsaimeretprotégerlessiens?Cen’estpascequetu as fait. Au contraire. Tu t’es retourné contre nous et tu nous as traitéscommedelamerde.Àcausedetoi,nousavionstoutletempspeur.Jeprendsmatêtedansmesmainsetpousseungémissementdedésespoir.
Jepleure.Leslarmesroulentsurmesjoues.Maiscesontdeslarmesdehaine.Jelehaispourtoutcequ’ilm’afaitetpourcequ’ilafaitàmafamille.
—J’essayaisdeprendresoind’Alex,commemamanmel’avaitdemandé,maisilafalluquetuviennesfoutretamerde.Etenplus,tucroyaisquej’allaisteregardersansrienfaire,sansmebattre,sanstrouverlemoyend’exprimermacolère.Jepointeundoigtversmapoitrineetjehurle.—Vatefairefoutre!J’avaisautantdecolèrequetoiàl’intérieur.Tucrois
quec’étaitfacilepourmoidevoirquemamanétaitdeplusenplusmaladeetdeplusenplusfaible?Jerenverselatêteenarrièreettentedereprendremonsouffle,maisjesuis
tellementenragequeçam’empêchederespirer.—Non,cen’étaitpasfacile.C’étaitdurpourmoietpourAlex.Autantque
pour toi.Où étais-tu quandnous aurions eu besoin de quelqu’unpour nousréconforter et nousdire quenousn’étionspas seuls ?Pourquoi n’as-tu pasprisleschosesenmain?Pourquoinenousas-tupasmontréquetuseraislàetque tunous aimerais,même si elle s’enallait ?Tuauraisdûnous rassurer.Nous étions une famille.Mais au lieu de ça, tu passais tes nuits à boire etquandturentrais,c’étaitpournousfrapper.Jemeremetsàfairelescentpas.Jenetienspasenplace.—Jeme suisoccupéde la familleparceque tun’étaispas capablede le
faire.Cen’estpasseulementpourévacuermacolèrequej’aifaitdescombats.C’étaitaussipouraideràpayerlesfactures.Jesavaisquelessoinsdemamann’étaientpasdonnés.Maistoi, tuétaistropivrepourt’enrendrecompte.Tudépensaisl’argentquenousn’avionspaspourt’acheterdel’alcool,etquandmamanétaità l’hôpital tune t’occupaispasdenousdonneràmanger.C’estmoiquimesuisoccupédenourrirAlex.Jefaisaislacuisine.Jevérifiaisqu’ilallaitàl’école.J’aifaitdemonmieux,maiscen’étaitjamaisassezbienpourtoi.—C’étaitassezbienpourtamère!Jem’arrêtenet.C’estJack.Ilvientversmoietmepresselesépaules.—TamèreétaitfièredetoiMemphis.Vraimentfière.Surtout,n’endoute
jamais.JeravalemacolèreetplongedansleregarddeJack.Quandilditlavérité,
jepeux le liredanssesyeux.Et j’aibesoindesavoir s’ildit lavéritéencemoment.
—Mêmequand j’ai laissémonpèresur lecarreau?Mêmequand je l’aiabandonnéeaumomentoùelleavaitleplusbesoindemoi?Ilmepressedenouveaulesépaulesetsoutientmonregard.—Elleaétéfièredetoijusqu’àsonderniersouffle.Ilm’obligeàmetournerverslatombedemonpèreetlamontredudoigt.—Ça,c’étaituneerreur.Maiscen’estpasdetafautesic’estarrivé.Ethan
étaitcomplètementfou.Toutlemondelesavait,maispersonnenedisaitrienparcequ’ilétaitleshérif.Tuétaisleseulàt’opposeràluiquandillefallait.Sonheureétaitvenue,ilestmort.Saplacen’étaitplusparminous.Il s’avance pour se placer devant la tombe et la contemple en silence un
instantavantdepoursuivre.— Il faut que tu laisses ta colère ici, mon petit. Il est temps pour toi
d’oublieretdepasseràautrechose.Jeserrelesdentsensecouantlatête.—Etsijen’yarrivepas?—Tuyarriverasquandtuaurasluça.Ilfouilledanssapochedemanteauetensortunepetiteenveloppe.—Tamèrem’aconfiéçapourtoienmedemandantdeteledonnerquand
jejugeraiqueceseraitlemoment.Ilmeregardedroitdanslesyeux.— Je crois que c’est le moment. Tu vas le lire. Mais pas tout de suite.
Prendsd’abordletempsdetereposeretdedormirunpeu.Je prends l’enveloppe. Il y a une guitare peinte sur le dos et ça me
déclencheunflotdelarmes.Etcen’estpasn’importequelleguitare,c’estlamienne.Mamèresavaitàquelpoint je tenaisàcetteguitare.C’étaitellequimel’avaitoffertepourmesquinzeans,avantdetombermalade.—Tudevraisvenirdormirchezmoipourtereposer,ditJack.Çateferait
dubien.Jerangel’enveloppedanslapochedemonsweatàcapuche.Jackaraison,
j’aibesoindeme reposeravantdecombattrece soir.Çavaêtremagrandenuit.Asherapariétroiscentsdollarssurcecombat.Etaprèsça…Alexaurapayésadette.JeserailibredepartiretLyricserahorsdedanger.
—Oui,dis-jedoucementenbaissantlenez.Tuasraison.Puisjemedétourneetjesorsducimetièrepourgrimpersurmamoto.J’ai
vraimentbesoindefaireuneffortpourrevenirsurterre.
ChapitreVingt-Deux
LYRIC
EnvironuneheureaprèsqueMemphisaitquittémamaisoncematin, je l’aientendupartir sur samoto. Il estmaintenantpresque seizeheures et il n’esttoujourspas revenu.J’essaiedenepasm’inquiéter,maiscen’estpas facile.Quandjetiensàquelqu’un,j’aitendanceàmefairedusouci.C’estnormal.Jem’apprêteàmonterdansmavoiture,quandj’aperçoisAlexentrainde
fouillerl’arrièredesonpick-up.Jedoisêtreautravaildansunquartd’heure,çamelaisseunpeudetemps.Etdetoutefaçon,aupointoùj’ensuis, jememoqued’êtreenretard.—Salut!JecoursversAlex.Ilseretourneetm’adressesonbeausourire,sicharmeuretsidoux.—Salutbeauté!Ilmontremavoiture.—Tuvasautravail?—Oui.JevoulaisjustesavoirsituavaisdesnouvellesdeMemphis.J’attendspatiemmentqu’ilprenneuneboîterempliededessinsqu’ildépose
dansuneboîteplusgranderempliedecrayons.— Il est chez Jack, un vieil ami demaman. J’ai appelé là-bas il y a une
heure,ildormaitcommeunloir.Il prend sa boîte et ferme son coffre, comme si de rien n’était, mais il
sembletoutàcoupcrispé.Ondiraitqu’ilsesentcoupable.—Ah,d’accord…Jejetteuncoupd’œilducôtédemavoiture.— Il faut que j’y aille… Tu veux bien dire à Memphis que je travaille
jusqu’àminuitcesoir?Ilacquiesceetm’embrassesurlefront.—Comptesurmoi,majolie.
Commeils’éloignedéjà,jelerappelle.JeviensdemesouvenirqueRyanva nous quitter plus tôt que prévu et que Styles cherche quelqu’un pour leremplacer.Alexdessinetrèsbien,d’aprèscequejeviensdevoir.Ilpourraitfairel’affaire.—TudevraispasseràRavageTattoosd’icilafindelajournée.Jemeforceàsourire.—Monbosscherchequelqu’unpourremplacerRyan.—Vraiment?s’exclameAlex.Oui,jepasserai.Ilm’adresseunclind’œil.—J’espèrequejenevaispastroptemanquerd’icilà.Jenepeuxpasm’empêcherderire.—Ehbiensi,pourtantjevaisessayerdetenirlecoup.J’attendsqu’ilsoitentrédans lamaisonpourregagnermavoiture.L’idée
d’êtrecoincéehuitheuresdanslesalondetatouagemedonnelanausée.AlexabeaudirequeMemphisvatrèsbien,j’ailasensationquecen’estpasvrai.J’ai bien vu cematin que quelque chose le tracassait et je suis dévorée deculpabilitéquandjepensequejemesuisénervée.Ilauraiteubesoinquejelesoutienne,mêmes’ilprétendaitlecontraire.J’espère que je vais tenir le coup au salon et que je vais réussir à me
concentrersurcequej’auraisàfaire,maisj’aibienpeurd’avoirdumal.JevaispassermontempsàattendreMemphis.Jesuisvraimenttropstupide.
Ilestdéjàplusdevingt-troisheuresquandAlexpousselaportedusalon.Jesuisinstalléesurlecanapé,perduedansmespensées,touteseule–Stylesestquelque part dans le fond et Ace dans sa cabine, avec un client depuis uneheure.—SalutAlex.Tuenasmisdutempsàtedécideràvenir.Il pose un classeur sur le comptoir et vient s’asseoir près demoi sur le
canapé.—JesuispasséchezJack.Jenel’avaispasvudepuislongtemps.
Moncœurs’emballeaussitôt.Jack,c’estlemecchezquiMemphisestalléaujourd’hui.J’aienviededemandercomment ilva,maiscecrétindeStylesarriveàcemoment-làderrièremoietmefaitsursauter.Jemeretournepourluifileruneclaquesurlebras.—Vatefairevoir,Styles.— Ce n’est pas possible maintenant, ricane-t-il. Mais peut-être tout à
l’heure.Jelèvelesyeuxauciel,puisjefaisunclind’œilàAlexpourluimontrer
queStylesplaisante.S’ilveuttravaillerici,ilvadevoirs’habituerauxvanneslourdinguesdecetabruti.—Bon,jevaisdansmacabine,dis-je.Jevouslaisse.Appelez-moisivous
avezbesoindemoi.Stylesmefaitsignequejepeuxyaller.
Cinqminutesavantlafermeture,Alexvientmerejoindredansmacabineavecun grand sourire. Je comprends tout de suite que ça veut dire que c’estd’accord pour le job etmon cœur semet à battre plus fort. Je ne sais paspourquoi,maisçamefaitdubiendepenserqu’ilvatravailler iciavecmoi.C’est sans doute parce qu’il est proche de Memphis et qu’avec lui j’auraiforcémentdesnouvellesfraîches.J’aimebienAlexetjesuisravieàl’idéedetravailleraveclui,biensûr,maisc’estquandmêmeunplusqu’ilsoitlefrèredeMemphis.Jeluisourisdepuismonfauteuil.—Félicitations,Alex.Ilvientversmoiets’arrêteprèsdemonbureau.— Je me doutais que ça collerait avec Styles. Je n’ai vu que quelques
dessinsdetoi,maisilsavaientvraimentl’airsuper.—C’estundonquej’aihéritédemamère.Ilattrapeledossierdemonfauteuiletmefaitsignedemelever.—Elle était très douée, poursuit-il. Lorsque j’avais trois ans, j’admirais
déjàsestableauxetj’avaisenviedefairecommeelle.
Ilmarqueuntempsdepause.—EtMemphis…Iln’aimepasqu’onledise,maisc’estdemonpèrequ’ila
hérité le don de la musique. Moi aussi, d’ailleurs. Je jouais de la guitare,quandj’étaisplusjeune.Ensuite,j’aireprisunpeuquandMemphisn’étaitpluslà.Jejouaispourmamère.Jen’étaispasaussibonquelui,maisc’étaitmieuxquerien.—Oui, jeme doute que ça devait faire plaisir à tamère, dis-je dans un
murmure.Ilsourit.—C’étaitlaseulechosequipouvaitlafairesourire.JerepenseauxtatouagesqueMemphisadansledosetsurletorse.Ilaimait
vraimentbeaucoupsamère.Ilnemel’ajamaisdit,maisjel’aicompris.Alexaussil’aimait.Jetrouveçatouchant,çameplaît.Le silence s’installe un instant entre nous, puis je me décide à poser la
questionquimebrûleleslèvres.—OùestMemphis,Alex?Jecherchesonregard.—Jesuissûrequ’ilt’ademandédenepasmeledire…Maisj’aibesoinde
savoir.Jemefaisdusoucipourlui…Dis-moiaumoinss’ilvabien.Ilafaituncombathiersoir,jel’aibienvu.Ilvaremettreçacesoir?Alexsecouelatêteenlaissantéchapperunsoupirdefrustration.—Sijeteréponds,ilvametuer.Ilvautmieuxquetunesachesrien,crois-
moi.Ilsedétournecommes’ilavaitl’intentiondepartir,maisjeleretiensparle
bras.Ilnevapass’entirercommeça.—Soissympa,Alex…Jeprendssonvisageentremesmainspourl’obligeràmeregarderdansles
yeux.—JetiensàMemphis.Vraiment.Jen’aipasdefamille.Jen’aiqueBailey,
toiet…Memphis…Jet’enprie.—Etmerde…murmure-t-il.
Ilserrelesdentsetsoupiredenouveau.—Ilcombatcesoirpouruntypequis’appelleAsherSharp.Ilaencoreun
derniercombatetensuiteceserafini.C’estàcausedemoiqu’ilestobligédefaireça.Pourrembourserl’argentquejedoisàcesalaud.Maisnet’inquiètepas,ilvabiens’ensortir,jet’assure.J’enrestesaisie.Glacée.AsherSharp.AsherSharp.Jerépètecenomenboucledansmatêtejusqu’àenavoirlevertige.J’essaie
deparler,jeremueleslèvres,maisaucunsonnesortdemabouche,pasunesyllabe.—Lyric…Alexmesecoue.Ilmefautquelquessecondesavantderevenirauprésent.—Lyric,çava?—Nousdevonsyaller.Toutdesuite!Jefonceverslaporte,complètementpaniquée.—Emmène-moivoirMemphis,Alex!Maintenant.—Ducalme!Ilmeretientparlebraspourm’empêcherdesortir.—Oùvas-tu,commeça?Pasquestionquejet’emmènelà-bas.Jetiensàla
vie.J’aieutortdeteledire.Jedégagebrutalementmonbrasettraverselesalonencourantpoursortir,
enpassantdevantStylesquime regardeavecdegrosyeux. Jenem’occupepas de lui, plus rien ne m’importe. Tout ce que je veux, c’est rejoindreMemphisavantqu’ilsoittroptard.—Jedoisl’empêcherdecombattre.Jesuisdéjàpresqueàmavoiturequandlebrasd’Alexm’enserrelataille
pourmestopper.—Lâche-moi!hurlé-je.Jemedébats,maisAlexrefusedemelâcher.—Pasquestionquejetelaissetemêlerdeça.Putain,jen’auraisjamaisdû
teledire!C’estdangereuxlà-bas,pourtoi.
—C’estmonpère,Alex!Cesalaudd’AsherSharpestmonpèreetjesaisdequoiilestcapable.Ilfautquej’empêcheMemphisdesebattre.J’éclate en sanglots etAlexme serre contre lui. Tout ça est dema faute.
J’auraisdûdénoncermonpèreauxflicsdepuislongtemps.Maisjenel’aipasfait. Je l’ai laissécontinuerparcequ’ilétaitmaseule famille. Je lehaïssais,mais c’était quand même mon père et ça passait avant tout le reste. Maismaintenant,çaachangé.—Putaindemerde,murmureAlex.Ouais,putaindemerde,c’estexactementcequejepense.
ChapitreVingt-Trois
MEMPHIS
Ilfaitsombreethumide,etçapuelà-dedans.Mêmed’ici,depuislapiècequisert de vestiaire, j’entends le public qui s’excite en attendant que le combatcommence. Ils veulent du sang. Voilà ce qu’ils veulent. Ils se moquent desavoirquisaigne.Jem’ensuisaperçuhier.Comparéàl’allée,cetendroitestunvéritableenfer.Onm’aditqueceseraitlederniercombat.Ledernier.Toutcequejedois
faire, c’est gagner ce combat, faire ce qu’Asherme demande, quoi que cesoit,etensuiteAlexseralibre.J’aidurementnégociépourça.Jefermelesyeuxetinspireplusieursfoisprofondémentavantd’allertaper
sur le punching-ball devant moi. D’avoir parlé avec Jack, ça m’a donnéencoreplusenviedemesortirdecettemerde.Jemesuisrenducomptequ’ilavait raison. Il est temps que je laisse ma colère derrière moi et que jem’occupe de ma vie. Je suis prêt à le faire, plus que jamais. Ça va êtredifficile,maisjesuisunbattant.J’aitoujoursétéunbattant.Je donne quelques coups sur le sac avant de le bloquer en poussant un
grognement,laissantsortirunpeudemarage.Çafaituneheurequej’attendsdanscettepièce.Mesmainssontencoreplusouvertesetenflées.Maisjem’enfous. La douleur n’est rien. Je suis prêt à tout supporter pour gagner maliberté.Je lèvelesyeuxenentendantgrincer laporte.Deuxhommesencostumes
entrent.Lechauvememontrelasortie.—Tiens-toiprêtdanscinqminutes.Lepatronaditquetudevaisgagnerou
crever.Àtoidevoircequetupréfères.Jeserrelesdentsetlespoings.—Jevaisgagner.Dis-luidenepass’inquiéterpourça.Dès que la porte se referme derrière eux, je me retourne vers le sac et
cogne le plus fort possible. J’entends quelque chose claquer dansmamain,mais la douleur est tellement diffuse que je ne sais pas quel os j’ai pumecasser.Aucuneimportance.
Jerestelàencorequelquesminutes,àcontrôlermonsouffle,puisjesors.L’autrecombattantestdansuneautrepièce,àl’autreboutdel’entrepôt,jeneleverraiquelorsquejemonteraisurlering.Deshommes en costumes sont alignésdans le couloir que je longepour
rejoindre la grande salle. Plus j’avance, plus ça hurle, plus je sensmonterl’adrénaline.C’est la dernière fois que j’accepte cette sensation.Dès que cecombatseraterminé,jel’oublieraipourtoujours.J’aidécidédem’enpasser.C’estunepromessequejemesuisfaiteàmoi-même.Quandj’arrivedevantleputaindering,jeregardesurlagauche,làoùest
assisAsher,danssonfauteuildeTout-Puissant.Ilyaaujourd’huideuxchaisesautourdeluietcelledegaucheestvide.Surcellededroite,ilyauntypequidoitavoirlemêmeâgequelui,pluspetitdetaille.Jel’aidéjàvuladernièrefois,maisiln’apasditunmotetn’apasbougé.Quelqu’unmepousseenavant.—Prépare-toi,medit-on.Je balancemon coude qui atteint lamâchoire de cet imbécile et l’envoie
valdinguer en arrière. Il se rétablit et s’apprête à foncer surmoi,mais troptard,onm’appellepourmontersurlering.Lafoulescandemonnom,quelques-unssifflentquand je faiscraquerma
nuque.Jeregardeautourdemoi,maistouslesvisagesseressemblent.Maisjen’yfaispasattention.Cen’estpaspourleurfaireplaisirquejemebats.Au bout d’un moment, les cris meurent lentement. Puis mon adversaire
arrive;jeledevineparcequetoutlemondearecommencéàhurler.Maisjene me retourne pas. Je préfère ne voir son visage qu’au dernier moment,lorsque nous commencerons à nous battre, sinon je vais angoisser et medéconcentrer.J’entendsl’annonceurquileprésenteetdanslebrouhahaj’aiunpeudemalàcomprendresonnom,surtoutquej’essaiedemeconcentrersurmarespiration.—RyderLane…Notrecombattanttoutterrain…Jepousseungémissementhorrifié.Ryder…Toutmoncorpsa réagiàce
prénom.JenevaisplusseulementmebattrepourAsher.Çadevientpersonnel.Ça faitdes annéesqueRyder etmoion seprovoqueet il croit avoirgagnéparce que c’est son père qui m’a arrêté la nuit où je suis parti en prison.Putain,jesensquejevaisréglermescomptes.
Ryderpasseentrelescordesavecunsouriredemaladesurlevisage.Ilmebalaieduregard,dehautenbas,commes’ilvoulaitmeprouverqu’ilest leplusfort.Vatefairefoutre!Ilvavoirquiestleplusfort.Ilnevautrien.C’estmoinsqu’unemerde.Nosregardsserencontrentetnouscommençonsàdécriredescercles,face
àface,enattendantquel’arbitrecrielemotmagique.—Jesensqueçavaêtreunbeaucombat,nousmurmurel’arbitre.Puisillâche.—Go!Ryder ricane méchamment en faisant un pas vers moi. Il essaie de
m’intimider, mais ça ne marche pas. Je n’ai jamais eu peur de cette petitemerdeetcen’estpasmaintenantqueçavacommencer.— Ça fait longtemps que j’attends ce moment, Memphis, dit-il avec un
grand sourire. Je vais aller doucement avec toi. Ton cul est certainementencoreendoloridetonséjourenprison.J’accuselecoupsansbroncheret je luibalanceuncrochetdudroit. Ilest
secoué,ilnes’yattendaitpas,iltrébucheenarrière.Puis il se met à tourner autour de moi, cherchant le bon moment pour
attaquer.Moijenebougepas.Jevaislelaisserm’atteindreunefoisetensuitejevaisluiréglersoncompte.—Oui.Ondiraitquetuasencoremalaucul,répète-t-il.Ilessaiedemefaucherlajambegaucheavecsonpieddroit,maisjelalève
auderniermoment.Çaadûl’énerverdemelouper,parcequ’ilenchaîneenmefrappantlajouegaucheavecsoncoude,puisavecsonpoing.Jen’airienvuvenir.Deshurlementsdejoieetdedéceptionfusentdanslepublicquandjerecule
entitubant,maisj’arriveàmeremettredeboutetjeluicollemonpoingdroitdanslamâchoire.Le sang gicle sur son visage et il pousse un grognement de rage en
crachantdelasaliverougiesurlecimentàmespieds,puisilfoncesurmoietmecoincecontrelescordes.Ilmemartèlelescôtesdecoupsdepoing,maisjeriposteenluiplantantun
genoudansleventre,etensuitemoncoudeenpleinvisage.Jel’aifaitreculer
aumilieuduringetonlâchelemaxtouslesdeux,pourprouveràl’autrequiestlemeilleur.Letruc,c’estquelemeilleurc’estmoi.Depuistoujours.Etilvas’enrendrecomptecesoir,surcering.Nous tournonsencoreen ronduneminute,puis il attaqueense jetant sur
mes jambes,mais je l’attrape par la nuque et lui donne plusieurs coups degenouxdanslecouavantdelepousser.Ilroulesurlui-mêmeetserelèveensecouantlatête.Ilestcouvertdesueur
etmeregardeavecdesyeuxinjectésdesang.Ilmefaitsigned’approcher,maisjesecouelatête,enluifaisantmoiaussi
signed’approcher.Jen’aiàrecevoird’ordresdepersonne,etsurtoutpasdeceminable.Ilm’adresseunsourirede travers,àcausedesaboucheamochée,puis il
fait un pas de côté, me coince la tête sous son bras et se laisse tomber enarrière enm’entraînant avec lui. J’arrive à lui placer deux coups de coudedanslescôtesavantdemelibéreretdemerelever.Ilregardeautourdeluietlèvelesbraspourinciterlafouleàhurler.Ilest
deplusenplusfrimeuretçamedonneenviedeluiarracherlatête.Lesbraslelongducorps,lespoingsserrés,j’attendsqu’ilseretournepour
mefaireface.Etlà,jeluibalancemonpiedenpleindanssaputaindetête,parsurprise. Il tombe commeunemasse,mais il n’est pasK.O.C’est ce que jevoulais.Jen’aipasenviedelemettretoutdesuitehorsd’étatdenuire.Jen’enaipasencoreterminéaveclui.Lafoulehurlesauvagementpendantquejetourneautourdeluienattendant
qu’ilserelève.Çaluiprendquelquessecondes,maisilyarrive.Etilseremetengarde,prêtàattaquer.Ça dure encore comme ça pendant vingt bonnesminutes, puis, d’un seul
coup,jepètecarrémentlesplombsetjememetsàcognersurluicommeunfou,laissantexplosermacolère,jusqu’àcequ’ils’accrocheàmoi,pantelant,àboutdesouffle.Ilestsurlepointdes’évanouir,etjeleretienspourqu’ilnes’effondrepas
surlesoldeciment.Maisenmêmetemps,jeluirelèvelementonafinqu’ilmeregardebiendanslesyeuxpendantquejeluimurmure:—Jepourrais te tuersi je levoulais,mais jevauxmieuxqueça.Jevaux
mieuxquetoi.
Je lâche son tee-shirt et cette fois-ci il tombe.Autourdemoi, la foule semetàhurlermonnom.Etaussi«Achève-le».Jesecouelatêteetmarcheverslescordes,poursortirdelà,maisl’undes
hommesd’Asherm’arrête.—Tuasentenducequ’ilsdemandent,medit-il.Ildésignedumentonl’endroitoùAsherestassis.—Lepatronveutquetul’achèves.—Vatefairefoutre,dis-jeentremesdents.Puisjemetourneducôtéd’Asheretluihurled’allersefairefoutre.Son gorilleme prend par le bras,mais je lui envoiemon poing dans la
gorgeetmoncoudedanslamâchoire.Ducoinde l’œil, je voisAsher se lever,mais je continuequandmêmeà
marcher vers les cordes. Au moment où je m’apprête à les enjamber, ungrouped’hommesm’entourepourm’empêcherdequitterlering.JemeretourneversAsher.—Jeneferaipasça.J’aifini.Asherm’applaudit,toutenavançantversmoi.—OndiraitqueMemphisnousfaitsoncinéma.Ilregardeautourdelui.—Vousappréciezlespectacle?La foule se met à hurler, ce qui semble ravir Asher. Il retrousse ses
manchesdechemiseenfaisantsignedelatêteàseshommes.Deux d’entre eux attrapent aussitôt Ryder pour le traîner hors du ring,
tandisqu’ungrosbaraquéquinedoitpasmesurerloindedeuxmètrespassesous lescordespour leremplacer. Ilsemetà tournerautourdemoi,enmematantdelatêteauxpiedsavecunpetitsourireironique.—Tun’aspasvoulum’obéir,mongars!Ashersecouelescordes,toutenmefixant.—Alors, il va falloirque tu combattesRio leGéant.Et tu as intérêt à le
laisserK.O.parcequeçavaêtretoioului.Compris?
Jeserrelespoingsetprendsuneprofondeinspiration.Iln’estpassérieux,cen’estpaspossible.Ilveutvraimentqueçasaigne,cesoir?—Va te faire foutre,grogné-je.Onn’a jamaisparléd’uncombatavec le
Géant.Il commence par éclater de rire, puis il s’arrête et me jette un regard
mauvais.—Non.C’est toiquivasaller tefairefoutre.Àlafindececombat, ilne
doitplusrestersurceringqu’unseuldevousdeux.Là-dessus,ilsedétourneets’éloignepourallerseplacerdevantsonputain
defauteuil,d’oùilnousregardeavecunpetitsourire.Ilsaittrèsbienqu’ilagagné. Jen’aipas le choix.Ce sera leGéantoumoi.L’undenousdeuxvarendresonderniersouffle.Monsangsemetàbouillir.J’auraisdûmedouterqueçaenarriveraitlà.Il
n’yavraimentpasmoyenquejemèneunevienormale.MêmesijefaisaiscequemedemandeAsheretquejetuaiscetype,j’auraiperdulabataillecontremoi-même. Je ne supporte pas l’idée de prendre encore une vie. Je nedonneraipasàce salaud le combatqu’il attend. Ilveutmevoirme torturerl’esprit.Ilveutvoirsortirlabêtesauvagedontilaentenduparler.Etbienjel’emmerde!Jevaismeplaceraubeaumilieudu ringet je regardeRiodroitdans les
yeux.Jenesuispasunlâche.Jenevaispasobéirjustepourdistrairecegroscond’Asher.Cen’estpasmongenre.Rioenvoiesonpoingdansmadirection,maisjenefaispasungestepour
l’éviter. Il cogne violemmentma joue droite et je vais valdinguer dans lescordes.Denouveau, jemeredresse,et jemeprépareàencaisser lecoupsuivant.
Asher ne va pas tarder à comprendre que je ne me bats pas. Il va devoirstopper le combat ou me laisser tuer. De toute façon, si j’acceptais de mebattre,entreRioetmoi,ceseraituncombatàmort.Jeprendsdenouveauuncoupenpleinvisage,puisunautre.Etsoudain,j’entendsquelqu’uncriermonnomdanslafoule.Cettevoix…Monsangsefigedansmesveines.Lavoixserapproche.
C’estLyric.Pour la première fois depuis longtemps, je ne sais pas quoi faire, jeme
sensvraimentcomplètementpaumé.Riocontinueàmecognerauvisagequandj’arriveenfinàrepérerducoin
de l’œil les cheveux caramel de Lyric. Elle court vers le ring, en criant etpleurant.Etmoi, jen’aiqu’uneidéeentête :pourquoiAlex l’a-t-ilemmenéeici?Onvatoussefairetuer.—Memphis ! Bats-toi ! Je t’en supplie, bats-toi ! Ils vont te tuer. Je t’en
supplie!Aumomentoùellevamontersurlering,Asherl’attrapeetl’entraînedans
lafoule.Jelavoissedébattreetlefrapper.Lui,iln’apasl’airencolèredutout.Ilamêmel’air…plutôtcontent.Oufier.Uneformidabledécharged’adrénalinesedéversedansmesveinesetjeme
mets àhurler, tout enenvoyantdes coupsdegenouxdans levisagedeRio.Lorsquejeluilâcheenfinlescheveux,ils’effondresurlecimentetjepasseentre les cordes pour aller vers Lyric. J’ai mal partout. Le moindremouvementestunetorturequimefaithurlerdedouleur.Je sens des bras et des mains qui m’enserrent, mais je me libère et je
continue à courir dans la foule. J’aperçoisAlex qui se débat lui aussi pourrejoindreLyric.Ildonnedescoupsdepoingdanstouslessensetavancesanslaquitterdesyeux.Lafoulesedéchaînecomplètement.Certainsmepoussent,pourm’aiderà
avancer. Je saute par-dessus des gens, je passe à travers eux, jemarche sureux.Moninstinctprotecteurm’empêchederéfléchir.Ilfautquej’aideLyricetAlex.Aumomentoùjecroisquejevaisenfinmelibérerdelafoule,jereçoisun
coupviolentàl’arrièredelatête,puisdestypesencostumesejettentsurmoipourmefairetomberàterre.Jetentedelesrepousser,maisilssonttroisetjecommenceàm’épuiser.—Vousn’avezpas intérêtà leur fairedemal,bandesdepetitesmerdes !
hurlé-je.Unbrasénormem’entourelagorge.—Jevaisvoustuer!Lâchez-moi!
J’ai l’impressionqueçafaituneéternitéquejemedébatspourmefrayeruncheminetquecestrousduculm’enempêchent.J’aipeurdeperdreAlexetLyric.Asherestpuissant.Toutlemondeapeurdelui.Jenevoispascommentnouspourrionsnousensortir.Jecessedelutterpourqu’ilsm’emmènentdansles vestiaires, parce que j’ai vu qu’on y avait emmené Alex et Lyric. Aumoins,jeseraiaveceux.Etlà,nousverrons.Ilsme traînent dans le couloir quand j’entends soudain des coups de feu.
Toutlemondesemetàcourirverslasortiedel’entrepôt.Mon cœur s’arrête. Je n’arrive plus à respirer. Jeme libère des types en
costume et parviens à les semer dans la foule, parmi le troupeau de genséparpillésquisebousculentpourfuir.De nouveau, j’entends des coups de feu. J’accélère. L’entrepôt est
maintenantremplideflics,ilyenapleinlecouloirquimèneauxvestiaires.AlexetLyricsontlà,dansunepièce.Asherestàterreetunpolicierluibloquelanuqueavecsongenou,toutenluipassantlesmenottes.Nos regards secroisentune seconde,puis il chercheLyricdesyeuxet je
voissursonvisageuneexpressionblesséequimesurprend.Lyricsanglote.Puisilsemetàhurler.—Maproprefille!Commentas-tupumefaireça?Tum’astrahi!Merdealors!J’essaiedemerapprocherdeLyric,maisdesflicsm’enempêchent.Ilsme
lisentmes droits tout enme passant lesmenottes. Ce quime console, c’estqu’AlexetLyricn’ontrien.Iln’yaqu’euxquicomptent.Deuxpoliciersmepoussentenavantpourm’embarquer,maisLyricsemet
àhurler.—Paslui.Nel’emmenezpas!Ilestavecnous!Unhommeessaiedelaraisonner,maiselleneveutrienentendre.Elleme
suitencriant.—Memphis, je suis désolée ! J’ai été obligée d’appeler les flics ! Je ne
pouvaispas te laissermourir ici.Çava s’arranger, je te lepromets. Je leurexpliqueraitout.J’essaied’allerverselle,maisunflicmeceinturepar-derrière.
Jebalancematêteenarrière,enpleinsursonnez,puisjemejettesurLyricque j’écrase contre le mur, mes lèvres sur les siennes. Je sens ses mainsautourdemataille.Ellemeserredetoutessesforces.Jel’embrassecommeunfou,avantdem’écarter.—ResteavecAlex.Tupeuxmepromettreça?Ellefaitouidelatête,tandisquelamaind’Alexseposesurmonépaule.—Jevaisprendresoind’elle.Net’enfaispas.Nousallonstoutfairepour
tesortirdelà.Jesuisdésolé,frangin.Jel’ailaisséevenirparcequejesavaisqu’Ashernes’enprendraitpasàsafilleunique.J’appuiemonfrontcontrelesienetjeleregardedroitdanslesyeux,puis
les flicsm’embarquentetm’alignentcontre lemur, avec tousceuxqui sontmenottés.Ensuite,ilsnousfontsortirunparunpournousfairemonterdanslesvoituresquiremplissentleparking.Unefoisdehors,jecroiseAsher,quimefusilleduregardaumomentoùon
mefaitmontersansménagementdansunfourgon.Ilsembleàlafoisfurieuxetblessé.Ilm’enveutparcequesafillel’atrahipourmoi.Danslavoiture,jefermelesyeux.Jesuisincroyablementsoulagédesavoir
qu’AlexetLyricsontlibresetensécurité.Etc’estseulementàcemoment-làquejeprendsconsciencedecequ’elleafaitpourmoi.Elleatrahisonpère,çan’apasdûêtrefacilepourelleetj’ailecœurserréquandjepensequ’elleadû choisir entre lui etmoi. La famille, ça compte. Et son père est sa seulefamille.Ellem’aditunefoisquec’étaituneordureetqu’elleauraitdûledénoncer
auxflicsdepuis longtemps.Jecomprendsmaintenantpourquoi lesflicssontvenussinombreux.C’est pourmoi qu’elle a fait ça.Maintenant, c’est àmoi de faire quelque
chosepourelle.
ChapitreVingt-Quatre
LYRIC
Deuxsemainesplustard…Quand leschosessesontunpeucalmées, j’aipu toutexpliquerauxflicsaucommissariat.IlsontcomprisqueMemphisavaitétéobligédesebattreetilsontabandonné leschargescontre lui. Ilaquandmêmedûcomparaîtrepouravoircassélenezd’undespoliciersetilaécopédetroissemainesdeprison.Avec tout ce qui s’est passé, je crois qu’on peut dire que nous avons
vraimenteudelachance.Quandlesflicsl’ontembarqué,j’aisentiuneatrocedouleurdansleventre.Mêmepourmonpère,çanem’avaitpasfaitaussimal.J’ai été blessée en lisant dans les yeux de mon père le reproche et le
chagrin,maisc’étaitmoinsdurquelorsqu’onm’aenlevéMemphis.Pourtant,monpèrevaresterderrièrelesbarreauxuncertaintemps.Jecroisbienqu’ilnesortirapasdeprisonavantsonquatre-vingtièmeanniversaire.Lapolicelesurveillaitdepuislongtemps,ilsontunsacrédossiercontrelui,ilvaprendregros.Monappelaachevédelefaireplonger;unflagrantdélit,c’étaittoutcequileurmanquait.Jen’aimepasl’idéed’avoirleseulmembredemafamilleenprison,maiscequej’aifaitvasauverdestasdegensetcelameconsole.Parfois,onn’apaslechoix,onestobligédeseretournercontrequelqu’undeson propre sang. Une vie de gâchée pour des dizaines de sauvées. Je neregrettepas.Monpèren’auraitjamaisarrêtédelui-même.C’estavecMemphisquejel’aienfincompris.Ilm’aouvertlesyeux.Entre
luietmonpère,jenepouvaispashésiter.Ilm’aobligéàfairelechoixquejen’osaispas faire. Jene regrette rien,mêmesi cela signifieque jeneverraiprobablement plus jamaismon père.De toute façon, commepère, il n’étaitpasterrible.Ilestdix-septheures,noussommessamedietjesuisausalondetatouage.
Alex a commencé à y travailler quelques jours auparavant et Styles est trèscontent de lui. Sauf que Memphis n’est pas avec nous, sinon tout va bien.Trevors’estmêmearrêtécematinpours’excuser.Alexnel’apasquittédesyeux,pours’assurerqu’ilrestaitàdistance.Ilestvraimentgentil,Alex,etjecomprendspourquoiilestsiprochedeMemphis.Jesuiscontentequ’ilsoitlà,
parcequ’ilmeparlebeaucoupde lui. Jenesaispasceque je feraisanscesdeuxhommes.AlexetMemphisontleplusgrandcœurdelaTerreetjesuisheureusedelesavoirdansmavie.Laseulechosequim’inquiète,c’estqueMemphisrisquedepartird’iciune
fois qu’il sera sorti de prison. L’idée qu’il pourrait s’en aller me brise lecœur,mais je dois le laisser faire le choix qui le rendra heureux. Ilmérited’êtreheureux.Plusquebeaucoupdegens.Jesuisassisedansmacabineetjetravaillesurundessindemamère,quand
Alexpassesatêteàlaporteensouriant.—Hé,beauté!Jeluisourisenretouretmerepoussedemonbureau.— Qu’est-ce qu’il y a, Alex ? Si mon client est arrivé, tu peux me
l’envoyer.Ilsecouelatête.—Ilyauntypequiveuttevoir,maisjen’aipasl’impressionquec’estun
client.Entoutcas,ilal’aircorrect.J’incline la tête, tout en me demandant si Alex n’est pas en train de se
moquerdemoi.JenevoispasquipourraitmedemanderàpartLiam,maisLiamnepassejamaisausalon.Je repoussemondessinetme lèveenm’étirant.Puis jemedirigevers la
porte.—Jenevoispasquiçapeutêtre…Jem’arrête net et étouffe en cri en découvrantMemphis debout près du
comptoir,plussexyquejamais,enblousondecuiretjeandélavé.Ilsouritetmefaitsigned’approcher.Incapabledemecontrôler,jemejettedanssesbras.Ilfourresesmainsdansmescheveuxetmecouvrelevisagedebaisers,en
terminantparmeslèvres.—Qu’est-cequetufaisici?dis-jeenm’écartantdelui.Il n’a plus de cicatrices sur le visage et on dirait qu’il a fait pasmal de
musculationdurantcesdeuxdernièressemaines.
—Jecroyaisquetuenavaisencorepourunesemaine?Un léger sourire étire ses lèvres et il me prend par le menton pour
m’obligeràleverlatêteverslui.—Ryderademandéunefaveuràsonpère.Jenepensaispasqu’unechose
pareillearriveraitun jour,mais je supposequ’il a considéréqu’il avaitunedetteenversmoi.Ilmeregardedelatêteauxpiedsetmecaresselementonavecsonpouce.—Çafaitplusieursjoursquejesuissorti,maisjenesuispasvenutevoir
toutdesuiteparcequej’avaisbesoinderéfléchir.Jesensmonventresenouer.Çayest.Ilvam’annoncerqu’ildoitpartir.—Oui,dis-jedoucement.—Jackm’aremisunelettre.Ilsortuneenveloppedesapochedeblousonetlaserredanssamain.—Unelettredemamère.Ilsedirigeverslaporteetmefaitsignedesortirdevantlui.Aupassage,il
posesonblousonsurmesépaules.—Ellemeditqu’elleestfièredemoi.Ellemeditaussiqu’ellem’aimeet
qu’Alexadelachanced’avoirunfrèrecommemoi.Ils’arrêtepourreprendresonsouffleavantdepoursuivre.—Etaussiqu’elleregrettedenepasavoireulecouraged’empêchernotre
pèredenousfairedumal.Il détourne les yeux un instant, pour maîtriser ses émotions. Je vois sa
mâchoiresecrisper.Puissonregardrevientseposersurmoi.—Ellemedemandedenepaschangeretdem’arrangerafinqueceuxque
j’aimeaienttoujourschaud.D’êtrefortetcourageux,commejel’aitoujoursété.Jemeplace derrière lui et le prends par la taille. J’ai besoin de le sentir
prèsdemoi.Plusquetout.—Tiens,dit-il.Jeveuxquetulalises.Tut’enrendrasmieuxcompte.Ilmetendlalettreetladéplielentement.En l’ouvrant, je suis d’abord saisie par l’élégance de l’écriture. Je n’ai
mêmepasencorecommencéàlireetjesensdéjàlesémotionssedéversersurlapage,quandelleaposélestylosurlepapier, ilyadesannées.Mesyeuxparcourentlapremièreligne.
MonMemphis,Si tu liscette lettre,c’estque jesuispartiedepuis longtempsetque tues
rentrédepuispeucheztoi, làoùest taplace.N’enveuxpasàJacks’ilaunpeu attendu pour te la donner, il n’a fait que suivremes instructions. Je teconnais,alorsnelèvepaslesyeuxaucielsijedisdeschosesquiteparaissentfolles.Tuesmonpremierenfant,l’aînédemesdeuxfilsetleplussolidedesdeux.Situnedoisécouterqu’uneseulechosevenantdemoi,écoutecelle-là.Tun’es pas responsable de cequi est arrivé avec tonpère.Dans lesmêmescirconstances,n’importequiauraitagicommetoi.C’estenvoyanttaréactioncesoir-làquej’aicomprisqu’Alexettoialliezvousensortirsansmoi.Jesaismaintenantque tu t’arrangeras toujourspour leprotéger. Jamais jen’ai étéaussifièredetoi.Monseulregret,c’estquec’esttoiquiasdûlefaire,alorsque c’était àmoi dem’en charger.Parfois, unemèren’est pasà la hauteurpour ses enfants, même s’ils sont très proches d’elle. Je tiens à ce que tusachescombienjevousaime,toiettonfrère.Prenezsoinl’undel’autre,parcequelafamillec’estplusimportantquetoutlereste.Monfilsadoré,ilbrûleentoiunfeuquebeaucouppourraientt’envier.Sers-t’enpourtenirchaudàceuxquetuaimes,mêmesituasl’impressionden’avoirplusrienàdonner.Jesaisque tu vas avoir pendant un temps la sensation de ne pasmériter que l’ont’aime,maiscrois-moi,c’esttotalementfaux.Unjour,turencontrerasunefillepourtoi,quicroiraentoi,etquiverraenteregardantcequej’aitoujoursvu.Tuaurasbesoind’ellecommetuaseubesoindemoiduranttoutessesannées.Laisse-lat’aimer,Memphis,etaime-laenretouravectoutcequetuas.Quandjetemanquerai,tun’aurasqu’àmeparlertouthaut.Jet’entendrai.Jen’avaispasputedireaurevoir,maismaintenantc’estfait.Jetedisadieu,detoutmoncœur.Jet’aimeraitoujours,mêmequandjeneseraipluslà.Maman.
J’ai les jouestrempéesdelarmes,aupointquec’enestgênant.Jesensen
moil’amourqu’elleluiportait.J’auraistellementvoulularencontrer.Je lève les yeux versMemphis, quime surveille avec un regard d’aigle.
Alorsj’essaiedereprendrecontenance.—Biensûrqu’elleétaitfièredetoi,dis-jedoucement.Tuesquelqu’unde
bien.—Viens, répond-ilenprenantmonvisageentresesmains.Suis-moi.J’ai
quelquechoseàtemontrer.Ilm’entraînedanslarue.J’hésiteuninstant,àcausedusalon.Puisjemedis
quejem’enmoque.Iln’yaqueMemphisquicompteàcetinstant.Ilm’aideàgrimperdanssonpick-upet fait le tourpourgrimperducôté
conducteur.J’aienviedeluidemanderoùnousallons,maisj’optepourneriendireet
melaisserm’emmenerlàoùilveut.Sicen’étaitpasimportant,ilnem’auraitpasdemandédedéserterletravailpourlesuivre.Nous roulons pendant une dizaine de minutes, puis il s’arrête devant un
immeubledebriquesrouges.Jerestesurmonsiège,nesachantpastropquoifaire.Luiaussiresteassis,àcontemplerlemurdebriquesenfacedenous.—C’estlàqu’ilyavaitlestudiodepeinturedemamère.Ilserrelevolantetinspireprofondément.—Ellem’alaissélaclé.Aveclalettre.J’aiemmenéAlexicihiersoir,mais
c’était trop pour lui. Trop tôt, en tout cas. Alors nous avons décidé que tupourraisl’occuperenattendant.Jeme tourne vers lui et lui presse lamain. Je ne sais pas quoi dire. Ce
garçonme toucheencoreplusprofondémentque je l’auraiscru. Jenepeuxpasnierqu’encemoment,j’ail’impressiond’êtrelareinedumonde.—Memphis…Vousêtessûrs?Ilsecouelatêteetsepenchepourm’embrassersurlefront.— Nous l’avons complètement vidé. Ses œuvres ont été emballées et
transportéesdanssonbureau,àlamaison.Ceseraitvraimentdommagedenepasutilisercetespace.Jepeuxvenirleweek-endprochainetl’installerpourtoi,avantdecommenceràtravailleravecJack.—Quoi?Qu’est-cequetuviensdedire?
Un immense espoirm’envahit. Ilme prend sur ses genoux et enfouit sesmainsdansmescheveux.—Jenetequittepas,Lyric.Seslèvreseffleurentlesmiennes,ilsoufflesonhaleinesurmabouche.—Mamèreavaitraison,maplaceestici.Prèsd’Alexetdetoi.C’estchez
moi.C’esttoiquicomptespourmoi.Toietlui.Etjevaism’arrangerafinquevousn’ayezjamaisfroid.—Seigneur, tu es tellementmagnifique pourmoi, dis-je.Tout en toime
coupelesouffle.Sesyeuxcherchent lesmiens et ilm’attire encoreplusprès, en caressant
malèvredesonpouce.—Jet’aime,Lyric.Moncœurs’arrête.Jecroismêmeavoirmalentendu.Maisillerépète.—Je t’aimeet jesuisvraimentuncrétindenepas l’avoirvuplus tôt.Je.
Ne.Vais.Nulle.Part.—Memphis…Jecherchesonregard,jevoudraisquecemomentn’aitpasdefin.J’aime
cet homme depuis plus longtemps que je veux l’admettre. Depuis qu’il adébarquédansmavie,toutsimplement.— Je t’aime aussi, dis-je doucement. Je t’aime tellement fort que je suis
désespéréeàl’idéedeteperdre.JeneveuxsurtoutpasteperdreMemphis.Ilsecouelatête.—Tunevaspasmeperdre,jeviensdeteledire.Jesaisquejenesuispas
parfait–loindelà–etquejenemériteraipeut-êtrejamaisquetum’aimes.Ses yeux plongent dans les miens, tandis que ses lèvres effleurent les
miennes.—Quandjetetouche,çacalmemesdémons,plusquelecombat.Tuesla
paixquivamesauver;cellequimefaitrespirer.Ilmerelèvelementonetmeregardedanslesyeux.—Jesuisprêtàmebattrepourtegarder.Ettoi,es-tuprêteàtebattrepour
megarder?
Jefaisouidelatête,etmeslarmesseremettentàcouler.—Oui,toujours,dis-je.Ilsourittoutcontremabouche,puisilm’embrasseetposelaclédustudio
dansmapaume.—Laisse-moiletempsd’aménagercetendroitpourtoi,d’accord?J’acquiesce de nouveau et je refermemon poing sur la clé. Regarder ce
bâtiment en sachant cequ’il représentepour luimedonneenviedeprendredesphotosetdememettreautravail.J’espèrequ’ilserendcomptequec’estluique jevaisphotographier enpremier. Jeveuxdesclichésde lui avec saguitare.Jeveuxmêlernosdeuxpassions.—D’accord,dis-je.Ilm’embrasseencoreunefois,puisilsautedupick-upetfaitletourafinde
m’aideràdescendre.Il m’observe, planté devant moi, avec une drôle d’intensité que je n’ai
jamaisvuechezluiauparavant.—Tuluiressemblesbeaucoup,tusais.Moncœursemetàbattrelachamade.—C’est-à-dire?—Tuesforte,tendre,ettun’abandonnespaslesgensquandtusaisqu’ils
ontbesoindetonaide.Tuesuneartiste.Jesuiscertainquetuauraispluàmamère,Lyric.Moncœurfond.—Entreavecmoicinqminutes.Jeveuxtemontrerquelquechoseavantde
teramenerausalon.Iltapotesapocheetilhausseunsourcil.—J’espèrequ’Alexnet’ariendit.Sinonjeluibottelesfesses.Ilmesoulèveetmeprendsursonépaulecommeunsac,cequim’arrache
uncridesurprise,puisilmeprendlaclédesmainsetouvrelaporte.Ilfaittrèssombre,maisilallumeetmeposedoucementàterredevantlui, toutenembrassantcequipasseàportéedeseslèvres.Il pose ses mains sur mes joues et m’embrasse, en prenant le temps de
savourermabouche,puisils’écarteensemordillantlalèvre.—Seigneur.Cegoûtm’amanqué,tun’aspasidée.Jenepeuxpasm’empêcherdesourirequandilmetsesmainssurmesyeux,
enmepoussantgentimentenavant.—Memphis!Jerisparcequ’ilmemordetmelèchelanuque,ens’arrêtantderrièremon
oreille.—Quandj’aivuça,jemesuisditquec’étaitpourtoi.Ildécouvremesyeux,lentement,etmeprendparlataille.—Tupeuxregarder,dit-il.J’ouvre les yeux en souriant et lui donne une claque sur le bras en
découvrantsurlatableunappareilCanonquidoitcoûterlapeaudesfesses.—Memphis,maistuesfou!Non!Interdite,jecontemplemonnouvelappareilphoto,unemainsurlabouche.—Nemedispasquetuasachetéçapourmoi.C’estbeaucouptrop,çadoit
coûteraumoinscinqcentsdollars.—Non,unpeuplus.Jeluidonnedenouveauunetapesurlebras,maisçalefaitrire.—Net’inquiètepas,lesaccessoiresétaientofferts,alorsc’estplutôtcool.
Jesaisqu’ilseraendebonnesmains.Je passe en revue les divers accessoires. Le sac, le pied, le harnais, les
nombreuxobjectifsettoutuntasd’autreschoses.—Tunemeferaspascroirequelesaccessoiresétaientofferts,Memphis.
Tulesaspayés.Jenepeuxpasaccepter.Ilmefaitfairevolte-faceetmecoincecontrelatableenaspirantmalèvre
inférieure.—Tupeuxaccepter.Tuvasaccepter.Ilesttoutàtoi.Ilm’embrasse.—Etmoiaussi.Cetargumentm’aconvaincu.C’esttoutcequej’avaisenvied’entendre.Je
mesensbien.Entière.Toutmesembleabsolumentparfait.J’aiBailey,Alex,etMemphis.Celamesuffitlargementcommefamille.
ChapitreVingt-Cinq
MEMPHIS
Unmoisplustard…Lyrictravaillebeaucoupdanssonstudiocesdernierstemps,alorsj’aidécidéde l’enleverde forcepour l’inviteràdîner. Je suis fierde lavoir travailleraussidur,maisilfautquandmêmesavoirs’accorderunpetitbreak.Ellen’estpasaucourant,maisj’aidemandéàStylessiellepouvaitprendresajournéeet je me suis chargé d’annuler et de reprogrammer tous les rendez-vousqu’elleavaitaujourd’hui.Ellen’irapasausaloncesoir.Ellerisquedemalleprendreaudébut,maisçavautlecoup,elleneleregretterapas.En arrêtant mon pick-up devant le studio, je constate que son dernier
rendez-vous est encore là. J’entre en silence et je vais attendre tout au fondqu’ellefinisse,deboutdansuncoin,pournepasladéranger.Jenepatientepasplusdedixminutes.Ellemerepère,adosséaumur,dès
qu’elle a terminé avec la famille aisée qu’elle photographie aujourd’hui.Quandilsontrassembléleursaffairesetqu’ilssontpartis,jemedépêchederejoindreLyric.Ellem’abeaucoupmanqué.Jelafaisreculercontreunmuretlacoinceavectoutmoncorps.—Memphis,proteste-t-elleen riantalorsque jememetsà luicouvrir le
cou de baisers tout en la pelotant. Qu’est-ce que tu fais là ? J’ai une autrefamillequiarrivedansdixminutes.Ellesedébatenriant,parcequejecontinueàl’embrasserpartout.—Arrête,Memphis…Siçacontinue,jevaisêtreobligéedemedéfendre.Je ris contre son cou et lui plaque les bras contre le mur. Elle se rend
comptequ’elleestcoincéeetelleréagitavecunpetitsourirecoquin.—Jet’emmène.—Jenepeux…Jeluicoupelaparoleenécrasantmeslèvressurlessiennes.Ellevamesuivre,mêmesijedoislutteràmortpourça.Jerompslebaiser, lasoulève,lajettesurmonépauleetjefaisletourdu
studiopourramassersonsacetsesclés.—Tulepeuxettulefais.Jeluiclaquelesfesseslorsqu’elleessaiedem’échapper,lafaisantcrier.—Fais-moiconfiance,luidis-je.Jemesuisoccupédetout.Dèsquej’arriveàlaporte,jelasensmordremesfessesalorsqu’elletend
le bras entremes jambes et saisitmon sexe. Je lui claque encore les fessesavantdelesserreretdemordremalèvreinférieure.— Ça ne t’aide pas, dis-je alors qu’elle m’agrippe plus fermement, me
faisantdurcirdanssamain.Bonsang,elleneperdrienpourattendre.Je la garde sur mon épaule alors que je verrouille derrière nous avant
d’ouvrirlaportièredupassageretdel’installeràl’intérieur.—Jevaistebaiserquandjeteramèneraiàlamaison,dis-jetoutenajustant
monérection.Tulesais,n’est-cepas?Lyric mordille sa lèvre inférieure tout en hochant la tête, puis elle me
repousseetmeclaquelaportièreaunez.Ellemeprovoque.J’adoreça.— J’espère que tu as une bonne raison d’interrompre mon travail,
Memphis,grogne-t-elle.Elle essaie d’avoir l’air en colère,mais avecmoi, ça ne prendpas. Je la
connaissuffisammentpoursavoirquandelleestvraimentfâchéeetquandellefaitsemblant.Ellelesaitetelleaimeça.Quandnousarrivonsdevantlerestaurant, jemegareunpeuplusloin,en
évitant soigneusement le coin où je sais que les autres vont se garer. C’estcomme avec les enfants, quand on veut qu’ils se retrouvent tous au mêmeendroit, il faut quelqu’un pour les rassembler. Alors j’ai chargé Bailey deramener Landen et Liam. EtAlex se charge des gars du salon. Il a fait leschosesbien.IlamêmedemandéàRyanderevenirenvillepourleweek-end.Lyricregardeautourd’elled’unairinterrogateur.—Tum’asfaitquitterlestudioparcequetuavaisfaim?Ellecaressemescuissesets’arrêtesurmonsexequ’ellecaressedehauten
bas,lesourireauxlèvres.
—Etsinousallionsplutôtàlamaison?Puisquejenetravailleplus,autantutilisernotretempspourunechosequienvautlapeine.Jelaprendsparlementonetl’obligeàleversonvisageverslemien.Puis
jeme penche vers elle et souris contre sa bouche, avant d’aspirer sa lèvreinférieure.—Nousironsàlamaisondèsquenousauronsfinidemanger.Ça,tupeux
enêtresûre.Jetendslebraspourdéfairesaceinture.—Allons-y.Jesauteàbasdupick-upet fais le tourpour luiouvrir saportière. Je lui
tendsmêmelamainpourl’aideràdescendre.—Merci,hommedescavernes,ricane-t-elle.Jerisdesaplaisanterieet l’entraîneverslaportedurestaurant,quejelui
tiensgalamment.Elleesttropoccupéeàsependreàmoncoupourremarquersurlagauchelatabledenosamis.Elle prend vers la droite, mais je lui attrape la taille pour la diriger de
l’autrecôté.Elles’apprêteàprotester,quandelleaperçoitBaileyqui luifaitsigne.—Putainde…Elle regarde autour de nous avec un sourire comme je n’en ai pas vu
souventsurseslèvres.—C’esttoiquiasmanigancétoutça?medemande-t-elle.J’acquiesce,toutenluidésignantlachaiseàcôtédeRyan.Elle se tourne vers moi et se jette à mon cou. Elle est complètement
surexcitée,folledejoie.—Merci.Mercibeaucoup.C’estgénial.Bonsang,cequejet’adore!Jel’attireàmoipourl’embrasserpassionnément,histoiredeluidonnerun
avant-goûtdecequi l’attendà lamaison.Cette femmeestàmoi, et jeveuxquelemondeentierlesache.Cedîner avec ceuxqu’elle aime, c’est un trucqui suffirait à illuminer la
journée lapluspourriede laTerre.Alors j’ai l’intentiond’enorganiserunparsemaine,mêmesijedoistouslestraînerunparunjusqu’ici.
ParcequeLyricméritebiença.Etplusencore…
Il est trois heures dumatin et ça fait presque une heure que je suis sous leporche à jouer de la guitare. J’ai compris que le fait de rester là avecmaguitare sur les genouxm’apporte unegrandepaix intérieure, commeavant.Avantquemaviebascule.Jeneressenspluslebesoindemebattre.Jemesenscomblé.Lesoir,quandjen’arrivepasàdormir,jesorssurleporchepourjouer,en
savourantlapaixetlatranquillitédel’endroit.Parfois–engénéralenpleinenuit–Alexmerejointavecsaguitareetnousjouonsensemble.Nousjouonspour notre mère. C’est de voir le sourire de Lyric quand je joue qui m’arappelé à quel pointmamère était heureuse deme rejoindre sur le porche.Lorsquejejoue,jepenseàmamèreetjemesensbien.Jemesensentier.Tantdechosesontchangéaucoursdecederniermoisqueçaaétéunpeu
compliqué de s’adapter à tout. Je travaille presque tous les jours sur lechantierdeconstructiondeJack.Lyricpartagesesjournéesentrelesalondetatouageetleparloir.Lasortieaurestaurantdetoutàl’heureluiafaitdubien.Elletravailletrop.Tous les jours, je vois grandir sa passion pour la photo et le dessin, à
mesure qu’elle laisse tomber ses barrières. Elle a même dessiné quelquestatouagespourBaileyetpourd’autresclientsdusalon.Jesaisqu’elleadmirebeaucoup le talentd’Alex, iln’yaqu’àvoircommesesyeuxbrillentquandelleleregardetravailler.Onvoitqu’elleestfièredeluietçamefaitdubien.Elle habite toujours la maison voisine, mais en ce moment elle dort au
sous-sol,dansmonlit.Sesaffairessonttoujourslà-bas,maisc’esticiqu’ellesesentchezelle.Saplaceestprèsdemoi,dansmesbras,dansmonlit.Etellelesait.Quantàmoi,jesuisincapabledel’imaginerailleurs.Jel’aimedeplusen plus.Un peu plus tous les jours.Et je serais prêt à faire n’importe quoipourleluiprouver.Jecontinueàgratterlescordesdemaguitare,toutencherchantduregard
Lyric qui vient d’apparaître sur le seuil de la porte, enveloppée dans unecouverture.Ellemesourit.
Elle est si belle que çame fait comme un vide à l’intérieur de ne pas laserrer dans mes bras. Je repose ma guitare pour l’attirer à moi, sur mesgenoux.Puisjedéposeunbaisersursoncrâne.—Tun’arrivaispasàdormir?dis-jedoucementtoutprèsdesonoreille.Ellefaitsignequenonetrenverselatêteenarrièrepourmeregarder.—Jen’arrêtepasdepenser,répond-elle.Jeluieffleurelajoued’unbaiser,puislanuque.—Etàquoipenses-tu?Ellen’hésitepasuneseconde.—Àtoi.Elleglissesesdoigtsdansmescheveuxetmetireverselle.— Je pense que je suis heureuse de t’avoir dansma vie. Ce soir, c’était
parfait.Ellemereniflelecouetsourit.—Jepenseàtonodeursuperexcitante.Jepourraispasserlanuitentièreà
larespirer.Jeluientourelatailledemesbrasetlafaispivoterpourl’embrassersurla
bouche. De l’avoir à moi, sous ce porche, c’est pour moi le comble dubonheur.—Joue-moiquelquechose.Ellesepenchepourramassermaguitareetmelatend.Jelaprendsensouriantetlaposesursesgenoux.Puisjememetsàjouer,
avecLyricdansmesbras.Nous restons ainsi un longmoment, peut-être des heures, rien que nous
deux, à écouter les mélodies que je tire de mon instrument. Je me senstellementbienque j’aie l’impressiondeconnaîtreLyricdepuis toujours,oud’avoir toujours suqu’elleviendraitun jour s’installerdansmesbras,dansmavie,parcequec’estsaplace.Elleafaitirruptiondansmonunivers,elleatoutbouleversé,etmaintenant,toutcequejeveux,c’estqu’elleyreste.Maintenantqu’elleestàmoi,jenelalaisseraipluspartir…
Àproposdel’Auteur
VictoriaAshley a grandi àRockforddans l’Illinois et a unepassionpour lalecturedepuisaussi longtempsqu’ellepeuts’ensouvenir.Aprèsavoir trouvéune application de lecture qui permettait aux lecteurs de télécharger leurspropreshistoires,elles’yestessayéeetl’écritureestdevenuesapassion.Rien n’est meilleur pour elle qu’un bon livre romantique avec desmauvaisgarçonstatouésquisonttoutsimplementtrèsmalcomprisetellen’apaspeurd’êtresurpriseàpleureraucoursd’unebonnelecture.Quandellenelitpasoun’écrit pas sur les mauvais garçons, vous pouvez la trouver en train deregarder ses émissions préférées telles queSonsOf Anarchy,Dexter etTrueBlood.Vouspouvezlacontacter:Facebook:VictoriaAshleyAuteuretVictoriaAshley-AuthorGoodreads:VictoriaAshleyTwitter:@VictoriaAuthor.
Résumé
Sexy, tatoué et inévitablement dangereux. Memphis est tout cela et plusencore…Jevispour ladouleur ;c’estcequimepousseàbouger.Mais ilarriveun
momentoùilfautrepousserlesdémonspoursurvivre.Jecroyaislesavoirenfouisprofondément.Jepensaisquej’étaisenfinprêtà
vivre. Jusqu’à… mon frère, Alex ; il me jette dans le feu – directement àl’endroitoùjenepourraisjamaismecontrôler,leseulendroitoùjeneveuxplusjamaisêtre.Quandjeposelesmainssurlesgens,ilssouffrent.Deschosesseproduisent
quimeramènentàcettenuit.Cellequimetourmenteratoujours.Je vais bien, je reste dans mon coin afin de m’assurer que je ne blesse
personne. Puis, Lyric apparaît et tout ce que je veux faire, c’est la toucher,mettremesmainssurdesendroitsqui jesaisneferontquemeconduireà ladétruire.Elleestlapousséed’adrénalinequejedésire,lepoisonleplussombrequi
couledansmesveines,metuantpeuàpeu;commeunedroguedontjenepeuxpasmerassasier,mêmesijesuisprochedeprendremonderniersouffle.Et être en sa présence ne fait que me faire souffrir encore plus, mais ce
qu’ellenecomprendpas,c’estquej’accueilleàbrasouvertsladouleur;celam’excite, ce qui me conduit en fin de compte à prendre la décision la plusdifficiledemavie,cellequipourraitnousfairetoustuer…
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