journal décembre 2003 # 12

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Journal des étudiants et diplômés en ostéopathie Journal des étudiants et diplômés en ostéopathie L’OSTÉOPATHIE L’OSTÉOPATHIE A A U U T T O O M M N N E E 2 2 0 0 0 0 5 5 N N U U M M É É R R O O 1 1 9 9 ...précisément ...précisément

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Journal des étudiants et diplômés en ostéopathieJournal des étudiants et diplômés en ostéopathie

L’OSTÉOPATHIEL’OSTÉOPATHIEAA

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En page couverture : Le MRP, manifestation de la Vie, aboutissement de

l’Énergie qui anime tout l’univers du plus petit être vivant à la ronde des planètes et des galaxies,en passant par la rosée du matin.

NOS COLLABORATEURS...NOS COLLABORATEURS...AUTOMNE 2005AUTOMNE 2005

Jacques Tardif Ph.DJacques Tardif Ph.D

Professeur titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université deSherbrooke et président de

l’Association Internationale dePédagogie Universitaire.

(AIPU)

Amine Kanouche Khaledan D.O.Amine Kanouche Khaledan D.O.Kinésithérapeute (Paris) 1989-92, Ostéopathie au Collège d’Ostéopathie français (COF) 1994-99, 4e, 5e

année et thèse en ostéopathie au Collège d’Études Ostéopathiques (Montréal) 2000-2004

Hélène Loiselle D.O.Hélène Loiselle D.O.

B.Sc (Hons) Osteopathy de laBritish School of Osteopathy en1999. Enseigne la pathologie et

sémiologie du système nerveux auxétudiants du CCO à Toronto et du

CEO à Montréal.

Michèle Levasseur D.O.Michèle Levasseur D.O.

Infirmière BC.Sc, U de MTL 1984-87 (spécialité urgence et soins

intensifs)Ostéopathie et thèse au CEO

1997-2004.

Brad McCutcheon D.O.Brad McCutcheon D.O.Diploma in Sports Injury Management, Doctorate in Osteopathic Manual Practice at the CanadianCollege of Osteopathy (CCO), Vice President of the Ontario Osteopaths Association (TC-COMPO)

Director of admissions and pre-admissions for the CCO Toronto, Halifax, and Vancouver.

Robert Rousse D.O.Robert Rousse D.O.Diplômé de l’école Atman, France en 1982, directeur de l’Ostéopathie, Passion, Création (OPC) etdirecteur du Centre de Recherche en Ostéopathie Infantile Rousse, Professeur au CCO Toronto,

SICO Suisse et DOK Allemagne.

Yuri Moskalenko Ph.D.Yuri Moskalenko Ph.D.Docteur es Sciences (Biologie) de l'Institut des Problèmes Biomédicaux, Moscou, Chef du Département

de Physiologie Évolutive et de Biochimie à l'Institut Sechenov, membre de l'Académie des Sciences Russes.

Nadia Todorof D.O.Nadia Todorof D.O.2 années en Biochimie, Bacc. en Activité Physique, U. de M. 1988, Enseignement au CEGEP Maisonneuve durant 4 ans,

Programme Éducatif Croix Rouge à Montréal (1993- 96), et Internationale (2 ans en Russie), chef de projet en santé primaireau Min. de la Santé à Moscou, formation aux MD’s Russes (1995-97), Ostéopathie au CEO (1991), D.O. en 2001.

Page 3: journal décembre 2003 # 12

Journal L’Ostéopathie... précisément 3

SSoommmmaaii rr eeJournalL’Ostéopathieprécisément

POUR VOUS ABONNERFaites nous parvenir un chèque au nom

de Journal L’Ostéopathie précisément

et vos coordonnées au :309, ch. LaurendeauMagog Qc J1X 3W4

Tarif annuel :Canada : 30$

États-Unis : 45$CN/ 30$ USAutres pays : 60$

TToouuss ddrrooii ttss rréésseerrvvééss

Copyright©2005 à l’éditeur duJournal L’Ostéopathie précisément

Toutes reproductions, textes et photos en partie ou en totalité sontinterdites sans l’autorisation écrite

de l’éditeur.

Veuillez adresser vos demandes à :Jean Guy Sicotte M.D., D.O.(Q)

[email protected]: 819-847-4850

ISSN :1496-7804

LL’’OOssttééooppaatthhiiee .. .. .. pprréécciisséémmeenntt

Est publié quatre fois par année pour les étudiants et diplômés en Ostéopathie,chaque trois mois commençant en mars, distribué aux membres en règle de l’A.D.O.Q.L’abonnement est toujours disponible pour les non-membres. ÉDITEUR : Jean Guy Sicotte M.D.,D.O.(Q) tel : (819) 843-8380 [email protected]

Infographie et mise en page : Hélène Viens-Sicotte Conception Hélén@ Rédactrice en chef

Un mot de l'éditeurUn mot de l'éditeur.........................................................................44 Le MRP et la Vie : Réflexion sur la grandeur du Grand Architecte dontparlait A.T. Still. Jean Guy Sicotte M.D.,D.O.

LE MRP : Sa perception manuelle.LE MRP : Sa perception manuelle............................................. 55Un grand chercheur russe partage ses observations scientifiques etcorrobore notre compétence à palper la mobilité cranio-sacrée. Yuri Moskalenko Ph.D.

La langue, son influence dans la mobilité cervicale...La langue, son influence dans la mobilité cervicale...........1111Un sujet qui n'a peut-être jamais été mis en valeur avant cette re-cherche. Kanouche Khaledan D.O. et Michèle Levasseur D.O.

FONCTIONNEL OU STRUCTUREL?FONCTIONNEL OU STRUCTUREL?.............................................1199Perception de la mobilité et de la vitalité des tissus. Élégant mariagedes deux méthodes de traitement. Robert Rousse D.O.

La cause du hoquet.La cause du hoquet.......................................................................3300Phénomène inexpliqué. Revue de petites recettes pour s'en libérer.Jean Guy Sicotte M.D.,D.O.

La pédagogie au service de la formation en ostéopathieLa pédagogie au service de la formation en ostéopathie..3311La compétence correspond à un savoir-agir complexe. Différence avecle savoir-faire ? Jacques Tardif Ph.D.

Chapman's Neurolymphatic ReflexesChapman's Neurolymphatic Reflexes.......................................4411(Anglais) Nous les avons appris. Pourquoi ne pas les utiliser dans letraitement viscéral. Brad McCutcheon D.O.

Journal de voyage - Pérou 2005.Journal de voyage - Pérou 2005................................................ 4444Ostéopathie au Pérou. La passion d'une ostéopathe pour l'aide inter-nationale humanitaire et le courant de transformation d'une telleexpérience dans sa vie.Nadia Todoroff D.O.

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Un mot de l’éditeur...Un mot de l’éditeur...Jean Guy Sicotte M.D.,D.O.(Q)

Le MRP et la Vie.

Nous, ostéopathes, avons tous appris àpercevoir le Mouvement Respiratoire Primaire.Nous l'avons observé sous plusieurs de ses cou-tures via la mobilité des os du crâne et de sessutures, les tensions des membranes intra-crâni-ennes et l'axe crânio-sacré, les viscères et mêmeles membres supérieurs et inférieurs.

Mais il s'agit là toujours d'une percep-tion mécanique, si raffinée soit-elle. Nous nousraffinons davantage lorsque nous réussissons àobserver les perturbations que ce MRP a subiesau niveau de la matière cérébrale même ; à par-tir du stade de son développement embryonnairejusqu'au stade actuel du sujet qui nous con-sulte.

Quand nous arrêtons-nous à penser àl'énergie qui anime ce MRP ?

Comment éveiller notre conscience à lacompréhension de la vie qui nous anime etanime chaque être vivant ?

Ne sommes-nous pas privilégiés depercevoir la manifestation de cette vie entre nosmains.

Quel rapport y a t'il entre cette vie, notreâme, notre esprit et l'Énergie qui " baigne "l'univers qui nous entoure, fut-il le plus micros-copique dans chacune des cellules animales etvégétales que nous connaissons sur notreplanète ou encore le plus incommensurable quirégit les forces de la nature, la ronde des

planètes autour de notre soleil,les bilions d'étoiles de notregalaxie (la vie lactée) et lesmillions d'autres galaxies à des millions d'an-nées-lumière de notre petite terre et de notrepetite personne.

Ne devons-nous pas reconnaître le privi-lège de notre humble participation au magni-fique plan divin dans toutes ses manifestations,dans chaque entité qui nous consulte et nousinvite à être un instrument de son cheminementphysique et psycho-spirituel.Nous sommes parvenus à une époque ou lesplus grands scientifiques qui observent l'universconcluent que **"" ll '' éé ttoonn nn aann ttee ccoommpplleexx ii tt éé ddeellaa nn aa ttuu rree ppeeuutt ss '' eexxpp ll iiqquu eerr ssee uulleemm eenntt eennaacccceepp ttaanntt qquu'' uunn ee II nntt ee ll ll iiggee nnccee SSuu ppéérr ii eeuu rreell ''aa ii tt ccoonn ççuu ee "" ..

**Citation de TIME, 29 nov. 2004Cosmic Conundrum.

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Yu. MOSKALENKO, T. KRAVCHENKO, G.WEINSTEIN.

(Sechenov

Institute of Evolutionary Physiology andBiochemistry, Russian Academy of Sciences, etRussian School of Osteopathic Medicine,St.Pétersbourg, Russie).

INTRODUCTIONINTRODUCTION. Le Mécanisme RespiratoirePrimaire (MRP) a fait l'objet de beaucoup derecherches durant les décennies qui se sontécoulées depuis la découverte du Dr. W. GarnerSutherland. Cet intervalle de temps a donné lieuà d'importantes découvertes et suggestions, ainsiqu'à la proposition de concepts.

On a définitivement établi et confirmé pardifférentes méthodes la présence de mouve-ments périodiques des os du crâne, reflétant leMRP. Ces études ont été effectuées à l'aided'appareils mécaniques (Adams at al.1992;Upledger1979; Tettambel et al 1978; Frymann1971), de capteurs à ultrason ou à infrarouge(Wallace et al 1975; Lewandoski et al.1996), etpar l'analyse informatique d'une série d'imagespar résonance magnétique et de radiographies

(Moskalenko et al.1999). Par conséquent, lemouvement périodique des os du crâne estaujourd'hui accepté et reconnu pour son impor-tance en pratique.

Toutefois, la détermination des paramètresdu MRP, jusqu'à présent, était basée sur la palpa-tion du crâne par un médecin, selon la méthodedu Dr. W. Sutherland. Les résultats de tellesinvestigations dépendent alors des particularitéspropres au médecin, particulièrement en ce qui atrait au niveau de sensibilité tactile de ses doigts,par conséquent ces résultats pourraient inclureune composante subjective plus ou moins impor-tante. Ceci signifie donc qu'afin de permettre laprogression future de l'ostéopathie dans lasphère crânienne, il est nécessaire de trouverune façon objective de monitorer les paramètresdu MRP. La sélection de cette méthode devraitêtre basée sur le concept d'origine de l'ImpulsionRythmique Crânienne (IRC).

Dans ce but, nous pouvons gagner unecertaine perspective en utilisant les données con-tenues dans une revue analytique publiée récem-ment concernant les différents concepts quant àla nature de l'IRC (Chaitow, 1999). Dans le cadrede cette revue, on discute à fond plusieurs con-cepts très différents quant à l'origine de l'IRC,toutefois à l'heure actuelle aucun concept n'a étégénéralement accepté. Néanmoins, la majoritédes concepts ont une vision commune quant àl'origine de l'IRC : en bout de ligne, l'IRC estformé par les fluctuations de pression et de volu-me du LCR dans le crâne. On peut conclure dececi que la méthode utilisée pour assurer unemesure objective dans le cadre de l'étude surl'IRC et le MRP devrait reposer sur l'observationdes fluctuations de volume et de pression duLCR dans le crâne.

L'analyse de méthodes, basées sur dif-férents principes physiques, indique que la mé-thode la plus acceptable à cet effet serait laméthode d'impédance électrique hautefréquence, utilisée avec succès sur plusieursdécennies à des fins cliniques (Moskalenko,Weinstein 1983; Hadjiev 1968; Jenkner 1986;Montgomery et al. 1992; Bodo et al., 2003; ), et

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LE MRP : Sa perception manuelle.

Comparaison des paramètres obtenus parinstruments de laboratoire :

SIMILARITÉS, DIFFÉRENCES,CONTRADICTIONS.

Yuri Moskalenko PhDYuri Moskalenko PhD

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récemment appliquée lors de l'étude de certainsaspects de l'activité du MRP (Moskalenko et al.,2003; 2004). Une particularité importante decette méthode est qu'elle rend possible la mesuredes fluctuations entre le volume et la pressiondes différents fluides - sang artériel, veineux etLCR dans le crâne humain, qui sont caractériséspar différents degrés de résistance électrique. Lapossibilité de déterminer ces mesures intracrâ-niennes est un net avantage de cette méthodepar rapport à la méthode utilisée lors de l'étudedu MRP, reposant sur une dopplerographie parlaser infrarouge avec l'application d'une sondesur le lobe de l'oreille (Nicholson et al, 2002).

La réussite de toute méthode de monito-ring de l'activité du MRP à l'aide d'instrumentsdemande qu'on établisse "un pont" entre lamesure manuelle du MRP et sa mesure parinstrument. À cet effet, l'objectif de cet article estde comparer les résultats de détection du MRPobtenus manuellement et par la méthode d'impé-dance électrique. Une telle étude devrait êtremenée sous des conditions fixes - les mesuresau repos et tout de suite après l'application detechniques ostéopathiques standard. Cesdernières sont particulièrement importantes, carelles permettent d'examiner la corrélation entreles observations manuelles et instrumentalesdans des conditions dynamiques.

MÉTHODE. MÉTHODE. L'étude adéquate de la corrélationentre les mesures manuelles et instrumentalesdes paramètres du MRP demande des conditionsde recherche dont les déviations sont minimales.Ceci est d'une grande importance dans la cueil-lette de données représentatives qui soientacceptables pour une analyse statistique valable.Étant donné l'objectif de la présente étude, lespatients choisis lors de la recherche ne présen-taient aucune perturbation pathologique ou déficitneurologique sérieux, mais l'application del'ostéopathie crânienne était indiquée. Le patientétait en décubitus dorsal sur la table de traite-ment, le médecin le plus qualifié mesurait le MRPau repos, puis appliquait une techniqueostéopathique, et finalement le même médecinmesurait le MRP de nouveau juste après le traite-ment. Habituellement, le technique de drainage

des sinus veineux était appliqué à titre de test -cette importante technique est largement utiliséeen ostéopathie crânienne.

Les mesures d'impédance électrique, uti-lisant la position fronto-mastoïde pour les plaques(2 cm2) électrodes sur la partie gauche de la tête,étaient prises juste avant et 3 à 5 minutes aprèsles manipulations ostéopathiques. Un fragmentd'enregistrement d'impédance continue ne doitprésenter aucune interférence, et sa durée doitêtre d'environ 60 à 110 secondes, afin de satis-faire aux critères de la méthode d'analyse spec-trale informatique pour estimer les paramètres duMRP. Pour distinguer l'IRC des autres fluctua-tions aux fréquences similaires, on a simultané-ment enregistré les mouvements respiratoires duthorax (MR) et les fluctuations des paramètres dela circulation sanguine systémique, en plus de ladopplerographie transcrânienne (DGTC) du seg-ment M1 de l'artère cérébrale moyenne gauche(MCA). Une description détaillée des instrumentsayant permis de telles études et les méthodesd'analyse de données utilisées dans la présenteétude ont déjà fait l'objet d'articles (Moskalenko,1999; Moskalenko, Kravchenko, 2004). Des pho-tographies de l'équipement de notre laboratoire,qui a été utilisé dans le cadre de cette étude, ontété récemment publiées dans ce Journal (2005,n.18 , p.13, fig.13a and fig.13b,).

Il importe de mentionner qu'il existe desdifférences entre la mesure de la fréquence del'IRC manuellement et par instruments. Lesrésultats des mesures manuelles de l'IRC étaientcalculés après une minute de palpation, etreprésentent la moyenne des résultats durant cetintervalle de temps. Les résultats obtenus par lesenregistrements d'instruments étaient analyséssuivant la méthode d'analyse spectrale informa-tique et ont produit des données discrètes, per-mettant non seulement d'observer une fréquencedominante, mais aussi de voir des composantesadditionnelles de fréquences significatives dansles enregistrements analysés. Chacune descomposantes du spectre révélées par l'analysespectrale, est caractérisée par sa proprefréquence. Les intervalles entre les différentescomposantes du spectre dépendent du nombre

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de mesures discrètes individuelles dans le frag-ment d'enregistrement analysé. Dans le cas d'unfragment d'une durée de 52 secondes, 2048points étaient sélectionnés pour étude. Dans detels cas, les lignes spectrales se trouvaient entre6 et 12 cycles/min, l'intervalle de fréquence entreelles étant d'environ 1 cycle/min. Lorsque le frag-ment d'enregistrement continu sans interférenceétait plus long que 103 secondes, 4096 pointsétaient sélectionnés pour analyse, et la précisionde la méthode pouvait augmenter jusqu'à 0.5cycle/min. Par conséquent, la résolution de laméthode d'analyse spectrale dépend de la duréedu fragment d'enregistrement continu sans inter-férences de différentes sortes.

Il est logique d'exprimer les amplitudesdes composantes du spectre en unités norma-lisées, pour les comparer avec l'amplitude despulsations cardiaques qui étaient considéréeségales à 1.0, puisque les amplitudes des pulsa-tions cardiaques étaient les plus élevées dans laplupart des cas. Pour cette raison, l'amplitudedes composantes spectrales, qui correspond à lafréquence de l'IRC, peut se trouver dans l'inter-valle de 0.0 à 1.0 en unités normalisées.L'expression des résultats de l'analyse spectraleen unités normalisées permet, de plus, de mesu-rer l'amplitude du MRP avec une précisionallant jusqu'à ±10% , puisque le procédéde normalisation permet d'exclure les vari-ations, qui sont propres à chaque mesureindividuelle. Par consé-quent, il est possi-ble de comparer les résultats d'études nonseulement chez un même patient dans dif-férentes conditions, mais aussi entre dif-férents patients.

L'évaluation de la fréquence de

l'IRC est basée sur la sélection de la composantede spectre dont l'amplitude est maximale, sanscorrespondre à la fréquence du MR et du DGTC.Si cette amplitude est 30% plus élevée que celledes composantes les plus proches, cela signifieque cette composante correspond à la fréquencede l'IRC. Dans ce cas, si l'amplitude des com-posantes spectrales les plus proches de la com-posante à amplitude maximale est d'une valeursupérieure à 70% de cette dernière, la fréquenceréelle de l'IRC n'est pas régulière. Dans de telscas, la fréquence dominante qui sera utilisée auxfins de comparaison avec les résultats des inves-tigations manuelles devrait être calculée à l'aidede la moyenne des deux composantes les plusprès de la composante spectrale à amplitudemaximale (Fig. 1).

En tout, 52 personnes (âgées de 10 à 25ans) ont participé à l'étude selon le même proto-cole pour toutes les investigations, et 40 investi-gations ont été sélectionnées pour analyse.

RESULTATS ET DISCUSSION.RESULTATS ET DISCUSSION. Les investiga-tions réalisées sous les conditions décrites ontpermis d'établir les faits significatifs suivants :- Les mesures manuelles de la fréquencedu MRP ont démontré que, chez les patients

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Fig.1 Spectre complet de l'enregistrementd'impédance électrique, incluant les ondeslentes (slow waves), les composantes respi-ratoires (respiratory movements) et reliéesaux pouls - activité cardiaque (pulse) (enhaut) et son fragment basse fréquence, dontA- fluctuations de Traube Hering (extracrâni-ennes), B- fréquences de l'IRC, C- respira-tion. Les flèches indiquent les valeurs d'am-plitude et de fréquence du MRP (en bas).

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sous étude, ce paramètre se situe entre 4 et 9cycles/min, mais la valeur statistique moyennedans des conditions de repos est de 6.74± 0.26(M±m; n=40) cycles/min. Parallèlement, lesmesures instrumentales utilisant la méthode d'im-pédance électrique se situaient entre 5.5 et 10cycles/min, avec une valeur moyenne de7.41±0.22(M±m; n=40). Il est possible de con-stater que la valeur moyenne de la fréquence duMRP, enregistrée à l'aide d'instruments, est signi-ficativement plus élevée comparée aux mesuresmanuelles. Toutefois, les déviations des mesuresinstrumentales sont moins élevées (Fig.2 gauche)- À la suite du traitement test, la fréquencede l'IRC augmente au niveau des mesuresmanuelles (jusqu'à 7.45±025 cycles/min) etinstrumentales (8.48±0.29) (Fig.2 droite).

L'analyse statistique démontre que les différencesavant et après le traitement pour les observationsmanuelles et instrumentales sont significatives(P=0.05), mais qu'après le traitement la significa-tion statistique décroît (P<0.1).- Le diagramme de distribution des casprésentant une IRC de fréquence similaire estmontré au haut de la Fig. 3.

- On peut voir que la plus basse fréquence,soit 4 cycles/min (mesures manuelles), n'a étéenregistrée que dans un cas parmi tous lespatients participant à l'étude. De même, lafréquence la plus élevée n'a été observée quedans un cas (9.5 cycles/min), à l'aide de mesuresinstrumentales. Le nombre maximal de cas étaitde 8 - pour les fréquences de 6 cycles/min(mesures manuelles) et de 10 - pour lesfréquences de 7.5 cycles/min (mesures instru-mentales). Le diagramme de distribution des casd'IRC de même fréquence après traitement (aubas de la Fig. 3) est similaire à celui au haut dela Fig. 3. La seule différence est le déplacementde toutes les données vers des fréquences plusélevées : la plus basse fréquence est de 6cycles/min que la méthode soit manuelle ouinstrumentale, quant à la fréquence la plusélevée, elle est de 9 cycles/min pour les mesuresmanuelles et 11 cycles/min pour les mesuresinstrumentales, - Le nombre maximal de cas est de 10 pourles fréquences de 8 cycles/min (méthode

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Fig.2 Valeurs moyennes de 40 mesures manuelleset à l'aide d'instruments déterminant la fréquencede l'IRC avant et après un traitementostéopathique.

Fig.3 Distribution du nombre de mesures de mêmefréquence de l'IRC par la méthode manuelle et laméthode instrumentale.

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manuelle) et 9 cas pour les fréquences de 8.5cycles/min (méthode instrumentale).- De plus, il semble raisonnable de men-tionner que la méthode instrumentale permet d'é-valuer la dynamique des changements du MRP.Avant le traitement, sa valeur moyenne était de0.24±0.12(M±m,n=36), et après le traitement testsa valeur moyenne s'est élevée à 0.38±0.16(M±m,n=36).

Par conséquent, les valeurs de fréquences del'ICR au repos et suite au traitement étaient simi-laires, mais statistiquement différentes dans lescas manuels et utilisant des instruments. La dif-férence entre les données obtenues manuelle-ment et à l'aide d'instruments peut s'expliquer parplusieurs raisons, présentées plus bas.

1. 1. Les principes des deux méthodes sem-blent être à la base des différences entre lesmesures manuelles et instrumentales de l'IRC.En fait, les deux méthodes sont sensibles auxfluctuations de volume reliées aux changementsde pression intracrânienne (PIC). Toutefois, laméthode manuelle permet d'observer leur mani-festation externe, alors que la méthode instru-mentale pourrait refléter l'équilibre volume-pres-sion, qui se produit dans la cavité crânienne. Lesfluctuations de PIC pourraient être à la source dedeux sortes de processus. Le premier est le rem-placement du volume de LCR entre la cavitécrânienne et le canal rachidien. Le secondreprésente les changements en termes de mor-phologie du crâne et de mouvements des os ducrâne. La méthode instrumentale pourrait lesrefléter simultanément, alors que la méthode

manuelle permet de lesobserver séparément -soit les mouvementsdes os du crâne, soit lerythme sacré. Cettesuggestion pourraitexpliquer le fait que lesfréquences d'IRCmesurées à l'aide d'ins-truments sont statis-tiquement plus élevéesque les mesuresmanuelles.

2.2. Une explicationpossible de la dif-

férence des fréquences de l'IRC, mesurées àl'aide d'instruments et manuellement, pourrait êtrereliée à la grande complexité de configuration desos et de leurs inter-articulations, formant l'ensem-ble qu'est le crâne. La cinématique d'une telleconstruction est aussi très compliquée et dépendde situations particulières, un os peut bougersous l'effet des changements de PIC, mais unautre os peut, lui, ne pas bouger. En bout deligne, le résultat est que ces manifestations del'IRC ne sont pas détectées par observationmanuelle.

3.3. Il est possible que l'observationextracrânienne de l'IRC comprenne l'interactionde celle-ci avec les fluctuations du système lym-phatique (Degenhardt, Kichera, 1996) ou aveccertains mouvements des muscles à la surfacedu crâne (Ferguson,1991; Norton et al, 1992).

4.4. Une dernière explication de ce fait peutreposer sur la sensibilité limitée des doigts, quidépend du niveau d'expérience du médecin, maisqui dans tous les cas est inférieure aux mesuresinstrumentales, tel qu'illustré par la Fig.4. Quantà la signification de la sensibilité des doigts, cetteidée se base sur le fait que les amplitudes defluctuations lentes, représentant le MRP, sont ca-ractérisées par les fluctuations d'amplitude d'uneseule onde jusqu'à deux fois. Pour cette raison,une personne avec une faible sensibilité desdoigts pourrait simplement passer outre ces fluc-tuations dont l'amplitude est comparativementpeu élevée.

Chacune des explications ci-haut semble

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Fig.4 Illustration du rôle que joue le degré d'expérience des doigts du médecin-ostéopathe au niveau de la précision avec laquelle la fréquence de l'IRC est déter-minée. On note ici que la personne ayant une faible sensibilité des doigts cal-culera une IRC de 5 cycles/min, une personne dont la sensibilité est moyennepercevra 7 cycles/min, et une personne de grande sensibilité percevra 9cycles/min, toutefois, cette fréquence est toujours inférieure à la mesure instru-mentale de la fréquence réelle, qui est de 10 cycles/min.

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présenter un postulat acceptable. Il demeuretoutefois difficile d'adopter ou d'exclure l'une d'en-tre elles en l'absence d'investigations spéciales.

CONCLUSION. CONCLUSION. Malgré la différence entre lesvaleurs absolues de fréquence du rythme del'IRC observée par la méthode manuelle et laméthode instrumentale, l'importance de la mesureinstrumentale de l'IRC ne demeure pas moins, etce, pour plusieurs raisons.

Premièrement, la dynamique deschangements comparatifs des fréquences del'IRC observées à l'aide d'instruments etmanuellement (Fig.2), de même que la courbe dedistribution des cas de même fréquence (Fig.3)sont proportionnelles. On peut donc en déduirequ'il existe une différence entre la fréquence duMRP au repos et les résultats suite au traitementostéopathique.

Deuxièmement, à la différence de la mé-thode manuelle, qui peut indiquer les change-ments d'amplitude du MRP avec peu d'exacti-tude, la méthode instrumentale permet de mesu-rer ce paramètre avec précision.

Troisièmement, la méthode instrumentalepermet d'isoler l'IRC des fluctuations provenantd'autres sources - mouvements respiratoires tho-raciques et fluctuations de la pression artériellecentrale - ondes de Meyer et de Traube-Hering.

Quatrièmement, il n'est pas permis dedéterminer à l'heure actuelle et de façon définitivelaquelle des deux mesures - manuelle ou instru-mental - donne les résultats le plus près desrythmes réels de l'IRC, puisque les véritablesmécanismes qui en sont la source ne sont pasparfaitement connus à présent.

Par conséquent, il est possible d'établir un"pont" valable entre l'observation manuelle etinstrumentale de l'IRC, qui ouvre la perspectivede monitorer les paramètres de l'activité du MRP- sa fréquence et son amplitude, avec un niveausuffisant de précision pour la pratique del'ostéopathie.

RÉFÉRENCES:RÉFÉRENCES:

Adams T., Heisey R., Smith M., Bruner B. (1992). Parietalbone mobility in the anaesthetized cat. Journ. of AOA.95(5):599-622.Bodo M., Pearce F.J., Montgomery L.D., Rosenthal M., etal.(2003) Measurements of brain electrical impedance: ani-mal studies in rheoencephalography. Aviat. Space Environ.Med. 74:506-511. Chaitov L. (1999) Cranial Manipulation: Theory and Practice.Churchill Livingstone. Edinburg-Toronto, 297p.Hadjiev D. (1968). A new method for quantitative evaluationof cerebral blood flow by rheoencephalography. Brain Res.8:213-215.Ferguson A. (1991) Cranial Osteopathy: a new perspective.Academy of Applied Osteopathy Journ. 1(4):12-16.Frymann V. (1971) A study of rhythmic motions of the livingcranium. Journ. of AOA. 70(May):928-945.Jenkner F.(1986) Clinical Rheoencephalography. Ertdruck.Vienna, Austria, 189p.Lewandoski M., Drasby E., et al (1996). Kinematic systemdemonstrates cranial bone about cranial sutures. Journ ofAOA. 96(9). 551:PO1.Moskalenko Yu.E., Weinstein G.B. (1983).Rheoencephalography: Biophysical basis, Informationalmeaning, Limitation in use. Human Physiology, RussianAcademy of Sciences. 9:(5), 707-720.Moskalenko Yu.E. (2000) Physiological mechanisms of slowfluctuations inside cranium (Part I and Part II). OSTEO (Larevue des osteopathes. France) n.50 P.4 15; n.51 P.4-11.Moskalenko Yu.E. (2000). Principles of objective representa-tion of results of osteopathic treatment in cranial field.ApoStill (Le journal de Acedemie d'Osteopathie de France).n.7. P.22-30. Moskalenko Yu.E., Frymann V., Kravchenko T.I., WeinsteinG.B. (2003) Physiological background of the CranialRhythmic Impulse and the Primary Respiratory Mechanism.The AAO Journ. 13(2): 21-33.MoskalenkoYu.E., Kravchenko T.I (2004) Wave Phenomenain Movements of Intracranial Liquid Media and the PrimaryRespiratory Mechanism. The AAO Journ, 14(2): 29-40.Norton J.A. (1992) Failure tissue pressure model of predictCRI frequency. Journ. AOA 92:1285.Nelson K.E.(2002) The primary respiratory mechanism. TheAAO Journal. V.12. No.4. p.25-34.UpledgerJ., Karni Z. (1979). Mechano-electric patterns dur-ing craniosacral osteopathic diagnosis and treatment. Journ.AOA 78(July): 782-791. Tettambel M., Cicoea R., Lay E (1978). Recording of cranialrhythmic impulse. Journ. AOA. 78(October): 149.Wallace W.K. Avant W., McKinney W., Thurstone F.(1966).Ultrasonic techniques for measuring of intracranial pulsation.Neurology 16: 380-382.

Traduit par Hélène Loiselle D.O.

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Par: KIANOUCHE KHALEDAN D.O.etMICHÈLE LEVASSEUR D.O.

La langue est un outil formidable pourl'ostéopathie.

Saviez-vous que nous effectuons 2000 dégluti-tions par jour? Ceci nous montre l'importanced'une position correcte de la langue poureffectuer chaque acte de déglutition.

Dans notre pratique quotidienne lors de l'exécu-tion de certaines techniques crâniennes (ex : l'ex-pansion de base, la décompaction de la SSB, ledégagement de l'articulation occipito-mastoïdi-enne, etc.), on utilise de façon fréquente lalangue et la déglutition pour créer un levier sup-plémentaire et ainsi avoir une meilleure actionsur le relâchement de la structure à travailler.

Nous avons été surpris de la difficulté que cer-tains patients présentaient à tirer la langue et/ouà déglutir en même temps.

Chez ces patients nous avons également remar-qué une tension générale de la loge antérieuredu cou, de l'occiput et des vertèbres cervicaleshautes.

Ceci nous a amené à nous intéresser à la langue

et ses attaches, d'autant plus qu'à notre aviscelle-ci n'avait pas été mise en valeur autantqu'elle devrait durant nos études ainsi que dansla littérature ostéopathique.

Notre hypothèse de départ était que:

La normalisation des tensions myofascialesde la langue et de ses attaches améliore la

mobilité des vertèbres cervicales C0 (occiput)à C7.

Dans le domaine de l'ostéopathie, l'étude de lalangue nous a fait découvrir une structure trèsintéressante en plus de l'importance de ses rôleset fonctions.

La langue, en effet, est en rapport avec de trèsnombreuse structures, osseuses et nonosseuses, par ses insertions et ses appuis etexerce donc une action importante sur ces struc-tures.

L’influence de la normalisation des tensions de la langue

et de ses attaches sur la mobilité des vertèbres

cervicales (C0 à C7)

Figure 01 Rapports de la langue avec les structuresosseuses, tiré du Mémoire de F.Chaligne D.O.

Figure 02 Rapports de la langue avec les structuresnon-osseuses, tiré du Mémoire de F.Chaligne D.O.

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De plus, elle joue un rôle majeur dans le sys-tèmes des lignes de gravité et dans celui deschaînes musculo-aponévrotiques, et donc sur laposture générale de l'individu.

Considérée comme un diaphragme selonMadame Frymann D.O., elle intervient dans lesystème des diaphragmes du corps humain etdans celui de l'occlusion.

Sa relation très étroite avec les membranes dure-mériennes, notamment crâniennes ainsi que saposition de repos physiologique qui doit êtrehaute et derrière les incisives supérieuresexpliquent également son rôle déterminant dansle mécanisme respiratoire primaire (MRP).

En effet la langue a comme fonction l'harmonisa-tion du MRP crânien et le réta-blissement d'unemobilité crâ-nienne correcte aumoment de la déglutition.

La langue occupe une placeimportante dans la croissance etl'évolution des formes des maxil-laires et de la mandibule. De plus,elle représente un des premierséléments de la chaîne centraledécrite par Philippe Druelle D.O.et selon lui elle est le précurseurembryologique des glandes quis'attachent également sur cettechaîne (thyroïdes, parathyroïdeset thymus).

Par ailleurs, il existe égalementdes liens embryologiques intéres-sants entre le développement desattaches de la langue et celui dela partie postérieure du crâne.

Les dysfonctions de la langue sontà l'origine de nombreuses patholo-gies directes à savoir :

- mal-occlusion dentaire, - pathologies de la sphère ORL,- dyspraxies linguales,- déglutition atypique,- respiration buccale,

- apnée du sommeil et le ronflement,- troubles de la parole, etc.

Indirectement une affection de la langue agiraitsur le reste du corps et pourrait influencer defaçon générale la posture de la personne.

Une position correcte et surtout une mobilitéharmonieuse de la langue, sont donc

indispensables au bon fonctionnement de l'individu.

Pour mieux comprendre l'action de la langue etde ses attaches par des liens myofasciauxdirects et indirects avec le reste du corps et enparticulier avec les vertèbres cervicales (C0 àC7) nous avons établi la synthèse anatomiquesuivante :

Figure 03 Liens myofasciaux directs et indirectsavec la langue et ses attaches.

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En effet, par le travail myofascial de la langue etses attaches nous pouvons constater :

-une action directe au niveau C0 par lefascia pharyngo-basilaire;

-que les muscles constricteurssupérieurs du pharynx sont reliés au fasciapharyngo-basilaire et donnent des expansionségalement sur C1 et C2;

-que les muscles constricteurs supérieursdu pharynx sont recouverts également par lagaine viscérale du cou qui à ce niveau prend lenom de l'aponévrose péri-pharyngée;

-l'action via les muscles sus et sous-hyoï-diens en passant par l'os hyoïde sur lesaponévroses cervicales superficielle etmoyenne;

-que l'aponévrose cervicale profondeprend naissance sur l'apophyse basilaire de C0puis s'attache sur les apophyses transverses detoutes les vertèbres cervicales;

-de plus, les aponévroses cervicalessuperficielle, moyenne et profonde ainsi quel'aponévrose péri-pharyngée, sont en interrela-tions directes entre elles et leur continuité se pro-longe vers le thorax par le biais du fascia endo-thoracique puis donne naissance à des articula-tions avec les autres fascias du corps.

''Je ne connais aucune partie du corps qui soitl'égale des fascias. Dans chaque point de vueoù nous considérons le fascia, une merveilleapparaît. La part que prend le fascia dans la vieet dans la mort nous donne un des plus grandsproblèmes à résoudre. Par son action, nousvivons et par son échec, nous mourrons''A.T. Still

La description détaillée de l'anatomie complexede la langue nous a permit de mieux la compren-dre et nous a aidé pour la réalisation des tech-niques ostéopathiques myofasciales au niveau dela langue et ses attaches aussi bien muscle parmuscle que par des groupes musculaires.

MéthodologieMéthodologie

Il s'agit d'une recherche de type clinique expéri-mentale.Elle est composée d'un groupe expérimental de20 sujets et d'un groupe contrôle de 20 autressujets.De plus 20 personnes différentes avaient égale-ment participé 6 mois auparavant à une premièreétape lors d'un pré-test.Le but du pré-test était de mettre au point uneméthode de mesure objective de la mobilité lin-guale pour les besoins de la présente recherche.L'analyse pré et post-traitement, entièrement àl'aveugle était à chaque fois réalisée en 2 étapes:

-évaluation objective : réalisée par :1. un test de mesure de la mobilité

linguale;2. des photos numériques prises par

un photographe :- des rotations globales droite et gauche du rachis cervical en décubitus dor-sal.- la posture de l'individuavant et après le traitement dans le plan sagittal.

L'analyse des rotations et le cal-cul des angles ont été effectuéspar la suite sur l'ordinateur.

Figure 04: Les muscles de lalangue, d'après Bouchet etCuilleret, Anatomie Tome 1

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-évaluation subjective : réalisée par un desthérapeutes avec des tests ostéopathiques.

Les sujets ont été revus 2 semaines plus tardpour une seconde évaluation post-traitementidentique à la première visite.

Protocole de la normalisation ostéopathique :

Cette action a été réalisée selon l'ordre du proto-cole suivant pour respecter une homogénéité denotre intervention sur nos patients du groupeexpérimental :

1. relâchement du plancher de la langue (de façon bilatérale);2. relâchement du plancher de la langue (de façon unilatérale);3. normalisation du frein (tendon central) de la langue;4. relâchement du plancher de la langue unilatéral intra-buccal;5. relâchement de la langue suivant le côté tendu et par rapport aux groupes musculaires et leurs insertions correspon-dantes;6. harmonisation myofasciale de l'ensem-ble.

Résultats :Nous avons pu ainsi valider notre hypothèse dedépart :En effet, la normalisation des tensionsmyofasciales de la langue et ses attachesaméliore la mobilité des vertèbres cervicales,

C0 à C7.

Notre action s'est avérée statistiquementsignificative en particulier aux niveaux desvertèbres cervicales C0, C1, C2 et C7, alorsque celle-ci ne demeure pas suffisammentsignificative à l'étage vertébral C3, C4, C5et C6.

Figure 05: exemple de planche de photos des rotations cervicaleset la posture (avant, après le traitement ainsi que15 jrs plus tard).

Tableau 01 : récapitulation des résultatsd'analyse des fréquences statistiques

avant

après

15 jours après

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Signifie ''Augmentation ''Signifie ''Diminution''

= signifie ''pas de changement''

N.B : À noter que dans le cas des Compactions ( ) signifie une Amélioration.

T1 = avant le traitementT2 = immédiatement après le traitement

T3 = 2 semaines plus tard

Cependant, cette normalisation a un effet haute-ment significatif sur l'augmentation des rotationsglobales droite et gauche du rachis cervical aussibien tout de suite après le traitement que 15 joursplus tard.

Par ailleurs, malgré que l'analyse de la posturen'appartienne pas à notre hypothèse derecherche de départ, nous avons constaté unchangement hautement significatif sur l'améliora-tion de la posture de notre groupe expérimentalsurtout immédiatement après la première visite.Cette amélioration s'avère plus marquante sur lessujets qui présentaient au départ une typologieantérieure plutôt que sur ceux présentant unetypologie postérieure.

L'action imminente de notre intervention, aussibien immédiate qu'à plus long terme qui mérite-rait d'être soulignée et surtout sur la diminutiondes compactions des structures importantes,notamment C0, C1, C2 ainsi que la SSB.

Conclusion : En effet, la langue est une formidable structure,qui possède une complexité anatomique, embry-ologique et physiologique.

Elle peut donc être considérée par sa structure,comme un véritable bras de levier permettant uneaction directe et également à distance sur de trèsnombreuses autres structures dans le corps, quese soit osseuses, myofasciales ou liquidienneset ceci par le lien des articulations myofasciales,les membranes duremériennes, les chaînes mus-culaires et ainsi que son lien très étroit avec lachaîne centrale.

Nous pouvons constater ainsi l'action spectacu-laire, aussi bien immédiate (tout de suite après le

Tableau 02 : récapitulation des résultats d'analysedes fréquences statistiques

Amélioration immédiate suivi d'une détérioration15j plus tard

Amélioration immédiate et qui continue 15j plus tard

Amélioration conservée 15j plus tard

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traitement) que 15 jours après, sur l'améliorationdes amplitudes de rotations globales auniveau du rachis cervical. Ceci, bien que notreaction d'amélioration de mobilité, étage par étageà ce niveau vertébral se résumait surtout auniveaux C0, C1, C2 et C7, et ceci d'autant plusque cette action restait surtout immédiate et sedégradait en grande partie dans le temps.

En effet, ce résultat nous a stupéfait et nous pou-vons dire que contrairement à ce que beaucoupde gens, en particulier d'autres thérapeutes peu-vent imaginer, ce n'est pas forcément et seule-ment en améliorant la mobilité structurelle, étagepar étage (que ce soit au niveau vertébral qued'autres niveaux dans la corps), que l'on peutfavoriser la mobilité générale de ces niveaux là,mais que cette mobilité dépend surtout et enmajeure partie des libertés myofascialeorganique et liquidienne de tous les autres tis-sus qui entourent ces structures.

L'action imminente de notre intervention, aussibien immédiate qu'à plus long terme, sur ladiminution des compactions des structuresimportantes, notamment C0, C1, C2 ainsi quela SSB, (qui elles-mêmes font partie des lésionsnon physiologiques sans respect des axes), nousprouve l'importance de travailler la langue pourcorriger ces lésions, qui doivent être corrigées enpriorité avant toutes autres lésions dans le corpsselon la méthodologie de traitement ostéo-pathique qui nous a été enseigné au CEO.

D'autant plus que nous pensons que c'est par cebiais que l'on peut relancer l'homéostasie ducorps et ainsi augmenter l'amplitude et lafréquence du MRP et donc favoriser la possibilitéd'autorégulation et d'équilibre de l'individu. Cecien accord avec nos principes fondamentaux enostéopathie.

Il ne faut également pas oublier la présence dessites importants au niveau des vertèbres cervi-cales C0 à C7 à savoir :

- la présence des orifices de la base ducrâne, au niveau de l'occiput en particulier legrand trou Magnum, le trou déchiré postérieur et

le trou condylien antérieur par lequel chemine lenerf Grand hypoglosse (XII), qui comme nousl'avons vu est le nerf qui assure principalementl'innervation moteur et sensorielle de la langue.

- la présence des ganglions cervi-caux (supérieur, moyen et inférieur) du systèmenerveux autonome sympathique.

- l'existence du plexus nerveux etvasculaire cervical au niveau de la gaine vis-cérale du cou avec le passage du nerf vague (X)et le nerf phrénique qui prend naissance auniveau C3, C4, ainsi que les vaisseaux impor-tants du corps notamment les artères carotideinterne et externe, ainsi que la veine jugulaire.

- les attaches de la dure-mère auniveau du rachis cervical supérieur (C0, C1, C2-C3).

Nous comprenons donc tous, à quel point la liber-té de ces régions est primordiale sur le fonction-nement du reste du corps et justifie égalementl'intérêt incontournable de notre hypothèse derecherche.

L'action posturale de la langue sur le reste ducorps nous confirme également son apparte-nance au système crânio-sacré ainsi qu'auxchaînes musculaires.

Il faut également tenir compte des autres dimen-sions de la langue aussi bien psychologique etsymbolique, que son aspect dans les autresdomaines des médecines douces et alternatives(qui sont aussi indispensables à connaître et peu-vent nous apporter des informations supplémen-taires et intéressantes sur la signification desdiverses observations lors de nos tests et de cor-rections ostéopathiques);

- de la texture et l'enduit de la langue et sescorrespondances avec l'état de santé physique etpsychique de la personne.

- les correspondances entre les régions dela langue et divers organes viscéraux et leursatteintes pathologiques.

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Il nous semble également capital quel'ostéopathe sache qu'il agit sur un organe qui aun développement embryologique très précoce etqui a un rôle conformateur lors de l'ontogenèsehumaine.

Ceci nous justifie donc que la précocité de notreaction ostéopathique à ce niveau est primordiale,en particulier :- chez l'enfant, car les premières lésionsostéopathiques les plus fréquemment rencon-trées en rapport avec la naissance se trouve auniveau du crâne et notamment au niveau de l'oc-ciput qui, comme nous l'avons vu, a une relationextrêmement étroite avec la langue.- ceci également chez la femme enceintequi transmet son 'MRP' à l'embryon jusqu'à ceque celui-ci devienne fœtus.

Nos expériences en clinique pour la réalisation dece travail de recherche nous ont égalementamené à une constatation très intéressante àsavoir que, après la normalisation des tensionsde la langue chez nous patients, nous avonsremarqué une plus grande facilité de correctionpar d'autres techniques. Ceci en particulier auniveau crânien, vertébral ainsi que les autres élé-ments de la chaîne centrale et on aurait dit queces lésions-ci apparaissaient comme plus ''à lasurface'' et devenaient ainsi plus évidentes.

On pourrait donc dire que ce travail peut égale-ment servir comme une des techniques de

débroussaillage et peut être réalisé en prépara-tion lorsqu'un ajustement ostéoarticulaire sembledifficile à réaliser ou alors comme technique d'in-tégration à la fin d'une séance de traitementostéopathique générale.

Mais ceci en respectant le rythme et le terrain dechaque patient. En effet, en effectuant ce type detechnique, il semble que l'on accède directementau ''monde'' émotionnel de la personne et il sepeut que ce ne soit pas le moment voulu pourque ces émotions reviennent ''à la surface'', saufavec un consentement préalable du patient, et àl'aide d'un travail de l'endocrâne et par des tech-niques des ''spasmes endocrâniens'' enseignépar Ph. Druelle D.O. et si nécessaire en relationavec un psychothérapeute.

En analysant les questionnaires pré-traitements,nous avons également remarqué que la plupartdes sujets qui présentaient une forte tension auniveau lingual, étaient des individus qui rentraientdans un ou plusieurs cas suivants:- présence d'un niveau de stress quotidientrès élevé, ainsi que les chez les personnes trèsémotives, - avoir une vie sédentaire tant au niveauprofessionnel que personnel. - port des appareils de correction dentaire àl'enfance ou l'adolescence.

Enfin la réalisation de ce travail de recherchenous a permit de rencontrer d'autres acteurs dela santé, ayant pour dénominateur commun ''lalangue'' en particulier les orthophonistes et lesorthodontistes.

En effet, après les discussions intéressantes quenous avons eu avec ces thérapeutes, nous avonsdéduit un objectif commun particulièrementrecherché entre ces différentes thérapies et enaccord avec l'ostéopathie, à savoir retrouver uneposition linguale la plus ''physiologique'' (normale)sur nos patients pour redonner à la langue sesimportantes fonctions et réduire ainsi les prob-lèmes. Par exemple de phonation, de succion-déglutition, de dyspraxies linguales ainsi que desproblèmes de l'articulation temporo-mandibulaire(ATM) responsables en grande partie des mal-

Figure 06 Correspondances viscérales des diversesrégions de la langue selon la médecine chinoise, J-M.Tardif, tiré du polycopié Les séminaires Bio Lonrecoinc

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occlusions dentaires chez les enfants et donc parce fait réduire, voire éviter le port des appareil-lages lourds et contraignants.

Ainsi nous avons eu la confirmation de l'impor-tance des échanges d'informations et d'un travail''d'équipe'' et d'utilisation d'un langage commungénérateur d'une meilleure compréhensionmutuelle, permettant l'optimisation de soins denos patients.

La réalisation de cette recherche nous a égale-ment permis de mieux approfondir cet organe etla confirmation de son étendue d'action nousamène alors à l'intégrer de plus en plus dansnotre pratique quotidienne.

Nous espérons ainsi que ce travail puisse être auservice de nos confrères et de nos consoeurs etleur donner également le goût de prolonger etde raffiner cette étude pour qu'elle continue detrouver une plus grande place dans '' l'universde l'ostéopathie ''.

'' La vie, c'est comme une bicyclette, il faut tou-

jours avancer pour ne pas perdre l'équilibre''

Albert Einstein

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11. TARDIF JM. : ''Tire la langue pour voir!'',Les séminaires homéopathiques Bio-Lonreco inc,

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Par Par Robert Rousse D.O.Robert Rousse D.O.

orsque j'enseigne le cours sur les Techniques Ostéopathiques d'Urgence Fonctionnelle

et que parle de l'utilisation du principe fonctionnel(mise en position d'équilibre dans l'aisance) etde celui du principe structurel (mise à la barrièremotrice) et la façon dont on peut combiner les dif-férents paramètres de test, certains dans l'ai-sance et d'autres à la barrière, je parle égalementdes fuites, c'est-à-dire de la manière dont lecorps cherche toujours à compenser le blocaged'un paramètre, ou d'une direction pour s'échap-per sur un autre paramètre ou dans une autredirection.Invariablement, la même question m'est posée :"Quand est-ce que tu bloques la structure etquand est-ce que tu la laisses aller ?"

C'est effectivement une bonne question àlaquelle je vais m'efforcer de répondre dans cetarticle, tant il est vrai que nous sommes confron-tés quotidiennement à ces deux possibilités lorsdes traitements de nos patients.

En effet, plusieurs cas de figure se présentent :

1) Certaines fois, nous allons enclencher un tra-vail fluidique, notre main va être emportée par lestissus et on se dit: "Ça y est, le corps est en trainde se corriger tout seul" notre main effectue uncertain circuit, puis revient à son point de départ,et recommence le même circuit, encore et encore!Dans ce cas, on ne peut pas, à proprement par-ler d'une correction. Je dirais plutôt que le prati-cien est en train de se faire " balader" par les tis-

sus qu'il a sous la main.On est alors en mesure de se demander

pourquoi, ce qu'on croyait avoir corrigé ne tientpas?

2) D'autres fois, on se heurte, d'emblée, à unbloc.

Rien ne bouge, rien ne s'affiche, le patientsemble avoir été pétrifié lors de la dernièreglaciation! Le praticien se trouve devant un "coffre-fort ". Onperçoit bien qu'il y a des tensions, des restric-tions, des zones qui ont besoin de nos services,mais en fait, globalement, c'est un bloc hermé-tique. Où est donc la priorité de traitement, dansce cas-ci ? Corriger des lésions (car on va forcé-ment en trouver), ou essayer d'ouvrir le "coffre-fort " pour voir ce qu'il y a à l'intérieur?

SScchhéémmaa 11 :: ""LLee ccooff ff rree -- ffoorr tt "" gglloobbaa ll ..

3) D'autres fois, on détermine l'endroit de larestriction, on amène tous les paramètres à labarrière motrice et on s'attend à une libération,qui vient ou qui ne vient pas d'ailleurs!La question qui se pose alors est la suivante:”Pourquoi dans certains cas, ça marche, etdans d'autres cas, ça ne fonctionne pas? "

Journal L’Ostéopathie... précisément 19

ALORS,.....…ON CORRIGE EN FONCTIONNEL OU EN STRUCTUREL?………ET POURQUOI PAS AVEC LES DEUX ! ET

EN PLUS, EN MÊME TEMPS !?!?!?!

LL

Page 20: journal décembre 2003 # 12

On se dit que, si l'on arrive à répondre àcette question, on aura une idée un peu plus pré-cise de la façon dont le corps fonctionne. Et bienjustement, la pratique nous montre qu'il faut pren-dre le problème à l'envers! Comprenons, d'abord,comment le corps fonctionne et nous saurons,ensuite, pourquoi ça marche ou ça ne marchepas.Pour cela, il nous faut :

- comprendre le système d'hypo et d'hy-per mobilité,

- puis comprendre à quoi servent lestests et la façon de s'en servir,

- puis utiliser la qualité de la réponsetissulaire à une demande de compression /décompression (distraction),

- et enfin, associer les 3 pour trouver lacohérence qui conduit à telle ou telle réponse tis-sulaire.

- le concept d'hypo et d'hyper mobilité.- le concept d'hypo et d'hyper mobilité.

Si l'on a un peu de mémoire, on devrait sesouvenir du premier concept Ostéopathiqueinculqué lors de nos cours de première annéed'études Ostéopathiques.

On nous a parlé de la lésion, du point deralentissement, du fait que l'un n'existe pas sansl'autre et réciproquement, et que lorsque l'on cor-rige la lésion, le point de ralentissement dis-paraissait. On a d'ailleurs pu vérifier que, trèssouvent, ce n'était pas vrai, et qu'à ce moment-làon était obligé d'aller dégager celui-ci, manu mili-tari, et donc d'utiliser une technique directe sur cepoint pour, croyait-on, le corriger.

Et là encore, on s'est aperçu que, trèssouvent, et bien, ça ne tenait pas, et qu'il y avaitrécidive! Donc, conclusion logique, on avait bienlibéré la structure, mais on n'avait rien corrigédu tout, la preuve : le blocage revenait !Vous savez, les patients du genre: " J'ai unedouleur entre les omoplates, c'est ma D4 quis'est encore déplacée, je le sais parce que c'estmon Ostéopathe (ou mon Chiropraticien) qui mel'a dit. C'est toujours la même vertèbre que jedois me faire "corriger" toutes les 6 semaines, etce, depuis des années!"

Quand j'entends cela, personnellement,j'ai un problème de compréhension du processusthérapeutique utilisé et surtout des concepts donton s'est servi pour effectuer la "correction".Comment, une vertèbre que l'on passe son tempsà "corriger" régulièrement a-t-elle l'outrecuidancede se remettre en lésion"over and over"au nez età la barbe du thérapeute ? Je crois que laréponse s'impose d'elle-même et pour plagier unfameux agent secret de sa très gracieusemajesté, la reine d'Angleterre: "Libérer n'est pascorriger"

En réalité, lorsque l'on s'approche un peuplus prés du point d'accrochage et que l'on teste,localement, ce qui se passe à ce niveau, c'est-à-dire qu'on teste la position et l'orientation despièces sues et sous-jacentes qui le compose, ontrouve, le plus souvent, un cisaillement entreelles.

En fait, à partir du moment où l'on a déter-miné le point d'accrochage (marquant le point derésistance au mouvement), il y a : ce qui est au-dessus de ce point et ce qui est au-dessous delui ; comme 2 cônes qui se rejoindraient par leurpointe.

La question qui se pose maintenant est desavoir si nous avons affaire à un simple "étran-glement au niveau de cette rencontre entre les 2pointes ou s'il y a un véritable cisaillement entreelles.

SScchhéémmaa 22 :: LLee DD iiaabboolloo nnoorrmmaall (( ll eess ppooiinntteessssoonntt eennccoorree aa ll iiggnnééeess)) ..

Si les pointes des cônes ne sont plus en facel'une de l'autre, nous pouvons en déduire qu'il y aun système lésionnel imprimé dans le point deralentissement lui-même!!!

20 Journal L’Ostéopathie... précisément

Page 21: journal décembre 2003 # 12

SScchhéémmaa 33 :: LLee DD iiaabboolloo ffaa ii ll ll éé (( ll eess ppooiinntteess nneessoonntt pp lluuss aa ll iiggnnééeess))

Mais les différentes possibilités seront étudiéesplus loin.

On comprend mieux, ainsi, pourquoi ens'évertuant à libérer la jonction des 2 pointes decônes qui ne sont pas alignées, les structures quis'appuient sur cet endroit pour faire leur mouve-ment sont obligées de se remettre dans une posi-tion lésionnelle particulière, et toujours la mêmeau bout de quelque temps, d'où la récidive.On enlève bien la restriction, mais enaucun cas on ne déprogramme le sché-ma lésionnel inscrit au niveau du pointde ralentissement.

"Alors, qu'est-ce qu'un pointde ralentissement ?" En fait, ce n'estrien d'autre qu'une zone qui est ralentie,donc qui a perdu de la mobilité, doncune zone d'hypo mobilité. "Oui, mais sile corps perd de la mobilité à un endroit,il lui faut absolument la compenser enaugmentant la mobilité ailleurs pourréussir à effectuer le travail globalementdemandé." "Mais augmenter la mobilitéquelque part déséquilibre le systèmeentier en créant un système lésionnelen hyperactivité,………………….. Ainsinaît la lésion adaptative.""Mais alors, qu'est-ce qu'une lé-sion ?" Et bien, en fait ce n'est rien d'autrequ'une zone d'hyper mobilité, du moins…………...au début, mais ceci est une autre histoire.

En fait, c'est une fuite du corps, car blo-quer un ou plusieurs paramètres au sein d'unelésion l'oblige à trouver une solution de rechange."Alors, peut-on dire qu'une lésion, c'est en faitune fuite réactionnelle du corps ? ""Oui, c'est à peu près ça."

Ceci, bien entendu, n'incluant pas leslésions traumatiques.

- les tests, et surtout le test de compres- les tests, et surtout le test de compres--sion / décompression (distraction).sion / décompression (distraction).

Comment découvre t'on quelles sont leszones en hypo mobilité et celles en hyper mobili-té, et comment fait-on pour remettre de l'ordredans la maison corporelle ? Tout simplement, enutilisant les tests mis à notre disposition.On sait que l'on dispose:

- Pour connaître la position d'une piècedans l'espace de 3 tests linéaires: Haut/ Bas,Gauche/ Droite, Avant/Arrière. En fait, pratique-ment, il y a:-La compression/ décompression (distraction), etles 2 glissements (cisaillements) contenus dansle plan perpendiculaire à l'axe compression/décompression.

SScchhéémmaa 44 :: AAxxee ccoommpprreessss iioonn// ddééccoommpprreessssiioonn((ddiiss tt rraacctt iioonn)) ssee lloonn ll '' aarr tt ii ccuullaa tt iioonn..

Par exemple:- Pour les vertèbres, l'axe de compression/ dis-traction sera le paramètre Haut/ bas, les cisaille-ments seront Avant/Arrière, Gauche/ Droite.- Pour une articulation Sacro-iliaque, l'axe decompression/ distraction sera Gauche/droite, lescisaillements seront: Haut/ Bas, Avant/Arrière.- Pour une Articulation Sphéno basilaire, l'axe decompression/ distraction sera Avant/Arrière, les

Journal L’Ostéopathie... précisément 21

SymphyseSphéno-Basilaire

(Crâne)

Articulation Sacro-Iliaque(Bassin)

Articulation InterVertébrale(Colonne)

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cisaillements seront: Haut/Bas (vertical strain) etGauche/ Droite (latéral strain).

-Pour connaître l'orientation de cettemême pièce dans l'espace, nous disposons de 3tests curvilignes: Anté flexion/ Post flexion,Latéroflexion G et Dte, Rotation G et Dte.Si l'on combine les deux: position et orientationnous donnent la POSTURE de la pièce.En fait, en pratique, on s'aperçoit que le plusimportant c'est le fameux test de compression/décompression axiale.

C'est lui qui, le long de l'axe central (ducorps, par exemple), va nous donner le niveaude la restriction lorsque lors des mouvementsde compression / décompression (distrac-tion), le mouvement va être stoppé à un cer-tain étage, en compression ou (et) en décom-pression (distraction).

- la réponse tissulaire au test de com- la réponse tissulaire au test de com--pression /décompression (distraction).pression /décompression (distraction).

Il s'agit maintenant d'analyser la réponseque fournissent les tissus à l'une et à l'autre dessollicitations en compression et en distraction.La réponse palpatoire est-elle la même dansles deux cas ? C'est, je pense, la réponse laplus importante qu'il m'a été de découvrir, pra-tiquement parlant, car elle débouche directementsur l'installation du système de correction sansavoir à se poser de questions existentielles!

- La réponse en distraction:

Le plus souvent elle est linéaire, c'est uncâble attaché à un mur par un crochet. Le câblenous donne la direction de l'accrochage, il nousreste à déterminer à quelle distance du mur on setrouve, c'est-à-dire quelle est la longueur ducâble qui nous relie à la résistance pour trouverla relation lésionnelle qui existe entre nous et lemur ou plus concrètement entre la pièce que l'onteste et celle qui nous empêche d'aller dans ladirection testée.

Dans ce cas, il nous suffit de décrocher lecâble du mur pour rompre cette relation lésion-nelle. Nous avons bien affaire à un systèmelésionnel qui peut être "corrigé" aisément, je

dirais même: "classiquement".

- La réponse en compression:C'est à ce moment que la réponse est intéres-sante, car elle est généralement complètementdifférente. En effet, la résistance en compressionest rarement linéaire, mais plutôt volumétrique;le mouvement demandé vient buter sur un volu-me dense qui ne nous laisse pas traverser." Est-ce une lésion? Et bien non, justement! "Et c'est là que se situe le problème pour bonnombre de praticiens. On vient juste buter sur la densification réac-tionnelle au problème posé au corps à cetendroit!

"Mais quel problème le corps est-il obligé decamoufler?"

Et bien, le plus souvent, il s'agit d'uncisaillement. Et comme le corps ne peut pasaccepter ce cisaillement sans réagir, tout spé-cialement s'il est latéral (à cause de la perte desymétrie) car il est cause d'instabilités, il fabriqueune coque dense tout autour de celui-ci, et hop,le tour est joué, c'est comme s'il n'existait plus, lesystème est stabilisé et tout le monde est con-tent! Tout le monde? Non, pas tout le monde. Pasla vitalité, en tout cas, car cette zone densedevient une zone d'hypo mobilité qui va deman-der une compensation en hyper mobilité quelquepart ailleurs dans le corps.

Mais comme celui-ci ne peut pas accepterune zone en état inflammatoire permanent, il va,dans un deuxième temps, transformer cette zonehyper mobile en zone hypo mobile en créant unegangue réactionnelle qui cimente et doncimmobilise cet étage. C'est ce que j'appelle lemini COFFRE FORT local. Cette zone d'hypomobilité va, à son tour demander une adapta-tion en hyper mobilité ailleurs dans le corps, etainsi de suite.

Encore une fois, le processus d'adaptationest lancé, et ce, jusqu'à ce que le corps ne trouveplus de solution de rechange, c'est à ce moment-là que se déclenche le symptôme. Mais, celaaussi est une autre histoire…..

Dans ce cas, il ne s'agit pas de corrigerune "lésion" mais bien de faire fondre cettedensité réactionnelle, autrement dit, d'ouvrir "le

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Coffre-fort " pour avoir accès au système lésion-nel qui est enfermé à l'intérieur.

Lorsque ceci sera réalisé, il sera accessi-ble et donc temps de le corriger. Mais quellelogique est-ce là que de vouloir corriger quelquechose qui est non seulement inaccessible, maisen plus inconnu puisqu'on ne peut savoir ce qu'ily a dans le coffre avant de l'avoir ouvert!

Ainsi, la mise en place d'un système de"correction" ne peut pas être identique dans ces 2cas de figure puisque le but à atteindre n'est pasdu tout le même.

Voyons donc comment on peut procéder pourrésoudre le double problème qui se pose à nous.

a) Résistance à la décompression (dis-traction).

Rappelons-nous qu'il s'agit d'unaccrochage ponctuel au bout d'une résistancelinéaire. Pour faire simple, on supposera que lacompression est facile.

Nota: On peut très bien avoir une résistance àla distraction à un certain niveau (par exempleau niveau de la charnière dorso lombaireT12/L1) et un barrage en compression à unautre niveau (T3/T4 par exemple) lors du testde glissement céphalique/caudale de l'axedure mérien réalisé à partir de la tête. Celasignifie simplement qu'il y a deux systèmeslésionnels sur l'axe central, un montant et undescendant, et donc qu'il faudra en placedeux corrections (en commençant par le sys-tème lésionnel le plus gênant pour le corps,par exemple).

On a donc un paramètre en S (à la bar-rière). Et comme son nom l'indique, ceci permetde déterminer l'endroit où se situe l'accrochagequi gêne le mouvement en distraction.

Ainsi, ce test nous dit non seulement qu'ily a une lésion en compression (puisqu'il est faciled'y aller et que c'est difficile d'aller dans le sensde la décompression), mais en plus il nous donnele niveau de l'accrochage, puisque la résistanceen décompression nous permet de localiser l'en-droit de l'accrochage. Ainsi, venons-nous dedécouvrir le lien lésionnel qui relie 2 structures

entre elles, et qui, logiquement, ne devrait pasexister.

On a donc en main toutes les informationsnécessaires pour enclencher une correction,enfin, presque toutes. En effet, il y a encore 5paramètres qui n'ont pas été testés! On a la pos-sibilité de corriger cet accrochage en structurel etde voir ce qui arrive. Mais si la curiosité nousprend de savoir ce qu'il en est des 5 autresparamètres que l'on a, volontairement, laissés decôté, alors on peut, peut-être, les tester !

Le problème dans les tests c'est de pou-voir effectuer un test qui soit le plus pur possible,c'est-à-dire sans que les autres interfèrent surcelui que l'on est en train de tester.Car commentsavoir, à l'avance s'il n'y a pas, d'avance, unparamètre lésionnel sur les autres paramètres ?

“Alors, comment faire pour éviter ce biais?”

Le problème est, ici, que l'on a déjà unparamètre à la barrière ! et donc une tension préinstallée. Si l'on veut avoir un système de testsparfait (?, presque parfait), il suffit de tester le 1erparamètre: compression/décompression (distrac-tion), de le mettre à son point neutre de lésion(dans le sens de la lésion), jusqu'à ce que l'onsente un silence tissulaire = équilibre tensionnelparfait.

À partir de ce point d'équilibre, de testerles deux paramètres de cisaillement (situés dansle plan perpendiculaire à l'axe de compression/distraction) en prenant soin de toujours resterau neutre sur les paramètres précédemmenttestés avant de tester les suivants.

On obtient, ainsi, la sommation de pointsd'équilibre sur 6 paramètres (6 F= fonctionnel tridimensionnel); ce qui nous indique la posturedans laquelle se trouve la pièce dans l'espace.

Dans certains cas, la déprogrammationlésionnelle se fait au bout de 90 secondes et toutrentre dans l'ordre.

Parfois, cela ne suffit pas, on passe alorsà l'étape suivante, mais, nous en reparlerons plustard, dans le résumé de la méthodologie.

b) Résistance à la compression.Rappelons nous que, cette fois ci le pro-

blème à résoudre est différent.On bute sur une

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sphère dense qui ne se laisse pas traverser : unvéritable "Coffre fort".

La première chose àfaire,………………….. c'est d'oublier les tests!

En effet, quelle est l'utilité de tester lesmouvements d'une structure qui est densifiée?Quelle en est leur valeur?

Le deuxième point, c'est de ne pas oublierde penser : GLOBAL. Je veux dire par là, qu'ona affaire à un volume dense plus ou moins impor-tant. Il ne s'agit pas d'un point bien localisé etprécis comme dans le cas précédent.

Le troisième point, enfin, c'est qu'on neparle pas de lésion. Il n'y a donc rien à corriger,la priorité est de faire fondre une densité, d'ouvrirun coffre fort, car une ou plusieurs lésions sontcachées à l'intérieur.

"Mais comment faire? Quel principe doit-onutiliser ?""Sans aucun doute: le 6S "."Mais qu'est-ce que c'est que le 6S ?"

SScchhéémmaa 55:: PPoossii tt iioonn ddee ""CCoonnffoorrttTTiissssuu llaa iirree""

Nous avons vu, précédemment, que lasommation des points d'équilibre des 6paramètres nous donnait la posture de la piècetestée.

Mais en aucun cas sa relation lésionnelleavec une quelconque autre structure et pour labonne et simple raison: il n'y a plus aucune ten-sion dans quelque direction que ce soit.

La pièce "flotte" littéralement dans l'es-pace, elle est bien; exactement comme le bébéqui s'endort alors qu'il est complètement tordu surlui-même dans une position, oh combien incon-fortable pour nous, mais si confortable pour sestissus.

La seule solution pour déterminer la rela-tion lésionnelle est de retrouver une tension. Il suffit donc d'inverser les tests, de passer de l'ai-sance à la barrière motrice (donc d'aller dans lesens de la correction), de s'arrêter à cette bar-rière et de faire cela avec des différentsparamètres. On se trouve alors en 6S (structureltri dimensionnel).

Bien, il faut se souvenir maintenant quel'on vient d'installer une terrible contrainte tridi-mensionnelle globale au corps.

Que va-t-il faire? Accepter, sans rien dire,réagir, et de quelle manière?

Rappelons-nous, à ce propos, le principed'hypo et d'hyper mobilité énoncéeplus haut, mais appliquons-le d'un système à unautre, au lieu de l'appliquer d'un endroit à unautre. Le corps est une mécanique, certes, maisdouée de vie. Il utilise donc ces deux facteurspour exister.

La MOBILITÉ et la VITALITÉ: si onbloque l'un (on le met donc en hypo activité), lecorps va compenser en exagérant l'autre (hyperactivité).Or mettre tous les paramètres à la barrièrerevient à empêcher la mobilité de s'exprimerce qui va obliger le corps à s'exprimer auniveau de la vitalité.

C'est tellement simple, car en fait, nousne faisons qu'utiliser les mêmes principes dont ilse sert quotidiennement pour survivre à toutessortes de stress.

Ce que l'on va sentir dans les mains est,tout d'abord, un gros dégagement de chaleur,puis une fonte de la densité, puis le rythme quirevient dans les tissus et enfin la porte qui s'ou-vre à la demande de compression sur laquelle on

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butait depuis le début lors du test de compressionaxiale."Voilà, on vient d'ouvrir le coffre-fort ! Etmaintenant ?""Et bien, on reteste, bien sûr !"On refait la compression: "Ça passe", c'estsuper !"On refait la distraction! "Zut! maintenant çacoince en décompression !"On vient de retomber sur le cas précédent.La résistance à la traction nous objective leniveau de l'accrochage, et nous avons déjàétudié le cas où en utilisant le 6F on obtenait unecorrection.Étudions maintenant le cas où ça ne marche pasavec le 6F.

c) Correction impossible de la résis-tance à la décompression axiale (distraction).

On se trouve déjà en 1S, puisque la résistance àla distraction s'est focalisée en un point précisque l'on a localisé. Schématiquement, commenous l'avons vu précédemment, nous avonsaffaire à deux cônes, un supérieur et un inférieur.Nous avons aussi 5 paramètres que nous avonslaissés de côté tant pour le cône supérieur quepour l'inférieur.

"Qu'est ce qu'on va bien pouvoir en faire ?"Lorsque la correction est impossible cela

signifie, la plupart du temps, que le point où serencontre les 2 pointes de cônes est faillé. Lespointes ne sont plus l'une en face de l'autre.C'est la raison pour laquelle: "Libérer n'est pascorriger".

Il nous faut donc savoir, très précisément,ce qui se passe à cet endroit là, donc vérifierl'alignement des pointes de cônes.

En gardant la décompression axiale (dis-traction) (car c'est elle qui nous a permis dedéterminer l'endroit de la résistance), nous allonsscanner le plan perpendiculaire à cet axe decompression/ décompression (distraction) demanière à déterminer s'il y a un cisaillementantéropostérieur ou latéral (gauche\droite).

c-1) -Si les pointes sont alignées: =>On peut utiliser le 1S-5F.

Nous avons déjà repéré celui des 2 cônesqui était le plus mobile. Renforçons l'appui dumoins mobile, en mettant ses 5 paramètres à labarrière (5S). Puis, faisons tourner le cône leplus mobile dans le sens de la facilité (5F), etvoyons s'il se corrige. S'il ne le fait pas, il nousreste la solution de mettre, également, tous lesparamètres du cône le plus mobile à la barrière(5S). Dans ce cas, il faut bien comprendre quel'on aura installé un blocage montant au départ(cône le moins mobile), sur lequel on a rajouté unblocage descendant (cône le plus mobile).

Il n'y a plus aucune possibilité de mouve-ment entre les deux cônes, nous n'avons doncplus 2 cônes, mais une unité qui les englobetous les deux.

Pratiquement, cela signifie qu'il est main-tenant hors de question de bouger une main parrapport à l'autre. S'il y a mouvement (commenous le verrons plus loin), les 2 mains devrontautomatiquement se déplacer ensemble, souspeine de détruire immédiatement les deuxblocages installés précédemment.

De plus, nous ne cherchons plus à libérerune structure (en l'occurrence le point de rencon-tre de ces 2 cônes, mais à régénérer cette zonequi est très dense.)

La finalité n'est donc pas la même. On necherche pas à récupérer de la mobilité, mais dela vitalité.

c-2)- Si les pointes ne sont pasalignées: => On doit utiliser 6S

Le point d'accrochage est faillé: les pointes descônes ne sont plus en face l'une de l'autre, larégion est donc instable, le corps a été obligé deconstruire une coque autour de cette instabilitépour la stabiliser. C'est "un petit coffre fortlocal" qui est installé.C'est à ce moment que l'oncommence à saisir la différence entre libérer etcorriger.

Nous n'avons à ce moment-là qu'uneoption: ouvrir le petit coffre fort ce qui nous per-mettra d'accéder au cisaillement enfermé à l'in-térieur, et donc, de pouvoir le corriger.

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SScchhéémmaa 66:: LLeess dd ii ff fféé rree nnttee ss ééttaa ppeess dd '' iinnssttaa ll llaa tt iioonn dduu bbaarr rraaggee llooccaall ..

Rappelons-nous que le fait de bloquer,tri dimensionnellement, la mobilité oblige lecorps à utiliser la vitalité; ce qu'il va faire enfaisant fondre la densité locale et ainsi permettred'ouvrir le coffre fort.

Lorsque les blocages montants et descen-dants sont installés, nous allons faire inspirer lesujet. Deux cas de figure peuvent, alors, seprésenter:

- soit 100% de la tension mise dans lestissus, par la respiration, arrive dans lesmains du praticien.Le système est alors parfaitement installé, toutela puissance arrive au bon endroit et la libérationsuit très vite.

- soit il n'en reçoit qu'un certain pour-centage (40%, 50%, 60%, etc..)Cela signifie qu'il y a une fuite quelque part. Elle

ne peut pas être locale (entre les deux cônes),puisque tous les paramètres sont à la barrière auniveau local.

Le problème se situe au niveau global,entre l'unité (formée par les 2 cônes), et le restedu corps. Si nous voulons que tout le travail sefasse à l'endroit qui en a besoin (au niveau de larencontre des pointes des cônes) et non un petitpeu partout, il faut supprimer cette fuite.

"Comment faire ?"

Il suffit de tester l'unité par rapport aucorps et le corps par rapport à l'unité de façontridimensionnelle (en position et en orientationpour chacun des deux).

Là encore, si on fait les tests complets,ceci signifie que l'on fait la sommation des pointsneutres de chaque paramètre, ce qui nous donnela position et l'orientation de l'unité par rapport aureste du corps et réciproquement.

Mais le problème ici est différent car nousvoulons renvoyer toutes les forces mises en jeupar la respiration au niveau de la rencontre despointes des 2 cônes. Il faut donc simplementoublier les tests et placer l'unité à la barrière (àl'opposé des tests = en 5S) sur le reste du corps(blocage descendant global) et le corps à la bar-rière (en 5S) sur l'unité (blocage montant global).

Ainsi, on obtient un double blocage localet global. Lorsque le sujet va inspirer, cette fois-ci, toute la tension des tissus va se focaliser àl'endroit où se rejoignent les cônes (c'est laréférence absolue qui nous indique que lesystème est parfaitement installé. Le douten'est plus possible, les tissus nous disent quec'est ICI, et seulement ICI que tout le travaildes forces internes du sujet se focalise).

On va sentir un dégagement de chaleur,puis une fonte de la densité à ce niveau, puisenfin le rythme qui revient dans l'ensemble destissus et enfin la libération locale.

La beauté de ce système réside dans le

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fait qu'en récupérant leur vitalité, les tissusrécupèrent également leur mobilité, et ce, tri-dimensionnellement !

La structure est non seulement libre maisen plus elle est corrigée puisque le systèmelésionnel inscrit au niveau de la zone dense a étédéprogrammé.

Ainsi peut-on faire, dans le pire des cas(patient monobloc):

- du structurel global total (6S global),puis quand la densité générale a fondu,

- du fonctionnel total (6F global) quinous permet de déterminer la posturegénérale du corps,

- puis de faire un test de compression /décompression (distraction) axiale qui vanous donner l'endroit de l'accrochage quimaintient la posture,

- de le garder à la barrière (1S local),tout en restant dans la posture globale (6Fglobal)

-et d'organiser, si besoin est, un struc-turel local total (6S local: 1S+5S) à partir des 2cônes, pour libérer et corriger le barrage localet ainsi permettre à la posture générale ducorps de se dégager.

EN RÉSUMÉ…….

1)- Essayer de régler le problème 1)- Essayer de régler le problème du facteur du facteur

"PEUR""PEUR"

- Le stress se localise au niveau Dorso /Lombaire dans la zone surrénalienne.- Les tissus réagissent à la moindre sollici-tation, surtout si l'on va dans la facilité (dans laposture lésionnelle en hyper extension decolonne).- Il fautdonner uncadre à lastructure, àl'inverse dela posturepour que lapousséeinterne viennedégager lessurrénales.Donc mettre le sujet replié en avant, un appuisous le ventre ce qui renvoit la poussée dans lazone D/L.

La structure est bloquée : Résistance enLa structure est bloquée : Résistance enCompressionCompression

2)- "Ouvrir le Coffre fort"2)- "Ouvrir le Coffre fort"

- On bute sur une sphère dense, ou sur unbloc: Le "coffre fort" global.- La densité est globale- Finalité: ouvrir le "coffre fort" pour voir cequ'il y a à l'intérieur.- Moyens:Utiliser le 6S global.(Structurel tri dimen-sionnel)- Résultat: Le"Coffre" est ouvert, ladensité a diminué, lecorps est prêt àafficher sa posture - Ensuite: =>Voir cas: La structureest libre

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La Structure est libre: La Structure est libre: 3)- Retrouver la posture3)- Retrouver la posture

- Soit, la structure affiche sa posture touteseule.- Soit, on va la chercher. Finalité: Trouver dans quelle position et dansquelle orienta-tion (=>Posture) setrouvaient lestissus aumoment où ilsont ététouchés par lestress.Moyens:Utiliser le 6Fglobal.( fonctionneltridimensionnel)Résultat: Les tissus sont dans une position de"confort" lésionnel (une non-tension tridimension-nelle)

Nous avons la posture: maintenant il nous fautsavoir ce qui la maintient!

4)- Localisation de la zone d'accrochage4)- Localisation de la zone d'accrochage

- Finalité: Trouver,sur l'axe long du corps,l'endroit qui fait barrage aumouvementcéphalique/caudale del'axe central.- Moyens: Scannerl'axe central enCompression/Distraction etgarder celui qui offre une résistance au mouve-ment: 1S.- Représentation schématique des 2 cônes.

5) Que faire avec les 5 paramètres5) Que faire avec les 5 paramètresrestants ?restants ?

1)-Correction du "Diabolo".

Faire flotter le cône supérieur (5F) et lecône inférieur (5F), en conservant toujoursle paramètre sur l'axe longitudinal à la bar-rière (1S).Faire respirer le sujet: Est-ce que la vrille

entre les 2 cônes se défait, libérant le point d'ac-crochage?

Si la réponse est OOUUII: c'est fini.Si c'est NNOONN: le point d'accrochage est

probablement faillé!

2)- Trouver le cisaillement :

Finalité: trouver le système lésionnel au niveaudu oint d'accrochage.En testant, à partir de la résistance à la distrac-tion (qui matérialise le niveau de l'accrochage) leglissement antérieur, postérieur, gauche et droit

28 Journal L’Ostéopathie... précisément

Cône Supérieur Cône Inférieur

Cône Supérieur Cône Inférieur

1S

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et garder le cône (qui fait la lésion sur l'autre) à labarrière sur ce paramètre.Moyens: Fixer auparavant le cône le plus rigide(5S) pour donner un point d'appui solide à l'autre.Ex: fixer le cône supérieur (5S), et positionner lecône inférieur en 2S (distraction + cisaillement).Faire respirer le sujet: Résultat: Y a-t-il correction?Si la réponse est OOUUII: c'est fini !Si c'est NNOONN: c'est que le cisaillement est installédepuis longtemps. Il y a un mini "coffre fort" (den-sité réactionnelle) installé(e) sur le cisaillementpour masquer l'instabilité de la zone concernée.

3)-Ouvrir le mini "coffre fort"

Finalité: supprimer la densité qui masque lecisaillement pour y accéder et ainsi pouvoir lecorriger.Moyens: Le cône supérieur est déjà en blocage(5S), mettre le cône inférieur en blocage (5S), +1S (distraction qui est toujours installée)

Faire respirer le sujet.Résultat: Y a t'il dégagement de chaleur, fontede la densité, redémarrage du rythme global, puislibération-correction de l'accrochage?Si la réponse est OOUUII: c'est fini !Si c'est NNOONN: Ce n'est plus un problème pur destructure.

4) Shift structure-liquides:Finalité: Trouver le système lésionnel entre lastructure et la masse liquidienne corporelles.Moyens: Vérifier la masse liquidienne corporelletotale par rapport à l'enveloppe et ce, tri dimen-

sionnellement, en appliquant les mêmes principesque précédemment.Résultat: Y a t'il correction?Si la réponse est OOUUII: c'est fini !Si c'est NNOONN: Passer au niveau du corps flui-dique par rapport à la structure.

5) Shift fluides-structure-liquides:Mais c'est une autre histoire………………………

Bonne route à toutes et à tous, prenezdu plaisir à jouer avec les tissus, car, croyezmoi (mais ne le répétez à personne, car c'estun secret), ils adorent jouer avec nous………

Journal L’Ostéopathie... précisément 29

5S

cône supérieur: 6s+

cône inférieur: 6s

1 Unité forméepar les 2 cônes

Cône Supérieur Cône Inférieur “Ici,” dit l'ostéopathe,“on peut observer lacause des perturba-tions biliaires.

Ici, ici et ici, tous desendroits où les

racines nerveuses quittent le canalvertébral pour innerver le foie et les vais-seaux sanguins qui apportent la vie et lefonctionnement de ces organes. Coupezcet influx nerveux, en coupant les racinesnerveuses et ces organes vont mourir ;provoquez une perturbation de ces influxnerveux en créant une irritation de cesracines et les organes ne feront pas bienleur travail ; il y aura des changementsdans la quantité et la qualité de l'apportsanguin et perturbations des sécrétionsfournies au reste du corps.”

Extrait de osteopathy in Chronic Cases

Auteur inconnu.

RéflexionsRéflexions

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Curiosité scientifiqueCuriosité scientifiqueLa cause du hoquet

Savez-vous que la science s'in-terroge toujours sur la cause duhoquet ?

Il y a bien toute cette liste de ma-ladies ou tumeurs qui peuventirriter le diaphragme ou le nerfphénique lui-même, lesreflux acides de l'estomacdans l'œsophage ou unevariété de lésions neu-rologiques centrales.

Mais dans la vie courante, le hoquet sans causeapparente, à jeun ou après avoir trop mangé nepeut être attribuable qu'à une dilatation de l'estom-ac.

Et encore ce n'est en fait qu'une spéculation le plussouvent improuvable. Selon les chercheurs lemécanisme du hoquet est quand même intéressantà analyser. Certains précisent qu'il s'agit d'une " convulsion " du diaphragme où l'œsophagepénètre la partie supérieure de l'estomac.

Le diaphragme et tous les muscles inspiratoires(les intercostaux, les muscles cervicaux tels lesscalènes) se contractent soudainement et répéti-tivement. Les muscles expiratoires sont simultané-ment inhibés. Instantanément les cordes vocales seresserrent pour provoquer le " hic " typique. D'où leterme anglais " hicup ".

Et juste avant la contraction du diaphragme, levoile du palais et l'arrière de la langue remontent,provoquant parfois un rot. Le rythme cardiaqueralentit un peu. Le phénomène peut ne durer quequelques minutes, parfois quelques heures.

Ces observations laissent supposer que quelquepart dans le cerveau, il y aurait un foyer générateur.Y aurait-il un circuit spécifique pour le hoquetcomme ceux du réflexe respiratoire, de la toux, dela marche. Comme le phénomène se reproduit à uncertain rythme, il y doit y avoir un certain oscilla-teur, générateur de fréquence, qui commande le

hoquet.Le hoquet se retrouve même chez les animaux ettrès souvent détecté chez le fœtus humain par lesultrasons.

Que pouvons-nous apporter de plus avec nos con-naissances anatomiques à la lumière du conceptostéopathique ?

La médecine

En ostéopathie, où on cherche toujours la causemême quand toutes les explications semblentépuisées, certains praticiens ont pu obtenir unsoulagement du hoquet en explorant les dysfonc-tions au niveau D10-12, les piliers du diaphragme ;ou encore D2-D3. En médecine traditionnelle chi-noise, on décrit un point spécial :

-en paramédian gauche au niveau de l'ap-pendice xiphoïde ; d'autres points sont utilisés à lapointe inférieure de l'omoplate sur le méridien de lavessie.

Acupuncture

VB 24, Pt Héraut de la vésicule biliaire sur la lignemammelonnaire, vers le 7e espace intercostalrecommandé pour gastralgie, hépatite, cholécys-tites et hoquet.

Rein 18 : 3 cm sous l'ombilic (3cm = largeur dupouce au niveau de la dernière phalange. Pourgastralgie et hoquet.

Et nos bonnes méthodes de grand-mère.

-Boire un verre d'eau froid, tout d'une traite sansreprendre un respire avant le fond du verre.-Pourquoi pas de l'eau tiède !-Retenir sa respiration le plus longtemps possible.-La plupart du temps, le hoquet ne dure pas plusde quelques minutes.

Pour les cas rebelles, consulter à l'urgence.

Une injection de Largactyl règle toujours le pro-blème.

Jean Guy Sicotte M.D.,D.O.(Q)

30 Journal L’Ostéopathie... précisément

Page 31: journal décembre 2003 # 12

Par Jacques Tardif PhD.Par Jacques Tardif PhD.

Dans le premier article, il était indiqué quele quatrième porterait sur l'évaluation des appren-tissages et que le cinquième traiterait des compé-tences dans une perspective de professionnalisa-tion. Compte tenu de plusieurs facteurs, dont unejournée de formation continue en mai 2005 sur laproblématique du développement des compé-tences dans une formation initiale en ostéopathie,la séquence prévue pour les quatrième etcinquième articles est inversée. Les décisions enmatière d'évaluation des apprentissages des étu-diantes et des étudiants nécessitent que l'axe dela formation soit stabilisé et, surtout, partagé parla totalité des formatrices et des formateurs. Deplus, il importe que les compétences à la base dela formation soient très précisément déterminées,parce qu'elles orientent non seulement le choixdes situations d'apprentissage mais aussi celuides modalités d'évaluation ou des pratiques éva-luatives. Si des objectifs morcelés et fortementmarqués par des découpages disciplinaires con-stituent la cible de la formation, l'évaluation desapprentissages est très différente de celle pré-valant dans le cas où le développement de com-pétences oriente l'ensemble des activités du pro-gramme. Sans l'ombre d'un doute, le maximumde cohérence doit toujours caractériser l'évalua-tion des apprentissages par rapport aux situa-tions d'apprentissage.

Dans tous les ordres d'enseignement, lesprogrammes axés sur le développement de com-pétences sont de plus en plus nombreux. Parexemple, les programmes de formation de l'écolequébécoise pour le préscolaire, le primaire et lesecondaire sont maintenant définis par compé-tences et il en est ainsi des programmes de laCommunauté française de Belgique. Dans desformations postsecondaires, on trouve ce type deprogrammes entre autres en soins infirmiers, eningénierie, en enseignement, en psychologie, enmédecine et en pharmacologie. Bien que tousces programmes se réclament d'une approchepar compétences, force est de constater toutefoisque la définition du concept de compétence nefait pas consensus d'un lieu à l'autre et qu'ellesuscite des configurations curriculaires quidémontrent souvent peu de traits communs. Enoutre, pour un domaine de formation donné, iln'est pas rare que le référentiel de compétencesvarie énormément en raison même de la défini-tion privilégiée pour le concept de compétence.

Les premiers programmes axés sur ledéveloppement de compétences ont été élaborésdans la formation professionnelle en milieu se-condaire. Dans ce contexte et à ce moment-là,les compétences correspondaient à des tâchesparticulières et, par conséquent, leur nombredans un programme était très élevé. À la limite,chaque tâche était reliée à une compétence et,inversement, chaque compétence correspondaità une tâche. D'ailleurs, l'établissement des bilansde compétences a longtemps été inscrit danscette logique de décomposition des postes de tra-vail en tâches spécifiques et, subséquemment,en compétences. Dans ces programmes, le con-cept de compétence était de nature passable-ment comportementaliste dans le sens où unemultitude de comportements à maîtriser formaientles finalités de la formation. La majorité des pro-grammes actuels axés sur le développement decompétences ne partagent pas cette conceptioncomportementaliste et ils résultent d'une autredéfinition de la compétence.

La première partie de l'article présenteune définition du concept de compétence et elleillustre les composantes de cette définition à par-

Journal L’Ostéopathie... précisément 31

La pédagogie au service de la La pédagogie au service de la formation en ostéopathie :formation en ostéopathie :

axer la formation sur le axer la formation sur le développement de développement de

compétences compétences professionnellesprofessionnelles

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tir de quelques cas. Dans la seconde partie, deuxréférentiels de compétences sont fournis à titred'exemple, l'un concerne une formation initiale ensoins infirmiers et l'autre une formation initialedans le domaine de l'enseignement primaire etsecondaire. Ces référentiels sont discutés briève-ment quant à leur degré de cohérence par rap-port à la définition de la compétence. Latroisième partie, en prenant appui sur des travauxréalisés à ce jour relativement à la formation ini-tiale en ostéopathie, contient une critique d'unréférentiel de compétences déjà soumis à unephase de validation et la proposition d'un nou-veau référentiel devant être validé par des per-sonnes expertes. La conclusion explicite les déci-sions que doivent prendre les conceptrices et lesconcepteurs de programmes axés sur ledéveloppement de compétences.

1.1. Le concept de compétenceLe concept de compétence

Il existe moult définitions du concept decompétence et une recension exhaustive desécrits à ce sujet permettrait de noter qu'il s'agitd'un concept polysémique dans le monde de l'é-ducation et de la formation. Face à une telle poly-sémie, pour chaque équipe de formatrices et deformateurs, il devient incontournable d'adopter,de développer le cas échéant, une définition quiencadre toutes les décisions en matière de struc-turation curriculaire, de situations d'apprentissageet de pratiques évaluatives. En l'absence d'unedéfinition opérationnelle et partagée, ces déci-sions ne présentent qu'un faible degré decohérence les unes par rapport aux autres et lesactions de formation et d'évaluation sont la plu-part du temps très disparates. Privilégier l'axe dudéveloppement des compétences dans une for-mation oblige les formatrices et les formateurs àeffectuer une série de choix en cascade et s'en-tendre sur une définition du concept de compé-tence constitue un premier pas crucial.

À partir de divers écrits, sans qu'il puisseêtre question d'un consensus cependant, il paraîtvraisemblable de conclure qu'une compétencecorrespond à un savoir-agir complexe. L'idée desavoir-agir distingue alors clairement la compé-

tence d'un savoir-faire, d'une connaissanceprocédurale ou d'une séquence d'actions denature algorithmique. Dans les professions dudomaine de la santé, tenant compte de cette dis-tinction entre savoir-agir et savoir-faire, on con-sidère alors que la réalisation d'une entrevue afinde recueillir les données nécessaires et perti-nentes pour établir un diagnostic constitue unsavoir-faire et que l'élaboration du diagnostic estde l'ordre d'un savoir-agir complexe. Dans lemême sens, lors de l'écriture d'un texte, onconçoit que les règles grammaticales et syntaxi-ques correspondent essentiellement à des savoir-faire ou à des connaissances procédurales auservice d'un savoir-agir complexe que plus d'unnomme " Écrire des textes variés ". En mathéma-tique, on estime que les algorithmes relatifs àl'addition, à la soustraction, à la multiplication et àla division sont des savoir-faire utilisés dans lecontexte d'un savoir-agir ou d'une compétence detype résolution de problèmes. Dans cette défini-tion de la compétence, les savoir-faire sont inté-grés dans des savoir-agir à titre de ressources.En réalité, les savoir-faire sont au service desavoir-agir complexes et, dans le cadre de la for-mation, ils sont nécessairement développés parles étudiantes et les étudiants dans cette logiqueet dans cette finalisation.

Ces diverses considérations par rapport àce qui est au service du déploiement ou de l'actu-alisation des compétences ont incité des auteursà intégrer, dans leur définition, l'idée deressources requises par la mise en œuvre descompétences. Le mot " ressources " est un termegénérique pour faire référence aux connais-sances, aux attitudes, aux schèmes, etc. Unecompétence devient donc un savoir-agir com-plexe prenant appui sur la mobilisation et la com-binaison efficaces d'une variété de ressourcesinternes et externes. On conçoit par conséquentque la mise en œuvre d'une compétence - d'unsavoir-agir complexe - impose le recours à unemultitude de ressources. Par exemple, dans ladémarche en vue de l'établissement d'un diag-nostic dans le domaine de la santé, la profession-nelle ou le professionnel prend en considérationl'histoire de vie du client, ses caractéristiques,ses valeurs, sa culture, ses symptômes, son

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approche de la réalité, il place tous ces élémentsen relation avec les connaissances qu'il adéveloppées dans une perspective diagnostique,il recourt si nécessaire à des examens plusapprofondis grâce à des instruments particulierset il effectue l'ensemble de ces actions en accor-dant une attention continue à la relation interper-sonnelle construite avec le client. Les connais-sances de la professionnelle ou du professionnel,tant ses connaissances théoriques (connais-sances déclaratives ou savoirs) que ses connais-sances pratiques (connaissances procéduralesou savoir-faire), et ses attitudes (savoir-être) dansla relation avec le client sont des ressourcesmobilisées au service de la compétence visant àétablir un diagnostic. De plus, si cette profession-nelle ou ce professionnel demande des examenscomplémentaires à l'entrevue diagnostique ou,encore, s'il consulte d'autres personnes dans lebut d'augmenter la certitude de son jugement oude ses conclusions diagnostiques, on dira qu'ilprend appui sur des ressources externes.

Reprenant la compétence " Écrire destextes variés ", la scripteure ou le scripteur faitappel à des ressources dites externes lorsqu'ilconsulte le dictionnaire, qu'il demande des indica-tions spéciales à un collègue, à une enseignanteou à un enseignant, qu'il emploie un traitementde texte pour la vérification orthographique et lamise en page, qu'il recense divers écrits et dif-férents sites Internet afin de rassembler les don-nées les plus judicieuses et les plus valides pos-sible pour soutenir son propos. Par ailleurs, cettescripteure ou ce scripteur mobilise et combinedes ressources internes en recourant à sesapprentissages en matière notamment de struc-ture textuelle, de cohérence discursive, de syn-taxe et d'orthographe. La mise en œuvre de lacompétence " Écrire des textes variés " commecelle relative à l'établissement d'un diagnosticdans le domaine de la santé imposent la mobili-sation d'une grande variété de ressources,internes et externes, et, à partir de cette mobilisa-tion, la combinaison efficace de plusieurs d'entreelles. Cette idée de combinaison est très impor-tante dans la définition parce qu'elle met en évi-dence le fait que chaque déploiement d'une com-pétence exige une combinaison particulière de

ressources compte tenu de la problématique etdu contexte. De plus, le degré d'efficacité d'unecombinaison de ressources s'évalue forcément àl'aune de la compréhension et de la résolution dela problématique en question.

La définition de la compétence seraitincomplète si elle ne faisait pas référence aux si-tuations dans lesquelles une compétence donnéeet les ressources qui y sont associées peuvent semanifester. Considérant cette exigence, une com-pétence est alors définie comme un savoir-agircomplexe prenant appui sur la mobilisation et lacombinaison efficaces d'une variété de ressour-ces internes et externes à l'intérieur d'une famillede situations. Les situations d'une famille circons-crivent les champs de transférabilité de la compé-tence. Dans le domaine de la santé, si l'on retientune compétence relative à l'établissement d'undiagnostic, il devient capital de déterminer les si-tuations dans lesquelles une professionnelle ouun professionnel est en mesure de mettre enœuvre cette compétence. Par exemple, peut-elleêtre mise en œuvre dans toutes les situations ycompris les problèmes de santé psychologiqueset psychiatriques, les problèmes dégénératifs, lesproblèmes de fin de vie, les problèmes géron-tologiques, les problèmes pédiatriques, etc.?Dans le cas d'une réponse affirmative à cettequestion, il faut conclure qu'une seule compé-tence permet de poser un diagnostic judicieux,rigoureux et éthique dans l'ensemble de cesproblématiques. Par contre, une réponse néga-tive incite à déterminer une autre compétence oud'autres compétences de sorte que le référentielcouvre l'étendue des responsabilités profession-nelles. Une solution alternative consisterait àéliminer quelques situations du champ profes-sionnel concerné.

Une question identique se pose en ce quiconcerne la compétence " Écrire des textes va-riés ". Les enseignantes et les enseignantsdoivent déterminer si l'écriture de textes narratifs,injonctifs, informatifs, descriptifs, explicatifs, argu-mentatifs et poétiques constituent des situationsappartenant à une seule famille.Fondamentalement, la réponse à cette questionrepose sur l'évaluation des ressources mobilisées

Journal L’Ostéopathie... précisément 33

Page 34: journal décembre 2003 # 12

et combinées dans ces diverses situations. Lorsque, dans des situations, les mêmes

ressources peuvent être mobilisées et combinéespar une compétence et que la variante a exclu-sivement trait à la diversification des combinai-sons selon les situations, on conclut qu'il ne s'agitque d'une compétence. En revanche, lorsque dessituations font appel à des ressources différentes,il est loisible de considérer que les situationsimposent le recours à plus d'une compétence.Dans ce questionnement, les réponses ne sontjamais simples et elles n'existent pas d'emblée. Ilest incontournable d'examiner attentivement lescaractéristiques des situations et, surtout, dedéterminer les ressources qui assurent la com-préhension et l'action judicieuse.

2. Deux référentiels de compétences enmilieu postsecondaire

Fort heureusement, il existe maintenantplusieurs référentiels de compétences qui peu-vent servir d'exemples ou de contre-exemplesface à la définition privilégiée ci-dessus. Deuxréférentiels sont présentés à titre d'exemple. Ilssont choisis parce que, pour la majorité des com-pétences déterminées, ils respectent les carac-téristiques de la définition et parce que chacunconstitue une illustration d'un référentiel pour uneformation initiale qui vise la professionnalisationd'étudiantes et d'étudiants sur une période dequatre ans. Dans ce sens, quoique rien ne soit del'ordre du “copier / coller” dans les formations parcompétences, ils sont susceptibles de suggérerquelques avenues prometteuses pour une forma-tion initiale en ostéopathie.

Le tableau 1 contient le référentiel decompétences de la Suisse Romande pour la for-mation initiale en soins infirmiers. Tous les lieux

de formation en soins infirmiers dans cette partiede la Suisse ont dû élaborer un programme origi-nal axé sur le développement de ces compé-tences et prévoir les situations d'apprentissage etles situations d'évaluation en conséquence. À lalecture du référentiel, on observe que les quatrepremières - Concevoir, réaliser, évaluer desprestations de soins infirmiers en partenariat avecla clientèle; Construire, avec la clientèle, une rela-tion professionnelle dans la perspective du projetde soins; Promouvoir la santé et accompagner laclientèle dans son processus de gestion de lasanté; Évaluer sa pratique professionnelle afind'ajuster, de développer et de conceptualiser sesinterventions - correspondent réellement à dessavoir-agir complexes qui prennent appui sur la

mobilisation et la combinai-son efficaces d'une variétéde ressources internes etexternes à l'intérieur d'unefamille de situations. Pource qui est des situations,puisque aucune restrictionn'est indiquée à ce sujet, on

doit estimer que toutes les situations de soins,sans exception, sont intégrées dans chacune deces compétences. Si ce n'était pas le cas, onaurait soit différencier des compétences sur labase de certaines situations, soit expliciter l'inclu-sion ou l'exclusion de situations particulières. Lasixième compétence : Mener des actions de for-mation auprès des étudiants en soins infirmiers,des pairs et des acteurs du système socio-sani-taire, et la neuvième : S'impliquer par son dis-cours et ses actes, dans le développement etl'explicitation du rôle infirmier " constituent égale-ment des savoir-agir complexes. La nature decette dernière est toutefois différente de toutesles autres dans le sens où, dans une largemesure, elle porte sur la promotion de la profes-sion infirmière.

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Une compétence est un savoir-agir complexe prenantappui sur la mobilisation et la combinaison efficacesd'une variété de ressources internes et externes à l'intérieur d'une famille de situations.

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La cinquième compétence : Contribuer auxrecherches conduites par deschercheurs en soins infirmiers etparticiper à des recherches inter-disciplinaires, la septième :Collaborer au fonctionnement dusystème de santé, et la huitième :Participer à des démarches qua-lité du système socio-sanitaire,bien qu'elles soient de l'ordre d'unsavoir-agir, réduisent grandement

Journal L’Ostéopathie... précisément 35

1. Concevoir, réaliser, évaluer des prestations de soins infirmiers en partenariat avec la clientèle.

2. Construire, avec la clientèle, une relation professionnelle dans la perspective du projet de soins.

3. Promouvoir la santé et accompagner la clientèle dans son processus de gestion de la santé.

4. Évaluer sa pratique professionnelle afin d'ajuster, de développeret de conceptualiser ses interventions.

5. Contribuer aux recherches conduites par des chercheurs en soins infirmiers et participer à des recherches interdisciplinaires.

6. Mener des actions de formation auprès des étudiants en soins infirmiers, des pairs et des acteurs du système socio-sanitaire.

7. Collaborer au fonctionnement du système de santé.8. Participer à des démarches qualité du système socio-sanitaire.9. S'impliquer par son discours et ses actes, dans le développe

ment et l'explicitation du rôle infirmier.

Tableau 1Référentiel de compétences de la Suisse Romande

pour la formation initiale en soins infirmiers

Tableau 2Référentiel de compétences pour la

formation initialedes enseignantes et des

enseignants québécois du primaire et du secondaire

Fondements

1. Agir en tant que professionnelle ou professionnel héritier, critique et interprète d'objets de savoirs ou de culture dans l'exercice de ses fonctions.

2 .Communiquer clairement et correctement dans la langue d'enseignement, à l'oral et à l'écrit, dans les divers contextes liés à la profession enseignante.

Acte d'enseigner

3 .Concevoir des situations d'enseignement-apprentissage pour les contenus à faire apprendre, et ce, en fonction des élèves concernés et dudéveloppement des compétences visées dans le programme de formation.

4 .Piloter des situations d'enseignement-apprentissage pour les contenus à faire apprendre, et ce, en fonction des élèves concernés et dudéveloppement des compétences visées dans le programme de formation.

5. Évaluer la progression des apprentissages et le degré d'acquisition des compétences des élèves pour les contenus à faire apprendre.

6. Planifier, organiser et superviser le mode de fonctionnement du groupe-classe en vue de favoriser l'apprentissage et la socialisation des élèves.

Contexte social et scolaire

7. Adapter ses interventions aux besoins et aux caractéristiques des élèves présentant des difficultés d'apprentissage, d'adaptation ou un handi-cap.

8 .Intégrer les technologies de l'information et de la communication aux fins de préparation et de pilotage des activités d'enseignement-apprentis-sage, de gestion de l'enseignement et de développement professionnel.

9. Coopérer avec l'équipe-école, les parents, les différents partenaires sociaux et les élèves en vue de l'atteinte des objectifs éducatifs de l'école.

10.Travailler de concert avec les membres de l'équipe pédagogique à la réalisation des tâches permettant le développement et l'évaluation descompétences visées dans le programme de formation, et ce, en fonction des élèves concernés.

Identité professionnelle

11. S'engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel.

12. Agir de façon éthique et responsable dans l'exercice de ses fonctions.

[Tableau repris et adapté à partir de " La formationà l'enseignement. Les orientations. Les compé-

tences professionnelles " (Ministère de l'éducationdu Québec, 2001). Ces données sont également

disponibles à l'adresse URL suivante :http://www.meq.gouv.qc.ca/dftps/.]

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la complexité en mettant au premier plan la con-tribution, la collaboration ou la participation. Enprésence de telles compétences, on peut imagin-er qu'il existe probablement une compétence pro-fessionnelle plus étendue qui les englobe toutesles trois et qui placerait au centre le travail multi-disciplinaire, les relations interprofessionnelles oul'interdépendance professionnelle, ces troisdomaines (recherche, fonctionnement du sys-tème de santé, démarches qualité du systèmesocio-sanitaire) constituant alors des situations demise en œuvre de cette compétence.

En 2001, le ministère de l'Éducation duQuébec a transmis aux universités québécoisesle référentiel de compétences qui doit dorénavantencadrer la formation des enseignantes et desenseignants du primaire et du secondaire. Ceréférentiel (tableau 2) contient 12 compétencespartagées en quatre grandes catégories : lesfondements; l'acte d'enseigner; le contexte socialet scolaire; l'identité professionnelle. Dansl'ensemble, ces compétences correspondent àdes savoir-agir complexes et elles incluentplusieurs situations dans une famille. Toutefois,quelques compétences semblent résulter d'undécoupage artificiel des fonctions et des respon-sabilités des enseignantes et des enseignants.

Compte tenu des responsabilités profes-sionnelles dévolues aux enseignantes et auxenseignants dans les ordres d'enseignement pri-maire et secondaire, on peut à juste titre estimerque la quatrième compétence: Piloter des situa-tions d'enseignement-apprentissage pour les con-tenus à faire apprendre, et ce, en fonction desélèves concernés et du développement des com-pétences visées dans le programme de forma-tion, constitue le cœur de l'action quotidienne.Dans ce sens, on est en droit de se demander cequi justifie la détermination d'une compétenceparticulière, la troisième : Concevoir des situa-tions d'enseignement-apprentissage pour les con-tenus à faire apprendre, et ce, en fonction desélèves concernés et du développement des com-pétences visées dans le programme de forma-tion, portant sur la conception. Le pilotage de si-tuations d'enseignement-apprentissage n'impose-

t-il pas leur conception ou leur élaboration? Dansle cas d'une réponse affirmative, qu'est-ce quijustifie l'existence en parallèle de ces deux com-pétences? Dans le cas d'une réponse négative, ilfaudrait alors préciser dans quels contextes, dansquelles situations, une enseignante ou unenseignant doit simplement concevoir des situa-tions d'enseignement-apprentissage sans enassumer le pilotage.

Par rapport à la quatrième compétence,des questions semblables se posent égalementquant à la septième: Adapter ses interventionsaux besoins et aux caractéristiques des élèvesprésentant des difficultés d'apprentissage,d'adaptation ou un handicap, quant à une partiede la huitième : Intégrer les technologies de l'in-formation et de la communication aux fins de pré-paration et de pilotage des activités d'enseigne-ment-apprentissage, de gestion de l'enseigne-ment et de développement professionnel : etquant à une partie de la sixième : Planifier, orga-niser et superviser le mode de fonctionnement dugroupe-classe en vue de favoriser l'apprentissageet la socialisation des élèves. Dans l'enseigne-ment primaire et secondaire, le pilotage des situ-ations d'enseignement-apprentissage exige queces situations soient adaptées aux besoins et auxcaractéristiques des élèves, peu importe leurs dif-ficultés, que les technologies soient employéescomme des moyens pour soutenir ces adapta-tions et que le groupe-classe soit géré de sorteque les apprentissages soient maximaux. Danscette logique, il est difficile d'imaginer que les six-ième, septième et huitième compétences soientindépendantes de la quatrième. Elles ne cons-tituent peut-être que des ressources au servicede cette dernière compétence. On doit toutefoisreconnaître que cette fusion laisserait dans l'om-bre la composante " socialisation des élèves "intégrée dans la sixième compétence et la com-posante " développement professionnel " intégréedans la huitième.

Avant d'introduire une compétence dansun référentiel, il faut estimer, d'une part, si sondéveloppement peut faire l'objet de situationsd'apprentissage particulières et, d'autre part, siles formatrices et les formateurs sont en mesure

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de rendre compte de ce développement à partird'évaluations rigoureuses et systématiques desapprentissages des étudiantes et des étudiants.Dans le cas du référentiel de compétences duministère de l'Éducation du Québec, des ques-tions importantes se posent relativement aux situ-ations d'apprentissage susceptibles d'influer surle développement de la première compétence.“Agir en tant que professionnelle ou professionnelhéritier, critique et interprète d'objets de savoirsou de culture dans l'exercice de ses fonctions” etrelativement aux modalités d'évaluation permet-tant de rendre compte de son développement oudu parcours de formation des étudiantes et desétudiants. Advenant qu'il soit impossible d'évaluerle développement d'une compétence ou, encore,que les formatrices et les formateurs ne puis-sent pas soutenir son développement dansune perspective d'apprentissage, il paraîtinapproprié de l'insérer dans un référentiel decompétences devant encadrer la formation.Une ligne de conduite : chaque compétenceintégrée dans un référentiel constitue unecible d'apprentissage et une cible d'évalua-tion.

3. Un référentiel de compétences pourune formation initiale en ostéopathie

Une recension d'écrits dans le domaine de laformation axée sur le développement de com-pétences n'a pas permis d'avoir accès à unréférentiel validé de compétences pour la for-mation initiale en ostéopathie. Par contre, ilexiste deux documents (Viau, Poirier, Dufour,Couturier et Laberge, 2002; Cloutier etDubois, 2003) qui fournissent certaines propo-sitions par rapport à un éventuel profil ouréférentiel de compétences. Le tableau 3présente d'une manière schématique lesdimensions retenues ainsi que les compé-tences (26) qui sont associées à chacune deces dimensions dans le cadre de l'étude deCloutier et Dubois (2003). Compte tenu de ladéfinition d'une compétence - un savoir-agircomplexe prenant appui sur la mobilisation etla combinaison efficaces d'une variété deressources internes et externes à l'intérieur d'une

famille de situations -, il semble vraisemblable deconclure que les dimensions correspondent plusprécisément à des compétences que les compé-tences énoncées dans le tableau 3. Si cette inter-prétation est vraie, il faut cependant justifier cequi, en ostéopathie, oblige entre autres à dis-tinguer les dimensions " Interrogation du client "et "Relation avec le client", "Évaluation du client"et " Impression diagnostique ", " Établissement duplan de traitement " et " Traitement ". Il s'agit d'unquestionnement inscrit dans la même logique quecelui évoqué dans le cas du référentiel de com-pétences pour la formation des enseignantes etdes enseignants québécois du primaire et du se-condaire.

En ce qui concerne les compétences

Journal L’Ostéopathie... précisément 37

Tableau 3Dimensions relatives à la pratique de l'ostéopathie et

détermination des compétences à partir de ces dimensions

Page 38: journal décembre 2003 # 12

déterminées à partir de chaque dimension, ellescorrespondent parfois à une décomposition de ladimension en tâches ou en activités spécifiques.À titre d'exemple, la dimension " Relation avec leclient " est décomposée en cinq compétences :démontrer une attitude positive à l'égard duclient; réaliser une consultation téléphonique;recevoir le client; communiquer efficacement;savoir prendre congé du client. Dans d'autrescas, la décomposition est multifactorielle. À titred'exemple, la dimension " Évaluation du client "inclut les cinq compétences sui-vantes : évaluer le client; connaîtreles différents modèles d'évaluationostéopathique; adapter son évalua-tion selon la condition du client;savoir quand référer et référerlorsque la situation l'exige; évaluerson intervention. La première com-pétence reprend intégralement lelibellé de la dimension, la secondefait référence à des connaissancesthéoriques ou à des ressourcesdéclaratives, les troisième et qua-trième ont trait à la conditionnalitédans des actions professionnelles,alors que la cinquième concerne l'é-valuation même de sa propre inter-vention professionnelle.

Par rapport à chaque compétence men-tionnée dans le tableau 3, dans la mesure où lesformatrices et les formateurs en ostéopathieacceptent la définition de la compétence privilé-giée dans l'article, il serait essentiel de la recon-sidérer en s'interrogeant sur sa nature - unsavoir-agir ou un savoir-faire -, sur les ressourcesdifférenciées qu'elle mobilise et qu'elle combinecomparativement à d'autres compétences ainsique sur les situations dans lesquelles elle peut sedéployer, ici encore comparativement à d'autrescompétences.

Dans le but de faire un pas de plus dansl'élaboration d'un référentiel de compétences pourune formation initiale en ostéopathie, le tableau 4suggère 10 compétences pouvant baliserl'ensemble de cette formation, notamment lastructuration du curriculum, l'agencement des

activités de formation, la sélection des situationsd'apprentissage et la détermination des modalitésd'évaluation des apprentissages. Ces 10 compé-tences sont retenues à partir des conclusions dela journée de formation continue du 7 mai 2005 etdes compétences cliniques discutées dans Viauet al. (2002).

Au dire de plusieurs ostéopathes, la pre-mière compétence " Déployer, dans des perspec-tives de diagnostic et de traitement, un dialoguepalpatoire avec les différents niveaux de l'êtrehumain " différencie nettement leurs actions pro-fessionnelles par rapport à toutes les autres pro-fessions. Dans ce sens, elle constitue sans con-teste une compétence " pivot ". Dans le cas de ladeuxième compétence " Discerner les probléma-tiques dans un contexte clinique ", bien qu'elle nedistingue pas aussi clairement l'ostéopathie desautres champs professionnels, elle paraît suffi-samment centrale dans les interventions ostéo-pathiques pour être considérée comme une com-pétence particulière. Quant à la troisième compé-tence " Élaborer, en relation étroite avec le client,un plan de traitement basé sur une évaluation dif-férentielle, palpatoire et ostéopathique " et à laquatrième " Mettre en œuvre des traitements con-formes aux principes et aux concepts del'ostéopathie ", elles dissocient l'évaluation et le

38 Journal L’Ostéopathie... précisément

1. Déployer, dans des perspectives de diagnostic et de traitement, un dialogue palpatoire avec les différents niveaux de l'être humain.

2. Discerner les problématiques dans un contexte clinique. 3. Élaborer, en relation étroite avec le client, un plan de traitement basé sur

une évaluation différentielle, palpatoire et ostéopathique. 4. Mettre en œuvre des traitements conformes aux principes et aux concepts

de l'ostéopathie.5. Promouvoir la santé et accompagner le client dans la prise en charge de

sa santé.6. Réaliser des recherches dans le but de documenter l'efficacité des pra

tiques et des traitements en ostéopathie.7. Agir de façon éthique et professionnelle dans l'exercice de ses fonctions. 8. Établir, dans les cas appropriés, des relations multidisciplinaires inter

dépendantes. 9. S'engager dans des démarches de développement professionnel et de

formation continue.10. Promouvoir, tant dans ses actions que dans ses paroles, la profession

d'ostéopathe.

Tableau 4Un éventuel référentiel

de compétences

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plan de traitement du traitement lui-même créantainsi deux compétences singulières.

La sixième compétence indique claire-ment que, dans le cadre de leur formation initiale,les ostéopathes doivent développer la capacitéde réaliser des recherches dans l'intentionavouée de documenter l'efficacité de leurs pra-tiques. La cinquième compétence : Promouvoir lasanté et accompagner le client dans la prise encharge de sa santé, porte sur l'éducation à lasanté, et la huitième : Établir, dans les cas appro-priés, des relations multidisciplinaires interdépen-dantes, concerne les relations interprofession-nelles. Pour ce qui est des trois autres compé-tences : 1) Agir de façon éthique et profession-nelle dans l'exercice de ses fonctions, (septième),2) S'engager dans des démarches de développe-ment professionnel et de formation continue,(neuvième) et 3) Promouvoir, tant dans sesactions que dans ses paroles, la professiond'ostéopathe, (dixième), elles touchent tout parti-culièrement le professionnalisme ainsi que l'iden-tité et la culture professionnelles.

Compte tenu du caractère crucial duréférentiel de compétences dans chaque forma-tion axée sur leur développement, il importe,avant d'adopter le référentiel présenté dans letableau 4 relativement à une formation initiale enostéopathie, de le valider auprès de profession-nelles et de professionnels dont l'expertise estpubliquement reconnue par leur communauté depratique. En outre, la démarche de validationaurait une valeur ajoutée si ces personnes con-naissaient très bien les enjeux d'une formationinitiale visant à professionnaliser des étudianteset des étudiants. Lors de leur validation, ces per-sonnes doivent accorder une attention spécialeau libellé de chaque compétence.

Conclusion

Dans un programme axé sur ledéveloppement de compétences, même dans desformations de longue durée, le nombre de com-pétences est toujours peu élevé. Dans les forma-tions professionnalisantes en milieu postsecon-

daire, on trouve généralement entre cinq et dixcompétences. Ce petit nombre de compétencesrequiert une grande vigilance dans la détermina-tion du référentiel parce qu'elles sont très intégra-tives et très englobantes. La nécessité de cettevigilance est en outre accentuée par le faitqu'elles constituent à la fois la base de l'élabora-tion du programme et les cibles de la formation.

Une fois les compétences déterminées etle référentiel validé, les conceptrices et les con-cepteurs établissent le niveau de développementattendu pour chaque compétence au terme de laformation. En ostéopathie par exemple, il fautalors fixer le niveau de développement requispour obtenir une certification professionnelle dansle cas de chacune des compétences. On se situepar conséquent dans le contexte d'évaluationsqui prennent place au terme de la formation.Suite à l'établissement de ces niveaux dedéveloppement, il devient nécessaire de délimiterles situations de chaque famille et de circonscrirel'ensemble des ressources internes et externesdevant être mobilisables et combinables dans cessituations. À cette étape-ci, les conceptrices etles concepteurs ont la responsabilité de détermi-ner entre autres toutes les connaissances que lesétudiantes et les étudiants devront construire aucours de leur formation et de relier les ressources- connaissances, attitudes, valeurs, etc. - à uneou à des compétences particulières.Essentiellement, il s'agit de circonscrire toutes lesressources spécialisées indispensables dans uneformation donnée.

Après avoir délimité les situations et cir-conscrit les ressources, l'étape suivante consisteà étaler le développement de chacune des com-pétences dans l'ensemble du programme. Lenombre de compétences étant peu élevé et unecompétence étant objet d'apprentissage àplusieurs reprises, il faut prévoir minutieusementl'étalement de son développement, notammentpréciser le niveau de développement attendu auterme de chaque phase de formation. Cetteopération nécessite de recourir à des indicateursde développement opérationnels pour chacunedes compétences. À la suite de cette étape, lesconceptrices et les concepteurs choisissent les

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approches pédagogiques les plus appropriéespour soutenir le développement des compé-tences. La démarche se poursuit par la sélectiondes modalités d'évaluation les plus judicieusesafin de pouvoir rendre compte fidèlement etrigoureusement des apprentissages des étudi-antes et des étudiants au cours et au terme deleur formation. Il reste encore deux étapes essen-tielles à franchir avant de clore le processus deconception du programme : prévoir l'organisationdu travail des formatrices et des formateurs demême que celle des étudiantes et des étudiants;établir les stratégies de suivi des apprentissagetout au long de la formation.

En milieu postsecondaire, à moins qu'unprogramme ne soit déjà axé sur la professionnali-sation des étudiantes et des étudiants, l'adoptiond'une approche par compétences dans une for-mation engage les conceptrices et les concep-teurs dans une refonte en profondeur. Lors decette révision, les étapes et les décisions sont fortnombreuses. Pour des formatrices et des forma-teurs qui ont l'habitude de mettre les connais-sances au premier plan, qui ont non seulementappris dans cette logique, mais qui enseignentaussi depuis des années en respectant cetteligne de conduite, élaborer un programme quidonne la prédominance aux compétences et quiplace les connaissances, les autres ressourceségalement, dans une relation de subordinationpar rapport à ces compétences requiert souventde revisiter et de transformer leurs conceptionsde l'apprentissage, de l'évaluation et de l'en-seignement. Il en est ainsi pour les formatrices etles formateurs qui font vivre ces programmes auquotidien.

Références bibliographiques

Viau, N., Poirier, J., Dufour, C., Couturier, M-P. etLaberge, D. (2002). Document préliminaire.Formation en clinique externe. École à tempsplein. Montréal : Collège d'études ostéopathiques.

Cloutier, A. et Dubois, G. (2003). Élaboration d'unprofil de compétences pour les ostéopathes duQuébec. Trois-Rivières : Département de psycholo-gie, Université du Québec à Trois-Rivières.

Une suggestion de lecture pour inventorier davan-tage le domaine des compétences

Le Boterf, G. (2002). Développer la compétence desprofessionnels. Construire les parcours de profes-sionnalisation. Paris : Éditions d'Organisation.

Une suggestion de lecture pour inventorier davan-tage le processus de développement de pro-grammes par compétences

Tardif, J. (2003). Développer un programme parcompétences : de l'intention à la mise en œuvre.Pédagogie collégiale, 16(3), 36-45.

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“...La dure-mère est un tendon "commun" et elleengendre le mouvement réciproque du cerveau etdes sinus (les ventricules ?), parce que lorsque lecerveau s'expand, la dure-mère est mise en ten-sion via les sinus ; et quand le cerveau se rétracte,la dure-mère se détend. Le résultat est un mouve-ment réciproque et comme dans toute actionmécanique, on y retrouve des forces passives etdes forces actives.”

Emanuel Swedenborg 1688-1772Cité dans la conférence Emanuel Swedenborg etnotre interprétation de la Philosophie Ostéopathiquepar Reuben P. Bell, D.O., MS, MDiv. Au 22eSymposium International d'Ostéopathie Traditionnelle,17-21 juin 2005.

Réflexions

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Brad McCutcheon D.O. (MP)Professor CCO, DOK, SICO

ou have heard of them I am sure, a glimpseof them was possibly given to you in fourth

year during your studies of the intestines and vis-ceral organs. The question remains then, whyaren't you using them?

Chapman's reflexes are a very usefulassessment and treatment tool that can be usedto determine if something is viscero-somatic orsomato-visceral in nature and then can be usedto regain the motions of the fluids in order toenable the Osteopath to have a greater effect onhe underlying condition. Like Muscle Energy,Osteoarticular technique, G.O.T., and Functionaltechniques, Chapman's Reflexes have their placein our methodology without misplacing any previ-ously placed components.

While the resources and articles on thisform of manipulation are few and far between, theproponents of Chapman's reflexes are membersof our profession held in high esteem. Dr. FredMitchell owes his life to these reflexes, Dr.Charles Owen prided himself on their inclusion inhis practice so much so that he described themas the interpreter on behalf of Dr. Chapman in thetext "An endocrine interpretation of Chapman'sreflexes". Dr. Beryl Arbuckle (1977) wrote aboutthem in her "Selected Writings".

Chapman's reflexes are according toChapman "gangliform contractions in the deepfascia" that must be "released anteriorly beforetheir posteriorly related contractions can bereleased." The majority of the reflexes are foundon or between the SC junctions of the rib cage(see figure 1) allowing them to be physiologicallyexplained through the intercostal pathways bymeans of the anterior divisions of the intercostalsnerve and the sympathetic ganglion of the samelevel. The locations of these endings are associ-ated with lymphatic tissue located between theintercostals spaces. These lymphatic tissues aredrained through the intercostals spaces into theanterior pectoral lymph glands and into the tho-racic ducts if they are not blocked. They areinnervated by the terminal fibers of the inter-costals nerves are each respective level.

In general, these reflexes are congestionsof fluid at the ends of the nerves on the anteriorsurface. You might remember that in embryologi-cal development the anterior wall is the last sur-face to close thus leaving these nerve endings asthe final destination in the journey of nervous tis-sue and nervous fluids. If the lymphatic system isblocked in an organ, the osteopathic professionhas much support for the fact that the organ willaffect the somatic nerves of the correspondingspinal levels. Having established this, theChapman's reflex is a congestion that occurs inthe nerve end when the reflexive pathway at thespinal cord cannot exchange endoaxonic fluidwith its ganglion and dorsal root.

Speransky (1944) demonstrated that CSFtravels through the lymphatic system to all areasof the body. CSF as we know travels through thespinal cord and exits through small axon tubulescalled microtubules into the ganglions and there-fore it is reasonable to assume into the nervoustissue itself. Dr. Still himself would agree, if youblock the drainage from the fields, the crops willbe flooded and the fluid will eventually stagnate,damaging the crops.

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Chapman's Neurolymphatic Reflexes: Chapman's Neurolymphatic Reflexes: Fitting them into our MethodologyFitting them into our Methodology

YY

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So how can Chapman's Reflexes help me in myOsteopathic Practice?

Chapman's reflexes are useful in three ways:1. in diagnosis;2. in influencing the motions of the fluids

(including the lymph);3. for influencing the visceral function

through the nervous and lymphatic sys-tems.

Dr. Chapman (1963) stated that althoughwe cannot all be specialists in our general prac-tices at least we could provide specific treatmentsto each of our patients. Lets deal with these threeitems individually.

Diagnosis:Diagnosis:

Chapman's reflexes are consistently locat-ed reflexes that can be used through specific pal-pation to identify pathology in an organ before thepathology has been identified by other means. Togive an example; a patient presents with a stub-born, dense T5-9 region in your assessment andinitial treatment. While providing some relief,your treatment did initially provide for freedom ofthe structures in the thoracic cage. Uponreassessment you determine that the structuresare just as dense and the tissue just as thick-ened. The identity of Chapman's reflexes of theliver, stomach or spleen may give you an identityto the visceral lesion that is the original culprit ofthe thoracic dysfunction. In proper testing weshould be finding at least two if not three teststhat provide support for our conclusions. Testingthe container versus the contents is only one pos-itive test, yet how many of us will use this as therule for determining the problem. Add in vitalityfindings along with mobility of an organ and thesupport of a discovered Chapman's reflex andyour clinical support for an organ dysfunction isnow three positive tests to give three strong sup-portive reasons for a proposed treatment.

Influencing the motions of the fluids:Influencing the motions of the fluids:

By gently palpating, and releasing the anteriorreflexes, Dr. Chapman D.O. (1963) states that

congestion is relieved in the nervous tissue, thenif the posterior points are also treated, along withan rib lesions and vertebral lesions, and you havedirectly affected the exchange of fluids of thespinal cord, arterial system and therefore lym-phatic system related anatomical to the level ofthe Chapman's reflex.

For influencing visceral function throughFor influencing visceral function throughthe nervous system:the nervous system:

If an organ that has presented to yourclinic is too ill to be palpated, to inflamed to bemanipulated or to pathological to take the risk ofdoing damage to the tissues, what do you do?As Dr. Mitchell Jr. D.O. will be quick to tell you inhis case with a large percentage of his bodyburned and his organs in shock too weak toprocess all the inflammatory products present, itwas the accurate application of Chapman's reflex-es by Dr, Charles Owen that saved his life. If theflow of fluid can be maintained through the nerv-ous system to the organs, the nutrition needed toprocess the bi-products of inflammation can beabsorbed and broken down. This indirect appli-cation of the principle may help you to treat acuteliver hepatitis, spleen inflammations and infec-tions such as Mononucleosis, Kidney infectionsand many more, the limits of this application arebounded only by your knowledge of the pointsand pathology.

How do I apply this process?How do I apply this process?

In a word it begins with palpation andends with experience. Chapman described themas palpable round ganglionic changes in the deepfascia. They range in size from 1/2 a BB shot tothat of a small bean according to Charles OwenD.O. (1963) continuing he explains the spotsfound on the lower extremity relating to the colon,broad ligament etc are of a different nature andtend to spread out. After you have identified onesingle reflex, the process continues as:

1. Assessment should begin with all the rightanterior side, then the left.

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2. Treatment begins with the right anteriorpoints identified as positive then the left. 3. Turning the patient over, the posteriorpoints are repeated in the same manner.4. Using the anterior points to reassess, (ifyou find that there are any points still tenderrepeat treatment on those points).5. If after the second application of treat-ment, they are still tender use them as a diagnos-tic reference (severe pathology or somatic reflexinvolved)

Pictures taken from Osteopathic Considerations in SystemicDysfunction (M.& W. Kuchera D.O.)

Treatment procedureTreatment procedure

1. Once a point is located and related to aparticular organ, the point is compressed slightlyby the middle or index finger and rolled, so as toexpress the fluids of the reflexive area in to thesurrounding tissues. The goals being to squeezethe fluids gently back into the nerve so that thetissues can reabsorb them. 2. Light touch is imperative as these may bevery tender differentiating them from fat bodies.3. Each point will dictate the length of timeused, but a range of 20 seconds to 2 minutes perpoint is appropriate.4. How many points you treat depends onwhat you find in your assessment but do not

spend much time assessing each point you donot want to irritate the tissue.

A doctor who prescribes an identical treatment foran identical illness in two individuals and expectsidentical development may be classified as asocial menace. Lin Yintang

Some General Treatment Guidelines Some General Treatment Guidelines

1. Treat the lower colon before theproximal one when both are applica-ble.2. Treat prostate, broad ligament,uterus, gonads, thyroid, adrenals inthat order when applicable.3. Treat colon, thyroid, pancreas,duodenum, small intestine left, liver,small intestine right for patients thatpresent with intestinal problems.4. Treat liver, spleen and then adre-nal points in patients that present withinfections.

In the second article we will dis-cuss the process suggested by Dr.Charles Owens to evaluate a patientand some examples of treatments thatcan be given for lymphatic andendocrine blockages, those interested

in getting more out of this article are advised topurchase the text "An endocrine interpretation ofChapman's Reflexes".

References:

Arbuckle B 1977 Selected Writings of BerylArbuckle, National Osteopathic InstituteChaitow L, 1997 Palpation Skills, ChurchillLivingstone, New YorkMitchell F Jr. 1995 Muscle Energy Manual Volume1. MET Press, East LansingOwens C 1963 An endocrine Interpretation ofChapman's Reflexes. Academy of AppliedOsteopathySperansky 1944 A basis for the theory of medicine.International Publisher, New York

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Fig. 1 Anterior view Fig. 2 Posterior view

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Par Nadia Todoroff DOPar Nadia Todoroff DO

Nous sommes le 20 juillet 2005, jequitte le Canada pour la 3e mission au Pérouorganisée par le College d'ÉtudesOstéopathiques. Ayant déjà participé à la pre-mière mission, je ressens encore profondémentle courant de transformation d'une telle expéri-ence dans ma vie.

Le projet du Pérou me fut initialementprésenté en 2003 par Philippe Druelle. J'ai réaliséque c'était pour moi la chance d'allier ma passionde l'ostéopathie et l'aide internationale humani-taire. En fait, cette expérience s'ajoute à mes 5années d'expérience avec la Croix-Rouge inter-nationale dont 2 ans en Russie. Mon excitationest donc difficilement contrôlable et s'ajoute àcelle du groupe.

Nous sommes 14 à partager l'aventure :Philippe Druelle DO, Geneviève Forget DO,Denise Laberge DO, Alexandre Payot DO, KarenThomas DO, Roger Vernouillet DO, NadiaTodoroff DO, Julie Béliveau, Amélie Boudreau,Julie Collinge, Diane Groulx, Fannie Millette,Marc McInnis, Anne-Julie Morand.

Après 15 heures de vol et 2 transits, nousatterrissons à Arequipa à 2300m d'altitude. Del'aéroport, on nous transporte aux maisons gou-vernementales où nous serons nourris et logésdurant les 2 semaines à venir.

Aujourd'hui, le 22 juillet, est une journée

typique en mission. Nous déjeunons à 7h00, à8h15 l'autobus nous transporte au lieu de traite-ment. Nous commençons la journée avecPhilippe Druelle qui nous donnera une théma-tique à explorer durant la journée. L'équipe trai-tera 60 patients répartis dans 10 cubicules, donc6 patients par ostéopathe. Les traitements sontaux heures. Nous avons une femme médecinpéruvienne qui prend l'histoire de cas despatients en espagnol. Par chance, mes 10 heuresde cours d'espagnol m'aident à aller cherchercertaines informations additionnelles et à interagiravec le patient (bonjour, assoyez-vous S.V.P.…).

Les patients de tous âges défilent dansmon cubicule. Le défi est fascinant. Nous traitonsles patients une seule fois, cela nous force à trou-ver le barrage qui une fois dégagée fera la plusgrande différence sur la physiologie du patient.J'apprends à être encore plus en contact avecma véritable nature et celle du patient dans lemoment présent. J'affine ma recherche de cedont le corps du patient a le plus besoin aujour-d'hui pour vivre plus près de ce qu'il veut vivre.La barrière de la langue nous amène à traiter ensilence et à dialoguer profondément avec les tis-sus.

J'apprends à m'ouvrir aux cadeaux queles patients m'offrent à chaque jour, car ils m'en-seignent le contact d'être à être et la notion de

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JJoouurrnnaall ddee vvooyyaaggee -- PPéérroouu 22000055

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don. Les phrases suivantes résonnent dans matête durant toute la mission : comment le corps vit ? Comment il voudrait vivre ? Qu'est-ce quil'empêche de vivre comme il voudrait vivre ?

Pendant que nous traitons à Arequipa,Roger Vernouillet part en mission exploratoire.Après un voyage très fatigant de 16h en autobusil se retrouve à Cotahuasi, village situé à 2800md'altitude. Ce village domine le plus grand canyondu monde qui a 3400m de profondeur. À cetendroit, on lui réserve un très bon accueil. Il traitependant 2 journées 20 patients directement àl'hôpital local. Ce voyage permet de faire un pontavec le directeur de l'hôpital, une urgentologue,une gynécologue et un orthodontiste pour la pla-nification des prochaines missions.

Philippe Druelle commence durant cettemission une action de développement internatio-nal durable, c'est-à-dire le début du transfert del'art et de la science ostéopathique auxPéruviens. Il donne une première formation de 3jours à 35 participants péruviens qui ont soif d'ap-prendre…

31 juillet, nous sommes dans l'autobus quinous ramène d'un voyage à couper le souffle.Nous avons profité d'une fête nationale d'unedurée de 4 jours pour visiter le Pérou. Nousavons exploré le Machu Picchu, Cusco, la Valléesacrée et le Lac Titicaca. Ces endroits ont desniveaux vibratoires impressionnants. Lespaysages sont magnifiques et les sites

archéologiques sont encore empreints de la mys-térieuse vie des Incas. Il y a eu, pour moi, desmoments forts lors de cette exploration : médita-tion sur le Wayna Pichu, l'une des montagnes dusite de Machu Picchu et la visite des îles de lalune et du soleil sur le Lac Titicaca. Ces quatrejournées de "repos" durant la mi-mission nous ontremplies d'énergie pour les 5 journées de traite-ment suivantes.

Nous avons la chance de dépister parfoisdes lésions qui peuvent faire de grosses dif-férences sur la vie des gens. Je pense à cettepatiente qui me dit qu'elle aimerait que je regardede plus prêt son sein droit. Elle soulève son braset je me mets à palper la masse qu'elle me mon-tre qui a la grosseur d'un oeuf ainsi que le collierde masses qui montent vers son aisselle.Lorsque je lui demande si un médecin a déjà vucette masse elle me répond que oui il y a troisans, mais le médecin lui a dit de ne pas s'in-quiéter que c'était un ganglion inflammé. Je luidemande si cette masse a changé. Elle merépond qu'elle a quadruplé en volume… J'aiimmédiatement contacté l'équipe médicale pourle suivi qui se fera après le traitement, mais jereste silencieuse lorsque je pense aux millions degens qui souffrent de l'injustice sociale mondialeet qui ne peuvent avoir accès à des soins desanté adéquats.

Durant la mission je revois des patients dela première mission. Je revois entre autres unjeune homme que nous avions traité en groupelors de la première mission et qui se fait traiter engroupe à chaque mission. Il a été victime d'unaccident de la route où il s'est fait frapper et asubi des fractures lombaires avec rupture de lamoelle. À notre grand bonheur, sa mobilités'améliore à chaque fois. L'expérience de cetraitement à 14 est à nouveau extrêmementenrichissante.

Les traitements à Arequipa sont trèsintenses. Ceci est dû au site géographiqueentouré de volcans, à la présence desostéopathes qui traitent dans le silence enrecherche de la primarité, à l'effet de traiter àplusieurs dans la même salle et à l'ouverture des

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Machu Picchu

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patients. La profondeur de traitement dépasse ceque je vis à Montréal. Les patients en témoignenten se relevant de nos tables et en nous remer-ciant du fond du coeur. Je ne compte plus lenombre de patients qui en se relevant m'ontregardé dans les yeux pour me serrer dans leursbras et me dire que Dieu vous bénisse signoradoctoressa.

6 août. Je suis dans l'avion pour le retourà Montréal. Pendant une seconde je contacte cetinconscient collectif, mental hyperactif de mescocitoyens nord-Américains… Préoccupations,listes de choses à faire, frénésie, préoccupationsur le plan matériel… Le soleil émerge soudaind'un hublot et me fait sortir de cette rêverie verti-gineuse…moi je reste centrée dans l'état d'êtreen contact avec une douceur de paix et delumière. Mon défi des prochaines semaines serajustement de garder en moi ce morceau duPérou.

1er septembre. Nous sommes de retourdepuis 3 semaines la vague de transformationprofonde passe sur le 3e groupe. Moi, aujour-d'hui, je me laisse porter par cette vague, car jesais qu'elle me rapproche de qui je suis profondé-ment et de mon sens de vie. Le volcan Misti estrevenu au Québec avec moi dans mon cœur etmon âme reste transformée. Sur le plan person-nel, cette mission me rapproche de la notiond'authenticité et de joie.

Deux missions sont prévues durant laprochaine année une en février 2006 et l'autre finjuillet 2006. Pour tous ceux qui se sententappelés à venir vivre cette merveilleuse expéri-ence de don et de transformation, veuillez con-tacter Bernard Phillie au 342-2816. Je serais lapersonne contact pour la préparation prémissionet nous planifions une soirée d'information quiaura lieu le jeudi 20 octobre à la maison del'ostéopathie à 19h.

En terminant, je vous laisse sur une phrase deGandhi : "Soyez vous-mêmes le changementque vous voulez voir dans le monde."

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Un temps de méditation

Le groupe du mois de juillet 2005

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Message aux participants du22e Symposium International d'Ostéopathie Traditionnelle

À l'occasion du Symposium International d'Ostéopathie Traditionnelle qui se déroule du 17 au 21 juin 2005

à Montréal, je désire saluer tous les participants et participantes qui, parcette rencontre, viennent puiser l'oxygène nécessaire afin de poursuivre unedémarche professionnelle ayant le pouvoir de créer une espérance nouvelle.

Tout comme eux, je perçois la pratique ostéopathique comme un complément important à la médecine traditionnelle reliant les composantes corps-âme-esprit dans une optique optimale de soins

à la personne, et je rends hommage à la philosophie comme en la vision dufondateur de cette approche, Andrew Taylor Still.

Je souhaite que l'intelligence des mains et le savoir si correctement appris par le Collège d'Études Ostéopathiques servent à contrer la souffrance deshumains et à leur redonner un élan vivifiant en matière de santé globale.

Lise ThibaultLieutenant-gouverneur du Québec

Symposium International d’OstéopathieTraditionnelleMontréalLe 17 juin 2005

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Association Des Ostéopathes duAssociation Des Ostéopathes duQuébecQuébec(ADOQ)(ADOQ)

C.P. 373, Succ. “R”C.P. 373, Succ. “R”Montréal (Québec)Montréal (Québec)

H2S 3M2H2S 3M2Tel : (514) 770-5043Tel : (514) 770-5043

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