jo - mer agitée - 01 04 2010[1]

JO

mer agitée

1° Avril 2010

Version 1° avril 2010

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1. PROLOGUE - SPLIT SCREEN

L’écran est divisé en quatre. Dans chaque cadre, un homme, constamment présent à l’image. La voix off d’une femme : une mère (Jo) s’adresse à ses quatre fils. 1°cadre, en haut à gauche : Pierre, le fils aîné, dans son laboratoire. Pierre : Oui, maman. Jo (off) : Figure toi, qu’on me prête une grande maison en Grèce…

En haut à droite : Lucas , le deuxième fils, dans son bureau à sa banque : bonjour maman. Jo (off)… dans un endroit magnifique tout le mois d’Août…

En bas à gauche : Fabien , le troisième fils, au bistrot Fabien lit la presse : oh maman ! Jo (off) : … Je sais bien que je m’y prends un peu tard, mais c’est une chance inouïe.

En bas à droite, le quatrième fils Balthazar (en skype ) Décor rocailleux non décryptable : Ça va moumounette ?

Jo(off) … On pourrait tous y être tous ensemble. J’ai vu des photos. il y a une vue magnifique depuis la terrasse.

Pierre Oui, pourquoi pas ? Faut que j’en parle à Dierdra.

Jo (off) Fais vite, mon Pierre.

Jo – Version 1° Avril 2010

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Lucas Sympa. J’en parle à Soisic.

Pierre

Ok je t’embrasse, maman. Tu crois que Fabien sera

d’accord ?

Jo(off) T’inquiète Lucas, je m’en occupe.

Fabien

Ok, mais si Lucas vient, je ne viens pas. Et Rachel non plus.

Jo (off) Écoute Fabien, on en reparle.

Balthazar

J’aimerais bien. Faut que je voie le planning, et encore je ne saurai qu’au dernier moment.

Jo (off) Je t’en supplie, mon Balthazar. Fais ton possible.

2. GÉNÉRIQUE

Jo rêve : des bébés mâles naissent en rafale d’une paire de cuisses comme des fusées de feux d’artifice… : cris de mères et de bébés, cymbales, ils planent, forment une constellation d’angelots. musique.

3. TOT LE MATIN – MER ÉGÉE

Dans la brume, un ferry approche d’une île grecque. Sur le pont Jo, endormie sur une chaise longue, se réveille. Elle tourne la tête à gauche : une vieille dame aux cheveux blancs dort à côté d’elle. Elle tourne la tête à droite : un paquet de dreadlocks pionce résolument. Elle sourit.


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Deux portes ouvertes : une petite chambre pleine de soleil avec vue sur la mer, où Apple, (la femme aux cheveux blancs) s’affaire. A côté ; une grande belle chambre, Jo colle des post-it sur les autres

portes : Pierre (Deirdra) Jo Ça va, maman ? Tu es bien installée ?

Apple Oui très bien, c’est charmant.

Jo colle : Fabien (Rachel) Apple Je croyais qu’ils ne venaient pas ceux-là.

Jo

Fais pas ton oiseau de mauvais augure. Tu vas nous porter la scoumoune. (collant Lucas –Soisic) On va passer un très bon été.

Apple (collant Balthazar) A mon avis tu vas en chier ma fille…

Jo Martin, tu peux

monter mon sac ?

Pas de réponse : elle descend un petit escalier et arrive dans la grande pièce de séjour-cuisine. Elle découvre Martin allongé sur une banquette recouverte de peaux de moutons, les bras croisés sur le visage.

Martin (grommelant) Je les monterai plus tard.

Jo Te fatigue pas mon ange.


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Off un klaxon, Jo se précipite derrière la maison. Un

monospace se gare, Pierre (40 ans) en descend.

Jo Pierre mon amour ! Vous avez fait bon voyage ?

Lucile (embrasse Jo) Merci de m’avoir invitée, Jo.

Jo

Ma petite Lucile, c’est tout naturel. Mon dieu que tu es belle, Aïssa ! Bonjour, Antoine !

Jo (à Pierre) Dierdra n’est pas avec vous ?

Pierre

Non. Elle est chez sa mère, elle arrivera dans quelques jours.

Jo Oh, quel dommage !

Pierre

Maman !!! … J’ai fait ce que j’ai pu maman, c’est déjà bien qu’elle vienne ! Si tu avais pas invité mes ex, ma femme serait déjà là. T’as invité papa ? Non ! Bon alors….

Jo

Si tu te mariais pas si souvent, on n’en serait pas là ! Venez, je vais vous montrer vos chambres. Lucile en attendant tu prends celle de Balthazar.

Aïssa Et nous on dort où ?


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Jo

Vous avez vos tentes, plantez les derrière la maison sur les restanques .

4. EXT. JOUR

Un petit port de pêche, avec un débarcadère pour le ferry. Des petits cafés, des maisons peintes. Pierre et Antoine sortent de chez le loueur de scooter. Antoine en lève la béquille.

Antoine Elle reste jusqu’à quand, maman ?

Pierre Jusqu’à ce que Deidra arrive.

Antoine Oh la, la ! Et elle arrive quand, Deirdra ?

Pierre Je ne sais pas exactement, dans quelques jours.

Antoine fait pouh! et démarre avec son père en croupe. Ils arrivent devant le centre commercial, où Lucile est en train de vider son caddy dans la voiture.

Antoine

Elle est sympa, Jo de nous avoir invités tous les trois. Ça fait longtemps qu’on avait pas été en vacances ensemble.

Lucile se marre, Pierre sourit.

Aïssa arrive en poussant un caddy. Elle se précipite sur le scooter.

Aïssa

Oh génial, je peux monter ?


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Pierre Où elle est, Jo ?

Lucile Elle est partie vers le quai.

Pierre ( à Antoine) Bouge.

Antoine Fais chier papa…

Antoine descend , il embrasse sa mère dans le cou. Pierre sourit et s’en va sur le scooter. Pierre cherche sa mère du regard, la voit de loin. En s’approchant il découvre qu’elle est fascinée par un pêcheur grec torse nu, qui bat une pieuvre sur le quai.

Pierre

Maman ! maman ! maman ! (elle ne répond pas, il se rapproche d’elle) Maman, mais qu’est-ce que tu fous… Tu dragues?

Jo (très contente) J‘achète une pieuvre. (au pêcheur) C’est mon fils, mon fils

aîné.

…/…

Pierre en scooter, sa mère en croupe, se dirigent vers le super – marché. Ils voient de loin Antoine qui donne un coup de pied dans la portière de l’Espace en hurlant.

Antoine

Pourquoi tu ne veux pas que je conduise ? Avec papa je fais la conduite assistée ! T’es vraiment nulle ! Allez !


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Pierre ralentit. Antoine continue de brailler.

Pierre Je remonte avec maman.

Jo se retourne et fait un geste, la main en éventail genre oh lala.

Antoine Ça promet, on va se marrer…

5. ROUTE DE MONTAGNE ETROITE. EXT. JOUR

Le scoot avance sur une route hyper dangereuse et sans parapets. Sur le scoot, Jo se colle contre Pierre, ravie. La pieuvre, dans un dernier sursaut, ventouse un peu Pierre…

6. GRANDE SALLE CUISINE - INT. JOUR

Martin, allongé, sur les banquettes - ses dread-locks se confondant avec les peaux de mouton, dort profondément en dépit d’un bruit régulier de fouettement.. C’est son oncle Pierre qui, refaisant les gestes du pêcheur bat le poulpe rageusement.

Pierre Il ne l’a même pas battu correctement, ce con !

7. EXT. ROUTE DE LA MAISON –JOUR

Le monospace avec Apple, Lucille, Antoine, Pierre qui conduit et Jo à ses côtés, croise un taxi vide.

Jo Merde, Lucas !

8. GRANDE PIÈCE CUISINE – INT. JOUR


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Lucas passe la porte…

Lucas Houhou, y a quelqu’un ?

Pas de réponse, il est accompagné de sa femme Soizic, 25ans, un peu gothique un petit piercing dans la narine, portant un gros bébé (Théodule, 8 mois ) en bandoulière ; son fils aîné (Lancelot 4 ans ) accroché à ses basques.

Lucas monte l’escalier qui monte au toit terrasse en appelant : maman ! maman ! Pas de réponse. il s’avance, découvrant l’horizon.

Lucas

La vache, Soisic, viens voir, maman avait raison c’est magnifique !

Il aperçoit Martin qui dort sur un matelas par terre.

Il lui secoue l’épaule. Lucas Oh, Martin… Ils sont où ?

Martin (grommelle) A la plage…

9. DERRIÈRE LA MAISON

La monospace se gare, Jo en descend précipitamment, Lucas sort de la cuisine.

Lucas (avec humour) Alors maman, tu m’as encore oublié !

Jo Oui, mon Lucas, bienvenue…


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Lucas Tu avais raison, c’est une aubaine, c’est magnifique…

10. INT. TERRASSE DU BAS – PETIT DÉJEUNER Jo est collée contre Pierre, assis à côté d’elle. Quoi qu’elle fasse : beurrer une tartine, se pencher pour attraper la théière, tout la ramène à l’épaule de son fils. Face à eux, Lucas – son fils Théodule, sur les genoux - observe le manège.

Pierre Qu’est-ce qu’il y a Lucas ?

Pierre se tourne vers Jo et lui sourit. A ce sourire, se superpose celui de Pierre à quatorze ans quand il avait encore un appareil dentaire. Jo est attendrie. Théodule quitte son père et va fouiller dans le corsage de sa mère, qui se laisse faire… Théodule colle sa bouche contre le sein.

Lucas

Je regarde la “tété-vision”, le plus vieux spectacle du monde. Maman si tu veux, on peut regarder tes papiers aujourd’hui…

Jo (toujours collée contre Pierre) Merci mon ange, on a tout le temps. J’ai un peu la

flemme..

Jo (s’écarte soudain de Pierre et se redresse avec un grand

sourire) Bonjour Deirdra… vous avez bien dormi ?

Une femme rousse, les yeux verts, répond gentiment avec un accent Irlandais.

Deirdra Oui, merci bien.


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Elle va embrasser Pierre, essaye d’asseoir Sean (5 ans) à côté de lui. Sean dit (en anglais), Je ne veux pas m’asseoir, je ne veux pas m’asseoir. Aïssa veut, en rigolant, le prendre dans ses bras. Il lui donne des coups de pieds.

Aïssa

Dis-donc je suis ta sœur, tu me donnes pas des coups de pied.

Deirdra Demi-sœur…

Aïssa Est-ce que j’ai l’air d’une demie ?

Deirdra Il faut toujours dire le vérité aux enfants.

Aïssa fait “pouh” et sort.

Deirdra (à Lucile qui est train de fumer une cigarette après son café) Tu pars quand ?

Lucile Je sais pas… tout de suite…

Sean I want some milk, I want some milk.

Deirdra Pour le lait, ask aunt Soisic

Lucas (à Deirdra) Ça c’est vache !


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Tout le monde rigole. Antoine vient se coller derrière sa mère. Elle lève les bras au-dessus du dossier de sa chaise, se renverse en arrière, et l’enlace dans son dos.

11. INT. CUISINE - JOUR

Pénombre. La porte de la grande-salle/cuisine s’ouvre : apparaît, en silhouette, une jeune fille portant une sacoche.

LA SILHOUETTE Kallimera…

La silhouette s’approche de la table, pour y poser le courrier. Elle entend “Aïe”. Elle se penche : nous découvrons avec elle le pauvre Martin, qui dormait sous la table, et dont elle vient d’écraser la main. Elle le regarde avec curiosité.

12. TERRASSE EXT.JOUR

Apple lit sur la terrasse, allongée sur une chaise longue,. Des cris d’amour retentissent tout proches. Apple continue à lire imperturbablement.

13. DERRIERE LA MAISON EXT. JOUR

Au même moment, Rachel, trente-cinq ans, jolie, pleine de sel, en paréo, s’approche de la maison, elle remonte de la plage. Elle s’arrête tétanisée, en regardant la tente – plantée sur une restanque - qui s’agite, et d’où proviennent les cris. Elle se précipite dans la cuisine, saisit une casserole et une louche, ressort en tapant dessus, comme un tocsin, et retourne dans la maison.

14. INT. MAISON. JOUR

Son fils Tom 8 ans, la tête gonflée par les oreillons, déboule dans l’escalier. Rachel le repousse sans ménagements.


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Rachel

Tom, remonte tout de suite ! Tu as les oreillons ! Apple n’est pas avec toi ?

15. DOUCHE – INT. JOUR Rachel, sous la douche, est en larmes.

Rachel

Martin, mon petit garçon ! Il est trop jeune. Mais c’est pas possible, C’est pas possible … Il est trop petit.

16. DERRIÈRE LA MAISON EXT. JOUR

Pendant ce temps, le reste de la famille arrive de la plage : Pierre, Deirdra et le petit Sean, qui est en train de faire un gros caprice et donne des coups de pied à sa mère.

Sean I wanted to stay on the beach…

Lucas, Théodule en bandoulière, Antoine, Aïssa et Matthias (13 ans).

Jo, tenant son petit-fils Lancelot par la main, ferme la marche en parlant avec Lucile.

La tente est toujours agitée. Les cris n’ont pas cessé, provocant des réactions variées chez les arrivants, selon l’âge et la parenté.

Pierre

Dis donc : je croyais que Martin n’était pas venu à la plage parce qu’il avait mal à la gorge ?!

Lucas (?)


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Pierre & Lucas Comme dirait la jeune mariée !

Lancelot Qu’est-ce qu’il a Martin ? Il a bobo ?

Jo

Non, je pense qu’il est plutôt content. Viens on va se rincer.

Lucas L’œil ?

Pierre se retourne et se marre.

17. SUR LA TERRASSE Tout le monde est à table, sauf deux places restées vides. .

Jo

Matthias va dire à ta mère qu’on est à table. (Matthias se lève) Et toi Antoine, va chercher ton cousin.

Antoine Pfff… C’est chaud !

Apple

Il s’est beaucoup dépensé ce pauvre petit Martin, Il doit être éreinté.

On entend des pleurs de bébé dans le babyphone. Soisic se lève et sort de table.

18. PRÈS DE LA TENTE- EXT. JOUR Antoine Oh Martin ! On est à table !


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Quelques pas en arrière, Rachel, les yeux rougis, voit le zip de la tente s’ouvrir lentement : la tête de Martin apparaît enfin. Une deuxième naissance. Rachel se détourne et s’en va.

19. DÉJEUNER SUITE - EXT. JOUR

Soisic ouvre largement son corsage, fait jaillir un sein. Théodule s’en empare et commence à téter. Jo la regarde, accablée.

Apple Ma petite Soisic, je vous trouve bien militante.

Soisic

Je vais quand même pas me cacher pour allaiter, c’est naturel… (à Jo) Vous, Jo, vous avez bien allaité les garçons ?

Rachel rentre et s’assied. Jo (caressant le cou de Rachel) Oui, oui, mais on avait dit que les petits mangeaient avant.

Deirdra T’as pas peur qu’il te morde ?

Soisic

T’es con. Y a pas mieux pour un bébé que le lait de sa mère… c‘est excellent…

Lucas Oh, c’est surfait ! Je peux vous le dire, moi j’ai goûté.

Tout le monde le regarde. Lucas Oui, mais sans les dents.

Pierre et Jo sont morts de rire.


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Soisic Lucas, tu fais vraiment chier.

Elle se lève et s’en va. Petit silence. Lucas s’aperçoit que Martin est là.

Lucas (lui versant à boire) Alors, un petit coup, mon Martin ?

Pierre Comme dirait…1

Jo, Lucas et Pierre sourient. On entend le bruit d’une

mobylette qui s’éloigne..

20. DERRIERE LA MAISON – EXT.JOUR

… une jeune fille aux longs cheveux noirs et frisés, en uniforme de facteur, sacoche en bandoulière, s’éloigne en mobylette.

21. DÉJEUNER TERRASSE – EXT. JOUR

Martin, un peu gêné, irradie, malgré lui.

Sourires complices.

On entend d’énormes bruits de succions qui sortent du babyphone. Théodule dans son petit lit en en toile suce frénétiquement son pouce.

Lucas Chacun son tour.

Pierre Comme dirait…

Ce “comme dirait…” est un running gag entre les fils et leur mère…


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Tout le monde éclate de rire : Soisic baisse un peu le son.

22. CHAMBRE “BALTHAZAR” – INT.JOUR

Rachel Comment tu as su qu’Antoine était plus puceau ?

Lucile (qui fait son bagage) Un matin tôt j’ai vu arriver une ravissante qui m’a dit bonjour et

qui voulait bien un thé. (Rachel l’écoute bouche bée) J’aurais dû m’en douter, ça faisait une semaine qu’il me tannait pour avoir des slips et des chaussettes neuves …Il avait seize ans.

Rachel Mais moi il en a que quinze.

Lucile

Mais moi, c’est mon fils unique… Profite bien de ton séjour ici, c‘est super.

Rachel

Oui, oh… c’est Jo qui m’a suppliée de venir avec les enfants. Parce qu’elle espère que comme ça que Fabien va craquer. Là, elle se gourre. C’est sûr qu’il ne viendra pas.

Lucile

C’est dommage. C’est vachement bien ici. Moi je serais bien restée, mais bon… avec l’autre irlandaise… rien à faire. Allez, j’y vais.

Lucile prend son sac.

23. DERRIÈRE LA MAISON – EXT.FIN DE JOUR

Lucile et Antoine sont bras dessus bras dessous. Antoine porte le sac de sa mère.


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Deirdra, Pierre et Jo sont sur le pas de la porte. Pierre réussit à dégager un bras de l’étreinte de Deirdra pour faire un signe d’adieu à Lucile.

Antoine (tout doux, à Lucile) Allez tite Maman. Dis oui. Si tu dis oui, papa dira oui. Je te promets que je sècherai pas, je ferai le ménage… Ça sera nickel. Et je viendrai te voir souvent…

Lucile

Je te trouve trop jeune. Et puis tu peux pas payer de loyer. Et puis qui va s’occuper de ton linge ?

Antoine Mais, c’est papa qui va payer…tu verras.

Lucile ( s’arrête) Non, c’est non, avec ton père on a déjà dit non !

Antoine (s’arrête, lâche le sac de sa mère, hurle) Tu fais chier, t’es pas cool. Même Basile va avoir un studio ! Tout le monde est en co-loc à la fac. Qu’est-ce que tu crois ? Je vais passer pour un con T’imagines la honte ? Et en plus les deux autres ils comptent sur moi. Tu me soûles.

Lucile empoigne son sac et rebrousse chemin. Deirdra

Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Pierre, fais quelque chose, elle va encore rater le ferry. Elle le fait exprès ou quoi ?

Elle rentre dans la maison.

Lucile Pierre, j’en peux plus, fais quelque chose.


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Pierre Qu’est-ce qui se passe ?

Lucile Antoine me fait une scène pour son histoire de coloc.

Soizic arrive, avec Théodule au sein, et Lancelot qui, agrippé à sa jupe suce son pouce avec son énorme doudou qui traîne par terre.

Soizic

Moi, je suis bien partie de chez moi à seize ans ! Je ne vois pas où est le problème.

Lucile

Oh toi, ça va ! Avec ton fils qui tête encore avec sa bouche pleine de dents !

Jo Je peux accueillir Antoine chez moi, si vous voulez.

Antoine fait la gueule. Pierre empoigne le sac de Lucile et va vers la voiture.

Pierre

Antoine, tu nous accompagnes !

Il s’en vont tous les trois.

24. SALLE DE BAIN - INT. JOUR

Jo change Théodule. Elle frotte son nez contre son ventre. Théodule rit aux éclats. Il fait un petit pipi. Elle rit, finit de le changer, le prend dans ses bras.

Lucas les regarde, attendri. Il fait trois pas vers elle. A cette avancée se superpose Lucas a un an faisant ses premiers pas. Jo est amusée.


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Lucas Ce serait le moment de voir tes comptes.

Jo On a tout le temps.

Lucas

Ça sera fait, donne le-moi, je vais le mettre dans son transat.

Lucas s’éloigne avec Théodule.

25. CHAMBRE JO INT. JOUR

Jo et Lucas sont assis côte à côte devant un ordinateur portable. Sur l’écran, la page d’accueil d’une banque. Lucas entre des codes à toute vitesse, consulte des pages de relevés.

Jo le regarde faire.

Lucas

Tu vois, c’est pas sorcier… Où est le document que je t’ai installé ?Je t’ai tout écrit, pas à pas, pour te connecter. Tout, t’as qu’à suivre.

Jo J’y comprends rien, ça me bloque.

Lucas

C’est simple, pourtant. Et merde ! Je t’avais dit de pas toucher à ce compte là pour faire tes virements.

Jo Je vois pas la différence.


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Lucas

La différence c’est que tu vas payer un max d’impôts. L’autre compte est défiscalisé, pas celui-là. Tu comprends ?

Jo Oui, oui.

Lucas Putain, maman, arrête de faire l’andouille.

Jo

Ecoute Lucas, je t’ai appris à marcher, alors tu peux bien m’apprendre Internet.

Lucas Pas du tout ! J’ai marché tout seul.

Lucas continue à faire défiler des chiffres sur l’écran. S’arrête brusquement.

Lucas Et ce chèque là, c’est quoi ? 20 000 € ?

Jo (inintelligible) C’est la location de la maison…

Lucas Quoi ?!

Jo (plus nettement) C’est la location de la maison.

Lucas Mais je croyais qu’on te l’avait prêtée ! C‘est énorme.

Jo Oui mais non… il y a la caution dedans.


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Lucas

Non. La caution c’est toujours un chèque séparé. Il n’est pas encaissé, donc il n’apparaît pas sur ton relevé.

Jo Ah oui, c’est vrai.

Lucas

Mais pourquoi t’as fait ça. ? Qu’est-ce qui t’a pris ? C’est une folie.

Jo

J’avais trop envie d’être avec vous, ça me fait tellement plaisir, j’en avais très envie depuis longtemps. Je t’en supplie, n’en parle pas aux autres.

Lucas Pourquoi tu me l’as pas dit ? T’as pas confiance en moi ?

Jo Je vois pas le rapport…

Lucas

Mais si : je me donne un mal de chien pour te mettre à l’abri tu fais des trucs dans mon dos et tu fous tout en l’air.

Jo

Tu ne vas m’engueuler parce que je dépense mon fric comme je veux. J’ai flambé, d’accord j’ai flambé. Mais moi, j’ai volé personne…

Lucas

Moi non plus j’ai volé personne ! Fabien m’a demandé de

s’occuper de son pognon. Je l’ai fait. Ça a foiré.

Jo Au moins, rembourse-le, et qu’on n’en parle plus.


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Lucas

Jamais de la vie. Il a joué, il a perdu. De toute façon, t’as jamais eu confiance en moi.

Elle le prend dans ses bras. Jo Mais non… pas du tout.

Il a les larmes aux yeux.

Soizic (off) Au secours, au secours…

26. EXT. JOUR – DERRIÈRE LA MAISON Théodule est attaché dans son transat de bébé, cramoisi, ensuqué.

Lucas et Jo arrivent en courant et voient Soizic, qui a jeté son scooter par terre, courir vers son bébé. Ils se précipitent. Soizic, en panique, détache son fils, dont la tête est ballante.

Soizic Il va passer, il va passer.

Lucas (blême) Je l’avais laissé à l’ombre, je l’avais laissé à l’ombre. Faut le faire boire, faut le faire boire…

Jo rentre en courant dans la maison, en ressort avec des torchons et une serviette de bain trempés. Elle tend un biberon à Soizic et emmaillote le bébé de la tête au pieds.

Jo Filez à l’hôpital, je m’occupe de Lancelot!

Lucas Je fais que des conneries. Je suis nul.


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Pierre arrive pieds nus et torse nu, en pantalon. Lucas et Soizic courent vers la voiture.

Pierre ( dépassant Jo) Qu’est-ce qui se passe ?

Jo Théodule a attrapé une insolation.

Pierre Lucas ! les clefs !

Lucas se retourne, Pierre lui court après. Rachel (qui vient d’arriver) Qu’est-ce qu’il faisait, exposé en plein soleil ?

Pierre démarre en trombe.

Jo Lucas l’a oublié. C’est de ma faute, on faisait mes papiers.

Rachel (la prend dans ses bras) Il va s’en sortir, Jo je suis maudite.

27. EXT. JOUR.HOPITAL Pierre est avec Lucas qui fume une cigarette en sanglotant.


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Pierre

Mais enfin Lucas, ils ont tout vérifié. Le toubib a dit qu’il l’avait échappé belle. Il va passer une nuit sous perf et demain c’est fini. Il n’y aura pas de séquelles.

Lucas

J’ai pas confiance dans cet hosto. On devrait rentrer en France, ou à Athènes.

Pierre

Mais non, vous allez dormir ici avec lui cette nuit : demain il sera en pleine forme.

Lucas

Je suis nul, je suis nul… Tout ce que je touche, je le foire. Déjà avec Fabien, et maman qui a perdu le sens des réalités. Tu sais qu’elle a loué la baraque vingt mille euros ?!

Pierre Mais non : elle l’a pas louée, on la lui a prêtée. Nuance !

Lucas

Puisque je te dis que si. Je faisais ses comptes avec elle, j’ai vu le débit : elle nous a menti. C’est même pour ça que j’ai oublié Théodule.

Pierre Mais pourquoi elle aurait fait ça ?!

Lucas

Je sais pas. Elle a juste dit qu’elle avait envie d’être avec nous.

Pierre

Quelqu’un qui vide son compte en banque comme ça, c’est qu’il n’en a plus besoin, parce qu’il n’en a plus pour


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longtemps. Elle doit avoir un cancer. Pourquoi elle ne me l’a pas dit? Pourquoi ?

Lucas

Mais non ! C’est parce qu’on est à l’hosto, tu délires. Mais c’est vrai que c’est bizarre. Tu la connais : quand elle veut quelque chose… Panique pas, tu dis pas à maman que je te l’ai dit.

28. INT. CHAMBRE JO -JOUR

Pierre fouille fébrilement dans les affaires de toilette de sa mère, Il examine les boîtes de médicaments, visite le tiroir de sa table nuit. Rachel ferme la porte de sa propre chambre dans laquelle on entrevoit Tom couché dans le grand lit de ses parents.

Rachel Qu’est-ce que tu fous?

Pierre Maman est malade.

Rachel Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Pierre

Elle a tout le temps chaud. J’ai de bonnes raisons d’être inquiet. Je te jure. Je veux savoir ce qu’elle a !

Rachel lui prend les boîtes des mains, y jette un coup d’œil.

Rachel

Tu as aussi remarqué qu’elle avait des sautes d’humeur. Mais mon pauvre Pierre, tu ne vois rien. Tu es aveugle. Somnifères, antidépresseurs, vitamines… Y a rien d’anormal.

Elle lui recolle les médicaments dans les mains et sort.


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Elle croise Jo dans le couloir.

Jo

Oh mon petit Pierre, tu fouilles dans mes affaires comme quand t’étais petit. Comme c’est mignon.

Elle l’embrasse.

Rachel se marre.

31. CUISINE - INT. SOIR

Jo sort un plat du four. Pierre débouche une bouteille. Jo éternue en poivrant le plat.

Deirdra A vos amours.

Pierre Tu as pris froid ?

32. TERRASSE - EXT. NUIT

Autour de la table, tout le monde a mis un pull. Jo en nage enlève le sien.

Pierre Tu as chaud ?

Elle le fusille du regard. Lève les yeux au ciel.

Jo

Peut-être que ça serait bien qu’un jour on loue un bateau pour aller pique-niquer dans une crique?

Pierre est sidéré.


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Aïssa Trop bien !

Matthias Quand ?

Jo Je sais pas, un des ces jours…

Jo (au dessert) Mes poussins, je vais vous laisser : ces émotions m’ont tuée.

Pierre T’es fatiguée ? A cette heure là?

Jo

Oui, je suis crevée. Toi aussi tu as une pauvre tête. Bonsoir.

Elle s’en va. Pierre est effondré.

33. INT. NUIT CHAMBRE FABIEN & RACHEL

Rachel lit Ulysse. Tom dort profondément à côté d’elle. Matthias, entre doucement et vient s’asseoir sur le bord du lit, tournant le dos à sa mère. Silence.

Rachel Qu’est-ce qu’il y a mon cœur?

Matthias attrape Tom, sort de la chambre et revient sans lui.

Il se rassied à la même place. Silence.

Rachel se redresse et lui caresse le dos, puis reprend sa position….


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Mathias

Martin, il s’y connaît en fille… Quand est-ce qu’on sait qu’on est pédé ou normal ?... Tu as jamais voulu ressembler à quelqu’un qui est toi en mieux… mais tu voudrais quand même rester toi …?

Rachel

Si. Quand j’étais petite, j’étais très amoureuse d’une fille de ma classe… Je me souviens, elle avait des beaux cheveux. On se tenait toujours par la main. Un jour elle s’est pas assise à côté de moi. J’ai été très malheureuse.

Mathias, toujours immobile, tête baissée.

Rachel

Tu sais, dans la vie tout le monde cherche sa moitié d’orange.

Mathias (dans un sanglot) Je sais. On a lu le banquet de Platon.

Rachel

Et puis : on dit pas pédé : on dit homosexuel, ou hétérosexuel. Si un jour tu aimes un garçon, on dira que tu es homosexuel. Si tu aimes une fille, on dira que tu es hétérosexuel.

Mathias Et ça te fera rien ?

Elle se serre contre son dos, et le berce.

Rachel

Non, mon cœur, tout ce que je veux, c’est que tu sois heureux.

Il se dégage et s’en va.


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Quand il est parti elle se jette sur son oreiller et fond en larmes. La porte grince. Tom, à moitié endormi, revient et se recouche dans le lit. Elle se serre contre lui.

34. INT. CUISINE NUIT Rachel est au téléphone de la cuisine, elle parle dans le noir.

Rachel

Je te jure que c’est pas un blague. Pierre est très inquiet, il pense que ta mère est vraiment malade … Oui, ça serait bien que tu viennes. Je sais, mais ça serait bien.

35. EXT. JOUR- APRÈS-MIDI - PORT

Fabien apparaît en haut de la passerelle, avec Frank (13 ans) . Rachel et ses enfants, (Martin, Matthias et Tom), attendent sur le quai.

Fabien fait de grands gestes de la main.

Tom Y a Papa, y a papa, papa…yapapa !

Tom veut monter sur le bateau Rachel a du mal à le retenir. Sitôt descendu sur le quai, Fabien prend Tom dans ses bras.

Fabien Alors, t’as eu les oreillons ? T’es un grand, maintenant.

Fabien le repose, prend Rachel dans ses bras et lui chuchote à l’oreille.

Fabien Comment elle va ?

Rachel, par dessus l’épaule de son mari, observe les retrouvailles des deux copains : Frank et Mathias se tapent virilement dans les mains.


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Rachel Moi, je la trouve pas mal.

Le portable de Frank sonne. Il répond. Frank

Oui, maman, très bien. Non j’ai pas été malade. Oui, maman.

Il s’éloigne, gêné.

Fabien

Et toi, mon Matthias, ça va ? Tu t’y retrouves entre le grec ancien et le grec moderne?

Martin Le grec moderne, c’est plutôt moi !

Fabien Comment on dit préservatif en grec moderne ?

Martin T’es con…

Fabien Je suis quand même content d’être là.

Fabien fait trois petits pas de sirtaki,, bute sur sa valise et tombe à la renverse dans le port, entraînant sa valise.

Rachel

Fabien ! Fabien ! Mon mari est tombé dans le port. Aidez-le ! Aidez-le.

Fabien barbote, crache de l’eau, essaye de maintenir sa valise à flots. Les marins s’affairent, lui lancent un bout.


34

Frank (au téléphone) Attends maman, y a le père de Mathias qui est tombé

dans le port.

Tom Papa, papa, papa.

Un enfant, sur le quai, jette généreusement sa bouée canard sur Fabien. Tout le monde lui donne des conseils en grec et en français. Les marins le hissent en rigolant et en faisant des blagues en grec.

Un badaud grec (en grec) Regardez, encore un. Il y a un con de touriste qui est tombé dans le port…

Matthias (à Martin) J’ai compris “tombé dans l’eau”, mais avant qu’est-ce qu’il a dit ?

Martin Il a dit “con de touriste !”

On le remonte sur le quai. Il dégouline. Tout le monde applaudit. Sauf Mathias, qui a honte pour son père.

36. EXT. FIN DE JOUR – TERRASSE DU HAUT

Jo attend sur la terrasse du haut. Elle voit de loin la voiture s’approcher de la maison. Elle descend de la terrasse, traverse la cuisine et arrive derrière la maison en même temps que la voiture.

37. DERRIERE LA MAISON Tom (il descend de la voiture) Jo, Jo, Ya papa qui est tombé dans le port !


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Jo (éclate de rire) Oh, le pauvre…

Fabien s’avance, trempé et dégueulasse suivi par Martin qui porte sa valise dégoulinante.

Jo (l’embrasse) Quelle bonne surprise. C’est trop gentil. C’est un vrai cadeau.

Fabien Je suis vraiment trop con. Bonjour maman.

Martin fait les présentations à Frank.

Matthias

Ma grand-mère, Jo. Et mon arrière grand-mère, Granny… qu’on appelle Apple.

Frank Granny=apple? Ah oui, ok.

Fabien embrasse tout le monde. Lucas s’approche enfin, Théodule dans les bras.

Lucas Je te présente insolé mio.

Fabien

Ouais, ouais , je sais, on m’a dit. (à Théodule) T’as l’air d’aller mieux, toi… ?

Lucas Et toi t’as l’air très amphore !

Jo prend Théodule des bras de son père et le donne à Soisic.


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Jo (à Fabien et Lucas) Venez, (à Fabien) T’as pas froid ? Il faut que je vous parle.

Elle s’éloigne, un fils à chaquez bras vers les restanques près des tentes. Deidra Mais qu’est-ce qu’elle est possessive !

Jo

C’est pour le plaisir que nous sommes en Grèce J’entends bien que votre différend cesse. Je voudrais que vous m’en fassiez la promesse.

Lucas Sinon….gare à nos fesses !

Ils rigolent tous les trois, puis…

Jo

Sérieusement, Lucas, je ne voudrais pas de dispute entre vous.

Lucas Yes.

Fabien Ok. Ok.

Jo Promis ?

38. INT. CUISINE. SOIR

Pierre, Lucas et Fabien préparent l’ouzo pour l’apéritif.


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Matthias et Frank traversent la cuisine.

Matthias On a mis la table.

Fabien Pourquoi moi, je viens d’arriver ?

Pierre Je me connais je vais me mettre à pleurer.

Lucas

Moi, je peux pas, c’est moi qui ai découvert le pot aux roses dans les comptes (à Fabien) C’est pas la mer à boire. Tu lui demandes comment ça va, et puis c’est tout.

Jo (off) Soisic, la salle de bains est libre.

Pierre Vas y, vas y !

Fabien prend deux ouzos en soupirant, monte l’escalier, et rejoint Jo. Fabien

Tu viens maman, je t’invite à prendre l’apéro sur la terrasse…

39. EXT. SOIR - TERRASSE DU HAUT Fabien et Jo trinquent…

Jo Santé !

Fabien Santé…


38

Jo Qu’est-ce qui t’a décidé à venir, finalement ?

Fabien

L’idée que vous alliez tous rigoler sans moi : ça me faisait mal au cœur…

Jo Ça va aller avec Lucas…

Fabien Mais oui… on a plus douze ans…

Jo Et tes entretiens pour le boulot, ça se passe bien?

Fabien

Ça se présente plutôt bien… en particulier chez Sénéchal. Et à propos, si tu pouvais éviter de poser des candidatures spontanées à ma place, ça serait bien ma petite maman. Ça me met dans une situation embarrassante.

Jo

Ok, mais là… c’était si facile pour moi. C’est normal, je suis ta mère.

Fabien C’est vraiment beau ici.

Jo

Ah oui, c’était une chance extraordinaire qu’on m’ait prêté cette maison.

Fabien Et toi ça va ? Excuse-moi, je reviens.


39

Le téléphone sonne.

Voix de Dierdra (off) Frank, c’est pour toi, il y a ta maman au téléphone.

Fabien emprunte l’escalier. Au pied il trouve ses deux frères, leur fait un signe d’impuissance. Pierre consterné se frappe le front. Lucas se tape sur les cuisses. Pierre lui fait signe d’y retourner immédiatement. Il y retourne.

Fabien (à peine arrivé) Petite maman, si tu avais un souci, tu me le dirais ?

Jo Pour le moment tout va bien.

Fabien

Voilà, on s’inquiète pour toi : on pense que t’es malade et que tu nous le dis pas pour ne pas gâcher les vacances…

Jo le regarde hallucinée, boit un coup.

Jo Qui ça “on” ?!

Fabien Nous, nous, nous…

Jo

Tu diras à nous-nous, qu’ils déconnent ! Tu trouves que j’ai si mauvaise mine ? Ah c’est parce que tu penses que je suis malade. Sinon, tu serais pas venu ? Je ne suis pas si vieille ! Ne me poussez pas dans la tombe avant l’heure. Vous êtes vraiment une bande de cons… Mêlez vous de ce qui vous regarde.

Elle le prend dans ses bras et l’embrasse sur le cœur, lui caresse rapidement la tête et sort de la terrasse.


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Fabien Et voilà, c’est encore moi qui me fait engueuler.

Au pied de l’escalier, Pierre et Lucas se sauvent avant qu’elle arrive.

40. EXT. - PLAGE – JOUR

Frank mate Aïssa qui sort de l’eau en maillot de bain. Sous un parasol, Apple, assise sur un petit pliant , se fait rafraîchir les pieds par le petit arrosoir en plastique de Lancelot.

Elle regarde à la jumelle Lucas et Fabien qui chahutent dans l’eau et commencent à se pousser…

Apple Je le sentais. Je l’avais prédit.

Jo lui arrache les jumelles et voit Fabien et Lucas qui se battent sauvagement dans l’eau. Elle rend les jumelles à Apple et se précipite dans l’eau en criant.

Jo Arrêtez ! Arrêtez tout de suite. Pierre ! Pierre !

Jo avance dans l’eau ver ses fils.

Fabien T’es qu’une petite ordure. Un escroc minable.

Lucas

Pauvre con, tu étais bien content que je m’occupe des tes affaires quand on gagnait !

Pierre (se redresse) Ho, ho… arrêtez.


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Fabien et Lucas continuent à se battre. Fabien a le dessus, il met la tête de Lucas sous l’eau. Lucas réussit à se dégager. Fabien le poursuit jusque sur la plage. Ils continuent à se battre.

Ils roulent sur le sable, se battent toujours.

Fabien T’es un enculé de ta mère !

Lucas Et toi, un enculé de la mienne !

L’ombre portée de Jo est sur eux. Elle se couche sur eux. Ils la ferment enfin. Tous trois à bout de

souffle.

De loin, toute la famille, debout, les regarde, effarée.

41. EXT. TERRASSE DE DEVANT-JOUR

Apple, sur une chaise longue, sous le parasol, chantonne bouche fermée : mh, mh, mh… 2

42. INT. CHAMBRE LUCAS/SOISIC-JOUR

Soisic assise, sur son lit, allaite Théodule. Elle regarde Lucas en se marrant : Luca est tout cabossé, un œil au beurre noir.

43. INT. CHAMBRE FABIEN - JOUR

Tom, dort entre ses parents.. Fabien, la lèvre fendue, allongé, les mains sous la tête, regarde le plafond. Rachel, une main sur la tête de Fabien, le gratouille.

44. INT. CUISINE JOUR

Apple chantonne toujours, off. La petite factrice, entre dans la cuisine, tend le courrier à Jo.

Comme dans un western spaghetti.


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Jo Kallimera, Eleni

Factrice Kallimera.

La petite factrice s’en va. En ouvrant le courrier, Jo se penche, et la voit s’approcher de la tente.

La voix de Pierre la fait sursauter.

Pierre Ça va maman ? Tu as reçu des analyses ?

Jo (lisant le courrier) Des analyses, mais pourquoi ? Ah je suis contente, Fabien

va avoir un boulot…

Pierre Tu lis son courrier ?

Jo

Non, mais j’aurais pu. Quand on aime les gens c’est la moindre des choses.

Pierre prend une bouteille d’eau dans le frigo.

Jo Je suis très contente de moi, ça a marché.

Pierre C’est très bien, mais je serais toi, je ne lui dirais pas.

Jo

Mais pourquoi ?! je me suis donné un mal de chien. C’est tout normal, je suis sa mère, tu me diras


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45. INT. CHAMBRE FABIEN-JOUR

Fabien

Viens-là, mon bonhomme, c’est fini depuis longtemps les oreillons.

Il sort de la chambre avec son fils.

46. TERRASSE DU BAS- JOUR Apple chantonne. Mhmhmh…

47. INT. CHAMBRE LUCAS JOUR Lucas ( à Soisic) Donne-le moi, je vais le changer.

48. INT. COULOIR. JOUR

Fabien et Lucas, chacun un enfant qui pleure sur les bras, sont face à face.

Lucas

Laisse-moi passer !

Fabien ne bouge pas.

49. INT. CUISINE- JOUR

Jo qui a entendu les pleurs des enfants se précipite dans l’escalier.

50. INT. SUR LE PALIER -JOUR

Jo surgit, elle les regarde puis prend chacun de ses fils par une oreille. Elle attend.


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Fabien et lucas (sans se concerter) Je suis calme, je suis calme, je suis calme…

On entend la voix de Pierre : Encore ! Fabien et

Lucas soupirent, et s’y remettent.

Fabien et Lucas Je suis calme, je suis calme, je suis calme…

Jo Ça va, ça va…

Fabien et Lucas continuent. La caméra recule dans le couloir, en prenant de la hauteur.

On entend les rires enfantins de Tom et Théodule.

51. EXT. JOUR-MONTAGNE ARIDE

Balthazar, à l’agonie, couché sur la pierraille, parle dans un talkie-walkie, avec difficultés.

Balthazar

Maman, maman”, décroche maman. Maman, tu m’entends ? Adieu maman…

La tête de Balthazar tombe sur son épaule. Il est mort. Il est habillé comme le pêcheur Yannis et qu’il est sur une petite route de montagne. Près de lui, un véhicule calciné et deux cadavres.

52. INT. CHAMBRE JO NUIT Jo se réveille suffoquée, en sueur, se redresse.

Jo Je suis folle… Balthazar… Je suis folle.

Elle découvre qu’elle tient son portable dans la main.


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Elle attrape une bouteille d’eau et boit au goulot.

53. EXT. DERRIÈRE LA MAISON Pierre et sa mère, cabas en main, croisent Fabien.

Jo On va faire les courses. Tu viens avec nous ?

Ils montent dans la voiture et démarrent.

Lucas (qui leur court après) Attendez-moi !Attendez-moi ! (la voiture stoppe) Bande de lâcheurs,vous allez où ?

Jo Au marché.

Il monte dans la voiture.

Jo (à Pierre) Dépêchons-nous, y aura plus rien.

Pierre démarre en trombe, Jo sourit.

54. MARCHÉ – EXT. JOUR

Jo et ses fils font des achats. Premier étal. Pierre paye.

Second étal :

Lucas

C’est moi qui paye… ah mais je suis con, j’ai oublié mes drachmes.


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Jo

T’inquiète, on fera les comptes en rentrant. Venez, on va acheter du bon poisson.

Fabien Encore !

Lucas

Viens, on va te montrer le fiancé de maman : c’est un pur grec.

Ils se marrent, Jo aussi. Jo présente au pêcheur son 3° fils avec fierté.

Jo

Je vous présente Fabien, mon troisième fils qui vient d’arriver.

Fabien salue le pêcheur.

Lucas ( à Pierre ) Passe-moi ton portable : on va faire une photo.

Pierre T’as vu vos tronches ?

Fabien Ben justement c’est le moment…

Il tend l’appareil au pêcheur. Le pêcheur s’essuie à peu près les mains. Les quatre enlèvent leurs lunettes pour la photo. Yannis se marre et immortalise les tronches cabossées des deux frères. Sur la photo prise par le pêcheur, Pierre fait la gueule.

Lucas Cache ta joie. On la double : le petit poisson va sortir !


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Le pêcheur fait une seconde photo. Pierre essuie soigneusement son appareil qui pue le poisson.

Jo Could we rent a boat like yours, for one day. Est-ce qu’on pourrait louer un bateau pour une journée ? comme celui-là.

Fabien Ça risque d’être un peu juste.

Jo On n’a qu’à en prendre deux.

Lucas Oui, une paire of boat.

Fabien Comme dirait…

Pierre Très drôle, mais on prend quoi, comme poisson… ?

55. EXT. TERRASSE BISTROT JOUR

Nouvelles photos. Apéro/Ouzo/ Sirtaki.

Lucas

C’est moi qui paye l’apéro. On fera des comptes à la maison…

Fabien le regarde, ironique. Les

apéros arrivent.


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Jo Santé !

Pierre A la tienne !

Jo rigole. Les trois frères sont un peu embarrassés.

Jo

Au fait, d’où ça sort cette histoire de maladie ? Qui est-ce qui a commencé ?

Ils lèvent tous les trois la main.

Jo Belle solidarité. Vous êtes privés de poisson.

Lucas Ouais ! Pour combien de temps ?

Fabien

On n’est pas bien là.. ? C’est un peu comme avant la naissance de Balthazar.

Lucas Il a un gros bazar Balthazar.

Tous (au choix : “comme dirait” ; Lucas !)

Pierre Au fait, il arrive quand le petit crétin ?

Jo

Je sais pas. Bientôt, j’espère. (au garçon) La même chose !


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Fabien (regardant autour de lui) Ça serait peut-être gentil de rapporter quelque chose pour nos femmes ?

Lucas

Oh merde, les couches !

Il se lève, sa mère lui tend son porte-monnaie.

56. INT. VOITURE. JOUR

Retour du marché. Jo conduit. Elle entonne Je suis malade, de Serge Lama. Les garçons chantent avec elle. Dans l’enthousiasme elle lâche le volant.

Pierre Oh Jo ! garde le cap.

Au moment où ils en sont à : “Quand elle sortait le soir, j’étais au désespoir” Ils s’interrompent brusquement…

Oups ! Houla ! leurs trois femmes les attendent sur le perron.

Lucas Maman, c’est de ta faute. Assume. Va négocier.

Jo, Lucas et Fabien sortent de la voiture.

Jo (à ses belles filles) Bon d’accord : je vous les ai empruntés cinq minutes, mais enfin ils sont quand même un petit peu à moi, …vous devriez me dire merci de les avoir faits…

Deirdra Shit.

Elle rentre dans la maison.

Pierre fait marche arrière et va garer la voiture..


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Soisic

C’est pas cool, quand on vit en groupe faut respecter un minimum les règles.

Lucas (tenant les couches à bout de bras) On pouvait pas rentrer, on écoutait les salades du

pêcheur.

Soisic Tu fais chier, t’es pas drôle.

Jo Pardon, pardon…Ça se reproduira plus.

Rachel

C’est vraiment pas sympa. Nous, pendant ce temps là on attendait la voiture pour emmener les petits et Apple à la plage. Vous êtes vraiment égoïstes…

57. INT.CUISINE TÔT LE MATIN

Pierre fait des œufs brouillés, avec du bacon. Les dépose soigneusement sur une assiette. (off, on entend Sean qui fait une scène à sa mère.)

58. EXT. TERRASSE DU BAS. TÔT LE MATIN Pierre pose l’assiette devant Deirdra.

Pierre Here you are.

Elle ne répond pas. Prend Sean sur ses genoux pour lui donner son poridge.

Pierre Tu veux du pain grillé ?


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Elle ne répond pas….

Pierre Bon, si c’est up “to me” alors je vais en griller.

Pierre retourne à la cuisine.

59. INT. CHAMBRE FABIEN ET RACHEL.

Fabien et Rachel sont encore couchés. Fabien se lève doucement, entre dans la salle de bains. On l’entend pisser. Il ressort. Ouvre tout doucement la porte de sa mère. Il découvre Tom endormi, seul, dans le lit de Jo.

60. INT. CUISINE MATIN

Fabien arrive et commence à préparer un plateau de petit déjeuner.

Fabien

Bonjour, ça va chez toi?

Pierre

Ouais, ouais.

Pierre part avec son pain grillé.

61. EXT. TERRASSE MATIN

Fabien arrive sur la terrasse et constate que sa mère n’y est pas non plus.

Fabien

Bonjour Deirdra. (à Pierre) T’as pas vu Jo ?

Pierre Non, elle dort encore.

Fabien Ça m’étonnerait, elle n’est pas dans son lit.


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Deirdra soupire. Pierre Je sais pas, elle a dû aller se balader.

Pierre quitte la terrasse et va vérifier derrière la maison que la voiture est là. La voiture n’est plus là.

62. INT. CUISINE MATIN

Pierre revient dans la cuisine où Fabien continue à charger son plateau magnifique.

Pierre Elle est partie.

Fabien Faut réveiller Lucas…

63. INT. CHAMBRE LUCAS Pierre touche doucement l’épaule de Lucas, enlacé avec Soisic.

Pierre Maman est partie… Excuse-moi, elle t’a rien dit ?

Lucas Non

Soisic (ouvrant un œil) Oh merde… !

Lucas J’arrive.

Il le suit.

64. EXT. CUISINE -MATIN


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Fabien écoute la météo ; il a fini son plateau, Lucas arrive.

Lucas Paraît que maman a disparu !

65. EXT.TERRASSE - MATIN

Ils se retrouvent sur la terrasse, où vient d’arriver Apple, qui boit son thé.

Pierre (à Apple) Apple, tu sais pas où est maman ?

Apple Si. Elle est à la pêche…

Pierre Comment tu le sais ?

Apple J’ai pris un petit café avec elle à cinq heures ce matin.

Fabien (arrive) Il va y avoir “Mer agitée à très agitée”. Qu’est-ce qu’on

fait ?

Pierre Je vais voir à la longue vue…

Deirdra soupire

Il sort ; Lucas et Fabien, lui emboîtent le pas.

Apple (à Deirdra) Regardez mes petits fils, on dirait des veaux sous la mère.

Deirdra éclate enfin de rire.


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66. EXT. TERRASSE DU HAUT - MATIN

Pierre se jette sur la longue vue posée sur la terrasse. Balaye l’horizon.

Pierre Je la vois ! Je la vois ! Elle est avec le pêcheur!

Les autres (essayant de prendre sa place derrière la longue-vue) Fais voir. Fais voir. Je veux la voir.

Pierre Elle est avec son grec. Je la vois.

Fabien Fais voir.

Ils se bousculent pour voir.

Rachel (off) … et mon plateau !?

Ils se retournent tous ensemble. Rachel les regarde.

Les trois Jo est à la pêche !

Ils se rejettent sur la longue vue. A travers la longue vue, on voit Jo, sur le bateau, avec Yannis, le

pêcheur grec.

67. BATEAU MER - EXT JOUR Jo, très zen les doigts de pieds en éventail surveille sa ligne.

Jo Yannis, je crois que ça mord.


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68. TERRASSE – EXT. JOUR

Les petits et les adolescents (mal réveillés), prennent leur petit déjeuner à leur tour. Sean sautille partout. Soisic est en train d’allaiter Théodule. Lancelot essaye de grimper sur ses genoux.

Lancelot Moi, je voudrais bien revenir dans ton ventre.

Soisic Ça, ça n’arrivera jamais.

Lancelot

Comme même, quand je serai grand je me marierai avec toi.

Apple

Je te le conseille pas, moi je connais un petit garçon qui s’appelait Œdipe, ça ne lui a pas réussi…

Un thon de belle taille, atterrit sur la table au milieu des corn-flakes, de la bouillie et des corbeilles de fruits.

Le Thon Kallimera !

Mathias et Frank (mal réveillés) Kallimera.

Jo C’est moi qui l’ai pêché.

Les enfants et les adolescents Beurk.

Lancelot (qui mange ses corn-flakes avec son doudou

dégueulasse près de lui) Moi, je mettrai jamais ça dans mes tuyaux.


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Jo Les garçons ne sont pas là ?

Soisic On a déjà pris le petit déjeuner.

Sean (part en courant) It’s a big a fish…

Aïssa Papa, papa ! Y a Jo qui a pêché un gros poisson.

Jo entend applaudir, elle lève la tête voit ses trois fils qui applaudissent l’exploit.

Pierre Et si on le congelait ?

Jo

Ben non, il est tout frais… ça serait dommage… si tu veux, je ferai mitron.

69. ARRIERE-CUISINE BUANDERIE

Lancelot, fasciné, regarde, par le hublot, son doudou qui tourne dans la machine à laver. La machine s’arrête, Deirdra ouvre la machine, en tire le doudou, le donne à Lancelot.

Deirdra Tiens mon Lancelot : un doudou qui sent bon !

Lancelot le renifle et se met aussitôt à beugler. Soisic

arrive en trombe. Elle comprend tout de suite.

Soisic

Quelle est la conne qui a mis le doudou de Lancelot à la machine ?


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Deirdra C’est moi : il puait, c’était pas possible. It was disgusting !

Soisic

Disgusting mes couilles. Occupe toi de ton chiard et lâche le mien. On t’a jamais dit qu’un objet transitionnel c’était sacré ?!

70. SUR LE PALIER

Jo colle paisiblement sur la porte de chacun de ses fils une petite affichette.

Deirdra (off, gueulant) Et toi, on t’a jamais dit que les microbes c’était

contagieux ?!

Soisic (off, gueulant) C’est pas des microbes, pauvre conne ! C’est son odeur, son parfum.

Lucas arrive sur le palier en se bouchant les oreilles

Lucas

Qu’est-ce que tu fais ? Tu colles des dazibao ?

Jo

J’affiche mon bulletin de santé, pour calmer le jeu. Je l’ai reçu ce matin.

Lucas s’approche, la prend par la taille et lit; sur la feuille à l’entête d’un médecin parisien, il est écrit:

“Je certifie, après examen que madame Jo Deschamps est en parfaite santé et en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels. Et je prescris à ses fils un xanax chaque matin, au lever.”


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Lucas éclate de rire.

71. CUISINE – INT. JOUR

Pierre, assis, en tablier, pilonne des anchois dans un mortier. Jo, debout derrière lui, tenant en l’air ses mains barbouillées d’ail, lui serre la tête de ses coudes et lui embrasse les cheveux.

Jo

Ça va être délicieux. C’est moi qui t’ai appris, mais là tu m’impressionnes.

Pierre Hum…

Jo

Heureusement que tu es là, tout le monde se la coule douce, et c’est toi qui te tapes tout le boulot.

Pierre (rogue) J’aime ça, faire la cuisine, en vacances.

Jo

Et moi j’adore faire la cuisine avec toi, c’est peut-être parce qu’on a grandi ensemble.

Pierre Arrête !

Jo

C’était une période très heureuse pour tes frères aussi, et pourtant ton père était pas souvent là.

Pierre Arrête !

Jo

Mais ne me parle pas comme ça, c’est pas grave, c’était une blague… Ça m’a attendrie que tu t’inquiètes pour moi.


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Pierre

J’ai pas envie de reparler de ça. Je n’ai aucune envie de me disputer avec toi.

Jo Pourquoi veux-tu qu’on se dispute ? On parle, c’est tout.

Pierre T’es lourde…

Jo (riant, elle tente une diversion) Souviens-toi que c’est moi qui t’ai tiré du néant !

Pierre C’est pas une raison pour m’y renvoyer.

Jo

Tu charries : je t’ai toujours protégé des exigences de ton père.

Matthias et Frank, en maillot de bain avec leur serviette sortent de la

cambuse qui leur sert de chambre.

Pierre

Tu peux pas me lâcher pour une fois dans ta vie ! Arrête de te mettre au centre de tout !

Jo Mais, mon Pierre…

Matthias et Frank s’éclipsent..

Pierre

Je suis pas ton mari, je suis pas ton amant, je suis ton fils aîné ! Et si tu étais tombée amoureuse d’un berger, au moins on mangerait peut-être des côtelettes. (Il enfourne le gros poisson, claque la porte du four). T’es une ogresse, t’as mangé Lucile, j’ai essayé de protéger


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Aminata : mais t’as eu sa peau. Et t’aimes pas Deirdra parce qu’elle te résiste.

Jo Mais pas du tout…

Pierre

Y en a marre des poissons. (il balaye tout ce qui est sur la table)J’en ai marre, marre, marre de toi, marre de tout. Merde, à la fin.

Pierre shoote dans la porte du placard. Son pied se prend dans le bois fracassé.

Il hurle de douleur.

Jo Pierre !

Pierre Ne me touche pas ! Ne me touche pas !

Deirdra arrive, lui avance une chaise. Il s’assied, hurlant de plus belle, le pied toujours coincé. Antoine rapplique.

Antoine Papa ? Qu’est-ce qu’y a. Oh, c’est pas cool.

Deirdra (à Antoine) Reste pas planté là, fais quelque chose…

Antoine ressort. Lucas arrive, éclate rire.

Lucas Ben mon Pierrot ! Hola! Tu t’es bien planté.


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Antoine revient avec une scie. Lucas la lui prend des mains et entreprend de dégager son frère qui hurle toujours.

Lucas Oh la vache, le placard ! T’as pensé à la caution ?

Pierre Ta gueule !

Aïssa et Deirdra, commencent à lui enlever les échardes. Aïssa est plus douce que Deirdra. Il a très mal. Jo, les larmes aux yeux, a mal pour Pierre.

Deirdra (appelant) Rachel, tu peux descendre la pharmacie qui est dans ma

chambre !

Le téléphone sonne. Antoine décroche. c’est la mère de Frank.

Antoine Frank, c’est ta daronne !

Fabien arrive avec la pharmacie, jette un œil sur le four.

Fabien Pierre, t’as mis le poisson de maman sur pyrolyse !

Jo se précipite, regarde par la fenêtre du four, découvre son poisson carbonisé.

Jo O ben non. !...

Frank( prend le téléphone) Je peux pas te parler, là…


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(on entend, off, les cris de sa mère) Mais si, y a le tonton de Matthias qui a explosé la cuisine

Lucas On va pas en faire un drachme…

Jo

C’est de ma faute. On a qu’à aller tous au restaurant.

Pierre la fusille du regard.

72. TERRASSE DU HAUT – EXT. JOUR

Jo, en larmes, debout face à la mer dans le vent, pleure, lève les mains au soleil, rabat les mains vers son front.

Jo Mon Pierre… Opopoï ! 0popopoï ! Opopoï !

Le vent porte sa voix.

D’en bas, Lucas et Fabien la regardent hilare.

Lucas

Oh la vache, elle a pété un câble.

Fabien

A table !

Jo se resaisit.

73. DERRIÈRE LA MAISON - EXT. JOUR

Des pieds d’enfants lattent les tibias d’une adulte. C’est Sean que Jo tient à bout de bras …

Sean J’en ai marre de pas voir ma mère !


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Jo (amusée) Dans quelques années t’en auras marre de la voir.

Il se roule par terre, et crie de plus belle.

Jo

Allez, calme toi, mon ange ! tes parents vont revenir bientôt.

Il crie toujours, elle le traîne sous la douche, il est furieux.

Sean Je le dirai à ma maman.

Jo (emmerdée) En tout cas ton papa sera pas étonné. Lui aussi je le

mettais sous la douche : et il criait plus fort que toi. Et si tu veux, quand tu seras plus grand, tu pourras casser les

cuisines.

Sean la regarde, médusé.

74. INT. CHAMBRE DE JO – NUIT Jo est couchée avec Sean et Tom endormis. Elle ne dort pas.

75. DERRIÈRE MAISON PRÈS DES TENTES -JOUR

Jo s’approche de la tente des garçons

Devant la tente, Antoine, Martin, Matthias et Frank, chacun un

tampax au bec, rient comme des ânes et font les malins.

Frank (à Martin) T’as de la chance. Elle embrasse bien Eleni ?

Dès qu’ils voient Jo, ils cachent les tampax, assez gênés.

Jo Donnez-moi la boîte…


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Martin Il en reste qu’un.

Jo

A ta place Martin, je m’écraserai. (à Antoine) Je me suis trompée : t’es pas mûr pour avoir une piaule tout seul. Humilier les filles c’est vraiment un truc de petits cons. Je compte sur vous pour vous excuser et surtout pour aller en racheter. Une boîte chacun !

Jo s’éloigne. Les quatre garçons ne rigolent plus du tout. Ils sont bien embêtés.

Frank Une boîte chacun… elle nous charbonne, là.


Jo passe dans la cuisine où tout le monde s’affaire.

Jo

Vous avez pas vu Aïssa ?

Personne ne l’a vue. Jo ressort elle aperçoit Aïssa enfermée dans la voiture, elle la rejoint.

77. INT. VOITURE JOUR Aïssa J’en ai marre, ils font chier. Je voudrais être un garçon.

Jo

Mais pourquoi ?! T’es la plus jolie fille de la famille… t’es intelligente… C’est vrai, t’es un peu seule. On aurait dû t’inviter une amie. Mais c’est formidable d’être une fille… En plus tu as de la chance, tes parents sont pas là, t’es belle comme un cœur… et puis un jour tu seras amoureuse, tu auras peut-être des enfants.


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Aïssa

J’en veux pas. Même pas en rêve. Tu crois que je vois rien ?

Jo

Tu as tort. C’est une aventure extraordinaire. C’est… cosmique.

78. INT. CHAMBRE SOISIC ET LUCAS Au même moment, Lancelot tire Théodule de son petit lit.

Lancelot Viens avec moi…

Il le sort de la chambre, traverse le couloir et entre dans la chambre de Jo. Il y voit une valise ouverte, par terre. Il y assied Théodule.

Lancelot Bouge pas, je reviens.

Il sort. Lancelot revient avec le babyphone et le nounours. Il les met dans la valise, y couche son petit frère, ferme la valise et sort.

79. TERRASSE – EXT. JOUR

Pendant que tout le monde finit de ranger la cuisine, Soisic pose le plateau du café sur la terrasse. Du babyphone sortent des hurlements étouffés. Soisic retraverse la cuisine en courant, monte à l’étage. Elle ouvre la porte de sa chambre. Le bébé n’est plus dans le lit !

Soisic

Lucas, Lucas ! Théodule a disparu !

Lucas fonce dans l’escalier qui monte à la terrasse du haut


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Fabien (aux ados, par la porte de derrière) Vous avez pas vu passer Théodule ?

Matthias s’est emparé du babyphone et s’en sert comme d’un GPS. Il entre dans la chambre de Jo en même temps qu’elle. Les cris proviennent d’une valise fermée. Jo ouvre la valise en extrait Théodule tout rouge à force de cris.

Elle le prend dans ses bras. D’un coup de pied elle pousse la valise sous le lit. Et rouvre la porte.

Jo Soisic ! Lucas ! on l’a trouvé : il est dans ma chambre.

Lancelot regarde Jo, Mathias, Lucas et Soisic qui pleure, avec son frère dans les bras.

Lancelot C’est pas moi.

Jo s’approche de Lancelot, s’accroupit, lui prend les mains. Jo Tu sais que tu as fait une grosse bêtise ?

Lucas Le fratricide, c’est une option, mais… quand même…

Il donne une fessée à Lancelot.

Jo (se redresse) Ce qui lui faudrait c’est une bonne fête pour lui tout seul.


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80. INT. CHAMBRE JO

Jo est couchée avec les trois petits (Lancelot, Tom et Sean) qui dorment. Apple passe la tête à la porte.

Apple

C’est le changement dans la continuité… Mais la machine à remonter le temps, ça marche pas. Bonne nuit quand même.

81. EXT. FIN DE JOUR – TERRASSE DU HAUT

Jo suit des yeux une voiture qui s’approche. Elle se précipite toute joyeuse.

Jo

Antoine ! , Aïssa ! Sean Venez ! Votre père est revenu !

82. EXT. FIN DE JOUR - DERRIÈRE LA MAISON

Aïssa court au devant de la voiture qui approche. (Deirdra conduit, Pierre est à la place du mort).

Jo lâche la main de Sean, Sean se précipite. Arrivé devant sa mère, il lui donne des coups de pied dans les tibias. Deirdra le prend dans ses bras et le couvre de baisers.

Aïssa aide son père, au pied bandé, à s’extirper de la voiture et se suspend à son cou. Jo est un peu en retrait. Pierre s’approche et fait semblant de lui donner des coups de pied avant de l’embrasser. On entend bêler.

Pierre J’ai ramené des côtelettes…

Il ouvre la portière, une chevrette sort de la voiture. Aïssa et Sean se précipitent.


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Aïsssa Oh!, elle est trop mignonne ! Comment on va l’appeler ?

Pierre (chargeant la chèvre sur ses épaules) Où est-ce qu’on va la mettre ?

Aïssa Près de ma tente.

Antoine (sur le pas de porte de la cuisine, voyant son père en Bon pasteur) Trop marrant !

83. INT. CUISINE – APRÈS LE DÉJEUNER

Martin range la vaisselle du petit déjeuner. Matthias remplit le lave-vaisselle de celle du déjeuner. Antoine lave les plats dans l’évier.

Frank (off) Super maman, oui maman…(on le découvre au téléphone

mural). J’ai dit oui, maman, hanhan…

Frank (à Matthias, masquant le combiné et le lui tendant) Tu me relaies, faut que j’aille pisser. T’as qu’à faire hanhanhan…

Matthias (prenant la relève) Hanhan, hanhan…

Matthias est pris d’un fou rire. Antoine lui arrache le combiné.

Antoine (au téléphone) Hanhan hanhan.

Martin lui fait signe qu’il veut jouer à son tour.


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Antoine lui passe le combiné.

Martin Hanhan hanhan…

Frank revient en se reboutonnant, récupère le combiné.

Frank (au téléphone) Je t’embrasse maman, faut que j’y aille là. (il raccroche. Les trois autres sont morts de rire) Merci à tous.

84. EXT. TERRASSE DU BAS–APRÈS LE DÉJEUNER

Matthias, sort de sa chambre, traverse la cuisine et voit tout le monde amolli sur la terrasse.

Apple dort sur la chaise longue. Jo boit son café en regardant ses trois fils, au mieux avec leurs femmes.

Pierre a posé son pied bandé sur les cuisses de Deirdra.

Rachel tient Fabien par l’épaule, ils fument une cigarette à deux.

Soisic est sur les genoux de Lucas. Elle se penche et l’embrasse sur la bouche.

Jo a fini son café : elle sort.

85. INT. CHAMBRE RACHEL & FABIEN SIESTE

Fabien prend Tom, qui s’est couché dans le lit de ses parents, et sort.

86. INT PALIER HEURE DE LA SIESTE

Fabien, Tom dans les bras, traverse le palier. Il entend ses frères faire l’amour.

87. INT. CHAMBRE DES ENFANTS


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Fabien recouche Tom dans son lit et sort. (on entend off une mobylette qui approche).

88. EXT. MAISON – JOUR

La petite factrice grecque arrive en mobylette dans l’air surchauffé qui tremble. Elle descend de mobylette et entre dans la maison dont les murs tremblent aussi.

89. INT. JOUR CUISINE

Elle voit Matthias qui essaye des peaux de mouton. sur fond de soupirs amoureux.

Elle pose le courrier sur la table.

La Factrice Kallimera Matthias!

Matthias

Kallimera Eléni… Qu’est-ce que ça veut dire opopoï opopopoï ?

Elle lève les yeux et les bras au ciel et se frotte la poitrine. Elle ressort, il se penche et la voit entrer dans la tente des adolescents.

95. INT. CHAMBRE ENFANTS ET TERRASSE JOUR Tom se lève, sort de sa chambre tout doucement, pieds nus

Tom monte sur la terrasse… Il voit arriver sur le chemin un beau jeune homme de 25 ans, portant un gros sac en bandoulière, qui approche de la maison.

Tom (off) Coucou, Balthazar. Cherche moi.

Balthazar lève la tête : Tom est debout sur le parapet du toit-terrasse !


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Balthazar Bouge pas, j’arrive.

Balthazar escalade rapidement la façade, rejoint Tom, le prend dans ses bras..

Balthazar

Faut pas faire ça comme ça, et pas tout seul. Je t’apprendrai. C’est une grosse connerie. Mais c’est un secret entre nous.

Ils redescendent par l’escalier intérieur. Jo est là, dans le couloir.

Tom

C’est lui qui est venu me chercher sur le toit. C’est un secret…

Jo Chut !

Elle le prend et le recouche dans son propre lit.

96. INT. CUISINE – HEURE DE LA SIESTE

Jo et Balthazar chuchotent. Elle lui sert à manger. Elle

le regarde.

Jo Tu es de plus en plus beau, mon amour.

Balthazar Ici, ça va ?

Jo

Tout va bien : Pierre s’est cassé le pied. Théodule a eu une insolation et Lancelot l’a enfermé dans ma valise. J’ai pas le cancer. Martin n’est plus puceau. Et Fabien et Lucas se sont foutu sur la gueule.


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Balthazar Eh bé ! Ça fait longtemps que vous êtes là ?

Jo Et toi, ça va ?

Balthazar Moi, ça va, je suis plus puceau !

Jo

Je suis contente que tu sois venu tout seul ! Enfin… que tu sois venu. J’avais peur que tu ne viennes pas du tout.

Balthazar Je t’avais dit que je me démerderais.

Jo Et tu restes combien de temps ?

Balthazar Je ne sais pas. Quelques jours.

Jo Tu as un peu maigri, non.

Balthazar Je ne crois pas.

Il sort une bague de son sac et la lui donne. Elle la passe à son doigt. Jo Elle est belle. Elle vient d’où ?

Balthazar

C’est irakien. Je t’ai rien dit pour ne pas que tu t’inquiètes.


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Jo

Je m’inquiète pas, je m’inquiète pas. Tu te souviens que j’avais été consulter une voyante : elle m’avait dit que tu serais toujours loin, et que tu irais toujours bien. Je m’inquiète pas.

Il la prend dans ses bras. Il la berce. Balthazar Alors, si elle l’a dit. Petite maman. Moumounette

Jo (au bord des larmes) Heureusement qu’il y a skype.

97. INT. CHAMBRE DE JO - NUIT

Jo entend les hurlements de rire de ses fils réunis sur le toit-terrasse.

98. EXT. TOIT/TERRASSE-NUIT Les quatre frères boivent des coups ensembles.

Lucas (à Balthazar) Ben oui, t’es son bâton de vieillesse.

Pierre J’aimerais pas être à ta place.

Lucas

Moi, je suis son bâton merdeux. (à Pierre) Toi t’es le bâtonnier.

Fabien Moi, c’est laisse bâton.

Pierre et Lucas ne sont pas d’accord.


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Pierre Ça va, t’es le chouchou de papa…

Balthazar Ah bon…

Lucas

Toi te plains pas. Son code pin, c’est ta date de naissance. Le code pin de maman, je veux dire.

Les trois autres “ Comme dirait”…

Lucas

Elle est encore poulpeuse, je suis pas sûr qu’elle résiste à la tentacule.

Balthazar Oh, oh, doucement, je suis largué, moi.

Fabien

Elle a copiné avec un pêcheur du coin. Alors nous, on mange du poisson tous les jours. Elle risque rien, c’est un pur grec.

99. EXT. TOIT TERRASSE Jo tente sa chance et monte sur la terrasse.

Fabien (qui roule un pétard) Assieds-toi. Viens boire un coup avec nous.

Le pétard arrive à Balthazar, qui le passe à Jo. Elle tire dessus. Balthazar prend le oud qui est posé à côté de lui et commence à chanter en arabe. Heure exquise, étoiles filantes. Jo fait un vœu.

Pierre Je suis sûr que tu as fait un vœu ?


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Jo Oui.

Lucas

Tu voulais faire le grand chelem, tu l’as eu. Qu’est-ce que tu veux de plus ?

Fabien Elle voudrait que ça dure toujours, qu’est-ce qu tu crois !?

Jo Oui.

Balthazar Hay, mama…

Jo Je vous laisse, je vais me coucher.

100. EXT. JARDIN NUIT

Jo marche dans le jardin, passe le long les tentes… où tout est calme.

Elle marche sous la lune, cherche de l’air. Va se promener un peu dans le bois derrière les tentes.

Elle se souvient de la prophétie de sa mère.

Voix d’Apple Tu vas en chier ma fille !

Jo Ben ouais.

Elle aperçoit deux corps nus qui bougent…

Jo


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Je vous vois, Fabien, tu devrais te cacher plus loin…

Jo revient vers la maison. Elle croise Yannis, qui est en train de poser un panier de poissons près de la porte de la cuisine. Elle lui sourit.

Jo Entrez, entrez… Vous voulez boire un verre ?

Elle lui sert un verre de vin. Jo Vous pêchez toutes les nuits ?

Yannis Presque. Je peux vous montrer une fois, si vous voulez.

Jo

Pourquoi pas ?Est-ce que vous croyez que je pourrais louer un bateau à la journée…

101. CUISINE – FIN D’APRÈS-MIDI

Jo, Pierre et Dierdra, Lucas et Soisic, Rachel et, sont enfermés dans la cuisine, et attendent debout, chacun un oreiller à la main.

Soisic Mais qu’est-ce qu’ils foutent ?

Lucas Tu veux que j’aille voir ?

Jo Non… Ça serait pas gentil.


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Matthias (off, criant) Vous pouvez venir.

Jo ouvre la porte : Lancelot et Sean, tous les deux déguisés en satyre avec les peaux de mouton des banquettes du salon, et nantis chacun d’un gros phallus, les attendent.

Lancelot et Sean Venez les gens publics…

Ils partent en gambadant, les adultes les suivent en contournant le grand drap qui fait office de fond de scène.

Sur les restanques près des tentes, les parents s’assoient avec leurs oreillers. Le silence se fait. Apple trône, assise sur une chaise posée sur la table de la cuisine, avec une canne qu’elle tient à la main comme un sceptre.

Le chœur rentre de chaque côté du drap, avec des instruments de musique improvisés : il soufflent dans le goulot de bouteilles, tapent sur des casseroles, et c.

D’un côté Matthias, Martin, Eleni (la petite factrice grecque) et Frank déguisé en fille. De l’autre, Tom (en satyre avec phallus), Antoine, Aïssa (déguisée en garçon) et Balthazar qui ferme la marche en jouant du oud.

Ils s’arrêtent et font silence.

Apple (du haut de son trône) L’action se déroule en Grèce, quatre mille ans avant Sarkozy…

Chœur des enfants (déclamant tous ensemble) Oh joie, oh allégresse. Un enfant va naître à la cour. Le roi Laïos et la reine Jo vont avoir un enfant.


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Chœur des enfants

Cet enfant sera un garçon. On l’appellera Œdipe. Il tuera son père, épousera sa mère. Et ses fils se feront la guerre. Hélas hélas… hélas… opopoi opopopoi…

Lucas (à Deirdra) “It’s a pity”, puis se penchant vers Soisic, qui a l’air inquiète) Y a Apple qui fait pythie dans sa culotte.

Le Chœur des enfants

Pour conjurer la prédiction, abandonnons le bébé Oedipe dans la montagne. Perçons lui les pieds pour qu’il ne revienne jamais. (Matthias plante un clou dans un morceau de bois pour faire le bruitage).

Aïssa, déguisée en homme, va chercher Théodule dans son transat. Elle le donne à Matthias, qui le brandit au-dessus de sa tête. Théodule, les pieds tout rouges d’éosine, se met à pleurer.

Tout le monde rigole, sauf Soisic qui se précipite vers son fils et le récupère.

Matthias

Mais Œdipe n’est pas mort. Il est parti en voyage. Un jour, à un carrefour, un gros con lui brûle la priorité.

Le Chœur Connard, chauffard…

Matthias saute sur Balthazar. Ils se battent. Matthias le terrasse.

Matthias (le pied sur Balthazar) Œdipe le bute. C’était le roi son père, mais il ne le savait pas.

Le Chœur Un point pour la Pythie !

Apple fait le V de la victoire.


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Matthias

Un autre fois, Œdipe est dans un pays, où un monstre terrible, moitié homme /moitié femme, arrête les passants et leur pose une énigme. Quand ils ne savent pas répondre, elle les dévore.

Apple se lève, brandit sa canne.

Apple (en Sphinge, au public) Qu’est-ce qui marche à quatre pattes le matin, sur deux

pattes à midi, et sur trois pattes le soir?

Lucas C’est l’homme !

Matthias

Mais taisez-vous ! C’est l’homme. Enfant il marche à quatre pattes. Adulte il marche à deux pattes. A trois pattes, c’est un vieillard avec sa canne.

Le Chœur La sphinge en tombe à la renverse dans le ravin.

Apple fait ahhhrg… se laisse tomber sur sa chaise comme si elle tombait, se cache le visage dans ses mains..

Matthias

Pour récompenser Œdipe, on lui donne à épouser la reine , Jocaste, qui s’en foutait d’être veuve… C’était sa mère… mais il ne le savait pas, le pauvre. …

Le Chœur Deux points pour la pythie. Deux.

Apple se redresse et fait le V de la victoire.

Martin et Antoine la font descendre de la table et l’installent dans le public.


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En dansant, chacun des acteurs verse un verre de vin à chaque spectateur.

Ils chantent : “Vive Œdipe notre roi, Nique ta mère. C’est complexe. C’est complexe . Nique ta mère ! Vive Œdipe et Bacchus dieu du vin ! ”

Aïssa danse avec la chèvre : Evoe Amalthée ! Amalthée, la chèvre qui a nourri le bébé Zeus, roi des Dieux…

Lancelot et Sean répètent en boucle “Nique ta Mère”.

Tom

Mais non, il faut dire les gros mots de la bacchanale : Trou du cul, pédé enculé…

Lancelot & Sean Grosses couilles

Théodule, très à la fête, regarde Lucas en disant quelque chose qui ressemble à “papa, papa” !

Lucas

Tiens, l’accessoire a parlé. C’est le coup de soleil qui l’a fait mûrir plus vite.

Ils boivent tous du vin. Au milieu de la Bacchanale, Frank (en fille) en profite pour embrasser Aïssa déguisée en éphèbe : Aïssa lâche la chèvre, lui colle un pain, rattrape la chèvre et l’attache au pied de la table.

Antoine soulève Frank et l’embrasse sur la bouche.

Frank (en fille) T’es con ou quoi !

Matthias arrache Frank des bras d’Antoine.


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Matthias

Rends moi ma captive. Tu m’as piqué mon butin. Malheur à toi, voleur de butin. Fils de pute.

Antoine

Sur la tête de ma mère, je te la rendrai pas. Viens la chercher si t’es un grec ! Viens la chercher si t’es un grec !

Au signal, le chœur qui a enfin entendu, se sépare en deux moitiés. Face au public, en position de haka.

Antoine Ton père dans le port !

Matthias Ton père dans le placard !

Frank Ton père à la caisse !

Fabien et Pierre et sont sur leurs gardes. Les mères sourient. Martin Samu ta mère !

Aïssa Ta mère à la longue-vue !

Matthias Ton père en laisse !

Frank Ton père à la guerre !


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Antoine Ton père en vacances !

Matthias Ta mère en grève !

Aïssa Ta mère la nuit !

Tête de Jo.

Tom (Matthias lui donne un coup de coude) Ta mère pour le dessert !

Eleni (en grec) (xxxxx)

Matthias (traduit) Ton père en enfer. Hoooooo!

A ce signal, ils font une sorte de mêlée. Antoine reste sur le carreau.

Matthias pose un pied sur la poitrine d’Antoine.

Matthias Malheur aux vaincus, malheur aux faibles.

Antoine, qui est par terre, attrape le pied de Matthias, fait semblant de le tuer. Matthias s’écroule sur lui, fait le mort. La jeune factrice grecque se couche sur eux.

Eleni (en grec) xxxxx


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Mathias toujours mort, traduit Mes fils, mes fils, vous me faites mourir, vous me faites

souffrir.

Il se relève brusquement, tous les blessés se relèvent. Matthias enchaîne, en rap.

Matthias

L’amour des mères apporte la guerre entre les frères Ne sois pas lâche pense à ta race. Tue ton père…

Le Chœur … et nique ta mère.

Sois fort mon père

te laisse pas faire

Me mets pas la misère

La dépendance mène à l’enfer L’indépendance c‘est la colère.

Apple crie ”Bravo, bravo !” Les adultes applaudissent. Les acteurs saluent.

Rachel

Bravo, bravo, c’est formidable. Il est merveilleux, non ? Il est très doué.

Les grandes personnes se lèvent, rejoignent les enfants et les congratulent.


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Jo Bravo ! Mon petit Matthias.

Jo part vers la cuisine. En ressort avec une nappe sur les bras et un plateau chargé de verres et de bouteilles.

Elle aperçoit Fabien qui s’est éloigné. Elle a le désir réflexe d’aller le voir, fait quelques pas, revient vers

les autres, elle s’approche de Matthias.

Jo Tu devrais aller voir ton père.

Matthias y va.

Jo continue à faire le service et demande de l’aide à la cantonade.

Jo

Antoine, sois mignon, tu veux pas m’aider…

La jolie table pour l’apéro se dresse.

Jo regarde dans la direction de Mathias et Fabien. Elle voit Mathias sur les épaules de Fabien. Fabien se baisse, le fait descendre par dessus sa tête. Mathias en profite pour charger son père sur son dos. Ils reviennent vers la table de l’apéritif. Jo sourit.

Tout le monde est autour du buffet. Apple, un peu pompette, se prend les pieds dans la laisse de la chèvre attachée à la table. Elle tombe sur le dos. Tout le monde se précipite.

102. EXT. JOUR PLAGE

Dans la lumière éblouissante de midi, Antoine, Aïssa, Martin. Matthias, Frank, et Tom sont accrochés à la falaise au-dessus de la plage.


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Balthazar ( à Tom) Tom ! (Tom tourne la tête) Te retourne pas ! Ecoute : toujours trois prises, deux mains un pied, deux pieds une main. T’en lâche pas une avant d’avoir l’autre.

Rachel, et les autres, sont assis au milieu des restes de pic-nic.

Rachel

Regardez comme il est agile. (à Fabien) Regarde ton fils ! Regarde comme il est agile.

Sean, qui veut rejoindre les autres, donne des coups de pieds à sa mère.

Sean (en anglais) Je veux y aller avec les autres.

Deirdra (en anglais) T’es trop petit.

Tom dérape un peu. Rachel, hurlant, court au pied de la falaise.

Rachel

Tom, descend tout de suite ! (à Balthazar). C’est une connerie ! Je n’ai pas fait mes enfants pour qu’ils prennent des risques inconsidérés. Descend tout de suite. (Tom se retourne un peu) Non, descend pas!

Jo la rejoint, la prend par l’épaule.

Jo Laisse-le aller, regarde comme il y va bien.

Rachel J’y peux rien j’ai trop peur.


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Aïssa est arrivée au sommet la première. Elle fait le V de la victoire, applaudie par les adultes. Elle tend la main à Tom : Ils lèvent tous les deux les bras en signe de victoire. Tout le monde applaudit. Frank tend la main pour faire comme Tom. Aïssa l’ignore.

Jo entraîne Rachel en la tenant par l’épaule.

Jo

Toi, il faut que tu apprennes à cacher ta peur. On ne peut quand même pas les attacher au radiateur ! Je suis bien placée pour le savoir. J’avais pas vu Balthazar depuis cinq mois. Il va rester quoi, une semaine…Et après je le reverrai pas, encore pendant six mois. A toi je peux le dire, c’est très difficile. Mais bon… on n’a pas le choix.

Rachel (elle lui met son bras autour du cou) Je te trouve très courageuse avec Balthazar, moi je pourrais pas. Mais avec Fabien t’as pas à t’en faire. C’est quand même moins grave… (elle l’embrasse)

Sean (off, en anglais) Mais non ! je suis grand, pourquoi tu m’empêches !

Jo (embrasse Rachel) Viens Sean, j’ai trouvé un petit crabe !

Elle l’entraîne, s’accroupit au bord de l’eau avec lui. Ils jouent avec le petit crabe. Deirdra s’approche en souriant et s’accroupit à côté d’eux. Ils jouent tous les trois quelques secondes.

Jo

Tu sais Deirdra, si j’abuse il faut que tu me le dises. Comme la fois où on est rentré tellement tard du marché.

Deirdra

Mais non, Jo, c’est oublié. Moi aussi j’ai mauvais caractère. N’y pensez plus. C’est rien.


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Jo

Mais si, je le vois bien. Je vous gâche vos vacances en faisant des choses comme ça. Je vais essayer de faire attention. J’ai été très égoïste. Quelquefois, je suis trop égoïste.

Jo pleure.

Deirdra

Ah non, ne pleurez pas ! Ne pleurez pas, Jo : tout va bien, tout le monde est ravi. Regardez.

Jo Oui, oui excuse-moi… je te demande pardon, ça va passer.

Elle court plonger dans la mer et ressort en souriant.

Jo Et de deux !

Martin la rattrape.

Martin

Jo, Jo. Quand tu m’as vu l’autre nuit, pourquoi tu m’as appelé Fabien, comme papa ?

Jo Moi, je t’ai appelé Fabien ?!

Martin Oui.

Jo Peut-être que ça m’a rappelé des choses… Je sais pas.

Martin (nage en plein bonheur) Agapi mou.(mon amour) Elle est belle…


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Jo rit… et boit la tasse.

103. INT.CHAMBRE JO – HEURE DE LA SIESTE Jo est accoudée à la fenêtre de sa chambre, pensive. Elle entend un le bruit d’un pas furtif. Elle se penche et voit Soisic, pieds nus, en petite culotte et T-shirt, qui marche de long en large.

Jo sourit et sort.

104. EXT. TERRASSE DU BAS – HEURE DE LA SIESTE Jo Ma petite Soisic , ça n’a pas l’air d’aller ?

Soisic boude, ne répond pas.

Soisic

C’est Lucas (un petit temps) il se moque de moi, il dit que les petits sont collés à moi. Quand il parle de Théodule, il l’appelle “l’accessoire”, ou “la prothèse”.

Jo (réprimant un rire) Moi je dirais plutôt “le nécessaire, l’indispensable”… Tu connais Lucas : il tuerait sa mère pour un bon mot. Moi, je pense qu’il est peut-être un peu jaloux du bébé, comme tous les pères.

Soisic ébauche un sourire.

Jo

Tu les élèves très bien tes petits. On a beau être différentes… j’ai beau être plus âgée que toi, on pense pareil. On la lu les mêmes livres. Dolto, tout ça… (Soisic sourit) Et pourtant les mères ont toujours tort et c’est toujours les femmes qui ramassent le vomi. T’inquiète pas : moi aussi j’arrête pas de me planter.


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Soisic Non… J’ai pas remarqué…

Jo Tu vois, on a bien fait de se parler. Je vais me recoucher.

Elle l’embrasse et rentre dans la maison, un sourire ravi sur les lèvres. Jo Et de trois.

105. EXT. PORT – MATIN

Le même sourire ravi sur les lèvres, Jo marche sur le port, encadrée par ses quatre fils qui portent les courses.

Jo Bonjour Yannis.

Yannis Ils sont beaux, vos fils

On découvre Yannis qui, dans sa barque, approche du quai. Il accoste et monte sur le quai. Le marin qui l’accompagne lui passe les paniers.

Jo

Bonjour Yannis… je vous présente mon dernier fils. Est-ce que le bateau c’est toujours possible ? Parce que Balthazar part après-demain.

Yannis Il y a toujours celui de mon cousin.

106. EXT. TERRASSE DU TOIT – NUIT


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Jo – suffoquée - voit partir - qui en voiture, qui en scooter - ses quatre fils et ses trois belles-filles, accompagnés de Martin et Antoine.

Antoine Magne toi Martin, sinon je te laisse.

Martin (du gel plein les cheveux) Non, je préfère monter avec les parents.

Rachel Quelqu’un a prévenu Jo ?

Soisic J’ai mis le babyphone devant sa chambre.

Aïssa, Mathias et Frank leur font des signes de la main. Frank regarde Aïssa. Aïssa part vers sa tente. Jo descend de la terrasse, marche jusqu’à la porte de sa chambre. Elle voit le babyphone de Théodule posé contre sa porte. Elle le ramasse et va directement frapper à la chambre de Apple. Elle entre.

107. INT. - NUIT CHAMBRE DE APPLE Apple lit dans son lit.

Jo

Ça t’embête, si je te laisse le babyphone de Théodule. T’inquiète pas en cas de problème, il reste Aïssa, Mathias et Frank qui sont au courant. J’ai envie d’aller faire un tour.

Apple

Les autres t’ont plantée là… Va prendre l’air, ma grande. Va prendre l’air...


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108. DERRIÈRE LA MAISON - EXTÉRIEUR - NUIT

Frank une canette de bière à la main, regarde de loin Aïssa qui caresse la petite chèvre blanche. Il boit. Il reboit. Aïssa le regarde. Il reste pétrifié. Aïssa rentre dans sa tente qu’elle ferme hermétiquement.

109. CUISINE - INT.- NUIT Frank est assis par terre.

Frank (tirant sur le fil du téléphone mural.) Allo, maman. Je te réveille ? Ça va, ça va… non, ça va pas. Je suis amoureux de la cousine… Ils sont tous partis en boîte. Si, si il y a Mathias, il dort. Maman ! Elle veut pas me parler. Elle me regarde même pas. Elle joue avec la chèvre. Elle s’est s‘enfermée dans sa tente. Ah, oui, elle est belle. Tu peux pas comprendre. Ouais, je vais me coucher. Je t’embrasse. Oui, je t’embrasse, maman.

Il raccroche.

110. EXT. NUIT – PLEINE MER

Jo nage avec énergie dans l’eau noire. Puis, plus calmement. Pour se reposer, elle fait la planche.

Jo (les yeux dans les étoiles) Mon fils aîné est astrophysicien. Il est très rêveur, et un

peu silencieux. Cet hiver il est allé représenter la France à

Rio. Parfois il pique une grande colère, on ne sait pas

pourquoi…

Jo se rapproche d’une barque, s’accoude au bordage. Jo

… mon dernier fils, c’est tout le contraire. Il est très calme, ça vaut mieux parce que son métier c’est de faire des missions en hélicoptère… Il est très original. Je m’entends très bien avec lui. Malheureusement il est toujours parti.


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Elle a froid, elle frissonne.

Yannis, le pêcheur, la hisse dans la barque.

Il prend sa serviette, la frictionne vigoureusement dans le dos.

Yannis (se penchant sur elle) Moi, ma mère, c’est une sainte. C’est une femme dure. Mon frère et moi, on passerait pas un jour sans la voir.

Jo (entre ses dents) Il y en a qui ont de la chance.

Yannis Chut.

Jo enfile un pantalon et un gros pull. Yannis farfouille dans un sac, en sort une bouteille et lui sert un verre de raki. Ils boivent. Ils se remettent à pêcher.

111. INT. CUISINE- NUIT

Pierre, Fabien, Lucas et Balthazar, Soisic, Deirdra, Antoine et Martin boivent des coups dans la cuisine. Il est trois heures du matin. Ils sont très gais.

Fabien Oh merde, j’oubliais : j’ai eu papa, il vous embrasse.

Antoine Alors le portable, ça passe, ici ?!

Fabien Ben non, c’était sur le port… il est à Villard-de-Lans.

Lucas

Y a un “casin”, à Villard de-Lans ?

Les frères rigolent.


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Martin C’est quoi un casin ?

112. EXT. DERRIÈRE LA MAISON - NUIT

Jo, une bouteille de raki à la main, et un gros poisson sous le bras, arrive devant la porte, elle hésite en entendant des rires feutrés, et en voyant la cuisine éclairée.

La porte s’ouvre brusquement, elle recule pour se mettre dans l’ombre. C’est Fabien, qui sort, ouvre sa braguette et se met à pisser… sur les pieds de Jo.

Il lève la tête, se rend compte de ce qu’il fait.

Fabien Oh, maman !

Il se reboutonne à toute vitesse, fait demi-tour revient vers la cuisine.

Fabien (sur le pas de la porte) J’ai pissé sur maman.

Pierre T’es complètement bourré ou quoi ?!

Fabien Si, si , j’ai pissé sur maman…

Jo (apparaissant derrière lui) Oui, oui, je confirme.

Pierre

Mais d’où tu sors ? Quand on est partis on était sûrs que tu dormais.


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Soisic Alors les petits sont restés tous seuls ?!

Lucas Mais non, y avait super-Apple avec son sonotone.

Jo Et vous, vous étiez où ?

Antoine On a été en boîte. On s’est éclaté.

Balthazar Et toi c’est à cette heure là que tu rentres ? T’étais où ?

Jo pose le poisson sur la table.

Le Poisson Kalinycta !

Matthias (qui arrive à moitié endormi de son arrière cuisine) Kalinycta !

Jo A la pêche.

Lucas

Jusqu’à présent on s’était contenté de t’emmerder. Mais là, Fabien a fait très fort.

Ils rigolent.

Matthias Vous faites trop de bordel, on peut pas dormir.

Il retourne dans sa chambre.


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113. EXT. MER LE LONG DE LA CÔTE

Jo et ses quatre fils sont dans une barque à moteur qui ressemble à celle de Yannis Jo est à la barre. Les quatre fils, malgré les lunettes de soleil, ont tous des pauvres têtes de fêtards fatigués.

Ils longent une côte bordée de petites criques. Lucas baille.

Jo Et si on s’arrêtait là ?

Pierre

Avance encore un peu. J’en ai repéré une mieux sur la carte…

Balthazar C’est encore loin.

Ils poursuivent leur route.

Pierre C’est là, c’est là !

Pour accoster, Jo se rapproche trop des rochers, Balthazar prend la barre des mains de sa mère.

Balthazar Oulala, maman laisse-moi faire.

Fabien jette l’ancre. Ils décrochent une chambre à air qui sert de défense et rejoignent la côte à la nage.

Pierre arrive le premier sur le bord.

Pierre Attention aux pieds, il y a des oursins.


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Jo J’adore ça.

Petit clapot

Lucas pêche au harpon. Il prend un poisson. Tout le monde l’applaudit. Vaguelette.

Balthazar plonge.

Vaguelette.

Pierre (apporte des oursins) Deux chacun. Pas plus parce que ce n’est pas encore la

saison ; la pêche est interdite !

Risée. Pierre mange des oursins avec sa mère.

Balthazar replonge depuis un rocher assez haut. Il est rejoint par Fabien, qui plonge avec lui.

Lucas ramasse des morceaux de bois pour faire du feu. Balthazar et

Fabien font un concours de plongeons acrobatiques. Raz de Marée.

Jo

Balthazar arrête, tu vas lui tomber dessus. Fabien !

Jo (à Pierre) Tu veux pas leur dire d’arrêter ils vont se faire mal.

Pierre Mais non, fous leur la paix, ils s’amusent.


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Jo Va leur dire d’arrêter. Ça me fait peur.

Pierre monte vers le rocher…

… et saute à son tour en poussant de grands cris. Emulation entre les frères qui plongent depuis des rochers de plus en plus hauts. Sauts carpe, saut de l’ange etc.

Ce que voit Jo est effrayant, : la mer est hérissée de rochers qui affleurent. Elle voit les corps magnifiques de ses fils s’élancer vers ces rochers.

Jo (hurle) Je vous demande d’arrêter, c’est dangereux y a pas assez

de fond.

Balthazar Arrête maman, on s’amuse Il n’y a aucun danger.

Jo vous me gâchez le plaisir. Arrêtez tout de suite.

Lucas souffle sur les braises pour attiser son feu.

Jo (elle crie) Vous en avez rien à foutre de moi !

Fabien On est pas là pour faire des pâtés.

Jo monte vers eux.


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Jo

Si vous m’aimiez, vous arrêteriez. Pourquoi vous m’écoutez pas ?

Balthazar

C’est toi qui nous gâche le plaisir. Lâche-nous un peu s’il te plaît. On viendra jouer avec toi plus tard.

Fabien plonge dans une vasque magnifique et dégagée de tout rocher dangereux. Jo arrive au niveau de Lucas.

Jo

Qu’est-ce qui a pris à cet abruti de faire du feu. Vous avez décidé de me rendre folle !

Lucas passe devant elle et saute.

Pierre Il n’y a pas de vent, arrête de dramatiser!

Jo Mais enfin, tu sais bien que c’est interdit.

Fabien (qui remonte) Qu’est-ce que tu es chiante, je comprends que papa soit parti, il devait en avoir marre…

Jo

Ne dis pas n’importe quoi. C’est pas lui qui est parti, c’est moi qui l’ai foutu dehors, d’abord. Arrêtez. J’en ai assez d’avoir toujours tort. Si j’ai viré votre père c’est que j’avais de bonnes raisons.

Balthazar Il n’y a pas de quoi être fier.


100

Pierre Vas-y, accouche : c’est quoi tes bonnes raisons ?

Lucas C’est pas très jojo. Mais puisqu’on y est : vas-y, balance.

Jo C’est parce qu’il jouait.

Lucas rigole. Jo

C’est pas drôle, il claquait tout le fric. Il jouait tout le temps, au poker, aux courses, au casino… Le jour où j’ai compris qu’il avait hypothéqué l’appartement, il a bien fallu que je fasse quelque chose ! Je me suis débrouillée toute seule, avec l’aide de Apple. Demandez à Pierre.

Pierre

Je ne me souviens pas. Tout ce dont je me souviens c’est que papa était désespéré.

Balthazar C’est dégueulasse, j’ai pas eu de père.

Fabien

T’as as pas pensé à nous. C’est bien fait, tu vas vieillir toute seule comme une pauvre conne.

Jo (à Fabien) Tu sais pas ce que j’ai enduré. Moi aussi je l’aimais, petit con. Elle le gifle.


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114. Depuis le hors-bord, une policière observe à la jumelle le fumée du feu. Elle dit en grec : Y a des cons qui ont fait du feu. On y va. Le canot démarre en trombe. Elle remet ses jumelles et voit : Une femme (Jo) poussée à la mer par un homme (Fabien).

115. Les quatre fils sont atterrés.

Pierre (paniqué) Jo, Jo…

Balthazar Putain Fabien !

Lucas (il lui donne une grande claque dans le dos) T’as plus besoin d’aller en analyse. Tu vas faire des

économies.

Le hors-bord de la police arrive ; les trois policiers ont l’arme au poing. L’un d’eux repêche Jo.

La policière (en grec) Ça va madame ?

Un autre policier, (l’arme au poing, en grec). Les mains en l’air.

Les quatre frères lèvent les mains.

Un autre policier saute à terre, monte jusqu’au feu qu’il éteint à coups de

croquenots.

Les quatre fils, les mains en l’air montent dans le hors-bord de la Police.


102

Jo (elle se désigne) C’est mes fils… moi la mama. My sons.

116. EXT. JOUR

Les quatre sont installés d’un côté. Jo est assise face à eux. Lucas a le fou rire. Balthazar a du mal a contenir le sien.

Le canot démarre avec la barque en remorque. Jo sourit à Fabien, navrée. Il lit sur ses lèvres : “Excuse-moi”

Il détourne la tête.

117. INTERIEUR COMMISSARIAT Jo et ses quatre fils sont devant des policiers, un interprète traduit.

La Policière

Je suis désolée, mais vos déclarations sont contradictoires. Moi, j’ai vu un homme pousser une femme à la mer. Monsieur (il désigne Lucas)a dit qu’il était en train de faire du feu. Vous deux, (il désigne Balthazar et Pierre), vous affirmez que vous n’avez rien vu ni entendu. Et madame dit qu’elle est tombée toute seule. Quant à monsieur, nous allons devoir le garder parce qu’il reconnaît avoir poussé sa mère à la mer à cause d’un différent au cours duquel vous lui auriez donné une claque… Est-ce que vous confirmez ?

Jo

Mais ça, c’est parce qu’il avait triché. On jouait à “pousse-maman”. On y joue depuis qu’ils sont tout petits…

Le flic la regarde incrédule. Jo Et moi, à pousse-maman, j’aime pas qu’on triche.


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La Policière (à Pierre) Mais alors, vous, vous l’avez poussée aussi ?

Pierre Non, pas encore. Mon tour c’était après.

Lucas Moi, je l’avais déjà poussée.

Balthazar Moi aussi.

La policière (à Jo) Donc, vous ne portez pas plainte.

Jo

Sûrement pas, on a passé une excellente journée. On n’aurait jamais du faire du feu, mais au sommet d’un rocher au bord de l’eau, on pensait que ça ne risquait absolument rien. On a eu tort…

118. EXT COMMISSARIAT

Les femmes (Rachel, Deirdra et Soisic, avec Théodule, sont derrière la petite barrière.

Lucas Ils nous ont mis en cellule de dégrisement.


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Rachel Mais qu’est-ce qui s’est passé ?

Jo Je boirais bien un alcool fort.

Lucas

On a déconné…(les quatre autres le regardent, inquiets) On a fait du feu. (les quatre se regardent soulagés).

Jo (à Fabien) Je trouve que les flics grecs sont un peu tatillons.

Soisic Mais quoi ? vous avez picolé ? C’est quoi l’affaire ?

Rachel Et, en plus, Achille est arrivé.

119. EXT. TERRASSE DU BAS – SOIR

Les petits sont couchés. Apple, la jambe allongée sur une chaise, près d’elle : Achille soixante

ans.

Antoine, Aïssa, Martin Mathias et Frank. Ils entendent les voitures approcher.

Les ados se lèvent de table.

Apple Restez assis mes chéris, on les attend tous ensembles.

Frank Ta grand mère au poste !


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Les adultes arrivent en désordre sur la terrasse.

Antoine Vous vous êtes vraiment fait arrêter par les flics ?

Jo

C’est un absolu malentendu… bonsoir Achille (elle embrasse Achille) On a fait un tout petit feu !

Mathias Vous avez fait du feu !?

Jo

Oui, au bord de l’eau, un tout petit feu, pour griller un petit poisson. Oui, je sais, Matthias que c’est une connerie. C’est pour ça qu’on s’est un peu engueulés. Fabien m’a poussé dans l’eau. Et ces cons de flic en ont fait toute une histoire.

Aïssa (à son oncle) T’as foutu Jo à la patouille !?

Deirdra est prise d’un fou rire. Jo C’est tout juste si c’était pas homicide involontaire.

Balthazar (à Jo) Tu oublies de dire que t’avais donné une toute petite gifle

à Fabien…

Jo

Oui, tu as raison, mon Balthazar. Vas-y, mon amour, raconte, tu feras ça mieux que moi…

Elle se fait une assiette. Toute la famille a le nez levé vers Balthazar… qui ne dit rien.


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Granny (chante, bouche fermée) Mh,mh, mh

Jo (à Antoine)

Viens j’ai un service à te demander…

Ils sortent.

Jo

J’ai quand même un peu mal. Tu veux pas aller m’acheter une minerve à la pharmacie ? S’il y en a pas, tu demandes à l’hosto. Emmène Martin avec toi.

Antoine revient sur la terrasse pour chercher Martin. Il entend Fabien.

Fabien

Elle est complètement hystérique. Je reste pas une seconde de plus dans cette maison. On fait nos sacs et on se tire demain matin.

Martin & Mathias Oh ben non, pourquoi !?

Antoine Viens Martin, il faut qu’on fasse une course pour Jo.

Ils sortent.

Rachel Il faut qu’on se calme un peu : on va réfléchir.

Fabien sort. Pierre le suit. Puis Rachel et Deirdra. Puis Aïssa Un temps.

Matthias (à Frank) Tu viens Frank, on s’arrache.


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Ils sortent. Un grand silence, chacun reste dans ses pensées.

Apple (un gros soupir) Ça devait arriver, c’était fatal.

Aïssa revient et commence à préparer méticuleusement un gros sandwich : filets de poisson, poivre rose et nutella, qu’elle arrose avec un jus de citron. Elle pose le sandwich sur une assiette.

Aïssa (off) C’est pour papa…

Elle sort. Lucas et Balthazar sont pris d’un rire nerveux.

120. SUR LA TERRASSE DU HAUT APRÈS DÎNER

C’est la pleine lune. Jo marche de long en large dans la djellaba blanche offerte par Balthazar. Une minerve blanche autour du cou.

Jo

J’ai tout détruit. C’est une catastrophe, ma vie est une tragédie.

Comme un fantôme elle descend l’escalier qui mène au palier, continue à descendre et arrive dans la cuisine. Elle rencontre Lucas qui mange et boit tout seul face au frigidaire grand ouvert. Elle attrape une bouteille.

Jo (chuchotant) Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ?Je vais sur la

terrasse.

Elle repart et arrive sur le palier. Elle entend un homme finir de pisser. Pierre sort.


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Jo

Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ?Je vais sur la terrasse.

Elle s’éloigne sans attendre et remonte sur la terrasse.

121. EXT. TERRASSE NUIT Jo fait quelques pas, puis s’assied sur le parapet.

122. EXT. TERRASSE NUIT

Fabien monte sur la terrasse en s’allumant un cigarette avec son briquet. Il relève la tête, découvre sa mère, bat en retraite.

Jo Reste mon chéri reste, je t’en prie.

Balthazar assis près des tentes, boit une bière avec Antoine et Martin. Il regarde Fabien et Jo.

Martin Tu veux pas y aller ?

Balthazar se lève.

Sur la terrasse Fabien fume en silence. Ses trois frères apparaissent à leur tour à la queue leu leu.

Jo

Puisqu’il y a le quitus, je vais pouvoir commencer l’AG : au mois de juin, j’ai été quittée comme une malpropre. Je me suis dit “au secours : quelqu’un”. Et puis je me suis dit que quatre c’était mieux qu’un. J’ai loué la maison et je vous ai tous invités. Je vous remercie d’avoir répondu à mon appel. Vous m’avez aidée à faire ce deuil, et puisqu’un souci chasse l’autre, ça a été très efficace. Vous êtes ma garde rapprochée : merci mes amours. Mon petit Fabien je suis que tu as déjà fait tes valises. Ce


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serait dommage pour toi, pour ta femme, pour tes enfants, pour tout le monde. Je te comprends très bien, mais je crois qu’on peut aménager le territoire pour que ce soit supportable, voire agréable pour tout le monde. Essaye encore quarante-huit heures.

Jo s’allonge précautionneusement sur les coussins. Pierre s’allonge à son tour Lucas aussi. Balthazar s’assied en tailleur. En soupirant, Fabien s’allonge enfin.

Lucas Si je comprends bien, on vient de re-signer le bail.

La lune rigole au-dessus d’eux.

123. EXT. DERRIÈRE LA MAISON JOUR

Apple, apuyée sur une canne fait quelques pas au bras d’Achille.

Apple Tu veux pas aller me faire un petit café ?

Achille hésite.

Apple Si, si je peux marcher toute seule.

Achille retourne vers la maison. Sur le pas de la porte il trouve Jo, toute chiffon.

Jo Tu as pas vu Balthazar ?


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Achille Non elle m’a demandé un petit café.

Ils se retournent et voient Apple, de dos, qui continue sa promenade d’un pas incertain et légèrement voutée.

Achille se met à pleurer. Jo lui prend le bras.

Jo

Fils souvenez-vous que votre mère est mortelle.

Achille la regarde avec étonnement.

Jo

C’est Oscar Wilde.

Eleni arrive à Mobylette, elle s’arrête devant Jo et lui donne le journal avec un grand sourire. En front page une photo

des quatre fils les mains en l’air, en maillot de bain, mis en joue par un flic et Jo en médaillon. Jo lui rend le journal et se dirige vers la tente. Elle y entre.

Jo (à Martin) Eleni vient d’arriver.

Martin file.

Jo (à Antoine) Tu devrais aller prendre ton petit déjeuner. Y a du pain

frais.

Antoine sort à son tour.

Jo (à Balthazar, qui dort encore à moitié) Je te cherchais. T’as dormi là ?

Balthazar Oui.


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Jo jette un regard autour, voit des revues porno grecques.

Balthazar Eh oui, ils font du grec!

Jo Emmène-moi avec toi tout à l’heure.

Balthazar Mais ça va aller, maintenant, non ?

Jo

C’est mieux pour tout le monde. Pour Fabien, pour moi aussi : j’ai rêvé, j’ai fantasmé des instants de bonheur, en fait j’ai fini mon job de mère.

Balthazar

Il serait temps que tu t’en aperçoives, Moumounette. Excuse-moi une seconde..

Il sort pour pisser. Elle attend une minute et sort à son tour.

Balthazar Ok. je viens te rechercher demain matin.

Jo Mais pourquoi ?

Balthazar

Laisse-moi faire. Ça va te plaire, sois fin prête j’aurai pas beaucoup de temps.


Martin, (qui tient Eleni par les épaules), Antoine, Matthias, Frank et Aïssa prennent leur petit déjeuner en écoutant Eleni qui


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traduit laborieusement l’article, qui est intitulé : matricides et pyromanes ? Tragique méprise : Catastrophe : la femme n’est pas morte, et l’incendie limité.

125. CHAMBRE JO – INT. PÉNOMBRE

Jo est assise sur son lit, tout habillée, ses valises prêtes, dans la pénombre. Tom dort à côté d’elle.

Tout d’un coup, elle entend se rapprocher un hélicoptère. Elle bondit silencieusement, entrouvre doucement les volets, Elle voit l’hélicoptère qui s’approche.

Elle attrape son sac de ville, abandonne ses valises, et sort en courant…

126. DERRIERE LA MAISON - EXT. JOUR

Jo court comme une dératée, dans la direction où l’hélicoptère s’est posé.

127. EXT. TERRASSE - JOUR Tom, à moitié endormi, arrive sur la terrasse.

Tom Elle est partie, Jo…

Pierre (vers la fenêtre de Lucas) Lucas, maman fout le camp !

Lucas ouvre la fenêtre précipitamment.

128. COULOIR MAISON – JOUR Lucas finissant de s’habiller, frappe à la porte de Fabien.

Lucas Fabien, bouge ! Y a maman qui s’évade !

129. AIRE D’ATERRISSAGE – JOUR


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Jo, hors d’haleine parcourt les derniers cent mètres, vers l’hélicoptère où Balthazar l’attend. Elle baisse la tête et monte.

Balthazar (criant et riant à la fois) Bonjour maman… Attache ta ceinture.

Lucas suivi de loin par Fabien , et de plus loin encore par Pierre qui boîte encore un peu, courent vers l’hélico.

Pierre Maman ! Attends !

Lucas Maman, maman.

Fabien Maman, maman, maman…

Au moment où ils arrivent à distance prudente des pales, Jo, tout sourire, fait un grand geste de la main.

Balthazar décolle…

Jo voit ses trois fils rapetisser.

Au sol, les trois fils restent cloués sur place.

Fabien

Qu’est-ce qu’on fait ?

Pierre (en larmes) Maman, maman

Lucas

Elle est en train de nous plaquer, ou alors on est le quinze août… et c’est la Vierge Marie. Ben ouais c’est l’assomption.

L’hélicoptère prend de la hauteur, fait un beau virage couché.


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130. HÉLICOPTÈRE –INT. JOUR Au-dessus de l’eau Jo et Balthazar, hilares.

Balthazar Excuse-moi, mais suis très content de repartir.

Jo Et les gens, où tu vas, ils sont plutôt noirs ?

Balthazar (souriant) Maman !

Jo ! Jaunes, alors ?

Balthazar Maman !

Balthazar (souriant) Y a la mousson ?

Balthazar (souriant) Maman ! Lâche-moi, maman, lâche moi…

Jo

Oui, oui, je te lâche mon amour, je te lâche. Tu veux que je saute ?

Musique

Fin



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jo - mer agitée - 01 04 2010[1]

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