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1 Jet L ag ® hebdo qui dEcoDe , Semaine du 25 avril 16 Pas de paradis sans enfer fiscal L’appropriation culturelle fracture les USA Le Boston Globe se projette en 2017 juhdydhxxaid- , # 9

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Après quelques mois d'absence, la rédaction de JetLag repart pour une série de décollages. Le numéro 9 est disponible et il réserve encore des surprises. #‎PanamaPapers‬ ‪#‎NuitDebout‬ ‪#‎LoisAntiLGBT‬ ‪#‎Bolloré‬ #Hongrie #Abdelslam ‪#‎BostonGlobe‬ ‪#‎Prince‬ ‪#‎StarWars‬ ... Et la nouveauté, retrouvez désormais nos articles ou enrichissements web sur le site www.keskiscpass.com La rédaction vous souhaite une bonne lecture et un bon voyage. © JetLag

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Jet Lag®

hebdo qui dEcoDe,

Semaine du 25 avril 16

Pas de paradissans enfer fiscal

L’appropriation culturelle fracture les USA

Le Boston Globe se projette en 2017

juhdydhxxaid-

, #9

Page 2: Jet Lag #9

2Sommaire

P12 PHOTO DE LA SEMAINE

P3 ESCALES P4 VOL AU DESSUS DE L’ HEXAGONE P5 TURBULENCES P7 FOCUS : LES

TABOUS DE L’ÉVASION FISCALE

P8 CLASSE AFFAIRES P10 DUTY FREE

TOUS LESCHIFFRES,

TWEET & INFOS À RETENIR NUIT DEBOUT:

« TOUS DES CONS »

« TOUS DEBOUTPOUR FAIRE TOMBER QUELQUES VERROUS »

L’UTOPIE DU MELTING POT AMÉRICAIN

Rédactrice en chef : Marlène Thomas

Secrétaire de rédaction : Manon

Dognin Journalistes : Marion Gergely, Angélique Bernard, Romain Chaumier, Grégory Zerbone, Loris Martin, Rémi Métral, Alexandra Parcot, Marlène Thomas, Manon Dognin et Sarah

Jobert

Maquettiste : Sarah Jobert

Edité par Jet Lag Magazine SA47 Rue Michel Berthet

CP606 Lyon cedex 09

Tél. +33(0)4 72 85 71 73

E-mail : [email protected]

Couverture © MARION GERGELY

Retrouvez-nous sur TWITTER @jetlaglemag

NOTRE ÉQUIPE

Michel Sapin a-t-il vraiment fait claquer l’élastique de la culotte d’une journaliste lors du Forum

économique de Davos ? En mai 2015, 40 femmes journalistes (du collectif Bas les pattes) signent une tribune dans Libération dénonçant le sexisme dont elles font les frais en politique, sans citer de noms. Un an plus tard, le livre Elysée off des journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri dévoile le nom du ministre des finances Michel Sapin, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux. La lumière reste à faire sur l’affaire de la culotte aussitôt démentie par le collectif Bas les pattes, ainsi que par le ministre. Pour autant, la « culotte gate » a pour effet de soulever le problème du sexisme ambiant et banalisé dont sont victimes les femmes journalistes, en France comme ailleurs. Une enquête, publiée sur le site du Guardian, révélait qu’une journaliste sur cinq spécialisée dans les hautes technologies avait déjà fait croire qu’elle

Touche pas à ma culotte était un homme pour éviter les critiques. L’universitaire toulousaine Marlène Coulomb-Gully revient également, dans son livre 8 femmes sur un plateau, sur ce qu’ont subi diverses journalistes politiques TV durant leur parcours. Ainsi, Anne Sinclaire s’est retrouvée à devoir cirer les chaussures de Jean-François Khan avant un débat et Danièle Breem, une des premières journalistes politiques femmes, se faisait uriner sur les pieds par ses homologues masculins quand elle lisait ses papiers à l’antenne. Ces comportements aberrants, flirtant même avec le harcèlement sexuel, devraient être bannis depuis bien longtemps. Avant que la société ne promeuve d’artificielles lois de parité, l’égalité des sexes devrait s’établir sur la base d’un respect mutuel, dans les milieux professionnels comme personnels. Pour accéder à une réelle égalité homme-femme, un long chemin reste à parcourir… a

LE RÈGNEDE LA CENSURE

CHINOISE

ADIEU PRINCE

STARS WARSL’ENVERS DU DÉCORS

ÉTERNAL :L’APPLI MÉMOIRE

VODD : LE NETFLIXDU CINÉMA D’ART

ET D’ESSAI

SALAH ABDESLAM FACE À LA JUSTICE

L’AVENIR POLITIQUE SE JOUE EN HONGRIE

SUPERTUESDAY

Marlène Thomas

DISCRIMINATIONSCONTRE LES LGBT AUX USA

L’ENFER FISCALP6 MÉDIAS

BOLLORÉSEUL CONTRE TOUSLE BOSTON GLOBE & LE PRÉSIDENT TRUMP

Retrouvez nos articles sur keskisc

pass

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45 è

me

Une motion de défiance votée contre ledirecteur d’information de France TV

L’étau se resserre autour du directeur d’information de France Télévisions, Michel Field. Une motion de défiance a été votée à son encontre, le 19 avril dernier, par les rédactions de France 2, France 3 et FranceTV info. Elle a été adoptée à une large majorité, avec 65% des voix. Bien que le nouveau patron du groupe ait exclu de démissionner à l’issue de ce vote, ce dernier s’en trouve fragilisé. Les équipes de France Télévisions se battent contre la fusion des rédactions et entendent défendre le maintien de magazines à l’antenne, afin de proposer une offre plus diversifiée au public.

625

000 C’est le nombre de nouvelles écoles maternelles qui vont être implantées en France pour

scolariser les enfants autistes, à la rentrée 2016. Au total, trente unités d’enseignement spécialisé ont été créées au sein des maternelles depuis septembre 2015. Aujourd’hui, elles permettent la scolarisation d’enfants autistes âgés de 3 à 6 ans. Cet accompagnement a pour optique de mobiliser les aptitudes d’intégration sociale et d’apprentissage des enfants, et ce, le plus tôt possible. A terme, cela devrait permettre à ces élèves de suivre un cursus scolaire classique et de connaître une vie plus sereine.

COP21 : L’accord de Paris signé par 175 pays

Cette semaine, une actualité pleine d’espoir

est apparue sur le compte Twitter de François

Hollande et a fait la Une sur les réseaux sociaux :

l’accord de Paris (hashtag #AccordDeParis) de la

COP21. Après l’aboutissement des négociations

du mois de décembre, les représentants de 175

pays - dont la Chine, plus gros pollueur du

monde - ont signé l’accord destiné à ralentir

le réchauffement de la planète, un record. Le

président français, présent au siège de l’ONU, a

appelé ces pays à le ratifier le plus vite possible.

Tel est le nombre de tests d’émission de CO2 qui ont été truqués par la marque Nissan. Le 20 avril dernier, le géant automobile Mitsubishi a avoué avoir manipulé ces tests sur certains des véhicules du groupe. Le constructeur japonais avait promis de présenter de meilleures performances énergétiques. «Les méthodes pour mesurer les économies de carburant n’étaient pas conformes aux normes japonaises. Nous présentons toutes nos excuses à nos clients », a indiqué Tetsuro Aikawa, le PDG de la marque. Suite à cette annonce, Mitsubishi et Nissan annoncent l’arrêt des ventes de ces véhicules.

EscalesC’est désormais la place qu’occupe la France dans le classement annuel de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse. 7 places ont été perdues par rapport à l’an dernier. RSF regrette qu’une « une poignée d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale ». L’assassinat des 8 journalistes de Charlie Hebdo en janvier 2015 participe aussi à la chute du pays dans ce classement. L’association a souligné que la situation de la liberté de la presse s’était dégradée à peu près partout dans le monde.

Ont participé à cette page : Sarah, Grégory, Manon et Angélique

a

ont voté dimanche en faveur de la destitution de Dilma Rousseff. Ils étaient 136 à soutenir l’actuelle présidente du Brésil. Les deux tiers des voix soit 342 étaient requises pour permettre aux putchistes de lancer la procédure « d’impeachment ». Un second vote aura lieu en mai, au Sénat qui pourra la mettre en accusation pour « crime de responsabilité » et l’écartera du pouvoir pendant 180 jours.

367 députés

L’opposition syrienne se retire des négociations de Genève

La situation sécuritaire en Syrie est au point mort. Les négociations de Genève peinent à avancer et pour marquer son agacement, l’op-position au régime de Damas a décidé de se retirer des discussions le 19 avril dernier. Cette décision intervient suite aux bombardements effectués par l’aviation du régime, qui ont tué au moins 44 civils dans deux marchés de la province d’Idlib. « Nous attendons du Groupe international de soutien à la Syrie qu’il prenne des mesures décisives contre celui qui massacre le peuple syrien », a déclaré à la presse Riyad Hijab, le coordinateur de l’opposition.

50La chaîne Al-Jazeera America a cessé d’émettre

Lancée en 2013, la filiale américaine de la célèbre chaîne qatarie d’information en continu, Al-Jazeera, a cessé d’émettre le 12 avril dernier, deux semaines avant la date initialement prévue. Pourtant loué pour la qua-lité de son information, le média, qui a reçu plusieurs prix journalistiques prestigieux, n’a pas su trouver son public face aux géants CNN ou Fox News. Al-Jazeera America n’a pas pourtant pas dit son dernier mot, la chaine a annoncé le développement de nouveaux services en ligne, notamment sur les supports mobiles.

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Les Nuits Debout sont un mouvement de

révolte né à Paris à la suite du projet de la loi travail, proposé par Myriam El Khomri.

Un projet qui ne plaît pas du tout à une grande majorité des salariés et qui s’exporte partout en France.

Les escaliers de la place Guichard se remplissent lentement. Le soleil se couche sur Lyon. La foule qui s’est massée sur les gradins ne

ressemble pas à des manifestants. Odeurs de tabac froid, cendriers faits en canettes de coca ou de bière, fumée de joints. L’ambiance est étrange

avant le début de l’assemblée générale. Le public présent vient de tous les horizons. Jeunes, moins jeunes, pour ne pas dire carrément vieux, hommes,

femmes, quelques gamins un peu perdus au milieu de la place. Mais quand les organisateurs prennent le micro, que les premières idées s’exposent, cet étrange

public disparate se tait.Des dizaines de regards se rivent sur la grand-mère qui vient de prendre son mi-

cro. Ses convictions et sa colère transparaissent dans sa voix. Elle parle si vite que les deux femmes, perchées sur les marches des escaliers et qui traduisent son discours en langage des signes ont du mal à la suivre. Cheveux courts grisonnants, petite femme rondelette, s’appuyant sur une canne, la sexagénaire a su se faire entendre. « J’appelle à la grève de la consommation ! Et ça, ça les fera vraiment chier ! » glapit-elle. Les bras se lèvent, les mains s’agitent pour montrer l’approbation. Deux, trois sifflements fusent, et quand la vieille dame retourne prendre sa place, elle est accueillie par un tollé d’applau-dissements. Un sourire discret, fugace, et elle confie à la ronde : « J’ai soixante-quatre ans, je suis communiste depuis plus de trente ans. Je suis à la retraite. Mais, je vous as-sure que je ne vais pas me laisser marcher dessus par ces cons du gouvernement ! » Une autre personne s’avance. Un jeune homme, à peine la trentaine. Il a la voix qui tremble un peu, mais quand il prend le micro, ses mains s’agitent. Tant et si bien qu’il ne parle pas toujours dans le micro et que l’organisateur lui demande de ne plus bouger. Son ton hésite légèrement, il balbutie sur les premières phrases. Mais quand il appelle à

la grève générale, la moitié des auditeurs lève les mains, en signe d’acquiescement. Plus rouge qu’une pivoine, les yeux baissés sur les pavés, l’homme continue tout

de même son discours. « Pendant la grève, les transports ne circulent plus qu’aléatoirement, bloquant ceux qui vont au travail. Sans comprendre que

ceux que nous voulons gêner ne prennent ni bus, ni train, ni métro. Par contre, si pendant cette journée de grève, les transports sont gratuits

pour tous, là, il y a moyen d’être entendu ! » a Alexandra Pacrot

Un m

ouvement qui ne s’étiole pas

4Vol au dessus de l’Hexagone

Nuit Debout : «Ce n’est qu’un début»

Ne croyez-vous pas que seuls les médias

prennent au sérieux le mouvement Nuit

Debout et que la classe politique fran-

çaise vous ignore ?

Peut-être mais c’est ce qui nous importe, le reste viendra. Vous savez, le film Merci Patron ! de François Ruffin a joué un rôle de catalyseur pour cette action. Si l’on de-vait retenir une seule leçon de ce film en termes de lutte, ce serait que désormais, seule la pression médiatique peut faire plier les gros bonnets’’ face aux gens du peuple. Je pense que seule la communication la plus large possible peut faire bouger les consciences. C’est la raison pour laquelle j’ai adhéré au groupe. Je ne crois plus au vote depuis longtemps. L’appareil de com-munication, tenu par la classe dirigeante, est complètement verrouillé. La visibilité donnée par la mobilisation des Nuits De-bout nous permet de faire sauter quelques-uns de ces verrous. Je suis aussi persuadée qu’il n’y aura pas de convergence des luttes tant que nous n’aurons pas cassé les cli-chés des petits jeunes révoltés qui viennent boire et fumer. Il faut donc être le plus pos-sible présent dans le paysage médiatique, en occupant des places publiques.

Pourtant, certains médias ne vous

encensent pas et vous reprochent un

manque cruel de fond dans vos débats.

Il faut être présent dans le paysage média-tique, mais pas à n’importe quel prix ! Les médias que nous choisissons, comme Mé-diapart, font preuve d’un minimum de sé-rieux et d’honnêteté à notre égard. Ce qui n’est pas le cas de tous. Ensuite, il faut éviter de se disperser en débattant sur des sujets trop différents. Toutefois, c’est le rôle des assemblées générales  : libérer la parole de chacun en 2 ou 3 minutes seulement. C’est forcément plus difficile de détailler des opi-nions de la sorte.

Votre communication n’est pas toujours

bien comprise alors que vous en faites

une priorité. Comment l’expliquer ?

Il y a aussi la fatigue qui veut cela. Or, c’est aussi une question d’organisation des structures. Nous savons que parfois cela part dans tous les sens et devient in-compréhensible pour les personnes exté-rieures, pourtant en accord avec le mou-

vement. C’est également une question de production et de diffusion des contenus. Il me paraît indispensable de trouver des outils qui permettent aux très nombreuses personnes avides de nourriture intellec-tuelle de penser, formuler leur ‘’ras-le-bol’’ correctement et d’avoir des compléments d’information pour alimenter leurs dis-cours. Nous le faisons déjà sur les stands qui proposent des lectures-débats. Nous voulons que les membres de Nuits Debout en produisent aussi sous la forme de com-muniqués ou de petits hebdomadaires synthétisant le contenu des sept journées. A chaque fois, dans l’ours, les contacts des référents seront mis à jour. Ce n’est donc pas fini, ce n’est que le début. aLoris Martin

Ce mardi 19 avril 2016, place Guichard, c’est le 10ème jour d’occupation des lieux pour Nuit Debout à Lyon. Parmi eux, Marie,

chargée de communication pour le journal Fakir d’un certain François Ruffin, le déclencheur de ce mouvement.

Le mouvement Nuits Debout s’est déporté à

Lyon et attire des curieux.

© Alexandra Pacrot

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Etats-Unis : le melting pot à l’épreuve de l’appropriation culturelle

Récemment, c’est Justin Bieber qui se retrouve fourvoyé au sein d’une polémique récurrente aux Etats-Unis. La raison ? Le chanteur arbore une nouvelle coiffure sur les

réseaux sociaux  : des dreads. Non, ce n’est pas tant l’aspect esthé-tique de la chose qui défraye la chronique. Il est en fait reproché au jeune homme de s’approprier les codes de la culture noire. «  Ap-propriation culturelle », ce terme que l’on entend à répétition ces derniers temps, sans savoir avec exactitude ce qu’il signifie ou lors-qu’il peut-être légitime de l’employer. Susan Scafidi, auteure d’un livre sur le sujet, décrit cette tendance comme « le fait de s’emparer de la propriété intellectuelle, du savoir traditionnel, des expressions culturelles de quelqu’un d’autre sans sa per-mission. » Le cas de Justin Bieber est loin d’être isolé, de nombreuses personnalités américaines sont accusées de s’approprier la culture afro-américaine à travers leurs vêtements ou leur comportement. Mais alors, en quoi est-ce si dérangeant  ? Usurper les codes d’une autre culture sans en connaître la si-gnification n’est pas lui rendre hommage. Les arguments des personnes réfractaires à cette pratique sont clairs  : cela devrait sous-entendre un échange et un partage mutuel, là où l’appropriation culturelle a trop souvent tendance à oublier la commu-nauté d’origine.

Aux Etats-Unis, s’approprier les caractéristiques d’une culture autre que la sienne peut être très mal perçu. A priori simple crêpage de chignon sur les réseaux sociaux, le débat sévit toutefois depuis

plusieurs années. Des polémiques qui en disent long sur la fracture communautaire plus que jamais d’actualité Outre-Atlantique.

Copier au lieu de lutter contre le racisme

Lorsque certains y voient un simple effet de mode, d’autres crient au cruel manque de respect. Une situation qui semble très symp-tomatique des Etats-Unis et qui reflète un malaise communautaire toujours très ancré. Quand la cadette des sœurs Kardashian s’affiche avec des tresses africaines sur son Instagram, les internautes se dé-chainent : « Elle ferait mieux d’utiliser son pouvoir pour dénoncer les violences faites aux noirs et le racisme. » La stigmatisation entraine la haine et renforce toujours un peu plus les stéréotypes assimilés aux minorités. C’est pourquoi certains membres de la communauté noire américaine trouvent scanda-leux que des blancs imitent les traits de leur culture sans souffrir en contrepartie de la discrimination qu’ils subissent chaque jour.

La couleur de peau n’est pas une culture

Mais alors on est en droit de se demander si ce n’est pas un crime pour les artistes d’arborer les codes d’une autre culture dans un clip. Ce ne sont peut-être pour eux que de simples jeux de rôles. Est-ce une couleur de peau qui définit une culture, ses traditions et son patrimoine ? Justin Bieber ne s’est-il pas contenté de suivre une ten-dance, sans pour autant avoir pour objectif de démontrer la préten-due domination d’une classe sur une autre ? Cet argument revient à dire que le melting pot américain n’est qu’un vaste idéal, puisque de toute manière le communautarisme semble vouloir rester la norme. a

Manon Dognin

Turbulences

Les

dre

ads,

un symbole propre à la culture noire ?

© Ben Toms

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Le Boston Globe s’essaye à la politique-fictionsur Donald Trump

‘‘ Les expulsions vont commencer » : c’est avec ce titre-choc que le Boston Globe ouvre cette Une datée du dimanche 9 avril 2017. Le quotidien s’est essayé, dans

ses pages opinion, à un exercice de politique-fiction, donnant une vision apocalyptique des Etats-Unis avec Trump dans le rôle du Président. Le Globe prend aux mots le candidat républicain et met ainsi en application plusieurs de ses promesses de cam-pagne, notamment les plus controversées. Le faux président promet des expulsions «  tellement rapides qu’elles donneront le tournis » aux immigrés illégaux. A propos de l’Etat Islamique, un article titre également : « Les soldats amé-ricains refusent de tuer les familles de terroristes de l’EI  ». Le Boston Globe a aussi profité de l’occasion pour se moquer du candidat républicain à travers ses dérapages médiatiques. Une brève rapporte ainsi que le président Trump est dans la short list du prix Nobel de la paix 2017 pour avoir « guéri le schisme de 1385 ans entre Chiites et Sunnites qui est à l’origine de conflits sanglants depuis des années ».

La politique-fiction dans la littératuremais aussi dans le journalisme

L’intention du journal avec cette Une est expliquée dans l’édito qui l’accompagne. Dans ce texte intitulé « Le parti républicain doit arrêter Trump », le Boston Globe s’inquiète des valeurs du candidat qu’il juge « contraires aux valeurs de l’Amérique ». Le

Le quotidien du Massachusetts a fait le buzz le 9 avril dernier en créant une fausse Une sur Donald Trump, imaginant ce dernier président des Etats-Unis. Publiée dans les pages opinion du

journal, l’article apparaît comme un véritable travail romancé pour transmettre un message.

quotidien ajoute que la vision du milliardaire sur le pays « pro-met d’être aussi épouvantable dans la vraie vie que sur cette page en noir et blanc ». Avec cette fausse Une, le Boston Globe a eu une idée originale lui permettant de dévoiler son opinion sur Donald Trump. Néanmoins, le genre de la politique-fiction, lui, n’est pas nou-veau. Dans la littérature bien sûr, il est largement présent, avec chaque année des ouvrages qui se plaisent à imaginer un résultat d’élection ou un événement inattendu et les conséquences de ce-lui-ci. Le dernier en date ? La bande dessinée « La Présidente » montrant Marine Le Pen comme locataire de l’Elysée en 2017. Dans le journalisme, plusieurs titres se sont eux aussi essayés à cet exercice. Le Monde avait ainsi publié en 2010 «  Le procès de Chirac ». Une fiction politique, rédigée sous un pseudonyme, par deux journalistes imaginant le procès de l’ancien président, consécutif à l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Europe 1 s’était aussi pris au jeu l’été dernier dans son émission Médiapolis. Les commentateurs de l’émission, qui traitent habi-tuellement du rapport entre communication et politique, avaient créé une série intitulée Médiapolis fiction. L’idée était de faire ré-agir les interlocuteurs habituels de l’émission sur des évènements qui n’existaient pas. Un travail énorme en données, interviews et reportages fictifs qui permettaient de s’imaginer la prise de contrôle de TF1 par Daesh ou encore le retour de Dominique Strauss-Khan dans la vie politique. a Romain Chaumier

Un pari anti-échec : Hanouna au Zapping de Canal Plus

Bolloré continue son ménage. Le réalisateur du Zapping, Patrick Menais, est devenu numéro un sur la liste noire de l’homme d’affaires. Pour le remplacer, quelle meilleure

idée que de miser sur Cyril Hanouna, animateur phare de D8, sus-ceptible de faire souffler un vent nouveau sur la chaîne payante ? En septembre dernier, Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, prend la tête de la Canal+. Depuis, des changements no-tables sont intervenus, des animateurs et émissions mythiques ont été supprimés. Les premiers à en faire les frais ? Les Guignols de l’info, visibles uniquement en crypté ou en replay sur Dailymotion dans la soirée. Le Zapping, qui recense les moments marquants du petit écran, est également menacé. Le Monde annonçait que Pa-trick Menais, aurait été convoqué par la direction pour son manque de solidarité envers Bolloré, et serait sur un siège éjectable. En effet, récemment Le Zapping s’est encore attaquée à son patron en diffu-sant des extraits de l’émission « Complément d’enquête » de France 2. Le remaniement de la chaîne effectué par Vincent Bolloré, dans l’optique d’y placer ses proches, y est notamment pointé du doigt.

Déjà omniprésent sur la chaîne D8, Cyril Hanouna pourrait débarquer sur Canal+. Selon Le Canard Enchaîné, le dernier pari de Vincent Bolloré consisterait à lui confier le Zapping de la

chaîne à la rentrée prochaine.

L’objectif, faire de Canal + une chaîne premium Deux schémas principaux émanent de la stratégie de Bolloré. Le premier, un grand ménage dans la direction. Le second, la réduc-tion des programmes en clair pour se concentrer sur les abonnés. Le Grand journal, Le Petit journal, le Zapping, ces émissions phares de Canal+ pourraient bien ne plus être accessibles gratuitement. En termes d’audimat, Le Grand Journal est le plus affecté, divisant par deux son nombre de téléspectateurs, depuis le départ d’Antoine de Caunes. Au vu des coûts de production élevés, revoir les chiffres à la baisse s’impose mais sans se préoccuper des audiences. Est-ce la bonne stratégie à adopter ? En tout cas, les abonnés sont mécontents puisque leur nombre a aussi chuté, ils ne sont plus que 5,7 millions, soit 300 000 de moins qu’en 2014. Les dettes du groupe Canal sont estimées à un milliard d’euros. Face à ces chiffres alarmants, l’homme fort de Canal + a mis un coup de pression jeudi, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires Vivendi. Il a annoncé que si la situation ne s’améliorait pas, les chaînes Canal+ pourraient disparaître des écrans… Affaire à suivre. a

Médias

Angélique Bernard

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Les tabous de l’évasion fiscale

La bombe médiatique des Panamas Papers a remis les paradis fiscaux dans le viseur

des administrations du monde entier. S’interroge-t-on pour autant sur l’existence

des enfers fiscaux ? En Chine, l’affaire a tout simplement été ignorée. Focus sur les non-dits

du scandale financier qui secoue la planète.

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8Focus : les tabous de l’évasion fiscale

Pas d

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sans

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fisc

al

Mossack Fonseca. Avant 2016, ce nom n’était connu que des professionnels de la fiscalité internatio-nale, des banquiers et avocats. L’idée d’évasion fiscale était alors liée à des pays européens comme la Suisse, le Luxembourg, le Lichtenstein… Depuis le scandale des Panama Papers, les choses sont

un peu différentes. Le Monde a contribué à révéler un phénomène mondialisé de grande envergure. 205 pays sont concernés par l’affaire, preuve que l’évasion fiscale est bel et bien une discipline de haute voltige, un sport international auquel s’adonnent les grands de ce monde, des firmes transnationales aux riches particuliers, en passant par les dirigeants politiques.L’existence de structures telles que Mossack Fonseca en témoigne : rien n’est trop compliqué pour échapper à une administration trop gourmande. En effet, mettre en place un montage de sociétés dites « offshore » (ou écrans) dans des pays étranger pour stocker ou faire transiter de l’argent n’est pas une mince affaire. C’est là un processus onéreux, parfois lent et qui nécessite surtout une discrétion de chaque instant. La matière fiscale est par ailleurs très fluctuante. Elle change aisément au cours d’une gouvernance….elle est même l’une des priorités pour n’importe quel programme politique dans le monde. Pratiquer l’évasion fiscale, c’est réaliser un investissement risqué qui requiert des spécialistes performants et coûteux. Tout cela (les Panama Papers nous l’ont montré), des milliers de personnes physiques ou morales sont prêtes à l’affronter. Comment ? Les journaux nous le rabâchent : Par le « Paradis  », la terre promise, l’Eldorado façon « taxfree ».

Paradis pour les uns, enfer pour tous

Cet emploi du mot paradis n’est pas qu’une image. L’ affaire Cahuzac, Offshore Leak, Lux Leaks, Swiss Leaks, UBS sont autant de quêtes d’ascension au paradis de l’évasion fiscale. Pour ces  pèlerins d’un autre genre, un enfer bien réel doit exister : celui des impôts sur les sociétés, de la taxation sur la fortune et de l’imposition des dividendes. Il ne peut y avoir de paradis sans enfer et il est certain qu’une partie de l’explication de ce phénomène provient directement des régimes fiscaux des Etats. Le propre des scandales financiers est de concerner des sommes astronomiques, à peine envisageables pour nombre d’entre nous. L’évasion fiscale a un coût, elle ne peut être financée ailleurs que dans les sphères déjà riches : celles des multinationales et des grandes fortunes. Mais à bien y réfléchir, l’enfer fiscal n’est pas que l’apanage des riches et des puissants. Dans l’Union Européenne où prime l’Etat providence, la fiscalité n’étouffe pas que les plus riches. Ces régimes soli-daires font contribuer l’ensemble des citoyens. Mais les riches sont-ils les plus à plaindre ? Si l’on prend appui sur le modèle français, la réalité est bien loin des idées reçues. D’après le CREDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), les 10 % les plus modestes contribuent à hauteur de 46 % de leur revenu, contre seulement 39 % pour les plus aisés. Un phénomène propre à la France car nulle part ailleurs les plus riches payent moins, en proportion, que les ménages aux revenus inférieurs. Dans de telles circons-tances, comment ne pas être scandalisé par cette terrible fourchette que présente le Sénat dans ses rapports sur l’évasion : entre 30 et 50 milliards d’euros échapperaient à la France chaque année. Mais leur situation est également enviable : sortir de l’enfer fiscal n’est hélas pas donné à tous et il faut bien une fortune, personnelle ou industrielle, pour se le permettre.

Le secret bancaire : curseur entre enfer et paradis

L’idée d’enfer fiscal ne tient pas uniquement à la quantité d’impôts et de prélèvements qu’un pays fait peser sur ses contribuables, car des mécanismes tels que les niches fiscales viennent largement les contrebalancer. Il existe cependant une notion qui fait sensiblement bouger la pression fiscale : le secret bancaire. Ce dernier, consistant pour une banque à ne pas divulguer à autrui les informations propres à un client, ne s’exerce pas partout dans les mêmes conditions. En France, l’administration fiscale a plein pouvoirs en matière d’infor-mation bancaire et il est ainsi impossible à une société d’avoir des comptes opaques. Dans d’autres pays, comme la Suisse, ce secret est bien moins tangible dans la mesure où certaines conventions peuvent obliger une banque à fournir les informations à l’Etat dont l’un de ses clients est ressortissant. Mais, dans certains pays, comme le Panama, le secret bancaire est parfaitement inviolable. Il est alors à la charnière entre enfer et paradis, mais à l’heure où l’Union Européenne renforce l’opacité des entreprises, il y a fort à penser que les Panama Papers ne seront qu’un énième scandale dans la longue histoire de l’évasion fiscale. a

Rémi Métral

L’affaire des Panama Papers a une fois de plus fait ressurgir la problématique des paradis fiscaux. L’attrait pour ces lieux idylliques, réservés aux puissants, ne

serait-il pas conditionné par des enfers fiscaux bien réels et connus de tous ?

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Les révélations des Panama Papers censurées en Chine

Epinglé par les révélations des Panama Papers du Consortium international des journalistes d’investigation, le gouvernement chinois a répondu à ces accusations par une

censure des plus sévères.

Focus : les tabous de l’évasion fiscale

‘‘ Trouvez et supprimez toutes les informations sur les Pana-ma Papers (…) Si du contenu provenant de sites étrangers attaquant la Chine est découvert sur quelque site que ce

soit, l’affaire sera traitée sévèrement. » Ces instructions, données par le service de censure de l’Internet chinois, ont des airs de 1984 de Georges Orwell. Révélées par le site China Digital Times, basé aux Etats-Unis, les consignes n’ont pourtant rien d’une fiction. Selon l’enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) sur les archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, près d’un tiers des entreprises dont le cabinet s’occupe sont chinoises. Huit membres, anciens ou actuels, du comité permanent du bureau politique sont no-tamment mis en cause, dont un proche du président Xi Jinping. Des renseignements d’autant plus fâcheux que le chef du gouvernement a fait de la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale une priorité de son mandat, notamment en signant un accord de coopération fiscale avec l’OCDE, en août 2013. Des cadres du Parti Communiste Chinois (PCC) avaient aussi été arrêtés pour servir d’exemple et assainir le parti. Ce-pendant, aucune réforme n’oblige les responsables à déclarer leurs actifs.

Les « princes rouges » pointés du doigt

Parmi les huit membres haut placés cités, surnommés les «  princes rouges », le nom de Deng Jiagui est pointé du doigt. Marié à la sœur de Xi Jinping, Qi Qiaoqiao, Deng Jiagui est propriétaire de trois sociétés. La première, créée en 2004, a été dissoute il y a neuf ans et les deux autres, basées aux Iles vierges britanniques, sont en sommeil depuis que Xi Jinping a pris la tête du PCC, en 2012. Selon le New-York Times, en juin 2014, le couple avait aussi revendu ses parts dans au moins dix de ses entreprises, à la demande de l’actuel président. Des proches de deux autres membres de l’actuel Comité permanent du PCC, Zhang Gaoli et Liu Yunshan, détiennent des sociétés offshores. Enfin, Jasmine Li, pe-tite-fille de Jia Qinglin, ex-membre du Comité permanent et Li Xiaolin, fille de l’ancien premier ministre Li Peng, sont apparues dans les docu-ments. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des « princes rouges » sont épinglés par une enquête journalistique. En 2014, grâce aux do-cuments de l’affaire Offshore Leaks, l’ICIJ dévoilait que 20 000 clients chinois ou hongkongais étaient liés à des compagnies offshores situées dans des paradis fiscaux. Le nom de Deng Jiagui avait déjà été assigné à cette enquête ainsi que dans celle de l’agence Bloomberg portant sur la fortune de la famille de Xi Jinping, en 2012.

Par trois fois, une même constatation : les autorités chinoises ont cen-suré la quasi-totalité des informations relatives à l’enquête, en bloquant notamment les sites étrangers. Aucune poursuite n’a eu lieu en 2014 et le même schéma se reproduit cette année. Ainsi, les différents médias ont

été tenus au silence. Le Global Times, un des médias officiels, a déclaré dans un éditorial que ce scandale faisait partie d’une campagne de « dé-sinformation » ayant pour objectif « d’attaquer les élites politiques non occidentales ». Comme d’autres titres, le journal a tout de même insisté sur la mise en cause de Vladimir Poutine, en omettant bien sûr de citer les responsables chinois.

Les réseaux-sociaux bridés

Au-delà de la presse, les réseaux sociaux ont aussi fait les frais de cette censure. Sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, tous les posts men-tionnant les mots Panama Papers en mandarin ou en anglais ont été supprimés, tout comme les termes beau-frère, Deng Jiagui, offshore, Panama … Un message d’erreur a alors été envoyé aux internautes les utilisant : « Conformément aux lois en vigueurs (…), les résultats de la recherche « Panama Papers » ne sont pas affichés ». Sur Freeweibo, un site recensant les posts bloqués, le terme le plus censuré est sans conteste «  Panama  ». Le même constat est à faire sur le moteur de recherche Baidu. Seules quelques bribes d’informations, décrivant l’investigation ou la promesse du gouvernement français d’étudier en détail les révéla-tions, y apparaissent. La Chine, elle, n’est encore une fois mentionnée nulle part. Cette censure n’a rien d’étonnant, le président lui-même déclarait en marge de la deuxième édition de la Conférence mondiale de l’internet qu’elle « est nécessaire pour préserver la liberté des internautes ». Avec ses 670 millions d’utilisateurs du web (20 % du trafic mondial), la Chine arrive toutefois à la dernière place du classement de l’ONG américaine Freedom House sur la liberté d’usage d’Internet. Fin mars, le gouverne-ment chinois a même présenté un ensemble de nouvelles règles pour l’usage du net qui prévoient de bloquer tous les sites web « étrangers » ne terminant donc pas par «  .cn ». La muraille du numérique semble devenir de plus en plus infranchissable. a

Marlène Thomas

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U

Le transfert du prisonnier était attendu. L’opération, menée dans la plus grande discrétion, s’est tenue à l’écart de toute ba-vure. Salah Abdeslam est arrivé vers neuf heures sur le sol français sous escorte du GIGN. Il a ensuite été présenté aux juges d’instruction français en vue de sa mise en examen, au moins pour « participation à une organisation terroriste ». Il était incarcéré à la prise de Beveren et sera désormais détenu au centre péniten-cier de Fleury-Mérogis (Essonne), l’un des plus grands d’Europe. Il sera placé «  dans un quartier d’isolement  » a an-noncé le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas. Présenté comme le logisticien des attentats de Paris, il n’a quasiment pas collaboré avec les autorités belges. Les investigations sont au point mort. Le mois dernier, Sven Mary, son avocat en Belgique, avait rapporté que Salah Abdes-

lam « souhaitait rentrer en France le plus vite possible et qu’il voulait s’expliquer là-bas ».

Une coopération franco-belge pointée du doigt

Quatre mois de cavale et puis s’en vont. Enfin pas vraiment. Un mois a coulé entre l’accord de la justice belge pour son trans-fert et son arrivée dans l’Hexagone. Les enquêteurs belges ont voulu l’entendre sur plusieurs affaires internes, notamment sur la fusillade de Forest, trois jours avant d’être arrêté à Molenbeek. L’opération avait dégénéré, conduisant à la fuite du terroriste qui avait été interpellé quelque temps après.Il a été inculpé en Belgique le 21 avril der-nier pour « tentative de meurtres comme auteur ou coauteur ». Un comble pour un

Classe Affaires

Salah Abdeslam extradé vers la France pour répondre de ses actes b

Arrêté en Belgique le 18 mars dernier, Salah Abdeslam, seul survivant des commandos terroristes du 13 novembre,

a été transféré en France mercredi 27 avril.

terroriste responsable de la mort de centre trente innocents. La Belgique avait pro-mis ne plus s’opposer à son départ après cette inculpation. Sauf que les attentats de Bruxelles, trente-deux morts, ont entravé cette démarche. Arrêté quatre jours aupa-ravant, Salah Abdeslam a-t-il tenu un rôle dans les attentats ? C’est ce que ce sont de-mandés les enquêteurs belges et qui ont retardé son extradition vers la France. a

Loris Martin

La loi sur le travail dominical abrogée sans référendum en Hongrie

En Hongrie, les demandes de référendums pour l’abrogation de la loi sur le travail dominical se multiplient et restent lettre morte. Le gouvernement l’a finalement annulée, sans consultation populaire.

n an et 18 demandes de référendums contre la fermeture des magasins de plus de 400 m2 le dimanche. Le choix de gar-der portes closes ce jour-là émane d’une loi, portée par la droite nationaliste et appliquée depuis avril 2015. Pourtant, 68% de la population se disaient favo-rables à cette ouverture dominicale (Ipsos 12/2015). Depuis la chute du commu-nisme, il y a 25 ans, le travail dominical était autorisé dans le pays et vu comme un symbole de liberté. Le rétro-pédalage du gouvernement de Viktor Orbán est donc mal vu par la population. Finalement, Antal Rogan, ministre chargé de la com-munication, a annoncé, le 11 avril, que la loi serait abrogée. Un choix stratégique

Derrière la prétendue volonté de protéger les salariés, certaines personnes soupçon-naient Viktor Orbán de vouloir satisfaire son allié du parti chrétien-démocrate. Les détracteurs soulevaient aussi le désir du gouvernement d’accabler les grandes surfaces étrangères, déjà soumises à de nombreuses taxes, pour favoriser les dis-tributeurs locaux et la chaine CBA, un des financeurs de la campagne du partie d’Orbán. Les 18 demandes de référendum ont été rejetées par la Commission nationale électorale, présidée par le Fidesz, parti du  Premier ministre. Parmi elles, le dé-puté socialiste Istvan Nyako a tenté sa chance pour la 3ème fois. Alors que le député s’apprêtait à déposer sa requête à

la Commission, il s’est vu bloqué par une douzaine de vigiles. Cette démonstration de force a servi un homme venu dépo-ser une demande de référendum pour le compte d’une retraitée, mariée à un an-cien maire du Fidesz. La question était «Êtes-vous d’accord pour que les com-merces continuent à rester fermés le di-manche ?» Deux référendums ne peuvent pas être déposés sur le même sujet. L’af-faire a résonné jusqu’à la Cour suprême qui a relevé l’illégalité de ce blocage et va-lidé la question du député socialiste. Le gouvernement a fait le choix straté-gique d’abroger la loi avant même que le référendum ne se tienne, afin d’empêcher l’opposition de galvaniser les foules avant les législatives de 2018. a

Marion Gergely - Marlène Thomas

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placé en quartier d’isolement

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b

ELa multiplication de lois anti-LGBT

indigne la société américaineDans plusieurs Etats, les gouvernements républicains conservateurs votent des lois ciblant la communauté LGBT.

Elles suscitent de vives réactions et certaines sanctions se font déjà ressentir.

n juin 2015, la Cour suprême, plus haute autorité judiciaire du pays, légalisait le mariage homosexuel sur l’ensemble du terri-toire américain. Une décision historique, qui pour beaucoup marquait le début de l’égalité entre la communauté LGBT et le reste du pays.

Aujourd’hui, la question des droits des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles revient sur la table. L’exemple qui a fait le plus parler à l’international est celui de la Caroline du Nord, avec ce que les Américains appellent désormais la « Ba-throom Bill ». La loi votée stipule que les personnes transgenres doivent se rendre dans les toilettes correspondant au sexe inscrit sur leur acte de naissance et non à celui qu’ils ont aujourd’hui. Initié par le gouverneur républicain Pat McCory, le champ d’ap-plication de la loi a depuis été réduit face à la levée de boucliers qu’elle a provoquée.

Des lois qui indignent (presque) tout le monde

Dans le même registre, l’autre Etat qui a fait parler de lui est le Mississippi. Là encore, c’est un gouverneur républicain qui a pro-mulgué au début du mois une loi visant la communauté LGBT. Cette dernière, qui rentrera en application au mois de juillet pro-chain, donnera la possibilité à une entreprise, une organisa-tion religieuse ou un fonctionnaire de refuser un service à des couples homosexuels, en fonction de ses croyances religieuses. Le gouverneur Phil Bryant précise que le but de cette loi est avant tout de protéger «  les croyances religieuses sincères et les convictions morales. » C’est aussi l’argument qu’avançaient les gouverneurs du Tennessee et de Géorgie pour justifier des lois similaires, promul-guées dans leurs Etats.La mise en place de ces réformes a susci-té une vague d’indignation dans le pays. Plusieurs entreprises ont pris position contre les Etats qui les ont promulguées. C’est le cas par exemple de Paypal qui a annoncé, après le vote de la loi, l’annula-tion d’un projet en Caroline du Nord qui devait créer 400 emplois. En Géorgie, ce sont les studios de cinéma Disney et Mar-vel qui menacent de ne plus tourner sur ce territoire. Même discours chez les artistes et chanteurs, de plus en plus nombreux à annu-ler leurs concerts dans les villes concernées. Bruce Springsteen, Cindy Lauper, Ringo Starr, le Cirque du Soleil en Caroline du Nord ou encore

Classe Affaires

le chanteur Bryan Adams et l’humoriste Tracy Morgan dans le Mississippi sont notamment concernés.

Des voix d’oppositions plus surprenantes se sont aussi élevées. C’est le cas de celle de Donald Trump qui a déclaré, à propos de la « Bathroom Bill », qu’il fallait laisser « les choses comme elles sont » et que la situation ne posait que « très peu de problèmes ». Mais ces lois polémiques n’ont pas suscité que des oppositions au sein de l’opinion américaine. Le candidat républicain à l’in-vestiture Ted Cruz, connu pour ses positions conservatrices, a déclaré : « En tant que père, je ne suis pas vraiment enthousiaste à l’idée qu’un homme puisse aller seul aux toilettes avec mes pe-tites filles. » a

Romain Chaumier

Manifestation contre la loi du gouverneur Phil Bryant dans le Mississippi.

© AP

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Ja

ke Lloy

d, le jeune Anakin interné pour schizophrénie

Star Wars cache son côté obscur

Star Wars, la saga cinématographique planétaire, cache bien des dérives. Drogue, dépression, alcool, prison : la

notoriété n’a pas que de bons côtés.

© DR

Duty Free

Prin

ce de profil, dans toute sa splendeur

Prince est mort, vive le roi !

Prince, une des plus grandes figures de la pop, a été retrouvée sans vie dans sa résidence de Paisley

Park, dans le Minnesota. Retour sur une légende humaine.

Jake Lloyd, la bouille blonde âgée de 10 ans en 1999, cé-lèbre pour son rôle d’Anakin Skywalker dans le premier volet « La menace fantôme », a connu le succès très tôt

et n’a pas su rebondir. Il assurait que Star Wars avait gâché son enfance et sa carrière. Après avoir subi des moqueries et une surmédiatisation, il a décidé de se retirer du cinéma. Il mène aujourd’hui une vie loin des paillettes, mais multiplie les frasques. Il a été incarcéré en 2015 après une course poursuite en voiture. Récemment, il a même été diagnostiqué schizo-phrène et interné en hôpital psychiatrique. L’acteur a toujours reproché à George Lucas de ne pas l’avoir protégé face à sa médiatisation, il en paye aujourd’hui les pots cassés. Mais Jake Lloyd n’est pas le seul dans cette situation. D’autres membres du casting lui ont emboîté le pas.

Carrie Fisher, interprète du rôle de la Princesse Leïa, n’a pas échappé aux problèmes de drogue l’obligeant à se tenir écar-tée des plateaux TV. Hayden Christensen, qui jouait Anakin dans les épisodes II et III, s’improvise agriculteur depuis peu. Malgré quelques autres apparitions à l’écran, son rôle dans la saga n’a pas suffi à faire décoller sa carrière. Padmé, incarnée par Natalie Portman, a aussi souffert de l’après Star Wars. Face aux critiques sur sa prestation, elle confiait avoir eu du mal à trouver sa place dans le monde du cinéma. a

Angélique Bernard

Après le décès de David Bowie, en janvier dernier, une autre légende de la pop moderne vient soudai-nement de s’éteindre. 2016, une année maudite pour

l’histoire de la musique. La disparition de Prince, survenue le jeudi 21 avril, a secoué une nouvelle fois la planète. Six jours plus tôt, son avion privé avait dû se poser d’urgence, afin que le chanteur de 57 ans soit hospitalisé. Il souffrait depuis plu-sieurs semaines de symptômes proches de la grippe. Malgré cette hospitalisation, Prince s’est produit en concert le lende-main soir. Un choc pour le monde de la musique qui perd une grande figure, emplie de talent et d’intelligence. Vedette om-niprésente des 80’s et 90’s, le Kid de Minneapolis était devenu, un quart de siècle plus tard, un mythe, en rupture complète avec l’industrie musicale traditionnelle.

Prince comme prodige

Au faîte de sa gloire, Prince multipliait les projets. Le show-man mêlait alors musique et cinéma comme jamais, conce-vant des bandes son à l’écran tout droit sorties de son ima-ginaire. « Purple Rain » est bien un long-métrage musical le mettant en scène, avant d’être une bande-originale culte. A l’heure de refermer sans trop y croire le cercueil sur les traits fins d’un musicien inclassable, on le revoit gorgé de vie et capable d’endosser le rôle de punk de service androgyne, et d’autres personnages déjantés. Dansant sur ses talons au mi-lieu d’un solo impossible, il lançait des clins d’œil amusés au public. L’image de la grâce ne meurt jamais. a Sarah Jobert

© DR

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13Duty Free

L

e lo

go fu

tursite de la start-up lyonn

aise

VODD, le petit Netflix

lyonnais

Une jeune start-up, baptisée VODD, propose à ses

abonnés de retrouver de nombreux films à la demande

souvent méconnus du grand public ou difficiles d’accès.

Ce service de vidéo lyonnais est doucement en train de

se faire un nom sur le web.

Sp

ence

r Yen

envisage de continuer ses étu

des d

an

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form

atiq

ue

Un jeune américain, du nom de Spencer Yen, vient de créer une nouvelle application aide-mémoire. Etu-diant du lycée de Saratoga en Californie, il connaît

bien la difficulté d’apprendre ses cours par cœur. La solution à ce casse-tête ? Eternal. Disponible sur l’Apple store pour 99 centimes, cet outil permet, par le biais de moyens mnémo-techniques, de retenir plus facilement des leçons.

Programmée par le jeune homme pendant les vacances de Noël, l’application associe un GIF animé avec un lieu. Par exemple, pour retenir un cas de jurisprudence de la Cour suprême, qu’il place mentalement sur son bureau, l’appli le lie à un GIF de Kanye West avec Taylor Swift. Quand il veut s’en rappeler, il visualise les deux stars se battant sur son bu-reau.

Avec seulement 200 dollars investis, Eternal compte déjà près de 1000 téléchargements. Mais ce n’est pas une première pour Spencer Yen, Eternal est en effet la neuvième applica-tion que le jeune programmateur commercialise. «  J’avais déjà vu à la TV que des lycéens créaient des applications, je me suis dit : ’’pourquoi pas moi ? ‘’ Il est presque magique de voir comment la technique fonctionne réellement sur votre mémoire », confie-t-il à la presse locale. a

Grégory Zerbone

Eternal, l’appli des

mauvais élèves

Las d’apprendre vos leçons ? Ce problème pourrait

bien devenir de l’histoire ancienne. Grâce à la nouvelle

application Eternal, les étudiants peuvent mémoriser

leurs cours plus facilement, à l’aide d’un GIF animé

relié à un lieu de leur choix.

© DR © DR

Présente depuis peu dans le paysage lyonnais, la start-up VODD fournit un service complet de vidéo à la demande. Pour la modique somme de 5 euros par

mois, les abonnés accèdent à un contenu extrêmement va-rié. Tout y est : des films d’action américains aux documen-taires, en passant par de courts ou longs métrages asiatiques. A l’ouverture du site, 250 films enrichissaient déjà le cata-logue.

La jeune entreprise veut promouvoir des films riches en po-tentiel, souvent oubliés du grand public. « Notre objectif est de permettre aux abonnés de découvrir des films diffusés lors de festivals ou autres événements cinématographiques. Nous voulons montrer qu’il existe beaucoup de courts ou longs métrages de qualité, même s’ils ne passent pas dans les cinémas » indique Sébastien Morizot, un des co-fondateurs de VODD.

Sur le marché depuis le 22 janvier, cette petite société compte dans ses rangs six membres dont les trois co-fon-dateurs. Trois partenaires, dont un développeur, viennent prêter main-forte à l’équipe. « Nous sommes une bande de potes, on se connaît tous très bien, nous travaillons dans la bonne humeur, et ça c’est le plus important » explique Sé-bastien Morizot, le sourire aux lèvres. VODD a pour ambi-tion de développer un réseau social afin de permettre aux utilisateurs d’échanger. a

Grégory Zerbone

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Photo de la semaine...

Troisième « Super Tuesday » pour les Américains. Carton plein

pour Donald Trump et double quine pour Hillary Clinton. La

course pour l’investiture présidentielle est lancée depuis de

nombreux mois et oppose d’un côté une boucle d’or démocrate

et de l’autre Trump, l’impitoyable républicain. Six semaines

avant la fin des primaires aux États-Unis, les électeurs des deux partis ont voté, mardi 26 avril pour un nouveau

« Super Tuesday» (au nord est du pays). Les trois quarts

des grands électeurs ont désormais choisi leur camp. aSarah Jobert

© DR