jean-françois meffe - topographe

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Triops granarius (= instant crustacea) Dans une étendue d ’eau temporaire dans le désert du Sultanat d ’Oman J. Bernaux Dans le désert, il pleut!!!; c ’est assez rare et même plutôt rare!!! Et pourtant, nous avons eu une pluie, très importante dans les journées du 20 au 22 février 1990, rendant l ’accès (tout terrain, hors piste) au chantier de recherches sismiques impossible (véhicules plantés dans les petites dépressions remplies d ’argile et d ’eau); cette pluie, queue des moussons qui affectent en particulier l ’Inde, s’est abattue sur la région du village de Hyama (Sayh Hajmah) situé à environ 500km au sud de Muscat et à environ 150km à l’ouest de la côte de l’Océan Indien. Cette eau fait la joie des nomades (bédous) qui se précipitent avec leurs troupeaux de dromadaires et de chèvres pour anéantir le peu d ’herbes nouvellement venues. Cette eau, tombée brutalement sur un sol très sec, recouvert d ’une carapace étanche, n’a pas pénétrée et s’est donc accumulée dans de petites dépressions de faible profondeur (10-15cm). Le climat sévère [température générale (5-48°), température moyenne (10-20°) lors des journées de pluie en Février] font que les conditions de vie humaine, animale et végétale sont très difficiles; une longue adaptation leur a donc été nécessaire. Certains végétaux et animaux ont trouvé des solutions extraordinaires pour la survie de l’espèce: c’est la cas des Triops granarius. Jean-François MEFFE - Topographe 10 cm Gérard GADAUD - Chef de Mission filmant les Triops granarius -bureau du Chef de mission Baby MATTHAI - Camp boss et infirmier e l’eau sur le désert!!!

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Triops granarius (= instant crustacea) Dans une étendue d ’eau temporaire dans le désert du Sultanat d  ’Oman J. Bernaux. - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: Jean-François MEFFE - Topographe

Triops granarius (= instant crustacea)

Dans une étendue d ’eau temporaire dans le désert du Sultanat d  ’Oman

J. Bernaux

Dans le désert, il pleut!!!; c ’est assez rare et même plutôt rare!!! Et pourtant, nous avons eu une pluie, très importante dans les journées du 20 au 22 février 1990, rendant l ’accès (tout terrain, hors piste) au chantier de recherches sismiques impossible (véhicules plantés dans les petites dépressions remplies d ’argile et d ’eau); cette pluie, queue des moussons qui affectent en particulier l ’Inde, s’est abattue sur la région du village de Hyama (Sayh Hajmah) situé à environ 500km au sud de Muscat et à environ 150km à l’ouest de la côte de l’Océan Indien.

Cette eau fait la joie des nomades (bédous) qui se précipitent avec leurs troupeaux de dromadaires et de chèvres pour anéantir le peu d ’herbes nouvellement venues.

Cette eau, tombée brutalement sur un sol très sec, recouvert d ’une carapace étanche, n’a pas pénétrée et s’est donc accumulée dans de petites dépressions de faible profondeur (10-15cm).

Le climat sévère [température générale (5-48°), température moyenne (10-20°) lors des journées de pluie en Février] font que les conditions de vie humaine, animale et végétale sont très difficiles; une longue adaptation leur a donc été nécessaire.

Certains végétaux et animaux ont trouvé des solutions extraordinaires pour la survie de l’espèce: c’est la cas des Triops granarius.

Jean-François MEFFE - Topographe

10 cm

Gérard GADAUD - Chef de Missionfilmant les Triops granarius -bureau du Chef de missionBaby MATTHAI - Camp boss et infirmier

De l’eau sur le désert!!!

Page 2: Jean-François MEFFE - Topographe

Un peu de systématiqueCe sont des Crustacés, ordre des Banchiopodes, anciennement Phyllopodes (qui ont des feuilles sur les pattes en réalité des branchies sont accrochées aux appendices locomoteurs.

Le Triops est aussi appelé Apus

Biologie des TriopsTaille maximale: 5-8cm, carapace marron, queue avec des battoirs, une dizaine de branchies; il se nourrit d ’autres crustacés, de débris végétaux et peut manger ses compères; lorsqu’il sent l ’augmentation de température et la fin de la quantité d ’eau (eau continentale salée ou non) et donc leur disparition certaine, alors ils s ’accouplent; si le nombre de mâles diminue ou s’il parvient au nombre zéro, les femelles peuvent pondre des œufs (parthénogènese naturelle) [mâle : sexe noir, femelle: sexe brun].

Les œufs sont enfouis sous une faible épaisseur de sable ou dans les alluvions fines; ces œufs (les cystes ou œufs de résistance) sont la proie des oiseaux migrateurs; étant résistants aux sucs intestinaux des ces animaux, ceux-ci en migrant, ils les sèment un peu n ’importe où. Ils attendant que les conditions d ’éclosion surviennent (température, eau); de ce fait, leur répartition géographique est aléatoire.

Au désert, nous avons observé une évolution rapide de leur développement: le cycle de vie durait 10

jours maximum (correspondant à la durée d ’existence de la nappe d ’eau): le temps de l ’éclosion,

l’évolution à l’âge adulte et la naissance des œufs.

Nous avons tenté de conserver un échantillon vivant de ces Crustacés; sans succès: ils se suicidaient

immédiatement en se mettant sur le dos.

Leur circulation sur le sable ou sur les fines alluvions laisse des traces; à rapprocher de certaines

traces fossiles sur diverses roches (calcaires).

Traces sur le sable

Vues à travers l ’eau

Page 3: Jean-François MEFFE - Topographe

Fréquence de ces TriopsCes Branchiopodes existent dès le Cambrien (530Ma) et se rencontrent à l ’état de fossiles dans les

formations rouges (pélites et argilites) du Permien de Lodève (Hérault) (Voir la photo du Journal Midi

Libre du 25 août 2000)

Au XIXème siècle, un Triops cancriformis a été trouvé au Polygone du Génie à Montpellier

(Hérault), in Roux et Arnold, 1953.

De nos jours, des Triops ont été décrits au lac temporaire des Rives, au sud du Causse du Larzac,

Hérault), à la mare (lavagne) du Mas Neuf (Causse de l ’Hortus - Hérault) ou dans les rizières de

Camargue; en 2006, ce Triops cancriformis a été étudié au Bassin du Pous (Notre-Dame-de

Londres; Hérault).

Au Groenland, dans l ’indlansis, le tardigrade se laisse congeler durant l ’hiver en cessant de vivre

jusqu’à ce que l ’augmentation de la température le décongèle.Des particuliers ont essayé de faire un élevage; très difficile, car il leur faut une température

constante (23-25°c), une eau peu profonde et une grande lumière.

En guise de conclusionCes petits animaux ont résisté depuis plusieurs millions d ’années aux variations climatiques (chaleur, froid, pluie,

sécheresse...), aux émissions des volcans, aux tremblement de terre, à la chute de météorites, aux irradiations, etc… qui

ont provoqué la disparition d ’espèces animales (dinosaures, pré-humains…) et végétales.

L ’adaptation et l ’instinct de survie de ces petits animaux devraient être un exemple pour l ’homme dit civilisé que nous

sommes; ce qui me laisse un espoir: si l ’homme parvient un jour à disparaître (quelle que soit l ’origine de sa

disparition), la vie pourrait peut-être continuer à se développer et pourquoi pas à se créer un autre type d ’êtres mieux

adaptés et plus respectueux de la nature.

Triops - bassin permien de Lodève -Hérault)Photo Midi-Libre du 25 août 2000

Triops au Sultanat d ’Oman

Vue à travers l ’eau

Références:Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon (CEN-LR), 474 allée Henry II de Montmorency - 34000 MontpellierLes Ecologistes de l ’Euzière - Domaine de Restinclières - 34730 - Prades-le-LezCamille-Solveig FOL, 2000, Journal Midi-Libre - 25 août 2000; page 3