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2017 Thierry Mollard osfs 09/09/2017 Je me tiens à la porte et je frappe.. Ap 3.20

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2017

Thierry Mollard osfs

09/09/2017

Je me tiens à la porte et je frappe.. Ap 3.20

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales." TM 16/09/17

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Je me tiens à la porte et je frappe.. Ap 3.20

« Le cœur parle au cœur et la langue ne parle qu'aux oreilles.» (St François de Sales) à partir de ce thème en lien avec l'accueil, me voilà chargé de tout vous dire sur :

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales."

I. Pour parler de l’accueil rien de mieux que de se planter devant une porte ! __________________________ 3

Eloge de la porte ______________________________________________________________________________ 3

C’est quoi une porte ? __________________________________________________________________________ 4

II. Accueillir : se réalise sur un arrière fond (un fondamental de l’être salésien) _________________________ 5

III. Accueillir .... en fait ... c’est .... - cueillir recueillir... ______________________________________________ 6

Avec F de Sales nous avons rendez-vous avec la bouquetière Glycera ___________________________________ 6

IV. L’Accueil de tous __________________________________________________________________________ 7

Où que nous soyons, qui que nous soyons, nous pouvons aspirer à la vie parfaite. _________________________ 7

F de Sales en dit long sur l’accueil du monde : l’amour du monde ! ______________________________________ 7

V. Accueillir .... pratiquement : ________________________________________________________________ 8

1 Accueillir le quotidien c’est rencontrer d’abord inconditionnellement l’homme tel qu’il est ! _______________ 8

2 Accueil et Visitation __________________________________________________________________________ 8

"Accueil et stérilité" ___________________________________________________________________________ 8

VI. Pour conclure (provisoirement) : 4 traits rapides ! _______________________________________________ 9

Alors toute parole est-elle bonne à dire ? __________________________________________________________ 9

Accueillir c’est opter pour la Joie ! ________________________________________________________________ 9

Joli portrait pour l’accueillant !___________________________________________________________________ 9

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales." TM 16/09/17

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I. Pour parler de l’accueil rien de mieux que de se planter devant une porte !

Voici, je me tiens à la porte, et je frappe.

Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. (Apocalypse 3.20)

Eloge de la porte

Que de portes : de la porte magistrale de la ville, du château, à la porte discrète de la maison ou plus discrète encore, de

la chambre à la porte mystérieuse du sanctuaire ou invisible du cœur ... en passant bien sûr par la porte de la Maison

Paroissiale...

Or rien n'est plus ambivalent que la porte ! Porte ouverte / fermée.

coffre fort qui retient contient préserve enferme...

ou porte de slalom qui libère une énergie folle, où l'on se lâche, où l'on crée une trajectoire !

La porte est une ouverture pratiquée dans un mur... pour ne pas se le prendre...

Quelque soit la porte elle est toujours « entre-deux » entre deux espaces,

Entre la bergerie et le pâturage.

Entre le manque et l’abondance.

Entre le dedans et le dehors.

Entre l'en-deçà et l’au-delà.

Entre le privé et le public.

Entre l'absence et la présence.

Entre la liberté et l’enfermement.

C’est dans cet entre-deux que commence et s’accomplit l’accueil !

L’accueil est aussi inconfortable que l’entre deux !

Les enfants adorent cet entre deux où ils peuvent être présent à ce qui se passe aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

C’est pour cela qu’ils ne savent pas fermer les portes ! Sauf à l’adolescence leur porte de chambre se ferme si bien !

Lors d'un camp d'aumônerie dans un espace rural qui s'était grandement construit en villas, nous faisions le constat que chaque propriété était clôturée et leur portail verrouillé, affublé d'un code digital ou d'une caméra, dissuadant tout passage ! Le sentiment de peur et d'insécurité nous enferme-t-il à ce point ? Les jeunes du camp, au cours du grand rallye qui force la rencontre avec les habitants reclus en leur ‘chez eux’, ont eu bien des difficultés ! Ceux qui ont réussi à franchir la barrière, pour aller troquer un couteau contre deux pommes de terre afin d’affiner avec l’habitant leur œuvre de « patatogravure » étaient plutôt fiers et heureux. C'est peut-être pour cela que nous avons inventé la fête des voisins : au moins pour se parler une fois par an ! J'exagère? J'espère !

Aussi la porte oblige à se situer ; repères pour la vie ...

« Tu rentres ou tu sors » « tu invites à entrer ou tu tiens la porte fermée » ! Selon les moments, les humeurs !

Jésus, un jour, dit à ses amis: "je suis la porte".

Quelle drôle d’idée : Il aura tenté toutes les images pour nous faire comprendre la tendresse de son amour…

Le voici avec le langage de l’homme de terrain, du menuisier/charpentier, du pasteur …

Bien loin des intellectuels de la nouvelle évangélisation, des universités de théologie…

Alors physiquement, pour le menuisier, une porte c’est quoi ?…

Celle sur laquelle on se casse le nez lorsque qu’elle est bardée de serrures

Celle dans laquelle on se coince les doigts lorsque quelle est claquée trop vivement

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales." TM 16/09/17

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C’est quoi une porte ?

Un panneau mobile, battant, va et vient : lieu du choix, de la liberté !

Une partie mobile, amovible pour créer le passage, le retrait, l’ouverture, le courant d’air, et libérer et ouvrir un chemin !

En même temps la porte a une partie fixe : solidement arrimée à la structure qui la porte !

Alors la porte devient cet entre-deux qui joue:

entre le mouvement & l'ancrage

entre le mobile & le fixe

entre le variable & l’immuable

entre le mouvant qu’est l’Homme & l’émouvant qu’est Dieu dans son éternel et définitif amour !

L’homme est du côté de la serrure qu’il hésite à ouvrir pour libérer ou à fermer pour emprisonner !

Dieu est du côté des gonds, des charnières, qui donnent le mouvement sans jamais s’estomper !

Jésus est la Porte par excellence parce qu'il est tout à la fois homme et Dieu,

Parce qu’il ouvre simultanément sur le bercail et le pâturage, sur l’homme et Dieu, sur le monde et le Père.

Parce qu’en lui s'unissent et l'humain et le divin, parce qu’en Lui l'homme peut passer de l'un à l'autre,

de l'homme à Dieu et de Dieu à l'homme.

Pourquoi l'accueil se trouve à la porte ? Fermer sa porte ; c'est refuser ! Ouvrir sa porte, c'est accueillir ! Entre nous ce matin ... inversons : Accueillir c’est OUVRIR, S’OUVRIR !

Accueillir, n’est pas le geste machinal, rôdé, répété... d’ouvrir... c'est une disposition plus profonde qui consiste à attendre quelqu'un ! C’est presque dire à celui qui vient : « justement je t’attendais ! »

L'homme qui cherche réponse à sa question sait bien qu'il ne peut la trouver lui-même; il sait que c'est quelqu'un qui lui est "envoyé" pour la réponse ... qui va lui la donner un jour ou l'aider à la trouver.

Ainsi nous en arrivons aux vraies portes de l’accueil : laissons F de Sales parler de nos portes intimes, les yeux, les oreilles et la bouche....

L'amour, ... est tout étendu comme un gueux “ aux portes,” parce qu'il fait que l'amant est perpétuellement attentif aux yeux et a la bouche de la chose qu'il aime, et toujours attaché a ses oreilles pour lui parler et mendier des faveurs desquelles il n'est

jamais assouvi or, les yeux, les oreilles et la bouche sont les portes de l'âme.

Et en fin c'est sa vie que d'être “ tous-jours indigent,” car si une fois il est rassasié il n'est plus ardent, et par conséquent il n'est plus amour. Théotime, ces propriétés ne cessent pas de se trouver

en l’amour céleste et divin. TAD OEA- IV /355

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales." TM 16/09/17

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II. Accueillir : se réalise sur un arrière fond (un fondamental de l’être salésien)

Le renard est détenteur de ce secret murmuré dans le désert du Petit Prince (Saint-Exupéry) : « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. » La communication et l’accueil sont affaires de cœur et non de langues ou d’oreille, de parler ou écouter !

Le cœur fait taire la parole et ouvre un silence C’est de ce silence cordial que naitront les gestes et paroles cordiales de l’accueil !

Le Seigneur me dit: va, je serai avec toi... - Dans la bible, à chaque récit de vocation, quand l’appelé objecte son incapacité à répondre à l’appel de Dieu, Dieu lui rétorque : « Ne t’inquiète pas de ce que tu diras cela te sera donné par l’Esprit ! »

- Matthieu 10 : 19 Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même; 20 car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.

Alors accueillir consiste à faire de la rencontre humaine une affaire de cœur ! N’oublions pas que le cœur a deux « ventricules » : divin et humain ! C’est le Christ qui dit tout en même temps la profondeur (enraciné dans l’humain) et la fine pointe du cœur (tendue vers Dieu) ! A partir de là, le choc de la rencontre dans l’acte d’accueillir est frontal et radical ; ce choc n’est pas l’apanage de la façon d’accueillir mais l’unique façon de vivre la fraternité ! Nous relirons avec profit Mt 25 ! « Venez les bénis de mon Père, j’avais faim, vous m’avez donné à manger ; soif, vous m’avez donné à boire ; j’étais nu, vous m’avez habillé … (Mt 25,31-40) Et le roi leur répondra : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Mais laissons F de Sales parler il nous dit l’impérieuse nécessité d’accueillir : Hé ! Vrai Dieu, Théotime, quand nous voyons un prochain créé à l’image et semblance de Dieu, ne devrions-nous pas dire les uns aux autres: Tenez, voyez cette créature comme elle ressemble au Créateur? Ne devrions-nous pas nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d’amour pour elle? Ne devrions-nous pas lui donner mille et mille bénédictions? Et quoi donc, pour l’amour d’elle? Non certes; car nous ne savons pas si elle est digne d’amour ou de haine en elle-même. Et pourquoi donc, ô Théotime? Pour l’amour de Dieu, qui l’a formée à son image et semblance, et par conséquent rendue capable de participer à sa bonté, en la grâce et en la gloire; [pour l’amour de Dieu, dis-je, de qui elle est, à qui elle est, par qui elle est, en qui elle est, pour qui elle est, et qu’elle lui ressemble d’une façon toute particulière. Et c’est pourquoi, non seulement le divin amour commande maintes fois l’amour du prochain, mais il le produit et répand lui-même dans le cœur humain, comme sa ressemblance et son image; puisque tout ainsi que L’homme est l’image de Dieu, de même l’amour sacré de l’homme envers l’homme est la vraie image de l’amour céleste de l’homme envers Dieu. Mais ce discours de l’amour du prochain requiert un traité à part, que je supplie le souverain amant des hommes vouloir inspirer à quelqu’un de ses plus excellents serviteurs, puisque le comble de l’amour de la divine bonté du Père céleste consiste en la perfection de l’amour de nos frères et compagnons. TAD I CH 11 ]

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III. Accueillir .... En fait ... c’est .... - cueillir recueillir...

Avec F de Sales nous avons rendez-vous avec la bouquetière Glycera qui cueille recueille et accueille les fleurs pour n’en faire qu’un même bouquet ! Mais pourrait avoir de multiples

bouquets !

De la préface de l’ IVD :

La bouquetiere Glycera savait si proprement diversifier la disposition

et le meslange des fleurs, qu'avec les mesmes fleurs

elle faisoit une grande varieté de bouquetz, (...) ainsy le Saint Esprit dispose et arrange

avec tant de varieté les enseignemens de devotion,

qu'il donne par les langues et les plumes de ses serviteurs,

que la doctrine estant tousjours une mesme,

les discours neanmoins qui s'en font sont bien differens,

selon les diverses façons desquelles ilz sont composés.

Etre assis à la table de l’accueil, en écoute ou en attente, avec café ou sans car la machine est en panne... Accueillir des familles en deuil, ou des enfants au kt.... ou même la poussière e la grande salle dans la pelle... etc... qu’importe il s’agit chaque fois de bouquets différents d’un même geste d’Evangile... du même sacrement du frère.... Il est possible que l’accueil soit un peu comme le baptême : notre fond commun en matière de vie évangélique !

Accueillir : « Rassembler en poussant devant soi (des animaux) » Accueillir son chemin (son propre chemin et le chemin de l’autre) « se mettre en route » = commencer à

Dans l’accueil il n’y a pas simplement une idée de mise à l’abri, sécurité mais aussi de mise en route, de commencement, de mouvement ! Une ouverture à l’inconnu, donc de risque !

Accueillir : il y a l'idée d’amener, ramener, à soi, vers soi (le pôle personnel est très sollicité !) il s’agit d’établir une relation, un lien, avec … souvent ce lien est orienté : accueillir c’est rendre dépendant : ... en effet dans le geste d'accueil il existe presque toujours l'idée que celui que nous accueillons a besoin de nous ou de ce que nous possédons et que par conséquent il se trouve par rapport à nous en situation d'infériorité ou de dette ! Dans l’accueil il y a un présupposé d’échange donner et recevoir

Accueillir, sera tout en même temps prendre (chez, avec, en soi) et perdre/donner quelque chose, ( biens, temps, confort, sécurité, réputation …)

1 Accueillir qqn c’est, être là lorsqu'il arrive, aller le chercher. Le cueillir ! 2 Accueillir c’est donner l'hospitalité : héberger, loger. … 3 Accueillir contient, inclue aussi la manière, un geste intérieur ! (à bras ouverts ou froidement…) Il y a aussi ici l'idée de durée dans un dévouement plus attentif Accueillir suscite très souvent de la part de celui qui en profite non seulement de l'admiration, mais de l'étonnement : « on ne s'y attendait pas, on n'en demandait pas tant. » Il s'agit bien là d'un geste contraire au mode de vie habituel des gens qui vivent bien enfermés chez eux et gardent jalousement la porte fermée. Après l’étonnement on finit par (se) poser la question : Mais au nom de qui de qui fait-il cela ? Voilà accueillir ce n’est pas tout de suite la foi ! ....

L’Église est un jardin de fleurs infinies !

La beauté du monde requiert la variété

que l'Eglise est un jardin diapré de fleurs infinies,

il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en

somme de différentes perfections.

Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l'assemblage de leurs variétés,

font une très agréable perfection de beauté. Saint François de Sales TAD LIVRE II CH-VII

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales." TM 16/09/17

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IV. L’Accueil de tous

C'est un erreur, ains une heresie,

de vouloir bannir la vie devote de la compaignie des soldatz, de la boutique des artisans,

de la cour des princes , du mesnage des gens mariés. IVD CH III

Où que nous soyons, qui que nous soyons, nous pouvons aspirer à la vie parfaite. Ce qui nécessite d’Accueillir la vie là où elle est !

F de Sales tord le coup au sacré ! Au lieu préservé !

Il nous dit que la (dévotion = Vie Chrétienne n’est pas du domaine réservé, ni des espaces sacrés, ni à des

vocations particulières ...

Bannir la vie chrétienne, hors du champ de nos quotidiens, n’est pas une simple erreur

mais une hérésie ! du gr. ρ ε σ ς « action de prendre; choix »

i.e. un choix, un parti pris... terrible . Comme s’il fallait choisir entre un chemin de perfection (Vie

contemplative, vie monastique vie religieuse) et une vie dans le monde !

F de Sales en dit long sur l’accueil du monde : l’amour du monde !

Accueillir le Monde (la nature et l’événement) l’Autre, le Tout Autre car tout est aimable !

Le monde est empreint de Dieu !

Même si accueillir consiste à prendre en soi le mal et la souffrance l’autre et du monde

l’autre et le monde ne sont pas mauvais : au contraire il y a un regard radicalement optimiste

L'Optimisme : c'est le superlatif du bon, le très bon l'excellent, le meilleur…

Il ne s'agit pas forcément de la totalité de l'homme :

il suffit de regarder le monde pour voir que l'homme n'est pas Amour du matin au soir.

L'homme n'est pas bon toujours tout entier…

Mais il est bon quand au fond. Fondamentalement. Originellement ! Il est bon de conception.

"La raison naturelle est un bon arbre que Dieu a planté en nous

et les fruits qui en proviennent ne peuvent être que bons." SFS V,237

Immaculé de conception!

Touché par Dieu, en un endroit ineffable. « Immaculés de conception ! » Un espace pur indemne où le mal n’a

pas prise au fond de chacun ! C’est ici que s’initie la capacité de l’homme à devenir à se convertir.

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V. Accueillir .... Pratiquement :

1 Accueillir le quotidien c’est rencontrer d’abord inconditionnellement l’homme tel

qu’il est ! C’est ce que nous dit la psychologie !

Carl Rogers est un psychologue et psychothérapeute humaniste américain, fondateur de l'Approche Centrée sur la

Personne. Il parle « d’écoute bienveillante » : attitude intérieure d’accueil inconditionnel de l’autre = l’empathie..

Il s’agit déjà d’un « droit » d’ingérence … une visite au cœur de l’autre !

Aller au cœur du monde, de l’autre, comme s'il était le nôtre, mais sans jamais oublier la qualité de "comme si"

L’Evangile parle de compassion : Sentir les colères, les peurs et les confusions de l’autre comme si elles étaient

nôtres, et cependant sans que votre propre colère, peur ou confusion ne retentissent sur elles !

2 Accueil et Visitation

Pas d’accueil sans veille : une disposition du regard et du cœur

"Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l'heure …"

Pourquoi ce passage concernerait-il uniquement "l 'heure de la mort" ?

Ne pourrait-il pas aussi évoquer l’heure de la vie ?

L’accueil est ancré du côté de la vie !

Il y a une forme de visite rendue à l’autre !

Pas de visite sans un "accueil" !

Abraham accueillit les étrangers, il s'agissait bien en fait d'une visite.

Pas n’importe quelle visite :

aller chez l’autre le visiter pour accueillir l'autre chez lui ? (c’est le sens de l’expression rendre visite !)

L’accueil est ancré du côté de la vie !

Une visite qui est féconde : contre toute stérilité !

"Accueil et stérilité" François de Sales voit dans le mystère de la Visitation l'idéal de tout ministère ou service....

l'exemple parfait de cette unité intime entre l'amour de Dieu et du prochain.

Son intuition profonde est que l'amour pour l'homme ne peut naître que de l'amour pour Dieu.

Dans un sermon (IX 157), après avoir réfuté les mauvaises raisons qui auraient pu inciter Marie à aller voir Elisabeth, il

nous en montre quatre autres:

1 Marie va voir Elisabeth pour l'aider car bien que vieille elle attend un enfant. Tout être accueilli quelque soit le poids de sa vie ... attend un enfant = un avenir !

2 Elle veut lui révéler qu’elle-même est enceinte et que la prière du peuple a été exaucée. Chaque accueillant/e est porteur d’une réponse, d’une espérance et même de Dieu –en présence pas toujours en paroles !)

3 – Marie vient redonner la parole à Zacharie qui l'avait perdue par son 'incrédulité" Qui accueille se met en situation de redonner la parole à qui l’avait perdu ou chez qui elle est en souffrance !

4 Enfin, Marie vient pour apporter la Bénédiction à cette famille puisqu' "à son arrivée, l' enfant à tressailli de joie" dans le sein d'Elisabeth ! Qui accueille porte une bénédiction et fait se réveiller en lui une source... certes cela ne fait de bruit : sussuratio

« Il faut que je vous apprenne à parler latin : « sussuratio » veut dire un gazouillement, un petit bruit ou murmure que

font les petits ruisseaux dans lesquels il y a des pierres qui faisant flotter et ondoyer les eaux les empêchent de couler

sans bruit. » SFS VI-356

La vie se susurre, non pas à mots cachés ou à mots couverts, mais à mots tranquilles, à mots ouverts. Comme le

bruissement du vent dans la cime des arbres à l'aube d'un jour nouveau, prémisse d'une vie renouveler où chacun va

prendre place. Heureux ceux qui comme le ruisseau murmurent de sages paroles.

"Les qualités spirituelles nécessaires pour bien vivre l'accueil selon Saint François de Sales." TM 16/09/17

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VI. Pour conclure (provisoirement) : 4 traits rapides !

Accueillir n’est pas tout dire

Il n’est pas vraies paroles sans vrais silences !

La ponctuation est aux mots ce que le souffle est à la Parole...

Alors toute parole est-elle bonne à dire ?

Non d’ailleurs F de S. recommande cela :

« Oui, parlez peu et doux, peu et bon, peu et Simple, peu et rond, peu et aimable. »

« J'approuve bien le peu parler, pourvu que ce peu que vous parlerez se fasse gracieusement et charitablement, et non

point mélancoliquement, ni artificieuse ment. XXI. 57

F. de Sales nous met en garde: la parole de vérité peut faire tellement de mal !

« Toute vérité qui n'est pas charitable, vient d'une charité qui n'est pas véritable! »

Ce qui compte pour l’esprit salésien, c’est la juste mesure, celle du cœur humain !

« Je n'ai encore vu personne –poursuit-il- qui se soit mal trouvé de dire du bien du prochain. »

Autrement dit, s’entraîner à parler bien de son frère est plus important que d’asséner la vérité !

Si une vérité risque de blesser il nous suggère de « s'en défaire, se l'ôter de l’esprit et n'en point parler »

Il nous décrit cet artiste peignant une personne qui avait perdu un œil, dans le portrait il en avait masqué ce

défaut.

Les gens disaient : « Mais où est donc l'autre œil ? » Il répondait :

« Mais vous, mes amis, où est le votre ? Qu'ai-je à faire de reproduire un défaut en ma peinture, si je peux le

couvrir sans offenser personne ? » « Toute la beauté de l'âme est dans son amour envers le prochain. »

Accueillir c’est opter pour la Joie !

Comme dit en la réplique terrible de Nietzsche au sujet du Sauveur dans « Ainsi parlait Zarathoustra »

« Il faudrait que ses disciples aient un air un peu plus sauvé ».

Joli portrait pour l’accueillant !

On m'a dit que le Christ a pleuré mais qu’il n'a pas eu de rire, pas même un sous-rire ! Alors j’ai souri !

C'était l'occasion pour ce prédicateur sinistre, de vitupérer sur ceux qui recommandent aux chrétiens

d'avoir des gueules de ressuscité ! F de Sales en fait parie !

Ce n'est donc pas les mines tristes, les faces pleureuses et les personnes soupirantes qui sont toujours les mieux

appelées ; ni celles qui mangent le plus de crucifix, qui ne veulent bouger des églises, qui sont toujours parmi les hôpitaux,

ni encore ceux qui commencent avec grande ferveur. Il ne faut point regarder les larmes des pleureurs, ni écouter les

soupirs des soupirants, ni faire considération sur les mines et cérémonies extérieures pour reconnaître ceux qui sont bien

appelés ; mais ceux qui ont une bonne volonté ferme et constante de vouloir être guéris, et qui pour cela travaillent avec

fidélité pour recouvrer la santé spirituelle.

VI.322 DIX-SEPTIÈME ENTRETIEN (Printemps 1621) à propos de la vocation

Il est commandé aux évêques de visiter leurs brebis, les enseigner, redresser, consoler ; que je demeure toute la

semaine en oraison, que je jeûne toute ma vie, si je ne fais cela, je me perds. XII. 347

« il faut que vos paroles soient enflammées, non par des cris et des actions démesurées mais par l’affection intérieure. Il

faut qu’elles sortent du cœur plus que de la bouche. On a beau dire, mais le cœur parle au cœur, la bouche ne parle qu’aux

oreilles » (lettre à Mgr Frémyot, 1604).