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Jardinier… Qui es-tu? Que fais-tu? Eh bien, je vais tenter de vous l'expliquer. Commençons par quelques réflexions, orientations et règles sur le jardin en tant que dynamique conceptuelle tout autant rationnelle qu'anagogique. Une des astuces du jardinier, c'est de nous faire oublier un instant tous les repères de l'individu que nous sommes et ceux de la société où nous vivons. Ce court moment de magie et de bonheur resurgit de temps en temps même après bien des années d'expérience au jardin et cela avec une force plus présente et surtout une conviction qu'au fond de nous même, nous avons tous une part de nature. Avouez que c'est tout un programme ! Le jardin se raconte lui même à partir de notions simples qu'on néglige souvent. En fait, la nature n'a pas besoin de nous ; elle se jardine toute seule. Mais comme dans la vie rien n'est acquis d'avance, plus que tout autre chose, le jardin nous persuade qu'il se mérite. Il faut donc partir à sa conquête. Si vous êtes du genre intuitif, l'espace à apprivoiser devient participatif et invite au voyage. Pour le pragmatique, l'enjeu au départ peut paraître considérable mais quelle aventure! Dans l'idéal, comment procéder? A partir du dessin comme stimulation dialectique, le jardinier méthodique analyse, oriente, rythme dans le temps le théâtre d'une dynamique sans cesse renouvelée : c'est le jardin en question. Dans ce domaine, l'expérience est souvent l'illustration vécue d'une motivation, celle

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Page 1: Jardinier… Qui es-tu? Que fais-tu? · 2017. 12. 27. · des arcanes secrets apprend au jardinier percipient que l'orgueil de la nature est bien plus fort que la vanité des hommes

Jardinier… Qui es-tu? Que fais-tu? Eh bien, je vais tenter de vous l'expliquer. Commençons par quelques réflexions, orientations et règles sur le jardin en tant que dynamique conceptuelle tout autant rationnelle qu'anagogique. Une des astuces du jardinier, c'est de nous faire oublier un instant tous les repères de l'individu que nous sommes et ceux de la société où nous vivons. Ce court moment de magie et de bonheur resurgit de temps en temps même après bien des années d'expérience au jardin et cela avec une force plus présente et surtout une conviction qu'au fond de nous même, nous avons tous une part de nature. Avouez que c'est tout un programme ! Le jardin se raconte lui même à partir de notions simples qu'on néglige souvent. En fait, la nature n'a pas besoin de nous ; elle se jardine toute seule. Mais comme dans la vie rien n'est acquis d'avance, plus que tout autre chose, le jardin nous persuade qu'il se mérite. Il faut donc partir à sa conquête. Si vous êtes du genre intuitif, l'espace à apprivoiser devient participatif et invite au voyage. Pour le pragmatique, l'enjeu au départ peut paraître considérable mais quelle aventure!

Dans l'idéal, comment procéder? A partir du dessin comme stimulation dialectique, le jardinier méthodique analyse, oriente, rythme dans le temps le théâtre d'une dynamique sans cesse renouvelée : c'est le jardin en question. Dans ce domaine, l'expérience est souvent l'illustration vécue d'une motivation, celle

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du jardinier convaincu que le jardin suscite chez le visiteur contemplateur le choix interrogatif indispensable à toute évolution de la pensée. Car loin des pensums obligés propres au genre humain, le jardinier va saisir l'importance de la notion du trait. Il peut très bien en deux coups de crayon s'accommoder d'une culture, d'un style, comme égratigner des idées ou des valeurs acquises. La symbolique géométrique se retrouve discrètement dans chaque arborescence. La sémantique des arcanes secrets apprend au jardinier percipient que l'orgueil de la nature est bien plus fort que la vanité des hommes ce qui a pour corollaire de remettre le jardinier à sa juste dimension humaine. Pour bien comprendre et concevoir les associations végétales avec les équilibres des divers agencements qui en découlent, il faut d'abord s'interroger sur les particularités et la complexité des mécanismes physico-chimiques, les références esthétiques appartenant aux familles végétales mises en relation. Habitué au compromis permanent, le jardinier exerce à la fois dans le cadre d'un art et celui d'une science. Mais le jardin reste aussi un espace didactique. Le critère de choix et de sélection des plantes et des matériaux s'inscrit déjà dans les modalités d'approche du végétal. C'est d'ailleurs le regard qu'on porte sur le végétal qui définit par la suite le caractère événementiel du jardin qu'il soit intentionnel ou aléatoire.

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Pour cela, ne construisez pas vôtre décor végétal au hasard des foires ou des marchés horticoles. Sachez d'abord ce que vous voulez et préparez en conséquence votre petit paradis. Sans faire un exercice de style, que vous ayez à créer ou à réhabiliter un espace ornemental, il n'en demeure pas moins ciblé selon une philosophie, une approche intellectuelle du domaine à agencer et de quelques missions spécifiques. Ces dernières sont le fruit d'une longue réflexion liée à une conception apodictique et discursive. D'où l'aphorisme "Fais-moi voir ton jardin, je te dirai qui tu es ! " L'aspect scénique exige une certaine rigueur de concept. Parfois sans le savoir, le jardinier battit un magistère attractif qui nous donne une part de rêve... Il va donc organiser l'espace tridimensionnel, modéliser les figures, rechercher un effet plastique dans la mouvance rythmique des formes, gérer adroitement un ensemble de paramètres habituellement plus enclins à se repousser qu'à s'accepter. Grâce à tout ce travail, le jardin retrouve sa valeur intrinsèque et une éthique certaine. Cependant, inclure toutes les composantes de l'aménagement impose des techniques pluridisciplinaires. Et il faut qu'elles s'impliquent harmonieusement sans se heurter. Tout projet, toute réalisation tient compte d'un certain nombre d'impératifs. Selon sa sagacité, dans toute généalogie rhétorique du sensible, le jardinier contribuera à une prospective consubstantielle du jardin en fonction de l''existentiel. La première règle à respecter est l'échelle. Il s'agit de la dimension d'un ensemble par rapport à un individu. Si le meilleur repère en ce domaine est celui du corps humain, cette référence à l'homme conditionne tous les éléments du jardin. Les erreurs à ne pas faire : placer un cèdre dans la rocaille, un tilleul dans une petite cour, une surabondance des allées pour finalement aboutir qu'à un seul point du jardin, etc… Si le traitement de l'échelle valorise tous les aspects proportionnels, on aura alors un sentiment de bien-être, une impression de calme. Et c'est important. La proportion constitue ensuite la deuxième règle. Il s'agit de la dimension d'un ensemble par rapport à un autre. Depuis l'axiome de Vitruve et les truismes non apocryphes du nombre d'or, la proportion implique une herméneutique éclectique qui demande cependant une certaine habileté dans le maniement des lignes, des courbes et des formes. Menée judicieusement, elle assouplit l'effet construit et induit une notion d'équilibre et un vecteur relationnel entre tous les éléments du jardin. Un exemple à éviter : la grande maison avec des petits massifs à grosses fleurs.

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La troisième règle est essentielle pour déterminer la force du parti adopté. C'est ce que le jardinier appelle la dominante. Dans toute composition, il faut une valeur plus forte que les autres ou ayant une primauté ou une caractéristique particulière dans le choix du concept. C'est un peu comme si tout était justifié et s'inscrivait naturellement dans une trame logiquement cohérente. La dominante matérialise la personnalité du jardin par le jeu des couleurs, des volumes ou le choix d'espèces sélectionnées à cet effet et répliquées dans le site aménagé. Même si le cadre est restrictif, la dominante donne du crédit à la conception. Ce qu'il faut éviter c'est le bariolage des couleurs ou le remplissage systématique. Il ne faut pas chercher à vouloir de la couleur à tout prix, tout le temps. Préférez plutôt les dominantes saisonnières. Sans engendrer la monotonie, l'unité ou quatrième règle doit être en accord parfait avec la dominante dont elle affine toute la vigueur. L'unité d'un jardin est empreinte de sérénité et d'équilibre s'exprimant souvent par des lignes de force dans le tracé, des élément constitutifs bien ciblés (matériaux, végétaux... ) différenciés et hiérarchisés. Cette règle de composition, adroitement glissée dans

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un chaînage de mesures, de divisions et de transitions nous révèle au jardin, selon notre propre information mnémonique, la reviviscence d'un "Exprimable" se référant avec et entre deux portées majeures : le premier plan et le fond du jardin.

La cinquième règle suscite un intérêt constant au jardin. C'est la dualité. Cette notion matérialisée met en évidence un axe qui émerge dans la multiplicité des scènes en fonction de l'opposition d'éléments ayant une même force et qui vont donc s'égaliser. On se sert de cette règle pour canaliser la vue vers un point précis ou inciter le regard à évoluer selon des stations en créant chaque fois un appel selon le principe de découverte progressive car l'œil a besoin de repères pour se positionner selon les différents plans de vision suscités.

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La sixième règle pourrait inviter le jardinier pour une danse. Dans un jardin, le rythme est en quelques sorte le souffle de la composition. Il exprime la vie. Il prend une dimension nettement marquée dans la dynamique végétale au niveau des couleurs, des feuillages (textures différentes), des formes en relief ou atténuées, l'alternance de l'ombre et de la lumière mais aussi le mouvement des ombres au sol (action du vent). Le rythme contribue à l'unité tout en relançant constamment la curiosité. Les accents sont une variante du rythme. Ils sont plus délicats à installer en particulier lorsqu'on a une graduation des effets conjuguée à des éléments contrastés ou des relais séquentiels par une couleur d'une saison à l'autre. Comme il faut toujours donner de la vraisemblance à toute composition, il sera nécessaire d'y introduire de la simplicité. Il s'agit de la sixième règle. La ligne de conduite à observer sera de ne pas compliquer inutilement en évitant les objets ou les fabriques incongrus. La simplicité stimulera sans cesse l'attention du promeneur. Le jardinier utilise cette qualité pour développer une chronologie des valeurs en insistant diligemment sur l'intégration des matériaux en fonction de l'organisation spatiale des végétaux. Pour se faire, il écartera tout excès thématique ou pléthore de style, comme toute collection prétentieuse, le fatras de variétés modernes à fleurs pleines et aux tons criards, l'encombrement lapidaire avec un luxe de statues ou de fontaines bruyantes...

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Même si la composition est élaborée, le jardin n'est pas la démonstration de la suffisance humaine.

Enfin, la dernière règle de composition reste la plus difficile à manier car elle est la somme synthétisée de toute les autres. C'est dire toute sa complexité mais son importance se justifie dès lors qu'on aborde une conception artistique. C'est la notion d'harmonie. Cette règle est particulièrement coercitive pour ne pas dire rédhibitoire car elle peut "foutre en l'air" n'importe quelle composition même pointue. En plus, c'est celle qui saute immédiatement au yeux du visiteur néophyte, ne serait-ce que par le ressenti personnel, notamment lors d'une impression désagréable. Le jardinier appréhende l'harmonie dans tous ses aspects. Il sait qu'elle suppose une imbrication de tons en réalisant une impression agréable. En effet, il ne s'agit pas de juxtaposition mais d'alliance. Pour rappel, les tons se définissent comme étant des variations d'intensité appartenant à une couleur. A ce niveau, le jardinier doit prendre en compte dans le cadre de cet exercice pictural divers éléments des techniques qui lui sont inféodées et dont il devra respecter les lois. Pour faire simple, afin d'en saisir les nuances et les subtilités, voici pêle-mêle quelques principes obligés que le jardinier doit maîtriser. Tout d'abord, il faut savoir que le passage d'une couleur simple (ex : le jaune) à une autre couleur simple ( le bleu) constitue un exercice délicat. le jardinier y arrive en hiérarchisant toutes les couleurs intermédiaires qui les séparent et en graduant plus nettement l'effet d'un ton qu'il soit chaud ou froid. Il obtient ainsi une harmonie chromatique. D'autre part, deux couleurs placées côte à côte s'altèrent. Elles s'enrichissent mutuellement de la complémentarité de l'autre. C'est aussi une loi chromatique.

Si le jardinier plébiscite le ton sur ton, il opère alors dans une autre harmonie de valeurs tout aussi risquée : le camaïeu. Autrement dit, c'est le passage dans une couleur de la valeur la plus claire vers la valeur la plus foncée et réciproquement selon le dosage du blanc qui dilue ou intensifie la couleur de base. Comme il ne s'agit pas ici de pigment (car on n'est pas en peinture), c'est la lumière qui joue en quelque sorte l'action du blanc. En ce sens, il est souhaitable de connaître quelques lois de l'optique. Pour éviter le mauvais goût, les tons chauds ne doivent être utilisés qu'avec parcimonie. Le rouge orangé est la couleur la plus chaude. Il faut être prudent lorsqu'on manipule les jaunes associés aux rouges. Ils rendent tout leur éclat en premier plan. Mais attention, plus éloignés, ils rapprochent les scènes et modifient la perception des distances en rapetissant l'espace. Dès qu'il fait sombre, ils s'estompent et peuvent rompre l'unité ou le rythme d'un massif En général, à l'ombre, les couleurs sombres et saturées sont également estompées

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plus vite que les claires. Cependant, parmi les feuillages, ceux qui sont dorés semblent plus loin que ceux qui sont vert franc. Quant aux tons froids, ils sont reposants et donnent une impression de profondeur. Si le jardinier prend ce parti, il peut diminuer l'intensité d'un bleu vif avec une gamme de gris délités dans des feuillages à reflets argentés mais aussi des roses frais plus ou moins dégradés. Une couleur froide (le vert, le bleu...) doit être présente en plus grande quantité. Le bleu-vert est la couleur la plus froide. Le gris est neutre mais pas sans nuance (gris-vert, gris-cendré, gris-pourpré...). Il prend une réelle valeur qu'associé à une autre couleur qu'il va aviver ou amoindrir même dans ses contrastes. Toute couleur en influence une autre dès lors qu'elles sont juxtaposées. Le peintre mélange des pigments, le jardinier ne peut qu'associer en tirant parti des éléments de proximité pour oser une intégration qui, par le fait de nôtre perception psychique va nous restituer un modèle imagé exactement comme le ferait un tableau de peinture mais en version vivante. Entre un simulacre en disgrâce et une spéciosité nûment exhortée, le jardinier grâce à son habilité insolente et magique est en quelque sorte un tricheur original. Il fait ce que la nature ne fait pas. Cela fait partie de son inclination parfois avisée, sinon audacieuse car associer les couleurs végétales en fonction de paramètres culturaux et climatiques, c'est aussi parcourir un itinéraire aventureux, sorte de métaphore acrobatique de l'inconciliable, surtout lorsqu'on n'a pas abordé un autre registre d'influence, celui des formes , des volumes et des senteurs. Ce sera pour une prochaine fois?... A travers des descripteurs objectifs et sensibles qui vont forcément fluctuer en fonction de variations et contraintes comportementales végétales, le jardinier travaille la matière vivante. Dès lors, on constate les difficultés qui consistent à prendre en charge la plupart des potentialités de composition. Déjà rien qu'au niveau des couleurs, ce n'est pas triste! Ah, les couleurs... Eh bien, parlons-en pour bien comprendre comment fonctionne une autre règle particulière de composition : les contrastes. La lumière du soleil en passant par un prisme nous révèle trois couleurs primaires: le jaune, le rouge et le bleu. Les couleurs opposées sont des couleurs simples mises en dualité (le jaune avec le bleu, le rouge avec le jaune.) Les couleurs composées ou binaires sont issues de la combinaison de deux couleurs simples (l'orange est obtenu en mélangeant le jaune avec le rouge). Une couleur est dite complémentaire lorsqu'elle oppose une couleur composée à une couleur simple qui n'entre pas dans la combinaison qui l'a produite. L'orange est donc complémentaire du bleu car il est produit par deux autres couleurs simples.

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Le rapport des couleurs entre elles donne une force. Cette force est une saturation. Deux couleurs non complémentaires (ex: le rouge et le violet) ayant la même luminosité et distribuées dans la même quantité sont en discordance. L'œil a du mal à les discerner et s'en détourne rapidement. Si l'une des deux couleurs a une valeur différente, la discordance cesse (ex: le rose et le violet). Qu'est-ce qu'un contraste? En principe, il s'agit de l'exaltation mutuelle des couleurs opposées sur la grille, disons l'association d'une couleur simple à sa couleur composée (ex: le bleu et l'orange), le rapport est alors direct. Les contrastes valorisent la dominante et peuvent eux-mêmes s'exprimer en harmonie de contrastes. Les plus forts sont ceux dans lesquels une couleur voisine avec sa couleur complémentaire. On peut obtenir aussi un contraste en rapprochant deux couleurs simples avec un risque bien sur de saturation (ex : le bleu et le jaune).

Mais ce contraste peut évoluer selon les valeurs et être plus agréable à l'œil, plus intégré dans la composition (ex : le bleu clair et le jaune foncé). On peut travailler également un contraste à partir des couleurs complémentaires (le vert, l'orange et le violet). Le résultat est généralement heureux. Maintenant, si on utilise deux couleurs simples (ex : le bleu et le jaune) avec leurs complémentaires (l'orange et le violet), le bleu sera altéré par le violet et

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le jaune par l'orange. Enfin, le contraste de quantité tient compte de l'intensité des couleurs. Si vous optez pour une couleur (ex: le jaune) ayant une luminosité plus forte que celle qui lui est associée (le violet), réduisez la quantité de celle qui a le plus d'éclat (le jaune). Si le jaune est trop pâle et le violet trop foncé, le violet paraîtra noir. Alors, l'expérience sur le terrain sera la meilleure école. On pourrait débattre sur des longueurs avec la multiplicité des combinaisons. Cependant sans une pratique in situ des déclinaisons et conjugaisons possibles ayant un recul confortable dans la réalisation de cette application horticole et au delà des modèles théoriques, il existe des paradigmes Toutefois, voici quelques notions qu'il faut connaître. Il n'existe pas de couleurs laides, mais seulement des contrastes inadaptés. La dimension ou plus exactement la surface des tâches de fleurs doit être en rapport direct avec la dilution des couleurs. Prenons l'exemple de myosotis plantés en masse. On ne remarque plus la plante mais la couleur qui s'identifie à un tapis. Le même myosotis en trois exemplaires placés sur un massif de phlox mousse par exemple dans des teintes de bleu sera perçu dans toute sa singularité. Par ailleurs, si les formes diffèrent beaucoup par la taille, l'œil les distingue mieux. Rappelez-vous que ce qui est beau de près, ne l'est pas toujours de loin. Beaucoup d'espèces végétales possèdent des particularités anatomiques intéressantes mais visibles seulement dans un plan rapproché. Il faut savoir tirer parti des plantes couvre sols et éventuellement des paillages de couleurs sombres (écorces de pin, pouzzolane...) qui élargissent visuellement les plates-bandes (tenir compte de la lumière dans ce cas). A l'inverse, l'herbe laissée relativement haute et donc plus claire (encore l'effet de la lumière) que le gazon tondu normalement, ras et bien vert, fera paraître le jardin plus petit. Vous apporterez d'autant plus de soins à accorder les couleurs que votre jardin est petit. Dans un espace restreint, le moindre défaut se voit alors que la distance corrige les imperfections. En conclusion puisqu'il faut quand même terminer, le jardinier agit comme un satellite autour du jardin. Il observe, il renseigne, il modifie, il crée, il agence, il protège, il supervise... Pour ne pas être condamné à disparaître, il doit savoir relever un défi... Celui du végétal, véritable marqueur du paysage. Le jardinier apporte alors sa pierre à l'Edifice pour aller à l'Essentiel et déceler l'Inconcevable. Ici et Maintenant au jardin. Vous avez dit, "bizarre"? Qui ça, le jardinier?