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La Poncette

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Après six précédents numéros deJarny Patrimoine consacrés à l’égliseSaint-Maximin et au château deMoncel, à l’évolution urbaine de lacommune, aux quartiers de la Gare,de Droitaumont et de Moulinelle,c’est au tour du dernier quartier dela commune de faire l’objet d’unepublication, à savoir les Lotissements.Ainsi, vous pourrez vous plongerdans le passé du secteur d’habitationle plus récent de Jarny, de ses originesà aujourd’hui.

La mise en lumière de l’histoire deJarny me tient à cœur car je considèreque ce sont les différents quartiersd’une ville qui en font sa richesse. Deplus, prendre connaissance de notrepassé permet de nous appropriernotre patrimoine qui façonne notreenvironnement, notre cadre de vieet plus largement notre identité.

Notre patrimoine local est en effetl’expression de notre identité car ilévoque la vie de nos parents et de nosgrands-parents. I l est en effetétroitement lié à nos racines. Or,notre société contemporaine est enperpétuelle quête de mémoire, derepères et de sens. C’est sans doutece qui explique le vif intérêt desJarnysiens pour leur patrimoinepuisque les numéros de JarnyPatrimoine sont très prisés etconnaissent un succès croissant.

Bonne lecture et bon voyage à traversle passé du quartier des Lotissements.

Jacky ZanardoMaire de Jarny

C’est un quartier curieux, hétérogène, sans réelle unité. Unquartier que les Jarnysiens eux-mêmes ont du mal à qualifier.Tour à tour appelé “quartier des lotissements”, “quartier de lacartoucherie” ou encore, “quartier du cimetière”, l’espace dont ilest question ici est un des derniers à avoir été urbanisé à Jarny,puisque ce n’est qu’à partir des années 1950 que la commune adécidé d’étendre la ville sur ce plateau situé entre la rivière Yronet la RD603. Au total, sept lotissements ont ainsi été construits,en l’espace d’une soixantaine d’années ! Face à cette croissancefulgurante, face à ces maisons récentes, on est donc tenté de sedire qu’un tel quartier ne doit pas vraiment avoir d’histoire. Celabien sûr est totalement faux, car lorsqu’on se penche sur le passéde ce tout petit territoire, on s’aperçoit que celui-ci est en réalitériche d’une longue histoire et qu’il conserve quelques rares trésorsdu patrimoine jarnysien…

Limité à l’est par l’actuel cimetière,au sud et à l’ouest par l’Yron et versle nord par la RD603, le “quartier

des lotissements” est effectivement riched’un long passé. D’après une noticeconservée à la bibliothèque municipalede Jarny, le site aurait déjà été occupé dèsl’époque mérovingienne. Le texte en effetnote qu’une quinzaine de squelettesdatant de l’époque de Clovis auraientété exhumés au début des années 1950,lors des travaux de l’aménagement de larue Claude Debussy. La plupart desossements étaient d’ailleurs entourés deplusieurs objets, parmi lesquels il faut citerquelques poteries décorées, une lamede couteau ainsi que les restes d’unscramasaxe*, c’est-à-dire d’une sorte delongue dague* qui fut utilisée dans nosrégions entre le IVème et le VIIIème siècle.

Le 4 juin 1958, de nouveaux travaux deterrassement ont révélé, à côté de lamaison sise au 17 rue Claude Debussy,un nouveau squelette, accompagné quantà lui d’un vase d’une vingtaine decentimètres de diamètre, d’une lame de

couteau, d’un scramasaxe, d’unefrancisque* et de divers objets en métal,peut-être des fibules* ou des agrafes devêtement.

De telles découvertes méritent quelquesexplications. Si d’autres fouillesarchéologiques (comme celles quiexhumèrent aux abords de Moulinelle lesrestes d’un habitat d’époque celtique)ont déjà montré l’ancienneté del’occupation humaine à Jarny, les tombesmises à jour ici tendent à prouver que leterritoire jarnysien n’a jamais véritablementété déserté. En effet, dans une époquetroublée, où la survie de chacun restaitétroitement liée au cycle des saisons,quel peuple, quelle tribu aurait eu intérêtà abandonner ce plateau fertile etfacilement défendable ? Les tombesretrouvées rue Claude Debussy sont doncla preuve que le site de Jarny n’a jamaiscessé d’être habité depuis l’Antiquité.

Par ailleurs, le fait que l’ensemble dessquelettes ait été inhumé la tête vers lesud et avec un mobilier relativement

Quartier des Lotissements

Un millénaire et demid’histoire en pointillésUn site occupé de longue date

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important indique que le christianismesemble s’être installé relativementtardivement dans notre localité. En effet,l’inhumation avec vases sacrés et armesest un rite proprement païen, où lesobjets qui entourent le mort sont alorscensés le protéger dans l’Au-delà. Si cegenre de sépulture est supplanté, dans lesgrandes métropoles, par un rituel chrétiendès le milieu du IVème siècle ; il sembleraitqu’il faille attendre le Vème voire VIèmesiècle, pour qu’il soit définitivementabandonné dans les campagnes.Vraisemblablement donc, le Jarnisy nesemble pas avoir été gagné par lechristianisme avant, au mieux, la premièremoitié du VIème siècle.

En dehors de ces remarques sur lapérennité de l’habitat à Jarny et lareligion de ses premiers occupants, il est

très difficile d’appréhender la viequotidienne à cette époque. Pour sefaire une idée concrète, il faut prendredu recul, chercher d’autres exemples. Lemusée de la Cour d’Or, à Metz, conserved’importants objets des époquesmérovingienne* et carolingienne*. Ilsnous permettent de mieux connaîtreceux et celles qui peuplaient notrerégion il y a près de mille cinq cents ans.Guerriers, cultivateurs, chasseurs ouencore orfèvres et forgerons habiles,les hommes de cette époque ont laisséquelques traces de leur mode de vie. Maisces traces, aussi fascinantes soient elles,demeurent souvent incomplètes etcontinuent de poser de nombreusesquestions. En somme, d’importanteszones d’ombre subsistent sur cettepériode méconnue. Elles forcent à écrirel’histoire en pointillés…

ScramasaxeCourte épée des Francs avec un seultranchant

DagueEpée à lame très courte

FrancisqueHache de guerre des Francs

FibuleEpingle de sûreté en métal qui servaità fixer les vêtements

Epoque mérovingienneEpoque de la dynastie qui régna surles Francs Saliens dès 358, puis sur laGaule à partir de Clovis ; elle futévincée par les Carolingiens en 751

Epoque carolingienneEpoque de la dynastie franque quisuccéda aux Mérovingiens en 751,restaura l’empire d’Occident (800 –887), régna en Germanie jusqu’en 911et en France jusqu’en 987. Fondéepar Pépin le Bref, elle doit son nom àson représentant le plus illustre,Charlemagne

Plusieurs découvertes archéologiques attestent detombes mérovingiennes à Jarny, à l’emplacementdes actuels lotissements. Inspirée du matérielexhumé dans les tombes ainsi que desconnaissances dont on dispose sur la période, cetteaquarelle, peinte par l’auteur, permet de se faire uneidée du mode de vie de ces lointains ancêtres.

Le trou noir

Les tombes mises à jour rue ClaudeDebussy livrent donc un précieuxtémoignage sur la permanence de

l’habitat à Jarny durant la périodemérovingienne. Mais très vite, l’espacequi nous intéresse tombe dans l’oubli.De l’époque mérovingienne jusqu’auXIIème siècle en effet, quasiment aucunobjet, aucun document ne vient renseignerl’historien sur ce qui a pu exister àJ a rny du ran t c e s c i nq s i è c l e sparticulièrement troublés. Face à cetteabsence totale de sources, véritable trounoir pour la connaissance de l’histoiredu quartier, on doit donc se contenterd’hypothèses et d’approximations. Seulesdeux chartes anciennes, rédigées pourl’abbaye de Gorze, permettent de supposerque durant cette époque, l’habitat s’estreplié autour de l’actuelle église deJarny. Celle-ci constitue une sorted’enceinte fortifiée longtemps désignéesous le terme de “Fort Mahon” qui enpatois, doit être compris comme signifiantla “maison forte”.

Il faut donc attendre la fin du XIIèmesiècle pour voir réapparaître une formed’habitat sur ce qui allait devenir, biendes années plus tard, le quartier deslotissements tel que nous le connaissonsaujourd’hui. Un acte sur parchemin,émanant de l’abbaye de Sainte-Glossindede Metz, nous apprend en effet quevers les années 1180, aurait existé à

Jarny, une domus infirmorum, c’est-à-dire une maison des malades. Ce genrede lieu, qui dans la réalité, peut tout àla fois être une maison d’accueil dupèlerin, une sorte d’hôpital voire mêmeune léproserie, reste plus que nécessairedans cette société médiévale où lesconnaissances médicales demeurentlargement empiriques. En examinantle cadastre ancien, nous pouvonssupposer que cet établissement à vocationcaritative se situait à l’emplacementdes actuelles rues Raymond Poincaré etAlbert Lebrun, à proximité d’uneancienne voie romaine, devenueaujourd’hui la RD603. Cet espace en effet,est désigné par les archives communalessous le nom de lieu-dit “les malades”,curieuse coïncidence alors qu’il existaitau Moyen Âge, un hôpital dans lesparages.

De cette domus infirmorum, il ne subsisteplus aucune trace concrète dans lepaysage jarnysien actuel. Seules quelqueslignes, griffonnées par une plume maltaillée, attestent encore, dans unmanuscrit conservé à la bibliothèquenationale de France, de la présence decet ancien hôpital. Derrière ces lignes,ce sont ainsi d’importantes zonesd’ombre qui restent encore à éclaircir,d’autant plus qu’à compter de cetteépoque, les sources se font une nouvellefois muettes.

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Lacunaire Imparfait, incomplet, insuffisant

Un plateau à vocation agricole

Du Moyen Âge jusqu’au début duXIXème siècle, très rares sont lesdocuments qui décrivent ce qui se

trouvait alors à l’emplacement des actuelslotissements.

Un document, pourtant, donne quelquesindications sur le paysage que l’on peutrencontrer sur ce petit plateau encadré parl’Yron. Il s’agit de la carte dressée en 1732par les frères Naudin, et aujourd’huiconservée au Service Historique de laDéfense, à Vincennes. Ce documentexceptionnel, incontestablement plus précisque les cartes dites de Cassini, montre quevers le milieu du XVIIIème siècle, l’actuelquartier des lotissements est encore unplateau exclusivement tourné versl’agriculture. Les nombreuses hachures quizèbrent, sur la carte, l’espace compris dans

la boucle de l’Yron représentent les sillonstracés par les charrues des laboureurs. Ceschamps, alors essentiellement plantés de blé,de seigle, d’avoine et d’orge, ne descendentpas jusqu’à la rivière. Les abords de l’Yron,facilement inondables sont, à cette époque,traditionnellement réservés aux troupeaux.Toujours sur la même carte, nous nousapercevons que le plateau est égalementsillonné par de nombreux chemins. Deuxd’entre eux franchissent même l’Yron àgué, à peu près à l’endroit de l’actuellePoncette, pour aller vers Droitaumont etFriauville. Nous noterons aussi qu’auXVIIIème siècle, l’étang de Droitaumontn’existe pas encore. Créé suite à unaffaissement minier, celui-ci ne voit en effetle jour qu’en 1953.

Enfin, à côté d’un de ces chemins et àproximité directe du village, nous observonsla présence d’une croix. La tentation estgrande d’y voir une représentation de la “croixMouza”, monument érigé suite à la mort deJean-François Mouza, survenue aux abordsde l’actuel cimetière et aujourd’hui conservéà l’entrée de la chapelle Notre-Dame duRail. Mais le drame, survenu en 1807, estbien postérieur à la carte des frères Naudin.Doit-on alors en conclure que deux croix sesont succédées, quasiment au même endroit,à un siècle d’intervalle ? Peut-être. Mais àmoins d’un examen complet des registresparoissiaux de Jarny (en partie lacunaires*pour le XVIIIème siècle d’ailleurs), la questionrestera certainement sans réponse.

La carte des Naudin, datant de 1732, montreclairement qu’à cette époque, l’actuel quartier deslotissements était encore un espace de champs et depâturages. Il ne sera réellement investi qu’au débutdu XIXème siècle, avec la création de la tuilerie.

Premières constructions

Espace sillonné de champs et de graspâturages jusqu’au XVIIIème siècle,l’actuel quartier des lotissements

subit les premiers effets de l’extensionurbaine de Jarny dans le courant du sièclesuivant. Vers les années 1820, le territoirecommence à se transformer, avec laconstruction d’une tuilerie. Dès lors, lequartier va subir une croissanceparticulièrement rapide.

L’usine, vraisemblablement entrée enactivité en 1829, profite des gisements de

terre glaise situés au lieu-dit Porose(actuellement rue Paul Déroulède), pourfabriquer des tuiles creuses, des tuilesmécaniques ainsi que des briques. L’arrivéedu chemin de fer à Jarny en 1873, suiviede l’industrialisation progressive du pays,vont peu à peu obliger l’établissement àaugmenter sa production. La tuilerieprospère donc tout au long du XIXème siècleet doit s’adapter à une demande sans cessegrandissante. En 1888, M.Mangin, directeurde l’usine, décide de moderniser les locauxen y installant une machine à vapeur. Idée

Prélude au développement du quartier :

la construction de la tuilerie

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certainement judicieuse, mais qui ne suffitpas à rattraper la concurrence. Moins devingt ans plus tard, en 1904, la tuilerie deJarny est condamnée à fermer ses portes.La cheminée, véritable emblème des lieux,est abattue cinq ans plus tard, en mêmetemps que le reste des bâtiments. Premièrefriche industrielle à Jarny donc, à uneépoque où les mines de Moulinelle etDroitaumont entrent seulement en activité.En 1957, le carreau de la tuilerie est cédé à

la commune, qui décide d’y construire le lycéeJean Zay. Les derniers bâtiments hérités dela tuilerie sont alors rasés. Avec eux, ce sontles dernières traces de l’usine qui disparaissent.Comme pour perpétrer le souvenir de lafabrique de tuiles jarnysienne, la route quilonge le lycée a été baptisée du nom de“rue de la Tuilerie”. Discret hommage àceux et celles qui, pendant près d’un siècle,ont écrit dans l’argile une page méconnuede l’histoire industrielle du Jarnisy.

Si la construction de la tuilerie marqueun premier pas vers l’aménagementde l’actuel quartier des lotissements,

un deuxième pas est franchi en 1877, avecla décision prise par le conseil municipalde construire un nouveau cimetière. Àcette date en effet, le petit cimetièreparoissial, encore situé autour de l’église,ne suffit plus à accueillir les défunts et lemanque de place interdit même la ventede concessions à perpétuité. Pour répondreau problème, la mairie décide donc, le22août 1877, d’acheter un nouveau terrain,en vue d’y aménager un cimetièresuffisamment vaste. Après une année deréflexion et de tractations, celle-ci décideque ce nouveau cimetière sera établi au lieu-dit “la tolérance”, sur la colline située à droitede la route de Jarny à Mars-la-Tour. Leprojet toutefois se heurte à un nouveauproblème : celui du coût du terrain. Les actesdu conseil municipal du 20 novembre1879 prouvent que pour établir le nouveaucimetière, la commune envisage d’emprunterla somme de 10 000 francs. Cet emprunt

conséquent, qui aurait endetté la ville pourune trentaine d’années, doit s’accompagnerde la vente des 87 peupliers qui bordent laroute de Mars-la-Tour. Les arbres, parchance, ne seront vraisemblablement jamaisabattus car un mois plus tard, un petitmiracle s’opère.

Le 12 septembre 1880, le conseil municipal,réuni en séance extraordinaire, est en effetstupéfait d’apprendre que Mme de Redon,alors propriétaire du château de Moncel,se propose de prendre à sa chargel’acquisition du terrain sur lequel doit seconstruire le nouveau cimetière. Encontrepartie, la comtesse se réservesimplement le droit d’y prendre la quantitéde terrain qu’il lui plairait en vue d’y érigerune chapelle funéraire. Les élus jarnysiensacceptent à l’unanimité la proposition deMme de Redon. Les travaux d’aménagementsont donc engagés et le nouveau cimetièreest inauguré en 1887, alors même que levieux cimetière, situé près de l’église, estdéfinitivement fermé.

L’aménagement du cimetière

ContrefortPilier servant d’appui et de renfort àun mur

PinaclePartie d’un édifice qui est la plushaute

TympanEspace triangulaire situé entre lescorniches d’un fronton

GâbleSurface décorative triangulaire,pleine ou ajourée et à rampantsmoulurés, qui couronne certainsarcs (portails gothiques…)

OratoireChapelle de dimensions restreintes,généralement située dans unemaison particulière

Érigée vers 1880, la chapelle de la famille de Redonreste un témoignage rare de caveau funéraire destyle néogothique dans le Jarnisy.

Un monument peu connu : la chapelle funéraire de Madame de RedonSituée à l’entrée du cimetière de Jarny, lachapelle funéraire de la famille de Redonest un monument exceptionnel dans lepatrimoine local. Elle est l’œuvre del’architecte messin Jacquemin, comme entémoigne la signature apposée au piedd’un contrefort*. Érigée aux alentours de1880, la chapelle abrite les dépouilles ducomte Henri de Redon et de son épouseMarie-Albertine, anciens propriétaires duchâteau de Moncel à Jarny.

L’édifice, intégralement en calcaire jaunede Jaumont, se signale par son harmonieuxstyle néogothique. Remis à la mode auXIXème siècle par les travaux d’EugèneViollet-le-Duc et les écrits des romantiques,

ce style architectural tentait alors de s’inspirerdes châteaux et des églises médiévales.Et il est vrai qu’avec ses pinacles* fleuris,ses contreforts, son tympan* en ogive etson gâble* flamboyant, la chapelle deRedon a effectivement un petit air decathédrale.

Sur le tympan de l’édifice, au dessus de laporte du caveau, on remarque encore deuxblasons surmontés d’une couronne comtale.L’écu de gauche représente deux tours côteà côte, tandis que le second arbore un lionet une fontaine. Il s’agit respectivement desarmes des familles de Redon et de Goulletde Rugy, armes que l’on retrouve d’ailleurssur le fronton du château de Moncel. Cette

dernière famille, il faut le rappeler, avaitdonné naissance le 9 mars 1836 à Marie-Albertine de Goullet de Rugy, devenuecomtesse de Redon en 1858. Femme dévouéeet très croyante, la comtesse de Redon a laisséà Jarny d’importants témoignages de sapiété. La chapelle qu’elle s’est faite construiredans l’église de Jarny ou encore son oratoire*privé du château de Moncel comptent eneffet parmi les curiosités les plus admirablesdu patrimoine jarnysien.

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Les registres de délibérations du conseilmunicipal donnent également des détailsintéressants sur le fonctionnement dunouveau cimetière. Ainsi, en 1927, lacommune oblige le fossoyeur de l’époque,un certain M. Gœuriot, à nettoyer lesallées et les espaces verts au moins deuxfois par an. Généreuse, la commune luiautorise de garder l’herbe qu’il pourraity faucher afin de nourrir ses lapins. Lesmêmes actes nous renseignent égalementsur les prix des concessions. En 1927toujours, une concession à perpétuitécoûte 300 francs, alors qu’une concessiontrentenaire se loue pour la somme de 125francs. Les indigents* quant à eux, sontinhumés pour 75 francs. Ces chiffres,qui ne nous parlent peut-être plusaujourd’hui, dressent un véritable miroirde la société de l’époque.

Bien que successivement agrandi enfonction des besoins de la commune, lecimetière de Jarny conserve quelquesémouvants monuments de la fin duXIXème siècle. Le plus spectaculaire d’entreeux reste à n’en pas douter la chapellefunéraire de Mme de Redon. Placée dansl’alignement de l’allée principale, l’édifice,

tout en pierre de Jaumont, se signalepar son style néo-gothique et son décorà motifs végétaux. À côté de cette chapelleprivée, plusieurs tombes anciennes sontérigées, dont la plupart sont elles aussiconstruites dans le style néo-gothique, trèsen vogue à la fin du XIXème siècle. Quelquesautres monuments se distinguent quantà eux par un style architectural moinscourant, tel que le néo-roman* ou lenéoclassique* ou par l’emploi de certainsmatériaux comme la pierre d’Euville oude Savonnières.

Trois autres monuments, dont la portéepatrimoniale est évidente, se rencontrentencore le long de l’enceinte extérieure ducimetière. Le premier est un curieux petitcimetière militaire, simplement ornéd’une pierre tombale et d’un monumenttronqué. Ici, dans ce carré discret, reposentun officier français, un officier et unsoldat allemand, décédés au lendemaindes journées sanglantes des 16 et 18août 1870. Le Souvenir Français, quientretient cet espace de mémoire depuis2000, a fait apposer une plaque quirappelle qu’en ce lieu reposent aussi47 soldats français.

Le cimetière de Jarny conserve encore quelquestombes anciennes qui se signalent par leur qualitéartistique et le symbolisme de leur décor. Ici, lemarbre blanc se mêle à la pierre de Jaumont dansune composition savante, au sommet de laquelletrône une croix plantée dans un vase liturgique*.

Le premier monument desdéportés, inauguré en 1948, sesituait avenue Wilson. Détruitune dizaine d’années plus tard,il a été reconstruit aux abordsdu cimetière, dans un styleplus sobre, mais peut-être aussiplus poignant.

L’actuel monument desdéportés a été inauguré en1960. Il rend hommage aux48personnes originaires duJarnisy décédées dans les

camps de concentration nazis.

Liturgique A caractère religieux

IndigentPersonne très pauvre, misérable

Style néo-romanLe style néo-roman (à partir de 1850

environ) est une tendancearchitecturale mettant à l’honneurles formes inspirées du Moyen-âge

roman

Style néoclassiqueLe style néo-classique est une

tendance architecturale utilisant leséléments gréco-romains (colonnes,

frontons, proportions harmonieuses,portiques…) remis au goût du jourpar la découverte et les fouilles dessites de Pompéi et Herculanum. Lavogue du romantisme remplaça

l'architecture néo-classique avec desréalisations néogothiques dans le

courant du XIXème siècle

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À quelques mètres se trouve le monumentdes déportés. Initialement implanté enbordure de l’avenue Wilson, il renferme unbas-relief figurant un déporté, entouré desnoms des camps de concentration nazis, danslesquels 101 personnes originaires du Jarnisytrouvèrent la mort. Inauguré en 1948, cemonument est détruit une dizaine d’annéesplus tard par une voiture militaire américainedont le conducteur était ivre. Un nouveaumonument, toujours visible aujourd’hui, estdonc érigé en 1960. Construit en marbre griset frappé d’un bronze figurant un déporté,il est peut-être plus saisissant encore quele premier. Notons que le bas-relief du

monument original a été conservé. Il se trouveà l’intérieur même du cimetière, sur latombe de M. Antonin Erl.

Un dernier monument enfin, se doitd’être évoqué. Il s’agit de celui érigé enmémoire des mineurs décédés au travail.Simple plaque de marbre rose ornéed’une sculpture en calcaire de Jaumontreprésentant un mineur encadré d’unelampe et d’un chevalement*, ce monumentrappelle quant à lui une autre réalité : celledu tribut versé par les mineurs au fonddes galeries de Jarny et de Droitaumont.

Œuvre du sculpteur local Vambo Chiellini, lemonument des mineurs rappelle quant à lui quenombre de travailleurs ont laissé leur vie au fond desgaleries des mines de Jarny et Droitaumont.

ChevalementGrande charpente supportant undispositif d’extraction, au-dessusd’un puits de mine

Une industrie explosive : la cartoucherie

Avec la tuilerie d’un côté et le nouveaucimetière de l’autre, l’actuel quartierdes lotissements continue à se

développer dans les premières années duXXème siècle. C’est à cette époque en effetque s’installe à Jarny une industrie peubanale : la cartoucherie. La constructiond’une telle usine est étroitement liée àl’ouverture des mines de fer de Jarny et deDroitaumont, puisque c’est dans cettecartoucherie en effet que sont fabriquéesles charges explosives utilisées par lesmineurs pour faire sauter les blocs deminerai.

Mais ce genre d’industrie présentenaturellement un risque élevé d’explosionou d’incendie. Pour cette raison, la fabriqued’explosifs est installée assez loin de laville. Le lieu retenu se situe à un peumoins d’un kilomètre du centre-ville, nonloin du vieux gué sur l’Yron. Pour protégerle site, un talus est aménagé autour despoudrières et des dépôts de cartouches. Cetalus, encore en partie visible aujourd’hui,est rapidement entouré à son tour denombreux bâtiments. Afin d’héberger lesouvriers, vingt-deux logements sont eneffet construits, ainsi qu’une écurie et unecantine dotée de chambres à l’étage. Avectoutes ces constructions, une petite ville dansla ville voit le jour.

Et celle-ci est relativement peuplée. En1912, la société David et Beckford quiexploite les lieux, emploie à la cartoucherieune dizaine d’hommes et pas moins dequatre-vingts femmes ! La main d’œuvreféminine est importante car elle est réputéesoigneuse et habile. Les femmes se voient

donc confier la fabrication délicate descartouches, bâtons de poudre paraffinés,d’une longueur de 40 cm environ pourun diamètre pouvant atteindre 15 cm. Biensûr, la manipulation de pareils explosifs obligeles patrons à mettre en vigueur un règlementtrès strict. Le port d’une blouse de cotongris est ainsi obligatoire et nul n’est autoriséà fumer dans l’ensemble des bâtiments. Lepersonnel est d’ailleurs fouillé chaquematin, afin de vérifier que personne nepossède de briquet ou d’allumettes. Lesemployées sont payées à la cartouche,maigres salaires pour ces femmescondamnées à exécuter des tâches répétitives.

En 1912, la cartoucherie de Jarny emploie 80 femmes et une dizaine d’hommes. C’est dans ces locaux, isolésdu reste de la ville, qu’étaient fabriquées les charges explosives utilisées dans les mines du secteur.

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Une pénurie de logements

Au début du XXème siècle, l’espaceappelé à devenir l’actuel quartierdes lotissements est donc borné à

l’ouest par la tuilerie, à l’est par lecimetière et au sud par la cartoucherie.C’est entre ces trois éléments, à l’intérieurde ce triangle que se développe, après laseconde guerre mondiale, le quartier telque nous le connaissons aujourd’hui.L’urbanisation de cet espace est d’ailleurstrès rapide. Entre 1953 et 1979, ce sonten effet sept programmes de lotissementsqui vont y être menés !

Pour comprendre la rapidité avec laquellela ville s’étale sur ce petit plateau, ilfaut se replonger dans le contexte del’époque. Le développement du dépôtferroviaire de Conflans-Jarny dans les

années 1950, couplé avec l’essorgrandissant des mines de la région apporteà Jarny une population de plus en plusimportante. En outre, la démocratisationde l’automobile dans le courant desTrente Glorieuses permet aux particuliersde résider à Jarny tout en travaillantdans les grands bassins d’emploi quesont alors le pays de Briey, la vallée del’Orne ou la région messine. Deux chiffressuffisent à illustrer l’essor démographiquede Jarny à cette époque. En effet, en1946, la localité compte 7 512 habitants.Un peu plus de vingt ans plus tard, en1968, la population s’élève à 9 480individus, soit quasiment deux millehabitants de gagnés en vingt-deux ans.La ville n’a pas les capacités d’absorberune hausse aussi rapide de sa population.

La naissance d’un quartier résidentiel

La poncette ou gué de la cartoucherie

Il s’agit d’un des endroits les plusagréables de Jarny. La poncette,é g a l emen t a pp e l é e g u é d e l acartoucherie, invite en effet aux plaisirsde la pêche et de la promenade. Lesberges plantées de saules offrent uneombre sous laquelle il fait bon flâneret se reposer.

Quelques photographies anciennesmontrent à quel point le lieu étaitfréquenté dans les années 1960 et 1970.Il devenait, pendant les chaudes journéesd’été, une sorte de Jarny-plage. L’Yron,qui reçoit à cet endroit les eaux duLongeau, se prêtait alors à la baignadeet à toutes sortes de jeux d’eau.

L’endroit, beaucoup moins couruaujourd’hui, peut-être parce que sonaccè s n ’ e s t p lu s au to r i s é auxautomobilistes qui profitaient souventdu gué pour laver leur véhicule, demeurecependant un but de promenade idéale.Les rives de l’Yron et de l’étang deDroitaumont ont d’ailleurs fait l’objetde récents aménagements (bancs,passerelle) qui complètent agréablementles sentiers de randonnée.

Avec “Jarny-Plage” comme titre, la cartepostale illustre un des visages du quartierdes lotissements. Prise en contrebas dubois de sapin, dans un méandre de l’Yron,la photographie témoigne d’un certain artde vivre.

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Dans les années 1950, Jarny manque doncde logements. Pour répondre au problème,la municipalité décide alors de lancer unprogramme de construction. Celui-ci, entaméen décembre 1953, sera à l’origine dupremier lotissement, au lieu-dit “les malades”,là où se trouvait, huit siècles plus tôt, la domusinfirmorum déjà évoquée. D’une superficieencore modeste, ce premier lotissements’étend sur les actuelles rues Albert Lebrun,Raymond Poincaré, de la Tuilerie et du 26août. Une mention particulière doit d’ailleursêtre apportée à propos de cette dernière, carelle conserve un monument émouvant dudrame qui s’est joué à Jarny au tout débutde la première Guerre mondiale. Le 26août 1914 en effet, dans cette rue qui n’étaitencore qu’un chemin, MM. Bernier, Fidler,

le maire M. Génot et l’abbé Léon Vouaux,après avoir été retenus en otage toute unenuit, sont fusillés par un peloton de soldatsallemands.

Mais très vite, ce premier lotissement ne suffitpas. Le 2 avril 1954, la commune de Jarnyse porte donc acquéreuse de terrains situésau lieu-dit “derrière l’église”, en vue d’yconstruire un deuxième lotissement. Commele précédent, cette nouvelle extension de laville se caractérise par des habitationsindividuelles, assez peu élevées, et toutesdotées de quelques ares de terrain. Or, lelotissement, qui se cantonne aux ruesMassenet, Ravel et Bizet, devient à sontour insuffisant. La commune doit doncconstruire d’autres logements.

Le premier lotissement sort de terre en 1953,au lieu-dit “les malades”. De dimensions modestes,il ne concerne que les rues Albert Lebrunet Raymond Poincaré.

Le monument érigé en l’honneur des fusillésdu 26 août 1914 dans la rue éponyme ne date

que de 1926. À l’origine, une simple croixde bois rappelait le massacre de l’abbé Vouaux,du maire Henri Génot et de Messieurs Fidler

et Bernier par les soldats allemands.

Cinq lotissements en quinze ans 

Dans les années 1960, au cœur desTrente Glorieuses, la pressiondémographique à Jarny est telle

que la commune doit entreprendre laconstruction de nouveaux lotissements.En l’espace d’une quinzaine d’années, laville va s’étendre considérablement etdonner naissance au quartier dit “deslotissements”.

Dès le 25 janvier 1957, la municipalité deJarny décide donc d’acheter les terrainsnécessaires à la création d’un troisièmelotissement. Initialement conçu commeétant une extension du quartier précédent,il sera à l’origine de six rues, auxquellessont donnés des noms de musiciens oud’écrivains du siècle des Lumières. Il

s’agit des actuelles rues Gounod, Bossuet,Voltaire, Diderot, Montesquieu et Debussy.Là encore, les habitations doivent répondreà un cahier des charges relativementstrict. La commune décide en effet que lesconstructions seront groupées par typeshomologues, avec rez-de-chaussée surélevésur cave et garage. Ces règles, destinéesà harmoniser le paysage et éviter lesinitiatives privées trop fantasques, expliquentaujourd’hui encore le fait que toutes leshabitations se ressemblent un peu.

En 1967, un quatrième lotissement estentamé. Il consiste tout d’abord à prolongerles rues Gounod, Debussy et Montesquieu.De nouvelles voies et deux places sontégalement créées : les rues Charles Péguy,

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Albert Ier et les places du général Leclerc etdu maréchal de Lattre de Tassigny. Cenouveau quartier, qui reste dans l’ensembleune simple extension du précédent, estcomplété en octobre 1967 par la créationd’une dizaine de logements pour lesfonctionnaires, essentiellement desprofesseurs qui ne trouvent pas à se loger

à Jarny. Enfin, pour offrir un cadre de vieagréable à tous ces habitants des lotissements,la commune décide d’implanter, à l’été1972, un supermarché COOP au cœur dunouveau quartier. Le magasin, situé faceaux places Leclerc et de Lattre de Tassigny,cède la place à la MJC et au foyer dutroisième âge en décembre 1991.

La construction du cinquième lotissementest engagée en 1969. Elle est à l’origine dela création des rues Hector Berlioz, RomainRolland, du colonel Fabien, Paul Éluard, LouisPergaud, Henri Barbusse, Karl Marx, JulesVallès, Lénine, Robespierre et Marat. Pourla première fois, la commune décide d’innoverdans le plan d’urbanisme en faisant de laplupart de ces rues des impasses. Letraditionnel plan plus ou moins quadrillé,héritage du damier antique, laisse désormaisla place à des rues au tracé sinueux, souvent

sans issue. Comme nous l’avons évoqué plushaut, les années 1960 et 1970 voientl’avènement de l’automobile dans lesménages. Avec l’intensification du trafic, avecdes véhicules toujours plus rapides, lamunicipalité décide de prendre desprécautions en construisant des lotissementsoù le tracé des rues empêche lesautomobilistes de rouler à une vitesseexcessive.

Trois lotissements sont encore construits àJarny avant les années 1980. Le premier,aménagé à partir de 1971, se cantonne àl’actuelle rue Louise Michel. Le deuxièmene concerne pas vraiment notre espace,puisqu’il s’agit de l’aménagement desterrains situés derrière les anciens abattoirs,au lieu-dit “les Marcaires”. Le dernierlotissement est aménagé au lieu-dit “chemindes ânes”, toponyme qui vient peut-être dufait que des ânes bâtés* empruntaient cechemin pour porter le grain au moulin deConflans. Ce lotissement, dont la constructionest engagée dès 1975, entraîne la créationdes rues Émile Zola, Pierre Courtade, BenoîtFrachon, Jacques Prévert et Jacques Duclos.Achevé vers le milieu des années 1980, il

Cette page extraite du bulletin municipal dejanvier 1977 montre combien la question dulogement était devenue cruciale à Jarny. Pourrépondre à la demande, cinq lotissements sontconstruits entre 1963 et 1979.

Le quartier des lotissements n’est pas composé uniquement de pavillons individuels. En 1970, la communedécide d’élever deux immeubles, classés HLM, en vue d’enrayer la pénurie de logements.

Avec leurs façades caractéristiques et leur parementde pierre, les maisons du cinquième lotissements’inscrivent bel et bien dans leur époque. Les nomsdes rues, ici, rendent hommage à des écrivains duXXème siècle ou à des personnalités politiques en lienavec le communisme.

Ane bâtéAne qui porte un bât, dispositif enbois permettant de lui faire porter

des charges

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L’odonymie comme témoin d’une époque

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est complété, quelques années plus tard, parl’aménagement des rues Pablo Neruda,Salvador Allende et de la rue Émile Gallé.

À travers ces lotissements, c’est un petit peutoute l’architecture de la seconde moitié duXXème siècle qui s’offre à l’amateur de bâtiet de patrimoine. Alors que les premièresmaisons, construites dans les années 1950,se caractérisent par l’emploi de matériauxencore traditionnels et par la présencerécurrente de marquises de verres colorés,les maisons les plus récentes sont parfoisplus audacieuses dans leur construction.Pavillons individuels, importance du garageet volonté de rompre la monotonie par desformes originales semblent en effet êtreles maîtres mots des lotissements actuels.

Les noms des rues sont rarement anodins en ville.Partie intégrante du patrimoine, ils rappellentquelques anecdotes, voire quelques personnalitésliées à la commune. La rue Montesquieu parexemple, rend hommage à l’un des grands écrivainsdu XVIIIème siècle. La rue de la Tuilerie, témoignequant à elle d’une industrie ancienne à Jarny.

La rue des Frères Daum estune des dernières à avoir vu

le jour dans le quartier.Matériaux récents et pavillons

individuels marquent unnouveau tournant dans la

conception même dulotissement.

Étude des noms de rue, l’odonymie est unediscipline méconnue de la géographie. Elleest pourtant très intéressante pourcomprendre l’histoire et le développementd’une ville. Le quartier des lotissements àJarny est à ce titre particulièrement révélateur.Dans le premier lotissement en effet,construit à partir de 1953, la municipalitéa décidé de donner aux rues les noms deRaymond Poincaré et Albert Lebrun, deuxprésidents de la République qui avaient encommun leurs origines lorraines. Ledeuxième lotissement compte quant à luitrois rues auxquelles on a donné des nomsde musiciens : Ravel, Massenet et Bizet.On arrive presque à comprendre la logique

qui a prévalu à la construction du quartieren regardant les noms des autres rues.Les unes portent les noms de philosophesdes Lumières, comme Rousseau, Diderotou Montesquieu. Les autres rendenthommage à des écrivains du XXème siècle,comme Louis Pergaud, Jules Vallès ouHenri Barbusse, voire à des médecinscomme Marie François-Xavier Bichat ouClaude Bernard. Certains odonymes sontmême politiquement orientés. C’est le casdes rues Karl Marx, Lénine, Louise Michel,et des rues Frachon, Courtade et Duclos,ces derniers ayant été des membres actifsdu parti communiste français.D’autres noms de rues, enfin, rappellent

l’existence d’une industrie disparue oud’un événement marquant. On peut citerpar exemple les noms des rues de la Tuilerieou de la Cartoucherie, derniers témoins desusines qui avaient prospéré dans le secteur.La rue du 26 août rappelle quant à elle lemassacre perpétré ici en 1914, par lessoldats allemands.Les noms des rues sont donc plus quedes simples indications pour les agentsde la Poste. Véritables marques d’hommagerendu à un personnage, à un évènementou un ancien lieu-dit, les odonymes, en tantque miroirs de l’histoire, de la géographie,voire de la politique d’une ville, font bel etbien partie de notre patrimoine.

Six ans seulement après l’aménagementdes premiers lotissements en 1953,la commune de Jarny entreprend la

construction d’une école primaire, dans lesecteur du troisième lotissement. Celle-ci estd’autant plus nécessaire que seuls deuxgroupes scolaires existent alors à Jarny.Les travaux durent quelques années etl’école ouvre finalement ses portes en 1964.Baptisée du nom du poète-aviateur, Antoinede Saint-Exupéry, elle compte alors huitclasses de filles et huit classes de garçons.Les uns sont séparés des autres par ungrillage qui barre toute la cour de récréation,la mixité n’étant pas encore autorisée dansl’éducation nationale.

Rapidement, l’école primaire ne suffit pasà accueillir les enfants, notamment les plus

jeunes. A proximité immédiate de l’école Saint-Exupéry, une école maternelle est doncaménagée. C’est la première à Jarny. Inauguréeen 1969, elle prend le nom d’Yvonne Imbert,en hommage à une ancienne inspectricedépartementale des écoles maternelles deMeurthe-et-Moselle. L’école compte alorsquatre clases de maternelles. Une cinquièmesera ouverte en 1975.

Mais le gros chantier en matière d’éducationreste sans conteste celui du lycée Jean Zayet du collège d’enseignement techniqueMarcel Paul. Dès le mois d’avril 1957, lamunicipalité de Jarny décide d’acquérirplusieurs parcelles de terrain, situées enbordure de la rue Albert Ier, pour y construireun collège technique où l’enseignementest adapté pour intégrer les nombreuses mines

et us ines de la rég ion. Un lycéed’enseignement général est égalementconstruit. Il porte le nom de Jean Zay,ancien ministre de l’éducation nationale,assassiné en 1944 par des miliciens,probablement sur ordre du gouvernementde Vichy. Inauguré le 2 décembre 1966,l’établissement n’accueille ses premiersélèves qu’à la rentrée 1967. Depuis, il a sus’imposer comme un établissement dechoix dans le Pays-Haut. Avec une fusiondes lycées général et professionnel en 2008,ce sont aujourd’hui près de 1 200 élèves quisont accueillis chaque année. Les sectionsproposées, de l’enseignement général àl’apprentissage en passant par les sectionsprofessionnelles et technologiques, offrentaux élèves de véritables clés pour s’insérerdans la vie professionnelle.

La construction d’un ensemble scolaire

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Le quartier aujourd’hui

L’histoire du quartier ne s’arrêtepas là. Les dix dernières années ontégalement vu la construction de

plusieurs bâtiments, au premier rangdesquels il convient certainement deciter la nouvelle maison de retraite.

Dans sa séance du 27 septembre 2002,le conseil municipal de Jarny, soucieuxd’offrir un service de qualité aux personnesdu 3ème et 4ème âge, décide de céder àl’association Hospitalor, pour un eurosymbolique, les terrains nécessaires à laconstruction d’une nouvelle structured’accueil agréable et confortable, implantéeau cœur de la cité.

Après environ deux ans de travaux, lebâtiment ouvre ses portes le 7 décembre2005 et est officiellement inauguré le 6avril 2006. Pouvant accueillir 64 résidents,l’établissement, situé 65 rue Emile Zola,est ainsi venu remplacer l’anciennemaison de retraite de l’avenue Wilson.

Le commerce n’est pas en reste avecla construction dès février 2011 d’unnouvel Intermarché sur la place

Giacometti par le groupe Norminter.L’établissement comprend une surface devente de 2 500 m2 et une galerie marchande

de 261 m2. L’ouverture a lieu le mercredi29 août 2012. Parallèlement, la Ville procèdeà la réalisation d’un trottoir en limite del’hypermarché, à la pose de luminaires età l’aménagement des espaces verts dansle cadre de la construction de la médiathèque.

Maison de Retraite Les Lilas

Le nouvel Intermarché

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Presque dans le même temps, lequartier fait l’objet d’un autre grandchantier, réal isé par Eif fage

Construction Lorraine pour le comptede la Région Lorraine. Débutés en juillet2011, les travaux de reconstruction du lycéeJean Zay vont bon train et permettent unepremière rentrée scolaire en septembre2012 dans un des deux nouveaux

bâtiments, l’occupation complète de lastructure étant prévue à la fin de l’année2013. L’aménagement des équipementssportifs aura lieu ultérieurement.

Dans le domaine du logement cette fois,un programme de construction de15 maisons individuelles dites “passives”est mené par le bailleur social ICF

(Immobilière des Chemins de Fer) àl’angle des rues Claude Bernard et Bichat.Après environ trois années de travaux,ces maisons à ossature bois et isolationrenforcée sont disponibles à la locationà compter de mai 2011. Partenaire decette opération, la Ville prendra en chargeles travaux de voirie et réseaux divers aprèsla rétrocession à intervenir.

Souc i e u s e d e p ou r s u i v r e l adynamisation du quartier, la Villeaménage deux aires de jeux et un

city-stade. La création des aires de jeuxdes rues Louis Armand et Charles Péguyintervient durant l’année 2004. Les normesde sécurité y sont strictement respectées.De couleur très gaie, ces réalisationssont des plus attrayantes.

Cette rue rend hommage à MadeleineBrès qui, à l’âge de 33 ans, obtientson diplôme de docteur en médecineavec la mention “Très bien” à laFaculté de médecine de Paris en1875. Elle devient alors la premièrefemme médecin de France. Elle sedévouera, en tant que précurseur, àla médecine de la femme et del’enfant pendant 50 ans.

rue Louis Armand

rue Charles Péguy

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Le second city-stadede Jarny est quant àl u i i n s t a l l é e n

décembre 2007 derrièrel’école Saint-Exupéry. Il estinauguré le 4 janvier 2008.

Entouré par la petite rivière de l’Yron, le quartier “desLotissements” est également un lieu propice à la pêcheet à la promenade, offrant de jolis sentiers de randonnée

vers Conflans, Droitaumont ou Friauville. Deux passerellesy sont d’ailleurs aménagées. La passerelle de la “Poncette”,entièrement rénovée à la fin de l’année 2007, est accessiblepar la rue de la Cartoucherie et permet de rejoindre lechemin rural de Friauville.

L’autre passerelle, dite “de l’Yron”est un élément structurant duprojet “Boucle verte” de Jarny

(chemin de randonnée de 15 km).Elle permet aux Jarnysiens de rejoindreConflans-en-Jarnisy et de nombreuxsentiers de promenade en toute sécurité,avec la possibilité de découvrir lar i c h e s s e é c o l o g i qu e d e l e u renvironnement. Située aux abords dela rue Emile Zola, au lieu-dit “chemindes ânes”, cette passerelle s’inscritdans une démarche de développementdurable et d’éco-mobilité.

passerelle de la Poncette

passerelle de l’Yron

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Environ 50 000 € sont dépenséschaque année au titre du budgetparticipatif (aménagements choisis

par les membres du comité de quartier desLotissements) pour les travaux de voirie,sécurité et cadre de vie. Ainsi pour 2013sont prévus la réfection du trottoir et leremplacement de six branchements enplomb dans la rue de la Paix, la réfectiond’un tronçon de trottoir rue Albert 1er, lapose de chicanes et la plantation d’arbustesaux boulodromes rue Charles Péguy.

Par ailleurs, la vocation essentiellementrésidentielle du quartier des lotissements

ne signifie pas pour autant que celui-ci ne sait pas s’animer et attirer denombreux Jarnysiens. Chaque annéeen effet, c’est au cœur du quartier, surles places Leclerc et de Lattre de Tassigny,qu’a lieu la fête foraine. Manifestationappréciée, surtout des plus jeunes, lafête anime véritablement le quartierpendant la semaine qui suit le dimanchede Pentecôte. Et pour la deuxièmeannée consécutive, le mythique cirqueMedrano, 3ème plus grand cirque deFrance, a investi ce même lieu pourprésenter en juillet un spectacle magique.

Quartier hétérogène et méconnu, les Lotissements de Jarny sontdonc riches d’un long passé et d’un patrimoine remarquable.Ils sont la preuve que chaque pays, chaque village, chaque hameauet chaque maison a sa propre histoire. Nous l’oublions trop souventet nous nous imaginons que là où il n’y a pas de vieilles pierres,il n’y a pas de patrimoine. L’histoire pourtant, s’écrit au jourle jour. À chacun de faire en sorte que cette histoire soit un peuplus mise en lumière, pour nous, pour ceux qui nous ont précédés,mais aussi pour les générations à venir.

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Jarny Patrimoine n° 7 - Supplément Jarny Mag - juin 2013

Dépôt légal : 2ème trimestre 2013 - Directeur de la publication : Jacky ZanardoSuivi de réalisation : service Communication/Culture/Vie citoyenne

Crédit photos : Ville de Jarny et Kévin GoeuriotConception : anagram NancyImpression : Digit’Offset Marly

2 200 exemplaires sur papier recyclé

Ce septième numéro de Jarny Patrimoine est le fruit desrecherches de Kévin Gœuriot. Professeur d’histoire-géographie, peintre et auteur de plusieurs ouvrages surl’histoire et le patrimoine de la Lorraine (éditionsSerpenoise et éditions des Paraiges). Il travaille actuellementavec un collègue, à la rédaction d’un ouvrage sur l’entréeen guerre le long de la frontière lorraine, à l’été 1914.

Enfin, parce que cette brochure n’aurait pas été aussicomplète sans les documents qui ont été gracieusementmis à sa disposition, l’auteur tient à remercier l’ensembledes personnes qui ont apporté leur concours à ce numéro7 de Jarny Patrimoine. Merci notamment à Madame NicoleBourlier et sa petite équipe de passionnés pour avoirgénéreusement communiqué les copies des délibérationsdes conseils municipaux de Jarny.

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