a. gardeil (1910). le donné révélé et le théologie. paris, gabalda

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    Bibliothque

    tholog

    ique

    '

    ^

    r

    LE DONNE

    REVELE

    ET

    LA THEOLOGIE

    LE

    PRE

    A

    GARDEIL

    DOMIMCAIN

    MAITRE

    EN

    THOLOGIE

    PARIS

    LIBRAIRIE

    VICTOR

    LECOFFRE

    J.

    GABALDA

    &

    Cie

    RUE BONAPARTE

    1910

    ;,

    90

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    14/417

    Nous

    soussigns,

    avons

    lu

    le

    livre

    du

    T.

    R.

    P.

    Gardeil

    intitul

    : Le

    Donn

    rvl

    et

    la

    Thologie, leons

    du

    cours

    d'apologtique

    donnes

    en

    1908-1909

    l'Institut catholique

    de

    Paris

    : nous

    en

    approuvons

    l'impression.

    Le

    Saulchoir,

    Belgique,

    le

    29

    juillet

    1009.

    Henri

    Dormuiq

    ue

    AOBLE,

    Reg.

    GARRIGOU-LAGRANGE

    lecteur

    en

    thologie.

    lecteur

    en

    thologie.

    NIHIL

    OBSTAT

    rCF

    f/EriAEVAL

    8TUDIE3

    ?AeLEy

    PLACE

    Raym.

    BOULANGER.

    ^ .^..TO

    6,

    CANADA

    .oi

    '^'^

    IMPRIMATUR

    Parisiis,

    die

    30

    Aug.

    1909.

    P.

    PAGES,

    V.

    g.

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    AVERTISSEMENT

    Les dix

    leons qui

    composent

    ce volume

    ont

    t

    donnes

    l'Institut

    catholique

    de Paris,

    pen-

    dant

    le

    premier trimestre

    de Tanne scolaire

    1908-

    1909.

    Je

    les publie

    telles

    qu'elles

    ont

    t pro-

    nonces.

    J'ai

    seulement

    restitu

    les

    passages

    que

    j'avais d

    courter

    ou supprimer,

    faute

    de temps.

    Dans la leon quatrime on trouvera

    une

    expres-

    sion de ma pense

    un

    peu

    diffrente

    de

    celle

    que

    contenait

    la

    leon

    orale.

    Les

    conclusions

    sont

    identiques,

    mais les

    motifs qui

    les

    fondent

    ont

    t

    approfondis

    et

    justifis

    ,

    de manire

    mettre

    da-

    vantage

    en

    relief

    le

    cavdiCiere

    positif

    des

    rensei-

    gnements que

    nous

    fournit sur

    Dieu

    la

    connais-

    sance

    analogique.

    C'est pour

    moi un

    devoir

    de remercier

    ceux dont

    la

    sympathie

    m'a soutenu

    dans

    cette

    entreprise.

    Au

    premier

    rang,

    comment

    ne

    pas

    nommer

    M^^

    Baudrillart,

    qui, en

    m'installant,

    pour trois

    mois,

    dans

    la chaire du

    Cours

    d'Apologtique

    spcialement

    destin aux

    hommes,

    s'est

    plu,

    fort

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    VIII

    AVERTISSEMENT.

    gracieusement,

    rappeler aux

    assistants que l'-

    cole

    des

    Carmes

    avait

    jadis

    t

    la maison

    des

    Do-

    minicains et

    en

    particulier

    du Pre

    Lacordaire

    *

    ?

    J'exprime

    aussi

    toute

    ma

    reconnaissance

    mes

    fidles

    auditeurs, dont la

    bienveillance

    et l'intel-

    ligente

    attention,

    en dpit

    de l'austrit des

    ques-

    tions

    traites,

    ne

    se

    sont

    pas

    un seul

    instant

    d-

    menties.

    Fr.

    A.

    Gardeil,

    Des

    Fi-res Prcheurs.

    Couvent

    d'tudes

    du

    Saulchoir,

    Kain,

    Belgique.

    Le

    1

    octobre

    1909.

    1.

    La

    Croix,

    19

    novembre

    lfK)8.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    INTRODUCTION

    I.

    Objet et

    but de cet

    ouvrage.

    Le

    sujet

    gnral

    de

    ces

    leons

    est

    exprim

    dans

    l'antithse

    de son

    titre

    : Le Donn

    recel

    et la

    Tho-

    logie.

    Ce

    sujet

    fait

    corps avec un

    autre

    que

    j'ai

    trait

    antrieurement

    :

    La

    Crdibilit

    et

    l'Apologtique^

    .

    Aprs

    avoir

    tudi le Dogme

    catholique

    dans

    sa

    vrit

    extrinsque,

    ou

    crdibilit

    rationnelle,

    et

    d-

    fini l'Apologtique

    en fonction

    de

    cette

    notion

    prcise,

    j'aborde

    l'tude de

    la vrit

    interne

    de

    ce

    mme

    dogme,

    en d'autres

    termes,

    de sa crdibilit

    surna-

    turelle

    et

    actuelle^,

    et je m'efforce

    de

    dterminer

    le

    concept de

    la Thologie

    en

    fonction

    du

    Donn r^>l

    comme tel.

    Je

    complte

    ainsi

    l'uvre

    commence

    dans

    mon

    premier

    ouvrage,

    et que j'ai

    appele,

    un

    peu cr-

    1.

    Cet

    ouvrage

    est

    actuellemeut

    puis.

    J'ai

    le

    projet de

    le rema-

    nier et

    d'en

    donner

    plus

    tard

    une

    autre

    dition, dans

    laquelle

    je tien-

    drai

    compte des

    remarques,

    des

    critiques,

    des discussions

    dont

    la

    pre-

    mire

    a

    t

    l'occasion,

    comme

    aussi

    des

    travaux

    nouveaux

    sur

    le mme

    sujet, par exemple,

    le

    livre

    du P.

    Hugueny,

    les articles

    de

    M. Bain-

    vel,

    l'article

    Apologtique

    du

    Dictionnaire

    d'Apologtique.

    Dans

    ce

    dernier

    article,

    j'ai

    eu

    la

    satisfaction

    de

    reconnatre

    un

    grand

    nom-

    bre d'ides et

    mme

    de passages

    emprunts

    La

    Crdibilit

    et l'A-

    pologtique.

    Je

    ne

    puis que

    me

    rjouir

    de voir,

    aprs si

    peu de

    temps, ces doctrines

    prsentes

    dans un

    dictionnaire

    desiin l'aire

    autorit

    en

    tliologie, non

    comme

    l'opinion

    personnelle

    d'un

    auteur,

    mais comme

    le sentiment

    reu,

    commun,

    courant,

    et, ds

    lors, forc-

    ment

    anonyme,

    des Thologiens.

    2. Cf. pour

    l'intelligence

    de

    ces

    termes,

    La

    Crdibilit

    et

    l'Apolo-

    gtique,

    p.

    29-33

    et

    42-45.

    T

    a.

    Z64-

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    18/417

    X

    INTRODUCTION.

    ment

    peut-tre,

    une

    uvre

    d'assainissement

    du

    domaine

    thologique.

    Ce

    n'est

    pas seulement

    en

    Apologtique,

    en

    effet,

    que

    nous

    constatons

    la

    con-

    fusion des

    doctrines et

    des

    mthodes

    ^

    c'est

    aussi en

    thologie.

    Quest-ce,

    au

    juste,

    par

    exemple, que la

    Thologie

    positive? Qu'est-ce

    que

    la

    Thologie

    historique

    ?

    Qu'est-ce

    que

    la Thologie biblique

    ?

    En

    quoi

    ces

    disciplines

    diffrent-elles

    de

    l'Histoire

    des

    Dogmes,

    de

    l'Histoire

    des

    Doctrines,

    de

    l'Ex-

    gse

    biblique? Quelles sont leurs relations avec la

    Thologie

    proprement dite, conserve, dans

    la

    no-

    menclature des

    disciplines

    nouvelles,

    sous le

    nom de

    Thologie

    spculative?

    Autant

    de

    questions diverse-

    ment poses et diversement rsolues^.

    Je

    n'ai

    pas

    ici

    l'intention

    de

    solutionner

    toutes ces

    questions. J'y toucherai dans

    la

    mesure

    o

    il paratra

    utile

    pour

    mettre en

    lumire

    la notion de la Tholo-

    gie

    que je

    considre

    comme la

    seule

    vraie.

    Je

    dfen-

    drai

    donc

    la Thologie

    catholique

    vritable

    contre les

    entreprises

    d'annexion

    ou

    d'infiltration de

    sciences

    connexes,

    dont

    le

    but,

    le

    point

    de

    vue,

    l'objet et

    la

    mthode sont

    toutefois

    diffrents. Mais,

    dans

    l'excu-

    tion

    de

    ce

    plan

    de dfense,

    je me proposerai comme

    principal

    objectif de

    manifester,

    directement et

    pour

    \.

    Cf.

    Opre

    cit.,

    p.

    131-134

    et

    142-155.

    2.

    Cf.

    la Note

    du

    P.

    Jacquin,

    Question de

    mots,

    etc.,

    et

    la

    biblio-

    graphie

    qui

    l'accompagne,

    dans

    la

    Revue

    des

    Sciences

    philosophiques

    et

    thologiques, janvier

    1907,

    p.

    105;

    Lemonnyer,

    Bulletin

    de Tholo-

    [/fe

    biblique,

    Ibidem,

    p.

    130-133;

    Schwalm,

    Les deux

    Thologies,

    etc.,

    Ibidem,

    novembre

    1908,

    p.

    674;

    Coconnier,

    Positive et spculative,

    Revue thomiste,

    janvier

    1903;

    T.

    Richard,

    tude critique sur

    le

    but

    et la

    nature

    de la

    Scolaslique,

    Ibid.,

    mai

    1904; M? ^ Mignot, Let-

    tres

    sur les

    tudes

    ecclsia'itiques,

    spcialement

    Lettre VI, Paris,

    1908.

    Nous

    nous

    en

    tenons

    l,

    mais

    on

    trouvera

    l'indication

    d'autres

    con-

    tributions

    la

    question

    dans

    la

    Bibliographie

    des

    articles

    et ouvrages

    cits.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    19/417

    INTRODUCTION.

    \i

    lui-mme,

    le

    caractre

    spcial,

    autonome,

    unique de

    la

    Thologie. De mme, en

    effet, que

    la meilleure

    manire

    de

    n'tre

    pas

    attaqu,

    c'est

    de

    mettre

    hors

    de

    pair

    sa

    valeur

    personnelle, le meilleur moyen

    de

    soustraire une

    doctrine

    la

    tyrannie des

    disciplines

    connexes,

    c'est

    de faire

    la

    preuve

    de sa

    consistance

    intrinsque parfaite

    et de son autonomie.

    Cette

    tactique

    est celle

    que

    j'ai suivie dans

    l'ou-

    vrage

    complmentaire

    de

    celui-ci,

    pour

    dgager

    l'Apologtique

    de cette

    tunique de Nessus

    que

    lui ont

    tisse ses

    surs

    ennemies. 11

    a

    suffi de met-

    tre

    clairement

    en

    vidence son

    objet formel, la

    Cr-

    dibilit, pour que les autres

    disciplines fussent

    irrmdiablement

    dboutes

    de

    leurs

    prtentions

    l'englober.

    Pareillement,

    c'est

    du

    moins

    mon

    esp-

    rance,

    il suffira de

    mettre clairement

    en

    vidence

    l'objet formel de la

    Thologie,

    pour

    manifester l'incu-

    rable

    strilit

    de

    ces

    maladroits

    essais de

    rforme

    qui

    prtendent

    la restaurer,

    sans

    en

    avoir saisi

    la

    pure

    essence,

    et ne russissent qu'

    l'encombrer

    d'lments

    htrognes.

    Or, ce

    qui

    fait

    l'originalit

    de

    la

    Thologie

    et

    lui

    donne une place part parmi toutes

    les

    sciences,

    y

    compris

    les

    sciences

    dites ecclsiastiques,

    ma tche

    sera de

    le dmontrer,

    c'est qu'elle

    est

    une

    science

    intrinsquement

    surnaturelle, dont

    les

    conclusions

    sont

    homognes au donn

    rvl qu'elles

    laborent.

    La

    substance

    de

    la

    rvlation,

    avec

    le

    caractre pro-

    pre qu'elle

    doit

    son

    origine surnaturelle, se

    re-

    trouve tout

    entire dans

    l'organisme

    thologique;

    elle

    y

    est

    comme transfuse

    ^

    1. Je dis

    dans

    l'organisme

    thologique considr

    dans son

    ensem-

    ble. Il

    va de

    soi

    que

    chaque

    membre

    de

    l'organisme, chaque

    cellule

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    20/417

    XII

    INTRODUCTION.

    Voil

    ce

    qui

    fait de

    la

    Thologie

    catholique

    une

    doctrine

    unique,

    sotrique

    pourrait-on

    dire,

    en

    tout

    cas

    distincte

    de

    toutes

    les

    autres

    doctrines,

    voire

    mme

    spare,

    de cette

    sparation

    qui s'appelle trans-

    cendance

    et

    que

    le

    vieil

    Anaxagorc

    rclamait

    pour

    son

    Intellect,

    spar,

    disait-il, afin de

    commander

    .

    Elle

    commande,

    en

    effet,

    toutes

    les

    sciences

    qui

    s'occupent,

    des

    points de

    vue spciaux, de son objet

    premier,

    le

    Donn

    rvl

    :

    semblable

    la

    m-

    taphysique

    qui,

    selon

    la

    conception

    d'Aristote,

    ayant

    reu

    en

    partage

    comme son objet

    propre l'tre lui-

    mme,

    commande

    toutes

    les

    parties

    de

    la

    Philoso-

    phie

    de

    rtre,

    physique,

    psychologie, morale, logi-

    participe

    cette

    caractrisation

    dans la mesure de

    son

    importance.

    C'est

    cette

    mesure

    que

    j'essaie

    de

    dterminer

    plusieurs

    reprises,

    spcialement

    dans

    les leons sur

    la Science

    thologique,

    les

    Systmes

    thologiques

    et

    la

    Thologie de

    saint

    Thomas d'Aquin.

    Au

    sujet

    de

    celte caractrisation

    surnaturelle

    de

    la

    doctrine

    tho-

    logique,

    je

    signale ds

    maintenant, l'adresse

    des

    Thologiens qui me

    feront

    l'honneur

    de me

    lire,

    et pour prvenir toute

    mprise

    de

    leur

    part,

    une

    diffrence

    notable entre la manire dont le

    Donn

    rvl

    comme

    tel

    dtermine

    spcifiquement

    la

    Thologie, et la

    manire

    dont

    la

    Crdibilit

    spcifie

    l'Apologtique. Dans

    ce dernier

    cas, la

    dter-

    mination

    est

    immdiate

    et

    directe.

    L'Apologtique

    est la Science

    du

    divinement

    croyable,

    tel que la

    raison

    naturelle l'tablit.

    Au

    con-

    traire,

    et

    j'aurai

    soin

    de

    le

    noter

    toutes les fois qu'il

    en

    sera besoin,

    le

    Donn

    rvl ne

    spcifie que

    mdiatement

    la Thologie. La facult

    de

    connaissance

    qui regarde

    directement le

    Donn rvl

    comme tel,

    c'est

    la

    foi

    divine. Mais

    la

    Thologie

    bien

    entendue s'origine

    aux

    v-

    rits

    de

    foi comme

    telles

    :

    ces

    vrits

    sont

    ses

    principes

    :

    elle est,

    vis--vis

    d'elles,

    dans

    une

    dpendance essentielle.

    Et de

    l vient que,

    tout en

    ayant la

    structure et

    les

    procds

    d'une

    science

    humaine,

    la

    Thologie ne

    laisse

    pas de dpasser toutes les

    sciences

    humaines

    par

    le

    caractre

    formellement

    surnaturel

    des

    donnes

    premires

    de

    ses

    laborations.

    De

    l vient aussi que

    l'espce de

    vrit

    obtenue

    au

    terme

    de

    son

    travail, sans tre du

    formellement

    rvl

    ,

    n'est

    pas

    non

    plus de

    l'ordre des

    vrits naturelles,

    mais

    du

    virtuel-

    lement

    rvl

    , ou,

    comme

    dit

    saint Thomas, du

    rvlablQ.

    Et cela

    suffit

    marquer

    la

    Thologie

    une place

    part, unique,

    transcen-

    dante,

    parmi

    toutes les

    sciences

    humaines,

    dites,

    improprement et

    matriellement,

    thologiques.

    Cf.

    Summa

    theologica,

    P

    P.,

    q.

    I,

    a.

    1, 2,

    3;

    SCH^ZLER,

    Introd.

    in

    S.

    Theologiam,

    c. i,

    a.

    2,

    n.

    6;

    Jean

    DE

    Saint-Thomas,

    Cursus

    theoL, I

    P.,

    q.

    I,

    disp.

    H,

    a.

    n.

    H.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    21/417

    INTRODUCTIOiN. xiii

    que

    mme,

    les

    utilisant

    toutes,

    sans tre

    au

    service

    ou dans la dpendance

    d'aucune

    d'entre

    elles.

    La

    reconnaissance

    de

    cette

    autonomie,

    de

    cette

    transcendance

    et

    de cette matrise

    est

    le

    but

    sup-

    rieur auquel

    tendent

    les

    dmonstrations dont

    la

    srie

    constitue cet ouvrage.

    Il

    en

    rsultera,

    comme

    cons-

    quence

    pratique immdiate,

    que

    la

    Thologie,

    bien

    loin

    de

    constituer,

    comme on

    Ta dit,

    de

    l'extrins-

    cisme

    par rapport

    la

    vie

    chrtienne,

    est.

    au

    con-

    traire,

    une doctrine

    de

    pit

    et de

    religion

    surnatu-

    relles,

    quelle

    est capable,

    non

    seulement

    de

    nourrir,

    de

    dfendre

    et

    de

    fortifier

    la foi

    divine,

    ce

    principe

    premier

    de toute

    vie surnaturelle,

    mais

    mme

    de lui

    rendre son tour

    le service

    qu'elle

    en

    a

    reu,

    c'est--dire,

    suivant

    le

    mot

    hardi

    de

    saint

    Augustin,

    de

    l'engendrer'

    ,

    et

    d'enrichir

    ainsi le

    domaine

    de

    la

    charit

    et toute la vie

    spirituelle.

    II.

    Plan

    d'ensemble.

    Pour

    mener

    bonne

    fin le

    programme

    que

    je

    viens

    d'esquisser,

    deux

    points capitaux

    sont

    lucider.

    La

    thologie,

    c'est un fait

    notoire,

    a

    pour

    point

    de

    dpart

    immdiat

    la

    vrit

    de

    foi,

    c'est--dire le

    dogme

    catholique.

    C'est par

    le

    dogme

    donc qu'elle

    est en

    communication

    avec le

    Dpt

    de la

    Rvlation,

    ou

    donn

    rvl

    proprement

    dit;

    et

    c'est,

    en

    cons-

    quence,

    sous

    la forme

    du

    dogme,

    que le

    donn

    rvl

    influence

    spcifiquement

    les

    conclusions

    de

    la

    Tho-

    logie.

    Or, dans

    ce

    double

    trajet qui

    va

    du

    Donn

    im-

    mdiatement

    rvl au

    Dogme,

    et du

    Dogme

    aux

    1.

    De Trinitate, 1. XIV,

    c.

    i.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    22/417

    XIV

    INTRODUCTION.

    conclusions

    thologiques,

    sommes-nous

    surs

    et

    cer-

    tains

    que

    la

    valeur

    propre

    du

    point

    de dpart

    premier,

    c'est--dire

    l'autorit

    de

    la

    rvlation

    divine,

    conserve

    toute

    sa

    vigueur,

    toute

    sa

    puret,

    que

    ce

    double d-

    veloppement

    s'accomplit

    dans

    une

    continuit et

    une

    homognit

    parfaites?

    La

    chose

    est conteste

    de

    nos

    jours,

    pour

    l'un et

    pour

    l'autre

    parcours.

    Rsumant

    toutes

    les

    objections

    anciennes et

    les

    systmatisant,

    comme

    l'a

    si

    implacablement

    dvoil

    l'Encyclique

    Pascendi,

    le

    Modernisme

    s'est

    attaqu

    toutes

    et

    chacune

    des

    tapes

    qui

    jalonnent

    cette marche

    de

    la

    vrit

    rvle,

    depuis

    le moment o

    elle

    a

    jailli

    dans

    l'esprit

    humain

    sous

    l'action

    du

    Charisme

    rvlateur,

    jusqu'aux

    conclusions

    thologiques

    closes sous les

    dernires

    pressions

    de

    sa

    divine

    pousse,

    j ai

    nomm

    les

    conclusions

    des systmes

    thologiqiies.

    Rien

    n'a

    t

    nglig,

    rien n'a

    t

    pargn

    ;

    l'attaque a t

    mene

    fond, avec

    une vivacit

    passionne,

    un

    accent

    sou-

    vent

    austre,

    de

    bonne

    foi, religieux

    mme,

    une con-

    naissance

    consomme

    des

    ressorts

    psychologiques

    de

    l'art

    de

    la

    persuasion

    et

    de

    leur

    maniement,

    avec

    la

    magie

    d'un

    style sducteur,

    d'une

    littrature

    habile

    varier ses

    moyens

    de

    propagande,

    du

    roman

    l'orai-

    son

    funbre

    \

    enfin

    et

    surtout,

    avec

    le

    prestige

    d'une

    science,

    sinon

    toujours relle

    et

    profonde,

    en

    tout

    cas

    puise aux

    sources

    qui sont

    rputes

    faire

    autorit

    dans

    le

    monde

    intellectuel

    contemporain.

    Et

    il

    en

    est

    rsult, d'abord,

    que

    les Notions

    premires

    du

    Dogme,

    de

    la Rvlation

    et

    jusqu'

    celle de

    la

    Vrit

    humaine

    1.

    Oraisons

    funbres

    de

    la

    vieille glise,

    du

    vieux

    Dogme, de

    la

    Scolastique,

    etc.

    Celles

    de

    Bossuet

    ne

    sont

    plus qu'un mince

    ncrologe

    ct de ces innombrables

    amplifications

    sur la

    mort du

    pass

    catho-

    lique.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    23/417

    INTRODUCTION. xv

    (cet

    indispensable

    support

    de la

    rvlation

    et

    du

    dogme),

    se

    sont

    obscurcies

    dans

    bien

    des esprits,

    peu

    prpars par

    leur

    ducation

    thologique lmentaire

    de tels

    assauts; ensuite, que,

    dans beaucoup de

    consciences,

    se sont

    poss des

    problmes et

    des

    ques-

    tions

    :

    problmes

    de

    la

    possibilit

    et

    de

    la lgitimit

    du passage du

    Donn rvl au

    dogme

    dfini

    et

    dve-

    lopp

    :

    questions de la

    persistance

    de

    la donne r-

    vle

    dans

    la

    Thologie,

    des

    limites

    de

    cette

    per-

    sistance,

    de la

    nature

    enfin, humaine

    ou

    surnaturelle,

    de

    la Thologie.

    C'est en regard

    de ces

    difficults,

    et leur faisant

    face, que

    j'ai

    ordonn

    le

    plan de

    ce

    livre.

    I.

    Premire

    partie.

    Avant

    de

    montrer

    comment

    la

    Thologie

    trouve dans

    le

    Donn rvl son principe

    spcificateur,

    il fallait

    reconnatre

    le

    Donn

    rvl

    dans

    son essence

    propre. Il fallait

    aussi

    montrer

    que

    ce

    mme donn conserve

    toute

    sa valeur

    dans

    les

    assertions

    techniques ou

    dveloppes du dogme,

    qui

    sont

    le

    point

    de

    dpart

    immdiat

    de

    l'laboration

    thologique. C'est

    cette double tache que

    rpondent

    les deux

    livres

    qui

    se

    partagent

    la premire

    partie,

    consacre

    au

    Donn

    ri^l,

    et

    dont

    le

    premier

    s'occupe

    des

    Notions,

    le second

    des

    Problmes,

    division

    pa-

    rallle

    celle des deux

    premires

    divisions

    de mon

    essai

    sur la Crdibilit.

    1.

    Z/zVre

    premier.

    Les

    Notions

    relatives

    au

    Donn

    rvl

    sont au nombre

    de

    trois :

    l'affirmation

    humaine,

    la

    rvlation,

    le dogme.

    /

    Il

    semblera

    singulier, au

    premier

    abord,

    que

    Ton

    dbute

    par

    une

    dissertation

    purement

    philosophique

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    24/417

    XM

    INTRODUCTION.

    sur

    la

    nature

    de

    l'affirmation

    humaine.

    Les

    raisons

    d'tre de ce

    prambule sont

    cependant

    des

    plus

    faciles

    comprendre.

    Le

    donn

    rvl, s'il est

    divin

    dans sa

    cause,

    prend,

    dans

    la pense

    et

    la parole des

    hommes

    qui

    reoivent

    la

    rvlation ou

    la transmettent,

    la

    forme

    d'une

    affirmation

    humaine.

    Il

    est

    construit

    en

    concep-

    tions

    et

    en

    termes

    humains, il est soumis aux lois

    de

    la

    structure

    mentale

    humaine

    ^

    Pour

    que

    Ton puisse

    esprer

    voir

    la

    vrit

    rvle

    conserver

    son

    homog-

    nit

    travers

    toutes

    les

    phases

    de

    sa

    vie dans l'esprit

    humain,

    du

    donn

    rvl

    aux conclusions

    tholo-

    giques,

    il

    faut

    videmment que

    l'aflirmation humaine

    qui lui

    sert de

    support et

    comme

    de

    vhicule, soit

    ca-

    pable

    de

    cette

    constance,

    qu'il

    y

    ait

    en

    elle une

    capa-

    cit

    d'absolu

    chappant

    la

    mobilit

    de

    ses

    vne-

    ments

    historiques^.

    Ce

    caractre d'absolu a t

    dni

    l'affirmation

    humaine par

    nombre

    de

    philosophes

    modernes,

    et

    des

    modernistes se

    sont autoriss

    de

    cette

    ngation

    pour saper

    par

    la

    base la

    possibilit de

    la

    permanence,

    dans

    une

    signification

    substantielle-

    ment

    identique,

    de

    la

    vrit

    rvle.

    C'est

    l

    le

    motif

    de

    cette

    premire

    leon

    : V

    Affirmation

    humaine.

    Cette

    question

    prliminaire rsolue par

    l'affirmative,

    il

    est

    possible

    d'aborder

    ltude

    directe de ce qui

    cons-

    titue en

    propre

    le

    Donn rvl.

    C'est

    l'objet

    de

    la

    seconde

    division du

    premier

    livre,

    intitule La

    Rv-

    lation.

    On

    a

    essay

    d'y

    montrer

    comment

    Dieu,

    par

    un

    charisme

    spcial,

    s'empare

    de

    la

    capacit

    d'affir-

    mation

    absolue

    du prophte, et

    la

    fait servir

    expri-

    1.

    cf.

    Sum7na theologica, U^

    U'^,

    q.

    I.

    a.

    -2.

    2.

    La

    religion

    a

    besoin

    pour tre

    entendue

    correctement,

    d'un

    certain nombre de

    principes rationnels

    ,

    dit

    judicieusement

    l'auteur

    du

    Programme

    d'Etudes

    de

    la

    Revue

    de Philosophie,

    mai

    1908.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    25/417

    INTRODUCTION.

    xvii

    mer,

    dans

    des

    ides

    et

    dans une

    langue

    humaines,

    les

    vrits

    divines

    qui sont Tobjet

    propre

    de la

    science

    divine.

    Le

    donn

    rvl

    se

    trouve

    ainsi

    dou

    d'un

    double

    caractre

    d'absolu, celui qui lui revient

    du

    fait

    de

    sa

    nature d'affirmation humaine vraie

    et

    celui

    que

    lui apporte la garantie divine

    de

    la

    rvlation.

    Il

    a

    toutes

    les

    conditions requises

    pour

    tre

    transmis,

    sans

    changer substantiellement,

    tant

    dans

    sa

    signification

    humaine

    que

    dans

    sa valeur

    divine,

    aux

    membres

    fu-

    turs

    de la Socit

    ecclsiastique.

    Mais

    ce

    n'est pas avec

    le

    donn

    rvl,

    tel qu'il

    est

    sorti

    de l'action

    de

    Dieu,

    c'est

    avec

    le

    Dogme,

    c'est--

    dire avec

    la forme

    d'affirmation

    officielle

    de ce

    donn,

    qui nous est

    transmise

    par l'Eglise,

    que la

    Thologie

    est

    en

    contact

    immdiat.

    Or,

    le

    Donn

    rvl,

    par

    le

    fait

    mme

    de

    sa dfinition

    comme

    dogme,

    de sa

    for-

    mulation

    en noncs

    prcis, souvent

    techniques

    et

    engags, semble-t-il, dans

    les ides

    des

    poques qu'il

    a

    traverses, est souponn

    par

    quelques-uns,

    parmi

    ceux-l

    mmes

    qui

    reconnaissent

    le

    droit

    de

    l'glise

    le

    dfinir

    authentiquem.ent,

    de

    ne

    plus

    tre

    un

    substi-

    tut quivalent de la

    pure

    parole

    de Dieu. Il

    fallait

    donc

    en claircir la

    notion

    exacte et.

    ce faisant,

    manifester

    son

    homognit

    substantielle

    avec le donn

    primitif.

    Avec

    cette troisime

    tude

    se

    termine

    le

    premier livre

    de

    la

    premire

    partie, consacr

    aux

    Notions.

    2.

    Lw-e

    second.

    A

    l'tude

    des

    Notions

    succde

    l'examen

    des

    Problmes

    concernant

    le Donn rvl.

    C'est

    l'objet

    du second

    livre

    de cette

    mme

    premire

    partie.

    L'un

    de ces

    problmes

    concerne

    la

    possibilit

    mme

    de

    se

    servir

    du

    dogme,

    des

    vrits rvles,

    et

    jusque

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    26/417

    iviu

    INTRODUCTION.

    de raffrmation

    humaine,

    philosophique

    ou

    de

    sens

    commun, pour .exprimer

    les ralits

    divines

    avec

    un

    rendu

    suffisant

    pour

    que

    Ton

    puisse

    s'en

    faire

    une

    ide

    ivraie,

    et

    surtout

    que

    l'on

    puisse oprer,

    comme

    disent les

    mathmaticiens,

    avec des

    lments

    aussi

    imparfaits. S'il

    y

    avait l une

    impossibilit

    relle

    et

    dfinitive, c'en serait

    fait

    de

    toute doctrine

    spcu-

    lative touchant

    les

    ralits divines,

    et, plus

    forte

    raison,

    de

    la

    thologie,

    dont

    la

    tche

    propre

    est

    pr-

    cisment

    d'oprer avec les

    formules

    de son Donn,

    de

    les

    mettre

    en relation entre

    elles

    ou avec

    des

    vrits

    de

    Tordre naturel, pour

    en

    tirer,

    par

    le

    moyen

    de la

    logique rationnelle,

    des conclusions

    vraies

    et

    qui

    tendent

    notre

    connaissance

    de la

    divinit.

    Dans

    la

    premire

    section

    du deuxime

    livre

    nous

    nous

    sommes

    efforcs

    de

    montrer

    que le

    procd analo-

    gique

    nous met

    en

    possession d'un

    moyen

    efficace

    de

    proportionnement

    de

    notre

    intelligence

    une

    con-

    naissance vraie

    du

    Divin. Cette connaissance

    possde

    une signification

    suffisamment

    rigide

    pour que ses

    noncs

    puissent

    entrer

    dans

    les

    changes

    intellec-

    tuels

    de la dialectique

    rationnelle.

    On

    aboutit ainsi,

    au terme des raisonnements,

    des

    conclusions doues

    de la

    mme

    et

    fixe valeur

    de

    signification

    et

    d'expres-

    sion du

    Divin

    que leurs

    principes

    eux-mmes.

    L'autre problme concerne

    le

    fait

    de

    l'annexion

    au

    dogme

    dfini

    de

    certains

    d^^eloppemenls des

    noncs

    primitifs,

    qui ne

    se

    trouvaient

    ni

    explicitement,

    ni

    mme

    formellement compris dans la

    teneur

    du

    Dpt

    de la

    rvlation.

    Il ne

    s'agit

    plus

    ici

    seulement

    d'une

    volution

    de

    termes;

    le contenu

    lui-mme

    est,

    d'une

    certaine

    manire,

    neuf.

    Il

    n'tait

    contenu

    que

    virtuel-

    lement

    dans le

    donn

    rvl;

    il

    est

    exprim formelle-

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    27/417

    INTRODUCTION.

    \ix

    ment

    dans

    le dogme

    dfini.

    La thologie,

    au

    moment

    o

    elle

    s'abouche

    ces

    dveloppements

    qui

    consti-

    tuent

    une

    part

    de

    sa

    mise

    de

    fonds

    premire,

    de

    son

    donn brut

    (puisque c'est au

    Dogme,

    quel qu'il

    soit,

    qu'elle

    s'origine), suppose que leur

    homognit

    avec

    la vrit

    rvle

    a t

    dfendue

    et

    justifie.

    Et

    c'est

    la

    raison

    de

    la deuxime section

    de

    la

    premire partie

    de

    cet

    ouvrage,

    le Dveloppement du

    Dogme.

    il.

    Deuxime

    partie,

    La deuxime

    partie

    traite

    de la

    nature essentielle

    de

    la

    thologie

    et

    de

    sa

    dis-

    tinction

    d'avec

    les disciplines

    connexes. Elle

    contient

    quatre

    leons

    :

    1

    Le

    donn

    thologique

    ;

    2

    La science

    thologique

    ;

    3

    Les systmes

    thologiques

    ;

    4

    Ce

    que

    doit

    tre

    pour

    nous

    saint

    Thomas

    d'Aquin.

    Justifions

    cette

    division.

    La

    thologie,

    ai-je

    dit,

    rencontre

    tout son donn

    dans

    la

    rvlation et

    le dogme. Il semble

    donc

    inutile,

    premire

    vue,

    d'instituer

    une tude

    spciale

    du

    donn

    thologiqiie.

    Mais procder ainsi serait

    se r-

    duire

    volontairement,

    en fait

    de lumires

    sur

    l'objet

    de

    la

    Thologie,

    la

    portion

    congrue.

    La

    thologie

    catholique

    a

    la prtention

    d'tre

    une science,

    et

    toute

    science,

    pour

    tre intgrale, rclame

    un

    inventaire

    scientifique

    de son

    donn.

    De

    l

    cette premire

    leon.

    On

    y

    rfute

    deux

    conceptions de

    la

    mise-en-tat

    scientifique

    du

    donn thologique

    qui

    compromettent

    son homognit

    avec

    le

    donn

    dogmatique

    et,

    par

    suite,

    avec

    le

    donn

    rvl

    lui-mme

    :

    J'ai

    nomm

    la

    conception

    du

    donn thologique

    naturel,

    fond

    sur

    la foi scientifique rsultant

    des

    dmonstrations

    apo-

    logtiques

    \

    et

    celle du

    donn

    thologique

    5c/e/i^//?-

    \.

    Cf. La

    Crdibilit et

    VApologtique,

    p

    150.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    28/417

    xx

    INTRODUCTION.

    que^

    qui,

    sous

    prtexte

    de

    mettre

    le

    donn

    thologique

    en relation

    plus rigoureuse avec le donn

    rvl,

    abou-

    tit

    faire

    de la

    thologie

    une

    dpendance

    des

    sciences

    humaines.

    J'explique, dans cette

    tude,

    comment,

    tout

    en ouvrant

    largement

    la porte

    toutes

    les contri-

    butions scientifiques

    dignes

    de

    ce

    nom,

    on

    peut par-

    faitement

    maintenir

    le

    donn thologique

    dans la

    dpendance

    du

    seul

    donn

    rvl;

    et

    quel

    est

    le

    vritable

    rle

    des

    sciences

    critiques

    et

    documentaires

    dans

    l'tablissement

    de

    l'inventaire dogmatique int-

    gral

    que

    constitue le donn thologique.

    La

    conclu-

    sion

    est que

    la

    thologie

    peut

    oprer

    avec le

    donn

    thologique

    ainsi entendu, assure d'utiliser

    le

    donn

    rvl

    lui-mme.

    Elle

    le

    fait de

    deux manires

    qui

    caractrisent, res-

    pectivement,

    la

    science

    thologique et les

    systmes

    thologiques,

    tudis

    dans

    les deux

    sections

    qui sui-

    vent.

    Pour prolonger

    le donn

    thologique,

    en

    dvelop-

    pant

    ses

    virtualits

    dans

    des conclusions

    qui

    les

    ex-

    plicitent,

    la Science thologique prend soin

    de n'uti-

    liser que des

    instruments scientifiques

    de valeur

    absolue.

    Ce

    sont,

    sans compter

    la

    forme

    logique ri-

    goureuse

    du raisonnement,

    des

    principes

    rationnels

    vidents, des vrits

    de

    sens commun

    incontestes,

    des

    points

    de

    vue

    gnrateurs de

    sa

    synthse

    scienti-

    fique

    qui

    ne

    font

    pas difficult

    en

    raison,

    ou qui

    sont

    emprunts

    aux

    donnes les plus effectives de l'objet

    de

    foi.

    Les Systmes

    thologiques,

    au

    contraire,

    trou-

    vant

    occupes par la

    science thologique

    toutes les

    positions

    apodictiquement

    dmontrables

    de

    la

    tholo-

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    29/417

    INTRODUCTION.

    xxi

    gie,

    doivent

    se tailler

    une province

    dans

    la rgion

    des

    hypothses.

    Leur but

    est de

    remplir

    les

    parties

    laisses

    en blanc,

    pour

    ainsi dire,

    par

    la science.

    C'est

    l

    une

    tche

    qui

    a sa

    grandeur

    et

    son utilit,

    comme

    je

    l'ai

    fait

    observer

    ailleurs,

    propos

    d'une

    discipline analogue,

    la

    Dialectique

    ^

    Mais c'est ce-

    pendant

    une tche

    secondaire.

    Aussi,

    doit-on excuser

    les

    systmes

    thologiques

    d'introduire parmi les

    ins-

    truments

    de

    connaissance

    apodictique, qui

    relvent

    en

    propre

    de la

    science,

    des

    instruments

    de

    moindre

    efficacit,

    propositions

    probables

    ou

    hypothses,

    que

    Ton peut

    discuter

    sans

    se

    mettre

    dos

    la

    foi

    ou

    la

    philosophie.

    tablir qu'en

    dpit du

    logicisme des

    procds,

    du

    caractre

    naturel,

    extrinsciste,

    si

    l'on

    peut

    dire,

    des

    propositions

    et

    des

    hypothses

    rationnelles

    utilises,

    en

    un mot, de ce

    qu'il

    semble

    y

    avoir

    d'artificiel

    dans

    toute

    systmatisation

    doctrinale

    d'ensemble, les

    con-

    clusions de la

    science

    thologique

    expriment

    une

    part,

    jusque-l

    inconnue,

    de cette

    ralit

    surnaturelle

    dont

    la

    rvlation

    globale a

    t

    dpose

    dans

    le

    Donn

    primitif,

    tel

    est

    le

    but

    de

    ma

    leon

    sur

    la

    Science

    thologique.

    Dans

    la

    leon

    sur

    les

    Systmes,

    au

    contraire, je

    fais surtout

    uvre

    de

    rhabilitation.

    Je

    montre

    leur

    rle

    la

    suite

    de

    celui

    de

    la

    Science

    thologique,

    je

    plaide

    leur

    innocuit

    et les

    services

    qu'ils

    rendent,

    je

    fais

    valoir

    la

    ncessit

    psycholo-

    gique

    qui en rend

    fatale

    l'existence.

    Cependant,

    passant de

    la

    dfense

    l'attaque,

    j'essaie

    de

    mettre

    en

    vidence, la

    limite

    suprieure

    des

    efforts

    inga-

    lement russis

    que

    tentent

    les

    systmes

    pour

    s'galer

    au

    divin

    contenu

    du

    Donn

    thologique,

    l'existence

    1.

    La

    notion

    du

    Lieu

    thologique,

    p.

    10.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    30/417

    XIII

    INTRODUCTION.

    de

    systmes

    de premire grandeur,

    construits

    d'une

    seule

    venue avec.une

    ide

    toute

    simple et

    toute

    grande,

    qui

    rayonne

    sur

    l'ensemble

    du

    savoir

    thologique

    im-

    perturbablement. Je

    salue,

    au

    premier rang

    de ces

    systmes

    de

    race vraiment thologique,

    ceux

    qui

    prennent comme

    point

    de

    vue rgulateur de

    leurs

    synthses,

    l'Ide mme

    de Dieu que nous donne

    la

    Rvlation,

    saisie

    et

    assimile

    avec

    l'un des concepts

    mtaphysiques

    les

    plus

    appropris

    l'expression

    du

    divin.

    C'est

    le

    Bien,

    estime

    saint

    Augustin;

    saint

    Thomas

    tient

    pour

    VEtre.

    Un pas de

    plus,

    et

    le sys-

    tme dont l'hypothse, dfinitivement

    justifie

    devant

    la

    raison,

    fera

    rayonner

    souverainement

    le

    critre

    homogne

    de cette

    ide

    de

    Dieu sur toutes

    les

    con-

    clusions

    qu'il

    organise en

    synthse,

    ralisera

    le

    maxi-

    mum

    d'homognit

    avec

    le donn

    rvl,

    dont cette

    ide est l'ide-mre. Il

    concidera, en

    tant

    que

    sjti-

    thse,

    avec

    la Science

    thologique.

    Cette

    russite

    ma-

    jeure

    excuse

    l'imperfection

    des systmes

    demeurs

    en

    route.

    L'arbre

    gant

    des

    forts

    n'aurait

    jamais

    pu

    lever

    sa

    cime

    sublime,

    si,

    avant

    lui,

    et

    autour

    de

    lui,

    d'autres arbres de moindre avenir

    n'avaient,

    en suc-

    combant la

    tche,

    accumul

    l'humus nourricier.

    Jusqu'ici,

    nous

    avons raisonn

    dans l'abstrait

    de

    la

    science.

    Or,

    les exemples,

    pour

    beaucoup, sont

    plus

    dcisifs

    que

    les

    raisonnements

    :

    Exempta

    trahunt.

    C'est

    le

    motif

    pour lequel

    je

    fais succder

    la preuve

    en

    forme

    de

    l'homognit

    de la

    thologie

    et

    du

    donn

    rvl,

    suppose

    acquise

    et

    classe,

    l'examen

    d'une

    thologie

    concrtement

    existante,

    o

    tous

    les

    lments

    que

    nous

    avons

    reconnus

    concourir

    la

    dite homognit

    se retrouveront

    vivants,

    agissants,

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    31/417

    INTRODUCTION.

    ixni

    dans

    leur

    plein

    exercice

    de

    facteurs d'homognit,

    Je

    n'avais

    pas

    choisir cette

    thologie.

    L'glise,

    par

    lorgane

    contemporain

    de

    Lon

    XllI

    et

    de

    Pie

    X,

    l'a

    choisie pour

    nous.

    Il

    est

    vrai,

    la

    parole

    des

    papes

    reste

    incomprhensible

    nombre

    d'es-

    prits.

    Il

    est

    plus

    frquent

    d'entendre

    affirmer,

    dans

    certains

    milieux

    thologiques,

    ce que

    doit

    ne

    pas

    tre

    saint

    Thomas,

    que

    ce

    qu'il doit

    tre.

    Raison

    de

    plus

    pour

    poser

    cette

    question

    :

    Que

    doit

    tre

    pour

    nous saint

    Thomas?

    J'ai essay d'y

    rpondre

    en

    manifestant

    la

    concidence,

    dans

    la

    thologie

    de

    saint

    Thomas,

    d'un donn

    thologique

    minent;

    d'une

    science

    thologique

    rigoureuse,

    dont les

    conclusions

    ont

    tout

    ce

    qu'il

    faut

    pour tre

    reconnues

    parfaite-

    ment

    homognes

    leur

    donn

    ;

    d'un

    systme

    thologi-

    que

    rgl,

    d'un bout

    l'autre,

    et

    comme

    imprgn

    par

    l'une de ces

    ides

    (la

    plus

    expressive,

    sans

    doute,

    de

    toutes)

    qui engendrent

    ces

    systmes

    typiques,

    que

    j'ai

    nomms

    plus

    haut

    des gants

    .

    La dmonstration est

    close,

    et

    l'antithse,

    entre

    le

    Donn

    rvl

    et

    la

    Thologie,

    qui ouvre

    cet

    ouvrage

    se

    fond dsormais en

    une

    quation synthtique,

    permet-

    tant

    au regard

    intellectuel

    de

    passer

    de

    l'un

    l'autre

    de ses termes

    sans

    solution

    de

    continuit,

    sans

    prouver la sensation

    de

    l'htrogne,

    avec

    une

    vue

    claire,

    au

    contraire,

    de

    la substantielle

    homognit

    de

    leur

    enchanement.

    A

    l'issue

    de

    cette

    dmonstration, la

    thologie

    se

    trouve

    classe

    comme

    doctrine

    sacre,

    comme

    science

    sotrique

    ,

    c'est--dire

    d'initi, de

    fidle, de

    ca-

    tholique.

    Comment

    ne

    serait-elle pas,

    ds

    lors,

    l'a-

    bri

    des

    entreprises

    des sciences

    naturelles,

    des

    in-

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    32/417

    XIV

    INTRODUCTION.

    croyants

    qui

    ignorent

    son

    essence

    surnaturelle

    et

    s'imaginent

    qu'ils

    la

    peuvent

    miner

    avec

    les

    dbiles

    outils

    de

    leur

    raison?

    Les

    deux

    buts

    viss,

    assainis-

    sement

    du

    domaine

    thologique,

    dtermination

    du

    concept

    exact

    de

    la

    thologie,

    sont

    atteints.

    Cependant,

    par

    del

    ce

    rsultat

    qui intresse sur-

    tout

    le

    thologien,

    le

    chrtien

    fidle

    qui

    vit sous

    le

    thologien,

    ou

    mieux,

    selon

    la

    logique de la con-

    clusion

    de

    ce

    livre,

    dans

    le

    thologien, prouve

    le besoin

    de

    faire

    part,

    ceux

    qui

    l'ont

    suivi

    jusqu'au

    bout,

    de

    la

    confidence

    d'une

    perspective

    entrevue,

    dun

    rsultat,

    en

    un

    sens,

    meilleur, parce

    que,

    tout

    extrinsque

    qu'il

    scit

    la recherche

    thologique,

    il

    touche

    la

    vie

    chrtienne

    elle-mme.

    C'est

    cette

    confidence

    que

    j'essaie

    de

    faire

    dans

    une

    dernire

    le-

    on

    qui

    forme

    comme

    une

    conclusion

    surnumraire,

    comme

    l'pilogue de

    l'ouvrage,

    et

    qui

    pourrait

    porter

    en

    exergue,

    l'adresse

    des

    chrtiens

    et

    des

    tholo-

    giens,

    qui veulent

    aller

    jusqu'

    la

    suprme

    dmar-

    che

    du

    dogme

    et

    de

    la

    thologie,

    ce

    mot

    du

    Christ

    la

    Samaritaine

    : Si

    scires

    doniim Deil

    Puisque

    la

    Thologie,

    le Dogme

    et

    le

    Donn

    rvl

    sont

    un,

    dans

    leur

    fond, c'est

    donc

    que

    l'on

    peut

    vivre

    du

    dogme

    et

    de

    la thologie

    C'est

    donc

    qu'ils

    se

    mprennent,

    ces

    faux

    prophtes,

    qui

    vont

    rptant

    que

    la

    Thologie

    scolastique

    n'a

    rien pour

    la

    vie

    in-

    trieure,

    qu'elle

    est

    un

    obstacle,

    une

    superftation,

    le

    dernier mot

    de

    l'extrinscisme

    en fait

    de

    vie

    re-

    ligieuse

    Pourrions-nous

    douter,

    d'ailleurs, de

    leur

    erreur,

    quand

    nous

    contemplons

    la saintet

    d'un

    Thomas

    d'Aquin

    ou

    d'un

    Bonaventure,

    la pit

    d'un

    Duns

    Scot,

    ou

    d'un

    Banez,

    le

    matre

    en

    divinit

    de

    sainte

    Thrse?

    Et

    c'est

    ici la

    conclusion

    de

    ce

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    33/417

    INTRODUCTION.

    xxv

    Cours,

    conclusion

    apologtique,

    autant

    que

    pratique,

    puisqu'elle

    rpond aux

    accusations

    des

    immanentis-

    tes

    en

    faisant valoir la

    valeur du

    Dogme

    et de

    la

    Thologie

    pour la vie

    surnaturelle.

    III.

    Esprit

    et

    mthode.

    Il

    est

    dcidment

    impossible, crivait

    rcemment

    M.

    Emile Boutroux

    *,

    un

    homme qui veut

    tre

    une

    personne,

    une

    conscience

    une

    et

    raisonnable,

    d'ad-

    mettre

    galement,

    sans les

    confronter

    l'un

    avec

    l'au-

    tre,

    les deux

    principes,

    science et

    religion,

    qui

    se

    disputent les intelligences.

    Oui, videmment, une mise

    en

    prsence

    s'impose,

    et

    Tapologiste

    chrtien

    ne saurait

    l'luder.

    Mais

    cette

    confrontation,

    en

    ce

    qui

    regarde

    la

    religion

    catholi-

    que,

    ne saurait

    aboutir

    qu'

    certaines

    conditions.

    La

    premire,

    c'est

    qu'il

    s'agira

    vraiment

    de la

    science,

    qu'au terme science,

    on

    ne

    substituera

    pas des

    opi-

    nions

    philosophiques ou religieuses,

    revtues

    d'appa-

    rences

    scientifiques,

    tels

    les

    placita

    du

    Modernisme.

    La

    seconde,

    c'est

    qu'il

    s'agira

    vraiment

    du

    catholi-

    cisme

    et non

    d'un

    concordisme,

    plus

    ou moins avou,

    entre

    certaines

    thories

    en

    faveur

    et la doctrine

    catholique.

    Science authentique, religion

    authentique,

    voil

    les

    termes vrais

    du

    problme.

    Certes, il doit

    y

    avoir

    conciliation,

    mais

    cette

    con-

    ciliation

    ne

    doit

    pas

    rsulter

    de

    l'enregistrement

    fatalement

    caduc de

    concordances

    prmatures,

    de

    l'amalgame

    de donnes

    htrognes,

    de

    concessions

    faites

    par

    un

    pseudo-catholicisme

    une

    science

    ia-

    1.

    Science et

    religion,

    p.

    3*o.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    34/417

    XXVI

    INTRODUCTION.

    fecte

    du

    viras

    moderniste. Nous

    ne voulons

    pas

    plus

    des

    concordances des

    couches

    gologiques

    avec

    le

    premier

    chapitre de la Gense,

    que

    de Texplication

    des

    catgories

    scolastiques

    par

    les

    hypothses

    des

    sciences

    physiques,

    que des

    synthses

    thologiques

    o

    voisinent

    saint Thomas

    et

    Auguste

    Sabatier.

    La

    conciliation est au

    prix

    d'une

    entre

    en posses-

    sion

    plus

    approfondie

    de

    la

    juste

    intelligence

    de

    chacun

    des

    termes

    opposs,

    science moderne et

    doctrine

    catholique.

    Ce

    sera

    l'uvre

    d'hommes

    sin-

    cres,

    convaincus,

    selon

    l'admirable

    parole

    de saint

    Thomas

    \

    qu'il

    est

    impossible de

    dmontrer

    le con-

    traire

    du vrai

    .

    L'approfondissement de chacun

    des termes

    de

    l'opposition devra se faire

    pour

    lui-

    mme, en regard du

    terme

    oppos. Chaque spcia-

    liste

    devra

    s'attacher

    faire

    sortir

    du

    terme

    de

    sa

    comptence

    : Religion ou

    Science,

    Critique

    ou

    Tho-

    logie,

    conformment aux

    lois

    constitutives

    de

    sa va-

    leur, des

    virtualits nouvelles,

    capables de se

    dve-

    lopper et de

    faire

    face aux

    rquisits

    lgitimes du

    terme

    corrlatif.

    Il

    se

    peut

    que

    la

    concidence

    n'clate

    pas

    du

    premier

    coup

    :

    il

    se

    peut

    mme que,

    sur certaines questions,

    des

    gnrations de

    travailleurs soient ncessaires

    pour

    mettre les

    choses au

    point; il

    peut

    arriver,

    tant est

    grand

    le mystre des

    choses,

    surtout du

    Di-

    vin,

    qu'on

    n'aboutisse

    sur

    bien

    des points

    qu' des

    solutions

    ngatives

    ou

    d'attente^.

    Quoi

    qu'il

    en

    soit,

    si

    la

    solution

    intgrale

    doit tre trouve,

    et,

    pour

    l'honneur

    de l'esprit

    humain

    et de

    la vrit

    catholi-

    que, elle doit

    l'tre

    dans une

    large

    mesure,

    ce

    sera

    1. Su7nma

    theologica,

    I

    P..

    q.

    I,

    a.

    8.

    2. Ibidem.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    35/417

    INTRODUCTION.

    xxvii

    par cette

    mthode

    d'approfondissement

    autonome,

    quoique

    corrlatif

    et

    parallle,

    des

    termes

    antinomi-

    ques,

    non

    par la

    mthode

    des

    concessions.

    C'est

    dans

    cet

    esprit

    que

    j'ai

    essay

    d'explorer

    un

    coin

    de ces vastes questions

    thologiques

    qu'a

    poses

    devant

    le

    catholique

    moderne

    la

    condamnation

    du

    Modernisme

    :

    L'homognit

    de

    la

    Rvlation

    ^ du

    Dogme

    et

    de la

    Thologie.

    Je

    n'apporte

    pas

    une

    nou-

    velle

    rfutation

    en

    rgle

    des

    positions

    errones

    sur

    ce sujet.

    Mon

    ambition

    est

    moins

    de

    rfuter

    le

    Mo-

    dernisme

    que

    d'essayer,

    sur

    le

    point

    choisi,

    de

    le

    remplacer.

    Et,

    conformment

    l'ide-programme

    que

    je viens

    d'exposer, j'ai

    tent

    cette

    entreprise,

    du

    ct

    o peut

    s'exercer

    directement

    ma

    comptence

    pro-

    pre,

    en

    me

    plaant

    donc,

    d'emble,

    au

    centre

    de

    la

    doctrine

    traditionnelle, en

    m'efforant

    de

    faire

    valoir

    ce

    que

    Brunetire

    et appel

    peut-tre

    sa

    modernit,

    et

    que

    je

    prfre

    nommer

    sa

    perptuelle

    et

    inbran-

    lable valeur

    humaine.

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    ERRATUM

    P.

    252,

    lig.

    D,

    au

    lieu

    de

    :

    Chamfort,

    lire

    :

    Leibniz.

    nONNE

    RLVKl. :

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  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    PREMIERE

    PARTIE

    LE

    DONN

    RVL

    LIVRE

    PREMIER

    LES

    NOTIONS

    I

    La

    question

    de

    la

    valeur

    de

    l'affirmation humaine

    semble

    trangre au

    sujet de ces

    leons

    :

    mais

    ce

    n'est

    l

    qu'une

    apparence. Les

    noncs rvls,

    en

    effet, le

    dogme,

    la

    thologie viennent se

    greffer

    sur

    l'esprit

    humain.

    Leur

    origine est

    divine;

    leur forme

    effective est

    celle

    d'affirmations

    humaines.

    Sans doute,

    si

    tout

    le

    monde s'entendait

    sur

    la

    porte

    de

    l'affir-

    mation

    humaine,

    nous

    pourrions nous

    dispenser

    de

    ces

    prolgomnes

    mtaphysiques,

    dont

    l'austrit

    n'est point

    approprie

    aux exigences

    d'une

    leon

    d'ou-

    verture.

    Mais

    peut-on

    hsiter

    en prsence de

    dclara-

    tions

    comme celles

    qui

    ont retenti

    durant

    ces

    der-

    nires

    annes

    et

    dont

    je

    vous

    demande la

    permission

    de

    relire

    avec

    vous

    quelques

    extraits?

    Si

    l'on

    sup-

    pose,

    a dit

    un

    critique

    bien

    connu,

    que la

    vrit,

    en

    i.

    Leon

    I.

    DONN

    RVL. 1

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    2

    LE

    DONNE REVELE.

    tant

    qu'accessible

    Tintelligence

    humaine,

    est

    quel-

    que chose d'absolu,

    que

    la

    rvlation a

    eu

    ce

    caractre

    et

    que

    le

    dogme

    y

    participe

    ;

    que

    ce

    n'est

    pas

    seule-

    ment

    l'objet

    de

    la

    connaissance qui

    est ternel et

    im-

    muable

    en

    soi,

    mais

    la

    forme

    que cette

    connaissance

    a

    prise

    dans l'histoire

    humaine,

    les

    assertions

    (du

    petit

    livre)

    sont

    plus

    que tmraires,

    elles

    sont

    absur-

    des

    et

    impies.

    Et

    voici

    les

    paroles

    d'un

    savant

    :

    Le

    grand

    dsaccord

    entre

    les

    Scolastiques

    et

    nous

    porte

    sur

    la notion

    mme de vrit.

    La

    leur

    est

    statique

    :

    ils se

    reprsentent

    la vrit

    comme une chose,

    ils lui

    accolent

    tout

    naturellement

    les pithtes

    :

    ternelle

    et

    immuable.

    Nous croyons, au contraire,

    que la vrit

    est vie, donc mouvement;

    croissance plutt

    que

    terme...

    Toute

    proposition,

    ds

    lors

    qu'on

    l'isole

    et

    qu'on

    l'arrache au

    courant de

    la

    pense, tout

    systme,

    ds lors

    qu'on

    le

    clt,

    et

    qu'ainsi

    on

    l'rig

    en absolu,

    par

    J

    mme

    deviennent erreur

    .

    Il est clair. Messieurs,

    que

    si

    je

    devais

    accepter ces

    arrts sur

    la

    valeur

    de

    l'affirmation humaine,

    je

    n'au-

    rais

    qu

    renoncer

    cette

    Dfense

    de

    l'homognit

    de

    la

    vrit

    rvle sous ses diverses

    formes

    d'affir-

    mation.

    Il

    est donc indispensable, avant

    d'entreprendre

    notre

    uvre apologtique,

    de

    nous donner

    un

    esprit

    humain

    :

    j'emploie

    dessein,

    bien

    qu'

    regret cette

    expression.

    A

    dessein,

    parce

    que,

    pour

    traiter

    honn-

    tement

    cette

    question

    d'pistmologie,

    ce

    n'est

    pas

    une

    leon

    qu'il faudrait,

    mais quelque

    vingt

    ou trente.

    A

    la

    lettre donc,

    et quelle

    que

    soit la

    valeur des preuves

    que

    j'esquisserai,

    aux yeux

    de

    ceux

    qui

    savent,

    je me

    donnerai

    un

    esprit

    humain.

    A

    regret, d'a-

    bord,

    parce que la

    brivet

    amne

    la

    concentration

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    L'AFFIRMATION

    HUMAINE.

    3

    des

    ides,

    laquelle

    est

    rennemie des

    clarts

    faciles.

    Ensuite,

    pour

    cette

    raison

    que

    donnait

    rcemment

    le

    Rdacteur

    du

    programme

    d'tudes,

    si

    bien compris,

    que

    vient

    de

    publier la Reue

    de

    Philosophie

    \

    sa-

    voir

    que,

    dans

    l'tude

    du

    problme de

    la connais-

    sance,

    rien ne

    doit

    inspirer

    plus

    de

    mfiance que

    les

    solutions

    en

    bloc.

    Il

    est

    vrai que Ton citait,

    Tappui,

    ce mot

    de

    Fustel

    de

    Coulanges, de nature

    rassurer

    plutt

    un

    tudiant en

    philosophie depuis longtemps

    jubilaire

    :

    Une

    vie

    d'analyse

    pour une

    heure

    de

    synthse.

    Voici,

    rsumes

    en

    deux

    assertions

    fondamentales,

    les ides

    que

    j'ai

    l'intention

    de

    proposer

    votre

    exa-

    men

    dans cette premire

    leon.

    I.

    Tout

    homme

    affirme

    sans cesse. C'est

    un

    fait

    d'histoire naturelle humaine.

    L'affirmation

    est

    dans

    la

    nature

    de

    Thomme. Or,

    ce

    fait,

    si

    on le

    prend

    dans

    toute

    sa gnralit, c'est--dire

    comme

    le

    fait

    pur

    et

    simple

    d'affirmer,

    n'est

    explicable, n'a

    de

    sens

    que

    s'il

    existe

    une

    Ralit

    absolue,

    la

    ralit

    de

    l'tre.

    II.

    Nos

    affirmations

    concrtes, dont

    le

    dtail

    cons-

    titue le

    plus clair

    et

    le plus important

    de

    notre

    vie

    mentale

    effective,

    sont

    comme

    un effort

    pour

    incor-

    porer,

    disons mieux, pour

    restituer, en

    connaissance

    de

    cause,

    les

    objets

    de

    notre

    intuition

    sensible,

    ou

    que

    nous

    abstrayons

    de

    notre

    intuition sensible,

    l'absolu

    de

    ce

    rel

    premier.

    Cet

    effort

    n'aboutit parfois qu'

    des

    russites

    incompltes : c'est le

    cas

    des lois

    exp-

    rimentales,

    dites lois

    scientifiques;

    d'autres

    fois,

    il

    aboutit

    vraiment;

    mais

    le

    rsultat

    obtenu

    ne

    se

    justi-

    1.

    Mai

    1908,

    p.

    449.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    4 LE

    DONNE

    REVELE.

    fie

    pas ncessairement

    : c'est le

    cas

    des

    vrits de fait,

    de sens

    commun

    exprimental

    qui

    visent les

    ralits

    contingentes

    en

    elles-mmes;

    dans

    certains cas,

    en-

    fin, la

    jonction

    avec l'absolu

    est

    parfaitement

    ralise

    :

    cas des vrits

    mtaphysiques,

    des faits

    et

    des

    vrits

    de

    sens commun

    intellectuel,

    qui le

    sont

    effectivement.

    Le

    corollaire

    oblig

    de ces

    deux

    assertions,

    sera

    que, dans

    la

    mesure

    o

    notre

    effort russit, nous

    pou-

    vons

    parler

    d'absolu

    dans

    nos

    affirmations

    et

    dans

    la

    vrit

    qu'elles

    dveloppent.

    D'un bout l'autre de ces

    leons,

    nous

    ne ferons

    que poursuivre

    l'application

    de

    ce corollaire

    aux

    diffrentes

    formes

    d'affirmation

    dans

    lesquelles

    s'exprime le

    Donn

    rvl.

    I.

    L'affirmation

    humaine,

    en

    gnral,

    suppose

    et

    vise un

    Rel

    absolu.

    La

    seule

    signification

    que

    l'on

    puisse

    donner

    au

    fait

    universel

    de

    l'affirmation

    humaine,

    c'est que

    nous

    nous

    estimons

    capables,

    dans

    une

    mesure du

    moins,

    de saisir

    le

    rel.

    Devant

    la

    conscience humaine, seul

    juge

    possible

    de

    ce

    qui

    se

    passe

    en elle, l'affirma-

    tion

    n'est

    rien, si

    elle

    n'est

    saisie

    du

    rel*.

    Mais,

    qui

    osera,

    sans

    sourire

    de la

    contradiction o il s'engage,

    soutenir

    qu'elle

    n'est

    rien? Nier

    toute

    valeur

    raliste

    l'affirmation

    humaine, c'est

    se

    condamner

    ne pas

    affirmer,

    et donc

    retirer

    la

    ngation

    mme que

    l'on

    fait

    de

    la

    valeur

    de

    l'affirmation;

    c'est

    consentir

    ne

    voir

    prter

    aucune

    attention

    ses

    discours

    ;

    et je

    ne sache

    pas

    qu'aucun

    sceptique,

    aucun partisan

    de

    la

    vrit

    libre

    se

    soit

    condamn

    jusqu'ici au

    silence.

    Tout

    au contraire

    ;

    dans les

    derniers dbats,

    certains

    1.

    Cf.

    F.

    Blanche, La

    Notion de

    vrit

    dans le

    Pragmatisme.

    Revue

    de Philosophie,

    juillet

    1909,

    p.

    17

    et

    suiv.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    L'AFFIRMATION

    HUMAINE.

    5

    tenants

    de

    la

    vrit

    libre avaient

    le

    verbe

    si

    haut,

    que

    Ton

    n'entendait plus qu'eux.

    Qu'eiit-ce

    t,

    grands

    dieux,

    s'ils

    eussent

    cru

    la

    vrit

    obligatoire

    Ce que l'on peut

    discuter,

    et

    ce

    que

    l'on

    discute,

    c'est

    le

    sens donner au mot Rel. Est-il

    un

    absolu

    d'existence?

    S'identifie-t-il

    avec

    la

    pense, considre

    comme

    action

    vitale?

    Est-il

    la

    ncessit

    idale

    qui

    rgle

    l'accord

    logique

    de nos reprsentations?

    Sui-

    vons,

    un

    instant,

    si

    vous

    le

    voulez

    bien,

    ces

    diff-

    rentes conceptions.

    1.

    Et d'abord, le

    rel que nous prtendons

    saisir

    par

    l'affirmation,

    est-il un absolu

    d'existence,

    htro-

    gne

    l'action

    de

    penser,

    une

    chose

    en

    soi,

    spatia-

    lement

    distincte

    de

    notre

    pense

    vivante,

    un

    au-del

    de

    la pense?

    C'est

    ordinairement,

    sous

    les

    espces

    de cette

    caricature,

    que

    certains

    partisans

    de

    la

    phi-

    losophie

    nouvelle reprsentent

    la

    conception

    de l'objet

    de

    l'intelligence

    selon

    les scolastiques. Divertissement

    innocent,

    qui a tout

    juste

    la

    porte

    de

    ces

    travestis-

    sements

    que

    l'on

    fait subir

    aux

    personnages

    d'un

    jeu

    de massacre pour

    donner plus

    de

    cur

    aux

    amateurs

    dsireux

    de

    les pourfendre.

    Si cette navet

    tait effectivement

    le

    dernier mot

    de

    la

    conception

    traditionnelle, j'imagine

    que

    tant

    de

    grands

    esprits

    dogmatiques, d'Aristote

    Leibniz,

    en passant

    par

    saint

    Thomas, n'auraient pas laiss

    de s'en

    aperce-

    voir.

    Disons donc que,

    bien

    loin

    d'tre tranger

    et

    extrinsque

    la pense, l'tre,

    condition

    de l'affirma-

    tion, lui

    est

    intimement

    prsent,

    que,

    ds son premier

    veil, la

    pense affirmante

    se

    voit

    suspendue lui,

    comme

    la condition

    mme

    de

    sa mise

    en

    exercice,

    puisqu'elle ne

    saurait

    affirmer,

    qu'en

    prononant un

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    44/417

    6

    LE

    DONNE

    REVELE.

    Oui

    ou

    un

    Non^

    et

    que

    son Oui

    ou

    son

    Non

    n'a

    de valeur

    qu'autant

    qu'il dit

    Ce

    qui

    est.

    L'Etre

    n'est

    donc

    pas

    une

    chose

    en

    soi

    trangre

    notre

    activit

    pensante,

    mais une

    chose qui

    a son

    chez^soi

    chez

    nous,

    et

    cela

    primitivement,

    comme

    il

    appert ds

    notre

    toute

    premire

    intuition

    effective, dont il rem-

    plit

    d'emble

    tout l'horizon, c'est

    une

    ralit

    objec-

    tie qui

    fait corps,

    d'une

    certaine faon,

    avec

    l'esprit

    mme.

    2.

    Mais

    alors, si

    cette

    ralit

    objective

    de l'tre

    fait

    corps avec

    la

    pense, ne serait-elle pas

    l'acte

    de

    penser

    lui-mme,

    ou

    du moins son

    produit,

    sa

    pro-

    jection, quelque

    chose

    comme

    un

    premier dcret,

    tabli

    dans

    l'origine pour

    des

    raisons de

    simplifica-

    tion,

    de

    commodit,

    pass

    dans

    la

    suite

    par

    la

    force

    de

    l'habitude au rang de rgle, de

    norme (toujours

    relative au

    fond)

    des

    dmarches

    ultrieures

    de

    l'es-

    prit?

    En

    sorte que

    la

    seule ralit absolue demeu-

    rante ne

    soit

    autre que la pense-action,

    dsormais

    affranchie de

    toute

    ncessit contraignante,

    puisque

    ses

    ncessits

    ne

    sont

    que

    des

    accoutumances,

    ses

    principes

    directeurs

    des points de

    vue facultatifs,

    absolument

    libre donc,

    et

    marchant

    la

    vrit,

    c'est-

    -dire

    la

    ralisation

    plus plnirc d'elle-mme,

    coup d'affirmations cratrices?

    Il ne le

    semble

    pas,

    car

    sans

    relever

    l'tranget de

    cet

    accouplement

    s^rit

    libre,

    vrit

    cre

    de

    toutes

    pices

    qui

    dsignent,

    si

    je ne

    me

    trompe,

    ce

    que,

    bonnement, nous

    entendions

    jusqu'ici par

    mensonge,

    une telle

    explication de

    la

    pense af-

    firmatrice

    est sa ngation

    mme.

    Lorsque

    j'affirme,

    j'entends

    me

    prononcer, par Oui

    ou

    par Non,

    sur

    Ce qui est

    tout

    simplement, je n'entends pas dcider

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

    45/417

    L'AFFIRMATION

    HUMAINE. 7

    de

    ce

    qui

    est,

    sous

    condition,

    et

    par

    hypothse,

    en

    vertu

    d'une

    convention

    librement

    dcrte.

    Si

    je

    soup-

    onnais la

    moindre

    hypothse

    dans

    la constitution

    de

    cette

    rgle

    premire de

    mon

    affirmation,

    je de-

    vrais

    dire

    :

    peut-tre,

    et

    non pas

    :

    Oui ou

    Noriy

    comme je

    le

    dis

    cependant,

    comme

    tous

    le

    disent,

    y

    compris

    les

    sceptiques...

    qui

    affirment.

    Si

    je

    soup-

    onnais

    que

    la

    rgle

    de

    mes

    affirmations ft

    cre de

    toutes

    pices,

    je

    me

    tairais

    tout

    fait,

    et

    pour

    toujours.

    Eh

    bien,

    me

    dira-t-on, si

    vous ne

    souponnez rien,

    tant

    pis

    pour vous

    Vous

    vous

    mprenez sur

    le sens

    de

    votre

    affirmation,

    voil

    tout

    Fort bien,

    mais

    comment donc,

    votre

    tour,

    pouvez-vous

    affirmer

    que

    je

    me

    trompe,

    et

    que

    ce

    n'est pas vous

    qui

    vous

    leurrez,

    sinon

    parce

    que,

    en

    dpit

    de

    vous-mme,

    pose

    en soutien de

    votre

    affirmation,

    l'intuition de

    ce

    qui

    est,

    absolument,

    obligatoirement

    et

    non pas

    par

    libre

    hypothse?

    La

    nature

    soutient

    la

    raison im-

    puissante

    et

    l'empche

    d'extravaguer

    jusque-l,

    di-

    sait Pascal.

    Je

    sais bien que

    vous avez chang

    tout

    cela.

    Il

    n'y

    a

    plus

    de

    natures.

    Vous

    les

    avez

    rem-

    places par des

    crations de vrit;

    mais, chose

    sin-

    gulire, ces

    crations ne se

    peuvent

    affirmer

    et

    produire qu'en se

    reprant sur

    le

    vieux

    systme na-

    turiste.

    Vous

    avez absorb

    la

    ralit

    rgulatrice de

    l'tre dans les

    dcrets

    libres

    de

    la

    pense

    action.

    C'est

    bien

    fini.

    L'Absolu

    est

    mort...

    Mais

    regardez-le

    donc,

    agissant sur

    votre

    propre

    esprit, s'exasprant

    la

    moindre contradiction

    ejcigeant,

    au sein

    mme

    de

    votre prtendue immanence

    dominant

    par

    son

    in-

    fluence,

    de

    caractre

    normatif,

    partant

    autonome et

    indpendant, vos soi-disant

    crations

    de

    vrit.

    Mais,

    mon

    ami, votre

    mort...

    parle

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    8

    LE

    DONNE

    REVELE.

    3.

    Une

    troisime position

    est possible

    : entre

    l'-

    tre,

    absolu

    d'.existence et

    l'tre,

    cration

    libre

    de la

    pense-action,

    il

    y

    a

    l'tre

    idal,

    dont

    toute

    la

    ralit

    comme

    existence est

    la

    ralit

    mme

    de

    l'esprit, mais

    qui

    s'en

    distingue, dit-on, comme

    la norme

    se

    dis-

    tingue

    de

    l'activit

    rgle.

    Ce

    qui

    est

    n'est

    plus

    une

    ralit objective

    en soi, mais

    un

    principe

    rgulateur

    :

    le

    principe

    d'identit

    et ses

    drivs.

    C'est un

    absolu,

    mais

    il

    est

    absolu,

    de

    l'absolu

    de

    l'esprit

    qui

    le

    pose

    ncessairement,

    comme la loi immanente

    sa

    struc-

    ture,

    et

    la

    rgle de

    toutes

    ses affirmations.

    La valeur

    catgorique est conserve

    celles-ci,

    mais

    elle

    est

    cependant

    conditionne, non plus

    par

    les

    dcrets

    li-

    bres,

    mais par le dclanchement fatal

    de

    l'esprit.

    Nous

    n'affirmons,

    au

    fond,

    que

    nos

    ncessits

    intel-

    lectuelles.

    Fort bien,

    mais

    comment savez-vous

    donc

    qu'existe cet

    esprit

    sur

    lequel

    vous

    vous ap-

    puyez?

    Par la

    conscience

    intime?

    Cogito

    ei-go sumP

    Doucement.

    Cogito,

    soit

    mais, sum?

    Ce

    n'est

    pas

    la mme chose. Vous

    avez conscience

    de

    penser,

    mais

    qui

    vous

    assure

    que

    la

    pense

    est

    relle,

    du

    fait

    de

    la pense ou

    de la conscience que vous

    en

    avez?

    ne

    serait-ce pas

    que

    vous

    vous

    tes donn

    subreptice-

    ment

    l'intuition

    de

    l'tre? Comment

    pouvez-vous

    affirmer

    que

    la

    pense

    est,

    sinon

    parce

    que vous

    savez

    dj

    que

    quelque chose est, ou

    peut

    tre

    ^

    ?

    sinon

    parce

    que

    pose

    originellement

    devant

    votre

    esprit

    l'invitable ide

    de Ce

    qui est? Ceci a

    l'air

    d'un

    para-

    doxe

    et

    cependant

    est d'une

    logique rigoureuse

    :

    Vous

    pourriez

    parfaitement penser

    et

    ne pas

    pouvoir

    4.

    Cf.

    Gaurigoi-Lagrakge.

    Le

    sens

    commun,

    la

    philosophie

    de

    l'tre

    et les formules

    dogmatiques, Revue

    thomiste,

    juillet

    1908,

    p.

    2U1

    ;

    en

    volume,

    Paris,

    Beaucliesne,

    I901>,

    p.

    i02.

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    L'AFFIRMATION HUMAINE.

    9

    affirmer

    la

    ralit de

    votre

    pense,

    et

    donc

    ne pas

    tre,

    pour

    vous

    du

    moins,

    si

    vous

    ne

    jugiez

    d'avance

    impossible

    que

    le

    mme,

    la

    fois,

    soit

    et

    ne

    soit

    pas,

    ce

    qui suppose que

    Ftre

    est,

    indpendamment

    de

    votre

    pense.

    Mais

    alors, il n'est plus

    besoin de

    l'existence

    du

    Cogito

    pour

    affirmer

    les principes rgulateurs de

    l'entendement,

    puisqu'ils dcoulent eux-mmes de

    la

    ralit

    conceptuelle

    de

    l'tre,

    saisie

    ds

    notre

    toute

    premire

    affirmation.

    La place

    est

    prise.

    Ainsi,

    l'analyse

    de

    laffirmation

    humaine,

    par

    le

    simple

    jeu

    d'une

    rgression,

    qui

    limine successive-

    ment les

    conceptions

    fautives

    de l'objet

    invitable de

    notre

    pense,

    savoir,

    d'abord

    celle

    d'un

    absolu

    d'existence

    htrogne

    la pense,

    puis celle

    d'une

    cration

    libre et

    sans

    norme, dgage,

    du

    sein

    mme

    de

    notre dynamisme intellectuel, la

    ralit

    de

    l'tre

    rgulatrice

    de l'activit affirmante.

    Celle-ci n'est

    rien

    moins

    qu'un rgulateur logique, sorte de pense sub-

    jective

    change

    d'aspect;

    c'est

    un

    rgulateur

    objectif,

    autonome,

    qui ne

    relve

    que de

    soi

    dans sa

    valeur

    di-

    rective

    essentielle,

    encore qu'il

    n'exerce

    son

    empire

    qu'en

    se

    ralisant

    en nous,

    par

    le

    concept

    ou

    l'ide

    que

    nous rencontrons

    ds

    l'veil

    premier

    de

    notre ac-

    tivit

    affirmante.

    L'tre n'est ni

    une chose

    extrins-

    quement subsistante, ni

    l'activit pensante,

    ni

    l'ide

    de

    l'tre

    qui

    s'veille

    contemporainement

    notre

    pre-

    mire

    affirmation,

    c'est le

    Rel

    que

    laisse

    transpa-

    ratre

    cette invitable

    ide

    de l'tre, Ensy

    Ce

    qui

    est.

    C'est,

    pour

    le

    nommer

    par

    ce qui le contient,

    la

    ra-

    lit

    conceptuelle

    de l'tre,

    simple ralisation

    objective

    de

    son

    ide,

    mais

    antrieure

    ontologiquement

    cette

  • 7/24/2019 A. Gardeil (1910). Le Donn Rvl Et Le Thologie. Paris, Gabalda.

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    10

    LE

    DONNE REVELE.

    ide

    telle

    qu'elle

    est

    en

    nous.

    Singulire

    dcouverte,

    en vrit, que.

    celle

    de

    cette

    ralit

    d'un

    nouveau

    genre;

    mais

    TafTirmation

    humaine,

    dment

    analyse,

    la

    manifeste

    norgiquement; elle

    dnonce

    sa

    pr-

    sence relle comme

    celle

    de

    son

    ractif

    spcifique,

    si

    je

    puis

    me

    servir d'une aussi

    grossire

    comparaison.

    On

    dirait

    l'attraction d'un

    aimant

    commandant

    le

    mouvement

    naturel

    et

    foncier de

    l'esprit,

    sans

    lequel

    ce

    mouvement

    serait

    jamais

    inexpliqu,

    voire

    mme

    impossible. En sorte que la

    vritable

    expression

    de

    Fenthymme

    gnratrice des premires

    certitudes

    n'est

    pas

    :

    Je

    pense

    donc je

    suis;

    mais,

    prenant

    les

    choses

    de

    l'autre

    bout