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TEC - n°231 - Novembre 2016 10 Près d’un quart des émissions totales de CO 2 produites par l’activité humaine proviennent des transports. Cet impact éco- logique connait un accroisse- ment constant, notamment en raison de l’augmentation de la population et de son niveau de vie moyen mais aussi de ce que le prospectiviste Georges Amar appelle « l’entrée dans une ci- vilisation de la mobilité ». Dans un contexte de changement cli- matique, les systèmes de trans- port, qui dépendent aujourd’hui à près de 95% des énergies fos- siles, sont sommés de se trans- former et de réduire leurs émis- sions polluantes. Pour relever ce défi d’envergure, les territoires se mobilisent, en construisant par exemple de nou- velles infrastructures de trans- port (métro, tramway, TGV par exemple) ou en encourageant le déploiement de véhicules décar- bonés. Ils misent également sur des solutions de transport intel- ligent (ITS), qui leur permettent d’organiser la mobilité dans son ensemble. Cette approche sys- témique permet de déployer plusieurs types de solutions ITS simultanément. Ainsi, certaines de ces solutions encouragent le conducteur à adopter une conduite plus économe (on parle alors d’éco-conduite). D’autres permeent de gérer la circulation locale (en priorisant par exemple les transports en commun via le contrôle de feux), tandis que certaines contribuent à gérer en temps réel la circulation à grande échelle (en régulant les accès aux zones ou en adaptant l’offre à la demande de transports). De plus en plus de solutions contribuent également aux nouvelles pra- tiques de mobilité : en informant sur l’ensemble des modes de transport à disposition (vélo en libre-service, co-voiturage, trans- ports en commun, autopartage), en proposant des tarifications in- telligentes et en promouvant des mesures incitatives, elles favo- risent le report modal et limitent l’auto en solo. Enfin, les ITS pro- posent des solutions pour opti- miser les floes commerciales et réduire leur impact environne- mental. Q DÉCRYPTAGE LES ITS ONT-ILS DES IMPACTS POSITIFS SUR LE CLIMAT ? ITS ET CHANGEMENT CLIMATIQUE En quoi les ITS peuvent-ils contribuer directement à la réduction des gaz à effet de serre. -25cts C’est l’indemnité kilométrique vélo que les employeurs peuvent verser à leurs salariés venant en vélo. 27,6% C’est la part des émissions de GES française dans le transport en 2013. 12,7% C’est la diminution des émissions de GES françaises entre 1990 et 2011. DANS CETTE RUBRIQUE, NOUS VOUS PROPOSONS UN TOUR D’HORIZON À 360° DES GRANDS DOMAINES D’APPLICATION DES ITS. FORMER À L’ÉCO-CONDUITE POUR CHANGER LES PRATIQUES L’éco-conduite vise à modifier les habitudes des conducteurs pour leur permettre de réduire leurs émissions de CO 2 . Avec son activité Courrier, La Poste est directement concernée par ces enjeux et a choisi de former 60 000 facteurs. Elle va même plus loin avec sa filiale Mobigreen, qui propose des formations pour les flottes des collectivités territoriales et des entreprises. Les automobilistes peuvent aussi s’équiper d’applications pour les aider à adopter une conduite économe. C’est la promesse du boitier Ecogyzer (développé par Nomadic Solution), qui, placé sur le tableau de bord, enregistre les données relatives au comportement du conducteur (accélération, freinage) et délivre des conseils d’éco-conduite (sur PC), grâce à la reconstitution de la consommation de carburant et des émissions polluantes. Q

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Page 1: ITS ET CHANGEMENT CLIMATIQUEoptinews.businessfrance.com/uploads/documents/09f2... · 10 TEC - n°231 - Novembre 2016 Près d’un quart des émissions totales de CO 2 produites par

TEC - n°231 - Novembre 201610

Près d’un quart des émissions totales de CO2 produites par l’activité humaine proviennent des transports. Cet impact éco-logique connait un accroisse-ment constant, notamment en raison de l’augmentation de la population et de son niveau de vie moyen mais aussi de ce que le prospectiviste Georges Amar appelle « l’entrée dans une ci-vilisation de la mobilité ». Dans un contexte de changement cli-matique, les systèmes de trans-port, qui dépendent aujourd’hui à près de 95% des énergies fos-siles, sont sommés de se trans-former et de réduire leurs émis-sions polluantes.Pour relever ce déL d’envergure, les territoires se mobilisent, en

construisant par exemple de nou-velles infrastructures de trans-port (métro, tramway, TGV par exemple) ou en encourageant le déploiement de véhicules décar-bonés. Ils misent également sur des solutions de transport intel-ligent (ITS), qui leur permettent d’organiser la mobilité dans son ensemble. Cette approche sys-témique permet de déployer plusieurs types de solutions ITS simultanément. Ainsi, certaines de ces solutions encouragent le conducteur à adopter une conduite plus économe (on parle alors d’éco-conduite). D’autres permeTent de gérer la circulation locale (en priorisant par exemple les transports en commun via le contrôle de feux), tandis que

certaines contribuent à gérer en temps réel la circulation à grande échelle (en régulant les accès aux zones ou en adaptant l’oWre à la demande de transports). De plus en plus de solutions contribuent également aux nouvelles pra-tiques de mobilité : en informant sur l’ensemble des modes de transport à disposition (vélo en libre-service, co-voiturage, trans-ports en commun, autopartage), en proposant des tariLcations in-telligentes et en promouvant des mesures incitatives, elles favo-risent le report modal et limitent l’auto en solo. EnLn, les ITS pro-posent des solutions pour opti-miser les ZoTes commerciales et réduire leur impact environne-mental.

DÉCRYPTAGE

LES ITS ONT-ILS DES IMPACTS POSITIFS SUR LE CLIMAT ?

ITS ET CHANGEMENT CLIMATIQUEEn quoi les ITS peuvent-ils contribuer directement à la réduction des gaz à e=et de serre.

-25ctsC’est l’indemnité kilométrique vélo que les employeurs peuvent verser à leurs salariés venant en vélo.

27,6%C’est la part des émissions de GES française dans le transport en 2013.

12,7%C’est la diminution des émissions de GES françaises entre 1990 et 2011.

DANS CETTE RUBRIQUE, NOUS VOUS PROPOSONS UN TOUR D’HORIZON À 360° DES GRANDS DOMAINES D’APPLICATION DES ITS.

FORMER À L’ÉCO-CONDUITE POUR CHANGER LES PRATIQUES L’éco-conduite vise à modifier les habitudes des conducteurs pour leur permettre de réduire leurs émissions de CO2. Avec son activité Courrier, La Poste est directement concernée par ces enjeux et a choisi de former 60 000 facteurs. Elle va même plus loin avec sa filiale Mobigreen, qui propose des formations pour les flottes des collectivités territoriales et des entreprises. Les automobilistes peuvent aussi s’équiper d’applications pour les aider à adopter une conduite économe. C’est la promesse du boitier Ecogyzer (développé par Nomadic Solution), qui, placé sur le tableau de bord, enregistre les données relatives au comportement du conducteur (accélération, freinage) et délivre des conseils d’éco-conduite (sur PC), grâce à la reconstitution de la consommation de carburant et des émissions polluantes.

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Afin d’atteindre ces objectifs ambitieux, ATEC ITS France, avec son partenaire TOPOS Aquitaine, rejoint par BOOSTER NOVA, a lancé l’appel à idées « Spa-ce4ITS » (ouvert jusqu’au 24 octobre 2016). Les candidats ont été invités à montrer comment les technologies spatiales

innovantes peuvent permettre d’identifier, de mesurer et de monitorer les bénéfices environne-mentaux des ITS, sur le terrain. Les lauréats bé-néficieront d’une tribune sur le Pavillon France lors de la prochaine COP22, (à Marrakech du 7 au 22 novembre 2016),  d’une labellisation Booster

Nova permettant de participer à l’oral de Pro-jets industriels d’avenir « Produits et service valorisant les informa-tions issues du domaine spatial » (janvier 2017) et d’une communication dans les réseaux Topos, Digital Aquitaine, ATEC ITS France et Booster Nova.

ET SI ON RÉCOMPENSAIT LES BONNES PRATIQUES DE MOBILITÉ ?CFluidifier la circulation aux heures de pointe est un véritable casse-tête pour les collectivités. La ville de Rotterdam, qui connaissait d’impor-tantes congestions, a fait un pari audacieux. Elle a en e]et adopté la solution du « péage positif » proposée par EGIS. La promesse ? Récompenser les automobilistes (entre 3 et 8 euros) lorsqu’ils acceptent de ne pas utiliser leur véhicule aux heures de pointe, soit en di]érant leur trajet, soit en ayant recours à un autre système de transport (transport en commun ou mode doux). Pour vérifier ces bonnes pratiques, des solutions innovantes ont été déployées, telles que l’identification des véhicules via les réseaux de caméras existants et l’identification des déplacements grâce au GPS des smartphones ou celui des boîtiers embarqués. En France, c’est l’entreprise Transway qui récompense les comportements vertueux avec son projet Ireby.

SOLUTIONS ITS DES SOLUTIONS « PRÊTES À L’EMPLOI », ÉCONOMES ET FACILES À DÉPLOYERContrairement à l’infrastructure traditionnelle, qui demande de nom-breuses années pour sa conception et sa construction, les ITS peuvent être déployées dans des délais rapides, allant de quelques mois, à 2 - 3 ans. Elles sont par ailleurs éco-nomes, en termes d’utilisation des espaces (en optimisant l’utilisation des infrastructures et des véhicules) et d’empreinte environnementale, mais aussi de coûts de construc-tion et d’exploitation des systèmes de transport. Enfin, elles limitent le recours au financement public et favorisent la création d’emplois durables. Autant d’atouts qui les rendent incontournables.

ATEC ITS France a tou-jours été consciente du formidable potentiel que

présentent les ITS pour répondre au défi environnemental. Ainsi, ATEC ITS France s’est fortement impliquée dans la rédaction du Bordeaux Manifesto ‘Its Addres-sing Climate Change’ présenté sur la scène internationale, lors du Congrès Mondial des ITS de Bordeaux, en octobre 2015.Aujourd’hui, le réseau reprend le Jambeau et se mobilise pour porter des messages forts auprès des décideurs, pu-blics comme privés. Dans ceLe optique, le réseau ATEC ITS France a présenté l’initia-tive ITS4CLIMATE, à la COP21 à Paris, en décembre 2015. Véritable manifeste, cette initiative, pilotée par ATEC ITS France, en partenariat avec l’association TOPOS Aqui-taine, vise à promouvoir les ITS comme l’un des outils au service de la maîtrise du chan-gement climatique. Elle suscite rapidement l’adhésion, et obtient dès l’origine, le support du Ministère de l’Environnement, de l’Ener-gie et de la Mer, et en moins de 2 mois, celui de près de 60 organisations et entreprises au niveau mondial.Ce?e démarche vise plusieurs objectifs : En premier lieu, il s’agit de développer la connaissance du potentiel des ITS pour des villes et des territoires souhaitant être

plus respectueux de l’environne-ment. Cela passe notamment par l’échange autour des bonnes pra-tiques et par la valorisation des ré-alisations territoriales couronnées de succès. En second lieu, il convient de dé-velopper des cursus de formation pour les techniciens et les experts, ces acteurs sans qui la Smart City ne pourrait fonctionner. L’approche doit également être scientifique : en enrichissant le

savoir scientifique et en développant des métriques, il est alors possible de quantiXer le potentiel des solutions ITS pour contri-buer à la réduction des émissions de gaz à eZet de serre. Dans la même veine, les ef-forts doivent porter sur l’établissement d’une méthodologie et d’outils de diagnostic et d’évaluation. Ces outils seront à la disposi-tion des grandes agglomérations et des terri-toires, pour leur permeLre de construire des plans de déploiement coordonnés avec les autres composantes de l’aménagement ur-bain, et en particulier les Plans de Déplace-ment Urbains (PDU) et les Plans Energie-Cli-mat Territoriaux (PCET).Parallèlement, les eZorts doivent porter sur la construction d’une base de données à l’échelon international, des solutions et des retours d’expérience. Tout un programme pour favoriser une mobilité plus durable.

ATEC ITS FRANCE PILOTE DE L’AMBITIEUSE INITIATIVE ITS4CLIMATE

© SHUTTERSTOCK / DR /

APPEL À IDÉES

DES TECHNOLOGIES VENUES DE L’ESPACE POUR PROTÉGER LA PLANÈTE TERRE ?

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© DR

Pour rendre la mobilité plus durable,plusieurs leviers peuvent être activés. Les premiers concernent les usagers eux-mêmes, à qui on demande de faire évoluer leurs pratiques. Parallèlement, les véhicules et les infrastructures se transforment en déployant de nouvelles technologies.

Pour limiter l’auto-solisme, prenez un covoiturage… puis empruntez les trans-ports en commun ! Oui mais pour cela, encore faut-il être sûr de pouvoir arriver à l’heure à son rendez-vous (et de trouver un moyen de rentrer chez soi le soir !). C’est ce que propose BOOGI, une appli-cation développée par Instant System, qui permet de calculer avec précision un itinéraire, comprenant un trajet en covoi-turage (jusqu’aux parcs relais bordelais) suivi d’un trajet en transports en com-mun. En temps réel, le voyageur réserve sa place, paye, arrive sans encombre à destination, tout en ayant adopté une

pratique respectueuse de l’environne-ment. Aux côtés de ces nouvelles pratiques, les véhicules évoluent également. Ainsi, le nombre de voitures électriques progresse continuellement, tout comme les scoo-ters et les vélos électriques, proposés par quelques villes en libre-service (à Paris ou à Lyon). Pour accompagner ce mouvement, le territoire français se couvre de bornes de

recharges électriques. A titre d’exemple, l’en-treprise Freshmile a installé pas moins de 36 bornes de recharge dans le département du Gers ; après avoir équipé l’est et le sud-est de la France, la région parisienne, les Hauts-de-France et la Bretagne. Le nombre de vélos et de scooters électriques croit lui aussi. La route elle-même devient plus écolo-gique, avec la recherche d’alternatives au bitume classique (produit avec des ré-sidus de pétrole). Le programme Algo-

route, porté par l’université de Nantes, le CNRS et l’IfsZar, envisage ainsi de créer un bitume à base de microalgues, tan-dis que la route Wattway de Colas pro-pose d’équiper la chaussée de capteurs solaires. La France travaille également sur la route thermo-régulée ou le revête-ment anti-bruit, tandis que les Pays-Bas planchent sur la route photo-lumines-

cente, la Suède sur la route silencieuse, l’Allemagne sur la rue anti-pollution et le Canada sur l’asphalte « hybride », mélan-gé au plastique recyclé.

NOUVELLES PRATIQUES, NOUVEAUX VÉHICULES, NOUVEAUX BITUMES : TOUR DES PISTES DES INNOVATIONS

Dans la volonté d’encourager une logistique plus propre, la Ville de Paris avait lancé l’ap-pel à projet « logistique urbaine » en sep-tembre 2015. Parmi les 22 projets sélection-nés, le projet Shippeo lance une solution de gestion du transport routier permeZant, à partir d’une application smartphone, de

euidifer et d’optimiser les livraisons de mar-chandises. La Ville promeut aussi la création d’hôtels logistiques, pour regrouper diffé-rents opérateurs. L’enjeu sera alors de se do-ter d’outils informatiques pour coordonner ses acteurs, et pour optimiser les activités dans ces espaces mutualisés.

Application BOOGI

Borne Fresmile Programme Algoroute Routes photo-luminescentes

VERS UNE LOGISTIQUE PLUS PROPRE