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www.marchesafricains.fr :HIKRPI=WUY^UV:?a@k@p@b@a" M 07582 - 51 - F: 4,90 E - RD DYNAMIQUE TOUS AZIMUTS Interviews Sani Yaya : Ministre de l’Économie et des Finances Henry Kanyesiime Gaperi : Commissaire général de l’Office Togolais des Recettes Théophile Kossi René Kapou : Directeur général de l’Agence de régulation des marchés publics Cheick Tidiane N’Diaye : Directeur général Orabank Togo Kwassi José Symenouh : Président de l’Association des grandes entreprises du Togo et administrateur directeur général NSIA Assurances Togo Yao Daté Claude Gbikpi et Jean-Marie Ewonoulé Tessi : Directeur général de GTAC2A VIE et directeur général de GTAC2A IARDT Ninsao Gnofam : Ministre des Infrastructures et des Transports Momboza Halaoui : Directeur général de l’Agence d’exécution des travaux urbains Kanka-Malik Natchaba : Directeur général de la Société Aéroportuaire de Lomé Tokoin Kokou Edem Tengue : Administrateur directeur général de Maersk Togo Gilbert Badjilembayéna Bawara : Ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative Myriam Dossou : Directrice générale de l’Institut National d’Assurance Maladie Cina Lawson : Ministre des Postes et de l’Économie numérique Abayeh Boyodi : Directeur général intérimaire de l’ART&P Affoh Atcha-Dedji Directeur général de TOGO CELLULAIRE Bernadette Essossimna Legzim-Balouki : Ministre du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion du secteur privé et du Tourisme Kuéku-Banka Johnson : Directeur du Centre Togolais des Expositions et Foires de Lomé Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon : Ministre des Mines et de l’Énergie Paul Mawusi Kakatsi : Directeur général de la Compagnie Énergie électrique du Togo Payadowa Boukpessi : Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales Colonel Ouro-Koura Agadazi : Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique édition TOGO HORS SÉRIE N° 51 - janvier 2017

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DYNAMIQUE TOUS AZIMUTS

Interviews

Sani Yaya : Ministre de l’Économie et des FinancesHenry Kanyesiime Gaperi :Commissaire général de l’Office Togolais des RecettesThéophile Kossi René Kapou :Directeur général de l’Agence de régulation des marchés publics Cheick Tidiane N’Diaye :Directeur général Orabank TogoKwassi José Symenouh :Président de l’Association des grandes entreprises du Togo etadministrateur directeur général NSIA Assurances TogoYao Daté Claude Gbikpi et Jean-Marie Ewonoulé Tessi :Directeur général de GTAC2A VIE et directeur général de GTAC2A IARDT

Ninsao Gnofam :Ministre des Infrastructures et des TransportsMomboza Halaoui :Directeur général de l’Agence d’exécution des travaux urbainsKanka-Malik Natchaba :Directeur général de la Société Aéroportuaire de Lomé TokoinKokou Edem Tengue :Administrateur directeur général de Maersk Togo

Gilbert Badjilembayéna Bawara :Ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrativeMyriam Dossou :Directrice générale de l’Institut National d’Assurance Maladie

Cina Lawson : Ministre des Postes et de l’Économie numérique

Abayeh Boyodi :Directeur général intérimaire de l’ART&PAffoh Atcha-DedjiDirecteur général de TOGO CELLULAIRE

Bernadette Essossimna Legzim-Balouki :Ministre du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion du secteur privé et du TourismeKuéku-Banka Johnson :Directeur du Centre Togolais des Expositions et Foires de Lomé

Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon :Ministre des Mines et de l’Énergie Paul Mawusi Kakatsi :Directeur général de la Compagnie Énergie électrique du Togo

Payadowa Boukpessi :Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales

Colonel Ouro-Koura Agadazi :Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique

édition

TOGOHORS SÉRIE N° 51 - janvier 2017

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Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 3

SOMMAIRE

Éditorial07 « Combattre la pauvreté, c’est bâtir une paix durable »

Politique09 Politique intérieure – Faure Essozimna Gnassingbé : ses ambitions pour le Togo

11 Politique intérieure – Faure Essozimna Gnassingbé a su donner au Togo un rôle stratégique dans la sous-région

16 Primature – Un « dinosaure » pour bâtir un Togo nouveau18 Assemblée nationale – Réhabilitation du Parlement togolais20 Diplomatie – Une diplomatie conquérante21 Coopération-Union européenne – Paris et Berlin pivots de la coopération avec l’UE

Société22 Objectifs de développement durable – Le Togo affiche sa détermination à réaliser les ODD23 Travail – La politique de l’emploi en marche24 Interview/Ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative – Gilbert Badjilembayéna

Bawara, ministre27 Décentralisation – La décentralisation : une urgence28 Interview/Ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales –

Payadowa Boukpessi, ministre30 Assurance maladie – Vers une couverture universelle au Togo32 Interview/Institut National d’Assurance Maladie – Myriam Dossou, directrice générale35 Interview presse écrite/Société nationale des éditions du Togo – Rémy Banafey Assih, directeur de publication

Économie36 Croissance – L’exception togolaise37 Dette publique – Endettement utile et respect des ratios38 Finances publiques – Le temps du réalisme budgétaire39 Interview/Ministère de l’Économie et des Finances – Sani Yaya, ministre42 Interview/Office Togolais des Recettes – Henry Kanyesiime Gaperi, commissaire général48 Interview/Autorité de régulation des marchés publics – Théophile Kossi René Kapou, directeur général50 Interview/International Key Consulting – Reckya Madougou, experte internationale et promotrice d’International

Key Consulting

11 Politique intérieureFaure Essozimna Gnassingbé a su donner au Togo un rôle

stratégique dans la sous-région

16 PrimatureUn « dinosaure » pour bâtir

un Togo nouveau

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62 Climat des affairesLe Togo : pour une attractivité optimale

103 Infrastructures/TransportsLe défi infrastructurel

Affaires52 Doing Business – Le Togo poursuit ses réformes économiques53 Millenium Challenge Account – Éligibilité prochaine du Togo au Millenium Challenge Account 54 Interview/Ministère du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion du Secteur privé et

du Tourisme – Bernadette Essossimna Legzim-Balouki, ministre56 Interview/Centre Togolais des Expositions et Foires de Lomé – Kuéku-Banka Johnson, directeur59 Investissements – Les investissements directs étrangers comme dividendes de paix60 Investissements/Groupe Kalyan – Le groupe Kalyan poursuit son ancrage Africain62 Climat des affaires – Le Togo : pour une attractivité optimale64 Brasserie BB Lomé – Une entreprise citoyenne à la conquête des marchés extérieurs66 Interview/Association des grandes entreprises du Togo – Kwassi José Symenouh, président de l’AGET

et directeur général de NSIA Assurances Togo70 Interview/Conseil national du patronat du Togo – Kossivi Démanya Naku, président72 Mines – Une meilleure gouvernance pour booster l’exploitation74 Interview/Ministère des Mines et de l’Énergie – Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon, ministre76 Interview/Compagnie Énergie électrique du Togo – Paul Mawusi Kakatsi, directeur général

Secteurs79 Agriculture – Le secret de la réussite togolaise80 Interview/Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique – Colonel Ouro-Koura Agadazi,

ministre

Services83 Télécoms et NTIC – Le Togo s’emploie à démocratiser Internet84 Interview/Ministère des Postes et de l’Économie numérique – Cina Lawson, ministre86 Interview/Autorité de réglementation des secteurs de Postes et de Télécommunications – Abayeh

Boyodi, directeur général intérimaire88 Interview/TOGO CELLULAIRE – Affoh Atcha-Dedji, directeur général91 Oragroup – Le pari d’un modèle panafricain92 Banques – La place bancaire de Lomé reste attractive94 Interview/Orabank Togo – Cheick Tidiane N’Diaye, directeur général97 SGI-Togo – Ce pionnier qui reste leader98 Assurances – Les compagnies d’assurance adoptent un code de bonne conduite100 Interview/GTAC2A VIE & GTAC2A IARDT – Yao Daté Claude Gbikpi, directeur général de GTAC2A VIE et

Jean-Marie Koffi Ewonoulé Tessi, directeur général de GTAC2A IARDT103 Infrastructures/Transports – Le défi infrastructurel104 Interview/Ministère des Infrastructures et des Transports – Ninsao Gnofam, ministre 106 Interview/Agence d’exécution des travaux urbains – Momboza Halaoui, directeur général108 Interview/Société Aéroportuaire de Lomé Tokoin – Kanka-Malik Natchaba, directeur général110 Port autonome de Lomé – « Se hisser au rang des ports les plus modernes de la sous-région »112 Interview/Maersk Togo – Kokou Edem Tengue, administrateur directeur général

EDITEUR

FranceAFRICAGENCY128, rue la Boetie – 75008 PARISTéléphone : +33 (0)1 40 15 09 92Télécopie : +33 (0)1 45 62 17 [email protected] / www.africagency.com

Administration46, rue Jean Jaurès45140 SAINT-JEAN-DE-LA-RUELLETéléphone : +33 (0)2 38 46 63 63Télécopie : +33 (0)2 38 46 63 [email protected] / www.africagency.com

Directeur de la PublicationMilutine [email protected]

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Directrice DéléguéeChristine LE [email protected]

Chef d’éditionChristian [email protected]

Enquête et Rédaction Jean-Paul AGBOH AHOUELETEFrançois BAMBOUCatherine DEMYJean Clotaire HYMBOUDAnne-Sophie LALLEMANTChristian LAPEYREJunior Robert TATIETA

Secrétaire de rédaction Annie JUNJAUD

Service photoPita Komla AGBENYA

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Tous droits de reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays. 2016©Marchés Africains - Dépôt légal 1er trimestre 2017Imprimerie de Champagne – ZI Les Franchises 52200LANGRESCPPAP n° 0210 I 86114 – ISSN 0984-9521 – NMPP 7582

SOMMAIRE

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Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 7

ÉDITO

Faure Essozimna Gnassingbé, 50 ans, fait partie de cette génération de dirigeants africains qui ont un rapport tota-lement décomplexé avec l’Europe ou les États-Unis, qu’il connaît assez bien pour être lui-même un « produitfranco-américain » formé en France et aux États-Unis dans les universités Paris-Dauphine et George Washington.Certains ont en mémoire l’épisode de la vaine intervention du président François Hollande auprès de son homo-logue togolais en 2012 pour obtenir la libération de l’ancien président d’Elf Loïk Le Floch-Prigent emprisonné

à Lomé. Il fallait voir dans la position prise par le président une nécessité d’indépendance plutôt qu’une expression dedéfiance à l’endroit de l’ex-puissance coloniale. D’ailleurs, la démarche togolaise d’intégrer le Commonwealth, alors quele pays est déjà membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), relève sans aucun doute aussi de cetteaffirmation d’indépendance.

Au pouvoir durant ces onze dernières années, il a depuis avril 2015 entamé un troisième mandat où il a décidé de mettrele social au cœur de son action. En atteste la dernière loi de finances 2017, où son gouvernement a consacré la part du lionau volet social avec 46,8 % des ressources. Un budget 2017 qui se chiffre à 1 218,7 milliards de FCFA et qui prend en compteles orientations de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) ainsi que le prochain Plannational de développement (PND) qui interviendra en 2018. Le président Faure E. Gnassingbé a également mis en orbiteson Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) lors d’une cérémonie qui s’est tenue en juin dernierà Mandouri, dans la préfecture de Kpendjal, à 560 kilomètres de Lomé au nord Togo.

Le PUDC cible les populations rurales et semi-urbaines vulnérables afin de leur offrir des services sociaux de base et d’im-pliquer les acteurs locaux dans le développement économique et social de leur localité. Les composantes du PUDC sont lesinfrastructures sociocommunautaires, les bâtiments scolaires, les cliniques mobiles, les points de forage d’eau, les pistesrurales, le renforcement des capacités des populations, l’entrepreneuriat rural et la géolocalisation. LE PUDC prévoit à termela construction d’au moins 1 600 salles de classes par an, la poursuite de l’électrification en milieu rural dans tous les chefs-lieux de canton et la construction de 5 000 logements sociaux par an entre 2015 et 2020. Ce programme de fourniture deservices sociaux de base à destination des populations rurales et semi-urbaines vulnérables concerne près de 62 % de lapopulation. Par ailleurs, le président Faure E. Gnassingbé souhaite également toujours, avec le PUDC, amplifier le pro-gramme des transferts monétaires au bénéfice des femmes enceintes d’au moins 3 mois, aux mères et tuteurs d’enfants de0 à 24 mois ainsi qu’aux mères et tuteurs d’enfants de 24 à 59 mois atteints de malnutrition sévère et aiguë.

Toutes les régions du Togo sont couvertes par ce programme qui, pour sa première phase, sera déployé dans 23 préfectures.Autre élément de taille, le PUDC, qui s’inscrit dans le cadre de la SCAPE, bénéficie du soutien financier du Programme desNations unies pour le développement (PNUD) et sera exécuté sur la période 2016-2018 pour un montant total estimé àplus de 155 milliards de FCFA (environ 258 millions de dollars) échelonné sur trois ans et dont plus de 12 % ont déjà étémis en œuvre en 2016. La contribution du Togo pour la phase de lancement (2016) est de 18 milliards de FCFA. Lors de lacérémonie de Mandouri, le chef de l’État a rappelé son engagement en faveur de la lutte contre la pauvreté en lançant cettephrase lourde de signification : « Combattre la pauvreté, c’est bâtir une paix durable ».

Pour cette édition, nous avons rencontré huit de ses ministres – Économie et Finances, Mines, Infrastructures et Transports,Fonction publique, Économie numérique, etc. – mais également les acteurs du patronat – AGET, CNP Togo –, des dirigeantsde banques et compagnies d’assurances ainsi que les managers d’entreprises privées ou étatiques, et le constat est clair : leTogo est en mouvement. Depuis 2011, le pays améliore chaque année son classement dans le rapport Doing Business grâceaux multiples réformes engagées par le gouvernement, qui s’attend d’ailleurs à une adhésion du Togo au MCA MilleniumChallenge Account, programme de coopération américaine pour le développement de l’industrie. Cette adhésion lui ouvri-rait la voie à des dons financiers importants pouvant aller jusqu’à 400 milliards de FCFA et qui seraient pour l’essentielconsacrés au financement de projets structurants. Enfin, ajoutons que sur le plan extérieur, le Togo demeure un importantmaillon de la lutte contre le terrorisme, car Lomé continue à contribuer de manière importante aux opérations de maintiende la paix sur le continent, notamment au Mali.

Par Nicolas Delecourt

« COMBATTRE LA PAUVRETÉ, C’EST BÂTIR UNE PAIX DURABLE »

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POLITIQUE

Politique intérieure

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 9

FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ :SES AMBITIONS POUR LE TOGO

Réélu le 29 avril 2015 avec 58,75 %des voix pour un troisième mandatde cinq ans, cet économiste de for-mation a longtemps incarné l’image

d’un Togo nouveau. À 50 ans, dont plus dedix à la tête de l’État, le fils du général Gnas-singbé Eyadema continue de tracer sa route.

Le voilà donc reparti pour un troisièmequinquennat dans un pays ressemblant à unimmense chantier. Après l’inauguration l’andernier au port de Lomé d’un troisième quairéalisé par Togo Terminal (filiale de BolloréAfrica Logistics), l’agrandissement se pour-suit avec, notamment, l’objectif de renforcerles capacités logistiques de ce point d’entréenévralgique vers l’hinterland : Burkina Faso,Mali, Niger...

Alléger le coût du panier de la ménagère

Pour les cinq années à venir, le gouverne-ment entend concentrer son attention sur lesmoyens d’améliorer les conditions de vie desTogolais et d’alléger le coût du panier de laménagère. « Avec l’aide de la BAD, nous avonsd’ores et déjà mis en place un fonds de financeinclusive doté de 12 milliards de FCFA (près de18,3 millions d’euros) lors du dernier exercice »,expliquait à l’époque Adji Otèth Ayassor, an-cien ministre de l’Économie et des Finances.

Les déficits en services essentiels (eau etassainissement, électricité, etc.) devraientégalement se réduire quelque peu, notam-ment grâce au projet de complexe hydroélec-trique mené conjointement avec le Bénin.Pour financer ces infrastructures, le gouver-nement compte sur les retombées de sa ré-cente réforme des finances publiques, avec lacréation de l’Office togolais des recettes(OTR), réforme qui s’accompagne de me-sures visant à l’élargissement de l’assiette fis-cale. « Nous voulons montrer que tout le mondecompte, que chaque Togolais bénéficie de l’atten-tion du gouvernement », résume Cina Lawson,

la ministre de l’Économie numérique, poursouligner cette volonté de « recentrage social »du nouveau quinquennat.

Réformes sur la décentralisation Faure Essozimna Gnassingbé entend bâtir

des institutions fortes et une Administrationefficace, plus proche des usagers et à la hau-teur des performances recherchées. Depuisl’été 2015, le débat politique butte sur laquestion des réformes constitutionnelles.

L’opposition se montre intransigeante sur lalimitation du nombre des mandats et sur unscrutin à deux tours. Depuis le printemps2016, le processus de décentralisation, avecen ligne de mire l’organisation d’électionslocales, paraît s’engager. Toutefois, là aussi,l’opposition conteste la méthode (lire l’inter-view du ministre de l’Administration territoriale,de la Décentralisation et des Collectivités localesp. 28-29).

Junior Robert Tatieta

Si le chef de l’État togolais Faure Essozimna Gnassingbé reste aussi discret que mystérieux aux yeux de ses concitoyens, il nourrit pour son troisième mandat un objectif sans équivoque :donner la priorité à la politique sociale et aux réformes politiques.

LE RÊVE DE FAURE GNASSINGBÉ POUR LE TOGO

Pour son troisième mandat, Faure Essozimna Gnassingbé se veut ambitieux pour son pays.Dans son programme 2015-2020, il invite ses concitoyens à poursuivre ensemble le cheminafin de consolider les progrès et moderniser le Togo. Cela passe à l’entendre par l’enracine-ment de la démocratie et de l’État de droit garantissant la sécurité, « parce que c’est le fer-ment de notre désir de mieux vivre ensemble et en sécurité, et le sens de l’émancipation denos communautés ». Il veut aussi faire de la lutte contre la corruption et de l’amélioration dela gouvernance publique son cheval de bataille : justice sociale et efficience des actionspubliques sont le socle du développement. Il souhaite également la modernisation de l’ap-pareil productif togolais, condition de la compétitivité du pays face à la mondialisation, etgarantie de la création de nombreux emplois. Faure Essozimna Gnassingbé compte sur tous les Togolais, sans exception, pour fonder unnouveau Togo. Dans les grandes lignes du programme de société de son mandat 2015-2020,il s’engage à garantir et à renforcer le pluralisme politique ainsi que la séparation des pou-voirs, à poursuivre la modernisation de la justice et à restaurer la confiance entre la Nation etsa classe politique. Il veillera au respect des libertés fondamentales, renforcera l’Armée natio-nale, combattra la criminalité et garantira la sauvegarde de l’ordre public. La jeunesse togolaise n’a pas été oubliée. Le chef de l’État ambitionne de créer des emploisen masse, de donner une qualification à tous les jeunes, de réformer le secteur de l’éducation,de mettre en adéquation la formation et le monde du travail, de veiller à ce que l’État jouepleinement son rôle de régulateur et d’arbitre du jeu économique, et enfin de poursuivrel’amélioration du climat des affaires et d’encourager l’entrée de devises étrangères au Togo.Les réformes politiques ne seront pas négligées, d’où l’engagement du président Gnas-singbé à amorcer la décentralisation, à organiser des élections locales, à développer lesrégions et préfectures ainsi qu’à permettre à tous les Togolais de bénéficier de la richessenationale. C’est sur cette base que Faure Essozimna Gnassingbé a été élu en 2015, et ses conci-toyens l’attendent pour un bilan en 2020 afin de s’assurer que les ambitions ont été traduites enréalité. J.R.T.

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POLITIQUE

Politique intérieure

FAURE ESSOZIMNAGNASSINGBÉA SU DONNER AU TOGOUN RÔLE STRATÉGIQUE DANSLA SOUS-RÉGION

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 11

AFP

Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République togolaise.

Partisan d’une diplomatie volontariste, le président Faure Essozimna Gnassingbé aura fait de2016 une année réussie à la fois sur le plan diplomatique et économique. De Pékin à Berlin enpassant par Paris et le sommet sur la sécurité maritime de l’Union africaine à Lomé, le pays a confirmé son rôle d’acteur essentiel et stratégique dans la sous-région. � (Suite p. 12)

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Faure E. Gnassingbé se confie rarement àla presse. Presque jamais à celle de sonpays, et rarement aux titres internatio-naux. Pour tout dire, sa parole est si rare

que l'on dit souvent de lui qu'il est un « prési-dent discret » voire « mystérieux ». Il laisse endéfinitive souvent le soin aux observateursd’analyser les résultats de sa politique sur leterrain et d’en tirer leurs propres conclusions,ou à ses détracteurs de le dénigrer systémati-quement sans se donner la peine de faire le trientre les avancées et les limites de son action àla tête de son pays en matière de développe-ment.

Le culte de la discrétionForce est de constater qu’en onze ans de

pouvoir, « cette aversion pour certains, ou pru-dence pour d’autres, à communiquer dans les mé-dias ne correspond pourtant en rien à son parcoursacadémique et à son éducation que l’on pourraitaisément qualifier de mondialisés », explique uncadre d’UNIR (le parti au pouvoir, UNIONPOUR LA RÉPUBLIQUE). En effet, Faure E.Gnassingbé a le profil de la nouvelle généra-tion africaine : ancien élève du prestigieux ly-cée militaire de Saint-Cyr, il est titulaire d’unemaîtrise de gestion et d’économie de Paris-Dauphine et d’un MBA (maîtrise en adminis-tration des affaires) de la réputée universitéGeorge-Washington aux États-Unis. D’ailleurs,ceux qui ont vécu certaines de ses interven-tions sur le plan international (aux Nations

unies, en Israël, en Allemagne, etc.) peuventtémoigner de sa maîtrise des dossiers, Faure E.Gnassingbé s’exprimant parfaitement aussibien en anglais qu’en français. Reste que leprésident togolais voue un culte sans borne àla discrétion et à la maîtrise de son image. Sapersonnalité a toujours été énigmatique et dif-ficile à cerner, notamment sur sa vie privée. Lerevers de la médaille de cette posture est qu’ellealimente la machine à rumeurs …

Arrivé au pouvoir à la suite d’une électionmouvementée le 24 avril 2005 au lendemainde la mort de son père feu Gnassingbé Eya-dema, Faure E. Gnassingbé, 50 ans, a entaméle 04 mai 2015 un troisième mandat à l’issued’une élection où il a réalisé un score de 58,75 %des voix, contre 34,95 % pour son challenger,l’opposant Jean-Pierre Fabre, un économistede 64 ans. Un scrutin déclaré par les observa-teurs internationaux (Nations unies et UnionEuropéenne notamment) comme ayant été« crédible, libre et transparent ». Tout au long desa campagne électorale, Faure E. Gnassingbéavait défendu son bilan : avoir travaillé à éta-blir un Togo plus fort et plus moderne. Iln’avait pas non plus manqué de rappeler quela situation du Togo a positivement évoluécomparée au climat qui prévalait à son arrivéeau pouvoir. Un des signaux initiaux de cechangement de cap est la levée par la commu-nauté internationale des sanctions imposéesen 1993 au Togo pour « déficit démocratique ».En effet, la vie politique a été transformée po-sitivement au cours de la décennie écoulée

grâce à un multipartisme concret assorti d’unrenforcement du rôle et de la place de l’oppo-sition par le biais d’un statut officiel de chef defile de l’opposition. Ces avancées politiquessont soutenues aussi à travers une liberté réellede la presse. Ces avancées sont reconnues parles évaluations internationales. Ainsi le der-nier rapport 2016 Mô Ibrahim sur la gouver-nance classe le Togo parmi les 10 pays les plusréformateurs. À propos de la liberté de lapresse, en 2014, le Togo a gagné treize placesdans le rapport sur la liberté de presse publiépar Freedom House. Fort de ces appréciationsencourageantes, le Président Faure E. Gnas-singbé poursuit la transformation politiquedu pays.

Cette transformation politique est saluée auniveau national mais également par nombred’observateurs internationaux dont le députéfrançais François Loncle. Ce dernier, répon-dant dans une tribune à des détracteurs de lapolitique du président togolais, estime qu'ilest un leader « conscient des problèmes auxquelsson pays est confronté. Il a compris les aspirationsde son peuple. Il mène une dynamique politique dedéveloppement qui vise à relever les grands défisauxquels le Togo doit faire face. Sous sa direction,le Togo évolue dans le bon sens. »

Le budget 2017 consacre 46,8 % des ressources au secteur social

Faure E. Gnassingbé sait aussi que l’inci-dence de la pauvreté a reculé de 5 % en huitans, et il a dû lire l'un des rapports conjointsde la Banque africaine de développement(BAD) et de l’Organisation de coopération etde développement économiques (OCDE) quireconnaissent les « énormes efforts » consentispar son pays dans le domaine de l’éducation.Cependant, le président qu’il est sait égale-ment que trois jeunes Togolais sur dix sont ensituation de chômage et de sous-emploi, ouque la grande pauvreté persiste en milieu ruralmalgré l’introduction récente d’une vaste cam-pagne en faveur de la microfinance. C’est pourcela, explique le conseiller d’un ministre, que« son mandat en cours est dédié aux réformes so-ciales, avec la mise en place d'infrastructures auservice des plus vulnérables et particulièrementpour les populations pauvres de zones rurales ».

En effet, contrairement aux lois de financespassées qui faisaient une part prépondéranteaux infrastructures d’accélération de la crois-sance économique telles que les infrastruc-tures routières, dans la loi de finances 2017, legouvernement du Président Gnassingbé aconsacré la part du lion au volet social avec46,8 % des ressources sur un projet de budget

POLITIQUE

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Le président togolais Faure Essozimna Gnassingbéaccueilli par le président chinois Xi Jinping lors de sa visite officielle à Pékin du 29 mai au 2 juin 2016.

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2017 qui se chiffre à 1 218,7 milliards deFCFA. Les prévisions budgétaires pour 2017s’équilibrent en ressources et en charges à1 218,7 milliards, contre 962,8 milliards en2016, soit une hausse de 26,6 %. Les recettesbudgétaires, chiffrées à 806,5 milliards FCFAcontre 750 milliards en 2016, sont quant àelles en hausse de 7,5 %. Ces orientationsmontrent que le troisième mandat de Faure E.Gnassingbé est par conséquent placé sous lesigne de l'action sociale et qu'il va se matéria-liser à travers cette loi de finances 2017 et lessuivantes en mettant un accent particulier surle social et la réalisation des infrastructuresdestinées à sortir les plus vulnérables de lapauvreté. Ce budget 2017 s’inscrit aussi dansla poursuite de la mise en œuvre des orienta-tions de la Stratégie de croissance accélérée etde promotion de l’emploi (SCAPE) de mêmequ’il anticipe sur celles du prochain Plan na-tional de développement (PND) qui inter-viendra en 2018 et qui consacrera la mise enœuvre des Objectifs de Développement Dura-ble (ODD).

Accélérer le processus de décentralisation pour un développementéconomique et social inclusif

La réorganisation de la vie politique localereste l'une des autres priorités du troisièmemandat du président Faure E. Gnassingbé. Lemandat social vise à libérer et réaliser le poten-tiel de chaque togolais en brisant les chainesd’exclusion et d’inégalités sociales et écono-miques. Après avoir renforcé l’État Centralpour un meilleur service aux populations etrenforcer les capacités de gestion communau-taire, le moment est bienvenu pour rappro-cher moyens et pouvoir de décisions des com-munes pour que les populations elles-mêmesprennent plus et mieux en charge le dévelop-pement des localités où elles vivent.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, lesdernières élections locales remontent à 1985,la crise politique étant intervenue en 1990.Depuis 2000, les communes sont dirigées pardes délégations spéciales mises en place par lepouvoir central. La majorité des acteurs natio-naux et internationaux appelle à l’organisa-tion d'élections locales et la mise en œuvre dela décentralisation pour sortir de cette situa-tion atypique. C’est pour relever ce défi que lePrésident du Togo, via un projet de réformeterritoriale, a amorcé un processus d’accéléra-tion de la décentralisation qui permettra unmeilleur maillage administratif et une amélio-ration des services essentiels aux populations.Cette mesure revêt aussi un caractère démocra-

tique, puisque la décentralisation sert de labo-ratoire de bonne gouvernance.

Pour le gouvernement, après les deux pre-miers mandats du Président Faure E. Gnas-singbé consacrés à réaliser les réformes au ni-veau du Central pour relancer la croissanceéconomique, à réduire l’extrême pauvreté, àrelancer le fonctionnement normal des ser-vices publics, et à asseoir la paix et la démocra-tie au niveau central, la prochaine étape est dedécentrer le pouvoir des décisions vers des au-torités élues au niveau communal pour mieuxmobiliser les potentiels des populations et desleaders locaux en faveur de l’approfondisse-ment de la démocratie pour un développe-ment local plus soutenu et plus inclusif.

Conscients des facteurs de vulnérabilité, auniveau local notamment, les tensions commu-nautaires et des exigences de financement liéesà la démultiplication de centres autonomes dedécision et d’action, les autorités restent pru-dentes mais déterminées à assurer la finalisa-tion du processus de décentralisation en appe-lant chaque partie prenante à jouer sa partitionpour le succès de cette nouvelle étape dans larenaissance du Togo.

L’une des conditions pour réussir cette dé-centralisation et en faire un véritable moteurdu développement est de bien capitaliser lesretombées de politiques mises en œuvre pourla promotion de l’auto-développement et ducivisme de chaque togolais, pour la dynamisa-tion des économies locales y compris à traversl’entreprenariat, la promotion du développe-ment participatif à la base à travers les comitésde développement de quartiers ou de villages,et le renforcement des capacités de gestion decollectivités locales.

Enfin, le défi de taille est d’assurer un finan-cement adéquat de la décentralisation. Les ef-forts de mobilisation de ressources internes

par exemple à travers les réformes de la fisca-lité, et l’action de l’Office Togolais des Recettes,devront s’intensifier pour que l’État ait lesmoyens de faire de cette décentralisation vou-lue par tous les citoyens non seulement uneavancée politique, ce qui est en soi louable,mais aussi et surtout une avancée pour le dé-veloppement accéléré et inclusif de toutes leslocalités du Togo.

C’est en prenant la mesure de tous ces dé-fis qu’en mars dernier, dans son Palais deLomé II, le Président a donc rencontré l’en-semble des chefs traditionnels venus de toutesles contrées du Togo pour évoquer les élec-tions locales, dont on pense qu’elles de-vraient être organisées en 2018. Lors de cetterencontre, Faure E. Gnassingbé a évoqué lesquerelles inter et intra communautés, invi-tant tous les chefs traditionnels à aller au-delà de ces tensions pour accompagner avecabnégation le processus de décentralisationdont l’objectif ultime est selon le Président« de faire reculer la pauvreté ». Prenant exemplesur les autres pays de la sous-région, le prési-dent Faure E. Gnassingbé a reconnu que sonpays accusait un retard dans son processus dedécentralisation et d’organisation d’électionslocales : « Si vous regardez autour de nous, lesautres pays ont déjà mis en œuvre cette décentra-lisation. Et compte tenu des problèmes que nousavons connus, nous sommes restés un peu enmarge de la réforme », a-t-il regretté, ajoutantque ces élections locales sont l’un des sujetsles plus importants du moment qui préoccu-pent tous les Togolais. « S’il faut attendre detout régler avant d’aller à ces élections locales, onne les organisera jamais », a-t-il souligné. Unrécent atelier, organisé sous l’égide du minis-tère de l’Administration territoriale et desCollectivités locales, avec l’aide des parte-naires au développement est � (Suite p. 14)

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La chancelière allemande Angela Merkel etle président de la République togolaise

Faure Essozimna Gnassingbé à l’issue du tête-à-tête entre les deux dirigeants

à Berlin en juin dernier.

Page 14: Interviews · Marchés Africains – H.S. N°51 Spécial Togo 7 ÉDITO F aure Essozimna Gnassingbé, 50 ans, fait partie de cette génération de dirigeants africains qui ont un rapport

� venu confirmer la volonté du gouverne-ment togolais à aller de l’avant en matière dedécentralisation.

Angela Merkel : « Le Togo est sur la voie du progrès »

Autre élément de taille, le président Faure E.Gnassingbé est parvenu à faire du Togo unpays respecté, faisant oublier les années deboycott connues sous le règne de feu son père.Après une visite officielle réussie auprès duprésident chinois Xi Jinping en Chine, visitequi s’est soldée par plus de 100 millions d’eu-ros d’engagements de financement d’investis-sements de la part des Chinois à l’endroit duTogo, il a poursuivi son marathon diploma-tique et économique en Allemagne du 8 au13 juin dernier avec son chef de la diplomatiegermanophile Robert Dussey. Cette visite adonné lieu à la signature d’un important ac-cord financier qui fait bénéficier son paysd'un engagement de 54 millions d’euros, soitune hausse de 30 % par rapport à l’exerciceprécédent, destinés aux projets de coopéra-tion financière et de coopération techniquesur la période 2016-2017. Lors du Forum éco-nomique Bavière-Togo organisé le 13 juin,plusieurs intervenants dont Robert Dussey,chef de la diplomatie togolaise, ont abordédes thèmes relatifs aux relations politiques etéconomiques entre les deux pays, à la place duTogo comme porte d’entrée du marché de l’es-pace CEDEAO. Les échanges ont égalementporté sur la coopération bilatérale avec un ac-cent particulier sur le grand programme detransformation structurelle de l’économie duTogo qui fait partie intégrante de la Vision duPrésident Faure E. Gnassingbé. L’un des objec-tifs majeurs est de convaincre les grandes en-treprises bavaroises de tirer profit d’un climatdes affaires qui s’améliore rapidement commele soulignent les indicateurs Doing Businessen investissant au Togo dans des domainesstratégiques tels que l’énergie, les mines, lestransports et la logistique, et l’agro-industrie.

À l’issue du tête-à-tête entre dirigeants alle-mand et togolais, la chancelière Angela Merkeldevait indiquer à son homologue : « Le Togo estsur la voie du progrès, les résultats sont très encou-rageants et l’Allemagne est naturellement disposéeà s’engager pour la réussite de cet ambitieux pro-jet. » Elle a ajouté que l’Allemagne appréciait àleur juste valeur les avancées démocratiques etéconomiques au Togo. Il faut d'ailleurs noterque durant l’année 2016, les gestes de rappro-chement entre Lomé et Berlin se sont multi-pliés. Ainsi, en avril dernier, une délégation al-lemande de 40 personnes composée d’hommes

d’affaires et d'hommes politiques était reçueen grande pompe à Lomé en marge d’un fo-rum germano-togolais dénommé Le Prin-temps de la coopération germano-togolaise.En tête de la délégation, le vice-président duBundestag et le vice-président de la banqueallemande de développement KFW. Les ob-servateurs n’ont pas manqué de se réjouir dece que la coopération germano-togolaisegagne en intensité depuis sa reprise en 2011après son interruption suite aux brouilles di-plomatiques des années 1990.

Manuel Valls : « La France croit dans le Togo »

Autre visite fort remarquée en 2016, cellede l’ancien Premier ministre français ManuelValls, une première pour un Chef de gouver-nement français depuis ces trente dernièresannées. Au centre des entretiens entre Ma-nuel Valls et Faure E. Gnassingbé, le renforce-ment de la coopération entre le Togo et laFrance, mais aussi la situation sécuritairedans la sous-région ouest-africaine. Le députéFrançois Loncle devait rappeler à cette occa-sion : « Le Togo est un pays stable avec lequel la France entretient des relations anciennes, in-tenses et confiantes. Plus de 3 500 Français rési-dent au Togo et 12 000 Togolais vivent en France.La France est très présente dans ce pays de 7 mil-lions d’habitants, dont elle est l’un des principauxfournisseurs et détenteurs d’investissements di-rects étrangers. Le Lycée français de Lomé ac-cueille plus de mille élèves. Rouvert en septembre2015, l’Institut français du Togo a rapidement re-trouvé sa place de centre francophone culturel etartistique. »

Il faut noter à ce propos que la France est

l’un des principaux bailleurs bilatéraux d’aideau développement, du Togo. La France s’inves-tit activement dans des secteurs phares du dé-veloppement socio-économique du Togo no-tamment dans des programmes d’assainissementde l’eau, du système éducatif et d’aménage-ment urbain.

Allant au-delà de la transformation positiveenregistrée au niveau national, le député fran-çais a révélé que la diplomatie volontaristemise en œuvre par le Président Faure E. Gnas-singbé a abouti à un succès sans équivoque. LeTogo est désormais un acteur essentiel danstoute la sous-région de la zone CEDEAO, quicompte 15 pays, un acteur engagé pour les dé-fis régionaux et mondiaux tels que la promo-tion de la paix et la lutte contre le terrorismeC’est en effet un pays stratégique, comme l’amontré la tenue du sommet de l’Union afri-caine le 15 octobre à Lomé ayant abouti àl'adoption d'une charte sur la sécurité mari-time. Lomé s’investit énergiquement dans lesinstances multilatérales que sont l'Union afri-caine et la CEDEAO, et prend une part signifi-cative à sept opérations de maintien de lapaix. Dès 2013 en effet, le Togo a soutenu laMINUSMA au Mali, lui fournissant plus de1 000 soldats et policiers. Avec le Ghana et leBénin a été mise en œuvre une stratégie desurveillance du Golfe de Guinée et de luttecontre la piraterie. Enfin, le Togo s'est en parti-culier impliqué dans les crises ivoirienne, sou-danaise et au Darfour, il coopère étroitementavec les forces armées françaises au sein dudispositif BARKHANE et combat, de manièredécisive et efficace, le terrorisme islamiste.L'engagement du Togo est grandement appré-cié par ses voisins africains.

Anne-Sophie Lallemant

POLITIQUE

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L’ancien Premier ministre françaisManuel Valls et le président Faure

Essozimna Gnassingbé le 29 octobre à Lomé.

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UN « DINOSAURE » POURBÂTIR UN TOGO NOUVEAU

Que faut-il comprendre à travers lanomination de Komi Sélom Klas-sou comme Premier ministre ? Pourcertains, le président Faure Esso-

zimna Gnassingbé envoie un message clair auxacteurs politiques : désormais, il compte s’ap-puyer sur l’expérience des anciens pour bâtir,avec les jeunes générations, un Togo nouveau.

Un personnage charismatiqueEt en la matière, il peut compter sur Komi

Sélom Klassou, qui n’est pas tombé de ladernière pluie. Personnage charismatiquebien connu des Togolais pour avoir occupéde nombreux postes à responsabilités, M.Komi Sélom Klassou, membre du parti l’Unionpour la République (UNIR), a participé àplusieurs négociations politiques au Togo.Homme de principes et de rigueur, il entendmettre son expérience à profit pour poursui-vre la politique de relance économique, delutte contre la pauvreté et d’emploi pour lajeunesse togolaise prônée par le chef de

l’État Faure Essozimna Gnassingbé.Ce sera l’occasion pour lui, en tout cas,

de poursuivre le remodelage du visage dupays dont Faure Essozimna Gnassingbé ahérité en 2005 : perclus de dettes, appauvripar le délabrement de ses infrastructures,par une Administration corrompue et, sur-tout, par un embargo international de qua-torze longues années, la coopération avecl’Union européenne n’ayant repris qu’ennovembre 2007.

Le Premier ministre, chef du gouverne-

Un chevronné de la politique pour diriger le gouvernement togolais après l’élection du présidentFaure Essozimna Gnassingbé le 25 avril 2015 ? C’est Komi Sélom Klassou, qui succède àArthème Ahoomey-Zunu.

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Primature

POLITIQUE

AFP

Komi Sélom Klassou, Premier ministre.

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ment, a également dirigé, rappelons-le, lacampagne de Faure Essozimna Gnassingbélors du scrutin présidentiel d’avril 2005 qui,selon la Cour constitutionnelle, l’a donnévainqueur. Une élection contestée par l’op-position mais que le directeur de campagnedu président élu d’après les chiffres offi-ciels, Komi Sélom Klassou, avait appelée àl’époque « une grande victoire pour le peupledu Togo ».

Un membre influent du parti au pouvoir, l'UNIR

Pour ceux qui ne le savent pas, Komi Sé-lom Klassou est un loup blanc des milieuxpolitiques togolais. Souvent présenté commeun membre influent du parti au pouvoir,l'Union pour la république (UNIR) créé enavril 2012 après la dissolution-fusion duparti Rassemblement du peuple togolais(RPT), il a été membre du bureau politiquedu RPT, parti créé en novembre 1969 par feuGnassingbé Eyadema, père de l'actuel chefde l'État.

Né le 10 février 1960 à Notsè, dans la pré-fecture de Haho, Komi Sélom Klassou est di-plômé de l’université du Bénin (UB) et deBordeaux (France). Il a été professeur d’his-toire et géographie au lycée de Tokoin (Lomé),puis assistant-chercheur à l’UB, au départe-ment de géographie. Ancien élève du lycéetechnique Eyadema, l’actuel chef du gouver-nement y a décroché en 1983 son baccalau-réat II série F1, puis s'est s’inscrit à l’UB où ila obtenu sa licence en géographie physiqueoption hydro-climatologie en 1989.

En 1996, M. Komi Sélom Klassou obtientson doctorat en hydro-climatologie appli-quée à l’environnement à l’université Michelde Montaigne Bordeaux III. Maître de confé-rences dans les universités de Lomé et deKara, M. Komi Sélom Klassou est l'auteur deplusieurs publications dans son domaine eta pris part à diverses conférences mondialessur le changement climatique.

Âgé de 56 ans, il était depuis 2007 et jusqu'àsa nomination premier vice-président del'Assemblée nationale, après avoir occupéplusieurs postes ministériels, notammentceux de l'Enseignement primaire et secon-daire ainsi que de la Jeunesse, de la Cultureet des Sports. Sa nomination est intervenueprès d'un mois après la prestation de ser-ment, le 4 mai 2015, de Faure EssozimnaGnassingbé, vainqueur pour un troisièmemandat de cinq ans de l'élection présiden-tielle du 25 avril dernier.

Junior Robert Tatieta

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LE SOCIAL AU CŒUR DE LA POLITIQUE DU PREMIER MINISTRE TOGOLAIS

Le Premier ministre Komi Sélom Klassou, lors de son discours de politique générale tenu le29 juin 2015 à l’Assemblée nationale, a fixé le cap pour un Togo qui rassure. Il s’agit principa-lement de faire en sorte que rien ne vienne briser l’élan, la volonté affichée et affirmée au som-met par le président de la République, en faveur d'une émergence déjà en marche sur le planpolitique, économique et social. « L’enjeu n’est pas seulement de préserver nos acquis, maisaussi d’innover, de continuer à moderniser notre pays pour lui permettre de réaliser pleine-ment son potentiel », fait d’ailleurs observer le chef du gouvernement togolais.Mais il sait que malgré les progrès réalisés, la tâche qui reste à accomplir est exigeante, carl’incidence de la pauvreté reste encore relativement élevée, surtout en milieu rural. De même,le niveau du chômage et du sous-emploi, en particulier chez les jeunes, demeure un défipréoccupant. Voilà pourquoi le gouvernement togolais entend se mettre à l’œuvre pour y faireface, car c’est le prix à payer afin de préserver durablement la paix sociale et la cohésion natio-nale. Dans cet objectif, le gouvernement dirigé par Komi Sélom Klassou oriente son actionsimultanément sur quatre fronts principaux : l'inclusion économique et sociale, la modernisa-tion du pays, les réformes politiques et enfin la capitalisation des acquis en matière de défenseet de sécurité.L’inclusion économique et sociale est considérée comme le premier vecteur de la cohésionnationale. La modernisation du pays doit être poursuivie au moyen d’un approfondissementdes réformes économiques et d’une intensification des grands travaux d’infrastructures. Il fautensuite insuffler à la relance de l’agenda des réformes politiques une nouvelle dynamique enmettant tout en œuvre pour faire avancer le chantier de la décentralisation. Enfin, il s'agit decapitaliser sur les acquis de la réforme du système de défense et de sécurité pour mieux posi-tionner le Togo dans l’environnement sous-régional et international.Selon Komi Sélom Klassou, l’expérience de ces dernières années a largement démontré qu’au-cune société humaine ne peut se bâtir durablement sur l’exclusion. C’est ainsi que son gou-vernement intensifie les efforts déployés pour améliorer encore l’offre de santé publique,réformer et moderniser le système éducatif ainsi que pour faciliter l’accès à l’eau potable, carces besoins sont au cœur des préoccupations quotidiennes des couches les plus vulnérablesde la société togolaise, en particulier celles qui vivent dans les milieux ruraux reculés.

Développement à la baseLe gouvernement togolais est très engagé sur le front social, notamment à travers la financeinclusive, dont les différents produits ont permis de toucher environ 700 000 personnes sansrevenus ou à faibles revenus. Son ambition forte est de développer de nouveaux produitsadaptés aux besoins spécifiques de cibles restant à identifier. Toute chose qui permettra d’at-teindre l’objectif initial : toucher deux millions de personnes vulnérables d’ici 2018 afin de lesaider à mener des activités génératrices de revenus.Par ailleurs, dans sa volonté de rester fidèle au programme social du président Faure Gnas-singbé, le gouvernement accorde une attention toute particulière à une amélioration consé-quente du taux de couverture énergétique. Globalement, l’ambition est de relever le tauxd’accès à l’électricité à 40 % d’ici à 2018, contre 26,5 % actuellement.Dans la même perspective et afin d’explorer toutes les pistes de prise en compte des besoinsdes plus vulnérables en matière de santé publique, le gouvernement souhaite amplifier le pro-gramme des transferts monétaires. Un programme qui permettra aux femmes enceintes d’aumoins trois mois, aux mères et tuteurs d'enfants de 0 à 24 mois ainsi qu’aux mères et tuteursd'enfants de 24 à 59 mois atteints de malnutrition sévère et aiguë d’avoir accès, sur une basemensuelle, à un pécule destiné à couvrir les dépenses de santé. L’enjeu est d’assurer une priseen charge effective de la santé néonatale et infantile dans les milieux défavorisés.L’éducation n’a pas été oubliée. En la matière, les acquis de la gratuité des frais de scolaritéau primaire seront consolidés et des efforts déployés pour que l’école togolaise joue pleine-ment son rôle d’ascenseur social. Au regard du discours de politique générale du premier ministre Komi Sélom Klassou, il appa-raît que le social sera au cœur du nouveau quinquennat, comme n'a cessé de le souligner leprésident de la République. C’est un pacte de solidarité qui oblige politiques et citoyens togo-lais à être plus que jamais attentifs au sort des plus modestes et des plus vulnérables. J.R.T

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RÉHABILITATION DU PARLEMENT TOGOLAIS

Assemblée Nationale

Au terme des dispositions de laConstitution togolaise de 1992, lesdéputés, élus au scrutin propor-tionnel de liste à un tour pour un

mandat de cinq ans, contrôlent l’action dugouvernement et peuvent le censurer. Enl’absence d’un Sénat pourtant prévu par laloi fondamentale mais toujours pas mis enplace, c’est l’Assemblée nationale qui vote laloi en premier et dernier ressorts. En octobredernier, quatre ministres se sont pliés auxséances des questions des députés : Sani Yayapour l’Économie et les Finances, Marc Dèdè-riwè Ably-Bidamon pour les Mines et l’Éner-gie, Bernadette Essossimna Legzim-Baloukipour le Commerce et la Promotion du sec-teur privé, et enfin Komi Tchakpele pour lesEnseignements primaire et secondaire. Lestrois premiers ont été priés par la représenta-

tion nationale d’apporter quelques éclaircis-sements sur la composition de l’actionnariatdu cimentier WACEM ainsi que sur sa situa-tion fiscale, sur les spéculations liées du prixdu sac de ciment ou encore sur les taxes ver-sées par la Société nouvelle des phosphatesdu Togo à des préfectures de province, sur larupture de contrat entre le Togo et la sociétéexploitant le fer de Bandjeli au nord du pays,etc.

Délocalisation de sessions parlementaires en province

En réalité, le renouveau de la représenta-tion nationale togolaise date de 2007, avecles élections législatives ayant consacré unParlement pluraliste qui succédait à une As-semblée monocolore. Il a été renforcé par la

législature suivante avec l’arrivée au perchoirde Dama Dramani, le président actuel, enseptembre 2013. Ce dernier, depuis son élec-tion, s’attèle à changer l’image de « Chambred’enregistrement » qui colle encore à l’As-semblée nationale. Outre la promotion qu’ilfait de l’expression de la diversité et du plu-ralisme politique, l’ancien ministre impliqueles députés dans la recherche de règlementsaux crises sociales : grèves dans la Fonctionpublique, drame dans l’usine du cimentierWACEM… Il est aussi l’artisan de la délocali-sation de sessions parlementaires en pro-vince et d’une diplomatie parlementaire active par le renforcement des liens et la re-dynamisation des activités de regroupe-ments avec le Comité interparlementaire del’Union économique et monétaire ouest-africaine (CIP-UEMOA), le Parlement de la

POLITIQUE

L’arrivée au perchoir de Dama Dramani en septembre 2013 marque la volonté de changerl’image de l’Assemblée nationale. Par ailleurs, la livraison du nouveau siège du Parlementannoncée pour 2018, autre signe de la marche vers la réhabilitation de cette institution, signifiera enfin l’abandon des locaux du Palais des Congrès de Lomé.

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Le président Dama Dramani entouré des 8 membrescomposant le bureau de l’Assemblée nationale.A

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Communauté économique des États de l’Afriquede l’Ouest (CEDEAO) ou encore le Parle-ment panafricain, dans lesquels siègent plu-sieurs élus togolais.

Cette volonté de redonner à la représenta-tion nationale ses lettres de noblesse se ma-nifeste également au niveau du budget, enprogression depuis quelques années et quidevrait se situer autour de 5,686 milliards deFCFA au terme du projet de loi de financesexercice 2017. Si l’on ajoute à cela la livrai-son annoncée pour 2018 du nouveau siègede l’Assemblée nationale qui, depuis long-temps, « squattait » le Palais des Congrès deLomé, on peut légitimement conclure que leParlement togolais est bel et bien en voie deréhabilitation.

Une assemblée pluralisteLa configuration de l’Assemblée nationale

togolaise issue des élections législatives de2013 se présente comme suit : 62 sièges pourl’Union pour la République (UNIR, majo-rité), 16 sièges pour l’Alliance nationalepour le changement (ANC, opposition),6 sièges pour Arc-En-Ciel, 3 sièges pour l’Al-liance des démocrates pour un développe-ment intégral (ADDI), 3 sièges pour l’Uniondes forces de changement (UFC), et enfin1 siège pour le Sursaut national (candidatindépendant). Suite à des crises internes, ledéputé Djimon Ore a quitté les rangs del’UFC pour créer le Front des patriotes pourla démocratie (FPD). Même démarche pourAlphonse Kpogo, élu ADDI qui a démis-sionné pour rejoindre l’ANC.

Aux termes des dispositions de l’article 26de son Règlement intérieur (RI), un groupeparlementaire ne peut être reconnu commeadministrativement constitué que lorsqu’ilréunit au moins le 1/10e des membres consti-tuant l’Assemblée nationale. De fait, celle-cin’est composée que de deux groupes parle-

mentaires pour la législature en cours : ceuxd’UNIR (majorité) et ceux de l’ANC (opposi-tion). En outre, l’un des principes directeursrégissant la représentation nationale veut quele bureau, les présidents des commissions etles bureaux des commissions soient élus ens’efforçant de refléter la configuration poli-tique de l’Assemblée nationale. Si cette exi-gence de l’article 8 du RI a été jusque-là res-pectée, ce n’est pas le cas pour la législatureactuelle. En effet, faute de consensus sur lenombre de places qui devraient être réservéesà l’opposition au sein du bureau, celui-ci necomprend que des membres de la majorité.

En revanche, sur les neuf commissionspermanentes que compte le Parlement, qua-tre sont dirigées par l’opposition, notam-ment celles sur l’éducation et le développe-ment socio-culturel par le Dr Djimongou

Sambiani (UFC), celle sur l’environnementet le changement climatique par Patrick Law-son (ANC), celle sur la santé, la populationet l’action sociale par Tchabouré Aimé Gogue(ADDI), et enfin celle sur la relation exté-rieure et la coopération par Jean Kissi (Arc-En-Ciel). Par ailleurs, pour consacrer uneplace officielle à l’opposition, une loi sur lestatut d’un chef de file a été adoptée en 2013par l’Assemblée nationale. Début 2015, legouvernement a adopté le décret de mise enapplication de cette loi dont bénéficie le pré-sident du parti d’opposition qui a le plus dedéputés pendant la législature. Le décret dé-termine les privilèges du chef de file de l’op-position, qui a rang de président d’institutionselon le protocole d’État et dispose donc desavantages pécuniaires et matériels afférents.

Jean-Paul Agboh Ahouelete

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 19

Le président de l’Assemblée nationale du Togo, Dama Dramani, fait partie des « monuments »de la vie publique togolaise. Âgé de 72 ans, ce natif de Kaboli, dans le centre du pays, est unhaut fonctionnaire formé à l’École nationale d’administration (ENA) de Lomé et diplômé en diplo-matie de l’Institut international d’administration publique (IIAP) de Paris. Son premier poste à responsabilités fut celui de directeur des études au ministère des Affairesétrangères, mais le public le découvrira véritablement dans les années 80, quand il sera nommédirecteur du Protocole d’État de feu Gnassingbé Eyadema, fonction qu’il occupera pendant dixans. En 1999, il entre au gouvernement comme ministre des Transports et des Ressourceshydrauliques, puis il devient ministre du Commerce, de l’Industrie, des Transports et du Déve-loppement de la zone franche jusqu’en 2003. Si cela fait plus de trente ans que les Togolais sonthabitués à voir sa haute silhouette dans l’espace public, ce n’est pourtant qu’en 1994 que M.Dama Dramani entame véritablement sa carrière politique en étant élu député et en prenant latête du groupe parlementaire de la majorité, le Rassemblement du peuple togolais (RPT). Il y res-tera jusqu’en 1999, année où, pour la première fois, il sera appelé au gouvernement. Il sera rééluen 2007 puis en 2013 sous les couleurs du parti UNIR, qui succède au RPT dissout, et prendra laprésidence de l’Assemblée nationale. Discret, M. Dramani n’en est pas moins de « ceux dont l’avis compte au sein du pouvoir », tient àpréciser l’un de ses proches. Décrit par ses collaborateurs comme un bourreau de travail, le pré-sident de l’Assemblée nationale veut laisser dans l’Histoire la trace d’un homme qui aura contri-bué à modifier l’image du Parlement et aura réussi à améliorer la qualité du travail des députés.

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Dama Dramani, président de l’Assemblée nationale,en pleine séance devant les députés au Parlement.

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UNE DIPLOMATIE CONQUÉRANTE

Diplomatie

Le succès du sommet extraordinaire del’Union africaine (UA) sur la sûreté etla sécurité maritimes tenu du 10 au15 octobre 2016 à Lomé est un bel

exemple qui illustre les ambitions de la diplo-matie togolaise. L’objectif a été atteint. PourFaure Essozimna Gnassingbé, président de laRépublique togolaise et organisateur du som-met, il s’agissait de rassembler l’Afrique autourd’engagements contraignants contre la pirate-rie, la pêche illégale, ou encore pour la promo-tion de l’« économie bleue ». Et le Togo a relevéle défi ! Le 15 octobre 2016, c’était chose faite,et en grande pompe.

« C’est l’un des sommets les plus réussis del’UA », a commenté le président en exercicede l’organisation, Idriss Déby Itno, présidentde la République du Tchad. « C’est la premièrefois que tous les pays du continent se mettentd’accord sur une thématique pareille. Ce n’estpas grave si tout le monde n’a pas signé, l’essen-tiel est que la charte ait été adoptée », poursuitun ambassadeur tchadien. Et oui, plus de30 pays africains ont adopté à Lomé unecharte contraignante sur la sûreté et la sécu-rité maritimes. Le texte initié par le Togo aété validé lors du sommet extraordinaire del’Union africaine. Le président du KenyaUhuru Kenyatta, celui du Congo Denis Sas-sou Nguesso et celui du Tchad Idriss Déby

Itno étaient satisfaits de la décision prise àl’issue des travaux.

Le président togolais Faure EssozimnaGnassingbé et son ministre des Affaires étran-gères Robert Dussey ne cachaient pas nonplus leur satisfaction, car ils se sont engagésà fond depuis deux ans pour parvenir à ce ré-sultat. La charte propose de coordonner lesactions entre les pays du continent pour lut-ter contre la piraterie et les trafics de drogue,d’armes et d’êtres humains sur les côtes afri-caines. Ce sont 43 pays qui étaient représen-tés au sommet de Lomé sur les 54 pays quecompte l’UA, dont 17 par leur chef d’État.

Tout l’enjeu de la charte désormais adop-tée réside maintenant dans son application.Qu’en feront les États signataires ? Quinzeratifications au niveau national sont néces-saires pour que le texte entre officiellementen vigueur 30 jours plus tard. Mais incontes-tablement, le sommet extraordinaire de l’UAorganisé en octobre 2016 a été une victoirediplomatique pour le Togo. Car cette confé-rence, la première de grande ampleur orga-nisée depuis 30 ans, s’est déroulée de ma-nière exemplaire, avec une logistique parfaitementhuilée.

L’onction diplomatique de Manuel Valls D’ailleurs, le mois d’octobre 2016 pourrait

être baptisé « mois de l’offensive diploma-tique togolaise en 2016 ». Le sommet del’UA sur la sûreté et la sécurité maritimes àpeine terminé, c’était l’ex-Premier ministrefrançais Manuel Valls qui était annoncé àLomé le 28 du même mois. A Lomé, cette vi-site de l’ancien chef de gouvernement fran-çais Manuel Valls, premier chef du gouverne-ment français à venir au Togo depuis la visitede Michel Rocard il y a 28 ans, est perçuecomme « l’expression d’une marque de confiancedans les efforts de gouvernance politique et de re-lance économique entrepris ces dernières annéesdans le pays grâce à la vision du président Faure

Essozimna Gnassingbé », a relevé un officieltogolais.

Au Togo, Manuel Valls a évoqué plusieurssujets relatifs au renforcement de la coopéra-tion politique, économique, culturelle, scien-tifique, environnementale et sécuritaire avecla France mais on trouvait aussi, au menudes discussions entre l’ancien Premier minis-tre français et le président togolais, la situa-tion sécuritaire dans la sous-région ouest-africaine. M. Valls a indiqué que son passageà Lomé était une étape pour accompagner leretour à la normale de la relation bilatéralefranco-togolaise. « L’économie togolaise estpleine d’opportunités. La France croit dans leTogo », a déclaré le chef de gouvernementfrançais.

La coopération entre la France et le Togoest vieille de plus d’un demi-siècle. La Francemène dans le pays des actions dans les do-maines de l’assainissement, de l’eau, de lasanté, de l’éducation, du développement ur-bain et de l’appui au secteur privé. Elle inter-vient également dans l’appui aux secteurs àfort potentiel économique, dans le renforce-ment des infrastructures économiques, dansle développement du capital humain, dansla protection sociale et dans l’emploi, et en-fin dans le renforcement de la gouvernanceet la promotion d’un développement partici-patif, équilibré et durable.

À l’issue de sa visite de 24 heures, ManuelValls a affiché sa satisfaction. Pour lui, ce déplacement a été l’occasion de donner savision de l’Afrique. Une vision optimiste. Enarrivant à Lomé, il a rencontré le présidentFaure Gnassingbé avec ce message : « Le Togochange, il change dans le bon sens. La Francecroit dans le Togo et la France veut une relationplus forte avec le Togo. » Il appartient mainte-nant aux patrons de la diplomatie togolaisede garder la bougie allumée pour que le payscontinue à rayonner à travers le monde.

Junior Robert Tatieta

POLITIQUE

Le Togo se repositionne dans le concert des Nations. Le président togolais Faure EssozimnaGnassingbé et son ministre des Affaires étrangères Robert Dussey mettent tout en œuvre pourdonner la place qu’il faut au Togo à travers une diplomatie active.

20 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

AFP

Robert Dussey, ministre des Affaires

étrangères.

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Coopération-Union européenne

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 21

PARIS ET BERLIN PIVOTS DELA COOPÉRATION AVEC L’UE

On se souvient qu’après ses visites en France de septembre 2006,novembre 2008 et novembre 2013,le président Faure Essozimna

Gnassingbé avait participé au sommet de l’Ély-sée pour la paix et la sécurité en Afrique endécembre 2013 ainsi qu’à la Marche républi-caine de janvier 2015 à Paris. En décembre2015, il était présent à la Conférence de Parissur le changement climatique (COP21) : àcette occasion, il s’était entretenu avec l’ex-Pre-mier ministre Manuel Valls. Nul ne peut doncdouter du renforcement des relations entre leTogo et la France au vu des échanges entre lesmembres de leurs deux gouvernements.

En effet, en janvier 2013, Laurent Fabius,alors ministre des Affaires étrangères, avaitreçu Arthème Ahoomey-Zunu, Premier mi-nistre togolais, et, en octobre 2013, RobertDussey, ministre des Affaires étrangères et del’intégration africaine. Ce dernier a d’ailleursrencontré son homologue Jean-Marc Ayraulten mai 2016. Le même mois, André Vallini, se-crétaire d’État chargé du Développement et dela Francophonie, et Jean-Marie Le Guen, secré-taire d’État auprès du Premier ministre, chargédes relations avec le Parlement, se sont ren-dus au Togo. Par ailleurs, les relations inter-parlementaires ont trouvé un nouvel élan en2015 grâce à la création du groupe d’amitiéTogo-France à l’Assemblée nationale togo-laise.

Relations économiquesAvec ses 570,7 millions d’euros d’exporta-

tions en 2015, la France est l’un des princi-paux fournisseurs du Togo, même si unepartie de ses produits sont destinés à être ré-exportés vers des pays de la sous-région. Lesimportations françaises représentent quant àelles 9,3 millions d’euros en 2015, les princi-paux clients du Togo étant le Burkina Faso,le Bénin, le Niger et le Mali. Une vingtained’entreprises françaises sont présentes au

Togo : la France est l’un des principaux dé-tenteurs d’investissements directs étrangers,avec un stock de 53,2 millions d’euros en2014.

Coopération culturelle, scientifique et technique

La France est le premier bailleur bilatérald’aide au développement au Togo, avec 160millions d’euros d’engagements prévus entre2014 et 2017. Le document conjoint de pro-grammation associant l’Union européenne,la France et l’Allemagne pour la période2014-2020 appuie la Stratégie de croissance

accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE)du gouvernement togolais selon cinq axes :le soutien aux secteurs à fort potentiel decroissance, le renforcement des infrastruc-tures économiques, le développement du ca-pital humain, de la protection sociale et del’emploi, le renforcement de la gouvernance,et enfin la promotion d’un développementparticipatif, équilibré et durable ainsi que lerenforcement de la gouvernance. Signalonsque l’ambassade de France met par ailleursen œuvre un fonds d’appui aux sociétés ci-viles du Sud, et plusieurs fonds de solidarité.

Catherine Demy (avec France Diplomatie)

Un document de programmation associant l’Union européenne (UE), la France et l’Allemagne a été élaboré pour la période 2014-2020 en appui à la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) du gouvernement togolais.

RÉCHAUFFEMENT DE L’AXE BERLIN-LOMÉ

Après quelque vingt ans de brouille, les relations entre l’Allemagne et le Togo ont repris,notamment avec la tenue du forum Printemps de la Coopération entre les deux pays du 4 au6 avril 2016 à Lomé. Ce renouveau diplomatique s’est matérialisé avec les visites de respon-sables allemands de haut niveau : Gerd Müller, ministre de la Coopération économique et duDéveloppement, en janvier 2016, et Johannes Singhammer, vice-président du Bundestag,invité d’honneur du dernier forum.

Énergie : amélioration de la production et de la distribution d’électricitéLe Togo bénéficie d’une enveloppe de 32,5 millions d’euros au titre du programme Systèmed’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA-WAPP) qui soutient les interconnexionsélectriques respectueuses de l’environnement en Afrique de l’Ouest. Et pour augmenter les capa-cités de production d’électricité du Togo, Berlin a accordé depuis 2012 une aide de 11,5 millionsd’euros destinée à la réhabilitation de la centrale hydro-électrique de Nangbeto.

Environnement : réserve de biosphère et adaptation au changement climatiqueLe Projet d’adaptation au changement climatique au Togo, financé à hauteur de 1,8 milliond’euros par le Fonds spécial pour l’énergie et le climat, doit permettre à Lomé de construiredes infrastructures afin de faire face aux dégâts provoqués notamment par les intempéries. Leprojet vise aussi à réduire l’impact du changement climatique sur les producteurs agricoles etsur les ressources naturelles pour endiguer l’insécurité alimentaire.

Santé : lutte contre le manque de centres de soins de baseL’Allemagne finance à hauteur de 5 millions d’euros le renforcement des systèmes de santé debase au Togo. Le projet vise la construction ou la réhabilitation de centres de santé pourgarantir l’accès des populations à un système sanitaire de qualité, surtout dans les zonesrurales. C.D.

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LE TOGO AFFICHE SA DÉTERMINATIONÀ RÉALISER LES ODD

Objectifs de développement durable

La 70e session des Nations unies tenueà New York en septembre 2015 a vu lacommunauté internationale adopterles Objectifs de développement dura-

ble (ODD). Ce nouveau programme fait suiteà celui des Objectifs du millénaire pour ledéveloppement (OMD) qui avait mobilisé les dirigeants du monde entier en septembre2000 autour d’une initiative commune visantà s’affranchir de la pauvreté avant 2015. Bienque ce programme ait permis d’accomplird’immenses progrès sur la planète dans lesdomaines de la lutte contre la mortalité infan-tile, de la scolarisation à l’école primaire et del’accès à l’eau potable, certains de ses objectifsmesurables n’ont pas été atteints : il s’agissaitentre autres, à l’échelle mondiale, de l’élimina-tion de l’extrême pauvreté et de la faim, de laprévention des maladies mortelles mais gué-rissables ou encore de la promotion de l’éga-lité des sexes et de l’autonomisation desfemmes.

Pour le cas du Togo, le Programme des Na-tions unies pour le développement (PNUD)estime que le pays, « qui est sorti depuis 2006d’une longue crise sociopolitique ayant fortementfreiné son processus de développement, ne demeurepas en reste. Les difficultés dans la gestion des fi-nances publiques entre 1991 et 2005, accentuéespar une importante réduction de l’aide publiqueau développement, ont entraîné un fort désinvestis-sement dans tous les secteurs, notamment l’agri-culture, l’éducation, la santé et les infrastructureséconomiques et sociales. Le manque de visibilitédans la politique de développement avait aussi en-traîné un attentisme du secteur privé, qui avait for-tement réduit ses investissements. »

Ainsi, ces difficultés sur les plans politiqueet économique ont négativement impacté lemarché du travail aussi bien au niveau du sec-teur public que du privé formel. En consé-quence, l’ambitieux programme des OMD nepouvait qu’être hors d’atteinte pour le pays en2015. D’ailleurs, les conclusions du rapport

2010 de suivi des OMD indiquaient que seulsles objectifs portant sur l’éducation universelleet la lutte contre le VIH/Sida semblaient attei-gnables si les efforts étaient maintenus dans cesens.

Mais le pays a retrouvé sa stabilité politiqueet les voies du redressement économique, etles Objectifs de développement durable sontdésormais, aux yeux des pouvoirs publics, unobjet de préoccupation pour améliorer à termele bien-être des Togolais. C’est ainsi que desacteurs issus de l’Administration, du secteurprivé, des collectivités territoriales, des organi-sations de la société civile et des partenaires audéveloppement ont été impliqués dans la

priorisation de ces ODD et dans l’analyse deleurs cibles, en tenant compte de la spécificitédu pays pour les internaliser dans le Plan na-tional de développement (PND) et dans lespolitiques et autres stratégies de développe-ment.

Cette initiative nationale d’implémentationdes ODD dans les différentes politiques pu-bliques a été réaffirmée en septembre dernierà la tribune à l’assemblée générale des Nationsunies par l’ambassadeur et représentant per-manent du Togo, Kokou Kpayedo. Pour ce di-plomate, « le Togo, pays pilote pour les Objectifsde développement durable, s’est offert volontaire-ment à l’exercice du rapport d’avancement de l’in-tégration des ODD dans les stratégies et pro-grammes nationaux de développement. À cetteoccasion, nous avons pu démontrer les avancéesdans la mise en œuvre de notre feuille de route enla matière, mais aussi partager les progrès non né-

gligeables que nous avons accomplis dans la miseen œuvre d’actions phares pour ne laisser personnepour compte. »

Cette capitalisation d’expérience fait la fiertédu Togo. Le pays avait déjà été l’un des quatrepays africains sélectionnés pour préparer unCadre d’accélération des OMD (CAO) et four-nir aux autres États membres de l’Organisa-tion des Nations unies un ensemble métho-dologique en prélude au Sommet de septembre2010. Pour cette occasion, le gouvernement to-golais avait mis en place un comité de pilotageet retenu comme axe de travail l’améliorationde la productivité agricole afin de mieux luttercontre la pauvreté rurale, approche basée à

l’époque sur l’identification des interventionsstratégiques nécessaires à la réorientation, d’ici2015, des cibles des OMD ne se situant pas surla bonne trajectoire, à l’analyse des goulotsd’étranglements expliquant les retards dans lamise en œuvre efficace des interventions, à lasélection de solutions d’accélération, et enfin àl’établissement d’un plan d’action et de suiviavec une définition précise des rôles des insti-tutions et des partenaires dans la mise en œu-vre. L’élaboration d’un CAO visait ainsi, dansle cadre de diagnostics partagés, à identifierdes solutions pratiques, ciblées et de courtterme pour accélérer la réalisation des OMD.Cette expérience peut être reprise, en l’amélio-rant, dans le suivi de la mise en œuvre desODD, et à ce titre le Togo pourra se prévaloird’être un important acteur de partage de sonsavoir en matière de développement.

Jean Clotaire Hymboud

SOCIÉTÉ

Le nouveau programme des Objectifs de développement durable (ODD), porteur d’un changementcentré sur l’homme et sur la planète, comprend 17 objectifs déclinés en 169 cibles couvrant l’ensem-ble des enjeux mondiaux de développement. Il vise à éliminer la pauvreté, à transformer la vie despopulations et enfin à protéger la planète afin que chacun puisse vivre dans la dignité d’ici 2030.

22 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

« Le Togo, pays pilote pour les Objectifs de développement durable, s'est offert volontairement à l'exercice du rapportd'avancement de l'intégration des ODD dans les stratégies etprogrammes nationaux de développement. »

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Travail

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 23

LA POLITIQUE DE L’EMPLOIEN MARCHE

Pour Faure Essozimna Gnassingbé,chaque Togolais doit pouvoir contri-buer à la vie sociale, économique etpolitique de son pays et être reconnu

à sa juste valeur. Sachant qu'un Togolais surdeux a moins de 25 ans, il compte donnerune qualification à tous les jeunes, réformer lesecteur de l’éducation et mettre en adéquationla formation et le monde du travail. N'a-t-ilpas déclaré : « Notre jeunesse sera notre énergierenouvelable. Une Chance pour tous, mais aussi unDevoir pour chacun. Il faut aller de l’avant… » ?Il s'agit donc de créer des emplois en masse auprofit de cette jeunesse togolaise.

Et les mécanismes ne font pas défaut. Pource qui est de la poursuite des grands projetsstructurants qui ont pour corollaire le renfor-cement des infrastructures économiques, leTogo s'est doté de la Stratégie de croissanceaccélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE)qui prend aussi en compte les grandes orien-tations de la vision Togo 2030. Les axes prio-ritaires de cet outil ont été déclinés dans le

projet de société que le président de la Répu-blique a proposé au peuple togolais durant lacampagne électorale. L’Agence nationale duvolontariat au Togo est également opération-nelle. C’est un outil précieux dont dispose lepays pour déployer activement son action enfaveur de l’emploi des jeunes. La valorisationdu programme de volontariat national (PRO-VONAT) constitue l’un des axes majeurs del’action gouvernementale en faveur de leur in-sertion professionnelle. Il s’agit de mobiliserdavantage de volontaires parmi les jeunes di-plômés et les primo-demandeurs d’emplois,mais aussi de poursuivre les programmes deformation et d’accompagner ces volontaires

sur le chemin de la vie professionnelle. Dansson discours de politique générale, le Premierministre togolais Komi Sélom Klassou a prissoin de préciser que le Programme de volon-tariat national sera par ailleurs élargi auxjeunes déscolarisés, qui pourront ainsi bénéfi-cier d’une prise en charge socioprofession-nelle effective. Pour mener à bien sa politiqueactive d’insertion professionnelle des jeunes,le gouvernement misera sur les travaux àhaute intensité de main-d’œuvre, notammentdans les secteurs porteurs tels que le bâti-ment, les travaux publics, les mines, l’agro-in-dustrie et le secteur portuaire.

Mais sur le long terme, la stratégie du gou-vernement togolais reposera sur un change-ment radical d’orientation qui placera la pro-motion de l’esprit d’entreprenariat au centredes démarches. Ainsi, les travailleurs indépen-dants et les artisans dont le dynamisme etl’esprit d’initiative sont remarquables pour-ront servir d’exemple dans cette bataille pourl’auto-emploi que le pays veut, à tout prix,

remporter. Pour ce faire, des réformes doiventêtre entreprises, et les dirigeants togolais enont pris la pleine mesure, raison pour laquellele gouvernement travaille à accélérer la miseen œuvre de celles déjà adoptées pour renfor-cer les capacités d’impulsion de l’État avecune Administration motivée et mieux organi-sée, grâce notamment à la formation continuedes agents de l’État et à la mise en place d’unsystème de gestion de la performance qui per-met d’asseoir les bases pour une gestion plusefficiente des ressources humaines, avec unerétribution juste et attractive respectant l’équitéet récompensant l’effort et le mérite.

La preuve ? La fonction publique togolaise

est régie de nos jours par un cadre juridiquenouveau. Elle s'est dotée de la loi n° 2013-002 du 21/01/2013 portant statut général dela fonction publique togolaise et du décretn° 2015-120/PR du 14/12/2015 portant mo-dalités communes d’application dudit statutgénéral. Et pour mettre tous les travailleurs aumême niveau d’information, une campagnede vulgarisation de ces textes juridiques a étélancée officiellement le 14 novembre 2016 àLomé en vue de sensibiliser les agents publicset de faciliter un usage juste des règles édic-tées. Lors de la cérémonie de lancement decette campagne, Kossi Kasségnin Donko, di-recteur de cabinet représentant le ministre dela Fonction publique, du Travail et de la Ré-forme administrative, a indiqué qu’il s’agissaitde « faciliter l’application effective du nouveaustatut général de la fonction publique en permet-tant à tous les acteurs concernés d’échanger sur lecontenu et d’avoir la même compréhension desnouvelles dispositions statutaires ».

Obtenu dans un contexte de réforme et demodernisation de l’administration publique,le nouveau statut général de la fonction pu-blique togolaise et son décret d’applicationrépondent aux exigences nouvelles dans lagestion du personnel de l’État. Les disposi-tions consacrent à cet effet de nouvelles me-sures qui concernent, entre autres, « deux typesde personnel à savoir les fonctionnaires et lescontractuels de la fonction publique ». Il s'agitde : « l’âge plafond d’entrée dans la fonction publique qui passe de 35 à 40 ans, le classementde certains diplômes comme le BTS, la création dela catégorie grade A3, le passage de la notation àl’évaluation proprement dite, l’instauration d’uneobligation de disponibilité des agents au poste,l’assiduité au travail et la révision de la grille sa-lariale ». Ainsi, la création d'emplois et la miseen place de mesures pour permettre au mondedu travail d’exercer dans un cadre sain est aucœur de l'action des autorités togolaises, quis’y attellent sans relâche.

Junior Robert Tatieta

Le président du Togo Faure Essozimna Gnassingbé a une politique ambitieuse pour le monde dutravail et de l’emploi. Conscient de ce que le capital humain est la force de son pays, il entenddémultiplier cette force pour en tirer le meilleur profit.

Sur le long terme, la stratégie du gouvernement togolais reposerasur un changement radical d’orientation qui placera la promotionde l’esprit d’entreprenariat au centre des démarches.

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« BÂTIR UNE ADMINISTRATION ETDES SERVICES PUBLICS ACCESSIBLESET PERFORMANTS »

Interview/Ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative

Marchés Africains : En vous confiant le poste stratégique de ministrede la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative, leprésident Gnassingbé savait quels défis vous attendaient. Commentcomptez-vous assurer la modernisation et les innovations indispensa-bles ?Gilbert Badjilembayéna Bawara : Tous les secteurs d’activité ettoutes les responsabilités gouvernementales sont aussi importanteset stratégiques les unes que les autres, et c’est seulement en travail-lant en synergie et en harmonie au sein du gouvernement que l’onpeut atteindre des résultats satisfaisants. L’administration publique,les services publics et les agents de l’État sont des instruments au ser-vice du développement du pays. Qu’il s’agisse du simple citoyenayant besoin d’un acte administratif ou d’état civil, ou simplementcherchant à s’informer sur une procédure ou une formalité, ou bienqu’il s’agisse de l’opérateur économique qui doit accomplir parexemple une démarche auprès de l’administration fiscale, l’accessibi-lité, la célérité et la qualité des prestations sont déterminantes pour

la satisfaction de l’usager et la bonne marche du pays. Tout se tient.Notre objectif est donc de bâtir une administration et des servicespublics efficients et efficaces, accessibles et performants. Cela sup-pose à la fois la restructuration et la rationalisation des structures etdes fonctions, la simplification et la clarification des règles, des pro-cédures et formalités administratives, le relèvement du niveau descompétences à travers la formation continue et le perfectionnementdes agents ainsi que le renforcement de leurs capacités eu égard no-tamment à la nécessaire adaptation aux nouvelles technologies del’information et de la communication. Le dévouement envers lesusagers, la célérité des prestations, le sens même du service publicsont des facteurs tout aussi importants. À travers le dialogue soutenuavec les partenaires sociaux et les usagers des services publics, nousespérons poser des jalons solides dans la voie de la réorientation de l’administration et des services publics, de sorte que les enjeux de

SOCIÉTÉ

Durant son mandat, Gilbert Badjilembayéna Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travailet de la Réforme administrative, s’emploie à renforcer les capacités et la performance des servicespublics ainsi que le rendement des agents de l’État, moderniser le dialogue social et améliorer la protection sociale des travailleurs. Une action qu’il qualifie de « chantier continu ».

24 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

« Tous les secteurs d’activité et toutes les respon-sabilités gouvernementales sont aussi importanteset stratégiques les unes que les autres. »

MA

Gilbert Badjilembayéna Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travail

et de la Réforme administrative.

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développement, les exigences de performance, de mérite et de rende-ment des personnels et des services publics prennent davantage derelief. Tous ces efforts s’inscrivent dans le vaste chantier de la réformede l’État et des progrès amorcés en matière de décentralisation et depromotion d’une gouvernance locale démocratique, ce qui requiertune bonne articulation entre les services déconcentrés et les servicesdécentralisés.

Quel a été le thème à l’honneur lors de l’édition 2016 de la célébrationde la Fonction publique en juin dernier au Togo ? En 2015, le Togo a connu la première édition de la célébration de laFonction publique à travers plusieurs activités, notamment des jour-nées portes ouvertes, des journées d’administration rapide de proxi-

mité et des conférences d’information et de sensibilisation sur lesprocédures et formalités administratives. Cette année 2016, le minis-tère a saisi l’occasion de cette célébration pour promouvoir davan-tage l’administration publique et les services publics. Le thème retenuétait « Le rôle de la Fonction publique dans la stimulation du déve-loppement et de la croissance économique en Afrique ». L’importancede cette journée se mesure à travers le changement de comportementde l’agent public et sa capacité d’initiative, car au cours de cette jour-née, il est davantage informé sur ses droits et devoirs, et sensibiliséaux valeurs et aux principes de service public.

Comment mesurer l’importance de cette journée pour les agents del’État au Togo ?Cette journée constitue une occasion pour informer les agents publics et les usagers du service public sur les procédures et formali-tés administratives requises dans la délivrance des actes et docu-ments administratifs, pour délivrer des actes administratifs et d’étatcivil aux usagers de manière rapide à travers des journées administra-tion rapide, et enfin pour réfléchir sur les problèmes de la Fonctionpublique, notamment la gestion du personnel au sein des ministèreset institutions.

Quelle place est accordée à la méritocratie et à la dépolitisation dansla Fonction publique ?La Fonction publique, au Togo comme dans beaucoup de pays à tra-vers le monde, souffre parfois de clichés et d’anathèmes qui n’ontpas de réel fondement. On ne recrute pas un enseignant, un méde-cin, un policier ou un agent administratif en fonction de considéra-tions politiques ou d’affinitiés personnelles. La compétence, l’expé-rience et le mérite sont les facteurs déterminants. L’évaluationcontinue pour s’assurer du rendement et de la performance des per-sonnels et agents publics doit devenir une exigence fondamentale,mais pour y parvenir, il convient de s’assurer au préalable d’une définition claire et concise des tâches à accomplir, des résultats et objectifs attendus ainsi que de l’adéquation entre ces attentes et lesmoyens mis à leur disposition. C’est une réforme de longue haleinequ’il faut impulser et conduire. Nous allons instaurer progressive-

ment de nouvelles règles et modalités en matière de recrutementdans la Fonction publique, de manière à renforcer la transparence etles exigences de mérite et à répondre aux besoins spécifiques des régions et localités du pays.

Durant la durée de votre mandat, quels sont les chantiers du pro-gramme présidentiel que vous comptez mettre en avant ?Nous avons abondamment évoqué la réforme de l’administrationpublique et les objectifs liés au renforcement des capacités, à la per-formance des services publics et au rendement des agents et person-nels de l’État. C’est un chantier continu, qui s’inscrit pleinementdans la volonté de réformer l’État et qui s’articule avec le processusde décentralisation. Mon département est également responsable des

questions de protection sociale, en étroite coordinationavec le ministère de la Santé et les autres secteurs concer-nés. Dans ce cadre, l’accent sera mis sur le renforcement etl’expansion de la protection sociale, spécialement la cou-verture en assurance maladie et le développement des mu-tuelles de santé. Pour ce faire, une adaptation du cadre ju-ridique et institutionnel sera mise en œuvre et des mesuresseront prises pour améliorer et renforcer l’Institut nationald’assurance maladie (INAM). De même, la rénovation du

dialogue social a été amorcée et nous espérons parvenir à un apaise-ment durable du climat social. Enfin, nous poursuivrons la coordi-nation, avec les autres ministères impliqués, sur la question de l’em-ploi et du travail pour renforcer la synergie et la cohérence d’ensembledes dispoitifs institutionnels et opérationnels de promotion de l’em-ploi et du travail décent.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 25

« On ne recrute pas un enseignant, un médecin, un policier ou un agent administratif en fonction deconsidérations politiques ou d’affinitiés personnelles. »

Gilbert Badjilembayéna Bawara, 48 ans, père de famille, affiche unriche profil académique. Juriste de formation dans les universités deGenève en Suisse, il a été très actif et engagé dans les mouvementsassociatifs estudiantins et panafricains. De 1994 à 2004, le jeune Bawara exerce diverses fonctions au sein del’Organisation des Nations unies, où il a servi différents départementset secteurs, notamment le Haut-Commissariat des Nations unies pourles Droits de l’homme, le Département des affaires politiques et leDépartement des opérations de maintien de la paix, aussi bien ausiège de Genève que sur le terrain, notamment au Rwanda et en RDC. De retour au pays en 2005, Gilbert B. Bawara est directement propulsédans l’arène politique, où il se voit confier des responsabilités gouver-nementales et occupera plusieurs portefeuilles ministériels, notam-ment en qualité de ministre délégué auprès du ministre d’État, minis-tre des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, chargé de laCoopération de juin 2005 à septembre 2006, ministre de la Coopéra-tion et du NEPAD de septembre 2006 à décembre 2007, et enfin, dedécembre 2007 à mai 2010, ministre de la Coopération, du Dévelop-pement et de l’Aménagement du territoire. De 2010 à 2012, le prési-dent le prend à ses côtés en qualité de conseiller spécial, avec rang deministre. Il se voit plus tard confier les fonctions de ministre de l’Admi-nistration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités localesde 2012 à 2015. Depuis juin 2015, il a en charge la Fonction publique,le Travail et la Réforme administrative.

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SOCIÉTÉ

Décentralisation

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 27

LA DÉCENTRALISATION : UNE URGENCE

Depuis le printemps 2016, le proces-sus de décentralisation, avec enligne de mire l’organisation d’élec-tions locales, paraît s’engager au

Togo. Dans cette logique, une nouvelle organi-sation de l’administration territoriale décon-centrée à travers la loi du 8 janvier 2007 suiviede la loi n° 2009-027 du 26 novembre 2009portant érection et création de préfectures et d’une sous-préfecture a été proposée par le gouvernement togolais : quatre préfecturesdoivent être créées à Mô, Oti-Sud, Naki-Est etAgoè-Nyivé. Une initiative guère appréciée parl’opposition, qui a maintes fois dénoncé lesdémarches du parti au pouvoir, qu’elle estimeunilatérales, dans ce processus qui devraconduire à la décentralisation et aux électionslocales. Pourtant, pour le ministre de l'Admi-nistration territoriale, de la Décentralisation etdes Collectivités locales Payadowa Boukpessi(lire son interview p. 28-29), l'attitude de l’op-position en défaveur de la création des quatrepréfectures « en a surpris plus d’un ». Selon lui,les députés de l’opposition auraient souhaitévoir la création de préfectures étendue à d’au-tres localités, « ce qui ne justifie pas qu’ils s’oppo-sent à la création des préfectures ciblées ! »

Concertation, inclusion, démocratie partici-pative… ces mots reviennent pourtant sanscesse lorsqu'il est question d'une mise en œu-vre réussie de la décentralisation au Togo,mais en attendant, du côté des dirigeants togo-lais, il n’y a plus de temps à perdre. On veutpasser à la vitesse supérieure. Ainsi, dans sondiscours de politique générale, le premier mi-nistre Komi Sélom Klassou affirmait que legouvernement poursuivrait le chantier de ladécentralisation, dont la mise en œuvre passepar l’organisation d’élections locales, l’objectifvisé étant l’amélioration de la gestion des col-lectivités locales et l’ancrage de la démocratielocale. Même discours chez le président FaureEssozimna Gnassingbé rappelant que depuis

plusieurs années, le Togo a opté clairementpour une organisation décentralisée au profitde la création de collectivités territoriales pré-vue par la Constitution. « Pour autant, notreprocessus n’est pas encore parvenu à son terme »,déplore-t-il, raison pour laquelle il s’est engagéà amorcer la décentralisation, à développer lesdifférentes régions et préfectures, à rapprocherl’usager des services publics, à prendre des dé-cisions selon le contexte local et à organiserdes élections locales. Pour lui, c'est un enjeunational qui concerne tous les Togolais, ce quisignifie que le gouvernement tiendra naturel-lement compte des contributions construc-tives des uns et des autres : « L’essentiel est quedes dispositions soient prises pour que le processusde mise en œuvre de la feuille de route de la décen-tralisation et des élections locales puisse non seule-

ment avancer, mais aussi favoriser à terme le déve-loppement local participatif et la promotion socialedes communautés à la base », a-t-il indiqué.

Il faut dire que la décentralisation est l'unedes réformes majeures du quinquennat deFaure Essozimna Gnassingbé, qui a mêmeévoqué le retard enregistré par le Togo dans lamise en œuvre du processus au cours d’unerencontre avec une délégation des chefs tradi-tionnels du pays. Une entrevue qui a permisde préciser l’esprit et les modalités de mise enœuvre de ce projet. « Nous parlons des électionslocales depuis des années. Plusieurs fois, la pro-messe a été faite que ces élections auraient lieu(…). Mais on n’a jamais réussi à les organiser.Nous sommes obligés de tenir compte des avis desuns et des autres, dont ceux des chefs traditionnels

que vous êtes, parce que cette réforme va boulever-ser la manière dont l’État a géré ses démembre-ments dans vos cantons et dans vos préfectures », aalors déclaré le président de la République.

Aux chefs traditionnels, le président togolaisavance deux raisons pour expliquer ce retard.« D’abord, le problème de consensus. Chacun avaitun peu sa vision de la décentralisation, donc il fal-lait harmoniser les points de vue. À cet égard, ledébat a pu se faire avec plus ou moins d’intensité.Mais surtout, l’idée a mûri et aujourd’hui, je croisque c’est un consensus dans la classe politique etau sein des populations que nous devons aller à ladécentralisation. » Le Togo est incontestable-ment en marche vers une communalisationintégrale du pays et la non-discrimination en-tre les communes. En revanche, aucune daten’est encore communiquée pour la tenue des

élections. Mais le ministre Payadowa Bouk-pessi rassure : l’une des priorités de son dépar-tement en 2017 réside dans la préparation deces élections locales. Il est clair que la décen-tralisation occupe une place fondamentaledans les réformes institutionnelles et constitu-tionnelles devant impérativement être menéespour que le processus de justice transition-nelle dans lequel le Togo s’est engagé depuis2009 ne se résume pas à des milliards de FCFAdéversés dans la nature. Il urge donc qu’oppo-sition, parti au pouvoir et société civile togo-laise dialoguent pour trouver un terrain d’en-tente afin de mettre en orbite le processus dedécentralisation pour le bonheur du peupletogolais.

Junior Robert Tatieta

La décentralisation est l'une des réformes majeures du quinquennat de Faure E. Gnassingbé. Le ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales Payadowa Boukpessi est à la manœuvre pour contribuer à sa réussite, malgré l’hostilitéfarouche affichée par l’opposition.

L’une des priorités du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales en 2017 : la préparation des élections locales.

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« LA COMPRÉHENSION DESENJEUX DE LA DÉCENTRALISATIONPAR LES POPULATIONS EST UNEÉTAPE IMPORTANTE »

Interview/Ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales

Marchés Africains : Le Parlement togolais adonné le 27 mai dernier son feu vert à lacréation de quatre préfectures. Cela préfigure-t-il une grande réforme en matière de décen-tralisation, à laquelle les députés de l’opposi-tion sont d’ailleurs défavorables ?Payadowa Boukpessi : L’enjeu est double. Ils’agit d’une part de traduire dans les faits lavolonté du chef de l’État de rapprocher da-vantage l’Administration des administrésafin de leur offrir les meilleurs services ouprestations, et d’autre part de garantir laréussite de la décentralisation en optantpour une forte déconcentration qui jouera,selon le gouvernement, un rôle d’accompa-gnement. En effet, les collectivités décentra-lisées ne disposant pas encore de ressourceshumaines diversifiées et de qualité dans cer-tains domaines, elles ont besoin de l’appuitechnique des services déconcentrés. Ceux-cipourraient par exemple apporter leur exper-tise en matière d’élaboration de plans de dé-veloppement local. L’attitude de l’opposition en défaveur de la

SOCIÉTÉ

Payadowa Boukpessi, ministre de l’Administrationterritoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales se veutpédagogue dans cet entretien. Il revient sur lesenjeux de la plus granderéforme du quinquennat en cours, la décentralisation,censée assurer un transfertde compétences et de ressources.

28 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

Payadowa Boukpessi, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales.

MA

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création de quatre préfectures en a surprisplus d’un ! Néanmoins, il semble que cesdéputés auraient souhaité voir la création depréfectures étendue à d’autres localités, cequi ne justifie pas qu’ils s’opposent à la créa-tion des préfectures ciblées !

Quelles sont les autres étapes inscrites dansvotre calendrier pour conduire à une granderéforme ?Après la création des préfectures, les grandesétapes restantes pour asseoir la réforme sontla création des communes, l’organisation del’atelier national sur la décentralisation, larépartition des compétences et des ressources,la mise en place du dispositif institutionnel,la stratégie de communication, et enfin lesélections locales.

Quel travail de pédagogie et d’informationcomptez-vous mener auprès des populationspour qu’elles comprennent les enjeux de cetteréforme de décentralisation débouchant sur lacréation d’une centaine de communes ?La compréhension des enjeux de la décentra-lisation par les populations est une étapetrès importante dans la mesure où cela faci-literait l’enracinement de la décentralisationà la base ainsi que le développement local. Àcet égard, la stratégie à mener consiste à in-former et former les populations sur ce qu’ellesont à gagner dans le cadre de la décentralisa-tion. Dans ce sens, une stratégie de commu-nication a été validée en 2009. Elle va êtreactualisée aujourd’hui. Par ailleurs, un guide

du citoyen a été élaboré en 2012 et remis auxautorités déconcentrées ainsi qu’aux gar-diens des us et coutumes pour diffusion.

Ces communes auront-elles les moyens des’autogérer, et comment sera structuré letransfert des compétences ?Les communes auront bien les moyens pours’autogérer en ce sens que des stratégies ontété définies en vue de faciliter la libre admi-nistration des collectivités locales. En effet,la loi de décentralisation a créé un fondsd’appui aux collectivités territoriales dont lamission est de mobiliser les ressources fi-nancières en vue de renforcer leurs capacitésde gestion, de compenser financièrement les

transferts de compétences et d’appuyer lesactions de développement de ces collectivi-tés. Il faut aussi préciser que le transfert decompétences est accompagné d’un transfertconcomitant de ressources. Dans le mêmeordre d’idées, une étude sur les finances et lafiscalité locales a été menée en 2006 en vuede renforcer les ressources locales.

Les collectivités territoriales ont également lapossibilité, à travers l’intercommunalité, demettre en commun leurs actions de dévelop-pement. En ce qui concerne le transfert descompétences, le gouvernement a opté pourune logique de progressivité, ce qui signifieque toutes les compétences prévues par laloi de décentralisation ne seront pas transfé-rées au même moment. Seules certainescompétences le seront au début, et progressi-vement d’autres suivront en temps oppor-tun.

L’autonomie des régions que devrait générercette nouvelle loi ira-t-elle jusqu’à la créationd’exécutifs régionaux où les populations pour-

raient élire leurs représentants au suffrageuniversel ?La loi du 13 mars 2007 relative à la décentra-lisation et aux libertés locales a prévu troiséchelons de collectivités décentralisées : larégion, la préfecture et la commune. Elle aainsi institué, dans chaque région, un Conseilrégional élu dont les membres varient, enfonction de la population, entre 21 et 41.C’est dire qu’au moment des élections, lespopulations éliront les membres devantcomposer l’Assemblée régionale.

En 2017, quelles seront les priorités de votreministère et comment se déclinent les actionsinscrites sur votre feuille de route ?L’une des priorités de mon département en2017, ce sont les élections locales. Mais celles-ci passent nécessairement par la révision deslistes électorales par commune ou collecti-vité territoriale. C’est au terme de cette révi-sion que le calendrier des élections localespourra être définitivement fixé. Il faut préci-ser qu’avant cette ultime étape des locales,d’autres actions prioritaires sont nécessaires :la révision de la loi de décentralisation pourl’adapter aux réalités du moment, la construc-tion des infrastructures minimales pour lesnouvelles communes, le recadrage du trans-fert des compétences, etc.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 29

Ses collaborateurs disent de Payadowa Boukpessi, travailleur et affable, natif d’Adjengré, àquelques encâblures de Sotouboua, qu’il est difficile de suivre son rythme. Le ministre de l’Admi-nistration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales depuis juin 2015, hommedu sérail habitué aux joutes électorales, a l’habitude des bureaux vides car il arrive avant les agentsde son ministère et part souvent le dernier. Celui qui, selon un proche, « a fait une carrière de ser-viteur du peuple » élabore dès sa prise de fonction la charpente de la décentralisation au Togo. Nanti d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en transport de l’École nationale des Ponts etChaussées de Paris, cet ingénieur de conception en génie civil de l’École nationale polytechniqued’Alger également titulaire d’un CES en bases aériennes de l’École nationale des Travaux publicsde Lyon fait ses premières armes dans l’exécutif au poste de ministre du Commerce et des Trans-ports dans un gouvernement d’union de transition au lendemain de la Conférence nationale.Ensuite ministre dans plusieurs gouvernements, notamment à l’Industrie et aux Sociétés d’Étatainsi qu’à l’Économie et aux Finances, ce sexagénaire aux allures de curé catholique présente unparcours fait de plusieurs mandats parlementaires. Député dans la précédente législature, il étaitprésident de la Commission des finances et des échanges. Avant sa nomination, il était membrede la Commission électorale nationale indépendante (CENI). L’avantage de ce parcours politique est qu’il lui permet une meilleure appréhension du chantierde la décentralisation. Pédagogue et diplomate, Payadowa Boukpessi constitue pour Faure Gnas-singbé un rempart plutôt discret. Avec l’adoption en mars 2016 du décret portant modalité d’ap-plication de la loi relative à la chefferie traditionnelle, il est doté d’un bel outil de travail quil’éloigne des sempiternelles querelles liées à la désignation des têtes à couronner. Ce décret d’ap-plication, bien au-delà de sa valeur juridique, est une preuve de la résolution du gouvernementen faveur des mesures d’apaisement social.

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« La stratégie à mener consiste à informer et former les populations sur ce qu’elles ont à gagner dans le cadre de la décentralisation. »

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VERS UNE COUVERTURE UNIVERSELLE AU TOGO

Assurance maladie

Le système sanitaire togolais estconfronté à des défis majeurs. Il s’agitpour l’essentiel du taux relativementfaible de la couverture médicale et des

disparités importantes dans l’accès aux soins,liées notamment à une répartition géogra-phique déséquilibrée du personnel qualifié etdes services de santé, ainsi que de l’épineusequestion de l’accès aux médicaments. Pourmieux répondre à ces défis et pour des rai-sons méthodologiques et pragmatiques, lePremier ministre togolais Komi Sélom Klas-sou, dans son discours de politique générale,annonçait que le gouvernement procéderait àune évaluation du 3e Plan national de déve-loppement sanitaire, dont la mise en œuvreprend fin en 2016. Et à l’entendre, sur la basedu bilan qui en découlera, le gouvernementpoursuivra ses efforts visant à améliorer l’of-fre de santé publique au Togo en élaborantun 4e Plan national de développement sani-taire pour la période 2017-2020.

Selon le programme politique de l’actuelgouvernement, deux projets importants revê-tent un caractère prioritaire dans le secteur dela santé. Tout d’abord celui des cliniques mo-biles, qui repose sur la mise en circulation decamions porteurs équipés du matériel néces-saire pour assurer des soins afin de faciliterl’accès aux services de santé dans les zones rurales reculées. Ensuite celui destiné à renfor-cer les équipements sanitaires togolais encréant un hôpital national de référence pour laprise en charge des pathologies graves tellesque les insuffisances rénales et les cancers.Mais l’on peut d’ores et déjà retenir qu’aucours du nouveau quinquennat du présidentFaure Essozimna Gnassingbé, la politique desanté publique accordera une attention soute-nue à l’amélioration de l’accès aux soins desanté pour les milieux défavorisés. Dans cetteperspective, des efforts additionnels sont dé-ployés pour renforcer les infrastructures etéquipements sanitaires, en particulier dans leszones rurales reculées, ensuite pour étendre le

régime d’assurance maladie en vue d’une cou-verture universelle, et enfin pour améliorerl’accès aux médicaments à moindre coût.

Actuellement limité aux travailleurs du sec-teur public, le régime d’assurance-maladie seraétendu durant le nouveau quinquennat, l’ob-jectif étant d’atteindre une couverture univer-selle. Pour ce faire, le gouvernement s’appuieraentre autres, révèle le Premier ministre togo-lais, sur une formule novatrice consistant àmettre en place un panier de base de rembour-sement pour tout Togolais adhérant à une mu-

tuelle. L’Institut national d’assurance maladie(INAM) et la Délégation à l’organisation dusecteur informel (DOSI) conjuguent actuelle-ment leurs efforts pour affiner ce nouveau mé-canisme destiné à améliorer l’accès aux soinsde santé et aux médicaments pour les travail-leurs du secteur informel.

Et pour la directrice générale de l’Institut na-tional d’assurance maladie Myriam Dossou(lire son interview p.32-33), « Les meilleuresconditions sont crées au Togo pour mutualiser à lafois l’expérience des différents intervenants, optimi-ser les moyens mis en œuvre pour gérer l’assurancemaladie et utiliser les leviers adéquats pour plusd’équité et une meilleure redistribution des res-sources mobilisées dans le cadre d’une assuranceuniverselle. » Elle confirme qu’« il faut éviter lafragmentation et favoriser le regroupement afinque les services regroupés sous le vocable assurancemaladie universelle soient mis en musique de fa-çon efficiente.»

Ce qui est réconfortant, c’est que les parte-naires techniques et financiers du Togo ap-plaudissent sa nouvelle vision pour le secteurde la santé. C’est ainsi que la représentante-résidente de l’Organisation mondiale de la

Santé (OMS) au Togo, le docteur Lucide Im-boua, a salué les efforts du Togo ces dernièresannées dans sa démarche volontaire vers lacouverture sanitaire universelle afin de garan-tir aux citoyens des soins de qualité. PourMadame Imboua, la Couverture sanitaireuniverselle (CSU) se définit comme une si-tuation dans laquelle toutes les populationspeuvent obtenir les services de santé de qua-lité dont elles ont besoin sans que le coût deces services entraîne de difficultés pour lesusagers. Elle a en outre indiqué que les prin-

cipaux objectifs de la CSU sont de garantirl’utilisation équitable de services de santé ré-pondant aux normes de qualité et de proté-ger la population du risque financier lié àl’utilisation de ces services. « La CSU reposesur trois piliers : l’équité, la qualité des soins etl’accès à ces soins de qualité. La CSU entendprendre en compte le financement de la santépour éviter aux ménages d’avoir des dépenses desanté qui pèsent lourdement sur eux », a-t-elleaffirmé.

En attendant, le déficit en personnel desanté, la question de l’adéquation des forma-tions initiales et continues avec la réalité duterrain, la rétention des personnels et surtoutl’équité dans leur répartition géographiqueconstituent autant de goulots d’étranglementqui limitent les performances du système desanté togolais. Les premiers responsables dupays entendent aborder de front toutes cesquestions afin d’y apporter des réponses ap-propriées, en concertation avec tous les parte-naires sociaux. Ainsi se dessinent les lignesdu nouveau Togo en gestation pour le bien-être de tous…

Junior Robert Tatieta

SOCIÉTÉ

Résolu à faire de l’inclusion économique et sociale un vecteur de cohésion nationale, le gouvernement togolais s’attache tout particulièrement à poursuivre la mise en œuvre effectivede la politique nationale de santé.

30 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

« Au cours du nouveau quinquennat, la politique de santé publique accordera une attention soutenue à l’amélioration del’accès aux soins de santé pour les milieux défavorisés. »

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« 2017-2022 : FOCUS SURLA GESTION SPÉCIFIQUE DU RISQUEMALADIE ET LA MAÎTRISE DES COÛTS »

Interview/Institut National d’Assurance Maladie

Marchés Africains : Comment fonctionnel’INAM et quelles prestations offre-t-il ? Myriam Dossou : L’INAM gère le régimeobligatoire d’assurance maladie des fonc-tionnaires, des agents des collectivités locales,des retraités de la fonction publique et desmilitaires (en fonction et retraités). Établisse-ment public doté de la personnalité juridiqueet d’une autonomie de gestion administrativeet financière, il a été créé en 2011 par une loidont les décrets d’application fixent les sta-tuts, les relations avec les assujettis et le cadrede conventionnement avec l’offre de soins,définissent les mécanismes de financement etde recouvrement des cotisations et précisentque l’INAM peut se voir confier par le gouver-nement toute autre mission en rapport avecson activité, donc prendre en charge d’autresgroupes. La gouvernance de l’INAM est assu-rée par un conseil de surveillance composé de

cinq ministres et un conseil d’administrationde douze membres composé à parité de re-présentants des employeurs et des travailleursdésignés par leurs organisations. Les déléga-tions régionales sont passées de 6 à 7 avecl’ouverture d’un bureau à Kpalimé.L’INAM couvre pour le cotisant et ses ayantsdroits (conjoint + 4 enfants) les frais de consul-tation, d’hospitalisation et de médicaments,les actes médicaux, chirurgicaux et paramédi-caux, les actes d’analyse de biologie et d’ima-gerie médicale, les frais de prestations de soinsliés à l’état de grossesse et à l’accouchement,les frais de vaccins obligatoires et enfin les fraisd’appareillages. Avec le tiers payant, l’INAMpaie régulièrement sa part de 80 % aux presta-taires de soins, ce qui lui vaut une fidélité desassurés et surtout la prise en charge sans inter-ruption des prestations délivrées dans les cen-tres de soins publics et privés. Les tarifs publics

établis par le ministère de la Santé constituentle référentiel de base de l’INAM, auquel s’ajouteune liste d’actes de soin et de produits phar-maceutiques définie par l’INAM conformé-ment aux textes. À ce jour, l’INAM comptepresque 300 000 bénéficiaires, avec environ90 000 assurés principaux, certes moins de10 % de la population du Togo et une caté-gorie qui n’est pas la plus démunie, mais quireste ainsi à l’abri des grosses factures desoins et surtout a permis de développer uneexpertise nationale qui servira dans la priseen charge de populations moins nanties.

Quelles ont été les réalisations de l’INAM en2015 ?L’année 2015 a surtout consacré nos effortsd’amélioration des services grâce à la perfor-mance de notre organisation. Nous avons misà jour la liste des médicaments et des actespour une prise en charge durable, en insistantsur le caractère curatif des médicaments et surle pronostic vital de la maladie. Nous avonsinitié la phase d’étude pour un saut qualitatifdu système d’informations nécessaire au ren-forcement de la gestion du risque et la qualitédes services. Nous avons aussi opéré une sériede réformes internes et créé des outils de gou-vernance essentiels : Un comité d’audit, unecharte d’audit et un projet de cartographie derisques. En termes d’innovation, nous avonspoursuivi l’amélioration du dispositif de suivides soins avec les carnets permettant aux mé-decins d’avoir un historique du patient. Déjà,en 2014, en l’absence d’un système électro-nique pour réduire la fraude, nous avions éla-boré un système de suivi des droits par des vi-gnettes. L’année 2015 a été celle de la fin d’un

SOCIÉTÉ

L’Institut National d’Assurance Maladie (INAM) fait de l’accessibilité financière aux soins desanté sa priorité absolue. Myriam Dossou, directrice générale, sait que son institution a acquis un savoir-faire en gestion de risques maladie ainsi qu’une connaissance approfondie de la demande et de l’offre de soins notamment des contraintes liées au mécanisme de tiers payantdans la prise en charge de ses bénéficiaires. Ce savoir-faire national renforcé ne peut que servirla prise en charge de nouvelles populations.

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Myriam Dossou, 49 ans, célibataire, est à la tête de l’INAM depuis février 2012. Issue du sec-teur des assurances, elle a été gestionnaire IARD puis chargée de compte assurance maladieentreprises chez GTA IARD de 1990 à 2002 avant de devenir de 2002 à 2003 adjointe au chefd’agence de la compagnie devenue GTA-C2A-IARD après fusion-acquisition. En 2004, elle ensera responsable commerciale. Après un bref passage en 2005 chez AXA-cessions-France,entité chargée de la réassurance des filiales du groupe AXA, au département couvrant la zoneAfrique subsaharienne et Maghreb, elle rejoint en 2006 le courtier international MARSH-Franceainsi que la holding du groupe NSIA en Côte d’Ivoire : « L’assurance est mon métier, la réas-surance est ma passion car le risque est piloté de l’assuré local jusqu’au marché financier inter-national », avoue-t-elle. Diplômée d’un MBA en management de l’entreprise d’assurance de l’École nationale d’assu-rance de Paris et de l’Institut africain de l’assurance de Tunis en 2004, Myriam Dossou estenseignante vacataire au Conservatoire national des arts et métiers (France) et à l’École natio-nale d’assurance de Paris.

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premier cycle où s’est confirmée la croissancede consommation des soins, donc l’engoue-ment pour le produit « Inam » et une satisfac-tion des « consommateurs ». Toutefois, il de-meure de grands défis : maîtrise des coûts,gestion des risques (notamment la fraude parusurpation d’identité), sur-prescription et sur-consommation.

Quel est pour le Togo l’enjeu de la créationd’une couverture pour les classes modestes, etl’INAM en aura-t-il la charge ?La vision du chef de l’État est on ne peutplus claire : construire un modèle pérennede financement de la couverture sociale pourtous sur des bases solides de solidarité etd’équité, dans un contexte où l’activité éco-nomique est majoritairement de type infor-mel. Les groupes vulnérables sont les pre-mières cibles, et les dispositifs de gratuité desoins et de prise en charge des indigents quiexistaient avant l’INAM continuent de fonc-tionner. Actuellement, l’INAM est l’assureurmaladie de référence, celui qui a le réseau deconventionnement le plus vaste : près de6 028 prescripteurs autorisés et 1 065 centresconventionnés. Aucun autre acteur d’assu-rance n’a la capacité de gérer cela. Couvrirprès de 300 000 bénéficiaires nous a permisde connaître les questions essentielles à seposer pour étendre la couverture maladie etde réfléchir aux réponses les plus efficaces.Les meilleures conditions sont créées auTogo pour mutualiser l’expérience des diversintervenants, optimiser les moyens de ges-tion mis en œuvre et utiliser les leviers adé-quats pour plus d’équité et une meilleure re-distribution des ressources mobilisées dansle cadre d’une assurance universelle. Il fautéviter la fragmentation et favoriser le regrou-pement afin que les services regroupés sousle vocable assurance maladie universellesoient mis en musique de façon refficiente. Sinous convenons que la couverture dont vousparlez inclut la gestion des fonds, la gestiondes risques pour le pilotage de l’équilibre

technique et financier, l’identification, l’affi-liation, l’immatriculation, le recouvrementdes cotisations, le contrôle médical et la régu-lation, la gestion des référentiels médicaux

de l’assurance maladie et les autres servicesadministratifs, où voyez vous l’INAM ?

Pour 2017, comment se déclinent les actionsde votre feuille de route ?Pour la période 2017-2022, deux axes sontprioritaires : la consolidation et le renforce-

ment de la gestion des risques maladie et lamaîtrise des coûts. Nous participons active-ment à une réflexion déjà assez avancée surl’inclusion de nouveaux groupes. La refonte

du système d’information est aussi une ré-ponse à la problématique du contrôle in-terne et de la qualité totale. Ce projet d’en-vergure devra mobiliser les équipes dans lesprochains mois, avec tous les aspects deconduite du changement et d’appropriationpar les partenaires. Il comporte un volet decarte santé biométrique multi applicative, leséchanges automatisés, la dématérialisation,la gestion des données, les infrastructures,etc. C’est avec cet arsenal que sera consolidéle triangle gestion du risque maladie- maî-trise des coûts-amélioration du service renduaux usagers. Parallèllement il faudra déve-lopper des synergies avec l’offre de soin pri-vée et publique, qui est aussi en pleine évo-lution, pour le volet prévention et mise àjour des réferentiels et des normes, afin d’of-frir le meilleur de la qualité à nos assurés.

Propos recueillis par Junior Robert Tatieta

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 33

L’année 2015 a été celle de la fin d’un premier cycle où s’est confirmée la croissance de consommation des soins, donc l’engouement pour le produit « Inam » et une satisfactiondes « consommateurs ».

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Myriam Dossou, directricegénérale de l’Institut Nationald’Assurance Maladie.

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SOCIÉTÉ

Interview presse écrite/Société nationale des éditions du Togo

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 35

« UNE PRESSE PRIVÉE PARTICIPEAU RENFORCEMENT DE LA LIBERTÉD’EXPRESSION »

Marchés Africains : À quand remonte la créa-tion d’EDITOGO, éditrice de Togo-Presse,principal quotidien d’État du pays ? Rémy Banafey Assih : L’EDITOGO a été crééepar la loi n° 61-36 du 23 novembre 1961 sousforme d’un établissement para-administratif àcaractère industriel et commercial. Il a pourobjet de produire et de commercialiser lesjournaux de l’État (Togo-Presse, Journal Officielde la République Togolaise-JORT), les cahiersscolaires et tout le matériel imprimé nécessaireà l’Administration publique, à l’éducation, àl’information ainsi qu’au développement éco-nomique, culturel et social de la nation togo-

laise. Il sera transformé en Société d’État (So-ciété nationale des éditions du Togo) dans lecadre de la politique de libéralisation écono-mique des années 1990, par la loi n° 90-26du 4 décembre 1990 portant un nouveau ca-dre juridique et institutionnel des entreprisespubliques et son décret d’application n° 91-086/PRMT du 23 octobre 1991.Sa première parution remonte au 27 avril1962. C’était d’abord un hebdomadaire pa-raissant sur 12 pages. À cette époque, faut-il lerappeler, seuls deux États de l’ex-Afrique occi-dentale française (AOF) pouvaient, en raisonde leur forte population de souche européenne,

se payer le luxe de posséder un journal. Le Sé-négal, avec Dakar Matin, et la Côte d’Ivoire,avec Abidjan Matin. Togo-Presse en tant quequotidien n’a démarré que le 1er août 1962.

Combien de journalistes employez-vous et com-bien de bureaux régionaux avez-vous dans lepays ?Aujourd’hui, le journal fait de 24 à 32 pages etemploie une cinquantaine d’hommes et defemmes journalistes qui se battent pour infor-mer les Togolais. Notre journal a la particula-rité de consacrer des espaces à des synthèses del’actualité en langues locales à destination despopulations qui ne peuvent lire ni le français,ni l’anglais pratiqué en raison de la proximitéde notre pays avec le Ghana, pays anglophone.Togo-Presse ne dispose pas de bureaux régio-naux mais s’appuie sur l’Agence togolaise depresse (ATOP), qui couvre l’ensemble du pays,aidant la rédaction à informer ses lecteurs surce qui se passe dans le Togo profond. Cettecollaboration n’empêche pas le journal de dé-léguer des envoyés spéciaux sur le terrain dèsque la situation l’exige. Nous tirons à septmille exemplaires et disposons de notre pro-pre réseau de distribution quotidienne de lapresse à l’ensemble de nos abonnés.

Togo-Presse, certains jours et de manière ré-currente, est disponible sur le marché non pasdès 8 heures comme la plupart des quotidiens,mais plutôt vers 13 heures ou 14 heures. Est-cenormal ? Le monde évolue et l’EDITOGO aussi. Des ef-forts considérables ont été consentis pour réduire les retards de parution et faire en sorteque très tôt, le journal puisse être sur le mar-ché. C’est ainsi que nous paraissons tous lesjours au plus tard à 9 heures. Nous avons aussiintégré la révolution numérique en mettant à

la disposition de nos abonnés le journal etnos produits en ligne. Tout citoyen togolais,où qu’il se trouve sur le territoire national ouailleurs dans le monde, s’il dispose d’uneconnexion Internet, peut lire et téléchargerTogo-Presse dès la parution du journal papier.Nous entendons poursuivre cette dynamiqued’amélioration de nos prestations et de mo-dernisation de nos infrastructures afin de re-conquérir, dans le nouveau contexte concur-rentiel, notre place d’entreprise leader enmatière d’imprimerie. À cet effet, l’acquisitiond’une nouvelle rotative figure dans nos prio-rités, car celle que nous utilisons est vieille dequarante-cinq ans, et son obsolescence ex-plique en partie les retards de parution…

Comment Togo-Presse vit-il la concurrence desdeux autres quotidiens, Forum de la semaineet Liberté ? Nous pensons que l’apparition dans notrepays d’une presse privée en général et de nou-veaux quotidiens en particulier participe aurenforcement de la liberté d’expression et àl’affermissement de notre démocratie. Cetélargissement du paysage médiatique nationalest une bonne chose pour nos concitoyens,qui ont besoin d’une variété d’informationspour comprendre le monde moderne. Le nou-veau contexte nous stimule à mieux faire afinde satisfaire notre lectorat, qui est ouvert ettrès élargi. Nous n’avons pas la même ligneéditoriale mais nous pensons qu’au-delà denos différences, la presse privée et la pressed’État doivent se donner la tâche de jouer unrôle pédagogique dans la préservation del’unité nationale, dans le renforcement dusens civique chez nos concitoyens, bref, dansle développement de notre pays, en veillant àla qualité de l’information servie au public.

Propos recueillis par Catherine Demy

Rémy Banafey Assih, directeur de publication de la Société nationale des éditions du Togo (EDITOGO), dirige le premier groupe de presse du pays avec son effectif de près d’un demi-millier de personnes, dont 50 journalistes. L’une de ses grandes priorités est de doter le groupe d’une nouvelle rotative.

Editogo dispose de son propre réseau dedistribution quotidienne de la presse.

MA

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L’EXCEPTION TOGOLAISE

Croissance

L’économie devrait afficher une crois-sance de 5 % en 2016, et ce taux devraitse hisser progressivement à 5,6 % d’ici

2021. » Ces indicateurs livrés par MadameCemile Sancak, chef de la mission du Fondsmonétaire international qui a séjourné à Lomé du 20 octobre au 2 novembre 2016 pourmener les consultations au titre de l’article IVdes statuts de l’institution, ont eu pour vertude conforter les autorités togolaises sur la per-tinence des politiques mises en place depuisquelques années afin de stimuler la croissance.« Les services du FMI ont eu des discussions fruc-tueuses avec les autorités togolaises ainsi que d’au-tres parties prenantes sur les politiques et lesréformes structurelles visant à promouvoir unecroissance durable et inclusive et à préserver la sta-bilité macroéconomique et financière », a indiquéMme Cemile Sancak.

Venant d’une institution financière répu-tée peu généreuse en compliments, un telsatisfecit du FMI a une portée que mesurentles analystes économiques, d’autant que Ce-mile Sancak souligne le rythme de progres-sion soutenu de l’économie togolaise cesdernières années, ainsi que l’impact modéréde la baisse des cours des matières pre-mières et du resserrement des conditions fi-nancières mondiales, et ce grâce aux ré-formes structurelles qui ont concouru àrenforcer les bases de la croissance. Ce quifait dire au chef de mission du FMI que « lesinitiatives d’investissement public et les aug-mentations de la productivité dans le secteuragricole ont été les facteurs-clés de la croissance.L’inflation a été bien maîtrisée, se situant à1,8 % en 2015, du fait de la baisse des prix desproduits pétroliers et du transport. »

Dans le détail des analyses des facteurs decroissance, le FMI note que la forte augmen-tation de la production agricole devrait êtreamoindrie par une diminution des investis-sements publics et les conséquences de lacrise internationale qui provoque un reculde croissance chez les principaux parte-naires commerciaux. Du fait du développe-ment de nouveaux ports sur la côte ouest-africaine, le détournement du trafic portuairevers d’autres ports de la région est égale-

ment un facteur qui, selon le FMI, empêche-rait le Togo de faire mieux que le taux indi-qué. A contrario, si cette institution finan-cière reconnue pour la rigueur de ses évaluationsreste optimiste en indiquant que l’écono-mie togolaise devrait enregistrer une crois-sance graduelle pour se situer à 5,6 % àl’horizon 2021, c’est que malgré ce qui ap-paraît comme des ralentisseurs, d’autres pa-ramètres devraient permettre au Togo demaintenir un rythme de croissance soutenu.Ainsi, l’économie togolaise devrait tireravantage de l’amélioration du réseau detransport et des gains de productivité dansle secteur agricole. Le Fonds ajoute égale-

ment que le secteur privé devrait jouer unrôle croissant en tant que moteur de la crois-sance. L’inflation demeure bien maîtrisée etdevrait se situer, selon les prévisions, à 2,1 %en 2016, pour rester modérée dans les an-nées à venir. Suite à l’amélioration de l’orien-tation budgétaire, la dette publique baisse-rait de 75,4 % du PIB en 2015 à 56,4 % àl’horizon 2021.

Pour le gouvernement togolais, de tels ré-sultats n’ont rien de bien surprenant car,comme le soulignent les autorités, « le Togoa fortement œuvré depuis 2007 à relancer sonéconomie et à bâtir le socle d’une croissance vi-goureuse qui compte aujourd’hui parmi les plusimportantes de la région. Cette relance a permisde repositionner le Togo comme acteur dyna-mique de la région et elle s’est accompagnée depremiers succès économiques significatifs, mar-quant ainsi la confiance des investisseurs inter-nationaux. » Outre le rétablissement de la sécu-rité et de la stabilité dans le pays ainsi quel’apaisement du climat politique, on noteau nombre de ces mesures visant à stimulerla croissance la construction d’infrastruc-tures logistiques structurantes pour le pays(routes, port, aéroport) et le développementdes secteurs facilitateurs du développementfutur : banque, télécommunications et éner-gie. Le gouvernement a également pris desmesures de stimulation des secteurs produc-tifs clés de l’économie tels que l’agriculture.Les succès résultant de ces mesures volonta-ristes ont aussi démontré aux yeux des par-tenaires internationaux la capacité et l’agi-lité du Togo à mener de façon rapide desprojets majeurs, à l’image des investisse-ments consacrés au port et comprenant laconstruction du nouveau terminal aéropor-tuaire, le tout en moins de deux ans. « Au-jourd’hui dans une nouvelle phase d’accéléra-tion de son développement, le Togo poursuit etélargit les efforts déjà engagés afin d’offrir unterrain encore plus attractif pour des investisse-ments internationaux et de renforcer la dyna-mique d’investissement », explique le gouver-nement.

François Bambou

ÉCONOMIE

36 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

«Alors que la crise des matières premières a affaibli nombre de pays de la région, le Togogarde un taux de croissance du PIB enviable, avec d’ailleurs des perspectives encore plus prometteuses.

LES SOURCES DE LA CROISSANCE

Le secteur secondaire est le principal moteurde cette croissance (2 %) grâce aux bonsrésultats des industries extractives et manu-facturières. Il est suivi par le secteur des ser-vices (2 %), qui a bénéficié de la hausse deséchanges au port et à l’aéroport internatio-nal de Lomé. L’agriculture a enregistré unecroissance significative mais fluctuante avecdes taux en glissement annuel variant de 0 %en 2013 à 14 % en 2014 et 2 % en 2015. Sile secteur du bâtiment et des travaux publicsne représente que 7 % du PIB, c’est celui quia connu la plus forte croissance en 2015(15,5 %). Au cours des trois prochainesannées, la croissance du PIB devrait se pour-suivre à un rythme modéré sous l’effet d’in-vestissements publics réguliers dans lesinfrastructures. L’inflation est restée faible, à1,8 % sur la même période, et devrait semaintenir en dessous du seuil de 3 % fixé parl’Union économique et monétaire ouest-afri-caine (UEMOA). Du côté du commerce exté-rieur, le volume des exportations a augmentéplus rapidement que celui des importationset devrait ainsi contribuer à réduire le déficitde la balance courante de 10,1 % en 2015 à-9,8 % en 2016.Source : FMI, gouvernement, BAD

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Dette publique

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 37

ENDETTEMENT UTILE ET RESPECTDES RATIOS

Veiller à rester en deçà des ratios desurendettement tout en assurant lapoursuite des grand travaux d’infra-structures engagés dans le cadre de la

politique de développement du pays, tel est lepari que doit gagner le gouvernement togolais,régulièrement alerté par les institutions finan-cières internationales sur la forte augmenta-tion de son endettement, même si les chiffresactuels ne sont pas si alarmants.

Fin 2015, on estime l’encours de la dette publique togolaise à 1 385 milliards de FCFA,contre 1 167 milliards à fin décembre 2014,soit une hausse de 18,69 % sur douze mois.Ce stock de la dette, selon la Mission de coo-pération économique française, est composé à56,4 % de dette intérieure et à 43,6 % de dette

extérieure. Le ratio de l’encours sur PIB ressortà 58,50 % à fin 2015, contre 52,65 % fin 2014(+6,15 points en un an) selon les mêmes ana-lystes. En cinq ans, le stock de la dette exté-rieure a connu une évolution régulière à lahausse, passant de 260,3 milliards de FCFA en2010 à 604,18 milliards en 2015. Des sommesqui ont essentiellement servi à financer desprojets d’infrastructures.

Selon les analystes de la Coopération fran-çaise, « les principaux créanciers de cette nouvelledette extérieure sont la Chine (principalement àtravers l’Eximbank), la BOAD, la BID et lesfonds koweïtiens. En termes de créances bilaté-rales, les pays dits du Club de Paris sont désormaisnégligeables dans l’encours de la dette extérieure.Pour les nouveaux tirages 2015, la Chine repré-sente à elle seule 38 % de l’encours. » En ce quiconcerne la dette intérieure, elle est passée de460,2 milliards de FCFA en 2010 à 780,8 mil-liards de FCFA en 2015, soit une augmenta-tion de 70 % en cinq ans, et elle représente

33 % du PIB à fin 2015. Dans ce volume dedette intérieure, le stock d’emprunts obliga-taires et de bons du Trésor s’élève à 505,23 mil-liards de FCFA et en 2016, le Togo devrait le-ver au total 250 milliards de FCFA en bons etobligations du Trésor.

Pourtant, en décembre 2010, le Togo avaitété déclaré éligible au point d’achèvement del’Initiative pour les pays pauvres très endettés(IPPTE), ce qui s’était alors traduit par une ré-duction du taux d’endettement de 83,3 % en2009 à 46,3 % en 2012. Mais actuellement,l’analyse de la viabilité de la dette élaborée parle FMI et la Banque mondiale fin 2015 in-dique que le risque de surendettement du paysest élevé. Le pays est vulnérable en raison de sadette intérieure de 792 milliards de FCFA

composée à 58 % de bons et obligations duTrésor et à 35 % d’arriérés. En 2015, les intérêtssur la dette intérieure ont représenté 26 mil-liards de FCFA, soit plus de quatre fois ceuxsur la dette extérieure. Au cours des cinq der-nières années, la dette intérieure a surpassé ladette extérieure : en 2015, elle représentait55 % de la dette publique totale.

De fait, lors de la mission de revue au titrede l’article IV qui s’est achevée début novem-bre dernier, le FMI a à nouveau titré la son-nette d’alarme en indiquant que la dette pu-blique, incluant l’encours de la dette des entreprisespubliques, s’est accrue, passant de 48,6 % duPIB en 2011 à 75,4 % du PIB en 2015, un tauxbien supérieur au plafond de 70 % du PIB fixépar la commission de l’UEMOA pour la dettepublique totale, et qui reflète l’impact des in-vestissements dans l’infrastructure publique financés à la fois par l’emprunt intérieur et ex-térieur. Le Fonds reconnaît néanmoins que cetendettement a été nécessaire et a eu un fort

impact sur la modernisation de l’économie : «Certes,les acteurs économiques reconnaissent que ces in-vestissements étaient nécessaires pour résorber lesdéficits en infrastructures de transport, mais les rè-glements importants du service de la dette, notam-ment les préfinancements, ont exercé des pressionscroissantes et importantes sur le budget. L’équipedu FMI se réjouit de l’engagement ferme des auto-rités à mettre en œuvre les mesures nécessairespour ramener la dette publique à un niveau viableet à mettre en œuvre des réformes structurellesclés. ».

Pour le Fonds monétaire international, qui aabordé cette question avec toutes les autoritésdu pays en charge des affaires économiques etfinancières, la réduction de la dette publique àun niveau soutenable est un objectif réalisableà moyen terme si l’engagement renouvelé desautorités en faveur de la viabilité de la detteperdure. Le chef de mission du FMI a ainsi ré-vélé que les autorités envisageaient de réduireles dépenses en capital financées sur ressourcesintérieures et d’établir des partenariats avec lesecteur privé ainsi que les partenaires tech-niques et financiers pour continuer à amélio-rer l’infrastructure. Les autorités togolaises « re-centreront leurs politiques sur des dépensesd’infrastructures financées de manière viable et desprogrammes sociaux ciblés tels que le Programmed’urgence de développement communautaire (PUDC)et le Programme d’appui aux populations vulnéra-bles (PAPV). Le gouvernement identifiera ses prio-rités de développement dans le Plan national dedéveloppement (PND) 2018-2022 et traduira cespriorités dans le budget. »

Au gouvernement en tout cas, on estimequ’il n’y a pas lieu de paniquer : « À court,moyen et long termes, le Togo est exposé a unrisque faible d’insolvabilité », précise MadameCouassi L. Afi, directrice de la dette au minis-tère de l’Économie. Car, estime-t-elle, les ex-portations et les recettes budgétaires permet-tront de couvrir le service de la dette extérieuredans les proportions requises.

François Bambou

Le Togo lève des ressources auprès des différents guichets bilatéraux et multilatéraux pour soutenir ses grands projets d’infrastructures. Une preuve de la confiance renouée entre les bailleurs de fonds et ce pays.

Le FMI reconnaît que cet endettement a été nécessaire et a euun fort impact sur la modernisation de l’économie.

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LE TEMPS DU RÉALISME BUDGÉTAIRE

Finances publiques

Ce lundi 14 novembre 2016 auPalais de la Présidence de la Répu-blique, le Conseil des ministresprésidé par le chef de l’État Faure

Essozimna Gnassingbé doit plancher surdeux dossiers d’une grande vitalité : la loi definances rectificative gestion 2016 et le projetde loi de finances 2017. En somme le gou-vernement, qui veille au maintien des grandséquilibres du budget, tient à adapter la loi definances à l’évolution récente de l’économie.« Ce projet de loi est rendu nécessaire par l’évo-lution financière intervenue dans l’exécution dela loi de finances initiale adoptée le 29 décembre2015. Elle s’impose, par ailleurs, pour résorber le déficit budgétaire initial, qui se chiffre à39,4 milliards de francs ». En clair, les hypo-thèses macroéconomiques sur lesquellesétaient fondées les prévisions budgétairesinitiales pour 2016 ayant connu une évolu-tion, le gouvernement a jugé nécessaire defaire adopter par le Parlement une loi rectifi-cative. Ainsi, on note que le projet de loi definances rectificative gestion 2016 s’équilibreen recettes et en dépenses à 1 151 milliards deFCFA, contre une prévision de 1 002,1 mil-liards de FCFA, soit une augmentation de14,4 % qui annule le besoin de financementadditionnel estimé, dans la loi de finances ini-tiale, à 39,36 milliards de FCFA.

La loi de finances initiale prenait en compteles orientations définies dans la Stratégie decroissance accélérée et de promotion del’emploi (SCAPE), mais s’orientait égale-ment vers la satisfaction des besoins de lapopulation à travers des mesures comme leProgramme urgent de développement com-munautaire (PUDC), le Projet « Eau et assai-nissement au Togo » phase 1 (PEAT1), l’ap-

plication de la nouvelle grille salariale, laconsolidation du Guichet unique pour lecommerce extérieur au Togo, l’augmentationdes subventions au profit des enseignementsconfessionnels et des universités, ainsi quel’accroissement de la subvention à la gratuitéde la césarienne et à la prise en charge desmalades du Sida.

Pour le ministre de l’Économie et des Fi-nances, « le projet de loi de finances rectificativereflète les priorités de l’action gouvernementalequi demeurent la relance de l'activité écono-mique et la consolidation d’une croissance soute-nue et plus inclusive pour un développement éco-nomique et social harmonieux du pays. Elle traduitaussi la volonté du gouvernement de redonnersouffle au secteur privé, destiné à jouer un rôleplus important dans la consolidation de la crois-sance. » En somme, les orientations fonda-mentales ne changent pas, toujours axéesqu'elles sont sur l’atteinte des objectifs de laSCAPE, mais elles incluent quelques défis duprochain Plan national de développement(PND) qui interviendra en 2018. La crois-sance, voulue encore plus inclusive, sera orien-tée principalement vers les secteurs sociaux.

Pour ce qui est de loi de finances 2017adoptée au cours de la même séance duConseil des ministres, le gouvernement an-nonce d’ores et déjà la couleur : « L’année

2017 sera celle de la maîtrise des grands équili-bres macroéconomiques et budgétaires ainsi quedu redéploiement des dépenses d’investissementspour des marges de manœuvre favorisant lacroissance inclusive, tout en maîtrisant le défi-cit. » Les prévisions budgétaires pour 2017s’équilibrent en ressources et en charges à1 218,7 milliards de francs. Les ressourcessont estimées à 1 218,7 milliards, contre

962,8 milliards en 2016, soit une hausse de26,6 %.

Pour parvenir à l'équilibre en matière deressources, il s’agit de poursuivre la politiquede réformes fiscales, notamment l’élargisse-ment de la base fiscale visant à desserrerl’étau sur les grandes entreprises, de mêmeque la recherche de nouvelles niches fiscaleset la mise en œuvre d'une politique d’inno-vation permettant d’améliorer le taux depression fiscale, qui se chiffrerait à 22,1 %en 2017.

Concernant les dépenses, elles seront maî-trisées de manière à prévenir tout dérapagede nature à fragiliser les équilibres macroé-conomiques au moyen d’une gestion pru-dente et efficiente des dépenses, qui sera éga-lement poursuivie. Comme l’explique leministre de l’Économie et des Finances, laqualité de la dépense publique sera amélio-rée, notamment en prenant en compte lespriorités stratégiques sectorielles et les plansd’actions prioritaires admis dans la SCAPE.Au total, 46,8 % des dépenses publiquesiront vers les secteurs sociaux, ce qui marqueune nette volonté du gouvernement de pren-dre en compte l’impératif de réduction de lapauvreté dans ce pays où près de la moitiédes 7 millions d’habitants vit encore sous leseuil de pauvreté. Ces actions mises en œu-vre à travers le PUDC et le Programme d'ap-pui aux populations vulnérables (PAPV) vi-sent une amélioration des conditions de viedes populations vulnérables dans les diffé-rentes régions du pays, avec un accent parti-culier mis sur le développement des infra-structures et sur la réduction de la pauvreté.Ce qui fait dire au gouvernement que « le pro-jet de loi de finances gestion 2017 a pour objectifune croissance durable et partagée. En définitive,il est essentiellement orienté vers la satisfactiondes besoins sociaux auxquels il consacre une trèsgrande part des ressources ( 46,8 %), ainsi quevers la réalisation de certaines infrastructures,qui sont dans un état d’exécution avancé, et en-fin vers le renforcement de la gouvernance. »

François Bambou

ÉCONOMIE

Après avoir adopté une loi de finances rectificative pour résorber le déficit inscrit dans la loi definances initiale de 2016, le gouvernement se donne l'ambition de poursuivre une gestion budgétaire saine en 2017.

38 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

« Le projet de loi de finances gestion 2017 a pour objectif unecroissance durable et partagée. En définitive, il est essentiellementorienté vers la satisfaction des besoins sociaux auxquels il consacreune très grande part des ressources (46,8 %). »

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Interview/Ministère de l’Économie et des Finances

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 39

« POURSUIVRE L’ASSAINISSEMENTDE LA GESTION DES FINANCESPUBLIQUES »

Marchés Africains : Quel a été votre sentimentau regard des défis qui vous attendent en ap-prenant, en août dernier, votre nomination auportefeuille de ministre de l’Économie et des Fi-nances que votre prédécesseur avait géré du-rant quasiment une décennie ?Sani Yaya : Je voudrais, avant toute chose,vous remercier pour l’intérêt que vous portezà notre pays, le Togo, et surtout pour l’occa-sion que vous nous offrez de rendre visiblesles actions engagées depuis plusieurs annéespar le gouvernement sous l’autorité du prési-dent de la République. Pour revenir à votrequestion, je voudrais vous rappeler que le pré-sident de la République m’avait déjà fait l’in-signe honneur de me nommer précédem-ment à la fonction de ministre délégué chargédu Budget avant de me confier en août 2016,soit un peu plus d’un an plus tard, la chargeactuelle de ministre de l’Économie et des Fi-nances. Je saisis l’occasion pour lui témoignerma très haute et déférente gratitude. Cettemarque de confiance appelle encore plus,chez moi, un grand sens des responsabilitésdans le cadre de la mission qu’il lui a plu deme confier. Dans le même temps, c’est avec

un sentiment d’humilité que j’ai pris mesnouvelles fonctions, succédant ainsi à l’ex-mi-nistre d’État dont je salue le travail abattupendant presque une décennie à la tête de ceministère sous la haute autorité du présidentde la République dans la mise en œuvre desréformes courageuses visant l’assainissementdes finances publiques, avec comme couron-nement l’atteinte du point d’achèvement de

l’Initiative des pays pauvres très endettés(IPPTE) en 2010. Néanmoins, comme vous lementionnez, malgré ces progrès remarqua-bles, des défis demeurent au regard de l’im-mensité des besoins sociaux. C’est donc àjuste titre que le chef de l’État a placé sonmandat actuel sous le sceau du social. À ceteffet, ma feuille de route est de poursuivre lamise en œuvre des réformes visant l’assainis-sement des finances publiques pour une crois-sance soutenue, durable et inclusive dans uncadre macroéconomique stable et soutenableet un climat des affaires encore plus attractifpour les investisseurs privés nationaux et nonnationaux.

En quoi la réforme intervenue avec la fusiondes Douanes et des Impôts, qui a donné nais-sance en 2014 à l’Office togolais des Recettes(OTR), s’est-elle révélée une réussite ? Cetteexpertise togolaise peut-elle s’exporter ? Nous n’avons pas beaucoup de recul pourparler d’expertise. Nous restons donc hum-bles. Les résultats obtenus à l’issue des deuxpremières années d’opérationnalisation del’OTR apparaissent encourageants. En effet,

nous avons enregistré une hausse des recettesfiscales de 13,54 % en 2014 et de 12,67 % en2015. Par ailleurs, il faut également soulignerun accroissement des recettes liquides de26,6 % en 2014 et l’amélioration de la col-lecte des recettes fiscales : le ratio recettesfiscales/PIB est de plus de 21 % en 2015, undes meilleurs ratios de la sous-région (UE-MOA). Ajoutons à cela une meilleure colla-

boration entre les Impôts et les Douanes avecl’échange des informations fiscales, la mutua-lisation des efforts et la création d’un Numérod’identification fiscale (NIF) commun utiliséà la Douane et aux Impôts. C’est au vu des résultats encourageants aux-quels l’OTR est parvenu dès son opérationna-lisation que certains pays, notamment de lasous-région, nous font part de leur grand inté-rêt à s’inspirer de ce modèle dans le cadre deséchanges de bonnes pratiques. Cela dit, deséchos des opérateurs économiques nous par-viennent sur la nécessité de procéder à undesserrement de l’étau sur les entreprises, desorte que ce ne soient pas toujours les mêmesqui paient l’impôt. Cette préoccupation légi-time, à laquelle nous accordons toute l’atten-tion requise, pose la problématique de lastructure et de la profondeur de notre tissuéconomique, notamment la part importantedu secteur informel. En guise de réponse à cespréoccupations, nous travaillons avec les res-ponsables de l’OTR en vue d’élargir la basefiscale et de desserrer l’étau sur les entreprisesainsi que, d’une façon générale, sur les contri-buables. Le projet de loi de finances 2017s’inscrit d’ores et déjà dans cette dynamique.Bien sûr, ce n’est qu’un début et nous feronsencore plus pour rendre l’environnement desaffaires au Togo encore plus attractif au planfiscal.

Pourquoi le Togo, qui compte treize banquesauxquelles s’ajoutera prochainement une filialed’UBA, possède-t-il le taux de bancarisation leplus élevé de la sous-région ?Effectivement le Togo, à l’instar des autrespays de l’UEMOA, est dans une dynamiqued’inclusion financière qui améliore le taux debancarisation. Ce niveau traduit le dynamismedu secteur bancaire au Togo en termes d’élar-gissement des parts de marché, � (Suite p. 40)

Sani Yaya, ministre de l’Économie et des Finances, se veut prudent en tablant sur un PIB 2016 de 5 %,contre 5,4 % initialement prévus. En outre, il justifie la stratégie de renforcement des infrastructureséconomiques en la considérant comme un enjeu majeur de développement pour le Togo.

« Le niveau élevé du taux de bancarisation enregistré par le Togo traduit le dynamisme du secteur bancaire en termesd’élargissement des parts de marché. »

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� non seulement en volume de dépôts etd’emplois, mais également en termes d’acqui-sition de clientèle. Le réseau bancaire s’étoffeà Lomé et sur toute l’étendue du territoire, serapprochant ainsi du plus grand nombre.Comme vous le savez, au-delà des chiffresmacroéconomiques, les banques sont commeun baromètre donnant une idée de la confiancedans l’environnement, dans le potentiel etdans les perspectives économiques d’un pays.La présence de treize banques au Togo reflètedonc la confiance que les acteurs financiersplacent en la politique économique du gou-vernement et dans le climat des affaires. L’in-térêt de s’installer au Togo manifesté par d’au-tres acteurs, notamment l’UBA que vousmentionnez, s’inscrit dans cette dynamique,même si ceci n’est qu’au stade des intentions,aucune demande formelle n’étant encore en-registrée. À tout ceci, il importe d'ajoutertoutes les initiatives et actions du gouverne-ment en matière d'inclusion financière.

La croissance de l’économie togolaise est ressor-tie en moyenne à 5 % au cours des deux der-nières années. Selon les projections, elle s’éta-blit aux alentours de 5,4 % en 2016. Quellessont vos prévisions sur 2017 ? Quelle place oc-cupe la consommation des ménages dans cePIB, où l’on attend de nouveaux bons résultatsdes industries extractives et manufacturières ?La croissance économique reste bien orientéeau Togo depuis quelques années. Le taux decroissance réel moyen s’est établi à 5,6 % en-tre 2014 et 2015. Les dernières prévisionsd’octobre 2016 tablent sur une croissance duPIB réel de 5 % en 2016, contre 5,4 % initia-lement prévus, soit une révision à la baisse de0,4 point de pourcentage. Ce réajustementtraduit la prudence que nous observons dansnos prévisions, qui prennent en compte l’im-pact d’un ralentissement de la croissance éco-nomique au niveau international, notam-ment en Afrique subsaharienne, où le taux decroissance réel de 2016 prévu à 4,1 % est ra-mené à 1,4 % par le FMI. Observant cettemême prudence et préférant avoir de bonnessurprises que de mauvaises, nous avons réa-justé les prévisions de croissance à 5 % en2017, tout comme en 2016, selon les der-nières estimations d’octobre 2016. Cette crois-sance sera portée essentiellement par l’agri-culture, les industries manufacturières, le BTPet le secteur tertiaire marchand. S’agissant dela consommation finale des ménages, ellepasserait de 2 160,8 milliards de FCFA en2016 à 2 290,7 milliards de FCFA en 2017, représentant respectivement 82,8 % et 81,6 %du PIB.

En quoi le renforcement des infrastructureséconomiques dans la stratégie de réduction dela pauvreté élaborée par le Togo représente-t-ilun enjeu majeur de développement ? Comme on dit souvent, « la route du dévelop-pement passe par le développement de laroute ». C’est donc à juste titre que le gouver-nement s’est fixé comme objectif principal, aucours de ces cinq dernières années, le renfor-cement des infrastructures, notamment lesroutes. À cet effet, la dépense publique a étémajoritairement orientée vers les investisse-ments publics visant la réhabilitation et/ou laconstruction de nos infrastructures, notam-ment le port en eau profonde, l’aéroport dehaut standing, les routes et pistes. Ce choixjudicieux résulte de la vision du prési-dent de la République de faire de no-tre pays un hub sous-régional d’ex-cellence et une plate-forme de classeinternationale de services finan-ciers, d’échanges commerciaux etde logistiques. Cette vision tra-duite dans la politique généraledu gouvernement a abouti à l’adop-tion en 2013 de la Stratégie decroissance accélérée et de promo-tion de l’emploi (SCAPE2013-2017) qui am-bitionne d’attein-dre une croissancesoutenue et

inclusive. Le renforcement des infrastructuresétait donc un enjeu majeur, voire une néces-sité absolue pour faciliter les avantages com-paratifs de notre pays dans la sous-région etaussi favoriser le commerce régional et leséchanges au plan national. Ces investisse-ments visent à faire de notre pays un desmeilleurs pôles d’attractivité pour la commu-nauté des investisseurs et, partant, à booster lacroissance. Le gouvernement reste en effetconvaincu qu’une croissance inclusive permetde réduire significativement la pauvreté. Ainsi,sur la période de 2011 à 2015, l’incidence de lapauvreté passe de 58,7 % à 55,1 %, soit une

réduction de 3,6 points, d’après lesrésultats de l’enquête QUIBB

réalisée par l’Institut na-tional de la statistique

en 2015.

ÉCONOMIE

40 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

MA

Sani Yaya, ministre de l’Économie et des Finances.

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Comment va se décliner le quinquennat encours ?Suivant le projet de société du chef de l’État etcomme souligné dans la déclaration de poli-tique générale du gouvernement, la moderni-sation du pays sera poursuivie à travers des réformes économiques et la réhabilitation desinfrastructures qui seront désormais réaliséesdans le cadre d’un partenariat public-privé(PPP). En outre, il importe de souligner queconformément aux orientations du présidentde la République, au cours du présent quin-quennat, le gouvernement accordera une at-tention accrue aux dépenses sociales, en orien-tant les dépenses publiques vers les secteurssocio-économiques de base et surtout les

couches les plus vulnérables, notamment àtravers les deux programmes majeurs quesont le Programme d’urgence de développe-ment communautaire (PUDC) et le Programmed’appui aux populations vulnérables (PAPV),donnant ainsi une base solide pour la mise enœuvre prochaine du Plan national de déve-loppement (PND 2018-2022) et la VisionTogo 2030. Du reste, le Projet de budget 2017s’inscrit déjà dans cette optique en consacrantune part importante des ressources de l’État,soit 46,8 %, aux secteurs sociaux. Ces orienta-tions seront reflétées dans le PND 2018-2022actuellement en cours de formulation et quiprendra la relève de la SCAPE comme cadrede référence à moyen terme pour la conduitedes actions de développement et pour la miseen œuvre des Objectifs de développement du-rable au Togo, en vue de l’émergence futuredu Togo.

À partir de 2017, tous les États membres del’UEMOA seront tenus d’élaborer des budgetsprogrammes. En quoi cette directive est-elle in-novante et qu’est-ce que cela implique pour leTogo ?Les directives de l’UEMOA de 2009 apportentdes approches de solutions aux difficultés re-levées par les États membres de l’Union dansla mise en œuvre des anciennes directives de1997 et 1998 que notre pays n’a pas pu appli-quer en raison de la crise socio-économiquede 1990 à 2005. Les nouvelles directives in-troduisent la démarche de la gestion axée surles résultats. Elles mettent l’accent sur la sincé-rité des prévisions économiques et financièreset introduisent le budget programme et la dé-concentration de l’ordonnancement, avec de

nouvelles missions du contrôleur financier.En outre, le dispositif de planification et desuivi évaluation est renforcé afin de faciliter lareddition des comptes.Le Togo a transposé dans le corpus juridiquenational sept des huit nouvelles directives del’UEMOA. Sur la base de ces textes, le gouver-nement a pris des dispositions et, aujourd’hui,tous les ministères et dix institutions de l’Étatont leur budget programme suivant la feuillede route adoptée en janvier 2015 par les ser-vices de l’Administration publique, avec l’ap-pui du Fonds monétaire international (FMI).La réécriture du système intégré de gestion desfinances publiques (SIGFiP) est en cours pourprendre en charge le budget programme. Les

segments administratif et économique duSIGFiP sont actuellement en mode test.Contrairement au budget classique ou budgetmoyen, le budget programme suit une lo-gique de performance et introduit dès lorsd’importantes réformes budgétaires, adminis-tratives et organisationnelles. Le budget pro-gramme permet donc de renforcer la gestiondes finances publiques en mettant en place lecontrôle interne et le contrôle de gestion, dis-positifs qui vont faciliter les missions decontrôle de la Cour des comptes et le contrôlede l’Assemblée nationale. À partir du budgetgestion 2018, nous allons lancer le débat

d’orientation budgétaire à l’Assemblée natio-nale. Notre défi pour les prochains mois est lamise en œuvre réussie de ces directives, quipermettra de responsabiliser les premiers res-ponsables des programmes, lesquels serontévalués à partir des indicateurs de perfor-mance.

En 2017, quelles seront les priorités de votreministère et comment se déclinent les actionsinscrites sur votre feuille de route ? En 2017, les priorités du ministère de l’Écono-mie et des Finances que j’ai l’insigne honneurde diriger demeurent la poursuite de l’assai-nissement de la gestion des finances publiques,la consolidation de la stabilité du cadre ma-croéconomique et l’amélioration de la gou-vernance économique et financière. Pour yparvenir, nos actions seront principalementorientées vers les investissements dans les in-frastructures porteuses de croissance, notam-ment l’agriculture, vers l’orientation des dé-penses en direction des secteurs sociaux telsque la santé et l’éducation, vers le renforce-ment du cadre macroéconomique, vers lamaîtrise des dépenses publiques, vers la re-cherche des ressources extérieures à des tauxconcessionnels pour assurer la soutenabilitéde l’endettement tout en veillant sur la maî-trise du taux d’endettement, vers la poursuitede l’amélioration des recouvrements des re-cettes fiscales, et enfin vers la poursuite del’assainissement du système financier décen-tralisé.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 41

« À partir du budget gestion 2018, nous allons lancer le débatd’orientation budgétaire à l’Assemblée nationale. »

Sani Yaya, 53 ans, marié et père de famille, est connu pour être un professionnel du secteurbancaire et financier. Il cumule plus de 26 ans d’expérience à des postes à responsabilités dehaut niveau, dont six à la BCEAO auprès de la Commission bancaire de l’UMOA, et près desix ans au sein du groupe Ecobank (ETI) où il a servi en tant que directeur de l’audit et de laconformité, et membre du Comité exécutif du groupe. Il a également occupé les hautes fonc-tions de Chief Operating Officer (COO) du groupe NSIA spécialisé dans l’assurance et labanque, et de membre du Comité exécutif dudit groupe. C’est dire que le nouveau ministrede l’Économie et des Finances dispose d’une expérience pluridisciplinaire en banque etfinances, opération et développement du business. Son domaine de compétence reste labanque et les finances ainsi que les stratégies des institutions. Diplômé du CEFEB (Centre d’études financières, économiques et bancaires) de Paris, SaniYaya est aussi titulaire d’un DESS en management option banque de l’université de Paris 1 etd’une maîtrise ès sciences économiques de l’université de Lomé. Le leadership du ministre Sani Yaya est orienté vers l’action et le résultat. Avant d’être nomméministre de l’Économie et des Finances, il était ministre délégué chargé du Budget, et a pré-cédemment occupé les fonctions d’administrateur provisoire de la Banque togolaise pour lecommerce et l’industrie. Il est souvent présenté comme un homme discret, adepte de larigueur, qui défend des valeurs telles que l’intégrité et la loyauté. Son expertise ne sera pas detrop au service du ministère de l’Économie et des Finances du Togo.

BIOEXPRESS

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« L’OTR INTÈGRE LES IMPÔTSET LA DOUANE : UNE VÉRITABLEINNOVATION »

Interview/Office Togolais des Recettes

Marchés Africains : Quelles sont les raisonsstratégiques qui ont conduit en 2014 les auto-rités togolaises à lancer une réforme condui-sant à l’intégration des régies Impôts et Douanesen une seule entité, l’Office Togolais des Re-cettes (OTR) ? Et pourquoi confier cette « im-portante structure » à un étranger ?Henry Kanyesiime Gaperi : Les raisons stra-tégiques qui ont conduit les autorités togo-laises à lancer en 2012 la réforme OTR visentprincipalement la mobilisation substantielledes ressources intérieures face à la rareté desressources extérieures afin de permettre augouvernement de financer une grande partiedes demandes sociales et des besoins d’in-vestissements productifs du pays. Les raisonsspécifiques sont entre autres de fournir unservice de qualité aux contribuables/usagers,d’instituer les mécanismes de promotiond’une nouvelle culture éthique, soit la « tolé-rance zéro » vis-à-vis de la corruption ainsi quede la fraude douanière et fiscale, de promou-voir une gestion transparente dans le recouvre-ment/la collecte des recettes fiscales et doua-nières, d’instaurer un nouveau système degestion axée sur les résultats, de simplifier lafiscalité togolaise et de la rendre plus efficace,d’éliminer le cloisonnement observé entre lesanciennes régies des Impôts et des Douanesafin de permettre l’échange d’informations etde données fiscales et douanières, et enfin deconférer une autonomie de gestion à l’Officeafin de lui donner de la souplesse dans sa ges-tion administrative et financière. Les raisons de confier de surcroît cette « im-portante structure » à un étranger répondaient,entre autres, à un besoin d’expertise dans ledomaine de la gestion d’un Office intégré decollecte des recettes, car vous savez qu’il s’agitde la première expérience en Afrique de l’Ouest

francophone, mais aussi par souci de transpa-rence et d’imperméabilité à toutes formes depression, surtout en son début d’opérationna-lisation.

Quel est le statut et l’Office Togolais des Re-cettes et quelles sont ses missions ?L’OTR a été créé par la loi n° 2012-016 du14 décembre 2012. Il intègre les anciennes di-rections générales des Douanes et des Impôtsau sein d’une structure unique. C’est un éta-blissement public à caractère administratif,doté d’une autonomie de gestion administra-tive et financière. Il a pour missions princi-pales d’asseoir, d’administrer et de recouvrerpour le compte de l’État, les impôts, taxes et

droits de douane ainsi que de recouvrer lesimpôts locaux pour le compte des collectivitésterritoriales, de combattre la fraude, l’évasionfiscale et la corruption, d’assurer un service dequalité aux contribuables/usagers, de conseil-ler le gouvernement sur toutes les questions serapportant à la politique fiscale, de promou-voir le consentement volontaire à l’impôt au-près des contribuables, d’assister le gouverne-ment dans sa politique de promotion del’investissement privé et de facilitation deséchanges commerciaux et enfin de produire etpublier les statistiques sur les recettes fiscaleset douanières collectées.

En quoi ce nouveau système de recouvrement

ÉCONOMIE

Créé en 2012, l’Office Togolais des Recettes (OTR) est une innovation à même d’inspirer d’autrespays de la sous-région. À sa tête, le rwando-canadien Henry Kanyesiime Gaperi, qui révèle qu’unede ses ambitions est d’œuvrer à ce que le Togo soit un lieu où investir et où la conduite d’activitéséconomiques puisse croître.

42 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

C’est à l’issue d’un processus de sélection par appel à candidatures que le rwando-canadienHenry Kanyesiime Gaperi, 54 ans, a été nommé en janvier 2014 en Conseil des ministres com-missaire général de l’Office togolais des Recettes (OTR) pour une durée de 4 ans renouvelableune fois. Il occupait jusqu’à sa nomination le poste de conseiller au FMI en matière de politiqueet administration des recettes pour plusieurs pays d’Afrique de l’Est et du Centre. Titulaire d’unMBA de l’université Simon Fraser (Canada), il est fort d’un riche parcours, notamment auRwanda comme commissaire général de l’Office Rwandais des Recettes, directeur de la Caissede Sécurité sociale du Rwanda et président de la Banque de Kigali.À l’instar d’autres pays africains (Ouganda, Maurice, Ghana, Rwanda…), le Togo a décidé deregrouper les régies financières des Impôts et des Douanes en un office commun, l’OTR. Il n’ya pas fusion mais intégration, donc les agents des deux services exercent leurs activités profes-sionnelles respectives tout en ayant enfin la possibilité d’échanger les informations et données.En confiant une telle responsabilité à un étranger avec un poste pour le moins stratégique, leTogo ne peut que se réjouir des résultats engrangés par l’OTR sous la férule d’Henry Kanye-siime Gaperi. Huit mois après sa création, cette institution a mis en oeuvre un système de recou-vrement direct des recettes fiscales et douanières par les banques et celles-ci sont transféréesau compte du Trésor public au jour J+1. Une réalité qui s’est traduite par une réduction sensi-ble des risques de détournements et de corruption liés à la manipulation de la liquidité, tout enpermettant au Trésor public d’avoir des ressources en temps réel.

BIOEXPRESS

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est-il innovant ?Le système OTR qui intègre les Impôts et laDouane constitue une véritable innovation àplusieurs titres : tout d’abord par l’autono-mie de gestion administrative et financièreque j’évoquais à l’instant en ce qu’elle per-met une gestion efficace et efficiente des res-sources, ensuite par la mise en œuvre desmécanismes de promotion d’une nouvelleculture éthique que j’évoquais égalementavec la « tolérance zéro » vis-à-vis de la cor-ruption ainsi que la lutte contre la fraudedouanière et fiscale. En matière de lutte contre la corruption, il aété mis en place des dispositifs de préven-tion, de détection et d’investigation sur lacorruption. Le système de déclaration desbiens par chaque agent recruté au sein del’OTR et le numéro vert 8280 pour dénoncertout acte de fraude ou de corruption en fontpartie, ainsi que les nouvelles directions –anticorruption, audit interne et assurancequalité – qui assurent le monitoring quoti-dien du système d’intégrité et les évaluationsrégulières du système de contrôle interne ausein de l’OTR. S’y rattache également la miseen œuvre du système de recouvrement desrecettes fiscales et douanières par les banquescommerciales et l’utilisation des quittancessécurisées pour le recouvrement manuel desrecettes dans les divisions non encore infor-matisées : depuis septembre 2014, au moins90 % des recettes fiscales et douanières sontperçues/recouvrées directement par les banquescommerciales et versées au compte de l’OTR.Au jour J+1, toutes les recettes encaissées surle compte de l’OTR sont transférées sur lecompte du Trésor public, ce qui a permis deréduire sensiblement les risques de détour-

nements et de corruption tout en octroyantdu même coup au Trésor public des res-sources en temps réel et en assurant surtoutla traçabilité et la bonne gouvernance des re-cettes fiscales et douanières. En matière de bonne gouvernance et d’opti-misation des ressources, notons la mise enœuvre d’un nouveau système de gestion axéesur les résultats : la signature de contrats deperformance avec les agents et l’évaluationde leurs performances sur la base d’indica-teurs de résultats préalablement définis, laspécialisation des tâches avec la séparation

des fonctions opérationnelles (collecte desrecettes) de celles d’appui-services communs(finances, administration et logistique, res-sources humaines, communication, étudeset planification stratégique, etc.). S’y ajou-tent une meilleure planification et un suivides activités à travers les plans stratégique etopérationnel ainsi que l’élimination descloisons entre les impôts et douanes en in-terfaçant les systèmes informatiques de laDouane (SYDONIA WORLD) et des Impôts(SGIO) pour un meilleur suivi des contri-buables par le partage permanent d’informa-tions entre la Douane et les Impôts (chiffred’affaires déclaré aux impôts et valeur desimportations ou exportations à la douane),ce qui accroît l’efficacité de l’analyse de

risque. Des brigades mixtes Impôt-Douanetravaillent en toute synergie sur certains dos-siers communs, ce qui réduit la marge demanœuvre des contribuables en matière defraude fiscale et douanière. L’instaurationd’un numéro unique d’identification fiscalepour les opérations fiscales et douanières fa-cilite également l’échange efficace d’infor-mations et de données entre les systèmes in-formatisés SYDONIA WORLD et SGIO et unmeilleur suivi des activités des contribua-bles. Au chapitre de la qualité du service rendu

aux usagers, l’innovation consiste en la dé-matérialisation des systèmes et en la mise enplace de nouveaux moyens de communica-tion et de paiement : centre d’appel, numérovert 8201, télé-déclaration, paiement des im-pôts et taxes via les banques, ou encore miseen œuvre de la facture normalisée.Enfin, évoquons le renforcement de la com-munication et la sensibilisation des contri-buables à la question du civisme fiscal grâceà divers partenariats : émissions de radio etde télévision, journées portes ouvertes, ren-contres avec des partenaires, etc.

Depuis juillet 2014, le bilan est-il à la hau-teur des espoirs en matière de collecte ?Depuis son opérationnalisation en 2014,l’OTR a toujours atteint les objectifs budgé-taires qui lui ont été assignés par le gouver-nement. En 2014, pour une prévision de416,0 milliards, il a été recouvré 458,2 mil-liards, soit un dépassement d’objectif de41,6 milliards et un taux de réalisation de110,0 %. On note une hausse de 13,5 % parrapport à 2013, où il avait été collecté 403,6 mil-liards. En 2015, pour une prévision de 480,4 mil-liards, il a été recouvré 516,3 milliards, soitun dépassement d’objectif de 35,9 milliardset un taux de réalisation 107,5 %. Cela cor-respond à une hausse de 12,7 % par rapportà 2014. Eu égard à ces résultats, le Togo a réa-lisé un taux de pression fiscale (recettesfiscales/PIB) de 20,7 % en 2014 et 21,3 % en2015 (contre 20,0 % en 2013). Les recettesliquides sont, elles, en nette évolution de-puis 2014. De 299,7 milliards en 2013, ellessont passées à 379,4 milliards en � (Suite p. 44)

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 43

OTR

Henry Kanyesiime Gaperi, commissaire général de l’Officetogolais des Recettes.

« En 2014, pour une prévision de 416,0 milliards, il a été recouvré458,2 milliards, soit un dépassement d’objectif de 41,6 milliardset un taux de réalisation de 110,0 %. »

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� 2014, soit un accroissement de 26,6 %.Elles représentent 83 % du total des recettesbudgétaires en 2014, contre 74 % en 2013.

Cette réforme a-t-elle suscité la curiosité despays voisins ? Avez-vous accueilli des déléga-tions venues s’enquérir du fonctionnement etdes avantages de ce nouveau système de recou-vrement ?Bien sûr, la réforme OTR attire la curiositédes pays voisins – et même lointains ! – ainsique celle de certaines institutions sous-régio-nales. À ce titre, l’OTR a déjà reçu plusieursdélégations de pays et institutions comme leNiger, le Burkina Faso, la Centrafrique ou laCommission de l’UEMOA, venus s’informerde la réforme OTR. D’autres pays sont sur laliste d’attente pour venir partager l’expériencedu Togo. Notons que la plupart des pays del’Afrique de l’Est et australe et quelques paysde l’Afrique de l’Ouest anglophone sont déjàengagés dans cette réforme, la nôtre demeu-rant une véritable source d’inspiration.

Ce nouveau système de l’OTR a même bénéficiéen 2015 du soutien de la BAD sous la formed’une aide de 12 milliards. D’autres bailleurscomme la Banque mondiale soutiennent cetteréforme. Pourtant, l’OTR a ses détracteurs.Comment cela s’explique-t-il ? Avant de parler des bailleurs des fonds, jevoudrais dire que la réussite de la création etde l’opérationnalisation de l’Office Togolaisdes Recettes est due en premier lieu à unehaute volonté politique de Son ExcellenceMonsieur le Président de la République Togo-laise et de son gouvernement. Cette volontés’est traduite par le financement intégral desétudes préalables à sa création et des deuxpremières années de son opérationnalisationpar le budget alloué par le gouvernement. Enplus du budget alloué par le gouvernement,l’OTR bénéficie du soutien multiforme desinstitutions et partenaires de l’État togolaisqui croient en cette réforme, comme la BADdans le cadre du projet d’appui à la mobilisa-tion des ressources et au renforcement des ca-pacités institutionnelles (PAMOCI) et du pro-jet d’appui à la gouvernance fiscale (PAGFI). S’agissant des détracteurs, il est tout à fait nor-mal qu’il y en ait. Toute réforme de grandeenvergure comme celle de l’OTR, avec toutesles innovations introduites, surtout en ma-tière de transparence et de lutte contre lafraude et la corruption, doit forcément susci-ter des résistances. D’ailleurs, il n’y a pas unpays au monde où l’administration fiscalesoit l’amie de tous les citoyens. Ce qui est plusimportant, c’est la primauté de l’intérêt géné-

ral sur les intérêts particuliers.

Quels sont les défis que l’Office doit releverafin de continuer à optimiser la collecte des re-cettes ?Les défis que rencontre l’OTR sont de plu-sieurs ordres. Tout d’abord la complexité dusystème fiscal : il existe actuellement 29 typesd’impôts et taxes, ce qui ne facilite ni leurconnaissance par les contribuables ni leurgestion par l’OTR dans son processus d’auto-matisation et d’informatisation des opéra-tions, encore moins, et surtout, la fiscalisationdes opérateurs du secteur informel ! La maî-trise du secteur informel souffre par ailleursde la faiblesse d’une culture de paiement vo-lontaire de l’impôt, de la faible accoutumanceà la vérification, au contrôle fiscal et aux en-quêtes. D’autres défis sont liés à la moderni-sation par la dématérialisation/informatisa-tion des procédures de gestion des impôts ettaxes à la réforme du cadastre, à la lutte contrela fraude fiscale et douanière, à la corruptionet enfin à la maîtrise des exonérations fiscaleset douanières dues a un certain nombre deconventions.

Quelles sont les perspectives ?Pour relever les défis, l’OTR va d’abord concen-trer ses activités à la simplification des régle-mentations fiscales et douanières : un projetde code des impôts simplifié en est déjà encours d’élaboration. Il va ensuite veiller aurenforcement de l’élargissement de l’assiettefiscale par la maîtrise de la fiscalisation dusecteur informel : en effet, on compte 17 433 nou-veaux opérateurs économiques immatriculésau cours de l’année 2015, contre 9 086 en2014, soit une augmentation de 92 %. L’amé-lioration de la fiscalisation de ce secteur seraaussi facilitée par l’utilisation du NIF au cor-don douanier par les petits, moyens et grandsimportateurs. Il faut aussi se consacrer à lapoursuite de la dématérialisation des procé-dures fiscales et douanières, sachant quel’OTR a déjà amorcé le processus de moderni-sation par l’informatisation des opérationsfiscales et douanières avec l’automatisationdes opérations fiscales par un système robusteintégré de gestion des impôts (e-Tax) pourconsolider la déclaration et le paiement enligne des impôts par les contribuables. Le dé-marrage prévu de la déclaration et du paie-ment par téléphone mobile des impôts ettaxes aura un impact majeur dans plusieurssecteurs de l’économie nationale, notammentla facilitation des affaires aux contribuablesqui ne perdront plus de temps, la croissancedans le secteur des télécoms, l’accroissement

du taux de bancarisation, le changement desmentalités dans l’utilisation des technologiesd’information et de communication, etc.Nous allons également nous atteler à l’amé-lioration du système SYDONIA WORLD parl’introduction de modules de paiement enligne au cordon douanier, car seule la déclara-tion en ligne est actuellement effective. Nousallons poursuivre l’automatisation des opéra-tions administratives, comptables et finan-cières ainsi que de gestion de ressources hu-maines par le logiciel ERP/Oracle. Nousenvisageons de renforcer la culture de la ges-tion axée sur les résultats déjà amorcée il y aune année, de consolider la nouvelle cultureorganisationnelle et de partager davantage lavision de l’OTR. La nouvelle vision doit êtredessinée et partagée par tout le personnel del’OTR. La culture de l’institution basée sur lesaspirations positives d’une organisation per-formante doit être entretenue et nourrie par lasensibilisation des contribuables au civismefiscal et l’amélioration de la communicationexterne de l’OTR, par le renforcement des ca-pacités dans la vérification et enquêtes fiscaleset douanières, par la réforme du cadastre fis-cal, par l’intensification de la lutte contre lafraude douanière et fiscale et contre la corrup-tion ainsi que par l’intensification des opéra-tions douanières 7j/7 et 24h/24.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?En conclusion, je voudrais dire que le Togoest ouvert au monde des affaires. L’Office To-golais des Recettes est engagé à assister lescontribuables à remplir leurs obligations touten créant un environnement favorable quipermette à leurs affaires de croître. Le gouver-nement et le comité de direction de l’OTR tra-vaillent, à chaque heure, à s’assurer que lescontribuables trouvent en l’OTR un parte-naire crédible qui les assiste de manière trans-parente, avec un personnel professionnel, encoordination avec les autres institutions gou-vernementales, les partenaires internationauxau développement et le secteur privé, pourœuvrer à ce que le Togo soit une meilleureplace pour investir, où la conduite d’activitéséconomiques peut croître, tel que cela est ex-primé dans le plan national SCAPE. Au nomdu comité de direction de l’OTR, de son per-sonnel et en mon nom propre, je profite del’opportunité que vous m’offrez pour souhai-ter à tous nos contribuables et partenaires debonnes fêtes de fin d’année 2016 et une an-née 2017 prospère.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

ÉCONOMIE

44 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

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RÉPUBLIQUE TOGOLAISETravail-Liberté-Patrie

MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES

DIRECTION NATIONALE DU CONTRÔLE DES MARCHÉS PUBLICS

(DNCMP)

Base Réglementaire

La Direction Nationale du Contrôledes Marchés Publics (DNCMP) a étécréée par le décret n°2009-277/PR du 11 novembre 2009 portant code des marchés publics et délégations de servicepublic.Elle est organisée selon les modalités du décretd’application n°2009-295/PR du 30 décembre2009 portant missions, attributions, organisation et fonctionnement de la Direction nationale du contrôledes marchés publics.

Missions et attributions

La DNCMP a pour mission d’assurer le contrôle desprocédures de passation des marchés publics et desdélégations de service public.Les grandes lignes de cette mission se résument prin-cipalement en cinq (05) points :- émettre des avis sur les plans prévisionnels de pas-

sation des marchés publics ;- émettre des avis de non objections sur les dos-

siers d’appel d’offres (DAO) et les rapportsd’évaluation ;

- autoriser les dérogations relatives aux modesde passation des marchés publics ;

- assister techniquement les autoritéscontractantes ;

- procéder à l’analyse juridique tech-nique sur les projets de marchés etd’avenants avant leur approba-tion.

Marchés de travaux

Marchés de Fournitures OrganisationLa DNCMP est sous l’autorité du

Ministère de l’Économie et des Finances.Elle est dirigée par un directeur national qui a

rang de directeur général de l’Administration. Le Directeur national est assisté dans sa mission par

les Directeurs centraux et régionaux.La DNCMP est organisée au niveau central comme suit :

• Direction des Affaires Juridiques (DAJ) ;• Direction du Suivi des Marchés Publics (DSMP) ;• Direction de la Documentation, de la Communication et del’Information (DDCI) ;• Direction Régionale des Marchés Publics (DRMP).

Marchés de Services

Marchés de PrestationsIntellectuelles

Ancien Immeuble de la DGI5, Avenue Mama FousséniBP : 1533 – Lomé – TOGOTél. : (228) 22 22 56 45Site web : www.marchespublics-togo.comE-mail : [email protected]

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« HISSER LES PROCÉDURES DEPASSATION AU RANG DESSTANDARDS INTERNATIONAUX »

Interview/Autorité de régulation des marchés publics

Marchés Africains : Depuis quand existel’ARMP, quelles sont ses missions et avez-vousle budget et les ressources pour mener conve-nablement vos actions ?Théophile Kossi René Kapou : L’ARMP a étécréée par la loi n° 2009-013 du 30 juin 2009relative aux marchés publics et délégationsde service public et organisée par le décretn° 2009-296/PR du 30 décembre 2009 mo-difié par le décret n° 2011-182/PR du 28 dé-cembre 2011 portant missions, attributions,organisation et fonctionnement de l’Autoritéde régulation des marchés publics. Maisl’institution n’est véritablement entrée danssa phase opérationnelle qu’en 2012. L’ARMP s’occupe de la fonction de régula-tion du système des marchés publics et délé-gations de service public qui se décline enquatre missions principales : l’assistance àl’élaboration de la politique et de la régle-mentation en matière de marchés publics, laformation et l’information des acteurs de lacommande publique, le règlement non juri-dictionnel des différends relatifs aux procé-dures d’attribution des marchés publics, etenfin la réalisation des audits indépendantspar des cabinets de consultants ainsi quel’évaluation du système de passation desmarchés publics.Pour mener à bien toutes ces missions, l’ins-titution a évidemment besoin d’un budgetconséquent pour le financement duquel elles’efforce de mobiliser chaque année les res-sources prévues par les textes. Il s’agit no-tamment de la redevance de régulation, desproduits de vente des dossiers d’appel d’of-fres, mais aussi des subventions de l’État etparfois des partenaires techniques et finan-ciers. Il y a lieu de reconnaître que les be-soins ne cessent de croître et que l’ARMPsouhaite bénéficier davantage d’appuis despartenaires techniques et financiers pour

l’accompagner dans la réalisation de la stra-tégie de renforcement des capacités des ac-teurs de la commande publique adoptée aucours de cette année, ainsi que pour la conduitedes audits des marchés publics pour les an-nées à venir.

Quels changements majeurs la nouvelle régle-mentation a-t-elle introduits concrètementdans les procédures de passation des marchéspublics au Togo ?La réglementation en vigueur a permis à no-tre pays de hisser ses procédures de passa-

ÉCONOMIE

Théophile Kossi René Kapou, directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics(ARMP), indique qu’au titre de l’année 2016, son institution a rendu environ 90 décisions relativesaux différends dans les procédures de passation des marchés publics.

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ARM

P

Théophile Kossi René Kapou,directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics.

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tion des marchés publics au rang des stan-dards internationalement reconnus. Ceschangements concernent, entre autres, la sé-paration des fonctions de passation, de contrôleet de régulation, plus de transparence et unmeilleur encadrement des procédures, et en-fin une décentralisation de la gestion desmarchés publics au sein de chaque autoritécontractante, organisée autour d’une com-mission de passation et d’une commissionde contrôle des marchés publics placées sousl’autorité d’une personne responsable desmarchés publics. L’autre innovation majeureest la possibilité pour un opérateur écono-mique qui s’estime injustement évincé desprocédures de passation des marchés publicsde contester les résultats devant le Comité derèglement des différends de l’ARMP. Ajou-tons aussi la possibilité de dénonciation desviolations offerte à la population à traversdes canaux mis en place à cet effet, notam-ment le numéro vert (80 00 88 88). Ces dé-nonciations peuvent être anonymes ou non.

S’agissant de l’année en cours, pouvez-vous es-quisser un bilan de vos activités ? Par ailleurs,comment parvenez-vous à diminuer le risquede corruption dans la commande publique ?À quelques semaines de la fin de l’année2016, je peux affirmer que l’ARMP a réalisédes avancées notables dans la mise en œuvrede son Plan de travail budget annuel (PTBA).Au titre de la définition des politiques et del’assistance à l’élaboration de la réglementa-tion, elle a mobilisé les acteurs de la com-mande publique pour parachever le proces-sus de relecture des textes qui régissent lesmarchés publics : les projets de textes sontdésormais disponibles et soumis aux institu-tions compétentes pour leur adoption. Demême, le consultant recruté pour l’opération-nalisation des délégations de service public aachevé sa mission avec satisfaction. Au titredu règlement non juridictionnel des diffé-rends, le Comité de règlement des différends(CRD) de l’ARMP a, en 2016, rendu environ90 décisions relatives aux différends quinaissent dans les procédures de passationdes marchés publics. Il s’agit là d’un chiffrelégèrement au-dessus des moyennes an-nuelles habituelles, ce qui dénote la confianceplacée dans le CRD et, partant, la vitalité dusystème des marchés publics au Togo, mêmesi certaines de ces décisions, déférées devantles juridictions administratives, attendent deconnaître leur dénouement. Par ailleurs, leComité de règlement des différends a pro-noncé des sanctions contre des acteurs indé-licats du secteur privé pour des faits de faux

et d’usage de fausses informations. C’estainsi que quatre entreprises et leurs diri-geants sociaux ont été exclus de la com-mande publique pour plusieurs années. Autitre des formations et des appuis techniques,environ 2 050 acteurs de la commande pu-blique, dont 238 opérateurs économiques et250 acteurs de la société civile et des médias,ont été formés au cours de l’année 2016. Unaccent particulier a également été mis sur lesappuis techniques pour accroître les capacitésopérationnelles des organes internes de ges-tion des marchés publics : en 2016, une soixan-taine de personnes issues de 14 autorités contrac-tantes ont bénéficié de ces appuis techniques. Enfin, puisque vous évoquez la lutte contrela corruption, au titre de l’audit et de l’éva-luation du système des marchés publics,l’ARMP a commis trois cabinets de consul-tants internationaux qui ont réalisé les au-dits de conformité des marchés passés aucours des années 2014 et 2015 au Togo. Enplus de ces dispositions, ajoutons l’existencede mécanismes pour proscrire les conflitsd’intérêt et interdire à tous ceux qui inter-viennent dans le processus de passation, decontrôle et de régulation de disposer de par-ticipations dans les entreprises candidates,mais aussi l’exigence faite aux membres duConseil de régulation et aux personnes res-ponsables des marchés publics (PRMP) dedéclarer leur patrimoine avant leur entrée enfonction, et enfin la conduite régulière d’au-dits de conformité.

Quel bilan pouvez-vous dresser sur la transpo-sition des directives de l’UEMOA liées aux mar-chés publics dans l’ordonnancement juridiquetogolais ? Comment gérez-vous les recours ?

Je dirai pour faire simple qu’à ce jour, le Togoa transposé l’essentiel des dispositions com-munautaires, notamment les directives n° 4et n° 5 de l’UEMOA, en adoptant plusieurstextes nationaux dont la loi n° 2009-013 du30 juin 2009 relative aux marchés publics etdélégations de service public et un ensemblede décrets d’application. En outre, les Dos-siers standard régionaux d’acquisition (DSRA)ont aussi été internalisés. Il reste néanmoinsd’autres dispositions communautaires qui at-tendent d’être transposées : la directive rela-tive au code d’éthique et de déontologie ainsique la directive n° 02/2014/CM/UEMOA du28 juin 2014 relative à la réglementation de lamaîtrise d’ouvrage public délégué au sein del’UEMOA et des mesures urgentes préconiséespar l’UEMOA pour accroître l’absorption descrédits d’investissement à travers le rehausse-ment des seuils de passation, de contrôle etd’approbation des marchés publics, entre au-tres. Mais, le processus de transposition de cestextes restants est très avancé : déjà élaborés,ceux-ci sont dans le circuit pour leur adop-tion.Abordant le deuxième volet de votre ques-tion, je dirai d’abord que le recours est uneplainte exercée devant le Comité de règle-ment des différends (CRD) par un candidatou un soumissionnaire qui s’estime injuste-ment lésé par une décision prise au coursd’une procédure de passation des marchéspublics, voire par une autorité contractantequi n’est pas d’accord avec un avis de la Di-rection nationale du contrôle des marchéspublics (DNCMP). Elle peut concerner la dé-cision d’attribution d’un marché ou de dis-qualification d’une offre.

Propos recueillis par Catherine Demy

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 49

Théophile Kossi René Kapou, 55 ans, marié et père de famille, dirige l’Autorité de régulationdes marchés publics (ARMP) depuis 2011. Venant du secteur privé, il a exercé chez Décathlonà Bordeaux (France) durant quatre ans, de 1991 à 1994, en qualité de conseiller techniquepour la vente d’articles de sport. Rentré au pays en 1994, il fait ses débuts en tant que chargéde mission auprès du Premier ministre jusqu’en 1996, puis devient chargé d’études à la Direc-tion générale du plan et du développement jusqu’en 1998, assistant juridique du ministre dela Planification en 1999, chargé d’études juridiques et conseiller juridique auprès du ministreau ministère de l’Économie et des Finances de 2000 à 2008, et enfin, de 2009 à 2011, secré-taire général du ministère des Travaux publics et des Transports, de l’Urbanisme et de l’Habi-tat, puis du ministère de la Défense et des Anciens Combattants.Parallèlement, il enseigne comme professeur à la faculté de droit de l’université de Lomé, dis-pensant des cours de droit constitutionnel et droit administratif de 1994 à 2002, de droit publicéconomique de 1999 à 2002 et de droit international de l’environnement de 2007 à 2015. Ilintervient aussi à l’École nationale d’Administration de 1998 à 2005, à l’École supérieure detechniques biologiques et alimentaires de 1998 à 2005 ainsi qu’au Centre de formation pro-fessionnelle en assurance de 2005 à 2009.

BIOEXPRESS

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« ÉLIMINER LES OBSTACLES À L’OFFREDE SERVICES FINANCIERS POURLES MÉNAGES À FAIBLE REVENU »

Interview/International Key Consulting

Marchés Africains : Comment l’ancienne garde des Sceaux et ancienneministre de la Microfinance et de l’Emploi que vous avez été compte-t-ellefaire progresser ses idées concernant la « finance inclusive » sur le conti-nent ?Reckya Madougou : L’inclusion financière est un sujet central dans lecontexte économique actuel de notre continent. En effet, si nos Étatsont connu une croissance forte au cours de la dernière décennie, ilscontinuent de faire face à des défis majeurs : la pauvreté, les inégalités

et le sous-emploi. Le niveau d’inclusion financière y est bien inférieur àcelui des autres régions du monde, ce qui limite la participation delarges couches de la population à l’activité économique et restreint l’ac-cès des petites et moyennes entreprises (PME) au crédit nécessaire à leurdéveloppement. Pour ma part, il me paraît impérieux de poursuivre lasensibilisation des décideurs politiques et de toutes les parties pre-nantes aux besoins financiers des femmes, des jeunes et des PME. Monplaidoyer va davantage dans le sens de la promotion de mécanismes etd’instruments appropriés au financement des très petites entreprises(TPE) qui constituent l’essentiel du secteur privé en Afrique.L’objectif principal sera d’identifier les obstacles à l’offre de services financiers pour les ménages à faible revenu, les TPE et les PME, puis des’y attaquer en vue de les éliminer. Aujourd’hui, il convient de favoriserl’émergence de nouvelles formes technologiques afin de surmonter cer-tains de ces freins. Je pense à la banque mobile par téléphone portableet par Internet. Quant aux institutions de microfinance fort répanduesen Afrique et qui proposent des services de proximité, surtout dans ledomaine de la micro-épargne et des micro-crédits, des efforts doiventêtre entrepris pour en améliorer la promotion par des mesures incita-tives, ainsi que le cadre réglementaire et la supervision pour prévenir lesdistorsions et abus. Je continuerai à appuyer dans ce sens les pouvoirspublics et les instances de la gouvernance internationale impliquéesdans ces questions.

Lors de votre participation à la 11e conférence annuelle de l’ALDEPAC(Alliance des parlementaires libéraux et démocrates pour l’Europe, lePaci fique, l’Afrique et les Caraïbes) à Lomé le 11 novembre dernier, vousavez affirmé qu’un État qui ne prévoit pas de filets sociaux court à saruine... Les filets sociaux sont nécessaires pour réduire les inégalités et luttercontre la pauvreté. Ils sont alors un élément important dans toute poli-tique de développement. Concrètement, ils peuvent jouer principale-ment quatre rôles. D’abord, ils redistribuent la richesse aux plus pau-vres et aux plus vulnérables dans un cadre programmatique de protectionsociale et d’autonomisation, avec un impact immédiat sur la pauvretéet l’inégalité. Ensuite, ils peuvent rendre les ménages plus à même d’in-vestir dans leur avenir. Enfin, ils aident d’une part les ménages à gérerles risques et d’autre part les gouvernements à faire des choix en faveur

ÉCONOMIE

Reckya Madougou, ex-garde des Sceaux, ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme, porte-parole du gouvernement et ancienne ministre béninoise de la Microfinance et de l’Emploi aujourd’hui experte internationale souvent sollicitée par plusieurs organismes internationaux et pays, est promotrice d’International Key Consulting et plaide auprès des gouvernants africains pour la promotion de mécanismes appropriés au financement des trèspetites entreprises (TPE) qui constituent l’essentiel du secteur privé en Afrique.

50 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

DR

Reckya Madougou, experte internationale etpromotrice d’International Key Consulting.

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de l’efficacité et d’une croissance économique inclusive. Vous compre-nez donc aisément que les filets sociaux offrent aux ménages desopportu nités qu’ils ne trouveraient pas ailleurs, les protègent et pro-meuvent leur indépendance. Les filets sociaux se justifient dès lors quenous frôlons dans la plupart des pays en Afrique au sud du Sahara uneproportion de la moitié de la population vivant en déçà du seuil depauvreté. Nos gouvernants doivent savoir qu’un système permanent etadéquat d’assistance sociale permet d’atteindre tous les objectifs de re-distribution qu’une société s’est fixés, délestant ainsi les autres secteursde ce rôle et les laissant se concentrer sur une prestation de services ef-ficace. Même s’ils ne sont pas une réponse complète, les filets sociauxsont très utiles. Ils constituent bien souvent des gages de stabilité et unecondition essentielle de paix pour les États, dans un monde où l’extré-misme sous toutes ses formes prend hélas le dessus sur l’humanisme,du fait des inégalités de tous genres.

Que vous a apporté l’expérience gouvernementale d’ex-ministre sous l’èrede Yayi Boni entre 2008 et 2013 : Justice, Législation, Droits de l’Hommeet Emploi des jeunes et des femmes, Microfinance, porte-parole du gouver-nement, etc. ? La fonction ministérielle est une importante école d’apprentissage duservice à la communauté et de l’équilibrisme permanent. Car tout estprioritaire et urgent. L’on y apprend alors la hiérarchisation des priori-tés dans un cadre institutionnel que l’on n’a pas toujours décidé, sousun chapiteau de rationnement ou de pénurie de moyens. Le tout ren-forcé par mon obsession d’innovation et d’amélioration à chaque fonc-tion que j’exerce afin de marquer positivement mon passage. Je me sensvraiment honorée de sentir que j’ai été utile en entendant encore à cejour des témoignages d’acteurs non négligeables – y compris des syndi-calistes – des différents secteurs que j’ai parcourus.

Alors, ne regrettez-vous pas qu’il n’y ait quasiment pas de femmes chef degouvernement en Afrique et qu’on ait à ce jour une seule femme chefd’État, Ellen Johnson-Sirleaf au Liberia ?En ce qui concerne la représentativité politique des femmes, il faut no-ter que ce n’est pas seulement en politique que les progrès sont lents etinégaux sur le continent. Ce déplorable phénomène s’observe danstoutes les fonctions de leadership en général. Oui, j’en ressens de pro-fonds regrets, car je pense que les Africaines sont prêtes. Je me hasardemême à dire qu’elles le sont bien souvent mieux que les hommes, aussibien en ville que dans nos campagnes. Une étude sur un échantillonaléatoire l’aurait confirmé. Prenez par exemple les femmes même ru-rales d’Afrique de l’Ouest, ma sous-région natale : elles sont multifonc-tionnelles, à la fois agricultrices, commerçantes, ménagères, artisanes,animatrices de coopératives, etc. Elles ont des journées productives de 20 heures. Cependant, des préjugés et obstacles sociaux entraventencore leur avancée politique. Les structures sociales et politiques exis-tantes continuent à les empêcher de contribuer pleinement à l’anima-tion de la vie politique. En effet, les femmes n’occupent à ce jour que 5à 25 % des postes d’encadrement au sein des partis politiques, et cedans 12 pays seulement. Ce déficit criard peut être corrigé dans letemps. Sachant que les femmes sont souvent intimidées par le systèmepolitique et hésitent à y participer, j’ai coutume de m’imaginer pour mapart avec des muscles de « Tarzan » [Rires.] afin de m’imposer et de mefrayer un chemin vers la cime. Des programmes de capacitation men-tale et situationnelle visant à former et préparer les femmes lorsqu’ellesaccèdent aux couloirs du pouvoir sont donc indispensables.

Quel est votre agenda en 2017 et comment seront structurées vos actions

et campagnes de sensibilisation ?Notre continent se trouve à un moment charnière de son histoire. Nonobstant une trajectoire de croissance économique relativementsubstantielle depuis une dizaine d’années, des défis persistent en ma-tière de pauvreté et d’inégalités, générant des risques pour la cohésionsociale. Le programme de développement pour l’après-2015 est une occasion unique de participer à la structuration d’un nouveau cadremondial pour un développement durable et l’avènement de sociétés in-clusives. Dans cette perspective, le continent a besoin de nouvelles idéeset d’actions innovantes. L’émergence des organisations « productricesd’idées à valeur ajoutée » dans le système institutionnel est donc un enjeu essentiel pour la vie socio-politique du continent. Ainsi, avecd’éminentes personnalités et « matières grises » du continent, nous pro-jetons de lancer une fondation qui sera dotée d’un think tank et d’un dotank. Le think tank va notamment produire et diffuser des propositionset des solutions politiques innovantes et pragmatiques pour la transfor-mation structurelle de notre continent. À travers le do tank, la fondations’engagera en faveur de projets sociétaux concrets visant à changer le visage du continent par l’innovation. Lesdits projets viseront surtout àlutter contre la malnutrition infantile – première source de sous-déve-loppement en Afrique au sud du Sahara – et à contribuer à autonomi-ser des femmes et des jeunes du continent.Je compte par ailleurs en 2017 poursuivre mon lobbying auprès des gou-vernements dans le sens de la promotion de mécanismes d’inclusionéconomique, et mes plaidoyers au niveau des instances de la gouver-nance internationale ainsi qu’à travers les fora pour un développementdurable et une croissance économique inclusive du continent.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 51

Reckya Madougou, la quarantaine, est une femme politique etconsultante internationale. Elle eut à occuper plusieurs postes d’en-cadrement dans le secteur privé au Bénin dont directrice commer-ciale chez Volkswagen après avoir été directrice commerciale et mar-keting chez un opérateur de téléphonie mobile. En 2006, elle fondeson propre cabinet de conseil, International Key Consulting. Puis elleentre au gouvernement en 2008 après avoir été nommée conseillèreà l’Autorité transitoire de régulation des postes et télécommunica-tions, puis ministre chargée de la Microfinance, de l’Emploi, desJeunes et des Femmes, et enfin garde des Sceaux, ministre de la Jus-tice, de la Législation et des Droits de l’Homme, porte-parole dugouvernement. Depuis 2013, après 5 années passées au gouverne-ment, elle est une experte internationale en finance inclusive et pro-jets de développement pour le compte d’organismes internationauxet certains gouvernements africains. Il est également important derappeler que Reckya Madougou est également ambassadeur Afriquepour Unitlife/ONU.Elle est détentrice d’un diplôme d’ingénierie commerciale de l’Insti-tut supérieur européen de gestion de Lille et d’un diplôme 3e cyclede la réputée École des hautes études internationales de Paris. Elle aobtenu en 2007 le célèbre trophée Woman Of Courage Award(décerné par le Département d’État des États-Unis d’Amérique). Elleest aussi l’auteur du livre de référence Mon combat pour la parole :Les défis d’une mobilisation citoyenne pour la promotion de la gou-vernance démocratique (L’Harmattan, 2012), qui relate son passémilitant activiste et précisément les contours de sa lutte « Touche pasà ma Constitution », menée entre 2004 et 2006 à la tête de la sociétécivile béninoise, campagne par la suite d’ailleurs reprise dans plu-sieurs pays africains.

BIOEXPRESS

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LE TOGO POURSUITSES RÉFORMES ÉCONOMIQUES

Doing Business

Passant au crible le climat des affairesde 189 économies à travers le monde,la Banque mondiale a placé le Togoau 150e rang du classement Doing

Business pour l’année 2016. Le pays de FaureEssozimna Gnassingbé gagne ainsi deux pré-cieuses places après un 152e rang obtenu en2015 grâce à la mise en œuvre des réformes surla création d’entreprise, la facilitation de l’accèsà l’électricité et le dynamisme du commercetransfrontalier. Cette progression de 2016résulte d’une politique réformiste qui, depuis2013, a fait gagner au pays quinze marches, de la 164e place à la 150e. Un exploit qui aconduit les experts du groupe de la Banquemondiale à considérer le Togo comme la troi-sième économie du continent et celle ayantaccompli le plus de réformes pour améliorerson climat des affaires.

Selon Melissa Johns, conseillère du groupedes indicateurs mondiaux à la Banque mon-diale depuis 2005, « les économies d’Afriquesubsaharienne ont fait des progrès ces dix der-nières années en réduisant les contraintes régle-mentaires relatives à l’environnement des af-faires ». Ainsi, d’après ce nouveau classement,le Niger est devenu la première économie ré-formatrice sur le continent, suivi par le Kenya,la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Rwanda, leSénégal et le Togo. D’ailleurs, les experts dugroupe de la Banque mondiale reconnaissentles efforts qu’entreprennent les pouvoirs pu-blics togolais dans la facilitation de la créationd’entreprise. Une de ces mesures est la sup-pression de la redevance perçue par l’Office togolais des recettes (OTR), un organe créépour superviser les services des douanes et desimpôts. Les pouvoirs publics ont aussi réussi àréduire la durée et les procédures de raccorde-ment à l’électricité pour les entrepreneurs.

Ces mêmes experts louent également letravail effectué par les autorités togolaisespour faciliter le commerce transfrontalier encréant une plate-forme électronique qui inter-

connecte des agences tant en ce qui concerneles procédures d’importation que les paie-ments afférents : la réduction du temps né-cessaire aux opérations d’importation en estle principal résultat, avec pour incidence po-sitive le rapide développement des corridorsentre le Port autonome de Lomé et les paysvoisins. D’ailleurs, pour désengorger cette in-frastructure portuaire, les pouvoirs publicsenvisagent son extension sur un espace flot-tant pour un coût estimé à 2,6 milliardsUSD. Seul port en eau profonde en Afriquede l’Ouest avec ses 14 mètres de profondeur,le Port autonome de Lomé permet d'attein-dre plusieurs capitales en un seul jour, et auximportateurs d’acheminer des marchandisesà des délais et des coûts plus que compétitifs.Son positionnement géographique ainsi quecelui du pays au cœur de la sous-région Afriquede l’Ouest confèrent au Togo un rôle de « hub »pour accéder au marché de la Communautééconomique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) et ses quelque 350 millions deconsommateurs.

Toutefois, pour parfaire son classementDoing Business, il reste encore au pays àaméliorer son système judiciaire, à luttercontre la corruption et à promouvoir la bonnegouvernance. Mais ces aspects à parfaire avecune forte volonté politique ne peuvent occul-ter le fait que Lomé, la capitale, attire etabrite les sièges d'entreprises panafricainestelles que le transporteur aérien Asky ou en-core Ecobank. Pour mieux séduire cette franged’investisseurs, les pouvoirs publics élabo-

rent actuellement des réformes économiquesdevant faciliter la possibilité accordée aux en-treprises privées de renflouer les entreprisespubliques défaillantes par le biais d'entréesau capital. Le modèle existe déjà avec la zonefranche de Lomé, qui a attiré 62 entreprisespour une création de 12 000 emplois directset indirects.

Les indicateurs du Doing Business don-nent donc un tableau encourageant du Togo,avec des taux d’imposition de 18 % pour lataxe sur la valeur ajoutée et des retenues à lasource de 20 % pour les dividendes, 15 %pour les intérêts et 15 % pour les royalties.Les taxes sur les revenus des personnes, prin-cipalement l’impôt sur le revenu des per-sonnes physiques, ont des taux progressifs dezéro à 35 %. Ainsi, une exemption s'appliquejusqu’à un revenu annuel de 900 000 FCFA,l'impôt atteint les 15 % entre 4 millions zéroun et 6 millions de FCFA et plafonne à 35 %au-delà de 15 millions de FCFA.

Ces éléments d’attractivité en direction desinvestisseurs potentiels s'ajoutent aux nom-breuses opportunités d’investissements qu’of-fre ce pays situé au milieu de la route dufront de mer qui relie Abidjan, en Côte d’Ivoire,à Lagos, au Nigeria. Le rétablissement de lasécurité et de la stabilité politique ayant éloi-gné les incertitudes des années 90, le Togopoursuit ses réformes économiques pour atti-rer toujours plus les investisseurs internatio-naux en leur apportant un meilleur climat dedéveloppement de leur business.

Jean Clotaire Hymboud

AFFAIRES

En occupant le 150e rang au classement Doing Business 2016 du groupe Banque mondiale, le Togocompte parmi les pays les plus réformateurs d'Afrique. Les réformes économiques entreprisesoffrent à ses dirigeants les bases pour monter encore dans ce classement et attirer les investisseursétrangers.

52 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

Lomé, la capitale, attire et abrite les sièges d'entreprises panafricaines telles que le transporteur aérienAsky ou encore Ecobank et Orabank.

Emm

anue

l Pita

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Millenium Challenge Account

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 53

ÉLIGIBILITÉ PROCHAINE DU TOGOAU MILLENIUM CHALLENGEACCOUNT

Le Millenium Challenge Account estune aide du gouvernement des États-Unis qui a pour objectif de réduire lapauvreté par une croissance écono-

mique durable. Elle est destinée d’une partaux pays en développement qui démontrentleur engagement en faveur du développe-ment économique et de la lutte contre lapauvreté en satisfaisant des critères reconnuset acceptés par les différents acteurs au déve-loppement indépendants des administra-tions locales, d’autre part à ceux où l’aiderencontre les meilleures opportunités de semontrer efficace envers les communautés.

Pour être éligible à ce programme, le paysdoit remplir certains critères de performance,notamment une meilleure gouvernance, l’in-vestissement dans le capital humain et l’en-couragement à la liberté économique. Lesdomaines d’intervention de ce programmegouvernemental américain sont variés et cou-vrent les réformes politiques et économiques,les secteurs sociaux, le secteur productif –particulièrement l’agriculture et l’irrigation –,les infrastructures de transport (routes, pontset ports), l’approvisionnement en eau pota-ble et l’assainissement, la santé, la luttecontre la corruption, les droits fonciers,l’éducation et enfin le développement desentreprises.

Initié par l’ancien président Georges Bush,qui l’a fait adopter par une loi du Congrèsaméricain en 2004, le Millenium ChallengeCorporation (MCC) administre le Mille-nium Challenge Account. Chaque année,son conseil d’administration se réunit poursélectionner des pays éligibles et mettre aupoint des propositions d’aide au développe-ment. Cette instance examine les perfor-mances des pays éligibles, particulièrementles indicateurs centrés sur la bonne gouver-nance, les investissements dans les ressources

humaines ainsi que la liberté d'entreprendre.C’est pour évaluer une possibilité d’éligi-

bilité prochaine de son pays à ce programmeque le chef du gouvernement Komi SélomKlassou avait reçu en audience en janvierdernier l’ambassadeur David R. Gilmournouvellement accrédité au Togo. L’éligibilitéà ce programme devait permettre au pays deFaure Essozimna Gnassingbé de bénéficierd’un financement compris entre 200 et plusde 500 millions USD. Seulement, le paysdoit valider vingt critères exigés par le MCC.À l’époque de cette rencontre, à en croirel’ambassadeur Gilmour, le pays de son inter-locuteur avait réussi à passer de cinq indica-teurs à dix au cours des deux années précé-dentes. Une situation qui le faisait bénéficierdu programme seuil Threshold pour renfor-cer d’avantage sa performance, valider engrande partie les critères exigés pour parvenirà l’éligibilité et bénéficier du programmecomplet.

Afin d'encourager ces efforts du gouverne-ment togolais, une délégation du MilleniumChallenge Corporation conduite par ThomasJ. Kelly, deuxième vice-président du départe-ment d’évaluation et d’amélioration des poli-tiques, a effectué une visite à Lomé en févrierdernier pour soutenir le Togo venant d’êtreadmis au programme seuil Threshold. Uneoccasion qu’a aussi saisie Komi Sélom Klas-sou, au nom du président de la Républiqueet du peuple togolais, pour remercier les au-torités américaines et le MCC de la sélectiondu Togo à cette première phase du programme.Mieux, le think thank (laboratoire d'idées)américain Heritage Foundation créé en 1973et qui se donne pour mission de « formuler etpromouvoir des politiques publiques basées sur lesprincipes de la libre entreprise, de la liberté indi-viduelle, de la faible intervention du gouverne-ment et d’une défense nationale forte » apporte

son soutien à Lomé. Dans son rapport 2016sur la liberté économique intitulé « La pro-motion des opportunités économiques et laprospérité », cette fondation présente le Togocomme étant sur une trajectoire à la haussesuite à la mise en œuvre d’importantes ré-formes ces dernières années.

Les encouragements de cette fondationaméricaine proche des républicains ont étéconfirmés par le MCC en novembre dernierlors de la présentation de sa carte des scoresdes pays participant au processus compétitifde sélection à ses différents programmes enfaveur du développement. Il en résulte pourle Togo que douze indicateurs sur les vingtviennent d’être atteints, notamment en ma-tière de bonne gouvernance, avec la luttecontre la corruption, de libertés civiles et ded’information, d’État de droit et de droitspolitiques. Les dépenses liées à l’éducation,les taux de couverture vaccinale, ceux d’accèsdes filles à la scolarité jusqu'à la fin du cycleprimaire ainsi que la protection des res-sources naturelles constituent le volet « in-vestissement dans le capital humain ». Ce àquoi s’ajoutent une meilleure maîtrise del’inflation, la notion du genre dans l’écono-mie et une politique adéquate pour fonderla liberté économique.

Cependant, il reste encore au pays de nom-breux défis à relever, notamment sur les droitsde propriété, sur la liberté de travailler et decommercer et, une fois de plus, sur une lutteaccrue contre la corruption qui devrait se voirrenforcée par l’adoption d’un nouveau codepénal. À ces dispositifs se greffent des ré-formes politiques avec l’amélioration ducode électoral et la lutte contre la torture, lestraitements dégradants et les violences faitesaux femmes. Des critères de tout premier or-dre pour les partenaires au développement.

Jean Clotaire Hymboud

Nombreuses sont les institutions américaines qui encouragent le Togo dans sa quête d’éligibilitéau Millenium Challenge Account. À la base de ce soutien, les différentes réformes que mène le pays pour asseoir son développement.

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« LES RÉFORMES CONTINUENT ETNOUS TRAVAILLONS POUR FAIRE DUTOGO, L’UNE DES DESTINATIONS PRIVILÉGIÉES DES INVESTISSEURS. »

Interview/Ministère du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion du Secteur privé et du Tourisme

Marchés Africains : Quelles sont les mesuresprises par le gouvernement togolais justifiant lamontée de sa position au Doing Business ? Bernadette Essossimna Legzim-Balouki :Depuis 2011, le Togo améliore chaque annéeson classement dans le rapport Doing Busi-ness du groupe de la Banque mondiale grâceaux multiples réformes engagées par le gou-vernement sous la houlette du président de laRépublique, et ceci avec l’appui de nos parte-naires techniques et financiers. Ces réformesportent essentiellement sur la création d’entre-prise, l’accès à l’électricité, le transfert des titresde propriété, le commerce extérieur, l’exécu-tion des contrats, le paiement des impôts, laprotection des investisseurs, l’obtention dupermis de construire, l’accès au crédit et le rè-glement des litiges. En vue de simplifier le pro-cessus de création d’entreprise au Togo, le gou-vernement a mis en place un Centre de formalitésdes entreprises (CFE) qui fonctionne sousforme de guichet unique depuis mars 2012.Entre autres initiatives prises, la réduction ducapital minimum d’une société anonyme àresponsabilité limitée (SARL) de 1 000 000 à100 000 FCFA, la possibilité de créer une SARLpar acte sous seing privé sans recours au no-taire, avec un gain de plus de 500 000 FCFA, ladiminution des coûts de formalisation d’en-treprise de 248 250 à 29 250 FCFA et la dimi-nution de la durée de formalisation d’entre-prise, désormais de 24 heures au maximum.En outre, l’opérationnalisation du Guichetunique du commerce extérieur (GUCE) duTogo a permis l’automatisation et la rapiditédes procédures de dédouanement. Toutes cesmesures confortent la position du Togo dansle classement Doing Business et ont eu pourimpact une amélioration continue de l’envi-

ronnement des affaires. Les réformes conti-nuent et nous travaillons pour faire du Togo,l’une des destinations privilégiées des investis-seurs.

En votre qualité de ministre du Commerce,quelles sont vos actions pour une réduction duprix des denrées de première nécessité, objet demécontentement auprès des consommateurs ?La politique nationale de développement du

commerce met l’accent sur l’approvisionne-ment régulier du marché intérieur en produitsde grande consommation, et veille à évitertout emballement des prix grâce à une concur-rence saine. Dans le souci de réduire les prixdes produits de première nécessité, le Togopratique un système allégé de dédouanementdes marchandises qui consiste à utiliser les valeurs consensuelles et non les valeurs réelles,beaucoup plus élevées en réalité. Sans cela, les

AFFAIRES

À la tête d’un ministère stratégique dont le périmètre couvre le Commerce, l’Industrie, la Promotion du secteur privé et le Tourisme, Bernadette Essossimna Legzim-Balouki parle de l’évolution du classement de son pays à l’indice Doing Business, et surtout sa probable éligibilitéau Millenium Challenge Account.

54 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

Bernadette Essossimna Legzim-Balouki, 57 ans, a débuté sa carrière professionnelle en décembre1986 dans la Fonction publique à la Direction générale des impôts (DGI) de Lomé. Une fois son baccalauréat obtenu à Lomé, elle ira décrocher en 1982 à Poitiers, en France, unDEUG en administration économique et sociale suivi d’une maîtrise en 1984. Elle est égalementtitulaire de deux DESS, l’un en gestion financière, fiscale et comptable de l’université de Poitiers,l’autre en administration fiscale de l’université Paris-Dauphine. Depuis 1989, elle a respectivementoccupé les postes de chef section au Centre des impôts Lomé Sud-Est jusqu’en1991, d’inspecteurvérificateur jusqu’en 1996, de chargée de la réhabilitation des droits du consommateur jusqu’en1998, de chef de Centre des impôts Lomé Nord-Est jusqu’en 2002, de chef de Division de l’orga-nisation du fonctionnement et du contrôle fiscal jusqu’en 2006, année où elle est nommée direc-trice des petites et moyennes entreprises à la DGI et, jusqu’en 2010, directrice du Budget auministère de l’Économie et des Finances.C’est donc un rôle dynamique dans la vie économique du Togo que lui ont fait jouer ses fonctionsà la DGI, au Budget et au gouvernement. En mai 2010, elle obtient le portefeuille de l’Enseigne-ment primaire et secondaire et de l’Alphabétisation. Le 1a août 2012, elle devient ministre duCommerce et de la Promotion du secteur privé, œuvrant pour la croissance économique du payspar le développement du commerce et l’amélioration du climat des affaires, dans l’optique depromouvoir le secteur privé et d’attirer plus d’investisseurs au Togo. Aux législatives de 2013, elleest élue députée. Revenue au gouvernement lors du remaniement ministériel en 2015, elle verrason portefeuille s’élargir aux secteurs de l’industrie et du tourisme. De juin 2015 à ce jour, Berna-dette Essossimna Legzim-Balouki est ministre du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion dusecteur privé et du Tourisme.Par ailleurs, elle œuvre en tant que volontaire au profit des personnes âgées et en difficulté. Signeparticulier : en plus du français, elle maîtrise parfaitement l’anglais, le kabyè, le mina et le bassar.

BIOEXPRESS

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prix des produits de première nécessité se-raient à un niveau beaucoup plus haut. Demême, nos services techniques effectuent descontrôles périodiques sur les marchés et surtoute l’étendue du territoire pour faire respec-ter la loi sur la concurrence, qui a prévu dessanctions spécifiques contre les différents casde pratiques déloyales, notamment les spécu-lations portant sur le prix. Ainsi, les opérateurséconomiques sont tenus d’afficher les diffé-rents prix pratiqués sur les marchés, et lesconsommateurs sont davantage sensibiliséssur les prix en vigueur des denrées de premièrenécessité.

Le Togo possède une façade maritime et un portqui, au fil des années, s’est imposé comme unhub commercial dans la sous-région. Le Portautonome de Lomé est-il plus favorable au sec-teur privé ou se limite-t-il à un transit dont nebénéficierait pas le tissu industriel et commer-cial du pays ?Le Port de Lomé s’est imposé comme un hubcommercial dans la sous-région au fil des an-nées grâce à la façade maritime du pays maisaussi grâce aux réformes du gouvernement. Jementionnerai la construction du 3e quai avecun terminal à conteneurs de 450 mètres delongueur de quai, de 15 mètres de profondeuret disposant d’une surface de stockage de38 hectares permettant à notre capitale d’ac-cueillir des navires porte-conteneurs de 3e gé-nération pouvant transporter jusqu’à 7 000 conte-neurs. À cela s’ajoute l’opérationnalisation duGUCE, qui simplifie les opérations de dé-douanement dans l’import-export et le transitdes marchandises, améliorant ainsi l’efficacitéde la chaîne logistique aéroportuaire et terres-tre. C’est dire que le secteur privé bénéficie àjuste titre des performances actuelles du Portde Lomé, en l’occurrence les opérateurs éco-nomiques transporteurs, les entreprises dansl’import-export, les commerçants de gros et dedétail. Par ailleurs, le positionnement straté-gique de notre pays comme porte d’entrée enAfrique de l’Ouest, avec la compétitivité duPort de Lomé, lui confère un statut de pays detransit au service des pays sans littoral : Bur-kina-Faso, Niger, Mali, etc. En dehors du tran-sit par la route, il y a également la réexporta-tion par la mer, car le Togo est le seul paysd’Afrique de l’Ouest disposant d’un port eneau profonde. Ceci ne nuit pas au développe-ment du tissu industriel et commercial duTogo. Au contraire, la modernisation et le ren-forcement des capacités du Port autonome deLomé sont favorables au secteur privé, et parconséquent au tissu industriel et commercialdu pays.

Votre portefeuille ministériel comprend aussi lafilière touristique. Comment est-elle valorisée ? Le tourisme est un secteur d’activité dyna-mique dont la force ne se mesure pas unique-ment à sa contribution au PIB du Togo. Dansl’ensemble des pays de l’espace UEMOA, sacontribution au PIB est évaluée à environ 2 %,avec des variantes dans les pays membres. Lesdifficultés liées à l’obtention des vrais chiffreslimitent la production de données fiables enmatière des statistiques touristiques et rendentdonc malaisé de déterminer avec précision lacontribution réelle du tourisme au PIB. Ce-pendant, son apport en termes de création derichesse, d’emplois directs et indirects, et de ré-duction de la pauvreté n’est pas négligeable.Le tourisme est également un facteur de valorisation des ressources naturelles et cultu-relles. En outre, il est un facteur de brassagedes populations pour une compréhensionmutuelle entre les peuples. Les efforts de valo-risation et de promotion se font à travers desstratégies de communication qui consistent enla production et la diffusion de supports depromotion (dépliants, brochures, affiches pu-blicitaires, films de promotion touristique,plans de villes, cartes routières, autocollants,calendriers), la participation aux salons etfoires de tourisme à l’étranger, l’animation dusite Internet www.togo-tourisme.com et l’orga-nisation de manifestations promotionnellesdans le cadre de la célébration de la Journée

Mondiale du Tourisme (JMT) : jeux-concoursdotés de prix, émissions radiotélévisées...

On s’attend à une adhésion du Togo au MCA(Millenium Challenge Account). Quel est l’im-pact de ce programme américain de coopérationpour le développement de l’industrie de votrepays et, de manière générale, pour le secteurprivé ?À l’instar d’autres pays, le Togo fait preuved’audace en optant pour une qualification auMillenium Challenge Account (MCA) à traversl’initiative Millenium Challenge Corporation(MCC). L’éligibilité au MCC ouvre la voie àdes dons importants, pouvant aller jusqu’à400 millions de dollars, pour le financementde projets structurants. Le dernier résultatrendu public par la Cellule nationale MCA-Togo montre que notre pays a validé 10 indi-cateurs sur 20. C’est le signe que nous sommesen marche, et l’adhésion de notre pays au pro-gramme MCA vise le développement de l’in-dustrie locale et du secteur privé, mais aussi dela société civile. C’est l’occasion d’offrir davan-tage d’opportunités au secteur privé togolaispour renforcer sa compétitivité et son dyna-misme à trouver des débouchés à l’extérieur.Ce faisant, il contribuera à la relance écono-mique du pays par la création d’emplois addi-tionnels et de richesse.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 55

Bernadette Essossimna Legzim-Balouki, ministre du Commerce, de l’Industrie, de la Promotion du secteur privé et du Tourisme.

MC

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« LE TOGO PARTICIPE AUXEXPOSITIONS UNIVERSELLES ETINTERNATIONALES »

Interview/Centre Togolais des Expositions et Foires de Lomé

Marchés Africains : Pouvez-vous nous présenter le CETEF-LOMÉ ?Kuéku-Banka Johnson : Le CETEF-LOMÉ (1) est depuis trente ans laplate-forme unique des opérateurs économiques togolais et de ceuxvenus d’Afrique et du reste du monde souhaitant, entre novembre etdécembre, échanger et promouvoir annuellement leurs affaires lorsde la Foire Internationale de Lomé (FIL). Dès sa création en 1985, laFoire a eu ses moments de gloire avant de baisser en régime pendantprès de dix ans à cause des troubles sociopolitiques. Elle reprend en2000 et, depuis, les éditions de la FIL se succèdent mais ne se ressem-blent pas. En témoigne le nombre d’exposants et de visiteurs, qui vasans cesse croissant, de même que celui des pays participants. Bian-nuelle à l’origine, la FIL est organisée annuellement depuis 2009.

La menace terroriste plane sur l’ensemble des pays de la sous-région.Devant un événement d’une telle ampleur, les mesures sont-elles àmême de rassurer les visiteurs ?Depuis l’année dernière, nous avons pris d’importantes mesures desécurité. La sécurité du site est renforcée. Nous sommes très conscientsde la menace et nous travaillons de concert avec les forces de sécuritéet de défense nationale. Des fouilles systématiques des véhicules etdes personnes sont instaurées à l’entrée du site. Des caméras sontaussi disposées pour surveiller les mouvements des personnes.

Pouvez-vous avancer quelques chiffres concernant la Foire Internatio-nale de Lomé ? Les surfaces occupées passent de 8 675 m² en 2009 à 13 852 m2 en2011 et atteignent 16 850 m² en 2013, lors de la 11e édition. Le nom-bre de visiteurs passe de 211 272 en 2009 à 285 061 en 2011, puis288 797 en 2013. De 616 en 2010, le nombre d’exposants est passé à986 en 2013. J’ajouterai qu’en plus de ces activités, le CETEF-LOMÉ aaussi pour missions l’organisation et la participation aux foires, salonset expositions à l’extérieur, l’organisation et la participation du Togoaux Expositions Universelles et Internationales, l’information des

AFFAIRES

La 13e Foire Internationale de Lomé, qui s’esttenue du 18 novembre au 5 décembre dernier, avait pour pays invité d’honneur l’Égypte. Pour Kuéku-Banka Johnson, directeur du Centre Togolais des Expositions et Foires de Lomé (CETEF-LOMÉ), l’une des innovationsmajeures cette année est une application numérique dédiée à la Foire.

56 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

CET

EF

Kuéku-Banka Johnson, directeurdu Centre Togolais des Expositionset foires de Lomé.

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opérateurs économiques et des structures de promotion de ces mani-festations à l’extérieur, l’encadrement des exposants lors de leur par-ticipation aux Foires Internationales, et enfin la location d’espacespour des manifestations : mariages, cérémonies de remise de di-plômes, soirées festives, conférences…

Quelles sont les innovations que vous avez introduites pour cette13e édition ?Chaque année, le CETEF-LOMÉ innove en créant une ou des activi-tés nouvelles. Cette année, le choix d’un pays d’Afrique du Nord,l’Égypte, comme invité d’honneur, l’organisation de la 1re éditiond’un Salon International des Cosmétiques et de la Beauté (SICOBE-LOMÉ) ainsi que les rencontres d’affaires B to B sur deux jours etnon plus une journée comme par le passé constituent les franchesinnovations de cette édition de la FIL.Nous avons aussi l’application de la Foire Internationale de LOMÉ (2).Avec la mobilité grandissante de l’information, et vu le profil de nosvisiteurs, en grande majorité des jeunes possédant pour la plupartdes smartphones, nous avons décidé pour cette 13e édition de laFoire de mettre en place une application qui rapprocherait les visi-teurs des activités de la Foire et, par la même occasion, leur simpli-fierait la planification de la visite et le repérage des exposants. L’ap-plication est donc devenue un outil indispensable qui permet auxvisiteurs d’avoir en temps réel des informations pratiques sur laFoire, de consulter le programme des animations et de retrouver laliste des exposants ainsi que de leurs produits et promotions. Grâceà la géolocalisation, le repérage des pavillons et stands est égalementfacilité. Et pour les exposants, c’est devenu une plate-forme idéale oùcommuniquer et toucher directement leur cible grâce aux 4 000 uti-lisateurs actifs que compte l’application à ce jour.

Quel est votre plaidoyer pour convaincre les investisseurs de venir ven-dre leurs produits au CETEF-LOMÉ ?Participer à la Foire Internationale de Lomé, c’est assurer sa visibilité.C’est le carrefour idéal pour faire des affaires, nouer des contacts d’af-faires, et pourquoi pas signer des contrats. La 12e édition de la FoireInternationale de Lomé a enregistré 1 043 exposants sur une superfi-cie de 17 887 m2 avec 293 999 visiteurs. Pour la 13e édition de la FILqui a eu lieu du 18 novembre au 5 décembre 2016, elle s'est étenduesur une superficie totale de 18 842 m2 ; avec 1 019 exposants venusde 23 pays et a enregistrée 290 140 visiteurs. En cela, en termes de vi-sibilité, la Foire internationale de Lomé est le centre rêvé. Elle est la

plus importante des manifestations foraines de la sous-région ouest-africaine. Nous invitons donc tous ceux qui voudront pénétrer lemarché ouest-africain à passer par Lomé, et précisément par la FoireInternationale de Lomé.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant(1) Pour toutes informations complémentaires, veuillez consulter le site : www.cetef.tg(2) L’application est gratuite et disponible sur Android : https://goo.gl/k7YrcH

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 57

Kuéku-Banka Johnson, 56 ans, marié et père de 3 enfants, s’est forgéune expertise dans l’organisation des foires et expositions. Tout com-mence en 1985, alors qu’il est coordonnateur adjoint de la 4e FoirePanafricaine de l’OUA, qui se tient à Lomé. De 1987 à 1989, il est pré-sident du Comité de la programmation et du suivi de la 2e Foire Inter-nationale de Lomé (FIL). En 1998, il est nommé directeur de la FIL.C’est donc à ce titre qu’il organisera les neuf dernières éditions, dontla 13e s’est déroulée en novembre dernier.En ce qui concerne les Expositions Internationales, il a représenté leTogo au Bureau International des Expositions (BIE) : il y a participé auxdifférentes assises à Paris ainsi qu’aux missions aboutissant au choixdes pays candidats pour abriter les Expositions universelles, ce qui luia permis de visiter plusieurs pays. En 2000, il a été directeur du Pavillondu Togo à l’Exposition Universelle Hanover en Allemagne et, en 2010,commissaire général de la Section Togo à l’Exposition UniverselleShanghai et commissaire général de la Section Togo à l’Exposition Uni-verselle Milano 2015. A-t-il occupé des postes en dehors des foires etdes expositions ? « De 1985 à 1998, j’ai été chargé d’études et de mis-sion au cabinet du ministère du Commerce, et de 2008 à 2010, j’aiassumé les fonctions de directeur du Commerce extérieur par inté-rim », précise-t-il.Après avoir obtenu en 1983 sa licence et en 1984 sa maîtrise ensciences économiques à l’Université de Lomé, l’étudiant K.-B. Johnsonira à Genève décrocher en 1993 son diplôme du Centre de formationde l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en matière de poli-tique commerciale internationale. Un parchemin suivi en 1995 d’undiplôme d’études supérieures de l’Institut ouest-africain des étudessupérieures financières et bancaires de Dakar (COFEB – BCEAO).

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AFFAIRES

Investissements

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 59

LES INVESTISSEMENTS DIRECTSÉTRANGERS COMME DIVIDENDESDE PAIX

Selon une note de conjoncture du serviceéconomique de l’Ambassade de Franceà Lomé, « les flux des investissementsdirects étrangers au Togo sur la longue

période sont marqués par des évolutions remar-quables, alternant périodes d’accélération et decontraction. On assiste à une forte baisse après lacrise politique de 2006-2009, puis à une netteremontée à compter de 2009 avec la stabilisationde la situation et le retour des bailleurs de fonds. »

Ainsi, avec cette stabilisation sociopolitiquedu pays à partir de 2009, le stock des investis-sements directs étrangers (IDE) a atteint en2012 un montant cumulé de 892 millionsUSD représentant 24,5 % du PIB. Pour l'année2012, le Togo a engrangé 166 millions USD,soit une baisse de 2,76 % par rapport aux171 millions USD enregistrés en 2011. Selonles données statistiques de la Conférence desNations unies sur le commerce et le dévelop-pement (CNUCED), ces IDE ont atteint un re-cord de 184 millions USD en 2013 avant dedécliner à 54 millions USD en 2014, puis53 millions USD en 2015. Ce qui a porté, surcette période, les stocks des IDE à 1 610,2 mil-lions USD en 2013, à 1 466,9 millions USDen 2014 et à 1 367,1 millions USD en 2015.

Malgré cette tendance baissière surtout dueà la difficile conjoncture économique mon-diale, le Togo offre une importante marge deprogression à la sortie de cette crise. Le payssort d’une situation politique difficile qui per-met dorénavant aux Togolais de percevoirleurs lendemains avec moins d’angoisse. Stig-matisé par la communauté internationalepour « déficit démocratique » avant 2005, le paysse voit privé de la coopération avec ses princi-paux partenaires au développement : Fondsmonétaire international, Banque mondiale etUnion européenne. Depuis près d’une décen-nie, la stabilité politique est le leitmotiv despouvoirs publics togolais. En effet, depuis les

années 1990, le pays a connu, à l’instar d’au-tres sur le continent africain, un processus dé-mocratique chaotique caractérisé par des ten-sions politiques et des affrontements meurtriers.La signature par les différents acteurs de cettecrise d’un « accord politique global » à Loméen juin 2005 a permis de réduire l’intensité decette situation conflictuelle, avant d’établirune paix sociale nécessaire à tout développe-ment économique.

Concomitamment à cette indispensable sta-bilité politique, le président Faure EssozimnaGnassingbé a entrepris, à son arrivée au pou-voir, des réformes institutionnelles et structu-relles favorables aux investisseurs étrangerssusceptibles de financer ses programmes dedéveloppement. Parmi celles-ci, la publicationd’un nouveau code des investissements en2015 et l’élaboration d’un nouveau code mi-nier destiné à être plus transparent. La créationd’un Centre de formalités des entreprises(CFE), de l’Office togolais de recettes (OTR) etd’une Cellule de concertation entre le gouver-nement et le secteur privé a apporté de nou-velles preuves de cette volonté de faciliter lamarche des affaires dans le pays. Très emblé-matiques ont aussi été les mesures concernantles entreprises avec la réduction des impôts,sur la décade, de 37 % à 27 % pour les socié-tés industrielles et de 40 % à 30 % pour les en-treprises commerciales.

Signe de l’attractivité de ces mesures, le rap-prochement entre le Togo et l’Allemagne de-puis le début de l’année 2016 avec, en prime,la promesse de la Banque publique allemandede soutenir les investissements dans cetteéphémère colonie. Les infrastructures, les cul-tures du coton, du café et du cacao ainsi quel’exploitation du phosphate sont les secteursqui attirent le plus d’investisseurs dans ce pays.Parmi ceux-ci, les plus importants provien-nent du Brésil, du Canada et de la France. Par-

tenaire économique et commercial de premierplan, la France a investi au Togo en 2012 unvolume de 6 millions d’euros, contre 10 mil-lions d’euros l’année précédente, pour unstock d’investissements de 64 millions d’eu-ros. Le groupe pétrolier Total, le transporteurAir France, l’industriel Air Liquide, le brasseurCastel, le courtier Gras Savoye ou encore le lo-gisticien Bolloré Africa Logistic sont les princi-pales entreprises françaises installées au Togo.

Bolloré Africa Logistic, concessionnaire duport autonome de Lomé sur trois décennies,investit actuellement 72 milliards d’eurospour la construction d’un troisième quai, surun engagement total d’investissement de 450 mil-lions d’euros. Autre opérateur sur ce site, LoméContainer Terminal, qui regroupe à partségales les capitaux de la China Merchants hol-ding et de MSC, y construit un terminal àconteneurs et une nouvelle darse, le tout pourun financement de 250 millions d’euros. Laconstruction de ces infrastructures capte aussil’attention des acteurs du secteur du BTP. Unefiliale de la société allemande Heidelberg Ce-ment, ScanTogo-mines, a installé dans le paysdes unités de production de clinker et de ci-ment pour un investissement de 258 millionsUSD. De même que l’entreprise Jelcem, filialedu groupe Jacobsen, projette la constructiond’une unité de production de béton prêt àl’emploi, pour un coût d’investissement nonindiqué.

La mise en œuvre, par les autorités togo-laises, d’une politique de partenariats public-privé pour promouvoir l’attractivité du paysest une initiative supplémentaire afin de favo-riser l’investissement direct étranger. Détenueentièrement par l’État, la société dénomméeTogo Invest Corporation holding créée en2013 porte cette ambition de rechercher despartenaires et la part d’actionnariat des pou-voirs publics. Jean Clotaire Hymboud

Stigmatisé pour « déficit de démocratie » par les partenaires au développement il y a une décennie,le Togo attire à nouveau des investisseurs grâce au retour de la stabilité politique. Mais aussigrâce aux réformes entreprises par les pouvoirs publics.

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LE GROUPE KALYAN POURSUITSON ANCRAGE AFRICAIN

Investissements/Groupe Kalyan

Lomé, 26 avril 2016. Le président FaureEssozimna Gnassingbé procède à lacoupure du ruban symbolique mar-quant la réouverture officielle du

Radisson Blu Hôtel 2 Février. Une véritablerenaissance pour ce complexe qui avait subil’outrage du temps.

Le Radisson Blu Hôtel 2 Février, l’un des plus grands hôtels 5 étoilesde l’Afrique de l’Ouest

La vitrine majeure de ce déploiement auTogo est incontestablement la rénovation ducélèbre Hôtel 2 Février de Lomé, le plusgrand réceptif hôtelier d’Afrique de l’Ouestexploité sous le label Radisson Blu, et quifait donc désormais partie du réseau hôtelierdu groupe The Carlson Rezidor Hotel.

L’hôtel 2 Février, construit en 1980, compte30 étages sur une hauteur de 109 m. Il offre320 chambres et appartements, cinq restau-rants et bars, des espaces de réunion sur3 600 m2 comprenant deux auditoriums,une piscine extérieure et une terrasse, uncentre d’affaires, un salon business class, unesalle de sport et un spa de 375 m2. Mme Van-dana Gupta et son équipe ont accepté le défide faire de ce complexe longtemps aban-donné une destination de premier choix.L’hôtel, considéré comme le joyau de l’Afriquede l’Ouest, fait la fierté des Togolais. Mme Guptanous fait savoir que les défis constituent unfacteur de motivation pour ses équipes etque les efforts constants de tous les acteursimpliqués, et notamment du gouvernementtogolais et des banques qui nous ont sou-tenu, nous ont permis de créer cet hôtelunique dans la région et sur le continent.Aujourd’hui, le groupe Kalyan a réussi le paride créer une nouvelle référence dans le sec-teur de l’hôtellerie.

Déjà présent au Togo, le groupe Kalyanpoursuit donc sa croissance dans des do-maines diversifiés allant de l’exploitation

AFFAIRES

Déjà présent dans plusieurs secteurs au Togo, le groupe Kalyan, sous la houlette de son fondateurvisionnaire, Ashok Gupta a franchi un nouveau palier en rénovant l’Hôtel 2 Février pour en faire un5 étoiles de référence sur le continent, et se prépare à lancer d’autres projets à travers le continent.

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Aujourd’hui, le groupe Kalyan a réussi le pari de créer une nouvelleréférence dans le secteur de l’hôtellerie avec la rénovation de l’Hôtel2 Février de Lomé, le plus grand réceptif hôtelier d’Afrique de l’Ouestexploité sous le label Radisson Blu.

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minière à l’hôtellerie en passant par l’agro-industrie et l’agro-pastoral.

M. Ashok Gupta a mis en place une visionclaire pour le groupe, assurer une présenceglobale et créer de nouvelles références pourse positionner en tant que leader en termesde revenus et de rentabilité. Il croit ferme-ment que de telles aspirations sont intime-ment liées à la croissance du capital humainet à une dynamique inclusive impliquanttous les acteurs des secteurs concernés. Ilconvient de mentionner ici que Mme Van-dana Gupta, par ailleurs son épouse, pos-sède un vif intérêt pour le développementdes ressources humaines afin de mettre enplace des équipes réactives et engagées par-tout dans le monde. Son implication, mêmeen coulisses, a largement contribué à la crois-sance du groupe au cours des 3 dernières an-nées, et son leadership sera de plus en plusévident au fur et à mesure que seront mis enexergue les succès et les innovations du groupe.

Il est également clair que le groupe Kalyann’aurait pu accroitre sa présence au Togosans le soutien actif du gouvernement et leprofessionnalisme des Togolais.

Le groupe Kalyan travaille activement au dé-veloppement d’une raffinerie d’huile de palmeet de différentes cultures vivrières à haute va-leur ajoutée, à la fois à travers l’exploitation deses propres plantations mais également par lebiais de programmes dédiés aux producteurssatellites locaux. Cette dynamique va permet-

tre au groupe de révolutionner le secteur del’agriculture au Togo grâce notamment au sou-tien des communautés locales. Kalyan travailled’ailleurs en étroite collaboration avec laBanque africaine de développement pour im-planter le premier « Agropole » du Togo dansla région de Kara.

Mme Gupta envisage également l’intégra-tion en aval et en amont des principaux sec-teurs d’activité du groupe, en partenariatavec le gouvernement, afin de créer de la va-leur ajoutée pour le groupe mais égalementpour les populations impliquées dans sesprojets. Sa vision est très claire et les princi-paux domaines d’activités, agriculture, agro-alimentaire, exploitation minière, hôtellerie,transport maritime, engrais… sont dirigéspar des professionnels réputés qui partici-pent activement au succès du groupe, et qui

sont mandatés pour dénicher des talents dehaut-vol et asseoir ainsi la position de leursdivisions à niveau global.

C’est avec émotion que Vandana Guptapartage avec nous que « quoi qu’il fasse, Ashokle fait avec la bénédiction de son grand-père, feuKalyan Gupta, qui a toujours eu une grande in-fluence dans sa vie, influence qu’il aime à parta-

ger avec les personnes qui l’entourent et qui l’ac-compagnent dans l’accomplissement de ses ambitions,comme ce fut le cas pour le projet du 2 Février. »

L’éthique et la déontologie : ADN dugroupe Kalyan

Le succès de cette opération prouve à toutle moins que le groupe Kalyan ne déroge pasà ses trois valeurs fondamentales – l’excel-lence, l’intégrité et le leadership – commebase de sa culture d’entreprise mondiale.Ainsi que l’explique un haut responsable dela société, le PDG Ashok Gupta montre vo-lontiers l’exemple et met un point d’hon-neur à ce que ses entreprises offrent systéma-tiquement des prestations de standard mondial,grâce notamment à la mise en place de par-tenariats stratégiques de haut-niveau.

Le groupe travaille depuis plus de dix ansen Afrique et continue d’explorer des oppor-tunités d’investissement avec pour horizonla croissance économique et, par là-même,l’amélioration significative des conditionsde vie des populations.

Kalyan est en outre fortement impliquédans l’implantation de programmes destinésau développement des communautés ausens large à travers de nombreuses activitésinscrites dans la responsabilité sociale del’entreprise.

La croyance du groupe en ses valeurs estévidente lorsque par exemple M. PhilippeMahieu, Directeur national pour le Togo,nous fait savoir que la société a toujours agiet pris ses décisions de façon transparente ethonnête et que l’intégrité et le dur labeurconstituent les piliers de sa direction. L’undes responsables du groupe, M. Deepu Oom-men, ajoute que Mme Gupta est elle-mêmedirectement impliquée dans le recrutementet que les talents du groupe sont soigneuse-ment sélectionnés afin d’assurer la synergieet la productivité des équipes.

Au-delà de cette recherche permanente decompétences complémentaires, le développe-ment des compétences et l’amélioration desconditions de vie et du bien-être des popula-tions sont au cœur des projets de M. AshokGupta, car, estime-t-il, on ne peut croître surle long terme qu’en posant les jalons d’unmodèle gagnant-gagnant.

François Bambou

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Le groupe Kalyan poursuit sa croissance dans des domaines diversifiés allant de l’exploitation minière à l’hôtellerie en passantpar l’agro-industrie et l’agro-pastoral.

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Le groupe Kalyan est actuellement en phase de développement de différentes cultures vivrières à hautevaleur ajoutée et souhaite révolutionner le secteur del’agriculture au Togo.

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LE TOGO : POUR UNE ATTRACTIVITÉ OPTIMALE

Climat des affaires

Créer des conditions attractives pourfaire venir de nombreux investisseursétrangers et favoriser l’émergenced’un vivier d’entreprises locales de

toutes tailles, tel est le pari que se fixe le gou-vernement togolais en menant de front unvolume important de réformes afin d’amélio-rer le climat des affaires. Des réformes qui,manifestement, portent leurs fruits, puisquele rang du pays s’améliore continuellementdans le classement Doing Business réaliséchaque année pour apprécier l’attractivité desdifférents pays du monde. Comme le souli-gnait le ministre de l’Économie et des Financesen août dernier à l’occasion de la revue desréformes, « le pays est classé au Doing Business à la 150e place pour l’année 2016, contre le152e rang en 2015. Les facilités accordées à lacréation d’entreprise, à l’octroi du permis deconstruire, au raccordement à l’électricité, autransfert de propriété, à l’obtention de prêts, à laprotection des investissements minoritaires, aupaiement d’impôts et taxes, au commerce fronta-

lier, à l’exécution des contrats et au règlement del’insolvabilité ont été la manifestation de la volontédu gouvernement d’améliorer davantage le climatdes affaires dans notre pays. »

Pour ce qui est de la simplification de lacréation d’entreprise, l’investisseur peut télé-charger les statuts types gratuitement sur lesite du Centre de formalités des entreprises(CFE) et effectuer le dépôt au moyen d’unesimple déclaration de souscription et de ver-sement. Quant aux procédures de transfertde propriété, leurs délais sont passés de plusd’un an à un mois, car les droits de timbre et

les droits de conservation foncière sont liqui-dés et payés en même temps et au mêmeguichet : par mesure de sécurité, les actessont scannés en attendant la numérisation

complète du processus. Mieux, le gouverne-ment a adopté la réduction des taux desdroits d’enregistrement et taxes addition-nelles, passés de 9 % ou 8 % à un taux uniquede 6 %, de même que celle des taux de conser-vation foncière en ce qui concerne les trans-ferts de propriété portant sur les immeublesdéjà immatriculés : ils sont ramenés de 1,2 %à 1 % par la même loi de finances.

Raccourcissement des délais pour l’obten-tion de l’électricité aussi : elle peut se faire en3 jours, et pour garantir la transparence desprocédures et des prix, les coûts de raccorde-

ment sont désormais consultables en ligne,ceci selon la nature de la demande. Pour cequi concerne le paiement des impôts, la miseen ligne du formulaire et des bordereaux de

AFFAIRES

Le gouvernement togolais multiplie les réformes pour simplifier l’environnement des affaires etfaire émerger un secteur privé fort, locomotive de la croissance.

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« Le pays est classé au Doing Business à la 150e place pour l’année 2016, contre le 152e rang en 2015. »

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Vue du port autonome de Lomé.

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déclaration a contribué à le faciliter. De sur-croît, afin d’encourager le renforcement descapacités des entreprises, le gouvernementaccorde aux entreprises, personnes phy-siques ou morales passibles de l’impôt sur lerevenu, 600 000 FCFA par apprenti formédans le cadre d’un contrat d’apprentissage.Quant au règlement des litiges dans le cadredes transactions contractuelles, la procéduredevant les chambres commerciales du tribu-nal a été raccourcie : la programmation de lapremière audience après l’enrôlement estfixée à 48 heures maximum, le délai néces-saire imparti pour chaque partie est réduit àdeux semaines maximum et le nombre derenvois possibles est désormais de trois foisau plus. Ainsi, de l’enrôlement d’un dossierà la délibération de la décision, le délai estramené à trois mois maximum, et ce dansun délai de 72 heures au plus.

Ces réformes, explique la ministre du Com-merce Bernadette Essossimna Legzim-Ba-louki, traduisent une meilleure prise en

compte des efforts du gouvernement en ma-tière de promotion du secteur privé, mais ilsvisent également à améliorer les perfor-mances du Togo dans le rapport Doing Busi-ness. Comme acquis de cet élan, elle sou-ligne qu’environ 10 816 entreprises ont étécréées en 2015 au Togo grâce aux effortsfournis ces dernières années pour améliorerle climat des affaires dans le pays. « Par ail-leurs, la mise en place et l’opérationnalisation duGuichet unique pour le commerce extérieur duTogo vient optimiser et automatiser les activitésportuaires, terrestres et aéroportuaires à traversun point d’entrée unique. Les résultats sont no-tamment la fusion des différents frais permettantun paiement unique à travers le Document defrais unique, la dématérialisation des pièces rela-tives à plus de 50 % des procédures dont le bor-dereau de suivi des cargaisons directement relié àSYDONIA et accessible au Commissariat desdouanes, et enfin la suppression de l’exigence dela liste de colisage. Ces mesures ont entraîné laréduction du temps de passage à une moyenne

de plus de 15 jours », révèle Mme EssossimnaLegzim-Balouki.

Le but des réformes est d’abord de créer lesconditions d’une croissance économique forteà même d'accroître le bien-être de la popula-tion, tout en répondant aux critères des méca-nismes d’évaluation comme le Doing Busi-ness, indiquait le Premier ministre, chef dugouvernement Komi Sélom Klassou le 21 avrildernier, alors qu’il recevait une mission d'ex-perts de la Banque mondiale justement char-gée d’évaluer les réformes mise en œuvre dansle pays pour simplifier le climat des affaires.« Globalement, nous sommes satisfaits des effortsfaits par le gouvernement pour améliorer le climatdes affaires. Le travail se poursuit, il n’est pas en-core terminé ; néanmoins nous saluons la parfaitecollaboration des entités publiques ainsi que pri-vées qui ont été consultées au cours de notre mis-sion », a indiqué M. Magueye Dia, chef de lamission du Doing Business de la Banque mon-diale.

François Bambou

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UNE ENTREPRISE CITOYENNE À LACONQUÊTE DES MARCHÉS EXTÉRIEURS

Brasserie BB Lomé

Fondée en 1964 par M. Joachim Haase,la Brasserie BB Lomé SA est aujourd’huil’un des fleurons de l’industrie togo-laise. Elle dispose à travers le Togo de

trois sites de production qui attestent de sonancrage d’entreprise citoyenne déterminée àparticiper de manière décisive à la construc-tion du pays et installée pour durer, en toutesymbiose avec les populations et les autorités.Il y a à Lomé un site créé en 1964, à Kara unsite créé en 1982, et à Anfoin un site de pro-duction d’eau minérale acquis en 2009.L’usine et le siège de la Brasserie BB Lomé SAsont quant à eux situés dans la banlieue nordde la ville de Lomé, à Agoènyivé, en bordurede la route internationale n° 1.

À l’origine créée par les allemands, cette so-ciété appartient depuis 1996 au groupe indus-triel français BGI (Brasseries et glacières inter-nationales) exerçant des activités de productionet de distribution de bières, boissons gazeuses,vins, champagnes et eaux minérales. BGI estune firme internationale à la réputation éta-blie qui a déployé son réseau d’usines indus-trielles en Afrique depuis des décennies, avecune quarantaine de sites répartis dans 27 pays.Pour maintenir son leadership dans la pro-duction de qualité, BGI a tissé des partenariatsstratégiques avec plusieurs autres labels inter-nationaux de réputation mondiale. Ses parte-

naires au Togo sont le groupe Diageo (Guin-ness), Eku Bavaria et The Coca-Cola Com-pany. Selon la direction générale, « la BrasserieBB Lomé garantit ses performances non seulementpar la rigueur et le professionnalisme qui caractéri-sent son management, mais aussi par la constantemodernisation de ses outils de production ». C’estainsi que la direction générale, à la recherched’une amélioration continue, a investi pourune rénovation des installations, notammentà travers l’acquisition d’une deuxième ligne deproduction pour les boissons gazeuses, uneseconde cuve d’empattage, une unité de mi-crobiologie au laboratoire, une troisièmechaudière pour la production de l’énergie etenfin la mise en place d’un système de gestionde la maintenance assistée par l’ordinateur.

Un acteur-clé de l’économie togolaiseSelon la direction de l’entreprise, cet an-

crage solide au sein de la société togolaise estla clé de sa réussite et de sa longévité : « Depuis1964, la Brasserie BB Lomé rafraîchit les Togolaiset la sous-région ouest-africaine avec un savoir-faire et une attention inégalés. À l’origine de cepalmarès, une totale dévotion d’hommes et defemmes au métier de la boisson. La Brasserie estl’une des seules entreprises du secteur privé crééeau lendemain des indépendances qui a survécu

aux multiples soubresauts de l’économie togolaise.Aujourd’hui, la Brasserie BB Lomé est l’un des ac-teurs-clés de cette économie, en témoigne la placequ’elle occupe dans le quotidien de toute la popu-lation ». Déployée sur les trois sites de Lomé,Anfoin et Kara, la Brasserie BB Lomé est deve-nue incontournable dans le secteur de la pro-duction et de la distribution de boissons ali-mentaires dans la sous-région grâce à unelarge gamme de produits allant des bières auxboissons gazeuses en passant par les eaux mi-nérales et de table, les vins blancs, rouges et -rosés ainsi que les champagnes. Sur le planlocal, l’activité de la Brasserie BB Lomé est gé-rée par 7 directions qui travaillent en synergiepour consolider la performance de l’entre-prise : la direction générale, la direction admi-nistrative et financière, la direction commer-ciale et marketing, la direction technique, ladirection de la maintenance et des travauxneufs, la direction logistique et achats, la direc-tion des ressources humaines.

Le développement des ventes à l’export : une réelle ambition

L’ouverture de la Brasserie BB sur le mondea démarré vers la fin des années 1990 pours’accentuer dans les années 2000 et surtout2010. Ce développement a été rendu possible

AFFAIRES

La Brasserie BB Lomé SA est une entreprise spécialisée dans la fabrication, la production et la commercialisation de bières, de boissons gazeuses et d’eaux. Elle appartient au groupe BGI,filiale du groupe Castel. Ses produits de qualité sont appréciés tant au Togo qu’à l’étranger etfont d’elle l’une des meilleures brasseries de la sous-région.

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À la recherche d’une amélioration continue, la direction de la Brasserie BB Lomé a investi pour une rénovation des

installations, notamment à travers l’acquisition d’unedeuxième ligne de production pour les boissons gazeuses.

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par la création d’un département export dédiéà cette activité, et surtout grâce à la qualité et àla notoriété des produits BB dans la sous-ré-gion ouest-africaine. En effet l’essentiel de no-tre marché se situe dans cette sous-région avecdes destinations aussi variées que le Ghana, leBénin, le Mali, le Niger, le Burkina-Faso, laGuinée Conakry. Les produits BB sont égale-ment commercialisés en France. Les transac-tions à l’export représentent 30 % de la pro-duction globale de BB Lomé.

La poursuite du développement à l’exportconstitue l’une des priorités de BB Lomé. Desaxes de progression demeurent, avec des étudesde développement en cours vers de nouvellesdestinations telles que le Tchad, la Sierra Leone,la Guinée équatoriale, le Liberia, la Gambie, leSénégal, la Guinée Bissau et le Cameroun.

La certitude d’une qualité constanteLa qualité des produits de la Brasserie BB

Lomé lui a permis d’obtenir plusieurs certifica-tions et prix internationaux qui confortent sapolitique managériale tournée vers la perfor-mance. En novembre 2014, BB Lomé a obtenula certification FSSC 22 000 qui associe les exi-gences de l’ISO 22 002 pour l’alimentaire etcelles du PAS 223 pour l’emballage. À cettedernière s’ajoutent divers prix et certificationscomme le prix de la meilleure Guinness d’Afriqueet de la 3e au niveau mondial décerné par laLeague of Excellence de Guinness 2009-2010du Most Improved African Site (le site le plusperformant d’Afrique). Cette même institution

lui a décerné en 2012-2013 le prix de la meil-leure Guinness du monde. En outre, la sociétéa obtenu le certificat ISO 9001 version 2008pour son site de Lomé en décembre 2010 et lescertificats ISO 9001 version 2008 et ISO 22000version 2005 pour le site d’Anfoin en juillet2012. De quoi réjouir le top management del’entreprise, qui y voit une juste récompensede ses efforts. Sa direction estime en effet que,« en plus des multiples distinctions obtenues parl’entreprise pour la qualité de ses produits et l’effi-cience de son système de management, la BrasserieBB Lomé peut aussi être fière de la pérennité despartenariats qui la lient à des leaders mondiaux dela boisson tels que The Coca-Cola Company etDiageo, le propriétaire de la célèbre marque Guin-

ness. Ces facteurs de succès sont consolidés parl’accueil que reçoivent ses produits à l’extérieur. LeLabel qualité confirme donc sa notoriété au-delàdes frontières togolaises et fait la fierté d’un peupleau goût unanimement authentique. »

Un acteur et un partenaire social de premier plan

La fierté des consommateurs et des autori-tés togolaises vis-à-vis de la Brasserie BBLomé vient aussi du fait que cette sociétés’implique dans le soutien et l’organisationd’activités sociales de toutes sortes. Cet enga-gement se traduit d’une part par l’accompa-gnement d’activités et de projets dont l’espritet les valeurs correspondent à ceux de l’unede ses marques, et d’autre part par l’initia-tion de ses propres activités ou événements.Ainsi, par exemple, en plus des manifesta-tions culturelles régulièrement soutenuespar la Brasserie BB Lomé, elle est égalementprésente dans le domaine sportif, soutenantdes activités telles que le Tour cycliste duTogo, le tournoi de moto cross, le compéti-tions de golf, les championnats nationaux etinternationaux de football, les compétitionsd’haltérophilie (Adja Totoa, Amé Totoa), letournoi de Maracaña, le festival de rollers ouencore le Togo Football Awards. En tantqu’acteur du développement durable, l’en-treprise valorise l’investissement dans l’hu-main. À maintes occasions et dans le cadrede divers projets, elle démontre son atten-tion aux couches les plus défavorisées et auxgénérations futures à travers des dons de ma-tériels scolaires aux écoles, ou encore de vi-vres et autres aux orphelins, aux prisonniers,dans les hôpitaux, etc.

François Bambou

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 65

LES PRODUITS DE LA BB LOMÉ

Le leader togolais de la bonne boisson produit 8 marques de bières, 12 marques de boissonsgazeuses, 2 boissons maltées et deux marques d’eau. BB Lomé importe et commercialise auTogo des vins fins de la Maison Castel.

Les bièresLes bières sont brassées principalement à base de houblon, de riz, de sucre, d’eau et de malt.

• Les bières blondes : Beaufort 4.6, Castel Beer, Flag Spéciale, Eku Bavaria, Pils et Lager. • Bière brune : Awooyo• Bière Stout : Guinness

Les boissons gazeusesIl s’agit de Coca-Cola, Fanta Orange, Fanta Mandarine, Fanta Citron, Sprite, Schweppes, YoukiCocktails de Fruits, Youki Pamplemousse, Youki Pom-Pom, Youki Mangue, Youki Ananas, YoukiOrange, Youki Limonade, Youki Soda water.

Les eauxBB Lomé produit et commercialise 2 marques d’eau :

• Eau Vitale• Aqua Belle

Les vins et champagnesIl s’agit pour la plupart de vins de la Maison Castel comprenant les vins rouges, blancs et rosésproduits en France et importés et commercialisés au Togo par la Brasserie BB Lomé.

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La Brasserie BB Lomé commercialise à l’export 30 %

de sa production globale.

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« EN 2017, L’AGET ENTENDFAIRE BEAUCOUP PLUS POURLES CHEFS D’ENTREPRISES »

Interview/Association des grandes entreprises du Togo

Marchés Africains : Pouvez-vous nous donner en deux mots la carted’identité de l’AGET ?Kwassi José Symenouh : L’AGET est une organisation patronale totalement apolitique représentant les grandes entreprises des sec-teurs de l’industrie, des services, du commerce et du BTP qui adhèrentvolontairement à l’association. Les missions de l’association sont devrais défis. Il s’agit avant tout d’être à l’écoute des chefs d’entreprise etde défendre la compétitivité des entreprises du secteur privé, d’être uninterlocuteur incontournable auprès des pouvoirs publics et des orga-

nisations internationales, de participer aux études sur les problèmeséconomiques et sociaux du Togo, de l’UEMOA et de la CEDEAO, etenfin d’être un club où les chefs d’entreprise peuvent se rencontrerrégulièrement et échanger leurs expériences. Par ailleurs, afin de me-ner à bien ses activités, l’AGET dispose d’un budget entièrement financé par les cotisations de ses membres.

L’AGET est née en 2007 alors qu’il existait déjà des organisations patronales au Togo, alors pourquoi l’AGET ? À cette époque, les grandes entreprises, afin de s’exprimer d’une seulevoix, ont trouvé important de se regrouper. En effet, les entreprisespeuvent, pour défendre leurs droits et faire connaître leur point devue, soit agir individuellement, soit se regrouper en organisations dedéfense d’intérêts communs. L’avantage d’un tel regroupement orga-nisé pour plaider efficacement la cause des entreprises est de fédérerles énergies et ainsi permettre de surmonter les difficultés. Pour finirsur cette question, je dirai que de manière globalisée, le rôle del’AGET est de défendre ses membres et le secteur privé ainsi que dedonner du Togo une image moderne avec ses dirigeants d’entreprisesresponsables et orientés vers l’avenir du pays.

En quoi l’AGET dont vous êtes président est-elle différente du Conseilnational du patronat dans ses missions et actions ?Le CNPT est l’organisation historique : elle représente d’une part lesassociations et le secteur privé dans son ensemble et, d’autre part, lepatronat auprès des organismes nationaux et internationaux. En2007, les grandes entreprises, qui sont les plus grands pourvoyeursd’emploi et qui pèsent le plus dans les recettes fiscales de l’État, ontressenti la nécessité de se regrouper afin de s’exprimer d’une seulevoix. L’AGET regroupe aujourd’hui les 52 plus grandes entreprisesqui sont le noyau dur de l’économie togolaise : les statistiques, entermes de chiffre d’affaires, d’investissement et d’emplois créés parles membres de l’AGET parlent d’elles-mêmes. De ce fait, l’AGETconstitue un interlocuteur incontournable pour les organismes tantnationaux qu’internationaux. À ce titre, nos relations avec le patronatsont excellentes car nos rôles sont complémentaires puisque nousdéfendons la même cause, celle des entreprises et du secteur privé.

Vous avez organisé une série de déjeuners-débats, le dernier évoquantla question de la compétitivité du Togo et le Livre blanc de l’AGET.

AFFAIRES

C’est sous sa double casquette de président de l’Association des grandes entreprise du Togo(AGET) et de directeur général de NSIA Assurances Togo que Kwassi José Symenouh se confie àMarchés Africains sur des sujets-phares tels que la compétitivité du Togo et le nouveau code dedéontologie de l’assureur.

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DR

Kwassi José Symenouh,président de l’Associationdes grandes entreprise du Togo et directeur général de NSIA Assurances Togo.

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Comment procédez-vous au choix des thèmes ? S’agissant de compétiti-vité, quelle est la contribution de l’AGET dans la nouvelle ère de stabi-lité politique du Togo, avec des réformes dans la gestion des financespubliques entraînant un regain de confiance des bailleurs de fonds ? Effectivement, la compétitivité est la grande question du moment, etle choix de ce thème pour le dernier déjeuner-débat del’AGET n’est pas dû au hasard. Ce dernier déjeuner-dé-bat, qui a eu lieu le 1er Juillet 2016, coïncidait avec lasortie officielle du Livre blanc édition 2015 de l’AGET.Le Livre blanc, L’économie togolaise vue par les grandes en-treprises, est une publication-phare de l’AGET qui pré-sente une analyse de l’environnement économique to-golais et émet des recommandations en vue de sonamélioration. Un des résultats, et non le moindre, issude nos analyses est le constat de la perte de compétitivité du pays etdes entreprises togolaises, qui ont beaucoup de difficultés à faire faceà la concurrence étrangère de plus en plus rude, surtout avec les pro-duits nigérians suite à la dévaluation du naira en juin 2016.L’amélioration des infrastructures, une grande stabilité politique, unassainissement du secteur de la justice et de la gestion des financespubliques, ce sont là des avancées louables résultant de l’action gou-vernementale soutenue par les bailleurs de fonds qui ne ménagentaucun effort pour l’amélioration de l’environnement économiquetogolais. Une telle évolution aurait dû profiter aux entreprises togo-

laises, mais la conjoncture économique, tant sur le plan internatio-nal que national, ne l’a pas permis. Sur le plan international, labaisse du cours du pétrole et des matières premières ainsi que lachute du naira et, sur le plan national, les besoins de l’État pour faireface aux investissements ont fait augmenter le poids de la fiscalité, le

coût de fonctionnement du port, etc. Comme je le disais, l’AGET a lachance d’être un interlocuteur écouté par les autorités togolaises,donc nous profitons de ce privilège pour continuer à faire des propo-sitions en vue de l’amélioration du climat des affaires au Togo.

Quel sera l’impact sur l’emploi et la formation de la signature d’uneconvention cadre tripartite entre l’Agence nationale pour l’emploi(ANPE), l’AGET et l’Institut supérieur de droit et d’interprétariat(ISDI) ? En quoi cette approche est-elle innovante ?Je suis chef d’entreprise depuis de nombreuses années et à ce titre, jeme suis rendu compte que le sujet de la formation et surtout de l’em-ploi était crucial pour le développement de nos entreprises et detoute notre économie. C’est donc à juste raison que l’emploi et la for-mation ont toujours été considérés comme prioritaires par l’AGET,qui a d’ailleurs pris sur elle de soutenir toutes les actions pouvant fa-voriser l’emploi des jeunes Togolais. La première convention entrel’AGET et l’ANPE remonte à 2011, et l’AGET a été l’un des promoteursdu CFMI. L’AGET a donc démontré son engagement à soutenir lalutte contre le chômage, de diverses manières. La convention tripar-tite entre l’AGET, l’ANPE et l’ISDI signée l’année dernière n’est qu’unexemple parmi tant d’autres. L’objectif de cette convention entre cestrois entités est de satisfaire les besoins en main-d’œuvre de grandequalité exprimés par les grandes entreprises, de contribuer à la spé-cialisation des étudiants et d’offrir des stages pratiques dans nos en-treprises. Elle réunit les conditions requises pour le parcours d’unétudiant : bonne formation, stage pratique et insertion profession-nelle. En bref, il s’agit de lutter contre l’inadéquation entre formationet emploi. Nous sommes donc convaincus que cette convention per-mettra de résoudre en partie le problème de formation adaptée auxbesoins du marché de l’emploi et à l’insertion professionnelle desjeunes.

La vigueur de l’économie togolaise, eu égard à son PIB de ces trois der-nières années supérieur à 5 %, fait-elle se tourner les PME-PMI vers lesassurances ? Au-delà des produits classiques comme la couverture décèsen faveur du personnel, quels autres services NSIA Assurances, dontvous êtes également le directeur général depuis sa création, peut-elleoffrir à ces entreprises ?NSIA Assurances est née en juillet 2005 et commercialise des pro-duits d’assurance non-vie. En 11 ans, elle peut vanter les méritesd’une belle aventure pleine de challenges et de défis qui se sontconcrétisés un an après le démarrage de ses activités. Dès son secondexercice, en 2007, elle est devenue leader du marché. Depuis cettedate, elle a maintenu sa place jusqu’à ce jour. NSIA Assurances se caractérise par une gamme de produits dédiés aux � (Suite p. 68)

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« Le rôle de l’AGET est de défendre ses membres et le secteur privé ainsi que de donner du Togo une image

moderne avec ses dirigeants d’entreprises responsables et orientés vers l’avenir du pays. »

Kwassi José Symenouh, 57 ans, marié et père de quatre enfants, repré-sente, avec ses multiples casquettes, une figure du monde des affairestogolais. Au niveau syndical patronal, il est à la fois président de l’As-sociation des grandes entreprises du Togo (AGET), du Comité desassurances du Togo mais aussi de la Cour d’arbitrage du Togo. Dupoint de vue professionnel, il dirige depuis 2005 la compagnie NSIAAssurances Togo en qualité d’administrateur directeur général.Il fait ses débuts de 1987 à 1993 entant que de chargé de travaux diri-gés en droit civil et commercial à la faculté de droit de Lomé. Une acti-vité d’enseignement qu’il affectionne : son expertise est fort deman-dée de 1995 à 2003 au Centre de formation en assurances à ladirection des Assurances du Togo, de 1996 à 2003 à l’École d’informa-tique et de bureautique appliquée (ESIBA), et enfin de 2000 à ce jourà l’université de Lomé en Master de fiscalité et droit des affaires. Il estPrésident Fondateur d’un Institut Supérieur Privé de Droit (ISDI), depuis2014. Dans le monde des assurances, il a été directeur général de C2A(1994-2002), promoteur et président, de janvier à juin 2001, du conseild’administration de C2A-VIE, directeur général de GTAC2A-VIE de2002 à 2005 et administrateur directeur général de NSIA Vie de 2007à 2010. Dans le secteur des mines, il a assumé les fonctions d’adminis-trateur de la Société nouvelle des phosphates du Togo de 2007 à2010. Dans l’univers financier, il a été administrateur de la SGI-Togo de2000 à 2005 et, de 2003 à ce jour, il est PCA de OPTI Asset Manage-ment, filiale de la société de gestion et d’intermédiation SGI Togo. Aux titres des distinctions, Kwassi José Symenouh a été élevé au rangd’officier de l’ordre du Mono en 2008, a été consacré meilleur mana-ger en 2013 dans le cadre du trophée Cauris national d’Excellence etde Mérite Togo de l’Institut Manus-France, et enfin s’est vu décerneren 2016 le trophée des 100 entreprises les plus dynamiques du Togo.

BIOEXPRESS

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� particuliers d’une part et aux sociétés et institutions d’autre part.Ainsi, mise à part la couverture décès en faveur du personnel, qui estun produit Vie proposé par NSIA Vie Assurances, NSIA Assurancespropose aux PME et PMI les assurances non-vie suivantes : automo-bile avec une garantie assistance et remorquage gratuite, multirisquehabitation, maladie, individuel accident, responsabilité civile chef defamille, responsabilité civile chef d’entreprise, responsabilité civileprofessionnelle, incendie, vol, bris de glaces et bris de machines, tousrisques chantiers/montages, pertes d’exploitation, transport Corps, etenfin Facultés.

Le Togo étant un pays avec une façade maritime et une activité por-tuaire très dynamique, quelle place occupe le risque maritime dans lesactivités de NSIA Assurances ?Le risque maritime occupe une place très importante dans la couver-ture des risques. En effet, nous travaillons en étroite collaborationavec le Port autonome de Lomé et tous ses partenaires opérant dansla zone portuaire, à qui nous offrons des produits adaptés pour la

protection des marchandises transportées par voie maritime etconnexes. La collaboration directe avec le Port autonome de Lomés’illustre par les polices d’assurances souscrites auprès de notre com-pagnie (assurance du personnel et des biens, remorqueurs) et parcelles souscrites par les opérateurs économiques pour couvrir leursmarchandises. En 2015, la branche transport occupe 12 % du porte-feuille.

Toujours dans le domaine de l’assurance, quelle est la portée du nouveaucode de déontologie adopté à Lomé en 2015 par le Comité des assureursdu Togo et signé par toutes les wcompagnies d’assurance de la place ?Le nouveau code de déontologie adopté à Lomé en 2015 a une trèshaute portée. Comme vous le savez, ce code porte sur le respect desnormes réglementaires des compagnies d’assurance, les obligationsde transmission des données statistiques, comptables et financièresau Comité des Assureurs, les obligations desmembres à l’endroit des assurés, les obliga-tions des membres entre eux et à l’égard desintermédiaires, mais aussi les obligations desmembres à l’égard des collaborateurs et en-fin le respect de l’éthique. Ce code a été misen place pour que les assureurs, outre lesobligations imposées par les textes régle-mentaires et légaux, s’imposent à eux-mêmesdes règles de bonne conduite et de respect dela parole donnée. Il se veut le garant d’unestricte déontologie professionnelle tradui-sant la volonté permanente des membres duCAT de veiller à la bonne marche de leur ac-tivité.

L’exercice 2016 tire à sa fin. Quel bilan d’acti-vités pouvez-vous présenter en votre qualité de président de l’AGET ? Avez-vous déjà un calendrier d’activités pour 2017 ou, du moins,

quelles sont les actions fortes inscrites sur la feuille de route de votreinstitution ?L’année 2016, pour l’AGET de même que pour toute l’économie togo-laise, a été pleine d’intenses activités entre la sortie officielle du Livreblanc de l’AGET, la tenue du sommet sur la sécurité maritime del’Union africaine à Lomé, consacrant du coup le Togo comme hubportuaire de référence en Afrique, et les missions économiques effec-tuées par le chef de l’État dans des pays tels que la Chine et l’Éthio-pie, où j’ai moi-même pu l’accompagner. Ce sont là quelques activi-tés auxquelles a participé l’AGET et qui ont contribué à repositionnerle Togo sur la route du commerce mondial au cours de cette année2016. Nous avons cependant entamé un certain nombre de projetspressants qui n’ont pu aboutir en 2016 et sur lesquels l’AGET entendœuvrer en étroite collaboration avec les autorités compétentes en2017 pour leur aboutissement. Il s’agit avant tout de la défense denos industries. En effet, comme je le disais, nos industries souffrentmais nous savons que le gouvernement a déjà réagi et que cela de-meure un combat de tous les jours. Il s’agit aussi de l’opérationnali-

sation de l’API-ZF et de l’application du nouveaucode des investissements, car il y a des dossiersd’investissements qui sont bloqués. Le Togo atout intérêt à faire venir des investisseurs étran-gers afin de s’inscrire le plus tôt possible commeune économie attractive et compétitive sur le plan

régional. L’élargissement de l’assiette fiscale de manière à ne pas im-poser davantage les entreprises du secteur formel qui ressentent déjàune pression fiscale élevée est également une priorité. Nos jeunes en-trepreneurs et nos populations ont beaucoup de talent et de dyna-misme, mais il ne faudrait pas que tous ces talents et cette envie d’en-treprendre soient étouffés par une pression fiscale trop forte.D’autres préoccupations telles que l’amélioration de l’environne-ment judiciaire, la concurrence déloyale de l’informel, le foncier, lamain-d’œuvre et l’emploi sont des sujets qui seront pris en comptedans nos actions. En 2017, l’AGET entend faire beaucoup plus pourles chefs d’entreprises, et cela passe donc par l’intensification du dia-logue public/privé et du dialogue tripartite entre le secteur public, leprivé et les partenaires techniques et financiers, ainsi que par l’appuià la politique du chef de l’État, garant de la stabilité du pays.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

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AFFAIRES

« En 2015, la branche transport occupe 12 % du portefeuillede NSIA Assurances Togo. »

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Siège social de NSIA Assurances Togo à Lomé.

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« LE CNP-TOGO A CONTRIBUÉÀ L’ASSAINISSEMENT DU CLIMATDES AFFAIRES »

Interview/Conseil national du patronat du Togo

Marchés Africains : Depuis 1963, quellessont les principales dates qui ont marquél’évolution du Conseil national du patronatdu Togo (CNP-Togo) dont vous êtes le prési-dent ?Kossivi Démanya Naku : Le Conseil du pa-tronat a été créé en 1963 sous l’appellationde GITO (Groupement interprofessionneldes entreprises du Togo). Il est devenu Conseilnational du patronat le 19 novembre 1990.Nous sommes arrivés à sa tête le 11 septem-bre 2001. À cette époque, il était encore em-bryonnaire, avec une équipe technique detrois personnes et un budget annuel qui nedépassait pas les 10 millions de FCFA. À cejour, nous avons une équipe technique de13 personnes avec un budget de plus 200 mil-lions de FCFA par an.

Comment évaluer l’apport de cet organismedans le dynamisme du secteur privé togolais ? Nous voudrions rappeler que le CNP-Togoest une force de proposition de politiqueéconomique et sociale. À ce titre, notre insti-tution a contribué à l’assainissement du cli-mat des affaires. Nous avons même élaboréun document intitulé « Vision Togo 2011-2030 » que nous avons mis à la dispositiondu gouvernement. Nous avons égalementcontribué à la création du Centre de formali-tés des entreprises (CFE) ainsi qu’à la réduc-tion du taux de l’impôt sur les sociétés (IS)et de la taxe sur salaire (TS), passés respecti-vement de 40 % à 29 % et de 7 % à 3 %.

Comment est structuré votre bureau et quellessont les modalités de désignation du patrondes patrons ? Combien le CNP rassemble-t-ild’entreprises et quel est leur chiffre d’affairesglobal ? Le CNP-Togo rassemble actuellement 17 as-sociations professionnelles qui regroupent

1 175 entreprises répertoriées dans notrebase de données. Pour ce qui concerne lechiffre d’affaires global, nous ne sommes pasen mesure de vous le donner du fait de la ré-ticence des entreprises à communiquer surce sujet. Quant aux organes dirigeants de no-tre organisation, le CNP-Togo a à sa tête uneassemblée générale, un conseil d’administra-tion de 29 membres élus en assemblée géné-rale, dont le président. Dans les statuts révi-sés, ils seront dorénavant 13 membres élus.

Quelles sont les urgences pour le CNP danscette phase d’embellie de l’économie togo-laise ? Vous avez dit « phase d’embellie », et c’estpeut-être vrai si l’on se réfère aux efforts dé-ployés par le gouvernement pour les inves-tissements dans les infrastructures et autres,

mais la plupart des entreprises togolaises,notamment les PME et TPE, sont restées enrade. Les entreprises étrangères, notammentchinoises, ont gagné le gros morceau. Mêmela concurrence loyale est mise à l’épreuve carla part de marchés publics attribuée de gré àgré augmente, comme le reconnaît le rap-port d’évaluation de la Stratégie de crois-sance accélérée et de promotion de l’emploi(SCAPE).

Quelle peut être l’action du patronat enversles banques pour que les PME et TPE, partimportante du tissu économique, peinent moins

à obtenir des financements à cause du risquede non-remboursement jugé parfois trop élevé ?Pour aller plus loin, nous voulons rappelerque la charte des PME et PMI signée par legouvernement et les parties prenantes de-puis novembre 2010 peine à être mise en application, alors qu’elle prévoit d’utiles dis-positions de soutien aux PME, PMI, TPE, etc.Ce qui pose encore problème aux entreprisestogolaises, c’est le poids des charges : im-pôts, coût élevé des facteurs de productionque sont l’énergie, les communications,l’eau et les transferts de fonds, etc. Ces chargesréduisent la marge des entreprises et ampu-tent largement leur capacité d’autofinance-ment, ce qui a pour conséquence de les ame-ner à s’adresser aux banques pour obtenir, parexemple, des fonds de roulement ou d’autressoutiens, et cela déstabilise ces entreprises.

Globalement, on peut dire que l’essor desPME et TPE découle de l’appui que pourraitleur assurer l’État par l’application des dis-positions prévues : charte des PME, code desinvestissements, dispositions communau-taires de l’UEMOA…

Quelle action le patronat conduit-il en direc-tion des banques ? En dehors du Centre de gestion agréé (CGA)qui ne fait pas recette pour les PME et TPE,nous envisageons, d’un commun accordavec la BCEAO, la mise en place d’un dispo-sitif de financement des PME-PMI par les

AFFAIRES

Le Conseil national du patronat du Togo (CNP-Togo) est dirigé par Kossivi Démanya Naku, quinous éclaire sur l’apport de cette institution dans le dynamisme du secteur privé. Il émet aussi unplaidoyer en direction des investisseurs encore hésitants.

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« Pour les entreprises qui sont prêtes au partage des fruits de lacroissance et du développement, nous leur disons qu’elles serontles bienvenues chez nous. »

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banques. En outre, nous allons approcherl’Agence nationale de promotion et de garan-tie des emprunts et de financement des entre-prises (ANPGF) pour mieux cerner les hésita-tions des entreprises à se faire accompagnerpar cette institution afin de rechercher en-semble la meilleure stratégie d’intervention.

Pour le risque de non-remboursement, leproblème se situe à plusieurs niveaux. Lesprêts effectués contre des garanties insuffi-santes souffrent généralement de difficultésde remboursement. Par ailleurs, le faiblepouvoir d’achat de la population pose pro-blème, surtout aux TPE, pour l’écoulementde leur production ou de leurs marchan-dises. Certes, l’honnêteté des opérateurs éco-nomiques entre parfois en jeu, mais le patro-nat a produit un code d’éthique qui devraits’imposer aux entreprises togolaises pourêtre correctes dans leurs transactions avecdes partenaires ou des financiers.

En dépit des dispositifs mis en place par legouvernement, le chômage des jeunes Togolaisexiste. Quelles mesures pourrait-on adopterpour le réduire ? En effet, malgré tous les dispositifs mis enplace par le gouvernement, le phénomènedu chômage des jeunes existe toujours etcela pose le problème des insuffisances desmécanismes mis en place. Ce problème eststructurel, et il convient de s’attaquer auxcauses profondes pour apporter des réponsesadéquates. Le constat est que notre systèmeéducatif est déconnecté des réalités de la viesocio-économique du pays. Normalement,l’école doit répondre aux besoins de la viesocio-économique, ce qui suppose une connais-sance des besoins à moyen et long termes etune politique d’éducation et de formationen adéquation avec ces besoins. Ce n’est pasexactement le cas et les pouvoirs publics ensont de plus en plus conscients. Au niveaudu secteur public, il faut évaluer les besoinssur dix ou vingt ans et mettre en place le dis-positif de formation apte à fournir le person-nel dont l’État et les collectivités décentrali-sées ont besoin. Dans les collectivitésdécentralisées, beaucoup de besoins ne sontpas satisfaits : ce sont donc des opportunités

et des niches d’emploi négligées. Là aussi, ily a une prise de conscience accrue. En ce quiconcerne le secteur privé, le système éducatifdoit aussi répondre à ses besoins à tous lesniveaux. Le secteur primaire (l’agriculture)est resté archaïque et dominé à plus de 99 %par l’informel. Le besoin pour le pays de dis-

poser de vraies entreprises agricoles est réelet, au niveau du patronat, nous travaillonspour une modernisation des entreprisesagricoles, avec des structures pour les enca-drer. Ce besoin est pris en compte dans la re-structuration des services du CNP-Togo tou-jours en cours. Au niveau du secteur secondaire,il y a un effort d’industrialisation à fournirpour réduire les importations et encouragerles exportations. Mais là se pose le problèmede financement de l’économie sou-levé précédemment. La compé-titivité de nos entreprises defaçon générale dépend debeaucoup de facteurs : ladisponibilité suffisantede l’énergie et son coût,les technologies de l’in-formation et de la com-munication, les tech-niques modernes degestion et enfin la for-mation continue des dif-férents acteurs.

Quel message pouvez-vous émettre en direc-tion des investisseurs hésitant encore à s’ins-taller sur un marché togolais qui possèdepourtant un code des investissements très at-tractif ? Tout entrepreneur qui veut faire des affairescherche d’abord à bien connaître le marchésur lequel il s’engage. Dans ce sens, si cer-tains hésitent encore à venir, ils ont bienleurs raisons. Nous pouvons leur dire que lesentreprises togolaises recherchent des parte-nariats gagnant-gagnant, que des efforts sonten cours pour doter le marché d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un bon niveau detechnicité. Nous les sollicitons pour leurcontribution à la construction de notre paysqui a de grandes ambitions, à savoir l’émer-gence à l’horizon 2030. Vous savez, ce n’estplus si loin. Nous travaillons déjà avec legouvernement sur les goulots d’étrangle-ment qui restent encore à lever dans certainscas, comme le problème foncier ou la mo-dernisation du cadre juridique et judiciaire.Nous leur disons que nous avons besoin detransfert de technologie et de contribution àla formation des talents. Nous leur rappe-

lons que nos infrastructures de trans-port sont à niveau et que la zone

franche est appelée à s’étendre.Pour les entreprises qui sontprêtes au partage des fruits dela croissance et du dévelop-

pement, nous leur disonsqu’elles seront les bienve-nues chez nous.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

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« Le CNP-Togo est une force de proposition de politique économique et sociale. À ce titre, notre institution a contribué àl’assainissement du climat des affaires. »

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Kossivi Démanya Naku, président du Conseil national

du patronat du Togo.

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UNE MEILLEURE GOUVERNANCEPOUR BOOSTER L’EXPLOITATION

Mines

Avec 30 demandes de permis miniersenregistrés en 2016, contre seule-ment 10 en 2010, on peut dire que leTogo a réussi à faire de son secteur

minier un pôle économique attractif. Unecompétitivité dopée par le cadre législatif etréglementaire existant, déjà propre à encoura-ger les investissements, ainsi que par le regaind’activité dans l’exploitation des principauxminerais que sont le phosphate, le calcaire, lefer, l’or ou encore le diamant ainsi que l’eauminérale. Cela a conduit le gouvernement àadopter une démarche plus moderne et effi-ciente, essentiellement à travers l’adhésiondepuis 6 ans au processus ITIE (Initiative pourla transparence dans les industries extractives)et l’adoption d’un programme d’améliorationde la gouvernance dans le secteur minier avecl’appui de la Banque mondiale. Mais il y a sur-tout l’élaboration en cours d’un nouveau codeminier qui puise ses grandes lignes dans celuide l’UEMOA, avec, explique le ministre desMines et de l’Énergie Marc Dèdèriwè Abli-Bidamon, des exonérations alléchantes pourles investisseurs.

Fleuron de l’industrie minière locale, le sec-teur du phosphate connaît une seconde viedepuis 2009, quand la Société nouvelle desphosphates du Togo (SNPT) a lancé un vasteprogramme de réhabilitation, de renouvelle-ment et d’extension de ses installations deproduction. Le but ? Atteindre une productionde 3 millions de tonnes métriques en 2026dans un Togo troisième producteur de phos-phate en Afrique subsaharienne. Il y a unevingtaine d’années, l’exploitation du phos-phate fut le poumon de l’économie car ilconstituait l’essentiel des recettes d’exporta-tion du Togo. Aujourd’hui, les réserves exploi-tables sont estimées à plus de 60 millions detonnes.

Le document de politique minière adoptéen 2012 a pour principal avantage de consti-tuer un diagnostic et un inventaire des poten-tialités géologiques et minières du Togo. Sur-tout, ce document définit la stratégie et le pland’action nécessaires pour aboutir aux objectifs

fixés : réduction de la pauvreté, création d’op-portunités d’emploi pour la jeunesse et amorcede croissance économique par la mise en va-leur du potentiel minier. Selon le gouverne-ment, « avec la réforme de ce secteur, les retom-bées économiques, sociales et financières attenduesseront importantes en termes de contribution àl’économie nationale, de création d’emplois directset indirects et de développement local soutenu »,car le secteur minier contribue toujours pourune part importante au développement éco-nomique du pays. Analyse partagée par laBanque mondiale, qui estime que « le Togo pos-

sède un immense potentiel minier encore insuffi-samment exploité pour contribuer à la croissanceéconomique du pays. Le projet permettra aux auto-rités nationales et locales d’attirer des investisse-ments durables dans le secteur et veillera à ce quetoutes les parties prenantes, au niveau central et local, bénéficient de manière équitable des retom-bées de l’activité minière. »

Afin d’assurer une meilleure gestion des re-cettes et des processus d’exploitation, le gou-vernement a lancé un Projet de développe-ment et de gouvernance minière (PDGM)dans le but de rationaliser les principalesstructures institutionnelles des industries ex-tractives afin de renforcer leur efficience et leurrecevabilité. Un accord de crédit de 13,4 mil-lions d’euros, soit environ 9 milliards de FCFA,a été signé à cet effet avec la Banque mondialele 29 janvier 2016 après l’approbation duconseil d’administration de cette institutionen décembre 2015. En somme, le PDGM vientimpulser une meilleure gouvernance du sec-teur et conduire à une meilleure gestion desaspects environnementaux, sociaux et écono-miques des activités extractives. Comme l’ex-plique Godwill Tange, représentant de la Banquemondiale, principal bailleur de fonds du pro-

jet, « les activités de ce projet contribueront à atti-rer davantage d’investisseurs en augmentant laconnaissance géologique des ressources souter-raines du Togo, à travers l’analyse des données géo-logiques et la dissémination des résultats par voieélectronique et autres moyens de promotion. Jetiens à souligner le fait que la période est actuelle-ment propice pour renforcer un partage équitablede la prospérité, en s'assurant de ce que les retom-bées financières du secteur extractif profitent da-vantage à plusieurs couches sociales. À cet effet, lePDGM appuiera la promotion de la sous-traitancenationale afin d’intégrer les petites et moyennes

entreprises nationales dans la chaîne des valeursde l’industrie minière. De plus, le projet va s’inspi-rer de l’expérience internationale pour définir uneapproche adéquate afin de stimuler les investisse-ments sociaux et la création d’emplois au profit descommunautés riveraines. »

Toujours dans le même but, le gouverne-ment a adhéré à la norme ITIE, mécanismequi garantit la transparence des revenus issusdu secteur minier, pétrolier et gazier. À la foissolide et flexible, elle peut être adaptée auxspécificités nationales et autres éléments de lachaîne des valeurs des ressources naturelles.En dehors des mines, du pétrole et du gaz, samise en œuvre au Togo inclut comme spécifi-cité l’extraction de l’eau, considérée au regarddu code minier comme une ressource du sec-teur extractif. Pour les autorités, la transpa-rence financière est un moyen susceptible decontribuer à l’amélioration du climat pourl’investissement direct intérieur et étranger.D’autant que la compréhension par le publicdes recettes et dépenses des gouvernementsdans la durée est susceptible de contribuer audébat public et de faciliter le choix d’optionsappropriées et réalistes favorisant le dévelop-pement durable. François Bambou

AFFAIRES

Le gouvernement togolais est déterminé à réformer la gestion du secteur minier pour refaire delui un levier de la croissance.

72 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

Élaboration en cours d’un nouveau code minier qui puise sesgrandes lignes dans celui de l’UEMOA, avec des exonérationsalléchantes pour les investisseurs.

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Priorité à :

• L’amélioration du taux de desserte et d’accès à l’électricité ;

• L’amélioration du rendement du réseau de distribution à traversune politique de réduction des Pertes non techniques ;

• L’amélioration de la qualité de l’énergie électrique et des services fournis à la clientèle ;

• L’engagement dans la démarche qualité à travers une gestionbasée sur la Bonne Gouvernance.

Renseignements : +228 22 23 35 35

Compagnie Énergie Électrique du Togo426, Avenue MAMA Fousséni

BP : 42 Lomé - TOGO Tél. : +228 22 21 27 44/43

Site web : www.ceet.tg / E-mail : [email protected]

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« HAUSSE DES DEMANDESDE TITRES MINIERS »

Interview/Ministère des Mines et de l’Énergie

Marchés Africains : Vous êtes à la tête d’unministère considéré comme prioritaire, le Togoayant fait de l’énergie et de la filière minièreun élément-clé de sa stratégie de développe-ment économique. En 2010, le pays a adhéré à

l’Initiative pour la transparence dans les in-dustries extractives (ITIE). Quel bilan tirez-vous de ces six ans d’adhésion ?Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon : Le bilan demise en œuvre de l’ITIE pendant les six ans

peut être jugé satisfaisant, bien qu’il y ait en-core beaucoup de chemin à parcourir. LeTogo a commencé le processus d’adhésion àl’ITIE en juin 2009 et, en octobre 2010, leconseil d’administration de l’ITIE l’a déclarécomme pays candidat. À partir de cette date,le Togo disposait de 30 mois pour accéder austatut de pays conforme. Ce qui fut fait, à lasatisfaction du conseil d’administration, quia déclaré le Togo pays conforme à l’ITIE le22 mai 2013 lors de la 6e Conférence mon-diale tenue à Sydney en Australie.Les principaux résultats obtenus à ce joursont le partage des informations entre lesdifférentes parties prenantes – industries ex-tractives, administration publique et organi-sations de la société civile –, le dialoguefranc et sincère entre elles afin d'améliorerles relations entre la population, les entre-prises et le gouvernement, l'élaboration desrapports ITIE avec l'identification des pointsde gouvernance du secteur minier à amélio-rer, le relèvement du niveau de performancede la gouvernance des régies financières del’État et des agences gouvernementales dusecteur, et enfin l'adoption de la loi 2008-008 du 5 mai 2011 relative à la contributiondes entreprises minières au développementlocal et régional. Progressivement, le sys-tème de collecte des recettes de l’État devrase conformer aux principes et exigences del’ITIE en matière de gouvernance.

Quelles sont les activités minières au Togo etle nouveau code minier a-t-il rendu le secteurattractif pour les investissements ? Les activités du secteur minier du Togo sontprincipalement l’exploitation du phosphateet du calcaire et, dans une moindre mesure,le fer, l’or et le diamant ainsi que l’eau miné-rale. Le nouveau code minier en cours d’éla-boration s’est largement inspiré du code mi-nier communautaire de l’UEMOA, avec desexonérations de nature à rendre attractif l’in-

AFFAIRES

Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon, ministre des Mines et de l’Énergie, rappelle deux vérités. La première est que le secteur minier du Togo repose en priorité sur l'exploitation du phosphate.La seconde est qu'avec un taux d’accès à l’électricité de 33 % au niveau national – 57 % enmilieu urbain et 6 % en milieu rural – en 2015, beaucoup d’efforts restent à faire.

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MM

E

Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon, ministre des Mines et de l’Énergie.

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vestissement minier. Étant donné que cecode n’est pas encore adopté, on ne sauraitparler de son incidence sur le secteur. Mais lecadre législatif et réglementaire minier exis-tant est déjà assez attractif pour encouragerles investissements dans le secteur minier auTogo.

Y-a-t-il eu une hausse des demandes de licencesd'exploration et d'extraction pour tous les mi-nerais ?Il a été constaté une hausse des demandes detitres miniers tant pour l’exploitation quepour l’exploration. Ceci est lié essentielle-ment à l’amélioration du climat des affairesau Togo. À titre d’illustration, on a enregistré10 demandes de titres miniers en 2010, contreenviron 30 en 2016, tous minerais confon-dus.

Quelle idée peut-on se faire de l’importancede l’exploitation de la filière phosphate ?Depuis 2009, la Société nouvelle des phos-phates du Togo (SNPT) s’est engagée dansun important programme de réhabilitation,de renouvellement et d’extension de ses ins-tallations de production. L’objectif poursuiviest de porter la production annuelle à envi-ron 2,3 millions de tonnes métriques à l’ho-rizon 2020, et à 3 millions de tonnes mé-triques en 2026. La SNPT contribue à l’économietogolaise par le paiement à l’État des droitsde douane, taxes et impôts à plus de 33 mil-liards de FCFA de 2008 à octobre 2016, et dedividendes pour 14 milliards de FCFA envi-ron entre 2008 et 2013, par la création et lasauvegarde de milliers d’emplois pour lepersonnel de la société et celui des sous-trai-tants, prestataires de services, collectivités etpopulations riveraines, par la réalisationd'actions sociétales au profit des popula-tions de zones couvertes par l’exploitationdes phosphates en termes de constructiond’écoles et de dispensaires, d’aménagementd'infrastructures et d’électrification, et enfinpar l’augmentation sensible de la part de laSNPT au PIB du Togo avec la hausse de laproduction et des exportations de phos-phates ainsi que l’accroissement des exporta-tions de la SNPT, qui contribuent à l’équili-bre de la balance commerciale du Togo parl’apport en devises étrangères.

Le Togo vise l’électricité pour tous en 2030,avec une bonne part d’énergies renouvelables.Comment votre département s’emploie-t-il àatteindre cet objectif ?Les Nations unies ont lancé en 2012 l’initia-tive « accès à l’énergie durable pour tous

(SE4ALL) » qui vise trois objectifs à l’horizon2030 : donner l’accès aux services énergé-tiques modernes à tous les habitants, attein-dre 50 % de la part du renouvelable dans lemix énergétique mondial, et enfin doublerle taux de l’efficacité énergétique. Au Togo,se pose avec acuité le problème d’accès àl’électricité, comme dans la plupart des payssubsahariens. Avec un taux de 33 % en 2015au niveau national, dont 57 % en milieu ur-bain et 6 % en milieu rural, beaucoup d’ef-forts restent à faire. Pour atteindre l’objectifde 100 % d’électrification en 2030, il faudraélectrifier plus de 200 nouvelles localités paran et densifier le réseau en milieu urbain.C’est pour cela qu’il a été élaboré un plan di-recteur de développement des infrastructuresélectriques en 2014, suivi de l’élaborationdes plans nationaux pour les énergies renou-velables et l’efficacité électrique en 2015.Ce plan directeur fait ressortir 3 000 localitésà alimenter. Des projets sont en cours demise en œuvre pour électrifier 300 villages :70 de ces localités seront électrifiées par sys-tème solaire photovoltaïque. Un vaste pro-gramme d’électrification de 400 villages parla construction de mini-centrales solaires etde réseaux de distribution basse tension,ainsi que l’éclairage public, est envisagé àcourt terme. Parallèlement, le renforcementet l’extension du réseau devront être accélé-rés dans les zones périurbaines des grandesvilles. Des projets sont également conçusdans ce sens et certains sont en cours d’exé-cution ou en recherche de financement. Unaccent particulier sera mis sur des branche-ments de nouveaux clients à coûts réduits.

En 2017, quelles seront les priorités de votre

ministère et comment se déclinent les actionsfigurant sur votre feuille de route ?Les priorités de mon département en 2017 sedéclinent comme suit : dans le secteur del’énergie, il faut souligner notamment l’opé-rationnalisation de l’Agence d’électrificationrurale et des énergies renouvelables, la mise enœuvre du projet d’électrification de 62 locali-tés rurales par système solaire photovol-taïque , la mise en œuvre de la constructionde centrales solaires photovoltaïques, l’ex-tension du réseau électrique dans les chefs-lieux de régions, la mise en œuvre du projetd’électrification de 69 localités rurales, lamise en œuvre du projet d’électrification de150 localités rurales, et enfin le lancementd’un appel d’offres concernant le recrute-ment d’un opérateur pour la constructiond’une centrale thermique de 100 MW.Dans le secteur des mines, les priorités sontde plusieurs ordres : adoption du nouveaucode minier et de ses textes d’application,démarrage de la phase opérationnelle duProjet de développement et gouvernance mi-nière (PDGM), mise en œuvre du projetd’exploitation du manganèse de Nayégadans la préfecture de Kpendjal, mise en œu-vre du projet de développement et de l’ex-ploitation du phosphate carbonaté avec laconstruction d’un complexe de fertilisant,mise en œuvre du projet d’exploitation del’ilménite de Bagbé par la société GlobalMerchants, poursuite du renouvellement desoutils production de la SNPT en vue de la re-lance de la filière des phosphates, et enfinproduction de 1 600 000 tonnes métriquesde phosphate marchand.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 75

Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon, 52 ans, marié et père de deux enfants, commence sa carrièreprofessionnelle en qualité d’ingénieur à la Direction des études de l’Office des postes et télé-communication du Togo (OPTT) en octobre 1992. En août 1994, il est promu directeur commer-cial de Togo Télécom, poste qu’il occupera jusqu’en juin 1998, où il prend les commandes dela première société de téléphonie mobile au Togo, Togo Cellulaire. En mai 2006, il est nommédirecteur général des Douanes togolaises. À la tête de cette régie financière stratégique dansl’économie du pays, il apporte sa touche et pose les jalons de la modernisation. De mai 2006 àoctobre 2011, il assume aussi la fonction d’administrateur au Conseil national des chargeurs duTogo et, de mai 2006 à juin 2010, il est également administrateur pour le Togo à la BCEAO. Dedécembre 2011 à janvier 2015, il met ses compétences et son expertise au service de diffé-rentes structures en qualité de consultant indépendant. Enfin, d’avril 2014 à sa nomination augouvernement à la tête du ministère des Mines et de l’Énergie, il est administrateur de TogoTélécom et membre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Du point de vue académique, il est titulaire depuis 1980 d'une maîtrise en télécommunicationsuivie en 1990 d'un DEA en électronique de l’université de Lille (France) et en 1992 d’un Mas-ter en ingénierie des réseaux de télécommunication de l’Institut national des télécommunica-tions de Paris. Signalons également qu’il a été élevé au rang d’officier de l’ordre du Mono.

BIOEXPRESS

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« LES ÉNERGIES RENOUVELABLES,SOLUTION D’AVENIR POURUNE ÉNERGIE PROPRE »

Interview/Compagnie Énergie électrique du Togo

Marchés Africains : À votre retour à la têtede la CEET au début d’année, quelles ont étévos premières décisions managériales pourprendre vos marques avec votre nouvelle équipe ? Paul Mawusi Kakatsi : Nous avons procédéà la revue de l'existant dans les segments liés

respectivement au métier et aux ressourcesfinancières et humaines, à la prise de me-sures correctives d'urgence pour sécuriser lesacquis positifs et recadrer les activités quisemblent dériver, au renforcement de la sé-curité énergétique nationale et communau-

taire Togo-Bénin par l’engagement d’apureren urgence les stocks d’arriérés vis-à-vis denotre fournisseur principal, la CommunautéÉlectrique du Bénin (CEB), et enfin à la pré-paration de la relance par l'élaboration d'unplan stratégique de développement sur lesmoyen et long termes fortement axé sur laproblématique d’accès à l’énergie pour touset d’amélioration de la collecte des revenusauprès de la clientèle.

Par rapport à ses voisins le Ghana et le Bénin,où en est le Togo sur la question du délestage ? L’équilibre entre l’offre et la demande est ob-tenu à un coût soutenable par l’approvision-nement auprès de la CEB de l’énergie impor-tée des pays voisins ou produite dans lepérimètre communautaire Togo-Bénin, l’achatauprès du producteur indépendant d’énergieContour Global opérant depuis 2010 et lescapacités de production propres de la Com-pagnie. Cette combinaison nous permetd’éviter le délestage. Toutefois, un renforce-ment de la capacité de production dans lemoyen terme est absolument nécessaire.

Qu’en est-il du taux de couverture ?Le taux de couverture a progressé sensible-ment et se trouve à 32 % en moyenne, maisdemeure toujours bas dans les zones rurales,où cet indicateur ne dépasse guère les 5 %.

Quels ont été les engagements de la CEETpour le renforcement et l’extension du ré-seau ? Par ailleurs, quels sont ses choix straté-giques vis-à-vis des énergies renouvelables ? Au registre des investissements, la CEET aimmédiatement opté pour le démantèle-ment des réseaux illicites, communémentappelés réseau en toile d’araignée, apparusdepuis quelques décennies dans les quartiers

AFFAIRES

Paul Mawusi Kakatsi, directeur général de la Compagnie Énergie électrique du Togo (CEET),explique qu’il est prévu de sécuriser à court terme l’offre en énergie électrique par une extensionde la capacité thermique actuelle, qui passera de 100 à 200 voire 250 MW.

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CEE

T

Paul Mawusi Kakatsi, directeur général de la Compagnie

Énergie électrique du Togo.

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périurbains des principales villes du Togo.Ce phénomène a pris de l’ampleur avec l’in-suffisance des investissements dans les infra-structures de réseau. Avec l’appui du gouver-nement, la société a tout un programme àl’échelle nationale pour la mise en confor-mité et la sécurisation de ces installationsainsi que pour accorder des facilités aux po-pulations concernées pour l'accès à l’énergie. La CEET envisage les énergies renouvelablescomme une solution de l’avenir pour obte-nir une énergie propre. Et plus précisémentl'énergie solaire, excellente alternative pouratteindre les zones rurales qui sont hors ré-seau. Toutefois, elle entend rester dans samission et venir éventuellement en appui àl’Agence togolaise d’électrification rurale etde l’énergie renouvelable, qui a plutôt la pré-rogative de déployer cette solution dans leszones non couvertes par le réseau national.

L’objectif des pouvoirs publics togolais était defaire passer la capacité de génération de l’élec-tricité de 161 MW en 2010 à au moins 300 MWen 2015 et 500 MW en 2020. Quelle stratégiea été mise en place pour atteindre ces objectifs ?Cet objectif a glissé par rapport au contexteénergétique national et sous-régional. Il estprévu de sécuriser dans le court terme l’offreen énergie électrique par une extension de lacapacité thermique actuelle pour passer de100 à 200 voire 250 MW, mais aussi de contri-buer au sein des institutions sous-régionalesen charge de l’énergie à l’émergence d’unmarché énergétique sous-régional à traversles projets d’interconnexion. Il faut égale-ment attaquer la transition vers les énergiesrenouvelables sur le moyen et le long termepar la mise en valeur du potentiel hydroélec-trique national et le déploiement des sources

photovoltaïques dans les zones rurales éloi-gnées du réseau.

L’introduction par la CEET d’un système origi-nal pour les particuliers, le compteur prépayé,a-t-il permis aux ménages modestes de mieuxs’acquitter de leurs factures d’énergie ?

La CEET se prépare à partir de 2017 à inver-ser son système de collecte des revenus del’énergie post-payée à l’énergie prépayée. Cevirage a été motivé par la prise en comptedes capacités de paiement des ménages mo-

destes, qui peuvent s’approvisionner en éner-gie électrique au jour le jour. Cette orienta-tion vise également certains locataires quisont contraints à partager au forfait les dé-penses énergétiques avec les propriétaires,pratique qui suscite beaucoup de frustra-tions. Enfin, cette orientation va mettre fin

au mode de recouvrement basé sur la contrainted’interrompre la fourniture d’énergie auclient, ce qui dégrade fortement la relationcommerciale. Toutes les dispositions sont entrain d’être prises pour que les opérationsdébutent selon les calendriers annoncés.

En termes de recettes, quelle sera la situationde la CEET sur l’exercice 2016 ? Par ailleurs,quelle solution a été adoptée par votre conseild’administration pour apurer la dette de l’en-treprise ? Pour l’exercice 2016, nous avons réussi à ob-tenir une équilibre financier. Les organes degestion de la CEET considèrent que le préa-lable pour la sécurisation énergétique dansle secteur communautaire Togo- Bénin estl’acquittement à date de leur facture auprèsdes structures d’approvisionnement. À ladate actuelle, la CEET a apuré plus de 80 %de sa dette vis-à-vis de la CEB, en plus dupaiement régulier des factures courantes.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 77

« La CEET se prépare à partir de 2017 à inverser son système de collecte des revenus de l’énergie post-payée à l’énergie prépayée. Ce virage a été motivé par la prise en compte des capacités de paiement des ménages modestes. »

Ingénieur électromécanicien de formation, Paul Mawusi Kakatsi est diplômé de l’École supé-rieure interafricaine de l'électricité (ESIE) de Bingerville en Côte d’Ivoire. Depuis 1985, il aoccupé diverses fonctions au sein de la CEET et a pratiqué l’ensemble des métiers. Sa grandemaîtrise des activités de distribution et d’exploitation, dont il a la responsabilité de 1995 à2006, puis la prise en charge de la planification de 2006 à 2009 lui donnent une vision d’en-semble du secteur. Ce bagage l’amènera à diriger l’entreprise une première fois de 2009 à2011 et à lancer le premier Contrat de performance souscrit par la CEET auprès de l’État etdes institutions de Breton Wood. Il fera ensuite un passage au ministère des Mines et del’Énergie en qualité de conseiller en énergie auprès du ministre. Depuis le 16 février 2016, ilest nommé à nouveau directeur général de la CEET. Dans sa vision globale, il envisage d’ac-croître l’accès des populations à l’énergie. À 55 ans, le nouveau directeur général affiche clairement son ambition de donner un coup deneuf à la société en révisant le système de collecte des revenus et en modernisant la gestiontechnique des infrastructures, le tout adossé à l’innovation et à la convergence numérique desdifférents plateaux techniques.

BIOEXPRESS

CEE

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Pour répondre à sa mission, la Compagnie Énergieélectrique du Togo dispose de 9 postes sourcesMT/MT répartis principalement dans certainesgrandes villes sur le territoire, dont 3 à Lomé.

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SECTEURS

Agriculture

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 79

LE SECRET DE LA RÉUSSITE TOGOLAISE

Avec des excédents alimentaires del’ordre de 13 à 21 % enregistrésdepuis 2009, le Togo a réalisé un vraimiracle agricole. Jusque-là, ce pays

réputé pauvre connaissait des déficits alimen-taires inquiétants pouvant aller de 3 à 13 %par rapport aux besoins de la population. « LeTogo est aujourd’hui plus qu’auto-suffisant »,souligne pour s'en réjouir le colonel Ouro-Koura Agadazi, ministre de l’Agriculture, del’Élevage et de l’Hydraulique (lire son interviewp. 80-81). Ces avancées, qui se matérialisentpar des excédents de l’ordre de 90 159 tonnespour les céréales, 617 902 tonnes pour lestubercules et 143 106 tonnes pour les légumi-neuses, résultent de la mise en œuvre de laStratégie de relance de la production agricole(SRPA) et du Programme national d’investis-sement agricole et de sécurité alimentaire(PNIASA).

Le gouvernement aussi s’appuie sur le PNIASA,qui vise notamment à accroître les revenusdes exploitants agricoles et à améliorer de fa-çon durable les conditions de vie des ruraux,particulièrement des populations vulnéra-bles que sont les femmes et les jeunes. Le butest donc non seulement de garantir la sécu-rité alimentaire, mais aussi de faire de l'agri-culture un vecteur de création de revenu dé-cent pour les 2/3 de la population qui dépendentde cette activité. Et si le gouvernement togo-lais a lancé ce programme, c’est bien parceque le pays en a le potentiel avec sa superficiearable de 3,4 millions d’hectares, dont 45 %actuellement exploités. Ce programme de659 milliards renferme trois composantes : leProjet d’appui au développement agricole auTogo (PADAT : 31,5 milliards de FCFA), leProjet d’appui au secteur agricole (PASA :18 milliards de FCFA) et le Programme deproductivité agricole en Afrique de l’Ouest auTogo (PPAAO-Togo : 6 milliards de FCFA).

Selon les concepteurs de ce programme, samise en œuvre efficiente devrait booster lesecteur agricole, car les effets du renforce-ment des capacités des acteurs institution-nels, des organisations de producteurs et desaménagement hydro-agricoles combinés à

ceux de l'utilisation d’engrais et de semencesaméliorées vont accroître la productivité de13 % et les rendements d’au moins 30 %,avec de surcroît des marges bénéficiaires.L'utilisation de décortiqueuses/égreneuses vapour sa part réduire les pertes post-récolte ac-tuelles de 35 % à 15 % , à en croire le minis-tère de l’Agriculture, qui ajoute que le PNIASAconduira à une réduction du déficit de la ba-lance commerciale du Togo à travers l’ac-croissement de la production agricole, la ré-duction des importations et l’accroissementdes exportations des produits traditionnelsque sont le coton, le café et le cacao.

Suite aux mesures prises pour stimuler lesinvestissements privés dans le secteur agri-cole, plusieurs entreprises de renom ont in-vesti dans le pays et contribuent à faire duTogo un exportateur net de denrées alimen-taires. C'est le cas de l’entreprise américaineAlafia, ou encore de Kalyan dans l'industriede l’huile de palme et de la production avi-

cole. Soulignons également l’installation deCajou Espoir dans la transformation de l’ana-carde, des ESOP pour la transformation descéréales et légumineuses, et enfin de LogouConcept robotique pour la transformationde l’igname en pâte d’igname et foufou ainsique pour la fabrication de tracteurs.

Ce programme qui a remis l’activité agri-cole togolaise sur une pente ascendante étantarrivé à sa fin, le gouvernement devrait lancerla mise en œuvre d’un nouveau plan de déve-loppement agricole sur la période 2016-2030. Tirant les leçons du PNIASA, il lui ac-cordera une durée plus longue pour favoriserl’implémentation de mesures plus structu-rantes et plus favorables l’émergence du sec-teur privé ainsi que la consolidation des acti-

vités des petits producteurs à travers la créa-tion de Zones d’aménagement agricoles pla-nifiées (ZAAP). Cette nouvelle phase de la po-litique agricole du président Faure EssozimnaGnassingbé devra également s’appuyer sur lamultiplication des agropoles ou « clusters »du secteur agricole, autrement dit des zonesd’activités à vocation agricole ou agro-indus-trielle et logistique qui regroupent plusieursacteurs complémentaires sur la chaîne de va-leurs d’un produit. Selon le gouvernement,« la proximité géographique de ces acteurs leurpermet de mutualiser les infrastructures (routes,eau, énergie, télécommunications, laboratoire decontrôle de qualité, entrepôts frigorifiques, etc.),les services à l’entreprise (financement, transport,gestion des déchets, sécurité/gardiennage, re-cherche, technologies et techniques résilientes etperformantes, formation, conseils et accompagne-ment, etc.), et enfin les services au personnel desentreprises (école, garde d'enfants, pressing, hôpi-taux, etc.). Le cluster ou agropole contribue à

l’intégration de tous les maillons des filières ci-blées, de l’aval à l’amont, ainsi qu’à la mise enplace d’une offre complète pour accueillir les in-vestisseurs et les entreprises agricoles. »

Ces efforts du gouvernement togolais partent de l'observation du président FaureEssozimna Gnassingbé, qui indiquait déjà en2010 : « Nous ne pouvons pas relancer l'économietogolaise si nous ne relançons pas l'agriculture to-golaise ». Car selon les analyses unanimes desexperts, l’agriculture est le moteur du déve-loppement économique et social du Togo auregard du nombre d’emplois qu’elle génère(environ 54 % de la population active) et desa contribution importante a ̀ la formation duPIB (environ 40 %).

François Bambou

En mettant en place un programme volontariste de stimulation de l’activité agricole, le Togo s’estdonné les moyens de couvrir ses besoins alimentaires et de devenir exportateur net de denréesagricoles.

L’agriculture est le moteur du développement économique et social du Togo au regard du nombre d’emplois qu’elle génère(environ 54 % de la population active) et de sa contribution importante à la formation du PIB (environ 40 %).

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« L’ANNÉE 2017 ESTUNE ANNÉE CHARNIÈRE »

Interview/Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique

Marchés Africains : Vous êtes en charge de l’agriculture et de l'élevage ausein du gouvernement. Quelle est la situation du Togo du point de vuealimentaire ? Votre pays est-il auto-suffisant, et vous permet-il de couvrirentièrement les besoins de consommation de tous les citoyens ?Ouro-Koura Agadazi : Le Togo est aujourd’hui plus qu’auto-suffisant.En effet, en termes de couverture des besoins alimentaires, si, de 2005 à2008, notre pays a connu des déficits alimentaires variant entre 3 % et13 %, il enregistre régulièrement depuis 2009 des excédents alimen-taires variant entre 13 et 21 % suite à la mise en œuvre de la Stratégie derelance de la production agricole (SRPA) et du Programme nationald’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA). De cefait, le Togo est devenu exportateur net de denrées agricoles, ce qui afortement contribué à réduire le déséquilibre de sa balance commer-ciale et à améliorer le revenu des acteurs de la filière. Cette année en-core, alors que les activités agricoles ne sont pas encore clôturées, le bi-lan vivrier s’annonce impressionnant, avec des excédents de l’ordre de90 159 tonnes pour les céréales, 617 902 tonnes pour les tubercules et143 106 tonnes pour les légumineuses.Sur le plan nutritionnel, nous avons connu une réduction de la préva-lence de la sous-alimentation, passée de 32,8 % sur la période 1990-92à 16,5 % en 2012, puis à 11,4 % en 2014, soit une diminution de prèsde 20 points. Ces efforts louables ont d’ailleurs été reconnus par lacommunauté internationale qui a décerné successivement deux distinc-tions au Togo en 2013 et 2015 par l’entremise de la FAO.

En mission de prospection au Togo dans le secteur de la maîtrise de l’eau,

deux experts égyptiens ont sillonné le territoire du 1er au 13 mai dernier.Cette expertise est le fruit des bonnes relations de coopération entre lesdeux pays, mais qu'en attendez-vous concrètement ? Va-t-elle permettreaux Togolais de mieux maîtriser l’énergie hydraulique ?L’Egypte est historiquement un grand pays d’irrigation, avec sa traditiond’aménagement du Nil. C’est pour partager cette technicité construitesur des générations, et suite à la rencontre au sommet entre le chef del’État et son homologue égyptien, qu’une mission de spécialistes enaménagement hydro-agricole a été dépêchée dans notre pays. Cettemission avait pour but d'évaluer le niveau de maîtrise de l’eau dans no-tre pays afin de développer dans ce domaine des échanges d’expérienceentre l'Égypte et le Togo. Cette mission a sillonné tout le pays pour visi-ter les périmètres fonctionnels et identifier d'autres potentialités enaménagement au Togo. À l'issue de cette visite, des recommandationsont été faites pour améliorer l'existant, mais aussi et surtout pourconclure des partenariats afin de développer des fermes pilotes où lestechniques les plus éprouvées et les plus adaptées à nos conditions seront démontrées et enseignées. C’est dans ce cadre qu’est prévue laconstruction d’une ferme modèle égypto-togolaise à Abatchang, dans lapréfecture de Tchaoudjo, dont les études sont actuellement en cours.

À Sokodé, à 420 km au nord de Lomé, l’entreprise Alafia, qui a reçu enfévrier dernier la visite de l’ambassadeur américain, est un symbole carelle parvient à exporter vers le marché américain ses produits agro-indus-triels. Au sein de votre département, quelles actions visent à faciliter lacréation d’entreprises comme Alafia ?

SECTEURS

Autosuffisance, relance de la filière café-cacao, programme de maîtrise de l’eau... le colonelOuro-Koura Agadazi, ministre en charge de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique, nous éclaire sur la situation des secteurs relevant de sa compétence.

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Le bilan vivrier 2016 s’annonce impressionnant, avec des excédents de l’ordre de 90 159 tonnes

pour les céréales, 617 902 tonnes pour les tuberculeset 143 106 tonnes pour les légumineuses.

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Nous croyons sérieusement que la promotion des agro-industries et desunités de transformation des produits agricoles pour l’exportation est ledéterminant-clé d’une croissance agricole soutenue et durable, dans lamesure où c’est la demande qui tire la production. C’est dans ce cadreque le gouvernement togolais, sous l’impulsion du chef de l’État, a misen place des conditions favorables à l’éclosion d’un climat des affairespropice aux investissements privés. Ainsi, l’entreprise américaine Alafias’est positionnée pour exploiter les opportunités disponibles aux côtésd’autres comme Kalyan dans l'industrie de l’huile de palme et de la pro-duction avicole, Cajou Espoir dans la transformation de l’anacarde, lesESOP pour la transformation des céréales et des légumineuses, LogouConcept robotique pour la transformation de l’igname en pâte d’ignameet foufou ainsi que pour la fabrication de tracteurs. À cela s’ajoutent lesinitiatives des promoteurs locaux de projets innovants qui ont bénéficiédes instruments financiers mis en place par le gouvernement pour générer de nouvelles technologies dans le secteur en vue d’induire uneforte croissance agricole. La vision du chef de l’État pour le secteur nousconduit à aller plus loin. Ainsi, dans la nouvelle note de politique agri-cole et son plan opérationnel, c’est une série de mesures visant à soute-nir les acteurs du secteur, quelles que soient la taille et la chaîne de valeur des entreprises, qui sont déclinées et qui viendront s’incarnerdans des projets comme le Projet national de promotion de l’entrepre-nariat rural (PNPER) et le Programme de développement des agropolesau Togo (PRODAT).

Où en êtes-vous avec la relance de la filière café-cacao togolaise ?La relance des filières café-cacao est en bonne progression, avec un re-gain d’intérêt des producteurs. Cette progression se traduit sur les troisdernières années par la fourniture aux producteurs de matériel végétal àprix subventionné : 1 655 954 boutures racinées de caféiers distribuéesà 2 412 producteurs, 182 119 cabosses de cacao distribuées à 5 057 pro-ducteurs, la réhabilitation de 4 centres de production de matériel végé-tal désormais opérationnels, et enfin la fourniture d’engrais spécifiqueNPK 20-10-10 aux producteurs.

D’après des experts, la filière porcine fait face à des « contraintes sani-taires ». Comment les équipes de votre ministère s’emploient-elles à ré-duire les risques sanitaires ?Les contraintes sanitaires de la filière porcine sont relatives aux fré-quentes épizooties de la peste porcine africaine (PPA). Pour réduire lesrisques de propagation du virus responsable de cette maladie, le Togoprocède au recensement des foyers, à l’abattage et à la destruction desporcs dans les zones confirmées infectées par le virus de la PPA, à la dés-infection des milieux contaminés, à l’indemnisation des éleveurs victimes, et enfin à l’observance de toutes les mesures sanitaires. En période de crise, on procède à l’interdiction de la divagation et de la circulation des porcs et des produits porcins. Par ailleurs, la population,et particulièrement les éleveurs, sont appelés à davantage de vigilance etau respect scrupuleux des mesures élémentaires d’hygiène, conformé-ment à la loi de la police sanitaire en vigueur au Togo.

En 2017, quelles seront les priorités de votre ministère et comment se déclinent les actions inscrites sur votre feuille de route ?L’année 2017 est une année charnière, entre la fin du PNIASA et le début de la mise en œuvre de la nouvelle note de politique agricole2016-2030. Cette nouvelle note est en train d’être opérationnalisée dansun plan d’investissement de deuxième génération dont la durée est pluslongue, avec le passage d’une planification quinquennale à une surdix ans. Sur la base de l’expertise aujourd’hui construite et des leçons

apprises, il s’agit de viser des actions plus structurantes telles que laconstitution des agropoles et des corridors, la création d’un environne-ment favorable à l’émergence de nouveaux acteurs, notamment du sec-teur privé, pour porter pleinement les activités agricoles tout en prenanten compte les préoccupations des paysans vulnérables par l’amplifica-tion de la création de zones d’aménagement agricoles planifiées(ZAAP) dédiées à cette couche sociale. Ce nouveau plan, qui traduitpour le secteur agricole la vision du chef de l’État, est une réelle oppor-tunité pour notre économie et notre nation toute entière. Dans cetteperspective, 2017 verra être posées les bases de sa mise en œuvre, notamment le renforcement du cadre réglementaire, la réadaptation ducadre institutionnel et la mobilisation des ressources.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 81

Le Colonel Ouro-Koura Agadazi, 57 ans, est depuis 2012 en chargedu ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique. Aprèsl'obtention en 1984 d'un DEUG en math-physique à l’université duBénin, actuelle université de Lomé, il part en France suivre le coursspécial de l’École navale de Brest, décrochant en 1986 son diplômed’officier navigateur ainsi qu'un brevet de parachutisme de l’école dePau. Il intègre alors la Marine nationale de son pays jusqu'en 1997,d'abord comme officier de sécurité de port puis comme commandantpatrouilleur. En 1992, il retourne en France à l’École des fusiliersmarins commandos de Lorient pour passer un diplôme d’officier fusi-lier. En 1993, il obtient le brevet de parachutisme du centre nationald’entraînement commando de Kara, au Togo. Pour exceller dans sondomaine, il multiplie les stages : en 2001, un stage d'observateur àl’École de maintien de la paix de Zambakro en Côte d’ivoire, en 2007,un stage de planification au centre Koffi Anan à Accra au Ghana et en2009, un stage de désarmement, de démobilisation et de réinsertionà Bamako au Mali.En 1997, Ouro-Koura Agadazi est nommé directeur général de l’Ob-servatoire de la sécurité alimentaire du Togo (OSAT), devenul'Agence nationale de la sécurité alimentaire du Togo (ANSAT) à lasuite des réformes de 2008. D’octobre à novembre 2007, il estnommé directeur général de la Police nationale. Signalons aussi qu’ila été élevé au rang de chevalier de l’ordre du Mono en 2002, d’offi-cier national de l’ordre du Mérite en 2005, d’officier national duMérite agricole en 2011 et de commandeur de l’ordre national duMérite en 2014.

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SERVICES

Télécoms et NTIC

LE TOGO S’EMPLOIE À DÉMOCRATISER INTERNET

Au Togo, le président de la Répu-blique Faure Essozimna Gnassingbéa confié depuis 2010 le secteur destélécoms et des nouvelles technolo-

gies de l'information et de la communication(NTIC) de son pays à Cina Lawson, devenueministre des Postes et de l’Économie numé-rique (lire son interview p. 84-85). Loin d’êtreune novice, cette surdouée a une réputation de« supercrack » dans le domaine pour avoir déjàtravaillé en tant que consultante et experte destélécoms à la Banque mondiale à Washington,puis chez le leader mondial des télécommuni-cations Orange à New York. Donc, quand elleexprime sa volonté de faire appel au numé-rique dans divers domaines, elle retient l'atten-tion. « La révolution numérique touche tous lesdomaines et offre de nouveaux leviers de dévelop-pement à l’agriculture, à l’éducation, à l'adminis-tration territoriale, etc. Pour assurer le développe-ment de notre économie émergente, nous devonsmoderniser les secteurs d’activité et mettre en placeun environnement favorable afin d'encouragerl’entrepreneuriat. L’objectif est de renforcer l’attrac-tivité de notre pays et d’améliorer le cadre de vie denotre population », explique-t-elle.

Togo Cellulaire a 53,2 % de part de marché, Atlantique Telecom Togo 46,8 %

Elle sait évidemment que le marché de la té-léphonie mobile du Togo, à l’instar de ceux dela plupart des pays de la sous-région, est enplein boom. La croissance annuelle est de prèsde 17 % depuis 2011 et le taux de pénétration

de plus de 70 %. Selon les chiffres publiés parles services de son ministère de l’Économienumérique, 5 028 8264 habitants possèdentaujourd’hui un téléphone mobile, sur une po-pulation d’environ 7 millions de personnes.C’est dire que le marché de la téléphonie mo-bile est en plein essor au Togo. « Au troisièmetrimestre 2016, on note une progression de 3,4 %correspondant à une augmentation nette de168 428 abonnés. Togo Cellulaire représente53,2 % de part de marché et Atlantique TelecomTogo 46,8 % », explique Abayeh Boyodi, direc-teur général de l’Autorité de réglementationdes secteurs des postes et des télécommunica-tions (ART&P, lire son interview p. 86-87). Enrevanche, le secteur de la téléphonie fixe est endéclin (voir tableau).

On est bien conscient au Togo de ce quel’atteinte des objectifs fixés par le gouverne-ment togolais en matière d’économie numé-rique passe sans doute par la vulgarisation del’utilisation des TIC et par l’accroissement dela concurrence afin d’attirer les investisse-ments. Pour les autorités du pays, les TIC fontpartie des nouveaux axes prioritaires en faveurdu développement. Au niveau juridique, afinde se conformer au droit communautairesouscrit auprès des zones de la Communautééconomique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) et de l’Union économique et mo-nétaire ouest-africaine (UEMOA), le projet deloi sur les communications électroniques a étéabrogé et remplacé par la loi du 11 février1998 sur les télécommunications. Ce projetvise à créer un cadre juridique régissant le sec-

teur des télécommunications et des TIC.

Un marché du mobile calé sur deux opérateurs

Les chantiers de modernisation du secteurdes télécommunications togolais ont été enta-més à partir de 1996 avec la déclaration de po-litique sectorielle qui retrace les grands axes deleur développement, et surtout avec l’intro-duction d’un régulateur indépendant qui est,pour l’instant, ART&P. Durant la même période a été opérée la scission de l’OPTT endeux sociétés d’État : la Société des télécom-munications du Togo (Togo Telecom) et la Société des postes du Togo (SPT). Mais c'estvéritablement en 1998 que le secteur des TIC aconnu ses premiers bouleversements avec lapromulgation de la loi sur les télécommunica-tions consacrant la création de l’organe de ré-gulation et l’ouverture du secteur à la concur-rence. À l’époque, s’il existait un monopole defait sur les communications filaires, il en étaitautrement pour le secteur du mobile où TogoTelecom était timidement concurrencé par Telecel, devenu Moov. La situation n’a guèrechangé mais, au regard de la « dynamique decroissance, il y encore de la place pour un troisièmeopérateur », relève le directeur général d’ART&P.

En matière d’Internet, une des actions inno-vantes du ministère de l’Économie numériqueest d’avoir déployé avec le concours de TogoTelecom des accès WiFi publics d’une capacitéde 100 Mbit/s dans sept villes à l’intérieur dupays. « À terme, notre objectif est d’assurer un ac-cès Internet haut débit à chaque Togolais à moinsde 5 km », affirme la ministre Cina Lawson.Autre nouveauté pour les PME, la baisse de49 000 FCFA à 10 000 FCFA TTC du coût d’ac-quisition du nom de domaine « .tg ». « C’estun préalable à une vulgarisation des développe-ments et des usages des services en ligne, supportincontournable de l’économie numérique », ex-plique le directeur général d’ART&P.

Catherine Demy

Le secteur de la téléphonie mobile explose alors que celui de la téléphonie fixe décline. Par ailleurs,pour vulgariser le nom de domaine « tg. », la baisse de son coût d'acquisition de 49 000 FCFA à 10 000 FCFA TTC devrait être attractive pour les PME qui misent sur l’économie numérique.

Le nombre de lignes fixes continue globalement de chuterAnnées 2015 T4 2016 T1 2016 T2 2016 T3

Abonnés analogiques 48 212 34 220 29 603 29 970

Abonnés au RNIS AB 748 748 748 748

Abonnés au RNIS AP 57 57 57 57

Abonnés Tawa 1 272 1 142 1 031 1 025

Abonnés au CDMA 197 885 181 988 174 314 166 820

Total Togo Telecom 250 573 220 556 208 154 201 021Source : données Togo Telecom

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« ASSURERÀ CHAQUE TOGOLAISUN ACCÈS ÀINTERNET HAUTDÉBIT À MOINSDE 5 KM »

Interview/Ministère des Postes et de l’Économie numérique

Marchés Africains : Vous vous associez avec le ministère de l’Agricul-ture pour le lancement de l’application AgriPME à destination de prèsde 100 000 agriculteurs : quels sont les atouts de ce dispositif innovant ?Cina Lawson : Le mobile n’est plus uniquement un moyen de com-munication traditionnel. Il est maintenant largement utilisé pour desservices complémentaires comme l’inclusion financière par la créa-tion de porte-monnaie électroniques. Pour le Togo, le secteur agri-cole est très porteur : près des 2/3 de la population sont agriculteurs.AgriPME utilise la téléphonie mobile pour moderniser le secteur etaider les agriculteurs. Ce projet consiste en l’identification des agri-culteurs vulnérables afin de leur distribuer des subventions par paie-ment mobile. Pour chaque agriculteur concerné, un porte-monnaieélectronique rattaché à sa carte SIM est créé. C’est sur ce porte-mon-naie électronique qu’il reçoit sa subvention pour l’achat d’engrais au-près d’un distributeur agréé. Les atouts de ce système sont multiples :nous nous assurons de la traçabilité du versement et de l’utilisation

des subventions agricoles en réduisant le nombre d’intermédiaires.Nous pouvons ainsi déterminer la demande de chaque localité enengrais, ce qui est un avantage considérable pour le secteur privé. Leversement des subventions est désormais rapide, ciblé, et sécurisé.Nous sommes le premier pays francophone à octroyer les subven-tions étatiques par paiement mobile.

Quel accueil a été réservé à ces produits numériques sur le terrain ?Initialement, les avis étaient relativement mitigés. Beaucoup appré-hendaient le mécanisme de versement par mobile, doutaient de safaisabilité et du succès auprès des bénéficiaires. Des formations ontdonc été organisées pour aider les acteurs de la chaîne à prendre enmain le dispositif. Les agriculteurs ont très vite été conquis par la fia-bilité et surtout la rapidité du versement de la subvention. En effet,avant AgriPME, l’État subventionnait de manière générale toutes lesquantités d’engrais vendues sur le marché. Ce même produit étantdonc plus cher dans les pays limitrophes, une spéculation s’organi-sait très rapidement. Ce dispositif nous assure une certaine rapiditéet traçabilité du paiement de la subvention.

Le déploiement de hotspots WiFi publics dans plusieurs localités se dotantainsi d’infrastructures télécoms va-t-il permettre au Togo de combattreefficacement l’exclusion numérique et de contribuer à faire émerger

SERVICES

Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Économienumérique, a la volonté de démocratiser l’usaged’Internet dans son pays, avec le déploiement dehotspots WiFi publics dans plusieurs localités. Elletravaille aussi à faire de la Société des Postes duTogo une entreprise moderne et innovante.

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Cina Lawson, ministre des Postes et del’Économie numérique.

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l’économie du secteur numérique au Togo ?Nous avons demandé à l’opérateur historique de déployer des accèsWiFi publics d’une capacité de 100 Mbit/s dans sept localités à l’inté-rieur du pays. Désormais, il est possible, pour 200 francs CFA, de bénéficier d’une heure de connexion Internet haut débit. Et cette démocratisation d’Internet n’est qu’un début. À terme, notre objectifest d’assurer à chaque Togolais un accès àInternet haut débit à moins de 5 km pourpermettre aux populations de bénéficierd’une multitude de données et de services.Internet n’est rien d’autre qu’une biblio-thèque digitale : qu’il s’agisse des domainesde la santé, de l’éducation ou bien encorede l’administration, nous pouvons y trouver une source inépuisabled’information et d’enrichissement. L’accès à cette base d’informationpar le déploiement de hotspots WiFi publics constitue assurémentun moyen de lutter contre l’exclusion numérique. Nous comptonsainsi réussir à faire des TIC un bien de consommation de masse enréduisant significativement la fracture numérique.

Les services de la poste au Togo sont-ils accessibles partout et en touttemps ? Quelles actions allez-vous engager pour renforcer la moderni-sation des services postaux ?À l’heure actuelle, le réseau postal au Togo est constitué de près de135 points de présence répartis sur l’ensemble du territoire national.Pour élargir la couverture du réseau postal, nous avons récemmentlancé 2 postes mobiles en expérimentation dans certaines régionspour desservir une vingtaine de localités enclavées. La Société desPostes du Togo a affiché de bons résultats cette année, et nous enten-dons renforcer et moderniser son activité. Afin d’assurer une actionde qualité de la part de l’opérateur postal, l’ensemble des bureaux deposte a été équipé d’une connexion Internet. Le secteur postaln’échappe pas non plus à la modernisation par l’outil numérique, etil s’est récemment doté d’une application de suivi des envois effec-tués par les particuliers et les entreprises. Les services postaux contri-buent au désenclavement des localités reculées et constituent à cer-tains endroits les seuls points de relai des différentes prestationsadministratives offertes aux citoyens. Il nous faut donc travaillerpour faire de la Société des Postes du Togo une entreprise moderne,innovante.

Comment le numérique peut-il être un levier de croissance ?Nous travaillons déjà en étroite collaboration avec les ministères encharge des secteurs de l’Éducation, de l’Agriculture et de l’Administra-tion territoriale pour déployer des outils adaptés et développer lessecteurs. À titre d’exemple, le projet e-Village a permis d’équiper les4 400 chefs de village et chefs de canton d’un téléphone portable,

d’une carte Sim et d’un crédit téléphonique mensuel. Cet ensembleest complété par une plate-forme innovante de recueil permanent,d’analyse et de traitement d’informations transmises par les chefs devillages. Ainsi, nous avons pu recenser tous les villages existants auTogo, les géo-localiser, identifier les chefs de village et disposer d’in-formations très précises sur la disponibilité des services de base dansces localités souvent isolées : eau, électricité, téléphones, etc. L’objec-tif de ce projet est notamment de recueillir les préoccupations et lesbesoins des chefs de villages par des sondages.

La 4G au Togo, est-ce pour bientôt ?Nous l’espérons et nous nous y attelons ! En effet, au mois d’août, nousavons eu l’autorisation du gouvernement pour commencer à mener lesnégociations en vue de l’attribution de licences 4G aux opérateurs de téléphonie mobile. Pour le moment, nous sommes en pleine rédactiondu cahier des charges. Une fois qu’il sera achevé, nous entamerons lesnégociations et procéderons à l’attribution des licences 4G. L’objectif estd’offrir une bonne qualité de service pour assurer au consommateurune pleine utilisation de son téléphone mobile. Le mobile est devenuun outil au centre des intérêts socio-économiques et nous souhaitonsdévelopper le paiement mobile pour renforcer l’inclusion financière.

Pour 2017, quelles sont les priorités inscrites sur votre feuille de route ? Je souhaite avant tout promouvoir le numérique dans le secteur del’éducation. C’est pourquoi, avec mes collègues chargés de l’éduca-tion, nous avons lancé le projet d’environnement numérique de tra-vail (ENT) dans les lycées et collèges au Togo. Ce projet vise à géné-raliser l’utilisation des TIC dans tous les établissements scolairespour une adaptation de la formation aux besoins économiques et sociaux du pays. Cela consiste à mettre en place dans chacun de cesétablissements un réseau informatique connecté à Internet, des équi-pements informatiques en nombre suffisant et une plate-forme quioffre des services numériques à l’ensemble de la communauté éduca-tive : personnel d’encadrement, enseignants, élèves, inspecteurs…Des formations pour accompagner ces acteurs à l’utilisation de cesoutils dans leurs pratiques quotidiennes sont également organisées.À terme, ces établissements seront mis en réseau avec le ministère del’Éducation à travers une plate-forme d’échange et de collaborationau niveau national. Dans la première phase de ce projet, la prioritéest mise sur les établissements techniques et les lycées scientifiques.Pour 2017, nous avons pour objectif de couvrir tous les établisse-ments d’enseignement technique et les lycées scientifiques au Togo,ce qui représente près de 12 500 élèves et 1 240 enseignants et per-sonnel administratif. Par la suite, nous étendrons le projet à l’ensem-ble des établissements d’enseignement général.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 85

« Nous comptons réussir à faire des TIC un bien de consommationde masse en réduisant significativement la fracture numérique. »

Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) et dela Kennedy School of Government de Harvard, Cina Lawson ad’abord travaillé en tant que consultante et experte des télécoms àla Banque mondiale à Washington, aux États-Unis, puis chez le lea-der mondial des télécommunications Orange à New-York.En mai 2010, elle est nommée ministre des Postes et des Télécommu-nications au Togo. Elle souhaite ainsi « mettre en œuvre son expertisedes télécommunications dans les pays émergents au service du déve-loppement des grands projets numériques de son pays ». Proche deses concitoyens, elle tient un blog qu’elle alimente afin de rendrecompte des projets et de l’ambition du ministère : bâtir un Togo tou-jours plus connecté. En mars 2012, elle a été désignée « Jeune lea-der mondial » par le Forum économique mondial, puis classée parmiles « 20 jeunes femmes les plus influentes en Afrique », selon lemagazine américain Forbes.

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« IL Y A DE LA PLACE POURUN TROISIÈME OPÉRATEUR DETÉLÉPHONIE MOBILE »

Interview/Autorité de réglementation des secteurs de Postes et de Télécommunications

Marchés Africains : Quelles sont les missionsdévolues à l’ART&P, ainsi que ses ressources etson budget ?Abayeh Boyodi : La régulation des secteursdes postes et des communications électro-niques est confiée depuis 2012 à l’Autoritéde régulation des communications électro-niques et de la Poste créée par la loi n° 2012-018 sur les communications électroniques(LCE) et modifiée par la loi n° 2013-003 du19 février 2013. L’ARCEP reprend les missions

de l’ART&P, et cette dernière a été chargéed’assumer les fonctions de l’ARCEP jusqu’àsa mise en place effective. Les missions dévo-lues à l’ARCEP sont précisées à l’article 65 nou-veau de la LCE, mais restent également dif-fuses dans toute la LCE. L’ARCEP est ainsichargée, entre autres, de mettre en œuvre etde suivre l’application de la loi dans desconditions objectives, transparentes, non

discriminatoires, en respectant les principesde proportionnalité et de neutralité techno-logique par décision écrite, motivée et pu-bliée, de définir les principes d’une tarifica-tion juste et raisonnable des services dusecteur des communications électroniques etd’encadrer, le cas échéant, les tarifs des opé-rateurs ou fournisseurs, notamment en ma-tière d’interconnexion et d’accès, de contrô-ler le respect des obligations des opérateurs,notamment celles inscrites dans leur cahierdes charges, de gérer et contrôler les res-sources rares, notamment les fréquences radioélectriques et les ressources en numéro-tation, et enfin de délivrer les autorisationspréalables aux exploitants des réseaux indé-pendants et de recevoir les déclarations pré-vues par la loi. L’Autorité de régulation as-sure la préparation et la mise à jour descahiers des charges fixant les droits et obliga-tions des exploitants des réseaux de commu-nications électroniques ouverts au public.

Elle détermine les spécifications techniqueset administratives d’agrément des équipe-ments terminaux, des installations radioé-lectriques et des laboratoires désignés pourles essais à effectuer, ainsi que les conditionsde raccordement aux points de terminaisondes réseaux ouverts au public,etc. Les res-sources de l’ARCEP proviennent essentielle-ment des redevances facturées pour les res-

sources rares (fréquences et numérotation)et les redevances au titre des activités de ré-gulation. Le budget 2016 s’élève à 5,7 mil-liards de FCFA.

Le marché de la téléphonie mobile est en pleinessor au Togo. Combien compte-t-il de clientset quelle est la part de marché des deux prin-cipaux opérateurs ? Le coût à la minute de lacommunication pour les mobiles au Togo est-il compétitif par rapport aux autres pays de lasous-région ?La dynamique de croissance se poursuit eneffet sur le marché de la téléphonie mobile,qui compte près de cinq millions d’abonnésau troisième trimestre de l’année 2016. Aupremier trimestre 2016, on dénombre34 773 nouveaux abonnés correspondant àune croissance de 0,75 %. Au second trimes-tre 2016, le nombre des abonnements a pro-gressé de 3,5 %, soit une croissance nette de168 304 nouveaux abonnés. Au troisième

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Abayeh Boyodi, directeur général intérimaire de l’Autorité de réglementation des secteurs dePostes et de Télécommunications (ART&P), constate une dynamique de croissance sur le marchéde la téléphonie mobile : au troisième trimestre de l’année 2016, il comptait près de cinq millionsd’abonnés, soit plus de 80 % de la population.

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« Les priorités pour l’année 2017 sont déclinées autour de six programmes, dont la protection des droits et intérêts desconsommateurs. »

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Abayeh Boyodi, directeur général intérimaire de l’Autorité de

réglementation des secteurs de Postes et de Télécommunications.

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trimestre 2016, on note une progression de3,4 % correspondant à une augmentationnette de 168 428 abonnés. Togo Cellulairereprésente 53,2 % de part de marché entermes de nombre d’abonnés, et AtlantiqueTelecom Togo 46,8 %. En ce qui concerne lestarifs, l’ART&P publie chaque semestre unrapport sur l’évolution des tarifs et une com-paraison avec les tarifs moyens pratiquésdans les pays de la zone UEMOA. Les résul-tats publiés sur son site pour le 31 décembre2015 (1) montrent que pour certaines offresles tarifs au Togo demeurent relativementélevés, mais la situation pourra s’amélioreravec les changements tarifaires intervenus en2016 (lire les tableaux ci-contre).

Y-a-t-il encore de la place sur ce marché pourun troisième opérateur ? Au vu de la dynamique de croissance sur lemarché du mobile, on est en droit de suppo-ser qu’il y a de la place pour un troisièmeopérateur si des investisseurs se manifestent.

L’ART&P est censée promouvoir le nom de do-maine « .tg ». Pouvez-vous nous en dire plus ? La loi sur les communications électroniquesdonne en effet la mission à l’ARCEP de gérerle nom de domaine « .tg ». Ainsi, l’ART&P adéjà obtenu la re-délégation depuis février2016 auprès des instances internationalesqui gèrent les noms de domaines et a pro-cédé à l’installation des équipements néces-saires, qui sont opérationnels depuis le 16 juin2016. Aujourd’hui, elle en est le gestionnaireà part entière et a concédé la gestion tech-nique à CAFE Informatique, un opérateurprivé.Au titre des nouveautés, on note une baissedrastique des tarifs, plafonnés à 10 000 FCFA

TTC, puisque l’ancien tarif était de 49 000 FCFATTC. S’y ajoute l’introduction de nouveauxacteurs, notamment les bureaux d’enregistre-ment chargés de la commercialisation desnoms des domaines en « .tg », qui sont tenusde mettre en place des interfaces Web afinque toutes les transactions relatives auxnoms de domaines en « .tg » se fassent enligne. Au niveau de la nouvelle plate-formede gestion du « .tg », une sécurisation a étéapportée tant au niveau des serveurs que desliaisons en renforçant la redondance et enintroduisant en plus des serveurs secon-daires installés dans d’autres pays et un sitede réplication déportée sur le territoire togo-lais. Le renforcement de la plate-forme du« .tg » et l’accessibilité accrue des noms de

domaines en « .tg » sont des préalables à unevulgarisation des développements et desusages de services en ligne, support incon-tournable de l’économie numérique.

Quels sont les grands chantiers de l’ART&P etquelles sont les priorités pour 2017 ? L’ART&P s’est déjà engagée sur certains chan-tiers, notamment l’achèvement de la construc-tion du bâtiment technique, l’acquisitiondes outils de contrôle de fréquences commela deuxième station mobile, l’acquisition desoutils de contrôle de qualité de service et laréalisation de mesures de qualité de servicepour l’ensemble des opérateurs, l’acquisitiondes outils de contrôle des tarifs, et la réalisa-tion d’un audit tarifaire qui a permis d’ap-prouver les catalogues d’interconnexion etd’accès, et enfin la mise en place du centred’appels des consommateurs.Les priorités pour l’année 2017 sont décli-nées autour de six programmes : le pilotageet le soutien, l’application et l’adaptation ducadre réglementaire, l’attribution des autori-sations et la gestion des opérateurs, le contrôledes réseaux et services ainsi que le contrôledes obligations des opérateurs, la planifica-tion, la gestion et le contrôle des ressourcesrares, et enfin la protection des droits et inté-rêts des consommateurs.

Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

(1) http://www.artp.tg/Download/ART&P/Tarif/TARIFS_EN_VI-GUEUR_ET_COMPARAISON_AVEC_LA_ZONE_UEMOA_au_31_decembre_2015.pdf

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 87

Abonnés mobiles 2015 T4 2016 T1 2016 T2 2016 T3

Abonnements Mobiles GSM 4 657 321 4 692 094 4 860 398 5 028 826

Croissance nette 83 106 34 773 168 304 168 428

Taux de croissance (%) 1,82 % 0,75 % 3,59 % 3,47 %

Sources : Données opérateurs mobiles

Abayeh Boyodi , 62 ans, père de cinq enfants, a vu sa carrière évoluer sur deux fronts : l’en-

seignement et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). De

1983 à 1989, il est enseignant chercheur à l’École nationale supérieure d’ingénieurs (ENSI) de

l’université de Lomé. De 1989 à 2001, il assume à l’ENSI les fonctions de directeur-adjoint

chargé des études. En 2001, il fait son entrée à l’ART&P, d’abord comme ingénieur télécom

jusqu’en 2003, puis comme directeur technique pour une durée de près de dix ans. Enfin, en

2012, il prend la tête de l’ART&P.

Au registre académique, il est détenteur d’un diplôme d’ingénieur en télécommunications

obtenu en 1981 ainsi que d’un DEA et d’un doctorat en électronique respectivement décro-

chés en 1984 et 1987. Signalons qu’en matière de publications, il est l’auteur de plusieurs

publications, dont, entre autres : Temperature Effects on 2 DEG III-V Photoconductive Detec-tors, Janvier 1991 ; reference AISTI-RAIST (Journal Africain de Science et Technologie série B

vol. 5 n°1) et une étude de la photodiode PIN-Guide pour les applications opto-hyperfré-

quences en ondes millimétriques présentée lors des 1res

Journées scientifiques internationales

de l’université de Lomé organisées en 2000.

BIOEXPRESS

Abonnés data mobile (GPRS/EDGE et 3G) 2015 T4 2016 T1 2016 T2 2016 T3

Total Abonnés Internet Mobile 836 676 1 168 604 1 637 508 1 511 529

Croissance nette - 331 928 468 904 -125 979

Taux de croissance - +39,67 % +40,13 % -7,69 %

Sources : Données trimestrielles Togo Cellulaire et Atlantique Telecom

Abonnés 3G2015 T4 2016 T1 2016 T2 2016 T3

Abonnés 3G 431 869 517 311 774 384 1 158 108

Croissance nette 54 444 85 442 257 073 383 724

Taux de croissance (%) +14,43 % +19,78 % +49,69 % +49,55 %

Sources : Données opérateurs mobiles

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« LA 4G EST DÉJÀÀ NOS PORTES »

Interview/TOGO CELLULAIRE

Marchés Africains : Pour le groupe TOGOTELECOM, 2016 est l’année de renaissancede l’opérateur historique que vous êtes et deconsolidation du leadership de TOGO CEL-LULAIRE sur le marché des télécommunica-tions au Togo. En termes de projets ou d’ac-tions, que comptez-vous faire pour accompagnerle développement de votre pays vers l’émer-gence fixée à 2030 ? Affoh Atcha-Dedji : Le groupe public decommunications électroniques composé deTOGO TELECOM et de TOGO CELLULAIREest conscient de sa responsabilité de vecteurde l’économie nationale et a décidé de l’assu-mer pleinement depuis sa création. Il s’agitpour le groupe de remplir son noble devoird’offrir à la population le meilleur des ser-vices de communications partout au Togo etaux meilleurs prix. En effet, depuis 2015,nous avons décidé, sous l’impulsion du mi-nistre des Postes et de l’Économie numé-rique, de mutualiser les ressources humaines,financières et d’infrastructures de nos deuxsociétés et de travailler en synergie en vued’obtenir de meilleurs résultats en matière dequalité de service. Ainsi, depuis le début del’année 2016, nous avons obtenu des résul-tats probants dans l’amélioration de nos ser-vices data. En effet, sur le segment du réseaufilaire, des travaux ont permis d’améliorer leservice data fixe, notamment l’ADSL, et d’of-frir davantage de capacités à tous les opéra-teurs économiques. Les baisses tarifairesopérées en fin d’année 2015 sur les offresdata fixe procèdent de cette nouvelle dyna-mique. Sur le segment mobile, nous avonslancé officiellement le WiFi public le 2 no-vembre dernier avec le déploiement desplaces WiFi public à Lomé et dans sept au-tres villes du pays : Aného, Tsévié, Atak-pamé, Sokodé, Kara, Dapaong et Kpalimé.Afin de traduire dans les faits cette volontéde faciliter la vie à tous nos concitoyens au

Togo, des actions de mise à niveau ont éga-lement été réalisées sur le réseau mobile deTOGOCEL, seul opérateur mobile à dispo-ser d’une couverture data nationale et dontle service 3G+ s’est amélioré considérable-ment ces derniers mois. La nouvelle offre3G améliorée, qui donne plus de volume deconsommations data aux populations, s’ins-crit dans cette nouvelle dynamique qui de-vrait aboutir au cours de 2017 au déploie-ment du réseau 4G. Sur un plan plus global,

le groupe ambitionne de permettre un accèsfacile et permanent aux TIC qui garantissentla modernisation de l’Administration, le dé-veloppement culturel, l’éducation, les re-cherches, la promotion des échanges com-merciaux, et qui suscite les innovations.C’est pourquoi, sous l’impulsion du minis-tre en charge des Postes et de l’Économie nu-mérique, le groupe travaille à la satisfactiondes pré requis à la révolution numérique duTogo : déploiement d’infrastructures mo-dernes, digitalisation de l’Administration, dé-veloppement de services innovants et de l’éco-système numérique au bénéfice des populations,etc. À titre d’exemple, le projet AgriPME per-met depuis la campagne agricole 2016 de ver-ser directement aux agriculteurs, sur le porte-monnaie électronique (TMONEY) de leurtéléphone mobile, le montant de la subven-tion octroyée par l’État pour l’achat d’engrais.Nous pouvons également ajouter notre contri-bution à la résorption du chômage par lacréation de plus de cinquante mille emplois

directs et indirects, et à long terme créer plu-sieurs centaines de milliers d’emplois dans lecircuit de commercialisation et de distribu-tion efficace de nos produits et services.

Pourquoi était-il nécessaire pour le groupe designer le 25 janvier 2016 avec l’Autorité de régulation des Postes et des Télécommunica-tions, en présence de votre ministre de tutelle,un nouveau cahier des charges pour la qualitéde vos réseaux 2G/3G+ ?

Cet accord avait pour but d’assurer une bonnecouverture technique, une augmentation duhaut débit et une extension du réseau mo-bile sur toute l’étendue du territoire togolais.Nous comptons effectivement, d’ici 2017,étendre le réseau 3G+ à plus de 50 % de lapopulation, avec une meilleure connectivitéet une bonne qualité des services data en hautdébit mobile. Sur le fixe, l’ambition du groupeest que 95 % des foyers togolais dans tout lepays, toutes les entreprises et leurs agences,toutes les écoles, les hôpitaux, les administra-tions soient à moins de 5 km d’un accès fixeà très haut débit et seulement quelques cen-taines de mètres dans les grandes villes, et ced’ici 2020. Le groupe TOGO TELECOM réi-tère par cet accord son ferme engagement àoffrir un service de qualité à sa clientèle afinde maintenir son leadership sur le marchéde la téléphonie mobile au Togo.

À quand la 4G au Togo ? Par ailleurs, voussentez-vous menacé, en termes de rentabilité,

SERVICES

Affoh Atcha-Dedji, directeur général de TOGO CELLULAIRE, ne craint pas l’arrivée hypothétiqued’un 3e opérateur sur le marché. Il rappelle que TOGOCEL, leader avec plus de 3 millionsd’abonnés, est certifiée ISO 9001 version 2015 et ISO 14001 version 2015, une première dans la sous-région.

88 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

« Depuis 2015, nous avons décidé, sous l’impulsion du ministre desPostes et de l’Économie numérique, de mutualiser les ressourcesde nos deux sociétés et de travailler en synergie en vue d’obtenirde meilleurs résultats en matière de qualité de service. »

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par le réseau Internet qui permet aux consom-mateurs de communiquer avec la voix via desapplications comme Skype, Viber ou What-sApp à des coûts inférieurs aux offres des opé-rateurs de téléphonie mobile traditionnelle ?La 4G est déjà à nos portes. Les négociationssont en cours avec l’ART&P pour la signa-ture du cahier des charges. Au contraire, lesréseaux que vous évoquez constituent uneopportunité pour nous. Nous comptons in-vestir dans le développement du réseau dedonnées pour permettre à la population dejouir pleinement de ces nouveaux outils de

communication dans un monde de plus enplus globalisé. Comme je l’ai déjà dit, le butdu groupe est de répondre au mieux aux be-soins de la population en lui offrant des ser-vices de qualité à moindre coût.

Peut-on avoir un aperçu du programme d’in-vestissements sur lequel est engagé le groupeTOGO TELECOM ? Une fois que le cahier des charges sera signé,nous pourrons évaluer les obligations qui endécouleront. Ceci permettra de mieux évaluerles coûts des investissements.

Selon nos informations, TOGO CELLULAIRE,la filiale mobile du groupe, est en position deleader et enregistre plus de 3 millions d’abon-nés, soit 85 % des clients abonnés au mobile,sur toute l’étendue du territoire. Prenez-vousau sérieux l’hypothèse souvent évoquée ici et làde l’arrivée potentielle d’un troisième opérateurde téléphonie mobile sur le marché togolais ? Nous somme leader du marché et nous n’avonspas peur de la concurrence. Au contraire, celanous motive à chercher en permanence à rele-ver les défis qui se présentent à nous. Le groupese réunit justement pour répondre à la nou-velle dynamique d’opérateur global nationaloffrant des services fixes et mobiles. Ceci nouspermettra d’être encore plus solides. TOGOCELLULAIRE est l’une des premières sociétésen Afrique de l’Ouest à être certifiées auxnormes ISO 9001 version 2015 et ISO 14001version 2015, ce qui démontre que nous pou-vons être en compétition avec d’autres multi-nationales. Sur 2015 par rapport à 2014, ducôté du mobile, nous avons connu une crois-sance importante. S’agissant de la téléphoniefixe, nous avons considérablement réduit noscharges.

Le groupe TOGO TELECOM tient à sa positionde société citoyenne. Comment s’investit-il dansle social, la santé, le sport et surtout la promo-tion de la culture, votre credo, par lequel vousexcellez ? Le groupe TOGO TELECOM, composé deTOGO TELECOM et TOGO CELLULAIRE,honore son rôle civique d’entreprise citoyenneà travers une réelle contribution au dévelop-pement socioculturel, sportif et éducatif dupays. Dans les différentes localités, régions,villes, villages et hameaux, nous aidons lesinitiatives de promotion sociale, y participonset les soutenons. Nous apportons nos sou-tiens et aides aux associations à caractère so-cial et culturel. Notre présence est très mar-quée dans les grands événements socioculturelsdes collectivités, régions et populations surtoute l’étendue du territoire : dons aux orphe-linats, tables, bancs et fournitures scolaires of-ferts aux écoles, etc. Des accords sont signésavec les écoles et universités afin d’octroyerdes bourses et subventions aux meilleurs étu-diants pour promouvoir l’excellence en mi-lieu scolaire. Des stages de fin de formationsont également octroyés aux divers deman-deurs. Des salles sont équipées d’ordinateurspour faciliter l’usage de l’outil informatique,et des soutiens sont apportés aux différentsévénements socioculturels et éducatifs desélèves et étudiants.

Propos recueillis par Catherine Demy

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 89

« TOGO CELLULAIRE est certifiée aux normes internationales demanagement qualité et environnementales ISO 9001 version 2015et ISO 14001 version 2015, une première dans la sous-région, ce qui démontre que nous pouvons être en compétition avecd’autres multinationales. »

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Affoh Atcha-Dedji, directeurgénéral de TOGO CELLULAIRE.

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LA PLACE BANCAIRE DE LOMÉRESTE ATTRACTIVE

Banques

Nos priorités se résument en trois axes.Le premier est de maintenir notre posi-tion actuelle. Nous sommes la première

banque par les agrégats, et notre souhait est de ledemeurer, et de le devenir sur des aspects sur lesquels nous ne le sommes plus forcément. Ledeuxième axe est de retrouver une rentabilité forteen 2017. Et le troisième axe, qui contribuera aurenforcement des deux autres, est de moderniser lagestion en interne tout en élaborant le maximumd’outils à cet effet », explique Cheick TidianeN’Diaye, directeur général d’Orabank Togo(lire son interview p. 94-95).

Bientôt l’ouverture d’une filiale d’UBAPrésente au Togo depuis près de dix ans,

Orabank y possède 38 agences, dont 21 dansla seule ville de Lomé, et maintient son lea-dership sur un marché certes restreint maisdynamique. D'ailleurs Orabank Togo, qui ap-partient à Oragroup, envisage de muscler dès2017 sa politique de proximité en renforçantnotamment sa présence à l’intérieur du pays.« Nous avons 21 agences à Lomé, mais notre ob-jectif est de nous étendre aux provinces, à l’inté-rieur du pays. Dans notre budget 2017, nous envi-sageons une couverture géographique plus large

du pays », révèle Cheik Tidiane N’Diaye. Unestratégie qui se comprend puisque OrabankTogo a le souci de consolider ses positions etde gagner en part de marché, car le nombrede banques est passé de sept il y a encorequelques années à treize aujourd’hui, et laconcurrence commence à devenir féroce.

Au cours du premier semestre 2015, deuxbanques étrangères ont débuté leurs activitésà Lomé : Coris Bank International et SociétéGénérale. La première, déjà présente au Bur-kina Faso, en Côte d’Ivoire et au Mali, apparaîtcomme le groupe financier le plus dynamiquede la zone UEMOA en termes d’augmentationde la taille de son réseau. La seconde, fortbien implantée depuis près de cent ans dansplusieurs pays d’Afrique, entame une offen-sive : elle a aussi ouvert une filiale au Congo-Brazzaville au moment où l'on aurait penséqu’elle adopterait plutôt une stratégie de re-trait.

D'ailleurs, il se pourrait que ce chiffre detreize banques augmente, puisque l'on at-tend l’arrivée d’une filiale du Nigérian Uni-ted Bank for Africa (UBA) déjà présent dans19 pays africains ainsi qu’à Londres et à New-York. Après la rencontre en novembre dernierdu chef de l’État togolais Faure Essozimna

Gnassingbé et du président du groupe ban-caire nigérian UBA Tony Elumelu, ce derniern’a pas caché, au sortir de cette entrevue, sonintention d’ouvrir prochainement à Loméune filiale UBA destinée au financement desPME.

Désengagement de l’État dans les banques publiques

Conformément à la loi n° 2010-012 du7 octobre 2010 et dans le cadre de sa poli-tique de libéralisation de l’économie, legouvernement manifeste la volonté de sedésengager des quatre banques relevant del’État : la Banque internationale pour l’Afriqueau Togo (BIA-Togo), la Banque togolaise dedéveloppement (BTD), la Banque togolaisepour le commerce et l’industrie (BTCI) etl’Union togolaise de banque (UTB). Surproposition de la Banque mondiale et duFMI, un programme de privatisation de cesquatre banques a été engagé. Mais à ce jour,seules les deux premières ont été cédées. Aucomité mis en place pour le processus, l’ondit attendre l’accord du gouvernement pourde nouvelles actions concernant les deuxautres. Au rang de celles qui ont trouvé pre-

SERVICES

92 Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo

«Les 13 banques du pays ont enregistré une hausse du CA de 14,7 % au premier semestre 2016.Cette progression s’explique par l’augmentation des ressources et des emplois. Après l’arrivée en2015 des filiales de Coris Bank et de la Société Générale, l’ouverture d’une filiale UBA est annoncée.

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neur figurent donc la BTD, reprise en 2012par Oragroup pour un montant d’environ20 milliards de FCFA sans aucune garantiede passif, et la BIA-Togo tombée dans le gi-ron du groupe marocain Attijariwafa Bankpour un montant de 15 milliards de FCFA,toujours sans garantie de passif pour l’ac-quéreur.

S’agissant de la BTCI, sa situation finan-cière plus préoccupante aurait semble-t-ildissuadé plusieurs repreneurs potentiels.Une situation qui aurait fait émerger l’idéede sa recapitalisation : impatientes de trou-ver des acquéreurs à ces deux banques, lesautorités togolaises auraient envisagé, selonle dernier rapport du FMI, de fusionner laBTCI avec l’UTB, plus en forme, après la re-capitalisation de la BTCI, opération destinéeà en obtenir un meilleur prix mais qui, tou-jours selon les services du FMI, serait beau-coup plus coûteuse. Aussi recommandent-ils« que soit mis en œuvre un plan de vente des ac-tifs et de transfert des passifs, qui est l’option derésolution la moins coûteuse, à environ 1 pourcent du PIB. La recapitalisation d’une banquelongtemps insolvable, qui continue d’avoir pourl’essentiel la même direction, n’est pas une solu-tion viable à long terme. » Une affaire à suivre,donc.

Hausse de 14,7 % du CA des banques malgré la baisse des fonds propres

Les banques se bousculent sur la place fi-nancière de Lomé, qui regroupe plus de80 % de la population bancarisée du pays,car les signaux sont au vert dans le secteurbancaire togolais avec la hausse de 14,7 %du chiffre d’affaire (CA) au premier semestrede l’année 2016, soit 256,5 milliards deFCFA. Cette progression du total bilan s’ex-plique par l’augmentation des ressources etdes emplois. La hausse des ressources est liéeà la progression des dépôts de 71,6 milliardsde FCFA et de diverses autres ressourcesconjuguée à la baisse des fonds propres nets.Il est toutefois à noter que la trésorerie desbanques s’est détériorée de 153 % à cause dela progression des emplois, qui ont connuune hausse de 211,7 milliards de FCFA, soitplus que celle des ressources, qui est de53,5 milliards de FCFA.

Pour la BCEAO, l’analyse de l’évolutiondes principaux indicateurs d’activité du sys-tème bancaire togolais au 30 juin 2016 com-parativement au 30 juin 2015 relève uneaugmentation des emplois de 14,5 %, doncplus importante que celle des ressources col-

lectées, qui n’est que de 3,9 %, induisantainsi une aggravation du déficit de trésorerie.En revanche, l’activité d’intermédiation s’estcaractérisée par une hausse des dépôts de5,9 % contre une légère baisse des crédits de0,8 %. La répartition sectorielle des créditsbancaires a connu une modification à finjuin 2016 par rapport à fin mars 2016 du faitde l’accroissement de la part de la branchede l'industrie manufacturée par rapport àcelle de la branche transport, entrepôts etcommunication.

Perspectives favorables pour le secteur bancaire togolais

Sur la base des données disponibles au31 juillet 2016, la BCEAO indique que la si-tuation des établissements de crédit du Togoest en légère amélioration, marquée par unehausse de 1,5 % du total bilan, de 3,9 % desdépôts et de 0,7 % des crédits par rapport àfin juin 2016. Le marché bancaire togolaiscontinue de s’accroître avec la poursuite del’extension du réseau et le démarrage pro-chain des activités du Bureau d’informationsur le crédit (BIC) au Togo. Les perspectivespour le secteur bancaire togolais s’annon-cent donc favorables avec l’adoption, lors duConseil des ministres de l’UEMOA des 24 et 25 juin 2016, d’un certain nombre de pro-jets de textes et documents tels que le nou-veau dispositif prudentiel et le cadre de su-pervision sur base consolidée, le référentiel

comptable des établissements de crédit del’UEMOA et la loi uniforme portant organi-sation du crédit-bail dans les États membresde l’UEMOA.

Autre spécificité du secteur bancaire togo-lais d’après les données du FMI et selon laBCEAO, le ratio dépôts/PIB du Togo, quis’élève à 38 %, est supérieur au ratio moyende l’UEMOA (25 %). Quels facteurs expli-quent que le Togo possède le taux de banca-risation le plus élevé de la sous-région alorsqu'il n'a que treize banques ? Sani Yaya, mi-nistre de l’Économie et des Finances, ap-porte des éléments de réponse en indiquantque son pays « est dans une dynamique d’in-clusion financière qui améliore le taux de banca-risation. Ce niveau traduit le dynamisme du sec-teur bancaire au Togo en termes d’élargissementdes parts de marché, non seulement en volumede dépôts et d'emplois, mais également en termesd’acquisition de clientèle. Le réseau bancaires’étoffe à Lomé et sur toute l’étendue du terri-toire, se rapprochant ainsi du plus grand nombre.Comme vous le savez, au-delà des chiffres ma-croéconomiques, les banques sont comme un ba-romètre donnant une idée de la confiance dansl’environnement, dans le potentiel et dans lesperspectives économiques d’un pays. La présencede treize banques au Togo reflète donc la confianceque les acteurs financiers placent en la politiqueéconomique du gouvernement et dans le climatdes affaires. »

Anne-Sophie Lallemant

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 93

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« NOUS ENVISAGEONSUNE COUVERTURE GÉOGRAPHIQUEPLUS LARGE DU PAYS »

Interview/Orabank Togo

Marchés Africains : Présente au Togo depuis2003, Orabank a pu s’imposer parmi les meil-leures banques togolaises par son positionne-ment. Elle est également le deuxième marché leplus rentable d’Oragroup en résultat net der-rière le Gabon. Comment analyser cette évolu-tion ?Cheikh Tidiane N’Diaye : Il y a deux choses àdire à propos de cette question. Au Togo, nousavons réalisé une croissance interne et externe.Ce sont ces deux éléments qui expliquent ledéveloppement de notre banque jusqu’au ni-veau que vous évoquez. Une croissance in-terne puisque, après le rachat des activités dela SNI puis, en 2009, du groupe FinancialBank, Orabank Togo s’est positionnée d’em-blée comme une banque essentiellement tour-née vers les entreprises, avec un service de qua-lité et une réactivité qui en a fait une desbanques préférées de ce type de clientèle. Maislorsque les opportunités se sont présentées,Orabank Togo n’a pas hésité. La première, en2013, s’est concrétisée en 2014 par le rachat del’ancienne Banque togolaise de développe-ment (BTD), une banque appartenant à l’Étattogolais. En 2015, nous avons absorbé les acti-vités de la BRS Togo. Donc aujourd’hui, onpeut effectivement dire qu’Orabank Togo estle résultat d’une croissance interne très forte àpartir de 2009, et d’une croissance externe àpartir de 2013. Effectivement, nous occuponsactuellement le premier rang dans le paysagebancaire togolais.

Comment Orabank Togo s’emploie-t-elle à sedémarquer dans un secteur où la concurrenceest devenue rude ? On a coutume de dire que les marchés ban-caires africains requièrent des banques généra-listes pour l’essentiel. Et le marché bancaire togolais ne fait pas exception, de par ce quej'appellerais sa faible profondeur. Je ne suis

pas certains qu’aujourd’hui, à une ou deux exceptions près, il y ait de la place pour lesbanques de niche. Ce n’est donc clairementpas notre positionnement. Nous sommes unebanque grand public. Je dirais surtout unebanque tous publics. Nous l’étions déjà un pe-tit peu avant le rachat de la Banque togolaise,et nous le sommes certainement d’autant plusdepuis 2014, la BTD ayant une clientèle trèsimportante. C’était la banque des fonction-naires par excellence, et elle avait poursuivison positionnement auprès de la clientèle pri-vée. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ontattiré Orabank vers le rachat de la BTD. À cejour, Orabank Togo est une banque tous pu-blics, numéro 1 sur la clientèle des particuliers,et je pense que nous avons une première placeauprès de la clientèle institutionnelle, et sansdoute aussi au niveau de la clientèle des entre-prises, même si la concurrence est agressive.

Avez-vous la volonté de renforcer votre politiquede proximité en ouvrant des agences dans lesprincipales villes du pays ?Outil de proximité, c’est vrai. Nous avons au-jourd’hui 38 agences. Nous poursuivrons cedéveloppement géographique, même si c’est àun rythme modéré. Nous avons 21 agences surLomé, mais notre objectif est de nous étendreaux provinces, à l’intérieur du pays. Dans no-tre budget 2017, nous envisageons une cou-verture géographique plus large du pays.

À l’instar de la filiale gabonaise, Orabank Togoa-t-elle développé la microfinance dans ses acti-vités ?Aujourd’hui, de par l’intégration des activitésde l’ex-BRS, nous avons ce segment de marchéqui était traditionnellement le cœur de ciblede l’ex-BRS. Nous avons la volonté de le déve-lopper, parce que nous accompagnons cer-tains projets gouvernementaux et espérons

être une banque partenaire des projets du gou-vernement. De toute façon, nous irons vers lefinancement du secteur de l’agriculture, avecdes associations de microfinance partenaires.C’est un segment de marché qui nous inté-resse malgré les risques qu’il recèle. Nous pen-sons aller plus en avant dans le financementde ce secteur aujourd’hui assez mal couvertpar les banques togolaises, même si ce n’estpas une particularité du Togo.

L’offensive commerciale menée par Orabank àl’occasion de la 12e Foire internationale deLomé en décembre 2015 autour du thème « Lefinancement des entreprises » s’est-elle revéléepayante, et allez-vous renouveler l'expérience ? Absolument ! J’étais à l’inauguration de l'édi-tion 2016 et comme à l'accoutumée nous yavions un stand où nous avons proposé desopérations de banque et présenté notre toutedernière innovation, le mPOS que nous sommesles premiers à lancer en Afrique de l'ouestfrancophone. Cette solution permet aux dé-tenteurs de carte bancaire de régler leurs achatssur un terminal mobile grâce à une applica-tion installée sur un téléphone portable. Unproduit qui peut intéresser les PME dans lamesure où ce sont des opérations peu coû-teuses. Cette foire est un rendez-vous annueltrès important et nous allons profiter de ce fo-rum pour mener l’offensive commerciale.Nous sommes la première banque en matièrede financement au Togo. Nous avons le projet,au plus tard début 2017, d’offrir des solutionsde crédit-bail qui n’existent pas au Togo.

Quels étaient les objectifs recherchés par l’émis-sion de billets de trésorerie d’Oragroup par appel public à l’épargne au sein de la zone UE-MOA le 1er septembre dernier pour un montantde 35 milliards de FCFA, soit 53,3 millionsd’euros ?

SERVICES

Première banque du pays, leader chez les particuliers et la clientèle institutionnelle, OrabankTogo souhaite conforter ses positions en renforçant sa politique de proximité sur l’ensemble dupays en 2017. Explications de son directeur général Cheikh Tidiane N’Diaye.

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Le groupe Orabank continue de se développerdans les pays d’implantation actuels. L’objec-tif, dans tous les pays d’implantation, estd’être dans le top 5 des banques. Aujourd’hui,le groupe Orabank ambitionne de se donnerdes moyens conséquents pour financer le dé-veloppement. La levée de fonds se déroule endeux phases. La première phase a été boucléeau-delà des attentes du groupe avec une sursouscription de 6 %. C'est donc un succès quien annonce d'autres, notamment pour la deuxièmephase de 15 milliards, prévue au 1er trimestre2017.

Quelle est la portée de la signature d'un proto-cole d'accord avec l'État togolais concernant leprojet de 1 000 logements sociaux de la CitéMokpokpo ?Le Togolais est quelqu’un qui a le souci d’avoirson propre habitat. Cela est bien. La volontédu gouvernement, en lançant ce projet, estd’accélérer le processus de construction, et sur-tout d'organiser le milieu en apportant une ré-ponse moderne de construction. La premièrebanque qui a répondu à cet appel du gouver-nement est Orabank. Nous avons, dès 2015,répondu favorablement, en acceptant de re-voir les conditions à la baisse pour les adapteraux possibilités des futurs acquéreurs.

Orabank Togo est en train de construire unnouveau siège. Était-ce nécessaire et avez-vousune idée de l’architecture ? De fait, il ne s’agit pas tout à fait d’un nouveausiège, à proprement parler. Ce qui est fait esten réalité une extension d’un des bâtiments, etnous allons en profiter pour moderniser l’en-semble. L’objectif majeur poursuivi par cetteextension est de regrouper les équipes de la di-rection commerciale et celle du recouvrementsur un seul site. C’est un investissement relati-vement peu élevé. Au total, 580 millions deFCFA.

En 2017, quelles seront vos priorités à la têted’Orabank Togo ?Les priorités se résument en trois axes. Le pre-mier est de maintenir notre position actuelle.Nous sommes la première banque par lesagrégats, et notre souhait est de le demeurer, etde le devenir sur des aspects sur lesquels nousne le sommes plus forcément. Le deuxièmeaxe est de retrouver une rentabilité forte. Letroisième axe, qui contribuera au renforce-ment des deux autres, est de moderniser lagestion en interne tout en élaborant le maxi-mum d’outils à cet effet.

Propos recueillis par Junior Robert Tatieta

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Il est le directeur général d’Orabank Togo, la banque qui, en treize ans, a pu s’imposer commel’une des meilleures au Togo. Cheikh Tidiane N’Diaye, de nationalité sénégalaise, a intégré legroupe Orabank en septembre 2015. Son arrivée à la tête d’Orabank Togo va marquer ungrand changement dans la structure bancaire qu’il dirige depuis le 1er janvier 2016.Dès sa prise de fonctions comme directeur général, il s’est chargé de redresser et de relancerla banque en consolidant ses positions de première du pays et du groupe Orabank. En effet,dès les premiers mois, après un état des lieux détaillé, il a rédigé une stratégie globale visantà repositionner la banque pour améliorer ses prestations, sa rentabilité, sa productivité et sonefficience. Cette stratégie a été payante, car C.T. N’Diaye est parvenu à faire d’Orabank Togoune banque de référence dans le pays de Faure Gnassingbé. Mais le succès du directeur général d’Orabank Togo n’est pas venu du néant : il découle natu-rellement de sa longue et riche expérience dans le domaine des banques. À la Banque inter-nationale de crédit de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), il a été admi-nistrateur délégué-président du comité de direction de 2013 à 2015. Il a également officiécomme directeur général à la Bank of Africa Bénin d’octobre 2006 à juin 2013 et comme direc-teur central à la Banque internationale du Burkina d’août 1998 à avril 2001. Orabank Togo estdonc promise à un bel avenir car pilotée par un manager bien au fait des questions bancaires.

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Ce lundi 25 avril dans la capitale togo-laise, le quartier Lomé II au 4691boulevard Gnassingbé Eyadema àcôté du siège de l’OTR accueille du

beau monde. En tête, le président Faure Esso-zimna Gnassingbé, venu personnellementinaugurer le nouveau siège de la Société degestion et d’intermédiation du Togo (SGI-Togo). SGI-Togo s’est donné pour mission detravailler à l’intermédiation entre les capacitésde financement et les besoins en vue du déve-loppement économique et de l’accroissementde la richesse des actionnaires des entreprises,des investisseurs particuliers et institutionnelsainsi que de toutes les autres parties prenantes.

Cette société de bourse créée le 4 décembre1996 et qui a obtenu l’agrément du Conseilrégional de l’épargne publique et des marchésfinanciers de l’UEMOA le 15 décembre 1997franchit ainsi un palier supérieur dans sa crois-sance depuis le démarrage effectif de ses activi-tés en 1998. De quoi réjouir l’ex-ministred’État en charge de l’Économie, des Financeset de la Planification du développement, Adji

Otèth Ayassor, qui a salué cette remarquableprogression d'une SGI-Togo devenue l'un desacteurs majeurs du succès de la Bourse régio-nale. Selon le ministre, SGI-Togo « joue un rôle-clé dans la relance de nos économies à travers desopérations de levées de fonds pour le compte desentreprises et des États, de placement en valeursmobilières, de courtage et gestion de portefeuilleainsi que d’ingénierie financière. Tout cela fait dela SGI-Togo l’une des institutions économiquesdont notre pays peut être fier et qui contribue demanière visible à sa croissance économique avoisi-nant les 6 %. »

Il faut dire qu’aujourd’hui, l’entreprise afière allure dans le secteur financier sous-ré-

gional, car adoubée par la totalité des institu-tions de contrôle. Cette société anonyme aucapital social de un milliard six cent quatre-vingt millions de FCFA se prévaut d'un bilanélogieux quant à ses prestations expertes surles activités financières dans la sous-région.Ainsi, selon les dirigeants de l’entreprise, laSGI-Togo a à son actif des emprunts obliga-taires structurés pour les différents secteursd’activité qui se chiffrent à plus de 545 mil-liards de FCFA, dont plus de 30 % pour lesÉtats. Le principal exemple de cette activitéintense sur les marchés est que plus de 165 mil-liards de francs ont été levés sur le marché financier de l’UEMOA par la SGI-Togo pourle compte des États de l’Union, dont 96,3 mil-liards de FCFA pour l’État togolais. Suivant lamême dynamique, de nombreuses sociétéstogolaises et régionales ont bénéficié dumême accompagnement, à l’instar de CIM-TOGO, GTAC2A-IARDT, CEB, Togo cellu-laire, Togo télécom, la BOAD, la BIDC, legroupe Orabank... Depuis le démarrage deses activités en 1998, la SGI-Togo a mérité la

confiance deplusieurs clientsparticuliers etinstitutionnels,qu’ils soient lo-caux, régionaux

ou internationaux. Aujourd’hui, la SGI-Togogère un actif d’environ 62 milliards de FCFA,avec plus de 4 000 comptes particuliers etinstitutionnels.

Une activité soutenue qui est orientée versune clientèle exigeante venue d’horizons di-vers, comme l’explique volontiers le directeurgénéral de l’entreprise Mensah K. Assigbi : « LaSGI-Togo compte de nombreux clients de par lemonde ; parmi ceux-ci, des grandes entreprises, desPME, des États, des investisseurs institutionnels etdes particuliers. Fournir des prestations offrant lemeilleur rapport qualité-prix en mettant à leur dis-position une gestion professionnelle pour un inves-tissement rentable tout en tenant compte de leurs

objectifs de placement nous vaut en retour leurconfiance et leur fidélité. La SGI-Togo n’a qu’unseul et unique objectif : valoriser le capital de sesclients. »

Pour parvenir à une efficience permanentedans ses prestations de services, l’améliorationcontinue des méthodes de travail figure aurang des priorités managériales, avec une stra-tégie de réussite basée sur les notions de ser-vice, de conseil et d’observance rigoureuse desprincipes déontologiques liés à la profession.« Pour répondre aux exigences de notre clientèle,qui varient en fonction des profils, nous dévelop-pons toute une gamme de services personnalisés, lasatisfaction et le maintien d’une relation confianteconstituant des priorités. Notre structure obéit àcette logique », précise le directeur général.

Autre atout majeur qui justifie son succès, laSGI-Togo s’appuie sur une équipe de profes-sionnels expérimentés dont les qualités sont ladiscrétion, l’expertise, la disponibilité et laréactivité, des vertus très appréciées par cetteclientèle exigeante sur la qualité des presta-tions. De fait, la structure est connue dans lasous-région pour son savoir-faire en place-ment de titres et analyses financières ainsi quepour ses conseils, généralement appréciés, à laclientèle entreprise. La SGI-Togo a égalementétabli des partenariats avec toutes les institu-tions de garanties de la sous–région de l’UE-MOA et certaines banques au Togo, au Bénin,au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Un ensembleinstitutionnel formé de compagnies d’assu-rances et d’institutions de microfinance faitaussi partie de ses réseaux de placement. Natu-rellement, SGI-Togo entretient des relations departenariat et de coopération avec les autresSGI de la sous-région. Autre preuve de la grandeconfiance que les milieux financiers placenten cette institution, la répartition de son capi-tal entre les établissements bancaires pour40,48 %, les compagnies et sociétés d’assu-rance à 25 % chacune, la CNSS à 7,14 % et les2,38 % restants détenus par la CCIT.

François Bambou

SGI-Togo

SGI-TOGO, CE PIONNIERQUI RESTE LEADERPremière société de bourse du pays après sa création en 1996, la Société de gestion et d’intermédiation du Togo (SGI-Togo) reste aujourd’hui encore l’acteur de référence sur son segment d’activité.

Marchés Africains – H.S. N°51 � Spécial Togo 97

La SGI-Togo a à son actif des emprunts obligatairesqui se chiffrent à plus de 545 milliards de FCFA.

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LES COMPAGNIES D’ASSURANCEADOPTENT UN CODEDE BONNE CONDUITE

Assurances

Le secteur des assurances connaît cer-tains problèmes », explique José KwassiSymenouh, président du Comité des

assureurs du Togo (CAT) et administrateurdirecteur général de la compagnie NSIA Togo,ajoutant que « la culture de l’assurance est quasiinexistante au Togo. La population n’a pas leréflexe de s’assurer ou n’en a pas les moyens. Defait, elle se trouve parfois dans l’illégalité : c’est lecas notamment pour les voitures ou les motos quin’ont aucune assurance. Sur ce plan, il appartientaux pouvoirs publics, notamment à la police, d’êtreplus rigoureux. Mais il faut aussi aider au dévelop-pement de ce secteur par des mesures fiscales inci-tatives en réduisant ou en supprimant certainestaxes sur les assurances. Pour vous donner un

exemple concret, la taxe sur les contrats incendieest de 25 %, alors qu’elle est moins importantedans d’autres pays. »

45 % de part de marché pour GTAC2A-VIE À l’instar du secteur bancaire, celui des assu-

rances, bien que dynamique, n’en demeure pasmoins étriqué. En 2015, il aurait généré, selonle ministère de l’Économie et des Finances, unchiffre d’affaires total de plus de 48 milliardsde FCFA. Un chiffre toutefois jugé « faible » parle président du CAT (1), qui rappelle que le tauxde pénétration de l’assurance au Togo n'est quede 0,72 %, avec une contribution de l’assu-rance au produit intérieur brut inférieure à

1 %. Ce retard du développement de l’assu-rance peut s’expliquer par plusieurs facteurs : leplus important est certes la modicité des reve-nus des populations induite par le sous-déve-loppement, mais il faut aussi mentionner lacrédibilité défaillante des compagnies d’assu-rance elles-mêmes... Sur un marché vie et non-vie de 48 milliards de FCFA en 2015, la branchevie représente 20 milliards, soit un peu plus de41 %. « GTAC2A-VIE détient 45 % de part dumarché vie (9 milliards) et environ 20 % du mar-ché global vie et non-vie. On assiste à un éveil deconscience de la population concernant la nécessitéde l’assurance. Ceci est le fruit de l’effort déployépar toutes les compagnies lors de campagnes de sen-sibilisation afin de booster le taux de pénétration de

SERVICES

Soucieuses de leur image, les compagnies d’assurance regroupées au sein du Comité des assureursdu Togo (CAT) ont adopté en 2015 un code de déontologie dont l’objectif est d’harmoniser et denormaliser les pratiques du secteur.

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l’assurance au Togo », fait remarquer Yao DatéClaude Gbikpi, directeur général de GTAC2A-VIE (lire son interview p. 100-101).

Pour conserver ses positions et renforcer sonleadership dans le secteur, certaines compa-gnies comme GTAC2A-VIE et GTAC2A-IARDTjouent la carte de l’innovation en misant parexemple sur la microfinance, ou encore encréant des produits attractifs. GTAC2A-VIE alancé notamment Crésus, qui cible non seule-ment de simples clients mais aussi des investis-seurs fortement intéressés par les fonds com-muns de placement (FCP), comme l’expliqueson directeur général Yao Daté Claude Gbikpi.« Bien que la portion de la prime (70 %) investiesur les FCP puisse être sujette à une fluctuationéventuelle, l’allocation stratégique du portefeuille,les règles de diversification et le mécanisme de suividu portefeuille par les professionnels des sociétés degestion des OPCVM (SGO) ou Asset Managementpermettent cependant de réduire fortement le risquede perte de capital que pourraient subir les clients.En plus de cette expertise reconnue, le contrat Cré-sus comporte un mécanisme de garantie plancherqui permet à l’assuré qui veut sortir après 6 ans derécupérer au moins le niveau de la prime réelle-ment investie sur les FCP si la tendance du marchéest baissière. »

Le produit Crésus pour accéder au marché financier

Il ajoute à l’endroit des clients que l’activitédes assurances et des sociétés de gestion desOPCVM reste hautement réglementée et sur-veillée par les autorités de contrôle que sontla CIMA et le CREPMF (Conseil régional del’épargne publique et des marchés financiers).Tout ce dispositif assure la sécurité de l’inves-tissement des épargnants. Mais une questionfondamentale demeure : quelles sont les pers-pectives de rentabilité des FCP ? « GTAC2A-VIE détient à elle toute seule 45 % de part dumarché vie. Souscrire au contrat Crésus permetaux assurés d’accéder au marché financier à tra-vers les FCP et de profiter de sa rentabilité qui,aujourd’hui, varie entre 6 et 14 %. Crésus estdonc plus performant que tous les autres produitsd’assurance-vie classiques commercialisés actuelle-ment sur le marché. »

Signalons en outre qu’on estime à plusd’un milliard la contribution fiscale du sec-teur des assurances à l’économie nationale.Ces chiffres, qui incluent les différentes branchesd’activité, depuis l’assurance-vie jusqu’à l’as-surance non-vie en passant par la réassu-rance, font apparaître un secteur en pleinecroissance malgré les difficultés et handicapsqu’évoquent les professionnels : manque de

culture de l’assurance, absence de réelles me-sures fiscales incitatives, sous-tarification, etc.Rappelons qu'il y a une douzaine de compa-gnies nationales et étrangères (2) opérant surun marché étroit et très concurrentiel où l'onassiste à une véritable guerre des prix. En ef-fet, le président du CAT indiquait en 2015que « les compagnies d’assurances se livrent à la

guerre des prix et ce, au mépris du respect des rè-gles techniques, avec comme conséquence unefaible solvabilité pour faire face à leurs engage-ments. Le nombre d’entreprises au Togo n’a pasvraiment augmenté depuis plusieurs années, alorsque dans le même temps on a assisté à l’arrivéede 3 ou 4 nouvelles compagnies d’assurance quiviennent s’ajouter aux opérateurs existants. Cha-cun tente donc de piquer le client chez le concur-rent. Il n’y a aucune valeur ajoutée. »

Le président du CAT regrette les difficultésqu'ont les compagnies à honorer leurs enga-gements envers les assurés bénéficiaires descontrats. Outre le fait qu'elles pullulent etfont beaucoup de tapage médiatique pour in-citer les citoyens à souscrire à leurs différentsservices, elles dépensent des millions par anpour le paiement des sinistres. Il n’est dès lorspas surprenant de voir la multiplication desplaintes et autres expressions de sentimentsd’insatisfaction des assurés victimes auprèsdes directions nationales des assurances. « Lespratiques dilatoires pour ne pas payer les sinistresou l’incapacité de certaines sociétés d’assurances àfaire face à leurs engagements à cause de leur in-solvabilité ont terni l’image de la profession. Danscertaines sociétés, le bon gérant de sinistres de-vient celui qui, par tous les moyens, arrive soit àretarder le paiement d’un sinistre, soit à ne pas lepayer. Nous sommes conscients du fait que les so-ciétés dépensent plus en frais de fonctionnementqu’en paiements de sinistres, mais cela ne justifiepas le non-paiement des sinistres à temps », dé-plore le président du CAT.

Redorer l’image des assureurs Ces pratiques expliquent la dernière initia-

tive en date des directeurs généraux des com-pagnies d’assurance ainsi que des cabinets etsociétés de courtage. Ils ont signé lors d'unerencontre au siège du CAT le 10 février 2015 àLomé un nouveau code de déontologie dontl’objectif est d’harmoniser et de normaliser les

pratiques du secteur. C’est un document de référence pour tous les acteurs intervenantdans le secteur des assurances au Togo. Struc-turé en sept titres, ce code contient une séried’obligations à la charge de l’assureur, dont lesplus importantes sont entre autres l’obligationdes membres à l’égard des assurés, l’obligationdes membres entre eux et l’obligation des

membres à l’égard des intermédiaires. Del’avis du président du CAT, l’objectif de cetterencontre était triple : faire découvrir le siègede son institution jadis confondu avec celuid’une compagnie d’assurance, faire découvrirofficiellement la nouvelle identité visuelle duCAT et enfin signer le code de déontologie.« Dans le souci d’innover, nous avons adopté unenouvelle identité visuelle, mieux, un nouveau logopour mettre fin à la confusion qui a toujours régnéavec d’autres compagnies d’assurances. Le nou-veau logo met en exergue les initiales : C pour comité, A pour assureurs et T pour Togo. Ces carac-tères sont imbriqués entre eux et en harmonie avecla carte du Togo. Ceci symbolise la cohésion entreles assurances du Togo, une cohésion renforcée parl’ovale lunaire de couleur bleue en bas. En cas demanquement de la part de certains membres, dessanctions seront appliquées : un avertissement, despénalités et enfin l’exclusion. » Au passage, leprésident du CAT précise que la mise en appli-cation du code de déontologie et son respectpar l’assureur ne peuvent que redorer l’imagedes assureurs traditionnels, toujours considé-rés à tort ou à raison comme des voleurs. « Lasignature de ce code de déontologie est un signalfort, car les choses ne se feront plus de manièrefantaisiste mais en respectant les règles de la profession, faute de quoi l’assureur qui ne se prête-rait pas au jeu sera sanctionné », a déclaré JoséKwassi Symenouh.

Anne-Sophie Lallemant(1) Le Comité des assureurs du Togo est l’association profession-nelle réunissant toutes les compagnies d’assurance du Togo. Ins-tance de concertation entre les assureurs, elle représente aussi laprofession auprès des pouvoirs publics pour la défense des posi-tions communes.(2) Beneficial Life Assurance, GTAC2A-VIE, Mafucecto, NSIAVie Togo, Sunu Assurances Vie, Allianz assurances Togo, Fide-lia Assurances, GTAC2A-IARDT, NSIA Assurances, Ogar Togo(ex-Fedas), Saham assurances (ex-Colina) et Sunu assurancesIARDT Togo. Aux côtés des compagnies d’assurances, 23 cour-tiers sont en activité au Togo, dont les plus importants sont GrasSavoye, SOCAR Togo ou encore Ascoma Togo. Enfin, mention-nons 24 experts techniques en assurance en activité.

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Sur un marché vie et non-vie de 48 milliards de FCFA en 2015, la branche vie représente 20 milliards, soit un peu plus de 41 %.

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« ON NE PEUT ENVISAGERL’AVENIR DE NOTRE MÉTIERSANS LA MICRO-ASSURANCE »

Interview/GTAC2A VIE & GTAC2A IARDT

Marchés Africains : En tant que dirigeant de-puis une quinzaine d’années de la compagnied’assurances GTAC2A-VIE, leader du marchétogolais sur cette branche, pouvez-vous nousla présenter ? Yao Daté Claude Gbikpi : GTAC2A-VIE (Grou-pement togolais d’assurances Compagnieafricaine d’assurances-Vie) est une sociétéanonyme dotée d’un capital social de 1 mil-liard de FCFA avec conseil d’administration.La gestion est rigoureusement basée sur lesnormes internationales de la bonne gouver-nance. Elle est animée par 36 hommes etfemmes spécialistes de l’assurance-vie dontl’expérience, la disponibilité et le profession-nalisme sont avérés. Son siège social est situéau 14 rue Koumoré à Agbadahonou, Lomé.Les activités sont relayées sur toute l’étenduedu territoire par les Agences générales.Notre compagnie fait partie du groupe ABI(Atlantique Business International), holdingcomposée du groupe BCP (Banque centralepopulaire) du Maroc et du groupe AFG (At-lantic Financial Group). Elle détient 45 % dela part de marché de l’assurance-vie en 2015

et reste le leader incontesté dans cette brancheen termes de chiffre d’affaires et de soliditéfinancière. En 2015, GTAC2A-VIE s’est hisséeà la première place du marché global des as-surances-vie et non-vie. Notre stratégie estfortement orientée vers la satisfaction desclients et l’innovation.

Innover pourrait être le secret du leadershipde GTAC2A-VIE, puisque votre compagnie alancé depuis le 16 mars dernier un tout nou-veau produit, Crésus. Pouvez-vous nous enparler ? Crésus est un produit innovant et le premiercontrat multi-supports commercialisé auTogo. Il va contribuer à une meilleure péné-tration de l’assurance-vie sur notre marché etassurer aux souscripteurs une meilleure ren-tabilité. On parle de contrat multi-supportsen ce sens que la prime d’épargne perçue parGTAC2A-VIE est investie sur deux supports :30 % sur le fonds garanti que nous appelonsfonds francs géré par GTAC2A-VIE et rému-néré à 3,5 % brut (contrat classique), et70 % sur les fonds communs de placement(FCP) ou unités de compte. Nous proposonsplusieurs fonds parmi lesquels le client peutchoisir selon sa sensibilité au risque. Notrevolonté est d’améliorer constamment la ren-tabilité de nos produits au profit de nos assu-rés sans oublier le retour sur investissementde nos actionnaires.

Sur les 48 milliards FCFA du marché togolaisdes assurances en 2015, quelle est la part dela branche vie, particulièrement celle de GTAC2A-Vie ? Sur un marché vie et non-vie de 48 milliardsde FCFA en 2015, la branche vie représente20 milliards, soit un peu plus de 41 %. GTAC2A-

SERVICES

Entretien à deux voix avec les directeurs généraux de deux compagnies d’assurances leaders au Togo : Yao Daté Claude Gbikpi pour GTAC2A-VIE et Jean-Marie Koffi Ewonoulé Tessi pourGTAC2A-IARDT. Chacun vante un nouveau produit : Crésus en assurance-vie et l’assurance taxi-motos en non-vie.

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Daté Yao Claude Gbikpi, 59 ans, marié et père de trois enfants, assume les fonctions de direc-teur général de GTAC2A-VIE depuis 2004. En activité depuis 31 ans, il a fait ses débuts commechef du service sinistres auto-corporels au Groupement togolais d’assurances (GTA) de 1985 à1989 puis, jusqu’en 1995, en tant que chef du service sinistres chargé de la mise en place del’organisation et de la gestion du service sinistres toutes branches à la Compagnie africained’assurances (C2A). En mai de cette même année, il devient directeur général adjoint de C2Aen charge du département sinistres (toutes branches) et du développement de la branche Vie.De 1999 à 2001, il se trouve à la tête de la C2A-Vie. En 2002, il devient directeur généraladjoint de GTAC2A-Vie après la fusion du GTA et de la C2A, et accède en 2004 aux fonctionsde directeur général. Daté Yao Claude Gbikpi est titulaire depuis 1983 d’un DESS de l’Institutdes assurances de Tours (France).

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VIE détient 45 % de part du marché vie (9 mil-liards) et environ 20 % du marché global vieet non-vie. On assiste à un éveil de consciencede la population concernant la nécessité del’assurance. Ceci est le fruit de l’effort déployépar toutes les compagnies lors de campagnesde sensibilisation afin de booster le taux depénétration de l’assurance au Togo. Si l’ontient compte des prévisions budgétaires descompagnies vie et non-vie pour l’année 2016– elles se chiffrent à plus de 61 milliards –,on peut dire que l’assurance au Togo, et spé-cialement l’assurance-vie, a de beaux joursdevant elle.

Peut-on penser que la barre des 50 milliardsde FCFA sera franchie en 2016 ?Cette progression nous permettra, à traversnos divers investissements, de mieux accom-pagner le gouvernement dans sa politique dedéveloppement (Togo émergent 2030).

Dans le portefeuille de produits de GTAC2A-IARDT, quelle place est accordée à la micro-assurance, qui semble être l’un des axes stra-tégiques adoptés par les compagnies pourparvenir enfin à conquérir le grand public ?Jean-Marie Koffi Ewonoulé Tessi : Histori-quement première compagnie d’assurancesdu marché togolais, GTAC2A-IARDT a tra-versé le temps, résisté aux intempéries etcompte aujourd’hui encore parmi les acteursmajeurs du secteur. La micro-assurance oc-cupe bien entendu une place centrale dansson dispositif stratégique dans la mesure oùtoutes ces populations agricoles qui consti-tuent l’essentiel de la population, tous cesartisans et commerçants, tous ces ensei-gnants, agents de santé et professionnels desmédias aux revenus modestes sont exclus del’assurance traditionnelle, dont le taux de pé-nétration ne dépasse pas 1 % dans nos pays.On se dit alors que l’on ne peut envisagerl’avenir du métier sans la micro-assurance.C’est pourquoi nous avons lancé il y a deuxans, en partenariat avec la Direction pourl’organisation du secteur informel (DOSI),l’assurance des conducteurs de taxi-motosvia leur mutuelle. Nous pouvons vous confir-mer que si nous avons presque doublé lechiffre d’affaires de la société en 2 ans etdemi de pilotage, c’est largement grâce à cevivier.

Comment est structuré le portefeuille-produitsde GTAC2A-IARDT ? Pourquoi proposez-vousune assurance à l’attention des journalistes etprofessionnels des médias ? GTAC2A-IARDT commercialise les produits

d’assurance non-vie conformes à la nomen-clature du code des assurances. Toutefois,dans une approche clientèle, on distingue lesproduits typiques des industries et grandesentreprises des produits à la carte pour lesPME-PMI et pour les particuliers. En 2014,nous avons effectivement lancé « Secours Mé-dia », une forme d’assurance individuelle ac-cidents spécialement adaptée aux profession-nels des médias. Un produit simple et souplegarantissant le décès accidentel, l’invalidité etles frais de traitement par suite d’accidents.Oui, les professionnels des médias, parce queleur métier implique beaucoup de déplace-ments à la quête de l’information ou pour vé-rifier l’information reçue avant de la diffuser.De ce fait, ils sont en permanence exposés aurisque d’accident. De même, sur les lieux dereportage, le journaliste peut parfois être éga-lement victime d’accidents. Voilà nos motiva-tions pour cette offre de produit, qui procèdeaussi de la volonté de GTAC2A-IARDT d’ac-compagner le journaliste en tant qu’acteur del’éducation civique des populations et pourle bien de notre pays.

Vu le potentiel et la valeur ajoutée des pro-duits santé, quelle gamme proposez-vous ?Sous la rubrique assurance-santé, GTAC2A-IARDT fait du classique mais ne se prive pasd’innover là où les besoins des clients le sug-

gèrent. De nouvelles formules sont d’ailleursen vue pour les mois à venir. Si l’assurance-santé ne fait pas gagner de l’argent à l’assu-reur, elle constitue un formidable produitd’appel sur certaines affaires importantes.Étant quasiment la seule compagnie dispo-sant d’un réseau couvrant l’ensemble du ter-ritoire, notre société est dans un savant do-sage entre le système de remboursement et laformule du tiers-payant. Quoi qu’on en dise,l’assurance-santé est un produit de forteconsommation qui constitue en réalité unvéritable baromètre de la capacité d’unecompagnie d’assurances à faire face à ses en-gagements. C’est en cela qu’elle est aujourd’huipour GTAC2A-IARDT une belle opportunitéde marquer la différence.Propos recueillis par Anne-Sophie Lallemant

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« GTAC2A-VIE détient 45 % de part du marché vie et environ 20 % du marché global vie et non-vie. »

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Nanti d'un DEA en droit privé, Jean-Marie Koffi Ewonoulé Tessi, 45 ans, marié et père de troisenfants, directeur général depuis 2014 de GTAC2A-IARDT, filiale du Groupe Atlantique,affiche une solide expérience de 15 ans dans le management des assurances. Tout débutepour lui en 1998 lorsqu’il devient assistant d’expert au cabinet Caberi-Afrique Expertises Togo,où il restera jusqu’en 2000. Les deux années suivantes, consacrées à son perfectionnementacadémique, sont couronnées par l’obtention en 2002 d’un DESS en assurances du très réputéInstitut international des assurances (IIA) de Yaoundé. Puis il assume durant sept mois, en2003, les fonctions d’attaché de direction chargé du contrôle technique et de la coordinationde l’action commerciale à Beneficial Life Insurance, assurance-vie au Togo. En août de lamême année, il est nommé directeur technique à Fedas-Togo, (actuel Ogar assurances inter-national Togo), poste qu’il occupera pendant deux ans. Son expertise est ensuite sollicitée en2005 par NSIA Assurances Togo, où il sera d’abord directeur du courtage puis directeur desopérations commerciales et techniques jusqu’en 2014.

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SERVICES

Pas de croissance économique possi-ble sans infrastructures perfor-mantes, tel est le leitmotiv du gou-vernement, qui a lancé ces dernières

années un vaste programme de modernisa-tion et de réhabilitation des infrastructuresde transport dans tous les domaines, quandil ne s'agit pas purement et simplement deleur construction. Dans le cadre de la Straté-gie de croissance accélérée et de promotionde l’emploi (SCAPE) lancée par le chef del’État et qui sert aujourd’hui de guide d’orien-tation à l’action gouvernementale, les infra-structures occupent une place importante.« Le gouvernement estime que pour lancer l’acti-vité économique, il faut que nous ayons desinfrastructures solides. Notre pays est un petitpays de transit. Il n’est pas potentiellement richeen minerais, contrairement à d’autres pays, maisil a d’autres atouts. L’État se penche sur tout cequ’il faut entreprendre pour bénéficier de tous cesatouts, comme le projet de construction des infra-structures de transport dans le sous-secteur rou-tier », explique Ninsao Gnofam, le ministredes Infrastructures et des Transports.

Vitrine de ce nouvel élan dans la construc-tion d'équipements publics, le nouvel aéro-port de Lomé. Inauguré en prélude à la célé-bration du 56e anniversaire de l’indépendancedu Togo le 27 avril dernier, le nouvel aéroportde Lomé est un véritable joyau architecturalultramoderne et accueillant construit sur21 000 m², avec une capacité d’accueil portéeà 2,5 millions de passagers par an. Il peutégalement accueillir 13 avions simultané-ment avec les passerelles télescopiques et gé-rer jusqu'à 50 000 tonnes de fret par an, contre15 000 tonnes auparavant. « J’arrive pour lapremière fois dans cet aéroport magnifique àLomé. C’est un sentiment très positif de voir Lomése doter d’un aéroport d’un standard internatio-nal, car la ville peut maintenant se comparer àtoutes les autres capitales africaines. C’est formi-dable ! », s’extasie face à la presse locale, à l’oc-casion de l’inauguration, un usager émerveillépar le standing de cette plate-forme aéropor-tuaire alliant idéalement sécurité et confort,pour les usagers comme pour les aéronefs. Lamodernisation a également porté sur l’allon-

gement de la piste du parking avion, le ré-aménagement de la zone de fret et la réhabili-tation de la piste d’atterrissage. Mais le gou-vernement n’entend pas en rester là, commel’explique le ministre Ninsao Gnofam : « Nousavons également un deuxième aéroport qui setrouve à l’intérieur du pays à 450 km de Lomé.Cet aéroport construit il y a plus d’une vingtained’années dispose d’infrastructures qui ne répon-dent pas aux normes internationales. Mais nousallons changer cela et étendre la piste d’atterris-sage, réhabiliter les chaussées aéronautiques et ré-aménager le terminal pour l’accueil des passagers.Nous voulons rendre cet aéroport aussi opération-nel et aussi rentable que celui de Lomé. »

Quittons le secteur aérien pour le secteurmaritime, où des travaux sont également en-gagés, notamment avec le Port autonome deLomé, qui représente un atout majeur pour lacroissance du pays car il s'agit du seul port eneau profonde de la sous-région. Selon dessources officielles, le gouvernement a signédes accords de coopération avec de grandsgroupes maritimes pour la réalisation de deuxprojets majeurs qui devraient accroître les ca-pacités de traitement de ce port et le rendreplus attractif pour les grands bateaux. Un pre-mier accord signé avec le groupe Bolloré portesur la construction d’un troisième quai de450 m pour la manutention portuaire, etd’autres conventions ont également été si-gnées avec le consortium Lomé ContainerTerminal (LCT) pour la construction d’un ter-minal à conteneurs. « Nous souhaitons faire duport de Lomé un port d’éclatement de la sous-ré-gion. L’activité reposera essentiellement sur letransbordement, tandis que les navires chinois

qu’on appelle des méga navires dans certains portsauront la possibilité d’arriver au port de Lomé »,explique le ministre des Infrastructures et desTransports.

Dans le secteur du transport routier, l’œu-vre la plus visible près de la capitale reste lavoie de contournement régulièrement visitéepar les membres du gouvernement, mais il y aaussi eu des travaux de réhabilitation par re-chargement systématique et d’élimination despoints critiques sur le tronçon allant de Nya-massila à Koussountou sur près de 142,8 km,ou encore de réhabilitation, d’aménagementet de bitumage sur les axes Lomé-Tabligbo etKoumea-Soumdina sur la nationale 16.

Reste donc à relever le défi ferroviaire qui,pour le gouvernement togolais, est décisif.Car, à en croire le ministre des Infrastructures,le Togo étudie la possibilité de construire unevoie de chemin de fer qui relierait Lomé à lafrontière du Burkina Faso, soit environ 700 km.Pour lui, le chemin de fer a l’avantage de faci-liter le transport de masse : « Là où il faut centcamions de 50 tonnes pour ramasser une cargai-son, il suffit d’aligner seulement dix wagons detrain et l'affaire est réglée. Le chemin de fer de-mande beaucoup d’investissement, mais noussommes en train d’étudier la possibilité de construireune voie de chemin de fer non seulement pour favoriser le transport entre les pays de l’hinterland– le Burkina Faso, le Mali et le Niger – mais aussipour permettre au secteur agricole, par exemple,de pouvoir assurer facilement le transport vers lescentres de transformation et de consommation. »En somme beaucoup des grands chantierssont encore à venir.

François Bambou

Infrastructures/Transports

LE DÉFI INFRASTRUCTURELAéroports, routes, ponts, port, chemins de fer... le Togo ne ménage désormais aucun effort pourdévelopper des infrastructures de qualité dans tous les secteurs.

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Le nouvel aéroport de Lomé, véritablejoyau architectural ultramoderne.

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« LOMÉ EST DEVENUE UN HUBGRÂCE À ASKY »

Interview/Ministère des Infrastructures et des Transports

Marchés Africains : Les transports et les infra-structures font partie des secteurs dits straté-giques pour l’économie togolaise. Quelles sontles missions du ministre en charge de ces deuxsecteurs ?Ninsao Gnofam : Les missions dévolues à mon département s’inscrivent d’une partdans la logique de la Stratégie de croissanceaccélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE)adoptée par le gouvernement en 2013 sousl’impulsion de Son Excellence Faure Esso-zimna Gnassingbé, et d’autre part dans lecontexte des Objectifs du développement durable (ODD). Nos missions consistent àdévelopper, exploiter et entretenir un réseaud’infrastructures ainsi qu’un système multi-modal intégré de transport efficace, écono-mique, fiable et sûr. Elles répondent égale-ment aux besoins d’aménagement et de dessertedu territoire national et des pays de l’hinter-land. Elles concourent donc en effet à fairedu secteur des transports l’un des piliers fon-damentaux de l’accélération de la croissance,de la réduction de la pauvreté et de la créa-tion d’emplois.

Moderniser le secteur des transports est sansnul doute votre principal objectif. Concernantle volet routier, comment comptez-vous articu-ler vos réformes ? On vous a aussi vu monterau créneau sur les mesures à prendre pour ve-nir à bout de l’insécurité routière. À l’approchede la fin de l’année, quel est le bilan en la ma-tière ?Les usagers de la route se réjouissent dugrand effort de modernisation et d’entretiendes infrastructures routières. Nous en sommestous heureux. Mais le principal défi à releverest la préservation de ce patrimoine en bonétat aussi longtemps que possible. Pour leréussir, il faut simplement respecter certainesmesures telles que les normes de charge-ment, le respect du code de la route avec la limitation des vitesses, sources d’accidentdommageables à l’état des routes, et aussi

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Ninsao Gnofam, ministre des Infrastructures et des Transports, explique les grandes actions inscrites dans un plan visant la poursuite et l’achèvement des chantiers ouverts tant dans le routier que dans l’aérien et le maritime.

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Ninsao Gnofam, ministre des Infrastructureset des Transports.

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penser au rajeunissement du parc automo-bile. C’est pourquoi nous sommes toujoursrestés fermes sur l’application effective du règlement n° 14 /2005/CM/UEMOA du 19 dé-cembre 2005 pris à cet effet par l’Union éco-nomique et monétaire ouest-africaine. Laréunion des ministres des transports du 23 sep-tembre passé à Cotonou a défini une feuillede route qui doit être suivie par tous les paysmembres. Pour atteindre les résultats escomp-tés, nous poursuivons les sensibilisations desacteurs concernés afin de lever les entravespouvant porter entorse à l’exercice de leursactivités.Dans le domaine de la sécurité routière,nous avons encore des défis à relever car lesstatistiques des accidents enregistrés cetteannée 2016, bien que réduits en nombre devictimes par rapport aux quatre dernières an-nées, ne sont pas ce que nous recherchons.En effet, les statistiques rendues publiquesau premier semestre 2016 par les services depolice et de gendarmerie relèvent 3 407 casd’accidents enregistrés sur nos routes, soldéspar 239 morts, soit une moyenne de 40 mortspar mois, par 4 116 blessés, soit une moyennede 686 blessés par mois, et par d’importantsdégâts matériels, alors qu’au dernier semes-tre de 2015, le nombre d’accidents était de2 206 avec 219 morts et 2 301 blessés (lirenotre tableau). Ces chiffres alarmants nousinterpellent et nous amènent à intensifier les

sensibilisations, surtout en cette fin d’année.

Le Japon a l’intention de construire deuxponts, l’un sur la rivière Kara et l’autre sur larivière Koumongou. Qu’apporteront ces deuxouvrages d’importance à l’économie régio-nale ?La construction de ponts sur les rivières Karaet Koumongou est d’une importance ma-jeure pour le développement de l’économierégionale avec le Ghana dans cette partie denotre pays. De plus, ces nouveaux ouvragescouplés à la construction de la route Kat-chamba-Sadori serviront de voie alternativeà la route nationale n° 1 à partir de Sokodé.La nouvelle voie contribuera à la facilitationdu transport et à la réduction du temps deparcours. Enfin, pendant et après les travaux,des emplois seront créés.

Que ce soit le domaine portuaire ou le domaineaérien, il y a une volonté de faire du Togo unvéritable hub. Avec la fin des travaux du 3e quaiau Port de Lomé et la nouvelle aérogare del’Aéroport international Gnassingbé Eyadema,pensez-vous atteindre ces objectifs ?Il faut préciser que les nouvelles infrastruc-tures portuaires portent sur la constructiondes terminaux à conteneurs comprenant desquais. Avec la réalisation de ces infrastruc-tures et la réhabilitation, l’extension et lamodernisation de l’Aéroport international

Gnassingbé Eyadema – allongement du par-king avion, construction d’un taxiway, exten-sion de la zone de fret et construction d’unenouvelle aérogare –, les objectifs sont at-teints. En 2015, le volume de marchandisesmanutentionnées par le Port autonome deLomé s’élève à 15 millions de tonnes, contre9 millions de tonnes en 2014. Le fret trans-porté en 2015 est de 8 103 000 tonnes, contre1 703 500 tonnes en 2014. De même, lenombre de conteneurs a beaucoup augmenté,passant de 380 798 en 2014 à 905 700 en2015. Les nouvelles installations aéropor-tuaires répondent quant à elles aux stan-dards internationaux pour un développe-ment cohérent du sous-secteur aéronautique.Aujourd’hui, Lomé est devenue un hub grâceà Asky. De même, son partenaire stratégiqueEthiopian Airlines a fait de Lomé son deuxièmecentre opérationnel le plus important aprèsAddis-Abeba, avec notamment l’ouverturedes vols transatlantiques directs entre Lomé,les USA et le Brésil. Toutes les autres compa-gnies ont, de leur côté, renforcé la desserte deLomé. Ceci a eu pour résultat de faire passerle nombre de passagers de 300 000 à 700 000en 2015. De nouvelles compagnies ont an-noncé leurs opérations prochaines. Les ré-sultats enregistrés sont encourageants, maisnous devons profiter de notre position ac-tuelle pour rester aussi compétitifs que pos-sible.

En 2017, quelles seront les priorités de votreministère et comment se déclinent les actionsinscrites sur votre feuille de route ?L’effort va se poursuivre en 2017 avec les tra-vaux nouveaux et le renforcement des ac-quis. En effet, ce sont des secteurs porteursde croissance dont dépend inéluctablementla relance de l’économie. Nous devons à toutprix relever les défis auxquels ils sont confron-tés. Les grandes actions de notre feuille deroute s’intègrent dans un plan qui vise à lafois la poursuite et l’achèvement des chan-tiers ouverts tant dans le routier que dansl’aérien et le maritime. La sécurité routièresera renforcée et un plan de mobilité ur-baine sera élaboré d’abord pour la ville deLomé, puis pour les autres villes de l’inté-rieur. C’est le lieu pour moi de rendre un vibrant hommage au président de la Répu-blique, Son Excellence Faure EssozimnaGnassingbé, chef de l’État, pour ses effortsde développement des infrastructures écono-miques dans le but d’améliorer les condi-tions de vie de nos populations.

Propos recueillis par Christian Lapeyre

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Bilan sur le volume des accidents de 2011 à 2015Année 2011 2012 2013 2014 2015

Nombre d’accidents 7 889 8 155 5 401 5 390 2 851

Nombre de morts 739 753 640 802 473

Nombre de blessés 9 376 8 589 7 636 5 565 3 871Source : Ministère des Infrastructures et des Transports

Ninsao Gnofam, 58 ans, marié et père de famille, ministre des Infrastructures et des Trans-ports, est économiste de formation et ancien cadre de banque. Détenteur depuis 1983 d’unemaîtrise en sciences économiques et de gestion de l’université du Bénin (UB) et depuis 1992d’un DESS en banque et finances du Centre ouest-africain de formation et d’études bancaires-CEDEAO, il a débuté sa carrière professionnelle en 1984 à la Banque togolaise de développe-ment (BTD), établissement où il a gravi tous les échelons jusqu’au poste de directeur avant sonentrée au gouvernement. Durant la même période, il a exercé pour la Société de gestion etd’intermédiation – Bourse des valeurs – dans le cadre du marché financier régional de l’UE-MOA avant de revenir à la banque.Le 15 septembre 2008 reste une date historique dans sa carrière, puisqu’elle marque sonentrée au gouvernement en tant que ministre de la Fonction publique et de la Réforme admi-nistrative, fonctions assumées jusqu’au 31 mai 2010. Il est ministre des transports du 31 mai au1er août 2012, puis se voit nommé ministre des Travaux publics pour la période 2012-2013. Ilest reconduit à la tête de ce département d’abord en tant que ministre des Travaux publics etdes Transports du 18 septembre 2013 au 30 juin 2015, puis comme ministre des Infrastructureset des Transports depuis le 30 juin 2015.

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« ON ASSISTE À L’ÉMERGENCED’UNE MÉTROPOLE »

Interview/Agence d’exécution des travaux urbains

Marchés Africains : Lors de la célébration des 20 ans d’existence del’Agetur-Togo, vous avez prononcé cette phrase : « C’est toujours unmoment de joie de fêter la longévité d’une société qui œuvre pourle développement d’un pays. Une institution qui dure est une ins-titution forte. » Momboza Halaoui : Je confirme ce que j’ai pu dire lors des célébra-tions du 20e anniversaire de l’Agetur-Togo. En effet, c’est un instru-ment de développement imaginé par la Banque mondiale pourmieux redistribuer les fruits du travail et de la croissance. L’institutiona su passer les monts et les tempêtes, preuve s’il en est que c’était unebonne idée construite sur des bases solides et qui a su fédérer autourd’elle tous les partenaires au développement ainsi que l’État togolais.

Agetur-Togo a été créée le 21 avril 1994 par le gouvernement. Quelssont ses chiffres-clés et ses financements, et qui a recours à la maîtrised’ouvrage déléguée ?La maîtrise d’ouvrage déléguée se substitue à la maîtrise d’ouvragedans toutes ses prérogatives : les partenaires au développement affec-tionnent cette formule lorsque les ministères maîtres d’ouvrage sou-haitent un accompagnement techniques. Au niveau national, les der-nières statistiques indiquent que plus de 200 000 emplois ont étécréés, plus de 7 milliards de masse salariale distribués, qu’il y a80 000 emplois permanents ainsi que 150 petites et moyennes entre-prises créées et suivies. Les projets ont été financés par l’État togolaisau titre des contreparties, par la Banque mondiale, par la Banqueouest-africaine de développement, par l’Agence française de dévelop-pement et, récemment, par la Banque islamique de développementet par le Conseil de l’Entente. Une fois la convention de financementsignée, les partenaires techniques et financiers peuvent suggérer aux

maîtres d’ouvrage (les ministères) de recourir à un maître d’ouvragedélégué (Agetur-Togo) pour faire exécuter les travaux : Agetur-Togogarantit la rapidité dans la réalisation des travaux, la transparence,l’égalité de traitement des petites et moyennes entreprises, l’efficacité,et enfin les économies du fait de la procédure des appels d’offres.

Agetur-Togo a-t-elle un programme pour corriger d’éventuelles insuffi-sances ?L’Agetur-Togo dispose d’un personnel de techniciens et financiers expérimentés et appuyés par un panel d’experts confirmés dans nossecteurs d’intervention, se conforme à la règlementation nationale enmatière de passation de marché et en vigueur dans l’espace de l’UE-MOA. Pour ce faire l’agence a mis en place un dispositif d’accompa-gnement des attributaires afin de s’assurer une qualité acceptable dansla réalisation des ouvrage et parer à toute contre performance des en-treprises sélectionnées. En marge du système classique de contrôle parles bureaux d’études, des formations de recyclage et remise à niveau dupersonnel clé et d’exécution sont administrées entre autres. Des méca-nismes de mise en régie des entreprises défaillantes font partie de ce dis-positif pour atteindre nos objectifs. L’agence fonde ainsi ses actions sur

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Momboza Halaoui, directeur général de l’Agence d’exécution des travaux urbains (Agetur-Togo),revient sur le bilan de cette institution qui a fêté ses 20 ans d’existence.

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« Le Grand Lomé est devenu non seulement une réalité politique, mais également une réalité concrète présente à la fois dans le discours des autorités politico-administrativeset dans celui des partenaires techniques et financiers. »

Momboza Halaoui, directeur général del’Agence d’exécution des travaux urbains.

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trois axes : le renforcement des capacités des entreprises, l’initiation auxbonnes pratiques en matière d’hygiène sécuritaire et environnement, et l’approche participative impliquant les communautés bénéficiairesnotamment le contrôle citoyen.

Depuis juillet 2012, les autorités togolaises, avec l’appui des partenairestechniques et financiers, ont doté l’espace géographique dénommé« Grand Lomé » d’une stratégie de développement urbain à l’horizon2030. Quel rôle joue l’Agetur dans la réalisation de ce projet et que faut-il comprendre par « Grand Lomé » : la naissance d’une nouvelle métro-pole ?Il faut d’abord dire que la création du territoire de développementdénommé « Grand Lomé » s’imposait de par l’étalement de la ville,dont la conséquence a été l’absorption des cantons de la première etmême de la deuxième couronne autour de Lomé. Donc, au départ, ily a la dynamique démographique avec le passage d’environ 500 000 ha-bitants en 1981 à 1 400 000 en 2010 dans l’agglomération de Lomé,la dynamique économique avec le Terminal du Sahel à Togblé et lazone franche dans la zone portuaire, et enfin la dynamique spatiale.L’on assiste donc à l’émergence d’une métropole et l’on ne peut pascontinuer à traiter uniquement les problèmes d’accès aux services etéquipements urbains (eau, électricité, voiries urbaines, transport ur-bain, collecte des ordures ménagères, etc.) de la commune de Lomé,avec ses 5 arrondissements, en ignorant les cantons de l’aggloméra-tion. C’est sur la base de ce diagnostic que le projet d’élaboration dela stratégie de développement du Grand Lomé a été élaboré etqu’Agetur-Togo en a été le maître d’ouvrage délégué. Nous pouvonsêtre fiers aujourd’hui d’avoir porté ce projet car, à partir de nosétudes, le Grand Lomé est devenu non seulement une réalité poli-

tique (circonscription électorale), mais également une réalitéconcrète présente à la fois dans le discours des autorités politico-ad-ministratives et dans celui des partenaires techniques et financiers. Outre le plan d’action globale sur le long terme (2030), ce projets’est doté d’un plan d’urgence qui comprend 15 projets. Sur les 15,deux sont en cours de réalisation : le Schéma directeur d’aménage-ment et d’urbanisme du Grand Lomé (SDAU-GL), qui est presque àterme et dont l’Agetur-Togo est aussi le maître d’ouvrage délégué, etle Plan de circulation urbaine du Grand Lomé, également en coursde réalisation et porté par le ministère en charge des Infrastructureset des Transports. D’autres projets de ce plan d’urgence vont connaî-tre bientôt un début de réalisation et nous nous réjouissons de ceque l’AFD ait décidé, dans le cadre de son nouveau partenariat avecla mairie de Lomé – on parle d’une possibilité de financement pou-vant aller jusqu’à 8 millions d’euros à partir de 2018 –, de réfléchir à un certain nombre de projets issus du document « Grand Lomé horizon 2030 ». L’Agetur-Togo a donc été maître d’ouvrage déléguéde ce processus, et elle continue à porter ce document pour que lesdifférents projets issus de ce processus participatif puissent devenirune réalité concrète. Nous disposons également dans notre portefeuille, un projet d’appuià la décentralisation financé par la KfW au bénéfice de trois de l’inté-rieur du pays pour en faire de véritables pôles de croissance à traversla promotion des circuits économiques, en préconisant l’utilisationpérenne des infrastructures fournies ou réhabilitées, et en améliorantla gouvernance locale grâce à un système innovant informatisé desuivi-évaluation par les citoyens à travers un dispositif basé sur la téléphonie mobile.

Quel bilan pouvez-vous présenter pour l’exercice 2015 par rapport à2014 en termes d’activités et de rentabilité ?Tous les projets que nous avons démarrés en 2014 se sont très bienpoursuivis. L’année 2015 est clôturée avec un bilan positif avec sur-tout la réalisation de la plupart des ouvrages du Projet d’urgence deréhabilitation des infrastructures et des services électriques (PURISE)sur financement de la Banque mondiale (plus de 6 milliards de FCFAen 2015 pour des travaux dans le domaine de l’assainissement, desvoiries urbaines et de l’adduction d’eau potable avec la constructionde 6 châteaux d’eau dans le Grand Lomé), l’achèvement de l’aména-gement et bitumage en 2x2 voies du petit contournement de Lomé.

Comment se présente l’exercice 2016 en passe d’être clôturé et quellessont les perspectives pour 2017 ?L’Agetur-Togo met comme à son accoutumé en synergie toutes cescompétences internes comme externes pour que les projets engagésen 2016 se déroulent normalement, notamment les aménagementsde périmètres agro-sylvo pastoraux et halieutiques dans les 5 régionsdu Togo et la réalisation des forages. Elle a été aussi marquée par larétrocession de 400 forages aux bénéficiaires sur financement del’UEMOA. L’année tire à sa fin avec beaucoup d’espoir, avec aussi desavancées notables réalisées dans les études et préparations de docu-ments nécessaires à la sélection des entreprises. Nous venons de bou-cler les procédures de passation de marché du projet de constructionde la Chambre consulaire et de la Représentation de la Commissionde l’UEMOA à Lomé. Les travaux vont démarrer au début d’annéeprochaine. Nous avons donc espoir que l’année 2017 connaîtra aussiun heureux aboutissement pour tous les projets qui entrent dans laphase d’exécution des travaux.

Propos recueillis par Catherine Demy

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Momboza Halaoui est diplômé de l’École supérieure de gestion et definance de Paris (France), titulaire d’un DEA en droit de l’université deNantes (France) et d’une maîtrise en sciences économiques optiongestion des entreprises de l’université de Paris I Sorbonne (France).Consultant et coordonnateur chargé de la gestion des projets dedéveloppement urbain du Togo depuis une dizaine d’années, il maî-trise par ailleurs parfaitement le système des décaissements des prin-cipaux bailleurs de fonds que sont la Banque mondiale, l’Agencefrançaise de développement, la Banque ouest-africaine de dévelop-pement, l’Union économique et monétaire ouest-africaine, KfW, l’Unioneuropéenne et la Banque islamique de développement.Parallèlement à ses fonctions de directeur général de l’Agence d’exé-cution des travaux urbains (Agetur-Togo), Momboza Halaoui estcommissaire aux comptes, expert-comptable inscrit à l’ONECCA-Togo (Ordre national des experts-comptables et comptables agréésdu Togo), dont il est le 1er vice-président pour la mandature 2015-2018. L’ONECCA organise régulièrement des séminaires de forma-tion comme, en 2016, ceux portant sur les thèmes « Les opérationssur le capital social : interventions du commissaire aux comptes » ouencore « Maîtriser l’établissement de la liasse fiscale de l’impôt sur lessociétés ». Il travaille également en collaboration avec le cabinetMazards en Côte d'Ivoire. Enfin, Momboza Halaoui est aussi vice-pré-sident du réseau AFRICATIP (Association africaine des agencesd’exécution des travaux d’intérêt public) regroupant 30 agencesdans 17 pays.

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« LE TOGO CONNAÎTRA UNE FORTECROISSANCE DU TRAFIC AÉRIENLES DIX PROCHAINES ANNÉES »

Interview/Société Aéroportuaire de Lomé Tokoin

Marchés Africains : En prenant la tête de laSociété Aéroportuaire de Lomé Tokoin (SALT)en mai dernier en qualité de directeur général,avez-vous pris la mesure des défis qui vous at-tendent ?Kanka-Malik Natchaba : Je vous remerciepour l’intérêt que vous portez à la société queje dirige. Je voudrais profiter de cette opportu-nité pour exprimer ma profonde gratitude auxplus hautes autorités du pays qui m’ont faitconfiance en me nommant à ce poste, et félici-ter l’ensemble du personnel pour sa disponi-bilité et sa compétence qui ont permis unecontinuité efficiente de nos activités malgré lechangement de direction.

J’ai pris fonction un mois après la mise en ser-vice de la nouvelle aérogare, donc dans uncontexte où les attentes étaient importantes.Notre principal défi est de hisser l’ensemblede nos prestations de services au niveau de laqualité de notre infrastructure aéroportuaire,qui répond aux standards internationaux.Cela implique notre capacité à accueillir lespassagers, à les prendre en charge, à leur assu-rer sûreté et sécurité, mais également à appor-ter une assistance performante au sol pour lescompagnies aériennes. Notre aéroport est cer-tifié en matière de sureté et de sécurité. Il estclassé catégorie 1 par l’agence américaine TSA(Transportation Security Administration), ce

qui a permis son habilitation à opérer des volsdirects entre Lomé et les États-Unis. Ce qui estrare et remarquable pour un pays franco-phone. Loin de nous reposer sur nos lauriers,nous devons renforcer ces acquis.

Quelle politique d’amélioration de la qualitéavez-vous mise en place au sein de la SALT ? En réalité, la SALT dispose d’une politique dequalité déployée depuis très longtemps. Bienentendu, nous nous attelons à l’adapter auxexigences de l’Organisation Civile Internatio-nale (OACI), de l’Association Internationaledes Transporteurs Aériens (IATA) et du contextede plus en plus concurrentiel. Ainsi, notrepays est reconnu comme l’un des meilleursÉtats en termes de supervision de la sécuritéaéroportuaire par l’OACI, avec un score de86,69 % au dernier audit en matière de suretéet de sécurité. Le processus pour la certifica-tion qualité a été quant à lui ralenti entre-temps avec le basculement de l’ancienne aéro-gare vers la nouvelle, puis repris depuis. Enattendant, nous mettons en place de manièreconcrète et opérationnelle au quotidien les vérifications ainsi que les contrôles perma-nents, aussi bien sur les niveaux de qualité desinfrastructures que sur ceux de la sûreté. De

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Kanka-Malik Natchaba estdepuis six mois à la tête dela Société Aéroportuaire deLomé Tokoin (SALT) chargéede la gestion, de l’exploita-tion et du développementcommercial de l’aéroport dela capitale togolaise. Danscet entretien, il dresse l’étatdes lieux de la SALT etdétaille l’ambition de Loméd’être le hub logistique sous-régional pour les services.

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Kanka-Malik Natchaba,directeur général de la

Société Aéroportuaire deLomé Tokoin.

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fait, nous sommes soumis régulièrement à desaudits de la part de l’Agence Nationale del’Aviation Civile (ANAC) pour vérifier quenous délivrons bien le service que nous pro-mettons aux passagers. De même, la TSA amé-ricaine mène des audits réguliers de nos instal-lations et activités.

La nouvelle aérogare est une bonne opportunitéde communication pour les opérateurs écono-miques. Que leur proposez-vous ? Plusieurs possibilités sont offertes. Cette vi-trine exceptionnelle propose en effet toutes lesformes de communication mais la nouveautéest la communication sur des écrans situés ausein de l’aérogare. Concrètement, ces espacessont gérées directement par la SALT ou par desrégies avec qui nous travaillons. Nous sommesnaturellement à la disposition de tous les opé-rateurs économiques qui souhaitent se vendreau sein de l’aérogare. Comme vous pourrez leconstater, plusieurs ont déjà fait la démarcheen s’affichant par exemple sur nos nouvellespasserelles.

Quel a été le bilan de la SALT en 2015 entermes de recettes d’exploitation par rapport à2014 sur l’ensemble des aéroports du pays quisont à votre charge ?Globalement, le trafic aérien au Togo connaîtune croissance depuis 2010 grâce à l’essord’Asky, qui a fait de Lomé son hub, boostantainsi notre activité aéroportuaire. En 2015 parexemple, la SALT a affiché un chiffre d’affairesde 3 milliards 800 millions de FCFA, se si-tuant dans la fourchette que la société affichedepuis plusieurs années. Le trafic passagers estquant à lui évalué à 693 000 passagers, soitune hausse d’environ 12 % par rapport à 2014.Pour l’année 2016 en cours, nos projectionssont relativement bonnes avec au moins700 000 passagers, en misant sur le renforce-ment des dessertes par Asky, Ethiopian Air-lines, Air France, Brussels Airlines, etc. De fait,il y a de fortes chances pour que notre chiffre

d’affaires se situe autour de 4 milliards deFCFA. Donc, nos activités se développent etcontinueront à se développer. Nous sommesconfortés en cela par plusieurs études de conjonc-ture dont la dernière, celle de l’Association In-ternationale du Transport Aérien (IATA) sur letrafic aérien, cite le Togo comme l’un des paysoù le trafic aérien connaîtra le plus de crois-sance les dix prochaines années.

Comment évaluez-vous la compétitivité de l’Aé-roport International Gnassingbé Eyadema (AIGE)par rapport aux aéroports de la sous-régioncomme ceux d’Abidjan, Cotonou, Bamako ?En termes de compétitivité, nous pouvonsclairement afficher des avantages comparatifsliés au fait que nous sommes un aéroport cer-tifié, le meilleur en Afrique en matière de sécu-rité et de sûreté, une aérogare somme toute ex-ceptionnelle dans la sous-région. Lomé est parailleurs le hub de la compagnie aérienne, Asky,ce qui lui assure une dynamique économique.Il n’empêche que nous pensons que nouspouvons renforcer cette compétitivité en res-tant raisonnable quant au niveau des rede-vances mais également en tendant vers l'excel-lence opératonnelle que toutes les compagniesrecherchent.

En 2017, quelles sont les priorités inscrites survotre feuille de route ?Quatre priorités ont été inscrites en 2017. Lapremière est le renforcement du capital hu-main pour être en mesure de relever les défisque nous avons cités. La deuxième est de conti-nuer à développer nos revenus en louant lesespaces commerciaux et publicitaires, en déve-loppant la zone aéroportuaire avec notam-ment la construction prochaine d’un hôtel àcôté de l’aéroport et la transformation à venirde l’ancienne aérogare. La troisième est d’in-vestir dans la maintenance de l’infrastructurepour qu’elle demeure opérationnelle et effi-cace le plus longtemps possible. Et enfin laquatrième est naturellement de faire de Loméla plate-forme la plus active en Afrique del’Ouest et de renforcer notre positionnementde hub de la compagnie aérienne panafricaineAsky tout en développant de nouveaux parte-nariats. En définitive, notre mission est defaire en sorte que Lomé soit le hub logistiquequ’elle ambitionne d’être en termes de servicesaéroportuaires.

Propos recueillis parJean-Paul Agboh Ahouelete

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« Globalement, le trafic aérien au Togo connaît une croissancedepuis 2010 grâce à l’essor d’Asky, qui a fait de Lomé son hub,boostant ainsi notre activité aéroportuaire. »

Kanka-Malik Natchaba, 38 ans, marié et père de trois enfants, nouveau dirigeant de cettesociété d’économie mixte à caractère industriel et commercial, avait un nom : il est en train dese faire un prénom. Fils de Fambaré Natchaba, l’ancien directeur de cabinet de feu GnassingbéEyadema également ex-ministre des Affaires Etrangères et Président de l’Assemblée Nationaleau début des années 2000, Kanka-Malik fait partie des quadras dont le chef de l’État togolaisFaure Essozimna Gnassingbé s’entoure ou fait la promotion : il a passé ces deux dernièresannées au cabinet du Président de la République, s’occupant de l’amélioration du climat desaffaires et des investissements, d’économie politique ainsi que de l’administration publique. Il aété choisi pour gérer l’Aéroport International Gnassingbé Eyadema (AIGE), nomination interve-nue dans un contexte à risque et à grands enjeux pour le jeune manager : faire rapidement sespreuves ou retourner dans l’anonymat.Sorti en 2005 de l’ENA, promotion Romain Gary, il a, avant d’être admis dans la très réputéeécole française, obtenu en 2002 un mastère en finances publiques et fiscalité de la faculté dedroit et sciences politiques d’Aix en Provence après une maîtrise en droit public de la mêmefaculté. À l’issue de cette formation qui le destine à une carrière de haut fonctionnaire, Kanka-Malik Natchaba intègre de 2005 à 2009 la branche « secteur gouvernement » du cabinet deconseil Capgemini Consulting à Paris. Il y accompagne pendant quatre ans les projets de trans-formation, essentiellement dans le secteur public. Il accompagnera notamment le ministère dela Justice dans les travaux de définition de l'organisation en préparation à la mise en oeuvre dela Loi organique relative aux lois de finances. Avant cela, il est intervenu au ministère de la Santédans le cadre des audits dits de Révision Générale des Politiques Publiques, toutes missionsdécrites par lui comme « denses et formatrices ». Il est ensuite recruté à la Direction Généralede Pôle Emploi de 2009 à 2014, après un passage par la direction des finances, il intègre ladirection de la stratégie et se voit confier un des chantiers du plan stratégique « Pôle emploi2015 ». Chantier d’optimisation des ressources ainsi que de conduite du changement.Au cours de l’année 2014, il rejoint le cabinet du Président Togolais en tant que Conseilleravant, deux ans plus tard, d'être nommé à la tête de la SALT. Lorsqu’on lui demande s’il n’a pasenvie d’embrasser une carrière politique à l’image de son père, tout en parlant de son admira-tion pour ce parcours, il revendique le droit à une certaine différence en mettant en avant ses« compétences de technocrate au service de son pays ».

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« SE HISSER AU RANGDES PORTS LES PLUS MODERNESDE LA SOUS-RÉGION »

Port autonome de Lomé

Principal canal d’échange du Togo avecl’extérieur, le Port autonome de Lomé(PAL) est au service de l’économie natio-

nale et de la sous-région ouest-africaine depuis plusde 46 ans. Le PAL est passé de 252 000 tonnes de marchandises à sa création à un trafic généralde plus de 15 millions de tonnes de marchandisesen 2015, contre 9 millions en 2014, avec une desserte de 1 399 navires et un trafic de transit deplus de 2,6 millions de tonnes. Nous pouvons ainsiaffirmer que le PAL assure son principal rôle demoteur de l’économie du Togo et d’outil d’intégra-tion sous-régionale ouest-africaine », se réjouit lecontre-amiral Fogan Kodjo Adegnon, directeurgénéral du PAL. De son côté, Ninsao Gnofam,

ministre des Infrastructures et des Transports(lire son interview p.104-105) précise : « En2015, le fret transporté est de 8 103 000 tonnes,contre 1 703 500 tonnes en 2014. De même, lenombre de conteneurs a beaucoup augmenté, pas-sant de 380 798 en 2014 à 905 700 en 2015. »

Un 3e quai construit par Togo Terminal,filiale de Bolloré Africa Logistics

En outre, au registre de la manutention, lePAL enregistre une hausse de 66 % de ses ac-tivités par rapport à l’année précédente. C’estla troisième année consécutive où le PAL ob-serve une hausse après la légère baisse de

2012. Durant cette même période, 1 399 na-vires ont accosté sur la côte togolaise, contre1 119 en 2014. Une progression de 25 % quiconfirme là aussi la tendance haussière ob-servée depuis 2012 (voir notre tableau). Parailleurs, les marchandises à destination despays de la région ouest-africaine (notam-ment le Burkina Faso, le Niger, le Mali, leGhana, le Nigeria et le Bénin) ont connuelles aussi une augmentation de 4,4 % parrapport à 2014. Le Burkina Faso arrive enpremière position en termes de transit (43 %du trafic) avec 1,122 million de tonnes en2015, suivi du Niger (10 %) et du Mali (3 %).« Environ 2,622 millions de tonnes sont achemi-

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«Fort des investissements dont il bénéficie et de sa position enviable de port en eau profonde, le Port autonome de Lomé (PAL) connaît une nette progression de ses activités de manutention etenregistre une hausse de son trafic de marchandises en direction des pays de la sous-région.

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1 399 navires ont accosté sur la côte togolaiseen 2015, contre 1 119 en 2014. Une progressionde 25 % qui confirme la tendance haussièreobservée depuis 2012.

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nées vers d’autres destinations », précise-t-on àla direction du PAL. Il convient d’ajouter qued’importants investissements ont été consen-tis ces cinq dernières années pour accroîtresa production et améliorer sa compétitivitéface à ses concurrents régionaux. Relevonsentre autres la construction d’un troisièmequai par Togo Terminal, filiale de BolloréAfrica Logistics, pour un investissement de300 milliards de FCFA. Un ouvrage récep-tionné en 2014 auquel vient s’ajouter le pro-jet de terminal à conteneurs du consortiumLomé Container Terminal (LCT) formé parle groupe Getma et le Chinois Mediterra-nean Shipping Company (MSC).

Être un port en eau profonde : un avantage pour devenir un hub

D’autant que le PAL possède un avantagenaturel propre à renforcer sa compétitivitédans un environnement très concurrentielau sein de la sous-région, comme l'analysetrès pertinemment Tengue Kokou Edem, ad-ministrateur directeur général de MaerskLine Togo (lire son interview p. 112-113).« C’est un port en eau profonde. Pour se convain-cre de l’importance de cet avantage, il faut voirles efforts que ses voisins sont obligés de fournirpour effectuer du dragage. Hélas, une fois le dra-gage effectué, ces ports s’ensablent régulière-ment, forçant la répétition de cette opération. Orpour nos lignes maritimes, la profondeur est im-portante car c’est elle qui détermine le tirantd’eau, et cela conditionne le tonnage des naviresque l’on peut amener à quai. Plus le tirant d’eauest important, plus le navire peut être grand.Cela étant dit, pour tirer parti de cet avantagenaturel et devenir un hub incontesté, le Togo doitréduire les coûts de transport vers les pays sanslittoral, et nous pensons qu’il ne pourra pas faire

l’économie d’une ligne de chemin de fer. Il fauty ajouter l’amélioration des procédures de dé-douanement, leur célérité et leur transparence.Le Togo s’est déjà engagé dans cette voie avecSEGUCE. Cela doit être poursuivi et renforcé. »

Un guichet unique pour sécuriser les échanges commerciaux et les recettes fiscales

En effet, le PAL a vu en 2016 toutes ses ac-tivités passer par le Guichet unique pour lecommerce extérieur (GUCE). Trois moisaprès le démarrage de la phase pilote qui aété jugée satisfaisante, les phases 2 et 3 ontété lancées en juillet dernier à Lomé. SelonOlivier Lederer, directeur général de la So-ciété d’exploitation du Guichet unique pourle commerce extérieur au Togo (SEGUCE-Togo), elles sont relatives au dépotage, audégroupage du connaissement, au transferten Magasin air dédouanement (MAD), autraitement des véhicules, au vrac et au conven-tionnel. Pour Olivier Lederer, l’intérêt de cesdeux phases consiste à généraliser le guichetunique, à sécuriser les recettes de la douane,celles du port ainsi que celles de toutes lesstructures qui passent par le Port autonomede Lomé. Ceci permettra de sécuriser 80 %des échanges commerciaux et 75 % des re-cettes fiscales, a-t-il ajouté.

Lancé officiellement le 25 juillet dernier, leguichet unique a pour objectifs de simplifierles procédures et les formalités au Port auto-nome de Lomé, d’améliorer l’efficacité de lachaîne logistique portuaire ainsi que de ré-

duire les coûts et les délais des opérationscommerciales et logistiques. Il permet égale-ment d’améliorer la transparence dans les rela-tions entre les entreprises et l'Administrationet d’instaurer un environnement favorable à lacompétitivité des acteurs du PAL. Après cesphases, le guichet unique sera généralisé auxactivités exercées aux frontières terrestres et aé-riennes.

Un prêt de 25 milliards de FCFA de la BOAD

Pour le renforcement des capacités et de lacompétitivité du PAL, la Banque ouest-afri-caine de développement (BOAD) a accordé le8 mai dernier au PAL un prêt de 25 milliardsde FCFA (38 millions d’euros) destiné à finan-cer des travaux de réhabilitation. Selon les ser-vices de la BOAD « les travaux consisteront à ré-habiliter les voies et aires de circulation vétustes ausein du port, reconstruire le système d’assainisse-ment, remettre en état et étendre le réseau d’ad-duction d’eau potable, rénover le réseau de câblesélectriques et téléphoniques, et enfin élargir les ar-tères principales, les aires de stationnement ainsique les couloirs d’entrée et de sortie ». L’accord deprêt a été signé par le président de la BOADChristian Adovelande et le directeur généraldu PAL le contre-amiral Fogan Kodjo Ade-gnon. « Le Port autonome de Lomé a une vocationinternationale puisqu’il dessert, en plus du Togo, leBurkina Faso, le Mali et le Niger : leurs importa-tions et exportations représentent plus de 20 % duvolume de ses activités. De plus, le PAL permet àcertains navires de grande capacité de réaliser desopérations de transbordement qui représentent plusde 5 % du volume global du trafic. Ainsi, le pré-sent projet contribuera à l’intégration régionale etau développement des échanges entre le Togo et cespays », a indiqué M. Adovelande. Pour sa part,M. le contre-amiral Adegnon a rappelé : « LePAL connaît aujourd’hui d’énormes investisse-ments qui vont lui permettre de se hisser définitive-ment au rang des ports les plus modernes de notresous-région. » Rappelons que le partenariat en-tre la BOAD et le PAL a été instauré en 1995,et que cet accord constitue la quatrième lignede crédit de la BOAD en faveur du Port auto-nome de Lomé. Le prêt de 25 milliards deFCFA porte ainsi à 43 milliards de FCFA lemontant total des engagements de la BOADvis-à-vis du PAL.

Catherine Demy

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Trafic globalAnnée 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Tonnage 8 005 904 8 248 393 7 771 747 8 698 524 9 280 004 15 413 487Source : Port autonome de Lomé

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Les marchandises à destination des pays de la région ouest-africaine ont connu une augmentation de 4,4 % par rapport à 2014. Le Burkina Faso arrive en premièreposition en termes de transit (43 % du trafic) avec 1,122 million de tonnes en 2015.

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« CONTRE VENTS ET MARÉES,MAERSK MAINTIENT LE CAP ETGARDE SA POSITION DE LEADER SURLE MARCHÉ DU TRAFIC CONTENEURISÉAU TOGO »

Interview/Maersk Togo

Marchés Africains : Quels sont les atouts du Port autonome de Loméet comment le rendre encore plus compétitif ?Kokou Edem Tengue : Pour les armateurs, la profondeur d’un portdétermine le tirant d’eau, donc le tonnage des navires pouvant y accoster. Avec son port en eau profonde, Lomé permet aux armateursde déployer des navires de dernière génération. L’enjeu du déploie-ment de navires de plus en plus grands pour les armateurs est la réali-sation d’économies d’échelle. Plus le navire est grand, plus le coût parunité de conteneur transporté est faible. Au-delà de son avantage natu-rel, Lomé a aussi modernisé ses installations portuaires, favorisant uneréduction des délais d’attente des navires en rade ainsi qu'une aug-mentation des cadences de débarquement et d’embarquement, esti-mées en nombre de mouvements par heure. Les procédures de dédoua-nement dans un guichet unique pour le commerce extérieur donnentplus de fluidité et de transparence. Les importateurs et exportateursen sont satisfaits. La dématérialisation totale de ces procédures est àrechercher, car elle est nécessaire pour en tirer des avantages compé-titifs optimaux. Cependant, le Togo a besoin de rallier plus facilement, plus simple-ment et à coût plus réduit les pays sans littoral clients de son port. Nouspensons que pour ce faire, une ligne ferroviaire présente plus d’avan-tages que les liaisons par route. Ensuite, certaines activités annexescomme les chantiers de réparation de navires ainsi que la formationaux métiers de la mer augmenteront la compétitivité du port.

Quels sont les principales origines et destinations des conteneurs etleurs évolutions possibles en 2017 ?Je commencerai tout d’abord par les principales origines puisque leTogo est un importateur net : il importe plus qu’il n’exporte. Je pré-cise également que je ne parle que du trafic conteneurisé. Les princi-pales routes commerciales desservant le port de Lomé viennent d’Ex-trême-Orient : la Chine, les pays de l’Asie du Sud-Est, la Corée et,dans une certaine mesure, le Japon. Ces lignes commerciales repré-sentent plus de 46 % du trafic à destination de Lomé, avec pour prin-cipales commodités le textile, les motos et autres véhicules, les appa-

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Kokou Edem Tengue, administrateur directeur général de Maersk Togo, confirme que deuxconteneurs sur 5 débarqués au port de Lomé ainsi que le tiers des conteneurs embarqués sonttransportés par Maersk Line ou Safmarine, sur un marché compétitif où opèrent dix-sept lignesmaritimes.

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Kokou Edem Tengue, administrateurdirecteur général de Maersk Togo.

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reils électroniques et électroménagers, et enfin les produits alimen-taires que sont le riz, l’huile de palme et les tomates concentrées. Ensecond lieu viennent les routes en provenance d’Europe, qui repré-sentent plus de 32 % du trafic. Sur ces routes venant d’Europe, nousnotons également du textile, des produits de consommation cou-rante et des produits frais comme le poisson et le poulet. Enfin, leslignes venant du Moyen-Orient – Émirats arabes unis, Arabie saou-dite, Inde, Pakistan – représentent 12 % du trafic. Subsidiairementviennent l’Amérique du Nord avec 4 % et l’Amérique du Sud avec3 %. Le commerce intra-africain à destination du Port autonome deLomé représente quant à lui moins de 3 %.Au niveau des exportations, le Port autonome exporte égalementprincipalement à destination de l’Extrême-Orient des commoditésagro-forestières : sésame, coton, bois, noix de cajou. Vient ensuite leMoyen-Orient qui, il faut le remarquer, dépasse les exportations versl’Europe. Vers le Moyen-Orient nous exportons du coton mais égale-ment des déchets de métaux. Les exportations vers l’Europe arriventen troisième position. Enfin, les liaisons intra-africaines à l’export représentent moins de 6 %. J’espère avoir répondu à votre questionet dressé en quelques lignes le tableau des origines et destinations duport de Lomé. Ces tendances devraient être maintenues pour l’année2017.

Comment jugez-vous les réformes du gouvernement en matière d’amélio-ration du climat des affaires et leur impact sur les activités des sociétésde transport maritime en général et de Maersk Togo en particulier ?Le gouvernement togolais fait indéniablement des efforts en matièred’amélioration du climat des affaires au Togo, une des raisons quiont probablement conduit le premier armateur mondial à baptiseren juillet 2015 un de ses navires du nom de la capitale togolaise. Jeciterai quelques-uns des dix domaines sur lesquels porte l’indice defacilité des affaires de la Banque mondiale. En matière de créationd’entreprise, les procédures ont été simplifiées et les coûts réduitspour les entrepreneurs. Les initiatives de création d’incubateurs d’en-treprises que l’on observe çà et là devraient permettre une plusgrande création d’entreprises, surtout de PME et de PMI, nécessairesà une véritable croissance économique tirée par le secteur privé. Ence qui concerne les permis de construire, des efforts sont fait pournumériser la création des titres fonciers et donc augmenter la céléritédu processus. Ces efforts doivent être poursuivis. La protection desinvestisseurs est garantie par l’appartenance du Togo à l’Organisationpour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA)dont l’acte uniforme sur le droit des sociétés et les groupements d’in-térêt économique protège les investisseurs minoritaires. Les actesuniformes de l’OHADA devraient assurer une meilleure exécutiondes contrats. La modernisation de la justice devra y contribuer égale-ment. La modernisation de l’administration fiscale amorcée avec lacréation de l’Office togolais des recettes devra se poursuivre avec lasimplification des procédures, la clarification des textes, une meil-leure compréhension de ces textes par les contribuables et les entre-prises, et enfin l’augmentation du nombre de contribuables afind’aboutir à une répartition plus équilibrée de la charge fiscale. Ceschangements doivent permettre d’engranger des points en ce quiconcerne l'élément « paiement de taxes et impôts » de l’indice DoingBusiness. J’ai évoqué il y a un instant le guichet unique pour le com-merce extérieur, qui doit aider le Togo à améliorer ses performancesen ce qui concerne le commerce frontalier. Ces réformes ont un im-pact positif sur nos activités mais méritent d’être poursuivies car lesautres pays livrent une concurrence rude au Togo. Pour finir sur ce

sujet, ma conviction est que le Togo doit faire un travail de marketingautour des réformes qu’il a entreprises et se vendre mieux commedestination pour les investissements directs étrangers. L’opérationna-lisation de l’Agence de promotion des investissements est nécessaireà cet effet, et je crois que le gouvernement y travaille déjà.

Qu’en est-il des éléments de compétitivité de la société Maersk face àses concurrents au Togo ? Contre vents et marées, Maersk maintient le cap et garde sa positionde leader sur le marché du trafic conteneurisé au Togo. Deux conte-neurs sur 5 débarqués au port de Lomé et le tiers des conteneurs em-barqués sont transportés par Maersk Line ou Safmarine sur un mar-ché compétitif où opèrent dix-sept lignes maritimes.

Comment expliquez-vous cette position de leadership face à vos concur-rents ?La compétitivité de Maersk est baséee non seulement sur la grandefiabilité de ses plans d’escale permettant à ses clients de planifier àleur tour leurs chaînes logistiques, mais aussi sur la qualité des ser-vices d’agence et l’excellence commerciale qui, pour nous, est unequête constante. Nos services en ligne et nos applications mobilespermettent à nos clients de suivre leurs chargements en temps réel.Nous avons aussi compris l’importance du commerce avec la Chineet, dans nos bureaux, l'on parle certes le francais, l’anglais et leslangues locales, mais aussi le mandarin. Nous voulons comprendreles besoins de nos clients et leur offrir les meilleures solutions logis-tiques.

Propos recueillis parChristian Lapeyre

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Kokou Edem Tengue, bilingue français-anglais, cultive la modestie. Enposte depuis janvier 2016 en qualité d’administrateur directeur géné-ral de Maersk Togo SA, il connaît la maison depuis plus de dix ans : ila en effet commencé sa carrière en 2005 au siège de Maersk Suède àGothenburg en tant qu’assistant du directeur financier pendant plus de2 ans. Revenu au pays en 2008, il est tout naturellement affecté ausiège de Maersk Togo en qualité de directeur financier jusqu'en 2011.Parallèlement, il s’ouvre à d’autres activités en tant que consultant enfinance auprès du cabinet Afrilex de 2011 à 2014, ayant été promu dès2011 directeur commercial de la filiale togolaise de Maersk jusqu’en2016, année où il en devient à la fois directeur général et administra-teur. Cette ascension ne l’a pas empêché de co-fonder EmergenceCapital, une société d’apporteur d’affaire auprès du marché financiersous-régional de l’UEMOA, qui compte huit pays.Tête bien faite, il compte dans son parcours académique une pléthorede parchemins : un Master en administration publique et développe-ment de l'université de Birmingham, école de gouvernement et desociété du Royaume uni, un Master en politiques et gestion du déve-loppement de Sciences PO Paris, un certificat supérieur de manage-ment de l'université de Stellenbosch en Afrique du Sud, l'inscription àl’ordre des experts-comptables d’Australie (CPA Australia), etc.Malgré ses grandes responsabilités, il trouve du temps pour se consa-crer à titre bénévole à un certain nombre d’associations : l'Associationprofessionnelle des sociétés de transport maritime dont il est vice-pré-sident, l’Association des grandes entreprises du Togo (AGET), etl’ONG « Vision des peuples africains » dont il est président

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