L E D O S S I E R D U M O I S

Internet envahit le quoti-dien de notre famille. Se former, s’informer, recher-

cher un emploi ou des re-cettes de cuisine, se cultiver, se distraire, jouer en ligne, acheter un billet de TGV, une place de cinéma ou une paire de chaussures, consulter son compte bancaire ou ses mails, échanger sur Facebook, com-muniquer via Skype... Pour le meilleur et pour le pire.

En France, en 2014-2015, le temps moyen passé (parfois même perdu !) sur Internet est évalué à 4 heures par jour sur l’ordinateur, et 1 heure par jour sur le téléphone (source www.blogdumodera-teur.com).

Bien sûr, nos chérubins ne sont pas en reste, d’autant que

les possibilités d’usage sont désormais élargies. En 2013, 90 % de nos 12-17 ans possé-daient un téléphone portable dont 55 % un Smartphone (source Association française des Fournisseurs d’accès). Cet appareil incontournable (musique, photos, consulta-tion/publication sur réseaux sociaux, messages instanta-nés, etc.), leur permet d’être « connectés » à tout moment. On comprendra aisément que l’éducation et le contrôle de l’usage doit rapidement, au-delà de l’ordinateur indi-viduel ou familial, regarder ces nouveaux médias. Se développent des outils de contrôle « spécial réseaux sociaux » respectant la vie privée de l’ado et alertant les parents.

En tout état de cause, rien ne

remplacera le dialogue : pour éviter les colères des uns et les frustrations des autres.

Élevons nos enfants à devenir des citoyens joyeux et respec-tueux dans l’espace virtuel comme dans la vie réelle.Profitons des nouvelles tech-nologies de l’information sans en devenir esclave, en privilé-giant la relation, et restons les éducateurs de nos enfants qui ont besoin de règles claires, ac-ceptées et raisonnables.

Ainsi que nous y invite notre pape François, accueillons ce « don de Dieu » et mettons le « au service d’une authentique culture de la rencontre ».

En 2014, 92 % des internautes de 15 à 24 ans étaient inscrits sur un site communautaire, contre 76 % pour l’ensemble des internautes.

85 % d’entre eux étaient inscrits sur Facebook contre 62 % des internautes53 % sur YouTube contre 26 %39 % sur Twitter contre 18 %32 % sur Google+ contre 21 %22 % sur Instagram contre 8 %

Élevons nos enfants à devenir des citoyens joyeux et respectueux dans l’espace virtuel comme dans la vie réelle.

INTERNET:

ET POUR LE PIRE

L A R E V U E D E S A S S O C I A T I O N S F A M I L I A L E S C A T H O L I Q U E S • 5

POUR LE MEILLEUR

Début 2013, 77 % des enfants français de 11 à 17 ans, se rendaient sur Internet au moins une fois par jour.Ils étaient 43,7 % à ne pas savoir s’ils avaient choisi ou non d’être géolocalisés lorsqu’ils utilisaient leur téléphone portable, tablette ou ordinateur.Etude RSA/IFOP, janvier 2013

Que ressort-il des Chantiers-Édu-cation de votre secteur au sujet de l’usage d’Internet ?

Les parents souhaitent que leurs enfants profitent des nouvelles technologies de l’information. Toutefois, cer-tains se disent démunis voire inquiets et ressentent la né-cessité de les accompagner et d’encadrer leur usage, tout au moins de le sécuriser. Car le jeune peine à com-prendre qu’il est là dans un espace public, face à des personnes dotées d’un cœur et d’un corps. Sur les réseaux sociaux, il peut réaliser trop tard que l’emballement de post peut tourner au harcè-lement ou au lynchage. En perdant le sens de la réalité, il réagit de manière inappro-priée à des faits tristes voire dramatiques. S’imaginant invisible, il est désinhibé. Et puis, il passe des heures à étaler sa vie privée, atten-dant d’être approuvé, nour-rissant un narcissisme… S’il n’y prend garde, l’écran peut

l’empêcher d’être vraiment lui-même : sa vie est telle-ment plus passionnante en héros de jeu en ligne ou sur Facebook que dans le monde réel !

Entre crainte et confiance, quel équilibre ?

Vigilance ! Si Internet doit rester un outil à notre service vis-à-vis duquel nous devons rester libres, s’il nous incom-bera toujours de l’apprivoiser et d’ajuster notre compor-tement, il faut néanmoins l’envisager avec confiance. J’y vois une formidable oc-casion de répondre aux défis de notre temps, de s’ouvrir au monde entier et de se confronter aux interroga-tions essentielles : comment construire mon identité ? De quoi ai-je réellement be-soin ? Pourquoi ? Avec qui ? Comment ? Internet réclame d’être prudent, respectueux des personnes, vrai en toute circonstance ; il exige le meil-leur de soi-même ; etc.

Comment accom-pagner les ados sur Internet, les réseaux sociaux en particulier ?

Accompagner c’est être avec. En privilégiant un ordinateur familial installé dans une pièce commune, en regardant avec eux les sites consultés pour leurs devoirs, leurs jeux préférés. En étant présent sur les réseaux so-ciaux qu’ils utilisent.Bien sûr, il faut poser des limites, des interdits. Mettre en place des contrôles pa-rentaux – tout en étant conscient qu’ils sauront ra-pidement les contourner ! Réguler les temps de jeux, ménager des soirées fami-liales, des journées « off », préserver le temps des repas.Si ces mesures sont néces-saires, elles ne doivent pas nous faire faire l’économie de parler avec eux des dan-gers de la pornographie, des fausses informations, des contenus choquants. De les éduquer au numé-rique en consultant avec eux

L'usage d'Internet nous pousse aux interrogations essentielles

Béatrice de la Bretesche a 49 ans, elle est mariée depuis vingt-deux ans, et elle a cinq enfants de 21 à 14 ans dont quatre garçons – particulièrement adeptes des jeux en ligne.C’est en commençant à travailler, dans le secrétariat et l’édition dans les années 90, qu’elle s’est mise à l’informatique. Aussi est-elle consciente d’être, sur le plan numérique, décalée avec ses enfants qui, eux, sont en connaturalité avec ces outils.En tant que référente des Chantiers-Éducation de la région Sud-est, cette membre des AFC de Carpentras est fréquemment confrontée à ces questions éducatives : comment apprendre aux enfants à maîtriser Internet ? à les protéger des dangers, des excès ? Etc. Elle constate combien ce gap intergénérationnel inquiète et dépasse nombre de parents. Tandis que les plus jeunes ménages, s’ils sont moins déphasés avec leurs enfants et mieux armés pour s’en faire un allié, peuvent connaître les mêmes écueils dans son usage.

BEATRICE

DE LA BRETESCHE

Qui est-elle ?

L’AVISDE

6 • L A R E V U E D E S A S S O C I A T I O N S F A M I L I A L E S C A T H O L I Q U E S

« Identité numérique et e-repu-tation » ou « Réfléchissez avant de partager », disponibles sur www.netpublic.fr, et de res-ponsabiliser leur pratique. Expliquons-leur les risques encourus devant la bêtise et/ou la malveillance de certains en nous servant d’outils telle que la campagne « Un pseudo peut cacher n’importe qui, sois vigilant sur internet », diffusée sur www.actioninnoncence.org.

Peut-on éduquer à de vraies relations d’amitié et à une communication de qualité intégrant Internet ?

Il me semble que rien n’égale la rencontre réelle. Cepen-dant, il est constructif de prendre le temps de s’écrire – avec toute la richesse de la langue française permet-tant de dévoiler sa valeur humaine et son intention bienveillante. Cette année, nous préparons au mariage deux couples qui se sont rencontrés sur Internet ! Et puis, le dialogue intergénéra-tionnel peut s’en trouver en-richi : imaginez des échanges épistolaires par mail avec les grands-parents, ça fait rêver !

www.internetsanscrainte.frCe site est une mine d’informations, et permet, notamment, de signaler des contenus illicites, de visionner en famille les épisodes de pré-vention Vinz et Lou, et de télécharger le guide édité par l’UNAF, « La sécurité sur internet, si on en parlait en famille – Petit guide à l’usage des parents ».

Site web

L A R E V U E D E S A S S O C I A T I O N S F A M I L I A L E S C A T H O L I Q U E S • 7

Propos recueillis par Marie-Christine Lafon

L E D O S S I E R D U M O I S

Internet est-il une chance ou une difficulté dans l’éduca-tion ?Il nous oblige à revoir nos fondamentaux : - se comporter tel qu’en si-tuation réelle ;- respecter l’autre, même anonyme ou inconnu ;- être honnête ;- équilibrer travail et distrac-tion ;- éviter de fuir le présent, le réel, les relations.

L E D O S S I E R

Un cours pour parents sur l'usage numérique de leurs enfants

Dans le cadre de son activité d’association de consommateurs agréée, la Confédération nationale des AFC promeut auprès des opérateurs téléphoniques et fournisseurs d’accès internet, l’in-

formation des parents et la protection des enfants contre les risques du monde numérique.ORANGE est très avancé dans ce domaine, et propose depuis 2012 à ses clients « Le cours des parents ».Ce programme permet de tout savoir sur : • l’usage du mobile chez les adolescents • leurs applications préférées • la maîtrise de leur consommation • les précautions à prendre pour protéger leur image, et les préserver des contenus choquants ou du cyber-harcèlement Informations complètes sur http://bienvivreledigital.orange.fr/controle-parental/formez-vous-avec-le-cours-des-parents/les-ateliers-du-cours-des-parents

CONCRÈTEMENT...

8 • L A R E V U E D E S A S S O C I A T I O N S F A M I L I A L E S C A T H O L I Q U E S

Film / Livre / Boîte à outils

12 questions à se poser sur les réseaux sociauxQu’est-ce qu’un « réseau social » ? Pourquoi un tel engouement chez les jeunes ? Quel statut faut-il donner à la relation sur un réseau social ? Dans quelle mesure le rapport au réel est-il transformé ? Quels sont les risques d’addiction ?Autant de questions auquel cet ouvrage répond, par des pistes concrètes pour aider parents et éducateurs.

12 questions à se poser avant de laisser les enfants regarder la télévisionLes images diffusées par la télévision et la multiplication des écrans dans les familles prennent une place considérable dans le processus éducatif de l’enfant, dans sa croissance.Sans idéalisme, ce livret aide à transmettre à nos enfants un projet de vie ambitieux, vrai et enthousiasmant.Brochures disponibles sur le site www.librairie-emmanuel.fr

Communiquer la famille:milieu privilégié de la rencontre dans la gratuité de l'amourAujourd’hui les médias plus modernes, qui

surtout pour les plus jeunes sont désormais

indispensables, peuvent tout aussi bien

entraver qu’aider cette communication en fa-

mille et entre familles. Ils peuvent l’entraver

s’ils deviennent un moyen de se soustraire à

l’écoute, de s’isoler de la présence physique,

avec la saturation de chaque instant de

silence et d’attente, oubliant d’apprendre

que « le silence fait partie intégrante de la

communication et sans lui aucune parole riche

de sens ne peut exister» (1). Ils peuvent la fa-

voriser s’ils aident à dire et à partager, à res-

ter en contact avec ceux qui sont éloignés,

à remercier et à demander pardon, à rendre

toujours à nouveau possible la rencontre.

Redécouvrant chaque jour ce centre vital

qu’est la rencontre, ce « début vivant », nous

saurons orienter notre relation à l’aide des

technologies, plutôt que de nous laisser gui-

der par elles. Dans ce domaine également,

les parents sont les premiers éducateurs.

Mais ils ne doivent pas être laissés seuls ; la

communauté chrétienne est appelée à être à

leurs côtés pour qu’ils sachent enseigner aux

enfants à vivre dans un monde de commu-

nication, conformément aux critères de la

dignité de la personne humaine et du bien

commun.Pape François, Extrait du Message pour la 49e Journée mondiale des communications sociales, 23 janvier 2015

(1) Benoît XVI, Message pour les communications sociales, 46e Journée mondiale des communica-tions sociales, 24 janvier 2012

Le Billet du Pape