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Tour Phare : premier immeuble ITGH Conçu par l’architecte américain Thomas Mayne (agence Morphosis), pour le compte de la société immobilière Unibail-Rodamco, le projet de la Tour Phare à La Défense est le premier à avoir été classé ITGH. Validé en réunion de la CCS de juillet 2010, le bâtiment d’une hauteur de 276,33 m comprend 70 étages sur rez-de-dalle et 6 niveaux en sous-sol. À usage principal de bureaux, il développe une Shon de presque 147 000 m 2 . Implantée à proximité du Cnit, la tour est associée à trois autres immeubles. L’opération comporte un bâtiment d’un seul étage sur rez-de-dalle, dénommé « Pavillon », ainsi que deux bâtiments contigus de 13 et 26 étages, respectivement, le « Trapèze » et l’immeuble « Est », situés sur les côtés ouest et est. L’une des particularités architecturales du projet réside dans le fait que le hall principal se trouve au niveau R+9. Il est intégré dans un vaste volume intérieur, de forme et section variables, qui s’élève sur une hauteur de 76 m jusqu’au niveau R+28. L’entrée s’effectue à partir du bâtiment « Pavillon », par le biais d’escaliers mécaniques. La tour est desservie par trois batteries d’ascenseurs. La batterie basse (jusqu’à R+29) comprend sept appareils double-pont d’une vitesse de 3,5 m/s. La batterie moyenne (jusqu’à R+47) rassemble sept appareils double-pont d’une vitesse de 7 m/s. La batterie haute, quant à elle, est dotée de six appareils double-pont d’une vitesse de 9 m/s. SÉCURITÉ INCENDIE RÈGLEMENT ANTICIPÉ POUR LES IGH Validée fin 2007 par la Commission centrale de sécurité, la future réglementation des Immeubles de grande hauteur (IGH) doit être prochainement officialisée par un arrêté interministériel. Toutefois, ses exigences sont expérimentées et mises en pratique depuis déjà environ deux ans. TEXTE : ALAIN SARTRE PHOTOS & ILLUSTRATIONS: EPADESA La Défense accueille un grand nombre de projets de tours IGH et ITGH. Ici, une image virtuelle du futur visage du quartier si les opérations se réalisent. Photo Epadesa-J-M. Charles-Pixium 50 QUALITÉ CONSTRUCTION N° 127 JUILLET / AOÛT 2011 PATHOLOGIE RÉGLEMENTATION Plus de 270 m et une forme étonnante pour le projet de la tour Phare de l’architecte Thom Mayne. Photo Epadesa-Thom Mayne-Agence Morphosis

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Page 1: Immeuble Igh

Tour Phare :premierimmeubleITGHConçu par l’architecteaméricain Thomas Mayne(agence Morphosis), pour le compte de la sociétéimmobilière Unibail-Rodamco,le projet de la Tour Phare àLa Défense est le premier àavoir été classé ITGH. Validé en réunion de la CCS dejuillet 2010, le bâtiment d’unehauteur de 276,33 m comprend70 étages sur rez-de-dalle et6 niveaux en sous-sol. À usage principal de bureaux,il développe une Shon depresque 147000 m2. Implantéeà proximité du Cnit, la tourest associée à trois autresimmeubles. L’opérationcomporte un bâtiment d’un seulétage sur rez-de-dalle,dénommé «Pavillon», ainsi quedeux bâtiments contigus de 13et 26 étages, respectivement,le «Trapèze» et l’immeuble«Est», situés sur les côtésouest et est. L’une desparticularités architecturales du projet réside dans le fait quele hall principal se trouve auniveau R+9. Il est intégré dansun vaste volume intérieur, deforme et section variables, quis’élève sur une hauteur de 76 mjusqu’au niveau R+28. L’entrées’effectue à partir du bâtiment«Pavillon», par le biaisd’escaliers mécaniques. La tour est desservie par troisbatteries d’ascenseurs. Labatterie basse (jusqu’à R+29)comprend sept appareilsdouble-pont d’une vitesse de3,5 m/s. La batterie moyenne(jusqu’à R+47) rassemble septappareils double-pont d’unevitesse de 7 m/s. La batteriehaute, quant à elle, est dotéede six appareils double-pontd’une vitesse de 9 m/s.

SÉCURITÉ INCENDIE

RÈGLEMENTANTICIPÉPOUR LES IGH

Validée fin 2007 par la Commission centralede sécurité, la future réglementation des

Immeubles de grande hauteur (IGH) doit êtreprochainement officialisée par un arrêté interministériel.Toutefois, ses exigences sont expérimentées et mises enpratique depuis déjà environ deux ans.

TEXTE : ALAIN SARTREPHOTOS & ILLUSTRATIONS :EPADESA

La Défense accueille un grand nombre de projets de tours IGH et ITGH. Ici, une image virtuelle du futur visage duquartier si les opérations se réalisent.

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PATHOLOGIE RÉGLEMENTATION

Plus de 270 m et une formeétonnante pour le projet de latour Phare de l’architecteThom Mayne.

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La notion d’Immeuble de grande hauteur(IGH) est définie par le Code de la construc-tion et de l’habitation (CCH). Elle s’attacheà la différence d’altitude entre, d’une part,le sol utilisable par les engins des services

publics de secours et de lutte contre l’incendie, etd’autre part, le plancher bas du dernier niveau. Unbâtiment d’habitation est considéré comme IGH àpartir d’une hauteur de 50 m. Pour tous les autresusages, les règles de l’IGH s’appliquent dès que lahauteur dépasse 28 m. À noter: les contraintes desécurité ne concernent pas les IGH faiblement oc-cupés, dont la destination implique une présenceinférieure à une personne par 100 m2 de Surfacehors œuvre nette (Shon) pour chaque niveau.Les exigences visent a priori tous les locaux situésen partie basse ou en sous-sol, ainsi que les corpsde bâtiments contigus. Les parcs de stationnementpeuvent y échapper, en dérogation, lorsqu’ils ré-pondent aux deux caractéristiques suivantes: necomporter qu’une seule communication intérieureet offrir des parois séparatives d’une résistancecoupe-feu de degré 4 heures ou REI 240. Par ail-leurs, en prévision de l’évolution de la réglementa-tion, de nouvelles conditions d’exception sont au-jourd’hui proposées pour les volumes situés enpartie basse des IGH.

Principes de protectionLe CCH stipule que la construction d’un IGH n’estpermise que sur des sites implantés à 3 km auplus d’un centre principal des services publics desecours et de lutte contre l’incendie. Cette dis-tance peut toutefois être augmentée dans lecadre d’une dérogation par arrêté préfectoral prisaprès avis de la commission consultative dépar-tementale de sécurité et d’accessibilité. Le Code dresse la liste des principes qui sous-tendent les règles de sécurité. Premier objectif :vaincre le feu avant que son extension deviennedangereuse. Pour cela, l’immeuble est divisé encompartiments dont les parois ne doivent paspermettre le passage du feu en moins de deux

heures. Des dispositions appropriées empêchentla diffusion des fumées du compartiment sinistréaux autres parties de l’immeuble. L’usage desmatériaux combustibles est limité et les élé-ments susceptibles de propager rapidement lefeu sont interdits.Deuxième objectif : organiser et faciliter l’évacua-tion des occupants. Il faut rendre accessible chaquecompartiment par deux escaliers au moins, saufdérogation; les communications sont sécuriséespar des dispositifs de fermetures étanches avecélimination rapide des fumées. Si l’usage des as-censeurs est interdit dans les compartimentsatteints ou menacés par l’incendie, il reste possibledans certaines conditions au niveau d’accès dessecours. En présence d’un feu localisé, ne tou-chant que partiellement l’immeuble, les ascenseurset monte-charge doivent continuer à fonctionnerpour le service des étages non sinistrés.Troisième objectif : prévoir des installations spéci-fiques de production électrique et d’alarme, ainsique des moyens de lutte contre le feu. Une ou plu-sieurs sources autonomes d’électricité peuvent re-médier à d’éventuelles défaillances de l’alimenta-tion principale. Les systèmes d’alarme et de luttesont utiles à la fois aux occupants et aux servicespublics de secours. En outre, il faut aussi envisa-ger la propagation possible d’un incendie d’origineextérieur. Pour l’éviter, l’IGH doit être inscrit et isolédans un volume de protection.

Un projet de règlementdéjà appliquéLe décret n° 2009-1119 du 16 septembre 2009 a mo-difié les dispositions de sécurité relatives aux IGH,ainsi d’ailleurs que les conditions d’évacuation envigueur dans les Établissements recevant du public (ERP). Applicable depuis le début 2010, cetexte introduit un nouveau classement des IGH.Comme le précise le tableau ci-dessous, la régle-mentation continue à établir une distinction entreles habitations (GHA), les hôtels (GHO), les locauxd’enseignement (GHR) et d’archives

Classement modifié des IGH (projet du nouveau règlement de sécurité)

Classe Immeubles concernés ArticlesGHA À usage d’habitation d’une hauteur � à 50 m GHA 1 à 6GHO À usage d’hôtel d’une hauteur � à 28 m GHO 1 à 5GHR À usage d’enseignement d’une hauteur � à 28 m GHR 1 à 9GHS À usage d’archives d’une hauteur � à 28 m GHS (1)GHU À usage sanitaire d’une hauteur � à 28 m GHU 1 à 19GHW 1 À usage de bureaux d’une hauteur � à 28 m et � à 50 m GHW 1 à 5GHW 2 À usage de bureaux d’une hauteur � à 50 m GHW 1 à 5GHZ À usage d’habitation et autres d’une hauteur � à 28 m et � à 50 m GHZ (1)GHTC Tours de contrôle d’une hauteur � à 28 m GHTC (1)ITGH Immeubles de très grande hauteur d’une hauteur � à 200 m ITGH 1 à 8

Remarque : la hauteur désigne l’écart entre le sol accessible aux engins des services publics de secours et leplancher bas du dernier niveau

(1) Article unique

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PATHOLOGIE RÉGLEMENTATION

(1) La signature de l’arrêtéa déjà été plusieurs foisreportée pour diversesraisons; le dernier retard en date est expliqué parle remaniement ministérielde novembre 2010.

(GHS), les établissements sanitaires (GHU) et lesbureaux (GHW). Mais en plus, elle singularisedeux nouvelles catégories de bâtiments : lestours de contrôle (GHTC) et les immeubles de trèsgrande hauteur (ITGH). Ne rentrent dans cettedernière classe que les constructions dont lahauteur dépasse 200 m : il s’agit toujours del’écart entre le niveau du sol accessible auxengins des services de secours et le plancher basdu dernier niveau. Officiellement, c’est encore l’arrêté du 18 octobre1977 modifié qui définit les modalités de sécuritécontre l’incendie pour les immeubles de grandehauteur. Mais cette réglementation devenueobsolète est en voie d’être remplacée par un nou-veau texte. Lors d’une réunion qui s’est tenue ennovembre 2007, la Commission centrale de sécu-rité (CCS) a validé un projet de règlement desécurité pour la construction des IGH. Sauf cor-rections mineures dans la forme, il devrait êtrerendu d’application obligatoire dans son étatactuel de rédaction par la publication prochained’un arrêté interministériel (1). D’ailleurs, commecela est précisé dans l’encadré ci-contre, ces dis-positions sont d’ores et déjà mises en pratiquepar les professionnels et entérinées en CCS.À noter: cette future législation vise à assurer lasécurité des personnes contre les risques d’in-cendie et de panique dans les IGH à construire.

Comme dans le cas des précédentes versions,elle ne s’appliquera pas au parc des immeublesexistants, sauf en cas de transformations et amé-nagements des bâtiments, ou en cas de change-ments de destination des locaux.

Très grande hauteuret tours de contrôleEn complément et aggravation des dispositions gé-nérales aux IGH, le projet de nouveau règlementprévoit des mesures spécifiques pour les ITGH d’unehauteur supérieure à 200 m. Les éléments por-teurs des structures doivent être stables au feu dedegré 3 heures ou R 180. Les gaines d’escaliers sontrecoupées tous les 100 mètres de hauteur environ. Chaque niveau de l’ITGH dispose d’un compar-timent desservi par au moins trois ascenseursprioritaires « pompiers ». Deux appareils doiventêtre capables de desservir le niveau le plus élevédans un temps maximal de 60 secondes depuis lesol d’accès des secours. Le troisième, d’unecapacité de 2500 kg, peut offrir le même servicedans un temps maximum de 120 secondes.Il faut installer un local de gestion d’intervention,contigu au Poste central de sécurité incendie (PCS),pour permettre aux services publics de secoursd’organiser et de gérer les moyens mis en œuvreen cas d’incendie. D’une surface minimale de150 m2, il doit disposer d’un moyen de

“Officiellement, c’est encore l’arrêté du 18 octobre 1977 modifiéqui définit les modalités de sécurité contre l’incendie pour lesimmeubles de grande hauteur. Mais cette réglementation devenueobsolète est en voie d’être remplacée par un nouveau texte”

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Les techniques et règlementsde construction permettentaujourd’hui une plus grandecréativité de conception.À gauche, la tour Carpe Diem(architecte Robert AM Stern),à droite la tour Majunga(architecte Jean-Paul Viguier).

Photo Epadesa-Studio AMD for Robert AM Stern Architects Photo Epadesa-J-P. Viguier

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« Bien que son application ne soit pas

encore obligatoire, le nouveau texte est

d’ores et déjà utilisé pour concevoir la

sécurité des IGH », constate Jean-PaulHenry, du pôle Sécurité Incendie-Accessibilité de la direction destechniques et des méthodes de Socotec.Pour autant, il ne faut pas croire que lesnouveaux bâtiments s’inscriventparfaitement dans les dispositions de lafuture réglementation. D’ailleurs,plusieurs membres de la CCS ontdéploré que l’examen des dossiers IGH« laisse apparaître un nombre très

important de dérogations à une

réglementation très jeune, appliquée par

anticipation et non encore publiée »,comme cela a été précisé dans un avispublié sur le site Internet de la Directionde la sécurité civile…« Cela s’explique par la très grande

imagination des architectes qui proposent

des projets aussi innovants que riches et

variés », indique Jean-Paul Henry.La législation ne pourra jamais toutprévoir et organiser! Exemple d’une rédaction de dérogation,extraite des avis donnés en Commissioncentrale de sécurité:«Dérogation n° 1: il est demandéd’appliquer les dispositions prévues dans lefutur règlement de sécurité concernant les

IGH, approuvé par la Commission centralede sécurité le 8 novembre 2007, qui n’estpas encore publié officiellement, plutôt quecelles du règlement actuellementapplicables mais obsolètes. Avis de la sous-commission départementale: la sous-commission émet un avis favorable à cettedemande. Le futur texte est en effet adaptéaux nouvelles technologies et plus précissur la gestion des équipements techniquesliés à la mise en sécurité des immeublesde grande hauteur.»À ce jour, au moins huit projets ont faitl’objet d’une telle dérogation. Ils sontci-dessous référencés en fonction desdates des réunions de la CCS au coursdesquelles les dossiers ont été validés. À noter: six d’entre eux concernent lequartier de La Défense aux portes deParis.• Réunion du 3 mars 2011: dérogation

accordée au projet de construction desdeux ITGH de l’opération HermitagePlaza Sud et Est à Courbevoie (92) :hauteur de 323 m pour 90 niveaux au-dessus de la dalle de La Défense.

• Réunion du 7 octobre 2010: dérogationaccordée au projet de construction dela tour de contrôle de l’aéroport deChateauroux-Déols (36) : hauteur de 39 m pour 203 m2 desurface Shon.

• Réunion du 1er juillet 2010:– dérogation accordée au projet de

réhabilitation du hall de la tour IGHCoupole à Courbevoie-La Défense (92);

– dérogation accordée au projet deconstruction de la tour ITGH Phareà Puteaux-La Défense (92) :hauteur de 276,33 m pour 146988 m2

de surface Shon.• Réunion du 3 juin 2010: dérogation

accordée au projet de constructionde la tour IGH Majunga à Puteaux-LaDéfense (92) : hauteur de 182,95 m pour69499 m2 de surface Shon.

• Réunion du 9 octobre 2009: dérogationaccordée au projet de construction dela tour IGH D2 à Courbevoie-LaDéfense (92) : hauteur d’environ 171 m,pour 37 niveaux sur rez-de-chaussée et3 niveaux en infrastructure.

• Réunion du 5 février 2009: dérogationaccordée au projet de constructionde la tour IGH Carpe Diem àCourbevoie-La Défense (92) : hauteurde 154 m environ pour 47200 m2 desurface Shon.

• Réunion du 6 novembre 2008:dérogation accordée au projet deconstruction de la tour IGH AVA àCourbevoie-La Défense (92) : hauteurde 133,60 m pour 35 niveaux ensuperstructure. ■

HUIT PROJETS VALIDÉS PAR ANTICIPATION

Image virtuelle d’une partie de La Défense, avec intégration de plusieurs projets de tours ITGH : tour «ovoïde» D2 et tour Air 2 à gauche, tour CarpeDiem et tour Majunga au milieu.

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PATHOLOGIE RÉGLEMENTATION

liaison direct avec le PCS et d’une liaison télé-phonique urbaine fixe. Un local identique, appelélocal de sécurité incendie avancé, est en plusimplanté à un niveau situé sensiblement aux deuxtiers de la hauteur de l’ITGH.La future réglementation intègre en annexe un«Cahier des charges relatif à la prévention incen-die dans les tours de contrôle destinées à la navi-gation aérienne». Cet appendice vise uniquementles bâtiments « non occupés en leur fût par deslocaux autres que directement liés au fonction-nement de la tour de contrôle» destinés à recevoirun effectif inférieur ou égal à 19 personnes. Ildéfinit des principes et exigences de conceptiondestinés à assurer la sauvegarde des occupantset du voisinage, ainsi que la sécurité de la naviga-tion aérienne. Le fût de la tour doit être recoupépar des planchers coupe-feu 2 heures (EI 120 ouREI 120) formant des compartiments d’unehauteur inférieure à 11 mètres, avec des plan-chers intermédiaires coupe-feu 1 heure tous les6 mètres maximum (EI 60 ou REI 60).

Une méthode de calculde la charge calorifiqueLe projet de nouveau règlement comprend enannexe une « Instruction technique relative àl’évaluation de la charge calorifique dans lesimmeubles de grande hauteur». Objectif : déter-

miner la charge calorifique des éléments mobi-liers et d’aménagement des parties privatives oucommunes, afin de pouvoir la comparer auxseuils maximums admis. L’évaluation prend encompte les revêtements, faux-planchers, cloi-sons mobiles, faux-plafonds… Elle exclut leséléments soit de catégorie M0, soit classés A1 ouA2 en réaction au feu. À noter : l’impact desmatériaux incorporés dans la construction desimmeubles est comptabilisé et limité par ailleurs. La charge calorifique est mesurée en mégajoules(MJ), à partir du pouvoir calorifique des maté-riaux combustibles qui s’exprime en MJ par kg oum3. L’inventaire précise la méthode de calcul etfournit une liste de valeurs types. Bien sûr, l’esti-mation peut reposer sur des justificatifs fournispar les fabricants des produits référencés. Le contrôle de la charge calorifique du mobilier etdes composants d’aménagement fait partie desopérations de vérification périodique exigées parla réglementation. Elle s’impose tous les cinqans. Par ailleurs, tous les six mois, il faut validerle fonctionnement des ascenseurs équipés dedispositifs d’appel prioritaire. Tous les ans, il estdemandé de contrôler les équipements tech-niques : autres ascenseurs, installations élec-triques et d’éclairage des parties communes,systèmes de sécurité incendie, exutoires de dé-senfumage, moyens d’extinction, etc.

Photo Epadesa-Foster and Partners

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Le futur règlement est complété par un «Appen-dice relatif aux rapports de vérifications techniques».Trois documents sont définis : les Rapports de vé-rifications réglementaires après travaux (RVRAT),en exploitation (RVRE), ou encore sur mise en de-meure de la commission de sécurité (RVRMD).Dans un RVRAT, les avis suivants sont délivrés:conforme (C), non conforme (NC), sans objet (SO),hors mission (HM) et pour mémoire (PM). Dans unRVRE, l’avis est satisfaisant (S), non satisfaisant (NS)ou non vérifié (NV).

Possibilité d’ERPen partie basse d’un IGHLe projet de nouveau règlement prévoit le clas-sement d’un IGH qui abrite des activités diffé-rentes. La classe attribuée correspond à l’usageprincipal de l’immeuble, avec mention des autresusages. Outre les dispositions générales, il fautappliquer à chaque zone d’activité des disposi-tions particulières. La coordination des prescrip-tions fait l’objet d’un document soumis à l’avis dela commission de sécurité. L’article R122-2 duCCH admet aujourd’hui que les volumes situés enpartie basse d’un IGH puissent ne pas être consi-dérés comme partie intégrante de l’immeuble.Pour cela, ils doivent répondent à certainesconditions d’indépendance et respecter unensemble de mesures de sécurité. Ces volumes

peuvent ainsi comporter des ERP aménagés surtrois niveaux consécutifs si l’un de ces niveauxpermet l’accès direct des engins de secours et delutte contre l’incendie. Toute communicationdirecte ou indirecte avec l’IGH est alors interdite.Si les locaux ne sont pas classés ERP, unecommunication unique est autorisée.Pour être considérées comme indépendantes, lesparties basses sont isolées par des parois et plan-chers coupe-feu de degré 3 heures ou REI 180. Leséléments porteurs sont stables au feu de degré3 heures ou R 180. Des préconisations visent à évi-ter la propagation verticale du feu en façade. Si lespieds d’immeubles débordent sur une surface plusimportante que l’emprise de la tour, la toiture deces volumes est stable au feu et pare-flamme dedegré 2 heures ou RE 120 jusqu’à une distance ho-rizontale de 8 mètres. S’ils sont inscrits dans lemême plan vertical que les façades de la tour, ladistance de paroi pleine entre ouvertures super-posées (le fameux «C+D» des spécialistes de lasécurité incendie) est supérieure à 1,50 m.Soulignons enfin que la future réglementationcomprend une «Instruction technique relative audésenfumage dans les immeubles de grandehauteur ». Il est spécifié que les circulationshorizontales communes et les locaux collectifsd’une superficie supérieure à 300 m2 doivent êtredésenfumés. ■

& Projet Hermitage Plaza(architecte Norman Foster) : deuxtours jumelles de plus de 323 m, àusage principal d’habitation avecERP et bureaux en partie basse.

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“L’article R122-2du CCH admetaujourd’hui queles volumessitués enpartie bassed’un IGHpuissent nepas êtreconsidéréscomme partieintégrante del’immeuble”

Photo Epadesa-Foster and Partners